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Contentieux des autorisations

d’urbanisme
Etude des Editions législatives

PRESENTATION

1 Spécialité du contentieux des autorisations d’urbanisme

Contentieux des autorisations d’urbanisme = permis de construire, démolir, aménager,


décisions prises sur déclaration préalable.

Déroge aux règles générales de procédure : livre spécial dans le code de l’urba (L600-1 et suiv)

Contentieux en trois formes de litige (chronologique par ailleurs) :


 Litige administratif (lié à l’existence d’un projet à réaliser)
 Litige pénal (sanctionne la méconnaissance des règles)
 Litige civil (les victimes directes des illégalités peuvent obtenir réparation.

2 Réforme du contentieux des autorisations d’urbanisme

Ordonnance n° 2013-638 du 18 juillet 2013 et décret d’application n° 2013-879 du 1/10/2013.

Objectif de rationalisation & accélération à toutes les phases du procès administratif :


 Introduction du recours : intérêt à agir dérogatoire ;
 Déroulement de l’instance : Possibilité de limiter le nombre de moyens et d’admettre
comme recevables des conclusions reconventionnelles de type indemnitaire ;
 Fin de l’instance : le juge peut permettre la régularisation de l’acte en cours d’instance ;
suppression de certains appel ; enregistrement obligatoire des transactions.
PARTIE 1 : CONTENTIEUX ADMINISTRATIF

3 Etendue du contentieux administratif

 Contentieux de l’excès de pouvoir (annulation) ;


 Contentieux indemnitaire (plein contentieux) ;
 Contentieux de l’urgence (très important en urbanisme)

4 Limites de compétence du juge administratif

En matière de permis de construire, les autorisations de construire sont délivrées sous réserve
du droit des tiers : règle qui rend inopérants tous moyens ayant trait à des questions de droit
privé.

1° Questions préjudicielles

Le juge administratif peut poser une question préjudicielle au juge judiciaire dès lors que la
question présente un caractère sérieux et de droit privé. Le juge sursoit à statuer.

Le juge administratif demeure compétent pour interpréter les actes de droit privé.

2° Voie de fait
La compétence administrative cesse lorsque commence la voie de fait :
 Quand l’administration a procédé à l’exécution forcée d’une décision (même régulière)
dans des conditions irrégulières portant une atteinte à une liberté individuelle ou
aboutissant à l’extinction du droit de propriété ;
 Quand l’administration a pris une décision qui produit l’un de ces effets à la condition
que cette décision n’est pas susceptible d’être rattachée à un pouvoir appartenant à
l’autorité administrative.

T. Confl 17 juin 2013 : Restreint la possibilité de constater une voie de fait : les atteintes au
droit de propriété ne constituent des voies de fait que lorsqu’elles aboutissent à une extinction
pure et simple du droit.

TITRE 1 : Contentieux de l’annulation


Chapitre 1 : Introduction de l’instance
5 Spécificité de la répartition de compétence au sein de la justice administrative

1° Suppression temporaire de l’appel en zone tendue pour les recours susceptibles de


retarder la construction du logement
Suppression de l’appel pour les actions introduites entre 2013 et 2018 contre certaines
autorisations d’urbanisme (dans des communes souffrant d’un déficit de logement)
 Zones concernées : listées en annexe du décret n° 2013-392 ;
 Recours concernés : Voir R. 811-1-1 ;
 Opérations concernées : Bâtiment à usage d’habitation.

2° Possibilité d’interjeter appel des jugements portant sur les déclarations préalables
et rendus depuis le 1er janvier 2014
Avant non : voir ancien article R. 811-1.

3° Compétence de premier et dernier ressort des cours d’appel


Les CAA sont compétentes en premier ressort pour les litiges relatifs au permis de construire
tenant lieu d’autorisation d’exploitation commerciale (L. 600-10 Urb)

4° Contentieux des ouvrages de production & transport d’énergie renouvelable en mer


CAA Nantes en premier et dernier ressort (R. 311-4 CJA)

6 Effet de l’introduction du recours : la suspension du délai de validité de l’autorisation

Recours devant la juridiction adm -> délai de validité de l’autorisation suspendu jusqu’au
prononcé de la décision juridictionnelle irrévocable.
De même pour :
 recours devant juridiction civile sous L. 480-13 ;
 recours contre une décision prise pour une autorisation ou enregistrement ICPE
La suspension intervient dès la notification du recours au pétitionnaire jusqu’à la date de la
notification de la décision juridictionnelle irrévocable à ce même pétitionnaire.

7 Caducité d’office de l’instance : Loi Egalité & citoyenneté du 27 /01/2017


Spécificité du contentieux de l’urbanisme.
La requête introductive d’instance est caduque lorsque, sans motif légitime, le demandeur ne
produit pas les pièces nécessaires au jugement de l’affaire dans un délai de 3 mois à compter
du dépôt de la requête ou le délai imparti par le juge.

Section 1 Intérêt à agir du requérant


8 Réforme des règles relatives à l’intérêt à agir (ordonnance 19 juillet 2013)
Les nouvelles règles de 2013 ne s'appliquent pas au recours :
- exercés à l'encontre des décisions prises sur déclaration préalable ;
- engagés par l'État, les collectivités territoriales ou leurs groupements ;
- engagés par les associations ;
- engagés contre les permis délivrés avant le 19 août 2013.
Ceux-ci restent subordonnés à l'existence d'un intérêt à agir tel que défini par la jurisprudence

9 Régularisation du défaut d’intérêt à agir


Le juge n’est pas tenu de rouvrir l’instruction si les éléments justifiant de l’intérêt à agir sont
produits après clôture, sauf si le requérant n’était pas en mesure de le faire avant.

10 Intérêt à agir spécifique et limité à l’ordre des architectes


But : Assurer le respect de l’obligation de recourir à un architecte (voir 26 loi 3 janvier 1977)

Sous-section 1 : Recours engagés contre les autorisations délivrées à compter du 19


août 2013 (hors exception – voir 8)

§1 Intérêt à agir contre un permis de construire, de démolir ou d’aménager


11 Définition légale de l’intérêt à agir
L’autorisation doit être de nature à affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance du bien que la personne détient ou occupe régulièrement
ou pour lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail ou d'un contrat de vente
d'immeuble à construire.
12 Régime particulier de l’intérêt à agir pour les permis valant autorisation
d’exploitation commerciale
En résumé, les professionnels disposent d’un intérêt à agir spécifique : sur le fonds, ils ne
peuvent invoquer que des moyens d’annulation relatif au permis en tant qu’il tient lieu
d’autorisation d’exploiter, à l’exclusion de ceux qui ne concernent que l’autorisation de
construire. (voir étude Urbanisme commercial (régime Pinel)

13 Date d’appréciation de l’intérêt à agir


Sauf à justifier de circonstances particulières, s’apprécie à la date d’affichage en mairie de la
demande du pétitionnaire.

I Régime général de l’appréciation de l’intérêt à agir


14 Caractérisation et consistance de l’intérêt à agir
L’auteur du recours doit faire état de tous éléments suffisamment précis et étayés de nature à
établir que cette atteinte est susceptible d'affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance de son bien. Si le juge peut écarter les allégations insuffisamment
étayées, il ne peut exiger la preuve du caractère certain des atteintes qu'il invoque.

Si l’intérêt n’est pas suffisamment démontré, le juge administratif peut rejeter la requête par
ordonnance, comme manifestement irrecevable.

15 Incidence directe du projet sur les conditions d’occupation ou de jouissance du bien


Doit être démontrée.

16 Notion d’occupation régulière


L’hébergement précaire du requérant peut conduire à l’irrecevabilité du recours.
Pour un concubin, stable et ancien, le recours peut être recevable.

17 Appréciation de l’intérêt à agir contre un permis de construire modificatif


Si le permis initial n’a pas été contesté par le requérant, il doit justifier de son intérêt au regard
des modifications.

II Régime particulier : le cas du voisin immédiat


18 Intérêt à agir présumé du voisin immédiat
Lorsqu’il fait état d’éléments relatifs à la nature, l’importance ou la localisation du projet.
Différence entre :
- Les voisins immédiats (CE 13 avr 2016 n° 389802 : ne se limite pas aux voisins
contigus1); preuve de l’intérêt à agir allégée ;
- Les voisins éloignés : même rigueur que les autres (L. 600-1-2)

19 Intérêt à agir du voisin immédiat propriétaire d’un terrain nu


Doit démontrer que la construction est de nature à affecter directement les conditions de
jouissance de son bien (CE 28 avril 2017 n° 393801)

§2 Intérêt à agir contre une décision rendue sur déclaration préalable


20 Exclusion du champ de la définition légale de l’intérêt à agir
En raison de la faible ampleur de leurs enjeux. Le régime continue de relever des règles
jurisprudentielles acquises (voir 21 et suivant).

1Exemple : un propriétaire éloigné d'environ 1 km d'un immeuble haut de 34 mètres ne peut être regardé comme placé dans
son voisinage immédiat. Il doit justifier des atteintes prévues par l'articleL. 600-1-2 du code de l'urbanisme (CAA Douai,
1re ch., 1er juin 2017, n° 15DA01923).
Sous-Section 2 Recours engagé contre les autorisations délivrées avant le 19/08/2013
(et exceptions – voir 8)
21 Date d’appréciation de l’intérêt à agir
Au jour de l’introduction de la requête mais peut faire l’objet d’une régularisation en cours
d’instance.

