Observation
Un homme de 72 ans consultait au cours de l’année 2006 devant l’apparition de ganglions
cervicaux et sus-claviculaires. Il n’avait pas d’antécédents connus. La tomodensitométrie
révélait de nombreux ganglions médiastinaux et abdominaux profonds sans hépatospléno-
mégalie associée. Les examens biologiques étaient normaux.
Une exérèse chirurgicale d’un ganglion sus-claviculaire était réalisée. Histologique-
ment, l’architecture ganglionnaire était totalement détruite. Près de 90 % du parenchyme
ganglionnaire était remplacé par un infiltrat diffus de cellules tumorales dont le cyto-
plasme contenait une vacuole optiquement vide, comprimant le noyau en un croissant
périphérique (Fig. 1A et B). Les colorations spéciales (PAS et bleu alcian) étaient néga-
tives sur ces vacuoles. Quelques rares follicules étaient observés en périphérie (Fig. 1C).
Ils étaient constitués d’une population cellulaire monomorphe de petites cellules clivées
associées à de plus rares centroblastes (Fig. 1D). L’étude immunohistochimique (Fig. 2)
ne montrait aucune positivité pour les antigènes épithéliaux, incluant cytokératines (KL1,
Dako), CK 7 (OV—TL12/30, Dako) et CK 20 (Ks20,8, Dako), ni pour la protéine S100 (polyclo-
nal, Beckman). Les cellules vacuolisées comme les cellules intrafolliculaires exprimaient
CD20 (L26, Dako), CD10 (56C6, Novocastra) et Bcl2 (124, Dako). L’immunomarquage par
le CD5 (4C7, Novocastra) se révélait négatif. Aucune positivité pour les chaînes légères
kappa (polyclonal, Dako) et lambda (polyclonal, Dako) n’était retrouvée, en particulier à
l’intérieur des vacuoles.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : veronique.secq@gmail.com (V. Secq).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.09.002
Lymphome folliculaire avec contingent de cellules en bague à chaton 167
Figure 1. Aspects histologiques de la prolifération. A (HES × 25) et B (HES × 100) : plages diffuses de cellules en bague à chaton ; C
(HES × 25) : un follicule au sein d’une zone diffuse de cellules en bague à chaton ; D (HES × 200) : population intrafolliculaire.
Histological aspects of the proliferation. A (HES × 25) and B (HES × 100): diffuse areas of signet-ring cells; C (HES × 25): one follicle
surrounded by signet-ring cells; D (HES × 200): intrafollicular population.
Figure 2. Immunomarquage de la population cellulaire en bague à chaton ( × 100). Positivité pour CD20, Bcl2, CD10. Le CD5 ne marque
que quelques lymphocytes T réactionnels.
Immunostaining within the signet-ring cells ( × 100). Positive staining for CD20, Bcl2, CD10. CD5 stains for a few reactive lymphocytes.
Diagnostic : lymphome B folliculaire avec géant [2,4]. Les corps multivésiculaires sont des structures
cellulaires impliquées dans la voie endosomale, en parti-
contingent de cellules en bague à chaton
culier dans l’internalisation de protéines de surface dans
Le lymphome folliculaire est une prolifération des vésicules d’endocytose et leur dégradation ultérieure.
d’architecture nodulaire constituée de petites cellules Ils sont impliqués dans les phénomènes de recyclage mem-
centrocytiques associées à une proportion variable de branaire.
cellules centroblastiques. Les cellules tumorales expriment Ce sont les données de la microscopie électronique qui
CD20, CD10 et Bcl2. L’existence d’un contingent de cellules ont étayé cette hypothèse : les vacuoles sont limitées par
en bague à chaton représente une forme morphologique une membrane et sont remplies de petites vésicules, aspect
rare. À noter que dans notre cas, malgré la présence de très proche de celui des corps multivésiculaires [2,4]. Cette
plages diffuses, la chromatine des cellules en bague à ultrastructure est retrouvée à la fois dans les lymphomes B
chaton était toujours condensée, mature, ne permettant et les lymphomes T avec contingent de cellules en bague à
pas de conclure en une transformation en un lymphome chaton [2,4]. Le principal diagnostic différentiel devant des
agressif à grandes cellules. cellules en bague à chaton dans un ganglion sus-claviculaire
Les premiers cas de lymphomes avec contingent de cel- est bien sûr celui d’une métastase par un adénocarcinome,
lules en bague à chaton ont été rapportés en 1978 [1]. Il notamment gastrique. La négativité des marqueurs épithé-
s’agit le plus souvent de lymphomes B folliculaires [1,2], liaux l’élimine facilement. Une tumeur adipeuse est écartée
mais également de lymphomes B diffus à grandes cellules par l’absence de lipoblaste caractéristique et la négativité
[3] et de lymphomes T [4]. de la PS100. Des cellules en bague à chaton peuvent se
La littérature est quelque peu déconcertante concernant rencontrer dans d’autres carcinomes : d’origine mammaire,
le terme de « cellule en bague à chaton » et trois types de pulmonaire, cutané ou pancréatique, ainsi que dans certains
vacuoles peuvent être distingués : mélanomes.
• les vacuoles de mucosécrétion des adénocarcinomes, les La nature lymphomateuse d’une prolifération à cellules
plus fréquentes ; en bague à chaton est donc une éventualité rare mais qu’il
• les inclusions cytoplasmiques d’immunoglobulines, faut garder à l’esprit car pouvant représenter un piège diag-
encore appelées corps de Russel, essentiellement nostique particulièrement redoutable.
retrouvées dans les proliférations plasmocytaires et
lymphoplasmocytaires de type myélome ou maladie de
Waldenström ; Références
• les vacuoles optiquement vides, retrouvées de façon rare
dans certains lymphomes similaires au cas que nous rap- [1] Kim H, Dorfman RF, Rappaport H. Signet ring cell lymphoma. A
portons ici. rare morphologic and functional expression of nodular (follicu-
lar) lymphoma. Am J Surg Pathol 1978;2:119—32.
L’origine de ce dernier type de vacuole est débattue. [2] Harris M, Eyden B, Read G. Signet ring cell lymphoma: a rare
Plusieurs hypothèses ont été soulevées, en particu- variant of follicular lymphoma. J Clin Pathol 1981;34:884—91.
lier l’accumulation d’immunoglobulines [1]. Cependant, [3] McCluggage WG, Bharucha H, El-Agnaf M, Toner PG. B cell
l’absence de détection d’immunoglobulines en immunohis- signet-ring cell lymphoma of bone marrow. J Clin Pathol
tochimie [2], puis la description de cas de lymphomes T [4] 1995;48:275—8.
ont fait suggérer un autre mécanisme : la formation de la [4] Cross PA, Eyden BP, Harris M. Signet ring cell lymphoma of T cell
vacuole cytoplasmique à partir d’un corps multivésiculaire type. J Clin Pathol 1989;42:239—45.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 331-332
Suzanne Jozan (1), Jacqueline Aziza (1), Nassim Kamar (2), Laetitia Collin (1),
Monique Courtade-Saïdi (1)
Jozan S, Aziza J, Kamar N, Collin L, Courtade-Saïdi M. Des cellules monstrueuses dans un liquide de lavage
alvéolaire Ann Pathol 2007 ; 27 : 331-332.
Observation
332
Annales de pathologie (2008) 28, 62—64
Observation
Femme de 70 ans, consultait pour deux tuméfactions nodulaires, l’une frontale et l’autre
palpébrale gauche qui étaient indolores, de consistance ferme évoluant depuis deux mois.
La patiente avait été opérée deux ans auparavant d’un carcinome basocellulaire qui avait
la même localisation palpébrale. Le reste de l’examen somatique était normal. Le diagnos-
tic clinique était celui d’une probable récidive palpébrale avec une seconde localisation
frontale du carcinome basocellulaire.
La biopsie-exérèse a ramené deux fuseaux cutanés comportant chacun un nodule bien
limité, blanchâtre de 0,6 cm de grand axe.
Histologiquement, une des deux lésions correspondait à un nodule unique ; la seconde
lésion était constituée de micronodules à disposition plexiforme. Ces deux lésions pré-
sentaient des aspects microscopiques similaires. Chacun des nodules lésionnels était
entouré d’une capsule fine et formé sur un fond fibrillaire par des faisceaux de cel-
lules fusiformes à noyau allongé, ne présentant ni atypies ni mitoses. Ces faisceaux
étaient parallèles ou entrelacés et séparés les uns des autres par des petits espaces clairs
(Fig. 1).
L’étude immunohistochimique (Fig. 2) montrait que les cellules fusiformes exprimaient
fortement la protéine S100. Les cellules formant la capsule exprimaient l’EMA. Au sein de
cette prolifération de rares fibres étaient marquées par le neurofilament.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : njiml@yahoo.fr (L. Njim).
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doi:10.1016/j.annpat.2007.03.004
Deux nodules « solitaires » du visage ! 63
Diagnostic : double localisation frontale et se distingue du NSC par la présence de zones d’Antony A et
B, de nodules de Verocay et d’une hyalinisation des parois
palpébrale d’un névrome solitaire
des vaisseaux et ne comporte pas d’axones. Le neurofibrome
circonscrit plexiforme est une tumeur le plus souvent sous-cutanée,
non encapsulée, formée par plusieurs nodules intéressant
Le névrome solitaire circonscrit (NSC) ou névrome palis- des troncs nerveux ou un plexus et formés par des cellules
sadique encapsulé a été initialement décrit par Reed et aux noyaux incurvés qui sont agencées en faisceaux dans un
al. en 1972 [1]. C’est une lésion peu fréquente, observée fond myxoïde. Le NSC est également différent du névrome
de façon égale dans les deux sexes, chez l’adulte d’âge d’amputation qui, outre son caractère douloureux, est
moyen [1—5]. Le NSC siège habituellement au niveau du formé par des filets nerveux et de cellules de Schwann dispo-
visage, plus particulièrement dans les régions péribuccale, sés plus ou moins parallèlement au sein d’un tissu fibreux et
périnasale et périorbitaire. D’autres localisations sont pos- par sa capsule qui est faite par des trousseaux fibreux épais.
sibles : tronc, membres, pénis, plus rarement muqueuse À l’inverse des autres tumeurs nerveuses bénignes, le
buccale ou nasale [1—5]. Son aspect clinique n’est pas NSC n’a jamais été décrit en association avec une neu-
spécifique, il se manifeste par une papule ou un nodule rofibromatose ou un syndrome de néoplasie endocrinienne
solitaire cutané ou sous-cutané de taille infracentimétrique multiple [3,4]. Le NSC ne récidive pas après exérèse même
dont le revêtement de surface est d’aspect normal ou incomplète [4]. Cet argument a laissé certains auteurs croire
peu modifié [2]. Le diagnostic clinique de kyste épider- à la nature réactionnelle plutôt que néoplasique de cette
mique ou sébacé, de nævus ou de carcinome basocellulaire lésion.
est souvent posé [1—3]. Macroscopiquement, la lésion se
présente comme un nodule bien limité, de consistance
ferme et de couleur blanc-grisâtre. Histologiquement, ce Références
nodule est intradermique partiellement encapsulé fait par
des longs faisceaux entrelacés et séparés par des espaces [1] Reed RJ, Fine RM, Meltzer HD. Palisaded, encapsulated neuro-
clairs très caractéristiques. Les cellules formant ces fais- mas of the skin. Arch Dermatol 1972;106(6):865—70.
ceaux sont monomorphes et ont un cytoplasme éosinophile [2] Dubovy SR, Clark BJ. Palisaded encapsulated neuroma (soli-
mal limité et un noyau régulier hyperchromatique [3]. La tary circumscribed neuroma of skin) of the eyelid: report
forme multinodulaire et la forme plexiforme, comme dans of two cases and review of the literature. Br J Ophthalmol
notre cas, constituent deux variantes histologiques rares. 2001;85(8):949—51.
Les études immunohistochimiques montrent que les cellules [3] Fletcher CD. Solitary circumscribed neuroma of the skin
qui forment les faisceaux ont une différenciation schwan- (so-called palisaded, encapsulated neuroma). A clinicopa-
thologic and immunohistochemical study. Am J Surg Pathol
nienne nette avec une forte expression de la PS100. Entre
1989;13(7):574—80.
les faisceaux on peut observer un nombre variable d’axones [4] Lombardi T, Samson J, Kuffer R. Solitary circumscribed neuroma
exprimant le neurofilament. La capsule est formée par une (palisaded encapsulated neuroma) of the oral. Ann Dermatol
fine couche incomplète de cellules fusiformes d’origine péri- Venereol 2002;129(2):229—32.
neurale comme le témoigne leur positivité à l’EMA [3]. [5] Golod O, Soriano T, Craft N. Palisaded encapsulated neuroma: a
Cette tumeur doit être différenciée histologiquement des classic presentation of a commonly misdiagnosed neural tumor.
autres tumeurs d’origine nerveuse [1—4]. Le schwannome J Drugs Dermatol 2005;4(1):92—4.
Annales de pathologie (2008) 28, 238—240
Observation
Une patiente, âgée de 20 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, a consulté pour
tuméfaction progressive du médius gauche évoluant depuis le jeune âge et devenant de
plus en plus douloureuse. L’examen clinique a révélé un volumineux doigt sans caractère
pulsatile ni compressible ; la peau en regard était lisse ; l’examen neurologique a montré
un déficit moteur significatif avec une légère réduction locale de la sensibilité ; il n’y avait
ni adénopathie satellite ni signes en faveur du syndrome du canal carpien ; l’imagerie
par résonance magnétique a objectivé un élargissement fusiforme de la partie distale
du nerf médian avec hyposignal en T1 et T2 ; les os des phalanges étaient normaux. En
peropératoire, le nerf médian gauche était tuméfié ; une dissection interfasciculaire et une
biopsie ont été réalisées. Le fragment reçu mesurait 2 cm × 1,5 cm × 1,5 cm. Il était formé
de tissu nerveux et périnerveux, infiltré par des lobules d’adipocytes matures et des bandes
fibreuses disséquantes (Fig. 1), engainant les filets nerveux (Fig. 2) ; la densité cellulaire
était faible et il n’y avait ni atypie cytonucléaire, ni mitose ; l’évolution postopératoire a
été marquée par l’aggravation du déficit sensitivomoteur.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : naourezgouiaa@yahoo.fr (N. Gouiaa).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.06.009
Macrodactylie d’étiologie inhabituelle 239
Figure 1. Infiltration nerveuse par un tissu fibro-adipeux disso- Figure 2. Fibrose concentrique autour des filets nerveux
ciant les filets nerveux (HE × 200). (HE × 400).
Epineural infiltration of fibroadipose tissue separating nerve Concentric perineural fibrosis (HE × 400).
bundles (HE × 200).
Diagnostic : fibrolipomatose du nerf avec souvent une extension au tissu périnerveux [1,3] ;
les filets nerveux engainés peuvent présenter des images
médian gauche
d’enroulement en bulbe d’oignon caractéristique mimant le
La fibrolipomatose nerveuse est une lésion rare de nature périneuriome [1,4]. Des foyers d’ossification métaplasique
hamartomateuse et d’étiologie inconnue [1,2] ; elle apparaît ont été également rapportés [5]. La lipofibromatose ner-
habituellement à la naissance ou chez le petit enfant [1,3] ; veuse est une lésion bénigne mais sans traitement efficace :
il n’a pas été décrit de cas familiaux, ni d’association à des la résection du nerf endommagé cause souvent un déficit
syndromes particuliers. Le nerf médian et ses branches digi- neurologique significatif ; la dissection interfasciculaire et
tales sont les plus fréquemment touchés [1,2,4]. L’atteinte la résection du tissu fibro-adipeux sont également à éviter
du nerf cubital, du plexus brachial, des nerfs crâniens et du [3].
nerf sciatique ont été également rapportés dans la littéra-
ture [1,2,5]. Elle se manifeste cliniquement par un nodule
asymptomatique ou associé à un déficit sensitivomoteur [1] ; Références
la macrodactylie est inconstante [1,3] ; elle peut être symé-
trique ou asymétrique ; le syndrome du canal carpien est la [1] World Health Organization classification of tumours.Fletcher
complication majeure de cette lésion [2,3]. CDM, Unni KK, Mertens F, editors. Pathology and genetics of
L’aspect à l’imagerie par résonance magnétique, très tumours of soft tissue and bone. Lyon: IARC Press; 2002. p. 24—5.
[2] Marom EM, Helms CA. Fibrolipomatous hamartoma: pathogno-
pathognomonique, est caractérisé par un épaississement
monic on MR imaging. Skeletal Radiol 1999;28:260—4.
nerveux serpigineux avec hypersignal en T1 et T2 [2,3]. [3] Nagarajan G, Deshpande A, Supe A. Progressive macrodactyly
Le diagnostic de certitude est basé sur l’étude anatomo- due to nerve territory-oriented lipofibromatosis: a case report.
pathologique ; il peut être suspecté macroscopiquement Surgery 2002;131:468—9.
en remarquant un élargissement fusiforme et segmen- [4] Aymard B, Boman-Ferrand F, Vernhes L, Floquet A, Floquet J,
taire du nerf par un tissu blanc jaunâtre [4] ; du point Morel O, et al. Hamartome lipofibromateux des nerfs périphé-
de vue histopathologique, la fibrolipomatose nerveuse est riques. Étude anatomoclinique de cinq cas dont deux avec étude
caractérisée par une infiltration nerveuse par des adipo- ultrastructurale. Ann Pathol 1987;7:320—4.
cytes matures et par une fibrose peu cellulaire dissociant [5] Drut R. Ossififying fibrolipomatous hamartoma of the ulnar
et engainant de façon concentrique les filets nerveux nerve. Pediatr Pathol 1988;8:179—84.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 383-384
Naourez Gouiaa, Ines Samet Fakhfakh, Lobna Ayadi, Ibticem Bahri, Sameh Hammami,
Abdelmajid Khabir, Saloua Makni, Tahia Sellami Boudawara
Laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologiques, CHU Habib Bourguiba, 3029 Sfax (Tunisie).
Gouiaa N, Samet Fakhfakh I, Ayadi L, Bahri I, Hammami S, Khabir A. Masse de la cuisse d’évolution ra-
pide chez un petit garçon. Ann Pathol 2007 ; 27 : 383-384.
384
Annales de pathologie (2008) 28, 242—244
a
Service de dermatologie, hôpital Habib-Thameur, 8, rue Ali-Ben-Ayed, Montfleury,
1008 Tunis, Tunisie
b
Service d’anatomie et de cytologie pathologique, hôpital Habib-Thameur,
1008 Tunis, Tunisie
Observation
Une femme, âgée de 81 ans, consultait pour des lésions prurigineuses des plis ingui-
naux, secondairement étendues au pli interfessier et à la région périnéale. Ces lésions
évoluaient par poussées depuis une cinquantaine d’années. Elles étaient exacerbées par
l’hypersudation et les microtraumatismes et s’accompagnaient quelques fois de douleurs
et/ou de mauvaises odeurs. L’interrogatoire révèle par ailleurs la notion d’atteinte cutanée
similaire chez ses deux fils, ses deux sœurs et ses trois neveux.
L’examen clinique mettait en évidence des placards érythémato-vésiculeux avec des
érosions linéaires en rhagades parallèles aux plis inguinaux (Fig. 1) et de la muqueuse
vulvaire. Les phanères étaient indemnes, l’examen somatique était par ailleurs normal.
Une vésicule était prélevée en vue d’un examen histologique. Un examen en immuno-
fluorescence directe était réalisé en peau périlésionnelle.
L’examen anatomopathologique mettait en évidence un épiderme acanthosique et
papillomateux, surmonté d’une hyperkératose parakératosique. Le corps muqueux de Mal-
pighi était le siège d’une acantholyse suprabasale, s’étendant par endroits sur toute la
hauteur de l’épiderme, réalisant de larges fentes. L’assise basale était respectée et il
n’existait pas de dyskératose. Au sein du derme, on notait un dense infiltrat inflamma-
toire polymorphe à prédominance lymphocytaire et à disposition péricapillaire (Fig. 2).
L’examen en immunofluorescence directe était négatif.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : rym.benmously@rns.tn (R. Benmously Mlika).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.06.010
Placards érythémato-vésiculeux des plis inguinaux 243
Figure 1. Placards érythémato-vésiculeux avec des rhagades Figure 2. Hyperplasie épidermique faite d’une hyperkératose,
parallèles aux plis inguinaux. d’une acanthose avec papillomatose ; acantholyse réalisant un
Erythematous and vesicular patches of the groins with fissures. aspect de « mur de briques délabré ».
Epidermal hyperplasia with hyperkeratosis, acanthosis and papil-
lomatosis; incomplete acantholysis with ‘‘dilapidated brick wall’’.
Rym Benmously Mlika (1), Samy Fenniche (1), Asma Dhaoui (1), Golsom Ben Amor (2),
Fatma Denguezli(1), Achraf Debbiche(3), Mohamed Ben Ayed(3), Lilia Rokbani(2), Inçaf Mokhtar(1)
Benmously Mlika R, Fenniche S, Dhaoui A, Ben Amor G, Denguezli F, Debbiche A et al. Plaques infil-
trées des jambes. Ann Pathol 2007 ; 27 : 253-4
Observation
254
Ann Pathol 2007 ; 27 : 251-2
A dazzling image
Service d’Anatomie et Cytologie Pathologiques, AP-HP, Hôpital Saint-Antoine, 184 rue du Faubourg Saint-
Antoine, 75571 Paris cedex 12.
Albertini AF, Fléjou JF, Wendum D. Un diagnostic brillant. Ann Pathol 2007 ; 27 : 251-2.
Observation
252
Annales de pathologie (2009) 29, 40—42
a
Service d’anatomie pathologique, hôpital européen Georges-Pompidou, AP—HP, 20—40,
rue Leblanc, 75908 Paris cedex 15, France
b
Service d’anatomie pathologique, centre hospitalier Lagny-Marne-la-Vallée, 31,
avenue du Général-Leclerc, 77405 Lagny-sur-Marne cedex, France
c
Service de pneumologie, centre hospitalier Lagny-Marne-la-Vallée, 31, avenue du
Général-Leclerc, 77405 Lagny-sur-Marne cedex, France
d
Service d’infectiologie, centre hospitalier Lagny-Marne-la-Vallée, 31, avenue du
Général-Leclerc, 77405 Lagny-sur-Marne cedex, France
e
Inserm U872, centre de recherche des cordeliers, université Descartes Paris-5,
université Pierre-et-Marie-Curie-VI, 15, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, France
Observation
Un homme de 66 ans VIH+ était hospitalisé pour une altération de l’état général avec
une dyspnée, une anorexie, un amaigrissement et une anémie. La quadrithérapie anti-
rétrovirale, débutée trois mois auparavant, avait permis une diminution de la charge
virale. Un épanchement pleural bilatéral était trouvé à l’examen clinique confirmé
par la radiographie pulmonaire. Il n’était pas noté d’adénopathie, ni de lésion cuta-
née. Il existait un syndrome inflammatoire biologique, une élévation du taux des
lactate déshydrogénase (LDH) et une thrombopénie. L’anémie était d’origine multi-
factorielle. Le myélogramme montrait une moelle riche, sans cellule anormale. Le
bilan infectieux était négatif. La première ponction pleurale réalisée à gauche avait
ramené un liquide de type exsudatif très riche en lymphocytes d’aspect polymorphe.
La pleuroscopie, réalisée dans un second temps, montrait à gauche une plèvre grani-
tée, sans nodule. L’examen histologique correspondait à une pachypleurite chronique
non spécifique avec de rares nodules lymphoïdes en profondeur, sans aspect tumo-
ral (Fig. 1). Un traitement antituberculeux d’épreuve était instauré, mais devant la
∗ Auteur correspondant. Service d’anatomie pathologique, CHU Ambroise-Paré, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92104 Boulogne cedex,
France.
