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Chapitre 3.
Chapitre Nombres parfaits
Entre l’abondance et la déficience, la perfection… Juste ce qu’il faut de diviseurs stricts, ni trop, ni
trop peu, pour que leur somme soit exactement égale au nombre considéré… Quels sont donc ces
nombres que l’on dit parfaits, équilibre idéal entre l’excès et le défaut ? Leur étude, bien plus encore
que celle des nombres abondants et déficients, révèle de nombreux trésors arithmétiques. Comme
d’habitude, nous noterons la fonction somme des diviseurs.
Sommaire
Chapitre 3. Nombres parfaits ................................................................................. 29
1. Définition et recherche de nombres parfaits.......................................... 30
1.1 Que sont ces nombres ? ................................................................ 30
1.2 Premiers exemples .......................................................................... 30
1.3 Étude à la TI-Nspire ........................................................................ 31
1.4 La proposition d’Euclide.................................................................. 31
1.5 La réciproque de la proposition d’Euclide .................................... 35
2. Les nombres de Mersenne....................................................................... 36
2.1 L’origine historique de ces nombres ............................................. 36
2.2 Premiers ou pas ? ........................................................................... 37
Attention toutefois à des risques de dépassement de ressources dans ce cas : la calculatrice ne peut pas
générer des listes de plus 16 380 termes ; si le nombre possède plus de 16 380 diviseurs – c’est le cas
par exemple de 1030 + 1 –, la calculatrice renvoie un message d’erreur. À bannir donc pour tout calcul
sur des nombres un peu grands.
1
Pour Euclide, un nombre parfait est « égal » à ses parties.
La recherche peut être poursuivie au delà mais elle est peu fructueuse : entre 1000 et 10 000, en 4
minutes et demie4, on obtient le quatrième nombre parfait, 8 128.
Au delà de 10 000, les recherches n’aboutissent plus… ou bien il faudrait y passer beaucoup trop de
temps pour les piles de la calculatrice... et la patience de l’utilisateur… L’intelligence, et les
mathématiques5, doivent prendre le relais !
2
Rappelons l’importance de la duplication dans l’algorithme de multiplication égyptienne.
3
À part 2/3, les Égyptiens n’utilisaient que des fractions de numérateur 1 : c’est bien ces dernières que nous appelons fractions égyptiennes.
4
Une quarantaine de secondes avec le logiciel.
5
Ce qui prouve qu’elles sont encore indispensables, même et surtout à l’époque des ordinateurs puissants, contrairement aux affirmations
péremptoires d’un ministre, il y a quelques années...
6
En d’autres termes, quelle tête ont-ils ?
Les nombres obtenus présentent des similitudes troublantes. Passons sur le premier facteur,
clairement une puissance de 2 ; l’œil mathématique un tant soit peu habitué à la fréquentation des
nombres reconnaît une puissance de 2, diminuée de 1.
Plus précisément on peut écrire :
6 = 2 (22 – 1)
28 = 22 × (23 – 1)
23 (24 – 1) = 8 15 = 120 ?
496 = 24 × (25 – 1)
25 (26 – 1) = 32 63 = 2016
8128 = 26 × (27 – 1)
… avec des entiers dont on ne peut que remarquer l’absence… Pourquoi n’a-t-on pas 120 et 2016
dans les nombres parfaits ? Déterminons la somme des diviseurs de ces entiers :
Ces derniers nombres sont en fait abondants : en d’autres termes, ils ont trop de diviseurs pour être
parfaits, le fragile équilibre est rompu.
On peut penser que c’est dû au fait que 24 – 1 et 26 – 1 sont composés, tandis que les autres, 22 – 1,
23 – 1, 25 – 1, 27 – 1, sont tous premiers.
Nous voici en mesure de faire une conjecture sur les nombres parfaits.
un nombre parfait est de la forme 2n – 1 × (2n – 1) avec 2n – 1 premier.
Testons au moyen du tableur cette conjecture avec les valeurs suivantes de n. Dans la première
colonne figurent les valeurs de n ; la deuxième colonne teste la primalité de 2n – 1 ; la troisième
calcule 2n – 1 × (2n – 1) ; enfin la dernière vérifie si le nombre calculé est parfait ou non (avec la
fonction sdiv de la bibliothèque numtheory, pour être plus rapide).
