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doi:10.1017/S0957423911000087 © 2012 Cambridge University Press
ROSHDI RASHED
Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, SPHERE, UMR 7219, CNRS,
5 rue Thomas Mann, Bâtiment Condorcet, Case 7093,
F-75205 Paris Cedex 13, France
Email: rashed@univ-paris-diderot.fr
Abstract. From Euclid to the second half of the 17th century, mathematicians as well
as philosophers continued to raise the question of the angle of contact and, generally,
of the concept of angle. This article is the first essay devoted to this subject in Arabic
mathematics. It deals with Greek writings translated into Arabic on the one hand,
and contributions of Arabic mathematicians on the other hand: al-Nayrīzī, Ibn
al-Haytham, al-Samawʾal, al-Shīrāzī, al-Fārisī, al-Qūshjī, among others. Most of
these contributions are hitherto unknown.
Résumé. Depuis Euclide jusque tard dans le XVIIe siècle, mathématiciens et philo-
sophes n’ont cessé de s’interroger sur l’angle de contingence et, plus généralement,
sur la notion d’angle. Cet article est le premier essai où sont examinés les écrits
grecs portant sur ce thème et transmis en arabe, ainsi que les nombreux travaux,
pour la plupart jusqu’ici inconnus, des mathématiciens arabes eux-mêmes:
al-Nayrīzī, Ibn al-Haytham, al-Samawʾal, al-Shīrāzī, al-Fārisī, al-Qūshjī, entre autres.
INTRODUCTION*
*
Cette étude fait partie d’un livre intitulé L’angle de contingence dans les traditions grecque et
arabe, en préparation. On y trouvera l’édition critique et la traduction de tous les textes
évoqués.
1
Marin Mersenne, La vérité des sciences (Paris, 1625), p. 859 sqq. Après avoir rappelé la
définition de l’angle de contingence, il écrit: “Néanmoins quelques-uns ne veulent pas accor-
der que l’espace qui est entre la tangente et le cercle soit un angle, c’est pourquoi Viète
2 ROSHDI RASHED
conclut au huitième livre de ses réponses mathématiques chapitre treize que l’angle du
demi-cercle n’étant pas obtus, ni aigu, qu’il semble être droit, et par conséquent que ce
qui reste, c’est-à-dire ce qu’on appelle angle de contingence, ϰερατοειδὴς, n’a aucune
quantité, et que c’est seulement un angle imaginaire, γωνία εἰϰονιϰή, d’autant qu’il n’est
mesuré par aucune circonférence [. . .]” (ibid., pp. 866–7).
2
R. Rashed, Les mathématiques infinitésimales du IXe au XIe siècle, vol. IV: Méthodes
géométriques, transformations ponctuelles et philosophie des mathématiques (Londres,
2002) et “L’analyse et la synthèse selon Ibn al-Haytham”, dans R. Rashed (éd.)
Mathématiques et philosophie de l’Antiquité à l’âge classique. Études en hommage à Jules
Vuillemin (Paris, 1991), pp. 131–62.
3
R. Rashed, Œuvre mathématique d’al-Sijzī. Volume I: Géométrie des coniques et théorie des
nombres au Xe siècle, Les Cahiers du Mideo 3 (Louvain-Paris, 2004), pp. 93–104 et 294–309.
4
Newton étudie à plusieurs reprises l’angle de contact que les courbes définies par les
équations y = kxα font avec l’axe des abscisses à l’origine. Il compare entre elles les diverses
ordonnées correspondant à la même abscisse. En d’autres termes, il ordonne les angles
suivant les valeurs de l’exposant α, et trouve ainsi ce qui devient plus tard l’ordre des infini-
ment petits. Il engage aussi la recherche sur la mesure de la courbure, que ses successeurs
continueront à développer. Voir notamment le problème 5 de “Methods of series and flux-
ions”, dans D. T. Whiteside (éd.), Mathematical Papers of Isaac Newton (Cambridge,
1969), vol. III: 1670–1673, pp. 150 sqq.; La méthode des fluxions et des suites infinies, traduit
par M. de Buffon (Paris, 1740; réimpr. 1966), p. 63 sqq.; voir également vol. I, pp. 83–7.
Newton étudie le problème dans les Principia Mathematica, livre I, section 1, scholie au
L’ANGLE DE CONTINGENCE 3
élément de tout un chapitre consacré à l’étude asymptotique des
fonctions. Durant toute cette période, les mathématiciens ne pouvaient
que mêler à la solution mathématique des réflexions de nature philoso-
phique, sur l’infini, la grandeur, la continuité, la nature de l’objet
angle, etc. Quant aux philosophes, ils devaient à leur tour affronter un
paradoxe: voici un objet, l’angle de contingence, qui aurait pu relever de
la catégorie de la quantité, mais qui cependant ne vérifie pas la
définition de la quantité. Fallait-il admettre qu’il relève de plusieurs
catégories à la fois – quantité, qualité, relation, position –, ou qu’il ne
réponde à aucune des catégories définies par Aristote? Que l’on
interprète les catégories d’Aristote dans un sens taxinomique ou
classificatoire,5 la question reste entière. Aristote lui-même évoque
l’angle mixtiligne, et non pas le cas particulier de l’angle de contingence,
en deux endroits au moins: les Seconds Analytiques6 et les
Météorologiques,7 ce qui a incité I. L. Heiberg à conjecturer que “l’usage
des angles mixtilignes a probablement joué un rôle plus grand dans la
géométrie pré-euclidienne avec laquelle Aristote était familier”.8 Les
commentateurs et les successeurs philosophes d’Aristote n’ont cessé de
s’interroger sur l’angle comme objet mathématique, même si certains –
Avicenne par exemple9 – évitaient de se compromettre dans les
discussions sur l’angle de contingence, qu’ils savaient, à l’époque, sans
lemme XI: “Dans toutes les courbes qui ont une courbure finie au point de contact, la sous-
tendante évanouissante d’un angle de contact est à la fin en raison doublée de la sousten-
dante de l’arc qu’elle termine” (Isaac Newton’s Philosophiae naturalis Principia
mathematica, éd. A. Koyré et I. B. Cohen [Cambridge, Mass., 1972], vol. I, p. 83; Principes
mathématiques de la philosophie naturelle, traduction de la Marquise du Chastellet
[Paris, 1966], p. 44). Voir aussi les lemmes prédédents, VI à IX. Notons que cette recherche
de Newton qui conclut tant d’études et de controverses sur l’angle de contingence est directe-
ment liée au calcul infinitésimal, qu’il fondait pendant les années 1664–1686.
5
D. Morrison, “The taxonomical interpretation of Aristotle’s Categories: A criticism”, dans P.
Anton (éd.), Essay in Ancient Greek Philosophy. Volume V: Aristotle’s Ontology (New York,
1992), pp. 19–46, à la p. 20.
6
Aristotle’s Prior and Posterior Analytics, A revised text with introduction and commentary
by W. D. Ross (Oxford, 1949), 41 b, 6–22; et le commentaire de Ross pp. 374–6.
7
Aristote, Météorologiques, 376 a 11–24 b 1, 4; De Memoria, 452 b 19–20.
8
Cité par W. D. Ross, Aristotle’s Prior and Posterior Analytics, p. 375 à partir de Abh. zur
Gesch. der Math. Wissenschaften, xviii (1904).
9
Avicenne n’évoque pas l’angle de contingence dans son mémoire sur l’angle, alors que dans
al-Shifāʾ, lors de la discussion de l’atomisme, il écrit: “Parmi leurs arguments (des
atomistes) l’existence d’un angle indivisible, celui qu’Euclide a posé le plus petit des
aigus” (al-Tabīʿiyyāt, 1. al-Samāʿ al-tabīʿī, éd. S. Zayed [Le Caire, 1983], livre III, p. 186).
˙
Dans son autre livre, al-Mubāhathāt, ˙ toujours à propos de l’atomisme et des arguments
des atomistes, il écrit: “Ils ont˙ établi une partie indivisible par des démonstrations . . .
parmi lesquelles la proposition du troisième livre d’Euclide dans laquelle il a montré l’exis-
tence d’un angle plus petit que tous les angles aigus rectilignes” (éd. M. Bīdārfar [Téhéran,
1413/1992], pp. 363–4).
Il reste qu’al-Shīrāzī, dans son traité Sur le mouvement du roulement, attribue à
Avicenne une étude fautive de l’angle de contingence. Cette étude ne figure dans aucun
des traités d’Avicenne sur l’angle que j’ai pu examiner (MS Istanbul, Yeni Cami 221, fol.
18r): “Fa-innahu lahu (Ibn Sīnā) maqāla fī al-zāwiya allatī bayna al-muhīt wa-al-mumāss”.
˙ ˙
4 ROSHDI RASHED
10
Il s’agit notamment de la discussion de l’atomisme par les théologiens-philosophes
(al-Mutakallimūn); cf. M. Rashed, “Kalām e filosofia naturale”, dans Storia della scienza,
vol. III: La civiltà islamica, Enciclopedia Italiana (Rome, 2002), pp. 49–72.
11
Voir le commentaire de Th. Heath à la proposition III.16, dans The Thirteen Books of
Euclid’s Elements, translated with introduction and commentary, 2e éd. (New York,
1956), vol. II, pp. 39–43; ainsi que les commentaires de B. Vitrac à sa traduction des
Éléments d’Euclide (Paris, 1990), vol. I, pp. 158–9, 203, 426–7; et J. Itard, “Quelques remar-
ques sur la notion d’angle et sur l’angle de contingence”, dans L’aventure de la science.
Mélanges Alexandre Koyré (Paris, 1964), vol. I, pp. 346–59.
Pour les travaux de Peletier, Clavius, Wallis, et sur l’histoire de l’angle de contingence,
c’est Luigi Maierù qui a marqué la recherche moderne. Voir ses importantes contributions:
“La polemica fra J. Peletier e C. Clavio circa l’angolo di contatto”, dans Atti del Convegno
Internazionale: Storia degli studi sui fondamenti della Matematica e connessi sviluppi inter-
disciplinari, Pisa-Tirrenia, 26–31 marzo 1984 (Luciani, 1989), vol. I, pp. 226–56; “John
Wallis: ‘Lettura della polemica fra Peletier e Clavio circa l’angolo di contatto’”, dans M.
Galluzzi (éd.), Atti del Convegno “Giornate di storia della matematica”, Cetraro, 8–12 set-
tembre 1988 (Commenda di Rende, 1991), p. 315–64; “. . . in Christophorum Clavium De
Contactu Linearum Apologia – Considerazioni attorno alla polemica fra Peletier e Clavio
circa l’angolo di contatto (1579–1589)”, Archive for History of Exact Sciences, 41 (1990):
115–37. Voir également J. Itard, “L’angle de contingence chez Borelli”, Archives internatio-
nales d’histoire des sciences, 56–57 (1961): 201–24; S. Rommevaux, “Un débat dans les
mathématiques de la Renaissance: le statut de l’angle de contingence”, Journal de la
Renaissance, vol. IV (2006): 291–302; et F. Loget, “Wallis entre Hobbes et Newton. La ques-
tion de l’angle de contact chez les Anglais”, Revue d’histoire des mathématiques, t. 8, fasc.
2 (2002): 207–62.
