Vous êtes sur la page 1sur 21

Calcul des pieux courts rigides

soumis à des forces horizontales

Vladimir SHAKHIREV
Docteur-ès-Sciences
Centre expérimental des sols
Laboratoire public d'Études et d'Essais (Casablanca)
Jean-Pierre MAGNAN
Directeur technique chargé du pôle Geotechnique
Laboratoire central des Ponts et Chaussées
Houssine EJJAAOUANI
Directeur du Centre expérimental des sols
Laboratoire public d'Études et d'Essais (Casablanca)
Omar CHAMAOU EL FIHRI
Docteur-ingénieur, géotechnicien
Centre expérimental des sols
Laboratoire public d'Études et d'Essais (Casablanca)

Introduction
L'utilisation de pieux courts rigides est é c o n o m i q u e pour
de nombreux types d'ouvrages, tels que les appuis de
lignes de transport électrique, les appuis de canalisations
dans les entreprises industrielles, les conduites d'eau
chaude, les oléoducs et gazoducs des plates-formes d'ex-
ploitation pétrolière sur le plateau continental, les
poteaux des réseaux d'éclairage, de téléphone et d ' é l e c -
tricité, les appuis des silos et bâtiments agricoles, les
ouvrages de soutènement, les c h e m i n é e s , les mâts, etc.
Ces pieux restent rigides et ne se déforment pas sous les
RESUME
charges auxquelles ils sont soumis.
Le calcul du comportement des pieux soumis à
des charges latérales a fait l'objet d e n o m - Toutefois, malgré la simplicité apparente du comporte-
breuses études depuis le début du X X siècle.
e

ment de ces pieux, i l existe beaucoup de points obscurs


L'article passe e n revue c e s méthodes d e
calcul, classées e n trois groupes : méthodes et m ê m e de sujets de débats dans la description du
fondées sur l'analyse d e l'équilibre limite d e m é c a n i s m e d'interaction du pieu et du sol. De nombreux
poussée-butée, méthodes utilisant la théorie
de l'élasticité et méthodes reposant sur la
m o d è l e s ont, en effet, été proposés pour décrire le com-
théorie des déformations locales (modèles de portement du sol de fondation et son interaction avec le
Winkler et dérivés). Une méthode d'analyse au pieu et l'insuffisance des études expérimentales n ' a pas
coefficient d e réaction est ensuite décrite et
testée sur un ensemble d'essais d e pieux. permis de classer dans l'absolu les capacités de tous ces
Cette méthode s'appuie sur une loi de variation modèles.
du coefficient d e réaction e n fonction de la
profondeur et e n fonction d e l'amplitude d u Cet article passe en revue les modèles de calcul qui ont
déplacement du pieu dans le sol. Des valeurs
du coefficient de réaction sont proposées pour les été développés pour les pieux infiniment rigides sous
pieux battus et les pieux forés dans divers types charge horizontale et décrit une nouvelle m é t h o d e de
de sols : argiles limoneuses et argiles, sables
calcul non linéaire, fondée sur l'analyse des données
argileux et sables d e diverses granularités.
expérimentales obtenues lors d'essais de chargement en
M O T S C L É S : 42 - Calcul - Comportement -
vraie grandeur et applicable dans le cas général des
Pieu - Essai - Charge - Horizontal - Méthode -
Poussée - Butée - Élasticité - Déformation - pieux infiniment rigides soumis à l'action de forces hori-
Coefficient de réaction du sol - Battage - zontales. Cette m é t h o d e de calcul peut être étendue au
Béton coulé sur place - Sol - Argile - Limon -
Sable - Profondeur - Mouvement. cas des charges quelconques (forces inclinées et
moments).

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75 55
Modèles de calcul L a résistance totale du sol (sec) à l a rotation du
pieu est pour cette raison prise en général égale à :
de l'interaction sol-pieu
L e calcul des pieux sous charges horizontales est 9
a ( z ) = y z tan" tan" (3)
l'un des problèmes les plus compliqués de l a 2,
m é c a n i q u e des sols. L a complexité du méca-
avec les notations suivantes :
nisme d'interaction du pieu et du sol, l'impossi-
bilité d'observer visuellement le comportement — Y '• poids volumique du sol,
des pieux lors du chargement, l'absence dans — z : profondeur à laquelle on détermine la pres-
certains cas d'instruments de mesure des para- sion du sol,
mètres nécessaires et l a grande complexité de — cp : angle de frottement interne du sol.
l'exécution des études expérimentales ont
influencé à l ' é v i d e n c e les m é t h o d e s d ' é t u d e du U n grand nombre de m é t h o d e s de calcul ont été
fonctionnement des pieux sous charge horizon- proposées pour les pieux sous charges horizontales,
tale : les études consacrées à ce p r o b l è m e ont sur l a base de ce schéma de calcul, en faisant des
accordé une grande place à la modélisation du hypothèses diverses sur la forme de la distribution
fonctionnement des pieux en laboratoire et à des des pressions du sol.
d é v e l o p p e m e n t s théoriques fondés sur des hypo-
Ces m é t h o d e s peuvent être divisées en deux
thèses ou des m o d è l e s m é c a n i q u e s variés, et les
groupes :
études expérimentales sur le terrain sont restées
peu nombreuses. • dans le premier groupe, on peut inclure les
m é t h o d e s de calcul basées sur des variations
N é a n m o i n s , les recherches effectuées ont permis
linéaires de la pression du sol en fonction de la
de prévoir une partie importante des p h é n o m è n e s
profondeur (fig. 1), comme celles décrites par
qui se produisent dans le pieu et dans le sol et
Dobrovolskij (1929), Krey (1932), Prokofev
d'approcher d'assez près, dans de nombreux cas,
(1947), Brennecke et Lohmeyer (1949), etc.
leur fonctionnement réel.

Les m é t h o d e s de calcul actuelles s'appuient sur Les conditions d'équilibre statique d'un pieu
trois principaux modèles m é c a n i q u e s du sol de soumis à un système de charges extérieures et de
fondation : réactions du sol permettent de déterminer les
inconnues ( H , D ) de ces modèles de calcul.
D
>~ la théorie de l'équilibre limite (poussée-
Dans ce type de calcul, on admet que le volume
butée),
de sol qui s'oppose à la rotation du pieu est un
s»- la théorie de l'élasticité,
prisme plan qui se trouve à l'équilibre limite. O n
*- la théorie des déformations locales (coeffi-
admet aussi que la perte de stabilité du pieu
cients de réaction), fondée sur les idées de
chargé horizontalement se produit au moment o ù
Winkler.
la contrainte atteint sa valeur maximale à l'extré-
mité inférieure du pieu ;
Théorie de l'équilibre limite
• dans le second groupe, on peut classer les
Les études du fonctionnement des pieux exécu- m é t h o d e s de calcul qui admettent une distribu-
tées en laboratoire, sur des modèles placés dans tion curviligne de la résistance du sol (Rifaat,
des cuves de sable, ont conduit à des schémas de 1935; Latyshenkov, 1 9 3 9 ; Lapetin, 1 9 4 0 ;
calcul des pieux infiniment rigides utilisant la Terzaghi, 1951 ; etc.), comme représenté sur la
théorie des équilibres limites de poussée et de figure 2.
butée.
Si l ' o n admet que la variation de l a résistance du
Dans cette approche, le pieu soumis à une charge sol le long du pieu a une forme parabolique, on
horizontale subit une rotation dans le massif de peut déduire des conditions d'équilibre que la
sol par rapport à un certain point, en provoquant valeur limite admissible de l a charge sur le pieu
une réaction du sol. O n admet que, sur la face est égale à (Lapetin, 1940) :
frontale du pieu, le sol résiste par butée à la rota-

» • 4 - 'H.
tion du pieu, avec une pression de : YbD
H: (4)
6 (4L + 3D)
2 Cp
rj (z) = y z t a n I - + -2
(1)
p
avec les notations suivantes

et que, sur l a face opposée, s'exerce une poussée — b : dimension transversale du pieu,
égale à : — D : profondeur d'encastrement du pieu dans le
sol,
— L : hauteur d'application de la charge horizon-
a d (z) = y z tan (2)
tale au-dessus de la surface du sol.

56 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
H

1 \
1 1
\
1 ; \
1 ; \
1

a. Kalinovich (1932). b. Terzaghi (1951). c. Prokofev (1947).

F i g . 1 - M o d è l e s d e c a l c u l d e p i e u x b a s é s s u r u n e d i s t r i b u t i o n l i n é a i r e d e la p r e s s i o n d u s o l .

et la contrainte de cisaillement ne doit pas y


dépasser la valeur admissible ;
>- la charge horizontale maximale admissible sur
L
le pieu dépend de la pression du sol à l'extrémité
inférieure du pieu, calculée en admettant que le
sol est en butée au-dessus du point neutre ;

• Latyshenkov (1939) déduit d ' é t u d e s expéri-


mentales sur des modèles de pieux et de rideaux
de palplanches des relations empiriques entre les
résistances horizontales limites d'un rideau et de
pieux de sections circulaire ou carrée. Il trouve
a. Lapetin (1940).
que la prise en compte du fonctionnement tridi-
H .
mensionnel des pieux, par rapport à une analyse
bidimensionnelle, permet d'augmenter la résis-
tance aux charges horizontales d'un facteur 2 à
2,6. Il propose d'appliquer aux résultats des cal-
culs plans des coefficients de correction égaux à :
Y = 1 pour les rideaux de palplanches,
c

Y = 2 pour les pieux de section circulaire,


c

y = 2,6 pour les pieux de section carrée ;


c

• Berezantsev (1946) détermine la résistance du


sol à un déplacement horizontal du pieu en
b. Berezantsev (1946).
admettant la formation de prismes élémentaires
Fig. 2 - Modèles de calcul f o n d é s
se mettant en butée. Il écrit la résistance du sol
sur une distribution curviligne par unité de longueur du pieu sous la forme
d e la r é s i s t a n c e d u s o l . connue :

q(z) = Y b z t a n ^ | - - tan z
(5)
Comme dans les méthodes du premier groupe, +

on admet que la perte de stabilité du pieu se pro-


duit au moment où la contrainte devient maxi- dans le cas où l ' o n néglige la cohésion et le frot-
male à l'extrémité inférieure du pieu. tement de la surface du pieu contre le sol.
Ensuite, compte tenu de l'existence d'un frotte-
Parmi les travaux des précurseurs de l ' é t u d e des ment entre la surface du pieu et le sol, l'auteur
efforts horizontaux des sols sur les fondations, augmente la butée et diminue la poussée. Pour
nous citerons ceux de Bezukhov (1937), cela, i l introduit la notion de longueur de calcul
Latyshenkov (1939) et Berezantsev (1946) : des pieux, en excluant de l'analyse de l'état
d'équilibre la partie supérieure du sol et en dimi-
• Bezukhov (1937) analyse la stabilité des
nuant de a (égal par exemple à 10 % de la lon-
pieux sous charge horizontale en imposant deux
gueur du pieu) la longueur de la partie de pieu
conditions :
enfoncée dans le sol.
>- i l ne doit pas se produire de déformations irré-
versibles dans le sol autour du pieu. Pour ce calcul, Beaucoup d'autres méthodes de calcul ont
le point le plus défavorable correspond au appliqué ces idées d'un équilibre limite de
maximum des pressions au-dessus du point neutre, poussée et de butée du sol lors de la rotation du