La conjecture émise plus haut n’est pas réfutée et semble au contraire bien confirmée. Au passage
nous récupérons quatre autres nombres parfaits, que nous n’aurions jamais obtenus par balayage
systématique, tant ils sont grands :
212 × (213 – 1) = 33 550 336
216 × (217 – 1) = 8 589 869 056
218 × (219 – 1) = 137 438 691 328
230 × (231 – 1) = 2 305 843 008 139 952 128
On retrouve d’ailleurs ces nombres parfaits dans Cogitata Philosophica7 écrit par le célèbre père
Mersenne (1588-1648), comme le montre l’extrait suivant. Pas besoin d’être fin latiniste pour
comprendre que Mersenne cite, sans erreur, les mêmes nombres parfaits que ceux que l’on vient de
découvrir, avec au passage une petite erreur sur le premier chiffre du 5e :
6, 28, 496, 8128, (3)23550336, 8 589 869 056, 137 438 691 328, 2 305 843 008 139 952 128.
Notre ami Mersenne se permet en fait de « corriger » Petrus Bungus, qui affirmait avoir trouvé 28
nombres parfaits, dont 20 ne le sont pas, dixit Mersenne….
Traduction
À ce point, cela vaut la peine de noter que les 28 nombres présentés par Petrus Bungus comme
parfaits dans le chapitre 28 de son livre sur les nombres, ne sont pas tous parfaits. En effet, 20 sont
imparfaits, de telle sorte qu’il en reste 8 parfaits, à savoir 6, 28, 496, 8 128, (3)3 550 336,
8 589 869 056, 137 438 691 328, 2 305 843 008 139 952 128, qui proviennent de la table de Bungus
aux lignes 1,2, 3, 4, 8, 10, 12 et 29. Ceux-là seulement sont parfaits, de telle sorte que ceux qui ont le
livre de Bungus peuvent corriger l’erreur.
Il est temps maintenant de prouver notre conjecture. C’est l’objet du théorème suivant, déjà démontré
par Euclide dans les Éléments8 :
Théorème d’Euclide
Si 2n – 1 est premier, alors 2n – 1 × (2n – 1) est parfait.
Démonstration
Il suffit d’écrire…
(2n – 1 × (2n – 1)) = (2n – 1) × (2n – 1) car 2n – 1 et 2n – 1 sont premiers entre eux ;
= (1 + 2 + 22 + ... + 2n – 1) × (2n – 1 + 1) car 2n – 1 est premier ;
= (2n – 1) × 2n
= 2 × (2n – 1 × (2n – 1))
ce qui prouve que le nombre entier considéré est bien parfait.
Remarques
On peut mener un calcul direct9 de (2n – 1(2n – 1)), sans s’appuyer sur aucune propriété de la
fonction .
En effet, en posant p = 2n – 1, les diviseurs de 2n – 1 × p, en nombre de 2n car p est premier, sont
exactement :
1, 2, 22, ..., 2n – 1;
p, 2p, 22p, ..., 2n – 1p
Leur somme vaut donc :
1 + 2 + ... + 2n – 1 + p + 2p + ... + 2n – 1p = 1 + 2 + ... + 2n – 1 + p(1 + 2 + ... + 2n – 1)
= (1 + 2 + ... + 2n – 1)(1 + p)
= (2n – 1) × 2n
7
Le livre est disponible sur Gallica.
8
C’est même la dernière proposition du dernier livre d’arithmétique d’Euclide (proposition 36 du livre IX), comme un couronnement de ses
travaux arithmétiques...
9
Notamment en terminale scientifique, où les élèves ne connaissent pas les propriétés de la fonction somme des diviseurs...
10
En tout cas moderne...
Or ceci est complètement impossible lorsque le nombre est composé : dans ce cas, la somme des
diviseurs stricts est strictement supérieure à n’importe lequel des diviseurs.
Nécessairement, a est premier et (a) – a = 1.
De l’égalité (1), on tire que a = 2k + 1 – 1.
En conclusion, si N est parfait pair, N est forcément de la forme N = 2k (2k + 1 – 1) et 2k+1 – 1 est
premier. Le théorème est bien prouvé en posant n = k + 1.
Bilan : les nombres parfaits pairs sont exactement les entiers de la forme 2n – 1 (2n – 1), avec 2n – 1
premier.
Reste en suspens le problème des nombres parfaits impairs… puisqu’au jour d’aujourd’hui aucun
mathématicien, ni aucun ordinateur, n’en ont croisé sur leur chemin11 ou dans leurs circuits
électroniques. Ce n’est pas faute de chercher d’ailleurs. On peut penser qu’il n’en existe aucun, mais
aucune certitude n’émerge.
