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Lula, le retour ?
En cette année 2018, le peuple du Brésil vit des journées d'une grande intensité : manifs
pour la défense des droits des retraités, contre l'installation des couvres-feux militaires dans
les quartiers populaires, mais aussi la tournée d'une caravane très spéciale, à la faveur d'un
candidat que les sondages situent comme probable vainqueur. Problème : fin janvier, un
tribunal l'a condamné à 12 ans de prison pour "corruption passive et blanchiment d'argent"
dans des travaux pour son appartement. Sa défense, ainsi que de nombreux spécialistes en
droit considèrent au contraire que "l'absence de preuves" contre Lula atteste plutôt de la
mauvaise foi de ses accusateurs qui seraient "juges et parties" et soucieux de leurs propres
intérêts en tant que membres de la classe dominante.
Le rôle providentiel de super-juges médiatisés, tels que Sergio Moro, relèverait d'une
extraordinaire vocation et d'un attachement particulier à la lutte contre la corruption. En
même temps, le hasard voudrait aussi que le Brésil soit devenu l'un des alliés les plus
proches du Département de Justice des Etats-Unis dans la lutte contre ce fléau, à travers une
série d'accords et des échanges "presque quotidiens". (1) On sait ce que la "coopération
internationale" USA a donné par le passé. L'ingérence dans la vie politique brésilienne
ferait-elle partie d'un nouveau plan pour rétablir sa domination initiée par la doctrine
Monroe au XIX siècle ?
Refusant de baisser les bras, convaincus qu'"il n'y a pas de possibilité en dehors de la lutte",
Lula et sa caravane parcourent le pays à la rencontre du peuple qui le soutient plus que
jamais, tout en faisant passer le message : "Eleiçao sem Lula é fraude". Ainsi, Lula fait
valoir sa popularité pour dénoncer la mise en route d'une "barbarie judiciaire" contre lui, et
annoncer qu'il est prêt à "devenir prisonnier politique". En effet, les tenants de cette
véritable guerre multiforme, qui instrumentalisent la justice à des fins politiques, ont peut-
être oublié les humbles origines de la nouvelle génération de leaders qui ont transformé
l'Amérique Latine en à peine une dizaine d'années.
Pour savoir comment on en est arrivé là, il faut se souvenir du contexte qui a précédé la
destitution de Dilma Roussef, qui a succédé à Lula à la tête du Brésil. Dans la foulée de
l'affaire Lava Jato, les médias ont fabriqué de toutes pièces une faute juridique pour ensuite
remplacer la présidence de Dilma par celle du putschiste Temer. Des manifestants en étaient
arrivés même à demander une intervention étrangère "Intervençao ja!", pour en découdre
avec le règne du PT.
Lula se retrouve dans des situations similaires, mise à part la différence d’époque, à celles
rencontrées par Getúlio Vargas tout au long de sa trajectoire. Lula a lui-même reconsidéré
son regard historique sur Vargas et reconnait maintenant, l’importance du rôle du président
qui a fondé l’État Social et transformé le Brésil, « pas plus qu’une ferme à café », en un
pays industrialisé avec des taux de croissance de 12%. La similarité est frappante puisque
Vargas a été lui aussi victime d’agression par les mêmes rapaces qui se lancent maintenant
sur Lula.
À chaque moment historique, à chaque dilemme, à chaque carrefour, nous avons eu des
attitudes différentes. Vargas a réagi à la fraude de l’oligarchie de São Paulo dans l’élection
de 1930, en convoquant l’unité civique et militaire qui s’est transformée dans un
mouvement capable de renverser le gouvernement fraudeur et responsable du maintien du
Brésil sous le statut de colonie, incapable de surmonter l’héritage de l’esclavage. C’est
seulement après la Révolution de 30 qui amène Vargas au siège présidentiel du palais de
Catete avec un large soutien populaire, que la communauté noire commence à sentir de
facto l’abolition de l’esclavage en conquérant des droits dans le domaine du travail et de la
citoyenneté. Sont aussi mis en place le vote secret et le vote des femmes, ce qui provoque
l’exaltation de la France par le biais des intellectuels anti-Vargas (la France n’accordera le
droit de vote aux femmes qu’après la Seconde Guerre).
Comme avec Lula, qui est aujourd’hui la cible d’une opération sophistiquée de démolition
d’image, avec Vargas il y a eu aussi l’imposition d’une fausse histoire qui a cherché à
transformer le président réformateur en voyou. En prenant certains choix politiques
judicieux, Lula devient la cible de la même oligarchie dont Vargas fut victime. Dans une
perspective historique, Lula mène son action dans le sens de la politique adoptée à l’époque
de Vargas, surtout au moyen de la valorisation du rôle de l’État et des entreprises publiques,
en parallèle avec des politiques sociales inclusives.