22 L’intérêt à agir ne se perd pas en cours d’instance


(Exemple : le voisin a qui le bailleur a donné congé en cours d’instance)

§1 Intérêt à agir à l’encontre d’un refus d’autorisation


23 Personne pouvant contester une décision de refus
Auteur de la demande, propriétaire du terrain d’assiette, usufruitier, constructeur, auteur de
la promesse de vente sous condition de la délivrance du permis, notaire dont la responsabilité
peut être recherché, bénéficiaire du permis de construire.

24 Défaut d’intérêt à agir contre une décision de refus


Tous ceux qui n’y ont pas un intérêt personnel.

§2 Intérêt à agir contre les permis de construire et autres autorisation d’urbanisme


25 Intérêt à agir du propriétaire du terrain d’assiette du projet
Et du propriétaire indivis, du copropriétaire, le propriétaire exproprié pour la construction
autorisée, …

I Intérêt à agir du voisin


26 Qualité reconnue à une personne physique ou à une personne morale

27 Condition d’appréciation de la qualité de voisin


Proximité du terrain d’assiette de la construction (et non de la construction elle-même).
S’apprécie en fonction de la distance, de la configuration des lieux et de l’importance de la
construction projetée.
Le critère de la visibilité est un indice, mais uniquement un indice, sauf pour les éoliennes ou
est obligatoire.

28 Qualité de voisin indépendante du titre d’occupation


Seul l’occupant sans titre ne peut justifier d’un intérêt légitime à attaquer un permis de
construire.

29 Cas de l’entreprise voisine concurrente : l’exigence d’un intérêt fondé sur les
considérations urbanistiques
Un intérêt purement commercial ne peut être retenu.

30 Cas dans lesquels l’intérêt à agir d’un voisin n’est pas reconnu (exemples)

II Intérêt à agir des personnes publiques


31 Intérêt à agir des personnes publiques
Doit justifier d’un intérêt propre : exemple : entrave au fonctionnement…

32 Intérêt à agir de la commune concernant les projets implantés sur son territoire
Exigence traditionnel d’un intérêt personnel et direct, distinct de celui des habitants.

33 Intérêt à agir de la commune concernant des projets sur un territoire limitrophe


Doit démontrer l’incidence du projet sur sa situation ou sur les intérêts dont elle a la charge,
sans se référer au seul intérêt des résidents (ex : augmentation significative du trafic
automobile, atteinte à l’environnement, atteinte au tourisme…)

III Intérêt à agir des groupements (syndicats, associations, comités…)


34 Intérêt à agir des groupements
En fonction de l’adéquation de leur objet social et la construction autorisée.

35 Capacité à agir des groupements


Le juge statue sur la capacité à agir (statuts en conformité…)

36 Qualité à agir du représentant de la personne morale


Doit justifier de sa qualité pour agir, à peine d’irrecevabilité. Dans le silence des statuts, le
requérant doit fournir une habilitation de l’assemblée générale ou du conseil d’administration
l’autorisant à agir en son nom.
Exception : référé (CE 13 décembre 2005 n° 280329)

37 Qualité à agir du syndic au nom des copropriétaires


Doit disposer d’une autorisation formelle de l’assemblée générale des copropriétaires pour
ester en justice (sera valable pour les recours). N’est pas demandée pour un recours gracieux.
Doit préciser l’objet et la finalité du contentieux engagé.

38 Régularisation de l’irrecevabilité tirée du défaut de capacité à agir


Peut être régularisée en cours de première instance, avant clôture sauf si impossibilité avant.
Ex : Un mémoire enregistré en mai 2005 au nom d’une commune peut être régularisé par la production
d’une délibération du conseil municipal de septembre 2005 autorisant le maire à la représenter devant
la juridiction administrative.

Le juge doit inviter le requérant à régulariser, sauf la partie adverse l’a déjà fait.

En appel, la régularisation est impossible.

IV Cas particulier des associations


39 Exclusion des recours associatifs du nouveau régime de l’intérêt à agir

40 Antériorité de l’association au litige


Les statuts doivent avoir été déposés en préfecture avant l’affichage en mairie de la demande
du pétitionnaire. Le juge vérifie si l’objet statutaire permet de justifier l’intérêt à agir.

41 Appréciation de l’intérêt à agir de l’association en cas de modifications statutaires


La modification doit être antérieure à l’affichage en mairie de la demande du pétitionnaire.

42 Habilitation du représentant de l’association à ester en justice


Dépend des statuts. En principe, régulièrement engagée par l’organe tenant le pouvoir de la
représenter en justice. Mais il peut y avoir des stipulations contraires, et donc contestation.
Dans le silence des statuts quant à la représentation en justice, l’action ne peut être engagée
que par l’AG (ou alors l’AG donne mandat).

43 Intérêt à agir des associations agréées


Pour les associations de protection de l’environnement agréées au titre de L. 141-1 du Code
environnement (voir L. 142-1 Code Envir) : présomption d’intérêt à agir dans ce domaine.
44 Intérêt à agir des associations non agréées
Conditionné par la nature des intérêts défendus et leur champ d’action : sévèrement apprécié
par le juge qui confronte les statuts de l’association à l’acte attaqué. Si le champ d’intervention
de l’association n’est pas désigné par son objet, le juge peut prendre en compte des indices
(titre de l’association, conditions d’adhésion…)
L’objet ne peut être trop général.

45 Critère du ressort géographique


L’objet doit être suffisamment précis au plan local et recouvrir un site bien délimité.
Après, tout dépend des circonstances : Ainsi, une association de protection de l’environnement
de ressort départemental (ce qui est grand) justifie, compte tenu de l’importance du projet d’un
intérêt à agir à l’encontre de l’autorisation permettant d’étendre de manière significative un
terrain de camping (CE 17 février 2010 n° 305871)

46 Critère de l’objet social


Doit être défini en termes suffisamment précis et orientés vers le litige. Le juge se montre
bienveillant en acceptant les statuts se référant à la défense de l’urbanisme ou d’un site en
particulier.
Très récemment, la jurisprudence s’est assouplie : A ainsi été déclarée recevable l’action menée
par l’association de défense du cadre de vie d’un quartier contre la réalisation de 3 habitations
d’une surface globale de plus de 400 m sur un terrain jusque là non bâti (CE 20 octobre 2017,
n° 400585).
- Liste d’exemple ou l’intérêt à agir n’a pas été reconnu.

§3 Qualités exclusives d’intérêt à agir


47 Personnes ne disposant pas d’un intérêt à agir à l’encontre d’une autorisation
d’urbanisme
Piétons, contribuable, conseiller municipal, architecte du projet autorisé, agent immobilier…
La réunion de diverses qualités non déterminantes ne confère par un intérêt pour agir.

Section 2 : Conditions de recevabilité relatives à la nature de l’acte


48 Mesures susceptibles de recours
Il faut une mesure constitutive d’une véritable décision. La plupart des mesures individuelles
prises en matière d’urbanisme revêtent un caractère décisoire, certaines même de manière
surprenante (ex : demande de pièces complémentaires adressée par l’administration au
pétitionnaire dans le cadre de l’instruction de sa demande – CE 8 avril 2015 n° 365804)
Toute une autre liste d’exemples.

49 Recevabilité du recours exercé par le titulaire contre les prescriptions accompagnant


son autorisation
Le bénéficiaire d’une autorisation d’urbanisme est toujours recevable à demander l’annulation
d’une ou de plusieurs prescriptions dont celle-ci est assortie. Le juge ne pourra les annuler que
si ce n’est pas susceptible de remettre en cause la légalité de l’autorisation d’urbanisme (qu’elles
ne forment pas avec l’autorisation un ensemble indivisible).

50 Mesures purement informatives


Elles échappent au contrôle juridictionnel (lettre rectificative, mise en demeure…)

51 Mesures préparatoires
Elles échappent au contrôle du juge administratif également. Leu légalité ne peut être mise en
cause qu’à l’occasion du recours formé contre la décision qui en procède. Tout recours
directement présenté contre une mesure préparatoire est déclaré irrecevable, même s’il est
présenté à raison de vices propres.

52 Autorisation superfétatoire
Les décisions inutiles ne peuvent être contestées devant le juge administratif (ex : permis de
construire délivré là où il n’était pas nécessaire).

53 Décisions purement confirmatives


Le refus d’un projet identique à celui déjà refusé, même fondé sur des motifs différents, est une
décision confirmative qui ne peut rouvrir les délais de recours contentieux.

Section 3 Délai de recours juridictionnel


Sous-Section 1 : Quantum du délai

54 Double-limitation du délai de recours


- Limite basse : dans les 2 mois à compter de la signification.
- Limite haute : 1 an à compter de l’achèvement de la construction (mais voir 70).

55 Délai de droit commun


4 R21-1 : 2 mois. Par contre, les modalités de computations sont propres à l’urbanisme (v 60)

56 Notion de délai franc


Court le lendemain du jour où la notification a été reçue par son destinataire et prend fin le
lendemain du jour de son échéance. Si le dernier jour du délai est un week end ou férié, le délai
est prolongé jusqu’à la fin du premier jour ouvrable suivant.

57 Moyen d’ordre public

Sous-Section 2 : Point de départ du délai de recours


§1 Point de départ du délai contentieux pour le demandeur
58 Délai de recours du pétitionnaire
2 mois à compter de la notification régulière de la décision. Le fait qu’il ait été obtenu par
fraude n’empêche pas le délai du recours mais permet à l’autorité de le retirer à tout moment.

