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Notions- Répertoires d’action politique

Thème 2 : La participation politique

2- 2- Quels sont les répertoires de l’action politique


aujourd’hui ?

Activité 2 – La participation politique non conventionnelle

 Quelle participation politique aujourd’hui?

 La participation politique ne se limite pas au vote

Document 1 :

Source : Harris Interactive, La France s’engage, janvier 2016


Questions :
1. Les français participent-ils à la vie politique ?
2. Quels sont les variables qui influencent cette participation politique ?
Document 2 :
A:

Source : Céline Rouden , Les Français ont toujours un désir de politique, La Croix, 23/05/2016

B:

Source : Harris Interactive, La France s’engage, janvier 2016


Questions :
1. Classer les différentes formes de participation politique
Participation politique conventionnelle Participation politique non conventionnelle
Toutes les formes qui ont pour but de participer au processus Toutes les autres formes de participation
électoral de manière légale
Action collective Action individuelle

2. Quelles sont les modalités aujourd’hui dominantes ?

 Vers une individualisation des actions protestataires

- La contestation d’un encadrement par des organisations structurées: l’exemple de Nuit debout

Document 3
Lancée le 31 mars place de la République à Paris, l’opération "Nuit debout" est devenue un mouvement qui a essaimé
à travers la France. Depuis, chaque soir, les noctambules occupent l’espace public dans la lignée de l’occupation de la
Puerta del Sol à Madrid des "Indignés", de la place Syntagma à Athènes par la "Génération des 700 euros" ou des
actions du mouvement "Occupy" aux Etats-Unis.
Le mouvement est basé sur l’échange, la discussion, avec des assemblées générales citoyennes quotidiennes et une
organisation "horizontale" sans meneur mais structurée en pôles ("logistique", "actions", "communication"…) et
commissions ("convergence des luttes", "éducation populaire", "international", "cantine"…). "C’est une forme
moderne d’action politique, hors partis, hors syndicats, sans chef, sans programme, qui dit on discute entre citoyens de
ce qu’il faut faire", résume le sociologue Albert Ogien. (…)
L’opération, lancée le 31 mars pour prolonger la manifestation contre la loi El Khomri, a largement dépassé ce cadre
depuis. Elle dénonce pêle-mêle le tout-sécuritaire, le mal-logement etc. Un mouvement qui rassemble en fait tous les
mécontentements. "C’est un ras-le-bol général. Il y a une scission de plus en plus grande entre l’État et l’UE et les
citoyens", résume sur FTVI Marie, étudiante. "L’idée, c’est de faire naître une envie de protestation, de contestation
parmi les gens", décrypte le sociologue Albert Ogien.
Source : Alexandra Tauziac, "Nuit debout" : neuf choses que vous ne savez peut-être pas, Sud-Ouest ,13/04/2016
Questions :
1. Quelles étaient les revendications du mouvement Nuit Debout ?
2. Quelles sont leurs modalités d’actions ? A quelle forme de participation politique correspond ce mouvement ?
3. Comment ce mouvement est-il organisé ? Comment peut-on expliquer cette organisation particulière ?

- La consommation engagée

Document 4 :
ligues de consommateurs qui ont développé, à la fin du 19 e siècle, des premières tentatives de label social. (…)
Boycoot ou buycoot ? Les Français semblent davantage privilégier la deuxième action (Total n’a jamais été
boycotté !, Danone uniquement sur Internet…)
Sophie Dubuisson-Quellier : Le boycott est clairement dans la tradition américaine, c’est même l’un des modes
d’action qui a forgé l’identité citoyenne de la nation américaine (Tea Party de Boston en 1773). Pour les citoyens
américains, il s’agit pratiquement d’un réflexe qui traduit la capacité de chaque citoyen à s’ériger aussi bien contre
l’Etat que contre les intérêts organisés des firmes. En France, nous n’avons pas cette tradition. En revanche, les
produits ont toujours été dépositaires d’identités fortes (locales et patrimoniales notamment à travers les AOC par
exemple), ce qui a aussi permis de faire de l’acte de consommation une revendication militante ou identitaire. (…)
La consommation engagée est-elle destinée à soutenir une cause collective ou à répondre à une préoccupation
individuelle ? (ex : le cas du bio)
Sophie Dubuisson-Quellier : Encore une fois la consommation engagée est un répertoire d’actions, c’est-à-dire que
c’est une modalité d’action qui est proposée aux consommateurs pour s’engager dans un projet militant. Mais dans le
même temps, elle est mise en oeuvre bien souvent à partir des ressorts et équipements de l’action marchande (des
labels, des marques, des guides d’achat). Les consommateurs peuvent donc s’y inscrire dans des modalités très
différentes, certains sont très militants, d’autres pas du tout. Le bio a l’énorme avantage, pour ses promoteurs, de
pouvoir s’inscrire à la fois dans le projet collectif de l’agriculture biologique et dans des démarches individuelles,
voire individualistes.
Source : La consommation engagée : un répertoire d’actions, Entretien avec Sophie Dubuisson-Quellier, directrice de
recherche en sociologie au Centre de sociologie des organisations (CNRS-Sciences Po) , Revue des marques : numéro
77 - janvier 2012
Questions :
1. Comment définir la consommation engagée ? Quelles sont les 2 modalités de la consommation engagée ?
2. A quelle forme de participation politique correspond la consommation engagée ?

