Vous êtes sur la page 1sur 89

CAHIERS DE FORMATION CONTINUE DU KINÉSITHÉRAPEUTE

THÉRAPIE MANUELLE

nicette sergueef

Co, Ci, C25


données physiologiques
et normalisations

ISSN 0298-2498
Co, Ci, C2,
données
physiologiques
et normalisations
nicette sergueef
Schémas de l’auteur
INTRODUCTION .................................................................................... 9

CHAPITRE I

ANATOM IE ........................... ............................................................... 11

I. L’occiput......................................................................... 13
II. L’a tlas............................................................................. 15
III. L’a x is ............................................................................. 17
IV. Les particularités anatomiques
de la charnière occipito-cervicale........................... 20
V. Les articulations
de la charnière occipito-cervicale............................ 24
VI. Les ligam ents..............................................................26
VII. Les m uscles............................................................... 30
VIII. Les fascias cervicaux.............................................. 39
IX..L’artère vertébrale .................................................... 41
X. Les structures nerveuses.......................................... 42

CHAPITRE II

LES MOUVEMENTS 45

I. L’articulation occipito-atloïdienne............................ 46
1) Le mouvement majeur ...................................................................... 46
2) Les mouvements mineurs................................................................. 47

II. Les articulations atloïdo-axoïdiennes..................... 49


1) Le mouvement majeur ...................................................................... 49
2) Les mouvements mineurs................................................................. 49
III. L’articulation C 2-C 3................................................... 51
IV. La charnière C0-C1-C2
dans l’ensemble c e rv ic a l................... ...................... 52

— 3—
CHAPITRE III

LES L É S IO N S .............................................................................. 55

I. Définition de la lésion...............................................................56
II. Les étiologies des lésions
de la charnière occipito-cervicale....................................57
1) Les traumatismes de la naissance .................................................... 57
2) Les traumatismes de la petite enfance............................................. 58
3) Les traumatismes de l’âge adulte ......................................................58
4) Les habitudes posturales.................................................................... 58

III. Les différentes lésions


de la charnière occipito-cervicale..................................59
1) Les lésions physiologiques................................................................. 59
A. Les lésions de l ’occiput ....................................................................... 59
B. Les lésions de l'atlas ........................................................................... 60
C. Les lésions de l ’a x is .............................................................................61
D. R em a rq u es ............................................................................................ 61
2) Les lésions traumatiques .................................................................... 61
3) Les lésions intra-osseuses.................................................................. 61
4) Les pseudo-lésions...............................................................................62

CHAPITRE IV

LES PATHOLOGIES ASSOCIÉES


AUX LÉSIONS DE LA CHARNIÈRE
OCCIPITO-CERVICALE es

I. Pathologies dues aux contraintes appliquées


sur les structures nerveuses...................................... 64
II. Pathologies dues aux effets de stase
du système circulatoire............................................... 66
III. Pathologies dues aux déséquilibres
cranio-sacrés............................................................... 66
IV. Pathologies dues aux perturbations
de la statique............................................................... 67
V. Les « whiplash » ou « coup du lapin » .................... 68

— 4—
CHAPITRE V

L’EXAMEN ET LA NORMALISATION æ

I. L’observation.................................................................70
II. La palpation ................................................................................72
III. Les tests de m o b ilité................................................. 72
1) L’articulation occipito-atloïdienne.................................................... 73
2) L’articulation atloïdo-axoïdienne .....................................................76

IV. La norm alisation........................................................ 79


1) Les pompages.................................................................................... 79
2) Les normalisations fonctionnelles ................................................... 84
3) La rééducation myo-fasciale.............................................................88

CONCLUSION 91

BIBLIOGRAPHIE 93
« La connaissance peut être définie et transmise à un autre. Le
sentir est une expérience primaire, préalable à tout effort
d ’intelligence.'Aucune explication ne pourra le transmettre
adéquatement à quelqu’un qui ne partage pas la même expé­
rience. »
Itsuo Tsuda.
IN T R O D U C T IO N

Nous avons tous en tant que praticien une intuition particulière


sur l'importance de certaines régions du corps. La charnière
occipito-cervicale me paraît mériter toute notre attention et
toute notre sagesse.
Son anatomie, sa physiologie sont uniques chez l ’homme en
raison du bipédisme. Certains voient même une évolution
possible dans la phylogénèse modifiant encore plus ces pièces
vertébrales supérieures.
L ’expérience pratique montre qu’elle est toujours déséquili­
brée. Sa normalisation est ainsi bien souvent une cle f indispen­
sable complétant, facilitant et dans certains cas autorisant le
succès d ’un traitement.
NOTES
CHAPITRE

ANATOMIE
L'occiput est constitué de 4 parties

Insertions occipitales - Face exocrânienne


1 ligam ent cervical postérieur 11 m uscle splénius
2 m em brane occipito-atloïdienne 12 m uscle petit oblique
postérieure 13 m uscle grand droit p ostérieur
3 ligam ent occipito-atloïdien latéral 14 m uscle petit droit postérieur
4 ligam ent occipito-odontoïdien m édian 15 m ucle petit droit an térieu r
5 canal condylien an térieu r 16 m uscle grand droit antérieur
6 condyle occipital 17 ligam ent comm un vertébral antérieur
7 m uscle occipital 18 m em brane occipito-atloïdienne
8 m uscle trap èze antérieure
9 m uscle S .C .M . 19 fossette naviculaire
10 m uscle grand com plexus 20 apophyse ju gulaire

— 12 —
I. L’OCCIPUT NOTES

r L’occiput est form é de quatre parties à la naissance :


— le corps ;
r. — les deux masses latérales ;
— l ’écaille.
- r. L’ossification entre l ’écaille et les deux masses latérales se
produit à l’âge de deux ou trois ans, celle du corps et des masses
r latérales entre sept et neuf ans. La ligne de fusion entre les deux
masses latérales et le corps partage les condyles occipitaux en
deux parties.
c
Tout traumatisme, une naissance difficile, une chute sur le crâne,
etc., appliqué sur l’occiput avant une ossification complète, peut
c
entraîner une malposition entre les différentes parties et donc les
c deux demi-condyles produisant une lésion intra-osseuse respon­
sable des torticolis congénitaux, scolioses du nourrisson et de
nombreux autres problèmes de statique.
- c
LES CONDYLES de l’occiput sont convexes d ’avant en arrière,
c convergents vers l’avant, situés dans deux plans de l’espace :
— la moitié antérieure regarde plutôt en avant, en bas, et en
^ G dehors ;
— la moitié postérieure regarde plutôt en arrière, en bas, et en
C dehors.

c DE NOMBREUX MUSCLES s ’insèrent sur l ’occiput. Toute lésion


occipitale peut entraîner des perturbations sur les segments infé­

- c rieurs sur lesquels ces muscles se term inent ; inversem ent toute
lésion des segments inférieurs peut affecter l’occiput.
La richesse de ces insertions montre bien l ’importance du mas­
c sage de la zone sous-occipitale pour favoriser le relâchement des
tensions cervicales.
~ D

- c
c
" c

c
c

~ G
G La ligne de fusion entre les deux masses latérales et le corps de l’occiput
partage les condyles en deux parties

□ — 13 —
Vue supérieure de l'atlas

1 !

Vue inférieure de l’atlas


i i


II. L’ATLAS NOTES

LE CORPS VERTÉBRAL est absent.


L’arc antérieur présente un tubercule antérieur très saillant où
s ’insère le muscle long du cou et en arrière une facette odontoï-
dienne articulaire avec l’odontoïde.

L’APOPHYSE ÉPINEUSE est remplacée par un TUBERCULE nor­


malement non palpable.

LES MASSES LATÉRALES présentent :


a) Une facette articulaire supérieure :
— située en avant, ovale, parfois séparée en deux parties ;
— concave d ’avant en arrière ;
— convergente vers l’avant ;
— regardant en haut et en dedans ;
— articulaire avec le condyle occipital.
b) Une facette articulaire inférieure :
— plus arrondie, plus petite ;
— concave ;
— regardant en dedans et en bas ;
— articulaire avec l'apophyse articulaire supérieure de l’axis ; il
existe plus de mouvement dans cette articulation atloïdo-axoï-
dienne qu'au niveau supérieur où les facettes de l’articulation
occipito-atloïdienne sont assez encastrées les unes par rapport
aux autres.
c) Un tubercule interne pour l’insertion du ligament transverse.
d) Des apophyses transverses :
— elles correspondent à la face externe des masses latérales,
circonscrivant avec celles-ci les trous transversaires dans lesquels
passent les artères vertébrales ; la distance moyenne séparant les
deux apophyses transverses est de 8 cm ; elles servent d'insertion
m usculaire ; ainsi la contraction de ces muscles peut m odifier la
position de l’atlas ;
— elles sont assez superficielles et sensibles à la palpation ; elles
sont situées dans le triangle digastrique.

— 15 —
NOTES
D

n


n


( j

n

LI


— 16 —

III. L’AXIS NOTES

LE CORPS VERTÉBRAL est surplombé de l’apophyse odontoïde


correspondant pour certains à la fusion du corps de l’atlas avec
l’axis.
La face antérieure de l’odontoïde légèrement convexe est articu­
laire avec l’arc antérieur de l’atlas.
La face postérieure légèrement concave présente une surface
articulaire avec le ligament transverse.
L’apophyse odontoïde sert d ’insertion à de nombreux ligaments.

L’APOPHYSE ÉPINEUSE est très volumineuse.

LES APOPHYSES ARTICULAIRES ne sont pas situées les unes


au-dessus des autres.
a) Les facettes articulaires supérieures sont :
— placées en avant ;
— articulaires avec les facettes inférieures de l’atlas ;
— presque circulaires ;
— légèrem ent convexes ;
— dirigées vers le haut et le dehors.

b) Les facettes articulaires inférieures sont :


— placées en arrière et en dehors ;
— articulaires avec les facettes supérieures de C3 ;
— dirigées vers le bas et le dedans.

LES APOPHYSES TRANSVERSES sont courtes, perforées d’ un trou


transversaire pour le passage de l’artère vertébrale.
Elles se situent à hauteur de la pointe mastoïde.

— 17 —
NOTES

Le triangle digastrique
V ue latérale

L'apophyse transverse de C, est située entre la branche montante


du m axillaire inférieur et la m astoïde

1 apophyse transverse de C,
2 apophyse transverse de C2
3 apophyse transverse de C3
4 apophyse transverse de C4
5 pointe de la mastoïde
6 angle du m axillaire inférieur
7 inion ou protubérance externe
Les trous de la base du crâne

a.p. apophyse ptérygoïde 1 foramen magnum


a.s. apophyse styloïde 2 canal condylien antérieur
a.z. apophyse zygomatique 3 trou déchiré postérieur
c.o. condyle occipital 4 trou stylo-mastoïdien
g.a. grande aile du sphénoïde 5 conduit auditif externe
m. mastoïde 6 trou carotidien
M malaire 7 gouttière tubaire
M.S. maxillaire supérieur 8 trou déchiré antérieur
O occiput 9 trou petit rond
P pariétal 10 trou ovale
Pal. palatin
T temporal
V vomer

— 19 —
NOTES IV. LES PARTICULARITÉS ANATOMIQUES
DE LA CHARNIÈRE OCCIPITO-CERVICALE

• Absence de disque vertébral entre C0-C1 et C1-C2.


• Vertèbres particulières de formes uniques.
• Le tiers inférieur du bulbe rachidien (medulla oblongata) est en
rapport avec le canal vertébral cervical.
• La dure-mère spinale est très adhérente au périoste de l ’os sur
tout le pourtour du foramen magnum ; elle se prolonge céphalique-
ment par la dure-mère crânienne. Elle est également adhérente au
périoste des corps de l’axis et de la troisièm e vertèbre cervicale.
En dessous elle est séparée des parois du canal vertébral par
l’espace épidural.

Le trou occipital
C oupe frontale - V ue postérieure
(d 'après Brizon-C astaing)

• La charnière occipito-cervicale est en rapport avec la base du


crâne et tous les éléments vasculo-nerveux qui en émergent.
Les orifices postérieurs sont :
— le trou déchiré postérieur par où sortent les IXe, Xe, XIe nerfs
crâniens, le sinus latéral recevant la majeure partie du sang
veineux intracrânien ;
— le canal condylien antérieur d ’où émerge le XIIe nerf crânien
(voir la pathologie dans le chapitre IV).

— 20 —
NOTES

Sinus pétreux Temporal

Ligament pétro-occipital

A. méningée postérieure

Occiput

Le trou déchiré postérieur


Vue endocrânienne

• La charnière occipito-cervicale est en rapport avec la partie


supérieure du pharynx : l’oropharynx. Cet organe est suspendu
sous la base du crâne avec entre autres une insertion sur la
portion basilaire de l’occiput. Sa face postérieure répond à la face
antérieure de la colonne cervicale.

Rapports antérieurs de la charnière occipito-cervicale


Coupe sagittale

sinus sphénoïdal 8 os hyoïde


occiput 9 langue
arc antérieur de l'atlas 10 voile du palais
axis 11 rhino-pharynx
C3 12 oro-pharynx
C4 13 laryngo-pharynx
maxillaire supérieur 14 épiglotte

— 21 —
NOTES

• L’angle formé entre le cou et le crâne s’explique par la phylogé-


nèse. En comparant les mammifères aux reptiles, l ’angulation de
la charnière occipito-cervicale paraît indispensable pour compen­
ser le redressement de la courbure cervicale.
Le nombre accru des fonctions sensorielles céphaliques explique
la nécessité d’une hyperm obilité de la charnière.

— 22 —
• C0-C1-C2 représente la transition entre les vertèbres sous-ja- NOTES
centes et la boîte crânienne. Leur structure est modifiée, s’adap­
tant à la substance nerveuse qui augmente de volume à ce niveau.
Le tube neural initial forme des renflements céphaliques, les
vésicules cérébrales primitives, devenant l’encéphale avec un
besoin d’espace accru.
La modification de la structure au niveau crânien est encore plus
importante. L’occiput peut être assim ilé à une vertèbre avec un
corps, un arc postérieur (l’écaille) et deux apophyses transverses
(les masses latérales).
La vertèbre située en avant de CO peut être représentée pour le
corps par le sphénoïde, pour l’arc postérieur par les pariétaux et
pour les apophyses transverses par les temporaux. Le canal
vertébral présentant alors son diamètre maximal.
L'articulation entre l’occiput et le sphénoïde, la symphyse sphéno-
basilaire peut être alors assimilée à un interligne vertébral et ses
mouvements : flexion, extension, torsion, sidebending-rotation,
comparés à ceux réalisés par une articulation vertébrale.

— 23 —

NOTES V. LES ARTICULATIONS DE LA CHARNIERE
OCCIPITO-CERVICALE □
1. Entre CO et C1
n
Les articulations atlanto-occipitales sont constituées des cavités
glénoïdes de l ’atlas et des condyles occipitaux.

i l


! ]

Charnière occlpito-cervicale
V ue po stérieure

1
2
3
occiput
apophyse odontoïde
condyle occipital
8
9
10
11
arc postérieur de C,
trou tr a n s v e rs a le de C,
trou transversai re de C 2
apophyse transverse de C2
n
4 apophyse articulaire su périeu re de C,
5 apophyse transverse de C, 12 apophyse épineuse de C2
13 corps de l'axis

6 apophyse articulaire inférieure de C,
7 apophyse articulaire su périeu re de C2


LJ

n

La charnière occipito-cervicaie La charnière occlpito-cervicale n


Vue latérale V ue po stérieure


— 24 —

2. Entre CO et C2 NOTES
Articulation uniquement ligam entaire (voir le chapitre suivant)
unissant :
— l ’occiput et le corps de l’axis ;
— l ’occiput et l ’apophyse odontoïde.
Cette articulation est très importante ; elle permet de com prendre
le « bloc » form é par C0-C1-C2.
TOUT MOUVEMENT ET TOUTE LÉSION DE L’OCCIPUT SE RÉPER­
CUTENT SUR C1, SUR C2 ET INVERSEMENT.