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - pp. 55-75 57
pieu autour d'un point fixe, sans se préoccuper Dans le cas d'un pieu encastré dans le sol, la pres-
des déformations du sol. Ces m é t h o d e s déduites sion q(z) s'oppose au mouvement du pieu et elle
d'essais sur modèles réduits ont été appliquées à doit être reliée au comportement du massif de sol,
des pieux et palplanches dont les longueurs diffé- par exemple en imposant l'égalité des déplace-
raient souvent du p r o b l è m e idéal du pieu court et ments du pieu et du sol avec lequel i l est en contact.
les recherches expérimentales m e n é e s sur des Lorsque le sol a un comportement élastique
pieux in situ dans des conditions réelles de sol ont linéaire, la liaison entre le déplacement latéral de
contredit les résultats des essais en laboratoire. la poutre (équation de la ligne élastique) et le
déplacement du sol au contact de l a poutre est
Les recherches effectuées par Kudrin (1936), assurée par l'équation intégrale qui donne le
Golubkov (1948, 1950), Skempton (1951), déplacement d'un massif de sol semi- infini sous l a
Shakhirev (1965), Shakhirev et Ziyazov (1971) pression de contact avec l a poutre. S i la surface de
et d'autres ont m o n t r é que, lorsque les pieux sont ce massif de sol est le plan Oxz, cette équation
chargés horizontalement, le sol n'est pas refoulé s'écrit :
j u s q u ' à la surface du massif dans un m é c a n i s m e
de butée classique. Dans les sols sableux, un tel 1 q (x,z) dxdz
refoulement ne se produit que dans l a couche u (\„ z )
0 (7)
JT E 0 F (x - x ) + (z - z )
0
2
0
2

supérieure du sol. O n observe pour l'essentiel un


compactage du sol, puis le sol est « découpé »
avec
par le pieu et, dans tous les types de sol, on
observe l'existence d'un vide entre la face — u (x , z ) : déplacement du point de la surface
D u

arrière du pieu et le sol, ce qui témoigne de l'ab- de coordonnées ( x , z ), 0 Q

sence de poussée du sol derrière le pieu. — q (x,z) : pression de contact du sol et du pieu,
D'autres m é t h o d e s de calcul ont donc été déve- — E , | i : module d'élasticité et coefficient de
Q 0

loppées pour prendre en compte les déformations Poisson, respectivement,


du sol autour du pieu. — F : surface de contact du massif de sol et du
pieu.

A p p l i c a t i o n d e la t h é o r i e d e l ' é l a s t i c i t é
L a théorie générale du calcul des poutres sur
appui élastique a servi de base à de très nom-
Pour améliorer la description de l'interaction des breux travaux considérant le pieu comme une
pieux avec le sol environnant et dépasser les poutre de longueur infinie, chargée à son extré-
limites du m o d è l e du pieu rigide, i l faut intro- mité par une force concentrée (Kornevits et
duire dans le calcul un modèle de déformation Ehnder, 1932 ; Zhemochkin, 1948 ; Gorbunov-
du pieu et un m o d è l e de déformation du sol. Posadov, 1949 ; Simvulidi, 1958, 1965. 1973 ;
Pour le pieu, on utilise le modèle de calcul des Gafarov, 1967 et d'autres).
poutres en résistance des matériaux, qui permet
de déterminer les efforts internes au matériau du Gafarov (1967) a élaboré une solution théorique
pieu et donc de le dimensionner du point de vue pour le p r o b l è m e bidimensionnel des fondations
de sa résistance propre. Pour le sol, on peut uti- profondes en forme de parois en considérant le
liser la théorie de l'élasticité (ou d'autres sol comme un milieu pesant à déformation
m o d è l e s de m é c a n i q u e des milieux continus) ou linéaire, dont le module de déformation E varie Q

bien le m o d è l e des déformations locales (modèle avec la profondeur z et le coefficient de Poisson


de Winkler). Nous allons examiner i c i le cas de \i reste constant :
0

la théorie de l'élasticité.
v
E (z) = E + E , z
0 c (8)
L ' é q u a t i o n différentielle de la déformation d'une
poutre soumise à une charge répartie est bien avec
connue. S i l'axe longitudinal de la poutre est — E : module de déformation en surface, repré-
c
dirigé selon l'axe Oz, elle s'écrit :
sentant l'effet de la cohésion dans le sol,
— E , : module de déformation à une profondeur
El ^ = b q(z) (6) de 1 m,
dz
— v : coefficient dépendant des caractéristiques
avec physiques du sol et compris entre 0 et 2.
- u(z) : déplacement latéral du point d'abscisse z
Reese et Matlock (1956) et Matlock et Reese
de l a poutre,
(1960) utilisent une l o i de variation du module
— b : largeur de la poutre, de déformation en fonction de la profondeur de
- q(z) : pression appliquée à la poutre (positive la forme :
quand elle est orientée dans le sens de u),
— E l : rigidité de la section transversale de l a
E(z) = E D (9)
poutre. D

58 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
où E est le module de déformation du sol au
D déformations du pieu sont non linéaires. Il était
niveau de l'extrémité inférieure du pieu de lon- donc naturel de chercher une forme plus vrai-
gueur D . semblable pour l a relation entre l a force horizon-
tale appliquée H et le déplacement horizontal
Dans ce cas, i l est préférable d'utiliser une forme adi- u(z) du pieu.
mensionnelle pour l a coordonnée z, car cela évite
des problèmes de dimension de E quand l'exposant Solovev et al. (1974) comparent les trois relations
de z est quelconque, comme dans l'équation (8). non linéaires entre les contraintes et les déforma-
tions qui leur paraissent les plus probables :
Ultérieurement, l'expression (9) a été utilisée par
de nombreux auteurs, notamment M i r o n o v et relation de Prandtl,
Krovyakov (1980), pour améliorer la ressem- >- relation exponentielle,
blance des résultats des calculs avec le fonction- >- relation en forme de tangente hyperbolique.
nement réel des pieux et pour obtenir une solu- Ils considèrent le diagramme de Prandtl comme
tion plus rigoureuse du p r o b l è m e par les une première approximation du problème, qui ne
m é t h o d e s de la m é c a n i q u e des structures. correspond pas c o m p l è t e m e n t à la forme réelle
Simvulidi (1958, 1965, 1973) a adopté une des déformations d'un pieu soumis à des charges
approche différente pour l a résolution des pro- horizontales. Une relation exponentielle entre l a
b l è m e s de rideaux de palplanches et de pieux force H et le déplacement horizontal u du pieu
sous charges horizontales. Il part des équations correspond mieux à l'ameublissement progressif
générales du calcul des poutres sur appui continu du sol lors de sa rupture. Toutefois, quand on
élastique et pose pour le calcul des pieux chargés enfonce un pieu, le sol se densifie et sa rupture
horizontalement des conditions pour que la ligne progressive, qui m è n e à l'instabilité du pieu,
élastique du pieu et l a déformée du sol entourant n'est pas liée à son ameublissement. C'est pour
le pieu coïncident approximativement : cela qu'une relation exponentielle ne reflète pas
non plus l'allure réelle de la déformation du
>- égalité des déplacements du pieu et du sol à
pieu. Selon Solovev et al., la courbe H = f(u)
l'origine des coordonnées ;
doit se trouver entre l a relation exponentielle et
>- égalité des déplacements au milieu du pieu ;
le diagramme de Prandtl, qui est très proche
>- égalité des surfaces limitées par les deux
d'une relation en tangente hyperbolique :
déformées ;
>~ égalité des dérivées troisièmes des deux
déplacements au milieu du pieu.

Ces quatre conditions de contact sont complétées


par deux conditions d'équilibre du pieu et deux
conditions aux limites. — u(z) : déformation du pieu à la profondeur z,
— u (z) : déformation du pieu à la profondeur z
lim

Les pressions exercées par le massif de fonda- pour laquelle le sol atteint l'état limite,
tion sur le pieu sont représentées par un poly- — a : coefficient empirique.
n ô m e du troisième degré :
Il existe aussi d'autres approximations de l a
2a, ( D\ 4 a f m 2
2
8a, ( DV courbe H = f(u) qui reposent uniquement sur des
q( ) = a
Z 0+ - [ z - - j - ^ - - j
+ z + - ^ - - j ( , 0 )
considérations géométriques et comportent pour
cette raison des coefficients empiriques qui
L a charge extérieure sur le pieu est décrite au visent à maintenir les dimensions des termes de
moyen de fonctions discontinues C et JT" déve- l'équation. Il nous semble préférable d'établir l a
loppées par Gersevanov (1933, 1948) et multi- variation réelle du module de déformation du sol
pliées par les forces horizontales H¡ et les en fonction de la profondeur d ' a p r è s les résultats
moments M¡ exercés sur le pieu : des essais au pénétromètre ou au pressiomètre.

X S
L'utilisation des essais pressiométriques permet
P(X) = r
2, M
i + F
3i H
i d 1
) de résoudre de façon plus précise ce p r o b l è m e
i i sous sa forme non linéaire, comme l ' a proposé
Ensuite, l'auteur renonce à la résolution tradi- par exemple Frank (1984). Cependant, on ren-
tionnelle de l'équation différentielle (7). Il contre alors des problèmes pour obtenir sous
intègre l'équation (10) quatre fois, en tenant forme implicite l a solution exacte du p r o b l è m e
compte de (11), écrit deux conditions d'équilibre du pieu chargé horizontalement.
et deux conditions aux limites, et établit un sys-
Une autre approche adoptée pour tenir compte
t è m e de huit équations à huit inconnues, q u ' i l
des variations des propriétés du sol avec la pro-
résout ensuite.
fondeur consiste à découper le pieu en sections
Nous n'avons e x a m i n é dans ce qui précède que de longueur finie, en contact avec des sols de
les principales variantes du calcul des pieux par modules différents (Simvulidi, 1973), comme
la théorie de l'élasticité linéaire. E n fait, les représenté sur la figure 3.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - p p . 55-75 59
Winkler entre la pression de contact q(z) et le
déplacement u(z) du pieu :

q(z) = - k u ( z ) (13)

où k est le coefficient de réaction du sol.

