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internationale
13 (2011)
Phénoménologie allemande, phénoménologie française
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Natalie Depraz
L’empirisme transcendantal : de
Deleuze à Husserl
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Référence électronique
Natalie Depraz, « L’empirisme transcendantal : de Deleuze à Husserl », Revue germanique internationale [En
ligne], 13 | 2011, mis en ligne le 15 mai 2014, consulté le 15 mai 2014. URL : http://rgi.revues.org/1130 ; DOI :
10.4000/rgi.1130
Natalie Depraz
Introduction
Pour un lecteur contemporain, l’expression « empirisme transcendantal »
résonne immédiatement avec l’œuvre de pensée de Gilles Deleuze. La réception
récente de l’auteur de Différence et répétition (1968) n’a pas manqué de repérer
– de redécouvrir – ce motif crucial, tout à la fois méthodologique et critique de
l’entreprise de Deleuze, que celui-ci mentionne également dans un court texte de
1995, Immanence : une vie ? Ce qui est par ailleurs remarquable, c’est que cette
re-découverte a eu lieu quasi-simultanément des deux côtés du Rhin : en Allemagne,
le livre important de Marc Rölli, Gilles Deleuze, Philosophie des Transzendentalen
Empirismus, paru en 20031 ; en France, l’ouvrage de Anne Sauvagnargues, Deleuze.
L’Empirisme transcendantal, paru à l’automne 20092. On pourrait s’arrêter là, et
scruter la différence de réception de cette « création conceptuelle » (pour emprun-
ter l’expression de Deleuze dans Qu’est-ce que la philosophie ?), en montrant notam-
ment comment chaque auteur y reconduit sa propre tradition philosophique,
allemande (Rölli), ou française (Sauvagnargues). On verra que, même sur ce seul
point, les choses ne sont pas aussi simples : les deux réceptions ne sont ni symé-
triques ni parallèles ou disjonctives, mais introduisent, chez Rölli précisément, un
premier mode de croisement des héritages.
En effet, autant l’ouvrage français nous présente un Deleuze « franco-français »
(n’est-ce pas de bonne logique ?), à savoir en réalité amputé de toute sa généalogie
critique dans la construction de l’idéalisme transcendantal, spéculatif et phénomé-
nologique (le seul à être épargné étant Kant !), autant le livre de Rölli explore
minutieusement le corps à corps explicite de Deleuze avec la phénoménologie
1. Marc Rölli, Gilles Deleuze. Philosophie des transzendentalen Empirismus, Vienne, Verlag Turia
& Kant, 2003, p. 441.
2. Anne Sauvagnargues, Deleuze. L’Empirisme Transcendantal, Paris, PUF, « Philosophie
d’aujourd’hui », 2009, p. 439.
126 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
9. À propos de cette conception opératoire de la phénoménologie, cfr. Natalie Depraz, Lire Husserl
en phénoménologue. Idées directrices pour la phénoménologie (1), Paris, P.U.F./CNED, 2008 et Plus
sur Husserl : une phénoménologie expérientielle, Paris, Atlande, 2009.
10. G. Deleuze, op. cit., p. 3.
130 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
l’aide de la mémoire […] cette transition procède de l’expérience […] [qui] peut
produire une croyance et un jugement de cause à effet sans que nous y pensions
[…] l’entendement […] peut tirer des inférences de l’expérience sans y réflé-
chir »11 ; parallèlement, Kant indique à travers la synthèse progressive de la première
déduction transcendantale, dite subjective, une « amorce » expérientielle : on y
prend son départ dans le sens interne, le temps, pour ensuite passer à l’imagination,
puis au concept, sur un mode génétique d’unification progressive du flux de mes
représentations.12
Il y a ainsi, de part et d’autre, des lieux de « déverrouillage » de l’opposition
entre empirique et transcendantal, d’où émerge la possibilité d’une « logique de
l’expérience » située à distance du raisonnement réflexif a priori comme de la liaison
associative a posteriori. Ce sont ces « gonds » où empirique et transcendantal
peuvent commencer à tourner l’un sur l’autre que Husserl comme Deleuze, chacun
à leur manière, s’attachent à explorer.
Ainsi, le fondateur de la phénoménologie, au delà de sa critique, en 1901, du
psychologisme inhérent à la logique atomique associationniste propre à l’empirisme
de Locke et de Hume, épouse dans la Krisis des années 1930 une autre figure de
l’empirisme portée par l’épistémé du « global » de la psychologie de la forme, et
où viennent se réinscrire les motifs humiens de l’habitus, de la sédimentation et de
l’histoire génétique du sujet ; de même, au delà de sa critique du formalisme du
sujet kantien liée à son déficit d’intuition et à l’absence de prise en considération
suffisante de la relation intentionnelle à l’objet, Husserl voit dans le Kant de la
« déduction subjective » l’initiateur d’une synthèse expérientielle préfiguratrice de
sa « synthèse passive » et d’une subjectivité s’auto-affectant. « Sédimentation habi-
tuelle » et « synthèse passive » : voilà deux concepts-charnière qui procèdent à une
première ouverture de l’empirique et du transcendantal l’un à l’autre.
