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Pierre et Marie Curie :

[exposition], Paris,
Bibliothèque nationale,
[octobre-décembre] 1967 /
[catalogue réd. par [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Concasty, Marie-Louise (1914-1977),Bibliothèque nationale
(France). Pierre et Marie Curie : [exposition], Paris, Bibliothèque
nationale, [octobre-décembre] 1967 / [catalogue réd. par Marie-
Louise Concasty] ; [préf. par Étienne Dennery]. 1967.

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BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
PIERRE ET MARIE CURIE
PIERRE ET MARIE CURIE
Première page de couverture :
Pierre et Marie Curie (n° 84).

Deuxième page de couverture :


Lettre de Pierre Curie à Marie Sklodowska,
10 août 1894 (n° 76).

Dernière page de couverture :


Médaille Alfred Nobel, 1911 (n° 240).
BIBLIOTHÈQVE NATIONALE

PIERRE ET MARIE CURIE


L'Exposition Pierre et Marie Curie
a été réalisée avec l'appui
de la Direction Générale des Arts et des Lettres
et le précieux concours
des prêteurs dont voici la liste :
Musée national de Varsovie,
Bibliothèque de Lublin,
École municipale de Physique et de Chimie industrielles,
Institut du Radium,
Société centrale de Produits chimiques.
M. Pierre Berès.

Les agrandissements photographiques ont été exécutés


par l'atelier de photographie de la Bibliothèque Nationale.

© Bibliothèque Nationale, Paris, 1967


PREFACE

Il y aura cent ans, au mois de novembre prochain, naissait


à Varsovie Maria Sklodowska, la future Mme Curie.
L'exposition qui commémore aujourd'hui un tel anniver-
saire est destinée également à montrer le don magnifique que
les descendants de la grande savante, Mme Eve Curie Labouisse,
sa fille, Mme Michel Langevin et M. Pierre Joliot, ses petits-
enfants, ont fait à la Bibliothèque Nationale. Grâce à leur géné-
reuse initiative, l'ensemble des papiers laissés par Pierre et
Marie Curie se trouvera ainsi à la disposition du public.
A regarder ces pages manuscrites, ces photographies, ces
tableaux et même ces cartes postales, qui recréent toute une
atmosphère, à contempler ces instruments de laboratoires, qui
servirent à de si vastes travaux, les visiteurs verront revivre une
très belle histoire d'amour, et assisteront à la genèse de l'une des
plus grandes et des plus fécondes découvertes des temps modernes.
Je remercie Mlle Marie-Louise Concasty, conservateur au
département des Manuscrits, que dirige M. Marcel Thomas,
d'avoir, avec beaucoup de soin et d'intelligence, présenté tant
de documents passionnants.

Pierre et Marie Curie, dont les noms, indissolublement asso-


ciés, évoquent l'un des progrès décisifs de la science, étaient
pourtant nés à près de quinze cents kilomètres l'un de l'autre,
dans deux pays très proches par le coeur, mais que les circons-
VI PIERRE ET MARIE CURIE

tances politiques avaient souvent maintenus éloignés. Il est


émouvant de voir, une fois les temps révolus, comment la des-
tinée a amené deux routes, parties de loin, à se croiser. Une
exposition, qui rend très visibles les principaux événements qui
jalonnent une existence, permet parfois d'en saisir plus directe-
ment le cours.
Le décor dans lequel se déroula l'enfance et la jeunesse des
futurs époux était sans doute assez différent. Il était né dans
une rue assez morne du faubourg Saint-Germain ; elle avait vu
le jour dans cette « vieille ville » de Varsovie, aux maisons
d'aspect médiéval, au caractère si pittoresque, et qui a été recons-
truite, depuis la dernière guerre, avec un souci évident d'exac-
titude historique. Il avait eu une enfance libre, vouée à la
réflexion et à la lecture, avait passé brillamment le baccalau-
réat, à l'âge de seize ans, sans avoir jamais été à l'école. De son
côté, elle avait obtenu en classe tous les premiers prix. Mais
l'atmosphère de la Pologne, après la révolte avortée de 1863,
était devenue étouffante : dans la pension privée où elle fut
placée, l'histoire polonaise était enseignée clandestinement;
le lycée qu'elle fréquenta par la suite était, pour sa part, complè-
tement russifié ; les femmes n'étaient pas admises à l'université
et l'oppression étrangère exaspérait un patriotisme naturelle-
ment vif.
Malgré ces différences d'atmosphère, une certaine simili-
tude de conditions existait entre les familles et entre les futurs
époux. Des deux côtés, des intellectuels : de souche terrienne,
en outre, chez les Sklodowska, avec le respect de l'intelligence
et du savoir. Le père de Marie était professeur de mathématiques
et de physique, sa mère directrice d'école ; le père et le grand-
père de Pierre étaient médecins. Les ressources des uns comme
des autres étaient modestes; mais les foyers étaient heureux;
et les enfants grandirent dans un climat propice au développe-
ment des idées humanitaires. Institutrice privée, Marie donnait
clandestinement des leçons aux paysannes, aux femmes du
PREFACE VII

peuple, aux ouvrières. Le père de Pierre avait perdu, après la


Commune, une grande partie de sa clientèle, pour avoir soigné
des blessés sur les barricades.
Lorsque Marie, avide de savoir et découragée par une décep-
tion sentimentale, décida de venir faire ses études à la Sor-
bonne, c'était une jeune fille dont les pensées n'étaient pas très
éloignées de celles de son futur mari.

On a scrupule à parler de Marie et de Pierre Curie, après


Mme Eve Curie, dont l'admirable livre est universellement
connu, après Irène Joliot-Curie et après Marie Curie elle-
même, qui a évoqué de façon saisissante la personnalité de son
mari.
Mais l'exposition de la Bibliothèque Nationale nous laisse
des preuves émouvantes et tangibles du magnifique et dur tra-
vail qu'ils ont accompli en commun. D'abord ces cahiers dans
lesquels les deux chercheurs notaient les résultats de leurs
expériences. En bien des endroits l'écriture de Pierre et de
Marie se retrouve sur une même page; car souvent, dans le
travail, l'un prenait le relais de l'autre. Ecriture de Marie fine,
nette, très précise ; écriture plus rapide, plus saccadée, plus
nerveuse, plus imprévue peut-être aussi de Pierre. Mais il
faudrait se garder de voir, dans ces impressions, un jugement
sur la part que chacun d'eux a prise à leur découverte, qu'ils
ont voulu commune. Dans toutes les communications qu'ils
ont faites à ce sujet, notamment à l'Institut, ils emploient
toujours le mot « nous » ou, quand la vérité l'exige, « l'un
de nous ». C'est le rêve d'un couple qui se forme, que de
mettre en commun les pensées de chacun ; il est rare d'y parve-
nir longtemps ; plus rare encore de ne pas personnaliser les suc-
cès ou les échecs. Les Curie ont su, dans leur union, s'oublier
l'un et l'autre. Ils ont prouvé cependant qu'ils étaient chacun
VIII PIERRE ET MARIE CURIE

de grands créateurs. Après la mort de Pierre, Marie, dont cer-


tains disaient qu'elle s'était surtout appliquée à produire du
radium à l'état pur, montra qu'elle pouvait découvrir les impli-
cations les plus diverses de la radio-activité. Avant son mariage
avec Marie, Pierre, dont on vantait avant tout les qualités
d'imagination et de prospection, avait non seulement ouvert
des voies nouvelles dans l'étude de la symétrie des cristaux ou
du magnétisme, mais construit, avec l'aide de son frère Jacques,
et sans penser que cette invention serait essentielle à la décou-
verte de corps nouveaux, des appareils très précis pour mesurer
les courants électriques les plus faibles.
Au public d'aujourd'hui, habitué aux vastes équipements
des laboratoires modernes, aux cyclotrons géants, l'installation
dans laquelle les Curie découvrirent le radium et préludèrent
ainsi aux travaux sur la fission de l'atome, paraîtra dérisoire.
Un atelier, déjà encombré, a été mis à la disposition de Marie
par le directeur de l'École de Physique et de Chimie où Pierre
est chef de travaux ; les appareils sont peu nombreux : l'instru-
ment inventé par Pierre pour mesurer les courants électriques
de faible intensité, un électromètre. La chambre dite de ioni-
sation, dans laquelle l'air est rendu conducteur d'électricité, est
faite avec des boîtes de conserves. Puis les Curie installent leur
laboratoire de l'autre côté de la cour, dans un hangar délabré,
au toit vitré, au sol bituminé avec quelques tables de bois et un
poêle qui marche mal ; pour évacuer les gaz délétères, les époux
doivent organiser des courants d'air. Le cadre est à peine arti-
sanal. Aucune des grandes découvertes de la physique ne sera
désormais faite avec d'aussi faibles moyens.

L'union de Pierre et de Marie n'a en fait duré que onze ans ;


mais onze ans pendant lesquels ils travaillèrent en étroite colla-
boration et ne se quittèrent pratiquement point. Ils avaient les
PREFACE IX

mêmes goûts, aimaient la nature, sur laquelle Pierre, dans sa


jeunesse même, a écrit des pages ravissantes et Marie des poèmes
très émouvants. Leur curiosité d'esprit était grande. Ils vouaient
à la science une passion sans limite et la servirent avec une éner-
gie farouche. Tous deux ont su, dès leur jeunesse, exprimer cette
volonté avec beaucoup de force. « Premier principe », écrit la
blonde et sensible Marie, qui n'a pas encore vingt ans : « Ne
jamais se laisser abattre ni par les êtres ni par les événements... »
Et il est frappant de voir le mot d'antinaturel revenir à plusieurs
reprises, sous la plume de Pierre, lorsqu'il parle de son travail :
« Il nous faut manger, boire, dormir, aimer... et pourtant ne
pas succomber. Il faut qu'en faisant tout cela, les pensées anti-
naturelles auxquelles on s'est voué restent dominantes... Il faut
faire de la vie un rêve et d'un rêve une réalité. »
Et plus tard, après avoir poursuivi ensemble le plus dur
labeur, ensemble ils entrevirent la gloire. Mais elle ne les per-
vertit point. « Il m'apparaissait parfois, affirme Marie de Pierre,
comme un être presque unique par son détachement de toute
vanité. » Et leur fille Eve a dit de sa mère : « C'est « l'illustre
savante » qui m'est la plus étrangère... En revanche, il me semble
avoir toujours vécu auprès de l'étudiante pauvre, hantée de
rêves, qu'était Maria Sklodowska, bien longtemps avant que je
ne fusse venue au monde... »
La célébrité de Mme Curie n'avait pourtant cessé de croître,
à mesure que s'était révélée toute l'importance de la découverte
du radium. Pierre et Marie avaient reçu un prix Nobel de Phy-
sique ; après la mort de Pierre, Marie se vit décerner, en 1911,
celui de Chimie ; elle vécut assez pour pressentir que Pierre et
Irène Joliot en obtiendraient un à leur tour. Les universités, les
congrès, les organisationsinternationaless'arrachaient sa présence.
Elle était reçue triomphalement à deux reprises en Amérique où
le président lui remettait, à chaque voyage, un gramme de radium.
Elle se faisait le pèlerin de la science et cherchait à faire profiter
l'humanité de la découverte du radium. Elle avait été durant
PIERRE ET MARIE CURIE

la guerre directrice des services de radiographie des femmes de


France. Sous son impulsion, fut créé l'Institut du radium. Elle
n'oubliait d'ailleurs pas son pays natal, et suscita la fondation,
à Varsovie, comme elle l'avait fait à Paris, d'un Institut du
radium dont elle posa la première pierre en 1925. Par son
action, comme par ses découvertes, cette Polonaise, devenue
Française de nationalité, servait bien son pays d'origine et son
pays d'adoption.
Mais surtout, par-delà même les frontières, les Curie ont été
les pionniers de ce que l'on peut vraiment appeler une science
nouvelle, celle des radiations, dont les prolongements ont pris
une ampleur prodigieuse, et qui ne concerne plus seulement les
travaux des savants, mais l'action même des gouvernements.

ETIENNE DENNERY,
Administrateur général
de la Bibliothèque Nationale.
CHRONOLOGIE

1827. 28 août. Naissance d'Eugène Curie, père de Pierre Curie.


1832. Naissance de Wladyslaw Sklodowski, père de Marie Curie.
— 15 janvier. Naissance de Sophie-Claire Depoully, mère de Pierre Curie.
1836. Naissance de Bronislawa Boguska, mère de Marie Curie.
1848. 5 octobre. Médaille d'honneur décernée à Eugène Curie pour ses soins aux blessés
des journées de juin.
1854. 20 juillet. Mariage à Paris d'Eugène Curie et de Sophie-Claire Depoully.
1855. 29 octobre. Naissance à Paris de Paul-Jacques Curie, fils du docteur Eugène Curie
et de Sophie-Claire Depoully.
1859. 15 mai. Naissance à Paris de Pierre Curie, second fils du docteur Eugène Curie et de Sophie-
Claire Depoully.
1860. Mariage à Varsovie de Wladislaw Sklodowski et de Bronislawa Boguska, parents de
Marie Curie.
1862. Naissance à Varsovie de Zofia (Zôzia) Sklodowska, premier enfant des Sklodowski.
1863. Naissance à Varsovie de Jôsef (Jôzio) Sklodowski, frère de la précédente.
1865. Naissance à Varsovie de Bronislawa (Bronia) Sklodowska, soeur des précédents.
1866. 20 avril. Naissance à Varsovie d'Helena (Hela) Sklodowska, soeur des précédents.
1867. 7 novembre. Naissance à Varsovie de Maria (Mania) Sklodowska, dernière enfant des Sklodowski.
1868. Wladislaw Sklodowski est nommé professeur et sous-inspecteur au gymnase de gar-
çons de la rue Nowolipki, à Varsovie.
1873. Disgrâce de Wladislaw Sklodowski, en raison de ses sentiments patriotiques, et instal-
lation rue des Carmélites, à Varsovie.
1875. 9 novembre. Pierre Curie bachelier ès sciences.
1876. Janvier. Mort de Zôzia Sklodowska.
1876-1878. Pierre Curie élève stagiaire en pharmacie.
1877. 21 novembre. Pierre Curie licencié ès sciences physiques.
1878. Ier janvier.Pierre Curie préparateur-adjoint au laboratoire de Physique de la Faculté
des Sciences de Paris.
XII PIERRE ET MARIE CURIE

1878. 9 mai. Mort de Mme Sklodowska.


Leschno, à Varsovie.
— Installation des Sklodowski rue
1878-1882. Premières recherches de Pierre Curie, en collaboration avec son frère aîné,
Jacques. Découverte de la piézo-électricité. Invention du quartz piézo-électrique.
1880. Ier août. Pierre Curie préparateur au laboratoire de Physique de la Faculté des Sciences
de Paris.
1882. Ier novembre. Pierre Curie préparateur de physique à l'École municipale de Phy-
sique et de Chimie industrielles, rue Lhomond.
1883. 12 juin. Fin des études secondaires de Maria Sklodowska. Médaille d'or et diplôme.
Été-automne. Maria Sklodowska en vacances chez des parents, à la campagne (Zwola

et Zawieprzyce).
1883-1884. Séjour de Maria Sklodowska chez son oncle Zdzislaw Sklodowski, notaire à
Skalbmierz (frontière de Galicie).
1884. Juillet. Maria Sklodowska et sa soeur Héla chez la comtesse de Fleury, à Kempa.
— Septembre. Retour de Maria Sklodowska chez son père installé rue Nowolipki, dans
une maison située près du gymnase de son enfance. Elle suit les cours de l' « Univer-
sité volante » (66, faubourg de Cracovie) et se lie avec d'ardentes « positivistes ».
1885. Septembre. Maria Sklodowska, institutrice privée, à Varsovie.
1886-1889. Maria Sklodowska, institutrice privée chez les Zôrawski, à Szczuki.
1888. Invention par Pierre Curie d'une balance apériodique et à lecture directe des der-
niers poids.
1889. Pâques. Maria Sklodowska quitte les Zôrawski et rejoint à Sopot (plage de la Baltique)
ses nouveaux patrons, les Fuchs.
1890. Retour à Varsovie de Maria Sklodowska.
— Mariage à Paris de Bronia Sklodowska et de Casimir Dhiski.
1891. Novembre. Départ de Maria Sklodowska pour Paris. Elle s'installe chez sa soeur,
Bronia Dluska, 92, rue d'Allemagne (aujourd'hui avenue Jean-Jaurès).
1892. Pierre Curie est dégagé de ses obligations militaires.
1893-1894. Maria (devenue Marie, en France) Sklodowska habite successivement 3, rue
Flattera, boulevard de Port-Royal, 11, rue des Feuillantines. Elle obtient, en 1893, la
bourse Alexandrowitch (600 roubles) qu'elle remboursera plus tard.
— 28 juillet. Marie Sklodowska reçue première à la licence ès sciences physiques.
1894. Pierre Curie nommé professeur à l'École municipale de Physique et de Chimie indus-
trielles.
— La Société pour l'encouragementde l'Industrie nationale demande à Marie Sklodowska
une étude sur les propriétés magnétiques de divers aciers. Pour la préparation de ce
travail, elle entre en rapport avec Pierre Curie, à l'École de Physique et de Chimie.
— 28 juillet. Marie Sklodowska licenciée ès sciences mathématiques (2e).
— Été. Vacances de Marie Sklodowska en Suisse et en Pologne.
— Octobre. Retour à Paris de Marie Sklodowska qui s'installe dans une chambre atte-
nante au cabinet de consultation installé par sa soeur Bronia, 39 rue de Châteaudun.
CHRONOLOGIE XIII

1895. 6 mars. Pierre Curie, docteur ès sciences physiques.


26 juillet. Mariage, à Sceaux, de Pierre Curie et de Marie Sklodowska.
Octobre. Pierre et Marie Curie s'installent 24, rue de la Glacière.
23 décembre. Prix Planté décerné à Pierre Curie par l'Académie des Sciences.
1896. 15 août. Marie Curie reçue première au concours de l'agrégation de l'enseignement
secondaire.
1897. 12 septembre. Naissance d'Irène Curie.
— 27 septembre. Mort
de Mme Eugène Curie.
1898. Marie Curie publie son travail sur les aciers trempés, dans le Bulletin de la Société pour
l'encouragement de l'Industrie nationale.

— Pierre et Marie Curie vont


habiter, avec le docteur Eugène Curie, 108 boulevard
Kellermann.
— Ier janvier. Pierre Curie
délégué à titre provisoire dans les fonctions de professeur de
Physique générale à l'École municipale de Physique et de Chimie industrielles.
Échec de Pierre Curie, candidat à la chaire de Chimie physique à la Sorbonne.
— Mars.
— 12 avril. Première note de Marie Curie à l'Académie des Sciences, point de départ
de la découverte du radium.
— 18 juillet. Sur une substance nouvelle radio-active contenue dans la pechblende. Note de Pierre
et de Marie Curie à l'Académie des Sciences.
— Juillet. Attribution à Marie Curie du prix Gegner par l'Académie des Sciences.
Été. Vacances de Pierre et de Marie Curie dans les Cévennes.

1899. Été. Pierre et Marie Curie font un voyage en Pologne autrichienne, dans les Car-
pathes, où Bronia, soeur de Marie, et Casimir Dluski, son mari, dirigent un sanatorium.
1900. 2 mars. Pierre Curie nommé répétiteur auxiliaire de Physique à l'École Polytechnique.
Il démissionnera en octobre suivant.
— 19 mars. Naissance de Frédéric Joliot.
— 20 juillet. Nomination de Pierre Curie au poste de professeur ordinaire de Physique à
la Faculté des Sciences de l'Université de Genève. Sa démission, envoyée le Ier octobre,
sera acceptée le 5 par le Conseil d'État de la république et du canton de Genève.

Été. Vacances du ménage Curie sur les côtes de la Manche.
— 6 août. Note de Marie Curie à l'Académie des Sciences « sur le poids atomique du
baryum radifère ».
— 2 octobre. Arrêté nommant Pierre Curie, à dater du Ier novembre, chargé d'un cours
complémentaire de Physique (enseignement préparatoire au certificat d'études P.C.N.)
à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
— 26 octobre. Arrêté chargeant Marie Curie des conférences de Physique (Ire et
2e années) à l'École normale supérieure de Sèvres, pendant l'année scolaire 1900-1901.
Elle occupera ce poste jusqu'en 1906.
— Décembre. Prix Gegner attribué à Marie Curie par l'Académie des Sciences.
1901. Été. Vacances au Pouldu.
— Décembre. Prix La Caze (Physique) décerné à Pierre Curie par l'Académie des
Sciences.
XIV PIERRE ET MARIE CURIE

un décigramme de radium pur.


1902. Marie Curie réussit à obtenir
Échec de Pierre Curie, candidat à une chaire de Minéralogie à la Sorbonne.

L'Académie des Sciences accorde aux Curie un crédit de 20 000 francs pour l'extrac-
tion des matières radio-actives.
— Mai. Mort de Wladyslaw Sklodowski, père de Marie Curie.
— 9 juin. Échec de Pierre Curie à l'Académie des Sciences.
— 21 juillet. Note de Marie Curie à l'Académie des Sciences « sur le poids atomique
du radium ».
Été. Vacances à Arromanches.

— Décembre. L'Académie des Sciences décerne à Marie Curie le prix Gegner « pour
la continuation de ses recherches sur les corps radioactifs » et la médaille Berthelot
pour ses recherches sur le radium.
1903. 15 février. Pierre Curie élu membre correspondant de l'Académie des Sciences et des
Lettres de Cracovie (section des Mathématiques et des Sciences naturelles).
— Mai. Pierre Curie refuse d'être proposé pour la Légion d'honneur.
— Mai. Pierre Curie, invité par la « Royal Institution » de Londres à faire une confé-
rence sur le radium, se rend en Angleterre avec sa femme.
— 25 juin. Marie Curie docteur ès sciences.

Été. Vacances au Tréport et à Saint-Trojan.
— 5 novembre. « The Humphry Davy Medal » décernée à Pierre et à Marie Curie
par la « Société royale » de Londres.
— 12 décembre. Le prix Nobel de Physique est attribué, moitié à Pierre et à Marie Curie,
moitié à Henri Becquerel.
— Médaille d'honneur de la Ville de Paris décernée à Pierre et à Marie Curie.
1904. Armet de Lisle, industriel français, installe une usine pour la fabrication du radium
et offre aux Curie un local pour leurs travaux.
— Janvier. Prix Osiris décerné à Marie Curie par le Syndicat de la Presse parisienne
(partagé avec Edouard Branly).
— Janvier. Premier numéro de Le Radium consacré exclusivement aux produits radio-
actifs.
— 12 avril. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société d'encouragement à l'in-
dustrie et au commerce de Varsovie.
— 4 mai. Pierre et Marie Curie élus membres d'honneur du Département des Sciences
physiques de l'Académie de Mexico.
— 9 mai. Pierre et Marie Curie élus membres d'honneur de la « Royal Institution of
Great Britain ».
— 18 mai. Marie Curie élue en qualité de membre étranger à la Société chimique de
Londres.
— Août. Attribution de la médaille d'or Matteucci à Pierre et à Marie Curie par la
Société italienne des Sciences.
— Août-septembre. Pierre et Marie Curie élus membres correspondants de la Société
batave de Philosophie expérimentale de Rotterdam.
— Ier octobre. Pierre Curie professeur de Physique à la Faculté des Sciences de l'Uni-
versité de Paris.
CHRONOLOGIE XV

1004. 11 octobre. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société impériale des amis des
Sciences naturelles, d'anthropologie et d'ethnographie de l'Université de Moscou,
section de Chimie.
Ier novembre. Marie Curie chef des travaux de Physique (chaire de Pierre Curie)
à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
— 6 décembre. Naissance d'Eve Curie.