E n tenant compte de la relation (13), l'équation


[6] se transforme en :
4
d u(z) . .
Y- + 4 a u(z) = 0 4
(14)
dz 4

avec

kb
a = (15)
4ËT

Dans le cas où une charge répartie p(z) s'exerce


sur la poutre, l'équation (14) comporte un
second membre qui traduit l'influence de cette
charge :
4
d u(x) 4 bp(x)
Fig. 3 - Découpage d'un pieu en éléments de longueur (16)
finie pour calculer son interaction avec un sol de fondation
+ 4 a U ( X ) =
^ " Ë T
multicouche.
Pour résoudre l'équation (16), on utilise habi-
tuellement la fonction (17) :
Toutefois, les m é t h o d e s de calcul des pieux a z
u(z) = e [ c , cos(az) + c sin(ocz)] 2

chargés horizontalement par la théorie de l'élas- (17)


+ e [c cos(ocz) + c sin(ocz)]
3 4

ticité n'ont pas trouvé d'applications pratiques


importantes. C'est probablement lié à l'incapa- L a résolution se simplifie sensiblement dans le
cité de la théorie de l'élasticité de reproduire les cas particulier de l a poutre de longueur infinie
discontinuités observées dans le sol sur la face puisque u(z) tend vers 0 à l'infini, ce qui permet
arrière des pieux de longueur infinie et sur les de prendre c, = c = 0. Les équations (16) et (17)
2

deux côtés des pieux de rigidité finie et infinie ont été utilisées sous cette forme par Shukhov
lorqu'ils sont chargés horizontalement. Les ten- (1902) pour le calcul des réservoirs. E n se basant
tatives de résolution de ce p r o b l è m e en tenant sur la théorie du calcul des poutres sur appui
compte de la discontinuité du sol de fondation élastique, des solutions au calcul des pieux
(Ogranovich et Gorbunov-Posadov, 1966 ; soumis à une charge horizontale ont é t é propo-
Sapozhnikov et Solgalov, 1980) n'ont pas donné sées par de nombreux auteurs. Hayasi (1921)
de résultats positifs. considère le pieu comme une poutre sur appui
élastique, avec un coefficient de réaction du sol
L a forte redistribution des charges par les constant avec la profondeur, et utilise l'équation
milieux continus, lorsqu'on applique les (14) pour obtenir la distribution des pressions du
m é t h o d e s de l a théorie de l'élasticité comme sol q(z), qui est maximale en surface. Toutefois,
celles de la théorie de la plasticité, donne des les études expérimentales montrent que cela ne
efforts de contact nettement surestimés dans le correspond pas à la réalité. C'est pourquoi, dans
cas des structures longues et étroites comme les les théories élaborées par la suite pour décrire le
pieux, ce qui oblige à appliquer des coefficients fonctionnement des pieux chargés horizontale-
correcteurs qui sont des facteurs d ' é c h e l l e ment, les modèles de calcul de pieu ont été affi-
dépourvus de signification physique. nés. Il a été notamment proposé de prendre un
coefficient de réaction du sol variant linéaire-
ment avec l a profondeur.
Théorie des déformations locales
Pour les pieux infiniment longs, l a ligne élas-
Pour le calcul des pieux chargés horizontale- tique a été calculée par M i c h e (1930) et les équa-
ment, la m é t h o d e l a plus répandue pour définir la tions données par Rifaat (1935) en faisant l'hy-
pression de contact sol-pieu par couplage des pothèse que le coefficient de réaction du sol est
déformations du sol et de celles du pieu dans proportionnel à la profondeur z :
l'équation (6) est la théorie des déformations
locales. Pour résoudre l'équation (6), on peut en 2 I
K
<P
k(z) = mz = (18)
effet la compléter par la relation proposée par

60 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
avec Arkhangelskij (1952) propose, pour obtenir des
— y : poids volumique du sol, formules de calcul simples, de partir d'une équa-
— D : longueur du pieu, tion polynomiale de la ligne élastique du pieu, de
— cp : angle de frottement interne du sol. coefficients inconnus a„ :

L e m ê m e p r o b l è m e a été résolu par Titze (1943), u(z) a„z (24)


avec une l o i de réaction k(z) de la forme :
Dans cette équation, les deux premiers termes repré-
sentent les déplacements linéaire et angulaire de
k(z) oc (19)
D l'axe du pieu, et constituent l'équation du déplace-
ment d'un pieu infiniment rigide, tandis que les
où a et v sont des coefficients e x p é r i m e n t a u x . autres termes du p o l y n ô m e traduisent l'influence
Pour le sable, Titze a pris v = 1 et pour l'argile de la flexion. L'auteur admet ensuite que le sol est
v < 1. L a valeur limite de v pour une argile un milieu élastique avec un coefficient de réaction
idéale est v = 0. variant linéairement en fonction de la profondeur :
Certains chercheurs ont noté que la pression du k(D) ~ k(0)
sol sur le pieu augmente en profondeur j u s q u ' à k(z) = k(0) + (25)
D
une certaine valeur, puis reste pratiquement
constante. Cette observation a conduit au déve- avec
loppement d'un grand nombre de s c h é m a s de — k(0) : coefficient de réaction du sol à la sur-
calcul de pieux dans lesquels le pieu est divisé face du sol (z = 0),
en deux parties : — k(D) : coefficient de réaction du sol au niveau
>• la partie inférieure du pieu est considérée de l ' e x t r é m i t é inférieure du pieu.
comme une poutre sur appui élastique avec un 11 étudie aussi l'effet d'une variation parabolique
coefficient de réaction du sol constant ; de k(z) avec la profondeur :
>- la partie supérieure est considérée comme une
poutre chargée par la charge extérieure H et par k(D) - k(0)
k(z) = k(0) + 2
(2D - z)z (26)
la pression du sol. D

O n peut trouver des solutions de ce type dans les Les solutions d'Arkhangelskij ont comme parti-
travaux de K a l i n o v i c h (1932), d'Urban (1937, cularité que les expressions obtenues contiennent
1939, 1949) et d'Angelskij (1952). Les solutions dans leur forme générale deux m o d è l e s de
pour la partie inférieure du pieu ne diffèrent pas calcul, pour un pieu absolument rigide et pour un
fondamentalement d'un auteur à l'autre. E n ce pieu flexible, qui passent continûment de l ' u n à
qui concerne la partie supérieure, i l y a quelques l'autre en changeant les valeurs de D , E l et k(z).
différences. K a l i n o v i c h admet une distribution Toutefois, Arkhangelskij ne cherche pas à résou-
de la pression du sol dans la partie supérieure du dre l'équation (14).
pieu qui correspond aux pressions limites de Considérant le pieu dans le cas général comme
poussée et de butée : une poutre de longueur finie, Zavriev et Shpiro
(1970) partent de l'équation différentielle (14),
q , = a b = Yzb tair | - +
z -tair - - 9 : (20) en prenant un coefficient de réaction du sol k(z)
4 2 [4 2
variant linéairement en fonction de la profondeur
Angelskij, sur la base de la solution d'Urban pour z, et écrivent l'expression de q(z) sous la forme :
la partie supérieure du pieu, admet une distribution
q(z) = - m b z u(z) p (27)
q(z) de forme parabolique. Pour la partie infé-
rieure du pieu, i l écrit l'équation de la ligne élas- L a solution de l ' é q u a t i o n différentielle (6) s'écrit
tique sous la forme (17), en prenant c, et c nuls : 2 alors sous la forme :

u(z) = e" az
[ c cos(ocz) + c sin(ccz)]
3 4 (21) u(z) = K , A , + K B , + K C , + K D , 2 3 4 (28)

Angelskij d é t e r m i n e les constantes c et c en 3 4


avec
imposant les conditions aux limites puis, en véri- z 5
z 1 0

I,x6^ 16xllx6|j-
+

fiant les conditions de liaison des parties infé-


rieure et supérieure du pieu, i l obtient des expres- - Z Z 7'" 7"'
•12x7x2—+ 17x12x7x2—-
sions e x t r ê m e m e n t simples, qui permettent de 16! 21 !
faire le calcul :
7^ Z Z " 1 7

x3 13x8x3—+18x13x8x3—-
HDJ 12!"
u = 0,1844
0 (22)
El z 1 8
z 2 3

-4—+' x4- 14x9x4—+19x14x9x4—-


1
3! 8! 13!
D kb
D = 2,847 a (23)
0
a 4ËT K , , K , K , K : constantes d'intégration
2 3 4

61
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
— Z : profondeur réduite de la section consi- Mustafaev et Mamedov (1969) ont résolu le
dérée du pieu dans le sol : p r o b l è m e du pieu de longueur finie sous sa
forme la plus générale en admettant que le pieu
Z = cc z e (29) a une section variable en fonction de la profon-
— a c : coefficient de déformation (1/M) déter- deur et que le coefficient de réaction du sol k(z)
m i n é par la formule : varie selon une loi quelconque. L ' é q u a t i o n dif-
férentielle de flexion du pieu se présente sous la
mbp forme :
a,. = (30)
El 2
2
d u(z) 2
d u(z)
d^
EI(z) + N + k(z)b(z)u(z) = 0 (34)
- m : coefficient de proportionnalité ( k N / m ), dz 2
"dz " 2

— b : largeur de calcul du pieu.


p

Ces auteurs notent que la résolution de l'équa-


Les constantes d'intégration K¡ sont déduites des tion (34) avec des coefficients variables ne peut
conditions aux limites pour Z = oc z = 0, c'est-à- c
se faire que de façon approchée.
dire : Mustafaev (1962) a proposé une m é t h o d e de
résolution approchée d é v e l o p p é e initialement
M 0 , H 0

K, - u , K - - — , K
0 2 3 - (31) pour les p r o b l è m e s unidimensionnels de m é c a -
2
oc EI (¿El nique des structures comportant des équations
différentielles linéaires à coefficients variables.
E n reportant les expressions obtenues dans (28),
Selon cette m é t h o d e , la solution générale de
les auteurs obtiennent un système d ' é q u a t i o n s
l'équation (34) peut être écrite en fonction des
identiques aux équations connues de la m é t h o d e
paramètres initiaux sous la forme :
des paramètres initiaux (Puzyrevskij, 1923 ;
K r y l o v , 1954) : B z
u(z) = u A ( z ) + cpo ( ) + M C ( z ) + H D ( z ) (35)
0 0 0

Mo H
•c,+ c c E I
u(z) = u A , 0 B,+
0
avec M 0 = M 0 + Nu . 0

OL a El2

L'expression (35) est analogue à la solution (34)


M 0 H 0 où les fonctions A ( z ) , B(z), C(z) et D(z), qui
- ^ = - u A, + — B 5— c — n2
0 2
sont les quatre fonctions linéairement indépen-
ce. - a c a Bl2 a¡El
dantes obtenues par intégration partielle de
(32)
M(Z)_ _<Po M 0 l'équation (34), sont déterminées au moyen des
B + -¿C -r 3 3
expressions :
ocEI oc c ocEI rx EI 3