12
Cf. Rommevaux, “Un débat dans les mathématiques de la Renaissance”, pp. 294–6.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 5
celui d’Oresme.13 Mais on semble ignorer que ces mêmes questions
étaient déjà débattues à la fin du IXe siècle, parfois en termes
équivalents, par al-Nayrīzī (865–922), un successeur anonyme de
ce dernier, et par d’autres mathématiciens tels que Thābit ibn
Qurra, al-Sijzī, Ibn al-Haytham, al-Samawʾal, al-Tūsī, al-Shīrāzī,
al-Fārisī, al-Qūshjī, entre autres. C’est l’histoire ˙de ces derniers
mathématiciens, mais aussi de leurs sources, que j’entends esquisser
ici sur la base de documents dont la plupart n’étaient pas connus
jusqu’ici, afin de mettre en perspective les contributions de leurs
successeurs et aussi de décrire l’évolution de ce thème de recherche.
En bref, il s’agit cette fois de reconstituer l’un des chapitres de la
philosophie des mathématiques en arabe.
13
Voir Itard, “Quelques remarques sur la notion d’angle”.
6 ROSHDI RASHED
ﻭﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﻗﻄﻌﺔ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻫﻲ ﺍﻟﱵ ﳛﻴﻂ ﺑﻬﺎ ﺧﻂ ﻣﺴﺘﻘﻴﻢ ﻭﻗﻮﺱ ﻣﻦ ﺍﳋﻂ ﺍﶈﻴﻂ
.ﺑﺎﻟﺪﺍﺋﺮﺓ
ﻭﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﰲ ﻗﻄﻌﺔ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻫﻲ ﺍﻟﱵ ﳛﻴﻄﺎﻥ )ﻛﺬﺍ!( ﺑﻬﺎ ﺧﻄﺎﻥ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺎﻥ ﻳﻮﺻﻼﻥ
ﺑﻴﻦ ﻧﻘﻄﺔ ﺗﻌﻠﻢ ﻛﻴﻔﻤﺎ ﺍﺗﻔﻘﺖ ﻋﻠﻰ ﻗﻮﺱ ﺍﻟﻘﻄﻌﺔ ﻭﺑﻴﻦ ﻃﺮﰲ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﺴﺘﻘﻴﻢ ﺍﻟﺬﻱ ﻫﻮ
.ﻗﺎﻋﺪﺓ ﺍﻟﻘﻄﻌﺔ
14
MS Rabat 1101, fol. 1v.
15
Ibid., fol. 20v.
16
Ibid.
17
Procli Diadochi, In Primum Euclidis Elementorum Librum Commentarii, éd. G. Friedlein
(Hildesheim, 1967), pp. 121–8; Les Commentaires sur le premier livre des Éléments
d’Euclide, trad. P. Ver Eecke (Bruges, 1948), pp. 109–17.
18
Voici la classification de Proclus: “Enfin, les angles compris sous des lignes droites et ceux
compris sous des circonférences le sont sous des lignes simples. Ces derniers comportent à
leur tour des angles de même espèce; car deux circonférences qui se coupent mutuellement
ou se touchent forment des angles, elles aussi, au nombre de trois: l’angle biconvexe lorsque
L’ANGLE DE CONTINGENCE 7
ensuite l’espèce de l’angle corniculaire – rendu en arabe par qarnī – et
enfin l’espèce des angles des segments du cercle.
Avec cette classification, l’angle corniculaire se trouve introduit
dans le lexique des mathématiques arabes.
Au cours de ce commentaire Simplicius soulève la plupart des ques-
tions déjà débattues à propos de l’angle, et qui seront ensuite
discutées pendant quelques siècles; par exemple:
les convexités des circonférences sont à l’extérieur, l’angle biconcave, appelé systroïde, lors-
que les concavités sont à l’extérieur, et l’angle mixte de convexe et de concave tel que ceux
des lunules. D’autre part, les angles compris sous des lignes droites et des circonférences le
sont aussi de deux manières: sous une ligne droite et une circonférence convexe, comme
l’angle semi-circulaire, ou sous une ligne droite et une circonférence concave comme l’angle
corniculaire. Enfin, tous les angles compris sous deux lignes droites seront appelés recti-
lignes et donnent lieu à une triple distinction” (Proclus, in Eucl. 127.3–16).
19
“Telles étaient donc les apories, et bien qu’Euclide dise que l’angle est une inclinaison et
Apollonius qu’il est le rassemblement d’une surface ou d’un solide au niveau d’un point
en-dessous d’une ligne ou d’une surface brisée – car il semble définir ainsi tout angle en
général –, nous dirons, nous, à la suite de notre Précepteur [Syrianus d’Alexandrie], que
l’angle n’est aucune des choses mentionnées prise pour soi, mais qu’il tire son existence
de leur combinaison à toutes, et que c’est pour cela qu’il a mis dans l’incertitude ceux qui
ont été portés en faveur de l’une d’elles seulement” (Proclus, in Eucl. 123.14–23).
8 ROSHDI RASHED
20
On pense ici à Ibrāhīm ibn Sinān, al-Qūhī, al-Sijzī, entre autres.
21
MS Istanbul, Aya Sofia 4829, fols. 47v–48r.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 9
2. L’angle corniculaire d’Euclide à Jean Philopon
Simplicius, non plus qu’Avicenne dans son Traité sur l’angle, ne
s’arrête à l’angle corniculaire, que tous deux avaient évoqué.
Celui-ci a été connu par la proposition III.16 des Éléments:
Si une droite est menée selon des angles droits à partir de l’extrémité d’un
diamètre du cercle, alors elle sera à l’extérieur du cercle et aucune autre
droite ne tombera entre elle et la circonférence; l’angle du demi-cercle sera
plus grand que tout angle aigu rectiligne, et l’angle qu’entourent cette droite
et la circonférence sera plus petit que tout angle aigu rectiligne.22
On observe, ce qu’Ibn al-Haytham avait déjà fait, qu’Euclide ne
définit, ni ne nomme, cet angle qui “sera plus petit que tout angle
aigu rectiligne”, que d’ailleurs il n’évoque dans les Éléments qu’une
seule fois. Proclus le baptisera plus tard l’angle “corniculaire
(ϰερατοειδής)” et Ibn al-Haytham “l’angle de tangence (al-tamāss)”.23
Or, avec l’énoncé de cette proposition, on constate que la notion de
tangence est essentielle à la définition de cet angle, ce qui explique
le choix terminologique d’Ibn al-Haytham – “tangence”– et celui
d’“angle de contingence” plus tard. Il est tout aussi évident que la
notion d’angle “plus petit que tout angle aigu rectiligne” dépend,
implicitement au moins, de celle de l’angle en tant que grandeur, ou
en tant que quantité, puisqu’elle suppose la comparabilité et la
mesure. Ces deux questions seront présentes dans toutes les discus-
sions ultérieures.
Euclide démontre l’existence et l’unicité de la tangente, avant
d’établir le dernier point de l’énoncé. Mais, pour saisir la difficulté
que soulève ce point, procédons d’abord intuitivement. On constate
22
Heiberg, vol. III, p. 117; MS Rabat 1101, fol. 20.
23
Ibn al-Haytham écrit dans Sharh musādarāt Kitāb Uqlīdis (L’Explication des postulats du
˙
livre d’Euclide), MS Oxford, Bodleian ˙Hunt. 237, fol. 190v:
ﻫﻲ ﺍﻟﱵ ﺫﻛﺮﻫﺎ ﺃﻗﻠﻴﺪﺱ ﰲ ﺍﻟﺸﻜﻞ ﺍﳋﺎﻣﺲ ﻋﺸﺮ ﻣﻦ،ﻓﺎﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﳛﻴﻂ ﺑﻬﺎ ﺧﻂ ﻣﺴﺘﻘﻴﻢ ﻭﳏﺪﺏ ﺍﻟﻘﻮﺱ
ﻭﻫﻲ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﳛﻴﻂ ﺑﻬﺎ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﻤﺎﺱ ﻭﺣﺪﺑﺔ، ﻋﻨﺪ ﺫﻛﺮﻩ ﻟﻠﺨﻂ ﺍﳌﻤﺎﺱ ﻟﻠﺪﺍﺋﺮﺓ، ﺃﻋﲏ ﺍﻟﺜﺎﻟﺜﺔ،ﻫﺬﻩ ﺍﳌﻘﺎﻟﺔ
ﻷﻧﻪ، ﻭﱂ ﻳﻘﺪﻡ ﳍﺎ ﺃﻗﻠﻴﺪﺱ ﺣ ًﺪﺍ ﻭﻻ ﺫﻛ ًﺮﺍ، ﻭﺑﻴﻦ ﺃﻧﻬﺎ ﺃﺻﻐﺮ ﻣﻦ ﻛﻞ ﺯﺍﻭﻳﺔ ﺣﺎﺩﺓ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ،ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ
. ﻭﻫﻮ ﺍﻟﺬﻱ ﺫﻛﺮﻧﺎﻩ؛ ﻭﻗﺪ ﳝﻜﻦ ﺃﻥ ُﲢ ّﺪ ﺑﺄﻥ ﻳﻘﺎﻝ ﺯﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﺘﻤﺎﺱ،ﱂ ﻳﺴﺘﻌﻤﻠﻬﺎ ﺇﻻ ﰲ ﻣﻮﺿﻊ ﻭﺍﺣﺪ
“L’angle entouré par une ligne droite et la concavité de l’arc est celui qu’Euclide a
mentionné dans la quinzième proposition de ce livre, c’est-à-dire le troisième, lorsqu’il a
mentionné la droite tangente au cercle; c’est l’angle entouré par la droite tangente et la
concavité du cercle. Il a montré qu’il est plus petit que tout angle aigu rectiligne; mais
Euclide n’en a présenté ni une définition ni un nom; car il ne l’a utilisé que dans un seul
endroit, celui que nous avons mentionné. Or il est possible de le définir en disant: l’angle
de tangence”.
10 ROSHDI RASHED
alors qu’il est assez aisé d’ordonner les angles rectilignes, quelle que
soit la définition qu’on en donne. On dira que l’angle (OA, OB) est
inférieur à l’angle (OA, OC) si le côté OB est à l’intérieur de ce dernier
angle (en procédant éventuellement par superposition). On pourra
faire de même pour une classe restreinte d’angles mixtilignes qui
ont des rectilignes égaux, dont les côtés sont concaves simples, tous
orientés dans la même direction. Or une telle démarche n’est pas pos-
sible pour des angles quelconques, pour ne pas parler de l’angle de
contingence.
Ainsi, aux questions de tangence et de grandeur s’ajoutent celles de
la comparaison entre les angles – rectiligne, mixtiligne et de contin-
gence –, et de l’existence de l’ordre total et de la continuité. Autant de
questions que soulèveront les lecteurs d’Euclide. L’histoire a conservé
certaines de leurs lectures. La première, qui est aussi la plus impor-
tante, est celle de Proclus, qui s’attaque de front à la question de la
grandeur, et aussi à celle de la définition de la notion d’angle. Il écrit:
Mais, si l’angle est une grandeur et que toutes les grandeurs homogènes
finies ont un rapport l’une avec l’autre, alors tous les angles homogènes, au
moins ceux dans les plans, auront un rapport l’un avec l’autre; ainsi, un
angle corniculaire aura un rapport avec un angle rectiligne. Or, les gran-
deurs qui ont un rapport entre elles peuvent se dépasser l’une l’autre si
elles sont multipliées; donc, l’angle corniculaire pourra finalement
dépasser l’angle rectiligne; ce qui est impossible, car il est démontré que l’an-
gle corniculaire est plus petit que tout angle rectiligne.24
C’est ainsi que Proclus règle la question de la grandeur en posant
rigoureusement le problème qui sera débattu par ses successeurs.
Jean Philopon, pour sa part, soulève la question de la continuité par
un argument souvent repris plus tard, mais de manière différente. La
discussion alors engagée portait sur la comparabilité de la droite et de
l’arc de cercle, et la question était de savoir si “le plus grand passe au
plus petit sans passer par l’égal”.
