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des lecteurs
Janvier 2018 N° 36
Sommaire
“
Une année recommence avec son lot de joies et de pro-
blèmes… Nous n’y échapperons pas et pourtant il existe un
moyen sûr de s’évader et il a fait ses preuves !
« Une heure de lecture est le souverain remède contre les
dégoûts de la vie. » (Montesquieu)
Alors, quelles que soient vos envies de lecture, venez à la bibliothèque,
vous y trouverez de quoi vous nourrir ou juste vous faire plaisir…
Avez-vous une idée de ce qu’est la tristesse des éléphants ou la vie
secrète des arbres ? Connaissez-vous Gertrude Bell ou l’histoire d’Ellis
Island ? Qui étaient vraiment les Pompidou ? On apprend beaucoup de
notre histoire et de notre environnement en quelques heures.
Et si vous préférez vous plonger dans une saga familiale qui traverse
de grands moments de notre Histoire, vous serez comblés par le magni-
fique roman d’Alice Zeniter l’Art de perdre (les lycéens lui ont décerné
leur Prix Goncourt). Découvrez aussi la destinée de la famille Bourgeois
”
racontée par Alice Ferney ou l’émouvante histoire d’Isabelle Monnin dans
Mistral perdu ou les événements.
L’avenir ? Il peut faire froid dans le dos et il inspire depuis toujours les
écrivains : Don DeLillo dans Zero K interroge aussi notre présent et notre
humanité…
Et puis des « coups de cœur » et les derniers prix littéraires vous atten-
dent sur nos étagères, de quoi passer agréablement l’hiver !
Marie-Claude
L'idée ridicule de ne plus
jamais te revoir
Rosa Montero
Métailié
Anne
4
La beauté des jours
Claudie Gallay
Actes Sud
5
La vie secrète des arbres
Peter Wohlleben
Les Arènes
Ce livre pris par hasard dans un café -librairie puis abandonné en sortant m’a
hantée pendant quelques jours avant de retourner l’acheter. En peu de temps
j’avais découvert des choses surprenantes sur l’organisation de la vie des arbres.
L’auteur, Peter Wohlleben, forestier allemand, nous fait partager son immense
savoir à travers sa passion. « Les forêts ressemblent à des communautés
humaines » dit-il.
Savez-vous qu’un arbre est sensible, qu’il possède une mémoire ? De nombreux
tests réalisés à travers le monde le prouvent.
Que certains acacias, en Afrique, pour se débarrasser des girafes, par exemple,
augmentent la teneur en substances toxiques de leurs feuilles pour les éloigner et
prévenir les autres arbres de la même espèce.
« L’Ours Brun est un bon sujet de comparaison avec les arbres » dit Peter
Wohlleben. L’hibernation est leur point commun. Étonnant, non ?
Dans nos régions, où certaines années, le taux de reproduction des sangliers est
un fléau, l’auteur nous donne une explication très simple liée à la floraison irrégu-
lière des arbres. Ce qui n’est pas sans conséquences également sur la vie des
abeilles.
Le forestier utilise souvent des termes inattendus : arbre-mére, l’enfant-arbre,
belle amitié, couples, entraide….Des histoires de Chênes, de Hêtres, d’Ifs, de
Bouleaux….vous enchanteront.
Ce même texte avec de superbes photos....d’arbres naturellement, se trouve
aussi en librairie. Lecture plaisante et passionnante. Un beau cadeau à faire ou à se
faire !
Simone
6
La tristesse des éléphants
Jodie Picoult
Actes Sud
Brigitte
7
Les Pompidou
Henry Gidel
Biographie Flammarion
8
Les Bourgeois
Alice Ferney
Actes Sud
Alice Ferney retrace la destinée d’une famille, les Bourgeois, et à travers elle,
l’histoire de la fin du xIxe, du xxe et des débuts du xxIe siècle.
La famille est composée d’Henri et de Mathilde, les parents, et de leurs dix
enfants : huit garçons, deux filles, ils s’appellent Bourgeois, ont été tous baptisés
dans l’Eglise catholique, ils se prénomment : Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph,
Louise, Jérôme, Claude, Guy, Marie. Ils sont nés entre une hécatombe, celle de
1914, et un génocide, celui de 1945.