La bonne décision prise par Lula d’emmener sa « Caravane Sud » jusqu’à la tombe de
Getúlio Vargas à São Borja, où on peut aussi trouver les tombes d’autres grandes figures
brésiliennes comme João Goulart aussi appelé Jango (dernier président brésilien de gauche
avant le coup militaire de 1964) et Leonel Brizola (gouverneur de l’État de RS, en exil après
le coup de 1964 et fondateur du Parti Démocratique Travailliste en 1979), est un message
symbolique puissant et révélateur du besoin indispensable d’une grande unité populaire, afin
de contrer la menace d’un pouvoir impérial externe et de ses partenaires oligarchiques
internes contre le peuple brésilien.
Le message de Lula est aussi dirigé à la Centrale Unique des Travailleurs (CUT), qui a traité
indûment d’inspiration fasciste le Code du Travail et l’Impôt Syndical dont l’extinction
aujourd’hui, selon les syndicalistes eux-mêmes, pourrait entraîner une perte de recettes de
70% du total perçues par la Centrale, mettant en risque un nombre innombrable de
syndicats. L’article titré « Régression Historique » récemment écrit par la valeureuse
députée Benedita Silva et publié dans le journal « O Globo », reconnaît l’importance du
Code du Travail et indirectement de l’Impôt Syndical. Bizarrement aucune référence à
Vargas n’y est mentionnée. Pour tout dire, comment est-ce qu’on peut débattre l’utilité de
ces outils si le mouvement syndical n’était même pas à la hauteur d’impulser une grève
générale vigoureuse contre la réforme de 2017 du Code du Travail (CLT).
Même si les membres et sympathisants du PT (Parti des Travailleurs) ont été hostiles au
courant politique de Vargas, faisant parfois l’usage d’une histoire imposée par ceux qui ont
amené Vargas au suicide, le « coup » porté contre Dilma Roussef en 2016, met Lula et
Vargas dans la même lignée de l’Histoire.
Les réactions des uns et des autres face aux défis historiques sont pourtant très différentes.
En 1932 Vargas a réagi avec les armes contre un coup armé organisé par l’oligarchie de São
Paulo baptisé de façon frauduleuse par « Révolution Constitutionnelle » soutenue par
l’impérialisme anglais, au moment même où Vargas faisait un audit de la dette extérieure.
Vargas, à la suite de l’audit, a courageusement suspendu le paiement de la dette dont les
principaux créanciers étaient les anglais. C’est étonnant aujourd’hui, de voir encore des
sympathisants du PT surtout à São Paulo, qui exaltent la supposée révolution, alors que Lula
l’a définie publiquement comme étant une contre-révolution. Dilma Roussef de son côté a
choisi de réagir au coup d’une autre façon, sans convoquer le peuple, sans utiliser les
moyens légitimes de l’État, et même sans se bagarrer via les médias. Tandis que Dilma n’a
pu résister à la fraude qui l’a renversée, Vargas a quant à lui résisté à la fraude de 1930
profitant des conditions historiques pour battre politiquement la fraude et ses
commanditaires.
En 1954, se rendant compte du coup d’état qui était déjà en marche, lorsque des avions
survolaient le palais de Catete, Vargas a donné sa vie pour défendre les acquis du peuple. Un
tir de révolver au cœur a pu maintenir intacts le Code du Travail, l’entreprise minière Vale
do Rio Doce, la banque de développement BNDES, la Petrobras et même l’Eletrobras dont
le projet de création a été signé par Vargas cette année-là, déclarant sourire aux lèvres, qu’il
venait de signer sa propre condamnation à mort. Ce tir résonne encore jusqu’à présent dans
le cœur du peuple brésilien et a permis à Vargas de désigner son héritier politique, Juscelino
Kubistchek (JK), en retardant le coup d’État de 10 ans.
En 1961, lorsqu’à nouveau un autre coup était ourdi, Brizola le gouverneur de RS a suivi la
ligne de la résistance avec le courage qui l’a caractérisé toute sa vie. Il a créé le mouvement
de résistance Réseaux de la Légalité, distribué des armes au peuple et convoqué comme en
1930, l’unité civique et militaire en défense de la Constitution. Il a aussi fait un usage
intelligent de la radio - quelque chose qui n’a pas été envisagée par les gouvernements du
PT - mobilisant les consciences partout dans le pays. Le coup a été à nouveau vaincu.
Ce que les gouvernements Vargas, Jango, Lula et Dilma révèlent, est qu’à toute et chaque
transformation sociale en faveur du peuple travailleur, des barrières sont imposées par
l’impérialisme et l’oligarchie. Ces barrières peuvent être prévues, affrontées, vaincues, ou
alors dangereusement négligées. Quand on ne prépare pas le peuple à la défense du cours
démocratique sans l’utilisation indispensable d’une communication populaire et sans une
résistance organisée, tout est voué à l’échec et conduit à la défaite, comme en 1964 et 2016.
Toutefois, sauf quelques déclarations audacieuses de Lula qui révise ses critiques et
reconnait la valeur de Getúlio Vargas, mais aussi des réflexions émises par le philosophe
Emir Sader et notre cher professeur Marco Aurélio Garcia (PT) sur la ligne historique
qu’unifie le PT et les idéaux de développement national et travailliste, le débat est souvent
boycotté à l’intérieur du parti. Mais voici que l’Histoire, une fois de plus, place Lula dans
les mêmes circonstances que Vargas. Et Lula place correctement la tombe de Vargas sur le
trajet de la « Caravane Sud » comme moyen de promouvoir le débat spontané.