Les mathématiciens imposent à un éventuel candidat des conditions de plus en plus draconiennes12
sans qu’aucune impossibilité n’ait été encore été mise en évidence ni d’ailleurs qu’un premier nombre
parfait impair ait été trouvé…
Le premier type de restriction est lié au nombre de facteurs premiers d’un tel nombre : s’il existe on
sait aujourd’hui qu’il doit posséder au moins 9 diviseurs premiers distincts, avec des conditions
diverses et variées sur ces facteurs et les exposants de la décomposition.
Sinon une autre approche consiste à déterminer une borne inférieure à d’éventuels nombres parfaits
impairs : actuellement, on sait que si un tel entier existe, il est au moins égal à 10300. De là à dire qu’il
n’en existe pas… Pourtant au regard de l’infinité des entiers, un chemin bien dérisoire a été accompli.
Alors un nombre parfait impair à 400 ou 500, 10 000 ou 30 000 chiffres, qui sait, ne paraît pas
complètement impossible. La quête se poursuit encore…
11
Carl Pomerance a proposé un argument heuristique tendant à prouver qu’il n’en existerait pas. Plus précisément il en existerait un nombre
fini et la probabilité d’en trouver un diminuerait avec la taille du nombre. Voir le site http://oddperfect.org/pomerance.html.
12
Voir le site http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_parfait#cite_note-1 et plus précisément l’article sur les nombres parfaits impairs.
Traduction
En outre, les nombres parfaits sont si rares que jusqu’à maintenant, on n’a pu en trouver que onze,
c’est-à-dire trois autres en plus de ceux de Bungus, car il n’y a pas d’autres nombres parfaits en
dehors de ces huit, à moins que vous alliez au delà de l’exposant 62, dans la progression double
commençant à 1 [ 1 2 22 ... 262 ]. Le neuvième nombre parfait correspond à la puissance
d’exposant 68 – 1. Le dixième à la puissance 128 – 1. Le onzième finalement à la puissance 258 – 1,
c’est-à-dire la puissance 257, diminuée d’une unité, et multipliée par la puissance 256.
Autrement dit, en plus des huit qu’il a énumérés plus haut, Mersenne considère, sans preuve, et avec
un certain aplomb, que les nombres parfaits qui suivent ceux qu’il a donnés précédemment sont :
266 267 1
2126 2 127
1
2 256
2 257
1
Il revient au même d’affirmer que 267 1, 2127 1 et 2257 1 sont des nombres premiers. Quand on sait
que le plus grand de ces nombres possède 78 chiffres, et quand on connaît les moyens réduits en
termes de calcul au siècle de Mersenne, on ne peut qu’être dubitatif… D’autant qu’il avoue lui-même
un peu plus bas « qu’une des plus grandes difficultés des mathématiques (…) est de reconnaître si un
nombre donné de 15 ou 20 chiffres est premier ou non, puisque un siècle entier d’investigation ne
suffit même pas pour cette investigation, avec l’une des méthodes connues à ce jour ». Alors ?
Manifestement pour que 2n – 1 soit premier, il faut que n soit premier… mais cela ne suffit pas. En
effet, on constate sur l’écran précédent que 211 – 1 = 2047 n’est pas premier alors que l’exposant 11
l’est…
Démonstration
Si n est composé, il s’écrit sous la forme n = uv avec u et v entiers strictement supérieurs à 1 et
strictement inférieurs à n. Alors 2n – 1 = 2uv – 1 admet au moins deux diviseurs non triviaux : 2u – 1 et
2v – 1, car on sait que xk – 1 est divisible par x – 1. Ceci prouve que 2n – 1 est composé.
Remarquons que la réciproque est donc fausse comme on l’a vu plus haut… Il faut donc se contenter,
comme souvent en arithmétique d’une condition nécessaire qui n’est pas suffisante.
L’étude qui précède justifie la définition suivante.
Définition
Mp = 2p – 1, avec p entier naturel premier, est par définition un nombre de Mersenne.
On comprend que l’hommage à Mersenne s’imposait. Les premiers nombres de Mersenne sont donc :
M2 = 3 premier
M3 = 7 premier
M5 = 31 premier
M7 = 127 premier
M11 = 2 047 =2389 composé
M13 = 8 191 premier
M17 = 131 071 premier
M19 = 524 287 premier
M23 = 8 388 607 = 47 × 178 481 composé
M29 = 536 870 911 = 233 × 2 089 × 1 103 composé
Bien que l’exposant soit premier, ce nombres ne sont pas forcément tous premiers.