Ce livre présente un fragment de la bourgeoisie catholique, conservatrice,
étroitement localisée entre le boulevard Emile Augier dans le seizième
arrondissement de Paris, et les allées du bois de Boulogne voisin, où la progéniture
s’égaye. Les femmes n’y ont pour fonction et pour rôle social que d’être au service
des autres, de reproduire l’espèce, de s’effacer devant la bienséance, de renoncer à
tout, surtout à l’affirmation de leur propre personnalité.
L'auteure parvient à mettre en perspective les vies des membres de cette famille
et leur évolution dans notre société, en les mettant en scène à diverses périodes de
l’histoire, parmi les plus agitées et les plus cruelles, celle des deux guerres
mondiales, de la guerre d'Indochine et d'Algérie.
Nous traversons également la période de Mai 68, la libération et l'émancipation
de la femme, son droit au travail, au vote, de choisir ou non d'avoir des enfants.
Ce roman illustre parfaitement l’évolution des mœurs au cours de cette centaine
d'années et leur impact sur la place de la femme dans la société.
Brigitte
9
L’art de perdre
Alice Zeniter
Gallimard
« L’art de perdre », c’est « juste » une saga familiale qui commence en Algérie
dans les années 30 et se termine de nos jours, mais quel roman ! Une plongée en
apnée dans les non-dits des « événements » d’Algérie et leurs conséquences intimes.
Le roman commence avec Ali, paysan dans cette Kabylie rocailleuse, dont le seul
avenir semble être de se casser le dos à cultiver les oliviers, jusqu’à ce qu’il trouve
un pressoir dans le lit du torrent. Les affaires deviennent prospères et transforment
sa vie. Mais l’histoire familiale rencontre la grande Histoire. Ali devient Harki, peut-
être pas le bon choix dans les années 50 ! La famille d’Ali prend un des derniers
bateaux pour la France. Direction le camp de Rivesaltes, où Hamid, son fils aîné, va
poser des questions, trop de questions, qui à jamais demeureront sans réponses.
Le fossé entre Hamid et son père ne peut que se creuser, d’autant plus
qu’Hamid aime une Française.
Naïma, fille aînée d’Hamid, vit heureuse à Paris, jusqu’aux attentats de 2015, qui
l’obligent à se questionner sur ses origines. « Les têtes pensantes d'Al-Qaïda ou de
Daech ont appris des combats du passé et elles savent pertinemment qu'en tuant
au nom de l'islam, elles provoquent une haine de l'islam, et au-delà de celle-ci une
haine de toute peau bronzée, barbe, et chèche qui entraîne à son tour des
débordements et des violences. Ce n'est pas, comme le croit Naïma, un dommage
collatéral, c'est précisément ce qu'ils veulent : que la situation devienne intenable
pour tous les basanés d'Europe et que ceux-ci soient obligés de les rejoindre. »
Il me semble que l’important dans ce roman n’est pas l’histoire familiale à
proprement parler, mais, face à l’Histoire et ses horreurs, les questions que chacun
se pose sur l’amour du pays perdu et donc rêvé ou imaginé, sur l’exil, sur ses choix,
sur soi.
S'alléger, accepter de perdre, renoncer à la haine, se délivrer du jugement des
hommes : « Dans “L'art de perdre”, il n'est pas dur de passer maître », refuser les
conclusions simplistes et les pensées toutes faites ! Se réconcilier avec soi !
Marie-Anne
Alice Zeniter est l’auteur de plusieurs romans, dont : « Sombre dimanche », Prix Livre Inter 2013 ;
« Juste avant l’oubli », Prix Renaudot des Lycéens 2015 ; « Jusque dans nos bras » 2010.
10
Mistral perdu ou les événements
Isabelle Monnin
J.-C. Lattès
Pourquoi certains livres vous touchent-ils dès les premières pages au point de
vouloir en retenir la lecture comme pour mieux en profiter ?
Le livre d’Isabelle Monnin qui évoque son enfance, puis son adolescence, et son
entrée dans l’âge adulte (rien de bien original, me direz-vous) m’a happée tout de
suite parce qu’il s’inscrit dans une époque familière (des années 70 aux années
2000). Ainsi nous revivons avec elle les événements politiques et sociaux d’une
histoire très proche avec en fond sonore les chansons de Renaud fredonnées par
les filles ou Lily de Pierre Perret qui rassemble toute la famille. C’est aussi l’histoire
d’une société peu à peu « désenchantée » qui a cru à la fin du rideau de fer, à la
chute du mur de Berlin ou à SOS Racisme… Avec la perte de l’enfance, c’est
l’envolée de l’insouciance.