3. Entre C1 et C2
— Les articulations atloïdo-axoïdiennes latérales composées des
facettes articulaires inférieures de C1 et des facettes articulaires
supérieures de C2.
— L ’articulation atloïdo-axoïdienne médiane formée par :
• la facette antérieure de l'apophyse odontoïde articulaire avec la
face postérieure de l’arc antérieur de l’atlas ;
• la face postérieure de l'apophyse odontoïde et le ligament
transverse encroûté de cartilage.

L’articulation atloïdo-axoïdienne
Vue postérieure

4. Entre C2 et C3
— Les articulations des apophyses articulaires, arthrodies avec
capsule et synoviale.
— L ’articulation des corps vertébraux séparés par un disque
intervertébral.
Le complexe articulaire situé entre C2 et C3 est considéré comme
« typique » des vertèbres cervicales.

L’articulation C2-C3
Vue antérieure

— 25 —
VI. LES LIGAMENTS

Ils sont essentiels et forment « L’UNITÉ CERVICALE SUPÉ­


RIEURE».

1. Les ligaments de la colonne postérieure


(lames et apophyses épineuses)

A. Le ligament cervical postérieur ou ligament NUCHAL (nuchae)


est à partir de C7, le prolongement supérieur du ligament surépi­
neux. Il se termine sur la protubérance occipitale externe ou inion.
B. Le ligament inter-épineux est situé entre les apophyses épineu­
ses.
C. Le ligament jaune situé entre les lames est remplacé entre
C0-C1 par la membrane occipito-atloïdienne postérieure, et entre
C1-C2 par Îa membrane axoïdo-atloïdienne postérieure.

2. Les ligaments de la colonne antérieure

Ils sont spécifiques à la charnière C0-C1-C2.

A. Entre CO et C1
La membrane occipito-atloïdienne antérieure relie l’apophyse
basilaire de l’occiput à l'arc antérieur de l ’atlas.

B. Entre C1 et C2
Le ligament ou membrane axoïdo-atloïdienne antérieure relie l’arc
antérieur de C1 au corps de l’axis.

C. Entre CO et C2
a) Les ligaments occipito-odontoïdiens latéraux et médians :
— les ligaments latéraux ou ligaments alaires sont solides, s ’insè­
rent sur le sommet de l’apophyse odontoïde, se dirigent vers le
haut et le dehors, et se term inent sur .les dépressions situées à la
partie interne des condyles occipitaux ;
— le ligament occipito-odontoïdien médian relie le sommet de
l'apophyse odontoïde au bord antérieur du foramen magnum.
CES LIGAMENTS SONT TRÈS IMPORTANTS, ILS LIMITENT LA
ROTATION DE L'OCCIPUT.

b) Le ligament cruciforme, formé de trois parties :


— le ligament transverse reliant les petits tubercules situés à la
partie interne des masses latérales de l’atlas ;
— le ligament occipito-transversaire reliant le ligament transverse
à l’occiput ;
— le ligament transverso-axoïdien reliant le ligament transverse à
la face postérieure du corps de l’axis.
c) Le ligam ent occipito-axoïdien : NOTES
il est épais et recouvre l’ensemble des ligaments de l’apophyse
odontoïde. Il correspond au PROLONGEMENT SUPÉRIEUR DU
LIGAMENT VERTÉBRAL COMMUN POSTÉRIEUR DE LA COLONNE
(ou ligament longitudinal postérieur).
Il s'insère sur la face postérieure du corps de C2, s'é la rg it vers le
haut et se term ine dans la gouttière basilaire de l’occiput en avant
du trou occipital où IL SE CONFOND AVEC LA DURE-MÈRE
INTRACRANIENNE.
LE LIGAMENT VERTÉBRAL COMMUN ANTÉRIEUR situé en avant
des corps vertébraux se term ine sur la face exocrânienne de la
gouttière basilaire de l'occiput.
LES LIGAMENTS COMMUNS VERTÉBRAUX ANTÉRIEURS ET POS­
TÉRIEURS CRÉENT UN LIEN SOLIDE ENTRE LA CHARNIÈRE
OCCIPITO-CERVICALE ET LE RESTE DE LA COLONNE.

3. Les ligaments de la colonne latérale (pédicules, apophyses


transverses, apophyses articulaires).

En plus des quelques faisceaux ligam entaires intertransversaires,


notons l’importance des CAPSULES DES APOPHYSES ARTICULAI­
RES, PARTICULIÈREMENT LACHES, autorisant ainsi une grande
am plitude de mouvement.
Il en est de même pour la capsule de l’articulation atloïdo-odontoï-
dienne.

Les ligaments de la charnière occipito-cervicale


Coupe frontale

1 occiput
2 articulation occipito-atloïdienne
3 atlas
4 axis
5 ligament cruciforme (sectionné)
6 ligament occipito-odontoïdien médian
7 ligament occipito-odontoïdien latéral

— 27 —
NOTES colonne postérieure ... >< colonne latérale ... >< colonne antérieure

Les ligaments de la charnière occlpito-cervicale


Coupe an téro-postérieure

1 éc aille occipitale
2 apophyse basilaire d e l'occiput
3 arc postérieur de l'atlas
4 arc antérieur de l'atlas
5 apophyse épineuse de l’axis
6 apophyse odontoïde
7 corps de l'axis
8 apophyse épineuse de la 3* cervicale
9 corps de C3
10 corps de C4
11 m em brane occipito-atloïdienne po stérieure
12 m em brane axoïdo-atloïdienne postérieure
13 ligam ent jaune
14 ligam ent occipito-odontoïdien médian
15 m em brane occipito-atloïdienne an térieu re
16 ligam ent axoïdo-atloïdien antérieur
17 ligam ent o ccipito-transversaire \
18 ligam ent transverse s ligam ent
19 ligam ent transverso-axoïdien f cruciform e
20 ligam ent occipito-axoïdien
21 ligam ent vertébral com m un postérieur
22 ligam ent vertébral comm un antérieur
23 ligam ent inter-épineux
24 ligam ent cervical postérieur ou nuchal
4. Remarques NOTES

L ’AXIS JOUE UN ROLE PARTICULIER DANS LA TRANSMISSION


DES LIGNES DE FORCE. Les facettes de l’atlas constituent deux
supports au poids de la tête. Au niveau de la partie supérieure de
l ’axis, les facettes articulaires constituent également deux sup­
ports, situés en avant.
Au-dessous de C2, la répartition des forces est modifiée, avec un
seul support antérieur représenté par les corps vertébraux et deux
supports postérieurs représentés par les colonnes des apophyses
articulaires.
La stabilité de l’axis est essentielle dans ce mécanisme et l’on
comprend ainsi la spécificité des ligaments qui s'y insèrent.

Le trépied vertébral

commence à partir de C2

NOTES VII. LES MUSCLES

1. Les muscles prévertébraux

A. Les m uscles s ’in séran t sur l ’occiput



a) Le muscle grand droit antérieur de la tête :
de la face inférieure de l ’apophyse basilaire de l'occiput, en avant
du trou occipital au tubercule antérieur des apophyses transverses
de C3-C4-C5-C6.
b) Le muscle petit droit antérieur de la tête :
de l'apophyse basilaire de l ’occiput à l’atlas, passant en avant de
l’articulation occipito-atloïdienne.
c) Le muscle droit latéral de la tête : I_!
assim ilable à un muscle intertransversaire, de l ’apophyse jugu­
laire de l’occiput à l'atlas.
i i
B. Les m uscles s ’in séran t sur l ’atlas
a) Les intertransversaires antérieurs :
de l’apophyse transverse de C1 à l’apophyse transverse de C2.
b) Le muscle long du cou :
il est composé de trois portions, dont deux s ’insèrent sur le
tubercule antérieur de l’atlas : n
— une portion médiane reliant C1-C2 aux corps de D1-D2-D3 ;
— une portion descendante reliant C1 aux A.T. de C3-C4-C5-C6 ; □
— une portion ascendante reliant les corps de D2-D3 aux A.T. de j i
C5-C6-C7. ' ’

C. Les m uscles s ’in séran t sur l ’axis l Í


a) Les intertransversaires antérieurs : j—i
de l'apophyse transverse de C2 à l'apophyse transverse de C3.
b) Le muscle long du cou
D. R em arques
a) Notons les rapports de l’occiput et de l ’atlas avec le bloc
C3-C4-C5-C6. Ainsi, lorsque nous trouvons un déséquilibre de tout
cet ensemble est-il conseillé de vérifier l’occiput et l’atlas.
b) Le muscle long du cou, dont les portions ascendante et
moyenne s'insèrent sur le tubercule antérieur de l’atlas favorise le
glissement antérieur de cette vertèbre. Ce muscle est très souvent
raccourci ; son équilibration doit accompagner la normalisation de
la colonne cervicale et la recherche d’une m eilleure statique. Elle
devrait aussi accompagner la normalisation du psoas auquel il est
associé. Un parallélism e est souvent proposé entre ces deux

muscles : ils sont responsables de l'effacement des courbures
lombaire et cervicale.



n
30-


NOTES

Les muscles prévertébraux

1 trou occipital
2 trou déchiré postérieur
3 apophyse styloïde
4 apophyse mastoïde
5 muscle petit droit antérieur de la tête
6 muscle droit latéral de la tête

— 31 —

NOTES

n
n

( ì



I j

n

ij

n
(_I

f )

n

S calène an té rie u r : C3 C4 C5 C , -» 1™ côte


n
S calène moyen : C2 C3 C4 C5 C6 C7 -» 1r' côte
S calène postérieur : C< C5 Ce - * 2* côte

n



— 32 —

2. Les muscles latéraux NOTES

A. Les muscles s ’insérant sur l ’atlas


Les muscles intertransversaires postérieurs relient les A.T. de C1
aux A.T. de C2.
B. Les muscles s ’insérant sur l ’axis
Les scalènes moyens présentent une insertion supérieure au
niveau des apophyses transverses de l’axis.
Les scalènes laissent libres les interlignes C0-C1 et C1-C2.
Rappetons que l ’insertion inférieure du scalène moyen se fait sur
la première côte, et que de la sorte une LÉSION DE PREMIÈRE
COTE MODIFIANT LA TENSION DU SCALÈNE MOYEN PEUT AF­
FECTER C2.
Les racines du plexus cervical passant entre les scalènes anté­
rieur et moyen sont sensibles à tout déséquilibre de tension de ces
muscles ; une lésion de la charnière occipito-cervicale peut y
contribuer.

3. Les muscles postérieurs


Cette description est faite des plans les plus profonds aux plans les
plus superficiels.

A. Les muscles sous-occipitaux


Ils constituent le plan le plus profond et sont spécifiques à la
charnière occipito-cervicale ; ils sont formés, de chaque côté, de
deux muscles droits et de deux muscles obliques, soient huit petits
muscles au total.
a) Le muscle p etit droit postérieur de la tête :
du tubercule postérieur de C1 à l’occiput.
b) Le muscle grand droit postérieur de la tête :
de l ’apophyse épineuse de C2 à l ’occiput.
c) Le muscle p etit oblique de la tête :
de l’apophyse transverse de C1 à l ’occiput.
d) Le muscle grand oblique de la tête :
de l ’apophyse épineuse de C2 à l’apophyse transverse de C1.

Les muscles postérieurs de la charnière cranio-cervicale


P.D. petit droit P.O. petit oblique
G.D. grand droit G.O. grand oblique

— 33
NOTES Le rôle de ces muscles sous-occipitaux est essentiel dans la
dynamique de la charnière occipito-cervicale. Notons que la
contraction des muscles grands obliques en reculant C1, équilibre
le glissement antérieur provoqué par le muscle long du cou.
Rappelons l ’importance d’une rééducation proprioceptive de ces
petits muscles (voir le chapitre V).

B. Le plan des com plexus


a) Le muscle grand complexus :
il relie l’écaille occipitale aux apophyses transverses de C4 à D6.
b) Le muscle petit complexus :
il s ’insère en haut sur le bord postérieur de l'apophyse mastoïde,
en bas sur les apophyses transverses de C3 à D1.
c) Le muscle transversaire du cou :
il s'insère en haut sur les apophyses transverses de C3 à C7, en
bas sur les apophyses transverses de D1 à D5.
Les muscles complexus et transversaire du cou, s ’insèrent sur
toutes les cervicales sauf C1 et 02. Ils forment un bloc entre les
cervicales typiques et les dorsales supérieures, jouant le rôle de
haubans.

G.C.

Les muscles transversaire du cou (T.C.),


grand complexus (G.C.), petit complexus (P.C.)

— 34 —
Chez la plupart des individus, la charnière cervico-dorsale est NOTES
souvent enraidie, avec une restriction importante de la mobilité
dans le sens de la rotation et de l’ inclinaison latérale. Cette
restriction crée un surmenage de la charnière occipito-cervicale
où les mouvements compensateurs essaient de se produire, pour
situer la tête et donc les organes sensoriels dans l ’espace.

C. Le plan des splénius et de l ’angulaire


a) Le muscle splénius de la tête :
il relie l’écaille occipitale et le bord postérieur de la mastoïde à la
jonction cervico-dorsale.
b) Le muscle splénius du cou :
il re lie la ligne des apophyses épineuses des dorsales supérieures
(jusqu’à D6) aux apophyses transverses des deux ou trois premiè­
res cervicales.
Nous trouvons là encore un élément supplém entaire autorisant
une m obilité spécifique de la jonction cranio-cervicale. En se
contractant unilatéralem ent, ce muscle produit une rotation, une
latéro-flexion, une postflexion.
c) Le muscle angulaire de l ’om oplate :
il relie l’angle supèro-interne de l’omoplate aux apophyses trans­
verses de C1 à C4.
Ainsi, dans le cas d ’une restriction de la m obilité du bloc C1-C4
faut-il penser à l ’omoplate ou à un déséquilibre de la ceinture
scapulaire.
Inversement, il faut songer à NORMALISER LE BLOC C1-C4 DANS
LES PROBLÈMES D’ÉPAULE (P.S.H.) ET DU MEMBRE SUPÉRIEUR.

Les muscles splénius L'angulaire de l'omoplate

M mastoïde
S.T. splénius de la tête
S.C. splénius du cou

— 35 —
NOTES D. Le p lan le plus superficiel
a) Le muscle trapèze :
on le décrit en forme d’éventail, reliant une ligne formée par la
partie interne de la ligne courbe occipitale supérieure, la protubé­
rance occipitale externe, le ligament cervical postérieur et les
apophyses épineuses jusqu’à D10, au tiers externe de la clavicule,
à l’acromion et à l’épine de l’omoplate.