Jean Philopon reconnaît la validité de ce principe et la nécessité de
passer par l’égal pour les grandeurs homogènes. Quant aux grandeurs
non homogènes, c’est-à-dire celles auxquelles on ne peut pas appli-
quer la théorie des proportions, il s’explique dans son Commentaire
de la Physique:
Il n’est pas nécessaire, écrit-il, que, s’il existe le plus grand et le plus petit,
entre les choses l’égal existe. En effet, l’angle aigu entouré par une droite
et la convexité de l’arc est plus grand que tout angle aigu, <et l’angle aigu
entouré par une droite> et la concavité de l’arc est plus petit que tout
angle aigu. Et il n’existe aucun angle entouré par une ligne droite et une
ligne circulaire égal à un angle aigu rectiligne; car, si cela existait, alors la
24
In Eucl. 121.24–122.7.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 11
ligne droite se superposerait à la ligne circulaire. En effet, si nous faisons
mouvoir une droite sur le diamètre, nous formons un angle entouré par la
droite et le demi-cercle, qui est le plus grand, et un angle entouré par une
droite et la concavité, qui est le plus petit. L’un des deux angles se forme
après l’autre sans qu’il se forme <l’angle> égal à l’angle aigu rectiligne.25
De même, mais plus longuement, dans son Commentaire des
Seconds Analytiques:
Si quelqu’un accorde que Bryson a ainsi mené à bien sa construction, il est
loisible de lui répondre que le propos selon lequel là où il y a du plus grand
et du plus petit que quelque chose, il y en a aussi de l’égal, est vrai dans le
cas des choses de même genre, mais que cela n’est plus vrai dans le cas des
choses qui ne sont pas de même genre. Car le géomètre montre que, dans
le cas du demi-cercle CDB, la droite AC menée perpendiculairement à partir
de l’extrémité du diamètre CB tombe nécessairement en dehors du cercle; et
que des deux angles produits (i) par la circonférence et le diamètre et (ii) par
la droite menée perpendiculairement et la circonférence, je veux dire de
l’angle extérieur ACD et de l’angle intérieur DCB, l’angle extérieur est
plus petit que tout angle rectiligne aigu et l’angle intérieur plus grand que
tout angle rectiligne aigu. Ainsi donc, dans ce cas, bien qu’ayant montré
que des angles sont plus grand et plus petit que le même angle rectiligne
aigu, nous ne pourrions cependant pas en découvrir d’égal, du fait que les
grandeurs ne sont pas de même genre. Car les angles considérés sont
supposés provenir d’une droite et d’une circonférence – on les appelle
d’ailleurs corniculaires. Et le paradoxe est que, alors que l’angle extérieur
peut être augmenté à l’infini et l’intérieur diminué, et que, à rebours,
l’angle intérieur peut être augmenté à l’infini et l’extérieur diminué, ni
l’angle extérieur, augmenté à l’infini, ne deviendra jamais égal à l’angle rec-
tiligne aigu – mais il sera toujours plus petit que n’importe lequel – ni l’angle
intérieur augmenté à l’infini ne sera jamais égal à un angle droit.
Nous augmentons l’angle extérieur en traçant des cercles plus petits.
Ainsi, si je coupe le diamètre CB au point E, que je coupe la droite CE en
deux moitiés au point G et que, avec G pour centre et GC pour intervalle,
je trace un cercle dont le demi-cercle est CHE, l’angle extérieur ACH aug-
mente et, derechef, en vertu de ce qu’on a déjà dit, il n’en est pas moins
plus petit que tout angle aigu. Ce théorème a en effet été prouvé par le
géomètre pour tout cercle (voir Fig. 1).
Derechef, de la même manière, ayant coupé le diamètre du cercle intérieur,
ayant inscrit un cercle plus petit et ayant fait cela à l’infini, j’augmente
toujours l’angle extérieur et je diminue l’angle intérieur, mais ni l’angle
extérieur, ni l’angle intérieur, ne seront jamais égaux à un angle rectiligne
aigu: l’extérieur sera toujours plus petit, l’intérieur toujours plus grand.
C’est ainsi que j’augmente l’angle extérieur et que je diminue l’angle intérieur.
À l’inverse, j’augmente l’angle intérieur et je diminue l’angle extérieur en cir-
conscrivant des cercles plus grands, de la manière suivante. Je prolonge le
diamètre CB en ligne droite jusqu’à E et, avec B comme centre et BC
25
Aristūtālīs, al-Tabīʿa, tarjamat Ishāq ibn Hunayn, éd. ʿA. Badawī (Le Caire, 1965), p. 783.
˙ ˙ ˙ ˙ ˙
12 ROSHDI RASHED
Fig. 1
comme intervalle, je trace un cercle, dont le demi-cercle est CGE (voir Fig. 2).
Il est clair que le demi-cercle CGE tombera à l’intérieur de la droite AC, du fait
qu’il a été prouvé que la droite menée perpendiculairement de l’extrémité du
diamètre tombe nécessairement à l’extérieur du cercle. Or, que pas la moindre
partie du demi-cercle extérieur CGE ne soit en contact avec une partie du
demi-cercle intérieur CDB, c’est clair à partir de ceci: s’il y a contact, menons,
à partir du point où ils coïncident, disons H, vers les centres des cercles B et J,
les droites HB et HJ. Puis donc que le point J est le centre du demi-cercle
intérieur, JH est égale à JC. Derechef, puisque B est le centre du demi-cercle
extérieur CGE, BH est égale à BC. Mais BJ et CJ sont égales à JH. Donc HB
est égale à BJ et à JH. Par conséquent, du triangle HJB, les deux côtés HJ, BJ
sont égaux au côté unique HB, ce qui est impossible. Par conséquent, aucune
partie du cercle extérieur ne coïncide avec une partie du cercle intérieur. Donc
le cercle extérieur coupe l’angle ACH. Ainsi, en traçant, à l’infini, de la même
manière, des cercles extérieurs, je diminue à l’infini l’angle extérieur et j’aug-
mente l’angle intérieur. Mais jamais l’angle intérieur, augmenté, ne devien-
dra égal à un droit, et toujours, il devient plus grand que tout angle
rectiligne aigu.26
Si donc il a été montré qu’il est possible qu’il y ait du plus grand et du plus
petit que la même chose sans qu’il y ait de l’égal à elle, du fait de la dissem-
blance des grandeurs, c’est ainsi à tort que Bryson a soutenu que, si le poly-
gone circonscrit est plus grand que le cercle et le polygone inscrit plus petit,
l’intermédiaire entre l’inscrit et le circonscrit est égal au cercle. Car là encore,
les grandeurs sont dissemblables, je veux dire le polygone par rapport au cer-
cle. En sorte qu’ils ne seront pas égaux.27
26
Voir Fig. 2.
27
Jean Philopon, In Analyt. Post. 112.36–114.17, dans Commentaria in Aristotelem Graeca,
edidit M. Wallies (Berlin, 1909), vol. XIII, pars III.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 13
Fig. 2
grand que tout angle rectiligne aigu, et forme ensuite l’angle de con-
tingence, qui est plus petit que tout angle rectiligne aigu, sans former
au cours de son mouvement un angle égal à un angle rectiligne aigu.
Dans le Commentaire des Seconds Analytiques, il explicite sa
pensée et donne un exposé détaillé où il procède à la division de l’angle
de contingence par des cercles, à défaut de la division par des droites.
Il commence par relever le caractère paradoxal du phénomène, qui
tient au fait que l’angle de contingence peut croître à l’infini et celui
du demi-cercle peut décroître à l’infini, et inversement, sans qu’aucun
des deux ne devienne un angle rectiligne aigu.
Pour illustrer ce fait, il trace successivement deux figures des
cercles emboîtés et tangents en un même point.
Soit d’abord le cercle CDB, de diamètre CB, tangent au point C à la
perpendiculaire AC. On a l’angle de contingence ACD et l’angle du
demi-cercle BCD, et on peut appliquer la proposition III.16 des
Éléments. Soit un point E sur le diamètre BC; partageons EC en
deux moitiés au point G. Traçons le cercle CHE, de centre G et de
demi-diamètre GC. Il est tangent au point C à AC. On a ainsi
augmenté l’angle de contingence et diminué l’angle du demi-cercle.
On réitère le procédé indéfiniment et on trace des cercles emboîtés
comme ECH, sans que l’angle de contingence soit égal à un angle rec-
tiligne aigu, et sans que l’angle du demi-cercle soit égal à un angle
droit (Fig. 1).
Ce phénomène paradoxal s’explique, selon Philopon, parce que l’on
peut appliquer la proposition III.16 d’Euclide à chacun des cercles.
Jean Philopon procède ensuite par l’inverse, en augmentant
indéfiniment l’angle du demi-cercle et en diminuant indéfiniment
l’angle de contingence. Il aboutit au même résultat.
L’inverse de cette argumentation, à savoir qu’il n’est pas nécessaire
qu’il y ait l’égal entre le plus grand et le plus petit, sera invoqué de
manière récurrente dans les rédactions sur l’angle de contingence,
précisément pour nier la continuité. Ainsi Avicenne, au troisième
livre du Shifāʾ, écrit:
14 ROSHDI RASHED
Quant à ce que l’on dit à propos de l’angle mentionné, qu’il est indivisible
– alors qu’il est bien divisible – il y a en fait en puissance infiniment d’angles
plus petits que lui. La démonstration a été établie qu’il n’y a aucun angle
rectiligne plus petit que lui. Mais quand on dit qu’une chose qui n’a pas
telle propriété est plus petite que telle chose, cela ne signifie pas qu’il n’y a
aucune autre chose plus petite qu’elle. Celui qui a acquis la connaissance
des fondements de la géométrie sait que cet angle est divisible à l’infini
par les arcs.28
Un autre argument, non moins important et tout aussi diffusé, qui
remonte, semble-t-il, à Pappus, était connu des mathématiciens
arabes. Proclus nous apprend en effet que Pappus, dans son
Commentaire des Éléments, a montré que les angles égaux à un
angle droit ne sont pas tous droits, et qu’un angle curviligne est
égal à un angle droit.29 Le texte grec de Pappus est perdu, et il ne
28
Al-Shifāʾ, al-Tabīʿiyyāt, éd. Zayed, p. 201.
29
“D’autre part, ˙ Pappus nous a justement rendus attentifs au fait que la réciproque,
c’est-à-dire qu’un angle égal à un angle droit est toujours droit, n’est pas vraie, mais que
cet angle est nécessairement droit s’il est rectiligne; que l’on peut cependant montrer
aussi un angle curviligne égal à un angle droit. Il est clair qu’un tel angle ne sera plus
appelé droit. En effet, nous avons admis l’angle droit dans la section des angles rectilignes
en l’établissant sous une ligne droite placée sans inclinaison sur une ligne droite sous-
jacente; de sorte qu’un angle égal à un angle droit n’est pas nécessairement droit s’il n’est
pas rectiligne. Imaginons donc deux lignes droites AB, BΓ égales formant l’angle au point
B droit, et soient décrits, sur ces droites, les demi-cercles AEB, BZΓ de même centre et
égaux de distance. Dès lors, puisque ces demi-cercles sont égaux, ils coïncident l’un avec
l’autre, et l’angle compris sous l’arc EB et la droite BA est égal à l’angle compris sous
l’arc ZB et la droite BΓ.