Adresse e-mail : jean-francois.cote@apr.aphp.fr (J.-F. Côté).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.02.001
Lymphome primitif des séreuses 41
Diagnostic : lymphome B primitif des Les autres lymphomes, en particulier le lymphome B diffus
à grandes cellules et le lymphome anaplasique, sont parfois
séreuses (primary effusion lymphoma plus difficiles à différencier des PEL, surtout ceux qui sont
[PEL]) associés à un pyothorax [1]. Enfin, certains carcinomes
anaplasiques, mésothéliomes ou tumeurs indifférenciées
Ce lymphome est défini selon la classification de doivent être discutées. L’absence de masse tumorale est un
l’organisation mondiale de la santé de 2001 [1] comme un élément important d’orientation pour un PEL. Néanmoins,
lymphome B à grandes cellules associé à l’herpès, virus seule l’étude immunohistochimique permet d’affirmer le
humain de type 8 (HHV-8). Il est très rarement de phénotype diagnostic de PEL. Les cellules tumorales sont habituelle-
T [2]. La description initiale a été faite par Knowles et al. ment positives pour l’anti-CD45, mais elles sont souvent
[3] qui décrivait un lymphome B à grandes cellules dans négatives pour les marqueurs pan-B (anti-CD20, anti-CD19
une série de patients VIH+. Il s’agissait d’épanchements et anti-CD79a). Rarement, il existe une expression de
intracavitaires (pleural, péricardique ou péritonéal) sans marqueurs de différenciation plasmocytaire comme l’anti-
masse tumorale détectable. Ces lymphomes ont été associés CD138. Le marqueur d’activation cellulaire (anti-CD30)
secondairement au virus HHV-8 ou à l’herpès virus du sar- peut être exprimé. Une expression aberrante de l’anti-CD3
come de Kaposi (KSHV) [1]. Le terme PEL a été proposé par a très rarement été observée. Le diagnostic de PEL s’appuie
Cesarman et al. [4] pour éviter la confusion avec des lym- sur l’expression intranucléaire de l’anti-HHV-8 dans les
phomes systémiques qui peuvent atteindre secondairement cellules tumorales.
les cavités séreuses. Le PEL est une tumeur rare, qui atteint Le PEL est un lymphome agressif, de mauvais pronostic
majoritairement des patients jeunes ou d’âge moyen, de car réfractaire à tous les traitements, et donc d’issue fatale.
sexe masculin, homosexuels et VIH+ [1,4]. Il est souvent La médiane de survie est inférieure à six mois avec ou sans
noté une co-infection VIH—EBV. Inversement les patients traitement [1].
VIH négatifs sont également EBV négatifs [5]. De rares
cas de PEL ont été décrits chez des patients VIH négatifs
notamment dans un contexte d’immunosuppression induite Remerciements
par la greffe d’organe [5] ou chez des patients âgés vivant
dans des régions de forte prévalence de l’HHV-8/KSHV À Mme A. Breton, service d’anatomie pathologique du
[1,5]. La présentation clinique est typique : épanchement centre hospitalier de Meaux et au Dr V. Verkarre, ser-
d’une des cavités séreuses (pleurale, péricardique ou péri- vice d’anatomie pathologique de l’hôpital Necker pour
tonéale), sans lymphadénopathie ou organomégalie. Des les études immunohistochimiques complémentaires dirigées
localisations extra ganglionnaires (tractus gastro-intestinal, contre HHV-8.
tissus mous, etc.) ont été exceptionnellement rapportées
[1]. D’autres pathologies liées au virus HHV-8, telles le
sarcome de Kaposi ou la maladie de Castleman multicen- Références
trique sont parfois associées [1]. L’examen cytologique de
l’épanchement, après cytocentrifugation, est essentiel au [1] Banks PM, Warnke RA. Primary effusion lymphoma. In: Jaffe
diagnostic. Les cellules tumorales sont de grande taille, ES, Harris NL, Stein H, Vardiman JW, editors. WHO clas-
sification of tumours. Pathology and genetics of tumours
d’aspect immunoblastique ou plasmoblastique [1,4]. Les
of haematopoietic and lymphoid tissues. Lyon: IARC Press;
noyaux sont grands, ovalaires, parfois irréguliers, avec un
2001.
ou plusieurs nucléoles hypertrophiés. Le cytoplasme, par- [2] Coupland SE, Charlotte F, Mansour G, Maloum K, Hummel M,
fois abondant, est vacuolisé, amphophile ou très basophile Stein H. HHV-8-associated T-cell lymphoma in a lymph node with
en coloration de MGG. Certaines cellules présentent une concurrent peritoneal effusion in an HIV-positive man. Am J Surg
différenciation plasmocytaire, d’autres sont binucléées Pathol 2005;29:647—52.
(Reed-Sternberg-like). Les mitoses sont nombreuses et de [3] Knowles DM, Inghirami G, Ubriaco A, Dalla-Favera R. Mole-
forme anormale. Si l’examen cytologique est le plus souvent cular genetic analysis of three AIDS-associated neoplasms of
contributif, en revanche l’examen histologique est fausse- uncertain lineage demonstrates their B-cell derivation and the
ment rassurant. En effet, les cellules tumorales sont parfois possible pathogenetic role of the Epstein-Barr virus. Blood
1989;73:792—9.
peu nombreuses dans les prélèvements histologiques. Elles
[4] Cesarman E, Chang Y, Moore PS, Said JW, Knowles DM.
sont adhérentes à la surface pleurale, souvent mêlées à
Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus-like DNA sequences
du matériel fibrino-leucocytaire et apparaissent uniformes in AIDS-related body-cavity-based lymphomas. N Engl J Med
[1]. Rarement, les cellules tumorales peuvent envahir la 1995;332:1186—91.
plèvre. Elles sont fréquemment identifiées uniquement [5] Jones D, Ballestas ME, Kaye KM, Gulizia JM, Winters GL, Flet-
par l’anti-HHV-8. Le diagnostic différentiel est rarement cher J, et al. Primary-effusion lymphoma and Kaposi’s sarcoma
une lymphocytose réactionnelle en raison du caractère in a cardiac-transplant recipient. N Engl J Med 1998;339:
monstrueux des cellules lymphomateuses malignes du PEL. 444—9.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 329-330
Maxime Battistella (1), Olivier Verola (1), Delphine Kerob (2), Céleste Lebbé (2), Anne Janin (1)
(1) Service d’Anatomie Pathologique, AP-HP, CHU Hôpital Saint Louis, Paris.
(2) Service de Dermatologie, AP-HP, CHU Hôpital Saint Louis, 1 avenue Claude Vellefaux, 75010 Paris.
Battistella M, Verola O, Kerob D, Lebbé C, Janin A. Un étonnant ganglion abdominal… Ann Pathol 2007 ;
27 : 329-330.
330
Annales de pathologie (2008) 28, 526—528
a
Service d’anatomie pathologique, université Libre de Bruxelles (ULB),
hôpital universitaire Erasme,
CP 610, route de Lennik-808, 1070 Bruxelles, Belgique
b
Unité de gynécopathologie et de sénologie, université Libre de Bruxelles (ULB),
hôpital Erasme, Bruxelles, Belgique
Observation
Une jeune femme, âgée de 20 ans, allaitante, consultait après l’apparition de douleurs
localisées au niveau du sein droit et irradiant dans le creux axillaire. Cette patiente,
d’origine maghrébine, sans antécédents particuliers et immunocompétente, n’avait pas
de notion de contage tuberculeux. La patiente était subfébrile et à l’examen physique, on
retrouvait au niveau du quadrant supéroexterne du sein droit une tuméfaction douloureuse
et des signes de lymphangite.
L’échographie et la mammographie démontraient une volumineuse masse kystique hété-
rogène mesurant 8 × 5 cm au contour bien circonscrit au niveau du quadrant supéroexterne,
ainsi que deux adénopathies axillaires de 3 cm de plus grand axe. Les vidanges échoguidées
ont ramené un liquide lactescent avec des résultats bactériologiques négatifs. La cytologie
était peu contributive, ramenant uniquement quelques cellules macrophagiques.
Face à ce tableau, le diagnostic de galactocèle a été posé et une antibiothérapie fut
instaurée pendant 21 jours.
Devant l’échec de cette antibiothérapie et la persistance de cette masse douloureuse,
une exérèse de cette dernière et des deux ganglions axillaires est décidée. Macroscopi-
quement, la formation tumorale kystique mesurait 8 cm de grand axe et était entourée
d’un tissu fibreux et les ganglions présentaient un aspect nécrotique et blanchâtre
(Fig. 1).
L’examen histologique retrouvait des granulomes nécrotiques gigantocellulaires, tant
au niveau de la paroi de la formation tumorale kystique qu’au niveau des ganglions lym-
phatiques (Fig. 2).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : corinenken@yahoo.fr (C. Engohan-Aloghe).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.01.006
Un galactocèle géant chez une femme allaitante 527
Diagnostic : mastite tuberculeuse de certitude est toutefois posé par la mise en évidence du
bacille acido-alcoolo-résistant, soit à l’examen direct, soit
La tuberculose mammaire (TM) est une forme rare de tuber- par la mise en culture du prélèvement (lesquels sont souvent
culose extrapulmonaire. Elle représente 0,1 % de l’ensemble négatifs) et/ou par la mise en évidence de lésions histolo-
de la pathologie mammaire alors qu’elle atteint 3 % des giques spécifiques, telle la nécrose caséeuse [4]. La méthode
pathologies mammaires chirurgicalement traitées dans les d’amplification génique par polymerase chain reaction ou
pays en voie de développement [1]. Elle fut décrite la pre- PCR peut constituer une aide hautement spécifique et sen-
mière fois en 1829 par Sir Astley Cooper. Elle touche dans 83 sible pour le diagnostic de TM (tout particulièrement, dans
à 95 % des cas la jeune femme (entre 20 et 40 ans), bien que, les formes paucibacillaires) et être utile au diagnostic dif-
ces dernières années, une élévation du nombre de cas chez férentiel avec d’autres formes de mastite granulomateuse,
la femme plus âgée est constatée. Les facteurs de risque comme la mastite chronique à plasmocytes, la tularé-
sont la multiparité, la grossesse, les traumatismes mam- mie, l’histoplasmose, la blastomycose, la cryptococcose,
maires et la mastite chronique, l’allaitement (en effet, 30 % l’actinomycose, l’infection à Corynebacterium, la mastite
des femmes présentant une TM sont allaitantes) [1]. sur corps étrangers, la maladie de Wegener, la sarcoïdose et,
Il est classiquement décrit une forme primaire (ino- enfin, l’entité dénommée mastite granulomateuse idiopa-
culation directe du bacille de Koch à travers les canaux thique [1,2,5]. Le pronostic est excellent sous réserve d’une
galactophores ou une peau lésée) et une forme secondaire prise en charge adéquate des autres localisations tuber-
(principalement, par voie lymphatique ou, plus rarement, culeuses. Le traitement consiste en une chirurgie limitée
par contiguïté) [2]. (d’intérêt afin d’éliminer une éventuelle néoplasie) associée
La présentation clinique la plus commune de TM est une à un traitement médical antibacillaire.
masse ferme, unilatérale du quadrant supéroexterne, dou-
loureuse avec ou sans cavité suggérant un carcinome du
sein ou un abcès. Dans 60 % des cas, les ganglions axillaires Références
homolatéraux sont atteints [2].
Trois types principaux de TM sont décrits : la forme nodu- [1] Khanna R, Prasanna GV, Gupta P, Kumar M, Khanna AK. Mam-
locaséeuse simulant un carcinome ; la forme abcédée et, mary tuberculosis: report on 52 cases. Postgrad Med J 2002;78:
enfin, la forme disséminée évoluant souvent vers la forma- 422—4.
tion d’une cavité et de caséum [3], comme ce fut le cas chez [2] Tewari M, Shukla HS. Breast tuberculosis: diagnosis, clinical fea-
notre patiente. tures and management. Indian J Med Res 2005;122:103—10.
La cytologie d’une ponction oriente le diagnostic [3] Bani-Hani KE, Yaghan RJ, Matalka II, Mazahreh TS. Tuberculous
mastitis: a disease not to be forgotten. Int J Tuberc Lung Dis
lorsqu’on retrouve des cellules histiocytaires d’aspect
2005;9:920—5.
épithélioïde, des cellules géantes de Langhans, mais la pré- [4] Ben Hassouna J, Gamoudi A, Bouzaiene H, Dhiab T, Khomsi F,
valence de bacilles dans les frottis restent faible, variant de Chargui R, et al. Mammary tuberculosis: a retrospective study
0 à 38,6 % [4]. of 65 cases. Gynecol Obstet Fertil 2005;33:870—6.
L’examen histologique met en évidence des granulomes [5] Diesing D, Axt-Fliedner R, Hornung D, Weiss JM, Dietrich K,
nécrotiques épithélio-gigantocellulaires tendant à être asso- Friedrich M. Granulomatous mastitis. Arch Gynecol Obstet
ciés plus avec les canaux qu’avec les lobules. Le diagnostic 2004;269:233—6.
Annales de pathologie (2009) 29, 48—50
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Militaire de Tunis,
1008 Monfleury, Tunis, Tunisie
b
Service d’otorhinolaryngologie, hôpital Militaire de Tunis, 1008 Monfleury,
Tunis, Tunisie
Observation
Une femme âgée de 29 ans, aux antécédents familiaux de goitre, était admise pour explo-
ration d’une tuméfaction basocervicale antérieure évoluant depuis une année. La malade
n’était pas dyspnéique, ni dysphagique, ni dysphonique. Elle n’avait pas de signe cli-
nique de dysthyroïdie. L’examen clinique trouvait un nodule cervical antérieur, latéralisé
à droite, de consistance ferme, indolore, mobile à la déglutition. Il mesurait 5 cm de grand
axe. Il n’y avait pas d’adénopathie cervicale palpable. Le reste de l’examen somatique
était sans particularité. Le bilan hormonal thyroïdien était normal. L’échographie cervi-
cale objectivait un nodule du lobe thyroïdien droit de 4 cm de grand axe. La patiente était
alors proposée pour une lobo-isthmectomie droite. En peropératoire, un nodule allongé,
grisâtre, de consistance élastique, mesurant 1,2 cm de grand axe, évoquant une adénopa-
thie, était réséqué à l’origine du nerf récurent droit. L’exploration de la loge thyroïdienne
montrait l’absence de la parathyroïde inférieure droite et la présence des trois autres
parathyroïdes en situation normale rétrolobaire. L’étude microscopique de la pièce de
lobo-isthmectomie concluait à un adénome macrovésiculaire. La formation réséquée cor-
respondait à un tissu lymphoïde encapsulé comportant un nodule bien limité formé par des
travées de cellules régulières claires et éosinophiles. Le tissu lymphoïde était composé de
petits lymphocytes associés à des cellules épithéliales. Il comportait des corpuscules arron-
dis éosinophiles (Fig. 1 et 2). L’examen tomodensitométrique médiastinal post opératoire
concluait à l’absence de thymus.
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.01.007
Un nodule cervical de découverte fortuite 49
Diagnostic : thymus cervical ectopique par la proximité de leurs ébauches au cours du dévelop-
pement embryologique. L’ébauche du thymus se détache
avec parathyroïde intrathymique
vers la sixième semaine de la partie ventrale de la troi-
Chez cette malade opérée d’un adénome thyroïdien sième poche endoblastique de l’intestin pharyngien. Elle
macrovésiculaire, le thymus et la parathyroïde ectopiques migre en direction caudale pour former avec son homologue
intrathyroïdiens ont été une découverte fortuite. L’ectopie controlatéral le thymus définitif dans le médiastin supé-
thymique dans la région cervicale est rare. Une centaine de rieur [4]. L’ébauche de la parathyroïde se développe dans
cas est rapportée dans la littérature dont moins de dix cas la partie dorsale de la même poche endoblastique. Elle est
comportant une parathyroïde intrathymique. La plupart des entraînée avec la migration de l’ébauche thymique et vient
cas concernent des enfants de sexe masculin âgés de deux à se placer au pôle inférieur de la thyroïde constituant la
13 ans [1]. La découverte de cette anomalie chez l’adulte parathyroïde inférieure [4]. Une partie de l’ébauche thy-
comme dans la présente observation est exceptionnelle. mique peut arrêter sa migration dans la région cervicale et
Cela s’explique par l’involution thymique physiologique à englober la parathyroïde qui a été entraînée avec elle. En
cet âge. raison d’un risque de cancérisation rapporté chez l’adulte,
Le thymus cervical ectopique est généralement asymp- le thymus ectopique doit être réséqué après vérification de
tomatique. Il peut parfois entraîner une dysphagie, une l’existence d’un thymus médiastinal pour éviter un risque
dyspnée, un stridor ou des épisodes de suffocation dus à la d’immunodéficience, notamment chez l’enfant [5].
compression des organes de voisinage [2]. Il peut augmen-
ter de taille durant la première décade de vie après une Références
infection ou une vaccination [2]. Les examens cliniques et
radiologiques, peu spécifiques, trouvent un nodule kystique [1] Park JJ, Kim JW, Kim JP, Ahn SK, Jeong JH, Jeon SY. Two cases
ou solide sur le trajet de la descente embryologique du thy- of ectopic cervical thymus: case reports and a review of the
mus entre l’angle du maxillaire et le médiastin supérieur [2]. literature. Auris Nasus Larynx 2006;33:101—5.
La cytoponction peut aboutir au diagnostic en ramenant un [2] Loney DA, Bauman NM. Ectopic cervical thymic masses in
mélange de cellules lymphoïdes et épithéliales thymiques infants: a case report and review of the literature. Pediatr Oto-
rhinolaryngol 1998;43:77—84.
[3]. Le diagnostic n’est souvent posé qu’après examen
[3] Millman B, Pransky S, Castillo J, Zipfel TE. Cervical thymic ano-
anatomopathologique de la pièce d’exérèse. Macroscopi-
malies. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 1999;47:29—39.
quement, le thymus ectopique se présente sous forme d’un [4] Rabineau D. Précis d’embryologie humaine. Paris: Ellipses; 1989.
nodule kystique dans 90 % des cas et rarement solide comme [5] Ozturk H, Karnak I, Deveci S, Surer I, Cetinkursun S. Multilocular
dans la présente observation [2]. L’existence d’une parathy- cervical thymic cyst: an unusual neck mass in children. Int J
roïde au sein du thymus cervical ectopique est expliquée Pediatr Otorhinolaryngol 2001;61:249—52.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 47-48
(1) Département de Pathologie, Institut Bergonié, 229 cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux.
(2) Cabinet médical d’anatomie et cytologie pathologiques, 72 rue Lessard, 76100 Rouen.
Douggaz A, Ziadé J, Coindre JM. Un nodule du doigt chez un enfant. Ann Pathol 2007 ; 27 : 47-48
Observation
48
Annales de pathologie (2008) 28, 162—164
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Saint-Antoine, AP—HP,
faculté de médecine, université Pierre-et-Marie-Curie, 184,
rue du Faubourg-Saint-Antoine, 75571 Paris cedex 12, France
b
Service de proctologie médico-chirurgicale, hôpital des Diaconesses, 18, rue du
Sergent-Bauchat, 75012 Paris, France
Observation
Une femme de 35 ans présentait une tuméfaction non douloureuse du périnée, appa-
rue dix mois auparavant. L’examen clinique révélait une lésion d’allure bénigne et
kystique, située en regard du noyau fibreux central du périnée, qui faisait évoquer
le diagnostic d’hydrocystome apocrine. L’échographie endo-anorectale décrivait une
lésion bien limitée, à contenu liquidien. Cette lésion était facilement énucléée par le
chirurgien.
Macroscopiquement, la lésion était nodulaire, bien limitée, mesurant 20 mm × 10 mm.
À la coupe, elle était blanchâtre, souple, homogène, sans composante kystique. Histo-
logiquement, elle était monomorphe, relativement cellulaire, faite d’une prolifération
vaguement fasciculée de cellules fusiformes, au noyau ovalaire ou arrondi, régulier, peu
nucléolé, et au cytoplasme peu étendu (Fig. 1). Il existait également une composante
vasculaire abondante, faite de vaisseaux de taille petite à moyenne, à paroi hyalinisée.
On notait la présence de mastocytes, de quelques amas lymphoïdes périvasculaires ainsi
que de rares plasmocytes interstitiels. Il n’était pas noté de contingent adipocytaire. Il
n’y avait pas de nécrose ni d’hémorragie. Il n’était pas observé de mitose. Cette lésion
était bien limitée, non encapsulée. L’exérèse paraissait complète. L’étude immunohisto-
chimique montrait que les cellules fusiformes exprimaient avec une intensité moyenne la
desmine et faiblement le CD34 (Fig. 2A). Il n’y avait pas d’expression de l’actine muscu-
laire lisse ni de la protéine S100. Les nombreux vaisseaux exprimaient le CD34 et l’actine.
Il existait une expression du bcl2 ainsi qu’une forte expression nucléaire des récepteurs
aux estrogènes et à la progestérone (Fig. 2B).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jean-francois.flejou@sat.aphp.fr (J.-F. Fléjou).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.08.002
Un nodule du périnée chez une femme 163
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital La-Rabta, 1007 Bab-Saadoun,
Tunis, Tunisie
b
Service d’oto-rhino-laryngologie, hôpital La-Rabta, 1007 Bab-Saadoun, Tunis, Tunisie
Observation
Un homme âgé de 39 ans consultait pour des douleurs osseuses et abdominales diffuses.
Le bilan biologique mettait en évidence une élévation de la parathormone sérique à
1401 pg/ml et une hypercalcémie sévère à 17,3 mg/dl. Un adénome parathyroïdien était
suspecté, mais la scintigraphie parathyroïdienne au MIBI marqué au Technetium 99 m était
négative. L’échographie et l’examen tomodensitométrique de la région cervicale visua-
lisaient un nodule thyroïdien basilobaire gauche. Une lobo-isthmectomie thyroïdienne
gauche a été pratiquée. L’examen macroscopique de la pièce opératoire trouvait que
le nodule était basilobaire, de couleur blanc-jaunâtre entouré par une capsule épaisse
et mesurait 3 cm de diamètre. L’examen extemporané plaidait en faveur de la malignité
devant une prolifération tumorale infiltrant la capsule. L’examen histologique définitif
montrait une tumeur maligne nodulaire encapsulée et enchâssée dans le parenchyme thy-
roïdien. Cette prolifération infiltrait la capsule, le tissu thyroïdien ainsi que le tissu adipeux
périthyroïdien avec présence de nombreux emboles vasculaires tumoraux. Elle s’agençait
en travées, cordons et amas séparés par des bandes fibreuses. Les cellules tumorales
étaient arrondies à polygonales pourvues d’un cytoplasme éosinophile bien limité. Les
noyaux étaient monomorphes, ronds et réguliers au centre du nodule, atypiques ovoïdes et
nuléolés en périphérie et dans les zones d’invasion. L’index mitotique était de deux mitoses
pour dix champs à fort grossissement. L’étude immunohistochimique montrait la positivité
des cellules tumorales avec les anticorps dirigés contre l’antigène carcinoembryonnaire, la
chromogranine, la synaptophysine et leur négativité avec les anticorps antithyroglobuline
et anticalcitonine. (Fig. 1 et 2).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.12.003
Un nodule intrathyroïdien inhabituel 519
Figure 1. Les cellules tumorales sont arrondies à noyaux mono- Figure 2. Les cellules tumorales ne sont pas marquées par
morphes (HE × 400). l’anticorps anti-thyroglobuline. Présence d’un embole vasculaire
Round tumor cells with monomorphous nuclei (HE × 400). tumoral dans la thyroïde adjacente.
Tumor cells are not stained by anti-thyroglobulin antibody.
Note the presence of vascular invasion in the adjacent thyroid
parenchyma.
A thyroid nodule
Maxime Benchetrit (1), Isabelle Birtwisle-Peyrottes (1), François Demard (2), Francette Ettore (1)
388
Annales de pathologie (2009) 29, 154—156
a
Centre Paul-Papin, 2, rue Moll, 49000 Angers, France
b
Centre d’anatomie et de cytologie pathologiques, 2, rue de l’appentis,
BP 40428, 49004 Angers cedex 01, France
c
Clinique de l’espérance, 49000 Angers, France
Observation
Une femme de 83 ans était hospitalisée pour bilan de douleurs abdominales avec palpation
d’une tumeur de l’hypochondre droit. L’examen tomodensitométrique mettait en évidence
une tumeur pleine développée au contact de l’angle colique droit. La colonoscopie était
normale.
Une hémicolectomie droite était réalisée révélant une tumeur arrondie de
4,5 × 4 × 4 cm, blanc rosé, homogène à la coupe. Cette tumeur était bien limitée, non
encapsulée et développée dans la paroi colique au dépens de la musculeuse et du méso.
L’examen microscopique montrait une prolifération de cellules fusiformes mêlées à
des cellules pléomorphes, disposées le plus souvent en faisceaux plus ou moins intriqués.
Le fond était discrètement collagène sans inflammation ni nécrose. Les noyaux des cel-
lules tumorales étaient franchement atypiques, fusiformes, chromatiques et nucléolés. Il
existait de nombreuses mitoses (18 mitoses pour dix champs au fort grossissement). Dix
ganglions du mésocôlon étaient réactionnels sans métastase.
L’étude immunohistochimique révélait dans un premier temps une forte positivité iso-
lée de la desmine. La protéine S100, le CD117 (C-kit), le CD34, la h-caldesmone, la
myogénine, et l’actine musculaire lisse alpha n’étaient pas exprimés par les cellules
tumorales.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : elavoine.cacp49@wanadoo.fr (E. Lavoine).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.09.054
sarcome colique exprimant la desmine 155
Figure 1. Prolifération de cellules fusiformes avec des atypies Figure 2. Expression de la desmine (× 200).
cytonucléaires marquées (HES × 200). Desmin expression (× 200).