D10
Le trap èze
b) Le muscle sterno-cléïdo-occipito-mastoïdien : NOTES
— le chef cléïdo-occipital en superficie relie la ligne courbe
occipitale supérieure à la clavicule ;
— le chef sterno-occipital relie la ligne courbe occipitale au
manubrium sternal ;
— le chef sterno-m astoïdien relie la mastoïde au manubrium
sternal (tendon commun avec le chef sterno-occipital) ;
— le chef cléïdo-m astoïdien relie l’apophyse mastoïde à la clavi­
cule.
Notons que la contraction unilatérale des muscles du plan superfi­
ciel, trapèze et S.C.O.M. permet un mouvement de S.R. Ces
muscles et leurs aponévroses form ent des relais importants entre
leurs points d'insertion.

Le sterno-cleïdo-occipito-mastoïdien

— 37 —
NOTES 4. Remarques

— LA FONCTION ESSENTIELLE DE LA CHARNIÈRE OCCIPITO-


CERVICALE EST LA MOBILITÉ AU SERVICE DES ORGANES SEN­
SORIELS DE LA TÊTE.
Les nombreuses insertions musculaires permettent cette grande
mobilité.
« LA FONCTION DÉTERMINE LA STRUCTURE ET INVERSEMENT ».
La charnière occipito-cervicale est un COMPLEXE SOPHISTIQUÉ
PRODUISANT DES MOUVEMENTS D’UNE GRANDE FINESSE.
L’opérateur doit toujours garder cela en mémoire : LES TESTS ET
LES CORRECTIONS DOIVENT ÊTRE RÉALISÉS AVEC BEAUCOUP
DE SUBTILITÉ, EN TENANT COMPTE DE TOUS LES MOUVEMENTS
MINEURS.
— De nombreuses insertions musculaires se font sur les apophy­
ses transverses favorisant ainsi LA ROTATION, ÉLÉMENT ESSEN­
TIEL DE LA CHARNIÈRE.
— La plupart des muscles de la jonction cranio-cervicale sont
innervés par des rameaux des premiers nerfs cervicaux situés à
ce niveau. Les lésions cervicales supérieures créent non seule­
ment un déséquilibre mécanique, modifiant la tension de ces
muscles, mais affectent également les racines nerveuses concer­
nées augmentant ainsi la perturbation musculaire.
— La contracture des muscles de cette charnière, dans le cas
d ’une lésion, dans l’état de tension consécutif au maintien pro­
longé d'une posture asymétrique ou im pliquant des amplitudes
extrêmes, entraîne un déséquilibre avec constriction des orifices
de la base du crâne et donc perturbation des échanges vasculo-
nerveux.
Citons par exemple le trou déchiré postérieur, situé entre l’occiput
et le temporal (voir IV : les particularités anatomiques de la
charnière). Une constriction à ce niveau gêne l'écoulement du
sang veineux intracrânien dans la veine jugulaire. Il en résulte un
état congestif céphalique pouvant expliquer certains maux de tête.
— La position de la tête par rapport aux facettes de l ’atlas
suppose normalement peu d ’effort m usculaire pour conserver un
bon équilibre.
Toute lésion modifiant cet ensemble entraîne une sollicitation
musculaire plus importante. Les sujets disent ne plus « pouvoir
porter leur tête », décrivent une grande fatigue ou encore, éprou­
vent sans arrêt le besoin de bouger la tête. Une normalisation de
la charnière occipito-cervicale s'im pose dans ces cas-là.

— 38 —
NOTES
VIII. LES FASCIAS CERVICAUX

Les fascias sont formés de tissu conjonctif ; ils entourent les


différents muscles, les viscères, les nerfs et les vaisseaux, com­
partimentant la région cervicale. Ils présentent des insertions
osseuses importantes.

1. Le fascia cervical superficiel

Cette couche superficielle a la forme d'un cylindre entourant le


cou. Les insertions supérieures se font sur la protubérance occipi­
tale externe, sur la ligne courbe occipitale, les apophyses mastoï-
des et le bord inférieur des mandibules. Les insertions inférieures
se font sur les clavicules, le manubrium sternal en avant, l’acro-
mion sur le côté et l ’épine de l’omoplate en arrière.
Le fascia cervical superficiel se dédouble pour engainer les
muscles sterno-cleïdo-occipito-mastoïdiens et trapèzes. Il prend
une insertion sur toute la ligne médiane postérieure depuis l’inion
ju sq u ’à l’apophyse épineuse de C7, tout en s’insérant sur le
ligam ent nuchal intermédiaire.
En avant, il adhère à l’os hyoïde et forme une ligne d ’adhérence
médiane avec le fascia cervical moyen comparable à la ligne
blanche abdominale.
Il se prolonge au niveau de la face par le fascia parotidien, en bas
par le fascia pectoral et en dehors par le fascia deltoïdien.

2. Le fascia cervical moyen


Il est situé en avant du cou, et il s'étend en forme d’éventail de l’os
hyoïde aux clavicules et au manubrium sternal.
Il engaine les muscles sous-hyoïdiens, il est lim ité latéralement
par les muscles omo-hyoïdiens.
Il se prolonge vers le bas par le fascia péricardique.

3. Le fascia cervical prévertébral


Il est également de forme cylindrique, comme le fascia cervical
superficiel, situé à l'intérieur de ce dernier.
Il contient la colonne vertébrale et les muscles qui l’entourent; il
constitue le prolongement du fascia prévertébral dorsal.
Il engaine les muscles long du cou, grand droit antérieur, petit
d ro it antérieur et latéral ; il s'insère latéralem ent sur l’extrémité
des apophyses transverses où il se prolonge par l'aponévrose
recouvrant les scalènes, angulaires de l’omoplate et autres mus­
cles cervicaux profonds.
En arrière, il s’insère à sa partie supérieure sur la protubérance
occipitale externe, la ligne courbe occipitale et sur la mastoïde,
puis sur le ligament nuchal et l'apophyse épineuse de C7.
En avant, il se termine sur l’apophyse basilaire de l’occiput,
latéralem ent sur le pourtour du trou occipital et le trou carotidien.
A la base du cou, le fascia prévertébral se prolonge dans le
médiastin postérieur. Latéralement, la portion de ce fascia entou­
rant les scalènes se trouve de la sorte dans le prolongement du

— 39 —
NOTES fascia thoracique, sa partie la plus interne se confondant avec la
plèvre, lui donnant une attache supérieure (fascia de Sibson).
Le plexus brachial situé entre les scalènes antérieur et moyen, est
engainé par une expansion de ce fascia qui se prolonge ensuite
dans le creux axillaire.
Le pharynx et le larynx reposent sur la face antérieure du fascia
prévertébral.

4. Remarques

Le rôle des fascias est non seulement une protection et un soutien


des muscles, viscères, artères, etc. qu’ils entourent, mais aussi un
ROLE DE RELAIS TRÈS IMPORTANT.
Ainsi nous l’observons, les fascias cervicaux unissent les diffé­
rents os de la base du crâne, la cage thoracique et les membres
supérieurs.
ILS PARTICIPENT A LA CHAINE DES FASCIAS FORMÉE PAR TOUS
LES FASCIAS DU CORPS, FAISANT RELAIS ENTRE EUX.

— 40 —
IX. L’ARTÈRE VERTÉBRALE NOTES

L’artère vertébrale est une branche de la sous-clavière ; elle


monte à la verticale dans les trous transversai res des apophyses
transverses de C6 à C1 accompagnée du nerf vertébral et de sa
veine, puis change complètement de direction pour passer en
arrière des facettes articulaires supérieures de l’atlas, traverse la
membrane occipito-atloïdienne postérieure et pénètre dans le
crâne par le foramen magnum.
Elle se joint à son homologue pour form er l ’artère basilaire.
L’artère vertébrale participe à la vascularisation :
— des muscles sous-occipitaux ;
— de la mœlle épinière ;
— des os et de la dure-mère de la fosse occipitale ;
— du tronc cérébral ;
— du cervelet ;
— du quatrièm e ventricule ;
— des lobes occipitaux et temporo-sphénoïdaux de l'encéphale ;
— de l’oreille interne.
La position de cette artère semble particulièrem ent délicate en
regard des lésions de la charnière sous-occipitale, spécialement
des lésions de rotation, il faut ainsi songer à vérifier la charnière
pour toute pathologie évoquant un défaut de vascularisation cé-
phalique.

1 occiput 5 crosse de l’aorte


2 temporal 6 tronc brachio-céphalique
3 mandibule 7 artère carotide primitive
4 septième cervicale 8 artère vertébrale

— 41 —
NOTES X. LES STRUCTURES NERVEUSES

1. Le plexus cervical

Il est formé par les branches antérieures des quatre prem iers
nerfs cervicaux. (Les branches antérieures de C5, C6, C7, C8, D1,
forment le plexus brachial.)
Le prem ier nerf apparaît entre l’occiput et l’atlas. Les racines
passent entre les portions supérieures des muscles scalènes.
TROIS ANSES NERVEUSES relient des rameaux ascendants et
descendants :
— entre C1 et C2 : l ’anse de l’atlas ;
— entre C2 et C3 : l ’anse de l’axis ;
— entre C3 et C4 : la 3e anse.

1*r nerf cervical

Le plexus cervical

1 atlas
2 axis
3 troisièm e ve rtèbre cervicale

A. Les branches collatérales


a) Motrices pour les muscles prévertébraux, intertransversaires,
angulaires de l'omoplate, rhomboïdes et la portion supérieure des
scalènes.
b) Anastomoses :
— avec les ganglions cervicaux supérieurs et moyens ;
— avec le XIe nerf crânien, le spinal, apportant ainsi l’innervation
sensitive aux sterno-cleido-mastoïdiens et trapèzes ;
— avec le XIIe nerf crânien, le grand hypoglosse.

— 42 —
B. Les branches term inales NOTES

a) Sensitives pour :
— la peau des régions mastoïdiennes et occipitale (nerf petit
occipital) ;
— la peau des régions parotidiennes, mastoïdiennes, du pavillon
(nerf grand auriculaire) ;
— la peau des régions sus et sous-hyoïdiennes et sus-claviculai-
res.

b) Motrices pour les muscles sous-hyoïdiens :


— omo-hyoïdien ;
— sterno-thyroïdien ;
— sterno-cleïdo-hyoïdien ;
— thyro-hyoïdien.

2. La chaîne sympathique

La chaîne des ganglions sympathiques cervicaux est située en


dedans des tubercules antérieurs des apophyses transverses,
dans un dédoublem ent de l’aponévrose prévertébrale. La fusion
des huit ganglions cervicaux laisse apparaître :
— un ganglion inférieur situé en avant de l’apophyse transverse
de C7 et du col de la prem ière côte ;
— un ganglion moyen situé en avant de l'apophyse transverse de
C6 ;
— un ganglion supérieur situé en avant des apophyses transver­
ses de C2 et de C3.

1 carotide
2 ganglion de Gasser
3 ganglion sympathique cervical supérieur
4 ganglion sympathique cervical moyen
5 ganglion sympathique cervical inférieur

— 43 —
NOTES Le sympathique cervical se prolonge :
— en bas par le sympathique dorsal ;
— en haut par le plexus péricarotidien.
LES CENTRES MÉDULLAIRES DÜ SYMPATHIQUE CERVICAL
SONT SITUÉS DANS LA PARTIE SUPÉRIEURE DE LA MŒLLE
DORSALE.

Le ganglion sympathique cervical supérieur mesure environ 4 cm


de long, son pôle supérieur est situé à deux centimètres au-des­
sous de la base du crâne. Il présente :
a) des rameaux communicants pour les trois premiers nerfs
cervicaux ;
b) des rameaux efférents :
— carotidien situé au pôle supérieur du ganglion, pénètre dans le
crâne avec la carotide par le trou carotidien (sous le rocher du
tem poral) et forme le plexus carotidien à l’origine des racines
sympathiques des ganglions sphéno-palatins et ophtalmiques ;
— jugulaire traversant le trou déchiré postérieur pour rejoindre
les ganglions d ’Andersch du IX et jugulaire du X ;
— anastomotiques avec des filets du IX et du X pour le pharynx, le
larynx, formant le plexus intercarotidien ;
— musculaire pour le grand droit antérieur ;
— cardiaque.
Le territoire du ganglion sympathique cervical supérieur est
étendu ; il est :
— accélérateur du cœur ;
— broncho-dilatateur ;
— dilatateur pupillaire ;
— vasomoteur pour le cou, l’encéphale et le membre supérieur ;
— il assure l'innervation sympathique des viscères cervicaux.

3. Les nerfs crâniens

Les nerfs glosso-pharyngien (IX), pneumogastrique ou vague (X),


spinal (XI) et grand hypoglosse (XII), présentent des rapports
étroits avec la charnière sous-occipitale.
Les IX, X, XI sortent du crâne par le trou déchiré postérieur, au
niveau de la suture pétro-occipitale, le XII par le canal condylien
antérieur situé en dehors du condyle occipital.

Les deux ganglions du IX se situent à hauteur du trou déchiré


postérieur :
— le ganglion d’Ehrenritter dans la portion intracrânienne ;
— le ganglion d ’Andersch dans la portion extracrânienne, dans
une fossette creusée sur le rocher.

Le X possède à ce niveau deux ganglions :


— le ganglion jugulaire à hauteur du trou déchiré postérieur ;
— le ganglion plexiforme très important, d'environ 15 mm de long
sur 4 de large, situé sous le trou déchiré postérieur, présentant
des rapports étroits avec le ganglion cervical supérieur.

— 44 —
CHAPITRE II NOTES

LES MOUVEMENTS

— 45 —
LA CHARNIÈRE OCCIPITO-CERVICALE FORME UNE ENTITÉ. Il est
impossible d'envisager un mouvement se déroulant dans un seul
interligne articulaire sans autre participation.
Chaque articulation comporte UN MOUVEMENT MAJEUR ET DES
MOUVEMENTS MINEURS. Les mouvements majeurs sont perçus
facilement, présents dans une grande amplitude. Les mouvements
mineurs requièrent plus d ’entraînement pour leur perception, leurs
amplitudes sont très restreintes ; ILS CONDITIONNENT LES MOU­
VEMENTS MAJEURS.
Il est surprenant de noter les différences parfois importantes dans
les descriptions habituellem ent faites des mouvements et des
amplitudes de cette charnière.
Deux raisons nous semblent expliquer ces différences :
1. La plupart des individus présentent un déséquilibre de cette
région rendant son étude difficile. La « norm alité » devenant d’une
certaine manière pathologique.
2. Les mouvements mineurs, clefs de la normalisation, ne sont
appréciables que par un opérateur entraîné.

I. L’ARTICULATION OCCIPITO-ATLOIDIENNE

Elle est classiquement décrite comme l'articulation du « oui »


avec :
— un mouvement majeur : le déplacement antérieur ou postérieur
de l'occiput ;
— des mouvements mineurs : le glissem ent latéral, la latéro-
flexion-rotation.
L’occiput dont les surfaces condyliennes sont convexes est sou­
vent comparé à une sphère en équilibre sur un anneau dont les
surfaces articulaires concaves épousent parfaitement les condyles
occipitaux.
L’étude des structures osseuses seules nous permet d ’envisager
tous les mouvements : déplacements antérieur ou postérieur,
latéraux (glissements), inclinaisons latérales et rotations.
Les tissus mous, en particulier les ligaments jouent un rôle
considérable autorisant certains mouvements et en lim itant d’au­
tres.

