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Durant ces dernières années, la question du système éducatif et de l’enseignement général et de

l’enseignement supérieur a occupé le devant de la scène politique et a fait l’objet de polémiques et


de controverses aussi diverses que variées. Le paysage de l’enseignement en supérieur est en
effervescence ; les réformes se sont succédé sans pour autant venir à bout de la crise qui sévit dans
ce secteur.
Dans son discours, adressé à la nation le 20 Aout 2013, sa Majesté le Roi Mohamed 6 a dévoilé
l’état catastrophique de notre système éducatif qui n’a pas su s’adapter aux besoins de la nation.
L’enseignement est le secteur clef de tout progrès économique et social. Il concerne toutes les
couches sociales, toutes les composantes de la nation, tous les intervenants (Etat, secteur public et
privé, partis politiques, syndicats, parents, enseignants….). Ces intervenants doivent être conscients
que leurs actions ne doivent en aucun cas être basées sur des éléments démagogiques et
politiciens, comme le souligne sa Majesté dans son discours. Le système de l’enseignement doit
être considéré comme un projet sociétal, global et cohérent. L’objectif étant de former le citoyen de
demain pour agir sur l’évolution de la nation en préparant des projets et des chantiers futurs afin
de réaliser la croissance, le développement et la prospérité sociale. Les sociétés ne se développent
et n’évoluent que par l’importance qu’elles donnent à leur système éducatif considéré comme
l’épine dorsale de tout progrès.

Le défi est donc lancé, la voie est tracée. Une réforme de notre système de l’enseignement est
devenue cruciale et urgente. Elle doit se faire sur des bases claires, logiques et loin des agissements
des partis politiques avec leurs idéologies partisanes et démagogiques. Elle doit prendre en compte
que le Maroc est un pays qui a choisi sa voie depuis l’indépendance : son intégration dans l’économie
mondiale. C’est un choix qui doit marquer la nouvelle réforme. Finis les principes qui ne
correspondent plus au 21ème siècle à savoir, entre autres, l’arabisation (qui n’a fait que reculer la
qualité de notre formation comme l’a bien souligné sa Majesté dans son discours). Cette réforme doit
prendre en compte toutes les étapes de la formation et tous les cycles de l’enseignement avec une
définition claire des objectifs et des méthodes d’application et surtout d’évaluation et de remédiation.
Mettons-nous d’accord sur le fait qu’un système d’enseignement est un choix socio-éducatif et socio-
économique avant d’être un choix éducatif. La base de notre système étant le pacte national de
l’éducation et de la formation qui visait le côté quantitatif mais beaucoup plus le côté qualitatif afin
d’élever la qualité de la formation de toutes les classes sociales. Plusieurs années après la rédaction
de ce fameux pacte, les résultats ne sont que trop décevants.
Selon les rapports des organisations internationales qui financent les réformes de notre pays et les
rapports du conseil supérieur de l’enseignement, au niveau de l’indicateur des ressources humaines,
le Maroc est classé dans les derniers rangs (127ème place sur 177 et la 11ème place parmi 14 pays
arabes) sachant que les budgets alloués à l’enseignement s’élèvent à 28% du budget de l’Etat.
Comparativement avec un pays concurrent qui est la Tunisie, le budget alloué à l’enseignement n’est
que de 20%, son taux d’alphabétisation est de 70% alors que celui du Maroc n’est que de 60%.

Pour être honnête, nous devons distinguer entre les problèmes de l’enseignement général et les
problèmes de l’enseignement supérieur. Le triste constat de notre système n’est que le résultat des
problèmes du premier type d’enseignement (primaire, collège et lycée comme on va l’expliquer ci-
après). Les conséquences de ces problèmes impactent le système d’enseignement supérieur. Pour
pouvoir redresser le supérieur, nous devons résoudre les problématiques posées par l’enseignement
général. Une fois cette problématique réglée, le niveau des élèves relevé et la qualité de la formation
de nos bacheliers redressée, la continuité dans le supérieur se fera d’elle-même avec quelques
modifications dans l’organisation et la gestion des structures universitaires.

