0. INTRODUCTION
je concède
que p pose d'une part la L-vérité de p et présuppose
2)
d'autre part la ON-vérité de p . L'intérêt de cette approche de la
Concession réside en ce qu'elle signale l'ancrage du processus conces-
sif dans la perspective de l'interlocution. Concéder, cela revient
donc non seulement à se prononcer sur La vérité de p, mais à situer
la vérifonctionnalité de ce contenu du point de vue d'un autre locu-
teur (le ON pouvant renvoyer tant à l'interlocuteur qu'à d'autres locu-
teurs virtuels, c'est-à-dire à l'opinion publique). Cette approche
nous semble cependant présenter un certain nombre d'insuffisances.
En premier lieu, il paraît abusif de réduire le contenu d'un concept
de la métalangue (la notion de concession) au sens de la locution je
concède (pour ces rapports métalangue-langue, cf. Ducrot 1981). En
second Lieu, et corollairement, la notion de concession exhibe des
propriétés qui ne sont pas réductibles au sens du verbe concéder'.
Plus précisément, si l'on examine les exemples (2) à (6), il apparaît
que ce qu'il est convenu d'appeler énoncé concessif pose fondamentale-
ment, en plus de la référence au discours d'autrui, une relation entre
deux actes illocutoires (relation qui reste à définir). L'analyse du
verbe concède* n'exhibe donc qu'une seule des composantes (interaction-
nelle) de la concession. La deuxième composante peut être appréhendée
en termes argumentatifs.
p < q
vL (w) J*
2» 4 > non-r
Il apparaît donc en premier lieu que les termes mis en relation consistent
en trois contenus (p, q et non-q), et non pas quatre comme dans La
concession argumentative. Cela signifie que l'opposition — entre q
6)
et non-q — est directe vs indirecte comme dans le cas de (10)
En second lieu, la relation entre p et non-q ne peut être
dite d'argumentation. Bien que pose ici une relation non entre
des énoncés à valeur argumentative, mais entre des contenus dénotant
des faits (être en crue, ne pas s'effondrer). La relation est donc
factuelle, relation que l'on peut qualifier en termes sémantiques par
le prédicat CAUSE. En d'autres termes, nous dirons que p est dans
des conditions habituelles cause de non-q3 c'est-à-dire que le fait
que la rivière est en crue peut être considéré comme la cause du fait
que le pont s'effondre. Nous obtenons ainsi le schéma suivant pour
la concession logique î
CAUSE
non-q
(17) p < q
lw)
tr^
u > non-r
p = il fait beau
r - je sors
q - je suis fatigué
non-r • je ne sors paa
120) p mais—* q „
mata
îN
parce que
i
donc
/
non-r
r <r } non-r
(tf)
non-q non-p
Ceci nous permet cfe souligner deux différences entre mais e t quand même,
considérés tous deux comme marqueurs de concession argumentative :
r «• > non-r
i
i
- (w) (w)
non-q non-p
- l'échange
12) Nous avons déjà défini des contraintes de nature argumentative sur
les enchaînements discursifs en 3.3. (cf. les suites possibles à
des concessions par les questions du type pourquoi tu dis ça ? et
pourquoi ?). Ces contraintes seront spécifiées en termes fonction-
nels dans ce paragraphe à l'aide de la notion d'intégration.
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- l'intervention
- l'acte de langage.
s i l ' i n t e r l o c u t e u r comprend que (a) e t (£>) sont tous deux des arguments
qui motivent l a requête (c?) , c ' e s t - à - d i r e q u ' i l s sont c o o r i e n t é s argu-
mentât! vement. Sans c e t t e i n t e r p r é t a t i o n , i l s e r a i t impossible de rendre
compte du s t a t u t d ' a c t e d i r e c t e u r de (<?) e t de la fonction de (a) e t de
(.b), c ' e s t - à - d i r e de comprendre comment s ' o p è r e l ' i n t é g r a t i o n fonctionnelle
de l a séquence (a)-(&)-(<?) en une i n t e r v e n t i o n . En d ' a u t r e s termes,
l ' i n t é g r a t i o n argumentative e s t une condition n é c e s s a i r e à l ' i n t é g r a t i o n
fonctionnelle.
Nous pouvons t i r e r des remarques précédentes l e s deux conclusions
provisoires suivantes.
En premier l i e u , i l a p p a r a î t que l e s r a p p o r t s e n t r e analyse argu-
mentative e t analyse f o n c t i o n n e l l e sont complexes dans l a mesure où i l
n ' e s t pas p o s s i b l e de f a i r e l'économie de l ' u n e ou de l ' a u t r e (puisque
l ' a n a l y s e argumentative e s t une condition n é c e s s a i r e à l ' a n a l y s e fonc-
tionnelle) .
En second l i e u , la concession, d é f i n i e préalablement comme posant
une c o n t r a d i c t i o n , semble m e t t r e en défaut l e p r i n c i p e général de c o n s t i -
t u t i o n des u n i t é s c o n v e r s a t i o n n e l l e s posé en ( i i i ) .
Nous nous proposons d'examiner ce problème à l ' a i d e de l a
notion d ' i n t é g r a t i o n .
a) l ' i n t é g r a t i o n dialogale-monologale,
b) l ' i n t é g r a t i o n monologale-dialogale.
Dans l'exemple s u i v a n t
5. CONCLUSION
*
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BIBLIOGRAPHIE
GROUPE (LEA- 1 (1975) : "Car, parce que, puisque", REVUE ROMANE lo,
248-280.