M M,N
A ( z ) = F " ' ( z ) + <D?(z) + «FV' (Z)
Q(z) A Vo n ^ M 0 H 0

—r — 4
H— C +
^ T D
4
a , E l "~
3 u A, B,
B(z) = F£' (Z) + O^(z) + »P£- - (z)
n
m M N
0
oc 4
a EI a; E l 4 2
(36)
Lorsqu'on applique la m é t h o d e des paramètres
C(z) = F ? ' ( z ) + d)N(z) + « p t W - V )
M

initiaux, qui est généralement utilisée pour les


poutres infinies sur appui élastique, au calcul des H M
D(z) = F - (z) + (D (z) + ^ - ( z ) N M N
4 4

pieux de longueur finie chargés horizontalement, M

i l est indispensable de se préoccuper des condi- Les fonctions F ^ ( z ) , O ^ z ) et ^ " ^ ( z ) , qui


tions i m p o s é e s à l'extrémité inférieure du pieu, traduisent respectivement l'influence séparée de
sinon les équations (32) perdent leur sens. la force horizontale H et du moment M , de la D 0

force longitudinale N et de l'influence c o m b i n é e


Pour cela, ou bien l'on admet que l'extrémité des charges transversale et longitudinale, sont
inférieure du pieu est encastrée, auquel cas données par Mustafaev et Mamedov (1969).
u(D) = 0, (p(D) = 0 et on a alors un pieu de lon- Dans la solution de ces auteurs, le cas particulier
gueur infinie ; ou bien l'on introduit une force
du pieu absolument rigide (lorsque E l tend vers
concentrée Q ( D ) et un moment M ( D ) et on a
l'infini) est prévu :
alors un pieu de longueur finie.
u(z) cp z0
(37)
Les auteurs se placent dans la seconde hypothèse
et utilisent pour définir Q(D) et M ( D ) le concept Cette solution est analogue à celle d'Arkhan-
d'appui élastique de second type, qui prend en gelskij (1952).
compte les forces de frottement qui se d é v e l o p -
Shakhirev et al. (1974) considèrent un pieu
pent sous la pointe du pieu lors de son déplace-
soumis à l'action c o m b i n é e de charges verticales
ment. Ils obtiennent :
et horizontales et partent de l'équation du
Q(D) = u ( D ) c F , M ( D ) = q>(D)c I T 0 0 0 (33) moment dans une section z quelconque, qui
s'écrit sous la forme :
où c et c sont les coefficients de proportionna-
T G

lité pour un appui élastique du d e u x i è m e type. M(z) = M , + Q,z + M q ( z ) -N t [u, - u ( z ) ] (38)

62 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - pp. 5 5 - 7 5
avec trique et ne vise q u ' à représenter, de façon
- M , , Q , : moment fléchissant et force transver- approximative pour le calcul, la courbe obtenue
lors des essais de chargement statique exécutés
sale pour z = 0,
sur le terrain.
M q(z) moment résultant de la pression du sol,
— u, : déplacement horizontal du pieu au niveau De nombreuses expressions semblables à l'ex-
de la surface du sol, pression (42) ont été proposées j u s q u ' à présent.
— u(z) : déplacement horizontal du pieu dans une Dans pratiquement toutes ces expressions, la
section quelconque. valeur inconnue de la pression horizontale limite
sur le sol r j est un paramètre très important.
iim

Ce p r o b l è m e est traité dans le cas des sols dont Cependant, ces approximations n'ont pas donné
la déformabilité varie avec la profondeur. L e de résultats satisfaisants dans la mesure où les
pieu est divisé en tronçons de hauteur D à l'inté- ;
coefficients empiriques déduits de telle ou telle
rieur desquels le coefficient de réaction s'écrit expérimentation n'avaient qu'un domaine d'ap-
sous la forme : plication limité. De plus, comme l'ont montré
Shakhirev et Ejjaaouani (1995), m ê m e pour un
k¡(z) = k (z = D) ; (39) pieu donné, installé dans un sol donné, diffé-
D
rentes combinaisons de charges extérieures (hori-
c'est-à-dire que l ' o n admet que la loi de variation zontales et verticales) modifient non seulement
du coefficient de réaction avec la profondeur est l'ampleur de la partie linéaire de la fonction
définie de la m ê m e façon, sur toute la longueur du H = f((u ), mais aussi la forme de la courbe, ce
0

pieu, pour toutes les couches, les différences qui rend sans espoir la recherche d'une valeur
venant uniquement de la valeur maximale de k en ; unique de c , puisque ce paramètre dépend
l j m

bout de pieu et du fait que la profondeur z est peut-être plus de ces facteurs externes que de la
différente d'une couche à l'autre. nature du sol.

L ' é q u a t i o n différentielle de la flexion du pieu, L e comportement des pieux absolument rigides


semblable à (34), s'écrit alors sous la forme qui subissent, sous l'effet des charges extérieures,
connue : une rotation autour d'un point neutre situé à une
4 2
profondeur D sous la surface du sol, peut aussi
0

3 u,(z) N;(z) 3 ( z ) Uj bk,(z) être analysé dans le cadre de la théorie des défor-
(40)
mations locales. Dans les travaux de Zavriev et
Shpiro (1970), de Mustafaev et Mamedov (1969)
Suivant les racines de l'équation caractéristique : et de Shakhirev et Ziyazov (1972), on a cherché à
, N¡(z) , bk¡(z) résoudre ce p r o b l è m e sous sa forme la plus géné-
rale en prévoyant de résoudre simultanément le
El El
cas particulier des pieux absolument rigides, dont
l'équation différentielle (40) admet des solutions les déplacements sont donnés par les deux pre-
différentes, que l ' o n peut obtenir par des m é t h o d e s miers termes des équations (32) et (35).
classiques. Les expressions obtenues correspondent
à une évolution linéaire des déplacements horizon- O n s'attendait à ce que les termes suivants de ces
taux des pieux sous les charges appliquées. Les équations, qui expriment l'influence de la flexion
m ê m e s auteurs ont cherché à améliorer leur solu- du pieu, tendent vers zéro quand E l tend vers
tion en écrivant une relation non linéaire entre les l'infini et que l ' o n obtienne alors la solution du
contraintes et les déformations : cas particulier considéré. Mais cela ne s'est pas
produit à cause de l'influence du paramètre a
dans les formules de calcul. Cela se voit par
Un = (42)
exemple dans les expressions (32), qui sont utili-
1 - sées depuis plus de trente ans déjà dans les
normes de l'ancienne U R S S . Lorsque l ' o n déter-
où a et r j sont la pression réelle et la pression
lim mine les constantes inconnues K , , K , K et K de 2 3 4

limite dans le sol, respectivement, et k la valeur D la solution, le paramètre a apparaît inévitable-


du coefficient de réaction à l'extrémité inférieure ment dans la deuxième partie de l'expression
du pieu. Dans ce cas, on peut calculer les dépla- (32), ce qui fait que l'idée d'un cas particulier
cements horizontaux du pieu en utilisant des correspondant au pieu infiniment rigide ne se réa-
valeurs de o" déterminées, par exemple, par des
lim
lise pas.
essais de pénétration statique. De plus, i l est nécessaire d'introduire des restric-
Cependant, l'expression (42), comme les rela- tions dans l'application de la formule (32) avant
tions (25) et (26) d'Arkhangelskij, ne traduit pas m ê m e d'arriver à la formulation du cas du pieu
la nature physique du comportement non linéaire infiniment rigide : la longueur réduite D = a D e

du pieu et du sol : elle a une signification g é o m é - ne doit pas être inférieure à 2,6. De plus, cette

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - pp. 5 5 - 7 5 63
longueur réduite D ne doit pas être supérieure physiques du pieu et du sol sur les valeurs de H
à 4 car, i n d é p e n d a m m e n t de la charge appliquée et u est sensiblement atténuée par la présence de
Q

et des conditions de sol, on atteint pour D = 4 la racine quatrième (23) ou de la racine cin-
approximativement le premier point où le q u i è m e (30) dans les expressions de oc déjà
moment fléchissant M ( z ) s'annule, et au-delà citées. De plus, les équations différentielles (6),
duquel les auteurs considèrent le pieu comme un (34) et (40) sont à un tel point « fermées » à tout
élément de structure fléchi. perfectionnement et les propriétés propres de ces
équations sont à un tel point stables que l ' o n ne
Si l ' o n examine le fonctionnement du pieu pour peut m ê m e pas éliminer leurs insuffisances évi-
des valeurs plus fortes de D , on peut constater dentes sous la forme où sont écrites leurs solu-
que la distribution des efforts internes au pieu ne tions. C'est pourquoi la résolution du p r o b l è m e
s'arrête pas à ce niveau mais se prolonge, du pieu infiniment rigide dans l ' h y p o t h è s e des
comme celle de la pression exercée par le sol. déformations locales est traitée comme un pro-
Par conséquent, une telle hypothèse enfreint les b l è m e autonome.
conditions d'équilibre du système « sol-pieu » et,
pour que cela ne se produise pas, i l est nécessaire De nombreuses m é t h o d e s de calcul des pieux
d'introduire au point D une force et un moment infiniment rigides soumis à une charge horizon-
concentrés, équilibrant la partie négligée. Si l ' o n tale ont été étudiées j u s q u ' à présent sur la base
ne recourt pas à ce procédé, on revient au pro- de l'hypothèse des déformations locales. L a
b l è m e du pieu de longueur infinie, dont l'extra- d é m a r c h e de résolution de ce p r o b l è m e est clas-
polation aux pieux de rigidité finie pose aussi sique, comme lorsque l ' o n applique la théorie de
des p r o b l è m e s . l'équilibre limite : on établit les conditions
d'équilibre limite du pieu sur lequel s'exercent
Comme les pieux réels ne répondent pas aux une force horizontale et un moment, en tenant
conditions d'application de la formule (32), on compte de la pression de réaction du sol. Les dif-
introduit encore la notion de largeur de calcul de férences entre les m é t h o d e s de calcul proposées
pieu. Cette théorie, qui tire son origine du calcul portent alors seulement sur le choix de la varia-
des poutres à appuis multiples, a en effet un tion de k(z) en fonction de la profondeur et sur le
défaut essentiel, qui est q u ' i l n'y a pas de surface choix des paramètres qui donnent à la courbe
de contact en tant que telle dans la résolution de H = f(u ) son caractère non linéaire.
n

ce p r o b l è m e de contact.

E n réalité, les caractéristiques physiques du pieu


et du sol, dans les solutions des équations diffé-
rentielles, sont introduites par l'intermédiaire du
Les modèles de calcul
paramètre a , qui est déterminé par les formules pour pieux rigides
(23) ou (30). Lorsque l ' o n introduit l'expression
L a résistance des pieux aux charges horizontales
du moment d'inertie d'une section transversale dépend de la valeur et de la combinaison de la
du pieu (de la poutre), la dimension transversale force verticale N et du moment M s'exerçant sur
du pieu (de la poutre) s'élimine : le pieu. Toutes les m é t h o d e s de calcul traitent de
façon semblable l'influence du moment appliqué
_ _ J kb!2 _ iH$k en tête du pieu. Les différences principales entre
a
" ) 4 Ë Ï " ) 4 Ë b r 7 ~ ) Ëh?
ces méthodes de calcul concernent la prise en
Cependant, i l est évident q u ' i l doit exister une compte de l'influence des composantes verti-
relation de proportionnalité entre la résistance du cales des charges externes. Il existe deux appro-
pieu aux charges horizontales et l'aire de la sur- ches opposées du calcul de cette influence :
face de contact. Zavriev et Shpiro (1970) ont, >• un premier groupe de chercheurs estime que
pour cette raison, introduit la notion de largeur la charge verticale à une influence négative sur
de calcul du pieu b , qui permet d'éviter d'éli-
p la résistance du pieu à la force horizontale, en
miner directement le paramètre b, en faisant pénalisant ses conditions de fonctionnement par
tendre sa valeur vers un ou une valeur supé- le d é v e l o p p e m e n t d'un moment de renversement
rieure. Ces auteurs proposent de définir la lar- supplémentaire dû à l'apparition d'une excentri-
geur de calcul du pieu sous la forme suivante : cité provoquée par le déplacement horizontal du
>- b = 1,5 d + 0,5 m pieu ;
p

pour les pieux de diamètre d < 0,8 m, un second groupe de chercheurs affirme que
>- b = d + 1 m
p la résistance du pieu à la charge horizontale aug-
pour les pieux de diamètre d = 0,8 m ou plus. mente parce que cette force s'oppose au renver-
sement par la force horizontale.
Une autre insuffisance des théories fondées sur
la résolution de l'équation différentielle du qua- Il existe des études théoriques et expérimentales
trième ordre est que l'influence des paramètres confirmant chacun de ces deux points de vue.