La bravoure de Minas
Je crois que cela vaut la peine de citer des exemples originaires de l’état de Minas Gerais
(abrégé dans le texte par Minas): JK, alors gouverneur de Minas, a proposé à Vargas le 3
août 1954, le transfert de la capitale nationale de Rio de Janeiro à Belo Horizonte (la
capitale de Minas), situé dans la zone d’haute montagne des Alterosas permettant ainsi de
mieux résister au coup qui se dessinait. Vargas a refusé, en sachant le risque qu’il encourait.
Minas c’est un pays de braves à l’origine de la figure historique majeure et grand héros du
Brésil anti-colonial du XVIIIème « le Tiradentes », de plus en plus cité par Lula. En 1932,
pendant la guerre civile, Minas a pris les armes contre le coup des oligarques de São Paulo
dont JK, le célèbre politicien Tancredo Neves et le grand musicien populaire Gonzagão « o
Lua » à l’époque clairon du 12ème régiment de Belo Horizonte.
Après, dans l’année de 1999, le gouverneur de Minas Itamar Franco, en mobilisant les
troupes de la Police Militaire, a fait reculer le président brésilien de l’époque Fernando
Henrique Cardoso dans la prétendue privatisation du barrage de Furnas. Par contre, l’actuel
gouverneur PT de Minas, à l’inverse de la bravoure de JK et Itamar, n’as même pas bougé le
petit doigt contre la privatisation de la Cemig (Compagnie d’Énergie de Minas Gerais) et
s’est soumis muet et embarrassé au marché. Et plus encore, il propose lui-même, la
privatisation d’autres entreprises d’État à Minas. Ce n’est pas par hasard que le
« putschisme » n’a pas épargné JK et d’après le livre « L’assassinat de JK par la dictature »,
le sinistre perpétré a eu lieu en 1976 sur la Via Dutra (l’autoroute qui relie Rio de Janeiro à
São Paulo) et a empêché la rencontre qui aurait été emblématique entre l’ex-président et le
président Ernesto Geisel (4ème président de la République du régime militaire et général de
l’armée brésilienne). Cette rencontre aurait pu changer le cap politique du pays car le
général Geisel appliquait, même sous condition d’arbitre, certaines mesures qui ont
prolongé, en quelque sorte, l’ère Vargas. Quelques mois après, c’était Jango qui revenait de
l’exil mais à l’intérieur d’un cercueil. Tancredo Neves est quant à lui décédé en 1985 dans
des circonstances peu claires, la veille de sa prise de fonctions en tant que président élu de la
République. Lui, qui le 24 août 1954 avait proposé à Vargas de résister, armes à la main et
avait convoqué le peuple et les militaires de Vila Militar (quartier de casernes en banlieue
de Rio). Le « putschisme » qui a agi contre Vargas, JK, Jango et Brizola se focalise
maintenant sur Lula.
En 2013 les signaux annonçant un coup d’état étaient évidents, surtout après les soi-disant
« journées de lutte », clairement financées par l’extérieur et massifiées par les médias
« putschistes ». Le désaccord entre Lula et Dilma a empêché à l’ex-métallurgiste son retour
en 2014 à la présidence, avec sa probable élection, en vue de sa solide popularité. Du coup,
hors de la présidence, il a été la cible d’une opération de démolition systématique de son
image, combinée à son procès judiciaire toujours condamnatoire et conduit par un juge
ayant des liens robustes avec les pouvoirs externes. Le fait d’avoir Lula hors la présidence a
été un avantage offert au « putschisme » et il n’y avait aucune raison majeure pour qu’il n’y
retourne pas. Rafael Correa subit aussi la même odyssée et paie cher le prix par
inadvertance, de ne pas se maintenir à la tête d’un processus transformateur pour lequel il
avait une majorité de presque 70% à l’Assemblée Nationale. Par contre Evo Morales ne se
laisse pas tromper dans le concept-piège d’alternance de pouvoir, ce que fait Poutine, tout à
fait conscient de son rôle dans l’échiquier mondial. Ils se préparent tous les deux à leur
quatrième élection, toujours par le suffrage universel.
Nous ne connaissons pas l’issue de la crise actuelle, bien que Lula ait déclaré pendant la
crise du scandale Mensalão, qu’il ne se suiciderait pas comme Vargas, qu’il ne renoncerait
pas non plus comme le président Jânio da Silva Quadros en 1961 et qu’il ne fuirait pas le
pays comme Jango. Il a dit à l’époque, qu’il convoquerait le peuple pour une marche visant
à défendre son mandat issu du vote populaire.
