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ETUDE D’UN GROUPE D’INCLUSIONS SOUS CHARGEMENT

TRANSVERSAL AVEC ET SANS MATELAS INTERMEDIAIRE


EN ZONE SISMIQUE

Société d’accueil : KELLER Fondations Spéciales


PFE présenté par : MULLER Stéphane
Tuteur industriel : M. LAMBERT Serge
Enseignant superviseur : M.MARTZ Freddy

1. Introduction
Le projet de fin d’études constitue un défi individuel de réaliser un travail d’ingénierie. Mon PFE s’est
déroulé au sein de la société KELLER FONDATIONS SPECIALES du 30 janvier 2012 au 15 juin 2012
sur une durée de 20 semaines au sein de sa direction Alsace, siège social de l’entreprise. L’intitulé est
le suivant :

Etude d’un groupe d’inclusions sous une semelle et sous chargement transversal avec et sans
matelas intermédiaire en zone sismique

L’entreprise dispose de résultats en modèle réduit d’une semelle isolée sous un groupe d’inclusions
issus d’un programme de recherche entre Keller et le CNRS. Ces valeurs expérimentales n’ont pas
encore été comparées aux résultats obtenus par des méthodes analytiques proposées dans les
Eurocodes et le programme ASIRIS, et constitue l’objet de mon PFE. Cette étude sera poursuivie par
un dimensionnement des cages d’armatures selon l’Eurocode 2. L’étudiant pourra s’appuyer sur des
abaques de dimensionnement pour armatures circulaires établies selon les règles BAEL.

2. Présentation du programme de recherche


L’entreprise Keller Fondations Spéciales a lancé un programme de recherche afin d’étudier le
comportement de deux renforcements de sol sous sollicitations latérales. L’étude porte sur deux types
de fondations ; d’une part un sol renforcé par quatre inclusions rigides sous matelas de transition (IR)
et d’autre part un sol renforcé par quatre Colonnes à Module Mixte (CMM). Ces deux types de
ème
fondation sont présentés en Figure 1. L’étude est réalisée sur un modèle réduit à l’échelle 1/10 . La
partie inclusion rigide est modélisée par une colonne en aluminium surmontée par une zone de
transition, également en aluminium. Le renforcement se compose en tout de quatre inclusions en
aluminium dont une est instrumentée. Les fondations sont entourées par un sol de type argile.
Pour les CMM, 3 modèles expérimentaux différents ont été réalisés. Un modèle avec une tête sèche
(colonne en gravier) de 5mm, un modèle avec une tête sèche de 8mm et un modèle avec une tête
sèche de 10mm a été réalisé. Ces trois modèles s’appeleront par la suite CMM5, CMM8 et CMM10.
Pour les IR, 3 modèles expérimentaux différents ont été réalisés. Un modèle avec un matelas de
5mm, un modèle avec un matelas de 8mm et un modèle avec matelas de 10mm a été réalisé. Ces
trois modèles s’appeleront par la suite IR5, IR8 et IR10.
Le chargement des inclusions se divise en deux grandes étapes. Une charge verticale de 5000N est
appliquée dans un premier temps progressivement en 5 paliers réguliers (1000N, 2000N, 3000N,
4000 N et 5000N). Cette charge verticale est ensuite maintenue constante pour assurer une complète
consolidation du sol. Après la phase de consolidation du sol sous la charge verticale, un chargement
horizontal de 30 cycles est appliqué sous un déplacement contrôlé de +/-2 mm à une fréquence de
2.7Hz. Ce chargement horizontal permet de simuler une action sismique sur un renforcement de sol à
l’aide de CMM ou d’IR.

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Figure 1 : Modèles expérimentaux sous CMM (à gauche) et sous IR (à droite)