59 Délai de recours contre le refus d’autorisation


Dès notification par LRAR mentionnant les voies de recours (sinon délai non opposable).

§2 Point de départ du délai contentieux à l’égard des tiers


60 Réforme des modalités de computation du délai contentieux (2007)
Avant : affichage à la fois sur le terrain et en mairie.
Désormais, loi 2007 : affichage sur le terrain uniquement mentionnant l’obligation de notifier
tout recours administratif ou contentieux à l’auteur de la décision et à l’auteur du permis.

61 Publication de l’acte à l’égard des tiers


Le tiers à l’autorisation n’a pas à exiger d’en recevoir notification (sauf 62). Le fait que le maire
notifierait à tort ne modifie pas le délai de recours.

62 Hypothèses de notification de l’acte aux tiers


Hypothèse spécifique : En cas d’instance engagée par un tiers contre une autorisation
d’urbanisme et de délivrance, en cours d’instance, d’une nouvelle autorisation en lieu et place
de l’acte attaqué, le bénéficiaire doit la notifier au tiers requérant. Le délai de recours à
l’encontre de la nouvelle autorisation ne court qu’à compter de la notification (CE 23 mars
1973 n° 80513). La nouvelle autorisation n’a pas à être notifiée lorsqu’elle est délivrée après
l’annulation juridictionnelle d’un précédent permis.

63 Computation du délai contentieux à l’égard des tiers


Une fois que le bénéficiaire a reçu notification de sa décision, il devra procéder à l’affichage
sur son terrain, de manière visible de l’extérieur, pendant toute la durée du chantier
(dispense pour la coupe d’arbre sous déclaration hors secteur urbanisé)
L’affichage doit rappeler l’obligation de notifier tout recours gracieux ou contentieux
potentiel dans les conditions de R. 600-1.

Dans les 8 jours de la notification de la décision, le maire doit procéder à l’affichage en mairie
d’un extrait de l’acte ou de la déclaration pendant 2 mois. Mention de l’affichage est faite
dans le registre chronologique des actes de publication et de notification des arrêtés du maire.

Une publicité adoucie est organisée dès l'instruction de la demande ou de la déclaration,


dans les 15 jours du dépôt : le maire affiche en mairie un avis de dépôt de demande de permis
ou de déclaration préalable précisant les caractéristiques essentielles du projet.

Toutefois, contrairement à l'état du droit antérieur, le délai de recours juridictionnel n'est


plus tributaire de ce double affichage. Il commence à courir, à l'encontre des autorisations
d'urbanisme, à compter du premier jour d'une période continue de 2 mois d'affichage sur
le terrain des pièces mentionnées à l'article R*. 424-15 ( C. urb., art. R*. 600-2).

I Point de départ du délai contentieux en cas d’affichage régulier de l’autorisation sur


le terrain
64 Délai de 2 mois à compter d’un affichage sur le terrain (R. 600-2 Urba)
Le délai de recours court à l'égard des tiers à compter du premier jour d'une période continue
de 2 mois d'affichage. Doit mentionner l’obligation de notifier tout recours administratif ou
contentieux à l’auteur de la décision et du permis.

65 Charge de la preuve en matière d’affichage


Incombe au bénéficiaire de l’autorisation. Doit démontrer (par constat d’huissier, attestations
de voisins, photographies…):
- Date du début de l’affichage ;
- Lisibilité et visibilité du panneau d’affichage ;
- Régularité du contenu de l’affichage
Le juge apprécie souverainement la condition de continuité (l’autre doit donner des éléments)

66 Modes de preuve de l’affichage par tous moyens

67 Emplacement et lisibilité du panneau d’affichage


Panneau rectangulaire dont les dimensions sont supérieures à 80m. Doit être lisible de la voie
publique ou des espaces ouverts au public pendant toute la durée du chantier. Si le terrain n’est
pas desservi par une voie ouverte, seul un affichage sur un panneau placé en bordure de la voie
ouverte au public la plus proche fait courir le délai de recours contentieux.
L’appréciation du caractère « visible de l’extérieur » de l’affiche du permis de construire relève
de l’appréciation souveraine des juges du fond.

68 Contenu de l’affichage
- Nom, raison sociale ou dénomination sociale du bénéficiaire
- Date et numéro du permis
- Nature du projet et superficie du terrain
- Adresse de la mairie où le dossier peut être consulté
- Constructions -> la surface de plancher autorisée ainsi que la hauteur de la ou des
constructions, exprimée en mètres par rapport au sol naturel ;
- Lotissement -> le nombre maximum de lots prévus ;
- terrain de camping ou un parc résidentiel de loisirs -> le nombre total d'emplacements
et, s'il y a lieu, le nombre d'emplacements réservés à des habitations légères de loisirs
- Démolitions -> la surface du ou des bâtiments à démolir ;
- Nom de l’architecte auteur du projet architectural (depuis le 1er juillet 2017)
- Mention de l’obligation de notifier tout recours administratif ou tout recours
contentieux à l’auteur de la décision et au bénéficiaire du permis. (voir A 424-17 c urb)
L’omission de cette mention rend inopposable l’irrecevabilité tirée du défaut de
notification mais n’affecte pas le déclenchement du délai de recours.

69 Conséquences d’un affichage incomplet


Seule l’omission d’informations substantielles est de nature à entraîner l’irrégularité.
L’irrégularité de l’affichage n’a pas d’incidence sur la légalité de l’autorisation mais fait
obstacle au déclenchement du délai de recours à l’égard des tiers.
Exemples d’omissions de mentions et de leurs conséquences :
- Hauteur du bâtiment : Fait obstacle au déclenchement des délais de recours dès lors
qu’aucune autre indication ne permet de l’estimer ;
- Droit de recours : empêche les délais de recours de courir. Exception : Théorie de la
connaissance acquise (v. 73) et recours excessivement tardif (plus de 6 ans après
l’affichage par ex TA Versailles 15 févr. 2017 n° 1402665)
- Surfaces démolies : Fait obstacle au déclenchement du délai de recours pour
l’ensemble de la décision alors même que les requérants n’ont soulevé à l’encontre du
permis aucun moyen relatif à la légalité de la démolition (CAA Nancy n° 10NC01632)
- Obligation de notification des recours : N’est pas une formalité substantielle. N’a
pas d’incidence sur le déclenchement du recours mais empêche uniquement au
bénéficiaire de se prévaloir de l’irrecevabilité prévue à R. 600-1.

II Point de départ du délai contentieux en cas d’affichage non réalisé ou irrégulier


70 Délai d’un an à compter de l’achèvement des travaux
Avant : ad vitam. Depuis le décret 2007 : 1 an après l’achèvement de la construction.
Sauf preuve contraire = date de déclaration d’achèvement établie par le bénéficiaire et
transmise au maire par LRAR ou déposée contre décharge.

71 Date d’achèvement des travaux et régime de la preuve


- Recours engagés à compter du 1er octobre 2007 contre une autorisation relative à des
travaux achevés à compter de cette date : Avis de réception de la déclaration
d’achèvement régulière. Le bénéficiaire ne peut se prévaloir d’une date antérieure. Le
demandeur, pour combattre la présomption peut apporter la preuve par tout moyen
que les travaux ont été achevés à une date postérieure.
- Recours engagés à compter du 1er octobre 2007 contre une autorisation antérieure :
preuve par tout moyen. La date d’achèvement s’apprécie librement.

72 Déclaration d’achèvement partiel des travaux


N’est pas de nature à déclencher le délai d’un an prescrit par R. 600-3.

73 Déclenchement du délai contentieux grâce à la théorie de la connaissance acquise


L’exercice par un tiers d’un recours administratif ou contentieux contre un permis a pour effet
de faire courir le délai à son égard, alors même que la publicité était insatisfaisante : le
requérant est réputé avoir eu connaissance de la décision au plus tard à la date à laquelle son
comportement révèle une telle connaissance.
Cette théorie ne joue pas contre le destinataire de l’acte.
Note : parfois, cette théorie est écartée alors qu’instinctivement on l’appliquerait : exemple :
pour celui qui prend connaissance et copie du dossier du permis de construire en mairie (CE
18 déc 2002) ou fait réaliser un constat d’huissier (CAA Lyon N° 11LY01648)
L’existence d’un recours administratif pour le retrait d’une autorisation est sans incidence sur
l’inopposabilité du délai de recours à son auteur si le panneau d’affichage de l’autorisation ne
mentionne pas les voies et délais de recours (CAA Lyon 30 juillet 2015 n0 14LY02581)

74 Irrecevabilité du recours engagé par l’intéressé au-delà d’un délai raisonnable


Le principe de sécurité juridique fait obstacle à un délai ad vitam. Donc 1 an à compter de la
date à laquelle une décision expresse a été notifiée au requérant ou de la date à laquelle il est
établir qu’il en a eu connaissance. Ce 13 juillet 2016 n° 387763

III Point de départ du délai contentieux contre une nouvelle autorisation ou un


modificatif délivré en cours d’instance
75 Notification au tiers requérant et affichage sur le terrain
Lorsqu’un permis est attaqué par un tiers, il n’est pas rare que l’administration délivre un
permis modificatif voir même une nouvelle autorisation. Le bénéficiaire doit notifier la
décision nouvelle au tiers requérant. A défaut, le délai de recours à l’encontre de la nouvelle
autorisation ne court pas. S’applique également au permis qui en proroge un précédent.
Doit également afficher sur le terrain d’assiette pour déclencher les délais de recours. La date
la plus tardive d’accomplissement de ces deux formalités marque le point de départ du délai.