Proliferation of spindle cells with marked atypia (HES × 200).
a
Service d’anatomie et cytologie pathologiques, hôpital d’instruction des armées-Percy,
101, avenue Henri-Barbusse, B.P. 406, 92141 Clamart cedex, France
b
Service de biologie, hôpital d’instruction des armées-Percy, 101, avenue Henri-Barbusse,
B.P. 406, 92141 Clamart cedex, France
c
Service de pneumologie, hôpital d’instruction des armées-Percy, 101, avenue
Henri-Barbusse, B.P. 406, 92141 Clamart cedex, France
Observation
Une femme de 68 ans consultait pour des douleurs thoraciques. La radiographie pulmo-
naire mettait en évidence la présence d’un épanchement pleural droit. Celui-ci a été
ponctionné. Les spots recueillis après cytocentrifugation du liquide montraient des cel-
lules rondes, de taille moyenne, au cytoplasme modérément abondant, contenant parfois
un pigment brunâtre pulvérulent de mélanine (coloration de Fontana—Masson positive,
coloration de Perls négative) (Figs. 1 et 2). Leur noyau apparaissait arrondi, excentré,
régulier, à chromatine fine, parfois fortement nucléolé. Un certain degré d’anisocaryose
était observé, de même que la présence d’inclusion cytoplasmique intranucléaire. Il n’y
avait pas de cellules bi- ou multinucléées. L’examen en histologie conventionnelle du
culot de liquide retrouvait ces cellules au cytoplasme éosinophile, parfois pigmenté en
brun foncé. Leur noyau était augmenté de volume, arrondi, parfois aux contours irré-
guliers, nucléolé et à chromatine dispersée, contenant parfois une vacuole optiquement
vide. Quelques mitoses étaient notées. Il existait également des cellules mésothéliales,
ainsi que des macrophages. L’étude immunohistochimique sur coupes paraffinées confir-
mait ce polymorphisme cellulaire avec des éléments atypiques exprimant la vimentine, la
protéine S100 (PS100), l’anticorps anti-HMB45, l’anticorps antimelan A, mais pas la cyto-
kératine (KL1) (Fig. 3). Les cellules mésothéliales étaient repérées par un marquage par la
cytokératine et la vimentine, alors que les macrophages étaient marqués par l’anticorps
anti-CD68.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : psbpercy@yahoo.fr (P. Saint-Blancard).
1 Auteur décédé.
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.11.002
Métastase pleurale d’un mélanome 67
Figure 1. Liquide pleural : cellules malignes mélaniques (colora- Figure 3. Culot de liquide pleural : marquage cytoplasmique par
tion de Papanicolaou, × 400). l’anticorps anti-Melan A (hématoxyline et AEC, × 630).
Pleural effusion: melanin malignant cells (Papanicolaou stain, Pleural effusion in paraffin embedded cellblock material: cytoplas-
× 400). mic stain for anti-Melan A antibody (hematoxylin and AEC, × 630).
Diagnostic : métastase pleurale d’un l’immunohistochimie sont alors des aides précieuses dans
les situations difficiles, surtout lorsque le pigment n’est
mélanome malin
pas très abondant et/ou très fin [4]. La coloration de
Il s’agit d’une localisation pleurale d’un mélanome malin. Fontana—Masson permet de mettre en évidence les grains
Notre patiente avait été opérée deux ans auparavant d’un même pulvérulents de mélanine. L’analyse immunohistochi-
mélanome de l’épaule droite. Le potentiel métastatique mique utilisant cytokératine, vimentine, HMB45, PS100 et
du mélanome est très élevé. Tous les organes peuvent CD68 est le panel minimum requis [4]. L’étude immunohis-
être atteints. La présence de cellules mélaniques dans les tochimique est possible sur des spots de cytocentrifugation
séreuses n’échappe pas à cette règle. La localisation aux [2]. Plus récemment de nouveaux anticorps sont apparus sur
séreuses des mélanomes arrive en dixième position des le marché, comme Mart-1 et melan A. Ils ont été utilisés sur
décès par cancer chez l’homme (loin derrière les cancers coupes congelées et sur prélèvements inclus en paraffine
pulmonaires) et en douzième chez la femme (loin derrière [2,5,6]. Leur intérêt paraît très grand dans le diagnostic de
les cancers mammaires) [1]. Elle représente moins d’1 % des métastase de mélanome. Leur sensibilité dans les tumeurs
cas de tumeurs pleurales malignes secondaires [1]. d’origine mélanique paraît établie. Pour certains, leur sen-
Généralement, il peut être assez aisé de reconnaître sibilité est telle qu’ils apparaissent comme des anticorps
une cellule tumorale, car elle présente des atypies cyto- majeurs dans le diagnostic de métastase de mélanome,
nucléaires caractéristiques : surtout lorsque celui-ci est difficile à établir. Le diagnos-
• une anisocytose ; tic différentiel peut parfois être trompeur avec une lésion
• une élévation du rapport nucléocytoplasmique ; mésothéliale bénigne ou maligne (dont l’hyperplasie méso-
• une anisocaryose ; théliale atypique), une métastase d’un adénocarcinome,
• un noyau aux contours anguleux ; voire avec celui très égarant d’histiocytose pleurale nodu-
• une nucléolation, avec des nucléoles irréguliers ; laire.
• une activité mitotique notable et des mitoses anormales. Notre observation rappelle que le diagnostic de méta-
stase pleurale de mélanome est un piège et qu’il est le plus
C’est surtout le regroupement de cellules tumorales qui souvent difficile à évoquer. Il doit être considéré après dis-
attire l’attention. Parfois, c’est la localisation insolite de cussion avec les cliniciens sur les antécédents des patients.
cellules qui permet de poser le diagnostic. L’aspect cytologique peut être déroutant, car les cellules
Cependant, une cellule tumorale peut avoir un tumorales ne sont pas toujours typiques et même difficiles
aspect non inquiétant et même simuler les cellules de à différencier des autres cellules présentes dans le liquide.
l’environnement normal (cellules mésothéliales, macro- Dans ce contexte, il est judicieux d’inclure le culot du
phages) situation rencontrée dans 12,5 % des cas étudiés liquide en paraffine, et de réaliser une étude immunocy-
par Beaty et al. [2]. C’est le cas des cellules tumorales tochimique pouvant grandement aider au diagnostic.
d’origine mélanique qui peuvent prendre un aspect parfois
même plasmocytoïde, et dont le caractère isolé peut être
déroutant. Ainsi, dans le cas des épanchements malins, les Références
principales anomalies cytologiques devant faire évoquer
une origine mélanique sont les suivantes : [1] Adotti F, Bodiguel V, Masset F. Aspect cytomorphologique
• le manque de cohésion cellulaire ; des épanchements des séreuses. Rev Fr Lab 1998;300:
• un grand noyau excentré avec un gros nucléole ; 61—5.
• une multinucléation ; [2] Beaty MW, Fetsch P, Wilder AM, Marincola F, Abati A. Effusion
• une vacuolisation cytoplasmique ; cytology of malignant melanoma. A morphology and immuno-
• une inclusion cytoplasmique intranucléaire ; chemical analysis including application of the MART-1 antibody.
Cancer 1997;81(1):57—63.
• une macrophagie cellulaire ;
[3] Walts AE. Malignant melanoma in effusions: a source of false-
• la présence de pigment mélanique intracytoplasmique.
negative cytodiagnosis. Diagn Cytopathol 1986;2:150—3.
Mais ces anomalies sont le plus souvent retrouvées sur [4] Longatto Filho A, de Carvalho LV, Santos G, da C, Oyafuso MS,
une minorité de cellules [3]. Dans ces cas, le diagnostic Lombardo V, et al. Cytologic diagnosis of melanoma in serous
s’avère particulièrement difficile, le recours à l’étude du effusions. A morphologic and immunocytochemical study. Acta
Cytol 1995;39:481—4.
culot du liquide après centrifugation et inclusion en paraf-
[5] Busam KJ, Chen YT, Old LJ, Stockert E, Iversen K, Coplan KA, et
fine apparaît très utile. En effet, réalisé dans des conditions al. Expression of melan-A (mart-1) in benign melanocytic nevi
idéales, il évite d’avoir des altérations cellulaires, comme and primary cutaneous malignant melanoma. Am J Surg Pathol
on pourrait en rencontrer après une longue conservation 1998;22:976—82.
du liquide et après cytocentrifugation. Surtout, il permet [6] Jungbluth AA, Busam KJ, Gerald WL, Stockert E, Coplan KA, Iver-
de recueillir certainement plus de matériel et de réali- sen K, et al. A 103. An antimelan-A monoclonal antibody for the
ser plus aisément l’étude immunohistochimique sur coupes detection of malignant melanoma in paraffin-embedded tissues.
paraffinées, avec de nombreux anticorps. L’histochimie et Am J Surg Pathol 1998;22:595—602.
Annales de pathologie (2009) 29, 64—66
a
Service de dermatologie, hôpital régional Khereddine, Tunis, Tunisie
b
Service d’anatomie et de cytologie pathologique, hôpital Mongi-Slim, Sidi Daoued
2046, La Marsa, Tunisie
Observation
Une jeune fille âgée de 16 ans nous a été adressée pour une dermatose peu prurigineuse des
membres et du tronc. L’éruption était apparue depuis un an, sans cause déclenchante, en
particulier médicamenteuse. Elle était faite de papules en tête d’épingle, de 1 mm de dia-
mètre, translucides, hypopigmentées, organisées en plaques, arrondies, bien limitées, de
taille variant de 4 à 7 cm de grand axe. Cette éruption intéressait les membres supérieurs,
le cou, le tronc et la racine des cuisses. Aux avant-bras, certaines papules commençaient à
s’affaisser laissant place à des macules pigmentées. Le reste de l’examen cutanéomuqueux
et viscéral était normal.
La biopsie d’une papule montrait la présence dans le derme papillaire d’un infiltrat
composé de lymphocytes, d’histiocytes et de cellules épithéloïdes associés à de rares cel-
lules géantes (Fig. 1 et 2). Cet infiltrat s’organisait en nodules bien limités, occupant
quatre à cinq papilles dermiques, encerclés latéralement par deux crêtes épidermiques
allongées. L’épiderme sus-jacent, focalement parakératosique et discrètement papilloma-
teux, était aminci du fait d’une couche granuleuse réduite et comportait une exocytose
modérée essentiellement lymphocytaire.
Devant l’absence de gêne fonctionnelle ou esthétique, aucun traitement n’a été pro-
posé.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : aboufaroua@yahoo.fr (A. Lahmar-Boufaroua).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.09.052
Une dermatose papuleuse rare 65
Figure 1. Infiltrat inflammatoire du derme papillaire occupant Figure 2. L’infiltrat est lymphohistiocytaire, épithéloide et gigan-
trois papilles dermiques et délimité par deux crêtes épidermiques. tocellulaire sans nécrose caséeuse (HEx250).
L’épiderme est atrophique et parakératosique (HEx40). Lymphohistiocytic infiltrate with epitheloid and giant cells without
Parakeratosis and atrophic epidermis overlying a sharply circum- necrosis (HEx250).
scribed infiltrate (HEx40).
Diagnostic : lichen nitidus généralisé une acanthose sont observées, contrairement à la para-
kératose et à l’atrophie épidermique du lichen nitidus.
Le lichen nitidus est une dermatose chronique décrite pour Les histiocytes et les cellules épithélioïdes et géantes
la première fois par Pinkus en 1907. C’est une pathologie sont absentes. Le lichen nitidus, du fait de cet infil-
rare et plus particulièrement dans sa forme généralisée. Son trat tuberculoïde qui le caractérise, doit figurer dans la
étiologie est inconnue. liste étiologique des infiltrats tuberculoïdes dermiques.
Le lichen nitidus généralisé (LNG) atteint préférentiel- L’évolution peut être spontanément résolutive après
lement les enfants et les adultes jeunes sans prédilection quelques années, laissant des cicatrices pigmentées où
raciale [1]. Le tableau clinique est typique. Il consiste en l’examen histologique ne révèle que du pigment mélanique
une éruption faite de petites papules, éparses, plates ou [1,3].
acuminées, le plus souvent blanchâtres et brillantes mais Le LNG est une dermatose sans signe fonctionnel autre
conservant parfois la couleur de la peau normale [2,3]. qu’un prurit inconstant. Compte tenu de la rareté de cette
D’autres formes cliniques plus rares ont été décrites : la affection, de son évolution parfois spontanément favorable
forme vésiculeuse et hémorragique, palmoplantaire, perfo- et de l’absence d’études thérapeutiques de bonne qua-
rante, folliculaire et linéaire ou associée à une atteinte de lité, les traitements proposés ne sont qu’empiriques et
la muqueuse buccale [1,2]. d’efficacité incertaine. La corticothérapie locale ou géné-
Toutes ces formes cliniques ont en commun une image rale, les rétinoïdes et les antihistaminiques sont préconisés.
histologique caractéristique. Elle consiste en un infil- La PUVA et l’UVB thérapie sont indiqués dans les formes très
trat cellulaire du derme papillaire fait de lymphocytes, gênantes [5].
d’histiocytes, de cellules épithélioïdes et de cellules
géantes, réalisant parfois de véritables granulomes tuber-
culoïdes mais sans nécrose caséeuse. Cet infiltrat occupe Références
quatre ou cinq papilles dermiques et adhère à un épiderme
atrophique et parakératosique. Deux crêtes épidermiques [1] Arizaga AT, Gaughan MD, Bang RH. Generalized lichen nitidus.
allongées le délimitent latéralement [2,4]. Clin Exp Dermatol 2002;27:115—7.
L’immunofluorescence directe décèle des dépôts de [2] Thibaudeau A, Maillard H, Croué A, Belperron P, Avenel
fibrine mais sans immunoglobulines. L’étude immunohisto- Audran M, Verret JL. Lichen nitidus palmoplantaire. Une cause
chimique montre un excès de cellules CD4+ par rapport aux rare de kératodermie palmoplantaire. Ann Dermatol Venereol
2004;131:822—4.
cellules CD8+ cytotoxiques. Les cellules de Langerhans sont
[3] Al-Mutairi N, Hassanein A, Nour-Eldin O, Arun J. Generalized
rares [2]. L’étude ultrastructurale montre des anomalies lichen nitidus. Pediatr Dermatol 2005;22:158—60.
essentiellement épidermiques avec un œdème intracellu- [4] Mihara M, Nakayama H, Shimao S. Lichen nitidus: a histo-
laire et une diminution du nombre de desmosomes. La logic and electron microscopic study. J Dermatol 1991;18:
lamina densa peut être interrompue ou dédoublée [4]. 475—80.
Le diagnostic différentiel histologique se pose avec le [5] Kim YC, Shim SD. Two cases of generalized lichen nitidus treated
lichen plan même si les deux pathologies peuvent coexis- successfully with narrow-band UV-B phototherapy. Int J Derma-
ter [3]. Dans le lichen plan, une orthohyperkératose et tol 2006;45:615—7.
Annales de pathologie (2009) 29, 142—144
a
Laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologique, CHU Habib Bourguiba,
avenue El Ferdaouss, 3029 Sfax, Tunisie
b
Laboratoire de parasitologie, CHU Habib Bourguiba, Sfax, Tunisie
Observation
Un homme âgé de 45 ans, hypertendu connu, avait présenté 12 heures avant son admis-
sion une hypertension intracrânienne avec céphalées intenses et vomissements ; six heures
après, étaient survenus des troubles de langage avec hémiplégie gauche ; le malade avait
consulté en urgence, un accident vasculaire cérébral hémorragique avait été envisagé
compte tenu de ses antécédents. L’évolution était rapidement progressive marquée par
l’installation d’un coma trois heures après son admission ; l’imagerie cérébrale objectivait
un hématome du lobe frontal droit avec des zones hypodenses du même lobe ; l’hémisphère
gauche comportait également quelques microfoyers hypodenses d’allure nécrotique au
niveau du lobe pariétal (Fig. 1). Une évacuation de l’hématome avec biopsie cérébrale a
été réalisée. Les prélèvements adressés étaient en grande partie hémorragiques avec pré-
sence d’un petit fragment de tissu cérébral nécrosé, comportant des micro-organismes
ronds, à noyau excentré pâle vésiculeux, avec un nucléole proéminent (Fig. 2) ; ces
micro-organismes étaient colorés par le PAS et la coloration de Grocott. L’infiltrat inflam-
matoire était modéré et comportait de rares lymphocytes et polynucléaires neutrophiles.
La radiographie thoracique était normale et il n’y avait pas de lésion cutanée à l’examen
clinique. L’évolution était rapidement défavorable, le malade décédait deux jours après
l’intervention.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : naourezgouiaa@yahoo.fr (N. Gouiaa).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.03.009
Une encéphalite fatale 143
Diagnostic proposé : encéphalite hématogène à partir d’un premier site infectieux cutané
ou pulmonaire [1,5]. Le tableau clinique est d’installation
amibienne
plutôt sub-aiguë et son évolution est chronique. La topo-
graphie lésionnelle est plus focale sans prédominance au
L’encéphalite amibienne est une infection humaine fatale, niveau du cortex antérieur. Les parasites sont plus volumi-
rarement décrite [1]. Sa fréquence est sous estimée car neux et ont typiquement une disposition périvasculaire ; ils
la plupart des cliniciens et pathologistes ne sont pas sont présents sous forme mobile et kystique ; ils peuvent
encore familiarisés avec cette pathologie [2]. Les princi- être confondus avec les macrophages mais le caractère
pales espèces amibiennes neuropathogènes sont Naegleria vésiculeux de leur noyau et la présence d’éventuels pseudo-
fowleri, Acanthamoeba et Balamuthia ; ce sont des para- podes utiles pour leur déplacement sont caractéristiques des
sites thermophiles, à distribution cosmopolite dans l’eau et amibes [3]. Le tissu cérébral infesté est plus inflammatoire
dans le sol ; ils existent sous une forme flagellée mobile ou incluant des cellules essentiellement mononuclées [4].
sous une forme kystique [3]. Dans notre observation, le caractère fulminant rapide-
L’espèce N. fowleri atteint les sujets immunocompétents ment fatal de la maladie, la topographie lésionnelle à
et entraîne la méningo-encéphalite amibienne primaire l’imagerie médicale et l’absence de forme kystique plaide
aiguë, fulminante [4] ; la symptomatologie clinique initiale en faveur de N. fowleri comme agent causal.
comporte un syndrome méningé, de la fièvre, des vomis- Pour le traitement, N. fowleri est sensible à l’ampho-
sements et des céphalées frontales intenses ; l’évolution téricine B. Les autres genres d’amibes sont plutôt sensibles
est typiquement rapide vers le coma puis le décès à la 5-fluorocytosine, au fluconazole et aux macrolides.
[3]. L’imagerie médicale est caractérisée par des lésions Malgré ces nouveaux médicaments, la méningo-
nécrotico-hémorragiques bilatérales prédominant au niveau encéphalite amibienne demeure grave, voire mortelle, du
du cortex antérieur et particulièrement au niveau de la face fait de la difficulté diagnostique et du retard à la mise en
orbitaire des lobes frontaux et olfactifs [4]. Cette topogra- œuvre du traitement adapté [1—3].
phie lésionnelle s’explique par les propriétés du parasite :
en effet, celui-ci pénètre le neuroépithélium olfactif, migre
le long du trajet du nerf olfactif et traverse la lame cri- Références
blée vers le cortex antérieur. Le diagnostic positif repose
sur la présence de trophozoïtes amibiens, ronds ou ovoïdes [1] Alsam S, Sissons J, Jayasekera S, Khan AN. Extracellular protease
de 15—25 m de diamètre, à noyau excentré, pâle et vési- of Acanthamoeba castellanii (encephalitis isolate belonging to
culeux muni d’un nucléole proéminent ; la forme kystique T1 genotype) contribute to increased permeability in an in vitro
est habituellement absente [4]. Dans la plupart des cas, ces model of the human blood-brain barrier. J Infect 2005;51:150—6.
trophozoïtes sont mis en évidence dans des prélèvements [2] Schuster FL, Visvesvara GS. Opportunistic amaebae: challenges
cérébraux autopsiques du fait du caractère rapidement fatal in prophylaxis and treatment. Drug Resist Updat 2004;7:41—51.
de la maladie ; le tissu cérébral infesté est habituelle- [3] Schuster FL, Visvesvara GS. Free-living amoebae as opportunis-
ment nécrosé, peu inflammatoire incluant quelques cellules tic and non-opportunistic pathogens of humans and animals. Int
J Parasitol 2004;34:1001—27.
inflammatoires polymorphes [4].
[4] Turner G, Scaravilli F. Parasitic and fungal diseases, chapter 2.
Les infections par les espèces Acanthamoeba et Bala- In: Graham DI, Lantos PL. Greenfield’s Neuropathology. 7th ed;
muthia surviennent plutôt chez des sujets immunodéprimés 2002, p. 108—9.
et provoquent une encéphalite amibienne granulomateuse. [5] Blaschitz M, Köhsler M, Aspöck H, Walochnik J. Detection of a
Le parasite exprime des protéinases ; il diffuse vers le cer- serine proteinase gene in Acanthamoeba genotype T6 (Amoebo-
veau et éventuellement vers les autres viscères par voie zoa: Lobosea). Exp Parasitol 2006;114:26—33.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 149-51
Laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologiques du CHU Habib Bourguiba, 3029 Sfax, Tunisie.
Chtourou I, Bahri Zouari I, Hammami S, Gouiaa N, Khabir A, Ayadi L et al. Étiologie tumorale excep-
tionnelle de hernie inguinale. Ann Pathol 2007 ; 27 : 149-51.
Observation
150
Une tumeur inguinale rare
Références [4] Sigel JE, Fisher C, Vogt D, Goldblum JR. Giant cell
angiofibroma of the inguinal region. Ann Diagn Pathol
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151
Ann Pathol 2007 ; 27 : 327-328
Ilhem Bettaïeb, Amina Mekni, Khadija Bellil, Khaled Zitouna, Selma Bellil, Slim Haouet,
Nidhameddine Kchir
Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital la Rabta. 1007 Bab Saadoun, Tunis, Tunisie.
Bettaïeb I, Mekni A, Bellil K, Zitouna K, Bellil S, Haouet S et al. Une exophtalmie d’étiologie inhabituelle
chez un sujet âgé. Ann Pathol 2007 ; 27 : 327-328.
Observation
328
Ann Pathol 2007 ; 27 : 49-51
(1) Service d’Anatomie et Cytologie Pathologiques, Hôpital Saint-Antoine, 186 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris.
(2) Cabinet Médical d’Anatomie et Cytologie Pathologiques, 72 rue de Lessard, 76100 Rouen.
Svrcek M, de Mauroy C, Flejou JF. Une lésion gastrique rare et trompeuse. Ann Pathol 2007 ; 27 : 49-51
50
Une lésion gastrique rare et trompeuse
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51
Ann Pathol 2007 ; 27 : 59-60
Ranty ML, Le Guellec S, Moalic S, Sevely A, Selves J, Delisle MB. Une lésion oculaire kystique congénitale
exceptionnelle. Ann Pathol 2007 ; 27 : 59-60
Observation
60
Annales de pathologie (2008) 28, 250—252
a
Laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologiques, CHU Habib Bourguiba,
route El Ain, 3029 Sfax, Tunisie
b
Service de chirurgie maxillofaciale, CHU Habib Bourguiba, Sfax, Tunisie
Observation
Un patient âgé de 45 ans consultait pour un bourdonnement d’oreille avec hypoacousie
gauche évoluant depuis trois ans. Le conduit auditif externe était déformé par une masse
qui s’extériosait à ce niveau. Le tympan ne présentait pas d’anomalie. L’audiogramme
montrait une surdité mixte gauche. La tomodensitométrie révélait un processus ostéo-
lytique multiloculaire mesurant 5 cm au niveau de l’os temporal gauche, envahissant
partiellement la grande aile du sphénoïde et la fosse infratemporale. En IRM, ce processus
était hétérogène en T1 et en hyposignal marqué en T2. Une biopsie de la masse a été réali-
sée à travers le conduit auditif externe. À l’examen histologique, la tumeur était constituée
d’une prolifération de nappes de cellules fusiformes ou polygonales, mal délimitées. Le
noyau était ovale ou rond, à chromatine fine, parfois muni d’un petit nucléole. Il existait
de nombreuses cellules géantes multinucléées de type ostéoclastique (Fig. 1). Les mitoses
étaient absentes. Cette prolifération était dissociée par de larges suffusions hémorra-
giques avec d’abondants dépôts d’hémosidérine. Il existait par places quelques foyers
d’ostéogenèse réactionnelle (Fig. 2). En immunohistochimie, les cellules multinucléées et
mononucléées exprimaient la vimentine et le CD68 ; 5 à 10 % des cellules mononucléées
exprimaient le Ki-67 ; l’immunomarquage pour la protéine S100 était négatif. Un bilan
phosphocalcique ainsi qu’un dosage sérique de la parathormone étaient normaux. Une
exérèse chirurgicale de la lésion était réalisée. La lésion s’étendait en bas à la région
ptérygoïdienne et en haut à la dure-mère du lobe temporal auquel elle adhérait. Après un
an de suivi, il n’y avait pas de signes cliniques ou radiologiques de récidive lésionnelle.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : smkrichen@yahoo.fr (S. Krichen Makni).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.06.007
Lésion inhabituelle de l’os temporal 251
Delphine Raoux (1), Alix Clémenson (1), Bertrand Felloni (2), Abir Khaddage (1), Brigitte Vaunois (1),
Anne Gentil Perret (1)
Raoux D, Clémenson A, Felloni B, Khaddage A, Vaunois B, Gentil Perret A. Une lésion rare du col utérin.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 257-9.
