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ISSN 0291 1159

Fondateur : Serge Benattar Zal
d”sb
 A la une 28 Abdelghani Merah : « On ne naît pas
Sommaire du N°1459 du 21 Décembre 2017 10 L’hébreu, une langue bien vivante
terroriste, on le devient »

Gastronomie
11 La révolution Ben Yehouda
12 Méthode : 30-31 Cuisine juive et israélienne :
A la une les cours d’hébreu de l’Institut Meguila les traditions revisitées

L’hébreu : 13 Dictionnaire : une oeuvre au long cours Actu Com

Une langue 14 Nava Beressi : « Tous ont conscience
10 bien vivante
que la maîtrise de la langue
est indispensable »

Israël
34 Elie Korchia :
« Des engagements juifs
et républicains »
Israël 35 La fin des chiva et l’hommage au grand
rabbin Eisenberg
18 Destruction : Israël a-t-il sa parade

FLASH90
Gaza : éviter anti-tunnels ? Régions
l’escalade 19 Recep Tayyip Erdogan mobilise
17 les musulmans
20 Un front européen se braque
36 Martine Ouaknine :
« Christian Estrosi conserve
sa fidélité à Israël »
contre Jérusalem
Monde 23 Licenciement : assainissement 37 Marseille : sport et Shoah
D.R.
dramatique chez Teva
Hezbollah : Accusations Culture
contre l’administration Monde 39 Elizabeth Lévy : « Le pluralisme est
Obama 24 Autriche : l'extrême droite approuve consubstantiel à l’identité juive »
25 la décision de Trump 40 Philippe Caubère : une écriture debout
et vivante
25 Hezbollah : Accusations contre
Gastronomie l’administration Obama 41 Gilles Uzzan : « L’universalité des valeurs
juives réunit »
STÉPHANE BAHIC

Les traditions Actualité

Sports
27 Crif/Insoumis : quand Mélenchon
30 revisitées
s’emporte 42 La Toto Cup a son vainqueur

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 SHMUEL
4 TRIGANO
Professeur des Universités
DU JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
La fenêtre du judaïsme
sur l’extérieur
Billet C haque année, durant la
période de l’Appel na-
tional pour la Tsedaka,
ou lors des grandes col-
ARIEL lectes de l’AUJF, je m’interroge
sur le don : ses motivations, ses
GOLDMANN ressors culturels, religieux, hu-
mains, économiques et même phi-
Président du losophique si l’on considère, le
FSJU / AUJF père de l’anthropologie, Marcel
Maus – auteur d’un « Essai sur le
et de la
don » et neveu d’Emile Dur-
Fondation
du Judaïsme
kheim-, comme un philosophe.
Persuadé de cela, je me demande
Français
pourtant : est-ce qu’en dépit des
“
difficultés les donateurs seront au
rendez-vous de la solidarité ? Est-
ce que sans autre contrainte que
celle imposée par leur conscience,
« La source de vie » ils referont ce chèque qui, redistri-
bué aidera plus « faibles » qu’eux
s’est éteinte, ? Aujourd’hui, près d’un Français
sur deux déclare faire au moins un
avec la mort don par an à une ou plusieurs as-
sociations, fondations. Selon le
du grand rabbin dernier rapport publié par
« France-Générosité » la confiance
Josy Eisenberg.
“
des Français est d’ailleurs plus im-
portante envers ces associations
qu’envers les pouvoirs publics
G.W. GOLDNADEL
Président de France-Israël
et d’Avocats Sans Frontières
pour prendre en charge les gros
dossiers sociétaux que sont l’ex-
clusion, la pauvreté, l’aide à l’en-
fance. Cela dit : les Français don-
nent plus mais ils sont de moins en
moins nombreux à le faire ! Ce
constat, à l’échelle nationale, est
exactement le même que celui que
nous faisons depuis quelques an-
nées déjà au FSJU/AUJF. Ceci est
préoccupant, d’autant que les car-
tes du don ont été rebattues par
des décisions gouvernementales
comme la refonte de l’ISF où les
nouvelles règles sur la territorialité
des dons.
Face aux réalités de la législa-
tion, nos textes fondateurs nous
permettent de prendre de la hau-
teur. « Tu ouvriras certainement ta
main pour lui » est-il écrit dans le
Talmud, et par cette simple phrase,
nous voilà directement reliés à la
descendance d’Abraham. Notre
don, aussi modeste soit-il, est ce
fil qui traverse plus de 5 000 ans
d’histoire ; un signe d’apparte-
nance qui, loin des lois économi-
ques, nous oblige dans la mesure
de notre possible à nous dépasser,
ARIEL GOLDMANN
Président du FSJU / AUJF et de la Fondation
du Judaïsme Français
à nous transcender, à nous affirmer
responsable de l’Autre, celui dont
nous ne savons rien, sinon qu’il a
besoin de notre aide.
L’Appel National pour la Tse-
daka perd un de ses amis fidèles.
« La source de vie » s’est éteinte,
avec la mort du grand rabbin Josy
Eisenberg. Cette disparition, est
une page magnifique de l’histoire
juive qui se tourne. Josy était,
même pour ceux qui ne le
connaissaient pas personnelle-
ment, l’ami du dimanche matin.
Il entrait chez nous, et illuminait
le petit écran de son sourire et de
son savoir. 1962…Il fallait bien
être visionnaire, pour proposer à
l’ORTF d’alors, une émission de
télévision autour du judaïsme, de
la pensée, de la philosophie, des
fêtes juives. Visionnaire, oui, il
l’était certainement car à l’épo-
que, « A Bible ouverte » était pra-
tiquement la seule fenêtre du ju-
daïsme sur l’extérieur, et de l’ex-
térieur vers le judaïsme. Cette
émission permettra à de nombreux
Juifs isolés mais aussi à des non
juifs d’acquérir quelques connais-
sances et de tisser un lien, se-
maine après semaine avec le Ju-
daïsme. Ce grand rabbin, très éru-
dit et plein d’humour avait plus
d’une corde à son arc. Ainsi fut-il
le co-scénariste de Rabbi Jacob,
fournissant à Gérard Oury blagues
et astuces propres au judaïsme…
et chacun de se souvenir : « Vous
êtes juif Salomon ? » prononcé
par le génial De Funès.
Permettez-moi un mot plus per-
sonnel… Josy était un condisciple
de mon père, le grand rabbin
Alain Goldmann. Ils ont étudié
ensemble à l’école rabbinique.
Toute mon enfance, que dis-je,
toute ma vie je l’ai croisé. J’ai
échangé avec lui. Il fut pendant un
demi-siècle, comme l’a écrit le
président de la République, Em-
manuel Macron, « l’incarnation
d’un judaïsme tourné vers le dia-
logue des sagesses. »
Que son souvenir et son action
soient pour sa chère famille, en
particulier mon collègue Marc,
Président de l’Alliance Israélite
Universelle, et pour nous tous une
une source de bénédiction. ●
 Des hauts &débats AC T UA L I T É J U I V E - N ° 1 4 5 9 - J E U D I 2 1 D É C E M B R E 2 0 1 7
5

Perspectives
Quand la femme prophétise …
A
braham, Moïse, Samuel,
Isaïe… La prophétie bibli-
que est-elle un privilège
spirituel réservé aux hom-
mes ? Non, sûrement pas ! Car
PAR l’Ecriture nous parle, à plusieurs re-
prises, de femmes remarquables
FRANKLIN ayant exercé le rôle de prophétesse
RAUSKY (Nevia). Ces figures féminines sont
honorées par le peuple. Leurs idées,
UNIVERSITAIRE leurs prédictions et leurs avertisse-
ments sont reçus avec respect, leurs
conseils sont suivis par les rois, les
princes et les citoyens. Elles expri-
ment le message du monothéisme is-
raélite. A divers moments, elles se
lèvent avec énergie pour guider le
message spirituel élevé ! Après la bataille, Déborah chante les naire : porteuse d’une parole d’espé-
Après le passage de la mer Rouge et louanges de l’Eternel. Son poème rance et de libération.
le prodigieux sauvetage des enfants n’est pas une glorification de la force Hanna, Abigaïl, Houlda jouent
d’Israël poursuivis par la cavalerie de militaire, mais une reconnaissance du aussi le rôle de visionnaires annon-
Pharaon, Myriam, la prophétesse, secours providentiel qui a permis à çant l’avenir de la nation hébraïque,
sœur aînée d’Aaron et de Moïse, en- un peuple faible de se libérer du joug guidée par le Tout-Puissant. Hanna,
tonne une profession de foi en la Pro- d’un ennemi puissant. Son idée-clef la femme stérile devenue par la force
vidence divine, source de la déli- associe le courage des héros et l’aide de sa prière la mère du futur prophète
vrance d’un peuple opprimé : « Chan- divine :
tez l’Eternel, car il est souveraine- « Quand l’anarchie régnait en
Samuel, prononcera le plus magnifi-
que hymne de la foi antique, procla-
ment majestueux. Coursiers et cava- Israël, une poignée d’hommes s’est mant, paradoxalement, la force des
liers, il les a lancés dans la mer… ». dévouée : rendez-en grâce à l’Eter- apparemment faibles et la faiblesse
Quand le peuple s’installe sur la nel… Ainsi périront tous tes ennemis, des prétendus forts :
Terre Promise, il sera gouverné par Seigneur, et tes amis rayonneront « Par lui, l’arc des puissants est brisé,
des juges (Choftim), parmi lesquels comme le soleil dans sa gloire ». et ceux qui faiblissent sont armés de
une femme d’exception, Déborah, à Commentant ce récit, le psychana- vigueur. Il redresse l’humble couché
la foi suprême autorité lyste Paul Laurent Assoun dans la poussière, fait remonter le pau-

peuple vers la réalisation de son des-
HAIM MUSICANT tin : être « un royaume de prêtres et
MICKAEL JOURNO une nation sainte ».
Des nombreux exemples de prophé-
MOISE COHEN
YONA GHERTMAN
FRANKLIN RAUSKY
tisme féminin témoignent de la place
éminente de la femme dans la spiri-
tualité. La féminité, en Israël, n’est
pas synonyme de silence, confor-
misme et résignation ! Des femmes
PHILIPPE BOUKARA
prennent la parole pour exprimer un
“
politique, chef des ar-
mées et prophétesse,
exerçant un magistère
moral et religieux re-
connu par la population.
Elle conduit les armées
d’Israël à la victoire
contre le roi cananéen Ja-
bin, oppresseur er persé-
cuteur des Hébreux.
y décrypte un paradigme : vre du sein de l’abjection… ».
le sommet de la prophétie Myriam, Hanna, Déborah et les
au féminin, une occur- autres… ●
Honorées rence de l’histoire où sont
le
par “
peuple
réunies les conditions de
l’héroïsme et du prophé-
tisme des femmes. La
femme y apparaît comme
Paul Laurent Assoun : « Le prophé-
tisme au féminin dans la Bible :
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Jérusalem : Chiffre de la semaine

Goulet veut un débat au Sénat
La sénatrice (Union Centriste) Nathalie Goulet veut orga-
niser, avec le soutien du groupe communiste, un débat
au Sénat sur Jérusalem, en réponse à la décision de
Donald Trump. Née Milsztein, Nathalie Goulet est
avocate de formation. Elle fut dans les années 90
l'assistante parlementaire puis l'épouse du très En dollars, la somme que va toucher Yuval Sprintz un
anti-israélien sénateur de l'Orne, Daniel Goulet, lycéen israélien de 17 ans qui a découvert une faille
auquel elle a succédé après son décès en 2007. de sécurité dans WhatsApp (possibilité d'ajouter de
Vice-présidente de la commission des Affaires faux utilisateurs, pouvant entraîner le blocage com-
étrangères, Nathalie Goulet est également prési-
dente de la Commission d'enquête sur l'organisa- plet de l'application sur certains smartphones).
tion et les moyens de la lutte contre les réseaux Facebook, le propriétaire de l'application a réparé
djihadistes en France et en Europe. la faille et a donc décidé de récompenser le jeune
homme, passionné d’informatique.

Macron « surpris » par le

“
Emmanuel Macron a été « surpris » par le PROPOS DE PERSO
communiqué du Crif l'appelant à reconnaître
Jérusalem comme « capitale d'Israël », dans la
foulée de Donald Trump. C'est ce qu'ont confié Israël, terre arabe, est une fable
des membres de l'entourage du président de la qui relève de la désinformation,
République. A l'origine le communiqué du Crif
appelait de manière plus neutre « la France » à pour ne pas parler d’escroquerie

“
une telle démarche. C'est le président du Crif,
Francis Kalifat, qui a opté pour un ton plus di- intellectuelle.
rect et tranché en choisissant de s'adresser
nommément à Emmanuel Macron.
A déclaré le journaliste, éditorialiste
D.R.

D.R.
Franz-Olivier Giesbert

Meyer Habib cite Chateaubriand

Meyer Habib a lui aussi exhorté Emmanuel Macron à ef-
fectuer une déclaration sur Jérusalem. Le député (UDI)
de la 8e circonscription des Français établis hors de
France a adressé un tweet au président de la République
en citant Chateaubriand: « Le peuple juif a assisté 17 fois
TWITTER.

à la ruine de Jérusalem, et rien ne peut le décourager ;

rien ne peut l’empêcher de tourner ses regards vers Sion.
@EmmanuelMacron, de l'audace, M. le Président, recon-
naissez #Jerusalem capitale d'#Israël! », a écrit Meyer Ha-
bib sur son compte twitter.

Rachel Marouani boost Make Up for Ever

Rachel Marouani (45 ans) vient de se voir confier un nou-
veau défi par Bernard Arnault, le PDG de LVMH : elle
quitte la présidence des bijoux Fred pour prendre celle
des cosmétiques Make Up For Ever. Objectif, booster la
taille et la notoriété de la marque créée en 1984, au départ
pour les professionnels. Basée à Neuilly, Make Up For Ever
emploie aujourd'hui 2 000 personnes et est distribuée
dans 60 pays, via 2 200 points de vente. Un défi à la mesure
de cette femme d'affaires qui, dès son plus jeune âge a fait
JÉRÔME BONNET / DR

ses premiers pas dans le monde des artistes grâce à son

père, l'imprésario Charley Marouani. Diplômée du Celsa
et de l'Essec, Rachel Marouani a débuté chez Afflelou
avant d'être remarquée par LVMH en 2005.

Abbas: soins et pourparlers aux USA

Mahmoud Abbas devrait dans les prochains
jours se rendre aux Etats-Unis pour subir une
série d'examens médicaux dans une clinique de
Washington. Alors que, lors d'une conversation
téléphonique, le président palestinien protestait
auprès de Donald Trump de sa décision sur Jé-
rusalem, ce dernier lui aurait rétorqué sans mé-
nagement : « Nous reparlerons de tout ça lors-
que vous viendrez vous faire soigner. Ce sera
D.R.

peut-être l'occasion de se rencontrer ».

MARTIN PEREZ

La « yiddishe mame »
de Gilles Simeoni
Gilles Simeoni, le vainqueur des
élections territoriales en Corse et
nouveau chef de l'exécutif sur l'Île
de beauté, a une histoire familiale
particulière. Son père, Edmond Si-
meoni, fut l'un des leaders histori-
ques de la cause nationaliste
corse. Sa mère, Lucie, est juive, is-
sue d'une famille aux branches al-
sacienne et polonaise, et fut une
enfant cachée durant la Shoah. Ed-
mond et Lucie Simeoni se sont
rencontrés à Marseille dans les an-
nées 50. Selon Corse Matin, Lucie
Simeoni était présente à l'office de
Yom Kippour, célébré pour la pre-
mière fois depuis des années en
septembre dernier, dans la petite
synagogue du quartier du vieux
port à Bastia, auquel 200 person-
nes ont assisté.
N nous
RIE ne
AC T UA L I T É J U I V E - N ° 1 4 5 9 - J E U D I 2 1 D E C E M B R E 2 0 1 7
embauche Spielberg
Apple vient de conclure un accord
avec Amblin Television, la société de
Steven Spielberg, afin de faire revivre la série
culte des années 1980, Amazing Stories. Dix
nouveaux épisodes seront réalisés sous la direc-
tion du cinéaste producteur. Apple, qui compte
rattraper son retard en matière de fictions sur
ses concurrents Amazon et Netflix, voit les cho-
ses en grand : le budget du contrat s’élève à
50 millions de dollars, soit 5 millions par épisode.
Copernic :
les parties civiles craignent un non-lieu
Après le réquisitoire de renvoi aux assises de
Hassan Diab, signifié par le parquet aux parties ci-
viles début décembre, le juge d'instruction
chargé de l'enquête sur l'attentat de la rue Coper-
nic a maintenant un mois pour rendre son ordon-
nance. Plusieurs avocats des victimes craignent
que ce dernier ne prononce un non-lieu et or-
donne la libération de Hassan Diab, le principal
suspect, actuellement détenu en France. A plu-
sieurs reprises, le magistrat a en effet paru sensi-
ble aux arguments de la défense qui s'appuie sur
des témoignages très tardifs pour affirmer que
Hassan Diab se trouvait au Liban le jour de l'atten-
tat. Si un tel non-lieu était rendu, le parquet aurait
encore la possibilité de faire appel de la décision.
echaPPe 7
Soleil sur les greens
Lévy meilleur joueur français de l'année
MÉTÉO
Le golfeur Alexander Lévy a été désigné meilleur joueur français de
l'année 2017 lors de la cérémonie des trophées du Golf qui se sont tenus
dans le cadre prestigieux du pavillon d'Armenonville du Bois de Boulogne,
à Paris. Un titre plus que mérité pour le numéro un français et 74ème
joueur mondial qui, cette saison, a gagné son quatrième titre sur l'Euro-
pean Tour au Volvo China Open. « C'est une récompense dont je suis fier
d’autant plus que c'est le choix du jury mais aussi du public », a déclaré
le jeune homme en duplex de Floride. Né aux États-Unis de parents fran-
çais, Alexander a été initié au golf par son père, Philippe Lévy, lui-même
habitué et passionné des greens. Pendant sa jeunesse en France, Alexan-
der Lévy a fréquenté l’école de golf de Frégate à Saint-Cyr-sur-Mer.
Après une carrière amateur prometteuse, il est passé professionnel
à l’été 2011 et s’est rapidement imposé sur le circuit.
Brumes dans le prétoire
Dieudonné bientôt jugé pour fraude fiscale
A l'instar d'Al Capone, Dieudonné va-t-il définitivement tomber pour
une affaire de fraude fiscale ? L'humoriste antisémite est accusé d'avoir
dissimulé près de 1,5 million d'euros. L'enquête, déclenchée il y a quatre
ans, a permis de mettre en évidence d'énormes sommes d'argent en li-
quide encaissées par Dieudonné, qui s'est toujours prétendu ruiné et in-
solvable à la suite des nombreux procès qui lui ont été intentés. L'artiste
est aujourd'hui renvoyé devant le tribunal correctionnel pour fraude fis-
cale et blanchiment. Si ses dérapages antisémites ne lui ont valu jusqu'à
présent que des peines de prison avec sursis, son prochain procès (dont
la date n'est pas encore fixée) pourrait cette fois le conduire réellement
derrière les barreaux.
 8
A C T UA L I T É J U I V E - N ° 1 4 5 9 - J E U D I 2 1 D É C E M B R E 2 0 1 7

Macron et les efforts de Netanyahou Faut-il boire du vin à Hanouka ?

L e président de la République fran-
çaise, Emmanuel Macron, a reçu à
Paris le Premier ministre israélien,
guerre. Si les accords de paix avec
l’Egypte et la Jordanie ont été mainte-
nus au prix d’incidents constants trans-
I l y a beaucoup de similitudes entre
Hanouka et Pourim. On dit qu’aux
temps futurs, les fêtes de Pourim et
les Grecs en déroute, offrant ainsi la
première victoire du peuple juif sur
ses oppresseurs, décisive pour toutes
Binyamin Netanyahou. formant en réalité ces accords de paix de Hanouka ne disparaitront pas car les autres.
Sur la forme, le président s’est montré en accords de non belligérance, les elles sont le symbole de l’éternité Le Rav Haim Dynovisz fait remar-
à l’égard de son invité israélien fort ai- « gestes courageux » à l’égard de l’AP, d’Israël. Ces fêtes reposent sur les ac- quer que ces deux fêtes tournent au-
mable et sympathique. Sur le fond, il a de Gaza et du Liban ont été considérés tions de deux femmes exceptionnel- tour d’un liquide : le vin pour Pourim
montré sa compréhension, son empa- par les récipiendaires comme des aveux les, Esther et Yehoudit, qui toutes les et l’huile pour Hanouka, et qu’à cha-
thie et la solidarité de la France à de faiblesse et se sont retournés contre deux, utilisent la nourriture abon- que fois c’est le jus extrait d’un fruit
l’égard des victimes israéliennes du ter- les intérêts vitaux de l’Etat et du peuple dante et le vin pour assoupir et pren- que l’on presse : le raisin donne le vin,
rorisme et a demandé à Netanyahou d’Israël. Il aurait pu, enfin, rappeler dre le dessus sur les rois ennemis. et l’olive donne l’huile. Or, le raisin est
« un geste courageux envers les Palesti- l’origine du conflit en 1948 (violation Esther, dont la Meguila porte le relativement facile à presser et on ob-
niens ». Le Premier israélien a lui égale- par les Etats de la Ligue des Etats ara- nom, est visible dans le récit de Pou- tient le jus immédiatement : on com-
ment présenté de la sympathie sur le bes de la résolution 181 des Nations- rim. A l’opposé, l’histoire de Yehou- prend maintenant pourquoi Esther est
fond comme sur la forme. «Bibi» aurait unies portant partage de la Palestine dit qui se déroule dans la période la dimension féminine visible !
pu répondre à Macron que ces «gestes sous mandat britannique), la création précédant Hanouka, est beaucoup Et pourquoi Yehoudit représente la di-
courageux» avaient déjà été fournis par succédante de deux Etats sur ce terri- moins racontée : Jérusalem était en- mension féminine cachée – l’huile
les Israéliens à plusieurs reprises, sans toire et la position de légitime défense cerclée par l’armée grecque et les pro- étant très difficile à extraire de l’olive.
effet de réciprocité et souvent contre que vit l’Etat hébreu depuis les premiè- visions diminuaient de jour en jour. Alors, que boire à Hanouka ?
productifs. Il aurait pu indiquer que res agressions subies depuis le premier Une jeune femme, Yehoudit, prend Il semblerait que le type de vin le
seul exemple dans l’Histoire de l’Hu- jour de sa création en 1948. sur elle de sauver son peuple. Elle se plus indiqué serait un vin festif, mais
manité et sur la surface de la Terre, Si le président Macron comme tout rend dans le camp ennemi, et son qui sait rester discret, donc plutôt fai-
l’Etat hébreu a accordé des territoires autre souhaite jouer un rôle dans une charme et sa volonté lui permettent ble en alcool, on prendra donc un
acquis à la suite de conflits déclenchés relance souhaitable du « processus de d’être présentée devant le chef des Crémant d’Alsace, un Mousseux ou
contre lui (Egypte, Jordanie, Autorité paix » il devra au préalable reconnaître armées grecques. Un soir, acceptant un Champagne ! Le peuple juif est in-
palestinienne (AP), Gaza, Liban) inven- la réalité de la situation historique, juri- l’invitation du roi, elle lui propose vincible et remonte toujours à la sur-
tant ainsi le concept jusque là inconnu dique et diplomatique de la région et des laitages et des mets succulents. face, tout comme l’huile… ou les bul-
de «territoires contre la paix». Aucun des parties concernées. Rien ne s’im- Celui-ci s’endort et avec courage elle les des vins effervescents! Un accord
autre Etat agressé et vainqueur - n’a ja- pose jamais à aucun peuple. ◆ lui coupe la tête puis s’enfuit pour re- parfait avec les beignets sucrés… ◆
mais rendu des territoires acquis en joindre son peuple. Les guerriers juifs
vertu des dispositions des droits de la Pierre Saba prennent alors l’offensive et mettent Levanah Iserin

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Sarl au cap. de 15.000 € RCS Bobigny B 340 119 700 - SIRET : 340 119 700 00045 - APE 5814 Z

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Laurent Cohen-Coudar (2015). ● Vie pratique : Déborah Luzon ● Comptabilité :
● Comité de rédaction : ● Billets : Haïm Korsia, Ariel Martine Adjedj (2025)
Catherine Garson, Laetitia Enriquez, Goldmann, Gilles-William Goldnadel, Jacqueline Landesberg (2025)
Yaël Scemama, Jonathan Nahmany, Richard Prasquier, Shmuel Trigano. ● Secrétariat :
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Lætitia Enriquez, Catherine Garson, - Nathan Katz (Strasbourg) Responsable : Karine Haddad (2001)
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dante Los Angeles), Feiga Lubecki, (Clermont-Ferrand). ● Directeur de la publication :
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les Rabbanim Dov Lombroso-Roth, ● Directrice de la publicité : ● Abonnement annuel : 70 €
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Avec : Laurent Gahnassia, Michèle Déborah Luzon (2029)

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 9
A C T UA L I T É J U I V E - N ° 1 4 5 9 - J E U D I 2 1 D É C E M B R E 2 0 1 7

Date limite
« Libé », complice du négationnisme arabe ? ★ d’insertion
de vos courriers :

L
e directeur de la publication ture de l'Histoire dès qu'il s'agit
le lundi précédant

de "Libération" a fait paraître
récemment un article intitulé:
"D.ieu est-il diplomate", où, à la lu-
mière de l'exclamation naturelle de
l'Ambassadrice d'Israël en France
rappelant le simple fait que Jérusa-
lem est la capitale du Peuple Juif
depuis 3000 ans, depuis que le roi
David l'a proclamée telle, il tente
d'accréditer l'idée que l'Histoire
juive serait pure légende, en tout
cas antérieurement au 6ème siècle
avant l'ère commune. Il est vrai
✉
des Juifs, je ne donne pas cher
de l'intelligence française, dans la parution.
tous les domaines, dans vingt
ou trente ans….
La France est considérée ★ email :
comme une vieille nation soli- courriers.
dement établie dans son pays. lecteurs@actuj.com
Or les historiens sont d'accord
pour considérer la bataille de
Bouvines en 1214 comme le
point de départ de cette nation,
soit environ 800 ans. Nous, thèse de Joffrin était confir- propos pour tenter en dernière
Juifs, prétendons que notre ca- mée, nous n'aurions "que" analyse de mettre en cause nos VOTRE RENDEZ-VOUS
pitale existe depuis 3000 ans