« Nous sommes les filles, nos parents sont les Trente Glorieuses et les possibles
sont à portée de nos mains. Depuis les premières tables de multiplication, on nous
explique que si nous étudions, nous y arriverons, que travailler permet de s’élever
quelques que soient les situations et les relations de nos familles. La belle école de
France, nous dit-on, est la blanchisseuse des inégalités. La méritocratie a
remplacé une autre -cratie, celle des héritages à particules. Nous ferons mieux que
nos parents, qui eux-mêmes ont fait mieux que les leurs : si l’on se donne de la
peine, la République, avec son grand air, tiendra ses promesses ».
Et puis, c’est aussi une histoire personnelle, intime, profondément
douloureuse, écrite avec une simplicité et une sincérité qui m’ont bouleversée.
« Les endeuillés cherchent comme des perdus un sens au malheur, on dirait des
animaux faméliques fourrageant une terre morte, ils s’inventent des signes,
construisent des ponts imaginaires, qu’ils ne soient pas rationnels leur importe
peu, puisque plus rien n’a de sens, on peut bien croire ce que l’on veut. Je regarde
les twins towers s’écrouler et je nous vois, les twin sisters pulvérisées. C’est la
même fin du monde ».
Un livre magnifique ! Rien à dire de plus…
Marie-Claude
11
Le dernier gardien d'Ellis Island
Gaëlle Josse
Noir sur Blanc
Diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique, Gaëlle Josse avait déjà publié
trois romans avant celui-ci (qui gagna le prix de l'Académie en 2015), à commencer par Les
heures silencieuses en 2012. Son dernier, Noces de neige, est sorti en 2016 et fait l'objet d'un
projet d'adaptation au cinéma.
12
Ma reine
Jean-Baptiste Andréa
L’iconoclaste
C’est l’histoire toute simple d’un jeune garçon (nommé Shell parce qu’il
porte en permanence son blouson « Shell ») qui vit avec ses parents dans la
montagne. Considéré comme « différent », il ne va plus à l’école et aide ses
parents à la station-service. Après avoir manqué mettre le feu à la garrigue,
ses parents décident de le placer dans un institut spécialisé.
Il a compris ce qui se trame, et préfère « partir à la guerre qui fait les
hommes », de l’autre côté de la montagne… Il n’y a pas de guerre, mais une
fille, Viviane, qui habite un peu plus loin « dans un château de 1 000 pièces
où les chambres changent chaque matin », et où il est donc difficile de se
retrouver…
Ils vont passer l'été ensemble, à se découvrir, lui installé dans une cabane
dans la forêt et elle, venant au gré de ses fantaisies lui rendre visite et lui
raconter des histoires. Parce que c'est elle la reine, donc c'est elle qui
décide…
Vous l’aurez compris, Ma Reine ne célèbre pas tout à fait la réalité mais
plutôt la vision de Shell. Sa naïveté transforme tout en vérité, donnant un
nouveau sens aux éléments, aux petits et grands moments de la vie.
Un premier roman d‘une grande sensibilité, un conte initiatique poétique
et lumineux dont je ne peux que vous conseiller la lecture !
Marie-Anne
13
Cette chose étrange en moi
Orhan Pamuk
Gallimard
14
Gertrude Bell. Archéologue,
aventurière, agent secret
Christel Mouchard
Tallandier
Et si tous les problèmes du Moyen Orient venaient des « erreurs » que les
gouvernements colonialistes (Anglais, Français) ont commises quand ils se sont
mêlés de partager l'ancien empire Ottoman…
Gertrude Bell naît en 1868 dans la famille d'un riche industriel britannique.