§3 Point de départ du délai contentieux à l’égard de la commune pour agir contre un


permis délivré par le préfet
76 L’affichage du permis sur le terrain n’est pas pertinent

77 Délai de 2 mois à compter de la réception du permis en mairie (R. 424-15)


La mairie doit afficher pendant deux mois à compter de la délivrance du permis. Par
conséquent, le préfet l’informe pour qu’elle le fasse : c’est le point de départ du délai.

Sous-section 3 : Prorogation du délai de recours


78 Prorogation du délai de recours en cas de recours administratif préalable
CRPA L. 410-1 et L. 411-2. Bien entendu, la prorogation du délai de recours contentieux ne
bénéficie qu’à celui qui a intenté le recours administratif
Facultatif, le RAP peut parfois être RAPO (ex : à propos des avis de l’ABF requis lors de
l’instruction des autorisations de construire en secteurs protégés).

79 Prorogation du délai de recours contentieux en cas de demande d’AJ


Article 38 du décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991.
Attention : Ne peut jouer en dehors des recours juridictionnels, ce qui exclut les recours
administratifs, même obligatoire.

§1 Recours administratif obligatoire


I Recours préalable obligatoire contre l’avis de l’ABD dans certains secteurs protégés
80 Procédure spécifique contre l’avis conforme de l’avis de l’ABF devant le préfet de
région (L. 313-2 al 3 C Urb) (L. 621-32 al 2 C pat) -> R 423-68 (pour les contestations de
l’administration) ; R. 424-14 (pour le pétitionnaire) du code de l’urbanisme.

81 Modalités procédurales du recours contre l’avis négatif de l’ABF


Saisine par LRAR du préfet de région. : pour plus de détail, se référer au dictionnaire
permanent.

82 Recours obligatoire préalable à toute action contentieuse du pétitionnaire contre un


refus d’autorisation Idem

83 Conformité du recours préalable obligatoire aux exigences européennes

84 Exception de recevabilité en l’absence de saisine du préfet

II Recours préalable obligatoire en matière d’urbanisme commercial


85 Contestation préalable des avis de la commission départementale d’aménagement
commercial
Saisine préalable de la CNAC obligatoire. Voir dictionnaire permanent pour plus de détails.

§2 Recours administratif facultatif


86 Typologie ides recours administratif
Délai de 2 mois à compter de la date de notification de la décision : Recours gracieux ou
hiérarchique (dans ce cas exercé contre le préfet même si ce n’est pas le supérieur hiérarchique
du maire : l’intéressé demande au préfet d’exercer le contrôle de légalité de la décision ou
demande de déféré préfectoral). Interrompt le délai contentieux.
Cette règle s’applique également au préfet lorsqu’il forme un recours gracieux dans le délai
dont il dispose pour déférer l’acte contesté au tribunal.

87 Délai de recours administratif


Un recours administratif est irrecevable en dehors des délais, même si le refus du permis est
illégal.
Si recours gracieux + recours hiérarchique : le délai ne recommence à courir à l’égard de la
décision initiale que lorsqu’ils ont été tous deux rejetés (L. 411-2 CRPA)

88 Hypothèses d’exercice de recours sans délai


Quand la décision soulève également un litige de travaux publics, la juridiction administrative
peut connaître sans délai.
En revanche, le caractère frauduleux d’une décision ne la rend pas susceptible de recours sans
respecter le délai de 2 mois (CE 7 juillet 2004, n° 234497)

89 Accusé-réception du recours administratif L. 411-3 et L. 112-3 CRPA


Ne concerne que les recours formés par les personnes contestant une décision prise à leur
égard par une autorité administrative (et non les tiers)
Les délais de recours ne sont pas opposables si l’AR n’a pas été transmis ou ne comporte pas
les indications exigées. Toutefois, n’emporte pas inopposabilité des délais de recours en cas de
décision expresse régulièrement notifiée avant l’expiration du délai au terme duquel est
susceptible de naître une décision implicite.

90 Recours administratif exercé auprès d’une autorité incompétente


L’administration incompétente transmet à l’administration compétente et avise l’intéressé (L.
114-2 CRPA). Le terme duquel est susceptible d’intervenir la décision implicite du rejet court
à compter de la date de réception de la demande par la première administration saisie.

91 Le silence de l’administration vaut rejet


Le silence gardé pendant plus de deux mois vaut rejet. CRPA art. L411-7. Dès lors, délai de 2
mois pour contester cette décision implicite. Si une décision explicite (venant de la bonne
autorité) intervient dans ce délai de mois, elle fait courir un nouveau délai de pourvoi.

92 Mention des délais de recours


Les délais de recours ne sont opposables qu’à condition d’avoir été mentionnés, ainsi que les
voies de recours, dans la notification de la décision. Ne s’applique toutefois pas aux tiers.

93 Notification du recours administratif


Les recours administratifs doivent être notifiés à l’auteur du permis de construire et à son
bénéficiaire dans un délai de 15 jours (R. 600-1 C. urb).
Un recours mal notifié au regard de ces exigences ne proroge pas le délai de recours
contentieux
Concerne également les recours administratifs exercés par le préfet dans le cadre du déféré.
Pour produire ses effets, doit contenir l’intégralité l’exposé des faits et moyens.

94 Interruption du délai de recours


Le délai contentieux est interrompu à la date de présentation du recours administratif.
Il reprend son cours de zéro suite à une décision explicite ou implicite de rejet, même si elle
n’est pas assortie de la mention des voies et délais de recours (CE 16 oct 1992 n° 107057)

L’introduction d’un recours contentieux avant le rejet du recours gracieux fait obstacle à ce
que les intéressés puissent se prévaloir de la prorogation (d’ailleurs, l’autorité reste saisi et
peut retirer la décision tant que le délai de retrait n’est pas expiré.

Recours sur recours ne vaut : si après un rejet de recours gracieux, on représente exactement
la même demande de permis ; s’analyse comme un second recours gracieux, toujours sans effet
sur le délai de recours juridictionnel.

95 Preuve de l’existence du recours administratif


La requête doit être accompagnée de la pièce justifiant de la date du dépôt du recours.
Le production au seul stade de l’appel (si rejet de la requête pour tardiveté suite à fin de non-
recevoir soulevée en première instance) ne fait pas obstacle à ce que le juge fasse jouer la
prorogation du délai.

Section 4 : Notification du recours


96 Obligation de notification des recours depuis le 1er octobre 2007
Déféré ou recours contentieux : obligation de notifier le recours à l’auteur de la décision et au
titulaire de l’autorisation. R. 600-1 Code urba. S’impose aussi au tiers requérant.
Si le recours a une pluralité d’auteur, chacun n’est pas obligé de notifier, un seul suffit.

97 Délai de notification du recours par LRAR : un délai franc de 15 jours

98 Application dans le temps de l’obligation de notification (auj obsolète)

99 Conformité de l’article R. 600-1 à la Convention européenne des droits de l’Homme


CE 5 avril 2006, n° 266777 (sur le droit de recours effectif)

100 Inopposabilité de l’irrecevabilité tirée de l’article R. 600-1 si cette disposition n’est


pas mentionnée dans l’affichage du permis
Peut le soulever pour la première fois en appel. Mais l’auteur du recours n’est pas recevable à
fournir les justificatifs relatifa à l’accomplissement de la formalité pour la première fois en
appel.
Mais n’affecte pas les délais de recours. CE 5 octobre 2011 n° 344028.
Note : la commune ne peut s’en prévaloir : les obligations d’affichage sont destinées à informer
les tiers et non l’auteur de la décision ou le bénéficiaire de la décision.

101 Obligation de notification des recours dans les TOM et en Nouvelle Calédonie

Sous-section 1 : Champ d’application de la formalité de notification


102 Actes concernés par l’obligation de notification des recours
Recours contre les seuls certificats d’urbanisme, décisions de non-opposition à déclaration
préalable ou permis de construire, d’aménager ou de démolir.
Sont soumis (ex JP) : le permis de construire, le permis modificatif, le transfert de permis,
l’acte reconnaissance l’existence d’un permis tacite, la décision par laquelle le maire proroge
une autorisation, un permis valant autorisation d’exploitation commerciale, l’autorisation
d’exécution de travaux portant sur la réalisation de remontées mécaniques.

103 Actes non concernés par l’obligation de notification des recours


Sont exclus (ex jp) : refus de permis de construire, opposition à déclaration préalable, décision
retirant un permis, refus de constater la péremption, constat de caducité, sursis à statuer sur
la demande, permis de construire assorti de prescription (recours du bénéficiaire), …

104 Recours assujettis à l’obligation de notification


Concerne :
- le recours administratif, (gracieux ou hiérarchique)
- le recours juridictionnel
- et le déféré préfectoral.
Egalement les demandes d’annulation ou de réformation d’une décision juridictionnelle
rendue à la suite de ces recours (appel ou cassation).
Seuls les recours émanant de tiers sont soumis à notification.

105 Recours non assujettis à l’obligation de notification


Recours du bénéficiaire, interventions volontaires en demande, recours contre la décision
constatant la caducité d’une non-opposition à déclaration préalable, demande de suspension
devant le juge des référés, demande d’aide juridictionnelle.