★
qu'un petit nombre d'archéologues 2600 ans, plus de trois fois droits sur notre patrie…◆ DU MERCREDI
israéliens post-modernes, en mal avec preuves à l'appui. Mais plus que la France ! Joffrin ne DEPUIS PLUS DE 35 ANS
de publicité, comme Finkelstein et même, si par extraordinaire, la saisit pas le grotesque de son Léon Rozenbaum
Silberman, avaient il y a quelques
années tenté d'accréditer l'idée que
le texte de la Thora serait le fruit
d'une machination politique des
serviteurs des rois de Juda, à l'ins-
tar des légendes accompagnant la
royauté française.
Or, c'est précisément en ce mo-
ment que de nombreux Oulemas,
docteurs de l'Islam, lancent une of-
fensive médiatique et essayent de
faire croire que les fouilles archéo-
logiques réalisées un peu partout
en Israël, n'auraient mis au jour au-
cune trace des royaumes hébraï-
ques antiques.
Rien n'est plus faux et notam-
ment les découvertes enregistrées
sur le site de la Ville de David et
dans les tonnes de poussières ex-
traites illégalement par les repré-
sentants musulmans sur le Mont
du Temple, à Jérusalem, ne laissent
aucun doute sur l'historicité des
royaumes de David et de Salomon,
comme ont été obligés de le recon-
naître eux-mêmes les archéologues
Finkelstein et Silberman.
Mais, emportés par leur élan,
nombreux sont les Musulmans qui
affirment qu'Adam, Moïse, David,
Salomon étaient des prophètes mu-
sulmans bâtisseurs de mosquées…
Cette tentative de phagocyter Israël
n'est pas nouvelle : l'Eglise ne s'est-
elle pas autoproclamée, durant des
siècles, le "véritable Israël"?
Lorsque l'on prétend fonder une
politique et une diplomatie hic et
nunc sur des données rationnelles, il
est essentiel d'examiner d'abord les
faits historiques et de ne pas les dis-
tordre parce qu'une théorie histori-
que arrange bien votre penchant
idéologique ! La pensée juive est elle-
même historiosophie, une réflexion
morale sur l'Histoire humaine où la
nation juive occupe naturellement
une place essentielle. Il n'est pas pos-
sible de sauter à pieds joints sur un
tel monument d'humanité comme il
n'est pas possible d'ignorer les témoi-
gnages des historiens grecs et latins
sur l'Histoire juive !
Si l'on ne peut plus enseigner la
Shoah au Royaume-Uni et dans de
nombreux établissements en
France, sous la pression des élèves
musulmans, et si des journalistes de
renom en France cèdent au chan-
tage arabo-musulman à la réécri-
 10 A LA UNE
■ Tet ou taf, vav ou beth, aleph
ou yain, rech ou chet, bref c’est
le balagan ! Alors pour que
l’hébreu ne soit plus pour
vous… de l’hébreu, il existe
aujourd’hui une pléthore
de possibilités pour apprendre
cette langue, si longtemps
oubliée, devenue en 1948
la langue nationale de l’Etat
d’Israël - celle qui a relevé le
défi de fédérer les juifs venus
du monde entier. Apprendre
l’hébreu c’est être aussi garant
de la pérennité de la langue de
nos prophètes, de nos ancêtres,
de nos Rois, David ou Salomon.
Au Paradis Gourr mann d Pâtissier - Traiteur
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Jamais l’engouement pour l’hébreu
n’avait été aussi en vogue qu’aujourd’hui
l n’y a pas d’autres exemples dans
I l’histoire d’une langue restée aussi
longtemps uniquement vouée à l’étude
et à la prière, ainsi ressuscitée», confie le
professeur Gabriel Birnbaum, éminent lin-
guiste qui rédige actuellement le diction-
naire historique de la langue hébraïque, de-
puis les textes les plus anciens jusqu’à l’ar-
got contemporain (voir page 13). Cette lan-
gue sémite cananéenne dont l’usage avait
disparu au milieu du 2e siècle après J.-C. et
qui, après être restée pendant 17 siècles
uniquement destinée au culte, a été réacti-
vée en langue parlée au XIXe, grâce à un
certain Eliezer Ben-Yehouda (voir page 11)
- Non ce n’est pas seulement le nom de
rues en Israël !-
«Il y a bien quelques langues qui se
sont affaiblies au fil du temps, précise
Gabriel Birnbaum, par exemple l’irlan-
dùùsb
Sous le Contrôle du
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N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
dais, le maori de Nouvelle-Zélande et au-
tres mais jamais elles n’avaient cessé
complètement d’être parlées ».
Jamais l’engouement pour l’hébreu
n’avait été aussi en vogue qu’au-
jourd’hui. Beaucoup de juifs français sa-
vent certes le lire mais non le parler.
Certains l’étudient dans la perspective
d’une future alyah ou d’études, ou en-
core de vacances en Israël, d’autres en-
core pour le plaisir. Alors, comment ap-
prendre l’ivrit aujourd’hui ? Il demeure
les méthodes traditionnelles qui ont de-
puis longtemps fait leurs preuves. Les
oulpan, cours collectifs, proposés par
l’Agence Juive, la Fédération Sioniste.
Et les oulpan communautaires. Les éco-
les de langues proposent de plus en plus
l’hébreu. Il y en forcément une près de
chez vous. Les cours particuliers, plus
onéreux mais plus flexibles et personna-
lisés. Ou encore la méthode Assimil.
85 leçons progressives qui vous amè-
nent, à raison d’une demi-heure de prati-
que par jour, à un niveau très honorable.
Pour ceux qui veulent surtout appren-
dre les mots et expressions du langage
quotidien des Israéliens, on peut dire que
l’hébreu a tissé sa toile avec des supports
plus inventifs les uns que les autres. my-
languageexchange.com, conversationex-
change.com, sharelanguage.com. propo-
sent, via une webcam ou skype d’échan-
ger en hébreu. Les sites et applications
smartphone d’Ivrit foisonnent. Daber
Ivrit, de l’Agence Juive, vous offre les
4 premiers cours. Be ivrit, une applica-
tion smartphone gratuite qui vous accom-
pagne quel que soit votre niveau depuis
l’apprentissage de l’alphabet jusqu’à la
lecture du journal. L’App, qui propose
aussi un outil de traduction et de conju-
gaison, a, aujourd’hui 45 000 abonnés et
reçoit 15 000 visites par mois : « Nous
recevons tous les jours des messages de
remerciements de nos utilisateurs et
avons le soutien de plusieurs institutions,
la Fondation de la Shoah, OSM, Qualita
et même une collaboration avec ELAL
avec qui nous avons élaboré un passeport
pour l’hébreu », se félicite Alain Sitbon,
fondateur, avec Yaël Sitruk, de l’applica-
tion. Les frères Julien et Elie Cohen, des
passionnés de la langue et de la culture
hébraïques et juives et du face-caméra,
ont mis au point A cours d’hébreu. Des
vidéos de 5 minutes, in situ, pour que
vous ne soyez plus à court de mots, d’ex-
pressions, d’adjectifs, de verbes, d’inter-
jections, quand vous êtes en Israël. Leur
page facebook a déjà récolté plus de
2 000 like et leurs vidéos plus de 200 000
vues. La dernière-née des applications,
Nemo, lancée il y a quelques jours. Dis-
ponible dans l’App Store pour les appa-
reils iOS. Avec elle, votre Iphone, IPad,
et Apple Watch devient votre professeur
d’hébreu attitré. Le plus… l’audio d’un
locuteur natif à chaque leçon et la pos-
sibilité de vous enregistrer pour caler
votre accent sur le sien. Et tout l’audio
est téléchargé sur votre appareil et donc
accessible dans l’avion qui vous mène
en Israël. Tachless*, vous n’avez plus
d’excuse pour ne pas vous y mettre !
Et voici votre 1er cours. Actualité Juive
hou iton sababa !** ●
NATHALIE SOSNA-OFIR
*Bref
**Actualité Juive est un super-journal !
 A LA UNE N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 11

DABROU IVRIT !*
La révolution Ben Yehouda
C’est le deuxième jour de Hanouka, le 16 décembre 1922, qu’Eliezer Ben Yehouda rend son dernier
souffle. Il y a tout juste 95 ans. Ce jour est devenu en Israël Journée Nationale de la Langue
Hébraïque. Un bien bel hommage au père de l’hébreu moderne qui a réussi le miracle de
sa renaissance après plus de 17 siècles où il n’était plus utilisé que pour prier.
Un rêveur visionnaire qui a sa rue dans la majorité des villes en Israël.
ne renaissance qu’Eliezer Ben mission à accomplir. Rédiger un dictionnaire Maariv. Sous le mandat britannique l’hébreu

D.R.
Yehouda lie à celle du peuple juif de l’hébreu. Dès 1901 et jusqu’à la fin de sa est reconnu comme l’une des trois langues of-
en Terre d’Israël. Un peuple qui, vie, il manipule, ordonne et définit les mots. ficielles de la Palestine. Et en 1948, à l’indé-
dit-il, à l’instar de tous les autres, a le A sa mort, 7 volumes ont déjà été publiés. Sa pendance d’Israël, il devient, avec l’arabe, lan-
droit de se constituer en État-Nation sur femme et son fils poursuivront cette mission et gue nationale. La prophétie d’Eliezer Ben Ye-
sa Terre. Et qui pour ce faire, a un avan- 9 autres suivront. Le dernier en 1959. Entre- houda de faire revivre l’hébreu au sein d’un
tage significatif, une langue dont il pour- temps, le mouvement sioniste a imposé l’hé- foyer national juif sur la « Terre d’Israël »
rait se servir pour parler et écrire, et non breu moderne au sein de son réseau d’écoles Le père de l’hébreu
seulement pour prier. Pour le jeune qu’il établit en Palestine. En 1919, naît le pre- NATHALIE SOSNA-OFIR moderne, Eliezer
Eliezer, les Juifs ne seront un peuple vi- mier quotidien national en hébreu. Ha’haretz. Ben Yahouda
vant que s’ils reparlent l’hébreu dans Suivi en 1939 par le Yedihot Ahronot et le *Parlez hébreu !
leur propre pays. « Si nous accomplis-
sons cette mission, répétait-il, Eretz Is-
raël sera le cœur du peuple tout entier,
un peuple avec sa propre langue et sa lit-
térature ». Comme les autres. A Paris,
où il étudie la culture juive à la Sor-
bonne, il parle hébreu avec les juifs qu’il
rencontre. Et quand il leur parle de son
dessein –son obsession - de faire revivre
la langue hébraïque, il se fait traiter de
rêveur. L’hébreu n’est plus, en effet, de-
puis longtemps, la langue maternelle
d’aucun juif. Mais le jeune homme est
fermement résolu à ressusciter la langue
de ses ancêtres, des prophètes et des rois
d’Israël David et Salomon. Il entreprend
des recherches linguistiques, décortique
les textes sacrés, écoute les cantiques et
les liturgies. Il invente des mots, en as-
semblent d’autres pour créer de nouvel-
les expressions. En 1881 il émigre en
Palestine, avec sa femme, bien décidé à
imposer l’hébreu. D’abord dans son
foyer qui devient le premier foyer hé-
bréophone du monde moderne. Mais
quand les premiers immigrants arrivent
la guerre des langues a bien lieu.
Nombreux refusent d’abandonner la
langue de leur pays d’origine. Dans les
écoles du Yishouv la lutte entre partisans
et détracteurs de l’hébreu est vive. Et
quand certains enseignants l’imposent
aux dépends du Yiddish, certains parents
ashkénazes n’envoient plus leurs enfants
en classe. On pense au français, à l’alle-
mand ou l'anglais comme langue com-
mune. Mais Ben Yehouda s’y oppose. Il
publie articles et livres en hébreu et
fonde son propre journal. En 1890, il est
à l’initiative du premier comité de lan-
gue hébraïque qui a pour objectif la pro-
motion de l’hébreu moderne. Un comité
qui deviendra, en 1953, par une loi pro-
mulgée par la Knesset, l’académie de la
langue hébraïque. Ben Yehouda veille à
la mise en place des premières écoles
destinées aux jeunes hébréophones.
D’aucuns voient en lui un perturbateur,
un révolutionnaire qu’il convient de ban-
nir et le dénoncent en 1894 au gouver-
neur ottoman. Il est alors arrêté et son
journal saisi. Il ne doit sa remise en li-
berté qu’à l’intervention du Baron Ed-
mond de Rothschild, alors en visite dans
ses Yshouvim de Palestine qu’il par-
raine. Petit à petit, l’hébreu s’impose
comme langue fédératrice de tous les
juifs qui arrivent en Eretz Israël et beau-
coup hébraïsent leurs noms. Mais il
reste à Ben Yehouda, lui-même né Elie-
zer Isaac Perelman Elianov, une ultime
 12 A LA UNE N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017

MÉTHODE Approche passionnante

de la langue

Les cours d’hébreu L’hébreu

en tête
de l’Institut Meguila De Yaël Yotam
Depuis 25 ans,Yaël Yotam dirige l’Institut Meguila et propose
D.R.

octeur en pédagogie, an-
D cienne professeur à
l’INALCO (anciennement
« langues O »), Yaël Yotam a mis
en place une méthode spécifique
d’apprentissage de l’hébreu. Elle
l’utilise dans le cadre de ses cours
donnés à l’Institut Meguila (qui se
situe à Paris dans le 18ème arron-
dissement) avec la possibilité de
choisir l’un des quatre niveaux
suivants : débutants - débutants
moyens - avancés - très avancés. «
Il ne s’agit pas d’un oulpan classi-
que dans la mesure où je pense
qu’il faut faire une différence en-
tre la langue enseignée dans le
pays et l’hébreu qui est enseigné
en dehors d’Israël », explique Yaël
Yotam. Sa méthode spéciale jette
un pont entre la structure et l’his-
toire de l’hébreu et la conception
juive du monde. « Il n’est donc
pas question ici de se limiter à une
une méthode particulière pour apprendre l’hébreu. Tour d’horizon…
approche fonctionnelle de la lan-
gue – qui consisterait à apprendre
l’hébreu pour le parler en Israël –
mais de relier la pratique de la
langue à son esprit, à son sens ori-
ginel », ajoute-t-elle.
La langue n'est pas seulement un
moyen d'expression et de communi-
cation, mais également un moyen
de perception, ici d’un regard sur
l’histoire et la vie juives. Pour Yaël
Yotam, « l’objectif est d’abord de
tracer une route linguistique et iden-
titaire » – ce dernier mot fait, à ses
yeux, la différence de son approche
avec celle des autres oulpanim. Ce
professeur vit finalement son ensei-
gnement comme une mission qui
participe au cheminement du peuple
juif. Son ambition est toujours d’ex-
plorer les âmes de la tradition juive
au travers des mots de la langue hé-
braïque. L’année est composée de
26 cours – à chaque niveau – d’oc-
tobre à fin juin. Il vous en coûtera
550 euros (avec la possibilité de
payer en plusieurs fois). Yaël Yotam
explique qu’elle « s’appuie sur les
motivations de chacun des élèves,
ce qui contribue à donner un carac-
tère vivant aux cours ».
Il est possible de se faire une idée
de la méthode spécifique de Yaël
Yotam en se procurant ses ouvra-
ges : « L’hébreu en tête – Initia-
tion, écriture, lecture, expression »
(éditions AJ Presse) qui permet
d’amorcer la phase d’initiation de
l’hébreu (qui est la phase la plus
importante) et « Etincelles d’hé-
breu – Langue et vision du monde
(éditions Lichma) qui permet
d’aborder la langue hébraïque
d’une façon originale : l’analyse de
chaque mot permet de dériver pour
s’enrichir à partir de sa racine. Par
exemple « Papa ! Papa ! », en hé-
breu « Aba ! Aba ! », rappelle la
INITIATION
ECRITURE
méthode d’éducation stricte du LECTURE
jeune Itamar, fils d’Eliezer Ben Ye-
huda, l’inventeur de l’hébreu mo-
derne (voir page 13). Les mots hé-
Première édition :
breux apparaissent comme des tré- Printemps 1991
sors linguistiques qui, par des di-
Celle-ci était vendue
gressions enrichissantes, offrent
des études sémantiques, étymolo- avec une cassette,
giques, historiques et philosophi- désormais disponible
ques. Les cours de Yaël Yotam re- en CD
prennent cette approche passion-
nante de la langue. Le 24 janvier
prochain, elle prononcera une
Best Seller des
conférence sur le thème de « la re- Editions A.J. Presse
naissance de la langue hébraïque : Plusieurs réimpressions,
phénomène unique dans l’histoire
humaine ». ● utilisées par les écoles
et universités
ERIC KESLASSY
Renseignements sur les cours En vente sur
d’hébreu de l’Institut Meguila, www.actujboutique.fr
les ouvrages et la conférence de
Yaël Yotam au 01.42.62.25.91.

A l’israélienne
L’oulpan de la rue Lafayette
■ L’espace culturel et universitaire juif d’Europe abrite
le plus grand oulpan du vieux continent. Petite visite guidée…

L ’oulpan de la rue Lafayette, di-

rigé par Jean-François Strouf,
propose d’apprendre l’hébreu tel
qu’on le parle en Israël. Les profes-
seurs sont israéliens : ils enseignent
donc dans leur langue maternelle et
ils utilisent les méthodes israélien-
nes. L’objectif est d’apprendre si-
multanément à lire, écrire et parler à
partir de procédés interactifs. Il
existe habituellement dix niveaux,
des « débutants » à ceux qui souhai-
tent un « perfec-
tionnement ».
Chaque classe
s’ouvre dès qu’il
y a un minimum
Permettre une
de 10 inscrits – et
les inscriptions se
dynamique
clôturent généra-
lement dès que la
classe a 15 élèves: ce nombre d’élè-
ves doit permettre une certaine dy-
namique dans les échanges en hé-
breu sans que le cours soit trop
« chargé », de façon à ce que chacun
puisse prendre la parole et progres-
ser. Les enseignants de l’oulpan du
centre communautaire souhaitent
travailler avec des classes d’un ni-
veau cohérent (des tests sont organi-
sés en début d’année et il y a la pos-
sibilité de changer de cours jusqu’à
deux fois dans l’année pour trouver
le niveau qui correspond au sien)
afin de tirer profit de leurs métho-
des innovantes. Le niveau un, celui
des « débutants » permet d’être ini-
tié à la grammaire avec l’étude des
verbes au présent et à l’infinitif ; les
élèves y acquièrent la syntaxe basi-
que et amorcent l’expression orale
active. Le niveau 2 est une année
d’enrichissement tant sur le plan de
la grammaire, de la syntaxe de la lan-
gue et du vocabulaire utilisé. L’usage
des outils audiovi-
suels permettent
d’accélérer l’ap-
prentissage de
l’expression orale.
Les niveaux sui-
vants offrent des
renforcements
successifs jusqu’au
niveau de « perfectionnement » qui est
le plus élevé de l’oulpan du centre
communautaire : il s’adresse aux élèves
qui ont acquis un vocabulaire très va-
rié, ainsi que la maîtrise de tous les
groupes verbaux. Les études se concen-
trent sur les différents types de textes :
articles de journaux, textes littéraires et
poétiques. Expression orale et écrite
prennent une place tout aussi impor-
tante. A n’importe quel niveau, il est
également possible de suivre des cours
de conversation intensive. ● E. K.
 A LA UNE N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 13

Une oeuvre au long cours
6ème siècle avant JC, des tessons de poterie
ou des fragments de calcaire utilisés comme
support d'écriture. Les manuscrits de la mer
Morte représentent aussi une source linguisti-
que précieuse tout comme des écritures gra-
vées sur des artefacts de l’époque du premier
et second Temple, le Talmud et le Midrash, en
passant par les liturgies, les travaux philosophi-
ques du Rav Moshé ben Maïmon, plus connu
D.R.
DICTIONNAIRE
précise le développement morphologique, sé-
mantique, contextuel, historique du mot depuis
son origine jusqu’à ce jour. Personne ne peut
prétendre dire combien de temps sera néces-
saire pour achever le dictionnaire, sans doute
encore plusieurs décennies. « Une tâche monu-
mentale mais ô combien importante pour le
peuple juif bien sûr mais aussi pour les linguis-
tes qui se sont toujours intéressés à la langue
aussi un sanctuaire, une habitation, une de-
meure et il est utilisé pour désigner le lieu où
est abrité le parlement israélien, le Mishkan
Haknesset. Quand on lui demande quel mot
d’hébreu il préfère Gabriel Birnbaum répond
que c’est comme si on lui demandait lequel de
ses enfants était son préféré. Quant aux mots
du langage populaire contemporain que l’on
pourra trouver dans le dictionnaire, il accepte

sous son acronyme de Rambam, auteur du hébraïque, cette langue sémite cananéenne. Un de nous en révéler deux. Aabal, un mot qui
Mishné Torah, l’un des plus importants codes outil précieux aussi pour les universitaires et veut dire idiot ou encore Sababa, pas de pro-
de Loi Juive, les textes du Rabbin Yehouda Ha- les écrivains mais aussi pour tous ceux qui ai- blème ! « Mais on n’en est pas encore là,
le professeur lévi, ce poète sépharade du 11e siècle, auteur ment ou étudient cette langue ou qui souhaitent s’amuse-t-il, nous venons juste de commencer
Gabriel Birnbaum de huit cents poèmes dont les Odes à Sion. De- en savoir davantage sur la racine d’un mot ou à éplucher les textes de Shmuel Yosef Agnon,
puis 2005, le travail de rédaction est donc en- en découvrir les multiples occurrences. Par auteur du 20e siècle, le premier écrivain de
La mission par excellence tamé. Le dictionnaire, confie le linguiste, exemple, le mot Mishkan, qui vient de la ra- langue hébraïque à se voir décerner, en 1966,
compte déjà 54 807 entrées et plus de deux cine Shakan, en compte 3 000. Dans la Bible, le prix Nobel de littérature ». ●
que se donne l’Académie millions d’occurrences consultables sur le site il indique le Tabernacle que l’Eternel demande
Internet dédié à cette œuvre. Chaque entrée à Moïse de construire, avec le temps il évoque NATHALIE SOSNA-OFIR
Nationale de l’Hébreu, au
moment de sa création, en
1953, est la rédaction d’un
dictionnaire historique de
la langue hébraïque qui
refléterait des millénaires
d'écritures. La mission
débutera en 1959 et ne
devrait s’achever que dans
plusieurs dizaines
d’années. Pour en savoir
plus sur cette monumentale
mission, Actualité Juive
a interrogé le professeur
Gabriel Birnbaum, chargé
de sa rédaction.

Je suis très fier de poursuivre le tra-

« vail commencé par Eliezer Ben Ye-

huda qui a écrit, à la main, un dic-
tionnaire de l’hébreu ancienne et mo-
derne », confie le professeur Gabriel
Birnbaum. D’ailleurs, par le hasard du
calendrier, c’est en 1959 que le dernier
volume de son dictionnaire paraît, l’an-
née même où le comité entreprend
l’écriture de l’ultime Dictionnaire Histo-
rique de la langue hébraïque décidée
quatre ans auparavant. Ce dictionnaire
est en sorte l’équivalent du monumental
Oxford English Dictionary avec quelque
chose en plus lié à la renaissance mira-
culeuse de l’hébreu. C’est en 2005 que
Gabriel Birnbaum, rejoint cette mission
au moment où l’Académie estime dis-
poser de suffisamment de documents
pour commencer la rédaction des en-
trées. En effet, pendant près de cinq dé-
cennies, il s’était agi de constituer une
base textuelle de données. 4 300 sour-
ces, collectées dans le monde entier, de-
puis la période classique de la littérature
rabbinique du IIe siècle avant notre ère
jusqu’à la littérature moderne posté-
rieure à 1750. Les plus anciennes traces
de l’hébreu écrit que l’on trouve dans la
base de données est le Calendrier de Ge-
zer qui date du Xème siècle avant notre
ère. Une tablette écrite en ancien hébreu
découvert par l'archéologue irlandais
Robert Macalister au début du XXème
siècle dans la ville de Gezer, à 30 km de
Jérusalem, dans la région de Judée.
Mais aussi l’Ostraca de Samarie et celui
de Lakish, respectivement du 8ème et
 14 A LA UNE N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017

NAVA BERESSI ORGANISATION SIONISTE MONDIALE

« Tous ont conscience
que la maîtrise de la langue
D.R.

est indispensable »
■ La responsable des sessions d’oulpan mises en place par l’organisation israélienne depuis deux
ans revient sur la poussée de la demande de formations en hébreu en France. A ses yeux, ces cours
doivent toucher un public le plus vaste possible, même si l’objectif premier demeure de favoriser l’alyah.