Nous pouvons expliquer la problématique de l’enseignement général par la diversification des


systèmes éducatifs en fonction des différents cycles de l’enseignement. Ces systèmes sont totalement
contradictoires en passant d’un cycle à un autre. Il n’y a aucune continuité dans les programmes entre
les différents niveaux de formation. Nous retenons deux grands axes explicatifs :
1) La diversification des systèmes éducatifs : le système éducatif est composé de l’enseignement
général (primaire, collège et lycée), l’enseignement supérieur et entre eux, la formation
professionnelle. Nous parlons aussi d’un secteur public et un secteur privé, ce qui complique encore
les choses. Trois ministères différents, chacun d’eux a un calendrier propre, des objectifs différents. A
l’échelle régionale, nous avons une université, une académie, des délégations, des centres de
formation professionnelle, ce qui pose le problème de la prise de décisions souvent contradictoires et
des responsabilités. Les résultats ne peuvent pas être concluants. En effet, à la fin du processus de
formation, on se trouve face à une inadéquation de cette formation avec les besoins du marché.
2) Le choix des différentes stratégies politiques de l’enseignement adoptées depuis l’indépendance
n’était pas efficace dans la mesures où, ces politiques ont été biaisées par l’improvisation et les
changements en fonction de l’appartenance politique des différents gouvernements ……….Ces
stratégies n’ont jamais correspondu ni aux problématiques posées ni à la réalité du monde avec
lequel nous vivons (sauf durant la période de la marocanisation pour former en masse des cadres
pour subvenir aux besoins de l’économie marocaine après le départ des cadres français). Le résultat
de ces stratégies a marqué négativement le niveau et la qualité de notre enseignement. La
remédiation à ces problèmes nécessite une réforme radicale de notre système d’enseignement. Nous
proposons l’analyse de cinq grandes problématiques du système éducatif marocain actuel. Les
solutions que nous proposerons doivent être intégrées dans une réforme radicale et globale.

La complexité des problématiques de notre système rend la réforme encore plus complexe et plus
difficile. Seule une volonté politique à haut niveau peut imposer cette réforme (sa Majesté l’a montré
dans son discours du 20 Aout 2013 et a tracé les contours de cette réforme).