Ajoutons de part et d’autre l’angle restant compris sous les droites AB et l’arc BZ, il s’en-
suit que l’angle droit entier est égal à l’angle en forme de croissant compris sous les arcs EB,
BZ; et cet angle en forme de croissant n’est néanmoins pas un angle droit. Si l’angle compris
sous les droites AB, BΓ est obtus ou aigu, on montrera de même qu’un angle en forme de
croissant lui est égal; car c’est là la forme des angles curvilignes qui se concilie avec les
angles rectilignes, sauf à savoir qu’il faut ajouter l’angle mitoyen compris sous la droite
AB et l’arc BZ pour l’angle droit et l’angle obtus, et le retrancher pour l’angle aigu; car la
droite AB y coupe l’arc BZ. Nous exposons donc les dessins relatifs à chacune de ces supposi-
tions (Fig. 3).
Nous avons donc consigné sommairement les choses qui prouvent que tous les angles
droits sont égaux entre eux, et qu’un angle égal à un angle droit n’est pas nécessairement
Fig. 3
L’ANGLE DE CONTINGENCE 15
reste de la traduction arabe que la partie du commentaire du livre X
des Éléments.
Nous ne savons rien de certain sur la connaissance qu’on pouvait
avoir des commentaires de Pappus des autres livres des Éléments.
Cet argument figure cependant dans le commentaire de Simplicius,
lequel était connu en arabe. On y lit la démonstration suivante:
Supposons l’angle droit ABΓ, et marquons au centre B et avec une distance à
volonté deux points sur les lignes AB et BΓ, soit les deux points Δ et E.
Traçons à partir des deux centres Δ et E et avec les distances EB et ΔB le
demi-cercle AZB et le demi-cercle BΘΓ. Alors, l’angle ABZ est égal à l’angle
ΓBΘ, car, si les demi-cercles sont égaux, leurs angles sont égaux. Faisons
l’angle ABΘ commun, on a l’angle AZBΘ tout entier égal à l’angle ABΓ.
Mais l’angle ABΓ est droit, et l’angle AZBΘ est en forme de croissant; donc
un angle en forme de croissant est égal à un angle droit (Fig. 4).30
Fig. 4
un angle droit; car comment dirait-on qu’un tel angle est droit alors qu’il n’est pas recti-
ligne?” (Proclus, in Eucl. 189.12–1914).
30
Codex Leidensis 399,1. Euclidis Elementa, éd. R. O. Besthorn et J. L. Heiberg (Copenhague,
1897), pp. 22–4.
31
Ibid., p. 22.
16 ROSHDI RASHED
Fig. 5
32
“L’angle qu’entourent cette droite et la circonférence”, qui est désigné dans le texte grec par
l’expression “angle restant”, λοιπὴ <γωνία>. Cf. ci-dessus.
33
Codex Leidensis 399,1, Livre III, pp. 70–2.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 17
d’Aghānīs, a constitué le fonds à partir duquel les mathématiciens
arabes et latins ont élaboré leur recherche.
Témoin de cette dépendance, l’écrit d’un anonyme, un opuscule
intitulé Sur l’angle, qui fait partie d’une collection manuscrite
copiée à Bagdad en 1159–1162, et donc rédigé avant cette date.34
Cet auteur examine presque tous les thèmes, déjà rencontrés, relatifs
à l’angle de contingence. Il part d’un fait paradoxal: alors que l’on
applique aux angles les opérations que l’on applique à la quantité
– égalité, inégalité, rapport, division, multiplication, etc. – et qu’on
peut donc définir l’angle comme “une quantité ayant une position”
( fa-al-zāwiya idhan kammiyya dhāt wadʿ), l’angle n’appartient pas
˙
pour autant au nombre des grandeurs énumérées par Aristote.35 Le
paradoxe est flagrant: voici un objet géométrique auquel on applique
les opérations qu’on applique aux grandeurs, sans qu’il soit compté
parmi les grandeurs. Une question s’impose: l’angle est-il une
grandeur?
L’auteur commence par rappeler les réponses des anciens, Euclide,
Simplicius, Aghānīs, telles que les a rapportées al-Nayrīzī. Selon lui,
Euclide ne considérait pas l’angle, dans sa définition par inclinaison,
comme une grandeur; alors que, dans la proposition VI.33 des
Éléments, il démontre que “dans les cercles égaux, les angles au centre
et les angles inscrits sont dans le rapport des arcs interceptés”, et
considère par conséquent l’angle comme une grandeur, puisqu’il
procède à l’aide de la théorie des proportions. Toujours selon l’auteur,
Simplicius voit dans l’angle une grandeur, de même qu’Aghānīs pour
qui c’est une grandeur ayant deux dimensions qui aboutissent toutes
les deux au même point.
L’auteur relève dès le début de l’opuscule la difficulté que soulève la
définition de l’angle comme grandeur. D’abord, si on double l’angle
droit, la somme n’est pas un angle, d’après la définition I.8 des
Éléments; et de même pour l’angle solide, s’il devient égal à quatre
droits. Or une grandeur ne s’annule pas si on la double. D’autre
part, l’angle ne vérifie pas la définition 4 du livre V des Éléments.
Enfin, l’angle ne satisfait pas non plus la proposition X.1 des
Éléments, que vérifient toutes les grandeurs (archimédiennes). Pour
établir cela, l’auteur invoque le contre-exemple de l’angle de contin-
gence. Il considère l’angle de contingence ABC et l’angle rectiligne
D. Si l’on retranche de D plus que sa moitié, et si du reste on retranche
plus que sa moitié, si on réitère continûment cette opération, on ne
pourra pas aboutir à un angle plus petit que l’angle ABC mais on
34
Sur ce manuscrit de Lahore, coll. Nabī Khān, voir R. Rashed, Les mathématiques
infinitésimales du IXe au XIe siècle, vol. IV: Méthodes géométriques, transformations ponc-
tuelles et philosophie des mathématiques (Londres, 2002), p. 738.
35
Cf. Catégories, 6; Physique, 4, ch. 1 à 5; Métaphysique Δ, 13, 1020 sq.
18 ROSHDI RASHED
36
“Il en ressort clairement (de III.15) que toute droite menée <perpendiculairement> de
l’extrémité du diamètre d’un cercle quelconque est tangente au cercle, et nous en venons
à tracer par des points <en nombre> infini que l’on suppose sur la droite EC avant ou
après son prolongement dans la direction de CD, <un nombre> infini de cercles, dont le
demi-diamètre de chacun est de la grandeur de ce qui se trouve de la droite DC entre les
points à partir desquels on trace les cercles, et le point D; et de sorte que la perpendiculaire
DG soit perpendiculaire au diamètre de chacun des cercles et que la circonférence de chacun
des cercles tombe entre la perpendiculaire DG et la circonférence du cercle AD. Et nous en
venons à tracer par des points <en nombre> infini supposés sur la droite DE des cercles <en
nombre> infini, dont le diamètre de chacun est de la grandeur de ce qui se trouve de la droite
DE entre le point sur lequel est tracé le cercle, et le point D, de sorte que la perpendiculaire
DG soit perpendiculaire au diamètre de chaque cercle, et que la circonférence du cercle AD
tombe entre la perpendiculaire DG et chaque circonférence de cercle” (Fī al-handasa, MS
Téhéran, fols. 43r-v; cf. Fig. 5).
ﻓﺈﻧﻪ ﳝﺎﺱ،( ﺃﻥ ﻛﻞ ﺧﻂ ﻣﺴﺘﻘﻴﻢ ﺧﺮﺝ ﻣﻦ ﻃﺮﻑ ﻗﻄﺮ ﺃﻱ ﺩﺍﺋﺮﺓ ﻋﻤﻮ ًﺩﺍ ﻋﻠﻴﻪ١٥ ﻭﺍﺳﺘﺒﺎﻥ ﻣﻨﻪ )ﺍﻟﺸﻜﻞ
ﻗﺒﻞ ﺇﺧﺮﺍﺟﻪ ﺃﻭ ﺑﻌﺪ ﺇﺧﺮﺍﺟﻪ ﰲ، ﺗﻔﺮﺽ ﻋﻠﻰ ﺧﻂ ﻩ ﺟ/ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ؛ ﻭﺃﻥ ﻟﻨﺎ ﺃﻥ ﻧﺮﺳﻢ ﻋﻠﻰ ﻧﻘﻂ ﻏﲑ ﻣﺘﻨﺎﻫﻴﺔ
ﻧﺼﻒ ﻗﻄﺮ ﻛﻞ ﻣﻨﻬﺎ ﺑﻘﺪﺭ ﻣﺎ ﻳﻘﻊ ﻣﻦ ﺧﻂ ﺩ ﺟ ﻭﻣﺎ ﻳﺘﺼﻞ ﺑﻪ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﻨﻘﻂ، ﺩﻭﺍﺋﺮ ﻏﲑ ﻣﺘﻨﺎﻫﻴﺔ،ﺟﻬﺔ ﺟ ﺩ
ﻭﳏﻴﻂ ﻛﻞ، ﻭﻳﻜﻮﻥ ﻋﻤﻮﺩ ﺩ ﺯ ﻋﻤﻮ ًﺩﺍ ﻋﻠﻰ ﻗﻄﺮ ﻛﻞ ﺩﺍﺋﺮﺓ ﻣﻨﻬﺎ،ﺍﻟﱵ ﻧﺮﺳﻢ ﻋﻠﻴﻬﺎ ﺍﻟﺪﻭﺍﺋﺮ ﻭﺑﻴﻦ ﻧﻘﻄﺔ ﺩ
ﺩﺍﺋﺮﺓ ﻣﻨﻬﺎ ﻳﻘﻊ ﺑﻴﻦ ﻋﻤﻮﺩ ﺩ ﺯ ﻭﳏﻴﻂ ﺩﺍﺋﺮﺓ ﺍ ﺩ؛ ﻭﺃﻥ ﻧﺮﺳﻢ ﻋﻠﻰ ﻧﻘﻂ ﻏﲑ ﻣﺘﻨﺎﻫﻴﺔ ﺗﻔﺮﺽ ﻋﻠﻰ ﺧﻂ ﺩ ﻩ
ﺩﻭﺍﺋﺮ ﻏﲑ ﻣﺘﻨﺎﻫﻴﺔ ﻗﻄﺮ ﻛﻞ ﻣﻨﻬﺎ ﺑﻘﺪﺭ ﻣﺎ ﻳﻘﻊ ﻣﻦ ﺧﻂ ﺩ ﻩ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﻨﻘﻄﺔ ﺍﻟﱵ ﺗﺮﺳﻢ ﻋﻠﻴﻬﺎ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻭﺑﻴﻦ ﻧﻘﻄﺔ
ﻭﳏﻴﻂ ﺩﺍﺋﺮﺓ ﺍ ﺩ ﻳﻘﻊ ﺑﻴﻦ ﻋﻤﻮﺩ ﺩ ﺯ ﻭﺑﻴﻦ ﻛﻞ، ﻭﻳﻜﻮﻥ ﻋﻤﻮﺩ ﺩ ﺯ ﻋﻤﻮ ًﺩﺍ ﻋﻠﻰ ﻗﻄﺮ ﻛﻞ ﺩﺍﺋﺮﺓ ﻣﻨﻬﺎ، ﺩ
.ﻭﺍﺣﺪ ﻣﻦ ﳏﻴﻂ ﺗﻠﻚ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ
37
Euclide, Éléments, III.29.
20 ROSHDI RASHED
Dans son Livre sur la solution des doutes du livre d’Euclide sur les
Éléments et l’explication de ses notions, Ibn al-Haytham s’arrête
à la proposition III.15 de la traduction arabe, qu’il considère
comme une des difficultés (mushkilāt) de la géométrie. Après en
avoir cité l’énoncé, il propose une nouvelle démonstration de l’exis-
tence et de l’unicité de la tangente menée à l’extrémité du diamètre
du cercle. Il discute ensuite plus longuement de l’angle de contin-
gence et de l’angle mixtiligne. Puisque nous venons d’examiner
ce qui nous est parvenu des prédécesseurs d’Ibn al-Haytham à
ce sujet (et qu’il a sans doute connu), il nous faut à présent
dégager les points saillants de sa géométrie, nécessaires à la
compréhension de son étude de l’angle de contingence et de l’angle
mixtiligne.