: Comment l’Organisation
sioniste mondiale développe-t-elle l’ap-
prentissage de l’hébreu en France ?
Nava Beressi : Nous avons engagé pour
la deuxième année notre projet d’oulpa-
nim. L’an dernier, 150 classes ont été ou-
vertes en France et en Belgique. Pour ce
faire, nous subventionnons les commu-
nautés et les centres communautaires pour
chaque classe ouverte. Cette aide permet
notamment de rémunérer les professeurs.
A l’heure actuelle, 125 classes sont en ac-
tivité, dont 70 en Ile-de-France parmi les-
quelles des oulpan intensifs avec plusieurs
cours par semaine sur une période allant
d’un à trois mois. La première vague de
ces oulpan intensifs démarrera en janvier
jusqu’à la fin mars ; la suivante aura lieu
pendant un ou deux mois avant l’été et
sera destinée aux jeunes souhaitant mener
leurs études supérieures en Israël. Cet oul-
pan leur permettra de se préparer au test
YAEL, obligatoire pour les étudiants olim
hadashim (nouveaux immigrants).
: Quels sont vos partenaires ?
en complément des conférences, autour
de journalistes israéliens ou de représen-
tants d’institutions israéliennes
: Combien faut-il débourser
pour une inscription annuelle ?
N.B. : Un cours annuel coûte environ
280 euros après subvention, contre 500
ou 600 euros normalement.
: Quel est l’objectif de l’OSM
avec ce programme?
N.B. : Promouvoir l’alyah. On donne aux
participants des renseignements même si
c’est l’Agence juive qui sera ensuite char-
gée de la procédure. On ne connaît pas en-
core précisément la proportion de person-
nes préparant leur alyah à travers ces cours,
même si tous ont conscience que la maî-
trise de la langue est indispensable à une
bonne intégration en Israël.
: Peut-on participer aux cours
sans s’engager dans un projet d’émigra-
tion vers Israël ?
dans l’année : l’an dernier, quarante ensei-
gnants ont suivi des cours pendant quinze
jours en Israël.
: Vous lancez aujourd’hui
le programme « L’hébreu non stop ».
De quoi s’agit-il ?
N.B. : Ce sont des cours particuliers d’hébreu
proposés sur Internet. Chaque professeur
s’adapte aux besoins de l’élève, notamment
en termes de niveau et d’emploi du temps.
Le programme est également subventionné.
Il s’adresse à ceux n’ayant pas la possibilité
d’assister à un cours ou vivant dans des villes
où nous ne sommes pas encore implantés.
: Comment cherchez-vous
à attirer les jeunes ?
N.B. : Nos programmes s’ouvrent aux
plus de dix-sept ans et nous souhaitons
atteindre les jeunes qui n’appartiennent
pas à des communautés traditionnelles.
Plusieurs classes spécialisées ont ainsi été
ouvertes pour les jeunes. Des soirées spé-
ciales sont également organisées, comme
cette semaine dans le Quartier latin à
l’occasion de Hanouka. ●
PROPOS RECUEILLIS
PAR STEVE NADJAR
dùùsb

« Chaque professeur s’adapte aux besoins

des élèves, notamment en termes de niveau »

N.B. : On travaille avec le Consistoire
pour toucher les synagogues, et avec le
Fonds social juif unifié pour les centres
communautaires, les parents d’élèves des
écoles, et les mouvements de jeunesse.
Des classes indépendantes sont également
mises sur pied pour des cours intensifs.
En début d’année, nous échangeons
avec les communautés pour lancer des
classes subventionnées à partir de nos cri-
tères d’attribution : au moins dix partici-
N.B : Bien sûr, le programme est ouvert à
tous. Ces cours d’hébreu ont d’ailleurs per-
mis à de petites communautés de trouver
une nouvelle dynamique, notamment à Creil
(Oise) ou à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
: Quel est le profil
des enseignants ?
N.B. : Soixante professeurs travaillent avec
nous, la plupart formés par l’OSM à partir
Actualité Juive

pants par classe, avec au minimum 30 d’un programme de formation proposé par
cours d’une heure et demie par an. Ces l’Université hébraïque de Jérusalem. D’au-
cours sont suivis par l’OSM qui propose tres sessions de formation sont organisées

Visitez notre site

www.actuj.com
 16 ISRAEL
FIL DE LA SEMAINE EN ISRAËL
JEUDI 14 DÉCEMBRE
■ Manifestations antisémi-
tes en Allemagne : le prési-
dent Steinmeier appelle le pré-
sident Rivlin pour lui présenter
ses excuses.
D.R.
■ Le Shin-Beth déjoue un
enlèvement pendant la fête
de Hanouka : trois terroristes
du Hamas projetaient d'enle-
ver un soldat ou un civil israé-
lien sur une route de Samarie
en se faisant passer pour des
Israéliens. Ils s'étaient procuré
des armes et une planque pour
y détenir leur otage qu'ils vou-
laient échanger contre la libé-
ration de terroristes.
■ Corps de terroristes
palestiniens comme mon-
naie d'échange, la Cour
RECYCLAGE
De l'engrais,
what else ?
D.R.
Un vignoble israélien recycle le café des capsules usagées
en engrais pour ses vignes.
n Angleterre, on essaie de transfor-
E mer le café en carburant pour les au-
tobus. En Israël, on tente plutôt le re-
tour à la terre. Le café réutilisé en engrais,
c'est un vieux truc de jardinier. Cette re-
cette ancestrale, Nespresso et le vignoble
israélien Harei Hagalil ont décidé de lui
donner une nouvelle jeunesse, tout en fai-
sant une bonne action écologique. Le lea-
der mondial des machines à expresso do-
mestiques, qui vend aussi ses propres cap-
sules a trouvé ce moyen original de com-
pléter ses opérations de recyclage, qui ne
concernaient jusque-là que les emballages
en aluminium, qui repartaient vers l'indus-
trie. Désormais, le café usagé récupéré
dans les capsules est acheminé vers les vi-
gnes du domaine de Galilée, où il est
Suprême recadre le gouver-
nement : les juges donnent six
mois à l'exécutif pour faire pas-
ser une loi leur permettant de
ne pas rendre les dépouilles à
leurs familles.
VENDREDI
15 DÉCEMBRE
■ 7e audience de Binyamin
Netanyahou par la police :
le Premier ministre a été
entendu par les enquêteurs
dans l'affaire des cadeaux
qu'il a reçus d'hommes d'affai-
res étrangers.
■ Territoires : accrochages
entre émeutiers palestiniens et
forces de sécurité israéliennes :
près de Ramallah, un
Palestinien blesse au couteau
un garde-frontière. Le terro-
riste a été neutralisé. Il portait
apparemment une ceinture
d'explosifs. Il a été évacué par
le Croissant Rouge. Emeutes
aussi en lisière de Gaza. Deux
Palestiniens tués.
SAMEDI
16 DÉCEMBRE
■ Le maire de Nazareth
autorise les fêtes de Noël :
épandu au pied des ceps. Ce compost va
se décomposer doucement au cours de
l'hiver et le sodium, les minéraux, les vita-
mines et le fer contenus dans le café vont
pénétrer dans la terre et les racines, nour-
rissant ainsi les pieds de vigne.
Avec dix millions de capsules récupérées
chaque année par le centre israélien de Nes-
presso, cet engrais de café va contribuer à
un complément de qualité pour le vignoble
et devrait motiver plus de consommateurs à
recycler leurs capsules plutôt que de les je-
ter aux ordures. Le procédé qui vient seule-
ment d'être mis en place ne verra ses effets
qu'aux prochaines vendanges. Il faudra
donc attendre le cru 2018 pour savoir si le
vin aura ou non un arrière-goût de robusta
ou d'arabica. ● P. Z.
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
le maire musulman de la ville rencontrer Mira Berliner lors
de Galilée revient sur sa déci- de sa visite officielle en Israël
sion d'annuler les célébrations
en réaction à la reconnaissance
par Donald Trump de
en 2005. En apprenant son
décès, il a tenu à payer son
inhumation et à envoyer un
Jérusalem capitale d'Israël. émissaire pour le représenter
■ Territoires : les accrocha- à ses funérailles.
ges continuent : l'ampleur des ■ Deux roquettes touchent
émeutes décroît. Mais les inci- l'ouest du Néguev : un pro-
dents persistent en Judée- jectile explose à l'entrée d'une
Samarie et à la frontière de maison. Un second explose en
la Bande de Gaza. zone inhabitée. Dégâts maté-
riels. Pas de blessé. Tsahal
DIMANCHE riposte dans la nuit en bombar-
17 DÉCEMBRE dant une base du Hamas.
■ Samarie : un Palestinien LUNDI 18 DÉCEMBRE
arrêté avec deux bombes
devant le tribunal militaire :
le terroriste portait une ceinture
d'explosifs et une seconde
charge dissimulée dans son
D.R.
manteau. C'est le deuxième
incident de ce type en deux
mois au même endroit. ■ Obama a torpillé une
■ Poutine finance les obsè- enquête contre le Hezbollah :
ques en Israël de son selon le site américain Politico,
ancienne institutrice : le le président démocrate a fait
président russe avait tenu à capoter une opération de l'ad-
ministration antidrogue qui
voulait démanteler les opéra-
tions du mouvement terroriste,
pour ne pas compromettre
la négociation avec l'Iran sur
son programme nucléaire.
D.R.
PAR PASCALE ZONSZAIN
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 ISRAEL N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 17

GAZA
Eviter l’escalade

FLASH90
Le gouvernement israélien écarte pour l’heure l’option d’une inter-
vention massive à Gaza. Et attend du Hamas une reprise en main.
rès de trente roquettes ont été ti- une mécanique fatale, dans un contexte de

P rées contre le territoire israélien

depuis la déclaration du président
américain Donald Trump, le 6 décem-
forte pression politique sur chacun des acteurs
israéliens et palestiniens. Si les forces israé-
liennes ont mis fin au projet funeste en octo-
bre, reconnaissant Jérusalem comme la bre, les ressemblances avec la situation pré-
capitale de l’Etat d’Israël. Dimanche sente ne sont pas fortuites. Binyamin Netanya-
soir, deux projectiles épuisaient leurs hou et les responsables de l’armée jouent pour
courses dans la région de Hof Ashke- l’heure la carte de la modération. A l’occasion des 30 ans du Hamas, les palestiniens manifestent dans les rues
lon, dans le sud du pays, sans causer de Au Fatah, des cadres du mouvement envisa- de Naplouse contre la décision de D.Trump de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël.
dégâts. En guise de riposte, le porte-pa- gent désormais une nouvelle intifada, quand
role de Tsahal évoque une quarantaine le président adjoint du mouvement, Mah- moud Abbas dénie à la puissance américaine Egypte du vice-président américain Mike Pence,
de raids en onze jours principalement moud Alloul, soutient que « les accords son statut traditionnel de « courtier honnête » initialement prévue mercredi, va offrir un léger
contre des sites militaires du Hamas. d’Oslo étaient terminés » et que de ce fait (« honest broker ») dans ce dossier et veut ob- répit aux responsables sécuritaires israéliens, sur
Des chiffres inédits depuis le dernier « toutes les formes de résistance étaient légiti- tenir l’indépendance de l’Etat de Palestine les dents. Court mais précieux. Mais court. ●
affrontement militaire entre l’armée is- mes ». S’il ne partage pas cette ligne ouvrant à l’Assemblée générale des Nations unies.
raélienne et le Hamas, à l’été 2014. Le la porte à la reprise de la lutte armée, Mah- Le report de la visite brûlante en Israël et en STEVE NADJAR
signe d’un réchauffement sérieux de la
situation. Le prélude à un embrasement ?
Jérusalem continue de nourrir la mo-
bilisation sur les réseaux sociaux, dans
les territoires contrôlés par les Palesti-
niens comme dans l’ensemble du
Moyen-Orient. Des rassemblements
anti-américains s’organisent à Amman,
à Beyrouth ou au Caire.
Sur le terrain, le Hamas lui-même a
d’abord soufflé sur les braises avant
d’entretenir avec prudence le feu de la
contestation. Les premiers tirs de ro-
quettes, initiés par le Djihad islamique
(DI), n’ont été permis que grâce à l’ap-
probation implicite d’Ismaïl Haniyeh et
du chef du mouvement à Gaza, Yahya
Sinwar. Célébrant son trentième anni-
versaire la semaine dernière avec des
appels à une « nouvelle intifada », le
Hamas avait tout intérêt à prendre les
commandes de la contestation à Gaza.
La manœuvre lui permettait de redorer
un blason égratigné par la crise humani-
taire dans la bande de Gaza (salaires
non versés aux fonctionnaires, électri-
cité intermittente), alors que l’accord de
réconciliation avec l’Autorité palesti-
nienne patine. Elle avait également
l’avantage d’éteindre par avance les cri-
tiques maximalistes des mouvements
salafistes et du DI favorables à un harcè-
lement continue de l’ennemi israélien,
notamment après la destruction d’un
tunnel par Tsahal, en octobre. Et les ma-
nifestations sous tension près de la fron-
tière israélo-palestinienne présentaient
un coup d’opportunité intéressant pour
un mouvement dont la priorité demeure
de contrôler le terrain à défaut des insti-
tutions civiles. Nul ne néglige les consé-
quences dévastatrices d’une opération
militaire israélienne de grande ampleur.
C’est dans cette logique que l’état-
major islamiste a fait part aux Israé-
liens, notamment par l’intermédiaire du
Caire, qu’il souhaitait éviter une esca-
lade. Des activistes salafistes impliqués
dans le tir des roquettes ont été arrêtés
ces derniers jours par le Hamas, a indi-
qué mardi le journal Haaretz.
Qui peut dire pourtant que la situation
est sous contrôle ? La révélation la se-
maine dernière par le Shin-Bet d’un
projet avorté d’enlèvement, par une cel-
lule du Hamas d’un Israélien en Judée-
Samarie pendant la fête de Hanouka, a
fait remonter à la surface les prolégomè-
nes de la guerre de 2014. L’enlèvement
et le meurtre de trois jeunes Israéliens,
près du Gush Etzion, avaient enclenché
 18 ISRAEL
MOTIVATION À LA BAISSE
Demain,
combien de soldats
combattants ?
Un centre de recherche israélien s’inquiète du manque
d’attrait récent des soldats pour les unités combattantes.
omment Tsahal pourra-t-il préserver
C
son modèle d’armée ? C’est cette
question que pose la brève étude de
Gadi Siboni et Gal Perl Finkiel, chercheurs à
l’Institut d’études de sécurité nationale
(INSS), basé à Tel-Aviv. La note, parue en
anglais en décembre, s’intéresse au déclin de
motivation des jeunes Israéliens pour les uni-
tés combattantes. Siboni et Finkiel s’inquiè-
tent de voir la crème des conscrits se détour-
ner de celles-ci au profit d’unités plus valori-
sées pour leurs débouchés dans le civil.
« La baisse de motivation pour le service
dans des unités de l’armée de terre n’est pas
un problème limité pouvant être attribué à la
situation sécuritaire calme, explique la note,
« mais le résultat d’un long processus révé-
lant des changements significatifs dans la na-
ture du service et du recrutement de l’armée
israélienne. Les avancées en matière techno-
logique et la large utilisation (que certains ju-
geront excessive) qu’en fait Tsahal a modifié
le centre de gravité du recrutement, passant
des unités de combat terrestre aux Forces spé-
ciales et aux unités technologiques ».
La Direction des Ressources humaines
de l’armée israélienne a mis en relief, la
DESTRUCTION
Israël a-t-il sa
parade anti-tunnels ?
Avec deux succès en six semaines, les responsables de la
défense israélienne sont confiants. Le procédé de détection
et de destruction des galeries terroristes devrait contrer
la menace souterraine du Hamas.
L
ors de la confrontation de l'été 2014,
les tunnels creusés par les terroristes de
Gaza s'étaient révélés une menace sé-
curitaire aussi préoccupante que les roquet-
tes. Ces galeries sont à la fois un moyen de
pénétrer le territoire israélien et un lieu de
combat pour les soldats qui devront y af-
fronter sur les terroristes. Deux raisons pour
Israël de supprimer cette vulnérabilité, qui
était devenue une arme stratégique pour le
Hamas et les autres organisations de la
Bande de Gaza. Cela faisait trois ans que
Tsahal et l'industrie de la défense israé-
lienne travaillaient à de nouvelles technolo-
gies pour neutraliser cette menace.
Le 30 octobre dernier, Tsahal annonçait la
découverte et la destruction d'un tunnel,
percé par les Palestiniens sous la frontière de
Gaza et qui entrait de plusieurs centaines de
mètres en territoire israélien. Si la galerie
avait pu être détectée grâce à un nouveau
procédé, en revanche elle avait été détruite
semaine dernière, ces nouvelles difficultés
d’enrôlement, notamment au sein du
Corps blindé mécanisé, l’une des unités les
moins populaires du fait des piètres condi-
tions matérielles dans lesquelles évoluent
les soldats : en 2010, 80% des enrôlés se
tournaient vers une unité combattante ; ils
ne sont plus que 67% aujourd’hui.
Cette évolution débouche sur deux
conséquences négatives : elle affecte la
« qualité du commandement de Tsahal »,
issue généralement des unités terrestres ;
elle met en danger la sécurité du pays dans
un contexte où les derniers affrontements
militaires ont démontré l’importance stra-
tégique des fantassins face à un ennemi re-
plié sur le mode de la guérilla.
Les chercheurs appellent aussi, non seule-
ment à poursuivre le mouvement actuel de
récompense des combattants dans les unités
terrestres, mais également à favoriser une
meilleure répartition des forces lors des assi-
gnations des conscrits de haute valeur, tout
en valorisant les valeurs de volontariat et de
sacrifice au sein de la société israélienne. ●
STEVE NADJAR
par un bombardement aérien. Mais là où les
choses deviennent encore plus intéressantes,
c'est que le 10 décembre, Tsahal annonce la
neutralisation d'un deuxième tunnel, cette
fois au moyen d'une technologie inédite.
Sans fournir aucun détail sur la méthode
employée, les responsables militaires is-
raéliens se sont contentés d'indiquer que le
tunnel avait été rendu inutilisable sur toute
sa longueur, et en agissant que du côté is-
raélien de la frontière. La technologie is-
raélienne est apparemment suffisamment
innovante pour que plusieurs pays étran-
gers s'y soient déjà intéressés. Le ministre
israélien de la Défense a quant à lui estimé
que d'ici quelques mois, la menace des
tunnels serait définitivement contrée. Un
coup dur pour le Hamas qui, après les bat-
teries antimissiles d'Israël se heurtera à un
« Dôme de Fer souterrain ». ●
PASCALE ZONSZAIN
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
PERFORMANCE
Une nouvelle
lunette de visée
Android
Le viseur Xact, conçu par une filiale d'Elbit,
permet au tireur de transmettre l'image de son champ
d'opération à son supérieur par WIFI ou Bluetooth.
A près des années de recherche,
de développement et d'essais, la
s o c i é t é E l s e c , fi l i a l e d u g r o u p e
La lunette de visée est d'un emploi
facile puisqu'elle ne pèse que
400 grammes et peut se fixer sur dif-
Elbit, a achevé la mise au point férents types d'armes : Tabor, M16 ou
d'une nouvelle lunette de visée très Kalachnikov. Elle est essentiellement
perfectionnée qui améliorera la destinée à un emploi nocturne mais
précision des tirs, et en a entamé un système permettant de l'utiliser le
la production. jour peut être ajouté sur le fusil. Elle
Ce nouvel outil, nommé Xact, est peut fonctionner en plein-air ou dans
destiné aux combattants et aux ti- des espaces clos, comme des tunnels.
reurs d'élite. Il repose sur une tech- La batterie qui l'équipe lui offre une
nologie dont la société disposait déjà autonomie de huit heures.
mais son interface est tout à fait nou- La production de cette lunette de vi-
velle et ressemble à celle d'un smart- sée a commencé dans l'usine d'Elsec à
phone. Il est en effet doté d'une tech- Sdérot où des centaines d'unités sont
nologie Android qui lui permet de fabriquées chaque mois. Une com-
photographier et de filmer ce qu'il mande a déjà été passée par l'armée
voit dans son viseur, mais surtout de australienne. Le coût de ce viseur
transmettre les images en direct à ses s'élève à plusieurs dizaines de milliers
camarades et à ses officiers, leur de shekels la pièce, et varie en fonction
fournissant les données nécessaires des quantités demandées. ●
pour diriger le combat. I.P.
BULLETIN D’ABONNEMENT
OUI,
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Abonnement 6 mois 40€
Etudiants* 65€
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 ISRAEL N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 19

RÉPERCUSSIONS DES DÉCLARATIONS

Recep Tayyip
Erdogan mobilise
les musulmans
Le président turc espère faire de Jérusalem un tremplin
pour refonder l'union du monde musulman.

D.R.
Sera-t-il un soutien fiable pour les Palestiniens ?

'Organisation de la Coopération Mahmoud Abbas à un jeu très dangereux en ils sont bien trop occupés à percevoir les divi- dre en se mettant les Etats-Unis à dos, alors

L Islamique convoquée à Istanbul le

13 décembre par le président turc a
appelé le monde à reconnaître Jérusa-
l'encourageant à tourner le dos aux Etats-Unis.
Le chef de l'Autorité Palestinienne ne peut aller
très loin sans la manne financière américaine et
dendes de leur engagement dans le conflit civil
en Syrie, pour s'investir dans un dossier qui
n'est pas assez rentable pour eux.
que son pays fait toujours partie de l'Otan et
qu'il a ses propres intérêts stratégiques à pré-
server avec les Américains. ●
lem-est, capitale de la Palestine et à dis- il le sait. L'Europe n'a pas les moyens de se Le président turc peut s'époumoner tant
qualifier les Etats-Unis dans la média- substituer aux Américains. Quant aux Russes, qu'il le souhaite, il a lui aussi beaucoup à per- PASCALE ZONSZAIN
tion israélo-palestinienne. Une déclara-
tion qui peut paraître préoccupante pour
la diplomatie américaine, mais aussi
pour Israël, alors que la tempête déclen-
chée par la reconnaissance de Jérusa-
lem capitale israélienne par Donald
Trump le 6 décembre dernier, ne donne
toujours pas de signe d'accalmie.
Recep Tayyip Erdogan s'est encore ré-
pandu en éructations contre Israël qu'il a
qualifié une nouvelle fois « d'Etat terro-
riste », ajoutant que Trump, avec sa
«mentalité sioniste » était sous l'influence
des chrétiens évangéliques. Son homolo-
gue iranien, qui avait fait le déplacement,
a accusé les Etats-Unis de « ne servir que
les intérêts des sionistes » et appelé les
pays musulmans à « s'unir contre le ré-
gime sioniste, dont l'arsenal nucléaire est
une menace pour le monde ». Galvanisé
par ce soutien, le chef de l'Autorité Pales-
tinienne a accusé Washington d'avoir
«franchi une ligne rouge » et affirmé que
les accords conclus avec Israël étaient
désormais nuls et non avenus.

Un jeu très
dangereux
L'Egypte, suivant le plan fixé par
l'OCI, a présenté dans la foulée une
proposition de résolution au Conseil
de Sécurité de l'Onu prévoyant l'annu-
lation de toutes les décisions prises en
contravention avec les résolutions des
Nations unies sur le statut de Jérusa-
lem. Une initiative qui restera pure-
ment déclarative, car les Etats-Unis
devraient faire usage de leur droit de
veto pour bloquer la résolution. Mais
une large majorité des membres du
Conseil en faveur de la déclaration
sera tout de même un désaveu supplé-
mentaire pour l'administration Trump.
La vraie question est de savoir si cette
vague internationale peut tenir dans la
durée. Le monde sunnite n'est pas vrai-
ment pressé de se placer sous la bannière
turque pour repartir à l'assaut de Jérusa-
lem et surtout pas à s'allier aux chiites
iraniens pour y parvenir. Les manifesta-
tions dans les capitales musulmanes,
même avec la bénédiction des gouverne-
ments concernés, ne sont pas un indice
suffisant. Erdogan, qui promet d'établir
une ambassade à Jérusalem-est, pousse
 20 ISRAEL
MANQUE DE RECONNAISSANCE
Un front européen
se braque contre
Jérusalem
Le récent sommet de Bruxelles a confirmé l'opposition
de l'UE à la reconnaissance américaine de Jérusalem comme
capitale d'Israël. Les efforts diplomatiques israéliens
ne semblent pas inverser la tendance.
inyamin Netanyahou a eu beau plai-
B der la cause du réalisme, il n'a
guère été entendu. Lors de sa ren-
contre le 11 décembre avec les ministres
des Affaires étrangè-
res de l'UE à Bruxel-
les, le Premier minis-
tre israélien s'est
heurté à la position
Rare domaine
constante de l'Europe:
le statut de Jérusalem
de consensus
doit être réglé par la
négociation pour
aboutir à un partage de la ville entre
l'Etat d'Israël et le futur Etat palestinien.
Pourtant, dès la proclamation du prési-
dent Trump, le ministère israélien des Af-
BREXIT
Quelles
conséquences
pour Israël ?
La sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne
pourrait ouvrir des opportunités commerciales à Israël,
mais lui retirer un allié à Bruxelles sur le plan diplomatique.
eu après le référendum, le Secrétaire
P au Foreign Office Boris Johnson
avait promis à Israël qu'un nouvel
accord de libre-échange viendrait garantir
les avantages qu'il tirait précédemment
des dispositions générales de l'UE sur le
marché britannique. De fait, les investisse-
ments israéliens y ont progressé de 33,5%
durant l'année qui a suivi, selon les chif-
fres publiés par BICOM, le centre anglo-
israélien de recherche et de communica-
tion. 28 sociétés israéliennes sont côtées à
la Bourse de Londres pour une valeur glo-
bale de plus de 11 milliards de livres.
Jusqu'à présent, les entreprises israé-
liennes qui commercent avec le
Royaume-Uni n'ont pas ressenti d'effet
négatif du Brexit, en particulier dans le
secteur du high-tech. Mais pour que la
tendance se maintienne, il faut que Lon-
dres reste une place attractive pour la fi-
nance internationale, ce qui pourrait
changer si le centre de gravité devait se
déplacer vers Paris ou Francfort.
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
D.R.
faires étrangères avait donné consigne à Les ministres des
ses diplomates en poste en Europe de
convaincre les chancelleries de se ranger
à la position américaine au nom du prin-
Affaires étrangères de
l’UE réunis à Bruxelles
cipe de réalité. Une
campagne similaire a sieurs parlements européens des déclara- de consensus entre les différentes capita-
été lancée par le pré- tions de principe sur la reconnaissance de les européennes. Jusqu'à présent, à l'ex-
sident de la Knesset
qui s'adresse à ses
la partie orientale de Jérusalem comme la
future capitale palestinienne.
ception notable de la République tchè-
que, aucun pays de l'Union n'a fait le pas
homologues euro-
péens pour les encou-
Seulement le réveil israélien paraît
bien tardif, au regard de l'activisme di-
de reconnaître Jérusalem-ouest comme
la capitale israélienne. L'Autriche pour-
rager à reconnaître plomatique palestinien, qui bénéficie rait être tentée de suivre sa voisine. Mais
Jérusalem-ouest aussi d'un soutien bien plus large qu'Is- avec l'extrême-droite aux Affaires étran-
comme la capitale d'Israël. Une initiative raël dans les assemblées d'Europe. Si gères, il n'est pas certain qu'elle fasse
qui s'inspire largement de celle de l'Auto- l'UE peine toujours à se forger sa propre beaucoup d'émules (voir page 24). ●
rité Palestinienne, qui au fil des années politique extérieure, le dossier israélo-
est ainsi parvenue à faire adopter par plu- palestinien reste un des rares domaines PASCALE ZONSZAIN
Quant au marché israélien, en dépit de
son potentiel, il peine à attirer de nouvel-
les entreprises britanniques. Avec seule-
ment cinq acquisitions et ouvertures de
centres de développement en Israël depuis
2014, elles sont toujours loin derrière les
Etats-Unis, la Chine ou le Canada.
Israël et le Royaume-Uni devraient éga-
lement profiter du Brexit pour effectuer un
rapprochement stratégique, dans la me-
sure où les deux pays vont se retrouver
dans une situation comparable, proches de
l'UE, tout en restant des acteurs extérieurs.
La coopération sécuritaire, déjà impor-
tante dans le domaine de la défense et du
renseignement, pourrait encore s'accen-
tuer. En revanche, le départ britannique
des instances de Bruxelles pourrait y af-
faiblir la position d'Israël, qui ne pourra
plus compter sur un effet modérateur de la
Grande Bretagne, en particulier sur le dos-
sier diplomatique du règlement du conflit
avec les Palestiniens. ●
P.Z.
 NEWSECO 22#
Actualité Juive l 21 Décembre 2017 l N° 1459

ISRAEL
Retour sur les bancs du lycée Le chiffre Page réalisée par Nathalie Sosna-Ofir

NIS - 1925€ - aucun enseignant israé-

8000 lien, fût-il débutant, ne sera payé en-
Fini les «pique et pique» !
deçà à partir de la rentrée scolaire 2018. Les ensei-
gnants expérimentés recevront dès le mois prochain 5 300 les changements
un bonus ponctuel de 240 € et une augmentation sala-
Le montant en shekels du salaire minimum en intervenus dans la
riale de 29€ chaque mois pendant les prochaines 4 an-
nées. Ce sont les termes de l’accord signé la semaine vigueur en Israël à partir du 1er janvier 2018. couleur des doigts
dernière entre le ministère des Finances et le syndicat Soit 1 270 €. Une augmentation de 70€. Pour de l’utilisateur et
des enseignants mettant fin à cinq semaines de grève indication le salaire moyen des 3 548 000 les analysent par
tournante dans les établissements secondaires qui ont employés israéliens est de10 449 NIS brut, rapport aux lectu-
laissé élèves et profs à la maison. « Nous nous som- res précédentes.
2 500€, 5% de plus qu’en 2016. Deux tiers
mes engagés à augmenter significativement les sala- Une technologie
d’entre eux gagnent en-deçà du salaire qui vient de rece-
riés des enseignants et aujourd’hui nous l’avons fait »,
moyen et un tiers, soit 1 204 000, au-delà. voir le feu vert
s’est félicité Naftali Benett, le ministre de l’Education
Par foyer, le revenu moyen net 2017 s’élève sraël ne veut d’un des princi-
à la signature de l’accord. ■
à 15 751 NIS - 3800 € - alors que le panier Ibétiques
plus que les dia-
se pi-
Le premier
lecteur de
glycémie créé
paux pontes inter-
nationaux du dia-
moyen mensuel est à 1 292 NIS - 312€. par la société
quent pour israélienne
bète, le professeur
contrôler leur Cnoga Andreas Pfützner,
taux de sucre. Et qui l’a testée lors