L’auteur de Différence et répétition propose de son côté un chiasme analogue,
mais en accordant à l’empirisme une tonalité majeure et en laissant au transcen-
dantal la « mineure ». En effet, le parcours de Husserl conduit ce dernier, depuis
une critique virulente de l’atomisme empiriste et une affirmation du motif trans-
cendantal (même modifié), à une reconquête patiente d’un empirisme modifié par
la Gestalt. Deleuze, en accordant tout son crédit à l’empirisme, en analyse la logique
interne : « On voit le fond unique de l’empirisme : c’est parce que la nature humaine
dans ses principes dépasse l’esprit que rien dans l’esprit ne dépasse pas la nature
humaine ; rien n’est transcendantal. »13 Kant, certes, est en 1963 sans conteste
honoré :14 Deleuze procède à une analyse qu’on pourrait dire aujourd’hui « systé-
mique » de l’architectonique des trois Critiques, qui fait droit au jeu subtil, deux
à deux, des quatre « facultés » (entendement, sensibilité, raison, imagination), c’est-
à-dire tout à fois à leurs alliances et à leur conflit, entretissant ainsi de façon très
originale le plan systématique de la connaissance, de la morale et de l’esthétique,
avec celui de la politique anthropologique abordé dans le texte plus tardif, intitulé
11. David Hume, Traité de la Nature humaine, t.1, Paris, Aubier, 1962, p. 181.
12. Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », 1986.
13. Gilles Deleuze, Empirisme et subjectivité, Paris, PUF, 1953, p. 5.
14. Gilles Deleuze, La philosophie critique de Kant, Paris, PUF, 1963.
De Deleuze à Husserl 131
tal. Ainsi, la proposition de l’auteur s’inscrit dans le contexte d’une critique frontale
de la philosophie de Kant, qui se cristallise autour de la notion de « décalque », déjà
évoquée plus haut. Plus clairement encore : « Le discrédit dans lequel est tombée
aujourd’hui la doctrine des facultés, pièce pourtant tout à fait nécessaire dans le
système de la philosophie, s’explique par la méconnaissance de cet empirisme propre-
ment transcendantal, auquel on substituait vainement un décalque du transcendantal
sur l’empirique. »18
Quel est exactement le sens de la critique deleuzienne du « transcendantal »
kantien ? En réalité, pour bien entendre le sens de la mise en question, il convient
de prendre le verbe « décalquer » à la lettre : dans son cours de géographie, ma
fille utilise un calque pour reproduire sa carte le plus exactement possible. « Décal-
quer », en ce sens, c’est reproduire l’original le plus fidèlement possible. Si Kant
produit un « décalque du transcendantal sur l’empirique », c’est que le premier
n’est qu’une copie, certes juste, la plus juste possible, du second, mais sans auto-
nomie. Curieusement, cette critique de la dépendance du transcendantal kantien à
l’égard de l’empirique est très éloignée de l’intention expresse de l’auteur de la
Critique de la Raison pure, qui prétend tout au contraire situer le transcendantal
au niveau des conditions de possibilité de l’expérience, en elles-mêmes indépen-
dantes de celle-ci, laquelle est quant à elle en position dérivée d’application. Comme
si Deleuze s’affirmait ainsi comme plus kantien que Kant lui-même, et imputait à
ce dernier une critique que ce dernier a lui-même formulée à l’égard d’une concep-
tion « psychologique » du transcendantal : « {…] de tous les philosophes, c’est Kant
qui découvre le prodigieux domaine du transcendantal. Il est l’analogon d’un grand
découvreur. […] Toutefois, que fait-il ? […] il décalque les structures dites trans-
cendantales sur les actes empiriques d’une conscience psychologique : la synthèse
transcendantale de l’appréhension est directement induite d’une appréhension
empirique, etc. C’est pour cacher un procédé si voyant que Kant supprime ce texte
dans la seconde édition. Mieux cachée, pourtant, la méthode du décalque n’en
subsiste pas moins, avec tout son p̀sychologisme’. »19 Par cette critique, et au delà
de l’appréciation différenciée des deux éditions/déductions de la Critique de la
raison pure qui en résulte et sur laquelle nous reviendrons plus loin, Deleuze
radicalise en réalité le transcendantal kantien et revendique pour lui une forme plus
haute, à la hauteur d’un empirisme lui-même « supérieur ». Plus avant, à l’encontre
des conceptions humiennes ou kantiennes, qui ne peuvent voir qu’une « contra-
diction » dans l’expression d’« empirisme transcendantal », Deleuze y aperçoit litté-
ralement une qualification appropriée de l’empirisme : la mission d’un transcen-
dantal bien compris (c’est-à-dire non-psychologique, hérésie suprême !) est
d’« élever » l’empirique. Bref, « empirisme transcendantal » et « empirisme supé-
rieur » s’avèrent synonymes. Sous la plume de Deleuze, « empirisme transcendan-
tal » n’est donc en rien un mixte confus de deux déterminations a priori opposées,
dont il s’agirait de critiquer la dualité rigide pour promouvoir une pensée du mixte,
à la manière du Merleau-Ponty de la Phénoménologie de la Perception, ou bien
20. Cf. Natalie Depraz, « De l’empirisme transcendantal : entre Husserl et Derrida », in : Alter
no 9, « Jacques Derrida », 2001, p. 113-125.
