[exposition], Paris,
Bibliothèque nationale,
[octobre-décembre] 1967 /
[catalogue réd. par [...]
ETIENNE DENNERY,
Administrateur général
de la Bibliothèque Nationale.
CHRONOLOGIE
1004. 11 octobre. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société impériale des amis des
Sciences naturelles, d'anthropologie et d'ethnographie de l'Université de Moscou,
section de Chimie.
Ier novembre. Marie Curie chef des travaux de Physique (chaire de Pierre Curie)
à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
— 6 décembre. Naissance d'Eve Curie.
1930. 14
juin. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société française des inventeurs
et savants.
25 juin. Marie Curie élue membre d'honneur de l' «
American College of Radiology ».
janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de la « Ligue mondiale pour la paix ».
1931. 30
Février. Prix Cameron décerné à Marie Curie par l'Université d'Edimbourg.
—
Avril. Voyage en Espagne.
Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société espagnole de Physique et de
Chimie.
24 avril. Marie Curie élue membre à titre étranger de l'Académie des Sciences exactes,
physiques et naturelles de Madrid.
— 14 mai. Marie Curie élue membre d'honneur du «Joseph Conrad Club of Marquette
University » (Milwaukee).
juin.
3 Rapport présenté par Marie Curie devant l'Académie de Médecine de Paris,
—
sur le principe de la propriété scientifique.
— Juillet. Remise
à Marie Curie de la médaille d'or décernée par le Collège américain
de Radiologie.
1932. Mars. Marie Curie élue membre de l'Académie allemande des Sciences naturelles
de Halle.
— 12 mars. Naissance de Pierre, fils de Frédéric Joliot et d'Irène Curie.
— Avril. Marie Curie souffre de lésions aux doigts, provoquées par le radium.
— 29 mai. Inauguration à Varsovie de l'Institut du Radium Marie Sklodowska-Curie.
— 31 mai. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société médicale de Varsovie.
— 24 septembre. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société tchécoslovaque de
Chimie.
— Décembre. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Association internationale des
médecins, dentistes et pharmaciens de New York.
à Madrid un débat sur l' « Avenir de la Culture ».
1933. Marie Curie préside
— Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur du « Science Fiction Club ».
— Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Institut britannique de Radiologie
et de la Société Röntgen.
— Octobre. A Bruxelles, pour les séances du Comité scientifique de l'Institut international
de Physique Solvay.
1933-1934. Découverte de la radio-activité artificielle par Frédéric et Irène Joliot-Curie.
1934. Pâques. Voyage de Marie Curie dans le Midi de la France, en compagnie de sa soeur
Bronia Dluska.
— 6 juin. Marie Curie entre à la Clinique médicale de Paris, 6 rue Piccini (XVIe).
— 2g juin. Marie Curie est transportée au sanatorium de Sancellemoz.
— 4 juillet. Mort de Marie Curie.
6 juillet. Inhumation de Marie Curie au cimetière de Sceaux.
Publication posthume du dernier ouvrage de Marie Curie, intitulé Radioactivité.
1935.
— Frédéric et Irène Joliot-Curie prix Nobel de Physique.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Pierre Curie,
portrait par de la Perche-Boyer, 1906 (n° 179).
PL. IV
ENSEMBLE
I
MARIA SKLODOWSKA
Dans ce qui fut la Pologne, malheureux pays que les traités de 1815 ont
démembré et que se partagent alors la Prusse, l'Autriche et la Russie, à Varsovie,
principale ville du territoire soumis à l'empire tsariste, ville dans laquelle l'ensei-
gnement est obligatoirement dispensé en langue russe, les parents de Maria Sklo-
dowska, professeurs l'un et l'autre, subissent en silence le régime d'oppression,
tout en maintenant vivaces sentiment patriotique, esprit de résistance et espoir
d'une libération future.