64 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
Par exemple, Snitko et Snitko (1966), qui étudient
le fonctionnement d'appuis rigides et souples
soumis à l'action c o m b i n é e de charges horizon-
tales et verticales, parviennent à la conclusion que
la charge verticale a une influence négative sur la
résistance des appuis à la charge horizontale.
C'est un avis partagé par K a l i n i n (1947),
Mustafaev et Mamedov (1969), Zavriev et Shpiro
(1970), etc.

Toutefois, on peut aussi montrer l'influence posi-


tive de la force verticale sur la résistance du pieu à
la charge horizontale : une m é t h o d e de calcul des
pieux absolument rigides tenant compte de l ' i n -
fluence de la force verticale a été proposée par
Belzetskij et Belyaev (1914). L'analyse des
expressions établies par ces auteurs montre
qu'une charge verticale qui s'applique dans le
noyau central de la section du pieu augmente le
moment résistant.

Prokofev (1947) tient compte, pour le pieu abso-


lument rigide, de l a forme de la variation du
coefficient de réaction du sol en fonction de la Fig. 4 - Schéma de calcul d'un pieu infiniment rigide
(d'après Prokofev, 1947).
profondeur sous la forme :

v
k(z) = (3(k )D (43) sitive de la force longitudinale. Les travaux de
Kananyan et al. (1973) montrent de façon
avec convaincante que la force verticale produit une
v augmentation de l a résistance des pieux aux
— ( k ) : coefficient de réaction du sol au niveau
D
charges horizontales. Shakhirev (1986, 1987)
de la pointe du pieu,
s'est a p p u y é sur des études expérimentales en
— P : coefficient tenant compte de l'anisotropie
vraie grandeur pour développer une m é t h o d e de
du sol.
calcul non linéaire des pieux de forme pyrami-
Cet auteur essaye de cette façon de tenir compte dale soumis à l'action c o m b i n é e de charges
non seulement de la résistance horizontale mais horizontales et verticales, dont découle comme
aussi de la résistance verticale du sol sur l a base cas particulier une m é t h o d e de calcul des pieux
du pieu. Il estime que le point neutre, par rapport infiniment rigides. Dans ces travaux, i l a é t é
auquel a lieu l a rotation du pieu, ne se trouve pas admis, pour simplifier, que le centre de rota-
sur l'axe géométrique du pieu mais est décalé de tion se trouve sur la face avant du pieu, ce qui
« e » vers l'axe d'application de la résultante de est, selon cet auteur, tout à fait admissible pour
la réaction verticale du sol sous l a pointe du pieu les pieux battus dont l'extrémité inférieure est
(fig. 4). C'est pourquoi i l écrit l'équation d ' é q u i - pointue.
libre des moments par rapport à l'extrémité infé-
rieure du pieu de la manière suivante : Shakhirev a aussi formulé un m é c a n i s m e de
comportement des pieux sous une charge exté-
rieure. A u début des déplacements horizontaux
H(L + D) - Ne - b q(z)dz = 0 (44) du pieu soumis à l'action d'une force horizon-
tale, quand la ligne d'action de l a force verticale
ne sort pas du noyau de la section du pieu, cette
Toutes les méthodes de calcul qui prévoient une
force contribue à la résistance au renversement
influence positive de la composante verticale sur
du pieu. Ultérieurement, l'augmentation des
la résistance du pieu soumis à une charge horizon-
déplacements horizontaux peut faire sortir la
tale prennent en compte, d'une m a n i è r e ou d'une
ligne d'action de l a force verticale du noyau de
autre, l'excentricité de la résultante de la pression
la section du pieu, de sorte que cette force com-
verticale du sol sous l'extrémité inférieure du
mencera alors à exercer une influence négative
pieu par rapport à l'axe géométrique du pieu.
sur la résistance du pieu au chargement horizon-
Cette excentricité, dirigée du côté de l'effet de la
tal. Les études de Shakhirev et Ejjaaouani (1995)
force horizontale, crée un moment résistant.
sur des pieux battus et forés de différents d i a m è -
U n grand nombre de travaux expérimentaux, réa- tres, pour différentes hauteurs d'application des
lisés avec des pieux de longueurs et de sections charges horizontale et verticale, confirment le
transversales différentes, montrent l'influence po- m é c a n i s m e décrit ci-dessus.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - pp. 5 5 - 7 5 65
Coefficient de réaction du sol petits et, lorsque les déplacements horizontaux
augmentent, ces déformations plastiques s'éten-
L'analyse des modèles de calcul existants pour dent latéralement vers le bas et provoquent la rup-
les massifs de sol en contact avec des structures ture du sol autour du pieu. Cette évolution se
allongées et étroites comme les pieux montrent reflète nécessairement dans la l o i de variation de k
que l ' h y p o t h è s e la plus acceptable et la plus signi- et dans la forme de la courbe « charge-déplacement
ficative pour les applications est celle des défor- horizontal ». A i n s i , le coefficient de réaction du
mations locales. O n peut en trouver confirmation sol dépend non seulement de la profondeur mais
dans le grand nombre des travaux de recherches aussi de l'évolution des déformations plastiques
effectués dans différents pays où ce modèle est du sol, qui est liée à son tour à la charge horizontale
utilisé pour le calcul des pieux chargés horizonta- et aux déplacements horizontaux qu'elle entraîne.
lement, de préférence à d'autres modèles.
L a l o i de variation du coefficient de réaction du
L ' h y p o t h è s e des déformations locales, indépen- sol en fonction de la profondeur proposée initia-
damment de l'aspect formel des solutions obte- lement par Titze (1943) est le plus souvent écrite
nues, donne dans un grand nombre de cas des sous la forme :
résultats satisfaisants. Klejn et Karavaev (1979)
et Klejn (1983) estiment qu'un m o d è l e de sol de
k(z) = k D (45)
fondation doit prendre en compte certaines pro-
priétés réelles des sols, comme les discontinuités
où v est un exposant dépendant de l'état du sol,
de la structure des massifs, leur hétérogénéité et
que Titze choisit entre 0 et 1 :
la non-linéarité des déformations. L e modèle des
déformations locales permet de tenir compte de s* dans le cas le plus simple, où l ' o n néglige la
discontinuités du sol de fondation, si elles se variation de k avec la profondeur, on peut écrire,
manifestent au niveau de la surface de contact. pour v = 0, k = k ; D

pour v = 1, on obtient une loi de variation


Dans les comparaisons du modèle du demi- espace linéaire.
à déformations linéaires (théorie de l'élasticité
linéaire) avec la théorie des déformations locales, Shakhirev (1971) et Shakhirev et Ziyazov (1972)
on considère comme argument décisif l'incapacité ont associé la valeur de v à la nature du sol et réa-
du modèle de Winckler à répartir les contraintes lisé des analyses théoriques pour v = 0, v = 0,5,
dans le massif de sol. Toutefois, les propriétés de v = 1 et v = 2. Ces études ont m o n t r é que la l o i de
redistribution des charges du m o d è l e du milieu variation k(z) a une influence importante sur la
continu sont tellement différentes de celles des valeur calculée des déplacements horizontaux du
sols réels que cet avantage apparent peut devenir pieu. E n effet, la valeur du déplacement hori-
un défaut dans beaucoup de cas. zontal du pieu est inversement proportionnelle au
coefficient de réaction du sol, de sorte que l'er-
N é a n m o i n s , la prise en compte de la non-linéarité reur faite lors du choix d'une l o i de variation de
des déformations du sol, de ses discontinuités et k(z) se traduit par une erreur sur le déplacement
de son d é c o u p a g e en couches constitue actuelle- cherché. Sur la base de ces études, i l a été recom-
ment une condition très importante pour l'appli- m a n d é de prendre les valeurs de v suivantes :
cation et le d é v e l o p p e m e n t des modèles de calcul
des sols de fondation pour les pieux chargés hori- — 0 < v < 0,5 pour les argiles,
zontalement. Pour évaluer, de ce point de vue, le — 0,5 < v < 1 pour les argiles limoneuses,
modèle des déformations locales, i l faut s'inté- —v > 1 pour les sables.
resser aussi au coefficient de réaction du sol, qui D'autres lois de variation ont été proposées pour
est un élément central de ce modèle. k(z). Par exemple, Zavriev et Shpiro (1970) pro-
posent :
Les relations approchées proposées, sur la base
des courbes expérimentales H = f(u), ont une k(z) = k . z (46)
géométrie non linéaire mais leur domaine d'ap-
et Mironov et Krovyakov (1980) :
plication est restreint aux conditions d ' e x é c u t i o n
des expériences réalisées. k(z) = k . z" (47)
Les études expérimentales effectuées sur diffé- Sur la base d'études expérimentales réalisées sur
rents types de pieux placés dans différents types des modèles de pieux dans un sol sableux, Filatov
de sol ont m o n t r é que la non-linéarité de la courbe (1977) est arrivé aux conclusions suivantes :
H = f(u) est étroitement liée à la loi de variation
>- les variations du coefficient de réaction du sol
du coefficient de réaction du sol, du moins dans
en fonction de la profondeur ont une forme non
les directions verticale et horizontale.
linéaire convexe clairement m a r q u é e ;
Lorsqu'une charge horizontale est appliquée au >- quand les charges horizontales augmentent,
pieu, des déformations plastiques apparaissent k(z) diminue et tend vers zéro pour les valeurs
dans le sol quand les déplacements sont encore critiques des charges.

66 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
1 2
«

1/ o. I
r
H-

/
a. k(z) ne dépend pas de la déformation du sol.
À
b. k(z) dépend de la plastification du sol.

Fig. 5 - S c h é m a d u c o m p o r t e m e n t d u p i e u et d u s o l l o r s d e l ' a p p l i c a t i o n d e la c h a r g e h o r i z o n t a l e H
pour différentes lois de variation de k ( z ) .