1. Le mouvement majeur : le déplacement de l’occiput dans le plan


sagittal

A. Le dép lacem en t antérieu r


Les condyles occipitaux glissent en avant sur les surfaces articu­
laires de l’atlas. La convergence des surfaces atloïdiennes, la
mise en tension des capsules et des ligaments lim itent le mouve­
ment ; celui-ci se poursuit ensuite dans les interlignes articulaires
sous-jacents.
Les surfaces articulaires étant plus verticales dans leur moitié
antérieure, ce mouvement est accompagné d ’un déplacement de
la pointe du menton vers le haut et vers l’avant.

B. Le dép lacem ent postérieur


Les condyles occipitaux glissent en arrière sur les surfaces de
l'atlas. Ce mouvement est accompagné d’un déplacement de la
pointe du menton vers le bas et l’arrière.
L’amplitude totale du déplacement de l’occiput dans le plan
antéro-postérieur est d’environ 15°.

— 46 —
NOTES

Déplacement antérieur de l’occiput Déplacement postérieur de l’occiput

2. Les mouvements mineurs : les déplacements de l’occiput dans


les plans frontal et horizontal

Ce sont les mouvements de glissem ent latéral, de latéro-flexion-


rotation. ILS SONT TOUJOURS COMBINÉS.

A. Le glissement latéral
Les condyles occipitaux peuvent glisser dans le plan frontal ; du
fa it de la concavité dans ce pian des surfaces atloïdiennes, ce
mouvement entraîne une inclinaison latérale, encore appelée
« sidebending » ou S.
A insi dans le glissement latéral gauche de l ’occiput, les condyles
se déplacent à gauche, produisant une inclinaison droite de
l ’occiput et donc de la tête.

Le glissement latéral de l’occiput


est associé à une inclinaison
du côté opposé

— 47 —
NOTES B. La latéro-flexion-rotation

Le déplacement unilatéral d’un condyle vers l ’avant ou vers


l’arriére produit une rotation de l ’occiput. L’avancée d ’un condyle
est habituellem ent accompagnée du recul de l ’autre et inverse­
ment.
La rotation : R, est lim itée par les ligaments. La mise en tension du
ligament occipito-odontoïdien latéral situé du côté où le condyle
avance dans la rotation restreint le mouvement. Celui-ci ne peut se
poursuivre que s ’il est accompagné d ’un glissem ent latéral de
l’occiput du côté de la rotation, relâchant ainsi la tension ligam en­
taire.
Par exemple, une rotation gauche est associée à un glissem ent
gauche et donc à une inclinaison droite.
Par convention nous parlons d ’un MOUVEMENT DE « S.R. »
signifiant ainsi que la latérc-flexion se produit du côté opposé à la
rotation.
(Toujours par convention « R.S. » signifie rotation et latéro-flexion
du même côté.)
La composante de latéro-flexion modifie la répartition des pres­
sions exercées sur les condyles.
La composante de glissement entraîne un déplacement du centre
autour duquel se réalise la rotation, le rapprochant plus ou moins
de l’un des condyles. De la sorte, LE MOUVEMENT PEUT ÊTRE
PLUS IMPORTANT D’UN COTÉ QUE DE L ’AUTRE.

La latéro-flexion-rotation de l’occiput

Une avancée du condyle droit de l'occiput est associée à un glissem ent vers la gauche.

— 48 —
II. LES ARTICULATIONS ATLOIDO-AXOIDIENNES NOTES

Elles sont classiquement décrites comme étant les articulations du


« non » avec :
— un mouvement m ajeur : la rotation de l’atlas autour de l ’apo­
physe odontoïde ;
— des mouvements mineurs : l ’anté ou la postflexion, les glisse­
ments, la latéro-flexion.
L’atlas est souvent comparé à un MÉNISQUE, illustrant ainsi une
m obilité importante et surtout, de par sa position interm édiaire
entre l'occiput et l’axis, une grande adaptabilité aux déplacements
de l’un et de l’autre.

1. Le mouvement majeur : le déplacement de l’atlas dans le plan


horizontal

Le déplacement d ’une surface atloïdienne vers l ’avant ou vers


l ’arrière produit UNE ROTATION DE L’ATLAS PAR RAPPORT A
L ’AXIS.
Les surfaces articulaires supérieures de l’axis étant convexes, ce
mouvement s'accompagne d ’une légère descente de la surface
atloïdienne aussi bien dans le mouvement vers l ’avant que dans le
mouvement vers l’arrière.
La rotation pure de l'atlas par rapport à l’axis est très rarement
sollicitée dans la vie quotidienne, le plus souvent ce mouvement
est combiné aux mouvements mineurs.

La rotation de l’atlas par rapport à l’axis

2. Les mouvements mineurs : les déplacements de l’atlas dans les


plans sagittal et frontal

A. Les glissements
Ils sont toujours combinés soit aux mouvements d ’antéflexion ou
de postflexion, soit aux mouvements de latéro-flexion et de rota­
tion permettant ainsi leur réalisation.
Le déplacement du poids de la tête fait glisser l’atlas en direction
opposée. Ainsi le déplacement vers l’avant fait glisser l’atlas vers
l ’arrière. Inversement, le déplacement vers l’arrière fait glisser
l ’atlas vers l’avant. Le déplacement sur le côté, comme cela se
produit dans l’inclinaison latérale, fait glisser l ’atlas du côté
opposé à l'inclinaison.

— 49 —
NOTES


m -


Le déplacement du poids de la tête fait glisser l'atlas en direction opposée

Le glissement de l’atlas vers l’avant est plus libre que le glisse­ D -
ment vers l’arrière, l'apophyse odontoïde lim itant ce dernier.
Rappelons l’importance de l’insertion du MUSCLE LONG DU COU
sur le tubercule de l’arc antérieur de l'atlas. LE RACCOURCISSE­

MENT DE CE MUSCLE FACILITE LE GLISSEMENT ANTÉRIEUR DE
L’ATLAS. u -
Les glissements de l ’atlas associés à la rotation déplacent le
centre du mouvement permettant ainsi UN DÉPLACEMENT PLUS □
IMPORTANT D’UN COTÉ QUE DE L’AUTRE.

B. L ’antéflexion et la postflexion

Ces mouvements sont de faible amplitude, lim ités par la présence □
de l’apophyse odontoïde ; ils sont toujours combinés aux glisse­
ments. □
Dans l’antéflexion les surfaces articulaires atloïdiennes inférieures
« roulent » vers l’avant et « glissent » vers l ’arrière sur les surfaces G
articulaires supérieures de l’axis. L’arc postérieur de l’atlas et
l’apophyse épineuse de l’axis s’écartent.
U
Dans la postflexion les surfaces articulaires atloïdiennes inférieu­
res « roulent » vers l’arrière et « glissent » vers l’avant sur les
surfaces articulaires supérieures de l’axis. L’arc postérieur de
l’atlas et l’apophyse épineuse de l’axis se rapprochent.


□ "



— 50 —
□ _
C. La latéro-flexion NOTES

Elle est TOUJOURS COMBINÉE au glissem ent latéral et à la


rotation. Elle est de faible am plitude et se trouve rapidement
limitée.

III. L’ARTICULATION C2-C3

Cet interligne a rticu laire appartient à la portion cervicale dite


« typique » com prise entre C3 et C7. Les mouvements sont donc
identiques à ceux rencontrés à ce niveau : postflexion, antéflexion,
rotation-latéro-flexion.

1. Les mouvements dans le plan sagittal

A. La postflexion
Les surfaces articulaires se déplacent en bas et en arrière,
s ’« im briquent ». Ce mouvement est lim ité par toutes les structures
myo-fasciales antérieures. Les apophyses épineuses se rappro­
chent.

B. L ’antéflexion
Les surfaces articulaires se déplacent en haut et en avant, se
« déshabitent ». Ce mouvement est lim ité par toutes les structures
myo-fasciales postérieures. Les apophyses épineuses s’écartent.

2. Les mouvements dans les plans frontaux et horizontaux

Ce sont les mouvements de rotation et de latéro-flexion. Ils sont


COMBINÉS, la rotation (R) se produisant DU MÊME COTÉ que
l’ inclinaison latérale (S) ; par convention nous parlons d’un mouve­
ment de R.S.
Ils sont associés à un glissem ent plus ou moins important du côté
opposé à la rotation.

— 51 —
IV. LA CHARNIÈRE C0-C1-C2
DANS L’ENSEMBLE CERVICAL

L'atlas tel un ménisque, répartit les pressions céphaliques sur


l’axe vertébral en s’interposant entre l’occiput et l'axis. Cette
fonction est accomplie grâce aux mouvements mineurs.
Les mouvements de la colonne cervicale permettent de situer la
tête dans l’espace et répondent aux nombreuses sollicitations
perçues par les organes des sens de la région céphalique : les
yeux, les oreilles, l'odorat. Pour cela, la m obilité dans le sens des
rotations est essentielle.
Les particularités de la charnière C0-C1-C2 lui permettent :
— soit d’augmenter les amplitudes de rotation déjà produites
dans la portion cervicale typique, favorisant ainsi le déplacement
de la tête dans l’espace ;
— soit d ’établir une rotation contraire à celle réalisée dans la
portion cervicale typique, conservant ainsi la tête dans un plan
frontal, par exemple lors de l’inclinaison latérale d ’une portion
vertébrale (toujours associée, au niveau cervical, à une rotation du
même côté).

Contre-rotation effectuée dans la charnière sous-occipitale permettant de conserver


la tête dans un plan frontal
C0 C, : SRd
C, C2 : Rd
Cervicales : RSg
NOTES

r:
r:
c

c
f Augmentation des amplitudes cervicales par une participation
de la charnière sous-occlpitale

c C, Cj Rd
Cervicales : RSd

c
c

r 'f

L’articulation sous-occipitale permet un mouvement de rotation


et latéro-flexion opposées : SRd

— 53 —
CHAPITRE NOTES

_ t .:

c

c
g
c
c
c
LES LESIONS
c
c
c

G
G
G
C

C

c
c
G

— 55 —
I. DÉFINITION DE LA LÉSION

1. Toute modification, restriction ou limitation complète des fonc­


tions de la charnière occipito-cervicale constitue une lésion

Parmi ces fonctions, citons :


— Le support de la masse céphalique.
— La participation au positionnement de la tête dans l’espace
avec la possibilité d’effectuer une rotation contraire à celle des
autres vertèbres cervicales conservant ainsi la tête dans un plan
frontal.
Les micro-adaptations de la charnière occipito-cervicale, possibles
par les mouvements mineurs permettent le maintien du regard à
l’horizontale, adaptant ainsi des lésions crâniennes ou des lésions
situées plus à distance au niveau de l’axe vertébral ou des
membres inférieurs.
— La transm ission des pressions céphaliques dans la colonne
cervicale.
— Le rôle essentiel dans la posture ; la statique d ’un sujet dépend
de nombreux éléments parmi lesquels la charnière occipito-cervi­
cale occupe une place prépondérante. L ’aspect purement mécani­
que doit être envisagé, mais aussi le rôle joué par tous les
récepteurs sensitifs situés dans les petits muscles profonds du
cou, comparés parfois à un véritable « vestibule proprioceptif »,
assurant l’équilibre en association avec les organes du vestibule
(canaux sem i-circulaires, organes otolithiques) et la rétine.
— La protection du bulbe ; la charnière occipito-cervicale est une
zone de transition particulièrem ent vulnérable entre la mœlle
épinière et l’encéphale.
C’est la seule région vertébrale où le système sympathique (gan­
glion sympathique cervical supérieur) et le système parasympathi­
que (dixième nerf crânien : vague) se trouvent autant situés à
proxim ité de l’axe vertébral.

L’ALTÉRATION DES MOUVEMENTS DE LA CHARNIÈRE OCCIPITO-


CERVICALE EN MODIFIE SES FONCTIONS ET DÉFINIT UNE LÉ­
SION.
Voir aussi la définition de la lésion dans « l’Odyssée de l’iliaque »,
p. 32, « le B.A.-BA du crânien », p. 52, « La Thérapie cranio-sacrée
chez l'enfant », p. 46.
Dans une lésion d’occiput antérieur par exemple, celui-ci paraît
fixé dans une position antérieure.
En recréant la lésion, en sollicitant une ébauche de mouvement
vers l’avant, l’opérateur enregistre une sensation de détente, de
rélâchement des tensions myo-fasciales.
Inversement, le déplacement de l’occiput vers l’arrière paraît
difficile.

2. Différents types de lésions peuvent être décrits

A. Les lésions physiologiques


Restriction de la mobilité dans les lim ites des amplitudes normales
du mouvement.

B. Les lésions traum atiques


Perte totale de mobilité à la suite de tout traum atism e entraînant ia
structure considérée dans un déplacement situé au-delà des
amplitudes normales et physiologiques.
C. Les lésions intra-osseuses NOTES

Perte de la m alléabilité normale des fibres tissulaires composant


la structure osseuse.
Lésion entre les différentes parties d ’un os avant son ossification.

D. Les « pseudo-lésions »
Déséquilibre de tension autorisant cependant le mouvement dans
tous les paramètres, avec toutefois des restrictions « qualitatives »
dues à des lésions situées à distance.

II. LES ÉTIOLOGIES DES LÉSIONS


DE LA CHARNIÈRE OCCIPITO-CERVICALE

1. Les traumatismes de la naissance

Ils constituent la prem ière étiologie dans le temps. Dans la plupart


des cas (voir « La Thérapie cranio-sacrée chez l’enfant », p. 57), la
phase d'expulsion est réalisée avec une déflexion très marquée de
la tête en appui sur la branche pubienne au niveau de la charnière
occipito-cervicale.
Cette pression est responsable de nom breuses anom alies
« congénitales ». L’occiput et les vertèbres sont constitués de
différentes parties à la naissance (voir le chapitre I : Anatomie).
Toute contrainte appliquée asymétriquement, peut m odifier leurs
formes, leurs surfaces articulaires.

Ainsi, l ’occiput peut présenter des aspects dysharmonieux, la


form e du trou occipital peut être modifiée avec toutes les consé­
quences que cela implique sur le bulbe. Les surfaces condyliennes
peuvent fusionner asymétriquement, ne permettant pas alors une
dynamique articulaire normale. Nous trouvons là l ’explication
d'une partie des torticolis congénitaux et des scolioses du petit
enfant.

— 57 —
2. Les traumatismes de la petite enfance

Ils ne doivent pas être oubliés ; l’enfant possède une faculté


d’adaptation très grande et les lésions peuvent souvent passer
inaperçues. Elles entraînent toutefois différents déséquilibres,
maux de tête, etc. (voir le chapitre IV), participent à la création
d ’un « terrain » plus fragile sans que bien souvent l’on évoque leur
existence.
Les lésions intra-osseuses par ailleurs peuvent survenir tant que
l’ossification n’est pas réalisée.
Des traumatismes directs, comme dans les chutes, mais aussi des
mouvements brutaux peuvent être responsables des lésions. Dans
tous les cas, celles-ci participent à la création d ’un état de
déséquilibre facilitant l’installation ou le développement d ’autres
lésions.

3. Les traumatismes de l’âge adulte

— LES « WHIPLASH » ou « COUP DU LAPIN » sont probablem ent


l’une des étiologies les plus rencontrées. La lésion est condition­
née par la direction de la force produite.
Les accidents de voiture viennent d ’emblée à l'e sp rit en évoquant
cette pathologie mais les « whiplash » peuvent être produits par
tout déplacement rapide de la tête par rapport au tronc.
— Tout choc direct sur le crâne est transm is dans un prem ier
temps sur la charnière occipito-cervicale qui l ’amortit, puis dans le
reste de la colonne, en particulier cervicale. Si l'im pact est très
important, il peut se produire une fracture du crâne. Dans tous les
cas, la charnière occipito-cervicale est déséquilibrée. Une norma­
lisation est alors indispensable, elle permet une récupération plus
rapide, en équilibrant les tensions dure-mériennes et myo-fascia-
les, en évitant l’installation de stases.
— Rappelons les rapports très étroits existant entre le bassin et le
crâne. Toute chute sur le « derrière », tout traum atism e sur le
sacrum peut affecter la charnière occipito-cervicale.