Nous avons pensé analyser cinq problématiques que nous considérons étroitement liées les unes aux
autres. Les solutions que nous proposerons sont globales et obligatoires pour remédier aux failles de
notre système éducatif :
1) Le double système pédagogique (conséquence directe de l’arabisation) adopté par le Maroc dans
les années 70 (pour des raisons politiques) est basé sur la séparation entre l’enseignement général
allant du primaire jusqu’au lycée et l’enseignement supérieur. La connaissance est véhiculée dans le
premier type d’enseignement par la langue arabe alors que le second continuera de fonctionner avec
le français. Les conséquences de cette dichotomie sont catastrophiques à tous les niveaux. Plusieurs
distorsions sont été observées en particulier l’impossibilité de suivre l’enseignement du supérieur par
les bacheliers, sauf pour une petite catégorie d’entre eux ou ceux qui ont fait des écoles privées. Les
analyses et les statistiques officielles dénotent que 30% des inscrits en 1ère année des facultés
abandonnent au bout de trois mois et 50% quittent les études à la fin de l’année, peu, parmi eux,
finissent leurs études.
Nous pensons qu’il est temps de trouver une solution à ce problème et permettre à nos élèves d’avoir
une continuité entre les différents cycles de notre système d’enseignement. Peu importe la langue qui
sera choisie, cela doit se faire sans complexe et sans démagogie et loin des politiques politiciennes
des partis politiques marocains. Les gouvernements Français et Marocain viennent de signer un
accord pour l’ouverture dès septembre 2013 des branches du baccalauréat international. C’est un
premier pas vers une solution au problème du système éducatif marocain.
Si la solution de revenir à un système bilingue est très facile, il n’en demeure pas moins que son
application et sa réussite restent très difficile à matérialiser. Nos enseignants sont-ils capables de se
recycler ?
2) Le système d’évaluation adopté intègre les notes du contrôle continu dans la moyenne du
baccalauréat. Ce système a accouché d’un phénomène social mal saint (avoir des notes élevées par
n’importe quel moyen, par la triche, par la corruption, par les cours particuliers assurés par les
professeurs du même lycée. Ces cours sont devenus un phénomène social avec tous les maux au
niveau de la moralité et des finances pour les familles). Ce système d’évaluation a eu un impact
négatif sur la qualité et la valeur de notre formation. Ce système d’évaluation a nui à la qualité de
notre éducation, à la crédibilité de notre baccalauréat, et enfin à la responsabilité de notre corps
éducatif. La conséquence de ce système est que la plus grande partie de ceux qui réussissent au bac
ont des notes quatre fois moins que la note du contrôle continu. Quel serait alors leur niveau à la
faculté ? Vont-ils pouvoir suivre correctement une formation universitaire ? je ne le pense pas
(expliqué dans la 1ère problématique). Personnellement, je pense qu’il faut revenir à l’ancien système
du baccalauréat avec un examen certificatif (sans prendre en compte les notes du contrôle continu),
mais qui permet d’évaluer les candidats sur des acquis définis en fonction de la spécialité de la
branche qu’il va suivre au supérieur. La spécialisation au niveau de l’examen du baccalauréat, nous
pousse à soulever la 3ème problématique.
3) L’une des failles du système d’enseignement au Maroc, la constance « programmes et contenus »
qui sont dépassés et qui ne correspondent plus aux nécessités du monde moderne dans lequel nous
vivons et auquel nous sommes attaché économiquement et avec qui beaucoup d’intérêts sont en jeu.
Les programmes enseignés dans l’école marocaine n’ont été conçus que sur des bases démagogiques
et politiques en négligeant les éléments socio-économiques mondialisés, seuls permettant à nos
apprenants d’évoluer avec le monde. Nos programmes donnent plus d’importance au côté quantitatif
qu’au côté qualitatif, au côté apprentissage par cœur qu’à l’assimilation et au raisonnement logique. .
Certaines matières enseignées dans certains niveaux comme le lycée n’ont aucun intérêt pour les
candidats des branches scientifiques.
L’erreur est que ces programmes sont conçus par les responsables du ministère et sous leur contrôle.
Leur orientation est politique et administrative, alors qu’elle devrait être professionnelle et
indépendante en relation étroite avec des centres de recherche spécialisés. Une réforme et une
restructuration des programmes est une condition de la réforme du système d’enseignement qui doit
se faire dans les plus brefs délais et selon des étapes définies à l’avance. Cette réforme doit être
définie selon une stratégie à long terme. Il n’est plus question de rafistolage ou de bricolage. Il y va de
l’avenir des futures générations.
4) La quatrième défaillance de notre système éducatif est l’évaluation et l’orientation. L’évaluation
permet de mesurer le degré d’assimilation des connaissances alors que l’orientation définit les
possibilités d’un élève à poursuivre des études en fonction d’un certain nombre de critères et
d’indicateurs. Nos systèmes d’évaluation sont biaisés par des contraintes de carte scolaire pour ne
pas dire la connivence entre les parents et certains enseignants sans conscience. Que peut-on
attendre d’un système d’évaluation qui permet à des élèves de passer à des niveaux supérieurs avec
des moyennes de 7/20 ou 8/20 et être orientés vers des branches scientifiques avec des 5/20 en
maths et en physique ? Que peut-on attendre d’un système d’évaluation qui permet aux parents de
demander de changer l’orientation de leur enfant d’une branche littéraire à une branche
scientifique ? Et enfin, Que peut-on attendre d’un système d’évaluation qui fait passer les élèves
d’une classe d’un niveau à un autre pour laisser la place à ceux qui vont venir pour régler le problème
de la généralisation. L’évaluation doit se faire selon le mérite. L’égalité des chances, ce n’est pas de
permettre à tout le monde d’arriver mais de permettre d’arriver à ceux qui le méritent et ceux qui
excellent. Tout le monde doit a le droit d’être au départ, mais tout le monde ne peut pas arriver en
même temps et à la même position. Le pays n’a pas besoin que de docteurs et d’ingénieurs, le pays a
besoin aussi de techniciens, de professionnels dans différents métiers aussi nobles et aussi important
que les métiers de bureau. Il faut donc revoir cette vision qu’ont nos familles et nos jeunes en voulant
faire médecine ou des classes prépas alors qu’ils n’ont ni la motivation ni les capacités intellectuelles
pour y réussir. L’orientation doit se faire par les conseils de classe avec les professeurs qui doivent
évaluer le niveau des élèves en toute âme et conscience et d’une manière objective. Il n’est plus
question de changer l’orientation une fois faite par les conseils de classe. Les élèves doivent orientés
selon leurs aptitudes, leurs possibilités intellectuelles et surtout vers les branches où ils ont le plus de
chances de réussir sans difficultés.
5) La cinquième problématique est encore plus complexe que les quatre premières. Elle concerne la
question des ressources humaines. Deux catégories de personnes peuvent réussir ou échouer un
système d’enseignement : les enseignants et les administrateurs des différentes structures
éducatives. Les deux catégories sont aussi importante l’une que l’autre. Aucune ne peut prévaloir être
supérieure à l’autre, la défaillance de l’une entraine automatiquement la défaillance de l’autre.
Malheureusement, aujourd’hui, le Maroc ne dispose pas de ces catégories pour le remplacement de
celles qui existent. Disposer d’enseignants ayant les compétences requises pour pouvoir diffuser la
connaissance et éduquer les futures générations, veut dire que notre université dispose de moyens
infrastructurels et pédagogiques pour former ce type de profil. Or, ce n’est pas le cas et ce n’est pas la
faute de l’université. Ceux qui intègrent nos universités, soit ils n’ont pas les prérequis nécessaires
pour pouvoir réussir, soit ils ont été mal orientés. Le plus grand danger du système éducatif marocain
vient de son incapacité de former suffisamment en quantité et en qualité, des enseignants motivés,
compétents et maitrisant leur spécialités. Depuis plusieurs années, l’Etat ne recrute plus sur la base
de compétences et de motivation comme il le faisait auparavant. Ceux qui choisissent d’intégrer la
fonction publique en tant qu’enseignants le font par nécessité et non vocation, par amour de ce
noble métier. D’ailleurs on a observé que le ministère de l’éducation nationale a eu recours (depuis
plusieurs années) à des recrutements directs en embauchant des enseignants qui ont rejoint des
classes sans qualification et sans formation pédagogique. Imaginez le niveau de leurs élèves !
Les enseignants qui doivent prendre en charge la formation et l’éducation de nos enfants doivent être
sélectionnés selon leurs compétences, selon leur moralité, selon leur éducation et selon leur
motivation et amour au métier d’enseignant. Ils doivent être formés dans des centres de formation
par des spécialités confirmés dans les méthodologies les plus performantes. Ces enseignants doivent
continuellement en formation continues pour pouvoir suivre les nouveautés du monde de
l’éducation.