Ménage d'intellectuels, foyer cultivé, mais situation modeste qui permet à
peine d'élever cinq enfants, quatre filles et un fils dont l'intelligence justifie toutes
les espérances. Maria est la dernière, mais, de tous, certainement la plus brillante
et la plus douée. Dons multiples d'ailleurs : « [...] je m'intéressais à la littéra-
ture et à la sociologie autant qu'aux sciences », écrira-t-elle un jour. Cependant,
devenue institutrice privée par dévouementfraternel plus encore que par nécessité,
lorsqu'elle vivra repliée sur elle-même, loin des siens, à la campagne, l'isolement
lui permettra de découvrir ses « préférences réelles » ; comme son père, elle optera
finalement pour les mathématiques et la physique, et ce choix la conduira, quelques
années plus tard, à Paris.
I. VARSOVIE
2. INSTITUTRICE PRIVÉE
20. (a) MAISON DE LA FAMILLE SKLODOWSKI à Zawieprzyce, photo-
graphie de la Bibliothèque de Lublin. (b) JÔZEF KOTARBI^SKI,
photographie.
Ses études secondaires brillamment terminées, Maria fut envoyée par son père à la
campagne. Hébergée pendant un an chez des parents de province, notamment à
Zawieprzyce, elle vécut d'une vie insouciante et gaie, dont elle narre les menus événe-
ments dans des lettres écrites à son amie Kazia : « J'ai été pour quelques jours à
Zwola. II y avait là un acteur, Monsieur Kotarbinski, qui a fait notre joie. Il a
tellement chanté de chansons et déclamé de vers, il nous a tant fait de farces et il a
cueilli tant de groseilles à notre intention que, le jour de son départ, nous lui avons
tressé une grande couronne de coquelicots, d'oeillets sauvages, de bleuets, et au moment
où le break s'ébranlait, nous la lui avons jetée en hurlant : « Vivat... Vivat, Monsieur
Kotarbinski !» Il a aussitôt mis la couronne sur sa tête et ensuite il l'a, paraît-il,
emportée dans une valise jusqu'à Varsovie » (Madame Curie, pp. 37-38).
3. ÉTUDIANTE A PARIS
Fils et petit-fils de médecin, Pierre Curie fut élevé sans contrainte par un
père féru de sciences, « idéaliste de tempérament » et ardemment républicain,
opposé à toute servitude matérielle ou morale. Ses études, poursuivies de façon
irrégulière, lui laissèrent le temps de regarder autour de lui, « de nouer avec les
choses une liaison intime et complète dont il conserva toujours l'empreinte, devenu
incapable de cette connaissance hâtive, superficielle et insipide qu'on acquiert si
bien dans les livres », selon les termes de Paul Langevin.
Rêveur, méditatif, ce « doux entêté », cet ingénieux inventeur, ce manipulateur
adroit fut de bonne heure attiré par la physique cristalline. En partant de la pyro-
électricité, c'est-à-dire de l'électrisation spontanée de certains cristaux par échauf-
fement, étudiée par Friedel, Pierre Curie, travaillant en collaboration avec son
frère aîné Jacques, mit en évidence le dégagement d'électricité par compression ou
étirement des milieux cristallisés et découvrit ainsi le phénomène de la piézo-
électricité. « [...] il devait à son remarquable esprit mathématique, à
sa faculté
singulière de vision géométrique intérieure, de se mouvoir avec une véritable aisance
dans ce milieu de la symétrie dont la plupart des physiciens ne possèdent qu'une
connaissance verbale », écrit encore Paul Langevin. A différentes reprises, et
comme Pasteur que la cristallographie avait intéressé avant lui, Pierre Curie
reviendra sur ce passionnant sujet d'expériences et de réflexions, qu'il n'eût peut-
être jamais abandonné sans le hasard d'une rencontre, celle de Marie Sklodowska.
I. ORIGINES ET JEUNESSE
45. EXTRAIT du registre des actes de naissance de Mulhouse, Mul-
house, 11 novembre 1897.
Naissance d'Eugène Curie, le 28 août 1827, fils de Paul-François-Gustave-Étienne
Curie, docteur en médecine à Mulhouse, et d'Augustine Hofer. Eugène Curie appar-
tenait à une famille de « petite bourgeoisie peu fortunée », famille « originaire d'Alsace
et protestante » (Pierre Curie, p. 9).