21. G. Deleuze, Différence et répétition, op. cit., p. 216.
134 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
22. Cf. Ludwig Landgrebe, Faktizität und Individuation, Hambourg, F. Meiner, 1982, notamment
« Der Phänomenologische Begriff der Erfahrung », p. 67-68 ; Edmund Husserl, « Das Problem der
passiven Konstitution ». (cf. notre compte rendu in Alter no 3, Paris, Ed. Alter, 1995, p. 81-110).
23. Lettre publiée à la fin de l’article de Jean Wahl sur Erfahrung und Urteil, Phénoménologie,
existence, in : Van Breda H. L. éd., 1953, Paris, Vrin-reprise, 1984.
24. L’assertion de Husserl, au début des Problèmes fondamentaux de la phénoménologie, selon
laquelle il tente ici une phénoménologie de l’expérience (erfahrende Phänomenologie) sans théorie des
essences doit être comprise en ce sens (Hua XIII, p. 111).
136 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
décrit jamais un vécu sensible ponctuel mais toujours l’essence d’une singularité,
dans la mesure où les catégories descriptives élaborées sur la base de, mieux, à
même l’expérience décrite sont mises en œuvre à titre de structuration eidétique
(idéatrice) de la dite expérience. Or une eidétique conséquente des vécus implique
en dernière instance, plus qu’une simple structuration, une co-genèse transcendan-
tale de la conscience qui décrit et de l’expérience de l’objet ou du monde qui forme
le thème de la description. Il convient en effet que ces structures vécues de la
conscience soient données intuitivement, tout autant que l’est l’objet senti ou perçu,
de façon homologue, sinon identique. Un empirisme transcendantal ne fait dès lors
que ressaisir la portée d’une expérience transcendantale dont on peut, du fait de
son amplitude constitutive, décliner sur un mode plus spécifique un certain nombre
d’expériences concrètes, la naissance et la mort, l’animalité, la veille dans son lien
au sommeil et au rêve, la folie, qu’il s’agisse de psychose ou de névrose, l’émotion
dans son rapport et ses différences avec l’affection et la passion.
25. Pour plus de détails, je renvoie ici à la Postface de Lucidité du corps, op. cit.
26. G. Deleuze, Différence et répétition, op. cit., p. 80 : « En vérité, l’empirisme devient transcen-
dantal, et l’esthétique, une discipline apodictique [...] ».
27. Cfr. William James, Essais d’empirisme radical, Marseille, Agone, 2005, trad. fr. par G. Garreta
et M. Girel.
28. Cfr. Jean Wahl, « Notes sur quelques aspects empiristes de la pensée de Husserl », in : Phé-
noménologie, existence, Van Breda H. L. éd., 1953, Paris, Vrin-reprise, 1984 ; cf. aussi la lettre de
Ludwin Landgrebe adressée à Wahl à propos de l’article de ce dernier publié dans le même volume :
« Notes sur la première partie de “Erfahrung und Urteil” de Husserl » et, pour la restitution du
contexte d’ensemble, la recension de Faktizität und Individuation de Landgrebe, par nos soins, dans
Alter no 3, 1995, art. cit., p. 411, 417 sq. notamment. Pour ce qui est d’E. Straus, la référence est Vom
Sinn der Sinne, Berlin-Heidelberg-New York, Springer, 1978 (2e éd.) ; cfr. aussi M. Gennart, « Une
phénoménologie des données hylétiques est-elle possible ? À propos de Vom Sinn der Sinne de Erwin
Straus », in : Études phénoménologiques, 1986, no 4, p. 19-46 ; cf. aussi Ludwing Landgrebe, « La
phénoménologie de Husserl est-elle une philosophie transcendantale ? », in : Les études philosophiques,
1954, p. 315 sq.