L’autre volet de cette cinquième problématique est celui qui concerne l’administration et la gestion
des écoles et des lycées qui sont recrutés selon un système basé sur l’accumulation de points (notes
des inspecteurs et nombre d’années). Ceux qui ont la chance d’être choisis pour cette mission sont
généralement fatigués par l’âge, épuisés par les classes et n’aspirent qu’au repos. Il faut former des
jeunes cadres administratifs et gestionnaires pour les établissements scolaires.

Les problématiques étant définies, il n’est donc plus question de continuer cette politique de
l’autruche et de ne pas reconnaitre que ce secteur, vital pour le développement de notre pays, vit un
réel problème. S'il est des secteurs qui exigent beaucoup d’attention et de sérieux dans la vie d'une
nation, celui de l'enseignement occupe la place privilégiée. Ce secteur doit nécessairement mériter
l'attention de l'Etat avec toutes ses composantes. Les raisons sont claires et évidentes.
L'enseignement est le seul moyen pour former et préparer les générations qui devront prendre la
relève en matière des responsabilités; la moindre négligence à ce niveau ne pourrait que conduire à
une catastrophe sociale que je qualifierais de « séisme social » dont l’onde de choc est à redouter car
il sera certainement dévastateur.
Plusieurs scénarios peuvent être envisagés pour résoudre ces problématiques. Nous reviendrons,
dans un prochain article pour les définir et déterminer les conditions de leur réalisation. Si le Maroc
réussit à relever ce défi dans l’enseignement général, le problème de l’université ne se posera plus.

A ce propos, il faut dire que les universités sont identifiées et considérées comme des éléments-clefs
de la croissance des états. S’inspirant étroitement du modèle américain, la plupart des pays du
monde investissent maintenant dans le développement et la valorisation de leurs universités.

En ce qui concerne l'Enseignement supérieur et universitaire au Maroc, il faut reconnaitre que de