14 PIERRE ET MARIE CURIE
et par ses recherches », Pierre Curie « dut renoncer à suivre les cours de mathématiques
supérieures et ne passa plus d'examens » (Pierre Curie, p. 18).
2. PREMIÈRES RECHERCHES
61. ARRÊTÉ DE NOMINATION de Pierre Curie en qualité de prépara-
teur de Physique à l'École municipale de Physique et de Chimie
industrielles, Paris, 31 octobre 1882.
Cette nomination prenait effet le lendemain Ier novembre. Pierre Curie recevait un
traitement annuel de 4 000 francs brut. Comme chef des travaux d'abord, comme pro-
fesseur ensuite, Pierre Curie travaillera pendant vingt-deux ans, la presque totalité
de sa vie scientifique, dans les vieux bâtiments du collège Rollin, aujourd'hui détruits.
gique de France (t. VII, 1884, pp. 89-111). Sur deux feuillets joints et sur la page de titre,
remarques autographes de Pierre Curie; des corrections de sa main, p. 5.
3. DE LA CRISTALLOGRAPHIE A LA RADIO-ACTIVITÉ
80. PIERRE CURIE, Notes pour ses cours à l'École municipale de Phy-
sique et de Chimie industrielles, manuscrit autographe.
Leçon du 30 mars 1895 : Théorie générale de la symétrie dans un milieu limité.
ENSEMBLE 21
fiques auraient été très longs à se convaincre de la réalité des nouveaux éléments
si cette preuve n'avait pas été apportée ».
I. UN MÉNAGE DE SAVANTS
2. LA DÉCOUVERTE DU RADIUM
115. SUR LES PROPRIÉTÉS des corps radio-actifs; par M. et Mme Curie.
(Société française de Physique, n° 142, 2 février 1900.)
Résumé de la communication faite à la Société française de Physique dans la séance du
19 janvier 1900 (effets lumineux, coloration de certaines matières par les rayons du
radium, etc.).
non déviables.
photographique des rayons & et elles indiquent la distribution du sel de radium sur
les fiches, et leur densité et leur surface indiquent, approximativement, l'importance
de la quantité de Ra fixée.
On distingue deux sortes de traces. Les unes, de grandes surfaces très noires, montrent
que des objets portant sur leur surface du sel de radium (agitateurs, pinces, récipients
divers), ont été placés sur la fiche, ou que celle-ci a été pressée sur la surface des tables
portant des taches contenant du sel de radium. [...]
On observe en outre une multitude de traces quasi-ponctuelles dues à la retombée,
sur les fiches, de poussières ou de microgouttes liquides radioactives. Ces fiches furent
sans doute placées sur la table même où étaient effectuées les opérations (ébullition des
solutions de sel de radium, par exemple). » (Contamination radioactive... par Frédéric
Joliot, pp. 2-3, du tirage à part; cf. n° 130.)
En bas et à droite de l'auto-radiographie de la fiche du 22 avril, trace d'un pouce :
celui de Pierre ou de Marie Curie, puisque la fiche porte les deux écritures.
Cette médaille est conservée dans un écrin brun foncé, orné d'un filet or, doublé
de satin blanc et de velours violet.
Dans le champ : La Science de profil à gauche, personnifiée par une femme vêtue à
l'antique, dévoile la Nature représentée par une femme debout de face, qui tient une
corne d'abondance dans son bras droit. A sa gauche, on lit NATVRA. Derrière la
Science : SCIENTIA.
A l'exergue : De chaque côté d'un cartouche, REG. ACAD. SCIENT. SVEC.
Sur le cartouche : PIERRE. CURIE, (sur l'une des médailles) MARIE. CURIE, (sur
l'autre) MCMIII.
Signé : ERIK LINDBERG.