Observation
258
Une lésion rare du col utérin
[2] Uehara T, Takayama S, Takemura T, Kasuga T. [4] Kudo M, Nagayama T, Miura M, Fukunaga N. Blue
Foci of stromal melanocytes (so-called blue nevus) of nevus of the uterin cervix. Arch Pathol Lab Med 1983 ;
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259
Ann Pathol 2007 ; 27 : 159-61
Carole Dagher (1), Julien Luini (1), Raluca Ples (1), Michel Bronstein (2), Thierry Lazure (1),
Sophie Ferlicot (1), Aliette Ladouch-Badre (1)
(1) Service d’Anatomie Pathologique, CHU de Bicêtre, 78 rue du Général Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex.
(2) Centre Médico-chirurgical Parly II, Le Chesnay.
Dagher C, Luini J, Ples R, Bronstein M, Lazure T, Ferlicot S et al. Une lésion trompeuse du pénis. Ann
Pathol 2007 ; 27 : 1-3
Observation a b
160
Une lésion du pénis
[2] Tsang WY, Chan JK. The family of epithelioid vas- fused with hemangioendothelioma and epithelioid
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special reference to exuberant examples often con- 109 : 51-4.
161
Annales de pathologie (2008) 28, 158—160
a
Laboratoire d’anatomie pathologique, CHU de Charleroi — Espace Santé,
1, boulevard Zoé-Drion, 6000 Charleroi, Belgique
b
Service d’urologie, CHU de Charleroi,
Charleroi, Belgique
c
Laboratorio HistoCitoMed, Santiago Rusiñol,
Madrid, Espagne
Observation
Un homme âgé de 42 ans, en bon état général, avec antécédents de vasectomie bila-
térale à l’âge de 38 ans, s’est présenté pour douleur épididymaire droite persistante
depuis quatre mois. L’examen clinique mettait en évidence une masse épididymaire
droite centimétrique douloureuse à la palpation. L’échographie montrait un nodule sous-
cutané droit de 8 mm de diamètre situé au-dessus de la tête de l’épididyme. Les
testicules et les épididymes ne revelaient pas de lésion particulière. Après résection
chirurgicale de la lésion, localisée au niveau du canal déférent droit, l’examen his-
tologique mettait en évidence une paroi déférente normale avec une prolifération de
structures canalaires non atypiques, sans mucosécretion évidente, contenant des sper-
matozoïdes au sein du tissu conjonctif périvasal (Fig. 1). Au voisinage, un infiltrat
inflammatoire discret avec de nombreuses cellules épithélioïdes d’aspect histiocytaire
et des cellules géantes multinuclées était présent (Fig. 2a), accompagné de sper-
matozoïdes. De manière intéressante, des spermatozoïdes étaient observés en grand
nombre au sein des structures vasculaires périphériques à paroi fine, sans structure cana-
laire ni cellule épithéliale évidente (Fig. 2b). Ces données étaient confirmées après
réalisation de techniques immunohistochimiques pour détecter les cytokératines et le
CD34.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : sergiofa75@yahoo.com (S. Fernández-Aguilar).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.annpat.2007.07.001
Lésion épididymaire douloureuse 159
Diagnostic : Vasitis nodosa avec de coupe réalisés, nous n’avons pas mis en évidence de
structure épithéliale intravasculaire accompagnant les sper-
granulomes spermatocytaires matozoïdes.
La vasite noueuse (vasitis nodosa) est considérée actuel- Par ailleurs, des lésions d’invasion périneurale ont été
lement comme une lésion proliférative bénigne de rapportées jusque dans 16 % des cas [2], mais cette éven-
l’épithélium des canaux déférents survenant principalement tualité peut être simplement due à la présence normale
après traumatisme (vasectomie) [1]. Toutefois, elle a été de structures nerveuses relativement nombreuses dans
décrite « de novo » comme une séquelle de processus infec- l’adventice des canaux déférents.
tieux et du traitement chirurgical des hernies inguinales. De plus, les lésions de vasite noueuse peuvent être ren-
Selon les auteurs, ces lésions peuvent compliquer jusque contrées en association avec d’autres pathologies, telles que
50 % des vasectomies [2]. Unilatérale dans la majorité des les granulomes spermatocytaires (65 % des cas, [2]), le sper-
cas, elle se caractérise à l’examen microscopique par la pré- matocèle, la métaplasie mucineuse et les granulomes sur
sence de canaux contenant des spermatozoïdes s’étendant corps étranger (fil chirurgical).
dans le tissu conjonctif adjacent. Ces canaux peuvent être Plus rarement, des neuromes de type traumatique ont
également observés à l’intérieur des vaisseaux et le diagnos- été documentés. Leur origine ne serait toutefois pas
tic différentiel avec une lésion carcinomateuse se pose. La exclusivement mécanique et certains auteurs invoquent la
présence de spermatozoïdes associée à l’absence d’atypies sécrétion de facteurs de croissance par les cellules épithé-
nucléocytoplasmiques facilitent le diagnostic. liales proliférantes.
La présence de granulomes spermatocytaires accompa-
gnant la vasitis nodosa est fréquemment rapportée dans
la littérature et expliquerait la symptomatologie doulou- Références
reuse. L’invasion des structures vasculaires, en particulier
[1] Gaudin PB, Epstein JI. Diseases of the spermatic cord and para-
de type veineux, a été exhaustivement documenté par
testicular tissue. In: Murphy WM, editor. Urological Patholgy.
Balogh et Travis en 1985 [3] et a été comparée à l’infiltration Philadelphia: Saunders; 1997.
vasculaire de l’adénose sclérosante selon les descriptions [2] Hirschowitz L, Rode J, Guillebaud J, Bound W, Moss M. Vasi-
d’Eusebi et Azzopardi [4]. Elle aurait lieu après isole- tis nodosa and associated clinical findings. J Clin Pathol
ment des vaisseaux de la circulation sanguine lors de la 1988;41:419—23.
résection chirurgicale. Des lésions d’élastose avec occlu- [3] Balogh K, Travis WD. Benign vascular invasion in vasitis nodosa.
sion précéderaient ce phénomène et l’oblitération de la Am J Clin Pathol 1985;83:426—30.
lumière expliquerait l’absence de dissémination hémato- [4] Eusebi V, Azzopardi JG. Vascular infiltration in benign breast
gène. Dans notre cas, et malgré les multiples niveaux disease. J Pathol 1976;118:9—16.
Annales de pathologie (2009) 29, 52—54
Observation
Une femme âgée de 33 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, consultait pour
algies pelviennes évoluant depuis deux ans. Les explorations radiologiques concluaient
à une masse pelvienne envahissant la vessie et le rectum avec engainement de
l’uretère gauche entraînant une hydronéphrose en amont. Une laparotomie était indiquée.
L’examen peropératoire révélait une masse d’origine ovarienne gauche. Une tumorec-
tomie était pratiquée. L’examen macroscopique portait sur des fragments nodulaires
de 1 à 4 cm de grand axe, de consistance ferme et de couleur jaune grisâtre avec
des remaniements nécrotiques à la coupe. L’examen histologique montrait un paren-
chyme ovarien largement dissocié par un infiltrat inflammatoire polymorphe dense
et diffus associant lymphocytes, plasmocytes et polynucléaires neutrophiles réalisant
parfois des foyers abcédés (Fig. 1). Cet infiltrat inflammatoire était particulière-
ment riche en cellules histiocytaires au cytoplasme abondant bien limité et spumeux
avec présence de quelques cellules géantes multinucléées (Fig. 2). Les corps de
Michaelis-Gutmann étaient absents. Les colorations spéciales du PAS et du Gram étaient
négatives.
∗ Auteur correspondant. Villa 7, impasse 3, rue des Mères-de-Tunisie, les jardins d’El Menzah El Manar I 2092, Tunis, Tunisie.
Adresse e-mail : Samia.hannachi@rns.tn (S.H. Sassi).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.01.008
Une masse pelvienne 53
Dominique Berrebi(1), Amal Benkirane(1), Latifa Ferkdadji(1), Pascal de Lagausie(2), Olivier Delattre(3),
Pascale Chomette(2), Gudrun Schleiermacher(3, 4), Jean Michon(4), Michel Peuchmaur(1)
(1) Services d’Anatomie Pathologique et EA3102 Université Paris VII,
(2) Services de Chirurgie Pédiatrique et EA3102 Université Paris VII, Hôpital Robert Debré, 48 Bd Sérurier 75019, Paris.
(3) Laboratoire de Pathologie Moléculaire des Cancers, INSERM, U509,
(4) Service d’Oncologie pédiatrique, Institut Curie, 26 rue d’ULM, 75248, Paris.
Berrebi D, Benkirane A, Ferkdadji L, de Lagausie P, Delattre O, Chomette P et al. Une tumeur atypi-
que chez un très jeune enfant. Ann Pathol 2007 ; 27 : 53-55
54
Tumeur desmoplastique à cellules rondes
[5] Katz RL, Quezado M, Senderowicz AM, Villalba L, [6] Rodriguez E, Sreekantaiah C, Gerald W et al. A
Laskin WB, Tsokos M. An intra-abdominal small round recurring translocation t(11;22)(p13;q11.2), charac-
cell neoplasm with features of primitive neuroectoder- terizes intra-abdominal desmoplastic small round-
mal and desmoplastic round cell tumor and a EWS/FLI- cell tumors. Cancer Genet Cytogenet 1993 ; 69 : 17-
1 fusion transcript. Hum Pathol 1997 ; 28 : 502-9. 21.
55
Annales de pathologie (2009) 29, 44—46
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Habib Thameur, 8, rue
Ali-ben-Ayed, 1008 Montfleury, Tunis, Tunisie
b
Service de chirurgie pédiatrique, hôpital Habib Thameur, 8, rue Ali ben Ayed,
1008 Montfleury, Tunis, Tunisie
Observation
Un garçon de 14 ans, aux antécédents de sinusite chronique, consultait pour une tumé-
faction indolore du bras gauche, apparue spontanément depuis l’âge de sept ans ayant
augmenté lentement de volume. L’examen clinique trouvait une masse bien limitée du tiers
supérieur du bras gauche, arrondie, de consistance dure, peu mobile, non compressive et
non inflammatoire. Le reste de l’examen somatique était normal. L’échographie des parties
molles précisait le siège sous-cutané de cette masse qui mesurait 5 cm × 4,6 cm × 4 cm et
qui refoulait le plan musculaire. Elle était hyperéchogène, contenait de fines calcifications
et était faiblement vascularisée. À l’IRM, cette masse de nature tissulaire se développait
au dépend du muscle brachial gauche, refoulant la graisse sous-cutanée. Une exérèse était
réalisée. L’étude macroscopique portait sur une tumeur oblongue, bien encapsulée (Fig. 1).
À la coupe, elle était d’aspect homogène, de couleur blanchâtre et de consistance ferme
(Fig. 2). Histologiquement, cette tumeur était faite d’une prolifération paucicellulaire fusi-
forme (Fig. 3), d’allure tantôt fibroblastique, tantôt myofibroblastique, formée de cellules
à cytoplasme abondant, éosinophile, dans un abondant tissu collagène (Fig. 4), souvent
hyalinisé et contenant des calcifications dystrophiques. L’étude immuno-histochimique
révélait une expression de la vimentine par les cellules tumorales. Les anticorps anti-actine
muscle lisse, anti-CD34, anti-protéine S100 et anti-CD68 étaient négatifs.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : aschraf.chadlidebbiche@rns.tn (A. Chadli-Debbiche).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.annpat.2008.06.039
Une tumeur brachiale rare de l’enfant 45
Figure 2. Tumeur de couleur blanc grisâtre à la coupe. Figure 4. Cellules d’aspect myofibroblastique (HE × 400).
Whitish tumor on gross section. Myofibroblast-like cells (HE × 400).
Diagnostic : fibroblastome desmoplastique sées dans une matrice fibromyxoïde avec, comme chef de
file, la tumeur desmoïde (ou fibromatose extra-abdominale)
(FD)
[1,3,5]. Celle-ci est cependant plus cellulaire, plus vascula-
Le FD ou fibrome collagénique est une tumeur bénigne fibro- risée et localement agressive [1,3]. Les autres diagnostics
blastique et/ou myofibroblastique rare des tissus mous, à différentiels sont la fasciite nodulaire, le fibrome des ten-
croissance lente, décrite pour la première fois par Evans dons, le neurofibrome, la tumeur fibreuse solitaire, le
en 1995, à partir d’une série de sept cas [1]. Elle survient sarcome fibromyxoïde de bas grade, le fibrome pléomorphe,
souvent chez l’adulte entre 50 et 60 ans, rarement chez la pseudotumeur fibreuse calcifiante et le myxome [1—3].
l’adolescent comme dans notre observation et montre une Outre les aspects cliniques et les caractéristiques histolo-
prédominance masculine [2,3]. Cliniquement, elle se pré- giques, l’immuno-histochimie aide à redresser le diagnostic.
sente comme une masse sous-cutanée, adhérente parfois Sur le plan cytogénétique, une translocation t(2 ; 11),
au muscle squelettique, isolée, asymptomatique, évoluant déjà rapportée par Sciot et al., a été confirmée par Bernal
depuis plus de six mois [2,3]. et al. pour qui la mise en évidence de la translocation t(2 ;
Décrite initialement au niveau du cou, des bras, des 11) (q31 ; q12) permet à la fois d’établir le diagnostic de FD
épaules, des membres inférieurs et des extrémités, elle et d’écarter celui de tumeur desmoïde [5].
présente, en fait, une distribution anatomique large [1,2]. Le FD pose également un problème nosologique. Selon
À l’examen macroscopique, la taille tumorale varie habi- Evans, il serait plutôt d’origine néoplasique que réaction-
tuellement entre 1 et 4 cm, mais peut atteindre 20 cm. nelle vu l’absence de contexte ou de cause spécifique à cette
La lésion apparaît bien circonscrite, ovale, en forme de prolifération fibreuse réactionnelle [1]. Dans notre cas, la
disque ou parfois d’aspect lobulé. À la coupe, elle est tumeur était de survenue spontanée et le patient ne rappor-
ferme, homogène, d’aspect fibreux, brillant et de cou- tait aucun contexte traumatique antérieur. Le traitement de
leur blanc grisâtre [2,3]. L’aspect histologique, comme dans choix recommandé du FD est l’excision chirurgicale totale
notre observation, montre, au sein d’un stroma modérément avec une évolution, en général, sans récidives [1,2,5].
vascularisé, fibromyxoïde ou riche en bandes collagènes hya-
linisées, une prolifération paucicellulaire de fibroblastes et
de myofibroblastes éparpillés, d’aspect fusiforme ou stel- Références
laire. Les cellules ont un noyau relativement large, ovale
[1] Evans HL. Desmoplastic fibroblastoma. A report of seven cases.
ou allongé avec souvent un nucléole proéminent et un cyto-
Am J Surg Pathol 1995;19:1077—81.
plasme amphophile. Les figures de mitoses sont rares, voire [2] Mesquita RA, Okuda E, Jorge WA, Cavalcanti V, Paulo S. Colla-
absentes. Des cellules binucléées et des cellules géantes genous fibroma (desmoplastic fibroblastoma) of the palate. Oral
multi nucléées sont fréquemment associées à cette prolifé- Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2001;91:80—4.
ration [2,4]. Il n’existe toutefois pas de contingent cellulaire [3] Miettinen M, Fetsch JF. Collagenous fibroma (desmoplastic
inflammatoire en dehors de quelques mastocytes. L’étude fibroblastoma): a clinicopathologic analysis of 63 cases of a dis-
immuno-histochimique montre une expression intense et tinctive soft tissue lesion with stellate-shaped fibroblasts. Hum
diffuse de la vimentine et de façon variable de l’actine Pathol 1998;29:676—82.
muscle lisse et des kératines AE1/AE3 par les cellules tumo- [4] Nishio J, Iwasaki H, Nishijima T, Kikuchi M. Collagenous fibroma
rales. Toutefois, le marquage par les anticorps anti-desmine, (desmoplastic fibroblastoma) of the finger in a child. Pathol Int
2002;52:322—5.
anti-protéine S100 et anti-CD34 est négatif [3].
[5] Bernal K, Nelson M, Neff JR, Nielson SM, Bridge JA. Translocation
Le diagnostic différentiel du FD se pose avec les tumeurs t(2;11)(q31;q12) is recurrent in collagenous fibroma (desmoplas-
des tissus mous bénignes, localement agressives ou de bas tic fibroblastoma). Cancer Genet Cytogenet 2004;149:161—3.
grade de malignité constituées de cellules fusiformes disper-
Annales de pathologie (2008) 28, 170—172
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Beaujon, 100, boulevard
Général-Leclerc, 92118 Clichy, France
b
Service de chirurgie orthopédique, hôpital Beaujon, 100, boulevard Général-Leclerc,
92118 Clichy, France
c
Unité de médecine nucléaire, hôpital Louis-Mourier, Colombes, France
d
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Louis-Mourier,
Colombes, France
Observation
Une malade, âgée de 66 ans, sans antécédent particulier, présentait depuis six mois des
névralgies cervicobrachiales, non soulagées par la kinésithérapie, la prise d’AINS et la
corticothérapie. Aucune anomalie osseuse n’était visible sur les radiographies standard du
rachis cervical faites de manière itérative.
Devant la majoration des symptômes douloureux et l’apparition d’une dysphagie,
une tomodensitométrie complémentaire était réalisée : elle révélait des remaniements
plurilacunaires hétérogènes du corps vertébral de C3 avec rupture corticale et images
d’épidurite. À l’IRM, les lésions osseuses étaient hypo-intenses en T1 et hyperintenses
en T2 avec rehaussement modéré du signal après injection au gadolinium. Un diagnos-
tic de tumeur osseuse ostéolytique primitive ou secondaire était évoqué et une biopsie
chirurgicale de C3 était décidée.
L’analyse anatomopathologique identifiait une prolifération tumorale invasive lobu-
lée, faite de cellules indépendantes ou disposées en cordons ou nappes au sein d’une
substance myxoïde bleu alcian négative. Les cellules tumorales avaient un cytoplasme éosi-
nophile abondant souvent vacuolisé et étaient pourvues d’un noyau régulier, faiblement
nucléolé, jamais en mitose. Les lobules étaient soulignés par de fins tractus conjonctifs
(Fig. 1).
L’étude immunohistochimique révélait une expression diffuse et intense des cytokéra-
tines (AE1/AE3, KL1), de la vimentine et la PS100 (Fig. 2). Le CD10 n’était pas exprimé.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : dominique.cazals-hatem@bjn.aphp.fr (D. Cazals-Hatem).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.09.003
Une tumeur cervicale rare 171
Figure 1. Nappe de cellules au cytoplasme éosinophile souvent Figure 2. Expression de la cytokératine par les cellules tumo-
vacuolisé (HE × 250). En cartouche : détail des cellules vacuolisées rales (KL1 × 250). En cartouche : cellules tumorales PS100 positives
(HE × 400). (PS100 × 400).
Sheets of cells with eosinophilic and vacuolated cytoplasm Neoplastic cells expressing cytokeratin (KL1 × 250). Insert: expres-
(HE × 250). Insert: detail of vacuolated cells (HE × 400). sion of PS100 (PS100 × 400).
Wafa Koubaa (1), Amina Mekni (1), Ines Chelly (1), Khadija Bellil (1), Selma Bellil (1), Slim Haouet (1),
Samia Sahtout (2), Nidhameddine Kchir (1), Moncef Zitouna (1)
(1) Service d’Anatomie et de Cytologie Pathologiques,
(2) Service d’Oto-Rhino-Laryngologie, Hôpital la Rabta, 1007 Bab Saadoun, Tunis, Tunisie.
Koubaa W, Mekni A, Chelly I, Bellil K, Bellil S, Haouet S et al. Une tumeur congénitale du cavum. Ann
Pathol 2007 ; 27 : 147-8.
Observation
148
Annales de pathologie (2009) 29, 146—148
Observation
Un homme, âgé de 74 ans, sans antécédent, consultait en dermatologie pour un nodule isolé
de la cuisse évoluant depuis six mois et augmentant progressivement de taille. L’examen
clinique trouvait une lésion isolée, de couleur brune, ferme, arrondie, à surface légère-
ment mamelonnée située sur la face antérieure de la cuisse et mesurant 8 mm de diamètre.
Le patient a bénéficié d’une exérèse totale du nodule. L’examen histologique révélait
une tumeur épidermique superficielle, comme étant posée sur la peau et bien limitée
par rapport à l’épiderme sain (Fig. 1). Cette tumeur se caractérisait par la prolifération
de cellules kératinocytaires monomorphes deux fois plus volumineuses que les kératino-
cytes normaux. Leur cytoplasme était abondant et les noyaux étaient gros et nucléolés
(Fig. 2). La chromatine était fine. Il n’était pas noté de désorganisation architecturale
ni d’atypie cytonucléaire. Quelques mélanocytes étaient observés. Le derme sous-jacent
était fibreux.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ineschelly@yahoo.fr (I. Chelly).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.09.056
Une tumeur cutanée particulière 147
Diagnostic : acanthome à grandes cellules Une étude comparative entre l’acanthome à grandes cel-
lules (19 cas) et le lentigo sénile a montré que, au-delà de
L’acanthome à grandes cellules est une tumeur bénigne leur ressemblance histologique, ces deux lésions compor-
prenant naissance à partir des kératinocytes épidermiques. taient un nombre élevé de mélanocytes attesté par une
Cette tumeur décrite pour la première fois par Pinkus en forte expression de l’antigène anti-HMB-45, suggérant que
1970 est relativement rare. Son incidence est estimée à l’acanthome à grandes cellules serait en rapport avec un
un cas pour 1000 biopsies cutanées [1]. Elle survient à lentigo sénile remanié [5]. D’autres auteurs pensent qu’il
l’âge adulte et se localise surtout au niveau du tronc et s’agit plutôt d’une variante de la maladie de Bowen devant
des membres. Il existe une légère prédominance fémi- la présence de désorganisation architecturale, de dyskéra-
nine [1]. L’exposition solaire est le principal facteur de tose ainsi que de mitoses suprabasales [1,3]. Enfin, un cas
risque [2]. Cliniquement, la tumeur se présente comme d’acanthome à grandes cellules disséminé lié à une infection
une plaque légèrement pigmentée de 10 mm de diamètre par le papilloma virus HPV6 a été rapporté [6].
en moyenne [3]. Les lésions achromiques sont exception-
nelles [4]. De rares cas d’acanthomes multiples ont été
décrits. L’examen histologique montre une tumeur facile- Références
ment reconnaissable en raison de sa bonne limitation par
rapport à l’épiderme sain [1]. Les cellules tumorales sont [1] Sanchez Yus E, de Diego V, Urrutia S. Large cell acanthoma.
deux fois plus grandes que les kératinocytes normaux. Leur A cytologic variant of Bowen’s disease? Am J Dermatopathol
cytoplasme est abondant et clair et le noyau volumineux et 1988;10:197—208.
régulier sans atypie ni mitose [1]. De nombreux mélanocytes [2] Roewert HJ, Ackerman AB. Large-cell acanthoma is a solar len-
sont souvent observés. Dans une étude de 44 cas, Sanchez tigo. Am J Dermatopathol 1992;14:122—32.