1905. 6 juin. Pierre Curie prononce, à Stockholm, sa conférence de prix Nobel.


3 juillet.
Élection de Pierre Curie à l'Académie des Sciences (section de Physique).
Été. Vacances de la famille Curie dans une maison louée à Saint-Rémy-lès-Chevreuse.
Ier octobre. Démission de Pierre Curie des fonctions de professeur de Physique géné-
rale à l'École municipale de Physique et de Chimie.
1906. 19 avril. Mort de Pierre Curie.
— Ier mai. Marie Curie chargée du cours de Physique générale à la Faculté des Sciences
de l'Université de Paris.
— Automne. Marie Curie loue une maison à Sceaux, 6 rue du Chemin-de-fer.
— 5 novembre. Premier cours de Marie Curie à la Sorbonne.
— 6 novembre. Marie Curie élue membre correspondant de la Société scientifique
d'Argentine.
— 10 décembre. Prix Jean Reynaud décerné à titre posthume par l'Académie des
Sciences à Pierre Curie.
d'or de la Société industrielle du nord de la France décernée à Marie Curie.
1907. Médaille
d'Edimbourg.
— 2 février. Marie Curie docteur honoris causa de l'Université
— Avril. « Actonian Prize » décerné à Marie Curie par la « Royal Institution of Great
Britain ».
— 25 mai. Marie Curie élue membre étranger de la Société hollandaise des Sciences.
— 29 décembre. Marie Curie élue membre correspondant de l'Académie impériale des
Sciences de Saint-Pétersbourg.
Marie Curie publie les « OEuvres de Pierre Curie » chez Gauthier-Villars.
1908.
— 19 janvier. Diplôme de la grande médaille d'or (Fondation Kuhlmann) délivré à
Marie Curie par la Société industrielle du nord de la France.
— Mars. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société des Sciences naturelles de
Braunsweig.
— Ier octobre. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Académie des Sciences de
Mexico.
— 16 novembre. Marie Curie nommée professeur titulaire de Physique générale à la
Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
— 28 novembre. Marie Curie élue membre associé étranger de l'Académie tchèque des
Sciences, Lettres et Beaux-Arts (section II, Sciences mathématiques et naturelles).
janvier. Rapport de l'Institut Franklin de Philadelphie sur les travaux de Pierre et
1909. 6
de Marie Curie, et diplôme accompagnant « The Elliott Cresson Gold Medal » décer-
née à Marie Curie par cet Institut.
— Mars. Marie Curie élue membre correspondant de la « Real Accademia delle Scienze
dell'Istituto di Bologna », section des Sciences physiques et mathématiques.
— 9 juillet. Marie Curie docteur honoris causa de l'Université de Genève.
XVI PIERRE ET MARIE CURIE

1909. 27 septembre. Marie Curie élue membre


d'honneur du Collège de Pharmacie de
Philadelphie.
Octobre. Marie Curie élue membre d'honneur de « Polish Medical and Dental Asso-
ciation of America ».
Octobre. Marie Curie élue membre étranger de l'Académie des Sciences et des Lettres
de Cracovie (section des Sciences mathématiques et naturelles).
1910. Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de l' « American Chemical Society »
de Durham (New Hampshire).
— 25 février. Mort du docteur Eugène Curie.
— 23 avril. Marie Curie élue membre de l' « American Philosophical Society » de Phi-
ladelphie.
— Juillet. Médaille Albert décernée à Marie Curie par la Société royale des Arts de
Londres.
— Novembre. Marie Curie élue membre à titre étranger de l'Académie royale des
Sciences de Suède.
— Novembre. Marie Curie refuse d'être proposée pour la croix de la Légion d'honneur.
— Novembre. Publication de la Notice sur les travaux scientifiques de Mme P. Curie.
— 15 novembre. Publication du Traité de radioactivité par Mme P. Curie.
— 19 décembre. Marie Curie élue membre correspondant de la Société scientifique du
Chili.
1911. 23 janvier. Échec de Marie Curie à l'Académie des Sciences.
— 31 janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société des Recherches psy-
chiques de Londres.
— 18 avril. Marie Curie élue membre correspondant de l'Académie des Sciences du
Portugal.
— Août. Préparation du premier étalon international du radium.
— Novembre. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de l'Université de Manchester
(Grande-Bretagne).
— 8 décembre. Marie Curie grand prix Nobel de Chimie.
décembre. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société des auditrices des
— 9Écoles
supérieures Eliza Orzeszkowa de Lwôw.
— 11 décembre. Marie Curie élue membre à titre étranger de l'Académie royale des
Sciences de Göteborg.
— 29 décembre. Marie Curie transportée dans une maison de santé.
1912. Location par Marie Curie d'un appartement à Paris, 36 quai de Béthune.
— Mars. Marie Curie opérée des reins par Charles Walther.
— Location par Marie Curie d'une maison à Brunoy, au nom de Dluska.
— Marie Curie se rend à Thonon.
— Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société chimique de Belgique et
membre collaborateur de l'Institut impérial de Médecine de Saint-Pétersbourg.
— 21 avril. Marie Curie élue membre actif de la Société scientifique de Varsovie.
— Mai. Les intellectuels de Varsovie ayant formé le projet de créer un laboratoire de
radio-activité offrent à Marie Curie d'en prendre la direction. Elle refuse, mais envoie
deux de ses meilleurs assistants, les Polonais Danysz et Wertenstein.
CHRONOLOGIE XVII

Mai. Marie Curie docteur honoris causa de l'Université de Lwôw.


1912.
Juillet. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société des Amis des Sciences de
Wilno.
Été. Marie Curie et ses filles passent des vacances chez Mrs. Ayrton, dans une villa
de la côte anglaise.
Octobre. Marie Curie docteur honoris causa (Sciences techniques) de l'École Poly-

technique de Lwôw.
1913. Voyage à Varsovie pour inauguration du Pavillon de radio-activité.
— 25 avril. Marie Curie élue membre de l'Académie royale des Sciences d'Amsterdam
(section des Sciences mathématiques et physiques).
— 29 avril. Marie Curie élue membre fondateur du musée des Tatras Chalubinski à
Zakopane.
Été. Marie Curie et ses filles passent des vacances en Engadine. Elles y retrouvent

Einstein et son fils.
— 11 septembre. Marie Curie est présentée au vice-chancelier de l'Université de Bir-
mingham, avec d'autres gradués.
— 27-31 octobre. Marie Curie assiste à la deuxième réunion, à Bruxelles, du Comité
scientifique de l'Institut international de Physique Solvay dont elle est membre.
— Décembre. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Association des Sciences et des
Arts d'Edimbourg.
1914. Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société physico-médicale de l'Uni-
versité de Moscou.
— 19 février. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Institut scientifique de Moscou.
— Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Institut d'Hygiène de Londres.
— Avril. Marie Curie élue membre correspondant de l'Académie des Sciences natu-
relles de Philadelphie.
— Mai. Marie Curie élue membre d'honneur de la « Cambridge Philosophical Society ».
— Mai. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Université de Kazan.
— Juillet. Achèvement de l'Institut du Radium, rue Pierre-Curie.
— 3-4 septembre. Voyage de Marie Curie à Bordeaux, pour mettre en sûreté le gramme
de radium de son laboratoire, et retour à Paris.
— Marie Curie élue membre d'honneur du Conseil national des Femmes françaises.
1914-1918. Missions aux armées.
1916-1918. Marie Curie fonde un enseignement de la radiologie et forme des manipulateurs
et des manipulatrices pour les hôpitaux de l'armée.
1916. 28 juillet. Certificat de capacité pour la conduite des voitures à pétrole délivré à
Marie Curie.
1917. 19 décembre. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société royale espagnole
d'Électrologie et de Radiologie médicales.
1918. Marie Curie membre du Comité des corps radio-actifs au ministère de l'Armement.
Mission en Italie du Nord pour étudier les ressources du
pays en matières radio-actives.
Irène Curie nommée préparateur délégué au laboratoire dirigé par sa mère.
XVIII PIERRE ET MARIE CURIE

1919. Installation de Marie Curie à l'Institut du Radium.


Avril. Marie Curie participe aux travaux du Congrès de Médecine de Madrid.
25 avril. Marie Curie décorée de la grand-croix de l'ordre civil d'Alphonse XII.
Été. Vacances à L'Arcouest.

1920. Création de la Fondation Curie, sur l'initiative du baron Henri de Rothschild, et du
Conseil de l'Institut du Radium de l'Université de Paris pour en favoriser le dévelop-
pement.
22 mars. Marie Curie désignée par le Conseil de la Société française de Physique

pour représenter la Société au Comité français de l'Union internationale de Physique
et de Mécanique.
ordinaire de l'Académie royale des Sciences et des
— 9 avril. Marie Curie élue membre
Lettres de Danemark.
— Mai. Rencontre de Marie Curie et de Mrs. Meloney.
1921. Mars. Marie Curie élue membre de l'Académie de Christiania (classe des Mathéma-
tiques et des Sciences naturelles).
— 20 avril. Marie Curie élue membre d'honneur de l' « American Museum of Natural
History ».
— 20 avril. Marie Curie élue membre d'honneur du « New York mineralogical Club ».
— 23 avril. « Ellen Richards Research Prize » décerné à Marie Curie par l'Association
américaine d'aide à la recherche scientifique.
— 28 avril. Gala à l'Opéra de Paris en l'honneur de Marie Curie.
— Mai-juin. Premier voyage de Marie Curie en Amérique.
— 9 mai. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société chimique de New Jersey.
— 13 mai. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de Smith College (Northampton,
Mass.).
— 14 mai. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Association des professeurs de Chi-
mie de Nouvelle-Angleterre.
— 19 mai. Marie Curie élue membre d'honneur du « British Institute of Radiology »
de Londres.
— 19 mai. Acte de donation du gramme de radium obtenu par souscription volontaire
des femmes des U.S.A.
— 20 mai. Remise du gramme de radium symbolique, à la Maison Blanche.
— 23 mai. Marie Curie docteur en médecine honoris causa de l'Académie de Médecine
de Pennsylvanie.
— 24 mai. Remise du diplôme de la « John Scott Medal » au siège de la Société
américaine de Philosophie (New York).
— 26 mai. Marie Curie docteur en droit honoris causa de l'Université de Pittsburg.
— 27 mai. Marie Curie visite l'usine de radium de Pittsburg.
— Juin. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Académie Knox des Arts et des Sciences
(Thomaston, Maine).
— Juin. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société radiologique de l'Amérique
du Nord.
— Ier juin. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de « Columbia University ».
— 2 juin. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Alliance française de New York.
CHRONOLOGIE XIX

1921. 6-7 juin. Marie Curie élue membre


d'honneur de la Société américaine du Radium.
14 juin. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de l'Université de Chicago.
14 juin. « The Willard Gibbs Medal » décernée à Marie Curie.
— 15 juin. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de la « Northwestern University
Evanston » de Chicago.
— 16juin. Marie Curie élue membre d'honneur de la « Buffalo Society ofNatural Sciences ».
— 20 juin. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de Wellesley College (Mass.).
— 22 juin. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de l'Université de Yale.
— Juillet. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société de Chimie industrielle de
Paris.
— 25 septembre. Marie Curie élue membre d'honneur de « Nordisk Förening för medi-
cinsk radiologi » (Stockholm).

Médaille d'or décernée à Marie Curie par l'Institut national des Sciences sociales
(« National Institute of Social Sciences »).
Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur du Groupe académique russe de Bel-
1922.
gique.
— Médaille d'or décernée à Marie Curie par la Société radiologique de l'Amérique du
Nord.
— 7 février. Marie Curie élue membre associé libre de l'Académie de Médecine de
Paris.
— 15 mai. Marie Curie nommée membre de la Commission internationale de Coopé-
ration intellectuelle à la S.D.N.
1923. Marie Curie élue membre de la Société des recherches psychiques de Grèce.
— Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société roumaine d'Hydrologie
médicale et de Climatologie.
— Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Union des mathématiciens et phy-
siciens tchécoslovaques (Prague).
— Mai. Marie Curie élue membre extraordinaire de l'Académie royale des Sciences de
Hollande.
— Juillet. Marie Curie opérée de la cataracte.
— 26 décembre. Célébration à la Sorbonne du 25e anniversaire de la découverte du
radium et remise de la « récompense nationale » à Marie Curie.
— 26 décembre. Inauguration du Dispensaire de la Fondation Curie.
1924. 23 février. Marie Curie citoyenne d'honneur de la ville de Varsovie.
— 25 février. Marie Curie docteur honoris causa de l'Université de Varsovie.
— 27 février. Marie Curie citoyenne d'honneur de la ville de Riga (Lettonie).
— Mars. Grand prix du marquis d'Argenteuil décerné, pour l'année 1922, à Pierre et à
Marie Curie par la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, avec médaille
de bronze.
— Mars. Marie Curie subit deux opérations de la cataracte.
— Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société polonaise de Chimie de
Varsovie.
— Août-septembre. Médaille du Bon Mérite décernée à Marie Curie par le gouverne-
ment roumain.
XX PIERRE ET MARIE CURIE

1925. Mars. Irène Curie docteur ès sciences.


— Pâques. Voyage de Marie Curie et d'Irène en Algérie.
— Marie Curie pose la première pierre de l'Institut du Radium de Varsovie.
1926. 19 mai. Marie Curie élue membre correspondant de la « Pontificia Accademia Tibe-
rina » (Rome).
— 16 juin. Mémorandum de Marie Curie sur la question des bourses internationales
pour l'avancement des sciences et le développement des laboratoires.
— Juillet. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société de Pharmacie et de Chi-
mie de Sâo Paulo.
— 4 juillet. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société médicale de Lublin.
— Juillet-août. Tournée de conférences en Amérique du Sud (Brésil).
— Août. Marie Curie élue membre correspondant de l'Académie brésilienne des
Sciences.
— 25 août. Remise à Marie Curie du diplôme d'honneur de la Fédération brésilienne
du Progrès féminin.
— Octobre. Marie Curie docteur honoris causa de l'École polytechnique de Varsovie
(section de Chimie).
— Octobre. Voyage de Marie Curie à Copenhague (conférence).
— 9 octobre. Mariage d'Irène Curie et de Frédéric Joliot.
— Décembre. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Académie des Sciences de
Moscou.
1927. Janvier. Marie Curie élue membre à titre étranger de la Société royale des Sciences
et des Lettres de Bohême.
— 15 janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Académie des Sciences de
l'U.R.S.S.
— 27 janvier. Marie Curie élue membre d'honneur du « New Zealand Institute ».
— 19 septembre. Naissance d'Hélène Joliot, premier enfant de Frédéric Joliot et d'Irène
Curie.
1928. Marie Curie élue membre d'honneur de l' « Inter-State Post-Graduate Assembly of
North America ».
— Attribution à Marie Curie de la médaille d'honneur de la « New York City Federation
of women's Clubs ».
— 20 juin. Marie Curie élue membre correspondant de la Société des Amis des Sciences
de Poznan.
— 11 décembre. Mort d'Emile Armet de Lisle, directeur de la première usine de radium.
1929. 19 juin. Marie Curie docteur en droit honoris causa de l'Université de Glasgow.
— 20 juin. Marie Curie citoyenne d'honneur de la ville de Glasgow.
— Octobre. Second voyage de Marie Curie aux U.S.A.
— 26 octobre. Marie Curie docteur ès sciences honoris causa de l'Université St-Lawrence.
1930. Marie Curie opérée de la cataracte pour la quatrième fois.
— 2 janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Académie de Médecine de New
York.
CHRONOLOGIE XXI

1930. 14
juin. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société française des inventeurs
et savants.
25 juin. Marie Curie élue membre d'honneur de l' «
American College of Radiology ».
janvier. Marie Curie élue membre d'honneur de la « Ligue mondiale pour la paix ».
1931. 30
Février. Prix Cameron décerné à Marie Curie par l'Université d'Edimbourg.

Avril. Voyage en Espagne.
Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société espagnole de Physique et de
Chimie.
24 avril. Marie Curie élue membre à titre étranger de l'Académie des Sciences exactes,
physiques et naturelles de Madrid.
— 14 mai. Marie Curie élue membre d'honneur du «Joseph Conrad Club of Marquette
University » (Milwaukee).
juin.
3 Rapport présenté par Marie Curie devant l'Académie de Médecine de Paris,

sur le principe de la propriété scientifique.
— Juillet. Remise
à Marie Curie de la médaille d'or décernée par le Collège américain
de Radiologie.
1932. Mars. Marie Curie élue membre de l'Académie allemande des Sciences naturelles
de Halle.
— 12 mars. Naissance de Pierre, fils de Frédéric Joliot et d'Irène Curie.
— Avril. Marie Curie souffre de lésions aux doigts, provoquées par le radium.
— 29 mai. Inauguration à Varsovie de l'Institut du Radium Marie Sklodowska-Curie.
— 31 mai. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société médicale de Varsovie.
— 24 septembre. Marie Curie élue membre d'honneur de la Société tchécoslovaque de
Chimie.
— Décembre. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Association internationale des
médecins, dentistes et pharmaciens de New York.
à Madrid un débat sur l' « Avenir de la Culture ».
1933. Marie Curie préside
— Janvier. Marie Curie élue membre d'honneur du « Science Fiction Club ».
— Avril. Marie Curie élue membre d'honneur de l'Institut britannique de Radiologie
et de la Société Röntgen.
— Octobre. A Bruxelles, pour les séances du Comité scientifique de l'Institut international
de Physique Solvay.
1933-1934. Découverte de la radio-activité artificielle par Frédéric et Irène Joliot-Curie.
1934. Pâques. Voyage de Marie Curie dans le Midi de la France, en compagnie de sa soeur
Bronia Dluska.
— 6 juin. Marie Curie entre à la Clinique médicale de Paris, 6 rue Piccini (XVIe).
— 2g juin. Marie Curie est transportée au sanatorium de Sancellemoz.
— 4 juillet. Mort de Marie Curie.
6 juillet. Inhumation de Marie Curie au cimetière de Sceaux.
Publication posthume du dernier ouvrage de Marie Curie, intitulé Radioactivité.
1935.
— Frédéric et Irène Joliot-Curie prix Nobel de Physique.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

par Mme CURIE, Paris, Payot, 1924. In-16. (Les Grands


Pierre Curie, Hommes de France. Col-
lection dirigée par Paul Gauthier.)
MARIE CURIE, Pierre Curie, avec une étude des
« Carnets de laboratoire » par Irène Curie, Paris, éd.
Denoël, 1955. In-8°. (Cité sous la forme abrégée Pierre Curie.)
EVE CURIE, Madame Curie, Paris, Gallimard, 1938. In-8°. (Cité
en abrégé : Madame Curie.)
Marie Curie, ma mère, par Irène JOLIOT-CURIE, dans Europe, 32e année, n° 108, décembre 1954,
pp. 89-121.
Les Curie. Présentation par Eugénie COTTON... Paris, éd. Seghers, 1963. In-16. (Savants du
monde entier, 14.)
PL. I

Pierre et Marie Curie en 1895,


dans le jardin de la maison de Sceaux (n° 85).
Hangar de la découverte du radium, rue Lhomond (n° 98, 4).
PL. III

Pierre Curie,
portrait par de la Perche-Boyer, 1906 (n° 179).
PL. IV

Mme Curie, Irène et Eve (n° 200)


Lettre de Mme Curie à sa fille Irène,
Paris, 17 août 1914 (n° 254).
Albert Einstein et Mme Curie, Genève, 1925 (n° 358).
PL. VII

Frédéric et Irène Joliot-Curie dans leur laboratoire (n° 425).


PL. VIII

Eve Curie (n° 430)


PREMIÈRE PARTIE

ENSEMBLE
I
MARIA SKLODOWSKA

Dans ce qui fut la Pologne, malheureux pays que les traités de 1815 ont
démembré et que se partagent alors la Prusse, l'Autriche et la Russie, à Varsovie,
principale ville du territoire soumis à l'empire tsariste, ville dans laquelle l'ensei-
gnement est obligatoirement dispensé en langue russe, les parents de Maria Sklo-
dowska, professeurs l'un et l'autre, subissent en silence le régime d'oppression,
tout en maintenant vivaces sentiment patriotique, esprit de résistance et espoir
d'une libération future.
Ménage d'intellectuels, foyer cultivé, mais situation modeste qui permet à
peine d'élever cinq enfants, quatre filles et un fils dont l'intelligence justifie toutes
les espérances. Maria est la dernière, mais, de tous, certainement la plus brillante
et la plus douée. Dons multiples d'ailleurs : « [...] je m'intéressais à la littéra-
ture et à la sociologie autant qu'aux sciences », écrira-t-elle un jour. Cependant,
devenue institutrice privée par dévouementfraternel plus encore que par nécessité,
lorsqu'elle vivra repliée sur elle-même, loin des siens, à la campagne, l'isolement
lui permettra de découvrir ses « préférences réelles » ; comme son père, elle optera
finalement pour les mathématiques et la physique, et ce choix la conduira, quelques
années plus tard, à Paris.

I. VARSOVIE

I. CARTE GÉNÉRALE DE POLOGNE d'après le traité de 1815 et avec


les Provinces démembrées par la Russie, la Prusse et l'Autriche,
en 1772, 1793 et 1795, réduite d'après les Dessins originaux des
grandes cartes de Micislas, par Brunet. Paris, H. Langlois fils,
1831. — B.N., Cartes et Plans, Ge. D. — 14383.

2. JOZEF SKAODOWSKI, photographie.


Grand-père paternel de Mme Curie. D'une lignée de propriétaires ou de fermiers
aisés, originaires du village de Sklody, agglomération située à une centaine de kilo-
4. PIERRE ET MARIE CURIE

mètres au nord de Varsovie, Jozef Sklodowski, directeur du lycée de garçons de Lublin,


fut le premier intellectuel de la famille.

3. FELIKS BOGUSKI, photographie.


Grand-père maternel de Mme Curie, il appartenait à une famille de petite noblesse
terrienne.

4. WLADYSLAW SKLODOWSKI, photographie.


Après des études scientifiques à l'Université de Saint-Pétersbourg, le père de
Mme Curie revint à Varsovie où il enseigna les mathématiques et la physique.

5. BRONISLAWA SKLODOWSKA, photographie.


Fille aînée de Feliks Boguski, la mère de Mme Curie épousa Wladyslaw Sklodowski
en 1860. Cette photographie a été prise peu de temps avant sa mort (1878).

6. LES CINQ, ENFANTS SKLODOWSKI, photographie.


Quatre filles et un garçon, habituellement désignés par les diminutifs de leurs pré-
noms : de gauche à droite, Zozia (Zofia), l'aînée, Hela (Helena), l'avant-dernière,
Mania (Maria), la benjamine, Jozio (Jozef), le deuxième et Bronia (Bronislawa) la
troisième.

7. PENSIONNAT DE LA RUE FRETA, à Varsovie, photographie.


Mme Sklodowska y fut d'abord professeur, avant de prendre la direction de l'éta-
blissement. Les Sklodowski habitèrent rue Freta, de leur mariage jusqu'en 1868. A
cette date, Wladyslaw Sklodowski fut nommé professeur et sous-inspecteur au gymnase
de la rue Nowolipki. Logés, ils abandonnèrent la rue Fréta où Maria était née;
Mme Sklodowska céda son institution pour demoiselles de bonne famille à l'occasion
de ce changement de situation. Sur la photographie, les élèves; au centre, M. et
Mme Sklodowski. — La maison natale de Mme Curie est devenue un laboratoire en
son honneur.

