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II.

Introduction aux fluides non newtoniens

Rappels sur les fluides newtoniens

On a obtenu par la TPI linéaire le tenseur des contraintes visqueuses :

# ∂ ui ∂ u j &
τ = 2µD = µ ( ∇u + ∇ u) t
ou τ ij = µ % + (

$ j x ∂ xi '
m est indépendante du gradient de vitesse

Exemples Huile d’olive :10-1 air : 10-5


glycérine :1,5 eau : 10-3
Miel : 10 sel fondu : 10-3
(m en Pa.s) polymères fondus: 103 mercure : 1,5 10-3
bitume :108 plomb fondu : 2,3 10-3
verre(?) :1040
Notations : le tenseur des taux de déformation est défini en rhéologie par :
∂ ui ∂ u j ⇒ → → ⇒ ⇒
γij = + ou γ = ∇ t u + ∇ u , soit : γ = 2 D
∂ x j ∂ xi

On écrit : τij = µ γij

Vx = sy γ ij = sδ xy τ xy = sµ
y x
On a : τ xx = τ yy = τ zz = 0
II.1 Fluides newtoniens généralisés :

Loi de comportement “non-linéaire” : τij = Fij ( γ kl )


isotropie :
τij = µ ( I , II , III ) γ ij +...

Avec I, II, III, invariants de γ I = γ ii II = γ ij γ ji III = γ ij γ jk γ ki

Fluides incompressibles : γ ii = 0
L’invariant III correspond à des effets d’ordre supérieur difficiles
à observer

Une large classe de fluides peut être décrite par une loi du type:
1
τij = µ ( γ ) γ ij avec γ = ( γ ij γ ji )1/ 2 (taux de cisaillement)
2
Le concept de viscosité non-newtonienne s’avère très utile pour
calculer un grand nombre d’écoulements stationnaires de fluides
complexes. Le problème est de trouver la loi µ = µ ( γ )
- Loi de puissance (modèle d’Ostwald):

Ostwald (1925)  
µ (γ ) = mγ n−1

Les paramètres m et n dépendent du fluide et de la température

" T − T0 % T − T0
m = m0 exp $−A0 ' n = n0 + B0
# T0 & T0
Cas n<1: fluides rhéofluidifiants
n>1 : fluides rhéo-épaississants

Cette loi reste la plus uilisée dans les applications,


malgré de sérieux défauts :

1) quand γ tend vers 0, m tend vers l’infini !

2) phénomènes instationnaires : pas de constante de temps du matériau


- Modèle de Carreau :
µ − µ∞ 1
Carreau (1968) = 1− n
µ0 − µ∞
(1 + ( λγ ) 2 ) 2

µ 0 Viscosité à cisaillement nul

µ∞ Viscosité à cisaillement infini

λ Constante de temps du fluide

Marche bien pour la plupart des fluides rhéofluidifiants


dans les applications industrielles (si “pas trop instationnaire”...)

Exemple : polyéthylène µ 0 = 8920 Pa.s λ = 1,58 s

µ∞ =0 n = 0,5
Les lois de comportement précédentes concernent des fluides dont
les propriétés ne dépendent pas du temps d’application du cisaillement

Il existe d’autres fluides, à comportement plus complexe, mais toujours


indépendant du temps :

II.2 Fluides visco-plastiques:

Certains fluides doivent être soumis à une contrainte minimum non nulle
avant de se déformer : ce sont les matériaux à seuil, ou visco-plastiques
τ xy

“bouchon”
τ0 (coeur solide)
γ
Remarque : l’existence d’un seuil est une question d’échelle de temps

Cas des fluides chargés en solides en suspension : boues de forage,


pâtes,dentifrice...etc...
- Modèle de Bingham τ xy
τ xy = τ 0B + µ B γ xy si τ xy > τ 0B
mB
γ xy = 0 si τ xy < τ 0B τ 0B

C’est un modèle à deux paramètres :


γ
τ 0B (seuil plastique) et mB (viscosité plastique) Très utilisé !

- Modèle de Casson

( τ xy )1/ 2 = ( τ C
0 )1/ 2
+ ( µ 
γ
C xy )1/ 2 si τ xy > τ C
0

γ xy = 0 si τ xy < τ C
0
- Modèle de Herschel-Bulkley

Il est obtenu en combinant un modèle d’Ostwald


et un modèle à seuil :

τ xy = τ 0H + m( γ xy ) n si τ xy > τ 0H

γ xy = 0 si τ xy < τ 0H

C’est un bon modèle pour corréler empiriquement des données


expérimentales (ne contient pas beaucoup de physique, cependant...)
II.3 Fluides thixotropes

Un matériau est appelé thixotrope quand sa viscosité apparente


décroit avec le temps sous un cisaillement constant
(dépend du temps d’application de la déformation)

τ xy
τ xy
γ
50 s-1

10 s-1
1 s-1
γ
temps
Boucle d’hystérésis

Peintures, boues, argiles.... Description complexe...