Yus et al. [3] ont distingué trois variétés d’acanthome à [3] Sanchez Yus E, del Rio E, Requena L. Large cell acanthoma is a
distinctive condition. Am J Dermatopathol 1992;14:140—7.
grandes cellules. Le type classique (16 cas) est caractérisé
[4] Ambrojo P, Aguilar A, Requena L, Sanchez Yus E. Achromic ver-
par l’acanthose modérée, l’hyperkératose, les grandes cel- rucous large cell acanthoma. J Cutan Pathol 1990;17:182—4.
lules et l’hyperpigmentation. Le type verruqueux (12 cas) [5] Mehregan DR, Hamzavi F, Brown K. Large cell acanthoma. Int J
comporte un contingent verruqueux avec papillomatose Dermatol 2003;42:36—9.
et hyperkératose. Les 13 derniers cas étaient caractérisés [6] Berger T, Scockfelth E, Meyer T, Kisewetter F, Funk JO. Mul-
par une hyperkératose plane sans papillomatose asso- tiple disseminated large cell acanthoma of the skin associated
ciée. Notre observation correspond à la variante de type with human papilloma virus type 6. J Am Acad Dermatol
classique. 2005;53:335—7.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 325-326
Selma Bellil, Ilhem Bettaïeb, Khadija Bellil, Braham Emna, Ines Chelly, Slim Haouet,
Nidhameddine Kchir, Moncef Zitouna
Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital la Rabta. 1007 Bab Saadoun. Tunis, Tunisie.
Bellil S, Bettaïeb I, Bellil K, Emna B, Chelly I, Haouet S et al. Une tumeur de la fosse postérieure. Ann Pa-
thol 20007 ; 27 : 325-326.
326
Ann Pathol 2007 ; 27 : 381-382
(1) Laboratoire d’analyses cytologiques et anatomopathologiques LACAP. Avenue de Carthage. Le Forum Esc
C. Ariana, 2080 Tunis (Tunisie).
(2) Chirurgie thoracique, Centre RESPIR, IBN ZOHR médical, Cité El Khadhra, Tunis (Tunisie).
Ammar A, El Hammami S. Une tumeur de la paroi thoracique chez un nourisson. Ann Pathol 2007 ; 27 : 381-382.
382
Annales de pathologie (2008) 28, 58—60
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, groupe hospitalo-universitaire Carémeau,
place du Pr-Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France
b
Département de radiologie, groupe hospitalo-universitaire Carémeau, place du
Pr-Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France
c
Service d’orthopédie, groupe hospitalo-universitaire Carémeau, place du Pr-Robert-Debré,
30029 Nîmes cedex 9, France
Observation
Une jeune femme de 24 ans sans antécédent est hospitalisée pour l’apparition depuis
quatre semaines d’une tuméfaction dorsopalmaire de l’index droit, devenue spontanément
douloureuse depuis dix jours. L’examen clinique révélait une volumineuse tuméfaction
à point de départ dorsal avec extension palmaire diffuse, associée à un exanthème
cutané. L’examen radiologique du doigt retrouvait une formation bien limitée, de 2 cm
de grand axe, développée au sein des tissus mous au contact de la première phalange
de l’index droit, associée à une discrète érosion osseuse. L’IRM confirmait la présence
d’une lésion agressive, infiltrant le tendon fléchisseur au niveau palmaire, avec épan-
chement intra-articulaire de l’articulation métacarpophalangienne. La tumeur présentait
un signal homogène, comparable à celui observé au sein du muscle adjacent en T1, qui
se rehaussait en T2. Malgré des aspects cliniques en faveur de la bénignité (âge, rapi-
dité d’installation des signes cliniques, localisation distale), les aspects radiologiques très
inquiétants ont fait suspecter un ostéosarcome parostéal ou extrasquelettique. Au cours
de l’intervention, la tumeur était inextirpable. Elle semblait non encapsulée, infiltrant
l’appareil extenseur et fléchisseur de l’index comme le pédicule collatéral ulnaire. Elle
engainait largement le bord radial de la première phalange. Des biopsies multifocales ont
été réalisées en première intention afin de pouvoir discuter l’indication d’une amputation
carcinologique. Histologiquement, les biopsies offraient les mêmes aspects. Il s’agissait
d’une lésion multinodulaire, à cellularité variable d’une zone à l’autre, constituée d’un
mélange de fibroblastes plus ou moins atypiques et d’ostéoblastes. Il existait des lamelles
d’os trabéculaire plus ou moins matures dispersées au sein de la lésion (Fig. 1A). Des figures
de mitose non atypiques étaient fréquentes (Fig. 2). Dans de rares zones, les cellules
fibroblastiques étaient dispersées au sein d’un stroma myxoïde abondant (Fig. 1B).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : g.granier@tiscali.fr (G. Granier).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.03.001
Une tumeur du doigt faussement inquiétante 59
Figure 1. A : lésion multinodulaire à cellularité variable contenant des zones ostéoïdes et des zones myxoïdes (HES × 10) ; B : lamelles
osseuses entre lesquelles cheminent des fibroblastes irréguliers (HES × 20).
A: multinodular lesion with varied considerably in cellular containing of osteoid areas and myxoid areas (HES × 10); B: bone trabeculae
with scattered irregular fibroblastic cells (HES × 20).
Diagnostic proposé : pseudotumeur niveau des extrémités. Il existe un phénomène de zone asso-
ciant des foyers densément cellulaires à des foyers peu
ostéofibreuse du doigt
cellulaires, myxoïdes [4]. Les cellules fusiformes de type
fibroblastiques ou myofibroblastiques, exprimant la vimen-
Dans notre observation, une surveillance clinique rappro-
tine et/ou l’actine muscle lisse, peuvent présenter quelques
chée, sans exérèse chirurgicale complémentaire, a permis
irrégularités nucléaires. Même si les mitoses sont parfois
d’observer une régression spontanée de la lésion aussi bien
nombreuses, elles ne sont jamais atypiques. La pathogé-
clinique que radiologique en deux mois, avec disparition des
nie exacte de la PTOFD n’est pas clairement établie. Si un
douleurs et récupération totale de la mobilité du doigt. À 14
traumatisme semble jouer un rôle dans son développement,
mois, aucune récidive n’est à déplorer.
il est absent dans deux tiers des observations. Certains
La pseudotumeur ostéofibreuse des doigts (PTOFD) est
auteurs ont avancé une origine inflammatoire plus générale,
une lésion rare (moins de 50 cas), correspondant à une
qu’elle soit réactionnelle, post-traumatique ou infectieuse.
variante de la myosite ossifiante beaucoup moins connue. La
L’exérèse chirurgicale complète est le traitement de choix,
PTOFD se rencontre chez le sujet jeune, entre 20 et 30 ans.
évitant les récidives locales selon les données de la litté-
Sa localisation est distale, atteignant plus spécifiquement
rature [4]. La régression spontanée de la lésion dans notre
les phalanges proximales de l’extrémité supérieure. Les
observation fait s’interroger sur l’indication formelle d’une
femmes semblent plus souvent atteintes que les hommes. La
exérèse complète. En particulier, dans les cas où la chirurgie
présentation clinique, peu spécifique, dépend de la taille de
implique des conséquences fonctionnelles importantes. De
la lésion [1]. Dans un tiers de cas l’interrogatoire retrouve un
surcroît, tous les auteurs s’accordent sur le fait qu’il n’existe
traumatisme même minime [2]. Les examens radiologiques
pas de manière évidente de possibilité de transformation
peuvent présenter des caractères inquiétants d’agressivité.
maligne en un ostéosarcome parostéal ou extrasquelettique.
Il existe toujours une masse nodulaire séparée parfois de
l’os par une réaction périostée [1]. Toutefois, une éro-
sion osseuse est rapportée dans de rares observations. Les Références
calcifications, souvent absentes, apparaissent irrégulière-
ment réparties ou diffuses, sans aspect de condensation [1] Tang JB, Gu YQ, Xia RG. Fibro-osseous pseudotumor that may be
périphérique classiquement observé dans la myosite ossi- mistaken for a malignant tumor in the hand: a case report and
fiante [2]. La présence de calcifications doit faire discuter review of the literature. J Hand Surg [Am] 1996;21:714—6.
d’autres entités, en particulier l’ostéochondrome de Nora, [2] Nishio J, Iwasaki H, Soejima O, Naito M, Kikuchi M. Rapidly
dont l’aspect microscopique diffère de la PTOFD. En effet, growing fibro-osseous pseudotumor of the digits mimicking
la PTOFD apparaît au faible grandissement comme une proli- extraskeletal osteosarcoma. J Orthop Sci 2002;7:410—3.
[3] De Silva MV, Reid R. Myositis ossificans and fibroosseous
fération multinodulaire désordonnée à contours indistincts.
pseudotumor of digits: a clinicopathological review of 64
Cette lésion contient un nombre important de lamelles cases with emphasis on diagnostic pitfalls. Int J Surg Pathol
otéoïdes immatures, bordées d’ostéoblastes non atypiques, 2003;11:187—95.
mais en comparaison de la myosite ossifiante moins de [4] Sleater J, Mullins D, Chun K, Hendricks J. Fibro-osseous pseu-
tissu cartilagineux [3]. Cette importante ossification réac- dotumor of digit: a comparison to myositis ossificans by light
tionnelle pseudomaligne ne doit pas faire porter à tort microscopy and immunohistochemical methods. J Cutan Pathol
le diagnostic de sarcome ostéogénique qui reste rare au 1996;23:373—7.
Annales de pathologie (2008) 28, 150—152
Observation
Un homme, âgé de 51 ans, sans antécédent pathologique particulier, avait consulté pour
des épigastralgies postprandiales associées à un amaigrissement récent de 10 kg ; la fibro-
scopie œsogastroduodénale avait montré une perte de substance suspecte à bourrelets
protubérants et à fond nodulaire de l’antre gastrique. La biopsie avait montré une infil-
tration de la muqueuse gastrique antrale par des cellules carcinomateuses indépendantes
de taille moyenne à noyau refoulé par une vacuole de sécrétion alcianophile donnant un
aspect en bague à chaton caractéristique ; une gastrectomie totale avec omentectomie
étaient réalisées et l’examen macroscopique de la pièce opératoire avait montré dans la
région antrale, une ulcération de 3 cm de diamètre et un épaississement pariétal circon-
férentiel avec un aspect translucide de la tranche de section. L’étude histopathologique
avait retrouvé les cellules tumorales mucosecrétantes en bague à chaton ; ces dernières
étaient mêlées à plusieurs cellules géantes multinucléées à noyaux réguliers ; ces cellules
géantes étaient retrouvées même au niveau des images de lymphangite carcinomateuse
(Fig. 1) et au niveau des ganglions métastatiques. Les prélèvements fundiques ne mon-
traient pas d’infiltration tumorale et les limites chirurgicales duodénale et œsophagienne
étaient saines. La tumeur gastrique était classée p T3 N2 M0. À l’examen immunohisto-
chimique, les cellules géantes étaient positives pour le CD68 (Fig. 2) et négatives pour les
cytokératines (clones AE1/AE3).
Les suites opératoires étaient simples ; un traitement adjuvant par chimiothérapie était
entrepris ; le recul actuel est de 15 mois avec un état général conservé sans récidive.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : i.samet@laposte.net (I.S. Fakhfakh).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.annpat.2007.08.001
Tumeur gastrique à stroma particulier 151
Diagnostic proposé : carcinome à cellules lit tumoral et de leurs transformation ultérieure en cel-
lules géantes de type ostéoclastique. Ce phénomène de
indépendantes en bague à chaton avec
lutte contre la prolifération tumorale peut être égale-
cellules géantes de type ostéoclastique ment réalisé par l’apparition d’un stroma tumoral riche
en cellules lymphoïdes polyclonales B et T caractérisant le
Les tumeurs extrasquelettiques avec cellules géantes de carcinome lymphoépithélial [3]. En se basant sur les rares
type ostéoclastique sont rares ; elles sont essentiellement cas publiés, le carcinome à cellules géantes de type ostéo-
décrites au niveau mammaire et pancréatique [1,2]. À notre clastique et le carcinome lymphoépithélial représenteraient
connaissance, uniquement six cas de carcinome gastrique une entité clinicopathologique remarquable par son pronos-
avec cellules géantes de type ostéoclastique ont été publiés tic plus favorable [1,3] ; la publication de nouveaux cas de
[1—3] ; ce type de cellules géantes a été décrit même dans ce type de tumeur permettrait de prouver encore cette
de très rares tumeurs stromales gastriques [4]. À côté du lit meilleure évolution.
tumoral, les cellules géantes de type ostéoclastique peuvent
être observées dans les lymphangites carcinomateuses, les
ganglions métastatiques et dans les éventuelles récidives
[2,4]. Elles peuvent être isolées ou accompagnées de cel-
Références
lules épithélioïdes réalisant de véritable granulome tuber-
[1] Baschinsky DY, Frankel WL, Niemann TH. Gastric carci-
culoïde [5]. Ces cellules géantes sont de grande taille, mul- noma with osteoclast-like giant cells. Am J Gastroenterol
tinucléées, à limites cytoplasmiques irrégulières prenant un 1999;94:1679—81.
aspect de type ostéoclastique ; leur présence peut poser le [2] Stracca-Pansa V, Menegon A, Donisi PM, Bozzola L, Fedeli F,
problème de diagnostic différentiel avec certaines tumeurs Quarto F, et al. Gastric carcinoma with osteoclast-like giant
malignes pléomorphes à cellules géantes [2]. Les cellules cells. Report of four cases. Am J Clin Pathol 1995;103:453—9.
géantes de type ostéoclastique sont d’origine histiocytaire : [3] Willems S, Carneiro F, Geboes K. Gastric carcinoma with
elles expriment le CD68 [2] ; les cellules carcinomateuses osteoclast-like giant cells and lymphoepithelioma-like car-
gastriques sont positives pour les marqueurs épithéliaux ; cinoma of the stomach: two of a kind. Histopathology
leur immunoréactivité pour la protéine membranaire de 2005;47:331—3.
[4] Joseph-Reinette C, Viguier J, Regimbeau C, De Muret A, De Calan
latence de l’Epstein-Barr virus (EBV-LMP1) a été rapportée
L, Dorval E. Gastric stromal tumor with osteoclast-like multinu-
uniquement dans un cas parmi les six publiés [2,3]. cleated giant cells during Lynch II syndrome. Gastroenterol Clin
L’aspect morphologique et le résultat immunohistochi- Biol 2000;24:675—8.
mique prouvent le caractère bénin de ces cellules géantes [5] Bigotti G, Coli A, Magistrelli P, De Ninno M, Antonacci V, Crucitti
qui représenteraient la réponse de l’hôte envers la proliféra- A, et al. Gastric adenocarcinoma associated with granuloma-
tion tumorale [1,3] ; la production d’agents chimiotactiques tous gastritis. Case report and review of litterature. Tumori
serait responsable de la migration des histiocytes vers le 2002;88:163—6.
Annales de pathologie (2008) 28, 330—332
a
Laboratoire d’anatomie et cytologie pathologiques, CHU Habib-Bourguiba,
route El-Ain km 0.5, 3029 Sfax, Tunisie
b
Service de gynécologie, CHU Hédi-Chaker, route El-Ain km 0.5, 3029 Sfax, Tunisie
Observation
Une femme âgée de 30 ans, nulligeste, consultait pour infertilité. L’examen clinique
révélait une masse latéro-utérine gauche. À l’échographie, la masse était kystique et cloi-
sonnée. La cœlioscopie exploratrice montrait une masse du pavillon de la trompe gauche.
Les deux ovaires et la trompe controlatérale étaient sans lésion. L’ablation chirurgicale
du segment tubaire pathologique était réalisée. À l’examen macroscopique, le segment
tubaire mesurait 3 cm de long. Du côté du pavillon, la paroi tubaire était épaissie ; sa
lumière était dilatée par une formation kystique cloisonnée mesurant 4 cm de grand dia-
mètre et renfermant quelques bourgeons végétants de couleur blanc grisâtre (Fig. 1). Par
ailleurs, la paroi tubaire était épaissie. À l’examen microscopique, les bourgeons étaient
formés par la prolifération de structures papillaires ramifiées ayant un axe tantôt épais
et œdématié, tantôt grêle et sclérosé (Fig. 2a). Elles étaient revêtues par un épithélium
cubocylindrique pseudostratifié à noyau hyperchromatique (Fig. 2b). Des cellules isolées
se détachaient dans la lumière du kyste. La composante conjonctive était peu cellulaire
et sans atypie. Le reste du kyste était tapissé par un épithélium cubique régulier. Il n’y
avait pas de nécrose. L’étude immunohistochimique réalisée sur des prélèvements fixés
et inclus en paraffine montrait une forte positivité pour le CA125 et pour les récepteurs
estrogéniques. Le traitement était complété par une annexectomie gauche. Un contrôle
cœlioscopique, réalisé huit mois après, était normal.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ayadilobna@yahoo.fr (L. Ayadi).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.11.007
Une tumeur inhabituelle de la trompe 331
Figure 2. a : papilles revêtues par un épithélium montrant des touffes avec atypies modérées ; b : notez la pseudostratification nucléaire
et l’aspect en clou de tapissier (HE × 400).
a: papillae lined by an epithelium showing tufting with moderate atypia; b: note stratification of the epithelium and hobnail features
(HE × 400).
Elhem Khelifa (1), Rym Benmously (1), Samy Fenniche (1), Achraf Debbiche (2),
Mohamed Ben Ayed (2), Inçaf Mokhtar (1)
Khelifa E, Benmously R, Fenniche S, Debbiche A, Ben Ayed M et al. Une tumeur médiane du cuir cheve-
lu. Ann Pathol 2007 ; 27 : 255-6.
256
Ann Pathol 2007 ; 27 : 153-5
Anne Gentil Perret (1), Bruno Labeille (2), Olivier Tiffet (3)
Gentil Perret A, Labeille B, Tiffet O. Une tumeur myxoïde de la jambe. Ann Pathol 2007 ; 27 : 153-5.
Observation
154
Myxofibrosarcome
sarcoma versus low-grade myxofibrosarcoma in the the low-grade variant. Am J Surg Pathol 1996 ; 20 :
extremities and trunk. A comparison of clinicopatho- 391-405.
logical and immunohistochemical features. Histopa- [4] Huang HY, Lal P, Qin J, Brennan MF, Antonescu
thology 2004 ; 45 : 29-38. CR. Low-grade myxofibrosarcoma: a clinicopathologic
[3] Mentzel T, Calonje E, Wadden C, Camplejohn RS, analysis of 49 cases treated at a single institution with
Beham A, Smith MA et al. Myxofibrosarcoma. Clini- simultaneous assessment of the efficacy of 3-tier and
copathologic analysis of 75 cases with emphasis on 4-tier grading systems. Hum Pathol 2004 ; 35 : 612-21.
155
Annales de pathologie (2009) 29, 56—58
Observation
Une patiente âgée de 60 ans sans antécédent pathologique notable consultait pour des dou-
leurs abdominales. L’examen clinique trouvait une masse pelvienne latéro-utérine droite.
L’échographie abdominale révélait une tumeur ovarienne droite et une ascite pelvienne
de moyenne abondance associée à des adhérences intestinales. L’échographie pelvienne
objectivait une masse ovarienne droite solide, hétérogène, polylobée et aux contours irré-
guliers. Le CA125 était élevé (273,4 U/ml). L’AFP et les HCG étaient normaux. Le reste
du bilan était normal.
Une annexectomie droite suivie d’une hystérectomie avec annexectomie gauche et
d’une omentectomie étaient réalisées. L’annexe droite comportait un ovaire tumoral de
15 cm × 13 cm × 4 cm. À la coupe, la paroi ovarienne était kystique, hérissée de végéta-
tions papillaires grêles, longues (3 cm) et de couleur grisâtre. Il y avait de nombreux foyers
nécrotico-hémorragiques. L’examen extemporané de la masse ovarienne droite concluait
à un carcinome. La pièce omentectomie comportait de nombreux nodules tumoraux blan-
châtres fermes dont le plus gros mesurait 5 cm dans son plus grand diamètre.
L’analyse histologique définitive de la tumeur ovarienne montrait une prolifération car-
cinomateuse d’architecture papillaire. Les papilles étaient épaisses, aux contours lisses se
projetant dans des espaces vides. Elles étaient tapissées d’un revêtement multistratifié
(Fig. 1). Les cellules tumorales étaient atypiques et montraient une forte activité mito-
tique chiffrée à 8 mitoses par champ au fort grossissement. De plus, de nombreuses fentes
de taille variable, comblées d’un matériel basophile pâle, étaient notées (Fig. 2). Il n’y
avait pas de contingent de tumeur de Brenner bénigne ou à la limite de la malignité.
∗ Auteur correspondant. Villa 7, impasse 3, rue des Mères-de-Tunisie, les jardins d’El Menzah, El Manar I. 2092, Tunis, Tunisie.
Adresse e-mail : Samia.hannachi@rns.tn (S.H. Sassi).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.01.009
Une tumeur ovarienne à connaître 57
a
Service de pathologie, AP—HP, hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux,
75010 Paris, France
b
Service de pathologie, AP—HP, hôpital Beaujon, 100, boulevard Général-Leclerc,
92110 Clichy cedex, France
c
Service de chirurgie générale digestive et endocrinienne, AP—HP, hôpital Saint-Louis,
1, avenue Claude-Vellefaux, 75010 Paris, France
d
Département de pathologie médico-légale, université de médecine et pharmacie, Str.
Universitatii 16, 700115 Iasi, Roumanie
Observation
Une patiente de 17 ans, sans antécédent, consulte pour des douleurs abdominales. Le
scanner abdominopelvien montre une tumeur solide de la queue du pancréas, mesurant
10 cm de grand axe, avec des calcifications centrales. Il n’y a pas d’adénopathie. Les
marqueurs tumoraux (ACE, NSE, CA 15-3 et CA 19-9) sont normaux.
Une pancréatectomie caudale permet l’exérèse complète d’une tumeur solide, de
10 cm de diamètre, centrée par quelques cavités millimétriques, bien délimitée par une
fine capsule.
L’examen microscopique montre une prolifération de cellules de taille moyenne qui réa-
lisent des plages solides à la périphérie de la tumeur et des structures pseudopapillaires à
sa partie centrale (Fig. 1). Il n’y a pas de nécrose. Les cellules tumorales ont des noyaux
réguliers, parfois clivés, à chromatine fine renfermant un petit nucléole. Les mitoses
sont exceptionnelles. Quelques cellules comportent des inclusions éosinophiles cytoplas-
miques positives à la coloration du PAS. Le stroma est fibrovasculaire, peu abondant, peu
inflammatoire. On note de rares emboles tumoraux dans la capsule. La tumeur refoule
le parenchyme pancréatique adjacent sans l’infiltrer. Les cellules tumorales expriment
la vimentine, le CD10, la NSE, le CD56, la bêta-caténine et l’alpha-1 antichymotrypsine.
Le glucagon est exprimé par 50 % des cellules tumorales (Fig. 2). Il existe une expression
faible et focale de la chromogranine et de la synaptophysine. Les cytokératines ne sont
pas exprimées.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : philippe.bertheau@sls.aphp.fr (P. Bertheau).
1 Ces deux auteurs ont contribué de manière équivalente à ce travail.
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doi:10.1016/j.annpat.2007.03.003
Une tumeur pancréatique endocrine ? 51
Figure 1. Cellules tumorales assez monomorphes disposées Figure 2. Immunomarquage avec l’anticorps antiglucagon : mar-
en zones solides et pseudopapillaires (hematoxylin-éosine- quage cytoplasmique dans environ 50 % des cellules tumorales
safran × 100). (× 400).
Solid and pseudopapillary tumor areas (H and E × 100). Immunostaining with antiglucagon antibody: cytoplasmic staining
in 50% tumor cells (× 400).
Observation
Il s’agit d’une tumeur de la tête du pancréas découverte au cours d’un bilan annuel de
surveillance pour exposition à l’amiante chez une femme âgée de 56 ans. La patiente était
asymptomatique et l’examen clinique normal. Les examens biologiques étaient également
normaux, notamment les marqueurs sériques tumoraux ACE et CA19-9.
L’examen tomodensitométrique montrait une masse ovoïde homogène hypodense du
crochet pancréatique. Après l’injection du produit de contraste, la densité de la masse se
rehaussait progressivement mais sans atteindre celle du parenchyme pancréatique adja-
cent. L’IRM confirmait l’existence d’une lésion solide hypo-intense en séquences T1 et T2.
L’examen macroscopique de la duodénopancréatectomie céphalique montrait une tumeur
blanchâtre de 5 cm de grand axe, très ferme à la coupe, non encapsulée, à contours
nets, discrètement polycycliques, semblant refouler le parenchyme pancréatique adja-
cent. Elle était discrètement fasciculée et nodulaire avec des zones myxoïdes entre les
nodules.
