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Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

Université Amar Telidji LAGHOUAT


Service de Médecine légale CHU LAGHOUAT
Dr ALEM Farid Médecin légiste.

ETHIQUE MEDICALE

I/ INTRODUCTION :

L’éthique vient étymologiquement du grec « ETHOS » qui signifie « manière


d’être et de se comporter selon les mœurs .»

L’éthique s’apparente à la morale et pourrait se traduire par la moralité d’un


comportement par rapport à une situation donnée.

 L’éthique médicale correspond à l’utilisation des sciences biologiques et


médicales suivant des règles morales précises pour l’amélioration de la
qualité de vie des personnes, donc obtenir le meilleur au prix des moindres
risques.
 La loi 90-17 du 31/07/1990 modifiant et complétant la loi 85-05 du
16/02/1985 relative à la protection et à la promotion de la santé fixe le code
de l’éthique médicale au chapitre III du titre IV.
 L’éthique biomédicale est générée par la progression rapide de la recherche
médicale et scientifique, car désormais la vie peut être donnée en dehors des
processus naturels à travers des méthodes de procréation médicalement
assistées.
 Les médecins sont doublement concernés par l’éthique car ils participent
activement au progrès des connaissances médicales (par la recherche
biomédicale) et ils sont en contact quotidien avec les malades qui leur
demandent toujours des réponses et des conseils immédiats.
II/ LES ACTEURS DE LA REFLEXION ETHIQUE :
Il existe cinq responsables de l’élaboration de cette réalité au sein de la société et
le milieu médical.
1- Personnes et groupes :
- institutions, instances professionnelles, associations qui participent
à la gestion ou à la structuration de la société.
- Chercheurs et professionnels de la santé.
- L’école.
- Les organismes des jeunes.
- Les courants religieux.

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2- Communauté scientifique :
 tous les chercheurs doivent transmettre le résultat de leur
recherches par le biais des communications libres, les
revues d’audience internationales, des congrès nationaux et
internationaux.
3- Les corps professionnels :
Ce sont tous les médecins, chirurgiens.
4- Les laboratoires :
- responsables de la production pharmaceutique ;La recherche des
médicaments, la production et utilisation sur le marché doivent
respecter la réglementation et les principes d’éthique.
5- Conseil national de l’éthique et des sciences de la santé :
Il siège à Alger ; crée par la loi 85/05 du 16/02/1985 complétée par la loi
90/17 du 31/07/1990, installé en octobre 1996.
- c’est un conseil consultatif : il émet des avis et des
recommandations.
- Son objectif : veiller au respect de la vie de la personne et à la
protection de son intégrité corporelle.
- Son domaine : prélèvement d’organe et de tissus ; transplantation ;
les modes thérapeutiques acquises et la recherche scientifique.
- Il est constitué de :
*01 représentant du ministre de la santé.
*09 professeurs en sciences médicales.
*03 praticiens de la santé.
*01 représentant du ministre de la justice.
*01 représentant du conseil islamique.
*01 représentant du conseil national de déontologie médicale.
- le conseil peut être saisi par toute personne physique ou morale
pour toute question entrant dans le cadre de sa mission.
III/ LES SUJETS BIOETHIQUES :
L’éthique biomédicale pose des interrogations et donne un débat de
fond sur les problématiques suivantes :
 l’identité humaine.
 Les expérimentations sur l’homme.
 Prélèvement et transplantation d’organes.
 Les essais thérapeutiques.
 Information du malade.
 Avortement.
 L’euthanasie.
 Secret médical.
 Les problèmes soulevés par la génétique (clonage).
 La procréation médicalement assistée (PMA).

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A)Euthanasie :
1) Définition : c’est l’action de donner la mort à un patient « gravement
malade » ou atteint d’une maladie incurable. Cette accélération du processus de
la mort est volontaire et significative sous prétexte de soulagement de la
souffrance.
*euthanasie active : administration de substances à doses toxiques ce qu’on
appelle « les cocktails lytiques ».
*euthanasie passive : le refus de soins.

2) quand considère-t-on qu’une personne est décédée ?


Il n’exista pas de définition juridique de la mort.
L’avis du comité consultatif national d’éthique du 07/11/1988 ainsi que l’arrêt
du conseil d’état du 02/07/1993 suivant lesquels l’individu en état de mort
cérébrale est mort.

3) Peut-on parler d’euthanasie en cas de vie artificielle ?


Une personne en état de mort cérébrale n’est pas une personne vivante, donc le
fait de provoquer ou hâter sa mort ne correspond pas à une euthanasie.

4) Peut-on bénéficier légalement d’une euthanasie ?


NON ; vous ne pouvez pas disposer librement de votre corps. L’interdiction
d’euthanasie constitue l’une des applications du principe d’indisponibilité du
corps humain.

5)peut-on la demander à l’avance (dans un document écrit) ?


l’euthanasie est réprimée pénalement, cependant, on peut refuser les soins, ce
qui peut revenir à une euthanasie passive.
Cependant, lorsqu’une personne est dans l’impossibilité de s’exprimer, le
consentement ou le refus aux soins est donné par ses représentants légaux.

6) Peut-on être poursuivi si on demande ou provoque une euthanasie pour soi-


même ou autrui ?
- pour soi-même : notre demande ne peut justifier légalement une
euthanasie, on peut toutefois refuser les soins.
On ne peut pas être poursuivi au motif de refuser les soins parce que le
suicide n’est pas réprimé.