8. SEIZE VUES de Varsovie en 1856, lithographie en camaïeu.


B.N., Est., Vc. 344. —

On y voit notamment l'église des Carmélites, la place de Saxe et la rue du faubourg de


Cracovie, qui jouèrent un rôle dans l'enfance et la jeunesse de Mme Curie.

9. ÉGLISE NOTRE-DAME, à Varsovie, carte postale.


Maria y fut baptisée, mais elle fit sa première Communion dans l'église des Domi-
nicains, les Sklodowski ayant quitté dans l'intervalle le gymnase de la rue NowoJipki
pour s'installer dans un appartement situé au coin de la rue Nowolipki et de la rue des
Carmélites.
ENSEMBLE 5

10. (a) « PENSION SIKORSKA », (b) MADEMOISELLE SIKORSKA, photo-


graphies.
C'est dans cette pension privée, qui portait le nom de sa directrice, que Maria fit
ses premières études. Elle y fut une élève brillante, « implacablement première en
calcul, première en histoire, première en littérature, en allemand, en français, en
catéchisme [...] » (Madame Curie, p. 21).

II. PLACE STARE MIASTO, à Varsovie, carte postale.


Située dans le vieux quartier de Varsovie, celui où Maria naquit.

12. MARIA SKLODOWSKA en 1882, photographie.


Née le 7 novembre 1867, Maria est alors âgée de quinze ans.

13. RUE NOWY SWIAT, à Varsovie, peinture à l'huile par Wladyslaw


Podkowinski, 1892. 1,20 x 0,84. — Musée national de Varsovie.

14. KAZIA (KAZIMIERA) PRZYBOROWSKA, photographie.


Fille du bibliothécaire des comtes Zamoyski, et amie préférée de Maria Sklodowska.

15. LA PLACE DE SAXE à Varsovie, en 1842, lithographie en noir par


Arnout. — B.N., Est., Vc. 344.
Au milieu de la place, un obélisque entouré de quatre lions, avec l'inscription : « Aux
Polonais fidèles à leur monarque ». Cet hommage rendu aux traîtres par le tsar était,
pour tous ceux qui n'avaient pas accepté le régime d'oppression, un objet de dégoût.
Maria, comme beaucoup de ses compatriotes, respectait la tradition qui voulait que
l'on crachât lorsqu'on passait devant ce monument.

16. ÉGLISE DE LA VISITATION, à Varsovie, carte postale.


A côté de l'église, le gymnase du faubourg de Cracovie où Maria Sklodowska ter-
mina ses études secondaires (voir le numéro suivant).

17. CERTIFICAT DE FIN D'ÉTUDES du Gymnase de Varsovie décerné à


Marie Salomée Sklodowska, Varsovie, 12 juin 1883, en langue
russe, avec traduction française établie par François Luniewski,
traducteur assermenté près le tribunal d'arrondissement de Var-
sovie, Varsovie, 24 septembre-6 octobre 1891.
Toutes les notes de l'élève étaient excellentes, sa « conduite » et son « assiduité »
6 PIERRE ET MARIE CURIE

de même. Aussi, le conseil pédagogique décida-t-il « de la récompenser en lui décernant


la médaille d'or » (voir le numéro suivant).

18. MÉDAILLE DÉCERNÉE PAR LE GYMNASE DE VARSOVIE A MARIA


SKLODOWSKA.
— Or. Diam. : 37 mm.
rOCYAAPblHfl. HMI1EPATP. MAPIfl AJlEKCAHflPOBHA.
Buste de profil à droite de l'impératrice Maria Alexandrovna, femme d'Alexandre II
de Russie.
Au revers: 3A BJIArOHPABIE H ycn-BXH BT> HAyKAXT>
Une femme debout de face, en Athéna, personnifiant la réussite dans les études scien-
tifiques. Elle tient de la main droite une couronne et de la gauche elle élève une lampe
antique. Près d'elle, à ses pieds, une chouette de face, le globe du monde, le casque
d'Athéna posé près d'un piédestal.
Signé à l'exergue : B. HHKOH. P.
Cette médaille est conservée dans un écrin violet, doublé de velours de la même
teinte et de satin blanc.
[Les notices de médailles et de décorations, qui figurent dans ce catalogue, sont dues
à Mlle Josèphe Jacquiot, conservateur au Cabinet des Médailles.]

19. MARIA SKLODOWSKA en 1883, photographie.

2. INSTITUTRICE PRIVÉE
20. (a) MAISON DE LA FAMILLE SKLODOWSKI à Zawieprzyce, photo-
graphie de la Bibliothèque de Lublin. (b) JÔZEF KOTARBI^SKI,
photographie.
Ses études secondaires brillamment terminées, Maria fut envoyée par son père à la
campagne. Hébergée pendant un an chez des parents de province, notamment à
Zawieprzyce, elle vécut d'une vie insouciante et gaie, dont elle narre les menus événe-
ments dans des lettres écrites à son amie Kazia : « J'ai été pour quelques jours à
Zwola. II y avait là un acteur, Monsieur Kotarbinski, qui a fait notre joie. Il a
tellement chanté de chansons et déclamé de vers, il nous a tant fait de farces et il a
cueilli tant de groseilles à notre intention que, le jour de son départ, nous lui avons
tressé une grande couronne de coquelicots, d'oeillets sauvages, de bleuets, et au moment
où le break s'ébranlait, nous la lui avons jetée en hurlant : « Vivat... Vivat, Monsieur
Kotarbinski !» Il a aussitôt mis la couronne sur sa tête et ensuite il l'a, paraît-il,
emportée dans une valise jusqu'à Varsovie » (Madame Curie, pp. 37-38).

21. COSTUMES POPULAIRES POLONAIS : (a) le fiancé, (b) la fiancée,


(c) costume de Zakopane, (d) costume de Cracovie; cartes pos-
tales.
Pendant l'hiver 1883-1884, Maria Sklodowska se rendit chez son oncle Zdzislaw
Sklodowski, notaire à Skalbmierz, près de la frontière de Galicie. Là, pendant le car-
naval, elle participa en costume de paysanne cracovienne à la fête du « kulig » : des
ENSEMBLE 7
traîneaux qui partent le soir, escortés de garçons à cheval brandissant des torches,
de musiciens, et qui conduisent au son des violons danseurs et danseuses de maison en
maison. « ...J'ai goûté une fois de plus aux délices du carnaval [...] et j'imagine que
plus jamais je ne m'amuserai autant, car les bals ordinaires, en habits et robes du soir,
n'excitent pas cet entrain, cette gaieté folle [...]. Ce kulig a été, d'un bout à l'autre,
un ravissement. Nous avons dansé une mazurka blanche à huit heures du matin, au
grand jour [...] » (Lettre de Maria à sa soeur Bronia, citée dans Madame Curie, pp. 39-40.)

22. KEMPA, photographie.


En juillet 1884, Maria et sa soeur Héla furent invitées pendant deux mois par la
comtesse de Fleury, une Polonaise mariée à un Français, et ancienne élève de
Mme Sklodowska. Sur la photographie, M. et Mme de Fleury, à l'arrière-plan; en
avant et à gauche, Maria.
« Kempa est au confluent de la Narew et de la Biebrza : c'est te dire que l'eau ne
manque ni pour se baigner, ni pour canoter, ce qui m'enchante. J'apprends à ramer
— je fais déjà des progrès
— et les baignades sont idéales. Nous faisons tout ce qui nous
passe par la tête, nous dormons tantôt la nuit, tantôt le jour, nous dansons, nous faisons
de telles folies que nous mériterions parfois d'être enfermées dans un asile d'aliénés... »
(Lettre de Maria à son amie Kazia, citée dans Madame Curie, p. 40.)

23. MADEMOISELLE PIASECKA, photographie.


De retour à Varsovie, à l'automne 1884, Maria fréquente les cours de l' « Université
volante », c'est-à-dire les leçons données par des maîtres bénévoles aux jeunes gens
soucieux de se cultiver. Ces cours avaient lieu en secret, chez Mlle Piasecka ou dans
un autre domicile privé. Institutrice de gymnase, Mlle Piasecka est une ardente « posi-
tiviste » qui, avec d'autres, veut servir la Pologne asservie en lui constituant un magni-
fique capital intellectuel et en développant l'instruction. « Stimulée par Mlle Piasecka,
Maria va donner des leçons à des femmes du peuple. Elle fait la lecture aux employées
d'un atelier de confection et elle réunit, volume par volume, une petite bibliothèque
en polonais, à l'intention des ouvrières » (Madame Curie, p. 47).

24. MARIA SKLODOWSKA et sa soeur Bronia en 1886, photographie.


Une photographie analogue à celle-ci fut offerte par Maria à l'une de ses camarades,
Maria Rakowska, avec cette dédicace : « A une positiviste idéale, de deux idéalistes
positives ».

25. MAISON DES ZÔRAWSKI, à Szczuki, photographie.


Sa soeur Bronia souhaitant aller faire des études de médecine à Paris, Maria décida
de se placer comme institutrice privée pour pouvoir lui envoyer quelques subsides.
Après un court passage dans une famille d'avocat, à Varsovie, « une de ces maisons
riches où, lorsqu'il y a du monde, on parle français — un français de ramoneurs — où
l'on ne paye pas les factures pendant six mois, où pourtant l'on jette l'argent par les
fenêtres tout en économisant chichement sur le pétrole des lampes » et où Maria y
gagne « de connaître un peu mieux l'espèce humaine » (cité dans Madame Curie, p. 53),
elle accepte d'aller « à la campagne, dans le gouvernement de Plock, pour cinq cents
roubles par an à dater du Ier janvier [1886] ». Ses nouveaux patrons, M. et Mme Zoraw-
ski, « administrateurs de domaines, exploitent une partie des terres des princes Czarto-
ryski, à cent kilomètres au nord de Varsovie » (op. cit., p. 55).
8 PIERRE ET MARIE CURIE

26. BRONKA (BRONISLAWA) ZÔRAWSKA, photographie.


Fille aînée des Zôrawski, avec laquelle Maria Sklodowska noua très vite des relations
amicales. Au milieu des jeunes filles « qui n'ouvrent pas la bouche, à moins qu'elles ne
soient provocantes », Bronka semble à Maria « une perle rare, tant par son bon sens
que par sa compréhension de la vie » (lettre à sa cousine Henriette, 3 février 1886,
citée dans Madame Curie, p. 56).

27. ANDZIA ZÔRAWSKA, photographie.


« J'ai sept heures de travail par jour », écrit Maria à l'une de ses cousines : « quatre
avec Andzia, trois avec Bronka. C'est un peu beaucoup, mais tant pis ! » Andzia est
une enfant de dix ans, « docile, mais très désordonnée et gâtée » ; Bronka en a dix-
huit (Madame Curie, p. 56). Avec l'aide de celle-ci, Maria décide d'apprendre à lire
aux enfants du village, illettrés pour la plupart. « C'est presque un petit cours, car nous
avons dix élèves. Ils travaillent avec beaucoup de bonne volonté — pourtant notre
tâche est parfois très difficile [...] » (Lettre à sa cousine Henriette, 3 septembre 1886,
dans op. cit., p. 59.)

28. MARIA SKLODOWSKA en 1888, photographie.


« [...] bien souvent je dissimule sous des rires mon profond manque de gaieté. C'est
une chose que j'ai appris à faire lorsque j'ai compris que les êtres qui ressentent chaque
chose aussi vivement que moi, et qui ne sont pas en état de changer cette disposition de
leur nature, doivent tout au moins la dissimuler le plus possible [...] » (lettre de Maria
à son amie Kazia, 25 octobre 1888, citée dans Madame Curie, p. 68.)

29. LETTRE DE JEAN WORTMAN à Mme Joliot-Curie, Varsovie, 7 juil-


let 1934.
Écrite après la mort de Mme Curie, elle contient des détails intéressants sur la période
pendant laquelle Maria Sklodowska, institutrice dans la famille Zôrawski, se passionne
pour l'étude des sciences. Au signataire de cette lettre, chimiste dans une sucrerie de
Szczuki, et qui lui donna une vingtaine de leçons en 1889, Maria fit un jour cette
réponse qui est déjà tout un programme : « La chimie consiste dans l'étude des phéno-
mènes physiques qui se produisent dans la sphère des atomes et molécules et s'exté-
riorisent dans les masses ».

30. TRAITÉ DE CHIMIE minérale et organique... par MM. Ed. Willm,


M. Hanriot...
... B.N., Impr., — Paris, G. Masson, 1888-1889. 4 vol. in-8°.
— 8° R. 8432.
Un exemplaire de cet ouvrage fut prêté à Maria Sklodowska par Jean Wortman (cf.
n° 29). En 1925, celui-ci pria Mme Curie « de bien vouloir signer le livre qui fut son
premier « bouquin » de chimie » et le donna plus tard au Comité du Musée Sklodowska-
Curie, fondé à l'Institut du Radium de Varsovie.
ENSEMBLE 9

31. MADAME FUCHS, 1889, photographie.


La tâche de Maria auprès des enfants Zôrawski se termine au printemps 1889. Elle
quitte alors Szczuki, revient à Varsovie et de là se rend chez les Fuchs, ses nouveaux
patrons, qu'elle rejoint à Sopot, plage sur la mer Baltique. « M. et Mme Fuchs m'atten-
daient à la gare. Ils sont très gentils et je me suis attachée aux enfants. Tout sera donc
bien — et d'ailleurs il le faut. » (Lettre à son amie Kazia, 14 juillet 1889, citée dans
Madame Curie, p. 72.)

32. MARIA ET HELA SKLODOWSKA en 1889, photographie.


De sa soeur Hela, Maria disait : « Elle sera toujours l'enfant « mineure » de notre
famille, et je sens qu'il est de mon devoir de veiller sur elle — la pauvre petite en a telle-
ment besoin ! » (Madame Curie, p. 74.)

33. CASIMIR (KAZIMIERZ) DLUSKI, photographie.


Dans une lettre de mars 1890 (citée dans Madame Curie, p. 73), Bronia écrivait à sa
soeur Maria : « ... Si tout va comme nous l'espérons je pourrai sûrement me marier
au moment des vacances. Mon fiancé [Casimir Dluski] sera déjà docteur et moi je
n'aurai plus que mon dernier examen à passer. Nous resterons encore une année à
Paris [...]. Si tu réunis quelques centaines de roubles cette année tu pourras, l'an pro-
chain, venir à Paris et habiter chez nous où tu trouveras le gîte et la nourriture. Il faut
absolument que tu aies quelques centaines de roubles pour les inscriptions à la Sor-
bonne [...]. Il faut que tu prennes cette décision ; il y a trop longtemps que tu attends !
Je te garantis qu'en deux ans tu seras licenciée [...] ».

3. ÉTUDIANTE A PARIS

34. MARIE SKLODOWSKA en 1892, photographie.


Arrivée à Paris l'année précédente (nov. 1891), Marie s'installa d'abord chez sa
soeur et son beau-frère. Elle est ici représentée sur le balcon de leur appartement,
92, rue d'Allemagne (aujourd'hui avenue Jean-Jaurès).

35. PAUL APPELL, photographie.


Professeur de mathématiques à la Sorbonne, il fut le maître de Marie Sklodowska,
en même temps que Gabriel Lippmann et Edmond Bouty, pour la physique.

36. PROBLÈMES de physique rédigés


par Marie Sklodowska, 8 avril
1892, 8 mars et 19 avril 1893, manuscrits autographes.
A l'encre rouge, corrections du professeur.
10 PIERRE ET MARIE CURIE

37. MARIE SKLODOWSKA, photographie d'un dessin signé MR et daté


du 8 mars 1892.
A cette époque, Marie est surtout liée avec des Polonais ou des Polonaises : Mlles Kras-
kowska et Dydynska, deux mathématiciennes, le docteur Motz, le biologiste Danysz,
Stanislas Szalay qui épousera plus tard sa soeur Hela.

38. IGNACE (IGNACY) PADEREWSKI, photographie dédicacée à Casi-


mir Dluski.
Les Dluski recevaient fréquemment des compatriotes, dont Ignace Paderewski et
celle qui deviendra plus tard sa femme, Mme Gôrska. Pour échapper à la distraction
de ces soirées joyeuses et s'isoler plus facilement dans le travail, Marie décida de vivre
seule. Dans le quartier des Écoles, 3, rue Flatters, boulevard de Port-Royal ou 11, rue
des Feuillantines, elle occupa successivement une petite chambre sous les toits.

39. TROIS CAHIERS DE PROBLÈMES, 1893-1894, manuscrits autographes


de Marie Sklodowska.
Le premier est un recueil de problèmes donnés par Paul Painlevé ; le second contient
des problèmes de mécanique correspondant au programme de licence (1894) et le troi-
sième des problèmes d'analyse et de fonctions analytiques.

40. QUATRE CAHIERS DE COURS pris en Sorbonne, 1893 - 1894, manus-


crits autographes de Marie Sklodowska.
Cours d'analyse (Paul Painlevé), de mécanique rationnelle (Paul Appell) et confé-
rences de M. Puiseux.

41. DIPLÔME DE LICENCIÉE ES SCIENCES PHYSIQUES délivré à Marie


Sklodowska, Paris, 30 novembre 1893.
Le 28 juillet 1893, Marie Sklodowska était admise au grade de licenciée avec men-
tion très bien et le n° 1.

42. MARIE SKLODOWSKA en 1894, photographie.

43. DIPLÔME DE LICENCIÉE ES SCIENCES MATHÉMATIQUES accordé à


Marie Sklodowska, Paris, 22 décembre 1894.
Reçue le 28 juillet 1894, avec mention assez bien, Marie Sklodowska arrivait en
deuxième position, avec un total de 68 points, ainsi répartis entre les trois matières
de l'examen d'une part, l'écrit et l'oral de l'autre : analyse 13 et 15, mécanique 15 et 16,
astronomie 1 et 8.
ENSEMBLE II
44. CAHIER DE NOTES D'EXPÉRIENCESsur les aimants, 1896 - 1897, manus-
crit autographe de Marie Curie.
Ces notes servirent à la préparation du travail intitulé Recherches sur les propriétés
magnétiques des aciers trempés, paru dans le Bulletin de la Société d'encouragementpour l'Industrie
nationale (1898), le seul travail qui n'appartienne pas au domaine de la radio-activité
et qui fut « fait en vue d'étudier l'influence de la composition chimique des aciers sur
leurs propriétés magnétiques et la manière dont ces propriétés sont modifiées par les
conditions de trempe ». Pour cette étude, demandée à Marie Sklodowska en 1894, il
fallait une installation encombrante qui ne pouvait prendre place dans le laboratoire
surchargé du professeur Lippmann. C'est alors qu'intervint Kowalski, professeur de
Physique à l'Université de Fribourg : venu à Paris pour donner des conférences, il mit
sa compatriote en rapport avec Pierre Curie. Ce dernier, préparateur à l'École muni-
cipale de Physique et de Chimie industrielles, accueillit rue Lhomondla jeune Polonaise
et son matériel.
II
PIERRE CURIE

Fils et petit-fils de médecin, Pierre Curie fut élevé sans contrainte par un
père féru de sciences, « idéaliste de tempérament » et ardemment républicain,
opposé à toute servitude matérielle ou morale. Ses études, poursuivies de façon
irrégulière, lui laissèrent le temps de regarder autour de lui, « de nouer avec les
choses une liaison intime et complète dont il conserva toujours l'empreinte, devenu
incapable de cette connaissance hâtive, superficielle et insipide qu'on acquiert si
bien dans les livres », selon les termes de Paul Langevin.
Rêveur, méditatif, ce « doux entêté », cet ingénieux inventeur, ce manipulateur
adroit fut de bonne heure attiré par la physique cristalline. En partant de la pyro-
électricité, c'est-à-dire de l'électrisation spontanée de certains cristaux par échauf-
fement, étudiée par Friedel, Pierre Curie, travaillant en collaboration avec son
frère aîné Jacques, mit en évidence le dégagement d'électricité par compression ou
étirement des milieux cristallisés et découvrit ainsi le phénomène de la piézo-
électricité. « [...] il devait à son remarquable esprit mathématique, à
sa faculté
singulière de vision géométrique intérieure, de se mouvoir avec une véritable aisance
dans ce milieu de la symétrie dont la plupart des physiciens ne possèdent qu'une
connaissance verbale », écrit encore Paul Langevin. A différentes reprises, et
comme Pasteur que la cristallographie avait intéressé avant lui, Pierre Curie
reviendra sur ce passionnant sujet d'expériences et de réflexions, qu'il n'eût peut-
être jamais abandonné sans le hasard d'une rencontre, celle de Marie Sklodowska.

I. ORIGINES ET JEUNESSE
45. EXTRAIT du registre des actes de naissance de Mulhouse, Mul-
house, 11 novembre 1897.
Naissance d'Eugène Curie, le 28 août 1827, fils de Paul-François-Gustave-Étienne
Curie, docteur en médecine à Mulhouse, et d'Augustine Hofer. Eugène Curie appar-
tenait à une famille de « petite bourgeoisie peu fortunée », famille « originaire d'Alsace
et protestante » (Pierre Curie, p. 9).
14 PIERRE ET MARIE CURIE

46. MAIRIE Extrait du registre des actes de naissance pour


DE LYON.
l'année 1832, Lyon, 12 mars 1942.
Naissance de Sophie-Claire Depoully, fille de Joseph-Charles Depoully, négociant,
et de Catherine-Adèle Gonin, le 15 janvier 1832 ; elle appartenait à une famille
savoyarde.

47. MÉDAILLE D'HONNEUR ATTRIBUÉE « AU CITOYEN CURIE » ÉLÈVE


EXTERNE DE MÉDECINE DE L'HÔPITAL DE LA PlTlÉ. Bronze.
Diam. : 52 mm.
Dans une couronne de feuilles de chêne : REPVBLIQVE I FRANÇAISE.
Au revers : Deux génies soutenant une couronne au-dessus d'un cartouche sur le pour-
tour duquel on lit MINISTERE DE L'INTERIEVR.
Dans le champ : AV Cen | CVRIE I ELEVE EXTERNE I DEVOUEMENT I
AUX BLESSES I JVIN 1848.
Cette médaille est conservée dans une reliure portefeuille sur laquelle l'inscription
suivante est écrite en lettres dorées sur fond bleu-vert : MINISTERE DE L'INTE-
RIEUR I MEDAILLE D'HONNEUR. DIPLOME.
Elle fut instituée en 1815 par le ministre de l'Intérieur pour récompenser les per-
sonnes qui se signaleraient par des actes de courage et de dévouement. Par décision
royale du 2 décembre 1833, le port en fut autorisé. Le ruban était tricolore (bleu,
blanc, rouge).

48. DIPLÔME DE LA MÉDAILLE D'HONNEUR décernée par le ministre de


l'Intérieur au Dr Eugène Curie, Paris, 5 octobre 1848.
« Récompense pour Belles Actions [...] au citoyen Curie [...] pour le zèle et le
dévouement dont il a fait preuve en donnant ses soins aux Blessés des Journées de
Juin 1848 [...]. » Le 24 février précédent, il avait été atteint d'une balle qui lui brisa
une partie de la mâchoire.

49. DOCTEUR EUGÈNE CURIE, photographie.


Il eût aimé consacrer sa vie au travail scientifique, mais ses charges de famille l'obli-
gèrent à embrasser la carrière médicale. Sans négliger totalement les recherches expé-
rimentales qu'il avait entreprises avec des moyens de fortune, sur l'inoculation de la
tuberculose notamment, il commença par exercer sa profession à Paris. Après la Com-
mune, abandonné d'une partie de sa clientèle bourgeoise parce qu'il avait soigné les
blessés sur les barricades et parce qu'il avait des idées avancées (il était libre penseur
et anticlérical), il accepta une situation de médecin inspecteur du service de protection
des enfants en bas âge et, avec sa famille, alla vivre en banlieue.