A v e c toutes les lois de variation du coefficient >> l'interaction du pieu avec le sol est décrite par
de réaction du sol en fonction de la profondeur le m o d è l e des déformations locales de Winkler.
citées ci-dessus, qui ne sont pas liées à la valeur Le coefficient de réaction du sol k(z,u) dépend à
du d é p l a c e m e n t horizontal du pieu, les positions la fois de la profondeur et du développement des
du point neutre et du maximum de la distribution déformations plastiques dans le sol entourant le
de pression du sol au-dessus du point neutre res- pieu, qui est représenté par le déplacement hori-
tent invariables quelle que soit la valeur des zontal u du pieu au niveau du sol. L a valeur de
u

déplacements horizontaux (fig. 5a). Cette k(z,u) inclut l'effet quantitatif des forces de frot-
conclusion des calculs est en contradiction avec tement, qui apparaissent sur la surface latérale du
les recherches de Filatov (1977) et de Shakhirev pieu et sous l'extrémité inférieure, ainsi que
(1986, 1987). l'effet des contraintes tangentielles longitudi-
nales sur la partie de la surface latérale du pieu
Shakhirev et Ejjaaouani (1995) ont d é m o n t r é
qui est inclinée par rapport à la verticale. Dans
e x p é r i m e n t a l e m e n t que, dans l'expression (42), le
ces conditions, le coefficient de réaction du sol
coefficient de réaction du sol k(z) est variable,
k(z,u) exprime la proportionnalité entre les
non seulement avec la profondeur mais aussi en
d é p l a c e m e n t s horizontaux du pieu u(z) et les
fonction du d é p l a c e m e n t horizontal du pieu u . D
projections sur l'axe horizontal de toutes les
Lorsque les d é p l a c e m e n t s horizontaux du pieu
forces qui empêchent la rotation du pieu sous
augmentent, des zones de rupture plastique appa-
l'effet de la charge horizontale.
raissent, puis s'étendent horizontalement et verti-
calement, ce qui fait diminuer la valeur de k(z). L ' é q u a t i o n de la rotation du pieu par rapport au
Cela se reflète aussi sur la position du point neutre point neutre s'écrit sous la forme :
du pieu, qui s'enfonce lorsque les déplacements
horizontaux augmentent. De la m ê m e façon, le
maximum de la pression de réaction du sol sur le
pieu, qui est liée aux conditions d'équilibre, voit
sa profondeur z m a x augmenter (fig. 5b). Lorsque
la hauteur d'application de la force horizontale
varie, la position du point neutre et l'allure de la
distribution q(z) correspondante varient aussi.

Une méthode de calcul


des pieux infiniment rigides
sous charge horizontale
L e m o d è l e décrit ci-après repose sur les hypo-
thèses suivantes (fig. 6) :
>- le pieu infiniment rigide tourne dans le sol
autour d'un certain point neutre (centre de rota-
tion) quand i l est soumis à une force horizontale
appliquée à une hauteur quelconque par rapport à
la surface du sol ; Fig. 6 - Modèle de calcul du pieu infiniment rigide.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75 67
Les constantes inconnues de l'équation (48) sont
déduites des conditions aux limites : M(z) = H ( L + z ) - k u b (z-t)dt
D 0
D r

pour z = 0, u(z) = u , d ' o ù a = u , 0 0 0

D Après intégration, prise en compte des limites et


»- pour z = D , u(z) = 0 , d ' o ù a.
0
quelques transformations, on obtient :

Les coefficients a et a, ayant été calculés, M(z) = H(L + z) - k u b x... D 0


0

l'équation (48) peut s'écrire : ,v+2 ,v+3


...X v v
(56)
z (v+l)(v + 2)D (v + 2)(v + 3 ) D D 0
u(z) (49)
L\
L a condition d'équilibre des moments en z = D ,
L a réaction du sol dans le modèle des déforma- extrémité inférieure du pieu, est M ( D ) = 0 et, en
tions locales s'écrit sous la forme : reportant l'expression (54) de H dans l'équation
(55), on obtient :
q(z) = b k(z,u) u(z) (50)
D 0 = [(L + D ) (v + 3) - D] (v + 1)
avec (57)
D ~ [(L + D) (v + 2) - D] (v + 3)

k(z,u) = b k c (51) H et D étant connus, on peut écrire les expres-


0
D
sions de la force transversale Q(z) et du moment
— b : dimension transversale du pieu, M ( z ) dans une section quelconque z :
— k : coefficient de réaction du sol à l'extrémité
D

3 Q(z) = H - k u bD x...
inférieure du pieu, en k N / m , D 0

— v : paramètre de l'expression k(z,u) qui traduit ,v+2"


D
l'influence de l'évolution des déformations plas- ..x ( v + l ) l T j ; (58)
tiques du sol entourant le pieu, exprimée en (v + 2 ) D l , D 0

fonction de u . 2
0
M ( z ) = H ( L + z) - k D u b D x...
0

E n tenant compte des expressions (49) et (51), v+.r


l'équation (50) prend la forme :
D
(59)
(v + l)(v + 2 H D j (v + 2)(v + 3)D lTJ 0

q(z) = b k D
1 - (52) Le déplacement horizontal du pieu au point d'ap-
D
plication de la force horizontale, situé à la hau-
O n déduit de l'équation d'équilibre l a force hori- teur L au-dessus de l a surface du sol, est déter-
zontale H qui peut être supportée par le pieu pour miné avec une précision suffisante pour les
une valeur d o n n é e u du déplacement horizontal :
0 calculs pratiques par la formule :

L +D n

H q(z) dz = 0 u(L) = u D 0 (60)


o
(53) L'inclinaison du pieu par rapport à l a verticale
D z v l
+ >
H = k u b dz est :
D 0

9 = (61)
H k u b
1 D
(54) o¡
D 0
v + 1 (v + 2) D 0
Le déplacement horizontal de l'extrémité infé-
avec rieure du pieu est donné par la formule :
— D : profondeur d'encastrement du pieu dans le D - D
n

sol, u(D) = u 0 (62)


— D : profondeur du point neutre.
0

O n déduit la valeur inconnue de D de l'équation L a distribution de l a pression de réaction du sol


0

des moments, qui s'écrit, pour une section située au renversement du pieu sous l'action d'une
force horizontale peut être représentée à partir de
à l a profondeur z, sous la forme :
la formule :

M ( z ) = H ( L + z) q(t) (z - t) dt D
q(z) k u b (63)
D \X>
D 0
0

Toutes ces formules dépendent de u à la fois


q(z) = b k D
1 - U (55)
0

D D l ° directement et par l'intermédiaire de v .


o,

68 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
Dans ces expressions, k et v sont les paramètres
D un sol argilo-limoneux dont les caractéristiques
qui permettent de définir les particularités de l ' i n - géotechniques sont indiquées dans le tableau II.
teraction d'un sol et d'un pieu. L'analyse et le Ils ont été soumis à une charge horizontale H
traitement de nombreuses données expérimentales appliquée à différentes hauteurs L .
obtenues sur des pieux réels ont permis d'obtenir D ' a p r è s la figure 7a, pour I = 0,6 et e = 0,66, on
L

les valeurs présentées sur les figures 7 à 9 et dans le 3


trouve une valeur de k D = 13MN/m et les
tableau I, respectivement : les valeurs du coeffi-
valeurs de v sont prises dans le tableau I.
cient de réaction k sont données en fonction du
D

type de sol, de sa densité, de la dimension de ses Les résultats des calculs sont comparés dans le
particules et de son état de saturation, et les valeurs tableau III aux résultats des essais statiques réa-
de v sont données en fonction de l a valeur du lisés sur les pieux. L e calcul a été effectué pour
déplacement horizontal du pieu pour u variant de
0
différentes valeurs du déplacement horizontal,
0 à 5 c m avec un pas de 0,1 c m . couvrant le domaine des valeurs observées entre
0,002 met0,05 metpourdeshauteursLd'application
A i n s i , en utilisant les valeurs de k des figures 7
D
de la charge horizontale égales à 0, 1, 2, 4 et 6 m.
à 9 et en associant aux déplacements horizontaux
u au niveau de la surface du sol les valeurs de v
0 Comme on peut le voir dans le tableau III, les
correspondantes (tableau I), on peut construire la résultats des calculs sont en bon accord avec les
relation non linéaire H = f(u ) en utilisant les for-
0
résultats des essais pour toutes les valeurs des
mules données ci-dessus. déplacements horizontaux.

TABLEAU I
Valeurs du paramètre v de la fonction k(z,u)
Exemple de calcul (paramètre d'évolution d e s déformations plastiques
dans le s o l entourant le pieu)
À titre d'exemple, nous allons calculer des pieux
courts battus, dont les essais ont été présentés u (n9 0 , 0 0 2 0 , 0 0 4 0 , 0 0 6 0 , 0 0 8 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
0

par Shakhirev et Ejjaaouani (1995). Ces pieux de


v 0 0,08 0 , 1 6 0 , 2 3 4 0,31 0 , 6 2 5 0,875 1,075 1,25
section 30 x 30 cm étaient encastrés de 2 m dans

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75 69
90
c 80

O 10"

o-l
0,4
1
0,5
1 i
Indice d e s v i d e s e
0,6 0,7
0

0,8
1
0,9
0,4 0,5 0,6 0,7
Indice d e s v i d e s e
0,8
0
0,9

c. Sable fin. d. Sable très fin.

0,5 0,6 0,7 0,8 0,9


Indice d e s v i d e s e Q

e. Arène argileuse. Légende.

F i g . 8 - R e l a t i o n e m p i r i q u e e n t r e le c o e f f i c i e n t d e r é a c t i o n , l ' i n d i c e d e s v i d e s
et le d e g r é d e s a t u r a t i o n d e s s o l s s a b l e u x ( c a s d e s p i e u x f o r é s ) .

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
90
c 80

0 -I 1 1 1 1 1
0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
Indice des vides e 0 Indice d e s v i d e s e D

c. Sable fin. d. Sable très fin.

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9


Indice d e s v i d e s e 0

e. Arène argileuse. Légende.

Fig. 9 - R e l a t i o n e m p i r i q u e e n t r e le c o e f f i c i e n t de r é a c t i o n , l ' i n d i c e d e s v i d e s
et le d e g r é de s a t u r a t i o n d e s s o l s s a b l e u x ( c a s d e s p i e u x b a t t u s ) .