Sous-section 2 : Modalités de la formalité de notification


106 Modèle de notification du recours contre une autorisation d’urbanisme
Sur www.servicepublic.fr

§1 Destinataires
107 Destinataires de la notification de recours
- Bénéficiaire de l’autorisation : titulaire désigné par l’acte attaqué, à l’adresse qui y
est mentionnée. A une autre adresse : possible mais doit démontrer que le destinataire
a effectivement réceptionné le pli. Peut être faite au conjoint, à la personne pour le
compte de l’autorisation est sollicitée, à l’adresse de l’architecte du projet si c’est
l’adresse mentionnée.
Une notification aux avocats n’est pas régulière.
- ET Auteur de l’acte contesté : Le requérant ne peut valablement se retrancher
derrière l’obligation pour un service indûment saisi de transmettre à l’autorité
compétente.
108 Cas d’une pluralité de bénéficiaire
Recours contre Transfert : notification au niveau titulaire et à lui seul.
Recours contre permis puis existence d’un transfert : n’a pas à être notifié au nouveau titulaire.

110 Cas d’un permis de construire délivré par le maire au nom de l’Etat
Contestation peut être adressée :
- au maire qui devra en informer sans délai le préfet ;
- au préfet.

111 Cas d’un permis délivré à une entreprise secondaire


Il faut notifier au titulaire de l’acte et inscrit sur le panneau.

§2 Forme et contenu de la notification du recours


112 Forme et délai de la notification des recours
LRAR (ou document présentant des garanties équivalente) dans un délai de 16 jours francs à
compter du dépôt du recours.
Réputée accomplie à la date d’envoi.
Formalité non régularisable en cours d’instance.
La communication par le juge à l’auteur de la décision ou titulaire n’a pas pour effet de
régulariser le déféré ou le recours, alors même qu’elle interviendrait dans le délai prévu.

113 Contenu de la notification


Le requérant doit notifier une copie du texte intégral du recours (même si celui-ci est
sommaire et sans moyens), à l’exclusion des PJ. La simple lettre informative ne suffit pas.

§3 Délai de notification et invitation à régulariser


114 Moment de l’accomplissement et moment de sa justification
15 jours francs qui suivent le déféré ou le recours.
La formalité doit être accomplie dans ce délai mais la justification de son accomplissement peut
être fournie jusqu’à clôture de l’instruction.

115 Invitation à régulariser faite par le juge


Le juge doit inviter le requérant à régulariser avant de lui opposer le défaut
d’accomplissement de cette formalité. S’il y a plusieurs auteurs, peut le faire qu’auprès du
premier dénommé après lui avoir fait savoir qu’il était regardé comme le représentant unique.
L’invitation n’a pas à être formulée dans un délai permettant encore au requérant de s’acquitter
de son obligation.
Si l’envoi est incomplet, le greffe est tenu de lui signaler un éventuel oubli dans les pièces
jointes. Sinon, le juge administratif ne peut déclarer le recours irrecevable pour cause de défaut
de notification.

Exception : si une fin de non-recevoir a été opposée sur le fondement de R. 600-1, les juges
ne sont pas tenus d’inviter. Toutefois, le rejet par ordonnance n’est possible que si l’auteur
avait été invité à régulariser.

116 Date limite de justification concernant l’accomplissement de la notification


Date butoir = clôture de l’instruction, sauf à démontrer l’impossibilité de le faire avant (auquel
cas, réouverture de l’instruction. Il s’agit d’une application de la jurisprudence constante
relative à la prise en compte des notes en délibéré).
La régularisation ne peut pas intervenir en appel si le requérant avait été mis à même de le
faire en première instance par une invitation du tribunal ou une fin de non recevoir.
117 Possible régularisation du défaut de notification dans le délai de recours
Possibilité de se désister de l’instance et de présenter une nouvelle requête identique en
respectant l’obligation de notification à condition qu’il le fasse dans le délai de recours.

§4 Charge de la preuve
118 Preuve de la notification
A la charge du requérant. Preuve du dépôt suffit, même si on n’a pas l’AR.
Fait naître une présomption simple d’accomplissement de la formalité. Si le destinataire
entend remettre en cause son contenu, sa contestation doit être prouvée.

119 Sanction du défaut de notification


 Irrecevabilité du recours contentieux non notifié : Le juge peut le rejeter d’office
après avoir invité à régulariser. Puisque le requérant peut en justifier jusqu’à la clôture
de l’instruction, le juge ne peut rejeter par voie d’ordonnance : l’affaire doit être enrôlée
pour être entendue. Le rejet par voie d’ordonnance n’est possible que s’il ressort des
pièces du dossier que la notification n’a pas été effectuée dans le délai.
S’il y a une pluralité d’auteurs : les signataires désignent un représentant unique (ou le
premier désigné est considéré comme tel par le greffe qui l’en informe) et c’est celui-ci
qui est invité à régulariser.

 Conséquence de l’absence de notification d’un recours administratif : ne proroge


pas le délai de recours juridictionnel. Mais il ne rend pas irrecevable le recours
juridictionnel formé et notifié dans les délais.
A noter qu’un premier recours administratif non notifié ne peut être régularisé par un
second recours gracieux, même formé dans le délai de recours juridictionnel (car recours
sur recours ne vaut)

Chapitre 2 : Déroulement de l’instance

Section 1 Parties et tiers à l’instance

Sous-section 1 : Parties à l’instance


120 Demandeur : Voir 11

121 Défendeur
 Pour les communes disposant d’un document d’urbanisme en vigueur ou d’un
document en tenant lieu = la commune
 Dans le cas contraire = l’Etat (donc le préfet du département et non la commune)
La commune n’a alors pas la qualité de parties même si le recours lui est communiqué
à l’initiative du juge. Elle ne peut pas, ainsi, prétendre à l’indemnisation de ses propres
frais. Elle est sans qualité pour faire appel. Le maire peut toutefois être entendu.

122 Bénéficiaire de l’autorisation attaquée à la qualité de partie


Même s’il n’est pas un défendeur à part entière.
Sous-section 2 : Tiers
123 Intervenants : ok

124 Observateurs : Tiers appelés par le tribunal pour observations.

125 Tierce-opposition
Les tiers à l'instance peuvent également estimer, une fois le jugement rendu, qu'ils auraient dû
être invités à y prendre part. Ils formeront alors une tierce opposition si ce jugement a
préjudicié à leurs droits, s'ils ne peuvent être regardés comme ayant été représentés à l'instance
(ex : bénéficiaire du permis).

Section 2 : Conclusions
126 Conclusions principales et accessoires
Conclusions en annulation (car essentiellement contentieux de l’excès de pouvoir)
Eventuellement conclusions à fin d’injonction (avec éventuellement astreinte)

127 Pluralité de conclusions possible


Même requête pour conclusions en excès de pouvoir et conclusions indemnitaires ok (= mixte)
L’essentiel est que toutes ces prétentions présentent entre elles un lien suffisant qui justifie
leur présence dans une même requête.

129 Recevabilité des demandes reconventionnelles à caractère indemnitaire devant le


juge du permis
Admise depuis l’ordonnance n° 2013-638 du 18 juillet 2013 (avant : JP contraire : strictement
fermé pour les REP CE 4 février 2004 n° 253855). Il n’est ainsi plus nécessaire de présenter
une requête distincte ou de saisir le juge civil pour des dommages et intérêts : il peut le faire
devant le juge saisi du recours, par mémoire distinct sous peine d’irresponsabilité.
C’est une arme dissuasive entre les mains du défendeur.
Elle n’appartient qu’au bénéficiaire et non à l’auteur de l’autorisation.
Sont expressément exclues les associations de protection de l’environnement agréées.

L’octroi de l’indemnisation est subordonné à une triple condition (condamnations rare) :


- un recours exercé dans des conditions qui excèdent la défense des intérêts légitimes du
requérant ;
- un préjudice excessif pour le bénéficiaire du permis
- un lien de causalité.

Section 3 Moyens d’annulation


129 Notion de moyen
Le moyen est la manière dont le requérant peut obtenir l'annulation de l'acte critiqué.
Examen du juge : Son opérance, sa recevabilité et son bien-fondé :
- Inopérant s'il est sans incidence sur la légalité de la mesure ou la solution du litige.
Le juge n'est ainsi pas tenu de répondre au moyen inopérant :
- Irrecevable si sa présentation n'a pas respecté certaines règles de procédure ou forme.
Il doit être écarté des débats. Son irrecevabilité doit dès lors être soulevée d'office ;
- Infondé s'il n'est pas de nature à emporter l'annulation recherchée.
130 Limitation des moyens d’annulation en cas de recours contre un permis valant
autorisation d’exploitation commerciale
- Requérant ayant un intérêt à agir contre l’autorisation commerciale : Lorsque le
recours est introduit par une personne ayant qualité pour saisir la CNAC, comme un
concurrent, le juge ne peut être saisi que de conclusions tendant à l’annulation du
permis qu’en tant qu’il tient lieu d’autorisation commerciale.
- Requérant ayant un intérêt à agir contre le permis : Inversement, lorsque le recours
émane d’une personne ayant à agir contre le permis, le juge ne peut être saisi que de
conclusions tendant à l’annulation du permis en tant qu’autorisation de construire.
Possibilité néanmoins d’avoir double qualité pour agir.

Sous-section 1 Causes juridiques distinctes


131 Légalité externe et légalité interne : Définition

132 Délicate distinction entre légalité interne (manière dont l’acte est élaboré) et légalité
externe (contenu)
La distinction n’est pas toujours aisée. Ex : composition irrégulière du dossier de demande de
permis de construire (légalité interne).