À la fin de l’année 2012, Manolo Pichardo a participé à une réunion sinistre dans une suite
d’hôtel à Atlanta, aux États-Unis. Certains partis latino-américains de centre ou présidents
de droite y ont discuté de la façon de balayer leurs adversaires progressistes de la carte. En
fin de compte, aurait déclaré l’un des présents, Luis Alberto Lacalle, ancien président
uruguayen, “nous ne pouvons pas vaincre ces communistes à travers le processus électoral”.
La présence de Pichardo y était étrange : invité à Atlanta par un ancien ami du Guatemala,
Vinicio Cerezo, le responsable actuel de la Conférence permanente des partis politiques
d’Amérique latine (Copppal). En effet, Pichardo appartient au Parti de la Libération
Dominicaine de gauche. Vainqueur lors des quatre dernières élections, le LDP a conduit le
petit pays de 10 millions d’habitants au sommet de la croissance économique des Amériques
en 2017, selon l’improbable Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
Pour rappel, le fondateur du PLD, Juan Bosch, était un ami du Cubain Fidel Castro et est
arrivé au pouvoir dans les années 1960. Sept mois plus tard, il a été destitué par un coup
d’État militaire parrainé par les États-Unis et (surprise !) a été soutenu plus tard par le Brésil
dans le premier acte de politique étrangère de la dictature militaire installée en 1964.
Manolo Pichardo: Bien sûr que oui. Toutes les persécutions déclenchées contre lui font
partie de la ruse qui cherche à le disqualifier de son retour à la présidence du Brésil et à
reprendre l'application de politiques publiques qui favorisent la majorité. C'est parce que les
oligarchies brésiliennes et la région ne conçoivent pas que la richesse générée soit distribuée
avec des niveaux plus élevés de justice.
C'est qu'ils ne se rendent pas compte que dans un processus de distribution démocratique du
revenu, la consommation augmente et ils ont plus de possibilités de faire des affaires. Et ils
ne s’en rendent pas compte parce qu'ils sont habitués à accumuler des richesses basées sur
l'exploitation de grandes majorités.
Le Brésil est la plus grande économie d'Amérique latine et est devenue l'une des plus
grandes au monde. C'est le plus grand pays de la région en taille et en population. Ceci,
évidemment, lui a donné le poids politique qui lui a permis d'influencer le reste des pays
latino-américains, phénomène qui a sans aucun doute augmenté pendant la présidence de
Lula, qui, en retirant plus de 40 millions de personnes de la pauvreté et en en incorporant 16
millions sur le marché du travail est devenu une référence obligatoire. Cela fait de lui, selon
les intérêts des secteurs conservateurs, un exemple indésirable.
Le dernier en date a été Jorge Glas (vice-président de l'Equateur récemment condamné pour
corruption et démis de ses fonctions), victime d'une variante du "Plan" qui semble avoir été
perfectionné et stylisé dans la mesure où les gens perçoivent ce qui se passe et ont réponses
données pour rejeter la méthode initiale.
Dilma était un exemple réussi de ce plan. Le président Lugo aussi, non seulement à cause du
coup d'Etat parlementaire qui l'a sorti du pouvoir, mais aussi à cause de la décision du
tribunal qui l'a disqualifié de l'inscription à une nouvelle candidature.
Nous pourrions dire que dans le cas de l'ancien vice-président de l'Uruguay qui a
démissionné en septembre, Raúl Sendic, la main du «plan» aurait pu être là, peut-être avec
l'intention de déstabiliser le gouvernement Frente Amplio. Je n'ai aucune preuve, mais de
nombreux cas semblent répondre à un modèle similaire.
Les forces politiques qui opèrent dans le réseau de cette conspiration sont celles qui ont
traditionnellement servi de support aux groupes conservateurs liés aux forces étrangères qui
s'expriment dans les gouvernements et les multinationales. Ce sont des forces de notre
région qui servent de pions à des intérêts étrangers aux nôtres, aux Latino-Américains.
Les oligarchies d'Amérique latine ne bougent pas du doigt sans autorisation ou direction des
Etats-Unis. Ce pays, depuis qu'il a émergé en tant que puissance, a évincé les forces
européennes et a transformé la région en jardin privé. Mais cela changeait à mesure que les
partis progressistes prenaient des gouvernements et arrêtaient la politique d'expropriation
que les conquérants européens avaient inauguré après 1493.
Un tel niveau d'indépendance politique et économique n'était pas acceptable pour les
Etatsuniens. L'examen des contrats des compagnies pétrolières et minières est un exemple
clair du retour des gouvernements des partis progressistes aux affaires dans la
région...Alors, les États-Unis ont dû conspirer pour revenir à l'expropriation.
Vous avez indiqué quelques variantes du « plan » dans votre récent livre La Gauche
démocratique en Amérique latine. Quelles sont-elles ?
Dans certains arts martiaux, on vous apprend à vaincre l'ennemi avec vos propres forces. Je
pense que l'une des variantes du "plan" était basée sur cette technique. Après la victoire
électorale du progressisme, ils ont décidé de prendre le pouvoir en recourant au recrutement
des militants de ces forces. Le récent processus électoral en Équateur semble confirmer cette
variante, qui avait déjà été exprimée lors de l'élection du Secrétaire général de l'OEA (Luis
Almagro). Ce dernier a accompagné la mise en place des gouvernements progressistes,
puisqu'il a été ministre des Relations extérieures de Pepe Mujica (Uruguay), et, après avoir
assumé son poste, a déclaré la guerre aux forces progressistes de la région.