De Deleuze à Husserl 137
L’apport de Szilasi
On peut plus avant ressaisir la portée de l’empirisme transcendantal, non plus
seulement à même la modification proposée par Landgrebe dans le sillage d’un
Husserl généticien, mais en en retraçant la généalogie conceptuelle. Une référence
centrale, à cet égard, est la lecture que fait Szilasi, dans la mesure où Landgrebe
lui-même dit emprunter la notion d’empirisme transcendantal à un ouvrage de ce
dernier.37
Si, à la lecture de cette « Introduction à la phénoménologie », on ne rencontre
pas directement l’expression d’« empirisme transcendantal », il n’en demeure pas
moins que toute la problématique de Szilasi va dans le sens d’une exacerbation
féconde des contraires apparents que sont l’empirique et le transcendantal, jusqu’à
découvrir leur unité profonde.38 C’est ainsi qu’il peut défendre la vertu d’un idéa-
lisme phénoménologique au moment même où il insiste sur la dimension empirique
de l’attitude mondaine individuelle, ou encore revendiquer la phrase suivante de
Schelling, qu’il cite : « l’idéalisme transcendantal est le vrai réalisme ».39 Dans le
même sens, l’auteur annonçait dès le départ son intention de tirer les conséquences
radicales de la phénoménologie en élaborant un idéalisme constitutif qui soit un
Richard Timothy Murphy, Hume and Husserl, La Haye, M. Nijhoff, Phaen. 79, 1980 ; cfr. aussi, de
Rocco Donnici, Husserl e Hume, Per una fenomenologia della natura humana, Milan, Franco Angeli,
1989, « Collana di filosofia ».
36. Cf. Ulrich Claesges, Theorie der Raumkonstitution, La Haye, M. Nijhoff, 1964.
37. Wilhelm Szilasi, Einführung in die Phänomenologie Husserls, Tübingen, 1959, cit. par L. Land-
grebe, Faktizität und Individuation, op. cit., p. 61.
38. Ibid., p. 117.
39. Ibid., p. 115.
De Deleuze à Husserl 139
« positivisme transcendantal »40. C’est sous ce titre inédit que Szilasi réassume
l’avancée extrême de la phénoménologie husserlienne, à titre de troisième période
marquée par l’élaboration d’une égologie transcendantale génétique ressourcée à
la monadologie leibnizienne41, la première étant strictement descriptive autour des
Recherches logiques, la seconde purement transcendantale avec les Idées... Aussi le
positivisme transcendantal que revendique Szilasi pour la phénoménologie n’a-t-il
bien entendu rien à voir avec un positivisme naïf de type psychologique, lequel est
précisément la source même du naturalisme : « Le positivisme de Husserl concerne
les structures transcendantales égoïques qui sont passées par la réduction, ainsi que
les contenus du moi pur. C’est un positivisme transcendantal. Cela veut dire que
la philosophie se réfère à quelque chose de positif, pourtant pas à quelque chose
de posé de façon naïve, mais au positif obtenu dans les réductions, à l’objet trans-
cendantal qui a purifié la conscience comme objet réceptible. »42 Plus avant, il
comprend cette position ultime comme formant l’unité 1) de l’attitude mondaine
empiriste à l’œuvre dans la phénoménologie descriptive première 2) et de l’attitude
transcendantale : l’ego monadique envisagé dans sa genèse incarnée forme l’unité
dynamique du moi empirique et du je transcendantal, ou encore permet la conjonc-
tion en acte des deux expériences. Prise à la lettre du positivisme transcendantal,
l’expérience transcendantale est ainsi un accueil spontané et actif des objets à la
conscience.43
40. Ibid., « Vorbemerkung » ; cfr. aussi Edmund Husserl, Psychologische Phänomenologie, Hua IX,
p. 298, la caractérisation de la phénoménologie transcendantale accomplie comme « phénoménologie
empirique » (empirische Phänomenologie).
41. Ibid., §47 pp. 4, 116 sq.
42. Ibid., p. 116-117. Szilasi reprend à ce titre l’affirmation de Husserl issue des Idées...I (§ 20),
selon laquelle, « si par “positivisme”, on entend l’effort, absolument libre de préjugé, pour fonder
toutes les sciences sur ce qui est “positif”, c’est-à-dire susceptible d’être saisi de façon originaire, c’est
nous qui sommes les véritables positivistes. »
43. Ibid., p. 92-93, 94, 115-116 ; cf. aussi Brœkmann, Phänomenologie und Egologie, Den Haag,
M. Nijhoff, 1963 et Wolfang Blankenburg, Der Verlust der natürlichen Selbstverständlichkeit, Stuttgart,
Enke Verlag, 1971, trad. fr., Paris, P.U.F., 1991, p. 45-46 ; à ce propos, Ludwig Binswanger parlera
dans ses termes de « l’expérience de l’expérience » dans son article : « Die Philosophie Wilhelm Szilasi
und die psychiatrische Forschung », in : Beiträge zu Philosophie und Wissenschaft, Wilhelm Szilasi zum