133 Enjeux de la distinction entre légalité externe et légalité interne : l’irrecevabilité


des prétentions dites nouvelles
JP Intercopie du 20 février 1953 : Gel des moyens ; Si le requérant n’a pas présenté jusqu’à
l’expiration du délai de 2 mois un moyen de légalité externe, il ne pourra plus le faire par la
suite. Et vice versa. Sauf moyens d’OP (ex : incompétence de l’auteur de l’acte).
-> invoquer dès le départ des moyens des deux types, même totalement erronés.

Sous-section 2 Moyens de légalité externe


134 Différents moyens de légalité externe
- Incompétence de l’auteur (méconnaissance des règles de délégation) ;
- Vices de forme : insuffisance ou absence de motivation ou de contradictoire, lorsqu’il
est requis. (Une erreur ou absence de visa ne suffit pas)
- Règles de procédure (consultations, enquêtes publique…)

135 Moyen de légalité externe tiré de la méconnaissance des exigences liées à la qualité
du demandeur (R. 423-1)
Sous réserve de fraude : le pétitionnaire qui fournit l’attestation prévue à l’article R. 423-1 doit
être regardé comme ayant qualité pour présenter sa demande.
Les tiers ne sauraient utilement invoquer la circonstance que l’administration n’en aurait pas
vérifié l’exactitude.

136 Moyen de légalité externe tiré de la procédure consultative


L’avis est une mesure préparatoire, qui ne peut faire l’objet d’un REP. Toutefois, le requérant
peut toujours utilement exciper de l’irrégularité de cet avis en vue d’obtenir l’annulation d’une
autorisation.

137 Appréciation de la régularité d’une consultation


Contrôle du respect des exigences procédurales, des règles de compétence et de
fonctionnement de l’autorité consultée + bien-fondé de l’avis via l’erreur manifeste
d’appréciation.

138 Impact d’un vice de forme ou de procédure sur la légalité de l’autorisation


Jurisprudence Danthony : un vice affectant le déroulement d’une procédure administrative
préalable, suivie à titre obligatoire ou facultatif, n’est de nature à entacher d’illégalité la
décision prise ssi :
- Il a été susceptible d’exercer, en l’espèce, une influence sur le sens de la décision ;
- OU s’il a privé les intéressés d’une garantie
Cette règle ne s’applique pas en cas d’insuffisance de motivation.

139 Impact d’une omission de consultation obligatoire sur la légalité de l’autorisation


Le permis ou son refus est susceptible d'annulation si le service instructeur ne procède pas aux
consultations obligatoires imposées. Toutefois, la JP Danthony (138) s’applique aussi.

140 Possibilité de régularisation


Le fait de procéder à une consultation avant permis modificatif régularise le permis initial.

Sous-section 3 Exception d’illégalité


141 Mécanisme de l’exception d’illégalité
L'illégalité d'un acte administratif ne peut être utilement invoquée par voie d'exception à
l'appui de conclusions dirigées contre une décision administrative ultérieure que si cette
décision a été prise pour l'application du premier acte ou s'il en constitue la base légale.

142 C’est un moyen de légalité interne qui s’apprécie à la date de sa présentation

§1 Droit commun

143 Conditions de l’exception d’illégalité

144 Recevabilité de l’exception d’illégalité


- Il faut que la théorie de l’opération complexe s’applique (voir 159)
-ou que l’acte présente un caractère réglementaire (exception perpétuelle).

145 Caractère opérant de l’exception


Doit porter sur un acte uni à l’acte attaqué directement par un lien suffisamment étroit.
Il est généralement affirmé qu’il faut que l’acte attaqué ait été pris au vu ou en application de
celui dont l’illégalité est excipée. (EL donne plusieurs exemples)

146 Exciper de l’illégalité d’une mesure d’instruction pour contester le refus de permis
de construire

147 Exciper de l’illégalité du permis de lotir ou de démolir pour contester le permis de


construire

148 Exciper l’illégalité du document d’urbanisme pour contester une autorisation ou un


refus d’autorisation
En soi, c’est insuffisant (car le permis ne constitue pas un acte d’application de cette
réglementation). Néanmoins, permet d’appliquer le document d’urbanisme immédiatement
antérieur. Et il est possible de démontrer que le permis méconnaît les dispositions pertinentes
ainsi remises en vigueur.

§2 Règles spéciales dans le contentieux de l’urbanisme


I Limitations législatives du jeu de l’exception d’illégalité
149 Article L. 300-2 du Code de l’urbanisme
Les documents d’urbanisme et les opérations d’aménagement qui en sont précédés (ex : ZAC)
ne sont pas illégaux du seul fait des vices susceptibles d’entacher la concertation Les
autorisations d’occuper/d’utiliser le sol ne sont pas illégales du seul fait des vices susceptibles
d’entacher cette délibération ou les modalités de son exécution.

150 Limitation dans le temps de la possibilité d’exciper de l’illégalité du document


d’urbanisme : L. 600-1 Code de l’urbanisme
Ne peut plus être invoquée par voie d’exception après l’expiration d’un délai de 6 mois à
compter de la prise d’effet du document, sous réserve d’exceptions (pour gravité)

Sont inopposable au requérant lorsque le document contesté par voie d’exception fait l’objet
d’un recours encore pendant.

151 Champ d’application de l’article L. 600-1 du Code de l’urbanisme


PLU, SCOT, cartes communales et document d’urbanisme en tenant lieu (dont PPRNP);
Actes prescrivant l’élaboration ou la révision d’un document d’urbanisme.

152 Vices couverts au-delà du délai de 6 mois


Irrégularités affectant les actes qui participent à l’élaboration, à la modification, à la révision
de ces documents. Le Conseil d’Etat a jugé que le délai de 6 mois s’apprécie en raisonnant vice
par vice, et non par cause juridique, comme habituellement en excès de pouvoir.

153 Vices substantiels invocables au-delà du délai de 6 mois


Vice de fond ; vice tiré de l’incompétence de l’auteur de l’acte ; vice de forme portant sur la
méconnaissance substantielle ou la violation des règles de l’enquête publique sur les SCOT,
les PLU et les cartes communales ; l’absence du rapport de présentation ou des documents
graphiques.

154 Incidence sur l’activité normative de l’administration


Les administrés peuvent, après l’expiration du délai, demander à la collectivité de constater
l’illégalité initiale du document et d’en prononcer l’abrogation. Il pourra alors former un
recours pour excès de pouvoir contre une éventuelle décision de refus.
En revanche, il s’applique lorsque le service instructeur est saisi d’une demande d’autorisation.
Le document vicié devra alors s’appliquer.

II Limitations jurisprudentielles du jeu de l’exception d’illégalité


155 Effets de l’illégalité du document d’urbanisme sur l’autorisation délivrée
Effets différents selon que porte sur un permis (non considéré comme une mesure d’application
de la réglementation d’urbanisme) ou un refus d’autorisation (considéré comme tel).

155 Effets sur l’autorisation octroyée


JP Commune de Courbevoie : L’illégalité ou l’annulation du document d’urbanisme remet en
vigueur le document immédiatement antérieur. Le permis doit être apprécié au regard de ces
anciennes dispositions. Utiliser comme moyen la seule illégalité est donc insuffisant.

157 Effets l’autorisation délivrée sur le périmètre d’un lotissement


L. 442-14 : Règle de cristallisation pour garantir la constructibilité des lots acquis en
lotissement et prémunir l’acquéreur des changements de réglementation.

158 Effets sur le refus d’autorisation


Le Conseil d’Etat a expressément exclu l’application de la jurisprudence Commune de
Courbevoie. Qu’elle soit invoquée par voie d’exception ou préalablement constatée par le juge
d’administratif, l’illégalité du document d’urbanisme entraîne l’annulation du refus de permis
pris sur son fondement, sauf si le juge procède à une substitution de base légale ou de motif.
En effet, le refus est un acte d’application du document d’urbanisme, contrairement à
l’autorisation. Autrement dit, le destinataire du refus peut obtenir l’annulation en excipant
seulement de l’illégalité du document d’urbanisme.

§3 Opérations complexes
159 Définition de la notion d’opération complexe
Opération complexe = Chaîne de décisions qui, susceptibles de recours autonomes, sont unies
par un lien tel que l’illégalité de l’une rejaillit sur les autres décisions.
L’exception d’illégalité devient une arme redoutable : peut être invoquée sans condition de
délai, de manière utile, même à l’encontre des décisions individuelles.

160 Rares applications de la théorie des opérations complexes pour les décisions
individuelles

§4 Revendication d’adaptations mineurs aux règles d’urbanisme


161 Adaptation mineures aux règles d’urbanisme applicables
Conformément au L. 152-3 Urba, le pétitionnaire souhaitant obtenir l'annulation de son refus
peut invoquer une flexibilité et se prévaloir de la conformité de son projet aux règles
d'urbanisme applicables, le cas échéant assorties d'adaptations mineures, et ce alors même qu'il
n'a pas fait état, dans sa demande à l'autorité administrative, de l'exigence de telles adaptations
( CE, 11 févr. 2015, n° 367414).

Il peut aussi obtenir l'annulation du refus s'il parvient à démontrer que de simples
prescriptions auraient pu accompagner la délivrance d'un permis de construire pour rendre
son projet conforme.

Sous-section 5 : Moyens d’ordre public


162 Définition du moyen d’ordre public
Revêt une importance telle qu’il occupe une place spécifique dans le débat contentieux. Peut
être soulevé par les parties à n’importe quel stade, ou relever d’office par le juge.