Une étude plus large des nombres de Mersenne, et de leur éventuelle factorisation, peut être entreprise
sur le tableur par exemple. On obtient les résultats suivants :
Au passage on peut remarquer que les diviseurs de 2p – 1, lorsqu’ils existent, sont de la forme
q = 1 + 2kp.
Ainsi pour 211 – 1, on a : 23 = 2 × 11 + 1 mais aussi : 89 = 8 11 + 1 ; de même, pour 223 – 1, on a :
47 = 2 × 23 + 1 mais aussi : 178 481 = 7 760 23 + 1 ; enfin pour 259 – 1, on a :
179 951 = 3 050 × 59 + 1 mais aussi : 3 203 431 780 337 = 54 295 453 904 59 + 1.
Théorème
Soit p un nombre premier impair et q un entier premier divisant 2p – 1.
Alors nécessairement q = 1 + 2kp, où k est un entier naturel quelconque.
Démonstration
Une première démonstration, plus élégante, peut être proposée avec le vocabulaire et les outils de la
théorie des groupes.
Si q premier divise 2p – 1, alors 2p 1 (modulo q).
Plaçons-nous dans le groupe / q * , . On peut donc dire que l’ordre de 2, strictement supérieur à 1,
est nécessairement un diviseur de p. Mais p, par hypothèse, est premier. L’ordre de 2 est donc p lui-
même.
D’autre part, le groupe / q * , possède q – 1 éléments. En conséquence, 2q – 1 1 (modulo q).
Ceci prouve que q – 1 est aussi un multiple de p.
Il existe donc un entier k’ tel que q = 1 + k’p
Plus précisément, comme q est impair, k’p est pair ; comme p lui-même est impair, nécessairement k’
est pair.
Finalement, q = 1 + 2kp.
Une autre démonstration peut être proposée, par exemple pour des élèves de Terminale S. Elle suit
pas à pas le principe de la démonstration précédente, sans s’appuyer évidemment sur les résultats de
la théorie des groupes.
Si q premier divise 2p – 1, alors 2p 1 (modulo q).
Considérons donc l’ensemble H = {n / 2n 1 (modulo q)}. Comme il contient p, cet ensemble est
non vide. Il possède un plus petit élément, qu’on note l.
Montrons que tout élément de H est un multiple de l.
Soit donc n H.
Il existe deux entiers a et r (avec 0 r < l) tels que : n = la + r
2n 1 (modulo q)
= 2la + r = (2l)a × 2r 2r (modulo q)
Finalement 2r 1 (modulo q) : comme 0 r < l, et d’après la définition de l, il en résulte que r = 0,
soit que n = la.
L’ensemble H est donc l’ensemble des multiples de l.
Mais p est dans H, donc l divise p. Comme l 1, et que p est premier, l est donc égal à p.
D’après le théorème de Fermat, comme q est un nombre premier, on sait que : 2q – 1 1 (modulo q).
Ceci prouve que q – 1 appartient aussi à H, donc que q – 1 est un multiple de p.
Il existe donc un entier k’ tel que q = 1 + k’p
Plus précisément, comme q est impair, k’p est pair ; comme p lui-même est impair, nécessairement k’
est pair.
Finalement, q = 1 + 2kp.
Autrement dit, les diviseurs premiers éventuels d’un nombre de Mersenne sont forcément d’un type
particulier : on peut donc simplifier l’algorithme des divisions successives en ne testant que ceux-là.
Nous reprendrons cet exemple dans le chapitre traitant de la factorisation des entiers.
Revenons à notre feuille de calcul précédente : au delà de 261 1 , quid des nombres de Mersenne
premiers ? Que dire aussi de l’affirmation du Père Mersenne ?
Autres temps, autres moyens de calculs… Là où des dizaines d’années ont été nécessaires pour
détecter là où le Père Mersenne s’était trompé, quelques secondes de notre calculatrice donnent son
verdict implacable…
Presqu’immédiatement avec l’ordinateur, nous pouvons affirmer que Mersenne s’est trompé
seulement 5 fois dans sa liste :
deux fois où les nombres qu’il propose ne sont pas premiers (pour n = 67 ou 257) ;
trois oublis de nombres premiers (pour n = 61, 89, 107).