Le Zoom Et le prix Apple de la meilleure pour l’heure au-

cun dispositif non
de deux études
cliniques en Alle-
application 2017 est décerné à…. invasif ne leur est
proposé. La so-
magne et qui af-
firme que les ré-
EN VOIR ciété israélienne sultats sont sur-
DE TOUTES Lvidéo.’israélienne Enlight Videoleap ! Elle permet
d’éditer, très facilement, sur Smartphone des clips
Une championne de la fusion/incrustation de
Cnoga, de Césa-
rée, vient donc de
prenants et aussi
fiables que les ap-
créer le premier pareils invasifs.
LES COULEURS plusieurs pistes vidéo pour des effets très spéciaux
avec des résultats super top ! Elle existe en version li- lecteur de glycé- Sans aucun doute,
mitée gratuite ou payante qui donne accès à toutes mie non invasif dit-il, une vérita-
les fonctions. Mais bonne nouvelle, la version gra- qui utilise une ca- ble alternative
tuite suffit déjà à faire des clips très réussis ! ■ méra et des algo- pour les diabéti-
rithmes qui lisent ques ! ■

« Israël va prendre la tête de la révo-

lution internationale en matière de
médecine personnalisée » a dit Shira
Lev Ami, directrice de l’unité numéri-
ne technologie is-
U raélienne qui per-
met aux aveugles de
que et information du ministère de la
Santé, au forum World e-gov 2017.
Force est de constater que les traite-
voir les couleurs. On di- ments actuels sont encore trop géné-
rait de la science-fiction riques et inefficaces. Des patients
et pourtant EyeMusic a atteints d’une même pathologie réa-
été développée par des gissent différemment à un même traitement, vu leurs diffé-
chercheurs de l’Unité du rences génétiques et biologiques. La médecine personnalisée
cerveau de l’Université permettra un accès à des thérapies ciblées garantissant de
Hébraïque de Jérusa- plus grandes chances de guérison, l’amélioration de la qua-
lité de la vie et la réduction du rapport coût-efficacité des trai-
lem. L’idée : transformer
tements médicaux.
la vue en ouïe. Le dispo-
SHIRA LEV AMI
sitif consiste en une ca-
méra qui convertit cha-
que pixel d’une image
en sons. Chaque cou-
leur étant liée à une au-
Passe-moi le sel !
tre tonalité. L’aveugle avid Bloch, un chimiste
qui en est équipé ap-
prend à différencier
D israélien, a une idée
pour sauver la planète du
chaque son et à compo- réchauffement climatique et
ser dans son cerveau l’a présentée en clôture de
une image conforme à la dernière conférence sur
la réalité. Ceux qui l’ont le changement climatique
testée ont même réussi à à Rome. Au cœur de son idée, l’albedo, le pou-
reconnaître des visages voir réfléchissant d’une surface. Il est prouvé que
et des expressions. la couleur blanche absorbe moins l’énergie que
D’après les dévelop- toute autre couleur. Alors, propose-t-il, recou-
peurs, d’ici à deux ans, vrons de sel de gigantesques surfaces de la pla-
les aveugles pourront nète au moyen de qanât, une sorte de galerie
rentrer dans une pièce souterraine creusée quasi horizontalement avec
et savoir de suite où se une pente douce pour que l'eau puisse s'écouler.
trouvent chaises ou ta- Une technique développée en perse vers le dé-
ble. « C’est une autono- but du 1er millénaire avant notre ère avant de
mie jamais atteinte au- se répandre vers l'est et l'ouest. Une fois l’eau
paravant que nous pro- évaporée, ne restera plus qu’une couche de sel
posons aux non- blanc qui réfléchira 2 à 3% de l’énergie solaire
voyants », ont déclaré au lieu de l’absorber. Réduisant ainsi significati-
les chercheurs. ■ vement la température du globe. ■
 ISRAEL N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 23

LICENCIEMENT

Assainissement dramatique chez

Le groupe israélien Teva, Mais au-delà des mesures d’urgence an-
noncées par la direction de Teva, la question
numéro un mondial des de la stratégie reste entière. La société doit-
médicaments génériques, elle continuer à tout miser sur les copies de
médicaments tombés dans le domaine pu-
est en mauvaise posture blic ? Ce n'est pas certain, alors que les prix
en raison surtout de ces génériques, dont beaucoup sont fabri-
de sa dette colossale – qués dans des pays en développement, ne
cessent de baisser. L'entreprise doit-elle au
5 milliards de dollars. contraire axer davantage son activité sur le

FLASH90.
développement de nouveaux produits, un
processus long et coûteux, mais bien plus
n Israël, la crise de Teva, fleuron

E de l'industrie locale, prend des al-

lures d'affaire d'Etat, surtout de-
puis que le PDG du groupe, le Danois
prometteur, qui lui donnerait, comme la Co-
paxone en son temps, un net avantage sur le
marché mondial ? ●
Kåre Schultz a annoncé une cure d'aus-
térité drastique comprenant en premier Les employés de Teva manifestent devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem. ISABELLE PUDERBEUTEL
lieu le licenciement en deux ans d'un
quart des effectifs de l'entreprise, et qui
devrait se poursuivre par la vente ou la
fermeture de certaines usines.
Au niveau mondial, Teva devrait li-
cencier 14 000 de ses 57 000 salariés et
en Israël, la société devrait supprimer
1750 emplois sur 6 900. L'annonce du
plan d'austérité a suscité une vague de
protestations dans l'Etat hébreu. La
grande centrale syndicale (Histadrout)
a organisé une grève de solidarité d'une
demi-journée dans tout le pays le
17 décembre. Quant au gouvernement,
il compte intervenir pour limiter les dé-
gâts. Son chef, Binyamin Netanyahou
et le ministre des Finances, Moshé
Kahlon, prévoient de s'entretenir avec
les dirigeants de Teva, pour tenter no-
tamment d'éviter la fermeture des deux
sites de la compagnie à Jérusalem.
Les dirigeants de Teva n'ont pas le
choix s'ils veulent sauver l'entreprise qui
se trouve dans une situation très délicate
en raison surtout de son énorme dette –
35 milliards de dollars. Pour convaincre
les marchés financiers du sérieux de leurs
intentions et pour rembourser la dette de
l'entreprise, ils doivent impérativement
réaliser de très substantielles économies.
Mais comment en est-on arrivé là ?
Comment la petite société pharma-
ceutique israélienne, devenue une en-
treprise internationale et le numéro
un mondial des médicaments généri-
ques, s'est-elle retrouvée en si mau-
vaise posture ?
La situation s'explique par la
conjonction de plusieurs facteurs. Tout
d'abord, la baisse des prix des médica-
ments génériques et la mise sur le
marché aux Etats-Unis de concurrents
génériques de son médicament phare
la Copaxone. Mais les grosses diffi-
cultés de Teva sont liées à une affaire
de corruption aux Etats-Unis et surtout
à l'acquisition désastreuse d’Actavis,
filiale d'Allergan spécialisée dans les
médicaments génériques, pour plu-
sieurs dizaines de milliards de dollars,
un prix très surévalué.
 24 MONDE
AUTRICHE
L'extrême droite
approuve la
décision de Trump
Jérusalem continuera à dialoguer avec le chancelier,
mais pas avec les ministres du parti FPÖ.
inyamin Netanyahou a tranché. Le
B Premier ministre israélien qui dé-
tient aussi le portefeuille des Af-
faires étrangères, a donné ordre de
maintenir des relations normales avec
l'Autriche, mais en ostracisant ses élus
d'extrême droite. Le nouveau chancelier
autrichien Sebastian Kurz a formé une
coalition avec le parti FPÖ auquel il a
accordé six postes, dont les trois porte-
feuilles régaliens de l'Intérieur, de la
Défense et des Affaires étrangères. Pour
ces ministères, Israël ne communiquera
qu'avec leurs fonctionnaires et non leurs
représentants politiques. « Pour le mo-
ment, les relations de travail se limite-
ront à l'échelon professionnel » indique
le communiqué israélien.
Le nouveau chancelier conservateur
n'est pas considéré comme hostile à Israël,
SEUL CONTRE TOUS
Les Etats-Unis
reprennent
leur défense
d'Israël à l'Onu
L'ambassadrice américaine a utilisé son veto au Conseil
de Sécurité pour repousser la résolution condamnant toute
reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël.
uel chemin parcouru en un an !
Q En décembre 2016, les Etats-
Unis s'étaient abstenus quand le
Conseil de Sécurité avait voté l'illéga-
lité des implantations israéliennes
« dans les territoires palestiniens occu-
pés, y compris Jérusalem-est ». Ce 18
décembre, l'ambassadrice américaine a
opposé son veto à la résolution qui,
sans le citer nommément, venait
condamner le président Trump et sa re-
connaissance de Jérusalem, capitale
d'Israël. L'actuelle administration amé-
ricaine a renoué avec son soutien auto-
matique d'Israël devant le Conseil de
Sécurité, qui s'était considérablement
affaibli sous la présidence Obama.
« Ce qui se passe ici est une insulte.
Elle ne sera pas oubliée », a lancé
Nikki Haley à ses 14 homologues.
qui en revanche ne veut pas cautionner le
parti de son vice-chancelier Heinz-Chris-
tian Strache et son passif antisémite. Le
leader du FPÖ s'était pourtant rendu à
plusieurs reprises en Israël où il avait
rencontré des élus du Likoud. Le choix
de Karin Kneissl pour les Affaires étran-
gères n'est pas une bonne nouvelle pour
Israël. L'universitaire, spécialiste du
Moyen-Orient, est une sympathisante du
FPÖ et s'est déjà illustrée en comparant
le sionisme au nazisme.
En 2000, Ehud Barak, alors chef du
gouvernement israélien avait ordonné de
rétrograder les relations avec l'Autriche et
rappelé l'ambassadeur d'Israël à Vienne,
quand l'extrême-droite était entrée au gou-
vernement autrichien. ●
PASCALE ZONSZAIN
L'ambassadrice américaine à l'Onu n'a
pas mâché ses mots pour défendre Is-
raël et la proclamation de Donald
Trump, tout en rappelant que les Etats-
Unis restaient plus que jamais détermi-
nés à faire advenir la paix entre Israé-
liens et Palestiniens. « A Hanouka, vous
vous êtes conduite en véritable Maccha-
bée. Vous avez repoussé les ténèbres !
», lui a répondu le Premier ministre is-
raélien dans un communiqué.
Mais le chef de l'Autorité Palesti-
nienne a déjà annoncé qu'il obtiendrait
sur le même texte, le soutien de l'As-
semblée Générale de l'Onu. Mahmoud
Abbas veut en outre faire admettre
l'Etat palestinien en tant qu'Etat à part
entière par les Nations unies et la tota-
lité de ses agences. ●
P. Z.
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
RÉVÉLATIONS
Accord secret entre l'Iran et
l'ancienne présidente argentine
La presse argentine publie des révélations supplémentaires
sur la collusion entre la présidente Kirchner et le régime
des ayatollahs à propos de l'attentat de 1994 contre l'AMIA.
P lus de vingt ans après l'attaque
terroriste commise le 18 juillet
1994 contre le centre communautaire
Téhéran pour bloquer les poursui-
tes contre les Iraniens impliqués
dans l'attentat de Buenos Aires.
juif AMIA (Association mutuelle is- L'arrivée au pouvoir en 2015 du
raélite argentine) de Buenos Aires, président Mauricio Macri a mis un
qui avait fait 85 morts, l'enquête sur
cet attentat, commis par le Hezbol-
lah à l'initiative de l'Iran, n'est tou-
jours pas terminée et les révélations
terme à cette complaisance et
abouti à la réouverture de l'en-
quête sur le meurtre de Nisman et
sur l'attentat de 1994.
sur la collusion entre certains diri- Le juge fédéral Carlos Bonadio,
geants argentins et le régime de Té- chargé de l'enquête, a lancé ré-
héran continuent de se succéder. cemment un mandat d'arrêt
L'enquête qui avait notamment contre l'ex-présidente Kirchner
abouti voilà quelques années au mais cette dernière, protégée par
lancement de mandats d'arrêt une solide immunité parlemen-
contre six responsables iraniens, taire, risque fort de ne pas être in-
avait rebondi en 2015 lorsque le quiétée. La presse argentine ac-
procureur (juif) Alberto Nisman, corde une grande place à cette af-
qui enquêtait sur cette affaire avait faire, révélant de nouveaux dé-
été assassiné et son meurtre dé- tails sur la collusion entre Mme
guisé en suicide. Kirchner et les ayatollahs. ●
La présidente Christina Kirchner
(2007 à 2015) s'était entendue avec ISABELLE PUDERBEUTEL
L'organisation de tous
10 ans vos événements
Ored
de créations
& de fidélité
Traiteur
Henné
Sous le contrôle du Beth-Din de Paris
★ Petit Déjeuner
★ Bar/Bat Mitsva
★ Brith Mila ★ Brunch
★ CHABBAT ORGANISÉ ★ CHABBAT HATAN
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 MONDE PAR STEVE NADJAR
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 25

HEZBOLLAH
Accusations contre l’administration Obama
■ Le site Politico affirme qu’Obama aurait bloqué une enquête dévastatrice contre le Hezbollah pour protéger les négociations avec l’Iran.

❚ Qu’est-ce-que le « projet
en France, en Lituanie et en Colombie, n’au- en avant la possibilité que des opérations en ❚ Qu’en disent les Israéliens ?
raient pas été inculpés pour les mêmes raisons. cours de la CIA ou du Mossad « au cœur du Si B. Netanyahou n’a pas pris part à la polé-
Cassandra » ? A mesure que le « deal » avec Téhéran pre- Hezbollah » aient contraint les autorités amé- mique, d’autres responsables politiques israé-
Le projet avait pour nom de code « Cas- nait forme, des responsables du projet Cas- ricaines à ne pas engager de poursuites. liens ont commenté sévèrement la publication.
sandra » et expose aujourd’hui le bilan de sandra furent écartés à l’instar de John Kelly, D’aucuns demandent au Congrès de se Le chef du parti Yesh Atid, Yaïr Lapid, a indiqué
Barack Obama à une redoutable lumière à la tête de la « task force » de la DEA, fina- saisir de cette affaire en déclenchant une que « Obama devait rendre son Prix Nobel » si
concernant sa politique d’apaisement à lement transféré vers une autre fonction. procédure d’investigation sur la période les affirmations étaient avérées. Quant à l’an-
l’égard de l’Iran. Les révélations du très concernée. « Ces révélations sont choquan- cien ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Mi-
respecté site Politico, le 17 décembre, sur ❚ Quelle est la réaction du tes et exaspérantes », a fulminé sur Fox chaël Oren, actuellement vice-ministre ratta-
les entraves supposées de l’administration camp Obama ? News le député républicain de Caroline du chée au bureau du Premier ministre, il n’a pas
démocrate (2009-2017) contre une enquête Pour les membres de l’ancienne présidence, Nord, Robert Pittenger. cherché de son côté à feindre l’étonnement.
de l’Agence de lutte contre le trafic et la les accusations du DEA pèchent par igno- « Alors que des soldats américains combat- « Il était clair que l’administration
consommation de drogues, la Drug Enfor- rance du tableau global. « Le monde est taient courageusement les terroristes de [Obama] était prête à faire n’importe quoi
cement Administration (DEA), visant le beaucoup plus compliqué que ce que l’on l’Etat islamique, l’administration Obama pour conclure un accord, y compris ignorer
Hezbollah sont de celles qui font tache. peut voir à travers le prisme étroit du trafic de protégeait les terroristes du Hezbollah qui le terrorisme iranien qui a enlevé la vie à des
Le mouvement terroriste libanais était drogues », réplique un ancien responsable à s’autofinançaient en faisant du trafic de dro- centaines d’Américains et d’Israéliens et à
surveillé depuis 2008 pour ses activités il- la sécurité nationale. Celui-ci met notamment gues illégales ». des centaines de milliers de Syriens ». ●
légales en matière de trafic d’armes et de
stupéfiants. Selon Politico, ces investiga-
tions ont fait les frais de la politique amé-
ricaine de réchauffement diplomatique
avec Téhéran, symbolisée par la signature
de l’accord international sur le nucléaire
iranien (JCPOA), en juillet 2015.
Le DEA est parvenu à récolter un fais-
ceau de preuves démontrant la transfor-
mation du Hezbollah d’une « organisa-
tion militaire et politique moyen-oriental
en un syndicat international du crime »,
collectant pas moins d’un milliard de dol-
lars par an grâce aux trafics de drogues et
d’armements, associés à d’autres activités
criminelles. Les recherches des agents
américains ont notamment mis en exer-
gue le rôle central de l’homme d’affaires
libanais Adham Tabaja et Abdallah Sa-
fieddine, l’homme lige du Hezbollah à
Téhéran. Tabaja et Safieddine, cousin du
leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah,
jouent un rôle capital dans la construction
des réseaux mafieux du mouvement, en
Colombie, au Mexique et au Venezuela.
Les fonds dégagés par le trafic de drogue
alimentaient ensuite les projets géopoliti-
ques de l’organisation chiite au Moyen-
Orient, alignés sur l’agenda iranien, beau-
coup moins sur celui de Washington.
Autant d’éléments accusatoires « tas-
sés par crainte de faire des vagues avec
l’Iran et de compromettre l’accord sur
le nucléaire », d’après une responsable
du Trésor au sein de l’administration
Obama, Katherine Bauer.
❚ Quels éléments avance
Politico ?
A partir de nombreux témoignages, le
journaliste Josh Meyer affirme que les dé-
partements américains de la Justice et du
Trésor ont sciemment évité d’engager des
poursuites contre de hauts responsables du
Hezbollah au sujet desquels l’Agence de
lutte contre le trafic et la consommation de
drogues les avaient alertés.
Pour David Asher, analyste spécialisé
dans le financement illicite au sein du dé-
partement d’Etat, « c’était une décision po-
litique, c’était une décision systématique ».
Le cas du trafiquant d’armes libanais Ali
Fayad est emblématique. Ce haut respon-
sable du Hezbollah installé en Ukraine est
considéré comme l’un des principaux
fournisseurs de la Syrie et de l’Irak. Arrêté
en République tchèque en 2014, avec la-
quelle les Etats-Unis ont des accords d’ex-
tradition, le suspect n’a pourtant pas été in-
quiété par les autorités américaines. D’au-
tres « facilitateurs » du Hezbollah, arrêtés
 26 MONDE JUIF PAR CATHERINE GARSON
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017

ITALIE POLOGNE

Appel de fonds Ouverture d’un hôtel cacher à Cracovie

pour réparer la Pour la première fois depuis la Shoah, un hôtel cacher
a ouvert ses portes à Cracovie

O uvert déjà depuis un mois visiter le camp d’Auschwitz, situé à

Grande Synagogue mais inauguré officiellement

la semaine dernière, le nouvel hô-
tel « Polin » de Cracovie est le pre-
mier établissement cacher de ce
quelque 70 kilomètres de là.
Toujours en Pologne mais à Wro-
claw maintenant où la fondation
Bente Kahan a entrepris de restaurer

de Florence genre dans la cité polonaise.

Equipé d’un ascenseur de chab-
bat, l’établissement dispose, aussi,
d’une cuisine, elle aussi cachère,
placée sous la supervision du
Grand Rabbin de Pologne, Rav
Michael Schudrich. Dans un ave-
nir non défini (mais le projet
existe), il pourrait aussi abriter un
bain rituel destiné aux clients.
Situé non loin de l’aéroport de la
cité, l’hôtel propose aussi, des na-
vettes pour se rendre dans le centre
historique de Cracovie et dans le
quartier (autrefois très juif) de Ka-
zimierz. Contrairement à ce que
l’on pourrait imaginer, c’est un
homme d’affaires local, non juif,
qui a financé la construction de ce
bâtiment, construction motivée, en-
tre autres, par une simple constata-
tion : l’afflux croissant d’Israéliens
qui se rendent sur place pour re-
trouver leurs racines… ou pour
un mikvé plus que centenaire.
Construit, en effet, en 1901, lorsque la
cité était allemande et s’appelait Bres-
lau, ce bain rituel était, selon le com-
muniqué de cette Fondation, « l’un
des mikvé les plus modernes de son
époque ». Conçu avec l’aide des ingé-
nieurs de l’Université de Technologie
locale, il a survécu à la guerre et a
même été utilisé par les juifs revenus
vivre sur place après la Shoah.
Mais, en 1968, lors de la grande
vague d’antisémitisme gouverne-
men-tal qui a déferlé sur le pays, ce
bain rituel a été confisqué par les
autorités communistes qui l’ont
laissé se dégrader. Rendu à la com-
munauté juive en 1997, il va donc
être totalement restauré afin, une
fois les travaux achevés, de retrou-
ver non seulement sa fonction ini-
tiale mais aussi d’abriter une expo-
sition permanente dédié au cycle
de la vie juive. ●

■ La plus grande menorah humaine du monde

D.R.
D.R.

Alors que vient d’être inauguré, à Ferrare, un musée dédié à l’histoire

des juifs d’Italie, les administrateurs de la Grande Synagogue de
Florence ont lancé un appel afin de réunir les fonds nécessaires
pour mener à bien des travaux de restauration du site.
e n’est pas la première fois que le d’autres monuments du patrimoine juif de

C Grande Synagogue de Florence, un

bâtiment imposant construit en style
italo-mauresque entre 1874 et 1882 pour
signifier à tous l’émancipation des juifs de
la ville, a besoin d’être réparée. En août
1944, des soldats allemands (sur le point
de battre en retraite) aidés par des fascistes
italiens avaient, en effet, placé des explo-
sifs à l’intérieur du bâtiment pour le faire
sauter. Alertés, des résistants italiens
avaient, heureusement, réussi à désamor-
cer la plupart de ces explosifs et les dom-
mages avaient été limités. Autre restaura-
tion plus proche: celle des dégâts causés
lors de la grande crue de l’Arno en 1966.
Aujourd’hui, il s’agit de tout autre
chose. En octobre dernier, un touriste es-
pagnol est mort suite à la chute d’un bloc
de pierre dans la Basilica Santa Croce de
la cité. Du coup, par mesure de précau-
tion, une inspection détaillée de la Grande
Synagogue de Florence a été menée pour
s’assurer qu’aucun accident de ce type ne
risquait d’y survenir.
Si l’architecte Renzo Funaro, le respon-
sable de « l’Opera del Tempio di Firenze »,
l’organe qui supervise les réparations, l’en-
tretien et la restauration de la synagogue et
Toscane, a assuré qu’un accident similaire
était impossible, il a néanmoins découvert
que des morceaux de bois et d’autres maté-
riaux risquaient de se détacher de la célè-
bre coupole du bâtiment. Et a, donc, re-
commandé d’y effectuer des travaux.
En conséquence, un appel a été lancé
pour trouver les 50 000 euros nécessaires
pour ces travaux qui devraient débuter
quelques jours après la fête de Hanouka.
Pour le moment, la synagogue est ouverte
au public et le restera toujours, mais seule-
ment partiellement, pendant les dix jours
prévus pour les réparations.
Direction Ferrare, maintenant, où a
longtemps vécu une importante commu-
nauté juive. Dans une ancienne prison de
la ville, a, en effet, été inauguré le Musée
National du Judaïsme italien et de la
Shoah. Pour le moment, celui-ci présente,
jusqu’en septembre prochain, une exposi-
tion temporaire intitulée « Les juifs, une
histoire italienne: le premier millénaire »
dédiée à la présence juive dans le pays du
temps des Romains au Moyen-Âge, et ce,
en attendant l’achèvement de ce musée et
l’installation de son exposition perma-
nente prévus fin 2020. ●
Plus de cinq cents élèves de l’école Ben Porat Yosef de Paramus (New
Jersey) ont battu le record du monde… de la plus grande ménorah hu-
maine. Pour réaliser cet exploit, avant de prendre place pour former une
hanoukia géante, ceux-ci se sont habillés de diverses couleurs : rouge et
orange pour les plus jeunes représentant les flammes, bleu ou blanc pour
ceux censés jouer les bougies et couleurs sombres pour les autres qui « fai-
saient » la ménorah. A noter que cette prestation a dûment été homologuée
par un représentant du Guinness des Records.
■ Bain rituel pour parachutistes
Suite à un accord entre le responsable d’un bataillon de parachutistes is-
raéliens et le kibboutz Shomriya, situé dans le nord du Néguev, les para-
chutistes religieux qui désirent se rendre au mikvé pourront utiliser le bain
rituel de ce kibboutz. Pour faciliter les choses, une fois par semaine, un au-
tobus sera même mis à leur disposition pour se rendre sur place. « Nous
faisons tout ce que nous pouvons pour permettre aux orthodoxes qui s’en-
gagent de garder un mode de vie religieux de la meilleure ma-nière possi-
ble », a déclaré Eliav Elbaz, le commandant de ce bataillon. ●
 ACTUALITÉ N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017 27

CRIF/INSOUMIS
Quand Mélenchon
s’emporte

CAPTURE ECRAN/EUROPE1
Il y a quelques jours, Jean-Luc Mélenchon s’est fendu
de critiques sévères et agressives à l’encontre du CRIF sur
l’antenne d’Europe 1. La réponse du conseil représentatif des
institutions juives de France ne s’est pas fait attendre.
ans le genre « agressif », Jean- la chaîne I24. Et de poursuivre : « Cela fait