Ces deux médailles sont conservées dans des écrins de cuir rouge ornés de motifs
d'or, doublés de satin blanc.
tant, écrit Mme Curie (Pierre Curie, p. 81), en raison du prestige qui s'attachait à la
fondation Nobel, encore récente (1901) ». Même partagé en deux, le prix représentait
une somme élevée qui permit à Pierre Curie de se faire remplacer dans son enseigne-
ment à l'École de Physique par Paul Langevin, un de ses anciens élèves, et de prendre
« un préparateur particulier pour l'aider dans ses travaux » (loc. cit.).
VILLE DE PARIS
La Ville de Paris est personnifiée par une femme assise de trois quarts à gauche, la
tête de profil, tourrelée. De la main gauche, elle tient un écusson aux armes de la ville.
Au second plan, l'Hôtel de Ville.
A l'exergue : FLVCTVAT NEC I MERGITVR.
1
4. L'ACCÈS A LA SORBONNE
160. PIERRE ET MARIE CURIE avec leur fille Irène dans le jardin de leur
maison, 108, boulevard Kellermann, photographie.
Cette maison, située près des fortifications de Paris et dans le voisinage du parc Mont-
souris, devint la résidence des Curie lorsque le docteur Eugène Curie, veuf
(27 septembre 1897), quitta Sceaux pour aller habiter chez eux.
l'année scolaire 1904-1905, Pierre Curie était nommé professeur titulaire à la Faculté
des Sciences de Paris ; un an plus tard, il quittait définitivement l'École de Physique
où son suppléant Paul Langevin prenait sa succession. » (Pierre Curie, pp. 84-85.)
188. PIERRE CURIE, par Paul Langevin, dans La Revue du Mois, Ire année,
n° 7, 10 juillet 1906. — B.N., Impr., 8° Z. 16930.
« [...] Sa curiosité vivante et communicative, l'ampleur et la sûreté de son informa-
tion faisaient de lui un admirable éveilleur d'esprits. [...] Entièrement affranchi d an-
tiques servitudes, amoureux passionné de raison et de clarté, il a donné l'exemple, en
prophète inspiré des vérités futures, de ce que peut réaliser en beauté morale et en
bonté, dans un esprit libre et droit, le courage constant, la propreté mentale, de toujours
repousser ce qu'il ne comprend pas et de mettre sa vie d'accord avec ce rêve. »
ENSEMBLE 45
189. LETTRE AUTOGRAPHE de Georges Gouy à Mme Curie, Lyon,
8 mai 1906.
A l'occasion de la succession de Pierre Curie, il envisage le problème posé par la
propriété légale du radium. « Je comprends très bien que ni Pierre ni vous ne consi-
dériez le radium comme une propriété ordinaire, mais comme un instrument de travail,
duquel on ne doit pas songer à faire de l'argent. [...] Je comprends très bien que vous
ne voulez pas qu'un jour les maris de vos filles vous demandent compte de ce qui, pour
vous, n'est pas une valeur marchande. Vos intentions sont excellentes [...], mais aucun
homme de loi ne pourra les comprendre, parce que précisément pour eux c'est la valeur
marchande qui est tout [...]. »
1905.
195. OEUVRES de Pierre Curie, publiées par les soins de la Société fran-
çaise de Physique [et Mme Pierre Curie]. — Paris, Gauthier-
Villars, 1908. In-8°. — B.N., Impr., Rés. p. R. 624.
On lit dans une lettre de Georges Gouy à Mme Curie (Lyon, 20 novembre 1908)
«J'ai reçu le volume des oeuvres de Pierre. Le portrait est très bien venu, aussi bon que
:
l'épreuve que vous m'avez donnée. J'ai relu votre préface, qui fait revivre le passé avec
une exactitude admirable ; on ne pouvait rien faire de mieux, c'est la perfection même »,
C'est la Société française de Physique qui décida la publication de l'oeuvre de Pierre
Curie. « Cette publication, faite par les soins de P. Langevin, se compose d'un seul
volume [...]. Le volume unique, qui renferme une oeuvre aussi considérable que variée,
est une image fidèle de la mentalité de l'auteur. » (Pierre Curie, p. 94.)
198. PIERRE CURIE, par Mme Curie. — Paris, Payot, 1924. In-16.
(Les Grands hommes de France. Collection dirigée par Paul Gau-
thier.) — B.N., Impr., 8° Ln27. 61316.