II.4 Fluides viscoélastiques linéaires

Beaucoup de fluides possèdent un (ou plusieurs) temps caractéristiques


internes associés à des mécanismes de relaxation moléculaire
(réarrangement de chaînes polymèriques par exemple). Leur comportement
dépend du temps caractéristiques des sollicitations macroscopiques.

t fluide
On définit le nombre de Deborah : De =
técoulement

De → 0 Cas des fluides newtoniens

De → ∞ Cas des solides élastiques

t fluide Typiquement, pour des milieux viscoélastiques, de 10-3 à 103 s

“les montagnes s’écoulaient devant le seigneur”


La Bible, livre de Deborah
- Modèle de Maxwell (1867)

⇒ ⇒ ⇒ Il introduit un temps de relaxation


τ + λ τ = µ 0 γ moléculaire non nul

Analogie mécanique :

ressort amortisseur
t=Gg τ = µγ
élasticité viscosité
∂Vi ∂V j
Remarque : γ ij = + Tenseur gradient des taux de déformation
∂x j ∂xi
t
∂ξi ∂ξ j
γ ij = +
∂x j ∂xi ∫
= γ ij dt ' Tenseur gradient des déplacements
0
C’est le modèle le plus simple de fluide à comportement viscoélastique

 ∂q
Analogie avec la conduction de la chaleur : q + α = − k∇T Maxwell-Cataneo
∂t
t t −t '
⇒ µ0 − ⇒
Après intégration de l’équ. diff. on obtient :
t −t '
τ =
∫−∞ λ
. e λ γ (t ' )dt '
µ0 − λ
e est le module de relaxation
λ

On voit que la valeur de la contrainte à l’instant t dépend de


l’histoire de la déformation
t −t '

Matériau à mémoire “évanescente” e λ

Cas limites
On sollicite mécaniquement le fluide à une fréquence w. Si t * = ωt
⇒ t fluide

∂τ ⇒
τ + ωλ * = µ 0 γ et ωλ = = De
∂t técoulement
⇒ ⇒
ω→0 alors τ = µ γ fluide newtonien

∂ τ µ0 ⇒ ⇒ µ0 ⇒
ω→∞ alors = γ ⇒ τ = γ solide élastique
∂t λ λ
De manière générale, un modèle viscoélastique linéaire est de la forme:

⇒ t ⇒
τ =
∫ −∞
G (t − t ' ) γ (t ' )dt '

Plusieurs temps caractéristiques peuvent être associés aux divers


processus de réarrangements moléculaires (étirement, déroulage...)

Exemple : polymères

N temps de relaxation lk

N t −t '

Soit : µk
G (t − t ' ) = ∑
k =1
λk
e λk Modèle de Maxwell généralisé

Remarque : si G(t-t’)=md(t-t’) on retrouve le fluide newtonien


si G(t-t’)= G0, c’est le solide élastique
Autres modèles de visco-élasticité linéaire :
Le modèle de Maxwell est trop simple pour représenter correctement
le comportement de fluides réels. Il existe un grand nombre de modèles plus
complets dans la littérature.

On impose comme contrainte supplémentaire le fait que les lois constitutives


soient objectives (indépendantes du référentiel de l’observateur)

→ ⇒ → →
Changement de référentiel : X' = Q(t)X + a (t)

⇒ ⇒ ⇒ ⇒ ⇒T
On a alors : D' = 2 γ! ' = Q(t)D Q (t)

Le principe d’objectivité (indifférence matérielle) impose alors :


⇒ ⇒ ⇒ ⇒ ⇒T ⇒ ⇒ ⇒T
τ ' = τ (Q(t)D Q (t)) = Q(t) τ Q (t)
Problème : on aimerait que la dérivée se transforme de la même manière, mais :

! τ QT + Qτ Q
τ! ' = Qτ!QT + Q !T
dτ ∂τ
Solution : remplacer la dérivée particulaire = + u.∇τ
dt ∂t
par une dérivée « objective » :
° d
Dérivée de Jaumann (repère co-rotationnel): τ= τ − Ω.τ + τ ..Ω
dt

Dérivée de Olroyd (Upper Convective) dans le repère qui


tourne et se déforme avec la particule fluide :

∂τ
τ= + u.∇τ − (τ.∇u + ∇ t u. τ)
∂t

∇ ∂τ ij % ∂u j ∂ui (
∂τ ij
τ ij = + uk − 'τ ik + τ kj *
∂t ∂xk & ∂xk ∂xk )
- Modèle UCM (Upper convected Maxwell) :

τ+ λ τ = 2µ 0 D est remplacé par : τ+ λ τ = 2µ 0 D

avantage : prédit la différence entre les contraintes normales (t11-t22)


responsable d’effets non newtoniens observés expérimentalement
(effet Weissenberg par exemple)

∇ ∇
- Modèle de Olroyd B : τ+ λ τ = 2µ(D + λ D)

Permet de retrouver la plupart des comportements viscoélastiques observés.


Mais limité aux faibles gradients (modèle linéaire)

A l’échelle moléculaire : modèle de molécules en « haltères » (Dumbell)


- Matériau de Kelvin-Voigt :

amortisseur
τ = E γ+ µγ ressort
E m

Correspond à un ressort et un amortisseur


en parallèle

σ0 $ − t'
E
Si à t=0 on applique une contrainte s0, le γ= &&1 − e µ ))
déplacement évolue selon : E % (
Si on la relâche à t1 : relaxation exponentielle vers un comportement de solide
élastique
Modèle simple pour le
fluage
II.5 Modèles non linéaires :

Lorsque les déformations et les taux de déformation sont grands


les lois précédentes ne s’appliquent plus. Il faut prendre en compte
les effets non-linéaires

Le plus simple :
f1 = f1 ( II )
Modèle de Reiner-Rivlin τ = f1 γ + f2 γ 2
f 2 = f 2 ( II )
Remplace les modèles de type Ostwald pour les forts taux de déformation.
Mais pas d’effets viscoélastique

Plus élaboré :
1 2 1

Criminale-Ericksen-Filbey τ = µ γ + ( ψ1 + ψ 2 ) γ − ψ1 γ
2 2

Il existe un grand nombre de modèles, adapté à des classes de matériaux


particuliers

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