Intelligente, curieuse, passionnée par l'étude, elle parvient à se faire accepter à
Oxford, grande école jusque-là réservée à la gent masculine. Après un premier
séjour à Bucarest en 1889, elle n'aura de cesse de sillonner l'Empire Ottoman avec
quelques escapades en Inde, en Afrique, en Europe. Sa famille, surtout son père,
lui manque mais ses retours au pays sont brefs, elle s'ennuie, elle a besoin
d'affronter l'inconnu, de vivre sa liberté. Elle apprend l'arabe, des rudiments
d'archéologie. Elle n'hésite pas à s'aventurer avec son majordome dans l'immense
désert arabique, en selle sur son chameau. Au fur et à mesure du temps et des
difficultés qu'elle rencontre, elle abandonne son train de vie aristocratique mais
jusqu'au bout elle aura toujours deux robes de soirée dans ses bagages. Elle
rencontre des diplomates britanniques en poste à Bagdad, Téhéran, Beyrouth,
Damas, Bassora... des archéologues, des aventuriers (Lawrence d'Arabie)… et aussi
des chefs de tribus. Elle est brillante, parle de tout, elle est écoutée, admirée. Elle
passionne. Quelques hommes l'ont demandée en mariage, elle s'est fiancée…
Son aura vient jusqu’à Londres. Dans les sphères gouvernementales, on parle
d'elle : la « Khatun (reine du désert) » ou « la Dame » ou encore « la Reine sans
couronne d'Irak ». Elle connaît tant cette vaste région d'Orient que le
gouvernement britannique l'emploie comme informatrice, agent secret en quelque
sorte. Elle aime cette reconnaissance que lui porte son pays et se lance à fond dans
sa nouvelle activité. Le travail est d'importance après la Grande Guerre, lors de la
chute de l'Empire Ottoman. Elle crée le royaume d'Irak. Ses vues en faveur des
Arabes ne plaisent pas aux politiques. Fatiguée, malade elle s'installe à Bagdad où
elle meurt en 1926.
La correspondance de Gertrude Bell à ses proches et ses amis, ses lettres
d'amour, ses carnets de voyages, ses notes de repérage ont aidé Christel Mouchard
à réaliser le portrait d'une grande dame, excentrique, un brin orgueilleuse,
généreuse, intelligente.
Une biographie passionnante agrémentée de références historiques
incontestées.
Mireille
15
Zero K
Don DeLillo
Actes Sud
16
Monster
MANGA - thriller
Martine
17
Nos coups
Un avion sans elle
Michel Bussi Michel Bussi, professeur agrégé d'histoire, est en
2017 le 2e écrivain français en nombre de livres ven-
Presses de la Cité dus, c'est un écrivain populaire à juste titre.
Dès le début l'auteur nous comble : il invente un
détective qui s'appelle Crédule Grand-Duc c'est un
bon début, non ? Ce crash dans le Jura avec un bébé comme survivant, une jolie inven-
tion. Comme le livre est bien écrit, on a plaisir à continuer .
Enfin savoir dès les premiers chapitres que la résolution de l'énigme est écrite dans les
premières pages, c'est rageant. Et l'on a beau se creuser la tête, on ne trouvera pas la
solution qui est pourtant là, sous nos yeux. C'est toute la qualité de ce roman policier.
Jean-Michel
La femme au
carnet rouge Un homme (bien) trouve un sac de femme (bien),
qu'il va essayer de lui rendre - vous imaginez la suite.
Antoine Laurain Par l'auteur du Chapeau de Mitterrand (en moins
Flammarion caustique et plus fleur bleue), ce conteur habile nous
offre une bouffée d'air frais et un agréable moment
de détente - Qui n'en a pas besoin ?
Anne
18
de cœur
Le respectable et riche ingénieur Enrique Cárdenas
Aux cinq rues, Lima
vit tant bien que mal dans sa ville, Lima, malgré les
Mario Vargas Llosa attentats, les enlèvements, le couvre-feu. Jusqu’au
jour où un maître chanteur Rolando Garro, rédac-
Gallimard
teur en chef d’un périodique à sensation, frappe à
la porte de son bureau !
Son ami Luciano, brillant avocat, va-t-il le sortir de
ce scandale ?
Qui lui en veut à ce point ? Le chef de la police politique ? Que peut-il faire pour ne pas
perdre sa femme Marisa ?
A vous de le découvrir dans un roman plein de rebondissements.
Jean
Underground Railroad
L'épopée périlleuse d'une esclave noire évadée qui
Colson Whitehead essaie de regagner le Nord et la liberté.
Albin Michel Des milliers l'ont tenté, moins de mille par an ont
réussi, grâce à l'aide d'un réseau d'hommes et de
femmes courageux et fortement impliqués - le véri-
table "chemin de fer clandestin" du titre. Seul
bémol à mon avis, l'auteur emploie cette métaphore comme s'il s'agissait d'une réalité
physique, ce qui paradoxalement amoindrit le rôle des abolitionnistes. Après avoir été
élu et encensé par Oprah (Winfrey) ce livre “fait un tabac” partout, y compris en France.
Pas étonnant, il est d'une puissance évocatrice inouïe, et sa lecture vous bouleversera
durablement. Incontournable !
Anne
19
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Marie-Claude LAMBERT
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