Première édition de cet ouvrage.
199. MARIE CURIE, Pierre Curie, avec une étude des « Carnets de
laboratoire » par Irène Joliot-Curie. — Paris, éd. Denoël [1955].
In-8°. — B.N., Impr., 8° Ln27. 61316 A.
DEUXIÈME PARTIE
SEULE
IV
RETOUR A SCEAUX
Après la mort brutale de son mari, Mme Curie décide de quitter la demeure
du boulevard Kellermann, pleine de souvenirs devenus douloureux, et, pour assurer
à ses deux fillettes une vie saine, loue une maison pourvue d'un grand jardin,
près de la gare de Sceaux. Elle refuse la pension que le gouvernement lui fait
offrir, mais elle accepte de continuer à la Sorbonne le cours de physique dont avait
été chargé Pierre Curie. « Quelquefois il me semble que c'est ainsi qu'il me sera
le plus facile de vivre, d'autres fois il me semble que je suis folle d'entreprendre
cela », confie-t-elle à son journal. Son existence se partage donc entre l'enseigne-
ment et la recherche, un enseignement continuellement tenu à jour, car les décou-
vertes se multiplient dans le domaine qui est le sien, des recherches fécondes puis-
qu'elles aboutissent notamment à une nouvelle évaluation du poids atomique du
radium et, en collaboration avec André Debierne, à l'isolement du radium métal-
lique pur, à l'abri de l'air.
I. ENSEIGNEMENT
200. MADAME CURIE, IRÈNE ET EVE, 1906, photographie. — Pl. IV.
Eve Curie était née le 6 décembre 1904.
205. JEAN D'ORSAY, Mme Curie. La veuve du grand savant parla hier
en Sorbonne, dans le Matin, 6 novembre 1906, coupure de presse.
Compte rendu du premier cours de Mme Curie prononcé la veille.
2. TRAVAUX DE LABORATOIRE
mirent d'accueillir dans son laboratoire de jeunes chercheurs. Ceux-ci vinrent grossir
le nombre des assistants payés par l'Université et des bénévoles.
LILLE
Dans h champ : MADAME CVRIE II 1907.
L'avers est celui de la médaille de la paix gravée par Hubeit Ponscarme en 1903.
Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir grenat orné tout autour d'un motif
d'or, doublé de satin et de velours grenat. Le diplôme qui l'accompagnait porte la date
du 19 janvier 1908.
SEULE 53
MADAME CURIE, IRÈNE et EVE en 1908, photographie.
221.
Dans le jardin de la maison de Sceaux; à l'extrême-gauche, Marguerite Chavannes,
amie d'Irène Curie.
et, de la droite, présente une rose à la fileuse ; derrière elles, assis de profil à gauche
le dieu du commerce, Mercure.
A l'exergue : MDCCCLXIII.
Signé : L. C. WYON.
Sur la tranche de la médaille, l'inscription suivante a été gravée : Mme Curie for
the discovery of Radium. Session 1909-1910.
Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir rouge orné d'un dé en or ; il est
doublé de satin et de velours de la même teinte.
créatrice et historienne, rare association, que peu d'hommes partagent avec vous »,
écrit Guillaume. Il parle ensuite de la candidature à l'Académie des Sciences : « La
question de principe est heureusement résolue comme nous l'espérions [...]; mais il
reste à gagner quelques voix, en faisant partager une conviction, et cela est difficile.
L'élection de M. Branlyserait une honte, dont l'Académie porterait la charge. Quelques
amis et moi, nous avons entrepris une action qui le soulignerait [...]; elle consisterait
à vous faire élire membre de toutes les académies étrangères [...] ». A une voix près,
Edouard Branly l'emportait sur Mme Curie, le 23 janvier 1911.
252.
EDOUARD CHAVANNES, Sur Mme Curie, manuscrit autographe,
6 juillet 1914.