Le premier point touche à sa conception de la géométrie: nous avons
montré ailleurs40 qu’il fut le premier à introduire systématiquement
le mouvement comme notion primitive de la géométrie, afin de pou-
voir étudier les transformations des figures géométriques et les
relations entre elles. À ce projet il a consacré deux livres, Les connus
et L’analyse et la synthèse, ainsi que son Explication des postulats du
livre d’Euclide, où il reprend les notions des Éléments d’Euclide pour
les fonder à partir de la notion de mouvement. On verra plus loin que,
dans son étude sur l’angle de contingence, il procède par rotation et
par superposition.
Le second point est relatif aux notions de tangente et de tangence.
Ibn al-Haytham considère, et cette fois encore personne ne l’avait fait
avant lui, le point de contact comme un seul point selon la catégorie de
la position, mais comme un point double selon la catégorie de la
relation. Il écrit:
ﻭﺍﳋﻂ ﺍﳌﺴﺘﻘﻴﻢ ﺍﳌﻤﺎ ّﺱ ﻟﻠﺪﺍﺋﺮﺓ ﺍﻟﺬﻱ ﺫﻛﺮﻩ ﺃﻗﻠﻴﺪﺱ ﰲ ﺻﺪﺭ ﺍﳌﻘﺎﻟﺔ ﺍﻟﺜﺎﻟﺜﺔ ﻫﻮ ﺧﻂ
ﻭﺇﺫﺍ ﺃﺧﺮﺝ ﻫﺬﺍ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﺴﺘﻘﻴﻢ ﰲ،ﻣﺴﺘﻘﻴﻢ ﻳﻠﻘﻰ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻋﻠﻰ ﻧﻘﻄﺔ ﻣﻨﻬﺎ ﺑﻨﻘﻄﺔ ﻣﻨﻪ
38
Kitāb al-Madkhal ilā ʿilm al-handasa, MS Dublin, Chester Beatty 965, fol. 8r.
39
Les mathématiques infinitésimales, vol. IV, p. 1104.
40
Les mathématiques infinitésimales, vol. II et IV.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 21
ﱂ ﻳﻠ َﻖ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻋﻠﻰ ﻧﻘﻄﺔ ﻏﲑ ﺗﻠﻚ ﺍﻟﻨﻘﻄﺔ ﻣﻨﻬﺎ ﺍﻟﱵ،ﺍﳉﻬﺘَﻴﻦ ﺇﺧﺮﺍ ًﺟﺎ ﺇﱃ ﻏﲑ ﻧﻬﺎﻳﺔ
ﺇﺣﺪﻯ، ﻭﻣﻮﺿﻊ ﻫﺬﺍ ﺍﻟﺘﻤﺎ ّﺱ ﻫﻮ ﻧﻘﻄﺔ ﻭﺍﺣﺪﺓ ﺑﺎﻟﻮﺿﻊ ﻭﺍﺛﻨﺘﺎﻥ ﺑﺎﻹﺿﺎﻓﺔ،ﻟﻘﻴﻬﺎ ﻋﻠﻴﻬﺎ
ﻭﺍﻷﺧﺮﻯ ﻫﻲ ﻧﻬﺎﻳﺔ ﺍﳋﻂ،ﺍﻟﻨﻘﻄﺘَﻴﻦ ﺍﳌﻀﺎﻓﺘَﻴﻦ ﻫﻲ ﻧﻬﺎﻳﺔ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻭ ُﻣﻀﺎﻓﺔ ﺇﻟﻴﻬﺎ
.ﺍﳌﺴﺘﻘﻴﻢ ﻭ ُﻣﻀﺎﻓﺔ ﺇﻟﻴﻪ
41
Sharh musādarāt Kitāb Uqlīdis, MS Oxford, Bodleian Hunt. 237, fol. 181v.
42 ˙
Définition ˙I.8, déjà citée.
22 ROSHDI RASHED
Deux lignes qui se coupent dans une surface font dans la surface une forme
(sūra) qui est constituée à partir de la position (wadʿ) des deux lignes, l’une
˙ rapport à l’autre. On appelle cette forme un angle
par ˙ plan. L’angle plan
est donc une inclinaison de chacune des deux lignes placées dans une
même surface plane, qui se rencontrent ou se coupent en un point. L’angle
plan peut être dans les surfaces planes, et il peut être dans les surfaces
concaves et convexes.43
Pour comprendre ce qu’Ibn al-Haytham entend par “forme d’une po-
sition”, il faudrait se référer à sa conception du “lieu”.44 Selon cette con-
ception, en effet, l’angle est une forme invariable définie par les
distances entre les points de la surface d’une région de l’espace limitée
par deux lignes qui se rencontrent en un point; c’est la forme d’une
étendue.
L’usage délibéré de ce langage aristotélicien obéit à une intention
précise: l’angle-forme n’est plus l’angle-grandeur, c’est l’angle-étendue.
Pour montrer que l’angle n’est pas une grandeur au sens archimédien
du terme, Ibn al-Haytham évoque le contre-exemple déjà rencontré: l’an-
gle droit une fois doublé, il s’annule; et l’angle aigu infiniment petit une
fois multiplié, le produit dépassera l’angle droit et ne sera pas un
angle. Or une grandeur telle que la ligne, la surface, le solide, . . ., une
fois multipliée, le produit sera une grandeur du même genre. Pour expli-
quer l’existence, la croissance et la décroissance de l’angle rectiligne, Ibn
al-Haytham fait appel à un modèle cinématique: il se donne un segment
de droite et prend un point quelconque sur ce segment; à partir de ce
point, il élève une droite inclinée qu’il meut d’un mouvement continu
dans l’une des deux directions (le premier segment restant fixe), et cons-
tate la décroissance monotone d’un côté et la croissance monotone de
l’autre.
Voici ce qu’il écrit:
ﻭﻧﺘﺨﻴّﻞ ﺧ ًﻄﺎ، ﻭﻧﺘﺨﻴّﻞ ﻋﻠﻴﻪ ﻧﻘﻄ ًﺔ ﻛﻴﻔﻤﺎ ﺍﺗﻔﻘﺖ ﻣﻨﻪ،ﻧﺘﺨﻴّﻞ ﺧ ًﻄﺎ ُﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺎ ﻣﺘﻨﺎﻫﻴﺎ
ﻓﻴَﺤﺪﺙ ﻋﻠﻰ ﺗﺼﺎﺭﻳﻒ ﺍﻷﺣﻮﺍﻝ ﻋﻦ ﺟﻨﺒﺘﻴﻪ،ﺁﺧﺮ ﻣﺴﺘﻘﻴ ًﻤﺎ ﺧﺎﺭ ًﺟﺎ ﻣﻦ ﺗﻠﻚ ﺍﻟﻨﻘﻄﺔ
، ّﰒ ﻧﺘﺨﻴّﻞ ﻫﺬﺍ ﺍﳋﻂ ﺍﻟﺜﺎﱐ ﻣﺘﺤ ّﺮ ًﻛﺎ ﺇﱃ ﺇﺣﺪﻯ ﺍﳉﻬﺘَﻴﻦ ﻭﺍﻷ ّﻭﻝ ﺛﺎﺑﺘًﺎ،ﺯﺍﻭﻳﺘﺎﻥ
ّﰒ ﻻ ﺗﺰﺍﻝ، ﻭﺗﺘﻌﺎﻇﻢ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻷﺧﺮﻯ،ﻓﺘﺘﺼﺎ َﻏﺮ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﺗﻠﻲ ﺟﻬﺔ ﺍﳊﺮﻛﺔ
ﻣﺎ ﺩﺍﻡ،ﺗﺘﺼﺎﻏﺮ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﺗﻠﻲ ﺟﻬﺔ ﺍﳊﺮﻛﺔ ﺇﱃ ﺃﻥ ﺗﻨﺘﻬﻲ ﺇﱃ ﻏﺎﻳﺔ ﺍﻟ ِﺼﻐﺮ
. ﻭﺗﺼﲑ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻷﺧﺮﻯ ﰲ ﻏﺎﻳﺔ ﺍﻟ ِﻌ َﻈﻢ،ﺍﳋﻂ ﻣﺘﺤﺮ ًﻛﺎ ﰲ ﺗﻠﻚ ﺍﳉﻬﺔ
ّ
ﻭﻳﻜﻮﻥ ﻣﻴﻠﻪ ﺇﱃ،ﻭﻳﻜﻮﻥ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﺘﺤﺮﻙ ﰲ ﻫﺬﻩ ﺍﳊﺎﻝ ﻣﺎﺋ ًﻼ ﻋﻠﻰ ﺍﳋﻂ ﺍﻟﺜﺎﺑﺖ
، ﻓﻴﻈﻬﺮ ﻣﻦ ﻫﺬﻩ ﺍﳊﺎﻝ ﺃ ّﻥ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﳊﺎ ّﺩﺓ ﻭﺍﳌﻨﻔ ِﺮﺟﺔ ﻣﻮﺟﻮﺩﺗﺎﻥ.ﺟﻬﺔ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟ ُﺼﻐﺮﻯ
43
Sharh musādarāt Kitāb Uqlīdis, MS Oxford, Bodleian Hunt. 237, fol. 156r-v.
44 ˙ ˙
Les mathématiques infinitésimales, vol. IV.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 23
،ّﰒ ﻧﺘﺨﻴّﻞ ﺍﳋﻂ ﺍﻟﻘﺎﺋﻢ ﻣﺘﺤ ّﺮ ًﻛﺎ ﺇﱃ ﺍ ِﳉﻬﺔ ﺍﻷﺧﺮﻯ ﻓﻼ ﺗﺰﺍﻝ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﺼﻐﺮﻯ ﺗﺘﻌﺎﻇﻢ
.ﻭﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﻌﻈﻤﻰ ﺗﺘﺼﺎﻏﺮ
ﻓﻼ ﺑﺪ ﺃﻥ ﺗﻨﺘﻬﻲ ﺍﳊﺮﻛﺔ ﺇﱃ ﺃﻥ ﺗﺼﲑ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ،ّﰒ ﺇﺫﺍ ُﲣﻴّﻠﺖ ﺍﳊﺮﻛﺔ ﻣﺴﺘﻤ ّﺮًﺓ
ﻓﻴﺼﲑ ﺍﳋﻂ، ﻭﺗﺼﲑ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻷﺧﺮﻯ ﰲ ﻏﺎﻳﺔ ﺍﻟ ِﻌﻈﻢ،ﰲ ﺟﻬﺔ ﺍﳊﺮﻛﺔ ﰲ ﻏﺎﻳﺔ ﺍﻟﺼﻐﺮ
ﻭﻳﻈﻬﺮ ﺃ ّﻥ،ﺍﳌﺘﺤ ّﺮﻙ ﰲ ﻫﺬﻩ ﺍﳊﺎﻝ ﻣﺎﺋ ًﻼ ﺇﱃ ﺍﳉﻬﺔ ﺍﻷﺧﺮﻯ ﺍﳌﻘﺎﺑﻠﺔ ﻟﻠﺠﻬﺔ ﺍﻷﻭﱃ
ّﰒ ﺻﺎﺭﺕ ﺃﻋﻈﻢ، ﻛﺎﻧﺖ ﺃﺻﻐﺮ ﻣﻦ ﺍﻟﱵ ﺗﻠﻴﻬﺎ.ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﺗﻠﻲ ﺍ ِﳉﻬﺔ ﺍﻷﻭﱃ
ﻭﻻ ﺗﺼﲑ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﺼﻐﺮﻯ، ﻭﺗﺰﺍﻳﺪﻫﺎ ﻭﺗﻌﺎﻇﻤﻬﺎ ﺇ ّﳕﺎ ﻛﺎﻥ ﲝﺮﻛﺔ ﺍﳋﻂ،ﻣﻨﻬﺎ
.ُﻋﻈﻤﻰ ﲝﺮﻛﺔ ﺍﳋﻂ ﺍﻟﺬﻱ ﳛﻮﺯﻫﺎ ﺇ ّﻻ ﺑﻌﺪ ﺃﻥ ﺗﺼﲑ ﻣﺴﺎﻭﻳﺔ ﳍﺎ
45
Sharh musādarāt Kitāb Uqlīdis, MS Oxford, Bodleian Hunt. 237, fols. 158v–159r. On retrou-
˙ ˙ cet exemple plus tard chez J. Peletier. Cf. Rommevaux, “Un débat dans les
ve d’ailleurs
mathématiques de la Renaissance”, p. 298.