50. RECONSTITUTION des actes de l'état civil de Paris, naissances,


Paris, 18 septembre 1873.
« Pierre Curie naquit le 15 mai 1859, dans une maison située en face du Jardin des
Plantes, rue Cuvier, où habitaient ses parents à l'époque où son père travaillait dans
les laboratoires du Muséum ; il était le deuxième fils du docteur Curie, de trois ans
et demi moins âgé que son frère Jacques. » (Pierre Curie, p. 12.)
ENSEMBLE 15

51. DIPLÔME DE BACHELIER ES SCIENCES de Pierre Curie, Paris, II mai


1876.
Pierre Curie avait obtenu son baccalauréat le 9 novembre 1875, sans avoir fréquenté
école ou lycée. « Son instruction première lui fut donnée d'abord par sa mère, puis
par son père et son frère aîné [...]. Les qualités intellectuelles de Pierre Curie n'étaient
point de celles qui permettent d'assimiler rapidement un programme d'études scolaires.
Son esprit rêveur ne se soumettait pas à la réglementation de l'effort intellectuel imposé
par l'école [...]. Vers l'âge de quatorze ans [...] Pierre Curie [...] fut confié à un excel-
lent professeur, A. Bazille, qui lui enseigna les mathématiques élémentaires et les
mathématiques spéciales. » (Pierre Curie, p. 13 et p. 15.)

52. PIERRE CURIE en 1876, photographie.


« [...] grand et mince [...], d'aspect timide et réservé. » (Pierre Curie, p. 18.)

53. TROIS EXTRAITS du registre d'inscription des élèves en pharmacie,


21 novembre 1876, 24 novembre 1877 et 3 décembre 1878.
Délivrés à Pierre Curie, inscrit en qualité d'élève stagiaire chez M. Vigier, pharma-
cien à Paris, 6, rue du Bac.

54. LA FAMILLE CURIE en 1878, photographie.


Au premier plan, le Dr Eugène Curie et sa femme ; au second plan, Jacques Curie à
gauche, Pierre à droite.

55. DIPLÔME DE LICENCIÉ ES SCIENCES PHYSIQUES de Pierre Curie,


Paris, 31 janvier 1878.
Le certificat d'aptitude au grade fut accordé à Pierre Curie le 21 novembre 1877.

56. ARRÊTÉ DE NOMINATION de Pierre Curie comme préparateur-


adjoint au laboratoire de Physique de la Faculté des Sciences de
Paris, Paris, 22 janvier 1878.
Avec effet du Ier janvier. — Pendant ses études, Pierre Curie avait été remarqué par
Desains, directeur du laboratoire des Hautes Études, et par Mouton, sous-directeur
de ce même laboratoire. « Grâce à leur appréciation, il fut nommé [...], en 1878, pré-
parateur de Desains à la Faculté des Sciences de Paris et chargé des manipulations
de physique des élèves ; il occupa cette situation pendant cinq ans, et c'est alors qu'il fit
ses premières recherches expérimentales. » (Pierre Curie, pp. 17-18.)

57. ARRÊTÉ DE NOMINATION de Pierre Curie comme préparateur au


laboratoire de Physique de la Faculté des Sciences de Paris, Paris,
17 septembre 1880.
La nomination partait du Ier août précédent et le traitement annuel passait de
douze cents à quinze cents francs. Mais « absorbé par ses occupations professionnelles
16 PIERRE ET MARIE CURIE

et par ses recherches », Pierre Curie « dut renoncer à suivre les cours de mathématiques
supérieures et ne passa plus d'examens » (Pierre Curie, p. 18).

58. PIERRE CURIE, Fragment de journal, 4 janvier 1881, manuscrit


autographe.
Sous le titre, emprunté à Victor Hugo (Le Roi s'amuse), « Étourdir de grelots l'esprit
qui veut penser », des réflexions sur les difficultés de se concentrer et ce jugement sur
les femmes que l'avenir devait démentir : « Les femmes de génie sont rares. Aussi
lorsque poussé par quelque amour mystique nous voulons entrer dans quelque voie
antinaturelle, lorsque nous donnons toutes nos pensées à quelqu'oeuvre qui nous éloigne
de l'humanité qui nous touche, nous avons à lutter avec les femmes ».

59. QUARTZ PIÉZO-ÉLECTRIQUE. — École municipale de Physique et


de Chimie industrielles.
Cet appareil, inventé par Jacques et Pierre Curie et « qui sert à mesurer, en valeur
absolue, de faibles quantités d'électricité, ainsi que des courants électriques de faible
intensité [...] a, plus tard, rendu de grands services dans les recherches sur la radio-
activité » (Pierre Curie, p. 23).

60. DEUX ÉLECTROMÈTRES A QUADRANTS. — École municipale de


Physique et de Chimie industrielles.
C'est au cours de leurs recherches sur la piézo-électricité que Jacques et Pierre Curie
furent amenés à établir un nouveau type d'électromètre à quadrants, mieux adapté aux
besoins de leur travail, instrument généralisé plus tard, en France, sous le nom d'élec-
tromètre Curie. En 1883, Jacques Curie fut nommé maître de conférences de minéra-
logie à Montpellier, ce qui mit fin à la collaboration scientifique des deux frères.

2. PREMIÈRES RECHERCHES
61. ARRÊTÉ DE NOMINATION de Pierre Curie en qualité de prépara-
teur de Physique à l'École municipale de Physique et de Chimie
industrielles, Paris, 31 octobre 1882.
Cette nomination prenait effet le lendemain Ier novembre. Pierre Curie recevait un
traitement annuel de 4 000 francs brut. Comme chef des travaux d'abord, comme pro-
fesseur ensuite, Pierre Curie travaillera pendant vingt-deux ans, la presque totalité
de sa vie scientifique, dans les vieux bâtiments du collège Rollin, aujourd'hui détruits.

62. SUR LES QUESTIONS D'ORDRE : RÉPÉTITIONS, par M. Pierre Curie.


— Tours, impr. Paul Bousrez, s.d. In-8°.
Ce travail « sur les questions d'ordre et de répétitions qui sont à la base de l'étude de
la symétrie cristalline » (Pierre Curie, p. 28), parut dans le Bulletin de la Société minéralo-
ENSEMBLE 17

gique de France (t. VII, 1884, pp. 89-111). Sur deux feuillets joints et sur la page de titre,
remarques autographes de Pierre Curie; des corrections de sa main, p. 5.

63. PIERRE CURIE, Répétitions dans un milieu illimité, manuscrit


autographe.
Pour faire suite au mémoire intitulé Sur les questions d'ordre : répétitions (voir n° 62).

64. SUR LA SYMÉTRIE par M. Pierre Curie. — Tours, impr. Paul


Bousrez, s.d. In-8°. (Tiré à part du Bulletin de la Société minéralo-
gique de France, t. VII, 1884, pp. 418-457.)

Les recherches théoriques ou expérimentales de Pierre Curie en matière de physique


cristalline « se groupent autour d'un principe très général : principe de symétrie, qu'il
réussit à dégager peu à peu, et dont l'énoncé définitif a été donné par lui dans des
mémoires publiés seulement au cours des années 1893 à 1895 » (Pierre Curie, p. 29).
Ce principe « affirme l'impossibilité de voir se produire un phénomène physique donné
dans un milieu qui ne présente pas une certaine dissymétrie minima, caractéristique
du phénomène, dissymétrie qui ne peut se trouver dans l'effet si elle ne préexiste dans
la cause, dans l'état du milieu » (Paul Langevin, Pierre Curie, dans La Revue du mois,
juillet 1906, p. 30). A toutes les époques de sa vie, Pierre Curie revint sur la répartition
de la matière cristalline suivant les lois de la symétrie, qui constituait pour lui un pas-
sionnant sujet de réflexions et d'études.

65. PIERRE CURIE, Minute autographe d'une lettre à un destinataire


non désigné, Sceaux, septembre 1895.
Sur l'importance des notions de symétrie. « N'est-il pas remarquable par exemple
que pour le champ électrique il existe des plans de symétrie passant par la direction
du champ tandis que pour le champ magnétique il n'existe plus qu'un seul plan de
symétrie normal à la direction du champ ? Beaucoup de questions se trouvent éclaircies
par ces considérations sur la symétrie. Dans le cas de la pyroélectricité par exemple,
l'action de la chaleur n'apportant par elle-même aucune dissymétrie, il faut que cette
dissymétrie provienne du cristal lui-même qui doit avoir une symétrie égale ou inférieure
à celle du champ électrique. »

66. SUR LA FORMATION DES CRISTAUX et sur les constantes capillaires


de leurs différentes faces, par M. Pierre Curie (dans Bulletin de la
Société minéralogique de France, t. VIII, 1885, pp. 145-150).
— B.N.,
Impr., 8° S. 1473.
« Dans ce mémoire, très court, se trouve exposée, pour la première fois, une théorie
qui permet de comprendre pourquoi les cristaux développent certaines faces simulta-
nément, avec une extension particulière, et, par conséquent, pourquoi les cristaux pos-
sèdent une forme déterminée. » (Pierre Curie, p. 28, n. I.)
l8 PIERRE ET MARIE CURIE

67. PIERRE CURIE, « Conférences. — Problèmes », autour de 1888,


manuscrit autographe.
Un cahier recouvert de toile beige, commencé par les deux bouts. En dehors des
derniers feuillets, écrits tête-bêche et contenant une liste de travaux divers, dont ceux de
Jacques et de Pierre Curie, l'essentiel de ce carnet traite de problèmes de conductibilité,
capillarité, pression, etc. Plusieurs pages concernent la balance et sont probablement
à l'origine de l'appareil inventé par Pierre Curie et exposé sous le n° 70.

68. BREVET D'INVENTION délivré à Pierre Curie par arrêté du ministre


du Commerce, à dater du 6 octobre 1888, et pour quinze ans,
Paris, 20 novembre 1888.
Pour « une balance apériodique et à lecture directe des derniers poids », qui marque
son retour aux recherches expérimentales. « Dans cette balance, l'usage des petits poids
est supprimé par l'emploi d'un microscope au moyen duquel on vise un micromètre fixé
à l'extrémité d'un des bras du fléau. La lecture se fait quand l'oscillation du fléau est
arrêtée, ce qui se produit très rapidement, grâce à l'utilisation d'amortisseurs à air
convenablement construits. Cette balance a réalisé un progrès considérable par rapport
aux anciens systèmes ; elle s'est montrée tout particulièrement précieuse dans les labo-
ratoires d'analyse chimique où la rapidité des pesées est fréquemment un gage de pré-
cision. » (Pierre Curie, p. 35.)

69. CONTRAT passé entre Pierre Curie et la Société centrale de Pro-


duits chimiques. Paris, 26 décembre 1888.
Aux termes de ce contrat, Pierre Curie donnait à la Société centrale de Produits
chimiques la jouissance exclusive d'un Brevet demandé par lui, le 6 octobre précédent,
sur « une balance de précision apériodique et à lecture directe des divers poids ». La
Société se chargeait « de toutes les dépenses entraînées par l'exploitation industrielle
et commerciale de la balance (Frais de Brevet, construction, prospectus, imprimés,
gravures et clichés, etc.) ».

70. BALANCE inventée par Pierre Curie. — Société centrale de


Produits chimiques.

71. BREVET D'INVENTION délivré à Pierre Curie par arrêté du ministre


du Commerce, à dater du 7 août 1897, et pour quinze ans, Paris,
2 décembre 1897.
Pour « perfectionnements dans la fabrication des balances de précision ».

72. SUR UN ÉLECTROMÈTRE astatique pouvant servir comme watt-


mètre, par MM. R. Blondlot et P. Curie... Nancy, impr. Ber-
ger-Levrault, 1889. In-8°. —
— B.N., Impr., 8° R. Pièce 4256.
ENSEMBLE 19

73. LETTRE AUTOGRAPHE de lord Kelvin à Pierre Curie, Largs (Ayr-


shire), 3 août 1893.
La découverte de la piézo-électricité par Jacques et Piene Curie les conduisit à
inventer le quartz piézo-électrique (voir n° 59). Découverte et invention furent à l'ori-
gine de la correspondance entretenue avec Pierre Curie par le célèbre physicien anglais.
Au mois d'octobre 1893, lord Kelvin se rendit au laboratoire de Pierre Curie pour
parler avec lui de certains sujets et « to see more of your curves representing the magneti-
sation or iron at different temperatures ».

3. DE LA CRISTALLOGRAPHIE A LA RADIO-ACTIVITÉ

74. SUR LA SYMÉTRIE dans les phénomènes physiques, symétrie d'un


champ électrique et d'un champ magnétique ; par M. P. Curie.
— Sur la possibilité d'existence de la conductibilité magnétique
et du magnétisme libre; par M. P. Curie.
Deux articles extraits du Bulletin des séances de la Société de Physique, premier fascicule,
1894, portant une dédicace « à Mlle Sklodowska avec le respect et l'amitié de l'auteur
P. Curie ».
Les recherches de Pierre Curie sur le magnétisme le conduisirent à la découverte
d'une loi fondamentale, la « loi de Curie », d'après laquelle « le coefficient d'aiman-
tation des corps faiblement magnétiques varie en raison inverse de la température
absolue » (Pierre Curie, p. 36).

75. PIERRE CURIE en 1894, photographie.


Au printemps 1894, Marie Sklodowskarencontra pour la première fois celui qui allait
devenir son mari. « J'avais passé les examens de la licence de physique et je préparais
ceux de la licence de mathématiques; en même temps, je commençais à travailler au
laboratoire de recherches du professeur Lippmann. Un physicien polonais, avec qui
j'étais en relation, et qui estimait beaucoup Pierre Curie, nous invita un jour ensemble
pour passer la soirée avec lui et sa femme. Quand j'entrai, Pierre Curie se tenait dans
l'embrasure d'une porte-fenêtre donnant sur un balcon. Il me parut très jeune, bien
qu'il fût alors âgé de trente-cinq ans. J'ai été frappée par l'expression de son regard
clair et par une légère apparence d'abandon dans sa haute stature. Sa parole un peu
lente et réfléchie, sa simplicité, son sourire à la fois grave et jeune inspiraient confiance.
Une conversation s'engagea entre nous, bientôt amicale; elle avait pour objet des
questions de sciences sur lesquelles j'étais heureuse de demander son avis, puis des
questions d'intérêt social ou humanitaire auxquelles nous nous intéressions tous deux.
Il y avait entre sa conception des choses et la mienne, malgré la différence de nos pays
d'origine, une parenté surprenante, attribuable, sans doute, en partie, à une certaine
analogie dans l'atmosphère morale, au milieu de laquelle chacun de nous avait grandi
dans sa famille. » (Pierre Curie, pp. 42-43).
20 PIERRE ET MARIE CURIE

76. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à Marie Sklodowska,


10 août 1894, avec enveloppe. — Pl. : Deuxième page de couverture.
Avant de quitter Paris pour un séjour en Suisse et en Pologne, Marie Sklodowska
avait dû confier à Pierre Curie ses hésitations quant à l'avenir : reviendrait-elle en
France ou resterait-elle à Varsovie, auprès de son père ? Dans cette lettre, Pierre Curie
lui rappelle leur promesse réciproque « d'avoir l'un pour l'autre au moins une grande
amitié». Puis il ajoute : « [...] ce serait cependant une belle chose, à laquelle je n'ose
croire, que de passer la vie l'un près de l'autre hyp[n]otisés dans nos rêves : votre rêve
patriotique, notre rêve humanitaire et notre rêve scientifique. De tous ces rêves là le dernier seul
est je crois légitime ». Impuissance à changer l'état social, mais possibilité d'oeuvrer
sur un terrain « plus solide », celui des sciences.

77. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à Marie Sklodowska, mardi


14 août [1894], avec enveloppe.
Après avoir souhaité aller la rejoindre à Fribourg et après avoir obtenu de Marie la
permission de le faire, Pierre Curie ne donna pas suite à ce projet : « [...] il m'est venu
une sorte de honte de vous poursuivre ainsi presque malgré vous [...] ». Et il ajoute :
« [...] je ne sais pourquoi je me suis mis en tête de vous retenir en France de vous exiler
de votre pays et des vôtres sans avoir rien de bon à vous offrir en échange de ce sacri-
fice ».

78. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à Marie Sklodowska, Mar-


seille, 7 septembre [1894].
« Je vous conseille vivement de revenir à Paris au mois d'octobre. Cela me ferait
beaucoup de peine si vous ne veniez pas cette année ; mais ce n'est pas par égoïsme
d'ami que je vous dis de revenir. Je crois seulement que vous travaillerez mieux et que
vous ferez ici besogne plus solide et plus utile. »

79. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à Marie Sklodowska,


Sceaux, le 17 septembre 1894, avec enveloppe.
Il la remercie de l'envoi de son portrait et se réjouit de son retour prochain : [...]
vous allez revenir à Paris et cela me fait grand plaisir. Je désire vivement que nous
devenions pour le moins des amis inséparables. N'êtes vous pas de cet avis ? » La lettre
contient aussi une allusion aux phénomènes de spiritisme, à l'étude desquels se livrait
alors Jacques Curie, frère de Pierre : « [...] ces phénomènes spirites m'intriguent beau-
coup aussi. Je crois qu'il y a dedans des questions qui touchent de près à la physique.
Il y a un agent inconnu dans ces phénomènes. Ne serait-ce pas simplement le magné-
tisme libre ? » Plus tard, Pierre et Marie participeront à des séances de spiritisme pour
essayer d'en percer les secrets.

80. PIERRE CURIE, Notes pour ses cours à l'École municipale de Phy-
sique et de Chimie industrielles, manuscrit autographe.
Leçon du 30 mars 1895 : Théorie générale de la symétrie dans un milieu limité.
ENSEMBLE 21

81. PROPRIÉTÉS MAGNÉTIQUES des corps à diverses températures, par


M. P. Curie. — Paris, Gauthier-Villars et fils, 1895. In-8°. —
B.N., Impr., 4° R. 489 (840).
Thèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris pour obtenir le grade de docteur
ès sciences physiques, soutenue en mars 1895. Le texte a été repris dans les Annales de
Chimie et de Physique, 7e série, t. V, juillet 1895, pp. 289-405. — « C'est vers 1891 que
Pierre Curie commença une longue série de recherches sur les propriétés magnétiques
des corps à diverses températures, depuis la température ambiante jusqu'à 14000. »
(Pierre Curie, p. 35.) Ces recherches, poursuivies pendant plusieurs années, aboutirent
au travail ci-dessus.
82. DIPLÔME DE DOCTEUR ES SCIENCES PHYSIQUES de Pierre Curie,
Paris, 12 juin 1895.
Le certificat d'aptitude au grade lui avait été accordé le 6 mars précédent.

83. RÉUNION DU DIMANCHE chez le docteur Curie, à Sceaux, photo-


graphie.
Avant de s'installer à Sceaux, rue des Sablons (aujourd'hui rue Pierre-Curie), la
famille Curie habita Fontenay-aux-Roses,de 1883 à 1892.
III
DIX ANS DE COLLABORATION

Le 26 juillet 1895, Pierre Curie épousait Marie Sklodowska. Avant son


mariage, la jeune Polonaise avait passé brillamment en Sorbonne la licence de
physique et celle de mathématiques. Agrégée de l'enseignement secondaire en 1896,
elle décidait alors de préparer une thèse de doctorat et fixait son choix sur un sujet
d'étude que les récents travaux de Becquerel avaient porté à l'attention des physi-
ciens. Poussé par les recherches d'Henri Poincaré sur les corps « fluorescents »
et la propriété que pouvaient avoir ces corps d'émettre des rayons semblables aux
rayons X découverts par Rontgen, Becquerel avait examiné les sels d'urane, « métal
rare », et constaté que ces sels, maintenus à l'abri de la lumière, émettaient spon-
tanément et constamment des radiations et que les gaz soumis à ces rayons déchar-
geaient les corps électrisés. Mais ces particularités restaient énigmatiques. Marie
Curie entreprit donc de trouver une solution aux problèmes posés par ces radia-
tions, problème de nature, problème d'origine de l'énergie dégagée, et de percer le
mystère d'un phénomène qui, bientôt, lui devra son nom : radio-activité.

Recherches longues, analyses minutieuses, facilitées cependant par la méthode


que Pierre et Jacques Curie avaient mise au point et qui reposait sur l'emploi
d'un électromètre Curie, d'un quartz piézo-électrique et d'une chambre d'ionisation.
Ainsi les travaux antérieurs de Pierre Curie jouèrent un rôle déterminant dans la
découverte du radium. De plus, Pierre Curie ne tarda pas à laisser de côté ses
propres investigations pour apporter à sa femme la plus efficace des collaborations.
Leurs deux écritures alternent sur les pages des carnets utilisés pendant le trai-
tement du minerai de pechblende et les notes présentées à l'Académie des Sciences
sont signées de leurs deux noms. S'il fallait faire une distinction entre la part qui
revient à l'un et à l'autre, ce serait celle qu'établit Irène Joliot-Curie (Marie
Curie, ma mère) : « Alors que Pierre Curie était surtout attiré par les problèmes
passionnants posés aux physiciens par l'émission des rayonnements mystérieux
émis par ces matières nouvelles, par les difficultés d'interprétation soulevées par
leur passage à travers la matière, Marie Curie avait le désir tenace de voir
un sel
de radium pur, de
mesurer son poids atomique, et en s'obstinant dans ce sens, elle
n'a pas donné seulement satisfaction à son propre désir, car beaucoup de scienti-
24 PIERRE ET MARIE CURIE

fiques auraient été très longs à se convaincre de la réalité des nouveaux éléments
si cette preuve n'avait pas été apportée ».

I. UN MÉNAGE DE SAVANTS

84. PIERRE ET MARIE CURIE, photographie. — Pl. : Première page de


couverture.

85. PIERRE ET MARIE CURIE en 1895, dans le jardin de la maison de


Sceaux, photographie. — PL I.
C'est à la mairie de Sceaux que Pierre et Marie Curie furent unis, le 26 juillet 1895.
Après avoir parcouru l'Ile-de-France en bicyclette, comme voyage de noces, ils s'ins-
tallèrent en octobre à Paris, 24, rue de la Glacière.

86. TROIS CARNETS DE COMPTES (brouillons), 1895-1908, manuscrits


autographes de Marie Curie.
Au début de leur mariage, avec des ressources modestes, les Curie devaient faire des
prodiges d'économie pour équilibrer leur budget. — Il convient de signaler que, dans
le troisième carnet, il y a une interruption de la mort de Pierre Curie ( 19 avril) au mois
d'octobre 1906. Un quatrième carnet comprend la période 1909-1916 et un cinquième
va de 1917 à 1926.

87. TROIS REGISTRES DE RECETTES ET DÉPENSES, octobre 1895-1912,


manuscrits autographes de Marie Curie.
Mise au net des carnets précédents.

88. ARRÊTÉ DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, des Beaux-Arts


et des Cultes en faveur de Marie Sklodowska-Curie, Paris,
15 août 1896.
Aux termes de cet arrêté, Marie Curie était nommée « agrégée de l'Enseignement
secondaire des Jeunes Filles dans l'ordre des Sciences (Section des Sciences mathéma-
tiques) ». Elle avait été reçue avec le n° I (sur quatre).