D Luc Mélenchon, n’en est pas à

son coup d’essai. Le leader de la
France Insoumise s’en est pris cette fois
3000 ans que Jérusalem est la capitale spiri-
tuelle des Juifs du monde. Pour nous, ne
pas saluer la reconnaissance qui a été faite Mélenchon ne sont pas invités au dîner du l'extrême droite que nous connaissons depuis
au CRIF à qui il reproche d’avoir de- par les Etats-Unis aurait été un véritable Crif car ils véhiculent la haine », avait-il longtemps, et aujourd'hui cette nouvelle
mandé à la France de suivre la décision déni de notre propre histoire ». alors déclaré. Aujourd’hui, suite aux déclara- haine, qui est véhiculée par l'extrême gauche
américaine, et de reconnaître Jérusalem En février dernier, Francis Kalifat avait tions de Jean-Luc Mélenchon, il réitère ces et qui est la haine d'Israël ». ●
comme capitale d’Israël. « Je suis hos- renvoyé dos à dos l’extrême droite et l’ex- propos. « On sait que tous les deux sont des
tile à tous les communautarismes. Celui trême gauche : « Marine Le Pen et Jean-Luc véhicules de haine. La haine des Juifs de LAURENT COHEN-COUDAR
du Crif est particulièrement agressif », a-
t-il déclaré, un peu comme l’hôpital qui
se ficherait de la charité. Avant d’ajouter
« Conseil représentatif de quoi ? De rien
du tout, d'institutions qui n'existent pas
(…) C'est une association communau-
taire qui en plus manie un rayon paraly-
sant. Dès que vous dites quelque chose
qui ne leur plaît pas, pouf ! vous voilà
repeint en antisémite. Et on vous dit :
'vous n’êtes pas invité au dîner'. Mais je
m'en fous moi. J'ai pas envie d'y aller »,
en évoquant le dîner annuel du Crif, qui
réuniT des personnalités et de nom-
breux hommes politiques.
Une fois lancé dans l’une de ses dis-
ciplines favorites, la « grande gueular-
dise », le député des Bouches-du-
Rhône est difficile à arrêter : « Tous les
Français, quelles que soient leur reli-
gion ou leur culture, doivent épouser le
point de vue de la patrie sur ce sujet. La
condition pour que l'on vive bien en
France, c'est de ne pas importer les
conflits qui arrivent de l'extérieur. Ici
c'est la Seine, c'est pas le Jourdain (!).
On n'a aucune raison de se taper dessus
pour une histoire qui est déjà assez em-
brouillée comme ça. Evidemment que
ça vaut pour tout le monde ».
Le Crif, par l’intermédiaire de son
président Francis Kalifat, n’a pas tardé
à riposter aux allégations acerbes de
l’insoumis. « Comme d'habitude, nous
avons un Jean-Luc Mélenchon don-
neur de leçons avec des propos qui
sont complètement injustifiés et au fi-
nal, de par ses propos, il montre com-
bien il est insignifiant », a-t-il réagi sur

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 28 ACTUALITÉ
« On ne naît pas terroriste,
on le devient »
■ Abdelghani Merah est le
frère aîné du tueur au scooter
de Montauban et Toulouse.
Depuis 2012, il n’a cessé de
condamner la radicalisation et
le parcours de ses frères
Abdelkader et Mohamed.
Abdelghani évoque notamment
les origines juives de la mère
de son fils. Sous le soleil niçois,
il tente de se reconstruire.
: Comment avez-vous vécu le
procès de votre frère Abdelkader Merah
où vous avez été cité comme témoin ?
Abdelghani Merah : Je l’ai vécu avec une
boule au ventre, et beaucoup de peur. Après,
il y a eu une délivrance. A la sentence, j’ai
été un peu déçu qu’il n’ait pas été reconnu
coupable des tueries avec Mohamed Merah.
: Le deuxième procès vous
angoisse-t-il ?
A.-M. : Non. J’espère que, cette fois-ci,
les témoins qui se sont désistés viendront et
que le silence qui entoure ce drame sera
rompu. Je sais que certaines personnes sa-
vent des choses et qu’elles ont peur.
: Quel est, aujourd’hui,
votre état d’esprit ?
A.-M. : Je me suis mis dans une petite bulle
pour me protéger un petit peu. Mon être est
détruit. Surtout pour les enfants. Je ne com-
prends pas comment il (ndlr : Mohamed) a
pu s’attaquer à des petits enfants même si
j’ai mes propres réponses. Comme j’ai dit
au tribunal : au départ, on disait que c’était
le FN et moi, mon intuition, mon intime
conviction (comme en 2003, quand j’ai dit
que le jour où il y aura un attentat ce sera
ABDELGHANI MERAH
« Mes copains étaient juifs,
français, espagnols… »
un de mes frères) me fait dire que c’est Ab-
delkader qui a dû dire à Mohamed d’atta-
quer des juifs et en particulier des enfants
pour bien faire passer le message.
: En novembre 2012,
vous avez publié un livre avec Mohamed
Sifaoui « Mon frère, ce terroriste » chez
Calmann-Lévy. Est-il toujours d’actualité ?
A.-M. : Oui, il est toujours d’actualité.
Dans ce livre, je raconte vraiment comment
on ne naît pas terroriste mais comment on
le devient à travers des ingrédients qui ont
été les parents, pas la société, parce que la
société , même si elle a un peu de responsa-
bilité, elle est minime comparée à celle des
parents. Ce livre est intéressant car on com-
prend surtout pourquoi Mohamed est de-
venu comme ça. Ma mère, je tiens à le pré-
ciser, m’a beaucoup aidé pour le livre.
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
D.R.
: Pourquoi votre frère vous
a-t-il poignardé à 7 reprises ?
A.-M. : C’est à cause des origines juives de la
mère de mon fils. C’est aussi ma mère qui a
beaucoup allumé la mèche entre nous. Elle
était double-face. Avec moi, elle disait : « tes
petits frères, ils m’embêtent en m’empêchant
d’écouter de la musique, de danser… Leur is-
lam n’est pas mon islam ». Et lorsqu’elle était
avec Abdelkader, elle disait le contraire : « Ne
fais pas comme Abdelghani, ne va pas te met-
tre avec une juive et des Français. Ils n’ont pas
d’argent et ils nous laissent crever de faim.
Tout ça pour l’amour d’une femme juive »
: A quel moment s’amorce
la rupture avec votre famille ?
A.-M. : J’ai commencé à prendre du recul
dès l’âge de dix ans. Je me suis intéressé
à l’islam à ce moment-là. Dans tout ce que
je voyais et que je lisais, je constatais que
mes parents ne faisaient pas une once de ce
qui se disait dans le Coran. Et aussi, quand
ils présentaient la France comme un pays
de xénophobes, ce que je voyais à l’ex-
térieur était différent. Moi, mes copains
étaient juifs, français, espagnols… de toutes
origines. Mes parents étaient dans la haine
de tout ce qui était non-algérien.
: Peu de temps après les dra-
mes de Montauban et Toulouse vous
avez rencontré Richard Prasquier,
ancien président du CRIF, comment
s’est déroulé l’entretien ?
A.-M. : L’entretien s’est bien déroulé.
Après, c’était un traquenard d’un journa-
liste qui m’a fait croire que le président du
CRIF voulait me rencontrer et a fait croire à
Richard Prasquier que je voulais le rencon-
trer. Moi, je vous dis honnêtement que je
n’avais pas demandé.
: Récemment, vous avez fait
une marche contre le terrorisme de
1000 km. Vous êtes allé de Marseille à
Paris. Pourquoi avoir choisi Nice
comme lieu de résidence ?
A.-M. : J’ai choisi Nice pour aider une asso-
ciation qui avait besoin de moi. Aujourd’hui,
elle n’existe pratiquement plus. Je voulais
militer davantage, surtout après la séparation
d’avec la mère de mon fils. Je voulais me
mettre davantage au service de la France et,
bizarrement, quelques mois après, il y a eu
l’attentat du 14 juillet. Je n’étais pas très
loin. Et, comme je ne cesse de le répéter : ce
jour-là j’ai vraiment eu peur. Aujourd’hui, je
suis SDF et sans emploi. J’ai du mal à récu-
pérer mes droits, mais, tout doucement, je
les récupère. Après, je vais construire ma vie
autour de ce drame afin d’atténuer ces bles-
sures qui resteront à vif dans ma tête. ●
PROPOS RECUEILLIS PAR
JEAN-JACQUES BITON
 30
N° 1459 D U J E U D I
21 D É C E M B R E 2017

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CUISINE JUIVE ET ISRAÉLIENNE
La nouvelle
gastronomie
■ Livres, émissions de télévision, cours collectifs, nouveaux
restaurants : 2017 a été une belle année pour la cuisine
juive et israélienne en France. Jeunes et moins jeunes
redécouvrent les plaisirs de la table pour partager
ensemble des recettes des quatre coins du monde,
façon traditionnelle ou totalement réinventée.

STÉPHANE BAHIC
MELTING-POT
Cette cuisine
des mille saveurs
■ La cuisine israélienne a
pris ses quartiers dans
les principales capitales du
monde. Généreuse et joyeuse, LAURENCE ORAH PHITOUSSI
FLASH90

elle inspire autant qu’elle

ls ont conquis tous les palais du
I
monde avec leurs recettes au
goût d’Orient condimentées
d’épices, de produits et de ma-
riage des saveurs. On savait la
cuisine israélienne généreuse et métis-
sée, on la redécouvre grâce à eux plus
vivante et actuelle que jamais. De Paris
à New York en passant par Londres et
Tel Aviv, Eyal Shani, Assaf Granit, Yo-
tam Ottolenghi, Tamir Nahmias sont
les nouveaux visages du renouveau de
la cuisine israélienne. Affranchis des
règles, ils bouleversent l’équilibre des
assiettes et les resserrent sur l’essentiel.
L’essentiel, ce sont les produits. « La
cuisine israélienne n’a pas de frontière :
les chefs peuvent prendre une aubergine
et la travailler comme on n’a jamais osé
le faire dans notre cuisine de tradition »,
explique Laurence Phitoussi, communi-
cante et auteure de nombreux ouvrages
de cuisine juive. « C’est pour ça que la
cuisine israélienne est vraiment l’ex-
pression de l’inventivité contemporaine
et c’est pour ça qu’elle marche. On a
tous une mémoire olfactive et gustative
des plats de tradition, mais quand ils
sont switchés avec des ingrédients nou-
veaux, ça donne un autre plat et pourtant
on retrouve quelque chose de vécu ».
Après des années de désert gastrono-
mique, Israël a puisé dans sa terre des
produits d’exception et cette produc-
fascine en réinventant
des traditions ancestrales et
en offrant à qui la savoure
un bon goût de liberté.
tion maraîchère et fruitière a inspiré les
chefs qui l’ont adaptée au gré de leurs
voyages et pour beaucoup d’entre eux
de leur formation culinaire à l’étranger.
« Israël est avant tout un terroir avec
des produits magnifiques et des épices
inexistantes ailleurs », a souvent dit la
journaliste Annabelle Schachmes, au-
teure de La Cuisine juive (Gründ). Le
célèbre chef Haïm Cohen renchérit :
« La scène culinaire israélienne (s’est
épanouie) parce que les chefs ont
réussi à comprendre et à assimiler les
différentes cultures arrivées ici pour
les adapter à notre terroir ».
En France, ce regain d’intérêt se re-
trouve régulièrement dans les pages des
magazines. On l’a aussi découvert en
septembre sur M6 et Téva avec le pro-
gramme Un chef en Israël animé et pro-
duit par la société Kitchen Factory de
Cyril Lignac. Le chef étoilé a réalisé
quinze épisodes en sillonnant le pays du
nord au sud à la découverte des spécia-
lités culinaires et des personnalités loca-
les. Dans les librairies aussi, les livres
de cuisine cartonnent. En plein rush des
fêtes de fin d’année, les libraires sont
débordés. La Terrasse de Gutenberg
(Paris XIIe) prend juste le temps de
nous dire que « oui, bien sûr, les Otto-
lenghi marchent très bien ! ». ●
YAËL SCEMAMA
« La table est
un lieu de mémoire
et de partage »
: Pourquoi revisiter dans votre
la cuisine des fêtes juives ?
Laurence Orah Phitoussi : J’ai souhaité ré-
inventer des recettes pour en quelque sorte
garder la tradition. En adaptant notre cuisine
des fêtes et nos recettes traditionnelles aux
modes de vie d’aujourd’hui qui nécessitent
des préparations simples et rapides, j’ai es-
sayé de les rendre accessibles à tous et plus
que jamais vivantes en ajoutant des ingré-
dients nouveaux qui offrent des saveurs dif-
férentes. J’attache beaucoup d’im-
portance au rythme des saisons
qui suit le calendrier des fê-
tes. Au printemps, tous les
légumes sont là pour le
msoki tunisien de Pessah.
: Même revisi-
tées, vos recettes gardent
l’esprit de la tradition.
Est-ce le propre de la
cuisine juive ?
L.O.P. : Quand on n’a plus la
langue ou le moyen de
retourner dans le pays
de ses aïeux, la seule Solar
chose qui reste, ce sont Editions,
les assiettes. La table 27 Euros
est un lieu de mémoire
et de partage. C’est la dimension patrimo-
niale et collective de notre cuisine que l’on
transmet de génération en génération même
si, et c’est drôle, on ne peut pas vraiment dire
qu’il y a des recettes communes à tous. Cha-
que famille a ses recettes et sa manière de
faire. On dit d’ailleurs chacun fait sa cuisine.
: Comment expliquez-vous le
regain d’intérêt pour la cuisine juive et
israélienne ?
L.O.P. : La cuisine en général est un phéno-
mène culturel et de société qui touche tou-
tes les communautés, y compris la nô-
tre. Il n’y a jamais eu autant de recet-
tes sur les réseaux sociaux, de livres
et d’émissions. Chacun cherche
l’inspiration ou de la technique ou
du plaisir et c’est formidable car
la cuisine devient presque quel-
que chose de sacré qu’on aime
montrer, dont on est fier et qui
crée du lien. Il faut être inventif
et oser expérimenter. On ne
peut pas mélanger le lait et la
viande ? Soyons créatifs, dé-
tournons les recettes pour
créer des plats savoureux. ●
PROPOS RECUEILLIS
PAR Y.S.
 31
LES TRADITIONS REVISITÉES N° 1459 D U J E U D I
21 D É C E M B R E 2017

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Les stars de l’assiette israélienne

■ Le pois chiche
Aliment incontournable de la
cuisine méditerranéenne, le
pois chiche peut se consom-
mer chaud ou froid et se dé-
cline sous différentes formes :
mixé pour faire du houmous, en
boulettes frites qu’on appelle fallafel,
en salade, agrémenté d’herbes, ou encore
en accompagnement pour les plats. Les végétaliens utilisent son eau
en substitut du blanc d’œuf pour la cuisine. En Israël, il a même été
créé une bière à partir de pois chiche, de datte et de sarazin, pour ra-
MARIE HENNECHART

vir les allergiques au gluten.

En chiffres : 9 000 000 : nombre de tonnes produites dans le monde

(soit 285 kg par seconde) ; 364 : nombre de calories pour 100 grammes ;
8 : le nombre de vitamines contenues dans la graines (vitamines,
minéraux et fibres).

■ L’avocat
L’avocat est l’un des aliments les plus expor-
tés d’Israël. Ce fruit qui investit les super-
MARIE HENNECHART

marchés du monde entier, au point d’être

la cible des adeptes du boycott garnit les
tables à tous les repas et se marie aussi
bien avec les entrées qu’avec les sand-
wichs. Enrichi d’autres ingrédients,
il fait un parfait masque de beauté
contre la sécheresse de la peau et des
cheveux. Pour éviter les pépins, ce
fruit riche en lipides doit être cepen-
CHLOÉ SAADA dant consommé avec modération.

En chiffres : 100 000 : tonnes d’avocats récoltées en Israël en 2016 ;

1 000 : nombre de litres d’eau qu’il faut pour faire pousser 1 kg d'avo-
« La cuisine cats ; 160 : nombre de calories pour 100 grammes. N.H.

telavivienne
est très variée »
: Comment est né votre livre
Paris-Tel Aviv, à la rencontre de la cui-
sine israélienne ?
Chloé Saada : Pour montrer toutes les
facettes de la gastronomie israélienne, je
suis allée à la rencontre de trente chefs
israéliens, dont quatre à Paris. Je les ai
interviewés, photographiés et leur ai
demandé de me présenter un panel de
créations. Cet ouvrage a été pour moi
une fabuleuse opportunité d’allier
l’amour pour cette ville, la cuisine
et la photographie.
: Quelles sont les nou-
velles tendances culinaires à
Tel-Aviv ?
C. S. : La cuisine telavivienne
est très variée. Les Israé-
liens voyagent beau-
coup, en Asie ou en
Amérique du Sud,
notamment après
l’armée, et rappor-
tent avec eux des
univers culinai-
DR.
Quand la cuisine rime avec transmission
la ville où il y a le plus de végan par ha-
bitant au monde : quasiment toutes les
cartes de restaurants proposent des plats
sans chair animale. La cuisine fusion
aussi se développe.
: Si vous deviez nous conseiller
D.R.
une recette de cuisine ?
C. S. : Il y a par exemple la recette phare
d’Eyal Shani, qu’il appelle « Bébé
chou-fleur » et qui consiste La web-série
simplement à blanchir le collaborative
chou-fleur entier puis à le Grandmas Projects
masser avec de l’huile de
l’olive avant de le griller
au four. Avec un peu de
fleur de sel, le résultat est
P armi les nombreux projets qui fleurissent autour de la cuisine, Grand-
mas Project est un brin singulier. Il permet de transmettre, en plus de
la cuisine, des histoires personnelles. On dit qu’il n’y a pas de meilleurs
étonnant ! Eyal Shani est plats que ceux mijotés par nos grands-mères. Dans cet esprit, Grandmas
le chef le plus embléma- Project est une innovation qui ne peut que séduire les gourmands : cette
tique de Tel-Aviv. Il est web-série collaborative initiée par Jonas Parienté propose aux grands-mè-
jury de l’émission res de transmettre leurs recettes, mais surtout d’être filmées par leurs pe-
Masterchef et a no- tits-enfants afin d’en faire profiter le plus grand nombre. Ainsi des dizai-
tamment ouvert nes d’apprentis cinéastes du monde entier ont braqué leur caméra pour
le restaurant observer ces personnages attachants remonter leurs manches et éplucher
Miznon à Paris les légumes, former les boulettes, les saupoudrer d’épices. De la chou-
et à Vienne. ● chouka marocaine à la frikkadel danoise en passant par le Kneidler, les re-
cettes sont diverses, viennent des quatre coins du monde et racontent tou-