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
71
TABLEAU II
Caractéristiques des sols du site expérimental 1
(Shakhirev et Ejjaaouani, 1995)

Argile limoneuse marron clair de consistance moyenne

poids volumique Y = 19,6 kN/m 3

teneur en eau naturelle w = 19,5 %


indice des vides e = 0,66
indice de liquidité l L = 0,6
module de déformation E = 15 MPa

TABLEAU III
Comparaison des calculs et des essais effectués sur le site expérimental 1
(Shakhirev et Ejjaaouani, 1995)

Déplacement horizontal u (m) 0

0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05

1 3,8 7,2 8,4 9,7 10,5 13,8 15,8 16,8 17,4


2 3,7 7 8 10 10,8 13,9 15,6 16,6 17
Numéro
du pieu 3 4,2 6,9 8,5 9,5 11 13,8 15,4 16,1 16,2
4 4 6,8 8,6 10,2 10,9 13,7 15,2 15,9 16,3
L = 0 m
H moyen (essai) 3,93 6,98 8,38 9,85 10,8 13,8 15,5 16,35 16,73

H calculé 3,9 6,7 8,6 10,1 11,17 14 15,1 15,9 16,45

Écart relatif (%) -0,6 -3,9 2,7 2,5 3,4 1,4 -2,6 -2,8 - 1,6
calcul/mesure
5 2,4 3,6 4,5 5,3 6 7,8 9,9 10,1
Numéro 9,1
du pieu 6 2,3 3,7 4,6 5,4 6,1 8,2 9,1 9,8 10

H moyen (essai) 2,35 3,65 4,55 5,35 6,05 8 9,1 9,85 10,05
L = 1m
H calculé 2,2 3,9 5 5,8 6,5 8,3 9 9,55 9,92

Écart relatif (%) -6,4 6,8 9,9 8,4 7,4 3,8 1,1 -3 - 1,3
calcul/mesure
7 1,4 2,6 3,4 4,3 4,6 6 6,8 7,3 7,7
Numéro
du pieu 8 1,3 2,7 3,6 4,2 4,5 6,1 6,7 7,2 7,6

H moyen (essai) 1,35 2,65 3,5 4,25 4,55 6,05 6,75 7,25 7,65
L = 2 m
H calculé 1,56 2,69 3,51 4,11 4,58 5,87 6,4 6,83 7,1

Écart relatif (%) 15,6 1,5 0,3 -3,3 0,7 -3 -5,2 -5,8 -7,2
calcul/mesure
9 1,2 1,7 2,3 2,7 3,1 4,4 5,2 5,7 6
Numéro
du pieu 10 1,6 2,4 2,8 3 3,9 4,4 4,8 5
1,1
H moyen (essai) 1,15 1,65 2,35 2,75 3,05 4,15 4,8 5,25 5,5
L = 4 m
H calculé 1 1,7 2,2 2,6 2,9 3,7 4,07 4,34 4,52

Écart relatif (%) - 13 3 -6,4 - 5,5 -4,9 - 10,8 - 15,2 -17,3 - 17,8
calcul/mesure

11 1 1,4 1,8 2,1 2,4 3 3,4 3,7 3,8

Numéro 12 0,9 1,3 1,7 2 2,3 2,9 3,3 3,5 3,6


du pieu 11' 0,95 1,2 1,65 1,9 2,2 2,75 3,25 3,4 3,5

12' 0,9 1,2 1,72 1,96 2,25 2,8 3,6 3,46 3,57
L = 6 m
H moyen (essai) 0,94 1,30 1,72 1,99 2,29 2,86 3,39 3,52 3,62

H calculé 0,71 1,23 1,6 1,9 2,1 2,71 2,95 3,2 3,32

Écart relatif (%) -24,3 -5 -6,8 -4,5 -8,2 -5,3 - 12,9 -9 -8,2
calcul/mesure

Le tableau donne la valeur de la force horizontale H (kN) en fonction du déplacement u.


0

72 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
Conclusion dans le sol. Les valeurs du coefficient de réaction
ont été reliées aux paramètres d'identification et
Cet article a présenté une analyse historique de d'état des sols argileux et sableux et un exemple
l'évolution des méthodes de calcul des pieux d'application de cette m é t h o d e à l'analyse des
soumis à des charges horizontales, puis décrit une pieux d'un site expérimental montre que la
m é t h o d e d'analyse de l'interaction d'un pieu court m é t h o d e donne des résultats satisfaisants.
rigide soumis à une force horizontale avec le sol de
fondation. Cette m é t h o d e appartient au groupe des Ces travaux sont poursuivis dans deux directions :
m é t h o d e s de calcul « au coefficient de réaction » il s'agit, d'une part, de relier les valeurs du coeffi-
et conduit à résoudre l'équation différentielle de la cient de réaction aux résultats des essais en place
poutre sur appui élastique avec une l o i d'interac- (pénétromètre, pressiomètre) et, d'autre part,
tion dépendant à la fois de la profondeur et de d ' é t e n d r e le schéma de calcul au cas des forces
l'amplitude du déplacement horizontal du pieu inclinées et des moments.

R E F E R E N C E S BIBLIOGRAPHIQUES

A N G E L S K I J D.V.
(1937), K raschetu svajnykh osno- GERSEVANOV N.M. (1933), Funktsionalnye preryva-
vanij na gorizontalnuyu nagruzku (en russe : A propos teli i ikh primenenie v stroitelnoj mekhanike (en
du calcul des fondations sur pieux soumises à des russe : Les fonctions discontinues et leur application
charges horizontales), Recueil de travaux du M A D I , en mécanique des structures), Recueil de travaux du
7, Moscou. VIOS, 1-2/1933-1934, ONTI, Gostrojizdat.
ARKHANGELSKIJ M M . (1952), Raschet gibkikh fun- GERSEVANOV N.M. (1948), Sobrannye sochineniya.
damentov, svaij i shpuntovykh stenok na dejstvie Tom 1 i 2 (en russe : Œuvres choisies. Tomes 1 et 2),
gorizontalnykh sil (en russe : Calcul des fondations Moscou, Strojvoenmorizdat.
souples, des pieux et des rideaux de palplanches
soumis à des forces horizontales), Recueil de travaux G O L U B K O V v.N.
(1948), Ehksperimentalnye issledo-
du NIIZhT, V I I I , Moscou. vaniya raboty svaj na gorizontalnuyu nagruzku (en
russe : Études expérimentales du fonctionnement des
BELZETSKU si., BELYAEV
v.G. (1914), Statika soo- pieux soumis à une charge horizontale). Recueil de
ruzhenij (en russe : Statique des ouvrages). Vol. I, travaux : Sols et fondations. Problèmes d'essais de
Moscou. sols [Sbornik « Osnovaniya i fundamenty. Voprosy
BEREZANTSEV v.G (1946), Raschet odinochnykh ispytanij gruntov »], 11/1948, Strojvoenmorizdat.
svaj i svajnykh kust na dejstvie gorizontalnykh sil (en
russe : Calcul des pieux isolés et des groupes de pieux
G O L U B K O V V.N.
(1950), Nesushchaya sposobnost
svajnykh osnovanij (en russe : Capacité portante des
sous l'action de forces horizontales), Voenizdat, fondations sur pieux), Mashstrojizdat, Moscou.
Moscou.
B E Z U K H O V N.I.
(1937), Ustojchivost podpornykh
G O R B U N O V - P O S A D O V M.I.
(1949), Balki i plity na
uprugom osnovanii (en russe : Poutres et dalles sur
stenok i mostovykh opor (en russe : Stabilité des
appui élastique), Moscou, Mashstrojizdat.
parois de soutènement et des appuis de ponts).
Recueil de travaux du M A D I , 6, Moscou. H A Y A S I K.(1930), Teoriya rascheta balki na
uprugom osnovanii (en russe : Théorie du calcul des
B R E N E K K E L., L O H M E Y E R E.
(1949), Osnovaniya i
poutres sur appui élastique), Moscou, Gostekhizdat.
fundamenty. Tom II : Svajnye fundamenty (en russe :
Sols et fondations. Tome II : Fondations sur pieux. K A L I N I N N.G.
(1947), Prodolno-poperechnyj izgib
Traduit de l'allemand), Gostrojizdat, Moscou. sterzhnej na uprugom osnovanii (en russe : Flexion
D O B R O V O L S K I J K . H . (1929), Raschet svajnykh osno- des barres sur appui élastique), Travaux de l'aca-
démie Zhukovskij, Vol. 90, Moscou.
vanij (en russe : Calcul des fondations sur pieux), Tiflis.
FILATOV A.V. (1977), Ehksperimentalnye issledova- K A L I N O V I C H B.YU.
(1932), Sudokhodnyj shlyuz i
niya ehpyur reaktivnogo davleniya grunta i peremesh- ego raschet (en russe : L'écluse pour bateaux et son
chenij svaj pri dejstvii gorizontalnykh nagruzok (en calcul), Strojizdat.
russe : Etude expérimentale de la distribution de la
réaction du sol et des déplacements des pieux soumis
K A N A N Y A N A.S., SOBOLEVSKIJ Yu.A., NIKITENKO M.I.
à des charges horizontales). Journal Osnovaniya, fun- (1973), Ehksperimentalnye issledovaniya raboty osno-
damenty i mekhanika gruntov, 1/1977, Moscou. vanij gorizontalno nagruzhennykh kruglykh stoek pri
razlichnykh razmerakh podzemnoj chasti (en russe :
F R A N K R. (1984), Études théoriques de fondations Études expérimentales du fonctionnement des sols de
profondes par autoforage dans les LPC et résultats fondation de poteaux cylindriques chargés horizonta-
pratiques (1972-1983), Rapport de recherche L P C , lement et de longueur d'encastrement différentes),
128, pp. 68-74. Recueil de travaux « Osnovaniya, fundamenty i mek-
hanika gruntov », Vol. 2, Vysshchaya Shkola, Minsk.
G A F A R O V K.
(1967), Raschet fundamentnoj stenki
glubokogo zalozheniya s uchetom peremennogo K L E J N G.K.
(1983), Nekotorye uzlovye voprosy ras-
modulya deformatsii grunta v osnovanii (en russe : cheta gruntovykh osnovanij i vzaimodejstvuyushchikh
Calcul d'une paroi profonde de fondation en tenant c nimi sooruzhenij (en russe : Quelques questions cru-
compte d'un module de déformation variable du sol), ciales du calcul des sols de fondation et des ouvrages
Journal Osnovaniya, fundamenty i mekhanika grun- avec lesquels ils interagissent). Journal Osnovaniya,
tov, Moscou, 6/1967, pp. 29-32. fundamenty i mekhanika gruntov, 4/1983, Moscou.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75 73
K L E J N G.K., K A R A V A E V v.N.
(1979), Raschet zhele- ment de discontinuités dans le sol de fondation),
zobetonnykh svaj na deijstvie vertikalnykh i gorizon- Journal Osnovaniya, fundamenty i mekhanika grun-
talnykh nagruzok (en russe : Calcul des pieux en tov, 3/1966, Moscou.
béton armé soumis à des charges verticales et hori-
zontales), Journal Osnovaniya, fundamenty i mekha- P R O K O F E V I.P.
(1947), Davlenie sypuchego tela i ras-
nika gruntov, 6/1979, pp. 13-15. chet podpornykh stenok (en russe : Pression d'un
milieu pulvérulent et calcul des parois de soutène-
KORNEVITS Eh.F., E H N D E R G.V.
(1932), Formuly ment), Moscou, Strojizdat.
dlya rascheta balok na uprugom osnovanii (en russe :
Formules pour le calcul des poutres sur appui élasti-
P U Z Y R E V S K I J N.P.
(1923), Raschety fundamentov
(en russe : Les calculs de fondations), Leningrad,
que), ONTI.
LIIPS, Travaux, V o l . 1.
K R E Y G.(1932), Teoriya davlenya zemli i soproti-
R E E S E L., M A T L O C K H.
(1956), Non-dimensional
vlenie gruntov nagruzke (en russe : Théorie de la
pression des terres et de la résistance des sols aux solutions for laterally loaded piles with soil modulus
charges), Moscou, Gos. NTI Strojindustrii. assumed proportional to depth, Proceedings, 8th
Texas Conférence on Soil Mechanics and Foundation
KRYLOV AN. (1954), Lektsii o priblizhennykh vychi- Engineering.
sleniyakh (en russe : Leçons sur les calculs appro-
chés), Gostekhizdat. R I F A A T J.R.
(1935), Die Spundwand als Erddruck-
problem. Mitteilungen, Institut fur Baustatik, Zurich.
KUDRIN s.M. (1936), Ustojchivost opor v gruntakh
SAPOZHNIKOV A.I., SOLGALOV YU.V. (1980),
(en russe : Stabilité des appuis dans les sols), Moscou,
G.I ONTI. Raschet svaj na gorizontalnuyu nagruzku v nelinejno-
deformiruemom osnovanii (en russe : Calcul des
LAPETIN N.v. (1940), Raschet zhestkikh bezanker- pieux sous charge horizontale dans un milieu à défor-
nykh shpuntovykh stenok (en russe : Calcul des mations linéaires), Journal Osnovaniya, fundamenty i
rideaux de palplanches rigides non ancrés), Gosstro- mekhanika gruntov, 4/1980, Moscou.
jizdat.
SHAKHIREV v.B.
(1965), K voprosu o rabote svai na
LATYSHENKOV A.M. (1939), Soprotivlenie svaj i gorizontalnuyu nagruzku (en russe : A propos du tra-
shpuntov gorizontalnym silam (en russe : Résistance vail des pieux sous charge horizontale), Travaux du
des pieux et des palplanches aux forces horizontales), BashNIIStroj, IV/1965, Moscou, Strojizdat,
Travaux du Laboratoire des Ouvrages hydrotechniques pp. 109-119.
[Trudy Laboratorii Gidrotekhnicheskikh Sooruzhenij],
Gosstrojizdat. S H A K H I R E V v.B.
(1971), Naturnye ispytaniya svaj na
sovmestnoe dejstvie vertikalnykh i gorizontalnykh
M A T L O C K H., R E E S E L. (1960), Generalized solution nagruzok (en russe : Essais en vraie grandeur de
for laterally loaded piles, Proceedings ASCE, pieux soumis à l'action simultanée de charges verti-
V o l . 10. cales et horizontales), Travaux de l'institut NUProms-
troj, X / 1 9 7 1 , Strojizdat, pp. 57-68.
M I C H E R.
(1930), Investigation of piles subject to
horizontal forces. Application to quarry walls, Jl. SHAKHIREV V.B. (1986), Raschet piramidalnykh
School of Engineering, Giza, N Y . svaij na sovmestnoe dejstvie vertikalnoj i gorizon-
talnoj nagruzok (en russe : Calcul des pieux de forme
MiRONOV V.S., K R O V Y A K O V v.N.
(1980), Ehksperi- pyramidale soumise à des charges simultanées verti-
mentalnye issledovaniya soprotivleniya vertikalnykh i cale et horizontale), Résumés des communications à
naklonnykh svaj dejstviyu naklonnykh nagruzok (en la 4e Conférence des Pays Baltes « Geotekhnika-VI »,
russe : Etudes expérimentales de la résistance des
Tallinn.
pieux verticaux et inclinés à l'action de charges incli-
nées), Izvestiya V U Z ' o v Stroitelstvo i Arkhitektura, S H A K H I R E V v.B.
(1987), Novyj metod rascheta
8/1980, pp. 123-126. korotkykh zhestkikh svaj na gorizontalnuyu nagruzku
(en russe : Nouvelle méthode de calcul des pieux
M U S T A F A E V A . A . (1962), Ob odnom metode pribliz- rigides courts sous charge horizontale), Stroitelstvo i
hennogo resheniya nekotorykh kraevykh zadach stroi- Arkhitektura (Revue Construction et Architecture),
telnoj mekhaniki dlya obyknovennykh differentsial- 1/1987, Minsk.
nykh uravnenij s peremennymi koehffitsientami (en
russe : Sur une méthode de résolution approchée de S H A K H I R E V V.B., E J J A A O U A N I H.
(1995), Étude
certains problèmes de calcul des structures repré- expérimentale des pieux rigides courts soumis à des
sentés par des équations différentielles ordinaires à charges horizontales, Bulletin de liaison des
coefficients variables), Travaux de l'Institut polytech- Laboratoires des Ponts et Chaussées, 196, mars-avril,
nique d'Azerbaidjan (AzPI), Bakou, Tome XXII. pp. 27-42.
M U S T A F A E V A. A., M A M E D O V K . M .
(1969), K S H A K H I R E V v.B.,
z i Y A Z O V Ya.sh. (1971), Ehksperi-
voprosu rascheta opor morskikh neftepromyslovykh mentalnye issledovaniya soprotivlyaemosti odinoch-
sooruzhenij (en russe : A propos du calcul des appuis nykh svaj, podverzhennykh sovmestnomu dejstviyu
d'ouvrages marins de l'industrie du pétrole), Journal vertikalnykh i gorizontalnykh nagruzok (en russe :
Osnovaniya, fundamenty i mekhanika gruntov, Études expérimentales de la résistance des pieux
6/1969, Moscou, pp. 2-5. isolés soumis à l'action simultanée de charges verti-
cales et horizontales), Journal Osnovaniya, funda-
O G R A N O V I C H A.B., G O R B U N O V - P O S A D O V M.I. menty i mekhanika gruntov (Sols et fondations),
(1966), Raschet fundamentnoj stenki na gorizontal- Travaux de la 3e conférence nationale, Kiev.
nuyu nagruzku s uchetom razryva sploshnosti osnova-
niya (en russe : Calcul des parois de fondations sous S H A K H I R E V V.B., Z I Y A Z O V
Ya.sh. (1972), K ras-
charge horizontale en tenant compte du développe- chetu zhestkikh svaj na sovmestnoe dejstvie vertikal-