89. DEUX CAHIERS DE COURS, 1896-1897, manuscrits autographes de


Marie Curie.
Notes prises au cours d'élasticité de M. Brillouin et à un cours d'électrostatique.
ENSEMBLE 25

90. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à sa femme, Paris, 19 juil-


let 1897.
Quelques phrases en polonais se rencontrent au début et dans le corps de cette lettre,
écrite par Pierre à Marie, alors en vacances à Port-Blanc (Côtes-du-Nord).

91. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à sa femme, Paris, 27 juil-


let 1897.
S'adressant à sa « chère petite enfanticule bien aimée », il lui narre les événements
de sa vie courante et professionnelle.

92. CARTE POSTALE AUTOGRAPHE de Marie Curie à son mari, Port-


Blanc, mardi [28 juillet 1897] ; en polonais.
« Mon cher mari, Aujourd'hui le temps est beau, le soleil luit et il fait chaud.
Mlle Dydynska n'est pas encore venue. Je suis très triste sans toi. Viens vite, je t'attends
du matin au soir et je ne sais pas quand tu viendras. Mon père était un peu souffranthier
et aujourd'hui.Je pense que ce n'est rien de grave, mais il ne peut pas manger et il est
faible. Moi, je me porte bien. Je travaille autant que je peux, mais le livre de Poincaré
est plus difficile que je ne pensais. J'ai besoin de parler avec toi de ce que je lis et de voir
avec toi ce qui est difficile à comprendre et ce qui est important. Je t'embrasse de tout
coeur et te serre dans mes bras. Ta M. » (Traduction de Mme Rapacka.)

93. MARIE CURIE, Poème (en polonais), manuscrit autographe.


Écrit pour Mlle Dydynska, sur papier à en-tête : « Ville de Paris. École municipale
de Physique et de Chimie industrielles ». En voici la traduction, due à Mme Rapacka :
L'ÉTUDIANTE
Toujours plus haut il faut grimper
Bien que les six étages vous saisissent d'effroi
Car l'étudiante loge d'habitude près du ciel,
Sous le toit d'une chambre qui est loin d'être merveilleuse :
Froide en hiver, brûlante en été,
Ah, si pauvre et si petite,
Mais agréable et tranquille.
Connaissant ses peines et ses fatigues,
C'est ce logement qui l'accueille sans mépris
Lorsqu'elle rentre de ses cours pour un instant
Pour se faire cuire un dur biftek,
Et le soir, c'est cet asile silencieux, somnolent, qui l'attend
Lorsque le bruit du jour s'apaise
Et que, la bibliothèque étantfermée,
En étudiant la nuit, elle passe dans cette cellule
Des heures si nombreuses avant de s'étendre sur sa misérable couche
Poury reposer un bref moment.
Ah, combien sévèrement s'écoulent ses jeunes années
Alors qu'autour d'elle les jeunes gens,
D'une ardeur toujours nouvelle
Appellent avidement les distractionsfutiles.
26 PIERRE ET MARIE CURIE

Elle cependant, dans la solitude,


Vit silencieusement et gaiement
Car dans sa cellule habite
L'ardeur qui dilate le cour.
Avec elle vit son idéal qui l'a emmenée à l'étranger
Poury conquérirpar un labeur muet et persévérant
La lumière tant désirée.
C'est cette lumière qu'elle cherche,
C'est son aiguillon et sa nostalgie,
La science constitue ses délices
Et l'Université sa distraction.
Mais ce temps bienheureux passe,
Ilfaut quitter le pays de la science
Afin de lutter, sur la route grise de la vie
Pour un morceau de pain.

Souvent alors la pensée,


Fatiguéepar le bruit de la vie ou par la souffrance
Revient dans le passé, pleine de nostalgie
Pour se fortifierpar le souvenir.
C'est dans la mansarde que la pensée retourne,
Dans ce coin toujours cher à son cour
Où habitait un travail silencieux
Et où est resté le monde des souvenirs.

94. LETTRE AUTOGRAPHE de Charles Friedel à Pierre Curie, Paris,


3 mars 1898.
Pierre Curie, qui avait posé sa candidature à la chaire de Chimie physique de la
Faculté des Sciences, ne fut pas élu. Friedel lui annonce son échec et ajoute : « [...]
malgré les efforts de Lippmann, de Bouty, de Pellat et les miens, malgré les éloges
que vous ont valu de vos adversaires même vos beaux travaux, que vouliez-vous
faire contre un Normalien et contre les partis-pris des mathématiciens ».

95. ARRÊTÉ du préfet de la Seine déléguant Pierre Curie, à titre pro-


visoire, dans les fonctions de professeur de Physique générale à
l'École municipale de Physique et de Chimie industrielles, Paris,
7 mars 1898.
La chaire avait été créée par arrêté ministériel du 31 décembre 1895 et grâce à l'in-
tervention du physicien Mascart, professeur au Collège de France, « impressionné par
la valeur de Pierre Curie et par l'estime que lui accordait lord Kelvin » (Pierre Curie,
p. 41). Pierre Curie, dont la nomination prenait effet à dater du Ier janvier 1898,
recevait une indemnité annuelle de 2 000 francs, qui s'ajoutait à son traitement de
préparateur. Lorsqu'il obtiendra la chaire de Physique à la Faculté des Sciences,
il sera suppléé pendant six mois (octobre 1904-mars 1905), à l'École de Physique et
de Chimie, par Langevin dont l'indemnité sera prélevée sur le traitement du titulaire.
Pierre Curie donnera sa démission le Ier octobre 1905.
ENSEMBLE 27
96. PIERRE CURIE, Questions d'examen pour les élèves de 2e et 3e
années de l'École municipale de Physique et de Chimie indus-
trielles, 1899, manuscrit autographe.
Aucun programme de cours n'étant imposé à Pierre Curie, « il partagea d'abord ses
leçons entre la cristallographie et l'électricité, puis, reconnaissantde plus en plus l'utilité
d'un cours théorique sérieux d'électricitépour de futurs ingénieurs,il se consacra entière-
ment à ce sujet et réussit à établir un enseignement (en cent vingt leçons environ), le
plus complet et le plus moderne alors à Paris [...]. Il songeait à publier un traité résu-
mant cet enseignement, mais, absorbé par des préoccupations multiples pendant les
années suivantes, il ne put malheureusement mettre ce projet à exécution » (Pierre
Curie, pp. 48-49). De ces « préoccupations multiples », les recherches qui aboutirent à la
découverte du radium venaient en tête.

2. LA DÉCOUVERTE DU RADIUM

97. HENRI BECQUEREL, photographie.


En étudiant la phosphorescencedes sels d'uranium, Becquerelput vérifier l'hypothèse
émise par Henri Poincaré, hypothèse selon laquelle les corps phosphorescents devaient
être capables d'émettre des rayons analogues aux rayons de Rôntgen. Mais il constata
également, en 1896, que des fragments de sel d'uranium placés à l'abri de la lumière
depuis six mois émettaient cependant des radiations et que les gaz soumis à ces rayons
déchargeaient les corps électrisés. Ces rayons nouveaux, appelés rayons uraniques, exci-
tèrent l'intérêt des physiciens et des chercheurs, dont Marie Sklodowska en quête d'un
sujet de thèse de doctorat.

98. HANGAR DE LA DÉCOUVERTE DU RADIUM, rue Lhomond, quatre


photographies. — Musée de l'Institut du Radium.
1. Petite cour où étaient faits les traitements dégageant des gaz neufs.
2. Un coin du hangar. Sur le tableau noir, écriture de Pierre Curie.
3. Appareil de mesures : électromètre et quartz piézo-électrique avec chambre
d'ionisation.
4. Le poêle, seul moyen de chauffage, et les tables qui servaient pour les traitements
chimiques. — PI. II.
Pierre Curie avait obtenu du directeur de l'École municipale de Physique et de
Chimie industrielles « l'autorisation d'utiliser un atelier vitré situé au rez-de-chaussée,
servant de magasins et de salle de machines » (Pierre Curie, p. 58). Séparé de l'atelier
où se trouvait l'installation électrométrique (voir n° 99), le hangar, « une baraque en
planches, au sol bitumé et au toit vitré, protégeant incomplètement de la pluie, dépour-
vue de tout aménagement ; elle contenait pour tout matériel des tables de bois de sapin
usées, un poêle en fonte dont le chauffage était très insuffisant et le tableau noir dont
Pierre Curie aimait tant à se servir. Il ne s'y trouvait pas de hottes pour les traitements
qui dégagent des gaz nuisibles; il fallait donc exécuter ces opérations dans la cour
quand le temps le permettait, sinon il fallait les faire à l'intérieur, laissant les fenêtres
ouvertes » (Pierre Curie, pp. 62-63).
28 PIERRE ET MARIE CURIE

99. CHAMBRE D'IONISATION. — École municipale de Physique et de


Chimie industrielles.
« Pour étendre les résultats obtenus par Becquerel, il était nécessaire d'employer
une méthode quantitative précise. Le phénomène se prêtant le mieux à la mesure était
la conductibilité provoquée dans l'air par les rayons d'uranium; ce phénomène [...]
porte le nom d'ionisation [...]. Pour mesurer les courants très faibles que l'on peut faire
passer dans l'air ionisé par les rayons d'uranium », Marie Curie disposait d'une
« méthode excellente étudiée et appliquée par Pierre et Jacques Curie, méthode qui
consiste à compenser sur un électromètre sensible la quantité d'électricité apportée
par le courant, par celle que peut fournir un quartz piézo-électrique. L'installation se
composait donc d'un électromètre Curie [voir n° 60], d'un quartz piézo-électrique [voir
n° 59] et d'une chambre d'ionisation; celle-ci était formée par un condensateur à plateaux,
dont le plateau supérieur était relié à l'électromètre tandis que le plateau inférieur,
chargé à un potentiel connu, était recouvert d'une couche mince de la substance exa-
minée. Cette installation électrométrique n'était guère à sa place dans le local encombré
et humide où il a fallu la placer » (Pierre Curie, pp. 58-59). — A signaler que la chambre
d'ionisation est faite avec des boîtes à conserves.

100. APPAREILLAGE DE LA RADIO-ACTIVITÉ. — Musée de l'Institut du


Radium.
Montage industriel des éléments exposés sous les nos 59, 60 et 99.

101. PIERRE ET MARIE CURIE, Quatre carnets de laboratoire, 1897-


1899, manuscrits autographes.
Ces carnets contiennent, notés au jour le jour, les expériences et les calculs qui condui-
sirent à la découverte du radium. A l'exception du premier carnet qui est presque tout
entier de la main de Marie Curie, l'écriture de Pierre alterne d'une page à l'autre ou
sur une même page avec celle de sa femme. Les trois premiers carnets portent, sur la
couverture de toile noire, une étiquette placée par Mme Curie et précisant le contenu :
I
a) Curie - 1897-1898. Étude Uranium ; b) M. Curie 1898. Uranium II ; c) M. Curie,

1898-1899. Uranium III-Polonium. Au début du dernier carnet, un titre Batterie d'accu


mutation. « Contrairement à ce que l'on croit généralement, Pierre Curie s'est occupé
autant du travail chimique que des mesures physiques et un très grand nombre des sché-
mas de traitement sont écrits de sa main. Il a fait aussi certaines des déterminationsde
poids atomique de baryum radifère. » (Madame Curie, p. 105.)

102. PIERRE ET MARIE CURIE, Cahier de notes, 1897-1906, manuscrit


autographe.
Au début, examen de minéraux, premières expériences de Marie Curie en relation
avec la radio-activité. Ici encore, l'écriture de Pierre Curie alterne avec celle de sa
femme.

103. RAYONS par les composés de l'uranium et du thorium. Note


ÉMIS
de Mme Sklodowska-Curie présentée par M. Lippmann. (Comptes
ENSEMBLE 29
rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, t. 126, 1898,
pp. 1101-1103.) — B.N., Impr., R. 3946.
Cette première note de Mme Curie, lue à la séance du 12 avril 1898, fut le point de
départ de la découverte du radium. Elle fait état de la présence, dans les minerais de
pechblende, d'un corps nouveau, doué d'une radio-activité beaucoup plus puissante
que celle de l'uranium et du thorium.

104. SUR UNE SUBSTANCE NOUVELLE RADIO-ACTIVE, contenue dans la


pechblende. Note de M. P. Curie et de Mme S. Curie, présentée
par M. Becquerel. (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Aca-
démie des Sciences, t. 127, 1898 [séance du 18 juillet], pp. 175-178.)
— B.N., Impr., R. 3946.
Après avoir séparé par l'analyse chimique tous les corps qui constituent la pechblende,
mesuré la radio-activité de chacun et procédé par éliminations successives, Pierre et
Marie Curie ne gardèrent que deux fractions chimiques, preuve de l'existence de deux
corps nouveaux distincts. A la première de ces deux substances, voisine du bismuth par
ses propriétés chimiques, Marie donna le nom de Polonium, en hommage à son pays
d'origine.

105. LETTRE AUTOGRAPHE de Louis Olivier, directeur de la Revue géné-


rale des Sciences, à Mme Curie, Paris, 13 juin 1898.
La parution de l'article « sur les rayons uraniques », dont il est question dans cette
lettre et qui était destiné à la revue, sera retardée de sept mois par la découverte du
radium, en octobre 1898, le directeur ayant manifesté le désir, par une nouvelle missive
en date du 31 décembre, de voir Marie Curie introduire dans son texte, à côté du polo-
nium, ce nouvel élément.

106. LETTRE AUTOGRAPHE d'Henri Becquerel à Pierre Curie, 25 juil-


let 1898.
Attribution à Marie Curie, par la commission habilitée de l'Académie des Sciences,
du prix fondé par Jean-Louis Gegner en 1868, prix destiné à permettre à un savant
qui se sera signalé par des travaux sérieux de poursuivre ses recherches dans le domaine
des sciences positives.

107. LETTRE AUTOGRAPHE de Marcelin Berthelot à Pierre Curie,


2 août 1898.
Annonce officieuse, par l'un des secrétaires perpétuels de l'Académie des Sciences,
de l'attribution du prix Gegner à Marie Curie.

108. LETTRE-FORMULAIREdes Secrétaires perpétuels de l'Académie des


Sciences à Mme Curie, Paris, 12 décembre 1898.
Annonce officielle de l'attribution du prix Gegner, d'une valeur de 3 800 francs.
Un deuxième prix Gegner sera décerné à Marie Curie en 1900, un troisième en 1902,
accompagné d'une médaille Berthelot.
30 PIERRE ET MARIE CURIE

109. SUR UNE NOUVELLE fortement radio-active, contenue


SUBSTANCE
dans la pechblende. Note de M. P. Curie, de Mme P. Curie et de
M. G. Bémont, présentée par M. Becquerel. (Comptes rendus hebdo-
madaires des séances de l'Académie des Sciences, t. 127, 1898 [séance
du 26 décembre], pp. 1215-1217.) — B.N., Impr., R. 3946.
« [...] la nouvelle substance radio-active renferme un élément nouveau, auquel
nous proposons de donner le nom de RADIUM. »

110. TÉLÉGRAMME adressé par le professeur Suess au directeur de


l'École des Mines, Michel Lévy, Vienne (Autriche), 14 novembre
1898.
Transmis à Pierre Curie, ce télégramme annonçait l'envoi à titre gracieux de cent
kilos de pechblende pour la poursuite des recherches sur les minéraux radio-actifs. La
pechblende est un « minerai d'urane qui, à l'état pur, est environ quatre fois plus actif
que l'oxyde d'urane » (Pierre Curie, p. 60). D'où son choix. Mais exploitée principale-
ment à St-Joachimsthal, mine située en Bohême, c'était un minerai coûteux, et les
Curie ne pouvaient en acheter en quantité suffisante. Grâce à l'appui de l'Académie
des Sciences de Vienne, ils purent obtenir, d'abord gratuitement, ensuite dans des
conditions avantageuses, plusieurs tonnes de ce précieux résidu.

III. CARNET DE COMPTABILITÉ DES CORPS RADIANTS, 1900-1912.


De la main de Pierre et de Marie Curie puis de Marie seule, ce carnet contient les
dépenses d'achat ou de transport de minerais, les quantités de matières reçues, les quan-
tités de matières traitées et les produits obtenus.

112. LETTRE AUTOGRAPHE d'Henri Becquerel à Pierre Curie, 27 dé-


cembre [18]99.
C'est, nous l'avons dit, en partant des travaux de Becquerel que les Curie décou-
vrirent le radium. L'intérêt de Becquerel se manifeste ici par l'annonce d'une subven-
tion (2 000 francs), obtenue de la Société d'encouragement, pour aider Pierre Curie
dans ses travaux de recherches.

113. LETTRE AUTOGRAPHE d'Adam Paulsen, directeur de l'Institut


météorologique de Danemark, à Pierre Curie, Akureyri (Islande),
16 octobre 1899.
Des échantillon de sels de radium furent prêtés par les Curie à divers savants pour
permettre « des investigations ayant pour but l'étude de leurs effets » (Pierre Curie,
p. 64). En utilisant la « poudre radiante » envoyée par Pierre Curie, Paulsen lui annonce
qu'il a pu abandonner « toutes les méthodes jusqu'ici employées pour établir sur un
conducteur fixe le potentiel qui existe en certains points dans la masse d'air qui l'en-
vironne » ; par simple frottement de cette poudre sur du papier à filtrer préalablement
mouillé avec une dissolution de sulfate de cuivre, il s'est procuré « un excellent égaliseur
de potentiel ».
ENSEMBLE 31

114. LETTRE AUTOGRAPHE


de Louis Bolzmann, professeur de Phy-
sique à l'Université de Vienne, à Pierre Curie, Vienne, 8 jan-
vier 1900.
Accusé de réception de l'envoi d'un « échantillon de baryum carbonate radifère »
pour expériences et demande du « nouveau préparat qui est si extrêmement efficace ».

115. SUR LES PROPRIÉTÉS des corps radio-actifs; par M. et Mme Curie.
(Société française de Physique, n° 142, 2 février 1900.)
Résumé de la communication faite à la Société française de Physique dans la séance du
19 janvier 1900 (effets lumineux, coloration de certaines matières par les rayons du
radium, etc.).

116. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie [à Mme Jean Perrin ?],


avant 1906.
Invitation pour une séance de danses chez Loïe Fuller. Eve Curie raconte
(Madame Curie, pp. 188-189) dans quelles conditions des rapports s'établirent entre la
danseuse et ses parents : « Ayant lu dans les journaux que le radium était lumineux,
la vedette des Folies-Bergères avait imaginé un costume sensationnel dont la phospho-
rescence intriguerait le public. Elle demanda des renseignements aux Curie. Sa lettre
naïve égaya les savants : ils révélèrent à Loïe ce que son projet « d'ailes de papillon
au radium » avait de chimérique ». Mais ce fut le début d'une amitié et, à plusieurs
reprises, Loïe Fuller offrit aux Curie, chez eux ou pour eux, des spectacles privés. Par
elle, ils connurent Rodin, avec lequel Mme Curie conserva quelques relations après la
mort de son mari.

117. LETTRE AUTOGRAPHE d'Auguste Rodin à Mme Curie, 19 juil-


let 1907.
A Mme Curie qui lui a envoyé un de ses protégés, « sculpteur qui a du talent et de
l'avenir », il répond en émaillant sa lettre de fautes d'orthographe et précise ce qu'il
entend demander à l'artiste : « [...] il est difficile d'employer un homme qui sait voir et
composer, mais qui pour être utilisé chez moi, a besoin de savoir modeler spécialement
des morceaux, comme main pieds, etc. Car c'est cela que j'ai à faire faire chez moi.
Ce sont les morceaux que tous ceux que j'emploient laisent à faire, et il s'ensuit que j'ai
des groupes qui ne sont pas achevés par ce côté, je mettrai votre sculpteur à quelques
unes de ces besognes, très belles comme étude et expressions ».

118. LETTRE AUTOGRAPHE du capitaine Ferrie à Pierre Curie, Paris,


29 janvier 1900.
« Le gouverneur d'une place forte de l'Est ayant constaté l'impossibilité dans laquelle
se trouve une sentinelle d'ajuster approximativement un coup de fusil pendant la
nuit », il lui demande si, en enfermant « dans une très petite sphère en verre pro-
tégée par une garniture métallique, un sel rendu lumineux par un corps radio-actif »,
on pourrait « rendre lumineux » le cran de mire et le guidon d'un fusil.
32 PIERRE ET MARIE CURIE

119. RADIATIONS DIVERSES des corps radio-actifs ; par M. et Mme Curie.


(Société française de Physique, n° 145, 16 mars 1900.)
Résumé de la communication faite à la Sociétéfrançaise de Physique dans la séance du
2 mars 1900. Elle porte principalement sur le rayonnement du radium et du polonium
deux catégories de rayons : les rayons déviables par le champ magnétique et les rayons •

non déviables.

120. SUR LE POIDS ATOMIQUE du baryum radifère. Note de Mme Curie,


présentée par M. Becquerel. (Comptes rendus hebdomadaires des
séances de l'Académie des Sciences, t. 131, 1900 [séance du 6 août],
pp. 382-384.) — B.N., Impr., R. 3946.
Pendant que Pierre Curie continuait « les recherches sur les propriétés du radium »,
Marie poursuivait les « traitements chimiques en vue de la préparation de sels de
radium purs ». Traitant «jusqu'à vingt kilogrammes de matière à la fois », elle extrayait
« du minerai le baryum radifère, et celui-ci à l'état de chlorure était soumis à une cristal-
lisation fractionnée. Le radium s'accumulait dans les portions les moins solubles, et ce
procédé devait mener à la séparation du chlorure de radium pur » (Pierre Curie, p. 63).

121. LETTRE du ministre de la Guerre à Pierre Curie, Paris, 8 mars


1900.
Il l'informe que, par décision du 2 mars, il a été nommé répétiteur auxiliaire de Phy-
sique à l'École Polytechnique. Pierre Curie démissionnera en octobre.

122. EXTRAIT DES REGISTRES DU CONSEIL D'ÉTAT de la République et


Canton de Genève, 20 juillet 1900.
Pour s'attacher deux savants que la découverte du radium mettait au premier plan,
l'Université de Genève offrit à Pierre Curie le poste de professeur ordinaire de Physique
à la Faculté des Sciences. La proposition était tentante : un traitement annuel de
dix mille francs, une indemnité de résidence et la direction d'un laboratoire dont le
crédit serait « augmenté après entente avec le professeur », qui comprendrait deux
assistants et verrait sa collection d'instruments de physique complétée « après examen
des ressources du laboratoire ». Pierre Curie accepta. Mais, le Ier octobre, il envoyait
une lettre de démission. Afin de pouvoir continuer les recherches commencées, les Curie
décidaient de rester à Paris.

123. LETTRE DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, des Beaux-Arts


et des Cultes à Pierre Curie, Paris, 2 octobre 1900.
Par arrêté du même jour, Pierre Curie était chargé d'un cours complémentaire de
Physique (Enseignement préparatoire au certificat d'études P.C.N.) à la Faculté des
Sciences de l'Université de Paris. Cette nomination prenait effet à dater du Ier novembre
et valait au titulaire du poste un traitement annuel de 6 000 francs. En 1902, il sera
porté à 7 000. Ce fut « grâce à l'appui d'Henri Poincaré qui tenait à lui éviter l'obliga-
tion de quitter la France » (Pierre Curie, p. 69) que Pierre Curie obtint ce poste.
ENSEMBLE 33

124. ARRÊTÉ DU MINISTRE DE


L'INSTRUCTION PUBLIQUE et des Beaux-
Arts en faveur de Marie Curie, Paris, 26 octobre 1900.
Pendant l'année scolaire 1900-1901, Marie Curie était chargée des conférences de
Physique (Ire et 2e années) à l'École normale supérieure de l'Enseignement secondaire
à Sèvres. Elle occupera ce poste, où elle succédait à Lucien Poincaré, jusqu'en 1906.

provoquée par les sels de radium.