163 Moyens d’ordre public en urbanisme


Incompétence du signataire d’une autorisation ou d’un refus
Tardiveté d’un recours ou d’un moyen
Défaut de base légale d’un permis ou d’un refus

164 Moyens soulevés d’office


Moyen d’ordre public : doit être soulevé. Moyen relevé d’office : peut-être soulevé par le juge.

Sous-section 6 : Moyens en défense


§1 Substitution de base légale
165 Technique de la substitution de base légale
Le juge constate que la décision aurait pu être prise en vertu du même pouvoir d’appréciation
de l’administration, sur un autre fondement textuel que celui dont la méconnaissance est
invoquée devant lui par le requérant. Peut être demandée ou soulevée d’office.
Il faut un maintien des garanties offertes à l’intéressé.

166 Application de la substitution de base légale en urbanisme


§2 Substitution de motif
167 Technique de la substitution de motif
L’administration peut, en première instance comme en appel, solliciter que soit substitué un
autre motif qu’elle estime légal. Demande peut être présentée devant le juge du fond ou référé.
Doivent être fondés sur la situation existant à la date de la décision concernée.
Il faut un maintien des garanties offertes à l’intéressé.
Le juge doit rechercher aurait pris la même décision si elle s’était fondée sur ce motif.
Ne peut être employée pour régulariser une décision insuffisamment motivée.

168 Substitution de motifs et obligation de motivation intégrale des décisions de refus


Depuis le 8 août 2015 et l'obligation de motivation intégrale des décisions de refus (L. 424-3),
la question de savoir si l'administration peut encore solliciter une substitution de motifs se
posait mais la jurisprudence semble écarter l'idée d'une irrecevabilité de principe.

169 Manifestations et limites de la substitution de motifs


Le juge doit être saisi d’une demande en ce sens, sauf hypothèse de compétence liée.
Dans certains cas, il ne peut faire droit à une telle demande (ex : s’il s’agit en réalité de remédier
à un vice de forme ; si l’administration s’est déclarée incompétente à tort)

Sous-section 7 : Théorie de la compétence liée


170 Notion de compétence liée
Dire d'une autorité administrative qu'elle est en situation de compétence liée pour prendre une
décision, dans un sens donné, signifie qu'elle ne peut prendre que cette décision.
Tous les moyens (sauf ceux relatifs à la compétence liée), de forme, procédure et même de
légalité interne sont alors inopérants.
Il ne peut y avoir situation de compétence liée si l'administration, pour l'application du texte
pertinent, est nécessairement amenée à porter une appréciation sur les faits de l'espèce.

171 Hypothèses de compétence liée (exemples)


 Lorsque l’administration est saisie d’une simple déclaration préalable alors que le
projet relève du permis de construire (mais pas l’inverse) ;
 Lorsque l’avis conforme d’une autorité extérieure (ABF, ministre chargé de l’aviation
civile) était nécessaire mais n’a pas été recueilli ;
 Projet porte atteinte à la conservation des chemins ruraux ;
 Le projet est contraire à une norme impérative de hauteur, de superficie minimale… et
plus globalement lorsqu’il n’est pas nécessaire d’apprécier les faits ;
 Le projet porte sur un élément de construction prenant appui sur une partie de
bâtiment réalisé sans autorisation.

172 Exclusion de la théorie de la compétence liée (exemples) : notion d’appréciation

Section 4 Les pouvoirs du juge


173 Appréciation de la légalité de l’acte
La légalité de l’autorisation ne s’apprécie pas au regard des travaux réalisés mais au regard
des éléments fournis à l’occasion de la demande, sauf le cas d’éléments établissant la fraude.

174 Cristallisation des moyens d’annulation


Article R. 611-7-1 CJA. Le tribunal peut, sans clore l’instruction, fixer par ordonnance la date
à compter de laquelle les parties ne peuvent plus invoquer de moyens nouveaux.
175 Réouverture de l’instruction clôturée
Le juge n’y est tenu que si le nouvel élément peut avoir une influence et qu’il n’était pas
possible d’en faire état avant.

176 Permis modificatif de régularisation produit en fin d’instance


Obligation de rouvrir les débats si production d’un permis modificatif de nature à purger le
permis initial de ses vices (soumis au contradictoire) et qu’il n’était pas état d’en faire état avant

Sous-section 1 : Mécanisme de régularisation en cours d’instance


177 Régularisation du permis en cours d’instance à l’initiative du juge (L. 600-5-1)
Si le juge estime que le vice entraînant l’illégalité de cet acte est susceptible de régularisation,
il peut inviter les parties à le faire.

178 Rejet de QPC relative à l’article L. 600-5-1 du Code de l’urbanisme

179 Champ d’application de l’article L. 600-5-1= tous les permis

180 Entrée en vigueur de l’article L. 600-5-1 du Code de l’urbanisme : 19 août 2013

181 Impossibilité de régulariser au cours d’une instance de référé

182 Indifférence de l’achèvement des travaux

183 Condition de mise en œuvre : l’existence d’un vice régularisable


En revanche, les dispositions ne s’appliquent pas lorsque l’illégalité affecte la totalité du projet.

184 Mise en œuvre de l’article L. 600-5-1 du Code urba par un jugement avant dire droit
Après avoir identifié les vices susceptibles d'être régularisés, le juge doit pouvoir constater
que les autres moyens ne sont pas fondés. Dans ce cas, il peut surseoir à statuer par un
jugement avant-dire droit en invitant l'administration à régulariser, pour se prononcer, in fine,
sur le permis modifié. La logique est la même en appel.
Une fois le permis modificatif délivré, il appartient au juge qui a décidé de surseoir à statuer
aux fins de régularisation de se prononcer directement sur sa légalité

185 Contestation du jugement avant-dire droit prononçant le jugement à statuer


Constitue un jugement avant dire droit au sens de R. 811-6 : Il peut être interjeté appel.
Possibilité de contester le fait qu’il est écarté d’autres moyens comme soit disant non fondé ;
et en tant qu’il a fait application des dispositions de l’article L. 600-5-1.

186 Modalités de délivrance du permis modificatif de régularisation


Le bénéficiaire n’a pas à solliciter la délivrance du permis modificatif que le juge a estimé
nécessaire. C’est automatique.

187 Pas de recours direct contre le permis modificatif de régularisation


L’auteur du recours contre le permis primitif doit contester la légalité de ce modificatif dans
le cadre de cette même instance. Il n’est pas recevable à présenter un nouvelle requête (OP)

188 Appréciation de la légalité du permis modificatif de régularisation


C’est au juge initial de le faire. Sur des moyens portant uniquement sur le modificatif.
 Notification au tiers du permis modificatif : le nouvel acte doit être notifié au tiers
requérant (permet de faire courir le délai). ;
 Notification du recours : Le tiers/le préfet n’est pas assujetti à l’obligation de
notification des recours (R. 600-1) dans le cadre de l’instance poursuivie en application
de L. 600-5-1

189 Contestation du jugement mettant fin à l’instance en actant de la régularisation du


permis litigieux
Se fait par des moyens propres et au motif que le permis initial n’était pas régularisable. Sont
inopérants les moyens déjà écartés par le jugement avant-dire droit, dirigés contre le permis
initial et non contre le permis modificatif.

190 Frais irrépétibles


Le requérant peut se voir condamner à L. 761-1 CJA pour avoir attaqué permis effectivement
illégal mais purgé au bénéfice de la procédure de régularisation.

Sous-section 2 : Mécanisme de l’annulation partielle


191 Intérêt du mécanisme d’annulation partielle
Lorsque seule une partie du projet de construction ou d’aménagement est illégale.
Permet une régularisation plus rapide et mieux ciblée sans même que les travaux engagés
auparavant n’aient à être interrompus.

192 Deux hypothèses autorisant l’annulation partielle


 Hors L. 600-5 : Annulation partielle du permis divisible
 L. 600-5 : l’illégalité affecte une partie identifiable du projet et est susceptible d’être
régularisée par un arrêté modificatif de l’autorité compétente, sans qu’il soit nécessaire
que la partie illégale du projet soit divisible du reste de ce projet.

193 Annulation partielle du permis divisible


Permis divisible : les éléments du projet auraient pu faire l’objet d’autorisations distinctes : si
l’une des constructions est illégale, il n’est pas nécessaire d’annuler l’ensemble des autres.
Notion traditionnelle de divisibilité matérielle ou fonctionnelle.
L’interdépendance fait obstacle à l’annulation partielle.
Le caractère contigu ou attenant ne fait pas nécessairement obstacle à la divisibilité.

194-5 Annulation partielle dans le cadre de l’article L. 600-5 du Code de l’urbanisme


Lorsqu'il est saisi de conclusions dirigées contre un permis de construire, de démolir ou
d'aménager, le juge qui estime qu'un vice n'affectant qu'une partie identifiable du projet peut
être régularisé par un permis modificatif, peut :
- limiter à cette partie la portée de l'annulation qu'il prononce ;
- et, le cas échéant, fixer le délai dans lequel le titulaire du permis pourra en demander
la régularisation.
Il ne peut toutefois y procéder qu'après avoir constaté que les autres moyens ne sont pas
fondés.

196 Illégalités affectant une partie identifiable du projet


La circonstance que l'illégalité n'affecte pas l'un seulement des bâtiments autorisés par le même
permis de construire ne fait pas par elle-même obstacle à une annulation partielle de ce permis
lorsque cette illégalité affecte une partie identifiable du projet.