70. Geburtstag, München, Francke Verlag, 1960, p. 29.
44. Cfr. Hermann Lübbe, « Positivismus und Phänomenologie (Mach und Husserl) », in Beiträge
zu Philosophie und Wissenschaft, op. cit., p. 161-185. Notons d’ailleurs que la filiation entre Szilasi et
140 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
riocriticisme,45 et en reprenant à son compte la critique que ces deux auteurs font
de l’empathie par introjection (Introjektion)46 que Husserl forge la notion embryon-
naire de ce qui deviendra plus tard la Lebenswelt, et ce, à titre de « monde commun
intersubjectif ». Par delà la reprise à la fois élogieuse et critique des deux auteurs
dans les Recherches Logiques, laquelle se situe sur le terrain de la logique comme
logique pratique (technologique)47, c’est dans les Problèmes fondamentaux de la
phénoménologie48, en 1910-11, que l’on trouve la confrontation la plus précise avec
l’empirio-criticisme, et ce, quant au sens qu’il convient d’accorder à l’expérience
via l’expérience du monde.
On pourrait s’étonner de cette filiation, pourtant largement attestée,49 entre le
monde naturel et humain d’Avenarius et le monde naturel de la vie husserlien, et
ce, sur la foi d’une appréciation grossière de ce que fut l’empirisme de l’empirio-
criticisme, sur la foi, corrolairement, du jugement critique que Husserl lui-même
portait au début du siècle sur cette école empiriste rabattue alors sur le psycholo-
gisme régnant en logique. On pourrait s’étonner, enfin, que l’on convoque ici cette
école dans le cadre d’une généalogie de l’empirisme transcendantal. En effet, Mach
et Avenarius, « les plus significatifs des empiristes allemands »50, ont élaboré leur
critique de toute métaphysique duelle (c’est-à-dire de tout matérialisme psycho-
physiologique) contre le néo-kantisme dominant de l’époque, lequel restait selon
eux tributaire de cette dualité métaphysique héritée de la psycho-physiologie maté-
rialiste du XIXe siècle.
Ce serait oublier que la dimension phénoménologique transcendantale en germe
depuis 1907 et ébauchée dès ces Leçons se construit elle aussi dans un climat
encore assez anti-kantien, celui-là même dont Husserl hérite de par sa proximité
avec Brentano depuis 1884-85 où il suivit ses cours sur l’empirisme anglais.51 Ce
Mach (1838-1916) est attestée par la présence de l’article ci-dessus dans un volume d’hommages à
Szilasi ; cfr. aussi Manfred Sommer, Husserl und der frühe Positivismus, Francfort-sur-le-Main, Klos-
termann, 1985, qui délimite quant à lui rigoureusement le positivisme par rapport à la phénoménologie
en insistant sur l’intentionalité comme ouverture de la sensation sur le monde, et sur la réduction
comme renouvellement de l’expérience naturelle.
45. Richard Avenarius, Die Kritik der reinen Erfahrung, 2 Vol., Leipzig, 1888-1900 ; Richard
Avenarius, Der menschliche Weltbegriff, Leipzig, (1891) ; cfr. à ce propos, Jean-Luc Petit, Solipsisme
et intersubjectivité, Paris, Cerf, 1996, p. 93.
46. E. Husserl, Hua XIII, I. Kern, Einleitung, pp. XXXVI-VIII ; Cfr. E. Mach, Beiträge zur Analyse
der Empfindungen, Iena, G. Fischer, 1886, 7, p. 11, trad. fr., Nîmes, J. Chambon, 1996, où l’on trouve
déjà une telle critique.
47. Emmanuel Kant, Prolégomènes à la logique pure, Chapitre IX, « Le principe d’économie de
pensée et la logique », p. 192 sq.
48. E. Husserl, Hua XIII, no6, chapitre 1, « L’attitude naturelle et le concept naturel de monde »,
§10, Beilage XXII, « Philosophie immanente – Avenarius », (sans doute de 1915), p. 196-200.
49. Ibid., §10 cité, et I. Kern, p. XXXVII, n.2, qui indique que Husserl avait lu et annoté abon-
damment et positivement l’ouvrage de R. Avenarius, Der menschliche Weltbegriff, et ce, dès 1902. Cf.
aussi Ludwig Landgrebe, « Von der Unmittelbarkeit der Erfahrung », op. cit., p. 135, qui cite le
concept naturel de monde d’Avenarius.
50. Hermann Lübbe, op. cit., p. 162.
51. Karl Schuhmann, Husserl-Chronik, Denk- und Lebensweg Edmund Husserls, den Haag, M.
Nijhoff, 1977, pp. 14-15.