3. Modélisation du 1er cycle de chargement horizontal


La présente partie s’intéresse à l’étude du premier cycle de chargement horizontal, c'est-à-dire le
premier déplacement latéral de 2mm. L’objectif de cette modélisation est de paramétrer le modèle
numérique. Il s’agit notamment de définir les paramètres de sol, les conditions aux limites du modèle
permettant de retrouver et retomber sur les mesures expérimentales. Je chercherai plus
particulièrement à retrouver les sollicitations mesurées expérimentalement dans les inclusions en
aluminium. Il est à noter que durant ce premier chargement, le sol suit un comportement élastique, ou
supposé élastique.
Le paramétrage s’effectue à partir d’une méthode de calcul simplifiée, la méthode du monolithe. La
méthode utilisée est tirée du programme de recherche ASIRIS.ASRIS est un projet national de
recherche et de développement engagée par des acteurs du monde de la construction ou
universitaires pour accompagner le développement d’une technique novatrice de fondation : le
renforcement des sols par inclusions rigides. Ce dernier définit donc une méthode simplifiée pour le
calcul de semelles sur inclusions rigides. La méthode se décompose en 5 étapes qui considèrent
alternativement l’équilibre du cylindre de sol renforcé de même périmètre que la semelle et celui d’une
inclusion isolée soumise à un champ de déplacement (vertical ou latéral) imposé. Elle permet d’établir
les déplacements de la semelle ainsi que les sollicitations dans les inclusions à l’aide d’outils usuels
du calcul des fondations.
er
La modélisation du 1 cycle de chargement horizontal permet de mettre en avant les points suivants :
- Pour faire une modélisation de Colonne Mixte ou d’Inclusions Rigides, dans la vie de tous les
jours, deux actions sur la partie rigide peuvent être définies, la déformation horizontale du sol
g(z) sous la fondation et l’effort tranchant en tête d’inclusion.
- Avec le modèle CMM, les inclusions pour le modèle CMM peuvent être dimensionnées sous
chargement transversal en ne considérant que le déplacement du sol g(z) sous la fondation.
L’effort tranchant en tête de l’inclusion est faible et considéré comme nulle.
- Avec le modèle IR, l’effort tranchant en tête d’inclusion est dimensionnant. Afin de tenir
compte de l’influence du profil g(z) on appliquera à l’inclusion le déplacement du sol g(z) sous
la fondation mais en ne considérant que 50% de l’intensité du déplacement.
- Les déplacements des modèles IR sont supérieurs à ceux des modèles CMM (environ 1.6 fois
en moyenne) et les sollicitations générées dans les inclusions sont sensiblement identiques
entre les deux types de renforcement.

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- Durant un cycle, chaque inclusion est alternativement inclusion frontale et inclusion arrière par
rapport au sens du déplacement. L’inclusion instrumentée montre un comportement
symétrique pour le premier cycle de chargement. Ainsi, lorsque les semelles sont fondées sur
un renforcement de sol avec inclusions, l’effort horizontal H appliqué à la semelle est réparti
équitablement sur chaque inclusion.
- Il y a lieu de tenir compte du fait que les propriétés dynamiques des sols dépendent de la
déformation. Plus le déplacement du sol est grand et plus le module de réaction latéral du sol
est faible. Il existe un seuil de déformation, les petites déformations ( ), pour
lesquelles les valeurs du module de cisaillement G sont relativement constantes, et égales à
Gmax. Pour des déformations supérieures à ce seuil, G diminue avec l’augmentation de la
déformation, d’une manière non-linéaire. Le module de cisaillement G devient minimal pour
-1
des déformations de l’ordre de 10 . Dans le modèle expérimental, un déplacement horizontal
en tête de 2mm est appliqué, et déforme le sol jusqu’à 30 à 35cm sous la fondation. Ce
déplacement génère donc une déformation du sol en tête d’environ . Cette
déformation imposée ne se situe pas dans la plage des petites déformations
( ). Or, pour une argile, le module de réaction couramment utilisé en petites
er
déformations correspond à 3 fois le comportement à court terme. La modélisation du 1 cycle
avec un module correspondant à 1.5 fois le module à court terme est cohérente.
- La méthode du monolithe permet de mettre en avant des résultats cohérents et satisfaisants.
Cette dernière peut être retenue pour le dimensionnement d’un renforcement de sol sous
semelle. Elle ne fonctionne cependant que pour des sols homogènes. La méthode doit alors
être adaptée dans le cas d’un multicouche.

4. Modélisation après plusieurs cycles de chargement


La modélisation n’est pas achevée lors du rendu de la présente synthèse. Il est toutefois possible
d’après les mesures expérimentales de relever les points suivants :
- La dégradation du renforcement de sol est rapide dans les premiers cycles du chargement
latéral. Cette dernière tend cependant se stabiliser une fois la moitié du chargement passée.
- Avec le chargement cyclique, la réaction latérale du sol diminue. Cette dégradation est
particulièrement marquée dans la première moitié du chargement cyclique. Ainsi, dans le cas
de chargements cycliques il est nécessaire de tenir compte d’une dégradation de la résistance
er
des couches molles contrairement au 1 cycle de chargement où la réaction du sol était
supérieure à celle utilisée à court terme.
- La diminution de la raideur latérale du sol argileux s’accompagne également d’un tassement
sous la semelle. Ces mesures sont conformes aux prescriptions de l’EC8-5 Art. 4.1.5 qui dit
que des tassements excessifs peuvent se produire dans des argiles très molles, par suite de
la dégradation cyclique de leur résistance au cisaillement sous l’effet des sollicitations
sismiques de longue durée. Il est important de signaler que le tassement lié aux chargements
cycliques est du même ordre de grandeur pour les deux modèles, à savoir de 2.5 à 3.5mm
pour 5cm de renforcement, de 3.5mm à 4.5mm pour 8cm de renforcement et de 5.5mm à
6.5mm pour 10cm de renforcement . Le type de renforcement a très peu d’influence sur le
tassement horizontal engendré par le chargement cyclique sous semelle. De ce fait, les
tassements horizontaux ne peuvent pas être négligés. Quelque soit le renforcement, il s’agira
de tenir compte dans le dimensionnement des ouvrages d’un risque de tassements excessifs
du renforcement de sol sous chargement cyclique dans le cas d’argiles très molles épaisses
ou de lentilles épaisses de matériaux lâches, non saturés et sans cohésion se trouvant à
faible profondeur.
- Les mesures expérimentales mettent également en avant que le tassement horizontal sous
charges cycliques ne se stabilise pas même après 30 cycles. Les modèles CMM sont
particulièrement concernés par ce phénomène.