197 Indifférence de la nature du vice (interne ou externe)


Sous réserve que l’illégalité n’affecte qu’une partie du projet.
198 Illégalité régularisable par la voie d’un permis modificatif
C’est un critère essentiel de la mise en œuvre de L. 600-5. L’illégalité doit pouvoir être
régularisée par un permis modificatif et non un permis nouveau.
- Délivrance conditionnée par le non achèvement des travaux ;
- Délivrance conditionnée par le maintien de la conception générale du projet.
L’annulation partielle ne peut affecter l’économie générale du projet.
- Exemples de vices régularisables par la voie d’un modificatif
- Exemples de vices non régularisables par la voie d’un modificatif

199 Possibilité d’annulation partielle d’un refus de permis de construire portant sur
projet divisible

200 Office du juge et annulation partielle


Le pouvoir d’annulation partielle tirée de l’article L. 600-5 peut s’exercer d’office ou à la
demande d’une partie.

201 Conséquence de l’annulation partielle pour le pétitionnaire


- Si l’annulation partielle concerne un élément identifiable mais qui n’est pas dissociable :
le permis est incomplet. Le pétitionnaire dispose d’un droit acquis pour la partie qui
n’est pas annulée, mais ne peut pas achever la construction.
- Si l’annulation concerne un élément dissociable : le reste peut se poursuivre

Sous-section 3 : Modulation dans le temps des effets de l’annulation


202 Possibilité de déroger au principe de l’effet rétroactif de l’annulation
En principe, le permis annulé est réputé n’être jamais intervenu. Toutefois, le juge peut
prendre en considération les conséquences manifestement excessives de la rétroactivité sur les
intérêts publics ou privés en présence ; ainsi que les inconvénients que présenterait au regard
du principe de légalité et du droit des justiciables à un recours effectif, une limitation dans le
temps des effets de l’annulation. En prenant en compte ces éléments, s’il peut déroger à titre
exceptionnel au principe de l’effet rétroactif.
Cette possibilité a permis de son intérêt depuis que des mécanismes de régularisation en cours
d’instance (177) et d’annulation partielle existent.

Sous-section 4 : Amende pour recours abusif


203 Condamnation à amende des auteurs de recours abusif
R. 471-12 : amende qui ne peut excéder 10 000 euros. N’a pas de vocation indemnitaire.
Relève du pouvoir du juge, ce qui fait obstacle à la recevabilité des conclusions tendant à ce
qu’elle soit infligée. Mais possibilité de conclusions reconventionnelles indemnitaires 128)

Section 5 : Jugement
Sous-section 1 : Motivation du jugement
204 Obligation pour le juge de se prononcer sur l’ensemble des moyens (L. 600-4-1Urb)
Pour l’annulation ou la suspension en REP d’un acte intervenu en matière d’urbanisme.

205 Champ d’application de L. 600-4-1


D’application large : autorisations d’urbanisme et autres mesures (délibération renforçant un
droit de préemption renforcé, arrêt interruptif de travaux…)

206 Devoir de motivation du juge


Le juge doit se prononcer expressément sur tous les moyens qui lui paraissent de nature à
justifier une annulation ou une suspension. Impossible d’user de « sans qu’il soit besoin
d’examiner les autres moyens de la requête » (peut seulement écartés moyens infondés)
Renforcé par L. 5 CJA : les motifs doivent être suffisamment précis en droit et en fait.
S’il y a compétence liée, le juge peut toutefois se limiter à déclarer les autres moyens inopérants

207 Une obligation s’imposant à tous les degrés de juridiction


Sauf en cas de recours en appréciation de légalité suite d’un renvoi préjudiciel du juge judiciaire
En appel : sauf si l’un des moyens d’annulation retenus par le premier juge est fondé.
Au Conseil d’Etat : le principe s’applique désormais, sauf hypothèses de référé.

Sous-section 2 : Notifications obligatoires


208 Notification des décisions d’annulation
Les décisions sont transmises sans délai au procureur.

Chapitre 3 : Exécution des décisions d’annulation


209 Mesures nécessairement impliquées par la décision juridictionnelle
Le juge dispose d’un pouvoir d’injonction et d’astreinte, à titre préventif (corps de la décision
L. 911-1 CJA) et curatif (L. 911-4)

Section 1 Conséquences de l’annulation d’un refus ou d’un sursis à statuer


210 Effets de l’annulation d’un refus d’autorisation
Disparition rétroactive de l’acte annulé. Ne rend pas le demandeur titulaire d’une autorisation
tacite, mais oblige seulement l’autorité administrative à procéder à une nouvelle instruction
de la demande.

211 Injonction de réexamen du dossier ou injonction de délivrance du permis de


construire
Généralement, le juge n’enjoint pas à l’administration de délivrer l’autorisation et se contente
d’ordonner le réexamen de la demande.
Pour lutter contre les refus dilitoires, la loi Macron de 2015 a instauré une obligation de
motivation exhaustive des décisions de rejet (L. 424-3)
Même si elle est rarement utilisée, l’injonction de délivrance existe (L. 911-4)

212 Cristallisation des règles d’urbanisme applicables (L. 600-2 Urb)


Lorsqu'un refus opposé à une demande d'autorisation d'occuper ou d'utiliser le sol ou
l'opposition à une déclaration a fait l'objet d'une annulation juridictionnelle, la demande
d'autorisation (ou la déclaration) confirmée ne peut faire l'objet d'un nouveau refus ou être
assortie de prescriptions spéciales sur le fondement de dispositions intervenues
postérieurement à décision annulée.
Ces dispositions ne peuvent bénéficier qu'au pétitionnaire de la demande de permis de
construire ou à ses ayants droit.

A défaut de confirmation, le demandeur :


- ne peut se prévaloir d'une décision tacite d'acceptation dans l'hypothèse où l'administration
ne donne pas suite
- ne bénéficie pas de la cristallisation des règles applicables et peut se voir opposer des
dispositions d'urbanisme survenues postérieurement à la date du refus

213 Champ d’application de l’article L. 600-2


Pour les annulations juridictionnelles portant sur un refus opposé à une demande
d’autorisation d’occuper ou d’utiliser le sol ou sue une opposition à déclaration préalable.

214 Les deux conditions d’application de l’article L. 600-2


- La décision illégale doit avoir fait l’objet d’une annulation juridictionnelle définitive ;
- Le pétitionnaire doit confirmer sa demande dans un délai de 6 mois suivant la
notification de la décision qui confère un caractère définitif à l’annulation ou s’il y a
injonction de réinstruction (216)

215 Décision définitive au sens de l’article L. 600-2

216 Injonction de réexamen valant confirmation de la demande


La condition relative à la confirmation de la demande est remplie s’il y injonction à
l’administration de réexaminer la demande présentée. Il faut donc présenter de telles ccl.

217 Point de départ du délai de réinstruction en cas d’injonction de réexamen


Injonction : nouveau délai à compter de la notification du jugement définitif. Une décision
tacite d’acceptation peut naître à l’échéance de ce délai, sans autre intervention du pétitionnaire

218 Effets des dispositions de l’article L. 600-2 sur la stabilisation des règles
d’urbanisme
Le pétitionnaire évincé par un refus ou une opposition ne se voit pas opposer des dispositions
intervenues postérieurement à la décision annulée (PLU, PPR, inscription monuments
historiques…)

219 Modalités de la nouvelle instruction


Autorité compétente = Celle qui a délivré le premier refus.

Délai d’instruction : l'éventuelle demande de pièces complémentaires n'est pas interruptive


de délai et le permis tacite est acquis au terme du délai d'instruction initialement fixé ; toutefois
cette décision de CA va à l’encontre d’une réponse ministérielle – un arbitrage du CE serait le
bienvenu.

Instruction de la demande : normalement, pas de nouvelles instructions sauf si des


circonstances nouvelles de droit ou de fait n’y fassent obstacle.
Toutefois, en cas d’annulation pour vice de forme ou de procédure, possibilité de procéder à
une nouvelle instruction de la formalité irrégulière avant de se prononcer à nouveau.
Toutefois, cette position (issue d’une réponse ministérielle) est contredite par la JP : l’article
L. 600-2 ne ferait pas obstacle à ce que les service instructeur procède, en l’absence même de
tout changement dans les circonstances aux consultations qu’il estime nécessaires.

220 Sens de la décision prise à l’issue du réexamen de la demande


La nouvelle décision intervenue à la suite du nouvel examen doit être prise pour d'autres motifs
que ceux qui ont été censurés par le juge de l'excès de pouvoir ou alors pour des motifs
identiques mais compte tenu du changement de circonstances de droit ou de fait.

Section 2 Conséquence de l’annulation d’une autorisation de construire


221 Effet rétroactif de l’annulation du permis de construire
Effet rétroactif et erga omnes.
Implique indirectement néanmoins que l'autorité administrative tire les conséquences de la
poursuite des travaux postérieurement à cette annulation (pv d’infraction, arrêté interruptif
de travaux…)

222 Incompétence du juge administratif pour ordonner la démolition


CE 29 juin 1983, n° 35518 : il n’appartient qu’à la juridiction judiciaire de statuer sur les
actions tendant à la démolition d’une construction irrégulièrement édifiée (T confl 15 mai 94)

223 Annulation des actes inséparables du permis de construire

224 Annulation des effets dont le permis de construire est le fait générateur

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