« J'ai pour elle le respect profond que toute âme qui n'est pas vile doit éprouver en
présence de cet esprit d'une rare élévation, de cette volonté toujours tendue vers la
recherche de la vérité. Je sens quelle reconnaissancelui doivent la France qui est devenue
sa patrie, et le monde entier qui bénéficie des progrès immenses accomplis dans les
sciences physiques par ses travaux. » Un mois plus tard, Mme Curie mettait son énergie
et ses compétences à la disposition de la nation en guerre.
V
SERVICE AUX ARMÉES
1. PRÉLIMINAIRES
253. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à ses filles, Paris, Ier août
1914.
Irène et Eve étaient alors en vacances à L'Arcouest, en Bretagne. A la veille de la
mobilisation, ne sachant si elle pourra aller rejoindre ses filles, Mme Curie les exhorte
au calme. « je [...][...] vous ferai revenir aussitôt que ce sera possible, c'est-à-dire
quand la mobilisation aura été faite et que les trains pourront ramener les particu-
liers [...]. Toi et moi, Irène, nous chercherons à nous rendre utiles. »
Soucieuse de rendre service, Irène Curie avait manifesté le désir de revenir seule à
62 PIERRE ET MARIE CURIE
devait « solliciter sa désignation pour l'Armée ». La missive repassa par les mêmes
mains, en sens inverse et, dûment apostillée par chacune d'elles, fut transmise le
5 novembre 1914, par le médecin divisionnaire qui l'avait reçue en premier au médecin
major Gallouin qui l'avait envoyée.
Trois semaines après, le 24 novembre, le ministre de la Guerre, A. Millerand, faisait
savoir à Mme Curie qu'il appartenait au seul général Joffre, commandant de la zone
des armées, d'examiner sa demande et qu'il l'avait prié de le faire « avec tout l'intérêt
qui s'y attache ».
2. EN PLEINE ACTION
865. LISTE DES
MISSIONS DE GUERREde Mme Curie dans la zone des
armées, novembre 1914-août 1918, manuscrit autographe.
64 PIERRE ET MARIE CURIE
266. INVENTAIRE DE LA VOITURE RADIOLOGIQUE n° 2, 1914, manuscrit
autographe de Mme Curie.
En tête du registre, on lit : « Voiture n° s (prêtée par M. Ewald, architecte) acceptée
par l'Union F. F. montée par Madame Curie en octobre 1914 entrée au service le
Ier novembre 1914 à Creil ». Suivent l'inventaire et des renseignements sur les blessés,
qui complètent ceux que fournissent, pour la période correspondante, les cahiers
d'examens (voir n° 268).
que « les voitures radiologiques légères [...], si utiles autrefois, semblent devenir [...] des
organismes quelque peu désuets » et propose de les employer « comme postes radiolo-
giques de renfort » pour « doubler un poste surchargé par l'abondance des blessés »
ou « remplacer un poste devenu momentanément indisponible par suite d'une avarie
de matériel » ou encore « installer des postes dans les formations nouvelles qui seront
constituées à mesure que l'armée avancera ». La supériorité des voitures radiologiques
reste dans le fait qu'elles sont pourvues d'équipes expérimentées, ce qui n'est pas tou-
jours le cas dans les postes, où « les radiologues sont rares » et les moyens de fortune,
285. SERVICES RENDUS par Mme Curie pendant la guerre, copie dacty-
lographiée avec une addition manuscrite.
286. LETTRE signée du sous-secrétaire d'État au ministère de la Guerre
à Mme Curie, Paris, 3 décembre 1919, copie dactylographiée.
Remerciements pour sa collaboration au cours de la guerre. « Le Service de Santé
SEULE 67
ne saurait oublier les éminents services que vous lui avez rendus en mettant à la dispo-
sition des blessés, avec le plus entier dévouement, votre expérience et votre grande
compétence technique, en assurant à titre gracieux la préparation de l'émanation du
radium nécessaire au traitement des militaires, en dirigeant l'instruction spéciale de
nombreuses manipulatrices radiologistes, en prenant part aux délibérations de la Com-
mission Radiologique, enfin, en dispensant dans les meilleures conditions, grâce à votre
activité, le matériel auxiliaire prêté par le Patronage National des Blessés. »
3. TRAVAUX ANNEXES
290. RAPPORT DRESSÉ PAR MME CURIE sur l'industrie des radioélé-
ments, leur rôle et leurs applications, octobre 1918, copie dacty-
lographiée.