- La grève de la faim
Document 5 : Regardez le reportage du Monde : La grève de la faim est-elle un moyen efficace pour obtenir ce que
l'on veut ?
Questions:
1. En quoi la grève de la faim est-elle une forme de participation politique ? A quelle forme correspond-elle ?
2. Quelles sont les conditions pour qu’une grève de la faim réussie ?
3. Les grèves de la faim sont-elles un moyen efficace d’actions ?

 Une analyse théorique de la participation politique non conventionnelle : l’analyse de C.Tilly

 Définition de répertoire d’actions politiques

Document 6 :
Toute population a un répertoire limité d'actions collectives, c'est-à-dire de moyens d'agir en commun sur la base
d'intérêts partagés. Ainsi, la plupart des gens savent aujourd’hui comment participer à une campagne électorale, fonder
une association ou s’y affilier, mettre une pétition en circulation, manifester, faire la grève, tenir un meeting, créer un
réseau d’influence, etc. Ces différents moyens d'action composent un répertoire, un peu au sens où on l'entend
dans le théâtre et la musique, mais qui ressemble plus à celui de la commedia dell'arte ou du jazz qu'à celui
d'un ensemble classique. On en connaît plus ou moins bien les règles, qu'on adapte au but poursuivi. Le répertoire en
usage dicte l’action collective.
Source : C.Tilly, La France conteste, de 1600 à nos jours, Fayard, 1986
Questions :
1- Définissez action collective ?
2- Quelles sont les caractéristiques d’un répertoire d’actions collectives ?

Document 7:
Le concept de répertoire est bien simplificateur. Il crédite le conflit de régularité, d'ordre et de choix délibéré, là ou
l'on a souvent envie de ne voir que la colère. Ce modèle risque d'exclure la rage, l'ivresse, la spontanéité et le simple
plaisir de cogner sur la tête de l'ennemi. Il laisse peu de place aux variations de temps, de lieu, et de groupe social ; il
suggère des transitions nettes, rapides et complètes d'un ensemble restreint de moyens d'action à un autre. Il néglige
d'autres variables comme la légalité et l'illégalité, la profondeur et l'extension de la violence, etc. Tout ceci paraît irréa-
liste.
Cette présentation ordonne cependant l'action collective, s'oppose au désordre suggéré par le vocabulaire d'émeute,
rassemblement, trouble, etc. Elle veut, de surplus, attirer l'attention sur le changement, profond et plutôt rapide, des
moyens d'action collective, qui s'est opéré en Grande-Bretagne à l'époque de la première réforme électorale, et dans la
plupart des autres pays européens pendant les quatre-vingts années suivantes. Nous pourrions dater les transitions,
grosso modo, vers 1848 pour la France, vers 1870 pour l'Allemagne et l'Italie du Nord, vers 1914 pour le Midi italien.
Les dates et l'amplitude des transitions sont discutables, mais il n'y a guère de doute : les peuples de ces pays, et
d'autres encore, ont assimilé un nouveau répertoire avant la première guerre mondiale. (…)
Un renouvellement des moyens d'action n'interdit pas une reprise éventuelle des moyens dépassés. Des « ou-
trages » d'action directe se manifestèrent toujours chez les ouvriers de Sheffield et Manchester dans les années 1860 ;
mais ces attaques contre les personnes des jaunes et les propriétés des patrons, qui accompagnaient régulièrement des
turnouts locaux, parurent plus scandaleuses et quelque peu passéistes.
Source : Charles Tilly,Les origines du répertoire d'action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne,
Vingtième Siècle. Revue d'histoire Année 1984
Questions :
1- Quels sont les intérêts du concept de répertoires d’actions collectives ?
2- Quelles en sont les limites ?
3- Expliquer la phrase soulignée
 Les deux grands répertoires mis en évidence par C.Tilly