De Deleuze à Husserl 141
Retrouvailles « opératoires »
Ces quelques jalons généalogiques de l’empirisme transcendantal imputable
à la phénoménologie husserlienne permettent de montrer la validité d’une telle
nomination, et de mieux en situer la provenance conceptuelle et historique, au delà
de Husserl lui-même mais dans un esprit héritier de la phénoménologie. Je voudrais
pour finir mettre à nouveau en perspective nos deux auteurs, pour faire apparaître,
On peut réciproquement relire Deleuze à cette lumière : s’installer dans une justesse,
libérer des possibilités, que le lecteur peut expérimenter lui-même en toute liberté,
à partir d’une attitude où je me décale à chaque moment par rapport à l’attendu
d’une réponse programmée a priori. C’est tout à fait l’esprit de la philosophie de
Deleuze et, notamment, ce qu’il retient comme éminence de l’empirisme : « […]
L’empirisme n’est nullement une réaction contre les concepts, ni un simple appel
à l’expérience vécue. Il entreprend au contraire la plus folle création de concepts
qu’on ait jamais vue ou entendue. […] il traite le concept comme l’objet d’une
rencontre […] Il n’y a que l’empiriste qui puisse dire : les concepts sont les choses
mêmes, mais les choses à l’état libre et sauvage, au delà des p̀rédicats anthropolo-
giques’. Je fais, refais et défais mes concepts à partir d’un horizon mouvant, d’un
centre toujours décentré […]. »65
5-8 juin 2005, Journées de recherche soutenues par l’Université de Paris XII EA 431 : « Éthique du
rapport au langage », sous la resp. de Madame Monique Castillo, Paris, L’Harmattan, 2006.
65. G. Deleuze, Différence et répétition, op. cit., p. 3.
66. Husserl parle d’une « nouvelle esthétique transcendantale » à propos de sa phénoménologie
de l’expérience dans un passage du Ms. F I 37, 68b, non-retenu dans l’édition allemande des Analysen
zur passiven Synthesis (cf. Introd. à la traduction italienne, op. cit., n. 14).
67. À propos de ces trois acceptions, cfr. Iso Kern, Husserl und Kant, Eine Untersuchung über
Husserls Verhältnis zu Kant und zum Neukantianismus, Den Haag, M. Nijhoff, Phaen. 16, 1964, § 21
« Kants Unterscheidung von transzendentaler Ästhetik und transzendentaler Analytik », pp. 250-257
et, plus précisément, p. 253 sq.
68. E. Husserl, Hua I, Cartesianische Meditationen, §61.
144 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
Ponty, comme avec E. Straus d’ailleurs, sur l’analytique immanente d’un « sentir-
spirituel »75, force est de remarquer que l’on ne peut effectivement pratiquer une
telle analytique sans mobiliser les principes adéquats à sa constitution : on ne peut
donc parler d’empirisme transcendantal ou d’esthétique transcendantale qu’en insis-
tant sur la dimension transcendantale qui est seule structurante. On pourra ainsi
éviter une tendance toujours naturelle à l’esthétisation ou à l’empiricisation. D’ail-
leurs, Husserl prescrit en dernière instance la tâche d’une « empiriographie trans-
cendantale »76 qui pose le monde de l’expérience humaine comme l’index incarné
des autres mondes possibles et redonne ainsi à l’eidétique de la réalité empirique
un primat transcendantal sur les autres eidétiques possibles. Si le fait du monde
(Weltfaktum) possède l’évidence d’une thèse (thetische Evidenz)77, c’est que le
recours à l’empirie remplit ici une fonction critique, au sens d’une fonction de
discrimination entre ce qui est vécu et incarné, et ce qui relève seulement de
l’imaginaire ou encore de l’abstraction formelle. Comprise correctement, cette
empiriographie correspond à une pragmatique ressourcée à l’économie de la pensée
chère aux empiriocriticistes, mais qui doit elle-même s’ancrer dans des structures
constitutives de type transcendantal.78
Qu’en est-il chez Deleuze ? L’auteur propose de lui-même un lien entre empi-
risme transcendantal et esthétique, encore plus immédiat que Husserl, plus ellip-
tique aussi : « En vérité l’empirisme devient transcendantal et l’esthétique, une
discipline apodictique […] »79. Par un tel parallélisme, il rapproche empirisme et
esthétique d’une part, transcendantalité et apodicticité d’autre part. Qu’entend-il
par là ? La définition de l’esthétique comme « science du sensible » qui est proposée
juste avant se fonde sur une double négation, à la fois de la représentation possible
du sensible et du sensible auquel on ôterait toute représentation (réduit à « une
rhapsodie de sensations »). Ainsi, l’auteur, de façon très cohérente, refuse de déter-
miner l’esthétique, ni comme « transcendantale » au sens classiquement kantien, ni
comme un empirisme au sens littéralement humien. Ce qui scelle dès lors le destin
d’un empirisme qui « devient transcendantal » et d’une esthétique « apodictique »,
c’est l’appréhension directe, « dans le sensible, [de] ce qui ne peut être que senti,