Par décret en date du 27 avril 1918, avait été constitué au ministère de l'Armement
un « Comité des Corps radioactifs », chargé d'examiner toutes les questions intéressant
ces corps, notamment d'en organiser et intensifier l'utilisation pendant et après la
68 PIERRE ET MARIE CURIE
guerre. C'est en qualité de membre du Comité que Mme Curie établit le rapport
ci-dessus, qui fut transmis au Comité consultatif des Arts et Manufactures.
Sur le même sujet, Mme Curie prononça une conférence au Conservatoire national
des Arts et Métiers, le 7 mars 1920.
Dans le livre qu'elle a consacré à son mari, Mme Curie prononce ce sévère
jugement : « Pour le don admirable de soi-même, et pour les services magnifiques
rendus à l'humanité, quelle est la compensation que notre société offre aux savants ?
Ces serviteurs de l'idée disposent-ils des moyens de travail qui leur sont néces-
saires ? Ont-ils une existence assurée à l'abri du besoin ? L'exemple de Pierre
Curie et de tant d'autres montre qu'il n'en est rien, et que pour conquérir des moyens
de travail acceptables, il faut, le plus souvent, avoir épuisé d'abord sa jeunesse
et ses forces dans des soucis quotidiens ».
Le temps de la revanche est venu. En hommage à la mémoire de Pierre Curie,
sa femme a obtenu la construction d'un temple de la science, l'Institut du Radium.
Non tel que ses vues d'avenir l'eussent souhaité. Mais enfin il existe, fonctionne
et contribue au prestige intellectuel de la France en accueillant des chercheurs de
tous les pays.
Un second prix Nobel, en 1911, sans parler d'autres récompenses moins
éclatantes, a relégué dans le passé les difficultés matérielles des années héroïques.
Mme Curie est devenue un personnage officiel que l'Amérique reçoit comme un
chef d'État, que l'Académie de Médecine élit spontanément, que d'innom-
brables sociétés scientifiques étrangères tiennent à honneur de compter parmi
leurs membres.
I. L'INSTITUT DU RADIUM
ment en France des Études et des Applications de la Radio-activité ». Suit la liste des membres
du Comité de Patronage.
2. VOYAGE EN AMÉRIQUE
312. LETTRE AUTOGRAPHE de Maurice Rostand à Mme Curie, s.d.
[avant le 10 février 1922.]
Elle accompagne un poème dactylographié, intitulé « Ode à Madame Curie », et
une coupure de presse (avec corrections de l'auteur), reproduisant ce même poème qui
fut lu par Sarah Bemhardt, « au milieu d'ovations sans fin qui s'adressaient au poète
74 PIERRE ET MARIE CURIE
HON I ORE
Dans un cartouche, au-dessous : MARIE CVRIE
Signé : LAVRA CARDIN I FECIT
I
Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir violet, doublé de velours de la
même teinte.
3. ACADÉMICIENNE
Pour les oeuvres utiles à la santépublique ilfaut des millions. La loi sur la propriété scientifique les
fournira (publiée dans Bulletin de l'Académie de Médecine, 3e série, t. CV, n° 15, pp. 678-685).
Mme Curie, qui faisait partie de cette commission, aux côtés de d'Arsonval, Hanriot,
Bezançon, Sergent et Léon Bernard, plaide dans cet exposé pour l'établissement d'un
« droit d'auteur » des savants, « rétribuant les travaux désintéressés qui ont servi de
base à des applications industrielles », et voudrait remédier « à la misère des labora-
toires, en prélevant sur les bénéfices commerciaux des subventions pour la recherche »
(Madame Curie, p. 270). On trouvera dans le même Bulletin de l'Académie de Médecine
(3e série, t. CVI, n° 26, séance du 7 juillet 1931, pp. 3-9) la « Discussion du rapport
de Mme Curie Sur la question de la propriété scientifique, par E. Fourneau ».