L’examen histopathologique montrait une prolifération de cellules fusiformes, à cyto-
plasme peu abondant et à noyau allongé et ondulé, sans atypie ni mitose, disposées en
courts faisceaux non orientés. Il s’y associait un contingent fibreux dense, parfois abon-
dant. Des structures pancréatiques normales étaient englobées, notamment en périphérie
de la tumeur (Fig. 1 et 2).
L’étude immuno-histochimique révélait une expression intense et diffuse de la vimen-
tine, du CD34, du bcl-2 par les cellules tumorales. Celles-ci exprimaient plus faiblement
le CD99. Le marquage était négatif avec les anticorps dirigés contre le CD117 (c-kit),
l’actine alpha-musclaire lisse et la h-caldesmone, la calrétinine, la PS100, l’EMA et les
cytokératines (AE1/AE3) (Fig. 2).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jeanne.tran-van-nhieu@hmn.aphp.fr (J. Tran Van Nhieu).
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doi:10.1016/j.annpat.2007.11.008
Une tumeur pancréatique inhabituelle 327
Figure 1. Tumeur bien limitée englobant des structures pancréa- Figure 2. Cellules fusiformes à noyau allongé, sans atypies, dans
tiques normales (flèches) (HES × 1,25). un stroma collagène abondant. La présence d’acini pancréatiques
Well circumscribed tumor with entrapment of normal pancreatic au sein de la tumeur est notée en bas à droite (HES × 20). Encart :
structures (arrows) (HES × 1.25). expression du CD34 par les cellules tumorales.
Spindle cells without nuclear atypia, associated with numerous col-
lagen fibers and Entrapment of pancreatic acini can be seen at the
lower right corner (HES × 20). Insert: tumoral positivity for CD34.
Observation
Un homme âgé de 73 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, a été admis pour
exploration d’une tuméfaction latérocervicale droite en regard de la loge parotidienne
évoluant depuis quatre mois et ayant progressivement augmenté de taille. L’examen cli-
nique découvrait une formation ovalaire mobile d’environ deux centimètres de diamètre
de consistance ferme, mobile, indolore et dépourvue de signes inflammatoires locaux.
Les aires ganglionnaires étaient libres et la thyroïde était non palpable. L’échographie
cervicale montrait un nodule de 21 mm du lobe superficiel de la parotide droite à
double composante tissulaire et kystique. Une parotidectomie subtotale a été réali-
sée.
Macroscopiquement, la lésion, mesurant deux centimètres de grand axe, était bien
limitée, de consistance ferme, d’aspect blanc grisâtre et luisant à la coupe. Histologi-
quement, elle était constituée d’amas, de travées et de tubes à contenu éosinophile
entourés par un stroma fin (Fig. 1). Les cellules tumorales monomorphes cubiques ou
cylindriques d’aspect basaloïde, à cytoplasme peu abondant, étaient munies de noyaux
arrondis ou ovoïdes réguliers et adoptaient une disposition palissadique périphérique
(Fig. 2). À l’étude immunohistochimique, les cellules ductulaires exprimaient les cyto-
kératines (Fig. 1), alors que les cellules de la couche basale exprimaient l’actine et la
vimentine.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : bellilhela@yahoo.fr (S.B. Haha-Bellil).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.annpat.2008.11.001
Une tumeur parotidienne palissadique 61
Diagnostic : adénome à cellules basales de dense avec un aspect palissadique périphérique des cellules.
La variété trabéculaire est faite de travées et cordons par-
la parotide
fois de tubes de cellules basaloïdes séparées par un stroma
L’adénome à cellules basales est une tumeur épithéliale richement vascularisé. Enfin, la variété membranaire est
bénigne rare représentant 1 à 3 % des tumeurs des glandes caractérisée par la présence de bandes hyalines à la périphé-
salivaires [1]. Il siège au niveau de la glande parotide dans rie des cellules basaloïdes [1,2]. Ces aspects peuvent être
environ 75 % des cas, de la glande sous-mandibulaire dans associés. L’étude immunohistochimique permet de montrer
5 % et plus rarement au niveau des glandes salivaires acces- la différenciation myoépithéliale des cellules tumorales par
soires [1—3]. L’adénome à cellules basales a été initialement l’expression des cytokératines, de l’actine musculaire lisse
classé dans le groupe des adénomes monomorphes, entité et de la vimentine [1,5].
initialement définie par Kleinsasser et Klein en 1967 par Le diagnostic différentiel se pose avec l’adénome pléo-
opposition au groupe des adénomes pléomorphes [2]. Cette morphe : le monomorphisme cellulaire et l’absence de
entité a été par la suite reconnue par l’Organisation mon- stroma myxoïde permettent de redresser le diagnostic. Il
diale de la santé en 1991 et définie comme étant une tumeur se pose dans certains cas avec le carcinome à cellules
bénigne composée de cellules d’aspect basaloïde et dépour- basales et le carcinome adénoïde kystique mais la bonne
vue du stroma chondromyxoïde observé dans l’adénome délimitation de la lésion, l’aspect uniforme des cellules et
pléomorphe [1]. l’absence de signes histologiques de malignité, notamment
L’adénome à cellules basales affecte habituellement d’engainement périnerveux, permet d’éliminer ce diagnos-
la femme âgée de plus de 60 ans mais peut survenir à tic [1,2].
tout âge de 32 à 87 ans. Il se présente cliniquement sous Le traitement est basé sur la résection chirurgicale [1,2].
forme d’un nodule unique de croissance lente, mobile et L’adénome à cellules basales est une tumeur habituellement
asymptomatique [1,3,4]. L’aspect radiologique est celui bénigne : cependant, des cas exceptionnels de transforma-
d’une masse tissulaire bien circonscrite à contours régu- tion maligne ont été rapportés [1].
liers siégeant au niveau du lobe superficiel de la parotide,
se rehaussant de façon homogène ou inhomogène après
injection du produit de contraste selon la présence ou Références
l’absence de remaniements hémorragiques et kystiques
[1] Barnes L, Eveson JW, Reichart P, Sidransky D, editors. World
[3].
Health Organization Classification of tumours. Pathology and
Macroscopiquement, la tumeur se présente sous forme genetics of head and neck tumours. Lyon: IARC Press; 2005.
d’un nodule arrondi ou ovalaire bien limité, encapsulé, [2] Jang M, Park D, Lee SR, Hahm CK, Kim Y, Kim Y, et al. Basal
mesurant entre un et trois centimètres de grand axe, cell adenoma in the parotid gland: CT and MR findings. AJNR
d’aspect blanc grisâtre homogène ou kystique à la coupe 2004;25:631—5.
[1,2]. [3] Chawla AJ, Tan TY, Tan GJ. Basal cell adenomas of the parotid
Histologiquement, la lésion se caractérise par une proli- gland: CT scan features. Eur J Radiol 2006;58:260—5.
fération de cellules monomorphes basaloïdes à cytoplasme [4] Jeong AK, Lee HK, Kim SY, Cho KJ. Basal cell adenoma in the
éosinophile et à noyaux arrondis ou ovalaires. Trois variétés parapharyngeal space: MR findings. Clin Imaging 2001;25:392—5.
sont reconnues. La variété solide est constituée de nappes [5] Hemachandran M, Lal A, Vaiphei K. Basal cell adenoma-an unu-
sual presentation. Ann Diagn Pathol 2003;7:292—5.
ou d’îlots de taille variable séparés par un tissu collagène
Annales de pathologie (2009) 29, 150—152
a
Service d’anatomie et cytologie pathologiques, CHU de Nancy, hôpital central,
29, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, C.O. no 34, 54035 Nancy cedex, France
b
Département de neurochirurgie, CHU de Nancy, hôpital Central, 29, avenue du
Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, C.O. no 34, 54035 Nancy cedex, France
c
Service de neuroradiologie, CHU de Nancy, hôpital Central, 29, avenue du
Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, C.O. no 34, 54035 Nancy cedex, France
Observation
Un homme âgé de 20 ans consultait pour d’importantes douleurs rachidiennes et des
troubles sphinctériens d’apparition récente. L’IRM montrait une lésion tumorale du cône
médullaire à hauteur de la vertèbre T12, mesurant 5,8 cm de longueur et 1,6 cm de dia-
mètre, partiellement kystique. La composante tissulaire de la lésion était en hyposignal
hétérogène en T2, en hypersignal franc et homogène en T1, et se rehaussait après injection
de produit de contraste.
L’intervention chirurgicale retrouvait une lésion intradurale noire, mal limitée, accolée
à l’émergence des racines nerveuses.
Macroscopiquement, la tumeur était noire intense, de consistance molle. Histologique-
ment, la lésion se présentait comme une prolifération de cellules pigmentées, formant
des amas cohésifs aux contours parfois rubanés, avec des phénomènes d’enroulement
(Fig. 1). Les cellules étaient monomorphes, à noyaux arrondis, à chromatine finement
dispersée, avec un petit nucléole (encart Fig. 1). Leur cytoplasme contenait une grande
quantité de pigment mélanique. Aucune mitose n’était observée. Entre ces plages de
cellules pigmentées, le tissu glial était le siège d’une gliose réactionnelle modérée.
L’analyse immunohistochimique montrait une expression de Melan-A par la plupart
des cellules tumorales (Fig. 2) et une expression modérée nucléaire de la PS-100. Aucun
marquage n’était observé avec les anticorps anti-glial fibrillar acid protein (GFAP) et anti-
NeuN, ni l’avec anticorps pan cytokératine AE1-AE3. L’anticorps MIB-1 (Ki-67) objectivait
un faible index prolifératif (1 à 2 %).
L’évolution postopératoire était favorable, avec une régression progressive de la symp-
tomatologie clinique.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : g.gauchotte@yahoo.fr (G. Gauchotte).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.09.053
Une tumeur pigmentée du cône médullaire 151
Figure 1. Amas de cellules ovalaires cohésives pigmentées, dessi- Figure 2. Expression par la plupart des cellules tumorales de la
nant des enroulements (HES × 100). Encart : cellules monomorphes, Melan-A (× 400).
avec des noyaux arrondis, à chromatine finement dispersée, conte- Most tumour cells express Melan-A antigen (× 400).
nant un petit nucléole (HES × 1000).
Clusters of oval cohesive pigmented cells forming whorls (HES
× 100). Insert: monomorphous cells with a round nuclei, containing
finely scattered chromatin and a small nucleoli (HES × 1000).
a
Service d’anatomie et de cytologie pathologiques, hôpital Abderrahmen-Mami,
2080 Ariana, Tunisie
b
Service de chirurgie thoracique, hôpital Abderrahmen-Mami, 2080 Ariana, Tunisie
Un homme de 23 ans était hospitalisé pour survenue, suite à un effort sportif, d’une
gêne respiratoire et d’un emphysème sous-cutané cervical. Le reste de l’examen phy-
sique était normal, en particulier pas d’hypertension artérielle. L’interrogatoire mettait
en évidence la notion d’une toux productive et d’une hémoptysie évoluant depuis cinq
mois. La radiographie du thorax initiale montrait un pneumomédiastin et une opacité pul-
monaire gauche. La fibroscopie bronchique visualisait une lésion bourgeonnante lobaire
inférieure gauche dont la biopsie était négative. La tomodensitométrie thoracique met-
tait en évidence une masse parahilaire postérieure gauche de 4 cm de diamètre, associée
à un décollement de la plèvre médiastinale. L’exploration chirurgicale trouvait, outre
la masse lobaire inférieure gauche, un nodule de la lingula de 1,5 cm, justifiant la
réalisation d’une lobectomie inférieure gauche et d’une résection atypique du nodule
lingulaire. L’examen anatomopathologique de la pièce opératoire montrait la présence à
1 cm de la recoupe bronchique, d’une lésion endo et péribronchique mal limitée, blan-
châtre à la coupe, ulcérant la muqueuse bronchique. Les cellules tumorales, de grande
taille, arrondies ou polygonales à cytoplasme abondant faiblement éosinophile granu-
laire ou microvacuolaire, étaient munies de noyaux arrondis vésiculeux et nucléolés
(Fig. 1). Les figures de mitoses étaient très rares. Ces cellules cernées par place par
des cellules sus-tentaculaires (Fig. 2), adoptaient des agencements trabéculo-cordonnaux
séparés par un riche réseau de capillaires. En immunohistochimie, les cellules tumo-
rales exprimaient la chromogranine A (Fig. 1) et la synaptophysine et n’exprimaient
ni les cytokératines (MNF116) (Fig. 2), ni l’antigène épithélial membranaire (EMA) alors
que les cellules sus-tentaculaires exprimaient la protéine S100. Le nodule de la lin-
gula était identique. Le caractère primitif de la tumeur était retenu sur l’absence de
lésion extrapulmonaire en tomodensitométrie. L’évolution était favorable après 18 mois de
surveillance.
∗ Auteur correspondant. 25, rue d’Oran, cité La-Gazelle, 2083 Ariana, Tunisie.
Adresse e-mail : emnabraham@yahoo.fr (E. Braham).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.03.002
Une tumeur pulmonaire inhabituelle 55
Diagnostic : paragangliome bifocal primitif expectoration purulente ou par une hémoptysie. Le PPP
peut être plurifocal dans environ 20 % des cas [1], comme
du poumon
dans notre observation. Les aspects radiologiques sont
Environ 90 % des paragangliomes surviennent dans les sur- peu spécifiques et la fibroscopie montre dans les formes
rénales et sont appelés phéochromocytomes. Les autres, endobronchiques une masse bourgeonnante polyploïde.
siègent dans l’abdomen, la région de la tête et du cou et le Les biopsies sont peu contributives au diagnostic et sont
thorax. Les paragangliomes thoraciques représentent 12 % rarement pratiquées du fait du risque hémorragique. Le
des paragangliomes extrasurrénaliens et sont essentielle- diagnostic de certitude est anatomopathologique, générale-
ment représentés par les paragangliomes médiastinaux. Les ment porté sur pièce opératoire et les aspects sont similaires
paragangliomes pulmonaires primitifs (PPP) sont exception- à ceux observés chez notre malade [2—4]. Avant de rete-
nels [1]. nir la nature primitive du paragangliome, il faut éliminer
L’existence des PPP fut longtemps controversée. Ces une métastase pulmonaire d’un phéochromocytome ou d’un
tumeurs dériveraient selon la théorie de Blessing et paragangliome d’un autre site [1]. L’excision chirurgicale
Hora de structures paraganglionnaires-like siégeant dans constitue le traitement de choix [3,4]. Les PPP sont des
l’interstitium périvasculaire du poumon du nouveau-né tumeurs généralement bénignes. Les paragangliomes malins
[2,3]. Le premier cas fut décrit en 1958 par Heppleston, sont rares et la malignité est démontrée par la survenue
depuis, moins de 30 observations ont été rapportées [2—4]. de métastases notamment au niveau des ganglions lympha-
Cependant, la majorité de ces cas manquent de descriptions tiques régionaux [3,4].
histologiques précises et de données immunohistochimiques
permettant de les différencier des tumeurs carcinoïdes,
principal diagnostic différentiel [2,3]. Les critères mor- Références
phologiques classiques du diagnostic de paragangliome
sont comme suit : une architecture dite « Zellballen », [1] Sandur S, Dasgupta A, Shapiro JL, Arroliga AC, Mehta AC.
l’absence d’agencement trabéculaire ou pseudoglandulaire Thoracic involvement with pheochromocytma. A review. Chest
observé dans les carcinoïdes, un aspect vacuolaire du 1999;115:511—21.
cytoplasme, la présence de cellules sus-tentaculaires et [2] Aubertine CL, Flieder DB. Primary paraganglioma of the lung.
l’absence d’expression des cytokératines par les cellules Ann Diagn Pathol 2004;8:237—41.
tumorales. Ces critères ne permettent pas toujours une [3] Shibahara J, Goto A, Niki T, Tanaka M, Nakajima J. Pri-
distinction absolue entre paragangliome et tumeur carci- mary pulmonary paraganglioma. Report of functioning case
noïde. En effet, une expression des cytokératines a été with immunohistochemical and ultrastructural study. Am J Surg
rapportée dans de rares cas de PPP [2,3]. Des cellules sus- Pathol 2004;28:825—9.
[4] Skodt V, Jacobsen GK, Helsted M. Primary paraganglioma of
tentaculaires PS100 positives, ont été décrites dans des
lung. Report of two cases and review of the literature. APMIS
tumeurs carcinoïdes bronchiques qui ont été même dénom- 1995;103:597—603.
més « paraganglioïdes » par Barbareschi et al. [5]. [5] Barbareschi M, Frigo B, Mosca L, Carboni N, Arrigoni GP,
Le PPP se présente habituellement sous forme d’une Leonardi E, et al. Bronchial carcinoid with S-100 positive sus-
masse périphérique, asymptomatique et non fonctionnelle tentacular cells. A comparative study with gastrointestinal
du parenchyme pulmonaire. Parfois, la tumeur est endo- carcinoids, pheochromocytoma and paragangliomas. Pathol Res
bronchique se manifestant par une toux ramenant une Pract 1990;186:212—22.
Annales de pathologie (2009) 29, 158—160
a
Département de pathologie cellulaire et tissulaire, CHU d’Angers,
4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 09, France
b
Service de pneumologie, CHU d’Angers,
4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 09, France
Observation
Un homme de 48 ans a été hospitalisé pour le bilan d’une masse lobaire supérieure gauche
associée à un gros hile gauche et à une opacité de l’apex droit d’allure suspecte, décou-
verte à la radiographie pulmonaire, réalisée suite à un épisode d’hémoptysie. Dans ses
antécédents, on notait un tabagisme estimé à 20 paquets années sevré depuis sept ans.
Suite à une fibroscopie bronchique qui montrait une infiltration du culmen gauche d’allure
tumorale et dont les biopsies s’étaient avérées non contributives, une ponction scanno-
guidée est réalisée.
À l’examen histologique, il existait une prolifération cellulaire organisée en amas
ou en nids, avec des aspects de rosettes sur un fond nécrotique (Fig. 1a). Les
cellules présentaient une chromatine fine sans nucléole pour la plupart, avec une
importante activité mitotique. La coloration du PAS/BA mettait en évidence de nom-
breuses vacuoles de sécrétions alcianophiles au sein de ces amas tumoraux (Fig. 1b).
L’étude immunohistochimique montrait une positivité des cellules tumorales qui bor-
daient les vacuoles de mucisécrétion pour les anticorps anti-CK7, anti-synaptophysine
(Fig. 2a), anti-CD56 et anti-TTF-1 (Fig. 2b). L’anticorps anti-chromogranine A était
négatif.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : sandrini.jeremy@yahoo.fr (J. Sandrini).
0242-6498/$ — see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.09.055
Une tumeur pulmonaire inhabituelle 159
Diagnostic : tumeur amphicrine peuvent être considérées, d’une part comme précurseurs
d’un adénocarcinome bronchique et d’autre part comme
(exocrine-endocrine) primitive
précurseurs des cancers à petites cellules pulmonaires. Une
pulmonaire cellule souche pluripotente serait à l’origine de ce phéno-
type [4].
L’association du caractère endocrine et exocrine au sein Sur le plan moléculaire, des modèles murins
d’une même cellule fut décrite pour la première fois par d’entérocytes utilisant la thymidine tritiée ont permis
Feyrter en 1938 sous le nom de « système épithélial endo- d’isoler deux protéines de régulation pouvant induire,
crine diffus » [1]. Ce n’est que plus tard, en 1980, que chacune de manière indépendante, l’expression de deux
Ratzenhofer introduisit le terme de cellule « amphicrine » groupes de gènes. Le premier groupe serait impliqué dans
s’appliquant à des cellules où coexistent des granulations la sécrétion endocrine et le second dans la sécrétion
argyrophiles infranucléaires au contact du pôle vasculaire exocrine, qui seraient alors stockés respectivement dans
et des vacuoles de mucosécrétion apicales au contact du des compartiments bien distincts au sein du même clone
pôle luminal de ces cellules [2]. Les tumeurs amphicrines cellulaire tumoral [5].
répondent à cette description et sont bien à distinguer des Le traitement de ces tumeurs demeure non consensuel,
tumeurs composites où le caractère endocrine et exocrine ce qui contribue à leur mauvais pronostic et à leur survie
existe au sein de deux populations cellulaires différentes. limitée.
Les tumeurs amphicrines sont exceptionnelles. Une étude
a décrit huit cancers amphicrines en rapportant leur sur-
vie : deux formes pulmonaires avec une survie de trois ans Références
et demi à six ans, deux formes gastriques avec une survie
de dix à 17 mois, une forme œsophagienne avec une sur- [1] Feyrter F. Uber diffuse endokrine epitheliale organe. Leipzig:
vie à 11 mois, une forme cæcale avec une survie à 18 mois, Johann Ambrosius Barth; 1938.
une forme appendiculaire avec une survie à deux ans et [2] Ratzenhofer M, Aubock L. The amphicrine (endo-exocrine) cells
une forme pancréatique avec une survie inconnue (perdu de in the human gut, with a short reference to amphicrine neopla-
vu) [3]. Les principaux lieux de tumorigénèse sont le côlon, sias. Acta Morphol Acad Sci Hung 1980;28:37—58.
[3] Chejfec G, Capella C, Solcia E, Jao W, Gould VE. Amphicrine
l’appendice, le sein, les muqueuses nasale et laryngée, la
cells, dysplasias, and neoplasias. Cancer 1985;56:2683—90.
prostate, le pancréas, le poumon, le col utérin, la vésicule [4] Muller KM, Fisseler-Eckhoff A. What’s new in lung tumor hete-
biliaire, l’estomac, l’œsophage et la thyroïde [3]. rogeneity? Pathol Res Pract 1988;184:108—15.
L’histopathogénie des tumeurs amphicrines reste encore [5] Bjerknes M, Cheng H. The stem-cell zone of the small intesti-
mal connue : au début de la carcinogenèse bronchique, nal epithelium. III. Evidence from columnar, enteroendocrine,
les cellules tumorales amphicrines sont observées dans and mucous cells in the adult mouse. Am J Anat 1981;160:
l’hyperplasie des cellules caliciformes et basales. Ainsi, elles 77—91.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 333-335
Aïda Ayadi-Kaddour(1), Olfa Ismail(1), Leïla Abid(1), Adel Marghli(2), Habiba Djilani(2), Faouzi El Mezni(1)
(1) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital A. Mami de L’Ariana, Tunisie.
(2) Service de Chirurgie Thoracique, Hôpital A. Mami de L’Ariana, Tunisie.
Ayadi-Kaddour A, Ismail O, Abid L, Marghli A, Djilani H, El Mezni F. Une tumeur rare de la côte. Ann
Pathol 2007 ; 27 : 333-335.
Observation
334
Une tumeur rare de la côte
[2] Huvos AG, Rosen G, Dabska M, Marcove RC. [4] Dorfman HD, Czerniak B. Malignant cartilage tumors.
Mesenchymal chondrosarcoma: a clinicopathologic In: Dorfman HD, Czerniak B (eds). Bone Tumors. St
analysis of 35 patients with emphasis on treatment. Louis, Mosby, 1998, Inc, 353-440.
Cancer 1983 ; 51 : 1230-7. [5] Dobin SM, Donner LR, Speights VO. Mesenchymal
[3] Nakashima Y, Unni KK, Shives TC, Swee RG, Dahlin chondrosarcoma: a cytogenetic, immunohistochemi-
DC. Mesenchymal chondrosarcoma of bone and soft tis- cal and ultrastructural study. Cancer Genet Cytogenet
sue: a review of 111 cases. Cancer 1986 ; 57 : 2444-53. 1995 ; 83 : 56-62.
335
Ann Pathol 2007 ; 27 : 157-8
Karima Abbes, Ibticem Bahri Zouari, Salwa Makni, Imen Chtourou, Abdelmajid Khabir,
Nawrez Gouiaa, Lobna Ayadi, Hela Mnif, Tahya Sellami-Boudawara
Laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologiques, CHU Habib Bourguiba, 3029 Sfax, Tunisie.
Abbes K, Bahri Zouari I, Makni S, Chtourou I, Khabir A, Gouiaa N et al. Une tumeur rare des tissus mous
du pied. Ann Pathol 2007 ; 27 : 157-8.
158
Annales de pathologie (2008) 28, 246—248
Observation
Une patiente, âgée de 31 ans, aux antécédents de pneumonie il y a 15 ans et d’anémie
depuis une année était hospitalisée pour exploration d’une fièvre à 40 ◦ C avec frissons et
douleurs thoraciques. L’examen clinique était sans particularité. Les sérologies virales
et le bilan immunologique étaient normaux. Les explorations radiologiques (échogra-
phie, scanner thoraco-abdominal et imagerie par résonance magnétique) révélaient la
présence d’une masse cardiaque au niveau du ventricule droit appendue à l’apex qui mesu-
rait 24 mm × 13 mm évoquant un thrombus ou éventuellement une tumeur. La patiente
a été mise sous un traitement anticoagulant pendant trois semaines, mais l’évolution
était marquée par la persistance de la masse cardiaque. L’exploration chirurgicale révé-
lait la présence, au niveau du ventricule droit, d’une tumeur gélatineuse de 3 cm × 2 cm
s’étendant aux cordages et arrivant jusqu’au muscle ventriculaire. Une résection chirur-
gicale complète a été réalisée emportant les cordages et le pilier de la valve tricuspide.