4. Les habitudes posturales

Le téléphone bloqué entre l’oreille et l’épaule, les coiffures asymé­


triques, une mèche de cheveux devant l’œil im pliquant une incli­
naison cervicale pour libérer la vue, des habitudes posturales
maintenues longtemps (sommeil en procubitus) sont autant de
facteurs pouvant installer à long terme des lésions de la charnière
occipito-cervicale.
Citons encore la répétition de gestes asymétriques dans certains
sports et activités professionnelles, les déficits se n so rie ls,p ro blè ­
mes de vue ou d ’audition, favorisant l’installation de DÉSÉQUILI­
BRÉS CHRONIQUES, ceux-ci devenant aigus lors d ’un traum a­
tisme, d ’un stress supplémentaire, de tout facteur dim inuant les
résistances de l ’individu.
III. LES DIFFÉRENTES LÉSIONS NOTES
DE LA CHARNIÈRE OCCIPITO-CERVICALE
1. Les lésions physiologiques
A. Les lésions de l ’occiput par rapport à l ’atlas
a) La lésion d ’occiput antérieur bilatéralem ent :
lorsque les deux condyles sont fixés en position antérieure.
b) La lésion d'occiput postérieur bilatéralem ent :
lorsque les deux condyles sont fixés en position postérieure.
Remarque :
les lésions bilatérales pures sont relativem ent rares ; elles suppo­
sent une force parfaitement sym étrique sur un sujet équilibré ;
elles peuvent se surajouter à une autre lésion.
c) Les lésions de glissem ent latéral :
les condyles occipitaux sont déplacés dans le plan frontal. Dans ce
cas, la masse latérale de l’atlas paraît proém inente du côté du
glissement. Cette lésion est parfois combinée aux lésions de
latéro-flexion-rotation. Elle est très fréquente dans les accidents de
voiture avec choc latéral.
d) Les lésions de latéro-flexion-rotation :
un condyle est antérieur, l'autre est postérieur.
LE PLUS SOUVENT UN SEUL COTÉ EST « FIXÉ » ; l’autre condyle,
bien que dans une position plus ou moins antérieure ou posté­
rieure peut se déplacer en avant ou en arrière. Le côté « fixé »
correspond alors au ^blocage, le condyle de par sa position
dénommant la lésion.
Par exemple, une lésion d ’occiput unilatéral antérieur droit signifie
que le condyle droit est en lésion antérieure, avec im possibilité de
recul de ce côté. Dans ce cas, le condyle gauche est bien souvent
en position postérieure, mais le test de m obilité montre une liberté
de mouvement de ce côté.
Rappelons que l’avancée d ’un condyle et le recul de l'autre
constitue une rotation et que celle-ci est associée à une latéro-
flexion du côté opposé et à un glissem ent du côté de la rotation.
Dans les lésions de S.R. les rapports de l’occiput, donc de la tête,
et de l’atlas, dans le triangle digastrique sont modifiés : du côté
antérieur la masse latérale de l’atlas paraît rapprochée de la
mastoïde, écartée de la mandibule et inversem ent du côté posté­
rieur.
La rotation de l’occiput entraîne une rotation de tout le bloc
céphalique. La tête ne peut rester en rotation, le regard devant
toujours se situer dans un plan frontal. Cela entraîne UNE COM­
PENSATION DE CONTRE-ROTATION FRÉQUEMMENT SITUÉE EN­
TRE L’ATLAS ET L’AXIS : l ’atlas faisant bloc avec l’occiput en
lésion, tourne alors autour de l ’axis en rotation contraire à celle de
CO. Par exemple, dans une lésion d ’occiput unilatéral antérieur
droit, le bloc C0-C1 fait une rotation droite par rapport à l’axis. Un
examen rapide met en évidence dans ce cas, une postériorité
apparente de l ’atlas à droite. L’opérateur peut form uler un dia­
gnostic incorrect de lésion C1-C2 s 'il se contente de cette observa­
tion.
SEULS DES TESTS DE MOBILITÉ PRÉCIS ENTRE C0-C1 PUIS
C1-C2 PERMETTENT DE DÉFINIR LA LÉSION.
LES LÉSIONS DE LATÉRO-FLEXION-ROTATION OU S.R. sont très
fréquentes.

— 59 —
NOTES Nous avons testé la charnière occipito-cervicale de 154 sujets et
avons trouvé :
— lésion d'occiput unilatéral antérieur droit (Sd.Rg) : 75 cas ;
— lésion d ’occiput unilatéral antérieur gauche (Sg.Rd) : 64 cas ;
— lésion d ’occiput unilatéral postérieur droit (Sg.Rd) : 9 cas ;
— lésion d ’occiput unilatéral postérieur gauche (Sd.Rg) : 1 cas ;
— lésion intra-osseuse sévère associée à une lésion unilatérale
antérieure droite (Sd.Rg) : 1 cas ;
— lésion occipitale traumatique avec restriction totale des mouve­
ments : 4 cas.
Nous constatons à peu près le même nombre de cas de Sd.Rg (77)
et de Sg.Rd (73), mais il semble que les lésions occipitales
antérieures soient plus fréquentes que les lésions postérieures.
B. Les lésions de l ’atlas p a r rapport à l ’axis
a) La lésion de rotation :
elle est toujours associée à des mouvements mineurs de latéro-
flexion et de glissement à l’atlas. Rappelons qu’un déplacement du
centre de mouvement en résulte ; l’opérateur doit recréer ce
centre pour faciliter la correction en recherchant les paramètres
de latéro-flexion et de glissement les plus libres.
Dans les lésions de rotation de l’atlas, un côté paraît antérieur et
l’autre postérieur. Comme pour l’occiput, un seul côté est généra­
lement « fixé ».
Rappelons que les surfaces articulaires axoïdiennes supérieures
étant convexes, lors du mouvement d ’avancée ou de recul d ’une
surface articulaire atloïdienne inférieure, il se produit une des­
cente dans l’espace. Cela nous permet de constater sur les
radiographies une dim inution de l'interligne articulaire entre
l'atlas et l’axis.
L’asymétrie du mouvement de l’atlas peut être observée en
comparant sur une radiographie bouche ouverte, les espaces
séparant les bords latéraux de l'apophyse odontoïde et les bords
internes des masses latérales de C1.

Radiographie de l'articulation atioîdo-axoïdienne bouche ouverte

— 60 —
b) La lésion d ’antéflexion ou de postflexion : NOTES
elle n’existe pratiquem ent jam ais isolée, mais le plus souvent
combinée à une lésion de rotation.
Le praticien doit donc ten ir compte, lors d ’une CORRECTION DE
L’ATLAS PAR RAPPORT A L ’AXIS, non seulement des MOUVE­
MENTS MINEURS DE GLISSEMENT ET DE LATÉRO-FLEXION,
MAIS AUSSI D’ANTÉFLEXION OU DE POSTFLEXION.

C. Les lésions de l ’axis p ar rapport à C3


Elles sont très fréquentes. « C0-C1-C2 » forme un bloc par rapport
au reste de la colonne cervicale, créant une charnière au niveau
de l’ interligne C2-C3.
Par ailleurs, les lésions de C2 conditionnent la position de l’odon-
toïde dans l’espace et donc des ligaments reliant C2 à CO s’y
insérant. CE LIEN ANATOMIQUE OCCIPUT-AXIS devient ainsi très
souvent un LIEN LÉSIONNEL, toute lésion de l’axis se répercutant
sur l ’occiput et inversement.
a) La lésion d'antéflexion ou de postflexion :
l’axis est « fixé » dans une position d ’antéflexion avec déshabita-
tion des facettes articulaires, ou de postflexion avec im brication
des facettes articulaires. Cette lésion est très souvent combinée
aux lésions de rotation-latéro-flexion (R.S.). L'expérience pratique
montre une plus grande fréquence du param ètre de postflexion à
ce niveau.
b) La lésion de rotation-latéro-flexion :
la rotation est située du même côté que la latéro-flexion, mais elle
est quantitativem ent plus importante.

D. Remarques
a) il existe une INTERACTION TRÈS IMPORTANTE ENTRE LES
LÉSIONS DES INTERLIGNES C0-C1 ET C1-C2.
b) Les lésions de la charnière occipito-cervicale peuvent être
associées à d ’autres lésions. Ainsi dans les « whiplash », nous
trouvons parallèlem ent un problème de sacrum en plus du pro­
blème cervical. Les lésions d ’occiput antérieur et de glissement
antérieur de l ’atlas sont très fréquentes dans cette pathologie.
Elles ne peuvent être normalisées correctem ent que si l’on équili­
bre égalem ent le sacrum.

2. Les lésions traumatiques

Elles supposènt un choc important et les forces lésionnelles


entraînent les structures dans des déplacements non physiologi­
ques. La charnière occipito-cervicale donne alors l’impression
d ’un bloc avec tassement dans le sens vertical où nous ne
percevons aucun mouvement. Ces lésions entraînent des perturba­
tions importantes.

3. Les lésions intra-osseuses

Elles sont dues aux traum atism es intervenant avant la réunion des
différentes parties constituant l ’occiput et les vertèbres, en général
avant 7-9 ans.
Elles entraînent de nombreuses modifications au niveau de la
form e des os, de leurs surfaces articulaires, mais aussi des
différents orifices de la base affectant plus ou moins les structures
vasculaires, nerveuses, lymphatiques, etc., de la région.

— 61 —
NOTES H. Magoun a proposé une description schématique des lésions
intra-osseuses occipitales pouvant se réaliser autour de trois axes.
Il faut toutefois bien comprendre que dans la réalité, LES AXES
AUTOUR DESQUELS SE RÉALISENT LES LÉSIONS INTRA-OSSEU­
SES SONT COMBINÉS LES UNS AUX AUTRES, offrant ainsi un
large éventail de possibilités. Cette description permet cependant
de visualiser les mécanismes impliqués.
Rappelons également que l’écaille occipitale est elle-même consti­
tuée de quatre noyaux d’ossification fusionnant pendant la der­
nière partie de la gestation. Dans le cas de contractions trop
importantes ou de malposition fœtale, etc., des lésions intra-osseu­
ses peuvent survenir entre ces différents points. L’opérateur peut
ainsi percevoir dans certains cas, un mouvement plus important ou
différent, d ’un occiput par rapport à l’autre, avoir même parfois la
sensation de deux occiputs, un droit, un gauche distincts l ’un de
l’autre.

Lésions intra-osseuses
de l’occiput
(d 'après H. Magoun)

mion

corps écaille
Autour d'un axe transversal
écaille (vue latérale)
La p a ire su périeu re de l'écaille occipitale
recule, la partie inférieure avance, modifiant
la form e du trou occipital, comprim ant les
condyles, la symphyse sphéno-basilaire et
toutes les structures de la région.

condyles
corps

Autour d’un axe antéro-postérieur


(vue postérieure)
écaille
L 'é c a ille de l'occiput effectue
une rotation dans un plan frontal.

Autour d’un axe vertical (vue supérieure)


Un côté de l'écaille avance
com prim ant le condyle situé du m êm e côté.
Une asym étrie des condyles peut être
à l'orig ine de déséquilibres posturaux.

4. Les « pseudo-lésions »
Quelles que soient les lésions, cervicales basses, dorsales, lom­
baires, calcanéennes, etc. ou crâniennes, nous conservons tou­
jours la tête dans un plan frontal. LA CHARNIÈRE OCCIPITO-CER-
VICALE COMPENSE AINSI PARFOIS DES LÉSIONS SITUÉES A
DISTANCE.
Les différents muscles se term inant sur la région cervicale supé­
rieure peuvent subir les déséquilibres de leur zone d'insertion
caudale. Ainsi une lésion de clavicule ou de sternum peut affecter
l’occiput par l'interm édiaire du muscle sterno-cleïdo-mastoïdien.
Dans tous ces cas, nous trouvons des modifications de mouve­
ment, mais ceux-ci restent toujours possibles sans complète lim i­
tation comme dans le cas d ’une lésion. Nous sommes en présence
de « pseudo-lésions » : le mouvement existe, mais il semble freiné,
modifié dans certains paramètres par une lésion située à distance.

— 62 —
CHAPITRE IV NOTES

PATHOLOGIES ASSOCIEES
AUX LÉSIONS DE LA CHARNIÈRE
OCCIPITO-CERVICALE

— 63 —
NOTES Les lésions de la charnière occipito-cervicale perturbent le bon
fonctionnement des différentes structures de la région.
Les condyles occipitaux sont en rapport direct avec les faces
latérales du bulbe rachidien. Le ganglion sympathique cervical
supérieur situé en avant de l’apophyse transverse de l’axis est en
relation avec les quatre prem iers nerfs cervicaux. Il se prolonge à
son pôle supérieur par le nerf carotidien ; celui-ci pénètre dans le
crâne form ant le plexus carotidien, origine de nombreuses bran­
ches sympathiques intracrâniennes couvrant un territoire impor­
tant, expliquant l’existence possible d ’une pathologie céphalique.
C0-C1-C2 contactent des rapports particuliers avec la dure-mère.
L’occiput est un élément clef du mécanisme respiratoire primaire
et de nombreux muscles s’y insèrent.
Toutes ces raisons parmi d ’autres permettent de comprendre
comment les lésions de la charnière occipito-cervicale peuvent
entraîner des pathologies aussi variées.

I. PATHOLOGIES DUES AUX CONTRAINTES


APPLIQUÉES SUR LES STRUCTURES NERVEUSES

La charnière occipito-cervicale est en rapport avec le bulbe, les1


derniers nerfs crâniens, les trois prem iers nerfs cervicaux, le
ganglion sympathique cervical supérieur.
Toute lésion vertébrale crée un état de « facilitation » (Korr)
modifiant le niveau du seuil d ’excitation d ’un nerf : sur ce terrain,
une stimulation moindre est nécessaire pour produire la réaction
nerveuse sollicitée. Ainsi l ’expression « avoir les nerfs à fleur de
peau », trouve-t-elle son explication.
Nous comprenons pourquoi certaines pathologies affectant les
éléments du système nerveux de la région comme la^< spasmophi­
lie » ou des désordres appelés parfois « dystonie neuro-végéta-
tive », « syndrome de Barré-Liéou », « syndrome sympathique
cervical supérieur », etc. peuvent être am éliorés par une normali­
sation de la charnière occipito-cervicale.
Les examens médicaux pratiqués se révélant négatifs, l’origine
cervicale des problèmes peut être évoquée, d ’autant plus que
certains symptômes sont augmentés par le mouvement, le sujet
présentant à l ’examen une lésion de la charnière occipito-cervi­
cale avec tensions sous-occipitales et parfois d ’autres déséquili­
bres à distance.

Différents symptômes peuvent être évoqués :

1. Pathologies en rapport avec les derniers nerfs crâniens

A. Le IX e n erf crânien ou n e rf giosso-pharyngien


— Perte du réflexe de bâillement.
— Légère dysphagie.
— Perte du goût dans le tiers postérieur de la langue (saveurs du
doux et de l’amer).
— Modification des sensations au niveau du pharynx.
— Modification de la m otricité de la paroi pharyngée postérieure.
— Augmentation de la salivation.