OF I RADIOLOGY
Sur une banderole : I 1922 I ; au-dessous, un noeud.
La médaille, munie d'un anneau de suspension orné de feuilles de laurier, est conservée
dans un écrin noir, doublé de velours violet.
4. GENÈVE
5. UN ANNIVERSAIRE
i. POUR LA POLOGNE
380. TÉLÉGRAMME du président du Conseil municipal et du président
de la ville de Varsovie, 23 février 1924.
Mme Curie citoyenne d'honneur de la ville de Varsovie.
2 millimètres ; au centre, sur émail rouge, en chiffres d'or, la date 1918. Cette date est
celle de l'Indépendance de la Pologne.
L'anneau du ruban est passé dans un anneau bélière soudé au milieu de la brandie
supérieurede la croix ; il mesure 15 millimètres de diamètre et 2 millimètres d'épaisseur.
Cet anneau est une couronne d'or formée de trois lignes concentriques liées en six
endroits d'un ruban dont chaque ligature a la forme d'une croix de Saint-André. Le
ruban de la croix est en soie moirée, rouge-ponceau. Il mesure 37 millimètres de lar-
geur avec, à 2 millimètres 5 de chaque bord, une raie blanche mesurant elle-même
2 millimètres 5 de largeur.
Cette croix est dans l'écrin dans lequel elle fut remise à Marie Curie. Celui-ci, de
forme rectangulaire, aux quatre coins légèrement tronqués, mesure 6 centimètres 6 de
largeur sur 8 centimètres 4 de longueur et 2 centimètres 4 d'épaisseur. Recouvert de
toile rouge, il porte sur le couvercle, frappé en or, le dessin du centre de l'avers de la
croix : l'Aigle blanc et la légende qui est au pourtour, POLONIA RESTITVTA.
L'intérieur de l'écrin est en peluche blanche et satin blanc.
Cet ordre a été institué par la Diète, le 4 février 1921 ; il est le troisième ordre polonais,
en importance. La croix décrite ci-dessus est, dans l'ordre, celle de l'insigne de Ve classe ;
les croix des quatre autres classes ne diffèrent que par le module.
414. SUR LA VIE MOYENNE DE L'IONIUM, par Mme Pierre Curie et Mme S.
Cotelle, manuscrit autographe de Mme Curie.
Note pour l'Académie des Sciences, lue le 2 juin 1930 (Comptes rendus hebdomadaires
des séances de l'Académie des Sciences, t. 190, 1930, pp. 1289-1292).
de la Faculté de Médecine, lui a décerné le prix Cameron 1931, d'une valeur de deux
cents livres sterling, prix accordé annuellement « to a person who, in the course of the
five years immediately preceding, has made any highly important and valuable addi-
tion to Practical Therapeutics ». Après avoir pris connaissance des motifs de cette dis-
tinction, Mme Curie répondit, le 25 février, que le Dr Regaud, et non elle, remplissait
les conditions requises ; le prix devait donc lui être attribué. Mais le doyen par intérim
de l'Université, dans une lettre du 12 mars, mit un terme à ses scrupules et Mme Curie
accepta finalement le prix Cameron (20 mars).
XXIII
PRÉFACE v
CHRONOLOGIE XI
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
I. MARIA SKLODOWSKA :
I. Varsovie 3
2. Institutrice privée 6
3. Étudiante à Paris 9
1. Origines et jeunesse 13
2. Premières recherches 16
3. De la cristallographie à la radio-activité 19
DEUXIÈME PARTIE.
— SEULE
IV. RETOUR A SCEAUX :
I. Enseignement 49
2. Travaux de laboratoire 51
3. Second prix Nobel 55
1. Préliminaires 61
2. En pleine action 63
3. Travaux annexes 67
1. L'institut du radium 70
2. Voyage en Amérique 73
3. Académicienne 78
4. Genève 81
5. Un anniversaire 83
1. Pour la Pologne 87
2. Travail d'équipe, rue Pierre-Curie 90
3. Mort de Madame Curie 96