125. SUR LA RADIO-ACTIVITÉ INDUITE
Note de MM. P. Curie et A. Debierne, présentée par M. Henri
Becquerel. (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie
des Sciences, t. 133, 1901 [séance du 4 mars], pp. 548-551.) — B.N.,
Impr., R. 3946.
Peu de temps après la découverte du radium et après la préparation de sels radifères
très actifs, Mme Curie constata que toute substance placée dans le voisinage du radium
pouvait acquérir elle-même une radio-activité capable de persister plusieurs heures
après l'éloignement du radium. A ce phénomène fut donné le nom de radio-activité
induite (voir Notice sur les travaux scientifiques de Mme P. Curie, Paris, 1910, p. 36).

126. ANDRÉ DEBIERNE, photographie.


« [...] devant l'ampleur de la tâche, l'utilité d'une collaboration s'imposait de plus
en plus. [...] Vers 1900, Pierre Curie entra en relation avec un jeune chimiste, André
Debierne, préparateur chez Friedel qui le tenait en haute estime. Sur la proposition
de Pierre Curie, A. Debierne accepta volontiers de s'occuper de travaux sur la radio-
activité; il entreprit, en particulier, la recherche d'un radioélément nouveau, dont
l'existence était soupçonnée dans le groupe du fer et des terres rares. Il fit la découverte
de cet élément nommé actinium. » (Pierre Curie, p. 66.) Après la mort de Mme Curie, il
deviendra directeur du laboratoire Curie à l'Institut du Radium.

127. LETTRE-FORMULAIRE des Secrétaires perpétuels de l'Académie des


Sciences à Pierre Curie, Paris, 9 décembre 1901.
Annonce de l'attribution du prix La Caze (Physique).

128. LETTRE AUTOGRAPHE de M. Demarsay à Pierre Curie, Paris,


10 avril 1902.
Résultat de l'analyse spectrale du radium que lui avait remis Pierre Curie pour
doser le baryum en vue de l'établissement du poids atomique. « Le passage de votre
radium a rendu l'air de mon laboratoire si actif (par pulvérisationje suppose d'un peu
de radium) que j'ai dû ôter l'électroscope de la pièce où il était pour le mettre dans
une autre. C'est un véritable empoisonnement. »

129. DEUX FICHES D'EXPÉRIENCES, 12 et 22 avril 1902, photographies,


avec auto-radiographie de ces fiches.
Des plaques photographiques furent posées par Frédéric Joliot sur les fiches d'expé-
riences. « Les parties noires visibles sur les clichés obtenus [...] sont dues au grand effet
34 PIERRE ET MARIE CURIE

photographique des rayons & et elles indiquent la distribution du sel de radium sur
les fiches, et leur densité et leur surface indiquent, approximativement, l'importance
de la quantité de Ra fixée.
On distingue deux sortes de traces. Les unes, de grandes surfaces très noires, montrent
que des objets portant sur leur surface du sel de radium (agitateurs, pinces, récipients
divers), ont été placés sur la fiche, ou que celle-ci a été pressée sur la surface des tables
portant des taches contenant du sel de radium. [...]
On observe en outre une multitude de traces quasi-ponctuelles dues à la retombée,
sur les fiches, de poussières ou de microgouttes liquides radioactives. Ces fiches furent
sans doute placées sur la table même où étaient effectuées les opérations (ébullition des
solutions de sel de radium, par exemple). » (Contamination radioactive... par Frédéric
Joliot, pp. 2-3, du tirage à part; cf. n° 130.)
En bas et à droite de l'auto-radiographie de la fiche du 22 avril, trace d'un pouce :
celui de Pierre ou de Marie Curie, puisque la fiche porte les deux écritures.

130. CONTAMINATION RADIOACTIVE de manuscrits de Pierre et Marie


Curie, relatifs aux expériences ayant suivi la découverte du radium
par M. Frédéric Joliot. (Extrait des Comptes rendus hebdomadaires
des séances de l'Académie des Sciences, t. 246, pp. 1000 - 1003, séance
du 17 février 1958.)
Une mesure rapide de l'activité des fiches « où furent rapportées, au laboratoire
même, les expériences effectuées » avec 0,1 g de radium, fit apparaître une forte conta-
mination.

131. FICHES pointant le nombre probable des voix à l'Académie des


Sciences [1902].
Le 2 juin 1902, Pierre Curie avait été présenté en première ligne par la section de
Physique. Une semaine après, l'Académie des Sciences lui préférait Amagat. C'est
sur les instances réitérées de Mascart que Pierre Curie avait accepté de poser sa candi-
dature, car son opinion était « que l'Académiedevrait élire ses membres sans que ceux-ci
aient à solliciter leur élection et à faire des visites » (Pierre Curie, p. 80).

132. LETTRE AUTOGRAPHE de Marcelin Berthelot à Pierre Curie,


10 novembre 1902.
Il lui fait part du résultat de ses expériences « sur le sulfate de potasse pur cristallisé
par voie humide », au moyen du radium.
133. SUR LE POIDS ATOMIQUE DU RADIUM. Note de Mme Curie, présen-
tée par M. Mascart. (Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie des Sciences, t. 135, 1902 [séance du 21 juillet], pp. 161-
163.) — B.N., Impr., R. 3946.
« Dès 1899, Pierre Curie réussit à organiser un premier essai de traitement industriel,
en utilisant une installation de fortune, facilitée par la Société centrale de Produits
chimiques, avec laquelle il était en relations pour la construction de ses balances »
(Pierre Curie, pp. 70-71). Avec le minerai que possédaient les Curie fut préparée une
ENSEMBLE 35
certaine quantité de radium employée pour leurs recherches. En 1902, Marie Curie
obtint « un décigramme de chlorure de radium pur ne donnant plus que le spectre de
l'élément nouveau radium » (op. cit., p. 72) ; elle faisait également une première déter-
mination du poids atomique de cet élément, établissant ainsi, sans controverse possible
son individualité chimique. Ce travail servit à sa thèse de doctorat.

3. PRIX NOBEL DE PHYSIQUE

substances radioactives, par Mme Sklodowska


134. RECHERCHES sur les
Curie. — Paris, Gauthier- Villars, 1903. In-8°. — B.N., Impr.,
4° R. 489 (1127).
Thèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris pour l'obtention du grade de
docteur es sciences physiques et soutenue le 25 juin 1903. Une seconde édition, revue
et corrigée, paraîtra l'année suivante, également chez Gauthier-Villars. Enfin, par
contrat passé le 11 mai 1904, Mme Curie cédait au même éditeur le droit de publier
l'ouvrage devenu introuvable.

135. MARIE CURIE en 1903, photographie.


136. DIPLÔME DE DOCTEUR ES SCIENCES PHYSIQUES délivré à Mme Curie,
Paris, 20 janvier 1904.

137. LETTRE AUTOGRAPHE de Georges Sagnac à Pierre Curie, Lille,


23 avril 1903.
Le « jeune ami » du ménage met en garde Pierre Curie contre les conséquences désas-
treuses que peut avoir, sur la santé de sa femme et la sienne, un régimede travail intensifet
de sous-alimentation. « J'ai été frappé en voyant Madame Curie à la Société de Physique
de l'altération de ses traits. Je sais bien qu'elle s'est surmenée à l'occasionde sa thèse [...].
Mais [...] elle n'a pas une force de résistance suffisante pour pouvoir vivre d'une vie aussi
purement intellectuelle que la vie que vous menez tous les deux [...]. J'ai vu plus d'une
fois, pendant que j'avais le plaisir de manger à votre table, Madame Curie grignoter
deux ronds de saucisson et avaler là-dessus une tasse de thé [...]. Elle se conduit actuelle-
ment comme une ENFANT. Je vous le dis avec toute la conviction de ma raison et de mon
amitié. [...] Il faut que vous soyez joliment résistants tous les deux pour pouvoir y
tenir ! [...] »

138. LETTRE AUTOGRAPHE de Paul Appell, doyen de la Faculté des


Sciences de l'Université de Paris, à Pierre Curie, Paris, 2 mai 1903.
Il lui demande de se « laisser proposer » pour la croix de chevalier de la Légion
d'honneur. «Je reconnais, écrit-il, que la décoration n'a guère d'intérêt pour un homme
de votre valeur ; mais, pour le Ministère, je tiens à proposer les hommes les plus méri-
tants de la Faculté, ceux qui se seront le plus distingués par leurs découvertes et leurs
travaux [...] » (Voir le n° suivant.)
36 PIERRE ET MARTE CURIE

139. LETTRE AUTOGRAPHE de Paul Appell, doyen de la Faculté des


Sciences de l'Université de Paris, à Mme Curie, Paris, 12 [mai]
Im-
prévoyant un refus, Appell s'adresse à Mme Curie et la prie d'agir sur son mari
pour qu'il ne refuse pas la Légion d'honneur qui pourrait lui être décernée à l'occasion
du 14 juillet. « La chose en elle-même n'a évidemment pas d'intérêt, mais au point
de vue des conséquences pratiques (laboratoires, crédits...) elle en a une considérable.
D'ailleurs Monsieur Curie portera ou ne portera pas son ruban, cela le regarde. »
Marie Curie usa-t-elle de son influence ou non ? Et dans quel sens ? On ne sait. Mais
Pierre Curie refusa de se laisser décorer. En félicitant les Curie, le 8 décembre 1903,
après l'attribution du prix Nobel de Physique, Louis Liard, vice-recteur de l'Acadé-
mie de Paris, écrivait : « Cette haute consécration [...] est d'une autre valeur et d'une
autre importance que le ruban de la Légion d'honneur ».

140. PIERRE CURIE, Cahier de notes d'expériences, 1903-1906, manus-


crit autographe.
Les recherches sur la radio-activité auxquelles s'adonne Pierre Curie pendant cette
période sont « fondamentales et s'adressent à des sujets variés. Plusieurs ont pour but
l'étude de l'émanation, ce corps gazeux étrange que produit le radium, et qui est respon-
sable pour une forte part du rayonnement intense, communément attribué à ce dernier,
Pierre Curie mit en évidence, dans une étude approfondie, la loi rigoureuse et invariable
suivant laquelle l'émanation se détruit quelles que soient les conditions dans lesquelles
elle se trouve. Aujourd'hui, l'émanation du radium, récoltée dans de fines ampoules,
est couramment employée par les médecins comme agent thérapeutique [...]. C'est
cette même émanation qui se trouve en petite quantité dans des eaux minérales et
qui peut intervenir dans leurs effets curatifs » (Pierre Curie, p. 75). — Au début de ce
cahier, expériences sur le bromure de radium pur (chaleur, émanation, etc.).

141. LETTRE signée de l'un des administrateurs de la Société centrale


de Produits chimiques à Pierre Curie, Paris, 9 novembre 1903.
Confirmation des conventions verbales établies entre la Société et Pierre Curie au
sujet du traitement des résidus d'urane (voir n° 133).

142. LETTRE signée du secrétaire de la « Royal Society » de Londres


à Pierre Curie, Londres, 5 novembre 1903.
En juin précédent, Pierre Curie qu'accompagnait sa femme s'était rendu à Londres
pour y faire une conférence sur le radium, à la demande de la « Royal Institution ».
Réception enthousiaste, rencontre de savants célèbres, Crookes, Ramsay, J. Dewar,
sans parler de lord Kelvin, et, quelques mois plus tard, la médaille Davy, décernée a
Pierre et à Marie par la Société royale de Londres.

143. MÉDAILLE HUMPHRY DAVY, DÉCERNÉE A PlERRE ET A MARIE


CURIE. 1903.
— Or. Diam. : 75 mm.
Buste à droite d'Humphry Davy.
ENSEMBLE 37
Signé sur la tranche de l'épaule : A.B. JOY. SC.[VLPSIT] N. MACPHAIL.
F.[ECIT.]
Au revers,l'inscription : THE ROYAL SOCIETY I TO M. PIERRE CVRIE
1 1

MADAME CVRIE I IN ACCORDANCE WITH THE WILL OF I HVMPHRY


DAVY I WHO DEVOTED THE TESTIMONIAL I PRESENTED TO HIM BY
THE COALOWNERS OF THE TYNE AND WEAR I TO THE ENCOVRAGE-
MENT OF THE CHEMICAL RESEARCH II 1903.
1

Cette médaille est conservée dans un écrin brun foncé, orné d'un filet or, doublé
de satin blanc et de velours violet.

144. LETTREsignée de Chr. Aurivillius, secrétaire perpétuel de l'Aca-


démie royale des Sciences, à M. et Mme Curie, Stockholm,
14 novembre 1903.
Il confirme l'annonce faite télégraphiquement, à savoir que l'Académie suédoise
des Sciences, dans sa session du 12 novembre, a pris la décision de leur décerner la
moitié du prix Nobel de Physique. L'autre moitié allait à Henri Becquerel, professeur
à l'École Polytechnique de Paris, pour la découverte de la radio-activité spontanée.

145. PRIX NOBEL de Physique, Stockholm, 10 décembre 1903.


Deux diplômes, chacun au nom de Pierre et de Marie Curie, montés dans une reliure
de maroquin bleu, avec bordure de fers dorés et branches de laurier au centre, obtenues
par incrustation de cuir vert. En relief sur ce motif, monogramme PC sur l'un
des diplômes, MC sur l'autre.

146. MÉDAILLES ALFRED NOBEL DÉCERNÉES A PIERRE ET A MARIE


CURIE EN 1903.
— Or. Diam. : 66 mm.
ALFR. NOBEL. I NAT. MDCCC I XXXIII OB. I MDCCC I XCVI
1

Buste d'Alfred Nobel de profil à gauche.


Signé : E. Lindberg. 1902.
Au revers : INVENTAS. VITAM. IVVAT EXCOLVISSE. PER. ARTES.
1

Dans le champ : La Science de profil à gauche, personnifiée par une femme vêtue à
l'antique, dévoile la Nature représentée par une femme debout de face, qui tient une
corne d'abondance dans son bras droit. A sa gauche, on lit NATVRA. Derrière la
Science : SCIENTIA.
A l'exergue : De chaque côté d'un cartouche, REG. ACAD. SCIENT. SVEC.
Sur le cartouche : PIERRE. CURIE, (sur l'une des médailles) MARIE. CURIE, (sur
l'autre) MCMIII.
Signé : ERIK LINDBERG.
Ces deux médailles sont conservées dans des écrins de cuir rouge ornés de motifs
d'or, doublés de satin blanc.

147. MINUTE AUTOGRAPHE d'une lettre de Pierre Curie au Secrétaire


perpétuel de l'Académie des Sciences de Stockholm, Paris, 19 no-
vembre 1903.
Remerciements pour l'attribution du prix Nobel de Physique, « événement impor-
38 PIERRE ET MARIE CURIE

tant, écrit Mme Curie (Pierre Curie, p. 81), en raison du prestige qui s'attachait à la
fondation Nobel, encore récente (1901) ». Même partagé en deux, le prix représentait
une somme élevée qui permit à Pierre Curie de se faire remplacer dans son enseigne-
ment à l'École de Physique par Paul Langevin, un de ses anciens élèves, et de prendre
« un préparateur particulier pour l'aider dans ses travaux » (loc. cit.).

148. PIERRE CURIE ET MME PIERRE CURIE, Conférences Nobel 1903-


1911. — Paris, librairie Félix Alcan, 1912. In-8°.
L'usage veut que les titulaires du prix Nobel exposent devant l'Académie de
Stockholm les travaux qui leur ont valu cette distinction. La conférence de Pierre Curie,
retardée pour des raisons de santé, ne fut prononcée que le 6 juin 1905. Pierre Curie
terminait ainsi son discours : « On peut concevoir [...] que dans des mains criminelles
le radium puisse devenir très dangereux, et ici on peut se demander si l'humanité a avan-
tage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter ou si cette con-
naissance ne lui sera pas nuisible. L'exemple des découvertes de Nobel est caractéris-
tique, les explosifs puissants ont permis aux hommes de faire des travaux admirables.
Ils sont aussi un moyen terrible de destruction entre les mains des grands criminels qui
entraînent les peuples vers la guerre. Je suis de ceux qui pensent avec Nobel que l'huma-
nité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles ». — La conférence de
Marie Curie pour le prix Nobel de Chimie, le 11 décembre 1911, a été placée à la
suite, réunie avec celle de Pierre sous une même couverture.

149. LETTRE AUTOGRAPHE de P. Zeeman à Pierre Curie, Amsterdam,


20 décembre 1903.
Félicitations après l'attribution du prix Nobel. Cette lettre est exposée ici à titre
d'exemple, car la publicité qui suivit le prix Nobel fut énorme et lourde à porter pour
les Curie. Pierre s'en plaint dans une lettre à son ami E. Gouy (citée dans Pierre Curie,
pp. 82-83) : « Vous avez vu cet engouement subit pour le radium. Cela nous a valu
tous les avantages d'un moment de popularité. Nous avons été poursuivis par des jour-
nalistes et des photographes de tous les pays du monde [...], puis nous avons eu des
demandes d'argent en grand nombre, enfin des collectionneursd'autographes, des snobs,
des gens du monde et même quelquefois des gens de science sont venus nous voir
dans le magnifique local de la rue Lhomond que vous connaissez. Avec tout cela plus
un instant de tranquillité au laboratoire et une volumineuse correspondance à expédier
tous les soirs. A ce régime, je sens l'abrutissement m'envahir ».

150. LA VILLE DE PARIS A M. PIERRE CURIE ET A MME MARIE CURIE


LAURÉATS DU PRIX NOBEL 1903. — Argent. Diam. : 75 mm.

VILLE DE PARIS
La Ville de Paris est personnifiée par une femme assise de trois quarts à gauche, la
tête de profil, tourrelée. De la main gauche, elle tient un écusson aux armes de la ville.
Au second plan, l'Hôtel de Ville.
A l'exergue : FLVCTVAT NEC I MERGITVR.
1

Au revers : DEPARTEMENT DE LA I SEINE. Deux branches de laurier nouées


I 1
PIERRE
en sautoir avec, au centre, cette inscription : LA VILLE DE PARIS I A Mr1903.
CURIE ET A Mme MARIE CURIE LAVREATS DV PRIX NOBEL I
ENSEMBLE 39
Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir brun timbré aux armes de la Ville
de Paris, doublé de satin et de peluche blancs.

151. PIERRE ET MARIE


CURIE en 1904, photographie.
du président du Syndicat de la Presse parisienne à
152. LETTRE
Mme Curie, Paris, 4 janvier 1904.
L'argent appelle l'argent, dit-on. Après le substantiel prix Nobel, une somme de
soixante mille francs, prélevée sur le montant du prix Osiris d'une valeur de cent mille,
fut octroyée à Marie Curie par le comité du Syndicat de la Presse parisienne pour lui
permettre de continuer, en collaboration avec Pierre Curie, ses recherches sur le radium.
Le reste du prix fut attribué à Edouard Branly.

153. LIVRE DE CAISSE DU LABORATOIRE, 1904 - 1907, 1910 - 1934.


Recettes et dépenses notées d'abord par Pierre Curie, puis par sa femme, André
Debierne et d'autres. A signaler que, le 28 décembre 1904, Mme Curie donnait au
laboratoire le montant de son traitement des mois de novembre et décembre.

154. LETTRE d'E. Suess, président de l'Académie impériale des Sciences


de Vienne, au ministère de l'Agriculture, Vienne, 15 janvier 1904
(double adressé à Pierre Curie).
Suess recommande à l'attention des services du ministère les démarches de Pierre
Curie afin d'obtenir des résidus de minerais pour expériences. Le 21 février suivant, le
ministère prévenait l'Académie impériale des Sciences qu'une importante quantité de
résidus en provenance de la fabrique de St-Joachimsthal pouvait être mise à la dispo-
sition du savant français au prix d'une couronne le kilo. Un premier envoi de 2 500 kilos
eut lieu en mai. Le problème de la matière première restait, on le voit, un sujet de préoc-
cupation pour les Curie (voir n° 110).

155. LETTRE DE VOITURE de vingt-cinq sacs de résidus de minerais


(2518 kilos), adressés de Prague à Pierre Curie, mai 1904.

156. LETTRE AUTOGRAPHE de William Ramsay à Pierre Curie, Londres,


10 février 1904.
Il sollicite de lui une recommandationen faveur de M. Soddy, candidat à une bourse
au St John's College d'Oxford : « Les électeurs sont pour la plupart des pasteurs, qui
ne possèdent aucune connaissance de la Science ; et il sera nécessaire de leur convaincre
que le recipient soit une personne bien connue, et qu'il est probable qu'il exécutera
des nouveaux travaux, qui le rendront digne du fellowship ».

157- SUR LA RADIOACTIVITÉ DES GAZ qui se dégagent de l'eau des


sources thermales ; par MM. P. Curie et A. Laborde. (Tiré à part
40 PIERRE ET MARIE CURIE

des Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences


9 mai 1904.)
Dernier travail publié par Pierre Curie.

158. LETTRE AUTOGRAPHE du président de la Société italienne des


Sciences à Pierre et Marie Curie, Rome, 8 août 1904.
Attribution de la médaille d'or instituée par Matteucci pour récompenser la décou-
verte récente la plus importante en matière de physique.

159. MÉDAILLE DE LA SOCIÉTÉ ITALIENNE DES SCIENCES DÉCERNÉE A


PIERRE ET A MARIE CURIE EN 1904.
— Or. Diam. : 43 mm.
SOCIETA ITALIANA DELLE SCIENZE
Un Phénix renaissant de ses cendres.
Signé : L. GORI. INC.
Au revers : PREMIO MATTEUCCI ; deux branches d'olivier nouées en sautoir.
Dans le champ, l'inscription : CONIVGI P. E S. CVRIE I 1904.
Cette médaille est conservée dans un écrin rouge doublé de velours bleu.

4. L'ACCÈS A LA SORBONNE
160. PIERRE ET MARIE CURIE avec leur fille Irène dans le jardin de leur
maison, 108, boulevard Kellermann, photographie.
Cette maison, située près des fortifications de Paris et dans le voisinage du parc Mont-
souris, devint la résidence des Curie lorsque le docteur Eugène Curie, veuf
(27 septembre 1897), quitta Sceaux pour aller habiter chez eux.

161. JEAN PERRIN, photographie.


Voisin des Curie boulevard Kellermann, Jean Perrin faisait partie du petit groupe
d'amis qui s'était constitué autour de Pierre Curie, amis plus jeunes que lui, mais
« engagés comme lui dans les recherches de physique et de chimie » et « faisant partie
du domaine le plus nouveau de ces sciences » (Pierre Curie, p. 52).

162. DÉCRET du président de la République nommant Pierre Curie


professeur de Physique à la Faculté des Sciences de l'Université
de Paris, Paris, 21 juillet 1904.
« Avec le grand succès de Pierre Curie à l'étranger, son appréciation complète en
France, quoique tardive, était enfin venue. Il était à quarante-cinq ans au premier
rang des savants de son pays, et pourtant il occupait dans l'enseignement une situation
inférieure. Cet état de choses anormal émut l'opinion publique en sa faveur ; sous l'in-
fluence de ce courant d'opinion, le recteur de l'Académie de Paris, Liard, demanda
au Parlement la création d'une chaire de professeur à la Sorbonne. A l'entrée de
ENSEMBLE 41

l'année scolaire 1904-1905, Pierre Curie était nommé professeur titulaire à la Faculté
des Sciences de Paris ; un an plus tard, il quittait définitivement l'École de Physique
où son suppléant Paul Langevin prenait sa succession. » (Pierre Curie, pp. 84-85.)