— 64 —
B. Le Xe nerf crânien, le nerf pneumogastrique ou nerf vague
(Rappelons qu’il constitue la plus grande partie du système para­
sympathique.)
— Troubles de la phonation.
— Dysphagie.
— Régurgitation des liquides par le nez.
— Spasmes des différentes portions du tube digestif, dysfonctions
gastriques ou intestinales.
— M odification de la sensibilité du pharynx, du larynx, du conduit
auditif externe.
— Problèmes respiratoires.
— Arythm ies cardiaques.
C. Le XIe nerf crânien ou nerf spinal
— Hypertonie de la musculature cervicale.
— Dysfonctions m usculaires au niveau des muscles sterno-cleido-
mastoïdiens et trapèzes.
D. Le X IIe nerf crânien ou nerf grand hypoglosse
— Dysfonctions des muscles de la langue.
— Troubles de l ’élocution et de la déglutition.

2. Pathologies en rapport avec les nerfs cervicaux


Le plexus cervical est constitué des branches antérieures des
quatre premiers nerfs cervicaux. Il contribue largem ent à l’inner­
vation m otrice et sensitive de la région. Les lésions de la charnière
occipito-cervicale peuvent entraîner des problèmes vasomoteurs
au niveau de la colonne cervicale, de la zone occipito-mastoï-
dienne mais aussi scapulaire (voir le chapitre I : Anatomie).

3. Pathologies en rapport avec le ganglion sympathique cervical


supérieur
------- Troubles visuels rfatigabilité.----------------------------
— Larm oiem ent des yeux.
— Conjonctivite.
— M odification de la motricité pupillaire.
— Modification des sécrétions nasales.
— Hypersalivation.
— Problèmes O.R.L. : rhumes des foins, catarrhes tubaires, etc.
— Problèmes pharyngo-laryngés.
— Anosmie.
Rappelons que toutes ces pathologies peuvent être causées par
des désordres de la colonne cervicale supérieure, mais également
par d ’autres niveaux. Ainsi le ganglion sympathique cervical
supérieur est à l ’origine de branches sympathiques intracrânien-
nes pouvant produire les pathologies précédemment citées, mais il
ne faut pas oublier que les centres médullaires des sympathiques
cervicaux sont situés dans la colonne dorsale et qu’ainsi des
lésions dorsales peuvent être à l’origine des pathologies évo­
quées.
Bien souvent, ces patients présentent également des troubles
qualifiés de « psychiques » : diminution de la mémoire, difficulté à
se concentrer, sensation de somnolence, de fatigue, parfois ten­
dance dépressive. Une normalisation de la charnière occipito-cer­
vicale est souvent souhaitable.
NOTES II. PATHOLOGIES DUES AUX EFFETS DE STASE
DU SYSTÈME CIRCULATOIRE

Dans le chapitre l-VII-4., nous avons montré l'im portance des trous
de la base céphalique pour les échanges entre le crâne et le reste
du corps.
Les m igraines congestives peuvent être occasionnées par une
constriction du trou déchiré postérieur.
Une congestion faciale peut être am éliorée par un traitem ent
crânien et une normalisation de la charnière occipito-cervicale.
Les migraines ophtalmiques sont le plus souvent associées à une
lésion de C2, fréquemment en rotation gauche.
L’artère vertébrale contacte des rapports très délicats avec C0-
C1-C2 et l’on peut penser que toute lésion m odifie son état de
tension et les pressions intracrâniennes, entraînant une perturba­
tion de la vascularisation cérébrale ; les patients se plaignent
parfois d ’avoir « l’esprit engourdi ».
Les échanges lymphatiques peuvent être aussi affectés.

III. PATHOLOGIES DUES AUX DÉSÉQUILIBRES


CRANIO-SACRÉS
r
1. L’occiput forme avec le sphénoïde la symphyse sphéno-basi-
laire.

Nous avons expliqué (chapitre l-IV) que la jonction sphéno-basi-


laire peut être comparée à un interligne articulaire. Ainsi, toute
lésion cervicale haute peut se répercuter à cet endroit, puis sur le
sphénoïde avec une projection au niveau de la face, des yeux, de
la mandibule.
TOUTE LÉSION DE L’UN DES ÉLÉMENTS DE LA CHARNIÈRE
OCCIPITO-CERVICALE DOIT ÊTRE COMPENSÉE POUR CONSER­
VER LE REGARD A L’HORIZONTALE.
Par exemple, une lésion comportant un param ètre d ’inclinaison
latérale droite peut entraîner une lésion de torsion droite de la
symphyse sphéno-basilaire. LES MUSCLES MOTEURS OCULAI­
RES INFLUENCENT LA POSITION DU SPHÉNOÏDE.
Pendant et après une normalisation de la colonne cervicale
supérieure, certains patients éprouvent un dégagement au niveau
de la face, du nez, une détente au niveau des yeux. Nous
constatons parfois une modification du profil facial.

2. Certains ligaments de la charnière occipito-cervicale sont en


continuité directe avec les membranes dure-m ériennes

Le pourtour du trou occipital est une zone d’adhérence essen­


tielle ; C2 un relais unique. La position stratégique de l'atlas,
support du crâne, les relations dure-mériennes précédemment
citées font de LA JONCTION CRANIO-CERVICALE UN POLE D'IN­
FLUENCE CONSIDÉRABLE POUR LE MÉCANISME CRANIO-SACRÉ
ET RÉCIPROQUEMENT.
De la sorte toute pathologie due aux déséquilibres entre les pôles
céphalique et caudal de ce mécanisme doit faire penser à une
lésion de C0-C1-C2 : insomnies, diminution des résistances, fatiga-
bilité, etc.

— 66 —
TOUT TRAITEMENT CRANIEN DOIT ÊTRE PRÉCÉDÉ D’UNE NOR­ NOTES
MALISATION CERVICALE SUPÉRIEURE.
Les céphalées sont souvent produites par un déséquilibre de
tension des membranes dure-m ériennes très innervées et donc
très sensibles. Une lésion cervicale supérieure, en modifiant les
tensions membraneuses peut favoriser cette pathologie.
L'OCCIPUT, LE STERNUM, LE SACRUM CONSTITUENT TROIS
ÉLÉMENTS CLÉS DU MÉCANISME CRANIO-SACRÉ, INTERDÉPEN­
DANTS LES UNS DES AUTRES.
Des lésions du sacrum ou du sternum peuvent être secondaires ou
entretenues par des lésions de la jonction cranio-cervicale.

3. L’occiput influence directement les temporaux


Ainsi des lésions de la charnière peuvent expliquer certains
vertiges et troubles labyrinthiques : les patients se plaignent
d'avoir un équilibre instable, spécialem ent lors des changements
de position de la tête.
Il faut également penser à vé rifie r C0-C1-C2 dans les problèmes
d 'o re ille tels acouphènes, tinnitus.

4. L’influence sur les temporaux se transmet à la mandibule par


les A.T.M.
Une asymétrie aussi bien articulaire que m usculaire modifie l'oc­
clusion et la mastication. Un nouveau centre de mouvement est
créé pour la mandibule qui n'est plus so llicitée de façon correcte
entraînant un surmenage aussi bien des dents que des articula­
tions tem poro-m andibulaires (A.T.M.).
LA MANDIBULE DOIT ÊTRE EN ÉQUILIBRE AU CENTRE D'UN
COMPLEXE MYO-FASCIAL TRÈS LIÉ AUX ÉLÉMENTS CERVICAUX
SUPÉRIEURS.

OCCIPUT -«-------- ►TEMPORAUX

AXIS MANDIBULE

\ /
OS HYOÏDE

IV. PATHOLOGIES DUES AUX PERTURBATIONS


DE LA STATIQUE
1. Les lésions intra-osseuses expliquent les courbures scoliotiques
descendantes, les torticolis congénitaux de type obstétrical.

2. Des lésions cervicales supérieures chroniques peuvent entraî­


ner des CERVICALGIES.
3. Les déséquilibres musculaires associés aux irritations nerveu­
ses sont responsables des « TICS », tels petits hochements de tête,
besoin de mobiliser très souvent la colonne, etc.
Notons que fréquemment, les étirem ents m usculaires proposés
dans les salles de gymnastique (en p articulier les étirements des
chaînes postérieures) ne permettent pas un contrôle correct de la
charnière occipito-cervicale. Beaucoup de compensations s ’effec­
tuent à ce niveau, l’atlas nous l’avons vu se com portant comme un
« MÉNISQUE » très facilem ent m obilisable. De nombreux sujets
installent ainsi un déséquilibre qui se manifeste secondairement
par des troubles variés : cervicalgie, maux de tête, etc.

— 67 —
NOTES 4. La distribution des lignes de force descendantes est modifiée en
cas de lésion cervicale supérieure.

Les appuis au sol ne sont plus répartis de la même m anière


pouvant favoriser certains déséquilibres du pied : hallux valgus
par exemple.
Le placement dans l’espace des membres inférieurs et supérieurs
est asymétrique.
Un « terrain » est installé et tout surmenage supplémentaire, tout
stress inhabituel font basculer les tissus du sujet dans un état
lésionnel entraînant tendinites, lombalgies, P.S.H., etc.
Cette dysharmonie provoque des déséquilibres musculaires ; ainsi
UNE ÉQUILIBRATION DU PSOAS ET DU PYRAMIDAL DOIT TOU­
JOURS ÊTRE ASSOCIÉE A UNE NORMALISATION DE LA CHAR­
NIÈRE OCCIPITO-CERVICALE. De nombreux exemples pourraient
être proposés.
Les pathologies douloureuses sont souvent secondaires à d ’autres
déséquilibres et l ’opérateur doit toujours TRAITER UN INDIVIDU
DANS SA GLOBALITÉ POUR ÉVITER LES RÉCIDIVES.

5. La modification de la distribution des lignes de force entraîne


des VARIATIONS DES PRESSIONS INTRATHORACIQUE, INTRA-
ABDOMINALE ET INTRAPELVIENNE favorisant HERNIES, PTOSES
VISCÉRALES, PROBLÈMES DE PERINÉE, etc.

6. Les organes de la région cervicale peuvent être atteints ; ainsi


une modification des rapports de l’oro-pharynx favorise les problè­
mes de phonation, aphonie, etc.

V. LES « WHIPLASH » OU « COUP DU LAPIN »

Cette pathologie est très fréquente au niveau cervical supérieur.


« Whiplash » signifie « coup de fouet », illustrant ainsi le méca­
nisme en jeu ; tout se passe comme si tous les tissus du corps
étaient sollicités à l’image d ’un fouet que l'on fait claquer, TOUTES
LES RÉGIONS peuvent êtres lésées. Le plus souvent, le problème
se situe au niveau cervical et sacré.
L’étiologie la plus habituelle est l'accident de voiture, avec un
déplacement de la tête du sujet variable en fonction de l ’impact du
choc. Ainsi une percussion en arrière de la voiture produit une
lésion antérieure d ’occiput, mais celle-ci peut être latérale, posté­
rieure, etc.
Les patients dans ce cas éprouvent beaucoup de difficultés pour
« porter leur tête » et se plaignent de douleurs très vives.
UNE NORMALISATION MYO-FASCIALE TRÈS DOUCE s ’impose,
l’équilibration devant impérativement RESPECTER LES TISSUS DU
SUJET, selon les principes des méthodes fonctionnelles. Il est
préférable dans ces cas-là, d ’effectuer un traitem ent précoce et de
courte durée.

— 68 —
CHAPITRE V

L’EXAMEN ET LA NORMALISATION
NOTES Nous étudierons successivement :

I. L’observation
II. La palpation

III. Les tests de mobilité


IV. La normalisation

I. L’OBSERVATION

La tête est « posée » en équilibre sur l’atlas, et les lésions


occipitales peuvent être diagnostiquées par l’observation.
Une lésion d ’occiput antérieur fait avancer le menton, la courbure
cervicale est accentuée par compensation ; inversement un men­
ton rentré, une courbure effacée sont le reflet d ’une lésion d'occi­
put postérieur.
La ligne médiane du visage se trouve normalement dans le
prolongement de celle du corps. Les lésions d'occiput autres que
bilatéralement antérieur ou postérieur modifient cet alignement. Il
faut toutefois tenir compte des déséquilibres crâniens, en particu­
lier asymétries ou lésions au niveau de la face : nez, maxillaires,
etc.
L’observation doit être très précise : la lésion d'occiput peut être
associée à d ’autres problèmes et il faut définir les différents
niveaux correctement.
L’ensemble C0-C1-C2 réalise souvent un bloc form ant une char­
nière avec le reste de la colonne cervicale au niveau de l’ interli­
gne C2-C3 fréquemment en lésion. L’observation des rides ou
sillons au niveau de la peau sur les parties postérieures ou
latérales du cou peut indiquer où se situe la ou les lésions de
rotation-latéro-flexion. Celle-ci est maximale du côté où le sillon
est le plus marqué.
Rappelons que les boutons, rougeurs, etc., apparaissent en géné­
ral au niveau d ’un segment en lésion. De la même façon, l’implan­
tation des cheveux, son éventuelle asymétrie est le reflet des
structures sous-jacentes.

Lésion d'occiput antérieur Lésion d'occiput postérieur

— 70 —
NOTES
r:

I_.

r:
c
c
c
c
c
c
G
C
G
G
C
G
G
G

C
. G
G
- G
G
G
— 71 —
G
II. LA PALPATION

D’une manière générale, toute lésion entraîne une modification


des tissus avec « empâtement » des plans sous-cutanés ; ce
principe est vérifié avec les lésions cervicales supérieures.
De nombreux muscles s ’insèrent sur l’occiput ; toute lésion à ce
niveau produit un déséquilibre de tension entraînant des contrac­
tures plus ou moins marquées. Les muscles sterno-cleïdo-mastoï-
diens sont généralement plus contractés dans les lésions d'occiput
postérieur ; dans les lésions d'occiput antérieur, ils se relâchent.
La palpation de l ’occiput, en p articulier de l’écaille peut nous aider
à le situer dans l’espace ; l’opérateur doit toutefois penser aux
asymétries dues aux lésions intra-osseuses assez fréquentes à ce
niveau (voir « La Thérapie cranio-sacrée chez l ’enfant », p. 57).
Les masses latérales de l'atlas situées entre la mastoïde et la
branche montante de la mandibule doivent être étudiées. Une
lésion à ce niveau se traduit par une sensibilité accrue à la
pression, même légère, et une asymétrie dans leur position : un
côté peut être plus enfoncé ou plus saillant (glissement latéral
occipital), plus antérieur ou plus postérieur, plus haut ou plus bas.
Il ne faut pas oublier toutefois qu’une lésion m andibulaire ou
tem porale modifie les rapports du triangle digastrique.
L’apophyse épineuse de l’axis très facilem ent palpable, étant le
prem ier relief osseux perçu sous l'occiput, doit normalem ent se
trouver dans l’alignement des autres apophyses épineuses cervi­
cales et à l’aplomb de la protubérance occipitale externe ou inion.
L’appréciation de la position des masses latérales de l’axis dans
l’espace, reflète les déséquilibres de C2 par rapport à C3. Nous
pouvons palper les portions com prises entre l’apophyse épineuse
et les apophyses transverses ; une proéminence signale une
rotation de ce côté.