res. Aussi, le PROPOS tes une longue histoire. Plus que la cuisine, c’est la transmission qui est au
végan est une RECUEILLIS cœur de ce projet. ●
tendance très an- Hachette Cuisine, 35 euros PAR NOÉMIE N.H.
crée. Tel-Aviv est HALIOUA
 32 JUDAÏSME
FOSTER.
ossef est en exil. Dans
Y un pays dépravé, loin
de sa terre et loin de
son père. A la différence de
ses frères qui, ne pouvant
supporter les turbulences du
monde, choisissent la quié-
tude du métier de bergers.
Là, dans la sérénité, ils peu-
vent se consacrer à la spiri-
tualité. Les Juifs qui se ré-
voltèrent contre l’occupant
grec agirent en s’inspirant
de Yossef. Eux aussi, subis-
sent le poids d’un exil spiri-
tuel. Celui que leur impose
la philosophie grecque. De-
vant cette pression de l’exil,
il est particulièrement diffi-
cile de résister. Pourtant,
dans un cas comme dans
l’autre, une double situation
va naître.
■ Se renforcer et
nourrir
Yossef va rester fidèle à la
Tradition de son père, sans
jamais faillir devant le Mal.
Il en sera de même des
’Hachmonaïm (1) qui ne re-
nonceront jamais à leur spi-
LA PAROLE
DE LA SAGESSE
Rabbi Aarone de
Karline nous donne
une définition origi-
nale de la tristesse :
cet état d’esprit s’ins-
talle chez l’homme
quant il affirme sans
cesse « On me doit,
il me manque ».
En fait il ne pense
qu’à lui et son cœur
n’est pas tourné vers
le Ciel. Et Rabbi
Aarone de rajouter :
« Qui te dit que l’on
te doit ? Peut-être est-
ce toi qui est redeva-
ble envers le Ciel ? »
De Yossef à ’Hanoucca
çgyw
ritualité. Mais leur engage-
ment franchira une étape
supplémentaire. Notre para-
cha nous enseigne, en effet,
que Yossef nourrit son père,
ses frères et toute la maison
de son père, une attitude
qu’il faut lire dans sa dimen-
sion spirituelle : face à l’ad-
versité, il est possible de ren-
forcer son attachement à la
Thora et c’est la nourriture
que donna Yossef à sa fa-
mille. Les ’Hachmonaïm
s’engagèrent eux aussi sur
cette voie : non seulement,
ils déclenchèrent une révolte
contre le pouvoir grec mais
ils furent un exemple pour
les Juifs qui avaient aban-
donné leur foi. Ces derniers
se renforcèrent et rejoigni-
rent les ’Hachmonaïm dans
leur combat.
PARACHAT VAYGACH
Nous avons débuté la semaine de notre paracha
sous les reflets des lumières de ’Hanoucca, comme
si la Thora voulait nous indiquer que l’enseignement
de cette fête n’est pas très loin des retrouvailles
de Yossef et ses frères. Et à y voir de plus près,
on découvrira de profondes similitudes entre
Yossef et les hommes de ’Hanoucca.
■ Un reflet éternel
Commentant le second ver-
set du chapitre 80 des Psau-
mes, « Berger d’Israël,
écoute, Toi Qui conduit Yos-
sef comme un troupeau… »,
Rachi nous dit que le peuple
juif est appelé du nom de
Yossef. D’un autre côté, on
sait que des lumières de ’Ha-
noucca émane un reflet éter-
nel. Ces deux situations sont
donc porteuses, pour nous,
d’un enseignement qui va
bien au-delà de sa portée his-
torique. L’exil, dans un pre-
mier temps, est la consé-
quence de nos fautes. Mais
au-delà de cette réalité
contraignante et pesante, nos
Maîtres donnent à l’exil, une
lecture active et dynamique :
il n’existe que pour être
transformé ! Yossef et ’Ha-
noucca nous le prouvent. Il
est vrai que l’exil est généra-
teur d’éloignement ou de
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
chute spirituelle mais c’est
aussi une invitation à le dé-
passer. Le dépasser signifie
ici repousser l’obscurité mais
aussi apporter la lumière
chez des Juifs qui se sont
écartés de la voie lumineuse
de la Thora. Le Talmud (2)
précise que l’obligation d’al-
lumer les lumières de ’Ha-
noucca débute au coucher du
soleil. C’est là une indication
précieuse pour nous : au sein
de l’exil, notre but consiste à
faire coucher le soleil, à faire
disparaître le brillant et le su-
perficiel séduisant des civili-
sations qui cherchent plus à
détruire qu’à construire. ●
GÉRARD TOUATY
Notes
(1)
Nom d’une dynastie
qui dirigea la révolte contre
les Grecs
(2)
Traité Chabbath, p. 21b
SURVOL DE LA PARACHA
L a parachath Vaygach (Il s’approcha)
décrit, en son début, la rencontre entre
Yéhouda et Yossef. Yéhouda n’accepte pas
que le vice-roi d’Egypte qui n’est autre
que Yossef garde son frère Biniamine en
captivité. Dès lors, va s’engager entre les
deux hommes une lutte verbale. Mais le
vice-roi retient Biniamine pour éprouver
ses frères : se mettront-ils en danger pour
sauver leur frère ? Puis quand Yossef
verra que Yéhouda sera prêt à tout pour
le sauver, il révèlera sa véritable identité.
Cette révélation se produira dans le se-
cond chapitre. A la suite de ces retrouvail-
les, Yossef demandera à ses frères de re-
tourner en Egypte afin de faire descendre
son père Yaakov qu’il installera dans la
province verdoyante de Gochène avec
toute sa famille. Puis Yaakov retrouvera
son fils Yossef après 22 années de sépara-
tion, et commencera alors pour le patriar-
che, une véritable période de bonheur spi-
rituel. L’arrivée de Yaakov se produira du-
rant la seconde année des sept ans de fa-
mine annoncés dans le rêve du Pharaon.
Mais un miracle se produira. La famine
s’arrêtera avec l’arrivée du patriarche. Le
dernier chapitre reviendra en arrière pour
décrire les deux premières années de fa-
mine ainsi que la vente de tous les biens
des Egyptiens au Pharaon. La parachath
Vaygach compte 106 versets. ● G.T.
LA PERLE DE LA SEMAINE
Dans le feu de la mitzva
U n jour d’hiver, Rabbi Eliahou ’Haïm
Maïzl (1821-1912), Rav de la ville de
Lodz, en Pologne, se rendit chez un fi-
dèle de sa communauté, particulièrement
riche. Il ramassait de l’argent pour les
pauvres de sa ville. Quand l’homme ou-
vrit la porte, il était vêtu d’une tenue de
maison légère et comme le froid dehors
était glacial, il invita aussitôt le Rav à en-
trer chez lui. Mais le Rav refusa et com-
mença à parler de choses et d’autres sur
le seuil de la porte. L’homme écoutait po-
liment mais très vite, le froid devint in-
supportable. N’en pouvant plus, il in-
sista pour que le Rav rentre chez lui et là,
il accepta finalement l’invitation. Puis il
expliqua qu’il ramassait de l’argent pour
acheter du bois qu’il donnait aux pau-
vres de la ville. Et sans traîner, le riche
lui donna une contribution généreuse.
Mais il sentit que le riche n’avait pas
compris pourquoi il était resté si long-
temps sur le pas de la porte. « Je vais
maintenant t’expliquer, lui dit-il, pour-
quoi je ne suis pas entré tout de suite
chez toi : si nous nous étions installés
confortablement dans la chaleur de ton
salon, comment aurais-tu pu comprendre
et ressentir la douleur des pauvres pro-
voquée par le froid ? ». ●
G.T.
ERRATUM
Suite à un problème technique ,
une erreur s’est glissée dans le précédent
numéro (1458). L’article « survol de la
paracha » traitait de Vayéchev au lieu
de la parachat Mikets.
Toutes nos excuses à nos lecteurs.
 JUDAÏSME
Commentaire
Le
de la Semaine
JACKY MILEWSKI
Les lions de l’éducation
B
eréchit Rabba 93, 7 : « Au mo-
ment où Joseph a fait prisonnier
Benjamin et a déclaré à ses frères :
« L’homme chez qui la coupe sera trou-
vée sera mon esclave, Yehouda lui ré-
pondit : « Benjamin est prisonnier et tu
veux que la paix règne dans la maison
de notre père ! ». Yehouda se mit aussi-
tôt en colère et émit un énorme rugisse-
ment qui parcouru 400 parsa et fut en-
tendu par ‘Houchim, le fils de Dan
[‘Houchim était malentendant (Ma-
harzo)]. Il se mit de suite en route depuis
Canaan, rejoint Yehouda et tous deux ru-
girent ». Le Midrach remarque que la To-
rah désigne Yehouda et Dan de « lion »
(Gen 49 et Deut 33). Si tous deux sont
désignés par le texte biblique de « lion »,
c’est qu’ils sont intimement liés au ni-
veau de leurs racines. C’est pourquoi
c’est précisément un fils de Dan qui en-
tend le rugissement de Yehouda. Pour le
Maharzo, davantage qu’une voix igno-
rant les distances, les deux hommes sont
entrés en contact par « un sentiment in-
térieur ». Il s’agit là d’une communica-
tion de conscience à conscience sans que
le dialogue n’intervienne. Si c’est ‘Hou-
chim qui perçoit la douleur de Yehouda,
c’est aussi peut-être parce qu’il est
sourd, détaché des bruits qui l’entourent
et disponible pour un échange qui passe
au-dessus du verbe.
Un Maître (Maeyna chel Torah) a donné
une très jolie interprétation de ce Midrach :
Benjamin, prisonnier de l’Egypte, repré-
sente l’enfant juif, détaché de ses racines,
arraché à Israël (autre nom de Jacob) à qui
on tente d’inculquer une autre éducation
qu’une éducation juive, enfant que l’on
DOV ROTH-LUMBROSO MIKAEL JOURNO
Tradition Edition
La Michna, Traité Zéva’him
N otre Tradition repose sur deux fon-
dements : la loi écrite et la loi orale.
La loi écrite fait référence à la Thora, ou
plus exactement, au ’Houmach alors que
la loi orale regroupe la Michna et la Gué-
mara, le tout portant le nom de Talmud.
La Michna fut rédigée sous l’autorité de
Rabbi Yéhouda Hanassi, vers l’an 200
alors que la Guémara le fut, quelque trois
siècles, plus tard sous l’autorité de Rav
Achi et Ravina. La Michna présente les
grandes lignes de la loi orale d’une ma-
nière très synthétique à travers de nom-
breux traités. Celui que nous vous pré-
sentons aujourd’hui est le traité
Zéva’him, présenté dans le texte original
avec sa traduction française par le Rav
Gutman. Bien que de nombreux traités
soient déjà parus en français, celui-ci
vaut le détour parce qu’il évoque un
thème rarement abordé et qui, pour
l’instant, n’est pas applicable : celui des
PAR
Rabbin
tente de faire dévier de la voie de ses an-
cêtres. Le célèbre décret des cantonnistes,
où l’on enrôlait, dans l’armée russe, des
enfants juifs de 8, 9 enfants pour une du-
rée de trente ans, en est une illustration.
Mais il existe d’autres voies, plus subtiles,
moins perceptibles : l’assimilation.
Face à ce drame que constitue la perte
d’une âme juive, deux réactions sont vi-
sibles : l’indifférence ou bien, à l’instar
de Yehouda, l’affirmation de la détermi-
nation à refuser cette situation, l’affirma-
tion de la volonté de se battre pour sau-
ver l’identité juive. C’est ce que clame
Yehouda : « Benjamin est prisonnier et
tu veux que la paix règne dans la maison
de notre père ! ». Comment la paix pour-
rait-elle régner dans les cœurs quand la
génération à venir voit son identité,
c'est-à-dire sa pratique des commande-
ments de la Torah, se désintégrer.
Comme Yehouda, ceux à qui importe
la pérennité du peuple juif dans son au-
thenticité, mettent en garde, éveillent les
consciences, conduisent le combat
contre la déperdition de l’âme du peuple
juif. Et leur voix doit être belle, forte,
bouleversante pour que même ‘Hou-
chim, celui qui n’entendait rien parce
qu’il ne voulait rien entendre, celui qui
restait à l’écart, recroquevillé sur son re-
jet du judaïsme, pour que même lui
vienne rejoindre Yehouda, c'est-à-dire
ceux qui vivent, dans leur existence
quotidienne, un judaïsme authentique,
non édulcoré. Mais pour ce faire, le juif
doit ressembler à un vrai lion : le regard
empli de bonté mais animé d’une indes-
tructible détermination à participer à
l’éternité d’Israël.
ELIE LEMMEL JACKY MILEWSKI
sacrifices. C’est comme un avant-goût
de l’ère messianique ! On sait d’ailleurs
combien le ’Hafetz ’Haïm recommandait
l’étude des lois des sacrifices pour se pré-
parer à la réintroduction prochaine de ce
rituel. On voit donc combien cette tra-
duction est de bon augure. D’aucuns
pourront penser que ce sujet, trop ardu,
n’est pas digne d’intérêt. Mais c’est ou-
blier que la Thora forme une unité indivi-
sible dont chaque partie est l’émanation
de la volonté divine. Il faut donc aussi
connaître et étudier ce thème…pour être
plus proche du Créateur. Et même si, de
prime abord, la rigueur de ces lois peut
nous repousser, précisons que les princi-
pes, les règles ou les situations décrits
dans ce traité sont d’un accès facile
même pour un néophyte. ● G.T.
Traduite par le Grand rabbin
René Gutman
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
Quelles sont les lois relatives
à un arbre durant le chabbath ?
D ans la nomenclature des 39 tra-
vaux interdits durant le chab-
bath, le troisième est celui de mois-
sonner ou couper. Comme action
dérivée de ce travail, existe l’inter-
dit d’utiliser un arbre de peur d’ar-
river à couper l’une de ses bran-
ches. Pour cela, il sera interdit, du-
rant chabbath, de poser un vête-
ment ou un autre objet sur une
branche d’un arbre ou même de
l’en retirer et cela même si on
Le verset de la semaine
Par le Rav Shaoul David Botschko *
L’esprit de Jacob revint à la vie
« Et ils lui dirent toutes les choses que Joseph leur avait dites et il vit les
chariots que Joseph avait envoyés pour le transporter et l’esprit de Jacob
leur père revint à la vie. »
N ous sommes témoins, dans ce
verset, de l’instant où la vie de
Jacob cesse d’être misérable et re-
trouve le bonheur : « L’esprit de Jacob
leur père revint à la vie. »
C’est-il faut le remarquer - la vue
des chariots qui a convaincu Jacob.
Pourquoi ? Les commentateurs du
sens littéral expliquent que Jacob n’a
pas cru ses fils. C’est le sort du men-
teur de n’être pas cru lorsqu’il dit la
vérité. Mais lorsqu’il a vu les chariots,
cortège royal, il a compris qu’ils
avaient dit la vérité et alors « l’esprit
de Jacob revint à la vie » !
Les maîtres du Midrach expliquent
que les chariots (‘agaloth) ont rappelé
à Jacob le passage qu’il étudiait avec
Joseph avant leur séparation : la gé-
nisse (‘egla) à la nuque brisée. Les
chariots étaient porteurs de signe :
Joseph n’avait pas oublié la Thora de
son père. Il lui était toujours attaché.
C’est ce lien du père avec le fils qui a
ranimé l’esprit de Jacob. « L’esprit de
Jacob leur père revint à la vie. »
On peut encore expliquer que les
La bénédiction pour l’intelligence
N ous avons expliqué, la semaine
dernière, que le concept de
Daath était l’étape du ressenti dans
la construction intellectuelle. Il ne
suffit pas de réfléchir, il faut aussi
que l’idée s’enflamme pour D.ieu
et qu’elle débouche dans le feu de
l’action. Pour illustrer ce concept,
les commentateurs l’expliquent de
la façon suivante : un paysan illettré
avait à demeure un professeur qui
se chargeait de l’éducation de ses
enfants et du courrier qu’il recevait.
Une fois, il reçut une lettre lui
annonçant le décès de son père.
33
Question/Réponse
l’avait posé avant chabbath. On ne
pourra pas jeter un ballon sur un
arbre ou l’en retirer, par exemple
avec un balai ou au moyen d’un
autre ballon. Grimper sur un arbre
est aussi interdit. L’utilisation d’un
arbre, chabbath, est aussi interdite
de manière indirecte. C’est pour-
quoi, on ne pourra pas s’étendre
sur un hamac dont les deux extré-
mités seront attachées à un arbre.●
G.T.
VAYIGACH
(Genèse XLV, 27)
chariots représentent voyages et pro-
grès. Lorsque Joseph a disparu, tout
semblait s’être arrêté. Yéhouda lui
aussi est déchu de son rang. La fa-
mille se disloque, les rêves sont en-
fouis et la Chékhina, la Présence di-
vine, semble avoir quitté Jacob. Il de-
meure désolé et porte le deuil de son
fils ; il n’agit plus. Les chariots arri-
vent et la vie refleurit ! La famille va
se réunifier, et même la descente en
Égypte fera progressa la réalisation
du projet visionnaire. Jacob est pris
d’enthousiasme : « L’esprit de Jacob
leur père est revenu à la vie ! »
Nos sages de mémoire bénie ont en-
seigné que la Chékhina ne réside pas
là où règne la tristesse mais seulement
là où règne la joie. La joie de Jacob est
revenue, et quelle joie ! La famille à
nouveau unie, Joseph est vivant ! La
Présence divine ne peut résider que là
où s’épanouissent l’amour, la paix et
la fraternité ; alors « l’esprit de Jacob
leur père est revenu à la vie ».
* Roch Yechivat Hekhal Eliyahu et
Rav du Yichouv Kokhav Yaacov
LE SENS DE NOS PRIÈRES
Quand le professeur lui lut la lettre
le paysan s’évanouit. Pourquoi, de-
mande t-on, le professeur ne perdit
pas connaissance ? La réponse est
simple ; ce n’était pas son père !
Il n’était pas concerné. Il en va de
même pour une idée. On peut la
comprendre mais ne pas se sentir
concerné, ne pas reconnaître « son
père », ne pas être touché par elle,
ne pas être attaché à elle. Et c’est ce
que nous demandons à D.ieu, trois
fois par jour : que l’on puisse faire
corps avec les idées de la Thora. ●
G.T.
34
ACTUALITÉ COMMUNAUTAIRE
A C T UA L I T É J U I V E - N ° 1 4 5 9 - J E U D I 2 1 D É C E M B R E 2 0 1 7

Kiosque ELIE KORCHIA PRESIDENT DU CCJ 92

Coopération
magazine « Un engagement
L e trimes-
triel de la
Coopération juif et républicain »
Féminine
consacre son
dernier nu- Avocat de la famille Sandler au procès Merah, Elie Korchia
méro aux
50 ans de est aussi président du CCJ 92 qui a organisé début décembre
l’association un spectacle républicain très réussi dont les recettes ont été
et propose
reversées pour moitié à la campagne pour la Tsédaka et à

un dossier
remarquable
qui croise les
événements nationaux et interna-
tionaux des cinq dernières décen-
nies avec les grandes dates de la
Coopération. Une écriture dorée et
noire distingue les contenus mais
offre une belle continuité témoi-
gnant de l’inscription de l’associa-
tion dans son temps. Un chapitre
donne la parole aux femmes qui
ont fait l’association. ● Y.S.
L’Arche
L e maga-
zine du
judaïsme
français pro-
pose un nu-
méro collec-
tor sur les
70 ans de
l’Etat d’Israël
qui seront cé-
lébrés en 2018. Tout ce que l’aven-
ture israélienne compte de réalisa-
tions, de prouesses et de défis sont
résumés sur la couverture montrant
une jeune femme posant devant la
tour du Roi David à Jérusalem avec
un casque à réalité virtuelle. Politi-
que, culture, high-tech, mémoire,
savoirs, tout y est, brillamment il-
lustré d’images d’archives. Un hors-
D.R.
l’association Orphéopolice destinée aux orphelins de la Police.
: Comment passe-t-on en
quelques semaines du procès Merah
au spectacle républicain du CCJ 92
avec Dany Boon ?
Elie Korchia : C’est une question que l’on
m’a beaucoup posée. Quand on exerce une
mission bénévole en plus d’une activité
professionnelle, il faut savoir passer d’une
chose à une autre. Dans les deux cas, j’ai
été animé par la même exigence de porter
une parole. Celle de la famille Sandler
pendant le procès et de la communauté
juive du 92 pour le CCJ en saluant les ef-
forts des pouvoirs publics et des forces de
l’ordre pour assurer notre sécurité et la sé-
curité publique.
: Pourquoi vos soirées
prennent-elles la forme de spectacles
républicains ?
Nomination
Laurence Sigal
à la Fondation du
Judaïsme Français
E.K. : Quand j’ai pris la tête du CCJ 92 en
2009, nous avions organisé un dîner répu-
blicain au Haras de Jardy. Nous avions réu-
nis 650 convives, principalement des élus,
des maires, le Préfet, les représentants des
communautés juives du 92 et des principa-
les institutions juives. Cette soirée avait
beaucoup marqué les esprits et avait donné
lieu à des moments d’échange et de par-
tage essentiels entre les représentants de la
communauté juive et les élus. Dès lors,
nous avons instauré un rythme biennal en
décidant avec le Préfet que l’année où nous
n’organisions pas de soirée, celui-ci nous
recevait dans les salons d’honneur de la
Préfecture. Le principe d’un spectacle ré-
publicain nous a paru opportun pour que
cette soirée sorte de l’ordinaire et reste un
bon souvenir pour tous. En 2015, nous
avons invité pour la première fois, en plus
des convives traditionnels, des commissai-
res de police, des représentants des forces
armées et des services de renseignement.
Trois collègues de Clarissa Jean-Philippe
qu’on n’avait pas vu assez, étaient montés
sur scène. C’était très émouvant.
: 2015 a-t-elle changé le sens
donné à vos soirées ?
E.K. : Les soirées d’après et après 2015
sont évidemment différentes dans l’inten-
sité et la mise en exergue du rôle des pou-
voirs publics et des forces de police. Elles
s’inscrivent dans une autre logique par rap-
port au pays et rappellent que la commu-
nauté juive est partie prenante de la cité et
totalement concernée par ce que le pays
traverse ces dernières années. ●
PROPOS RECUEILLIS PAR
YAËL SCEMAMA
Les Gens
L es travaux du fu-
tur Mikvé des Li-
las/Romainville se
sont arrêtés il y a
huit mois faute de fi-
nancement mais le
projet porté par les
D.R.

communautés Beth
série à conserver. ● Y.S.
Hamidrach du rab-
L aurence Sigal prendra ses fonc-
tions de directrice générale de la
Fondation du Judaïsme Français à
bin Nissim Dayan, Ekhal Shlomo
d’Albert Balouka et l’ACIL de Jean-
D.R.

Claude Sebag continue. Une ca-

Tenou’a partir du lundi 8 janvier, vient d’an-
noncer l’institution dans un com- gnotte Leetchi vient d’être lancée
muniqué. Nommée par le président pour réunir des fonds (tapez
T enou’a fi-
nit l’année
civile en force
de la FJF Ariel Goldmann et le
conseil d’administration, Laurence
« leetchi mikvé des Lilas »).
Rens. : 06.99.41.89.00. ● Y.S.
avec une ré- Sigal devra « accompagner la crois- La nouvelle directrice de la FJF
flexion sur sance de la Fondation du Judaïsme
L
a directrice gé-
D.R.

l’homme pro- Français au sein de la philanthropie nérale de l’OSE

videntiel, à
la fois source
d’espérance et
déclencheur
d’un monde nouveau. Entraînés par
Captain America avec son Mem
pour Messie sur le front et son étoile
à 6 branches, les contributeurs
transformés en « super-héros » par
la directrice de la rédaction, le rab-
bin Delphine Horvilleur, livrent leur
vision du changement inspiré par
cette figure du changement. ● Y.S.
juive en France. Elle assistera égale-
ment les fondations abritées (85 à la
fin 2017) dans leurs démarches et
favorisera un dialogue accru entre
ces dernières. Enfin, elle conduira
les projets opérés en propre par la
Fondation ou contribuant à des ini-
tiatives fédératrices, aux côtés des
acteurs essentiels de la vie juive ».
Ancienne directrice du Musée d’art
et d’histoire du Judaïsme de 1988 à
2011, Laurence Sigal avait été chargée
de sa création il y a vingt ans et de Patricia Sitruk a
la constitution de ses collections. été conviée derniè-
Elle en avait défini la mission scien- rement à partici-
tifique et culturelle et assuré son per au comité
développement aux côtés des pou- de pilotage du
voirs publics et des institutions chantier de refon-
communautaires. Laurence Sigal a dation du Don en
une longue expérience de la vie as- Confiance, cet organisme à but
sociative et des Fondations. C’est non lucratif ouvert à toutes les
une experte reconnue et appréciée causes d’intérêt général dont le
dans les domaines de la culture respect de la Charte de déontolo-
juive et de l’éducation. ● Y.S. gie détermine l’octroi du label
« Don en confiance ». ● Y.S.
 ACTUALITÉ COMMUNAUTAIRE
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35

Dîner de gala de la Fondation Casip-Cojasor

L a soirée de gala de la Fondation Casip-Coja-
sor a eu lieu le mercredi 13 décembre dans
les salons de l’Hôtel Salomon de Rothschild. Les
premiers mots d’Eric de Rothschild, son prési-
dent, ont donné le ton de la soirée ou plutôt tout
son sens : « Nous vivons des moments difficiles.
Notre engagement, c’est de donner du sens aux
choses et notre travail, c’est la justice sociale ».
Olivier Nakache,
De l’allumage de la seconde bougie de Hanouka
Eric Toledano,
par le grand rabbin de France Haïm Korsia et
Aliza Bin Noun,
ses paroles d’espérance, aux invités d’honneur,
Karêne Fredj et
les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Naka-
Eric de Rothschild
che, le neurologue Lionel Naccache et le chef
Thierry Marx, tous ont tenu le fil rouge de l’en-
gagement et encouragé aux dons pour les ac-
tions de la plus ancienne et la plus importante
Fondation sociale juive de France. Devant une
table d’honneur entourée de personnalités du
monde des arts et du spectacle, Charlie Touaty a
fait grimper la collecte, accompagné par Karêne
Fredj, la directrice générale de l’institution, et
Gabriel Vadnaï. L’appel à la solidarité a
concerné quatre projets : le renforcement de l’ac-
tivité portage de repas à domicile en banlieue
parisienne, la formation des demandeurs d’em-
ploi suivis par Oved, l’ouverture d’un café soli-
darité pour les personnes en situation de handi-
cap et l’action sociale en général. ● Y.S.

■ Le Technion-France en tenue de soirée

Cérémonie des chiva et d’hommage La signature de très beaux partenariats

D.R.
« Josy était un juif de son siècle »
Marc Eisenberg, son fils, aux côtés de Jacques Canet
et du rabbin Moshe Sebbag

E n clôture de la 15e édition de la ma-

nifestation annuelle du Technion
France, dirigé par Muriel Touaty, une
nis dans l’amphithéâtre Lavoisier. La
soirée a été marquée par la signature
de deux partenariats : l’Accord acadé-
soirée de gala s’est tenue le lundi 11 dé- mique entre l’Université Paris-Saclay et
cembre à la Maison de la Chimie, sous le Technion et la reconduction du Labo-
le haut patronage de Valérie Pécresse. ratoire International Associé (LIA) en-
A cette occasion, près de quatre cents tre le Technion et l’Inserm. Pour finir,
personnes dont une délégation compo- un concert du Chœur et Quartette de
sée de chercheurs du Technion de Jazz de Paris Sciences et Lettres (PSL) a
U ne cérémonie sobre et digne
marquant la fin des sept jours
de deuil du grand rabbin Josy Ei-
Jacques Canet a lu un message de
l’Archevêque de Paris Mgr Michel
Aupetit soulignant combien son
Haïfa, des dirigeants de grandes entre-
prises françaises, des créateurs d’entre-
enchanté l’assistance. ●

senberg a été organisée dimanche
soir à la grand synagogue de la Vic-
toire. Avant les prières et la récita-
tion du kaddish par la famille,
l’hommage dirigé par le président
de la communauté Jacques Canet a
vu se succéder comme des tableaux
des témoignages émouvants pro-
noncés par ses proches sur des di-
mensions qui lui étaient chères.
Ce fil rouge faisait écho aux écrans
de télévision disposés dans les allées
de la synagogue qui diffusaient des
émission dominicale avait permis prises, des chercheurs etc. se sont réu- NOÉMIE HALIOUA
de « rapprocher les cœurs des juifs
et des chrétiens ». Il a en cela ho-
noré cette phrase de la déclaration ■ Les lumières de l’espoir pour 100% Lahayal
Nostra Aetate (1965) encourageant
« la connaissance et l’estime mu-
tuelles qui naîtront surtout d’études
bibliques et théologiques ainsi que
d’un dialogue fraternel ».
L’émotion était palpable à la lec-
ture d’un poème écrit par les pe-
tits-enfants de Josy Eisenberg pour
leur grand-père et lors du discours
D.R.