24 ROSHDI RASHED
ﻭﺫﻟﻚ ﺃﻥ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺇ ّﳕﺎ ﺗﻨﻘﺴﻢ ﺇﺫﺍ ﻛﺎﻧﺖ،ﺇ ّﻥ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺇ ّﳕﺎ ﺗﻨﻘﺴﻢ ﺑﺎﻟﻌ َﺮﺽ ﻻ ﺑﺎﻟﺬﺍﺕ
ﻭﺫﻟﻚ ﺃ ّﻥ ﺍﳋﻄﲔ ﺍﶈﻴﻄﲔ ﺑﺎﻟﺰﺍﻭﻳﺔ،ﻣﺴ ّﻄﺤﺔ ﺑﺎﻧﻘﺴﺎﻡ ﺍﻟﺴﻄﺢ ﺍﻟﺬﻱ ﻫﻲ ﺻﻮﺭٌﺓ ﻓﻴﻪ
. ﺃﻋﲏ ُﻣﻜﺘﻨﻔﺎﻥ ﻟﻠﺴﻄﺢ،ﺍﳌﺴ ّﻄﺤﺔ ﳘﺎ ﳏﻴﻄﺎﻥ ﺑﺎﻟﺴﻄﺢ
L’angle se divise par accident et non par soi, puisque, s’il est plan, il se divise
par la division de la surface dans laquelle il est formé, et cela car les deux li-
gnes qui entourent l’angle plan sont celles qui contiennent la surface.47
Pour étudier toutes les espèces de l’angle – rectiligne, curviligne,
mixtiligne, de contingence – Ibn al-Haytham s’efforce de trouver
une définition qui les englobe, d’où son recours à la forme de position.
Mais sachant pertinemment que les trois dernières espèces ne sont
pas “mesurables”, et ne sont donc pas des “grandeurs” selon la
géométrie euclidienne, il a élaboré une théorie de l’angle qui lui auto-
rise certains calculs, sans passer par la théorie des grandeurs
archimédiennes, ni donc s’engager sur la nature de l’angle comme
“quantité”. Nous avons là un exemple de solution philosophique
d’un problème mathématique, lorsque les moyens mathématiques
de solution font encore défaut.
À l’aide de cette conception de l’angle, Ibn al-Haytham aborde l’an-
gle de contingence et commence par montrer qu’il n’est pas du même
genre que l’angle rectiligne. Il écrit que ces deux angles “ne sont pas de
même genre et qu’il n’y a pas de rapport entre eux”. Notons qu’il ne
46
Cf. R. Rashed, “Les premières classifications des courbes”, Physis, XLII.1 (2005): 1–64.
47
Sharh musādarāt Kitāb Uqlīdis, MS Oxford, Bodleian Hunt. 237, fol. 157v.
˙ ˙
L’ANGLE DE CONTINGENCE 25
présente pas cette non-homogénéité comme une simple constatation
ou comme un postulat, mais qu’il l’établit en montrant que les angles
de contingence forment une suite croissante d’infiniment petits, alors
que les angles rectilignes forment une suite décroissante d’infiniment
petits, et que les termes de la première sont tous inférieurs aux
termes de la seconde.
Soit l’angle rectiligne EAB = α. Par division successive en deux
moitiés, selon la définition précédente, il forme une suite d’angles
rectilignes aigus infiniment petits, soit la suite (Un )n≥1 = 2an n≥1 . Il
forme ensuite une autre suite décroissante des cercles, tous tangents
au point A à la perpendiculaire AE. Il prend pour cela sur le
demi-diamètre DA une suite de points successifs comme centres, et
trace des cercles de plus en plus petits; soit la suite des cercles
(Cn)n≥1. À partir de cette suite décroissante de cercles, il forme une
suite croissante d’angles de contingence, soit (Cn)n≥1. Il montre
enfin que, quel que soit le terme de cette suite croissante, il est plus
petit que tout élément de la suite décroissante des angles rectilignes
aigus.
En effet, soit B un point quelconque de la circonférence du cercle
ABC, la droite AB coupe tous les cercles (Cn)n≥1 et engendre une
suite décroissante d’angles rectilignes, chacun étant plus grand que
tout angle de contingence, puisque celui-ci est inclus dans celui-là,
et dans l’ordre.
Ibn al-Haytham montre ensuite que, quel que soit l’angle de contin-
gence C, il est plus petit que tout angle rectiligne α; ou, en d’autres
termes: pour tout n ∈ N, si C < α, on a nC < α.
Lue un peu trop rapidement, la démarche d’Ibn al-Haytham pour-
rait être assimilée à celle de Philopon. Il n’en est cependant rien.
Fig. 6
48
MS Téhéran, Malik 3433, folio non numéroté.
49
Voir Les mathématiques infinitésimales, vol. II, pp. 498–502.
30 ROSHDI RASHED
50
MS Istanbul, Yeni Cami, T 221/2. E. Wiedemann, “Beiträge zur Geschichte der naturwis-
senschaften. LXXI”, dans Aufsätze zur arabischen Wissenschafts-Geschichte (Hildesheim,
1970), II, pp. 644–9.
32 ROSHDI RASHED
51
Ibid., fol. 12v:
.ﻋﺎﻡ ﺑﻞ ﻫﻮ، ﺇﻥ ﻫﺬﺍ ﻏﲑ ﳐﺼﻮﺹ ﺑﺎﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﻘﺎﺋﻤﺔ ﻭﻻ ﺑﻨﺼﻔﻲ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺗﻴﻦ:ﻓﺄﻗﻮﻝ
L’ANGLE DE CONTINGENCE 33
Fig. 8
Fig. 7
Al-Shīrāzī montre ainsi qu’un angle curviligne est égal aussi bien à
un angle droit qu’à un angle rectiligne non droit, et que la superposi-
tion n’est pas une condition nécessaire pour établir l’égalité des angles
et, plus généralement, des figures géométriques; ou, comme il écrit:
“les deux grandeurs peuvent être égales alors que la superposition
est écartée.”52
Al-Shīrāzī tire une première conséquence de ce résultat: l’égalité
entre grandeurs ne dépend pas de l’égalité de leurs positions respec-
tives. Conséquence immédiate de la précédente: l’angle ne peut pas
relever de la catégorie de la position – ce qui incite al-Shīrāzī à
reprendre sa définition. L’angle ne relève pas non plus de la catégorie
de la quantité puisqu’il ne vérifie ni la définition V.4 ni la proposition
X.1 des Éléments, mais il ne relève pas non plus de la catégorie de la
relation. Après ces trois négations – et probablement sous l’influence
d’Avicenne – al-Shīrāzī propose de définir l’angle comme une configu-
ration (hayʾa) qui se forme pour la grandeur auprès de l’un de ses points
ou de l’une de ses lignes en tant que cette grandeur a une ou plusieurs
limites jointes en ce point ou en cette ligne sans se prolonger. Tout indi-
que que cette définition a inspiré l’élève d’al-Shīrāzī, Kamāl al-Dīn
al-Fārisī, comme on le verra plus loin.
Pour répondre à la seconde question, celle de la similitude,
al-Shīrāzī revient à l’examen des Éléments d’Euclide qu’effectue
Ibn al-Haytham dans ses deux livres: la Solution des doutes et
l’Explication des postulats du livre d’Euclide. Au cours de cet
examen, Ibn al-Haytham montre en effet que la similitude entre
deux grandeurs n’est pas une condition nécessaire (elle est
52
Ibid., fol. 4v:
.ﺍﻟﺘﻄﺒﻴﻖ ﻭﳍﺬﺍ ﻗﺪ ﻳﺘﺴﺎﻭﻯ ﺍﳌﻘﺪﺍﺭﺍﻥ ﻣﻊ ﺍﻣﺘﻨﺎﻉ
34 ROSHDI RASHED
Les deux angles ne sont pas d’un même genre et n’ont pas un rapport entre
eux, j’entends le rectiligne et celui formé par une droite et un arc. Si cet angle
se divise par des lignes arquées, il n’est pas possible qu’il se divise en deux
moitiés ou selon un rapport connu, puisque les parties de chacun de ces
angles ne sont pas d’un même genre, étant donné que les unes sont recti-
lignes et les autres curvilignes. Or, puisque les circonférences des cercles
différents ne se superposent pas, et qu’il n’y a pas de superposition entre
une partie de la circonférence de l’un des cercles et une partie de la
circonférence d’un autre cercle qui ne lui est pas égal, que les deux arcs soient
semblables ou qu’ils ne soient pas semblables, il n’y a donc pas entre les
angles de contingence formés à partir des cercles différents égalité et
proportionnalité.53
53
Ibid., fol. 15v.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 35
Al-Shīrāzī rapporte en outre une démonstration de la non-
homogénéité proposée par son maître al-Tūsī,54 ainsi qu’une critique
˙
de ce dernier des expressions d’Euclide concernant l’angle. La démons-
tration est “formelle” et combine les propositions I.9, I.16 et X.1 des
Éléments. Pour établir que l’angle de contingence et l’angle rectiligne
aigu ne sont pas du même genre, al-Tūsī procède par réduction à
l’absurde: ˙
Supposons en effet que les deux angles sont du même genre et sup-
posons que les propositions d’Euclide sont toutes les trois vraies.
L’angle rectiligne ou bien n’est pas divisible en deux parties égales
indéfiniment, ou bien il l’est. S’il ne l’est pas, alors on contredit I.9
(couper un angle rectiligne donné en deux parties égales). S’il l’est,
on a encore l’alternative suivante: ou bien au terme de la division infi-
nie on aboutit à un angle rectiligne plus petit que l’angle de contin-
gence, ce qui contredit III.16; ou bien on n’y aboutit pas, ce qui
contredit X.1, puisqu’on a supposé que les deux grandeurs sont
homogènes. De tout cela on conclut que les deux angles ne sont pas
homogènes.
Quant à la critique, elle porte sur l’usage – dans III.16 – de “plus
petit” et “plus grand” pour les angles qui ne sont pas des grandeurs
auxquelles s’appliquent ces termes, sans que soit explicitement
proposé un sens de “plus petit” et “plus grand” qui soit approprié
aux angles. L’usage que fait Euclide de ces expressions est
“impropre”.55
54
Ibid., fol. 16r.