TOUTES LES INFORMATIONS DONNÉES PAR L’OBSERVATION ET


LA PALPATION DOIVENT ÊTRE CONFIRMÉES PAR LES TESTS DE
MOBILITÉ.

III. LES TESTS DE MOBILITÉ

Les tests de mobilité peuvent être réalisés avec plus ou moins


d’amplitude en fonction de l’entraînement de l’opérateur. Nous
encourageons les praticiens A SOLLICITER DES MOUVEMENTS
AUSSI INFIMES QUE POSSIBLE, et lorsque cela se peut à ne
pratiquer qu’une « écoute », c ’est-à-dire une appréciation des
mouvements spontanés de la structure étudiée.

LES TISSUS ONT INSCRIT DANS LEURS DIFFÉRENTES FIBRES


LES « MOUVEMENTS », LES « DYNAMIQUES » CORRESPONDANT
A LA LÉSION.

L’INDUCTION MENTALE PEUT ÊTRE UN MOYEN FAVORISANT


CETTE RECHERCHE.

Ainsi dans un prem ier temps, l’opérateur place les mains sur la
zone examinée et apprécie par I’« écoute » un éventuel déséquili­
bre : « déplacement » des tissus se réalisant plus volontiers dans
certains paramètres.
Si cette « écoute » se révèle insatisfaisante, ou s ’il souhaite une NOTES
confirmation, dans un deuxième temps, l’opérateur visualise men­
talem ent les différents mouvements à étudier et compare les
réponses obtenues. Les « sensations » les plus faciles indiquent la
lésion.
Dans un troisièm e temps, le praticien effectue éventuellem ent un
test de m obilité en sollicitant des micromouvements.

1. L’articulation occipito-atloïdienne

A. Test avec contrôle des masses latérales de l ’atlas


Le sujet est en décubitus. L’opérateur est assis à la tête, les deux
mains placées sous l’occiput, les doigts allongés souplement, les
pouces sur les masses latérales de l’atlas.
Il est possible de rem placer les pouces par les index.

Test avec contrôle des masses latérales de C,

Test avec contrôle des masses latérales de C,

En appliquant les principes énoncés ci-dessus, nous apprécions


tout d ’abord LE MOUVEMENT D’ANTÉRIORITÉ OU DE POSTÉRIO­
RITÉ DE L’OCCIPUT. Nous réalisons une « mobilisation » de
l'occiput par rapport à l'atlas avec le bout des doigts. Il est assez
peu fréquent d ’avoir un mouvement parfaitement symétrique. Le
plus souvent nous trouvons un occiput se déplaçant plus volontiers
d’un côté ou de l’autre, en avant ou en arrière, définissant ainsi
UNE ROTATION (voir le chapitre III : les lésions).
L’opérateur recherche ensuite LE GLISSEMENT LATÉRAL DE
L’OCCIPUT, celui-ci* est accompagné d’une LATÉRO-FLEXION DU
COTÉ OPPOSÉ.

— 73 —
NOTES B. Test avec le bout des doigts à h au teu r de l ’a rc p o stérieu r de
l ’atlas
Même position du sujet et de l’opérateur. Dans ce cas, les doigts
sont placés en direction caudale de telle sorte que leur extrém ité
arrive à hauteur de l’arc postérieur de l ’atlas ; ainsi les talons et
les paumes des mains forment une « coupe » sous l’occiput.
Le praticien mobilise l’occiput avec le talon de ses mains et
enregistre la réponse au niveau du bout de ses doigts.

Test avec le bout des doigts à hauteur de l’arc postérieur de C,

Il n’est pas possible normalem ent d ’être en contact direct avec


l’arc postérieur de l'atlas ; nous apprécions et comparons les
sensations perçues lors des différents mouvements de l’occiput en
visualisant les condyles qui se déplacent avec aisance sur les
surfaces atloïdiennes ou au contraire donnent l'im pression d ’un
bloc m obilisant globalement l’occiput et les tissus sous-jacents,
l’atlas compris. Comme dans le test précédent, nous recherchons
les déplacements de l'occiput en avant ou en arrière de façon
bilatérale ou unilatérale, les inclinaisons droite ou gauche accom­
pagnées de glissement en sens contraire.
C. Test en position assise
Le sujet est assis. L’opérateur debout d errière le patient. Il place
l’extrém ité des deux pouces sur les masses latérales de l'atlas, le
bout des autres doigts épousant le crâne.
Le praticien réalise les différents déplacements de l'occiput en
PRODUISANT DES MICROMOUVEMENTS avec les quatre derniers
doigts, sollicitant ainsi une m obilisation du bloc céphalique par
rapport à l’atlas.
L’extrém ité des pouces sur les masses latérales lui permet de
contrôler le mouvement sollicité, celui-ci ne devant pas entraîner
C1. _ _ _ _ _ . ________________________________

Test en position assise

— 74 —
NOTES

_ _ Test en position assise


D. Remarques
— IL EST ESSENTIEL DE CONSERVER LA POSITION DE CONFORT
DU SUJET, même si le praticien doit se déplacer pour s’en
accommoder. La position cervicale prise spontanément corres­
pond aux déséquilibres présents dans cette région ou au niveau
des dorsales supérieures et lors de I’« écoute » de l’occiput, les
mains de l ’opérateur seront moins « entraînées » dans le déséqui­
libre sous-jacent si la région concernée est déjà dans sa position
d'équilibre.
— Dans les lésions d’occiput antérieur, le sim ple fait de placer les
mains sous l’occiput a tendance à le postérioriser, créant un état
de tension non souhaitable. Nous conseillons d ’abaisser légère­
ment la têtière de la table jusqu’à trouver une position confortable,
et inversem ent dans les lésions de CO postérieur.
— Nous conseillons de demander au sujet de CONSERVER LES
YEUX FERMÉS s ’il le peut. Les mouvements de l’occiput et donc de
la charnière occipito-cervicale sont très influencés par les dépla­
cements oculaires. Rappelons l’insertion de la plupart des muscles
moteurs oculaires sur le sphénoïde : muscles droits et muscles
grand oblique ; ils entraînent celui-ci dans leurs mouvements et
donc par là même l’occiput.
— Les différents mouvements étant combinés, il est conseillé de
conserver chaque paramètre trouvé pour défin ir les autres. L’or­
dre proposé peut être modifié.
— Il est parfois plus facile d’étudier la rotation de l’occiput en le
testant de façon bilatérale vers l’avant ou vers l’arrière et en
visualisant quel côté avance ou recule plus volontiers. Une étude
unilatérale peut ensuite confirmer ce diagnostic.
— Dans les tests en décubitus, l’opérateur étant suffisamment
près du sujet, il peut exercer avec le buste une légère pression en
direction caudale sur le crâne du patient ayant pour effet de
relâcher les tensions musculo-ligamentaires sous-occipitales.
— Les mouvements recherchés sont infimes. Une trop grande
am plitude nous renseigne sur l'interligne C1-C2 ou sur les in terli­
gnes sous-jacents et non sur C0-C1. Un occiput en lésion par
rapport à C1 fait « bloc » avec cette vertèbre. Les mouvements les
plus évidents sont alors ceux situés à hauteur de l’atlas et des
vertèbres sous-jacentes augmentant les risques d ’erreurs pour
l’opérateur inexpérimenté.
— Rappelons l’existence de lésions intra-osseuses dans l’occiput
donnant la sensation à I’« écoute » de deux occiputs, un droit, un
gauche, pouvant se déplacer en sens contraire (voir le chapitre III :
les lésions).
UNE ÉTUDE ET UNE NORMALISATION CRANIENNE SONT SOU­
VENT NÉCESSAIRES POUR COMPLÉTER L ’APPROCHE DE LA
CHARNIÈRE OCCIPITO-CERVICALE.

— 75 —
NOTES 2. L’articulation atloïdo-axoïdienne

A. Test avec les deux m ains sous l ’occiput

Le sujet est en décubitus. L’opérateur est assis à la tête, les deux


mains placées sous la charnière C0-C1-C2, les doigts allongés de
telle sorte que le bout des médius soit sur l’apophyse épineuse de
l'axis. L’extrémité des pouces se place sur les masses latérales de
l'atlas.

Test avec les deux mains sous l’occiput

L'OPÉRATEUR FORME UN BLOC ENTRE L’ATLAS ET LE CRANE


ET MOBILISE L'ENSEMBLE PAR RAPPORT A L’AXIS. Le talon des
mains sollicite le mouvement, les médius « fixent » l'axis.
Nous étudions le glissement de l'atlas dans le plan antéro-posté-
rieur. Celui-ci doit être plus libre en avant (voir le chapitre II : les
mouvements). Nous recherchons parallèlem ent les mouvements
mineurs de flexion et d’extension.
Puis nous sollicitons les glissements dans le plan frontal accompa­
gnés des mouvements mineurs de latéro-flexion et des mouve­
ments majeurs de rotation.

B. Test avec une seule m ain sous l ’occiput

Le sujet est en décubitus. L’opérateur est assis à la tête ; il place


une main sous l ’occiput, l’index et le médius de l’autre main sur
l’apophyse épineuse de l’axis.
Comme précédemment, l’opérateur forme un bloc entre l’atlas et
le crâne, m obilisant l’ensemble par rapport à l’axis.

Test avec une seule main sous l'occiput

— 76 —
C. Test à p a rtir des masses latérales de l ’atlas NOTES
Le sujet est en décubitus. L’opérateur assis à la tête, place les
deux pouces sur les masses latérales de l’atlas, les doigts allon­
gés souplement de part et d ’autre du cou de telle sorte que
l’extrémité des index ou des médius se trouve sur l’apophyse
épineuse de l ’axis. Cette position perm et par des microm ouve­
ments une étude spécifique des rapports entre C1 et C2.

Test à partir des masses latérales de l'atlas

D. Test en position assise


Le sujet est assis. L'opérateur est debout sur le côté du patient. Il
place l ’index et le pouce de la main postérieure sur l’apophyse
épineuse de l ’axis, pose délicatem ent l’autre main sur le sommet
du crâne.
Il effectue des microm ouvements du bloc occiput-atlas par rapport
à l’axis qu’ il contrôle entre pouce-index.

Test en position assise

Variante
L’opérateur est debout d erriè re le patient ; il place l’extrém ité des
deux pouces de part et d ’autre de l ’apophyse épineuse de l’axis et
le bout des autres doigts sur les faces latérales du crâne.

— 77 —
NOTES E. R em arques
— Comme pour l’étude de l ’occiput par rapport à l ’atlas, il est
conseillé de conserver chaque paramètre trouvé pour définir les
autres.
— Là encore les mouvements sont infimes et l’opérateur doit
VISUALISER AVEC ATTENTION L’INTERLIGNE ÉTUDIE POUR NE
PAS LAISSER LE MOUVEMENT SOLLICITÉ DIFFUSER A D’AUTRES
NIVEAUX.
— Rappelons l’intérêt pour l’opérateur d ’exercer une légère pres­
sion avec le buste sur le crâne du patient, dans le travail en

décubitus. L’atlas glisse normalement du côté opposé à la pres­


sion (voir le chapitre II : les mouvements).
— LE TEST DE MOBILITÉ ENTRE L’ATLAS ET L’AXIS DOIT TOU­
JOURS ÊTRE COMPLÉTÉ PAR UN TEST ENTRE L’OCCIPUT ET
L’ATLAS ET INVERSEMENT.
Nous avons vu (voir le chapitre III : les lésions), qu'une masse
latérale atloïdienne postérieure d ’un côté par exemple peut évo­
quer un déséquilibre de C1 par rapport à C2, mais peut être aussi
la compensation d ’une lésion d’occiput unilatéral antérieur, le bloc
C0-C1 reculant du même côté pour conserver la tête dans un plan
frontal.
La prise décrite en A. Test avec les deux mains sous l’occiput
permet pour l'opérateur plus expérimenté un test complet C0-C1 et
C1-C2. Cela permet également d ’apprécier l ’état de déséquilibre
ligamentaire et donc de lésion entre CO et C2 (voir le chap. I.
Anatomie, V. 2e. L’articulation C0-C2).

Étude de l’interligne C2-C,

— 78 —
— UN EXAMEN PRÉCIS DE L'INTERLIGNE C2-C3 doit suivre NOTES
l’étude de C0-C1 et C1-C2. L’opérateur dans ce cas place les mains
sous l’occiput, les doigts allongés souplement de telle sorte que
l’extrém ité des médius arrive soit de part et d ’autre de l’apophyse
épineuse de C3, soit à hauteur des apophyses articulaires de C3. Il
empaume bien le crâne avec le talon de ses mains et à partir de là,
so llicite le bloc crâne-atlas-axis par rapport à C3.
Il étudie les mouvements de flexion, d ’extension, de rotation droite
et gauche, de latéro-flexion droite et gauche.

Variante
Sujet en décubitus, opérateur assis à la tête, une main sous
l ’occiput, l’index-médius de l’autre main sur l ’apophyse épineuse
de C3.

IV. LA NORMALISATION
Les tests de m obilité sont essentiels :
L'OPÉRATEUR AYANT VISUALISÉ LES DÉSÉQUILIBRES PRÉ­
SENTS, LA NORMALISATION SERA D’AUTANT PLUS FACILE.
LES RECHERCHES EFFECTUÉES PENDANT LES TESTS CONSTI­
TUENT DÉJÀ UN DÉBUT DE TRAITEMENT.
Nous proposons trois approches. Celles-ci pouvant se compléter :
1. Les pompages

2. Les normalisations fonctionnelles


3. La rééducation myo-fasciale

1. Les pompages

ILS CONSTITUENT LA BASE DU TRAITEMENT.


Un pompage consiste à laisser a lle r les tissus dans le sens de leur
plus grande aisance et à tracter doucement en sens opposé. Nous
répétons cela de façon rythmique. La notion de DOSAGE est
essentielle. Lors de la traction, l’opérateur ne doit pas provoquer
une trop grande mise en tension ; il doit rester dans la « PLAGE
D’AISANCE » correspondant aux tissus du sujet pour le plus grand
confort de celui-ci.
De la sorte, bien que d ’apparence mécanique, un pompage est tout
en nuances. La seconde traction ne peut être semblable à la
prem ière, les déséquilibres de tension sont déjà un peu modifiés.
L ’opérateur se met à la disposition du patient, de ce que ses tissus
lui dictent. Il reste constamment à I’« écoute » suivant tous les
micromouvements.
Les pompages peuvent être :

A. Globaux
B. Spécifiques

A. Les pompages globaux


ILS CONSTITUENT UN TRAVAIL D’ENSEMBLE DE LA COLONNE
CERVICALE.
Le sujet est en décubitus. L'opérateur est assis à la tête, place une
main sous l'occiput, le bout des index et médius de l'autre main
sur l ’apophyse épineuse de C7 ou de D1.

— 79 —
NOTES

Pompage global : l'opérateur déplace la main caudale sur les différentes


apophyses épineuses

Il réalise un pompage de l’ensemble de la colonne cervicale en


essayant de placer tous les interlignes dans leur position d'ai­
sance.
Très souvent, l ’éminence thénar de la main caudale peut servir de
contre-appui sur le côté de la tête équilibrant ainsi la position.
L'opérateur peut déplacer le bout des doigts de la main caudale
sur l'apophyse épineuse d'une vertèbre cervicale ou dorsale
supérieure lui semblant nécessiter plus d ’attention, tout en conti­
nuant le pompage.
Le praticien plus expérimenté peut utiliser les appuis des deux
éminences thénar pour équilibrer dans le même temps les deux
temporaux par l’interm édiaire des mastoïdes, et l’occiput lorsque
le pompage se situe dans la portion cervicale supérieure.