Temer, le président brésilien de facto, est arrivé à la vice-présidence dans un binôme dirigé
par Dilma et le PT. Il a été coopté pour mener la conspiration qui a pris le pouvoir. La
division peut être une autre de ces variables. Je pense que nous devrions prêter attention au
cas de l'Argentine et à sa dernière élection, que le péronisme (Mouvement national
justicialiste Argentin) a perdu.
Comment l'expliquez-vous?
Ont participé deux candidats péronistes, Daniel Scioli, qui a remporté le premier tour avec
36%, et Sergio Massa, qui a eu 21% des voix. Des suffrages suffisants pour la victoire du
péronisme. La division a causé la défaite. Je me demande si ce n'était que le produit des
luttes internes du péronisme ou si une main étrange du «plan d'Atlanta» avait à voir avec
cela.
Je ne sais pas, mais sans vouloir paraître parano, je n'exclus rien. Nous devrions peut-être
attendre les documents déclassifiés de la CIA dans environ 50 ans pour résoudre ce
problème. Maintenant, ce que je crois, c'est que nous devrions prêter attention à une variante
possible du "plan" sur la base de la division des forces progressistes.
Qu'est-ce que les victimes du «plan» auraient pu faire pour se défendre ou réagir ?
Pourquoi le "plan" semble-t-il victorieux ?
J'ai l'impression que les forces progressistes sont disjointes, malgré les efforts de Copppal et
du Forum de São Paulo pour définir des politiques communes qui nous conduisent à
affronter avec succès les défis et les menaces que nous vivons et prévoyons. Beaucoup de
choses auraient pu être engagées pour faire face au «plan» à partir des particularités de
chaque pays.
Que devraient faire les gouvernements progressistes pour éviter d'être victimes de ce
type d'action ?
D'abord, être attentifs, jamais mal préparés. Deuxièmement, ne pas perdre le contact avec
les gens, car si vous restez en contact quotidiennement, au moment de la menace et dans
l'appel au soutien populaire, il y a une réponse. Il n'y a pas de formule pour faire face au «
plan », chaque situation détermine la réponse.
Vous avez parlé du "Plan d’Atlanta" dans un article de journal en mars 2016. Depuis,
y a-t-il eu des réactions à votre histoire ?
Au début, aucune, jusqu'à ce que les faits attirent l'attention sur l'histoire. Puis j'ai
commencé à m'intéresser à ce qui s'est passé ce jour-là à Atlanta. La chose malheureuse est
que, sachant ce qui était traité là-bas, et depuis le moment où cela s'est passé, rien n'a été
fait.
Je pense qu'une stratégie de démantèlement du Plan aurait pu être articulée. Il y avait du
temps. Maintenant, nous souffrons de lourdes pressions sur l'institution démocratique de la
région. C'est une peine. Mais j'espère que nos peuples ne resteront pas calmes avant le
démantèlement de leurs conquêtes et le retour possible de la perte de notre souveraineté.
Des prostituées avaient été engagées, par des employés d’Oxfam, pour participer à des
moments de débauche, dans des logements et des hôtels, payés avec l’argent de l’Ong, selon
un rapport d’enquête interne datant de 2011, et remis le 19 février au gouvernement haïtien,
avec des excuses à l’endroit de la population.
Il est vrai que la prostitution existe depuis la nuit des temps et partout, mais cette dernière ne
saurait être perçue comme un rapport d’égal à égal. Dans la prostitution, il y a toujours un
dominant et un dominé. Surtout dans le contexte historique et culturel haïtien.
En fait, il faut beaucoup plus pointer du doigt la manière dont les ONGs s’insèrent dans
notre réalité, leur niveau de respect ou non de l’éthique de l’humanitaire ou du
développement, que leur présence elle-même.
Ce qu’on critique, c’est que trop souvent la pratique de certaines Ong s’aligne sur les
mécanismes de domination du Nord sur le Sud, fait abstraction du contexte socio-culturel
local et ignore l’expérience et les compétences locales, comme on l’a vu avec beaucoup plus
d’emphase au lendemain du séisme en Haïti. Le résultat a été catastrophique.
Depuis quelque temps, le respect de l’égalité entre hommes et femmes est devenu un
baromètre de bonnes pratiques au niveau de l’action de la plupart des Ong. On évalue la
place des femmes au niveau de la hiérarchie institutionnelle, leur niveau de participation
dans la mise en oeuvre des projets et le bénéfice qu’elles tirent des programmes réalisés.
Force est de reconnaître que la démarche est limitée et même cosmétique si elle ne promeut
pas ou n’impose pas une éthique des relations humaines égalitaires et justes, basée sur des
normes dont le respect peut être vérifié à tout instant et dont la violation entraine des
conséquences.