75. Cfr. Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1964, pp. 274, 287.
76. « Cela fournira la tâche d’une esthétique transcendantale, d’une “empiriographie” transcendan-
tale, qui esquisse une structure totalement humaine de l’expérience et du monde de l’expérience,
laquelle doit servir de norme à la critique des mondes relativement concordants de l’expérience et des
mondes de visées propres à des humanités quelles qu’elles soient. À la sphère empiriographique (de
l’esthétique transcendantale) appartiennent les hommes eux-mêmes et leur vie de conscience, les
humanités, leurs mondes environnants présumés en tant que tels, et le mouvement constant de la vie,
dans lequel le monde environnant mobile des communautés entières, des sociétés où l’on partage
l’intimité du chez-soi, a la forme se maintenant-fluante de la mutation, et reçoit de façon relative son
caractère unitaire et sa typique interne. » (E. Husserl, Hua XV, Beilage XIII, p. 235, trad. fr. par nos
soins (en coll. avec Pol Vandevelde) in : Réélaborations husserliennes des Méditations cartésiennes
(1929-32), Grenoble, Millon, 1998).
77. E. Husserl, Hua XIII, no 6, p. 134.
78. Cfr. la reconnaissance de dette de Husserl dans les Prolégomènes à la logique pure (chap. IX,
§ 52-54), assortie de la réserve quant à l’insuffisance constitutive de l’empirio-criticisme (§55).
79. G. Deleuze, Différence et répétition, op. cit., p. 80.
146 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
l’être même du sensible »80. Qu’est-ce qui est ainsi appréhendé à même le sensible ?
La « différence de potentiel, la différence d’intensité comme raison du divers quali-
tatif […]. » Ainsi, la raison qui élève l’empirisme est de l’ordre du degré, de la
qualité, et non de l’apriori logique : « Le monde intense des différences, où les
qualités trouvent leur raison et le sensible, son être, est précisément l’objet d’un
empirisme supérieur. Cet empirisme nous apprend une étrange r̀aison’, le multiple
et le chaos de la différence (les distributions nomades, les anarchies couronnées). »81
Ainsi, on a affaire à une esthétique placée sous l’emblème du « chaosmos » de Joyce
ou de l’identité affirmative nietzschéenne du chaos et de l’éternel retour. À rebours
de toute logique oppositive ou dialectique, « différence » et « répétition » orches-
trent le ballet de la « chao-errance ». C’est ce qui apparaît à Deleuze comme relevant
d’une « véritable esthétique », qu’il place ici sous le mot d’ordre du poète Blood
comme une « profession de foi de l’empirisme transcendantal » : « “La nature est
contingente, excessive et mystique essentiellement… Les choses sont étranges…
L’univers est sauvage… Le même ne revient que pour apporter du différent. Le
cercle lent du tour du graveur ne gagne que de l’épaisseur d’un cheveu. Mais la
différence se distribue sur la courbe tout entière, jamais exactement adéquate.” »82
Et Deleuze de se référer en note à l’œuvre de JWahl, en y puisant tout à la fois sa
caution et son inspiration, à titre de « profonde méditation sur la différence », où
l’empirisme trouve sa possibilité d’en « exprimer la nature poétique, libre et
sauvage ». Comme Landgrebe selon la voie husserlienne, l’auteur de Différence et
répétition voit en Wahl le point d’aboutissement possible de l’empirisme transcen-
dantal dans sa pointe esthétique. L’esthétique « apodictique » que revendique
Deleuze, de par son insistance sur l’immanence, l’immédiat, la force, pousse ainsi
à bout l’intuition de la phénoménologie générative husserlienne : « La phénomé-
nologie voulait renouveler nos concepts, en nous en donnant des perceptions et
des affections qui nous feraient naître au monde […] Mais on ne lutte pas contre
les clichés perceptifs et affectifs si on ne lutte pas aussi contre la machine qui les
produit. En invoquant le vécu primordial, en faisant de l’immanence une imma-
nence à un sujet, la phénoménologie ne pouvait empêcher le sujet de former
seulement des opinions qui tireraient déjà le cliché des nouvelles perceptions et
affections promises. Nous continuerions à évoluer dans la forme de la recognition ;
nous invoquerions l’art, mais ne pourrions atteindre aux concepts capables d’affron-
ter l’affect et le percept artistiques. »83
Pourtant, de même qu’il n’y a pas d’esthétique husserlienne à proprement parler,
mais seulement une logique expérientielle qui prend appui sur l’esthétique trans-
cendantale kantienne et la refond en direction d’un intuitionnisme généralisé et
d’un genèse du sensible à partir de la réceptivité passive du sujet, de même peut-on
s’interroger sur l’existence d’une véritable esthétique deleuzienne.84 Certes, l’art et
80. Ibid.
81. Ibid.
82. Ibid, p. 81.
83. G. Deleuze, Qu’est-ce que la philosophie ?, op. cit., p. 142.
84. Jacques Rancière, « Existe-t-il une esthétique deleuzienne ? », in : E. Alliez, dir., Gilles Deleuze.
Une vie philosophique, Synthélabo, 1998.