Son émission rapprochait les hommes Des allumages quoti-

diens dans les bases

extraits d’émissions, des photos de de son ami le Pr. Armand Abécas-

famille et des messages publiés sur
les réseaux sociaux. Michel Boujenah
a rappelé le sens de l’humour teinté
d’élégance de Josy Eisenberg. Jac-
ques Attali a relevé sa modernité et
sa vision du monde. Sa générosité et
sa culture ont été saluées par David
de Rothschild. « Josy était habité
d’une grâce hors norme », a-t-il dit.
Devant Thibault Verny, évêque
auxiliaire de Paris en charge des re-
lations avec la communauté juive,
sis. « Ton esprit était capable d’être
reçu et accueilli par toutes les tra-
ditions, toutes les vocations, en
cela il était universel ». Offrant une
belle lecture de la mention Zikh-
rono Livrakha qui accompagne
dans la tradition le nom d’une per-
sonne disparue, il conclut : « Josy
avait l’esprit de liberté et le cou-
rage de l’interprétation. C’était un
juif de son siècle ». ●
Y.S.
L ’association 100% Lahayal apporte
au quotidien depuis plus de dix ans
son soutien matériel, moral et spirituel
aux soldats de Tsahal. Chaque soir de
Hanouka, les bénévoles emmenés par
leur président Daniel Pinto ont sillonné
les bases pour allumer les bougies de la
fête, offrant un peu de lumière et de ré-
confort aux jeunes ‘hayalim postés aux
frontières du pays et loin de leur fa-
mille. 100% Lahayal travaille étroite-
ment avec les Beth Habad locaux pour
coordonner des actions de solidarité et
de renforcement spirituel. Elle a ainsi
distribué des centaines de paires de tefi-
lines et financé plusieurs dizaines de dé-
fibrillateurs en seulement quelques an-
nées. « Les soldats ont plus que jamais
besoin de notre amour et de nos preu-
ves d’affection et de remerciement », in-
dique Daniel Pinto. Tout don effectué
avant la fin de l’année ouvrira droit à
une déduction fiscale. ●
Y.S.
 36
« Christian Estrosi conserve
sa fidélité à Israël »
D.R.
: Vous avez sou-
mis à Christian Estrosi l’idée
d’une participation active
de la Ville de Nice (jumelée
à Netanya depuis 1968) à
l’année croisée France-Israël.
Celui-ci a répondu favora-
blement et vous a chargée
de présenter ce vœu à la
fin du conseil municipal.
Vous attendiez-vous à une
approbation unanime de
la part des conseillers
municipaux présents ?
Martine Ouaknine : Tout
d’abord je tiens à souligner
SÉLESTAT
Une communauté déclinante mais vivante
Une quarantaine de personnes ont participé lundi 18 décembre au repas annuel
de Hanouka à l'oratoire de la synagogue de Sélestat ; l'occasion d'évoquer la situation
'Alsace centrale, dont Sé-
L lestat (bourgade de 20 000
habitants située à 50km de
Strasbourg) est la ville emblé-
matique, accueille depuis plu-
sieurs siècles une communauté
juive conséquente, longtemps
éparpillée dans de nombreux vil-
lages. En témoigne le cimetière
juif, créé en 1622 et classé mo-
nument historique, qui s'étale sur
plus de 4 hectares et dans lequel
quelque 4 000 âmes reposent.
Comme toutes les petites com-
munautés alsaciennes, celle de
Sélestat et des environs voient
En direct
des régions
Focus sur…
MARTINE OUAKNINE ADJOINTE AU MAIRE DE NICE
Lors d’un récent conseil municipal, un vœu présenté par Martine Ouaknine,
adjointe au maire Christian Estrosi, au nom de la majorité municipale pour
« une participation active de la ville de Nice à l’année croisée France-Israël »
a été voté à l’unanimité. Mme Ouaknine répond à nos questions.
la position courageuse et
d’amitié sincère de Christian
Estrosi qui conserve sa fidélité
à Israël indépendamment de la
condamnation qui a occupé
tous les médias et hommes
politiques à la suite de la déci-
sion du Président Trump. Je
suis honorée de sa confiance
et sensible au vote unanime de
l’opposition, notamment de
gauche, que je remercie.
: Quelles sont
les grandes lignes du
programme des manifesta-
tions prévues de juin
de cette vieille communauté du centre de l'Alsace.
ses effectifs se réduire comme
peau de chagrin depuis des dé-
cennies. Le déclin de la commu-
nauté est donc marqué et « il n'y
a pas de recette miracle pour re-
dynamiser une communauté,
surtout si certains restent à
l'écart de la vie communautaire
», rappelle Franck Lévy, 50 ans,
président de la communauté de
Sélestat qui regroupe aussi des
habitants des communes de
Scherwiller, Villé ou Marckols-
heim. « En tout, nous sommes
une quarantaine de familles, et il
y a très peu de jeunes qui s'instal-
NICE
à septembre 2018 dans
les deux pays?
M.O. : Elles seront précisées
par le comité d’organisation qui
repose sur deux commissaires,
respectivement pour la partie
israélienne et pour la partie fran-
çaise. Les grandes lignes sont
les arts et la culture, mais elles
s’ouvrent aussi à la recherche,
l’enseignement supérieur, l’édu-
cation, le sport, le tourisme,
l’économie ou la gastronomie.
: Quels sont les
objectifs de ces manifesta-
lent ici », explique Jean-Claude
Weill, un octogénaire qui a long-
temps tenu la boucherie fami-
liale de Itterswiller et qui assure
aujourd'hui avec dynamisme les
fonctions de vice-président. La
communauté sélestadienne s'ef-
force d'être active. Un jeune ha-
zan, Joël Weill, vient deux fois
par mois de Strasbourg pour ani-
mer les offices de chabbat. Le
rabbin Claude Spingarn se dé-
place également pour les évé-
nements particuliers et son
épouse Brigitte assure chaque
semaine, alternativement à Sé-
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
tions en l’honneur
du 70ème anniversaire
de l’Etat d’Israël?
M.O. : Tracer des lignes d’hori-
zon pour l’avenir, avec un autre
regard sur Israël, mais aussi un
appel à toutes les coopérations
dans les domaines, et ils sont
nombreux, qui intéressent nos
deux pays. Comme nous
l’avons toujours fait à Nice,
nous nous impliquerons active-
ment dans ces manifestations.
PROPOS RECUEILLIS PAR
JEAN-JACQUES BITON
lestat et dans des villages voi-
sins, le Talmud-Torah pour les
enfants. Cette année, la Marche
de la Lumière interreligieuse
s'est terminée, mercredi 13 dé-
cembre, par un verre de l'amitié
au sein de la belle synagogue
sise dans le centre de la ville. «
Nous voulons maintenir la vie
juive et le myniane le plus long-
temps possible, nous dit Franck
Lévy, il serait regrettable que
Sélestat ne soit connu que pour
son cimetière ». ●
NATHAN KATZ
La bibliothèque
d’Hébraica connaît
un nouveau souffle
D.R.
LECTURE
■ Placée au deuxième étage,
à côté de Radio Kol Aviv, la
bibliothèque d’Hébraïca offre
un havre de paix et de connais-
sances. Dotée de plus de
5 000 ouvrages, elle permet au
néophyte comme au spécialiste
de se livrer à des lectures plai-
sirs et savantes. Elle contient
aussi bien le compte rendu
en 10 volumes du procès de
Nuremberg que la dernière
parution de l’ex- Toulousain,
Bernard Werber.
D ès l’abord, Valérie Alter, maîtresse
des lieux, sait à la fois renseigner
sur des recherches précises, ou plus va-
gues. Cette bibliothèque possède en ef-
fet la particularité de proposer l’intégra-
lité de la presse juive, dont Actualité
Juive, ainsi que les archives communau-
taires, sauvées in extremis, recensées et
conservées précieusement pour les cher-
cheurs. Mais le travail de Valérie Alter
consiste aussi à faire vivre la bibliothè-
que. Plus d’une centaine d’adhérents la
fréquente régulièrement. Mais sont aussi
organisés avec succès les « cafés littérai-
res » animés par Jeanine Courquet ou
encore l’atelier d’écriture, sous la hou-
lette d’Anny Bloch-Raymond. Enfin, et
c’est là encore une performance de ce
lieu, la journée du livre offre une fête à
la bibliothèque pour un public conquis
et toujours plus nombreux.
Une bibliothèque peut sembler dés-
uète à l’heure du virtuel. Et si c’était là
que résidait la véritable modernité ?
MAURICE LUGASSY
 RÉGIONS
MARSEILLE
L’exposition « Sport et Shoah », montée et présentée par l’Association pour la recherche et l’enseignement
de la Shoah (ARES) se tiendra du 20 décembre au 20 janvier à la Cité des associations, sur la Canebière.
quelques semaines de la
A commémoration de la ra-
fle du Vieux-Port, cette
exposition autour du sport et de
la Shoah s’inscrit dans les nom-
breux projets réalisés tout au
long de l’année par l’ARES.
Depuis sa création, conduite par
sa présidente Renée Dray Ben-
soussan, les objectifs de l’asso-
ciation visent à mieux cerner
l’enseignement et la connais-
sance de la Shoah, par la recher-
che, l’organisation de séminai-
res d’études, la publication de
plaquettes et d’ouvrages ainsi
qu’une université d’été chaque
METZ
65 ans d'existence dans
la bienfaisance, l'amour
fraternel et l'harmonie.
us par un noble dessein
M
celui de mettre en prati-
que les idéaux du B'nai
B'rith, bienfaisance amour fra-
ternel et harmonie, quelques
hommes de bonne volonté fon-
daient en 1952 à Metz, la loge
Elie Bloch.
Patrick Hirsch en est au-
jourd'hui le président et s'em-
ploie de façon remarquable à
mettre en application les valeurs
du B'nai B'rith. Les générations
futures doivent connaître ce que
fut notre passé se plaît-il à souli-
gner. Le B'nai Brith œuvre dans
les actions caritatives, soutient
les actions culturelles et cultuel-
les. Il lutte contre le racisme et
l'antisémitisme. Il est présent
dans la cité. Le B'nai Brith c'est
D.R.
Hanouka fêté dignement pas les Lyonnais dans la joie et la bonne humeur.
omme chaque année, la
C fête de Hanouka, qui in-
tervient une semaine
après la Fête des Lumières de
Lyon, fut l’occasion de rassem-
bler les familles et les enfants.
A l’Espace Hillel, dans un
joyeux brouhaha familial, Ed-
mond Ghrenassia alluma les
bougies avant d’inviter à la dé-
gustation de beignets. Puis, vint
le spectacle du magicien Léon.
Sport et Shoah
mois de juillet. Selon la prési-
dente, enseigner la Shoah, c’est
apprendre la citoyenneté et, au-
delà, le sens de l’humain pour
qu’il demeure l’un des piliers
de notre monde.
L’exposition a été construite en
trois parties regroupant des pho-
tos et des archives des périodes
d’avant et d’après la Seconde
Guerre mondiale. La première
partie dépeint l’univers juif dans
les sports en Europe et dans le
monde avant la guerre. Elle mon-
tre les grands clubs de l’époque
dont certains portent encore le
même nom aujourd’hui, à
Le B'nai B'rith Elie Bloch
fête ses 65 ans
65 ans d'activités diverses pour
promouvoir les valeurs juives
humaines et éthiques.
Patrick Hirsch et son bureau
ont tenu à célébrer dignement
cet anniversaire, à faire de cette
journée une journée d'événe-
ments, et d'émotions partagées.
2017 est riche en célébrations.
Après les 120 ans du premier
congrès sioniste de Bâle nous
LYON
La fête des enfants
à l’Espace Hillel et ailleurs
Ce jeune homme en pleine as-
cension artistique est bien loin
des stéréotypes de sa profession
avec ses colombes et lapins sor-
tis du chapeau. Il offre aux plus
jeunes notamment un véritable
show en les faisant participer et
monter sur scène tel un menta-
liste aguerri. Entre carré magi-
que, disparition d’une bague de
mariage et communication dans
un couple, il a su manier avec
l’exemple, pour le plus connu, du
Maccabi ou d’un moins connu,
l’Union sportive marocaine de
Casablanca. Plus loin, les archi-
ves s’attardent sur la prise du
pouvoir par Hitler, et l’exclusion
des juifs des clubs. La seconde
partie sera consacrée aux sportifs
pendant la guerre. Dès ce mo-
ment, le sport s’appuie sur un
critère racial et devient le moyen
de faire advenir un homme nou-
veau. Cette idéologie de
l’homme nouveau se retrouve
dans plusieurs pays, comme
l’Italie, la France et l’Allemagne.
Le sport est détourné de ses
D.R.
célébrons les 100 ans de la dé-
claration Balfour et alors que
nos regards se tournent vers Is-
raël qui s'apprête à fêter son
70ème anniversaire, nous nous
arrêtons un instant à Metz pour
célébrer les 65 ans de la loge
Elie Bloch, devait dire Eric En-
gelmayer, Senior, vice-président
du B'nai B'rith international, qui
participait à cette journée à la-
génie et humour la magie. Aux
enfants venus en nombre qui en
redemandaient, il offrit à de
multiples reprises l’occasion de
participer et de rêver à des tours
improbables et impossibles à
comprendre. Chacun put repartir
avec sa toupie et des étoiles de
David plein les yeux. Le lende-
main, ce sont les enfants de
l’école Beth Menahem qui pu-
rent profiter du show de Léon.
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
vraies valeurs. Les portraits de
sportifs, comme Young Perez,
Alfred Nakache, Julius Hirsch et
tant d’autres, permettront de
mieux appréhender les dérives de
cette idéologie nazie. Mais l’ex-
position s’attardera également
sur les clubs qui ont protégé
leurs sportifs juifs, notamment
l’Olympique de Marseille. Toute
la troisième partie révélera les
problèmes d’après-guerre par la
reconstruction ou l’abandon défi-
nitif de carrières. ●
DE NOTRE CORRESPONDANT
GILBERT GABBAY
quelle assistait également Phi-
lippe Mayer vice-président du
B'nai B'rith de France.
Après la brillante intervention
de Paul Amar sur le thème – an-
tisémitisme et antisionisme les
traitements des médias français,
Hanouka oblige, un allumage de
la 6ème bougie eut lieu à la
grande synagogue. La journée
devait s'achever avec un concert
de la baroque nomade, au pro-
gramme latkes et dafina - telle
est l'appellation de leur réper-
toire, - avec la merveilleuse so-
prano Cyrille Gerstenhaber qui
transporte son auditoire de l'An-
dalousie à New York au son de
la viole degambe, du teorbe ou
du traverso. Longue vie à la
loge Elie Bloch. ●
DE NOTRE CORRESPONDANTE
SONIA SELLAM
De nombreuses autres fêtes,
à l’instar de la synagogue Til-
sitt, et allumages publics ryth-
mèrent la semaine de Hanouka à
Lyon, Villeurbanne, Rillieux…
Hanouka, fête des enfants, des
lumières et de celles et ceux qui
ont l’envie de profiter d’un mo-
ment de joie partagée. ●
DE NOTRE CORRESPONDANT
ILAN LEVY
37
MONTPELLIER
Lumières
sur la fête
L'école juive dirigée par
Marcel Mekies a organisé un
grand spectacle de 'Hanouka
pour l’après-midi du dimanche
17 décembre à la Maison de
Tibériade. Au programme :
barbe à papa, buffet, fête...
Le mardi 19 décembre, l'ACIM a
organisé une autre fête de 'Hanouka
dans la salle de la synagogue Ben
Zakaï après l'allumage de la 'hanou-
kia. Au programme notamment:
dégustation de beignets. ●
HILLEL BAKIS
LILLE
Lille s'illumine
En ce dimanche 17 décembre à
l’occasion de la 6ème bougie de
Hanouka, le Beth habad de Lille
et la Commission des fêtes de
l’ACI ont organisé une journée
exceptionnelle au centre commu-
nautaire rue Angelier à Lille. Au
programme se sont succédé des
animations diverses, des goûters,
une loterie, avec toute une plé-
thore de cadeaux, et bien entendu
tant d’autres surprises qui ont
réjoui enfants et adultes durant
toute l'après midi. Puis, dès
18 heures, Place de la Synagogue
à Lille, a été allumée la 6ème
bougie de Hanouka par le Rav
Elie Dahan dans une ambiance de
liesse, de chants et de danses, le
tout au milieu de délicieux bei-
gnets et laktes. Quel bonheur
ainsi pour toute la communauté
juive de Lille et ses environs ve-
nue si nombreuse pour la circons-
tance.... ● FRÉDÉRIC CHAOUAT
LYON
Faire ensemble
pour vivre
ensemble
Toujours en-
gagé dans l’action
citoyenne, le
CRIF a reçu à
l’Espace Hillel
de nombreux col-
légiens de Vaux-
en-Velin et de
Vénissieux pour
une après-midi
consacrée à déconstruire les
préjugés. Ils purent assister à la
projection de « La rafle » qui ra-
conte un épisode longtemps peu
connu et peu glorieux de l’his-
toire de France : la rafle du Vel
d’Hiv en juillet 1942.
Les élèves fort intéressés ont pu
ensuite dialoguer avec le profes-
seur Attard leur permettant ainsi
de découvrir une histoire qu’ils
connaissent mal. ● ILAN LEVY
 38 Mémoire
Hommage aux Fusillés du Mont Valérien au Mémorial
l y a 76 ans, le 15 décembre 1941,
I eut lieu la première exécution
massive au Mont Valérien de
70 résistants-opposants-otages, sur
ordre de Stülpnagel, à la suite d’at-
tentats, et de l’entrée en guerre du
Reich contre les USA, après l’attaque
de Pearl Harbour par les Japonais al-
liés de l’Allemagne. En même temps
que cette exécution, deux autres me-
sures frappèrent les Juifs de France,
avec imposition d’une amende de un
milliard de francs, et envoi dans les
camps nazis d’un grand nombre d’in-
ternés désignés de « judéo-bolchévi-
ques. » trois jours auparavant, soit le
12 décembre 1941, on ne saurait ou-
blier également que 743 hommes,
considérés comme « notables Juifs »,
furent arrêtés, puis internés à Com-
L
Un voyage didactique prévu à Auschwitz le 28 janvier
e 13 décembre, Le Grand Rabbin
Olivier Kaufmann, Patrick Chle-
wicki et Alex Halaunbrenner sont
venus à « Mémoire et Vigilance » lan-
cer un appel en vue du voyage d’une
journée à Auschwitz-Birkenau, orga-
nisé par la synagogue Charles Liché le
28 janvier prochain à l’occasion de
l’anniversaire de l’ouverture du camp
d’Auschwitz par les troupes soviéti-
ques le 27 janvier 1945. Ce voyage
conduit par Dominique Friedman de
l’agence 7 et demi, auquel participe-
ront les jeunes du Talmud-Torah, les
EIF et leurs branches perspectives sera
encadré par Esther Senot, rescapée
d’Auschwitz, Arlette Testyler, resca-
pée de la Rafle du Vel d’Hiv et des
camps du Loiret, Alex Halaunbrenner,
porte-drapeau des FFDJF, survivant
avec sa sœur Monique d’une famille
décimée par le SS Barbie, ainsi que
votre serviteur. Lors de cette émission,
DR.
Jacqueline Atlas née à Paris
L en 1930, ex-enfant cachée, nous a
quittés le 11 décembre dernier.
Cette femme au grand cœur qui avait
surmonté les affres de son enfance
MARYLOU TREMIL
piègne, avant d’être déportés.
En hommage aux Fusillés du Mont
Valérien, s’est déroulée à 14 heures 30,
au Mémorial de la Shoah, sous l’égide
de l’ONACVG et des FFDJF, une table
ronde, animée par votre serviteur,
consacrée à ces événements, et au projet
d’aménagement des lieux et notamment
de la chapelle, (souvent dernière halte
des hommes, avant de tomber sous les
balles Allemandes), avec la participa-
tion de Jacqueline Gudela Zauberman,
fille de l’un de ces fusillés, Serge Klars-
feld, et Antoine Grande, directeur des
Hauts-Lieux de Mémoire de l’Ile-de
France. Lors de cette table ronde, Serge
Klarsfeld, auquel on doit d’avoir rétabli
la vérité des faits à travers des ouvrages
de référence consacrés à ces fusillades,
dont : « le Livre des otages », « 1941,
De droire à gauche: le Grand Rabbin
Olivier Kaufmann, Patrick Chlewicki,
Alex Halaunbrenner, Baila et Raizi Kulski
sont venues également les petites-filles
du Professeur Marcel Kulski, Baila et
Raizi Kulski, à l’occasion du Yortseit
d’une année de leur grand-père, ce
chirurgien urologue notoire, qui nous a
quittés le 1er décembre 2016, et qui
laisse chez les siens, ses patients et ses
nombreux amis, le souvenir incoerci-
ble d’un Hassid, proche du Rav Azi-
Jacqueline Atlas nous a quittés
douloureuse a rejoint son mari Joseph
Atlas, de mémoire bénie, ex-enfant ca-
ché au Chambon-sur-Lignon, chevalier
de la Légion d’Honneur, fondateur de
« l’Association des Enfants Réfugiés
au Chambon-sur-Lignon », ainsi que
de « l’Association des Enfants Juifs
Internés de l’UGIF. » Tous deux for-
mèrent un couple exemplaire d’élé-
gance morale, investi dans la lutte
contre l’oubli. Je ne peux oublier
qu’ils étaient souvent venus à « Mé-
moire et Vigilance » lancer des appels
afin de faire connaître leurs actions en
faveur des enfants cachés. Comme me
l’écrit un de leurs amis proches, Alain
N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017
H OMMAGE
De droite à gauche, Gutela
DR.
Zauberman, votre serviteur, Serge
Klarsfeld et Antoine Grande
prélude à la Solution Finale », et « les
1007 fusillés du Mont Valérien, parmi
lesquels 174 Juifs » co-écrit avec Léon
Tsévery, rappela les circonstances préci-
ses, entourant les exécutions de ces
hommes, choisis pour mourir parce que
Juifs et sympathisants communistes ;
avant que n’intervienne de façon poi- SAR AH SILB ER
gnante, Kutela Zauberman, en mémoire
de son père, Mayer Zauberman, âgé de
40 ans, père de 5 enfants, naturalisé
Français en 1932, interné au camp de
Drancy, le 20 août 1941, fusillé le Cettecheveux,
petite fille, avec son nœud dans les
que l’on voit sur cette photo,
15 décembre 1941. A sa suite, Antoine extraite du « Mémorial des Enfants Juifs Dé-
Grande fit part des directives du Minis- portés de France » de Serge Klarsfeld, s’appe-
tère de la Défense, quant à ce que fut la lait Sarah Silber, et était née le 22 décembre
mise en valeur résistante du Mont Valé- 1934 à Anvers. Arrêtée dans le Gers avec ses
rien, ainsi que des projets futurs du site.
Après ces interventions, s’est tenue dans parents, lors de la grande rafle des Juifs étran-
gers du 16 juillet 1942, elle fut conduite avec
la Crypte, la cérémonie marquant le
76e anniversaire des Fusillés, dirigée par eux dans le camp du Vernet, puis livrée aux
Olivier Lalieu, avec rappel historique de Allemands, et déportée à Auschwitz le 4 sep-
Serge Klarsfeld, dépôts de gerbes, suivie tembre 1942, par le convoi 28. Cette ultime
de la lecture de leurs noms, et Kaddish photo représentant son petit visage triste fut
conduit par Maurice Zynszajn. ● prise le 1er avril 1942. C.B.
PAR CLAUDE BOCHURBERG
Y A BISSÈLÈ
IDDISH
çydyIy [l[syb aæ
Un petit peu de Yiddish par Leyb Bratover
Joseph le juste, enfiévré, voit
Yoysèf hatsadik fibèrt un zét :
DR.
Son père Jacob se diriger [vers lui] :
mov de mémoire bénie, un Talmid Ha-
ham, au cœur débordant de Hessed, Vi zayn tatè Yankèv géyt :
d’humanisme, et de souci inlassable « Que voient donc mes yeux, quoi ?
pour autrui. ● C.B.
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Voilà que tu fais des mamours
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Makhst kutsenyu-mutsènyu.
Avec cette non-juive, cette femme mariée.
Amiel : « Jacqueline était une femme Mit der oreylis, der éyshès-ish.
généreuse. Elle aimait donner de son Pouah, Joseph le juste, pouah ! »
temps pour aider les autres…Toujours
volontaire pour venir rencontrer les
jeunes, notamment de l’Ecole Ariel Tfu, Yoysèf hatsadik, tfu !”
dans le 16e, devenue Ecole Gabriel. »
Enfin, on ne peut oublier que cette = bisou-bisou
grande dame pratiquante, était toute = kutsènyu-mutsènyu
dévouée à sa communauté de la rue
Montevideo, au sein de laquelle elle = incirconcis = orl/aréylim
organisait chaque année une cérémo-
nie à l’occasion du Yom Hashoah, = femme non juive
avec pour priorité celle d’y associer
les jeunes, et dont elle me demandait
fidèlement de rendre compte de l’évé-
= aréylis/aréylo
= « épouse d’un homme »
= éyshès-ish
nement sur les ondes. ● C.B.

HANNAH ASSOULINE
LE LIVRE
Les Rien-Pensants
« Elisabeth Lévy
est une figure
singulière de l’uni-
vers médiatique.
Avec son
allure de Betty
Boop et ses
grands yeux
bleus, elle dénote
par son goût
assumé des
batailles idéologi-
ques, de ce
qu’elle appelle l’engueulade civilisée.
« Le pluralisme, écrit-elle, ne tient pas à
l'égalité des temps de parole, mais à la
loyauté de la discussion. Il suppose que
l'on puisse entendre une opinion que
l'on trouve détestable ou choquante
sans en récuser la légitimité a priori et
sans déligitime celui qui la porte.»
Elle qui est née dans une famille
juive pratiquante, confie avoir appris
à manier l’art de la contradiction au-
tour de la table avec ses parents, ce
qui ouvrira la voie à sa future car-
rière : le journalisme d’opinion. Dans
cet essai publié aux éditions du Cerf,
elle creuse encore son sillon. Ce re-
cueil de chroniques parues entre
avril 2013 et septembre 2017 dans
Causeur - le magazine dont elle est
la directrice de publication - croquent
le quinquennat de François Hollande
et l’avènement de celui de Macron.
L’actualité est un prétexte à jeter un
regard sur l’époque et ses dérives,
sur la tyrannie de la « bien-pen-
sance » qui empêche de voir ce que
l’on voit. Avec une plume acérée,
elle rit du prêt-à-penser confortable,
et nous avec elle.
N.H.
Elisabeth Lévy, « Les Rien-
Pensants », Editions du Cerf,
432 pages, 22 €
Du Côté de
la Culture
A C T UA L I T É J U I V E - N° 1459 - J E U D I 21 D É C E M B R E 2017
Elisabeth Lévy
“ Le pluralisme
est consubstantiel
à l’identité juive
La directrice de la rédaction de Causeur publie « Les Rien-pensa
aux éditions du Cerf, un recueil de ses éditos publiés de 2013 à 2
Avec un verbe haut, l’éditorialiste pourfend la pensée uniqu
y compris au sein du judaïsme.
: Dans votre édito « Ma croire. Après tout, le monothéisme juif
guerre de Gaza », l’avocat Gilles- introduit la possibilité de l’Histoire et
William Goldnadel vous reproche de la liberté humaine…
« un reste de surmoi de gauche »
sur la question israélienne, quand : « Sarcelles, Mossoul,
d’autres vous présentent comme Gaza - L’été de tous les djihads »
titrait la Une de Causeur de Septem-
« un suppôt de Netanyahou ».
Quel est votre lien avec Israël ? bre 2014. Qu’est-ce qui liait ces
trois villes à cette période ?
Élisabeth Lévy : Dans « Soumission »
de Houellebecq, un personnage a cette E. L. : Evidemment nous ne prétendions
phrase alors que sa jeune compagne fait pas que les trois situations évoquées sur
son alyah pour échapper à l’islamisation cette « une » fussent identiques. Reste
de la France : « Pour moi, il n’y a pas qu’à Gaza, comme à Paris, à Sarcelles
d’Israël. » Eh bien pour moi il y en a un, et en Irak, on a vu flotter le drapeau de
c’est-à-dire un pays qui me délivrerait l’EI et entendu la même rhétorique hai-
un passeport sur la simple présentation neuse contre les juifs et les infidèles.
de l’acte de mariage de mes parents. C’est donc en toute conscience que
Comprenez-moi : je n’ai nullement l’in- nous avons choisi ce titre en forme de
tention de faire mon alyah, mais possé- raccourci, et même d’amalgame,
der un refuge fantasmatique n’est pas comme n’ont pas manqué de le dire nos
rien. De plus, c’est le signe que dans habituels censeurs, qui préfèrent traquer
un monde post-national et post-tout, ce l’islamophobie plutôt que combattre
pays conserve un lien particulier avec l’islamisme. En juillet 2014, des maga-
l’Histoire. Par ailleurs je préfère les ré- sins appartenant à des Juifs ont été in-
cendiés à Sarcelles. Au même moment,
cits de juifs victorieux, comme celui
le Monde s’émerveillait de la mobilisa-
d’Israël, à ceux des juifs persécutés.
L’identité juive n’est pas seulement faite tion de la génération Gaza…
de malheurs et de persécutions, et c’est
bien sûr vrai dans la France d’au- : Dans l’édito « Tu n’invo-
jourd’hui. Enfin, j’aime le foutoir idéo- queras pas le judaïsme en vain »,
logique et spirituel israélien… vous reprochez à des personnalités
communautaires d’avoir appelé à
: Le débat, une chose qui faire du vote Macron « le onzième
vous est chère… commandement divin ». Pouvez-
vous nous en dire plus ?
E. L. : Pas chère, indispensable !
J’aime penser que les juifs ont apporté E. L. : Nous sommes le vendredi
trois choses au monde : la Torah, l’hu- 5 mai, deux jours avant le deuxième
mour et le goût de la polémique. Il y a tour. Marine Le Pen a raté son débat
mille façons d’être juif et on peut et même avant, elle n’avait aucune
l’être sans pratiquer et même sans chance. Quelques jours plus tôt,
39
Macron s’est rendu au mémorial de la
Shoah au ravissement de tout le gratin
communautaire pour expliquer que la
bête immonde était toujours là, et
qu’elle avait toujours la même tête
d’extrême droite. Et à Sarcelles, que
beaucoup de Juifs ont désertée pour
échapper à l’antisémitisme musulman
(qui ne concerne évidemment pas tous
les musulmans mais qui est suffisam-
ment répandu pour que l’on puisse
parler d’un phénomène culturel), il
avait joué au foot et fait des selfies!
En bref, Macron était intraitable
contre l’antisémitisme d’hier et aveu-
gle à celui d’aujourd’hui. Et pas mal
de juifs, assez gogos dès qu’on pro-
nonce le mot « Shoah », ne voyaient
pas l’entourloupe. Et voilà que je re-
çois un courrier électronique intitulé
« Au nom du judaïsme et de la Répu-
blique » : il s’agit d’un texte signé par
une poignée de personnalités juives
qui appellent à voter Macron et sur-
jouent l’angoisse jusqu’au ridicule
l’urgence de la situation. Or, j’ai hor-
reur que l’on parle en mon nom. Le
peuple juif n’est ni un parti, ni une ar-
mée. Si des rabbins se sont autrefois
engueulés jusqu’à pas d’heure, pour
savoir si on peut manger un œuf qui a
cuit tout seul sur un toit le chabbat, ce
n’est pas pour qu’on marche au pas
aujourd’hui. Dans la version juive de
Robinson Crusoé, il construit deux sy-
nagogues sur son ile : celle où il va prier
et celle où il ne met jamais les pieds.
Eh bien, je refuse de vivre dans un
monde où il y a une seule synagogue.
Propos recueillis par
Noémie Halioua
 40 Du Côté de la Culture
A C T U A L I T É J U I V E - N° 1459 - J E U D I 21 D É C E M B R E 2017

A la Page Secret de famille

Les aventures
Le Livre de la Semaine

Journaliste, documentariste plusieurs fois récompensé pour ses

d’Hilsenrath
L’auteur de « Nuit » raconte son séjour dans le futur Etat d’Israël.
E crit en 1997, « Les
Aventures de Ruben
Jablonski » est le hui-
tième roman d’Edgar Hil-
senrath dont l’approche
très crue de la Shoah a
longtemps rebuté les édi-
teurs de son pays natal.
D’abord publié aux Etats-
Unis, l’écrivain alle-
mand a obtenu, à partir
des années 1970, une re-
connaissance en Europe,
terreau de l’autobiogra-
phie fictionnelle qui sert
de trame à son œuvre. Si
la sexualité demeure l’une
des préoccupations majeures de son
personnage, ce roman, tout aussi grin-
çant que les autres opus, renvoie un
écho moins nihiliste et moins ironique.
On s’étonne, d’abord, de découvrir que
ce tout fou de Jablonski soit capable de
percevoir la beauté présente dans la
laideur d’une jeune déportée défigurée
par les nazies. Le re-
flux des souvenirs de
l’enfance heureuse en
Bucovine, tout près de
la Czernowitz d’Ap-
pelfeld, a sans doute
révélé la notion de
perte et de séparation -
« Je ne savais pas
qu’il y avait eu autant
de morts »- et aiguisé
celle, culpabilisante,
du rare bonheur des
retrouvailles familia-
les. L’immigration
clandestine des Juifs
européens, l’expé-
rience du kibboutz, les affrontements et
la conviction que la langue sera le ci-
ment du peuple juif nous donnent à
comprendre et à ressentir la volonté
quelque peu apaisée de « respirer, vivre
et écrire » de Jablonski et sa promesse
de publier son livre.
CAROL BINDER
réalisations sur les Einzatzgruppen, Michaël Prazan explore ici
une histoire intime, celle de son père Bernard. Agé de 7 ans à
peine en 1942, le jeune Bernard et sa sœur se trouvent sur le quai
de la gare des Aubrais avec Tata. Tata, Léopold en réalité, qu’ils
ne connaissent pas, est chargée de les faire passer en zone libre,
alors qu’elle est accompagnée d’un collaborateur notoire. Bernard
comprend, malgré son jeune âge, qu’elle va les donner à la Ges-
tapo, avant de se raviser et d’être plus tard déportée elle-même. Michaël la re-
trouve aujourd’hui et tente de comprendre cette histoire à tiroirs qui hante sa fa-
mille. Il raconte une époque douloureuse faite de silences et de non-dits.
Michael Prazan, « La passeuse », Grasset, 320 p, 20€.
Un polar littéraire
Ecrivain majeur de la jeune littérature israélienne, Amir Gut-
freund n’a qu’un seul défaut, celui d’être mort trop tôt, à 50 ans.
Dans l’un de ces derniers ouvrages, il réconcilie littérature poli-
cière et littérature tout court. Alors qu’une série de meurtres vio-
lents agite Tel-Aviv, un trio improbable, un policier, Yona Merlin,
une journaliste, Raï Tsitrin, et Zoé, une ado fan de l’écrivain
Bruno Schulz se met en place pour résoudre ces meurtres qui
semble tous liés à la vie de Bruno Schulz, l’écrivain assassiné par
la Gestapo en 1942. S’ensuit une enquête palpitante pour empêcher le meurtre sui-
vant tout en rendant hommage à l’histoire de l’immigration juive.
Amir Gutfreund, « La légende de Bruno et Adèle », Gallimard, 283 p 22,5 €.
PAR ILAN LEVY

Edgar Hilsenrath, « Les aventures de Ruben Jablonski », Le Tripode, 280p, 19€.

