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LIVRES @ nkes LETTRES PORTUGAISES Le triangle de Copernic = Maria Gabriela Llansol met LES ERRANCES DU MAL (Contos do mal errante) de Maria Gabriela Llansol, Traduit du portugais ‘par Isabel Meyrelles, ostface d’Eduardo Prado Coelho, AM. Métailié. 228 p., 105 B. Ecrivain secret et difficile, Maria Gabriela Llansol a vu au Portugal plusieurs de ses livees salués par des récompenses litte: tires, Née & Lisbonne en 1931, lle a vécu plusieurs années ex Belgique et travalé, notamment & Lowwin, dans le cadre expe fences ues en direction Ades jeunes enfants. A Peart des grands, courants littéraires, elle Doursuit une cuvre en prose ex! fame et marginale, dans laquelle le genre romanesque s'enrichit adlémentspoetiques, de reflexions & caractére philosophi- ‘que ow intime. Etrange et profondément dérou- tant, son roman ~ le premier a tre’ traduiten frangais — les Errances du Mal ~ 4618 publi au Portugal en 1986, La séduction de ee lv el mest du mre ‘qui enveloppe son propos. A la ieture installa conviction a a {ois confuse et solide qu'un uni- vers littéraire singulier, intense: ‘ment personnel, se constitu, ‘Les Brrances duu Mal n'a his- torigue que le cadre, celui de a guerre menée en 1338 en Alle- magne du Nord conire les ana- bbaptistes — hérétiques aux yeux des protestants aussi bien que des ‘atholiques ~ qui avaient fondé Minster, sous fa direction de Jean 4 Leyde, une communauté theo- ccratique oi régnaient la polyga- mie et la luxure. A Tintérieur de ce cadre, Maria Gabriela Llansol met en scéne une utopie amou- reuse et symboligue dont ls pri cipaux protagonistes forment un mangle : Copernic, Phomme, et ‘aux deux angles féminins, Isabeau et Hadewich. Aces noms dé lourds de muk- tiples significations, ajoutons celui Eckhart. Le maitre spirituel rhé- nan du treizidme sitele, déguisé pour occasion en cuisinier, et sa contemporaine, la béguine fla- mande Hadewijch, tous deux admirables représentants de la en scéne une utopie ‘MIGUEL CARVALHO € Si ‘mystique médiévale nord-euro- péenne, sont les figures d'une sorte de drame higratique et é& ‘matique. Drame dans lequel se dlissimule le sens de la superposi- tion et du eroisement de ces figures: Aidés dans notre perplexité par la postface d’Eduardo Prado Coelho, nous pouvons déceler sous cette prose glacée et parfois systéricusement belle, dans cate riture distante et précicuse qui ne daigne manifester aucune émo- tion, Pintention de Tauteur : & partir d'une symbolique du nor ‘bee impair, Maria Gabriela Llan amoureuse et symbolique sol récute la pensée d'une complé- tude érotique des péles masculin et féminin; complétude qu’ex: prime le mythe de Vandrogyne ~ tune relation sensuelle et fut ce ‘qui complete tne relation amo reuse, elle n'a. pour horlson Quan seul tre, me semble institu Hionnelle, et poussieren. ‘Cette ete, cets v érrance» transgres. Sve prend dans ia poneés da per sonnage nommé Copernic: ine tonalite proche des réveries dun Georges Bataille: «'. Consumer des corps/afin que Vesprit trouve ties obstacles/ et devienne amour, ‘ure joie, discernement, volont et/qull puss, enfin partir » La forme du roman de Maria Grabriela Liansol n'est pas moins carieuse et déconcertanfe que son contenu. De brefs chapitres sans continuié visible, entrecoupés de blancs ou de pastages 4 la ligne, donnent au livee les-apparences d'un récit dont la narration poet ue serait comme intériorisée, ‘bscurcie. La. pensée se dissimulé fou se-cherche, egarant fe leteur {out en le maintenant sous un oet= tain charme, L'gerivain parle ful- méme d'une «confidenet envelop- ples. Aprts queues efforts, on nit pat éprowver cet caveloppe. ment et duslave plaisir ~ tres fuatdo Lourengo. tap: i Peeuvre de Maria Gi Liansol. de T'onirisme visionnate de JérOme Bosch. La ide able alchime taye det Figures et des corps en perpetuel métamorphose donne Ta compa Taison sa pertinence. Elle n'élaie cependant pas veaiment Popacite dont ce livre demeure obsting: ment revetu Patrick Kéchichian

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