De Deleuze à Husserl 147
85. Cfr. aussi Mireille Buydens, Sahara : L’esthétique de Gilles Deleuze, Vrin, 2005.
86. Ibid.
87. Je ne m’intéresse pas ici à l’imagination (Phantasie) comme acte et comme conscience d’image,
selon son acception proprement phénoménologique. Cfr. à ce propos, Natalie Depraz, « Imagination »,
in : Handbook of phenomenological æsthetics, (L. Embree & H.-R. Sepp eds.), Heielberg, Springer.
88. Cfr. à ce propos, Edmund Husserl, Hua XI, Analysen zur passiven Synthesis (1918-1926), Den
148 Phénoménologie allemande, phénoménologie française
Or, cette synthèse sensible à même le sensible, c’est ce que Deleuze, à l’occasion
de sa lecture de Hume avec le regard du Husserl généticien, nomme de façon
remarquable une « synthèse passive de l’imagination ».89 « Plaque sensible »,
« pouvoir de contraction », l’imagination est une force qui fond les éléments dans
une « impression interne d’un certain poids ». Ni mémoire, ni entendement, ni
réflexion, l’imagination est finit par affirmer Deleuze une « synthèse du temps ».90
À ce stade, le chapitre II, « La répétition pour elle-même », reprend à son compte
les analyses husserliennes de la conscience intime du temps au titre du présent
vivant comme synthèse originaire passive qui précède toute réflexion, mais l’inscrit
dans le mouvement organique de contraction (terme deleuzien !) qui est le fait de
l’imagination : à ce titre, on peut dire qu’il ré-injecte du Hume dans Husserl, et
assume ce faisant le caractère foncièrement « asymétrique » de la synthèse passive
du temps : « […] les synthèses perceptives renvoient à des synthèses organiques,
comme la sensibilité des sens, à une sensibilité primaire que nous sommes. Nous
sommes de l’eau, de la terre, de la lumière et de l’air contractés, non seulement
avant de les reconnaître ou de les représenter, mais avant de les sentir. Tout
organisme est, dans ses éléments réceptifs et perceptifs, mais aussi dans ses viscères,
une somme de contractions, de rétentions et d’attentes. »91 En réinscrivant la
description phénoménologique du sujet temporel passif dans l’empiricité de l’orga-
nique et de l’imagination, Deleuze confère une organicité inédite au temps subjectif,
décision que Husserl aura toujours refusé de prendre ; en adoptant de son côté la
déduction subjective kantienne, Husserl procède à ce que l’on peut nommer une
« intuitionnisation » du sujet transcendantal, dès lors expérimentable depuis son
attitude sous épochè, que Deleuze, par sa critique du décalque psychologiste de la
logique kantienne, aura toujours refusé d’accepter.92
Voilà des décisions philosophiques contrastées, lesquelles permettent de dessiner
des lignes de force distinctes mais étonnamment productives dans leur complé-
mentarité, en vue de saisir l’amplitude de sens de l’empirisme transcendantal comme
cadre philosophique de référence93.
Haag, M. Nijhoff, 1966, trad. fr. sous le titre De la synthèse passive, Paris, J. Millon, 1998, troisième
Section « Association », [p. 125-126], [p. 164], [p. 275], [p. 372], [392], et Natalie Depraz, « Imagi-
nation and passivity », op. cit, et « Imagination and passivity : Husserl and Kant’s cross-relationship
in the light of the cognitive sciences », Conférence donnée au CREA dans le cadre d’une Journée
d’études consacrée à Kant et les sciences cognitives, org. par M. Bitbol, mai 2009, document Powerpoint
en line.
89. G. Deleuze, Différence et répétition, op. cit., p. 98.
90. Ibid., p. 97.
91. Ibid, p. 99.
92. G. Deleuze, Différence et répétition, op. cit., pp. 176-177.
93. À titre d’avancée et de précurseur, qui donne une bonne mesure de cette alliance possible
entre Husserl et Deleuze, voir Francisco J. Varela et Natalie Depraz, « Imagining : Embodiment,
Phenomenology and Transformation », in : Buddhism and Science. Breaking new ground (B. A. Wallace
ed.), Columbia University Press, Columbia Series in Science and Religion, New York, 2003, p. 195-233.