Sélection
Lever de Rideau En Salles
Philippe Caubère : « Je veux que tu sois
une écriture debout célèbre de ton vivant »
et vivante Sort sur grand écran,
une nouvelle adaptation de
La nouvelle création de Philippe l’autobiographie de Romain
Caubère, « Adieu Ferdinand », Gary, « La promesse de l’aube »
est un un événement théâtral d’Éric Barbier.
très attendu.

C 'est toujours avec un plaisir énorme et

une jubilation certaine que l'on re-
E n 1970, Jules Dassin l’avait porté à
l’écran avec l’acteur israélien Asi
Dayan pour Gary et Melina Mercouri, sa
trouve les tribulations de Ferdinand Faure, mère. Éric Barbier a choisi Pierre Niney,
D.R.

l'alter ego de Caubère dans ses éternelles
aventures humaines et théâtrales, avec son
compagnon de théâtre Bruno. Tous deux,
en France ou en Belgique, vont encore
nous enchanter dans leurs relations douces
amères avec leur entourage.
Seul sur scène, avec une chaise pour dé-
cor, des jeux de lumière, il interprète toute
une galerie de personnages aussi diffé-
rents les uns que les autres, mais aussi son
tempérament, son univers dans une écri-
ture vivante. Ce spectacle en deux parties
restitue, comme une épopée, toute la diffi-
culté de se vivre en tant que comédien,
avec les confrontations avec des person-
nages à l'opposé de leur quotidien ou en
décalage profond.
C’est de ce décalage qu'est puisée toute
Adieu Ferdinand. Philippe Caubère,
Théâtre de l'Athénée Louis Jouvet
Jusqu'au 14 janvier 2018
l'intensité de ce théâtre unique à Philippe
Caubère, l'enfant chéri (un temps), de
Ariane Mouchkine. Eternellement jeune,
Ferdinand Faure ne veut pas vieillir et
mourir encore moins ! Profitons-en.
Une leçon de théâtre évidente et édi-
fiante. MICHÈLE LÉVY -TAÏEB
le jeune et grand acteur du moment, et la
très sensible Charlotte Gainsbourg. Niney
confirme son talent, mais Charlotte Gains-
bourg arrive encore à nous surprendre. Ce
rôle de mère juive au caractère trempé, ac-
coutrée des vêtements d’époque, maquil-
lée selon ses différents âges, au léger ac-
cent slave puis plus tard passant à une
voix rauque, nous apparaît comme une
évidence. Dans l’adaptation, le réalisateur
se centre sur les rapports de l’écrivain avec
sa mère, et sur la vie du romancier, de 8 à pecté, l’amour de sa mère agissant comme
28 ans. Nous le suivons de la Pologne à un moteur, porté tel un fardeau. Mais, rien
l’arrivée à Nice, puis à son engagement ne remplace la lecture du livre.
comme aviateur pendant la Seconde ROBERT SENDER
guerre mondiale en Afrique. Le film s’en-
richit aussi de pans qui n’existent pas dans « La promesse de l’aube »
le livre. Mais le fond du récit reste res- d’Éric Barbier
 Du
GILLES UZZAN
DR.
: Tout s’articule
autour de la rencontre entre
Isaac et Lola, un fils de
rabbin et une agnostique,
deux personnages que tout
oppose. Pouvez-vous nous
raconter leur histoire ?
Gilles Uzzan : Isaac, 25 ans
est fils unique du grand rabbin
Dov Ber, chef spirituel ortho-
doxe et a pour vocation de suc-
céder à son père. Mais, voilà,
Isaac, n’est pas un orthodoxe
ordinaire. Apres s’être démar-
qué par son attachement aux
enseignements de Rabbi
Na’hman de Breslev, (auquel
le père est totalement opposé),
il est saisi par une curiosité in-
tellectuelle qui le pousse à s’in-
téresser aux cultures profanes.
Pour lui, un rabbin doit s’ou-
vrir au monde. Il n’est pas
question de s’affranchir des
DR.
R onit Elkabetz était une
femme de passions. Cel-
les de la mode et de la scène,
celles d'Israël et de la France,
celles de la place de la
femme et de son identité plu-
rielle. Elle les a toutes expri-
mées et transcendées, avant
d'être emportée par le cancer
en 2016, à l'âge de 52 ans.
Au Musée du Design de Ho-
lon, dans la banlieue de Tel
Aviv, vient de débuter une
exposition qui restitue toutes
les facettes de cette artiste
protéiforme, qui a fait de sa
vie une œuvre.
Co-écrite par la conserva-
trice du musée et Shlomi Elka-
betz, le frère de Ronit avec qui
il avait réalisé plusieurs de ses
films, l'exposition conjugue ré-
trospective cinématographique
Côté de la Culture
AC T UA L I T É J U I V E - N ° 1 4 5 9 - J E U D I 2 1 D É C E M B R E 2 0 1 7
O n en Parle
« L’universalité des
valeurs juives réunit »
Gilles Uzzan est psychiatre. Dans son deuxième ouvrage « Isaac et Lola », paru aux
éditions Deglay, il raconte la rencontre entre un orthodoxe et une agnostique, deux êtres
qu’a priori tout oppose. Le roman a été couronné par le Prix Paul Fleury au concours
littré 2017, décerné par le groupement des écrivains médecins.
valeurs du judaïsme, mais plu-
tôt de les enrichir. Lola, 20 ans
est agnostique. Isaac et Lola
vont se rencontrer fortuitement,
apprendre à se connaître, s’ap-
précier et tomber amoureux au
prix d’un bouleversement per-
sonnel et familial. Après une
période de séparation ils se re-
trouveront sept ans plus tard.
Je ne dévoile pas la suite…
: Quel message
avez-vous voulu faire passer
au travers cette histoire ?
Est-elle biographi-
que ?
G. U. - Chacun
peut être éprouvé
par l’amour qu’il
ressent pour l’autre
quels que soient sa
communauté et son
niveau d’obser-
vance religieuse.
Isaac et Lola vont
Suivez le Guide
Je t'aime, Ronit Elkabetz
Le Musée du Design de Holon consacre une exposition-hommage à l'actrice
et réalisatrice israélienne, devenue icône féminine et féministe.
et défilé de mode. Les 528 te-
nues et accessoires que Ronit
Elkabetz avait acquis auprès
des plus grands créateurs, tels
que Christian Lacroix, et que
la famille a légués au musée,
sont présentés au public. Dès
l'entrée, on retrouve, flottant
dans l'espace, la spectaculaire
robe jaune dessinée pour
elle par son compa-
triote Alber Elbaz,
durant ses années
chez Lanvin et qui
a été prêtée pour
l'occasion par
le Musée des Arts
Décoratifs de
Paris.
Aux créations ex-
posées se mêlent les
images mouvantes et
la voix de Ronit
évoluer chacun de leur côté
avant de se retrouver. L’univer-
salité des valeurs juives va les
réunir. Un amour sincère sur-
monte les obstacles et est
source de dénouement. Tolé-
rance et espoir sont donc ici
les maîtres mots. Cette histoire
n’est pas biographique, néan-
moins, elle s’inspire de mon
expérience professionnelle,
communautaire et en partie
personnelle.
: L’univers ortho-
doxe d’Isaac ne
permet-il pas, aussi,
au judaïsme de
résister aux appels
de la modernité et
donc de perdurer ?
Gilles Uzzan,
« Isaac et Lola »,
Editions Deglay,
156 pages, 15 €
Elkabetz, comme des repères
de vie et de carrière entre Is-
raël où elle avait commencé
sa carrière dans le design
avant d'opter pour le cinéma,
et la France, où elle a plongé
inconnue pour émerger star et
muse. Les vêtements de l'ac-
trice reprennent vie dans des
mises en scène qui en font
de véritables installa-
tions, devenant œuvres
à part entière, à la
façon dont Ronit
Elkabetz savait su-
blimer le vêtement
qu'elle portait et qui
devenait alors bien
plus qu'un accessoire
de mode. Les auteurs
«Je t'aime, Ronit Elkabetz» exposition au Musée
du Design de Holon, jusqu'au 30 avril 2018.
G. U. : Je rejoins le Rav Chim-
chone Raphael Hirsch (1808-
1888), rabbin allemand qui
pronaît que le judaïsme ortho-
doxe devait s’ouvrir à la cul-
ture occidentale et y adhérer
selon le principe talmudique de
Torah Im dérekhèrets, l’étude
de la Torah alliée aux études
générales. Cette position révo-
lutionnaire à son époque, ré-
pondait à la nécessité de créer
une voie moyenne entre la yés-
hiva et les universités. Le Ram-
bam lui-même, pourtant maître
orthodoxe incontesté a étudié la
médecine et la philosophie. On
raconte d’ailleurs du Rav Hirsch
que sa conception a permis de
ramener au judaïsme une grande
partie de la communauté deve-
nue assimilée. Preuve que cette
méthode de torah ve avoda
(torah et travail) fonctionne.
PROPOS RECUEILLIS PAR
N. H.
de l'exposition ont d'ailleurs
voulu que le visiteur puisse
retrouver la profondeur de la
personnalité de l'artiste, tout à
la fois sombre et flam-
boyante. Son œil aigu sur le
design n'acceptait jamais le
compromis, tout comme ses
choix cinématographiques.
Elle avait su donner une force
unique aux femmes qu'elle in-
carnait, tel son double Vi-
viane Amsalem, qu'elle met-
tra en scène dans sa trilogie
Prendre femme, Les Sept
Jours et Guett, récit poignant
d'un divorce religieux. Toute
sa filmographie est aussi pré-
sentée à l'exposition. ●
PASCALE ZONSZAIN
41
A vos
Agendas
Chants sacrés
et contes d'exil
L a chanteuse et instrumentiste Ca-
therine Braslavsky donnera une
soirée le dimanche 24 décembre à
21h*, avec le oudiste Yuval Ron. En-
semble ils présenteront des répertoires
issus de chants traditionnels inspirés
de l'expérience de l'exil d'une terre
lointaine ou du monde. S'entrelacent
des musiques, juives essentiellement,
avec contes et poèmes (ladino, hébreu,
français, perse), tels ceux de Rumi et
de Yehouda Halevi. Le parcours de
chacun des deux artistes est exception-
nel. Catherine Braslavsky qui s'accom-
pagne au bendir et doulcimer, com-
pose et dirige plusieurs ensembles.
A son actif huit albums et huit specta-
cles, dont “De Jérusalem à Cordoue”,
joué en Europe et aux Etats-Unis. Yuval
Ron est un artiste aux multiples facettes.
Lui aussi compositeur, conteur, ensei-
gnant, il a fondé le Yuval Ron Ensem-
ble, rassemblant des musiciens sous le
signe de la paix. ● MONIC FELD
*Théâtre de L'Ile Saint Louis Paul Rey,
39 quai d'Anjou, 75004.
Réserv. : 01 46 33 48 65
« Hits de Noël »
composés par
des immigrants
L
juifs
e 24 décembre à 23h50 Arte dif-
fuse un documentaire qui va en
surprendre plus d'un. Le fil de ce do-
cumentaire, réalisé par Larry Wein-
stein, juif canadien, part de son propre
vécu. Comment lorsqu'il était petit
garçon vivait-il la période de Noël et
qui a composé toutes ses chansons de
fête connues du monde entier. C'est
par exemple « Chestnuts Roasting on
an Open Fire », (plus connue sous la
Chanson de Noël) dont les paroles
sont de Justin Bieber, la musique de
Mel Tormé et chantée par Nat King
Cole. C'est aussi "Noël blanc", "Silver
Bells" et tant d'autres qui ont rejoint le
Vieux Continent pour intégrer là aussi
la culture populaire. Mais qui les a
écrites ? Des artistes juifs issus de
l'immigration aspirant avant tout à de-
venir américains sans pourtant oublier
leur judaité intérieure. Images d'archi-
ves rares de bateaux et de leurs passa-
gers, accostant après un long périple
pour rejoindre le rêve américain. Inter-
views de musicologues, de musiciens,
de personnes de mondes religieux va-
riés, expliquant l'importance de ces ar-
tistes dans la construction de la vie
américaine. A quand un tel sujet sur
les compositeurs de la chanson popu-
laire française ? ● M.F.
 42 SPORTS N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017

Par Jonathan Nahmany

FOCUS
Kayal
is back

DR.
Après plusieurs mois d’absence sur les terrains,
DR.

le milieu défensif international israélien de Brighton

a récemment fait son baptême du feu
en Premier League contre Tottenham.
FOOTBALL iram Kayal a enfin pu Biram a enfin démarré sa sai-

La Toto Cup a son vainqueur B voir le bout du tunnel.

❚ Le Maccabi Tel-Aviv a décroché le premier titre de la saison 2017-2018 sur la
scène domestique en dominant en finale son grand rival, l’Hapoël Beersheva (1-0).
eux saisons que le
LE CHIFFRE
D Maccabi Tel-Aviv
n’avait plus soulevé le
moindre trophée. C’est désor-
mais chose faite depuis le
14 décembre dernier avec le
joué avec beaucoup d’intensité
durant tout le match », analysait
Jordi Cruyff, le coach hollan-
dais du Maccabi. Et de poursui-
vre, soulagé : « Nous restions
sur trois défaites consécutives
Gravement blessé à la
jambe en août dernier lors
d’une rencontre amicale contre
l’Atletico Madrid, le milieu dé-
fensif de 29 ans a dernièrement
connu ses premiers pas en Pre-
mier League sur la pelouse de
Tottenham (2-0). Titularisé
d’entrée à l’instar de son com-
patriote Tomer Hemed, l’an-
cien du Maccabi Haïfa et du
Celtic Glasgow a joué durant
son. Le second est qu’il a par-
faitement tenu son rôle ». En
poste à Brighton depuis 2015,
celui qui compte 32 sélections
avec la Nivrehet a même déli-
vré une passe à Hemed, tout
proche de tromper le gardien
des Spurs, Hugo Lloris. « Nous
avons eu deux occasions et
celle de Tomer fut la plus dan-
gereuse. A 1-1, la partie n’au-
rait plus été la même », re-
grette Hughton dont l’équipe,

5 gain de la Toto Cup, la Coupe

de la Ligue israélienne. Contre
l’Hapoël Beersheva, l’avant-
centre international islandais
des Jaunes, Vidar Orn Kjartans-
son, muet depuis dix rencontres
toutes compétitions confondues,
délivrait les siens en fin de par-
tie sur la pelouse de Netanya.
Le dernier sacre du Maccabi en
Toto Cup remonte à l’exercice
2014-15, année du fameux tri-
en finale. Il était temps de mon-
trer un autre visage ».
Son homologue de l’Hapoël,
Barak Bakhar, ne cherchait pas
d’excuses. « Le Maccabi était
tout simplement l’équipe qui
avait le plus faim sur le terrain»,
résumait-il. Dans la foulée de
cet échec, le double champion
d’Israël en titre, toujours leader,
essuyait lors de son déplace-
78 minutes. Une prestation qui,
semble-t-il, a satisfait son
coach, Chris Hughton : « Le
premier point positif est que

Des changements au mercato hivernal

de retour parmi l’élite après 34
ans d’attente, occupe actuelle-
ment la treizième place après
18 journées. ●

Le Maccabi a inscrit pour
plé (avec le Championnat et la
Coupe nationale).
la cinquième fois (1993, « Je ne suis pas un homme qui
aime trop fêter les succès. Je
1999, 2009, 2015 et 2017) suis content pour le staff, les
son nom au palmarès de joueurs et les supporters qui
n’ont pas connu pareille victoire
la Toto Cup, une épreuve depuis longtemps. Mes hommes
créée en 1984. ont fait le job comme il faut
face à cette redoutable forma-
tion de l’Hapoël. Nous avons
ment au Maccabi Netanya (1-0)
son premier revers en Cham-
pionnat depuis le mois d’août,
mettant fin à une incroyable sé-
rie (29 points pris sur 33 possi-
bles en l’espace de 11 jour-
nées). De son côté, le Maccabi
confirmait son regain de forme
en signant une importante vic-
toire chez le Bétar Jérusalem
(1-2) qui le propulse à quatre
points de la première place. ●
alvanisé par ses derniers défenseur international israé-
G résultats, le Maccabi
Tel-Aviv compte apporter
lien Tal Ben Haïm, qui a
évolué plusieurs saisons
un vent de fraîcheur à en Angleterre (Bolton,
son effectif à l’occasion Chelsea, Manchester
du mercato hivernal. City…), ne fait plus
Plusieurs noms circulent désormais partie des
à commencer par celui plans de Jordi Cruyff.
du milieu suédois du FC Cantonné à un rôle de rem-
Malmo, Oscar Lewicki plaçant, le joueur de 35 ans de-
(25 ans), également courtisé outre- vrait donc faire ses valises et atterrir
Altantique en MLS. Par ailleurs, le d’ici peu au Betar Jérusalem . ●

CHR NO FOOTBALL ■ Enregistrant le week-end dernier face au Bnei Yehouda (0-2) sa sixième défaite de la sai-
son en 14 journées, le Maccabi Haïfa (9ème) poursuit son dangereux déclin et ce, alors que le club doit se rendre ce lundi soir sur la pelouse de
l’actuel leader, l’Hapoël Beersheva… TENNIS ■ La sélection israélienne de Coupe Davis se déplacera en Afrique du Sud le premier
week-end de février dans le cadre du premier tour du Groupe I de la zone Europe-Afrique. Le vainqueur affrontera par la suite la République
Tchèque. NATATION ■ Pas de médaille israélienne aux Championnats d’Europe de Copenhague. Yakov Toumakin et Amit Ivri
chez les femmes ont manqué de peu une place sur le podium. Pour sa deuxième compétition majeure après les Mondiaux de Budapest en juillet der-
nier, l’entraîneur américain de la sélection israélienne, David Marsh, n’a qu’un seul objectif en tête : briller aux Jeux de Tokyo en 2020.
Prochaine grande échéance à venir : les Championnats d’Europe en Ecosse au mois d’août. BASKET ■ Restant sur deux succès consécutifs
en Euroligue, le Maccabi Tel-Aviv a été dernièrement battu sur le parquet du CSKA Moscou (101-86).
 Santéé /Bien-être N° 1459 - J EUDI
21 D ÉCEMBRE 2017
43
bonheur PAGE RÉALISÉE PAR L.B.

1 Soy
yez op
ptimiiste !
Faites-vous plaisir le plus souvent possi-
ble, acceptez les situations telles qu’elles
sont et arrêtez de tout compliquer. Ap-
prenez de vos erreurs. Prenez tout sim-
plement soin de vous, de votre ventre,
Dr Charley Cohen

“
de vos dents, de votre poids, de votre
peau… et entourez-vous de personnes
positives, sincères, joyeuses car le bon-
heur est contagieux !

2 Riez plusieurs fois par jour,

Le bonheur a
C’est un excellent médicament. Souriez
naturellement, cela crée des liens et cela
un impact positif

“
rend plus heureux.

3 N’oubliez pas de dire

« bonjour », « merci »,
et faites du bien autour de vous,
sur la santé
sans jamais rien attendre en retour.

4 Bougez, marchez :
c’est gratuit !
Pratiquez régulièrement l’activité physique
de votre goût qui vous fait plaisir, si possi-
ble en plein air, dans la verdure et pour-
quoi pas au bord de l’eau… Les couleurs
vertes et bleues apportent du bien-être.

5 Essayez de bien dormir

pour se réveiller en pleine forme. Prenez
du temps pour vous, vos loisirs, des pé-
riodes de relaxation, de lecture, d’écoute
musicale ou de prières.
6 Stimulez votre cerveau
en vous ouvrant au changement et à la
nouveauté. Egalement, soyez curieux car
nous pouvons fabriquer de nouveaux
neurones à tout âge pour améliorer effi-
cacement la mémoire.
7 Mangez sainement et varié,
pour un bon microbiote intestinal, si pos-
sible bio, des fruits et des légumes riches
en fibres et en antioxydants, sans oublier
les produits fermentés (cornichons, chou-
croute, yaourts, pickles…), les bonnes
graisses oméga 3 (huile de colza ou de
noix, petits poissons gras…) et en privilé-
giant toujours l’alimentation dite « médi-
terranéenne ». Fuyez les produits trans-
formés industriels ainsi que tous types
de sodas y compris les « light ».
8 L’épanouissement sexuel
et l’amour avec complicité, tendresse… sont
un excellent antidéprime et antidouleur.
■ Rencontre avec le rhumatologue Charley Cohen qui vient de recevoir le prix
Jean-Pierre Goiran de l’Essai 2017 décerné par le GEM, le Groupement des
Ecrivains-Médecins, pour son nouvel ouvrage Le bonheur, une ordonnance
pour votre santé aux éditions Guy Trédaniel.
: Il faut être heureux C.C. : On commence par prendre de douleurs rhumatologiques
pour être en bonne santé, de bonnes résolutions. Il est à no- comme le mal de dos, l’arthrose
dites-vous. Comment tenez-vous tre portée d’entretenir et de stimu- ou la fibromyalgie.
cette conviction ? ler notre joie de vivre par des pe-
tits changements dans notre com- : Comment prendre de
Charley Cohen : La santé est primor- portement et notre environnement : nouvelles bonnes habitudes ?
diale pour construire son bonheur mais c’est l’épigénétique. Ces habitudes
l’inverse est également vrai. Les études acquises vous feront du bien et C.C. : Il faut progressivement procé-
scientifiques le prouvent : le bonheur vous permettront d’être plus heu- der à de petits changements de com-
lui-même a un impact positif sur la reux, grâce à la sécrétion des molé- portement et d’hygiène de vie
santé. Je ne suis pas un homme de let- cules de la bonne humeur comme comme commencer par s’aimer,
tres, ni un philosophe et je ne me suis la sérotonine et les endorphines. Ils rompre avec la sédentarité, sourire et
nullement métamorphosé en apôtre du vous permettront aussi de vivre rire, manger sainement, bien dormir,
bonheur. En revanche, en tant que rhu- plus longtemps en ralentissant le faire du bien autour de soi, se
matologue, je me propose de porter té- vieillissement des télomères des concentrer sur les côtés positifs de la
moignage et d’expliquer comment on chromosomes et en bien meilleure vie sans négliger le plaisir, être plus
peut faire du bien à son corps et à son santé avec moins de dépressions, optimiste, fuir la routine, prendre du
esprit et ainsi accéder au bonheur. de burn out professionnel, de sur- temps pour soi. Dans mon livre, je
poids, de maladies cardio-vasculai- donne des conseils pratiques et réso-
: Que faut-il faire pour res, de cancers, de troubles de mé- lument motivants pour vivre long-
y arriver ? moire, de maux de tête ou encore

9 Supplémentez-vous
en vitamine D Bio express
quand vous ne vous exposez pas au so-
leil et surtout en périodes hivernales, ■ Ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clini-
pour ses bienfaits sur les os, les muscles que à la faculté de Médecine de Paris, rhumatologue, cheva-
mais aussi sur le système immunitaire,
les douleurs et le moral. lier de l'Ordre national du Mérite, le Dr Charley Cohen est
également spécialiste en médecine physique, diplômé de
10 Ne restez pas avec vos dou- traumatologie du sport, de podologie et de réparation juridi-
leurs, on ne s’y habitue pas ! que du dommage corporel. Conférencier, il est l'auteur de
C’est un impératif éthique de les soulager plusieurs ouvrages de santé.
avant qu’elles ne se répercutent sur le mo-
ral. Il faut nécessairement rechercher la
cause et traiter le patient dans sa globalité
et pas seulement, par une ordonnance de
médicaments ! Egalement, prévenir le mal Aux Editions Guy Trédaniel. 228 Pages Prix : 19€
de dos et les fractures par ostéoporose. ●
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N°1459 - DU 21 DÉCEMBRE 2017

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N° 1459 - JEUDI 21 DÉCEMBRE 2017

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Mazel Tov Le 19 Décembre Tous nos vœux de MazalTov Maman, le 15 Décembre 2013
Tu as eu un an de plus. les grands mères tu as rejoint Papa
MANON Bientôt la quarantaine! Hélène Nedjar et Une pensée particulière à tous ceux et celles
Evelyne Ptit Haddad, qui ont connu la cheftaine
née le 21 Novembre 2017, Mazal Tov à ses parents Virginie
comble de bonheur et Gilles Ptit Haddad JULIETTE CHARBIT épouse BENHAMOU
Mathys, ses parents et les papa RICO ! et sa sœur Salomé
Lellouche et Sanchez. à l'occasion de Repose en paix en terre d'Israël
Que Hachem les entoure Nous te souhaitons la Bar Mitzva de Alice, Charles, Jean, Lisette
de ses bienfaits, un excellent anniversaire.
guide et éclaire. Continue de nous gâter, YONI
Plein de gros bisous. nous faire rigoler et nous La mise des téphilines et
protéger jusqu'à 120 ans ! la lecture de
On t'aime très fort. la Paracha Mikets
Tes princesses Liora et ont eu lieu
ANNIVERSAIRES Ava (avec Maman) le Dimanche 17 Décembre.

Une pensée particulière à

Joyeux anniversaire Henri Saül, ton grand-père
Un grand Mazal Tov trop vite disparu.
pour mon rayon de soleil, Qu'il veille sur vous tous.
LISOU ! The family
ma joie et mon bonheur,
Nous te souhaitons beau- pour ton anniversaire
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que des joies et encore SARAH GUEZ
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