À l’examen macroscopique, la tumeur était de consistance peu ferme et de couleur blanc
jaunâtre. À l’examen histologique, elle était formée de cellules fusiformes à cytoplasme
éosinophile et à noyau allongé parfois nucléolé ; ces cellules étaient mêlées à plusieurs
cellules inflammatoires incluant surtout des histiocytes spumeux associés à des lympho-
cytes, des plasmocytes et quelques polynucléaires éosinophiles (Fig. 1). Il existait aussi
plusieurs vaisseaux sanguins à paroi peu épaisse et à endothélium régulier ainsi que des
foyers de remaniement hémorragique. Il n’y avait pas d’infiltration du myocarde. Une
étude immunohistochimique était réalisée avec les anticorps anti-actine musculaire lisse
(AML), anaplastic large cell lymphoma kinase protein (ALK1), vimentine, protéine S100
(PS100), CD68, CD34 et CD1a. Les cellules fusiformes étaient positives pour AML et vimen-
tine et négatives pour les autres anticorps (Fig. 2). Les histiocytes exprimaient le CD68 ;
ils étaient négatifs pour la protéine S100 et CD1a.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ibticem bahri@yahoo.fr (I.B. Zouari).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2008.06.008
Une tumeur rare du cœur 247
Figure 1. Cellules fusiformes à cytoplasme éosinophile et à Figure 2. Immunomarquage positif pour AML (× 200).
noyau allongé parfois nucléolé mêlées à des cellules inflammatoires Diffuse expression of smooth muscle actin by tumor cells (× 200).
(HE × 200).
Spindle shaped cells with eosinophilic cytoplasm and elongated
bland nuclei accompanied by a variable number of inflammatory
cells (HE × 200).
Diagnostic : pseudotumeur inflammatoire prouvée par l’expression de CD34 alors que l’AML est rare-
ment exprimée [3]. Plus rarement, le diagnostic différentiel
du coeur ou tumeur myofibroblastique
peut se poser avec un fibrome cardiaque qui est de locali-
inflammatoire sation myocardique et non endocavitaire. Il est formé par
une prolifération en faisceaux enchevêtrés faite de cellules
La pseudotumeur inflammatoire (PTI) ou encore tumeur fusiformes à noyau ovale sans nucléole visible au sein d’un
myofibroblastique inflammatoire est une lésion souvent stroma collagène abundant ; ces cellules sont de taille plus
bénigne décrite pour la première fois en 1939, au niveau petite que les cellules fusiformes de la PTI qui sont souvent
du poumon qui en constitue la localisation la plus fréquente à noyau nucléolé. Comme pour la PTI, les cellules expriment
[1]. La localisation cardiaque est extrêmement rare. À notre l’AML et la vimentine et sont négatives pour la desmine, le
connaissance, seulement 14 cas sporadiques ont été rappor- CD34 et PS100. Des myocytes incorporés dans le fibrome sont
tés au niveau du cœur. Selon notre revue de la littérature, marqués par PS100 et la desmine ; ce fait ne s’observe pas
les deux sexes sont touchés à égalité. L’âge des patients dans la PTI [3]. Le traitement est essentiellement chirurgi-
varie de deux mois à 72 ans. Cette tumeur survient essen- cal consistant en une excision complète de la tumeur [2].
tiellement chez les enfants ; en effet, seulement quatre L’évolution est souvent bonne, une régression spontanée de
parmi les cas rapportés sont des adultes ; notre patiente est la tumeur a été notée dans un cas [4]. Seul un cas de réci-
âgée de 31 ans. La taille de la tumeur varie de 1,5 à 6,5 cm. dive a été rapporté [5]. L’évolution peut être fatale en cas de
La localisation au niveau du ventricule droit (comme chez localisation critique telle que la valve mitrale ou les artères
notre patiente) est décrite dans 35,7 % des cas. Les autres coronaires [6]. La pathogénie des PTI est encore obscure ;
localisations sont par ordre décroissant : l’oreillette droite, en effet, la plupart des auteurs considèrent cette lésion
le ventricule gauche, les artères coronaires, l’oreillette comme la conséquence d’une inflammation, une infection
gauche et l’artère pulmonaire. La présentation clinique est ou un traumatisme. Cependant, d’autres auteurs la consi-
variable ; il peut s’agir d’une fièvre, d’anémie, comme pour dèrent comme un fibrosarcome de bas grade qui est riche
notre patiente, de thrombose vasculaire, de vascularite ou en cellules inflammatoires ; cette idée est soutenue par la
de polyarthrite. Les explorations radiologiques (échographie possibilité d’un comportement local agressif de cette lésion,
cardiaque, imagerie par résonance magnétique) permettent sa multifocalité ainsi que la possibilité de métastase à
de préciser la localisation tumorale mais le diagnostic défi- distance [7].
nitif ne peut être qu’histologique [2]. Pour notre patiente,
les explorations radiologiques plaidaient en premier lieu en
faveur d’un thrombus intracardiaque. À l’examen histolo-
gique, la tumeur est formée de cellules fusiformes régulières Références
munies d’un nucléole proéminent. Ces cellules sont
associées en des proportions variables à des cellules inflam- [1] Brunn H. Two interesting benign lung tumors of contradictory
matoires à type de lymphocytes, d’histiocytes et de polynu- histopathology. Remarks on the necessity for maintaining chest
tumor registry. J Thorac Surg 1939;9:119—31.
cléaires éosinophiles [3]. La combinaison de ces différents
[2] Tian JT, Cheng LC, Yung TC. Multiple cardiac inflammatory myo-
types de cellules est à l’origine de la variabilité de l’aspect fibroblastic tumors in the right ventricle in an infant. Ann Thorac
morphologique d’un cas à l’autre. Dans notre observation, Surg 2006;82:1531—5.
les cellules inflammatoires, en particulier les histiocytes [3] Thomas de Montpréville V, Serraf A, Aznag H, Nashashibi
spumeux étaient prédominants. À l’étude immunohistochi- N, Planché C, Dulmet E. Fibroma and inflammatory myo-
mique, l’AML et la vimentine sont fortement exprimées par fibroblastic tumor of the heart. Ann Diagn Pathol 2001;5:
les cellules fusiformes confirmant leur nature fibroblastique 335—42.
et myofibroblastique [3]. Le diagnostic différentiel histolo- [4] Pearson PJ, Smithson WA, Driscoll DJ, Banks PM, Ehman RE.
gique se pose essentiellement avec un myxome cardiaque en Inoperable plasma cell granuloma of the heart: spontaneous
particulier quand la PTI est gélatineuse, comme dans notre decrease in size during an 11-month period. Mayo Clin Proc
1988;63:1022—5.
observation. En effet, il s’agit aussi d’une tumeur endocavi-
[5] Hartyansky IL, Kadar K, Hubay M. Rapid recurrence of an inflam-
taire, souvent associée à un syndrome inflammatoire et qui matory myofibroblastic tumor in the right ventricular outflow
contient de façon non exceptionnelle des cellules inflam- tract. Cardiol Young 2000;10:271—4.
matoires. Cependant, les cellules dans le myxome forment [6] Rose AG, McCormick S, Cooper K, Titus JL. Inflammatory pseu-
souvent des manchons périvasculaires et la tumeur est dotumor (plasma cell granuloma) of the heart. Arch Pathol Lab
recouverte en surface par un revêtement endothélial qu’on Med 1996;120:549—54.
ne trouve pas dans la PTI. À l’étude immunohistochimique, [7] Narla LD, Newman B, Spottswood SS, Narla S, Kolli R. Inflamma-
ces cellules présentent une différenciation endothéliale tory pseudotumor. Radiographics 2003;23:719—29.
Annales de pathologie (2008) 28, 154—156
Observation
Une femme âgée de 62 ans, sans antécédents particuliers, est adressée pour exploration
d’une tumeur rénale droite.
L’histoire de sa maladie remonte à dix mois, marquée par des douleurs du flanc gauche
accompagnées de brûlure mictionnelle et de pollakiurie.
L’examen clinique a trouvé un état général conservé sans douleurs à l’ébranlement
lombaire. Les aires ganglionnaires sont libres.
L’échographie et la tomodensitométrie abdominale ont montré une masse rénale
gauche, polaire, supérieure, solide, mesurant 65 × 36 mm déformant les contours du rein.
Une néphrectomie totale gauche a été réalisée. L’examen macroscopique a trouvé un
nodule bien limité polaire supérieur, de 65 × 60 mm. Ce nodule présente, à la coupe, un
aspect nodulaire, blanc grisâtre et ferme, sans remaniements nécrotiques, hémorragiques
ou kystiques.
L’examen histologique montre une prolifération tumorale densément cellulaire, faite
de petites cellules cubiques, à cytoplasme réduit, basophile, entourant un noyau arrondi
monomorphe, régulier, à chromatine fine. Ces cellules s’agencent en acini ou tubules, au
sein d’un stroma œdémateux acellulaire d’abondance variable (Fig. 1). La tumeur est bien
circonscrite en surface par une fine capsule fibreuse. L’étude immunohistochimique montre
une positivité focale des cellules tumorales pour la cytokératine (CK7) et une négativité
pour l’EMA.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : drrymsellami@yahoo.fr (R.D. Sellami).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.07.002
Une tumeur rénale 155
Figure 1. À gauche : petits tubules arrondis ou allongés séparés d’un fin stroma hyalin. Quelques projections papillaires sont notées
(HE × 200). À droite : prolifération monomorphe de petits tubules allongés et acini au sein d’un stroma œdémateux (HE × 400).
Left : small round, focally elongated tubules separated by scanty hyaline tissue. Papillary projections are noted (HE × 200). Right : uniform
proliferation of small elongated tubule and acini with oedematous stroma (HE × 400).
Diagnostic : adénome métanéphrique du entre TW et AM [9]. Les deux tumeurs montrent une posi-
tivité nucléaire diffuse avec le WT1. Contrairement à l’AM,
rein la TW n’exprime généralement pas CD57 ni la CK7 (excep-
L’adénome métanéphrique rénal (AM) est une tumeur rare. tion les tubules matures qui sont CD57+, CK7+ et CD56−)
Il a été rapporté sous le terme de néphrome néphrogène [9]. CD56 est positif dans la TW, alors qu’il est négatif
pour la première fois par Paget et Garnier en 1980 [1—3], dans l’AM. Les TW/RN montre une positivité diffuse avec le
faisant suite à la description en 1977, par Stambolis [4] de WT1 et une positivité focale avec la CK7 et CD57. CD56 est
néphroblastome épithélial bénin. Environ une centaine de généralement négatif dans les TW/RN, sauf s’il existe du
cas ont été rapportés dans la littérature, sous de multiples blastème résiduel qui est CD56+, CD57− et CK7−. Devant
dénominations incluant tumeur rénale métanéphroïde, adé- ce profil immunohistochimique, Muir et al. avaient suggéré
nome nephroblastoma-like ou néphrome néphrogène. Cette l’hypothèse d’une intime relation cytogénétique entre l’AM
tumeur survient à tout âge, le plus souvent entre la cin- et TW/RN [9]. La distinction entre l’AM et le CTP peut
quième et la sixième décennie avec nette prédominance être parfois difficile. La basophilie des cellules, la présence
féminine (sex-ratio : 2H/1F) [3—5]. Le tableau clinique d’ébauches gloméruloïdes et l’absence de macrophages spu-
consiste en une douleur du flanc ou de l’abdomen, une meux plaident en faveur de l’AM [5—7]. Alors que la forte
hématurie ou une polyglobulie, mais 50 % des cas ont été positivité à la CK/EMA et la négativité avec CD57 sont en
découverts de façon fortuite [5,6]. L’adénome métané- faveur du CTP [6—8]. Les études cytogénétiques ont une
phrique est une tumeur unilatérale, exceptionnellement valeur considérable pour délimiter ces deux lésions, puisque
multifocale [7]. Macroscopiquement, c’est une tumeur bien l’AM ne présente pas la trisomie 7 et 17 du CTP [5,7,9]. En
circonscrite et non encapsulée. La taille de la tumeur varie conclusion, l’adénome métanéphrique est une entité his-
entre 0,6 [6] et 150 mm [7] avec une moyenne de 55 mm tologique, dont le caractère manifestement bénin autorise
pour Davis et al. [7] et 47 mm pour Jones et al. [6]. La une approche thérapeutique conservatrice, sans traitement
tumeur est homogène à la coupe, de consistance ferme ou complémentaire à la chirurgie étant donné l’absence de
molle et de teinte beige rose à jaunâtre en règle sans rema- récidives et de métastases.
niements hémorragiques, kystiques et nécrotiques [1—6].
Histologiquement, l’AM est une tumeur densément cellu-
laire, faite de petites cellules à noyau hyperchromatique, Références
monomorphe, régulier, entouré d’un cytoplasme pâle ou
éosinophile. Le nucléole est petit et les mitoses sont rares [1] Pages A, Granier M. Le néphrome néphrogène. Arch Anat Cytol
ou absentes. Ces cellules s’organisent en petits acini, en Pathol 1980;28(2):99—103.
îlots ou en papilles [6,7]. Occasionnellement, des corps [2] Molinié V, Cochand-Priollet B, Staroz F, Vieillefond A, Les
psammomateux peuvent être rencontrés [5]. Le stroma est membres du GETUR. Classification des tumeurs primitives du
rein de l’adulte. Ann Pathol 1998;18:29—47.
généralement acellulaire, œdémateux ou hyalinisé [5—8].
[3] Martin L, Justrabo E, Michel F, Billerey C, Yaziji N. L’adénome
Les études immunohistochimiques montrent une forte posi- métanéphrique du rein. Ann Pathol 1998;18:120—4.
tivité nucléaire avec WT1, une positivité diffuse avec CD57 [4] Stambolis C. Benign epithelial nephroblastoma. A contribution
et une positivité focale avec CK7 [7]. L’AM peut poser des to its histogenesis. Virchows Arch (A) 1977;376:267—72.
problèmes de diagnostic différentiel avec la tumeur de [5] Grignon DJ, Eble JN, et al. Papillary and metanephric adenoma
Wilms (TW), mature avec ou sans restes néphrogéniques of the kidney. Semin Diag Pathol 1998;15:41—53.
(TW/RN) et le carcinome tubulopapillaire (CTP) du rein. [6] Jones EC, Pins M, Dckersin GR, Young RH. Metanephric adenoma
Les TW surviennent généralement à un âge précoce (entre of the kidney; A clinicopathological, immunohistochemical, flow
12 et 39 mois), mais des TW adultes ont été décrites dans cytometric, cytogenetic and electron microscopic; Study of
la littérature [9]. Les TW sont généralement plus volumi- seven cases. Am J Pathol 1995;6:615—26.
[7] Davis CJ, Barton JH, Sesterhenn IA, Mostofi FK. Metanephric
neuses, solides et largement nécrotiques. Contrairement à
adenoma; clinicopathological study of fifty patients. Am J Surg
la TW, l’AM présente un aspect monophasique, sans contin- Pathol 1995;19:1101—14.
gent blastémateux ni mésenchymateux. L’hyperchromasie [8] Renshaw AA, Freyer DR, Hammers YA. Metastatic metanephric
nucléaire, la petite taille des cellules et l’absence d’activité adenoma in child. Am J Surg Pathol 2000;24:570—4.
mitotique (moins de deux mitoses par dix champs au fort [9] Muir TE, Cheville JC, Lager DJ. Metanephric adenoma,
grossissement) plaident en faveur de l’AM. L’étude immuno- nephrogenic rests and Wilms tumor; A histologic and immuno-
histochimique permet, dans la plupart des cas, la distinction phenotypic comparison. Am J Pathol 2001;25:1290—6.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 377-379
Samia Chatti-Dey (1), Yossra Zidi (1), Mourad Ben Othman (2), Ehsen Ben Brahim (1), Essia Saiji (1),
Mongi Mighri (2)
Chatti-Dey S, Zidi Y, Ben Othman M, Ben Brahim E, Saiji E, Mighri M. Une tumeur rétropéritonéale. Ann
Pathol 2007 ; 27 : 377-379.
378
Tumeur myofibroblastique inflammatoire
[3] Sastre-Garau X, Couturier J, Derré J, Aurias A, [5] Pettinato G, Manivel JC, DeRosa N, Dehner
Klijanienko J, Lagacé R. Inflammatory myofibro- L. Inflammatory myofibroblastic tumor (plasma cell
blastic tumour (inflammatory pseudotumour) of granuloma). Clinicopathologic study of 20 cases with
the breast. Clinicopathological and genetic analysis immunohistochemical and ultrastructural observa-
of a case with evidence for clonality. J Pathol tions. Am J Clin Pathol 1990 ; 94 : 538-46.
2002 ; 196 : 97-102. [6] Coffin CM, Dehner LP. Fibroblastic-myofibroblastic
[4] Sirvent N, Coindre JM, Pedeutour F. Tumeurs myo- tumors in children and adolescents: a clinicopatholo-
fibroblastiques inflammatoires. Ann Pathol 2002 ; 22 : gic study of 108 examples in 103 patients. Pediatr
453-60. Pathol 1991 ; 11 : 559-88.
379
Annales de pathologie (2008) 28, 334—336
Observation
Une fillette de 14 ans se présentait à la consultation de dermatologie pour une lésion cuta-
née nodulaire du dos, non douloureuse, d’évolution lentement progressive depuis plusieurs
années. À l’examen clinique, il s’agissait d’un nodule sous-cutané du bas du dos mesu-
rant 3,5 cm × 2,5 cm, mobile par rapport au plan cutané et apparemment fixe par rapport
aux plans profonds ; une biopsie a été réalisée. Macroscopiquement, le prélèvement était
formé de tissu adipeux comportant à la coupe des secteurs pigmentés, noirâtres ; il n’y
avait pas de capsule périphérique. À l’examen histologique (Fig. 1), après coloration par
l’hématéine—éosine, on observait des lobules de tissu adipeux mature et bien différen-
cié ; ces lobules étaient séparés par des faisceaux épais de cellules fusiformes de densité
modérée présentant un noyau régulier sans atypie ; quelques cellules étaient chargées
de pigment dont la nature mélanique était confirmée par la coloration de Fontana ; ces
cellules rappelaient les cellules pigmentées observées dans le dermatofibrosarcome protu-
berans (ou tumeur de Bednar). À l’examen immunohistochimique, les cellules fusiformes
étaient positives pour la vimentine et l’actine musculaire lisse (AML) (Fig. 2) ; les cellules
pigmentées étaient positives pour la protéine S100 (PS100) et les antigènes melanA et
HMB45.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ayadilobna@yahoo.fr (L. Ayadi).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.12.001
Une tumeur sous-cutanée pigmentée du dos 335
Figure 1. a : tissu adipeux abondant associé à des cellules fusiformes qui infiltrent les septa (HE × 100) ; b : faisceaux de cellules fusiformes
traversant le tissu adipeux mature. Notez la présence de cellules pigmentées (HE × 400).
a: abundant adipose tissue with spindle cells infiltrating septa (HE × 100); b: fascicles of spindle cells traversing mature adipose tissue.
Note the pigmented cells (HE × 400).
Diagnostic : lipofibromatose présentent une cellularité faible au niveau des septa et sont
donc faciles à distinguer des LF [1]. L’examen immunohisto-
La lipofibromatose (LF) est une lésion bénigne rare récem- chimique n’est pas indispensable au diagnostic des LF; les
ment décrite par Fetsch et al. en 2000 [1] et reconnue cellules fusiformes sont souvent focalement positives pour
par l’OMS en 2002 comme une tumeur fibroadipeuse de l’AML, la PS100, le CD34, l’EMA et bcl2, et sont négatives
l’enfant [2]. Cette tumeur a été anciennement classée pour la desmine et les cytokératines [2]. L’exérèse chirur-
comme une variante de fibromatose juvénile ou infantile gicale représente le traitement de choix pour prévenir les
ou d’hamartome fibreux de l’enfant. Elle survient surtout récidives locales. L’étiopathogénie de cette lésion est incer-
dans la première enfance avec une prédilection masculine taine ; plusieurs théories ont été proposées, incluant une
[1]. Elle se localise préférentiellement au niveau des mains dysrégulation de la différenciation des cellules embryon-
et des pieds, plus rarement au niveau de la paroi thora- naires ou fœtales ou peut-être un désordre du système
cique ou abdominale [1] ou au niveau du cou [3]. À notre paracrine [4]. Concernant les cellules pigmentées, il est
connaissance, il s’agit de la première localisation rappor- proposé que ces cellules soient des bystander cells incor-
tée au niveau du dos. La lésion est mal limitée, indolente, porées passivement dans la masse tumorale à cause d’une
d’évolution lentement progressive [1]. À l’examen macro- perturbation de leur trajet de migration par le processus
scopique, il s’agit d’une tumeur jaunâtre ou blanchâtre lipofibromateux [5].
avec une composante adipeuse prédominante ; sa taille varie
habituellement de 1 à 3 cm et dépasse rarement 5 cm [1].
À l’histologie, la composante adipeuse représente plus de Références
70 % de l’ensemble de la tumeur ; des faisceaux de cellules
fibroblastiques régulières traversent les lobules adipeux. La [1] Fetsch JF, Miettinen M, Laskin WB, Michal M, Enzinger FM. A
plupart de ces lésions sont mal limitées avec infiltration clinicopathologic study of 45 pediatric soft tissue tumors with
des tissus avoisinants. L’activité mitotique est habituelle- an admixture of adipose tissue and fibroblastic elements, and a
ment faible. Cet aspect morphologique ressemble à celui de proposal for classification as lipofibromatosis. Am J Surg Pathol
l’hamartome fibreux de l’enfant, mais dans la LF, il n’y pas 2000;24:1491—500.
de cellules ovales primitives dans une matrice myxoïde [2]. [2] Fletcher CDM, Unni KK, Mertens F. WHO classification of tumors.
La LF diffère des autres formes de fibromatoses juvéniles Tumors of soft tissue and bone. Lyon: IARC Press; 2002.
[3] Herrmann BW, Dehner LP, Forsen JW. Lipofibromatosis presen-
par la préservation de l’architecture du tissu adipeux et par
ting as a pediatric neck mass. Int J Pediatr Otorhinolaryngol
l’absence de prolifération fibroblastique solide [2]. Le diag- 2004;68:1545—9.
nostic différentiel peut se poser également avec le fibrome [4] Kousseff BG. The phakomatoses as paracrine growth disorders
calcifiant aponévrotique surtout au stade de début ; ce der- (paracrinopathies). Clin Genet 1990;37:97—105.
nier présente cependant de petits fibroblastes épithélioïdes [5] Fetsch JF, Michal M, Miettinen M. Pigmented (melanotic) neuro-
et ne comporte pas de composante adipeuse bien circons- fibroma: a clinicopathologic and immunohistochemical analysis
crite [1]. La plupart des lipoblastomes et lipoblastomatoses of 19 lesions from 17 patients. Am J Surg Pathol 2000;24:331—43.
Annales de pathologie (2008) 28, 522—524
a
Centre Paul-Papin, 2, rue Moll, Angers, France
b
Centre d’anatomie et de cytologie pathologiques, 2, rue de l’Appentis, Angers, France
c
Clinique de Bagneux, Saumur, France
Observation
Une patiente âgée de 49 ans, sans antécédent, a consulté en septembre 2005 pour une
tuméfaction du gros orteil évoluant depuis 20 ans. L’examen clinique mettait en évidence
une formation tumorale de l’extrémité du gros orteil, bourgeonnante, ulcérée et indurée.
Une exérèse chirurgicale a été pratiquée. L’examen macroscopique montrait une lésion
nodulaire, polypoïde et ulcérée, mesurant 2,5 × 1,2 cm de diamètre et reposant sur une
base cutanée de 2,6 × 1,7 cm.
À l’examen histologique, la tumeur formait, au faible grossissement, un nodule rela-
tivement bien limité, non encapsulé, localisé dans le derme et épargnant l’hypoderme.
Le sommet de la lésion était occupé par une ulcération avec un enduit fibrinoleucocytaire
(Fig. 1a et 1b). Au fort grossissement, la tumeur était constituée d’une prolifération de
cellules fusiformes ou stellaires, organisées en plages ou en courts faisceaux, sur un fond
fibromyxoïde finement vascularisé, sans zone de nécrose. Les noyaux oblongs étaient de
contours réguliers, peu anisocaryotiques, à chromatine fine, sans mitoses identifiables. Les
cellules fusiformes étaient intriquées à un infiltrat inflammatoire polymorphe (Fig. 2). Une
étude immunohistochimique a été réalisée. Les cellules exprimaient diffusément le CD34
et très focalement le CD99. Elles étaient négatives pour l’EMA, la protéine S100, l’HMB45,
l’actine musculaire lisse et la desmine.