5. Effet de bord sur les inclusions


Au bord de la semelle, l’interaction entre le matelas ou les colonnes en gravier est modifiée par
rapport aux conditions d’une maille élémentaire placée en partie centrale d’un ouvrage. Dans le cas
d’un groupe limité d’inclusions, sous semelles isolées comme dans notre modèle expérimental, l’effet

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de bord qui existe déjà sous une charge verticale ne peut être ignoré. Les mesures expérimentales
montrent que ce phénomène est particulièrement marqué pour les modèles CMM puisque les
moments sont du même ordre de grandeur que ceux générés par le chargement transversal.
Les effets de bord n’ont pas pu être modélisés. Il est toutefois possible d’après les mesures
expérimentales de relever les points suivants :
- Pour les modèles CMM, les sollicitations dans l’inclusion augmentent avec l’épaisseur de la
colonne. Les sollicitations sont plus importantes pour les modèles CMM puisqu’il est plus
facile pour l’argile de s’expanser latéralement vers les zones de plus faibles contraintes. Le
déplacement généré en tête d’inclusion par le mouvement latéral de l’argile situé sous la
semelle est d’autant plus grand que la colonne est haute. Cette « migration » s’accompagne
également d’une rotation de la colonne en gravier et qui se traduit dans l’inclusion par la
formation d’un moment complémentaire. Dans le modèle expérimental il est possible de
transmettre un moment à l’inclusion. Cette transmission de moment n’est plus possible en
réalité. Les sollicitations mesurées expérimentalement sont donc plus défavorables que les
sollicitations qui se développent en situation réelle pour les modèles CMM.
- Pour le modèle IR, le matelas limite l’expansion latéral du sol granulaire sous la semelle. Ceci
se traduit par des sollicitations plus faibles dans l’inclusion. La configuration du matelas du
modèle expérimental (matelas supposé infini) modifie cependant les résultats. L’expansion
latérale du sol sous charge verticale est plus importante en réalité et est liée au faible débord
du matelas. En réalité, le matelas n’a plus le comportement d’un matelas infini. Les
sollicitations mesurées expérimentalement sont donc plus favorables que les sollicitations qui
se développent en situation réelle pour les modèles IR.

6. Dimensionnement des pieux et inclusions selon l’EC2


La deuxième partie de mon PFE consistait à revoir le dimensionnement des pieux en béton armé avec
la nouvelle règlementation NF EN 1992-1-1. Ce dimensionnement s’est effectué en parallèle avec la
norme EC7 NF P 94-262 : Calcul des fondations profondes, qui donne des informations
complémentaires à l’Eurocode2.
Le dimensionnement des pieux et inclusions à l’EC2 comprend les éléments suivants :
- La mise à jour de deux programmes de calcul Excel pour la justification des pieux en flexion
composée. L’entreprise Keller a à disposition deux programmes de calcul en flexion
composée ELS et ELU. Ces derniers permettent de mener un calcul pour une section béton
circulaire avec armatures tendues et comprimées comprenant entre 4 et 12 armatures
réparties uniformément. La mise à jour débouche sur trois programmes de calcul. Elle
comprend un programme ELU sous combinaisons caractéristiques, un programme ELS sous
combinaisons caractéristiques et un programme ELS sous combinaisons quasi-permanentes
tenant compte de la maîtrise de la fissuration exigée par l’EC2.
- L’élaboration d’une feuille de calcul pour la justification des armatures transversales d’une
section circulaire. Puisque l’EC2 ne donne aucune information vis-à-vis d’une justification à
l’effort tranchant des sections circulaires, je me suis basée sur une méthode élaborée du CEB
(Comité Européen du Béton). La méthode consiste à remplacer la section circulaire par une
section rectangulaire équivalente fictive.
- La création d’une feuille de calcul pour la justification des armatures longitudinales d’un pieu
dans le massif de fondation. Les barres doivent effectivement être ancrées de manière à
assurer une bonne transmission des forces d’adhérence au béton.
- La rédaction d’un guide sur les dispositions constructives à mettre en œuvre pour les pieux en
zone sismique. L’Eurocode 8 ne défini pas directement de dispositions pour les pieux comme
le fait le PS92. Il conserve cependant la notion de zone critique et zone courante du PS92.
L’EC8 nous renvoie pour les pieux aux dispositions propre à un poteau, et ce uniquement en
zone critique. Les dispositions de la zone courante ne sont pas évoquées pour les pieux.
Puisqu’aucune disposition n’est prévue, une commission se réunie actuellement afin de définir
des règles permettant de combler les manquements de l’EC8. Des premières pistes sont
mises en avant mais ne sont à ce jour qu’indicatives.

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