163. ARRÊTÉ DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE et des Beaux-


Arts en faveur de Mme Curie, Paris, 22 octobre 1904.
A dater du Ier novembre suivant, Mme Curie était attachée à la chaire de son mari,
à la Faculté des Sciences, en qualité de « chef des travaux de physique ». Le traitement
annuel, 2 400 francs, fut porté à 3 000 francs à partir du Ier janvier 1905. La création
de la chaire qui, au début, ne comportait pas de laboratoire, avait été complétée, sur
les instances du titulaire, par l'attribution d'un crédit de laboratoire et d'un personnel
comprenant un chef des travaux, un préparateur et un garçon de laboratoire. Mais le
local manquait, et Pierre Curie dut se contenter de celui du P.C.N., 12, rue Cuvier,
avec, « comme solution provisoire, la disposition d'une grande pièce détachée des ser-
vices du P.C.N. et la construction, dans la cour, d'un petit bâtiment composé de deux
pièces et d'un atelier » (Pierre Curie, p. 86).

164. PIERRE CURIE faisant son cours, en 1904, photographie.

165. PIERRE CURIE,Cours fait à la Sorbonne pendant le Ier semestre


1904-1905, manuscrit autographe.
Feuillets détachés consacrés à la « radioactivité » et contenant le programme des
quinze leçons (7 novembre 1904-27 février 1905), le plan de chacune d'elles et une
rédaction sommaire. Les cours du second semestre 1905 eurent pour objet la « Symétrie
en physique » ; Pierre Curie revenait à ses premiers travaux sur les corps cristallisés :
étude des champs de vecteurs et de tenseurs, application de ces notions à la physique
cristalline.

166. LISTE DES ÉLÈVES de Pierre Curie à la Sorbonne, pendant le Ier


semestre 1905-1906.
Programme du cours : « Ions dans les gaz et radioactivité ».

167. SUR UN APPAREIL


pour la détermination des constantes magné-
tiques, par MM. P. Curie et C. Cheneveau. Paris, au bureau
du « Journal de Physique » (1904). In-8°. —
Pièce 9921. — B.N., Impr., 8° R.

Communication faite à la Société française de physique. Séance du 3 avril 1903. —


Extrait du Journal de Physique, livraison de novembre 1903.
D'une habileté expérimentale remarquable, augmentée par la pratique, Pierre Curie
« éprouvait un plaisir d'artiste à réaliser un montage délicat. Il se plaisait aussi à ima-
giner et à construire des appareils nouveaux [...] » (Pierre Curie, p. 88).
42 PIERRE ET MARIE CURIE

168. DEUX LETTRES AUTOGRAPHES d'Éleuthère Mascart à Pierre Curie,


Paris, 22 et 25 mai 1905.
Elles concernent l'une et l'autre la candidature de Pierre Curie à l'Académie des
Sciences. L'élection a beau être assurée, Pierre Curie devra néanmoins se soumettre à
la tradition et faire une tournée de visites, quitte à « louer une automobile à la journée »
pour cela.
169. CURRICULUM VITAE de Pierre Curie [1905], manuscrit autographe.
Les distinctions et les titres les plus récents, inscrits sur ce feuillet, étant de 1904,
ce curriculum vitae a dû vraisemblablement être établi pour appuyer sa candidature
à l'Académie des Sciences.

170. LETTRE signée des Secrétaires perpétuels de l'Académie des Sciences


à Pierre Curie, Paris, 3 juillet 1905.
Annonce de son élection à l'Institut, « à la place vacante dans la section de Physique
par suite du décès de M. Potier ». La candidature précédente de Pierre Curie à l'Aca-
démie des Sciences, en 1902 (voir n° 131), s'était soldée par un échec.

171. AGRÉGATION DES JEUNES FILLES, 1905, manuscrit autographe de


Marie Curie.
Texte de la composition de Physique, proposé par Marie Curie qui, tout en étant
chef des travaux au laboratoire de son mari, continuait son enseignement à Sèvres.

172. LETTRE AUTOGRAPHE de Lucien Poincaré, recteur de l'Univer-


sité de Paris, à Mme Curie, [Paris], 4 février 1906.
Au sujet des résultats obtenus, à l'École normale de Sèvres, dans le domaine des
manipulations. « Vous êtes parvenue à faire effectuer des mesures bien instructives sur
toutes les parties du programme et j'admire les progrès réalisés depuis quelques années,
grâce à votre impulsion. »

173. MARIE CURIE au milieu de ses élèves, à l'École normale supérieure


de Sèvres, photographie.

174. LETTRE signée de l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie à Pierre


Curie, Paris, 3 mars 1905.
Remerciements au nom du gouvernement impérial de Vienne pour les 200 milli-
grammes de radium cédés à un établissement sanitaire de Vienne et offre d'envoi de
plusieurs tonnes de pechblende.

175. LETTRE AUTOGRAPHE de G. Smith-Petersen à Pierre Curie,


Grimstad (Norvège), 10 avril 1905.
Au sujet de l'envoi de minerais radifères (9 kilos et demi). « Si vous en avez besoin,
ENSEMBLE 43
écrit l'expéditeur, je pense que je puisse obtenir encore quelques kilos, mais le proprié-
taire ne veut pas vendre au prix ci-dessus, parce que ces autres kilos coûte très chère
d'excaver, et aujourd'hui le propriétaire m'a telephoné qu'il a été informé, que ce
minerai contient Radium et alors il espère d'obtenir un prix très grand ; combien voulez-
vous offrir pour les autres kilos [...]. »

176. LETTRE AUTOGRAPHE de Pierre Curie à une femme, Paris, 6 février


1906.
Sur un projet de laboratoire à la campagne. A la fin de la lettre, allusion au médium
Eusapia Palladino dont les Curie suivirent quelques séances, en observateurs plutôt
qu'en adeptes.

177. LETTRE AUTOGRAPHE de M. Haudepin à Pierre Curie, Paris,


15 mars 1906.
Sur papier à en-tête « Sels de Radium et autres substances radioactives [...] Nogent-
sur-Marne ». En 1904, un industriel français, Armet de Lisle, avait fondé une usine
pour fabriquerdu radium et en fournir aux médecins qui soignaient les tumeurs malignes.
Il avait offert en même temps aux Curie un local voisin de l'usine, dans lequel ils pou-
vaient mener à bien leurs travaux. Nogent-sur-Marne est donc lié au début de l'in-
dustrie du radium en France.

178. PIERRE CURIE, Cahier de notes d'expériences, 1905-1906, manus-


crit autographe.
Les dernières remarques sur les sels de radium sont datées
du 18 avril 1906, veille de
la mort de Pierre Curie. De place en place, quelques indications de la main de Marie
Curie.

5. MORT DE PIERRE CURIE

179. PORTRAIT DE PIERRE CURÉE, peinture à l'huile par de la Perche-


Boyer, 1906. 0,55 x 0,38 m. Coll. — Pierre Berès. — Pl. III.

180. LETTRE AUTOGRAPHE de Ch. Barrois à Mme Curie, Lille, 20 avril


1906.
« [...] sa dernière pensée a été une pensée désintéressée et bonne, son dernier acte,
un effort pour le bien de la science et des savants [...] », lit-on dans cette lettre. En effet,
le 19 avril, Pierre Curie « assistait à la réunion de l'Association des professeurs des
Facultés des Sciences, avec lesquels il s'entretenait très cordialement des buts que pou-
vait se proposer l'Association. En sortant de cette réunion, à la traversée de la rue Dau-
phine, il ne put éviter un camion qui venait du Pont-Neuf, et tomba sous les roues. La
contusion à la tête fut instantanément mortelle [...] (Pierre Curie, p. 90).
44 PIERRE ET MARIE CURIE

181. LA MORT DE M. CURIE, dans La Presse, vendredi 20 avril 1906


— B.N., Pér., Fol. Lc2. 1416.
182. FEUILLES DE SIGNATURES après la mort de Pierre Curie.
Des hommes politiques, comme Aristide Briand, Gaston Doumergue, É. Loubet
voisinent avec les scientifiques P. Appell, M. Brillouin, P. Painlevé, etc. La nouvelle
de la catastrophe provoqua une véritable consternation dans le monde scientifique, en
France et à l'étranger. Télégrammes et lettres de condoléances affluèrent boule-
vard Kellermann. Les pièces exposées sous les nos 183-187 sont un choix fait parmi
ces nombreux messages de sympathie, émanés des personnalités les plus diverses.

183. LETTRE AUTOGRAPHE de Lucien Poincaré à Mme Curie, Lozère,


20 avril [1906].
Après la mort de Pierre Curie, il évoque « cet homme si justement illustre dont le
talent égalait le caractère, et d'où émanait je ne sais quel charme, produit délicat de
sa modestie et de la finesse de son esprit [...] ».

184. LETTRE AUTOGRAPHE de Gabriel Lippmann à Mme Curie, Ville-


neuve près Montreux, 21 avril [1906].
Condoléances pour la mort de Pierre Curie.

185. CONDOLÉANCES des étudiants de la Faculté des Sciences de Paris,


[1906].

186. CONDOLÉANCES du Comité de patronage de l'École de Physique


et de Chimie de la ville de Paris, Paris, 28 juin 1906.
187. LETTRE AUTOGRAPHE d'E. Rutherford à Mme Curie, Montreal,
26 mai 1906.
Condoléances après la mort tragique de Pierre Curie : « [...] yet our scientific con-
nection has been so close that I feel as if I had lost a personal friend as well as an esteemed
scientific colleague [...] ».

188. PIERRE CURIE, par Paul Langevin, dans La Revue du Mois, Ire année,
n° 7, 10 juillet 1906. — B.N., Impr., 8° Z. 16930.
« [...] Sa curiosité vivante et communicative, l'ampleur et la sûreté de son informa-
tion faisaient de lui un admirable éveilleur d'esprits. [...] Entièrement affranchi d an-
tiques servitudes, amoureux passionné de raison et de clarté, il a donné l'exemple, en
prophète inspiré des vérités futures, de ce que peut réaliser en beauté morale et en
bonté, dans un esprit libre et droit, le courage constant, la propreté mentale, de toujours
repousser ce qu'il ne comprend pas et de mettre sa vie d'accord avec ce rêve. »
ENSEMBLE 45
189. LETTRE AUTOGRAPHE de Georges Gouy à Mme Curie, Lyon,
8 mai 1906.
A l'occasion de la succession de Pierre Curie, il envisage le problème posé par la
propriété légale du radium. « Je comprends très bien que ni Pierre ni vous ne consi-
dériez le radium comme une propriété ordinaire, mais comme un instrument de travail,
duquel on ne doit pas songer à faire de l'argent. [...] Je comprends très bien que vous
ne voulez pas qu'un jour les maris de vos filles vous demandent compte de ce qui, pour
vous, n'est pas une valeur marchande. Vos intentions sont excellentes [...], mais aucun
homme de loi ne pourra les comprendre, parce que précisément pour eux c'est la valeur
marchande qui est tout [...]. »

190. LETTRE-FORMULAIREdes Secrétaires perpétuels de l'Académie des


Sciences à Mme Veuve Pierre Curie, Paris, 10 décembre 1906.
Attribution du prix Jean Reynaud à Pierre Curie, à titre posthume, pour ses travaux
sur la piézo-électricité et sur les propriétés des corps radio-actifs.

191. LETTRE signée du maire de Suresnes à Mme Curie, Suresnes,


3 mai 1906.
Il l'informe que le Conseil municipal, dans sa séance du 27 avril, a décidé de donner
le nom de Pierre Curie à « une voie nouvelle de Suresnes ».

192. LETTRE AUTOGRAPHE d'E. Legrand, directeur de l'École Rothschild


de Berck-Plage, à Mme Curie, Berck-Plage, II juin 1906.
Demande d'autorisation de donner le nom de Pierre Curie à une nouvelle rue.

193. PIERRE CURIE. — Bronze. Plaquette : 70 X47 mm.


Buste de profil à droite.
Signé à gauche, derrière le buste : S. E. VERNIER. 1907.
A l'exergue : PIERRE CVRIE.
Au revers : PIERRE CVRIE I NE ET MORT A PARIS I 15 MAI 1859 I 19 AVRIL
1906
PIEZO-ELECTRICITE I PRINCIPE DE SYMETRIE I MAGNETISME I
RADIVM ET RADIO-ACTIVITE I ECOLE MUNICIPALE I DE PHYSIQUE ET
DE CHIMIE 1882-1905 I SORBONNE 1900 PRIX NOBEL 1903 I INSTITVT
I

1905.

194. LETTRE du premier adjoint au maire d'Ivry-sur-Seine à Mme Curie,


Ivry-sur-Seine, 12 octobre 1915.
Il l'avise que le Conseil municipal, dans sa séance du 5 octobre, a décidé de donner le
nom de Pierre Curie à une rue de la ville.
46 PIERRE ET MARIE CURIE

195. OEUVRES de Pierre Curie, publiées par les soins de la Société fran-
çaise de Physique [et Mme Pierre Curie]. — Paris, Gauthier-
Villars, 1908. In-8°. — B.N., Impr., Rés. p. R. 624.
On lit dans une lettre de Georges Gouy à Mme Curie (Lyon, 20 novembre 1908)
«J'ai reçu le volume des oeuvres de Pierre. Le portrait est très bien venu, aussi bon que
:

l'épreuve que vous m'avez donnée. J'ai relu votre préface, qui fait revivre le passé avec
une exactitude admirable ; on ne pouvait rien faire de mieux, c'est la perfection même »,
C'est la Société française de Physique qui décida la publication de l'oeuvre de Pierre
Curie. « Cette publication, faite par les soins de P. Langevin, se compose d'un seul
volume [...]. Le volume unique, qui renferme une oeuvre aussi considérable que variée,
est une image fidèle de la mentalité de l'auteur. » (Pierre Curie, p. 94.)

196. [JACQUES CURIE.] Notes biographiques sur Pierre Curie, manus-


crit autographe avec lettre d'envoi à Marie Curie, 12 août 1920.
Ces quelques pages qui concernent la jeunesse de Pierre Curie (elles s'arrêtent en
1895, année de son mariage) ont été écrites par son frère aîné à la demande de
Mme Curie qui préparait alors un livre sur son mari (voir n° suivant).

197. MARIE CURIE, Pierre Curie, manuscrit avec corrections et addi-


tions autographes.
Dicté à Irène Curie, l'ensemble est de sa main. L'ouvrage parut chez Payot, en 1924.

198. PIERRE CURIE, par Mme Curie. — Paris, Payot, 1924. In-16.
(Les Grands hommes de France. Collection dirigée par Paul Gau-
thier.) — B.N., Impr., 8° Ln27. 61316.
Première édition de cet ouvrage.

199. MARIE CURIE, Pierre Curie, avec une étude des « Carnets de
laboratoire » par Irène Joliot-Curie. — Paris, éd. Denoël [1955].
In-8°. — B.N., Impr., 8° Ln27. 61316 A.
DEUXIÈME PARTIE

SEULE
IV
RETOUR A SCEAUX

Après la mort brutale de son mari, Mme Curie décide de quitter la demeure
du boulevard Kellermann, pleine de souvenirs devenus douloureux, et, pour assurer
à ses deux fillettes une vie saine, loue une maison pourvue d'un grand jardin,
près de la gare de Sceaux. Elle refuse la pension que le gouvernement lui fait
offrir, mais elle accepte de continuer à la Sorbonne le cours de physique dont avait
été chargé Pierre Curie. « Quelquefois il me semble que c'est ainsi qu'il me sera
le plus facile de vivre, d'autres fois il me semble que je suis folle d'entreprendre
cela », confie-t-elle à son journal. Son existence se partage donc entre l'enseigne-
ment et la recherche, un enseignement continuellement tenu à jour, car les décou-
vertes se multiplient dans le domaine qui est le sien, des recherches fécondes puis-
qu'elles aboutissent notamment à une nouvelle évaluation du poids atomique du
radium et, en collaboration avec André Debierne, à l'isolement du radium métal-
lique pur, à l'abri de l'air.

I. ENSEIGNEMENT
200. MADAME CURIE, IRÈNE ET EVE, 1906, photographie. — Pl. IV.
Eve Curie était née le 6 décembre 1904.

201. LETTRE AUTOGRAPHE de Georges Gouy à Mme Curie, Lyon,


30 avril 1906.
Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon, ami de Pierre Curie, Georges Gouy
fait pression sur Mme Curie pour qu'elle accepte de prendre la succession de son mari
à la Sorbonne. « La chaire a été fondée pour Pierre ; sa création avait été amenée par
le retentissement de ses découvertes et des vôtres. Les traditions qui y sont attachées,
l'outillage créé, l'approvisionnement en matériaux précieux, tout cela porte son
empreinte. Ne serait-il pas infiniment désirable que cela fût conservé avec un soin
pieux, qu'un étranger ne peut avoir, et que le nom de Curie y restât attaché ? [...] Ne
pensez-vous pas que Pierre eût été heureux de penser que son oeuvre serait continuée
par vous sa collaboratrice, seule dans le secret de ses projets et de ses méthodes de tra-
vail? [...] »
50 PIERRE ET MARIE CURIE

202. LETTRE AUTOGRAPHE de Paul Appell, doyen de la Faculté des


Sciences de l'Université de Paris, à Mme Curie, Paris, 12 mai 1906.
« [...] sur la proposition des quatre professeurs titulaires de Physique Lippmann
Bouty, Pellat, Janet, le conseil de la Faculté a décidé hier soir I ° de maintenir la chaire
qui avait été créée pour M. Curie, 2° de ne pas la déclarer vacante, 30 de demander
au Ministre qu'il vous nomme chargée du cours. Toutes les décisions ont été prises à
l'unanimité. »

203. ARRÊTÉ DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE en faveur de


Mme Curie, Paris, 15 mai 1906.
Le Ier mai 1906, Mme Curie devenait « chargée d'un cours de Physique » à la Faculté
des Sciences, avec un traitement annuel de dix mille francs. Pour la première fois en
France, une femme obtenait un poste d'enseignement supérieur.

204. MADAME CURIE, Les Théories modernes relatives à l'Électricité


et à la Matière... — Paris, Éd. de la Revue politique et littéraire
(Revue bleue) et de la Revue scientifique, 1906. In-8°. (Tirage à
part.)
Dans cette « Leçon d'ouverturedu cours de physique générale professé à la Sorbonne
le 5 novembre 1906 » furent exposées la théorie des ions dans les gaz, les théories nou-
velles sur la structure de l'électricité, sur la désintégration atomique, sur les corps
radio-actifs. « Lorsqu'on envisage les progrès qui ont été accomplis en physique depuis
une dizaine d'années, on est surpris du mouvement qui s'est produit dans les idées sur
l'électricité et sur la matière », dit Mme Curie au début de son exposé, reprenant ainsi
le cours de Pierre Curie à l'endroit où celui-ci l'avait laissé.

205. JEAN D'ORSAY, Mme Curie. La veuve du grand savant parla hier
en Sorbonne, dans le Matin, 6 novembre 1906, coupure de presse.
Compte rendu du premier cours de Mme Curie prononcé la veille.

206. CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE du premier cours de Marie Curie


à la Sorbonne, 12 janvier 1957.
Programme de la manifestation organisée dans le grand amphithéâtre de la Sor-
bonne.

207. MADAME CURIE en 1908, photographie.


208. DÉCRET DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE en faveur
de Mme Curie, Paris, 20 novembre 1908.
Nomination de Mme Curie en qualité de professeur de Physique générale à la Faculté
des Sciences de l'Université de Paris, à partir du 16 novembre.
SEULE 51

209. LEÇON D'OUVERTURE


du cours sur la radio-activité pour l'année
1910, manuscrit autographe de Mme Curie.
Plan du cours et programme des manipulations.

210. TRAITÉ DE RADIOACTIVITÉ, par Mme P. Curie. — Paris, Gauthier-


Villars, 1910. 2 vol. in-8°. — B.N., Impr., 8° R. 24021.
Dans ce traité qui reprend, en le développant, le cours de radio-activité professé
par Mme Curie à la Sorbonne, sont exposées « pour quelques phénomènes des théories
mathématiques qui n'avaient pas été données antérieurement » : théorie des transfor-
mations radio-actives, théorie de l'activation des fils chargés, théorie de chute du dépôt
actif. Des courbes théoriques représentant l'évolution radio-active dans les cas les plus
intéressants s'y trouvent également (cf. Notice sur les travaux scientifiques de Mme P. Curie,
Paris, 1910, pp. 49-51).

211. COURS SUR LA RADIO-ACTIVITÉ, 1913, manuscrit autographe de


Mme Curie.

2. TRAVAUX DE LABORATOIRE

212. LETTRE AUTOGRAPHE de Georges Gouy à Mme Curie, Lyon,


Ier février 1907.
Il était question de fonder un Institut Curie, laboratoire de physique et de radio-
activité, et la Sorbonne envisageait pour ce faire de lancer une souscription publique.
Aux répugnances manifestées par Mme Curie devant ce projet, Georges Gouy répond ;
il développe son opinion et prodigue ses conseils. « Vous savez combien le nom que
vous portez est populaire, jusque dans les couches profondes du public qui reste en
général indifférent devant les découvertes scientifiques. [...] Je voudrais cependant
qu'on évitât de laisser croire au public [...] qu'on lui demande surtout de manifester sa
sympathie pour le nom de Curie — et qu'en souscrivant il contribuera à vous assurer
des avantages personnels. Ce serait en effet une manière de plébiscite dont les inconvé-
nients et les dangers ne vous échappent pas [...]. » Le projet prendra corps sous une
autre forme quelques années plus tard. En attendant, Mme Curie continuait de se servir,
pour ses recherches et ses expériences, de l'étroit local de la rue Cuvier, qu'elle avait
partagé pendant un temps avec son mari.

213. MADAME CURIE dans le laboratoire de la rue Cuvier, 1905, photo-


graphie d'un dessin.

214. ÉTAT DU PERSONNEL du laboratoire Curie, 1907-1934, manuscrit


partiellement autographe de Mme Curie.
Ont été notés dans ce petit carnet la répartition des bourses, les noms des employés,
des travailleurs libres et du « Personnel ». En 1907, le philanthrope américain Andrew
Carnegie décida d'octroyer à Mme Curie une série de bourses annuelles qui lui per-
52 PIERRE ET MARIE CURIE

mirent d'accueillir dans son laboratoire de jeunes chercheurs. Ceux-ci vinrent grossir
le nombre des assistants payés par l'Université et des bénévoles.

215. LETTRE AUTOGRAPHE de Maurice Curie à Mme Curie [1912].


Fils de Jacques Curie, que Mme Curie prit dans son laboratoire, lui offrant ainsi la
possibilité de se préparer une situation plus conforme à ses goûts et à ses aptitudes.

216. CAHIER DE NOTES D'EXPÉRIENCES, 1906-1907, manuscrit autographe


de Mme Curie.
Commencé le 9 mai 1906, après la mort de Pierre Curie, ce cahier contient tout un
ensemble de remarques sur la « radioactivité induite » (émanations, poids atomique du
radium). Par la mesure de l'émanation dégagée par le radium, Mme Curie découvrit
une méthode pour doser cet élément.

217. CAHIER DE NOTES D'EXPÉRIENCES, 1907-1920, manuscrit autographe


de Mme Curie.
Suite du cahier précédent (radio-activité induite).