Pompage global

Pompage global

— 80 —
B. Les pompages spécifiques NOTES
a) L ’opérateur UTILISE LES DIFFÉRENTES POSITIONS ÉNONCÉES
POUR LES TESTS DE MOBILITÉ et effectue des pompages sur les
interlignes C0-C1, C1-C2, puis C2-C3 en appliquant Jes principes
précédents, en insistant davantage sur les interlignes restreints en
mobilité.

Pompage spécifique de la charnière sous-occipitale

Les positions utilisées pour les tests peuvent être conservées pour les pompages
et les normalisations

— 81 —
Ib) LA DISJONCTION CRANIO-CERVICALE s’effectue entre l ’occiput
et l'atlas.
Le sujet est en décubitus ; l’opérateur assis à la tête place les
mains sous l’occiput en direction caudale, de telle sorte que le
bout des doigts arrive dans l ’espace com pris entre l’occiput et
l’atlas.
Il réalise tout d ’abord une « écoute » pour percevoir les différents
mouvements présents tout en laissant l ’occiput s'in sta lle r dans sa
position d’équilibre. Puis il tracte doucement en direction céphali-
que.

La disjonction cranio-cervicale
(vue du dessous)

La disjonction cranio-cervicale

NE PAS CONFONDRE TRACTION ET GLISSEMENT POSTÉRIEUR


DE L’OCCIPUT.
Il est possible de m aintenir cette traction de façon douce, la
respiration du sujet réalisant alors le pompage, ou bien l’opérateur
tracte très légèrement, relâche, puis tracte à nouveau au rythme
du sujet.

— 82 —
C. Remarques NOTES
— L’OPÉRATEUR DANS TOUS LES CAS RESPECTE LA POSITION
DE CONFORT DU SUJET. Celui-ci peut plier les jam bes ou les
garder allongées, croiser une jambe sur l’autre, etc. L'opérateur
l'encourage à s ’installer comme bon lui semble et à changer de
position si cela est nécessaire pendant la séance.
— Les pompages sont parfaitement indiqués chez les sujets
présentant des lésions chroniques avec des tissus globalem ent
fibrosés.
— Lors d'un pompage, une seule main peut être active effectuant
la traction-relâchem ent, l’autre main servant de point d'appui et
renseignant l ’opérateur sur la réponse obtenue. Avec plus d ’expé­
rience, les deux mains peuvent simultanément produire une trac­
tion alors en direction opposée, tout en informant le praticien sur
les messages perçus.
— Comme toute technique de thérapie manuelle, les pompages
doivent être NON DOULOUREUX. La douleur ou l’inconfort, sensa­
tions de nausées, de vertiges, de maux de tête, etc., signale soit
une mauvaise position des mains (souvent une trop grande pres­
sion sur l’occiput com prim ant le trou déchiré postérieur, vo ir le
chapitre I : Anatomie), soit une traction effectuée dans une mau­
vaise direction ou de façon trop importante : la notion de dosage
est là encore prépondérante.
— UN POMPAGE BIEN EFFECTUÉ PEUT SUFFIRE A LA NORMALI­
SATION.
Dans tous les cas, il prépare parfaitement les tissus du sujet pour
toute autre approche. La main occipitale d’un thérapeute expéri­
menté peut réaliser en plus du pompage un modelage de l’occiput
(voir « La Thérapie cranio-sacrée chez l’enfant », p. 82). Les effets
sont alors comparables à ceux obtenus avec une com pression du
quatrièm e ventricule.
— Il n’est pas rare de sentir une évolution dans les déséquilibres
perçus, en particulier lors des pompages globaux sur la colonne
cervicale. Chaque sujet est une histoire com portant plusieurs
épisodes, avec DES LÉSIONS QUI SE SONT ACCUMULÉES LES
UNES SUR LES AUTRES ET SE SONT IMPRIMÉES DANS LES
TISSUS AUX DIFFÉRENTES PÉRIODES DE LA VIE.
Nous pouvons ainsi laisser des structures se placer dans leur
lésion, le pompage amorçant une normalisation, puis sentir autre
chose apparaître encore plus profondément. Dans tous les cas,
nous nous contentons de suivre ce que nous sentons en respectant
le rythme, l’amplitude et les différents paramètres qui nous sont
dictés.
Une sensation de détente, de chaleur, de plus grande m alléabilité,
de liberté dans les structures sur lesquelles nous travaillons nous
indique la fin du pompage.
CHAQUE PATIENT EST DIFFÉRENT DES AUTRES. IL NE PEUT
EXISTER DE TECHNIQUE UNIVERSELLE. LE TRAITEMENT DOIT
ÊTRE ADAPTÉ A CHACUN.

— 83 —
2. Les normalisations fonctionnelles

Définition :
Normalisation d’une lésion en laissant les tissus aller dans le sens
de cette lésion, en utilisant éventuellement une coopération respi­
ratoire et en accompagnant le retour à la position neutre.

Tout l'a rt du « fonctionnel » réside en prem ier lieu dans l’apprécia­


tion du déséquilibre, puis dans la façon dont il faut intervenir pour
faciliter la recherche du point de lésion. Nous devons être complè­
tement présents, en harmonie parfaite avec les besoins du sujet.
Cela signifie avoir la patience d ’attendre un relâchement, cela
signifie aussi parfois être « interventionniste », les tissus nécessi­
tant un certain « quota » d ’énergie pour trouver leur point d ’équili­
bre. Cela reste toutefois dans des lim ites infimes et là encore la
visualisation mentale est très utile.
L’opérateur entraîné perçoit d ’emblée dans quelle direction les
tissus se dirigent, ou bien il procède analytiquement en sollicitant
tous les paramètres dans les différents plan de l ’espace, conser­
vant les plus libres.
Il faut accumuler le maximum d'« énergies » pour retrouver le
point de lésion à partir duquel les tissus reviennent d ’eux-mêmes
au point neutre d’équilibre.
LE POSITIONNEMENT DES DIFFÉRENTES PARTIES DU CORPS,
membres inférieurs, membres supérieurs, etc., facilite grandement
cette recherche (voir « L’Odyssée de l’iliaque », p. 78).

A. Les norm alisations spécifiques


LES POSITIONS INDIQUÉES POUR LES TESTS peuvent être utili­
sées. De la sorte, l'opérateur effectue le diagnostic, enchaîne avec
une normalisation fonctionnelle et ajoute éventuellem ent un pom­
page si cela semble nécessaire, dans le cas d ’une lésion ancienne
par exemple, sans changer la position du sujet.
Les lésions de rotation sont très fréquentes dans la charnière
occipito-cervicale. LA SITUATION DU CENTRE AUTOUR DUQUEL
LA LÉSION SE PRODUIT est conditionnée par le degré d ’inclinai­
son latérale et donc de glissement présent au moment de la lésion,
soit de par la position prise momentanément par le sujet, soit de
par les déséquilibres statiques de celui-ci.
IL EST INDISPENSABLE DE RECRÉER AUTANT QUE POSSIBLE LA
RÉPARTITION DES PRESSIONS existant lors de la mise en lésion.
Le sujet en décubitus, l’opérateur peut utiliser une pression du
buste plus ou moins importante sur le sommet du crâne d'un côté
ou de l’autre ; il peut également par mini-mouvements, m obiliser
le bloc céphalique avec le talon de ses mains.

B. Les norm alisations globales


a) L’expansion de la base
Le sujet est en décubitus ; l'opérateur assis à la tête place les
mains sous l'occiput du patient avec :
— les quatrième et cinquième doigts sur l ’écaille occipitale ;
— les médius à hauteur de l’atlas ;
— les index allongés sous les mastoïdes ;
— les pouces de part et d'autre du crâne.

— 84 —
NOTES

L’expansion de la base

L’expansion de la base

De la sorte, l’opérateur contrôle les rapports entre l’occiput et


l ’atlas, entre l'occiput et les temporaux.
il peut, soit effectuer une norm alisation fonctionnelle en plaçant les
différents éléments dans le sens de leurs déséquilibres et attendre
un retour, soit réaliser un pompage.
UNE LIBÉRATION DE LA BASE CRANIENNE DEVRAIT ÊTRE RÉALI­
SÉE CHEZ TOUT LE MONDE (voir « Le B.A.-BA du crânien », p. 83,
« La Thérapie cranio-sacrée chez l ’enfant », p. 108 pour les
rem arques et les précautions à prendre).

— 85 —
b) Les normalisations de la charnière occipito-cervicale avec le
crâne
Le sujet est en décubitus ; l ’opérateur est assis à la tête, sur le
côté du patient. Il place la main caudale sous l’occiput débordant
sur l ’atlas et l’axis, la main céphalique sur le frontal.
Après une phase d ’« écoute », il laisse la base crânienne et le
frontal s ’équilibrer l’un par rapport à l'autre.

Normalisation de la charnière occipito-cervicale avec le crâne

Remarques :
— les membranes dure-mériennes et la faux du cerveau s ’insè­
rent largement sur le frontal, constituant un lien im portant entre
l’occiput et la sphère crânienne antérieure. Certains problèmes
peuvent récidiver si l’opérateur ne s’est pas assuré d ’une bonne
harmonie entre ces deux pôles ;
— rappelons la nécessité de réaliser si nécessaire, une norm ali­
sation occipito-temporale et une normalisation occipito-pariétale.
c) La normalisation de la charnière occipito-cervicale avec la
mandibule
La mandibule tient une place à part au niveau crânien ; de
nombreux patients ont un problème d’occlusion et tous les fascias
reliant les m axillaires inférieurs à la colonne cervicale supérieure
doivent être normalisés.
Le sujet est en décubitus ; l’opérateur est assis à la tête, place une
main sous l’occiput débordant un peu sur la charnière cranio-cer-
vicale. L’autre main épouse confortablement le menton du sujet.
Après une phase d ’« écoute », il laisse la normalisation s ’installer.

Normalisation de la charnière occipito-cervicale avec la mandibule


Remarques :
— cette approche constitue une excellente méthode pour norm ali­
ser les deux articulations temporo-mandibulaires ;
— les sujets apprécient beaucoup cette normalisation leur procu­
rant une grande détente.

— 86 —
d) L'équilibration de l'o ccip u t avec le sternum et le sacrum NOTES
Ces trois éléments sont prépondérants dans le mécanisme respi­
ratoire prim aire. Le synchronisme de leurs « mouvements » est
indispensable (voir « Le B.A.-BA du crânien », p. 79, 80, 81).

Equilibration sterno-occipitale

— 87 —
3. La rééducation myo-fasciale

Cette phase ne devrait jam ais être oubliée par le thérapeute


manuel. Les lésions anciennes sont inscrites profondément dans
le schéma proprioceptif d’un individu et si aucune RÉÉDUCATION
n’est faite, LA MÉMOIRE DES TISSUS RECRÉE LA LÉSION.
L’existence de muscles courts spécifiques à cette charnière, rend
cette démarche encore plus nécessaire.
Nous apprécions particulièrem ent UN TRAVAIL ACTIF CONTRE
RÉSISTANCE DANS DE MICRO-AMPLITUDES, AVEC PRISE DE
CONSCIENCE DU PATIENT.
Cette phase peut également se rvir de normalisation. Nous la
réalisons sujet en décubitus, assis ou debout.
L’opérateur se place derrière le patient et après lui avoir expliqué
le protocole lui demande des micromouvements dans le sens le
plus libre tout d’abord, en opposant une légère résistance.
IL N’EST PAS NÉCESSAIRE D’EFFECTUER DE GRANDES AMPLI­
TUDES. L’AMORCE DU MOUVEMENT EST SUFFISANTE. LA RE­
CHERCHE DES MOUVEMENTS MINEURS PERMET LA LIBÉRATION
ARTICULAIRE.
Dans un deuxième temps, l’opérateur sollicite les mouvements
dans le sens le plus restreint en opposant toujours une très légère
résistance et en sollicitant une participation consciente du sujet.
Il procède ainsi à la libération de l’interligne C0-C1, puis C1-C2. Ce
principe peut être appliqué à tous les niveaux. Nous pouvons
également solliciter des mouvements plus globaux, intéressant
alors des fascias et des muscles plus longs comme les sterno-
cleido-mastoïdiens, le trapèze, etc.
C O N C L U S IO N

L ’Holisme décrit l ’interdépendance des différentes régions du


corps. De la sorte chaque organe, chaque articulation, chaque
élément est important, affectant l ’ensemble.
L a charnière occipito-cervicale occupe cependant une place
privilégiée dans les échanges entre la région céphalique et le
reste de l ’organisme ainsi que dans le positionnement de la tête.
Dans de nombreux cas, la normalisation des déséquilibres
présents suffit à améliorer considérablement un individu et sa
posture.
BIBLIOGRAPHIE

R. BECKER
1958 : Whiplash injuries
A.A.O. Year Book, p. 65.

A. BOUCHET, J. CUILLERET
1971 : Anatomie topographique
VILLEURBANNE - SIMEP éd.

BRIZON-CASTAING
1953 : Feuillets d ’anatomie
PARIS-MALOINE éd.

H. GRAY
1974 : Gray’s Anatomy
PHILADELPHIA - RUNNING PRESS.

HERMANN et CIER
1975 : Précis de physiologie
PARIS - MASSON et Cie éd.

ITSUO TSUDA
1973 : Le Non-Faire
Le Courrier du livre.

JACQUEMART et PIEDALLU
1964 : Le torticolis congénital est-il simplement un torticolis
obstétrical ?
Le Concours médical n° 36 - Septembre.

KAPANDJI
1972 : Physiologie articulaire. Fase. III. Tronc et rachis
PARIS-MALOINE éd.

KORR
1973 : The facilitated segment : a factor in injury to the body
framework
Osteopathic annals I : 10-12, 17-18.

MAGOUN
1976 : Whiplash greater lesion complex
A.A.O. Year Book, p. 89.

MAGOUN
1966 : Osteopathy in the cranial field
Kirksville journal printing co.

ROUVIÈRE
1974 : Anatomie humaine
PARIS - MASSON et Cie éd.

R. ROY, CAMILLE, J.-Y. DE LA CAFFINIÈRE, G. SAILLANT


1973 : Traumatismes du rachis cervical supérieur C1-C2
PARIS - MASSON et Cie éd.

J. RUDE, E. STOFFT
1989 : Le degré de mouvement de l ’articulation atlanto-occipitale
Ann. kinésithér. t. 16, n°* 1-2, p. 9-14.
PARIS - MASSON et Cie éd.
Du même auteur :

L’Odyssée de l’iliaque

Le B.A.-BA du crânien

La Thérapie cranio-sacrée chez l’enfant


Société de Presse et d ’Édition
de la K inésithérapie

S.A.R.L. de presse au capital de


50 000 F - R.C. 74 B 7395

La Maison des Kinésithérapeutes


24, rue des Petits-Hôtels
75010 PARIS
Tél. 16(1)42.46.80.07

ARTS GRAPHIQUES 89
dép. imp. l’YR
8-12, avenue Jean-Moulin
89000 AUXERRE
Tél. 86.49.52.25
Dépôt légal n° 5021 - 3* trim estre 1989
N ° d’im pression 9307-124
3" tirage

Vous aimerez peut-être aussi