Suite à la révélation des abus sexuels des employés d’Oxfam en Haïti en 2010, la déception
et l’indignation sont d’autant plus grandes que les rapports, plaidoyers et programmes
d’Oxfam faisaient autorité. Il faut se rappeler l’accompagnement fourni à des campagnes,
comme celles sur la souveraineté alimentaire, le trafic des armes légères, la question des
mines, qui sont des problématiques cruciales en Haïti.
Oxfam aura fort à faire pour rétablir sa crédibilité et assurer que les employés qui agissent
sous son label sont ceux et celles qui respectent la philosophie institutionnelle. Ceci exige,
bien entendu, une capacité à sanctionner les dérives, qui est loin d’être - on s’en rend
compte maintenant - celle que nous avons constatée après le séisme de 2010 en Haïti.
22 février 2018
Source: Alterpresse
Venezuela : les raisons pour lesquelles la MUD
ne se présente pas aux élections présidentielles
Cet ensemble de conditions, présentées comme faisant partie d’un document « établi et
approuvé à l’unanimité » par les chanceliers et les médiateurs en République
Dominicaine, a servi de de prétexte à l’opposition pour ne pas participer aux élections.
En imposant de nouvelles prérogatives et en soustrayant des points pourtant acquis, la
MUD pose un acte de propagande politique et cherche à effacer les dégâts qu’elle a
causés parmi ses partisans par la campagne de méfiance qu’elle a menée envers l’entité
électorale. Cette campagne s’est soldée par un taux très bas d’intentions de vote parmi
les opposants et a démontré l’absence d’un dirigeant solide qui puisse donner confiance.
Pour les opposants, introduire un changement des règles du jeu est très important pour
modifier le taux d’intentions de vote. En janvier de cette année, Eugenio Martínez,
analyste électoral de l’opposition, a diffusé les résultats de l’institut de sondages Datincorp
: alors que 86,6% de ceux qui se disent chavistes sont « totalement décidés à aller voter »
aux présidentielles, à peine 46% de ceux qui se disent opposants déclarent être décidés à
voter.
Les conditions :
La MUD qualifie à présent les élections prévues le 22 avril de « prématurées » alors qu’il y
a quelques semaines, le dialogue étant considéré en « pause indéfinie » selon les termes
du président dominicain Danilo Medina, la MUD avait déjà décidé avec le Gouvernement
que les élections auraient lieu le 22 avril. Le 21 février, elle informe qu’elle mise sur des
élections au second semestre de cette année.
Une autre revendication que la MUD tente d’imposer pour participer aux élections est le
renouvellement de la direction du Conseil National Electoral (CNE) afin de le rendre « plus
équilibré. » Cette proposition avait été acceptée en République Dominicaine par le
Gouvernement mais pas par la MUD.
Et encore :
L’invitation de missions d’observation internationales avant, pendant et après le vote : un
autre point approuvé par le Gouvernement.
Le vote des Vénézuéliens à l’étranger : Sans donner de précisions sur la façon de faire, la
direction de la MUD demande que les Vénézuéliens à l’étranger puissent effectivement
voter. En réalité, ceux qui sont en situation régulière dans le pays où ils se trouvent et qui
ont fait le changement sur les Listes Electorales Permanentes dans les ambassades ou
dans les consulats peuvent voter conformément à l’article 124 de la Loi Organique des
Processus Electoraux. La MUD suggère sans doute de ne pas appliquer la loi pour
permettre le vote de beaucoup de ses partisans qui ont émigré et ne remplissent pas les
conditions pour voter.
Le même accès des médias publics et privés aux bureaux de vote. Ce n’est pas une
condition qui va inciter à voter mais a servi dans e passé pour que prolifèrent les
explosions dans des bureaux de vote, ce qui a servi à construire l’idée de la « fraude
électorale » qui pèse énormément sur les intentions de vote de l’opposition.
La révocation de l’inéligibilité de partis et de dirigeants politiques. Cela ne vise personne
en particulier mais, en ce qui concerne les partis politiques, Primero Justicia a dû
récemment renouveler son inscription au Conseil National Electoral et n’a pas réussi à
avoir les signatures nécessaires.
Les audits techniques du processus : Ce n’est une nouveauté ni pour les électeurs
vénézuéliens ni pour la MUD puisque, selon les règles électorales, il y a 14 contrôles
avant, pendant et après les élections. La MUD a validé tous les processus de contrôle aux
élections de ces dernières années, même à celle des gouverneurs du 15 octobre dernier.
Quel est le sens des conditions posées par la MUD ?
En termes strictement d’élections, la nomination d’une nouvelle direction du CNE serait
très importante si les nouvelles autorités décidaient de changer la méthode de vote et de
changer totalement le système, par exemple pour passer du système automatisé actuel
(qualifié par le Conseil des Experts Electoraux d’Amérique Latine (CEELA) de l’un des
plus transparents du monde) à un système manuel. Si même en changeant les autorités
électorales le système actuel reste en vigueur, le changement de direction est sans
importance.