grandes avancées ont été réalisées : des pôles universitaires et de recherche ont été mis en place et
des écoles supérieures ont ouvert leurs portes pour accueillir des étudiants dont les effectifs sont en
nette augmentation chaque année. Toutefois, beaucoup de problèmes subsistent. Le bilan présente
des données inquiétantes. Du manque de matériel didactique, à l'inadaptation des infrastructures, au
manque de cadres suffisamment outillés pédagogiquement et méthodologiquement en passant par
une explosion démographique dans les établissements publics. De plus, les lauréats des différentes
facultés publiques ne présentent pas toujours le profil recherché par les entreprises et le marché de
l’emploi. Bref, le tableau des réalisations n’est pas toujours enchanteur.
Nous pouvons relever, mais seulement à titre indicatif, quelques failles du système d’enseignement
supérieur :
1) Comme dans l’enseignement général, les programmes enseignés sont restés trop classiques avec
les mêmes contenus des années 80, à part quelques disciplines et spécialités nouvelles. On enseigne
dans les facultés des matières qui ne servent à rien dans la préparation des futurs cadres. Les
programmes doivent être conçus pour répondre aux besoins du tissu économique, ils doivent être
orientés vers les nouvelles technologies et surtout ils ne doivent pas être rigides pour pouvoir les
adapter à l’évolution de notre monde.
2) La généralisation et la gratuité dans l’enseignement supérieur n’est plus admise dans le contexte
actuel. Ne peuvent accéder à l’université que ceux qui ont les qualités requises pour bien réussir. Fini
les facultés à accès ouvert où les étudiants s’inscrivent pour passer le temps sans aucune volonté de
réussir et sans aucune motivation. Résultats, 4000 à 5000 étudiants en 1ère année avec un taux de
sortie ne dépassant pas 10 % dans certaines facultés comme le droit ou les lettres.
3) Si on arrive à régler le problème des facultés à accès ouvert, le problème des amphis pleins ne se
posera plus et on aura rétabli les conditions favorables pour assurer un bon enseignement orienté
vers l’excellence.
4) Le système pédagogique adopté dans nos universités (L.M.D) est parmi les meilleurs systèmes
pédagogiques du monde mais les conditions de travail (des groupes de 100 à 300 étudiants) ne
permettent pas d’assurer les résultats escomptés.
5) Depuis le départ volontaire de la plus grande partie des anciens professeurs qui ont acquis de
l’expérience, le jeune corps professoral n’a pas suffisamment de compétences pédagogiques pour
dominer les spécialités enseignées. Ceci est dû au court parcours doctoral. Un doctorat préparé en 3
années n’est pas suffisant pour former un bon chercheur et donc un bon professeur. Il faut donc
revoir le profil des professeurs pour ne pas tomber dans les mêmes problèmes de l’enseignement
général. Le cycle doctoral (qui est de 3 années actuellement), préparant les futures enseignants
chercheurs du supérieur doit être étalé sur une longue période. Ainsi, on pourra relever la qualité de
notre enseignement et relever le niveau de la recherche de nos universités qui est en chute libre. Le
dernier classement qualitatif du CISC, dans son rapport « Ranking Mundial de Universidades en la
web », les universités marocaines sont classées dans le dernier rang dans le monde arabe (l’Arabie
saoudite avec les premières places dans le monde Arabe).
6) Avec de bons professeurs, de bons chercheurs, l’université retrouvera sa place dans les rangs des
meilleures structures universitaires mondiales. Une université sans recherche ne mérite pas ce nom.
7) Le ministère de l’enseignement supérieur doit revoir sa vision et sa philosophie vis-à-vis du secteur
privé et le considérant comme partenaire et non comme concurrent. Un secteur privé qui fonctionne
bien ne peut être qu’un atout pour le pays. Les structures du privé qui ne respectent pas la
déontologie et les réglementations en vigueur doivent être sanctionnées. La coopération entre privé
et public est vivement souhaitée. Les accréditations octroyées sans équivalences avec les diplômes de
l’état n’ont aucune valeur. Le ministère doit trancher cette question une fois pour toute.

Pour pallier ces carences, le secteur privé, qui s’est développé rapidement ces dernières années, s’est
imposé avec la nette volonté de participer au développement économique du pays en formant des
profils performants répondant aux attentes et aux exigences des entreprises.

L’ouverture de l’enseignement supérieur au secteur privé national ou étranger était une solution
incontournable et un choix imposé par la conjoncture économico-politique aussi bien nationale
qu’internationale. Il fallait s’inscrire positivement dans le phénomène de la mondialisation et de la
globalisation et s’inspirer étroitement du modèle universitaire occidental en l’occurrence le modèle
anglo-saxon. Les règles et les lois régissant cette ouverture doivent être définies en concertation avec
les professionnels du secteur. Elles doivent être appliquées avec une priorité aux nationaux.
L'existence des Universités privées dans le paysage de l’enseignement supérieur pourra avoir des
conséquences bénéfiques pour le secteur. Elles contribueront à l’amélioration de la qualité de
l'Enseignement Supérieur et inciteront toutes les composantes du secteur à entrer dans une
dynamique de concurrence et d’émulation qui pourront sans aucun doute résoudre les problèmes
des effectifs, de la qualité de l’enseignement et du chômage des diplômés.