55
“Quant au propos d’Euclide et d’autres mathématiciens, ‘nous divisons un angle rectiligne’
et à leur propos selon lequel ‘l’angle entouré par un arc de cercle et la droite qui lui est tan-
gente est plus petit que tout angle aigu rectiligne, et celui qui est entouré par l’arc de cercle
et son diamètre est plus grand que tout angle aigu rectiligne’, et autres semblables à cela,
alors que la division n’est que pour les grandeurs et non pas pour les positions, et que la peti-
tesse et la grandeur ne sont qu’entre les grandeurs homogènes entre lesquelles il y a un rap-
port, ceci est une exagération dans l’expression. Or ce qu’on entend par la division de l’angle,
c’est mener en lui une ligne, ou des lignes d’inclinaison égale; et ce qu’on entend par petit et
grand pour les angles mentionnés, c’est que le petit tombe à l’intérieur de ce qu’ils appellent
grand, et non pas le petit et le grand qui sont entre les grandeurs, lesquelles ont un rapport
les unes aux autres” (fols. 18v–19r).
ﻭﻗﻮﳍﻢ ﺇﻥ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﳛﻴﻂ ﺑﻬﺎ، ”ﻧﻘﺴﻢ ﺯﺍﻭﻳﺔ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ:ﻓﺄﻣﺎ ﻗﻮﻝ ﺃﻗﻠﻴﺪﺱ ﻭﻏﲑﻩ ﻣﻦ ﺍﻟﺮﻳﺎﺿﻴﲔ
ﻭﺇﻥ ﺍﻟﱵ ﳛﻴﻂ ﺑﻬﺎ ﻗﻮﺱ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ،ﻗﻮﺱ ﺍﻟﺪﺍﺋﺮﺓ ﻭﺍﳋﻂ ﺍﳌﻤﺎﺱ ﳍﺎ ﺃﺻﻐﺮ ﻣﻦ ﻛﻞ ﺣﺎﺩﺓ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ
ﻣﻊ ﺃﻥ ﺍﻟﻘﺴﻤﺔ ﺇﳕﺎ ﺗﻜﻮﻥ ﰲ ﺍﳌﻘﺎﺩﻳﺮ ﻻ،ﻭﻗﻄﺮﻫﺎ ﺃﻋﻈﻢ ﻣﻦ ﻛﻞ ﺣﺎﺩﺓ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ“؛ ﻭﻣﺎ ﺃﺷﺒﻪ ﺫﻟﻚ
. ﻓﻬﻮ ﲡﻮﺯ ﻣﻨﻬﻢ ﰲ ﺍﻟﻠﻔﻆ، ﻭﺍﻟﺼﻐﺮ ﻭﺍﻟﻌﻈﻢ ﺇﳕﺎ ﺗﻜﻮﻥ ﺑﻴﻦ ﺍﳌﻘﺎﺩﻳﺮ ﺍﳌﺘﺠﺎﻧﺴﺔ ﺍﻟﱵ ﺑﻴﻨﻬﺎ ﻧﺴﺒﺔ،ﰲ ﺍﻷﻭﺿﺎﻉ
ﻭﺍﳌﺮﺍﺩ ﺑﺎﻟﺼﻐﺮ ﻭﺍﻟﻌﻈﻢ ﰲ ﺍﻟﺰﻭﺍﻳﺎ،ﻭﺍﳌﺮﺍﺩ ﺑﻘﺴﻤﺔ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺇﺧﺮﺍﺝ ﺧﻂ ﺃﻭ ﺧﻄﻮﻁ ﺍﻻﳓﺮﺍﻓﺎﺕ ﳍﺎ ﻣﺘﺴﺎﻭﻳﺔ
36 ROSHDI RASHED
ﻻ ﺍﻟﺼﻐﺮ ﻭﺍﻟﻌﻈﻢ ﺍﻟﺬﻱ ﻳﻜﻮﻥ ﺑﻴﻦ ﺍﳌﻘﺎﺩﻳﺮ،ﺍﳌﺬﻛﻮﺭﺓ ﻭﻗﻮﻉ ﺍﻟﱵ ﻳﺴﻤﻮﻧﻬﺎ ﺃﺻﻐﺮ ﺩﺍﺧﻞ ﺍﻟﱵ ﻳﺴﻤﻮﻧﻬﺎ ﺃﻋﻈﻢ
.ﻧﺴﺒﺔ ﺍﻟﱵ ﻟﺒﻌﻀﻬﺎ ﺇﱃ ﺑﻌﺾ
L’ANGLE DE CONTINGENCE 37
de celle d’Avicenne. Élève d’al-Shīrāzī, al-Fārisī se réfère souvent
dans ses écrits au maître de son maître: Nasīr al-Dīn al-Tūsī.
˙
Le traité d’al-Fārisī se compose de deux parties; ˙ première,
dans la
al-Fārisī transcrit le traité d’Avicenne, l’écrit d’Ibn al-Haytham qui
figure dans la Solution des doutes, l’épître d’al-Samawʾal, qu’il
commente, et annonce qu’il ajoute un texte du mathématicien Ibn
al-Sarī. La seconde partie est constituée de son propre traité sur l’an-
gle. Tout se passe donc comme si al-Fārisī voulait présenter à son
lecteur les matériaux à partir desquels il a élaboré sa propre synthèse.
Son traité s’ouvre, comme il se doit, sur la définition de l’angle (il y
reviendra plus d’une fois). Il part de la propriété sur laquelle s’accordent
tous les géomètres: la divisibilité de l’angle. Mais, conscient des
difficultés qui se présentent, il opte pour la distinction déjà opérée par
Ibn al-Haytham, mais aussi par Avicenne, entre la divisibilité “par
soi” et la divisibilité “par accident”, celle dont relève l’angle. C’est la
divisibilité de la surface contenue par les deux lignes qui se rencontrent
en un point – sans être dans le prolongement l’une de l’autre – et qui for-
ment l’angle. Cette divisibilité est selon une seule dimension: la lon-
gueur. L’angle n’est donc pas une quantité, puisqu’il n’est pas divisible
“par soi”. Il n’est pas non plus une relation, puisqu’il est divisible “par
accident”. Trois notions semblent donc nécessaires à la définition de
l’angle: deux lignes qui se rencontrent en un point; la position de ces
deux lignes l’une par rapport à l’autre dans la surface; la configuration
spatiale (hayʾa) formée par les deux lignes et la position. Al-Fārisī écrit:
ﳌﺎ ﻛﺎﻧﺖ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﻫﻴﺌﺔ ﺍﳓﺪﺍﺑﻴﺔ ﺣﺎﻟﺔ ﰲ ﺳﻄﺢ ﻣﺘﺤﺪﺩ ﲞﻄﲔ ﻣﺘﺼﻠﲔ ﻣﻦ ﻏﲑ ﺃﻥ
ﺃﻋﲏ، ﻭﻛﺎﻧﺖ ﺑﺘﺤﺪﺩﻫﺎ ﻏﲑ ﻣﻘﺘﻀﻴﺔ ﻟﺘﻨﺎﻫﻲ ﺍﻟﺴﻄﺢ ﻃﻮ ًﻻ، ﻣﻨﻘﺴﻤﺔ، ﻣﺘﺤﺪﺩﺓ،ﻳﺘﺤﺪﺍ
ﺃﻋﲏ ﰲ ﺍﻻﻣﺘﺪﺍﺩ ﺍﳌﻘﺎﻃﻊ، ﻭﻣﻘﺘﻀﻴﺔ ﻟﺘﻨﺎﻫﻴﺔ ﻋﺮ ًﺿﺎ،ﰲ ﺍﳉﻬﺔ ﺍﻟﱵ ﻓﻴﻬﺎ ﳝﺘﺪ ﺧﻄﺎﻫﺎ
ﳍﻤﺎ؛ ﻭﳏﻘﻖ ﺃﻧﻬﺎ ﻻ ﺗﻨﻘﺴﻢ ﺇﻻ ﲞﻂ ﳜﺮﺝ ﻣﻦ ﻧﻘﻄﺔ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﻭﻳﻘﻄﻊ ﺍﻻﻣﺘﺪﺍﺩ ﺍﳌﻌﱰﺽ
. ﻓﺮﺃﻭﺍ ﺗﻘﺪﻳﺮﻫﺎ ﺣﺴﺐ ﺗﻘﺪﻳﺮ ﺍﻟﺴﻄﺢ ﺍﻟﺬﻱ ﻫﻮ ﳏﻠﻬﺎ،ﻓﻴﻤﺎ ﺑﻴﻦ ﺿﻠﻌﻴﻬﺎ
Puisque l’angle est une configuration convexe qui a lieu dans une surface
limitée par des lignes qui se rencontrent sans se confondre, qu’il est limité,
divisible, et n’exige pas par sa limitation la finitude de la surface en lon-
gueur, c’est-à-dire dans la direction selon laquelle ces deux lignes se prolon-
gent, mais exige sa finitude en largeur, c’est-à-dire dans l’étendue qui les
sépare (littéralement: qui les coupe), qu’il est avéré qu’il ne se divise que
par une ligne menée de son point (son sommet) et qui coupe l’étendue qui
se situe entre ses deux côtés, ils (les géomètres) ont pensé le mesurer suivant
la mesure de la surface qui est en son lieu.56
56
MS Téhéran, Majlis Shūrā, fols. 93–94.
38 ROSHDI RASHED
57
Risāla fī al-zāwiya, MS Aya Sofia 4829, fol. 50r.
L’ANGLE DE CONTINGENCE 39
angles, et que, d’autre part, la définition euclidienne du rapport ne con-
vient pas aux grandeurs non homogènes, et notamment à l’angle de con-
tingence. Il lui faut donc aménager un ensemble de notions qui lui
permettent de traiter les questions évoquées en contournant la
définition euclidienne. Or c’est précisément ce qu’il va entreprendre.
Al-Fārisī commence par observer que la définition euclidienne du
rapport entre les grandeurs homogènes, celles qui excèdent les unes
les autres par duplication continue, ne s’applique pas aux angles.
Cette définition doit en effet vérifier deux conditions: les grandeurs
doivent admettre la duplication continue et d’autre part accepter
que l’une excède l’autre par duplication; sinon elles ne seront pas
homogènes, comme l’angle de contingence et l’angle rectiligne aigu
(ne respectent pas la première condition), et la ligne et la surface
(seconde condition). Quant aux surfaces, pour qu’il y ait un rapport
entre elles, il faut qu’elles soient limitées et finies de tous les côtés.
Les angles ne peuvent donc pas avoir de rapport euclidien en ce
sens. Al-Fārisī va alors introduire plusieurs notions nouvelles, dont
certaines lui sont suggérées par l’algèbre, sur laquelle il a composé
un livre substantiel.58
Il définit d’abord ce qu’il appelle rapport “conventionnel”
(istilāhiyya), c’est-à-dire rapport établi par convention entre les
˙ ˙ ˙ C’est le rapport entre les arcs des cercles dont les centres
angles.
sont les sommets des angles. Ce rapport n’est ni “par soi”, puisqu’il
ne relie pas deux quantités, ni “par accident”, puisque les “lieux” –
les régions des surfaces déterminées par les configurations – ne se
superposent pas.
La perspective qui est la sienne dans ce traité est de se placer dans
le cercle pour pouvoir comparer les angles rectilignes, considérés
comme sections du cercle, entre eux et avec certains angles curvi-
lignes et d’autres angles mixtilignes, comme l’angle de contingence.
Pour ce dernier, même si une de ses parties se superpose à un
angle droit, il n’y a pas de rapport entre les deux. En effet, et c’est
une conséquence de la proposition V.8 des Éléments rappelée par
al-Fārisī, une partie d’une grandeur est de même genre que celle-ci.
Or tel n’est pas le cas pour l’angle de contingence et l’angle droit: l’an-
gle de contingence n’est angle que par métaphore. C’est la conclusion
d’al-Fārisī.
Qu’en est-il du rapport conventionnel entre les angles rectilignes
aigus? La question est vite réglée, puisque la comparaison est entre
cordes, c’est-à-dire entre segments de droite.