∗ Auteur correspondant. Laboratoire d’anatomiepathologique, centre Paul-Papin, 2, rue Moll, 49033 Angers cedex 01, France.
Adresse e-mail : i.valo@unimedia.fr (I. Valo).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.12.004
Une tumeur suspecte des extrémités 523
Figure 1a et 1b. Tumeur nodulaire ulcérée constituée d’une prolifération de cellules fusiformes de siège dermique (HES × 25).
Ulcerated nodular tumor composed of spindle cells involving the dermis (HES × 25).
Diagnostic : fibromyxome acral superficiel atteint les adultes jeunes (avec une nette prédominance
masculine) ; elle est formée de cellules épithélioïdes au sein
Le fibromyxome superficiel des extrémités est une tumeur d’un stroma collagène dense. Parmi les tumeurs malignes, le
rare, de description récente (2001). Les quelques cas rap- sarcome myxo-inflammatoire fibroblastique a une prédilec-
portés touchent l’adulte d’âge moyen [1]. Il s’agit d’une tion pour les extrémités. C’est une tumeur maligne invasive
tumeur bénigne des tissus mous cutanés, indolore, de crois- (tissus mous profond, synoviale, tendons et ligaments),
sance lente. Cette lésion se développe préférentiellement multinodulaire et mal limitée. Son diagnostic repose sur
au niveau des doigts ou des orteils avec une tendance à l’identification de cellules atypiques globuleuses avec des
l’envahissement de la région unguéale. De taille variable inclusions éosinophiles intranucléaires. Les cellules sont par-
(de 0,5 à 5 cm de grand axe en moyenne), cette tumeur fois focalement marquées par le CD34 et/ou le CD 68 et de
polypoïde, bien circonscrite, est constituée de cellules fusi- façon occasionnelle par l’actine musculaire lisse et les cyto-
formes ou étoilées, disposées de manière anarchique ou kératines. Il faut éliminer de principe le myxofibrosarcome
storiforme dans un abondant stroma myxoïde, collagène ou qui est rare au niveau des extrémités et qui est constitué
mixte. Le stroma comporte habituellement de nombreux d’une prolifération de cellules fusiformes ou stellaires aty-
mastocytes. La vascularisation est constituée d’un fin réseau piques et mitotiques dans un stroma myxoïde avec un réseau
capillaire. Cette tumeur envahit le derme, quelques fois de vaisseaux incurvés à paroi épaisse. Enfin, le dermatofibro-
l’hypoderme, voire le fascia ou le périoste. En immunohis- sarcome de Darrier et Ferrand dans sa forme myxoïde est une
tochimie, les cellules expriment le plus souvent le CD34, le tumeur plus infiltrante qui envahit l’hypoderme et englobe
CD99 et l’EMA [1—3]. les adipocytes et les glandes sudorales. Il est en pratique
Cette tumeur est à distinguer d’autres tumeurs myxoïdes rarissime au niveau des extrémités. Les cellules tumorales
superficielles pouvant intéresser les extrémités. Parmi les expriment le CD34. Cette tumeur est caractérisée par une
tumeurs bénignes, l’angiomyxome superficiel est parfois translocation spécifique (t[17 ;22]COL1A1-PDGFß) [4].
décrit dans une forme acrale. Il est constitué d’un abon- En conclusion, il convient de retenir que le fibromyxome
dant stroma myxoïde avec des lacs mucoïdes acellulaires, superficiel des extrémités est une tumeur rare et de bon
ponctué de cellules fusiformes ou étoilées peu atypiques pronostic, qui peut nécessiter une reprise locale si l’exérèse
et il contient parfois des inclusions épithéliales. Les cel- est incomplète.
lules sont occasionnellement positives pour le CD 34. La
présence de polynucléaires neutrophiles dans le stroma,
en dehors de toute ulcération, est caractéristique de la Remerciements
lésion. La forme myxoïde du neurofibrome circonscrit, qui
intéresse souvent les extrémités, est constitué de courtes Monsieur le Professeur Louis Guillou de l’institut universi-
cellules flexueuses associées à des fibres collagènes épaisses taire de pathologie de Lausanne pour son avis diagnostique.
et sinueuses. Les cellules expriment la protéine S100. Le
myxome des gaines nerveuses (neurothécome myxoïde) pré-
sente une architecture lobulée, caractéristique avec des Références
nodules myxoïdes séparés par des fibres collagènes ; les
cellules tumorales expriment aussi la protéine S100. Néan- [1] Fetsch JF, Laskin WB, Miettinen M. Superficial Acral Fibro-
moins, cette tumeur siège préférentiellement au niveau de myxoma: a clinicopathologic analysis of 37 cases of a distinctive
soft tissue tumor with a predilection for the fingers and toes.
la tête et du cou, des épaules ou des membres supérieurs.
Hum Pathol 2001;32:704—14.
Le périneuriome des tissus mous peut comporter des zones [2] Meyerle JH, Keller RA, Krivda SJ. Superficiel acral fibro-
myxoïdes ; il se développe souvent plus profondément, en myxoma of the index finger. Case report. J Am Acad Dermatol
région sous cutanée ; il est constitué de cellules fusiformes 2004;50:134—6.
allongées, à disposition réticulée, dans un stroma collagène [3] Quaba O, Evans A, Al-Nafussi AA, Nassan A. Superficial acral
dense comportant fréquemment des éléments épithélioïdes. fibromyxoma. Case report. Br J Plast Surg 2005;58:561—4.
Les cellules sont positives pour l’EMA. Une variante sclé- [4] Gentil Perret A, Perrot JL, Dutoit M, Fouilloux B, Peoc’h M, Cam-
rosante du périneuriome, décrite plus récemment, siège bazard F. Angiomyxome superficiel : à propos de quatre cas, dont
préférentiellement au niveau des doigts ou des mains. Elle deux lésions sous-ungéales. Ann Pathol 2005;25:54—7.
Annales de pathologie (2008) 28, 338—340
a
Service d’anatomie pathologique, université de médecine et pharmacie Târgu-Mures,
38, rue Gheorghe-Marinescu, 540142 Târgu-Mures, Roumanie
b
Service d’anatomie pathologique, hospices civils de Lyon, centre hospitalier Lyon-Sud,
université Lyon-1, 69495 Pierre-Bénite, France
Il s’agit d’un homme de 52 ans, qui consulte pour une tuméfaction douloureuse du testi-
cule droit, constatée depuis trois mois et ayant rapidement augmenté de volume. Cette
tuméfaction était d’apparition spontanée, sans notion de traumatisme. Le bilan clinique
était normal, sans symptomatologie associée. À l’examen sanguin, les marqueurs sériques
étaient négatifs.
Une orchidectomie droite a été décidée. À l’examen macroscopique, le testicule était
le siège d’une tumeur jaunâtre, homogène, bien limitée, de 2 cm de diamètre, intrapa-
renchymateuse.
L’examen histologique, en technique standard, montrait une tumeur formée de nids
(Fig. 1) ou de travées à disposition rubanée, associés à des structures tubulaires ou papil-
laires (Fig. 2). Les cellules avaient un cytoplasme abondant et un noyau arrondi ou ovalaire.
L’anisocaryose était modérée, les mitoses rares. Le stroma était peu abondant, sans
nécrose. Cette tumeur, bien limitée, s’insérait au sein d’un parenchyme testiculaire peu
modifié. L’étude immunohistochimique montrait une positivité avec les anticorps contre
les cytokératines (AE1/AE3), la chromogranine A, la synaptophysine et la sérotonine ; il
n’existait pas de réactivité avec les anticorps contre l’inhibine, la calrétinine, la PLAP,
l’alpha-fœtoprotéine. L’index de prolifération (MIB-1) était inférieur à 2 % et le marquage
avec la protéine p53, négatif.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : andradaloghin@yahoo.com (A. Loghin).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.11.010
Une tumeur testiculaire rare 339
Figure 1. Prolifération tumorale sous forme de nids, séparés par Figure 2. Architecture différente dans la même tumeur : travées
de fines travées conjonctives. à disposition rubanée, formant des structures tubulaires ou papil-
Tumoral proliferation showing solid nests separated by a delicate laires.
stroma. Another growing pattern in the same tumor: trabeculae or cords
forming tubular or papillary structures.
Diagnostic : tumeur carcinoïde pure • une tumeur neuroendocrine primitive : c’est le cas de
notre observation puisqu’elle est isolée cliniquement et
primitive du testicule biologiquement. Elle entre dans le cadre défini par la
La tumeur carcinoïde primitive du testicule est rare, récente classification OMS 2004 des tumeurs testiculaires
l’incidence étant inférieure à 1 % de l’ensemble des tumeurs qui l’inclut dans le groupe des tumeurs diverses ; elle
testiculaires. La majorité des publications ne concernent est ainsi séparée des tumeurs germinales tératomateuses
qu’un seul cas, à l’exception de celle de Reyes et al. [1] monodermiques, groupe dans lequel elle se situait aupa-
qui rapporte une série de dix cas. Depuis 1954, 71 cas ont ravant [5].
été rapportés parmi lesquels 62 cas étaient primitifs et neuf
cas métastatiques. L’âge d’apparition est très variable, le L’évolution des tumeurs carcinoïdes primitives pures du
plus souvent entre 40 et 60 ans. La présentation clinique testicule est favorable : dans la littérature, seulement 11 %
est celle d’une masse testiculaire unilatérale, bilatérale de formes avec métastases (ganglions, foie, os) ont été rap-
dans un seul cas [2], parfois douloureuse. Il existe rarement portées, concernant des tumeurs de taille élevée, associées
un syndrome carcinoïde (diarrhée, flush, bronchospasme) dans 50 % des cas à un syndrome carcinoïde clinique et biolo-
survenant presque toujours dans les formes métastatiques. gique. En dehors de ces formes métastatiques, l’évaluation
Macroscopiquement, la tumeur est de coloration homogène du pronostic de ces lésions rares a été établie par différents
brun jaunâtre, assez ferme, mesurant entre 1 et 9,5 cm, auteurs [1], en comparaison avec les classifications pro-
avec une moyenne de 4,6 cm. À l’examen microscopique, nostiques utilisées dans les tumeurs endocrines des autres
elle se caractérise par une prolifération en nids ou en travées organes. En utilisant la classification des tumeurs endocrines
de cellules monomorphes, à noyau rond ou ovale comportant digestives, notre tumeur peut être classée en carcinome
une chromatine finement dispersée. À l’examen immunohis- endocrine de bas grade en raison du faible nombre de
tochimique, les cellules tumorales expriment les marqueurs mitoses, de l’absence de nécrose, d’un index de proliféra-
endocrines et neuroendocrines : chromogranine A, synapto- tion bas (MIB-1 < 2 %) et de la négativité du marquage avec
physine et CD56. La recherche de sérotonine, lorsqu’elle a la p53 [6].
été effectuée [3], était toujours positive, ce qui est le cas Pour conclure, le terme de carcinoïde retenu par
de notre observation. Les cellules tumorales n’expriment l’OMS pourrait être critiqué puisque la tendance géné-
pas en revanche l’inhibine et la calrétinine, marqueurs de rale ne réserve ce terme qu’aux tumeurs à sérotonine
tumeur à cellules de Sertoli avec laquelle le carcinoïde s’accompagnant d’un syndrome carcinoïde clinique, ce qui
peut être confondu dans certaines formes inhabituelles, est rarement le cas pour les tumeurs endocrines primitives
papillaire ou tubulaire et pseudoglandulaire, comme dans du testicule. Il serait plus actuel de dénommer cette entité :
le cas de notre patient. Le carcinoïde pur du testicule ne tumeur neuroendocrine testiculaire (ou endocrine selon la
contient aucun stigmate de tumeur germinale, en particu- nouvelle nomenclature).
lier de tératome, ni de néoplasie germinale intratubulaire :
les marqueurs PLAP, CD117, CD30, AFP et HCG sont
négatifs. Références
Les tumeurs carcinoïdes pures du testicule posent des
[1] Reyes A, Moran CA, Suster S, Michal M, Dominguez H. Neuroen-
problèmes histogénétiques et évolutifs. En ce qui concerne
docrine carcinomas (carcinoid tumor) of the testis. Am J Clin
l’histogénèse de notre cas, trois situations pouvaient être
Pathol 2003;120:182—7.
évoquées : [2] Son HY, Ra SW, Yeong Jo, Koh EH, Lee HI, Koh JM, et al. Primary
• une origine germinale, le carcinoïde correspondant soit carcinoid tumor of the bilateral testis associated with carcinoid
à un tératome monodermique, soit au seul contingent syndrome. Int J Urol 2004;11:1041—3.
tumoral résiduel d’une tumeur germinale de type burnt- [3] Kato N, Motoyama T, Kameda N, Hiruta N, Emura I, Hasegawa G,
out ; en l’absence de tout contingent tératomateux et de et al. Primary carcinoid tumor the testis. Immunohistochemical,
néoplasie germinale intratubulaire dans le parenchyme ultrastructural and FISH analysis with review of the literature.
testiculaire péritumoral, cette hypothèse a été éliminée ; Pathol Int 2003;53:680—5.
• une métastase intratesticulaire d’une tumeur neuroendo- [4] Hayashi T, Iida S, Taguchi J, Miyajima J, Matsuo M, Tomiyasu K,
et al. Primary carcinoid of the testis associated with carcinoid
crine provenant d’une autre localisation, en particulier
syndrome. Int J Urol 2001;8:522—4.
digestive : cette hypothèse a été éliminée chez notre
[5] Eble JN, Sauter G, Ebstein JI, Sesterhenn IA. WHO Classifica-
patient en raison d’un bilan radiologique et biologique tion of tumours. Tumours of the urinary system and male genital
(absence d’élévation de l’acide 5-hydroxy-indol acétique) organs. Lyon: IARC Press; 2004.
négatif et en l’absence de symptomatologie clinique de [6] Rindi G, Couvelard A, Scoazec JY, Bordi C. Recommandations
type syndrome carcinoïde, ce qui est habituel dans les pratiques pour l’évaluation de la malignité dans les tumeurs
formes métastatiques [4] ; endocrines digestives. Ann Pathol 2005;25:487—98.
Ann Pathol 2007 ; 27 : 145-6
Fondrevelle M-E, Maticot-Baptista D, Raffoul J, Zurlinde B. Une tumeur utérine inhabituelle. Ann Pathol
2007 ; 27 : 145-6.
Observation
146
Annales de pathologie (2008) 28, 510—512
a
Service d’anatomopathologie, hôpital la Rabta, 1007 Tunis, Tunisie
b
Service de radiologie, hôpital la Rabta, Tunis, Tunisie
c
Service d’urologie, hôpital la Rabta, Tunis, Tunisie
Observation
Patiente âgée de 80 ans, ayant comme antécédents une hypertension artérielle bien équi-
librée, présentait depuis un mois des douleurs abdominopelviennes vagues et diffuses sans
irradiation particulière. Elle n’avait, par ailleurs, aucune symptomatologie urinaire mais
l’examen clinique retrouvait un prolapsus urogénital de grade 3. Le reste de l’examen
clinique était sans particularité. L’échographie abdominopelvienne objectivait un épais-
sissement irrégulier et diffus de la paroi vésicale tandis que la cystoscopie montrait
une muqueuse vésicale entièrement congestive et inflammatoire. Il existait de multiples
zones mamelonnées, végétantes, jaunâtres, non nécrotiques à large base d’implantation,
entourées par un halo de muqueuse hyperhémiée. Ces lésions mesuraient de 1 à 3 cm
et intéressaient toute la muqueuse vésicale. Une résection endoscopique biopsique était
pratiquée ; elle ramenait de multiples copeaux de couleur blanchâtre et de consistance
ferme.
L’examen histologique des prélèvements adressés montrait que la muqueuse et la
sous muqueuse vésicale étaient massivement infiltrées par de nombreuses et volu-
mineuses cellules rondes disposées en nappe diffuse (Fig. 1). Elles étaient pourvues
d’un abondant cytoplasme, granuleux, éosinophile renfermant souvent une inclusion
arrondie acidophile (Fig. 2) colorée par la réaction du PAS. Ces éléments cellulaires
exprimaient le CD68 et n’exprimaient pas les cytokératines. La patiente a été mise
sous triple antibiothérapie. Les suites opératoires étaient simples sans complication ni
récidive.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : ineschelly@yahoo.fr (K. Bellil).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.annpat.2007.03.005
Une tumeur vésicale particulière 511
Figure 1. Prolifération diffuse d’histiocytes de grande taille à Figure 2. Certaines cellules contiennent des inclusions intracy-
cytoplasme abondant, granuleux et éosinophile (HE × 10). toplasmiques entourées par un halo clair (HE × 10).
Diffuse proliferation of large histiocytes with abundant granular Some cells contain intracytoplasmic inclusions with a clear halo
eosinophilic cytoplasm (HE × 10). around them (HE × 10).
Anne-Sophie de Lajarte-Thirouard (1), Olivier Decaux (2), Laurent Siproudhis (3), Bruno Turlin (1)
(1) Département d’Anatomie et Cytologie Pathologiques, Hôpital Pontchaillou, 2, rue Henri Le Guillou, 35033
Rennes cedex 9.
(2) Service de Médecine Interne, Hôpital Sud, 16 bd de Bulgarie, 35203 Rennes cedex 2
(3) Service des Maladies de l’Appareil Digestif, Hôpital Pontchaillou, Rennes
de Lajarte-Thirouard AS, Decaux O, Siproudhis L, Turlin B. Une ulcération anale inhabituelle. Ann Pa-
thol 2007 ; 27 : 57-58
Observation
58
Annales de pathologie (2008) 28, 514—516
a
Service de dermatologie, faculté de médecine Ibn Jazzar, CHU Farhat-Hached,
4002 Sousse, Tunisie
b
Laboratoire d’anatomopathologie, faculté de médecine Ibn Jazzar,
CHU Farhat-Hached, 4002 Sousse, Tunisie
Observation
Un patient âgé de 70 ans, sans antécédents médicaux particuliers, ni notion de trau-
matisme local ou d’exposition solaire intense, a consulté pour une tumeur de la région
temporale gauche évoluant depuis quatre ans. L’examen clinique mettait en évidence
une tumeur indolente, polylobée, de 6 cm de grand axe, adhérente au plan profond,
recouverte d’une peau non ulcérée (Fig. 1). Les aires ganglionnaires étaient libres ;
il n’y avait pas d’hépatosplénomégalie. Une radiographie de thorax, le dosage des
marqueurs tumoraux, l’échomammographie, des échographies cervicale et abdomino-
pelvienne, la fibroscopie digestive haute et la colorectoscopie se sont révélés sans
anomalies.
L’examen histologique de la biopsie cutanée montrait une prolifération cellulaire de
type épithélial, invasive, de localisation intradermique, agencée en massifs creusés de
fentes glandulaires et flottant dans du mucus, séparés par des septa fibreux renfermant
parfois des vaisseaux très congestifs (Fig. 2). Les cellules tumorales d’aspect monomorphe
étaient très peu atypiques ; leur noyau contenait une chromatine fine et parfois un petit
nucléole ; les mitoses étaient très rares (Fig. 3). À proximité de la tumeur, quelques struc-
tures canalaires étaient le siège d’une hyperplasie simple sans atypie ; il n’y avait pas de
foyer in situ ni de contingent canalaire invasif non mucineux.
Les colorations du PAS et du bleu Alcian étaient positives au niveau des flaques de mucus
et des cellules mucosécrétantes. Les marquages avec les anticorps anti-antigène mem-
branaire épithélial (anti-EMA), anticytokératine 7, antiprotéine S100 (anti-PS100) étaient
positifs dans les cellules tumorales.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : dr.denguezli@topnet.tn (M. Denguezli).
0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2007.12.002
Une volumineuse tumeur temporale 515
Diagnostic : carcinome mucineux cutané Le CMPC pose le problème de diagnostic différentiel avec
les métastases cutanées des autres carcinomes mucineux
primitif
(tractus gastro-intestinal, sein, poumon, ovaire et prostate).
Le carcinome mucineux primitif cutané (CMPC), ou adé- La localisation au niveau de la face, et surtout de la région
nocarcinome mucineux eccrine, est une tumeur annexielle périorbitaire, est en faveur d’une origine primitive [1,2].
rare. Depuis sa première description par Lennox en 1952, Plusieurs critères histologiques ont été proposés pour orien-
environ 140 cas ont été publiés [1]. ter le diagnostic vers une origine primitive ou secondaire.
Le CMPC touche l’adulte avec un âge moyen de 63 ans La présence d’un contingent in situ semble être le meilleur
et une prédominance masculine nette (2H/1F) [2]. Cette critère histologique en faveur d’une origine primitive de la
tumeur a une croissance lente et se présente sous forme tumeur. Cependant, son absence n’est pas synonyme d’une
d’un nodule sous-cutané indolore de consistance dure. Elle origine secondaire [1]. Le CMCP doit être également dis-
siège dans 75 % des cas au niveau de l’extrémité céphalique tingué des autres tumeurs sudorales eccrines telles que le
surtout la région péri-oculaire, les joues et le cuir chevelu carcinome adénoïde kystique et le carcinome microkystique
[2—4]. Histologiquement, il s’agit d’une prolifération tumo- [5].
rale dermique faite par des îlots ou des lobules épithéliaux Le traitement du CMCP repose sur une chirurgie large afin
basophiles noyés dans des plages de stroma très clair riches d’éviter les récidives locales qui sont fréquentes, survenant
en flaques de mucine séparées par des fins septa fibreux. dans un tiers des cas. Les métastases sont plus rares (11 %
Une différenciation glandulaire est souvent présente don- des cas) et sont le plus souvent ganglionnaires locales [4].
nant un aspect cribriforme ; des foyers d’hémorragie sont Le grading cellulaire décrit par Kazakov et al. ne semble pas
fréquemment observés. être un facteur pronostique bien démontré [1].
Kazakov et al. [1] ont récemment publié une large série En conclusion, le CMCP est une tumeur eccrine rare. Son
de carcinomes mucineux cutanés et proposent de les clas- diagnostic ne peut être retenu qu’après exclusion par les
ser en deux variantes morphologiques : mixte et mucineuse examens complémentaires d’une métastase cutanée d’un
pure selon la présence ou non d’un contingent canalaire carcinome mucineux extracutané, notamment mammaire ou
invasif non mucineux. Ils considèrent que ces tumeurs pri- digestif.
mitivement cutanées résultent d’une filiation : hyperplasie
simple, hyperplasie atypique, carcinome in situ et carci-
nome invasif et cela par analogie aux carcinomes canalaires
Références
de la glande mammaire. Ces auteurs ont proposé de clas- [1] Kazakov DV, Suster S, LeBoit P, Calonje E, Bisceglia M, Kutzner
ser ces tumeurs en trois grades cytologiques tenant compte H, et al. Mucinous carcinoma of the skin, primary, and secon-
de la taille des cellules, de l’aspect du noyau, de la pré- dary: a clinicopathologic study of 63 cases with emphasis on
sence d’un pléomorphisme cytonucléaire et du nombre de the morphologic spectrum of primary cutaneous forms: homo-
mitose [1]. Les formes pures se manifestent par des lésions logies with mucinous lesions in the breast. Am J Surg Pathol
pseudokystiques alors que les formes mixtes sont plutôt 2005;29:764—82.
des lésions nodulotumorales de taille beaucoup plus impor- [2] Snow SN, Reizner GT. Mucinous eccrine carcinoma of the eyelid.
Cancer 1992;70:2099—104.
tante et sont souvent associées à un haut grade cellulaire
[3] Periole B, Gorguet B, Bazex J. Carcinome eccrine à stroma muci-
[2]. Dans notre observation, il s’agissait d’un CMPC pur de
neux de la face. Ann Dermatol Venereol 1996;123:569—71.
faible grade cytologique, particulier par sa taille impor- [4] Karimipour DJ, Johnson TM, Kang S, Wang TS, Lowe L. Mucinous
tante. L’étude immunohistochimique montre une positivité carcinoma of the skin. J Am Acad Dermatol 1997;36:323—6.
de l’EMA, des cytokératines de bas poids moléculaire, de [5] Cabell CE, Helm KF, Sakol PJ, Billingsley EM. Primary muci-
l’antigène carcino-embryonnaire, de la PS100, et des récep- nous carcinoma in 54-year-old man. J Am Acad Dermatol
teurs de la progestérone et des estrogènes [2—5]. 2003;49:941—3.