- pour autrui : l’euthanasie est constitutive d’infractions pénales :


meurtre, non assistance à personne en péril, empoisonnement…
Toute personne qui a contribué à sa réalisation peut être poursuivie
comme coauteur ou complice.
Si on a agit dans l’exercice de notre profession, on encourt en outre
des sanctions disciplinaires.

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7) La tentative d’euthanasie est-elle réprimée ?
la tentative de crime est punissable.
 En cas d’euthanasie active qui peut être qualifiée de meurtre ou
d’empoisonnement, la tentative est donc punissable.
Il faut un commencement d’exécution et que la tentative n’ait pas été
suspendue ou qu’elle n’ait manqué son effet qu’on raison de circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur.
 En cas de tentative d’euthanasie passive, la non assistance à personne en
danger- qu’elle ait aboutit à la mort de l’intéressé ou non- est toujours
répréhensible. Le délit est constitué si le péril et l’abstention volontaire de
secours sont réunis, sans résultat nécessaire.

8)quelles sont les sanctions encourues ?


l’auteur de l’euthanasie peut être poursuivi au pénal sur les fondements
suivants :
 Meurtre : Art 221-3 du CPA
 Empoisonnement :Art 221-5 du CPA
 Omission de porter secours : Art 223-6
 des sanctions disciplinaires. Le conseil régional de l’ordre des médecins
constitue la juridiction de 1ère instance.
Le conseil peut prononcer des blâmes, l’interdiction d’exercer, la radiation…
indépendamment des autres juridictions civiles, pénales ou administratives.

B)Sida et éthique :
er
Le 1 aspect éthique est de considérer cette affection comme une maladie
transmissible qui quand elle se déclare, est pratiquement toujours mortelle.
Les tests de dépistage ne sont pas obligatoires sauf pour le don de sang ou
d’organe.
La déclaration de la maladie est obligatoire mais de façon anonyme « respect du
secret médical ».
Beaucoup de situation posent un problème :
 Le secret médical s’impose.
 Préserver la relation de confiance avec son patient.
 S’efforcer de le convaincre d’informer son conjoint ou sa partenaire de sa
sero-positivité. La situation est dramatique pour un mineur ; il faut lui
révéler de la façon la plus adaptée sa sero-positivité, l’informer de sa
responsabilité vis à vis de l’entourage et les précautions à prendre pour
éviter d’autres contaminations.

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C) Don de sang et éthique :
Le don de sang est volontaire, bénévole, anonyme et exclut de tout commerce.
- anonymat du donneur et du receveur.
- Examen médical préalable au don.
- La recherche d’une affection transmissible par le sang.
- Aptitude physiologique au don de sang.
- Analyse biologique obligatoire : HIV, groupage ABO – Rh , Ag
Hbs, syphilis.

D) le secret professionnel :
Il s’impose à tout médecin et étudiant en médecine.
- Le médecin responsable doit veiller au respect du secret et à la
protection de tous les documents médicaux au niveau du service ( le
secret n’est pas aboli par le décès du malade).
- Il ne faut pas utiliser les informations en dehors de leur destination.
- La violation du secret professionnel est un délit accompli par la
réunion des éléments suivants :
*la personne ayant divulguée les faits doit appartenir à la
catégorie professionnelle visée par l’article.
*il s’agit de faits établis dans l’exercice de sa profession de
soignant.
*la révélation est totale ou partielle.
*il n’y a pas d’obligation ou d’autorisation légale (réquisition).
*l’intention coupable n’est pas nécessaire pour
l’accomplissement du délit.
- Article 301 du CPA :
« Les médecins, chirurgiens, pharmaciens, sages femmes ou toutes
autres personnes dépositaires par état, par profession ou par fonctions
permanentes ou temporaires, des secrets qu’on leur confie, qui hors le
cas ou la loi les oblige ou les autorise à se porter dénonciateurs, ont
révélé ces secrets, sont punis d’un emprisonnement d’un à six mois et
d’une amende de 500 à 5000 DA. »
- Article 206 de LPPS 90 /17 du 31/07/1990 :
*Art 206/01 : Le secret médical est garant du respect de la
dignité du malade et de la protection de sa personnalité.
*Art 206/02 : l’obligation du secret professionnel est générale
et absolue sauf dérogation légale.

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E) l’avortement :

- l’avortement correspond à l’expulsion prématurée du produit de


conception ; spontanée ou provoquée ; peut être précoce ou tardive.
- La pratique de l’avortement criminel est punie par la loi (code pénal Art
304, 305, 306, 309).
- L’interruption de grossesse est admise pour un motif thérapeutique ; à tout
moment de l’évolution de la grossesse quand la vie de la mère est en
danger ou pour préserver son équilibre mental ou physiologique.
- L’avortement thérapeutique correspond à l’interruption artificielle de la
grossesse quelque soit son âge, pour des raisons médicales.
L’avortement thérapeutique pose un problème concernant la conscience pour
des considérations religieuses :
- Certains disent qu’il est interdit au médecin de supprimer un
humain.
- D’autres disent que le foeticide n’existe pas quand la vie de la
mère est en danger puisque l’absence d’intervention entraînera
aussi la mort des deux.

E)Les Prélèvements et transplantations d’organes :


F)La procréation médicalement assistée .
G)La recherche scientifique (expérimentation médicale) : (voir les
cours).

Conclusion :
Les problèmes éthiques restent encore nombreux et sans solution
universelle car appréhendés à partir de traditions diverses.
Les solutions dépendront des convictions personnelles liées au
contexte, de la culture, et les compréhensions a l’égard des différentes
convictions.

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