74 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75
nykh i gorizontalnykh nagruzok (en russe : À propos russe : Calcul des appuis rigides et souples encastrés
du calcul des pieux rigides soumis à l'action simul- dans le sol et soumis à l'action simultanée de forces
tanée de charges verticales et horizontales), Travaux horizontales et verticales), Journal Osnaovaniya, fun-
de l'Institut NUPromstroj, XI/1972, Strojizdat. damenty i mekhanika gruntov, 13/1966, Moscou.
S H A K H I R E V V.B., Z I Y A Z O V Ya.Sh., S P E L Y A N I D I T.I. S O L O V E V I.V., K U R N O S O V A I , B A R O N O V El.
(1974), K raschetu szhato-izognutykh svaj, zagluben- (1974), O raschete svaj na gorizontalnuyu nagruzku
nykh v mnogoslojnoe osnovanie (en russe : A propos (en russe : Sur le calcul des pieux sous charge hori-
du calcul des pieux comprimés fléchis dans un sol zontale), Journal Osnovaniya, fundamenty i mekha-
multicouche), Travaux du NUPromstroj, XII/1974, nika gruntov, 5/1974, Moscou, pp. 14-16.
Moscou, Strojizdat.
T E R Z A G H I K.
(1951), Mécanique théorique des sols
SHUKHOV v.G. (1902), Po povodu uravneniya (traduit de l'anglais), Dunod, Paris.
T I T Z E E. ( 1952), Widerstand
4
dy
El — T = — Ky (en russe : A propos de l'équation...), des Pfahles gegen waa-
dx grechte Kraft, Dissertation, Techn. Univ. Wien.
Bulletin de la Société polytechnique de Moscou [Byul-
leten Moskovskogo Polytekhnicheskogo Obshchestva],
U R B A N i.V. (1937), Raschet tonkikh stenok s
uchetom uprugikh svojstv grunta i stenok (en russe :
8/1902.
Calcul des parois minces en tenant compte des pro-
S I M V U L I D I I.A.
(1958), Raschet balok na sploshnom priétés élastiques du sol et des parois), Travaux de
uprugom osnovanii (en russe : Calcul des poutres sur l'Institut MEhMIIT, Vol. 59.
appui élastique continu), Izdatelstvo Sovetskaya
Nauka. U R B A N I.V.(1939), K voprosu o raschete svaj na
gorizontalnuyu nagruzku (en russe : A propos du
S I M V U L I D I I.A. (1965), Raschet nerazreznoj balki, lez- calcul des pieux sous charge horizontale), Bulletin de
hashchej na uprugom osnovanii (en russe : Calcul l'Institut Soyuztransproekt, 5-6.
d'une poutre continue reposant sur un massif élasti-
que), Izvestiya V U Z ' o v « Stroitelstvo i Arkhitektura », U R B A N i.v. (1949), Raschet svaj na gorizontalnuyu
4/1965. nagruzku s uchetom ee gibkosti (en russe : Calcul des
pieux sous charge horizontale en tenant compte de
S I M V U L I D I I.A. (1973), Raschet inzhenernykh kons- leur flexibilité), Travaux de l'Institut MEhMIIT,
truktsij na uprugom osnovanii (en russe : Calcul des Vol. 69.
structures sur appui élastique), Izdatelstvo Vysshaya
Shkola, Moscou. Z A V R I E V K.S., SHPIRO
G.s. (1970), Raschety funda-
mentov mostovykh opor glubokogo zalozheniya (en
S K E M P T O N A . M . (1951), The hearing capacity of russe : Calculs de fondations profondes d'appuis de
clay. Proceedings, British Building Research ponts), Moscou, Transport.
Congress, London, Vol. 1, pp. 180-189.
Z H E M O C H K I N B . N . (1948),
Raschet uprugoj zadelki
S N i T K O N.K., SNiTKO A.N. (1966), Raschet zhestkikh sterzhnya v uprugom poluprostranstve (en russe :
i gibkikh opor, zashchemlennykh v grunt pri odnovre- Calcul de Vencastrement élastique d'une barre dans
mennom dejstvii gorizontalnykh i vertikalnykh sil (en un demi-espace élastique), Moscou, Strojizdat.

ABSTRACT

The d e s i g n of short rigid piles subjected t o horizontal forces

V. S H A K H I R E V , J.-P. M A G N A N , H . E J J A A O U N I . O. C H A M A O U EL FIHRI

Since the beginning of the twentieth century computing the performance of piles which are subjected to lateral loads
has been tackled by a large number of studies. This paper reviews these calculation methods, which are divided
into three groups: methods w h i c h are b a s e d on the analysis of the soil pressure limit equilibrium, methods using the
theory of elasticity and methods based on theories of local deformation (the Winkler model and its derivatives). An
analysis method for the coefficient of reaction is then described a n d tested using a set of pile tests. This method is
based on a relationship which gives variations in the coefficient of reaction according to depth and according to the
amplitude of the displacement of the pile in the soil. Values for the coefficient of reaction are then proposed for
driven piles a n d bored piles in various kinds of soil- silty clays and clays, sandy clays and sands with various
particle size distributions.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 210 - JUILLET-AOÛT 1997 - RÉF. 4149 - PP. 55-75 75

Vous aimerez peut-être aussi