Pourquoi ne pas poursuivre un peu plus loin… Même notre performante calculatrice va demander un
peu de temps : on ne travaille pas impunément sur des entiers aussi grands sans mobiliser ses circuits
électroniques au maximum ! Quelques précautions s’imposent : d’abord, avec select_range, ne
travailler qu’avec les nombres premiers ; ensuite tester dans la liste générée les valeurs x pour
lesquelles 2x – 1 est premier13. Quelques secondes après14, l’incroyable résultat est là :
La liste des nombres de Mersenne premiers dont l’exposant est inférieur ou égal à 1500 comporte 15
éléments, correspondant aux exposants :
2, 3, 5, 7, 13, 17, 19, 31, 61, 89, 107, 127, 521, 607, 1279.
Mieux que Mersenne, non ?
L’exploration peut se poursuivre au-delà mais le traitement de listes avec des nombres gigantesques
met la calculatrice en situation de dépassement de capacité.
Bilan de la recherche sur les nombres parfaits
À nombre de Mersenne premier, nombre parfait, selon le théorème d’Euclide...
Le plus grand nombre de Mersenne que nous ayons obtenu est 21279 – 1, avec 386 chiffres ! Le nombre
parfait qui lui est associé, 21278 (21279 – 1), possède quant à lui 770 chiffres :
13
Avec select_range, on doit impérativement utiliser la variable x.
14
Dix minutes avec la calculatrice…
Un copier-coller depuis le logiciel jusqu’à notre traitement de texte donne la valeur suivante pour ce
« grand » nombre parfait :
5416252628436584741265446537439131614085649053903169578460392081838720699415853485
9198999921056719921919057390080263646159280013827605439746262788903057303445505827
0283951394752077690449244314948617294351131262808379049304627406817179604658673487
2099257219056946554529962991982343103109262424446354778963544148139171981644160558
6788092147886677321398756661624714551726964302217554281784254817319611951659855553
5739377889234051462223245067159791937573728208608782143220522275845375528974762561
7939517662442631448031344693508520365758479824753602117288040378304860287362125931
3789994900336673941503747224966984028240806042108690077670395259231894666273615212
7756035357647079522501738583051710286030212348966478513639499289049732921451075059
79911456221519899345764984291328
Enfin, pour conclure, rien n’interdit non plus d’améliorer en profondeur notre programme de
recherche de nombres parfaits inférieurs à un entier m : si on ne recherche que les nombres parfaits
pairs, ils sont de la forme 2n – 1 × (2n – 1) avec 2n – 1 premier. Et comme on n’a pas trouvé de nombres
parfaits impairs15 jusqu’à aujourd’hui… Le code de la fonction suivante n’appelle aucun
commentaire... Évidemment, la recherche est considérablement plus rapide qu’au début de ce
chapitre…
On obtient des réponses rapides, spectaculairement rapides si l’on compare au tout premier
programme de recherche écrit en début de chapitre.
Presque instantanément, sauf pour le dernier calcul, on obtient l’écran suivant :
15
Il n’existe pas de nombre parfait impair de moins de 300 chiffres, selon Wikipedia.
Conclusion
À ce jour (juillet 2010), on connaît 47 nombres de Mersenne premiers et donc autant de nombres
parfaits pairs. Euclide a reconnu que 28 était un nombre parfait en 275 av J-C.
En montrant que 231 – 1 était premier en 1772, Euler en a déduit que 230 (231 – 1) était un nombre
parfait. Lucas a montré en 1876, évidemment sans ordinateur, que 2127 – 1 était premier : c’est le plus
grand nombre dont on a montré la primalité sans ordinateur (il possède quand même 39 chiffres). Le
douzième nombre parfait était obtenu !
Le nombre de Mersenne premier qui suit était inaccessible au calcul à la main. Robinson décroche en
1952 avec un ordinateur les exposants 521, 607, 1279 (ceux que nous avons obtenu avec notre
calculatrice !), 2203, 2281.
Le plus grand nombre de Mersenne premier connu est « tombé » en août 2008 : 243 112 609 – 1 et c’est le
plus grand nombre premier connu à ce jour. Il possède 12 978 189 chiffres et a été obtenu par l’un des
quelques milliers d’amateurs membres du projet GIMPS (Great Internet Mersenne Prime Search). Un
amateur qui demain peut être vous : il suffit de faire fonctionner sur son ordinateur un logiciel,
discret, qui teste en tâche de fond la primalité de quelques nombres de Mersenne...
2500 ans de réflexion et de labeur pour trouver si peu de nombres : seulement 44, sans que l’on sache
même s’il y en a une infinité...