Cette définition du rapport conventionnel permet à al-Fārisī de
montrer comment mesurer l’angle rectiligne. Peut-elle opérer plus
58
Voir R. Rashed, “Kamāl al-Dīn al-Fārisī ”, Dictionary of Scientific Biography, vol. 7
(New York, 1973), pp. 212–19.
40 ROSHDI RASHED
L’angle rectiligne est une section <du cercle > , son rapport au cercle tout
entier, c’est-à-dire à tout quatre <angles> droits, est égal à un certain rapport
aux quatre droits, et égal au rapport de l’arc de la section à la circonférence.
L’arc est la grandeur de l’angle. Mais, puisque les deux côtés sont droits, donc
de quelque grandeur nous supposons l’arc tracé à leurs deux extrémités, on a
le même rapport des arcs tracés à leur cercle, étant donné que les arcs sont
semblables. Cet angle est donc une grandeur déterminée. Il en est de
même si ses côtés (de l’angle) sont des arcs de deux cercles égaux, et que
les convexités de ces arcs sont dans une même direction – nous les
appelons lunules. Il en est de même pour les deux parties des circonférences
des deux sections qui se coupent en deux points homologues à la manière
des lunules. Mais si l’un des côtés (de l’angle) n’est pas homogène à l’autre,
c’est-à-dire que l’un ne se superpose pas à l’autre, comme l’angle de contin-
gence, alors l’arc tracé aux extrémités des deux côtés n’est pas semblable à
l’autre, que les côtés deviennent plus grands ou plus petits. Il en est de
même si <l’un des deux côtés> est homogène à l’autre, alors que leurs
convexités ou leurs concavités sont opposées. Les angles dont les arcs
interceptés sont semblables, quelle que soit la grandeur supposée de leurs
L’ANGLE DE CONTINGENCE 41
côtés, ont donc des grandeurs homogènes, et ceux qui ne sont pas ainsi n’ont
pas de grandeurs déterminées et ne sont pas homogènes. Appelons les pre-
miers ceux qui ont des grandeurs fixées, et les seconds ceux qui ont des gran-
deurs indéterminées.59
59
MS Téhéran, Majlis Shūrā, fol. 96.
60
Comparer avec la discussion entre Hobbes et Wallis. Cf. Maierù, “John Wallis: Lettura della
polemica”, pp. 339–41; et Loget, “Wallis entre Hobbes et Newton”, pp. 227 sqq.
42 ROSHDI RASHED
Fig. 9
Fig. 10
61
MS Téhéran, Majlis Shūrā, fol. 99:
ﻭﻳﻜﻮﻥ ﻭﺳﺎﺋﻂ ﻋﺪﺩﻳﺔ،ﻭﺍﺯﺩﻳﺎﺩ ﺍﻷﺷﻴﺎﺀ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﺘﺪﺭﻳﺞ ﻳﻮﺟﺐ ﺻﲑﻭﺭﺗﻬﺎ ﻣﺘﺴﺎﻭﻳﺔ ﳉﻤﻴﻊ ﺍﳌﻘﺎﺩﻳﺮ ﺍﻟﱵ ﲡﺎﻧﺴﻬﺎ
.ﺑﻴﻦ ﻣﻘﺪﺍﺭﻳﻬﺎ ﰲ ﺍﺑﺘﺪﺍﺀ ﺍﳊﺮﻛﺔ ﻭﺍﻧﺘﻬﺎﺋﻬﺎ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﱰﺗﻴﺐ ﺍﻟﻄﺒﻴﻌﻲ
44 ROSHDI RASHED
ﻭﻳﺒﻴﻦ ﻛﻞ ﻭﺍﺣﺪ ﻣﻨﻬﺎ ﻋﻠﻰ ﻋﺪﻡ ﺟﻮﺍﺯ ﻭﻗﻮﻉ،ﰲ ﻫﺬﺍ ﺍﳌﻘﺎﻡ ﺗﺮﺩ ﺛﻼﺙ ﺇﺷﻜﺎﻻﺕ
.ﺍﳋﻂ ﺍﳌﺴﺘﻘﻴﻢ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﻌﻤﻮﺩ ﺍﳌﺨﺮﺝ ﻋﻠﻰ ﻃﺮﻑ ﺍﻟﻘﻄﺮ ﻭﺍﶈﻴﻂ
ﻭﺣﺮﻛﻨﺎ ﺧﻂ ﺩ ﺍ، ﺃﻋﲏ ﻃﺮﻑ ﺩ، ﺃﻧﺎ ﺇﺫﺍ ﺃﺛﺒﺘﻨﺎ ﻃﺮﻑ ﺧﻂ ﺩ ﺯ:ﻭﺍﻹﺷﻜﺎﻝ ﺍﻟﺜﺎﻟﺚ
، ﻓﺘﻜﻮﻥ ﺯﺍﻭﻳﺔ ﺍ ﺩ ﻩ ﺍﳊﺎﺩﺓ ﺃﻋﻈﻢ ﻣﻦ ﻗﺎﺋﻤﺔ ﺯ ﺩ ﻩ ﺑﺎﻟﻄﻔﺮﺓ،ﺣﱴ ﻳﻘﻊ ﰲ ﺧﺎﺭﺝ ﺩ ﺯ
ﻳﻠﺰﻡ ﻭﻗﻮﻉ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﺴﺘﻘﻴﻢ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﻌﻤﻮﺩ،ﻷﻧﻪ ﻟﻮ ﲢﻘﻖ ﺍﻷﻋﻈﻤﻴﺔ ﺑﻘﻄﻊ ﲨﻴﻊ ﺍﳌﺴﺎﻓﺔ
ﻭﻷﺟﻞ ﺃﻧﻪ ﻳﻠﺰﻡ ﺃﻥ ﻳﻜﻮﻥ ﺍﻷﺻﻐﺮ ﺃﻋﻈﻢ ﻣﻦ ﺍﻷﻋﻈﻢ. ﻭﺍﻟﻄﻔﺮﺓ ﻏﲑ ﻣﻌﻘﻮﻟﺔ،ﻭﺍﶈﻴﻂ
.ﻣﻦ ﻏﲑ ﺃﻥ ﻳﺼﻞ ﺇﱃ ﺍﻷﻋﻈﻢ؛ ﻭﻫﺬﺍ ﻏﲑ ﻣﻌﻘﻮﻝ
62
MS Hyderabad, Jāmi‘a Osmāniyya 510, fol. 37.
46 ROSHDI RASHED
Fig. 11
ﺇﺫﺍ ﻓﺮﺽ ﲢﺮﻙ ﺍﻟﻘﻄﺮ ﺍﳌﺬﻛﻮﺭ ﻣﻊ ﺛﺒﺎﺕ ﻧﻘﻄﺔ ﲤﺎﺱ ﻣﻊ ﺍﶈﻴﻂ ﺇﱃ ﺧﻼﻑ ﺟﻬﺔ
ﻭﻻ ﻳﻮﺟﺪ ﻟﻪ ﰲ ﺍﻟﻮﺟﻮﺩ ﺩﺍﻓﻊ، ﺑﻞ ﻭﺍﻗﻊ، ﻭﻻ ﺷﻚ ﺃﻧﻪ ﻓﺮﺽ ﺃﻣﺮ ﳑﻜﻦ،ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ
ﻭﱂ ﻳﻘﻊ ﳍﺎ، ﻳﻠﺰﻡ ﺍﻟﻄﻔﺮﺓ ﺍﻟﱵ ﲢﻜﻢ ﻋﻠﻴﻬﺎ ﺍﻟﺒﺪﻳﻬﺔ ﺑﺎﻟﺒﻄﻼﻥ ﻭﺍﻟﻌﺪﻡ،ﻭﻻ ﻣﺎﻧﻊ
.ﺑﺘﺼﻮﺭ ﰲ ﻃﺮﻳﻖ ﺍﻟﻮﺍﻗﻊ ﺃﺛﺮ ﺭﺟﻞ ﻭﻻ ﳑﺶ ﻗﺪﻡ
ﻓﻼ ﳏﺎﻟﺔ ﺗﻮﻫﻢ ﺑﻴﻦ ﻭﺿﻌﻪ ﺍﻷﻭﻝ، ﺍﻟﻠﺰﻭﻡ ﺃﻧﻪ ﻛﻠﻤﺎ ﲢﺮﻙ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﺬﻛﻮﺭ:ﺑﻴﺎﻧﻪ
ﻭﻣﻮﺿﻌﻪ ﺍﻟﺜﺎﱐ ﺯﺍﻭﻳﺔ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ ﻣﻀﺎﻓﺔ ﺇﱃ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﻛﺎﻧﺖ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﻘﻄﺮ
ﻭﺍﶈﻴﻂ؛ ﻭﻗﻠﻨﺎ ﺇﻧﻬﺎ ﺃﺻﻐﺮ ﻣﻦ ﺍﻟﻘﺎﺋﻤﺔ ﺑﻘﺪﺭ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﻟﱵ ﺑﻴﻦ ﺍﳋﻂ ﺍﳌﻤﺎﺱ ﻭﺍﶈﻴﻂ
ﻭﻻ ﳝﻜﻦ ﺑﺎﻟﱪﻫﺎﻥ ﺍﳌﺬﻛﻮﺭ ﺃﻥ.ﺍﻟﱵ ﻻ ﻳﻮﺟﺪ ﻣﺜﻠﻬﺎ ﺣﺎﺩﺓ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ
، ﺑﻞ ﺃﻋﻈﻢ ﻣﻨﻬﺎ ﻷﻧﻬﺎ ﻣﺴﺘﻘﻴﻤﺔ ﺍﳋﻄﲔ،ﺗﻜﻮﻥ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﳌﺘﻮﳘﺔ ﺑﻘﺪﺭ ﺗﻠﻚ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ
ﻓﻴﻠﺰﻡ ﻣﻦ ﺇﺿﺎﻓﺘﻬﺎ ﺇﱃ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﳌﺬﻛﻮﺭﺓ ﺃﻥ ﺗﺼﲑ ﺗﻠﻚ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺃﻋﻈﻢ ﻣﻦ ﺍﻟﻘﺎﺋﻤﺔ
ﻷﻥ ﻭﺻﻮﳍﺎ،ﻣﻊ ﺃﻧﻬﺎ ﻛﺎﻧﺖ ﺃﻧﻘﺺ ﻋﻨﻬﺎ ﺑﺪﻭﻥ ﺃﻥ ﺗﺼﻞ ﻓﻴﻤﺎ ﺑﻴﻦ ﺇﱃ ﺍﻟﻘﺎﺋﻤﺔ
. ﻭﻫﻮ ﳏﺎﻝ،ﺇﻟﻴﻬﺎ ﻣﻮﻗﻮﻑ ﻋﻠﻰ ﺃﻥ ﻳﻀﺎﻑ ﺇﱃ ﺍﻟﺰﺍﻭﻳﺔ ﺍﳌﺬﻛﻮﺭﺓ ﺍﻟﻘﺪﺭ ﺍﳌﺬﻛﻮﺭ
63
Al-Zāwiya al-hādda, MS Qum 6356, fol. 66v.
˙
48 ROSHDI RASHED
Fig. 12
CONCLUSION
64
Voir R. Rashed, Les mathématiques infinitésimales du IXe au XIe siècle, vol. III: Ibn
al-Haytham. Théorie des coniques, constructions géométriques et géométrie pratique
(Londres, 2000); et Geometry and Dioptrics in Classical Islam (Londres, 2005).
65
Voir Les mathématiques infinitésimales, vol. II.
66
Voir Rashed, “Les premières classifications des courbes”.