Document 8 :
Somme toute, le répertoire plus ancien comporta :
1. l'utilisation fréquente et temporaire par des gens ordinaires des moyens d'action normaux des autorités, soit en déri-
sion soit délibérément ; la saisie des prérogatives du pouvoir au nom de la communauté locale ;
2. l'apparition fréquente de participants qui se manifestent comme membres de corps et de communautés constitués
plutôt que comme représentants d'intérêts spécialisés ;
3. la tendance à s'adresser à des patrons puissants pour obtenir le redressement des torts, et surtout pour devenir des
interlocuteurs des autorités extérieures ;
4. l'utilisation de fêtes et d'assemblées publiques autorisées pour la présentation des doléances et des exigences ;
5. l'adoption répétée d'un symbolisme riche de la rébellion, en forme d'effigies, de mimes et d'objets rituels ; plus que
sur les sièges et les symboles de la puissance publique.
En deux mots, un répertoire localisé et patronné. Concrètement, il comprit des pratiques comme les blocages et les
saisies de grains, les invasions collectives de champs et de forêts clos, la destruction de barrières et de haies, le bris de
machines, les charivaris, les sérénades, les turnouts.,les expulsions d'agents fiscaux et autres étrangers haïs, les cor-
tèges festifs ou parodiques, les rixes entre jeunesses de villages rivaux, l'invasion, le saccage et la destruction de mai-
sons privées, les illuminations forcées, les rassemblements autour de personnes honnies, procédures et procès popu-
laires. Voici, avec quelques autres, les manifestations constitutives du répertoire que le 18e siècle légua au 19e.
Le répertoire suivant, avec lequel nous vivons toujours, repose sur d'autres bases.
Par rapport au précédent, il se caractérise par :
1. l'utilisation de moyens d'action plutôt autonomes, différents de ceux dont font usage les autorités ;
2. l'apparition fréquente d'intérêts définis comme tels, dans un cadre associatif ou quasi associatif (« Coalition pour la
Justice», « Citoyens Unis Contre», etc.) ;
3. les défis directs aux concurrents ou aux autorités, surtout nationales, et à leurs représentants, plutôt que des appels à
des patrons puissants ;
4. la tenue délibérée d'assemblées pour l'élaboration de programmes ;
5. la présentation publique de programmes ; des slogans, l'exhibition d'insignes d'appartenance et de solidarité ;
6. une préférence pour l'action en espace public.
Ces traits définissent toutefois une tendance à l'action nationale et autonome. Les exemples concrets abondent : grèves
d'entreprise, manifestations, réunions électorales, meetings, cortèges de pétition, insurrections organisées et invasions
d'assemblées législatives. (…)Tels sont les traits principaux du répertoire du 19e et du 20e siècle.

Source : C.Tilly, La France conteste, de 1600 à nos jours, Fayard, 1986


Questions :
1- Compléter le tableau suivant

Modèle local patronné Modèle national autonome


Epoque
Moyens utilisés
Intérêts défendus
Rapport aux autorités
lieux
Niveau de violence
Exemples

 Vers l’apparition d’un troisième répertoire ?

Document 9:
La question a été posée, par Tilly lui-même, de savoir si un troisième répertoire n'émergeait pas. Plusieurs
évolutions donnent matière à une argumentation en ce sens. La première tient aux espaces de référence des mobilisa-
tions : ils débordent les frontières (lors des mobilisations anti-G8 par exemple), reposent sur des réseaux in-
ternationaux. Au mouvement « local-national » succéderait donc une étape « national-international ». La montée
de l'expertise, la construction de dossiers comportant des données techniques et scientifiques, le rôle accru
des armes juridiques (cause lawyering) viendraient de leur côté plaider pour la poursuite d'un processus de pacifica-
tion, voire de rationalisation de la protestation sur des savoirs scientifiques. (...)
La logique de production discursive, de justification publique par programmes et arguments rationnels se dou-
blerait d'une contrainte de symbolisation à destination des médias. Les groupes mobilisés se trouvant ainsi
devant la contrainte de « traduire » leurs revendications et actions dans des formats correspondant aux temps et aux
exigences de simplification, de force visuelle des médias. Un chiffre de radioactivité en becquerels, en géné-
ral opaque au profane, devient impressionnant quand la personne qui mesure le fait devant des caméras, en
combinaison antinucléaire, avec un compteur Geiger qui sonne. On peut encore trouver au processus allant du « pa-
tronné » à « l'autonome » un élément de symétrie, en prenant en considération la répugnance de plus en plus
fréquente des militants à la délégation durable du pouvoir de décider. L'autonomie revendiquée deviendrait alors elle
des participants au sein de l'organisation. En attestent le poids des assemblées générales, le rôle des « coordi-
nations », l'importance montante de listes de discussion-diffusion sur le web.
Source : NEVEU Erik, « Répertoires d'action des mobilisations », dans Antonin Cohen, Bernard Lacroix, Philippe-
Riutort (sous la direction de), Nouveau manuel de science politique, 2009
Questions :
1- Compléter le tableau suivant
Modèle transnational
Epoque
Moyens utilisés
Intérêts défendus
Rapport aux autorités
lieux
Niveau de violence
Exemples
2- Comment peut-on expliquer l’apparition de ce troisième répertoire ?

Grille d’autoévaluation
Critères de réussite A ECA NA

Maitrise des savoirs - Participation politique non conventionnelle


- Répertoire d’actions politiques
- Individualisation des actions politiques

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