L’ouverture de l’enseignement supérieur au secteur privé doit se faire dans les règles de l’art. Elle doit
se faire suite à des cahiers de charges, dans le respect total de la loi et en conformité au cadre
juridique et à la législation en vigueur. Les autorisations et le contrôle doivent être chapeautés de
manière par l’administration de tutelle et l’Agence d’Evaluation qui doit être indépendante. Le
ministère de tutelle, fort d’une législation réglementant le secteur doit avoir une position claire dans
ce domaine. Il doit savoir trancher et ne laisser aucune place à la polémique. L’on sait tous que
l’ambigüité ne peut engendrer que confusion, désordre et incompréhension.
L’ouverture de l’enseignement supérieur aux universités privées nationales ou étrangères posera
certainement plusieurs types de problèmes qui peuvent être facilement contournés s’il y’a une
agence d’évaluation indépendante.
Un autre aspect à ne pas oublier est celui de l’évaluation pédagogique au sein des universités et des
écoles privées. Il est indéniable que pour le bon fonctionnement de ces établissements universitaires,
un système d’évaluation efficace ambitionnant la création de valeur et sous-tendu par un dispositif de
contrôle et de coordination infaillible, s’avère incontournable. Ainsi la problématique de
l'accréditation, de la reconnaissance et de l'équivalence des diplômes des écoles de l'enseignement
supérieur privé ne se posera plus avec la même acuité et ne sera plus qu’une simple formalité
administrative.
A l’école HEEC, nous sommes conscients de l’enjeu considérable que représente le système
d’évaluation pour la survie et le développement d’une grande Ecole. Un système d’évaluation
efficace, équitable, démocratique et scientifique ne peut que contribuer à une meilleure
compréhension des phénomènes de création et de répartition de la valeur, à une véritable égalité des
chances, à une démocratie sociale et à l’émergence d’un citoyen respectueux des valeurs de la
société et apte à participer activement au développement économique et humain du pays. Nous
avons pu consolider notre positionnement dans le paysage de l’enseignement supérieur. Nous avons
pu ancrer dans les esprits de nos étudiants de vrais valeurs et de vrais comportements universitaires.
Nos lauréats sont intégrés facilement dans le tissu économique et les plus grandes entreprises du
pays et de la région. Beaucoup d’entre eux occupent actuellement des postes de direction (après
seulement quelques années d’expérience). C’est là notre fierté.

Le dernier projet proposé il y a quelques mois par le CESE pour


remédier à ce problème est « la vision 2015-2030 ». L’objectif
primaire de cette nouvelle stratégie est d’asseoir une « école
nouvelle portée par trois grands fondements : l’équité et l’égalité des
chances, la qualité pour tous, et la promotion de l’individu et la
société». Le conseil propose plusieurs mesures de changement
pour dépasser les difficultés actuelles. Parmi ces mesures :
instaurer l’obligation de l’enseignement préscolaire et prévoir son
intégration progressive dans l’enseignement primaire, garantir le
droit à l’éducation et à la formation aux personnes aux besoins
spécifiques, généraliser un enseignement inclusif et solidaire pour
tous les enfants marocains, sans aucune discrimination… Elles
concernent aussi l’élargissement de l’offre de la formation
professionnelle en augmentant sa capacité d’accueil et en
renforçant sa présence dans les milieux ruraux, la création, dès le
collège, de parcours professionnels qui débouchent sur le
baccalauréat professionnel, et le renouvellement des formations et
leur diversification pour les adapter régulièrement à l’évolution des
métiers.

D’autres mesures sont prévues, notamment au niveau du rythme


scolaire, du système de l’évaluation et des examens, etc.

La maîtrise des langues fait également partie de cette vision. Ainsi,


le Conseil considère que les langues représentent un levier principal
de la qualité de l’éducation, et recommande «une nouvelle
architecture linguistique fondée sur le plurilinguisme et l’alternance
des langues». Trois langues seront enseignées durant le préscolaire
et le primaire à savoir l’arabe comme langue principale, l’amazigh
comme langue de communication, et le français comme langue
d’ouverture. L’anglais sera introduit au collège. Cette offre
plurilingue devrait résoudre le problème que pose le passage d’une
langue d’enseignement à une autre, notamment entre
l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur.
En effet, les étudiants en supérieur ont souvent du mal à suivre les
cours qui sont, dans la majorité du temps, dispensés en français,
alors que l’enseignement élémentaire lui est très arabisé. Cette
initiative permettra aux bacheliers de maitriser les langues et
poursuivre leurs études académiques quelle que soit la langue
d’enseignement.

AL

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