Malgré son refus tranchant, la MUD semble laisser une porte ouverte à sa participation à
condition que toutes (ou certaines de) ses conditions soient satisfaites.
En fait, les conditions qu’elle pose semblent être destinées à restaurer son image
politique. Elles ne sont pas en relation directe avec les conditions des élections sur le
terrain mais semblent destinées à montrer qu’elle a réussi à « tordre le bras » au
chavisme bien que celui-ci ait confirmé son consentement à des demandes déjà
acceptées en République Dominicaine.
Mais elle veut que ces concessions semblent avoir été obtenues par la lutte (médias,
pression étrangère, porte-paroles politiques) et non par le dialogue. De cette façon, elle
cherche à rétablir le lien avec ses partisans car la plupart d’entre eux considèrent que la
MUD s’est soumise au chavisme uniquement parce qu’elle a fait ce que les hommes
politiques doivent faire : discuter.
En définitive, l’opposition peut être imprévisible car c’est une instance pseudo-politique qui
n’a pas de ligne de conduite propre mais qui est dirigée par des instances étrangères qui
cherchent à fabriquer une situation de discrédit pour ouvrir la voie à un blocus financier et
économique plus important du Venezuela.
Source : Bolivar Infos, relecture par le Journal de Notre Amérique
Rencontre de solidarité des organisations
populaires vénézuéliennes avec le mouvement
communard de l’État de Lara
Lors de l’échange de données d’expérience ont été signalées des iniatives prises par
différents réseaux solidaires de distribution, comme « Pueblo a pueblo », « Alpargata
Solidaria » ou « SACO » (Système de Production et d’Approvisionnement Communal),
réalisations visant à exclure les intermédiaires et les spéculateurs en apportant directement
la production du champ aux consommateurs, qui à leur tour peuvent intégrer leurs propres
biens et services dans cet échange. La soirée du samedi s’est terminée par la présentation de
diverses cultures populaires, dont Amaranta Pérez accompagnée d’une chorale de garçons et
de filles qui ont participé à cette activité en montant la mise en scène en un temps record.
Des groupes de danses locales se sont également produits, dont certains au son du
Tamunangue et d’autres rythmes de tambour, racontant aux public le passé d’esclavage de
l’homme et de la femme noirs et leur lutte pour s’en libérer. Le merengue paysan et le hip
hop ont aussi résonné sur le podium, exprimant toute la diversité du mouvement populaire
chaviste.
Soutien au Président Nicolas Maduro aux prochaines élections
La journée de dimanche a clôturé la Rencontre de Solidarité par une manifestation qui a
parcouru le village de Sarare jusqu’à la place Bolivar où les portes-paroles des différentes
organisations ont pris la parole pour présenter leurs bilans et prévisions, ainsi que leurs
conceptions novatrices de l’avenir sur le plan organisationnel et celui des élections. Les
différents portes-paroles ont réaffirmé leur soutien au Président Nicolas Maduro aux
prochaines élections présidentielles du 22 avril, en soulignant que son leadership incarne
l’unité du chavisme face à l’offensive nordaméricaine qui ne reconnait pas l’institutionnalité
vénézuélienne et insiste sur sa théorie d’état en faillitte pour justifier une intervention
politique, économique, diplomatique sans exclure une intervention militaire dans l’objectif
de désarticuler et d’éliminer la Révolution Bolivarienne.
Les Partis « Patrie pour Tous » (PPT) et le Parti Communiste du Venezuela (PCV), dont les
principaux représentants se sont récemment réunis avec le Président Maduro, ont également
réaffirmé leur soutien à sa candidature non sans avoir auparavant demandé que soient
résolus des cas comme ceux d’Angel Prado à Simon Planas (Etat de Lara) et Regulo Reina à
Libertador (Etat de Monagas), qui ont été élus maires lors des dernières élections du 10
décembre dernier, alors que leConseil National Electoral (CNE) a proclamé maires d’autres
candidats du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) dans ces localités.
Lors du meeting de clôture, Angel Prado a réaffirmé la nécessité d’instituer Simon Planas
comme District Moteur du Développement Agroindustriel, proposition qui avait été faite par
le Commandant Chavez lors d’une de ses visites à la Caruciena, et durant laquelle il avait
demandé au peuple de s’organiser en Commune, le gouvernement lui garantissant les
ressources nécessaire ; cette action aurait permis de proclamer la souveraine alimentaire de
cette région du Lara pour au moins 15 produits alimentaires.
Lien : « Déclaration de la Rencontre de Solidarité avec le Mouvement Communal de Simon
Planas« .
JC/Alba Tv/2018
Traduction : Frédérique Buhl
Source : Alba Tv
Le “Standing Rock” mexicain ?
Consultations autochtones
Dans le cadre de la nouvelle approche juridique du Mexique en matière d'énergie,
les permis de projets de pipelines exigent des consultations avec les peuples
autochtones vivant le long du tracé des pipelines. (En outre, le Mexique a soutenu
l'adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples
autochtones, qui inclut le principe de « consentement préalable, libre et éclairé »
des peuples autochtones à l'égard des projets les affectant. Principe qui fait
également débat au Canada actuellement).
Le pipeline Agua Prieta, dont il est prévu qu’il traverse la rivière Yaqui, a reçu le
feu vert de sept des huit communautés tribales Yaqui. Mais les Yaquis basés à
Loma de Bácum se sont opposés à ce que le pipeline traverse leur territoire, allant
même jusqu'à sectionner un tronçon de huit mètres construit sur leurs terres.
« Les Yaquis de Loma de Bácum affirment que les autorités communautaires leur
ont demandé en 2015 s'ils étaient d’accord pour qu’un tronçon de 15 km du
pipeline traverse leurs terres agricoles, et ils ont dit non. Malgré cela, la
construction s’est poursuivie », a rapporté Bloomberg dans un article de décembre
2017. « Le projet fait désormais face à un flou juridique. Ienova, l'unité de Sempra
qui exploite le pipeline, attend une décision judiciaire qui pourrait l’autoriser à
intervenir et à réparer le gazoduc ou exiger un réacheminement plus coûteux. »
Alors que le litige judiciaire est devant la Cour Suprême de Justice du Mexique, les
désaccords sur le gazoduc et sa construction à Loma de Bácum ont déchiré la
communauté et ont même conduit à des faits de violence, selon Cimacnoticias.
« Ils ont rapporté que des voitures avaient été brûlées et que des bagarres avaient
fini en homicide. Sur recommandation des autorités Yaquis de la ville de Bácum,
certaines femmes de la communauté ont dû rester dans des endroits qu'elles
jugeaient sûrs à cause de menaces qu’elles avaient reçues suite à leur opposition de
signer le permis collectif de construction du pipeline. »
Si la TransCanada, basée à Alberta, est plus connue pour son oléoduc canado-
américain – le Keystone XL – et sa bataille menée des années durant pour
construire ce pipeline de sables bitumineux, elle a également été confrontée à des
problèmes de permis au Mexique pour ses projets de gazoduc entre les États-Unis
et le Mexique.
Aux États-Unis, le processus de consultation tribale est régi par la section 106 du
National Historic Preservation Act. Cette loi a donné à la Tribu Sioux de Standing
Rock le droit de poursuivre en justice les agences gouvernementales des États-
Unis, poursuites finalement vaines, puisque les violations alléguées par la tribu
avaient eu lieu pendant le processus intergouvernemental de délivrance du
permis.
Schumpeterien avant de devenir Jupiter, Emmanuel Macron s’empressa très tôt de décerner
le label oxymore aux acteurs russo-canadiens de la méga-industrie minière à la manoeuvre
en Guyane française :
« nous sommes ici face à un projet qui se veut exemplaire et que je veux exemplaire »
déclarait en août 2015, au pied de la Montagne d’or, le ministre de l’économie. » Nous
allons tout faire pour qu’un projet de cette envergure puisse voir le jour ici. »
Colombus Gold, assure alors Macron, « est l’un des fers de lance de la mine responsable ».
Normales louanges : Jacques Attali, le mentor d’Emmanuel Macron, a siégé au comité
consultatif de la Colombus Gold, partenaire, dans l’éventration de la ceinture de roches
vertes du bouclier guyanais, de Nordgold du magnat russe Alexeï Mordachov. Depuis mars
2017, Nordgold contrôle 55,01% du projet Montagne d’or.
Sans surprise, avant de quitter la Guyane le 27 octobre dernier, Emmanuel Macron a renouvelé
son soutien au gigantesque projet minier.
Composé de huit concessions minières couvrant une superficie de 190 km2 , le projet
aurifère Paul Isnard (désigné désormais par l’appellation Montagne d’or) prévoit
d’extraire « 6,7 tonnes » d’or par an pendant douze ans », soit une valeur estimée à plus de 3
milliards d’euros. »Chez Nordgold, nous avons toujours pensé grand » souligne le site du
groupe implanté dans cinq autres pays : Burkina Faso, Guinée, Russie, Kazakhstan et Canada.
Cyanure, explosifs, pollution, métaux lourds, précarité, déchets miniers, risques sanitaires,
coûts gigantesques sur fonds publics : le collectif citoyen Or de question qui regroupe plus
d’une centaine d’ONG locales et nationales, ne cesse de mettre en évidence toutes les raisons
de s’opposer au projet « Montagne d’or » et à la méga-industrie minière en Guyane.
La question est bien de savoir ce que nous avons à faire, ici, maintenant,
pour « préserver une nature dans laquelle il y aura encore du Sapiens ».
N° 34, année 4, Mars 2018
Rédacteur en chef :
Alex Anfruns
Remerciements:
Par Jean Pandolfi-Crozier, Alba TV, Bolivar Infos,
Alter Presse, RED-H
Traducteurs :
Aurélie Filiâtre, Chris Mashini, Paulo Correia
Correcteurs :
Rémi Gromelle, Benoît Bourcey,
Elisabeth Beague
Directeur de la publication:
Michel Collon