218. LETTRE AUTOGRAPHE de James Dewar à Mme Curie, 29 avril 1907,


Annonce officieuse de l'attribution de 1' « Actonian Prize », d'un montant de cent
guinées, décerné tous les sept ans à l'auteur « of the best Essay illustrative of the Wisdom
and Beneficence of the Almighty in such Department of Science as the Committee of
Managers shall select ». Le prix couronnait l'ouvrage intitulé Recherches sur les substances
radioactives (voir n° 134).

219. LETTRE signée du secrétaire honoraire et du trésorier de la « Royal


Institution of Great Britain » à Mme Curie, Londres, 6 mai 1907.
Annonce officielle de l'attribution de 1' « Actonian Prize ».

220. SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DU NORD DE LA FRANCE A MME CURIE.


1907. — Or. Diam. : 68 mm.
LVMEN PROFERT I LARGITUR I PALMAS
Une femme debout de face, la tête tournée à gauche, élève de la main droite une
torche tandis que de la gauche elle tient une branche d'olivier. Au-dessus de son front
brille une étoile.
Signé : H. P. [Hubert Ponscarme]
Au revers : SOCIETE INDVSTRIELLE I DV NORD I DE LA I FRANCE
I
I

LILLE
Dans h champ : MADAME CVRIE II 1907.
L'avers est celui de la médaille de la paix gravée par Hubeit Ponscarme en 1903.
Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir grenat orné tout autour d'un motif
d'or, doublé de satin et de velours grenat. Le diplôme qui l'accompagnait porte la date
du 19 janvier 1908.
SEULE 53
MADAME CURIE, IRÈNE et EVE en 1908, photographie.
221.
Dans le jardin de la maison de Sceaux; à l'extrême-gauche, Marguerite Chavannes,
amie d'Irène Curie.

222. (a) RAPPORT de l'Institut Franklin de Philadelphie sur les tra-


vaux de Pierre et Marie Curie, Philadelphie, 6 janvier 1909 ;
(b) Lettre d'envoi à Mme Sklodowska Curie, Philadelphie, II juin
1909-
Au terme de ce rapport, le comité demande l'attribution à Mme Curie de la plus
haute distinction accordée par l'Institut, « the Elliott Cresson Medal », médaille d'or
dont l'envoi sera annoncé au Département d'État par un télégramme en date du
10 août.

223. MÉDAILLE ELLIOTT CRESSON DÉCERNÉE A MARTE CURIE PAR


L'INSTITUT FRANKLIN DE L'ÉTAT DE PENNSYLVANIE.
— Or. Diam. :
37 mm.
ELLIOTT CRESSON MEDAL
Tête de profil à droite d'EUiott Cresson.
A l'exergue : FOVNDED 1848.
Signé sous la tranche du cou : BARBER
Au revers : AWARDED BY I THE FRANKLIN I INSTITVTE OF THE STATEI
OF I PENNSYLVANIA.
Dans une couronne faite de deux branches de chêne nouées en sautoir, inscription
gravée : To I Madame Sklodowska Curie I and in memory of Pierre Curie I of Paris,
France I for their researches in I Radioactivity and the I Discovery of Radium.
Cette médaille est conservée dans un écrin de velours bleu, doublé de satin blanc.

224. LETTRE signée du secrétaire de la Société royale des Arts à


Mme Curie, Londres, 4 juillet 1910.
Annonce de l'attribution de la « Médaille Albert », instituée en 1863 en souvenir
du Prince consort qui fut Président de la Société pendant dix-huit ans, et « for dis-
tinguished merit in promoting Arts, Manufactures and Commerce ».

225. MÉDAILLE DES ARTS ET MANUFACTURES ET DU COMMERCE OFFERTE


A MARIE CURTE. — Or. Diam. : 55 mm.
ALBERT PRINCE CONSORT PRESIDENT I 1842-61
Tête de profil à gauche.
Signé sur la tranche du cou : L. C. WYON.
Au revers : SOCIETY I OF ARTS I MANVFACTVRES AND I COMMERCE
Dans le champ : Deux femmes personnifiant respectivement les manufactures et les
arts. L'une assise de profil, vêtue à l'antique, file la laine ; en face d'elle, debout, de
profil à gauche, l'autre, vêtue elle aussi à l'antique, tient de la main gauche une palette
54 PIERRE ET MARIE CURIE

et, de la droite, présente une rose à la fileuse ; derrière elles, assis de profil à gauche
le dieu du commerce, Mercure.
A l'exergue : MDCCCLXIII.
Signé : L. C. WYON.
Sur la tranche de la médaille, l'inscription suivante a été gravée : Mme Curie for
the discovery of Radium. Session 1909-1910.
Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir rouge orné d'un dé en or ; il est
doublé de satin et de velours de la même teinte.

226. MINUTE AUTOGRAPHE d'une lettre de Mme Curie au ministre de


l'Instruction publique [?], Paris, 28 novembre 1910.
Pour refuser la Légion d'honneur, refus motivé en ces termes : « Il s'agit ici pour
moi non point d'une opinion personnelle concernant les décorations en général ou
l'Ordre de la Légion d'Honneur en particulier, mais d'un réel cas de conscience, résul-
tant du respect que je dois à la mémoire de Pierre Curie qui ne désirait pas être
décoré [...]. L'union morale et intellectuelle qui existait entre Pierre Curie et moi me
crée une obligation de solidarité que je dois respecter [...] ».

227. MADAME CURIE dans son laboratoire, 1911, photographie.

228. CAHIER DE NOTES D'EXPÉRIENCES, 1910 - 1914, manuscrit partiel-


lement autographe de Mme Curie.
Les expériences portent sur le polonium, considéré comme le dernier terme radio-
actif dans la série des dérivés du radium, selon Rutherford; de là l'intérêt qu'il y avait
à obtenir cet élément à l'état concentré, dans l'espoir de « mettre en évidence la for-
mation d'un élément inactif à partir du polonium (probablement le plomb) » (Notice
sur les travaux scientifiques de Mme P. Curie, p. 27). Mme Curie entreprit, en collaboration
avec André Debierne (son écriture alterne dans ce cahier avec celle de Mme Curie),
« un nouveau traitement ayant en vue la préparation de polonium à l'état très concen-
tré [...]. L'activité de la matière finalement obtenue était très grande et égalait celle
d'un décigramme de radium métallique ; cependant cette matière (quelques milli-
grammes) pouvait contenir [...] seulement [...] quelques pour 100 de polonium » (loc.
cit.).

229. (a) SUR LA VARIATION AVEC LE TEMPS de l'activité de quelques


substances radioactives ; (b) Sur la distribution des intervalles
d'émission des particules a du polonium, par Mme P. Curie, dans
le Radium. Journal de Physique, t. VIII, septembre 1911 (tiré à
part).
Avec la substance obtenue en traitant le polonium, André Debierne avait mis en évi-
dence la formation continue d'hélium. De nouvelles expériences furent faites « pour
compter le nombre de particules a (atomes d'hélium) émis par la matière active en un
temps donné et pour mesurer le volume d'hélium finalement obtenu » (Notice sur tes
travaux scientifiques de Mme P. Curie, p. 28).
SEULE 55

230. FICHE DE FRAIS, 1911-1912, manuscrit autographe de Mme Curie.


Concerne le traitement du polonium.

231. CONGRÈS SOLVAY, Bruxelles, 1911, photographie.


En avant du groupe, Mme Curie entre Jean Perrin, à sa droite, et Henri Poincaré,
à sa gauche. Parmi les savants qui l'entourent et qu'elle appelait les « amoureux de la
physique », on peut citer Langevin, Rutherford, Lorenz, Planck et Nernst. Au cours
de ces assemblées, une trentaine de spécialistes se réunissaient pour discuter des questions
les plus actuelles de la physique et de la chimie.

3. SECOND PRIX NOBEL

232. LETTRE AUTOGRAPHE de Marcel Brillouin, professeur de Physique


mathématique au Collège de France, à Mme Curie, Paris, 10 no-
vembre 1910.
Préliminaires à la candidature de Mme Curie à l'Académie des Sciences. « Vu la
nécessité d'adopter une étiquette, j'ai déposé chez Darboux et chez Violle une carte
de visite, avec l'addition « physicien » — et pour que personne n'en ignore, j'ai l'inten-
tion de faire une notice, et de la distribuer ; mais je ne bouge pas avant que vous ayez
vu la section de Physique [...]. »

233. NOTICEsur les travaux scientifiques de Mme P. Curie. — Paris,


Gauthier-Villars, 1910. In-4°. — B.N., Impr., 4° Ln27. 54631.
Établie lors de la candidature de Mme Curie à l'Académie des Sciences.

234. LETTRE AUTOGRAPHE de Georges Gouy à Mme Curie, Lyon,


13 novembre 1910.
Au sujet de la candidature possible de Mme Curie à l'Académie des Sciences, il
écrit :« [...] je ne puis que vous engager à accepter les ouvertures qui vous ont été
faites. La lutte entre vous et M. Branly se posera forcément sur le terrain clérical, et il
est clair que votre adversaire peut compter de ce chef sur un bon nombre de voix, mais
je crois aussi qu'il restera en minorité. Il aura contre lui l'élément avancé et l'élément
universitaire de l'Académie, qui ne lui pardonnent guère d'avoir abandonné la Sor-
bonne jadis pour la Faculté Catholique. Et puis comme travaux, il n'a que peu de
chose à opposer à vos titres ».

235. LETTRE AUTOGRAPHE de Ch. É. Guillaume à Mme Curie, Sèvres,


30 décembre 1910.
Mme Curie avait adressé à Guillaume un exemplaire dédicacé du Traité de radio-
activité récemment paru. « Quel monde, que cette radioactivité, dont vous donnez un
tableau si complet et si saisissant ! [...] Et, dans ce domaine si vivant, vous aurez été [...]
56 PIERRE ET MARIE CURIE

créatrice et historienne, rare association, que peu d'hommes partagent avec vous »,
écrit Guillaume. Il parle ensuite de la candidature à l'Académie des Sciences : « La
question de principe est heureusement résolue comme nous l'espérions [...]; mais il
reste à gagner quelques voix, en faisant partager une conviction, et cela est difficile.
L'élection de M. Branlyserait une honte, dont l'Académie porterait la charge. Quelques
amis et moi, nous avons entrepris une action qui le soulignerait [...]; elle consisterait
à vous faire élire membre de toutes les académies étrangères [...] ». A une voix près,
Edouard Branly l'emportait sur Mme Curie, le 23 janvier 1911.

236. LETTRE AUTOGRAPHE du Dr Roux à Mme Curie, Paris, 23 jan-


vier 1911.
Après l'échec de Mme Curie à l'Institut : « [...] malgré tout vous serez la première
femme académicienne; ce qui sera justice ».

237. LETTRE AUTOGRAPHE de Ch. É. Guillaume à Mme Curie, Sèvres,


26 janvier 1911.
« [...] j'ai repassé les épisodes de la campagne qui avait été menée par le bloc résul-
tant de l'union du groupe clérical et des antiféministes, et je me suis convaincu du fait
que notre situation était terriblement forte pour que de tels moyens fussent nécessaires
pour l'entamer. L'élection de M. Branly obtenue par des procédés dont rougiraient
des singes, ne le grandit pas, et amoindrit singulièrement l'Académie elle-même [...]. »
Dix mois plus tard, le prix Nobel de Chimie apportait une éclatante revanche.

238. TÉLÉGRAMME de Chr. Aurivillius, secrétaire perpétuel de l'Aca-


démie des Sciences de Stockholm, à Mme Curie, 8 [novembre
1911].
Annonce de l'attribution du prix Nobel de Chimie.

239. PRIX NOBEL de Chimie, Stockholm, 10 décembre 1911.


Au nom de Marie Curie. Même présentation que le diplôme du prix Nobel de Phy-
sique (voir n° 145).

240. MÉDAILLE ALFRED NOBEL DÉCERNÉE A MARIE CURIE EN 1911.


— PL : Dernière page de couverture.
Semblable aux médailles du prix Nobel de 1903, décrites sous le n° 146.

241. LETTRE AUTOGRAPHE de Ch. É. Guillaume à Mme Curie, Sèvres,


11 novembre 1911.
Félicitations pour le prix Nobel de Chimie, attribution qui déclencha une campagne
contre la bénéficiaire. « Il est des gens, écrit Guillaume, qui ne peuvent vous pardonner
votre supériorité ; ils l'ont montré lors de votre présentation à l'Académie, et le même
sentiment de basse jalousie les a armés récemment encore. Vous ai-je dit que j'avais
voulu avoir le coeur net des calomniesportées contre vos amis, à propos du prix Nobel
SEULE 57
attribué à Branly et dévié sur une lettre de M. Darboux ? La réponse que m'a donnée
M. Hasselberg est catégorique ; elle a circulé à l'Académie trop tard malheureusement
pour changer l'élection, mais assez tôt pour dévoiler une basse intrigue. »

242. LES MESURES EN RADIOACTIVITÉ et l'étalon du radium, par


Mme P. Curie, placards avec corrections autographes.
L'article parut dans le Journal de Physique théorique et appliquée (5e série, t. II, 1912,
pp. 795-826). — Le développement de la curiethérapie exigeait l'usage du radium en
parcelles infimes, des millièmes de milligramme que la balance ne pouvait établir
avec précision. Mme Curie imagina de « peser » les substances radio-actives à l'aide
des rayons qu'elles émettent. Sa technique mise au point, elle créa dans son laboratoire
un « service des mesures » qui délivrait aux savants et aux médecins, voire aux simples
particuliers, un certificat indiquant la teneur en radium des produits ou des minerais
« actifs » soumis au contrôle de ce service. En même temps, Mme Curie préparait
(août 1911) le premier étalon internationaldu radium, dont elle énumère les avantages
dans l'article ci-dessus : en matière de radio-activité, « assurer l'accord entre les résultats
numériques obtenus dans différents laboratoires en faisant intervenir une quantité de
radiumdonné » ; en ce qui concerne les applications médicales, « assurer un emploi judi-
cieux des propriétés physiologiques du rayonnement, en permettantde doser exactement
et en toute sécurité l'intensité de la source des rayons utilisés » ; du point de vue indus-
triel, « donner de la stabilité et de la sécurité à l'industrie du radium en permettant de
vendre des produits à teneur en radium exactement connue de manière à établir une
confiance entière entre les industriels et les acheteurs » (op. cit., p. 826).

243. SUR L'ÉTALON INTERNATIONAL DU RADIUM par Mme P. Curie,


manuscrit dactylograpié avec corrections autographes.
Le texte n'est pas identique à celui des placards sur le même sujet. — L'étalon, consti-
tué par un tube de verre que Mme Curie scella de ses propres mains, contient 21 milli-
grammes de chlorure de radium pur. Il servit plus tard de modèle aux étalons dispersés
dans les cinq continents.

244. LETTRE AUTOGRAPHE d'André Debierne à Mme Curie, 12 juil-


let 1912.
Il y est notamment question de Sèvres et de l'endroit où serait gardé l'étalon radium :
« [...] c'est dans un coffre-fort placé dans une cave. J'ai commandé un écrin pour
mettre l'étalon et Louis fait un tube métallique épais de telle sorte que je crois qu'il ne
risquera rien [...] ». L'étalon fut déposé au Bureau des Poids et Mesures.

245. LA MAISON DU QUAI DE BÉTHUNE, photographie.


Après la mort de son mari, Mme Curie avait loué une maison à Sceaux, 6, rue du
Chemin-de-fer, maison qu'elle quittera en 1912 pour s'installer à Paris, 36 quai de
Béthune. L'appartement était au 3e étage. Sur la photographie, la fenêtre ouverte est
celle du bureau.
58 PIERRE ET MARIE CURIE

246. CABINET DE TRAVAIL de Mme Curie, 36, quai de Béthune, photo-


graphie.

247. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à André Debierne, Lan-


gogne, Ier septembre 1913.
Pendant l'été 1913, Mme Curie passa des vacances en Engadine en compagnie de
ses filles et, avant de regagner Paris, fit un détour par cette bourgade du département
de la Lozère.

248. MADAME CURIE en 1913, photographie.


Prise à Birminghamoù Mme Curie s'était rendue pour la présentation des docteurs
honoris causa au vice-chancelier de l'Université. « On m'a habillée d'une belle robe
rouge à revers verts, de même que mes compagnons de misère, c'est-à-dire les autres
savants devant recevoir le grade de docteur. Nous avons chacun entendu un petit dis-
cours célébrant nos mérites, puis le vice-chancelier de l'Université a déclaré à chacun
de nous que l'Université nous accordait le grade. [...] J'ai dû prendre l'engagement
solennel d'observer les lois et coutumes de l'Université de Birmingham ! [...]. » (Lettre
à sa fille Irène, citée dans Madame Curie, p. 230.)

249. LES PROGRÈS de la physique moléculaire, conférences faites en


1913-1914 par Mme P. Curie, J. Becquerel, M. de Broglie,
A. Cotton, Ch. Fabry, P. Langevin, Ch. Mauguin, H. Mouton.
— Paris, Gauthier-Villars, 1914. In-8°. (Collection de mémoires
relatifs à la physique. Société française de Physique. 2e série.) —
B.N., Impr., 8° R. 6010.

250. ÉNERGIE RADIO-ACTIVE de transformation, note autographe d'E.


Solvay, Paris, 28 avril 1914.
Solvay souhaitait que fussent entreprises des expériences pour vérifier la théorie
qu'il résume dans cette « note pour Madame Curie », à savoir « que les corps radio-
actifs ne puisent pas leur énergie en eux-mêmes [...], mais bien ne font que transformer
de l'énergie qui leur arrive sous une autre apparence en énergie radio-active [...] ». Cette théorie
des transformations radio-actives fut exposée par E. Rutherford et F. Soddy dont les
conclusions reçurent l'approbation des spécialistes : tout radio-élément, même inaltéré
en apparence, est en voie de transformation spontanée, et son rayonnement est d'autant
plus intense que sa transformation est plus rapide.

251. LES RADIO-ÉLÉMENTS et leur classification, par Mme Curie,


épreuves avec corrections autographes.
Article publié dans la Revue du Mois (9e année, t. XVIII, juillet-décembre 1914.
PP. 5-38).
SEULE 59

252.
EDOUARD CHAVANNES, Sur Mme Curie, manuscrit autographe,
6 juillet 1914.
« J'ai pour elle le respect profond que toute âme qui n'est pas vile doit éprouver en
présence de cet esprit d'une rare élévation, de cette volonté toujours tendue vers la
recherche de la vérité. Je sens quelle reconnaissancelui doivent la France qui est devenue
sa patrie, et le monde entier qui bénéficie des progrès immenses accomplis dans les
sciences physiques par ses travaux. » Un mois plus tard, Mme Curie mettait son énergie
et ses compétences à la disposition de la nation en guerre.
V
SERVICE AUX ARMÉES

La guerre déclarée, Mme Curie cherche aussitôt le moyen de se rendre utile.


Elle constate, dès le mois d'août 1914, que les appareils à rayons X, employés
par les médecins civils, sont presque inconnus dans le service de santé militaire.
Pour doter les hôpitaux du front de ce matériel qu'elle juge avec raison indispen-
sable au traitement des blessures, elle entreprend une campagne de ramassage,
n'épargnant ni son temps ni ses efforts et surmontant toutes les difficultés et les
lenteurs apportées à l'aboutissement de son projet par l'administration de l'armée.
Grâce à des dons privés, elle peut acheter les appareils qui serviront à équiper
les voitures mises à sa disposition, automobiles de tourisme ou camionnettes Ford,
bientôt popularisées sous le nom de « petites Curie ». Avec l'aide de sa fille Irène,
qui n'a que dix-huit ans, et de quelques bénévoles, elle sillonne la zone des combats,
assure des services temporaires et, entre deux missions, s'occupe de former un
personnel compétent de manipulateurs radiographes, sans cesser pour autant de
diriger dans son laboratoire le service d'émanation du radium ou de se livrer à
des expériences en rapport avec la défense nationale.

1. PRÉLIMINAIRES

253. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à ses filles, Paris, Ier août
1914.
Irène et Eve étaient alors en vacances à L'Arcouest, en Bretagne. A la veille de la
mobilisation, ne sachant si elle pourra aller rejoindre ses filles, Mme Curie les exhorte
au calme. « je [...][...] vous ferai revenir aussitôt que ce sera possible, c'est-à-dire
quand la mobilisation aura été faite et que les trains pourront ramener les particu-
liers [...]. Toi et moi, Irène, nous chercherons à nous rendre utiles. »

254. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à sa fille Irène, Paris, 17 août


1914. — Pl. V.

Soucieuse de rendre service, Irène Curie avait manifesté le désir de revenir seule à
62 PIERRE ET MARIE CURIE

Paris. « Je comprends très bien ce désir et je t'autoriserai peut-être à le réaliser, mais je


te prie d'attendre encore un peu. Ne crois pas qu'il soit facile de faire oeuvre utile dans
les premières semaines. On cherche, on tâtonne [...]. Je me suis donnée beaucoup de
mal pour une organisation [la radiographie aux armées] dont je ne sais si elle apportera
quelque résultat positif. »

255. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à sa fille Irène, Paris, 29 août


1914.
L'avance allemande et l'inquiétude d'être coupée de ses filles dictent à Mme Curie
cette lettre qu'elle veut confiante dans l'avenir et objet de réconfort pour ses enfants.
256. ORDRE signé de Pierre Guesde, résident supérieur, s.d. [août 1914.]
« Le radium qui se trouve en possession de Mme Curie, Professeur à la Faculté des
Sciences de Paris, constituant un bien national de grande valeur, ordre est donné à
Mme Curie d'en faire le dépôt entre les mains du gouvernement français, afin de le
mettre en lieu sûr pour la durée de la guerre. » Cette mesure de sauvegarde avait été
dictée par l'avance allemande sur Paris.

257. ORDRE DE TRANSPORT n° 776835 (aller) et n° 1489924 (retour)


établi au nom de Mme Curie, 3-4 septembre 1914.
Voyage à Bordeaux, pour mettre à l'abri le gramme de radium de son laboratoire, et
retour à Paris, le lendemain. Rapporté de Bordeaux en 1915 et mis au service du pays,
ce gramme de radium est alors consacré par Mme Curie à un « service d'émanation »
dont le fonctionnement est ainsi décrit par Eve Curie (Madame Curie, p. 243) : « tous
les huit jours, elle « trait » le radium du gaz qu'il dégage, et enferme l'émanation dans
des tubes qui sont ensuite envoyés à l'hôpital du Grand Palais et dans d'autres centres
sanitaires. Ils serviront à la guérison des cicatrices « vicieuses » et de maintes lésions
de peau ».

258. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à sa fille Irène, Paris, 6 sep-


tembre 1914.
On y trouve une allusion à son voyage à Bordeaux (voir n° 257).

259. LETTRE AUTOGRAPHE du médecin major Gallouin au médecin


divisionnaire de la 6e division, Baslieux-les-Fismes, 28 octobre
1914.
Il lui adresse copie de l'extrait d'une lettre envoyée au sous-lieutenant Danysz et
suggère que Mme Curie qui « souhaite ardemment être mise à la disposition dun
service de l'avant [...] pourrait, peut-être, être employée dans les ambulances du
3e corps d'armée », mais déclare « que l'emploi des rayons X ne pouvait être envisagé
dans un service régimentaire ».
Cette lettre passa des mains du médecin divisionnaire dans celles du médecin inspec-
teur directeur du Service de Santé du 3e C.A. (31 octobre), puis dans celles du médecin
inspecteur chef supérieur du Service de Santé (2 novembre) ; celui-ci pria le correspon-
dant de Mme Curie de l'informer que c'était auprès du ministre [ de la Guerre] qu elle
SEULE 63

devait « solliciter sa désignation pour l'Armée ». La missive repassa par les mêmes
mains, en sens inverse et, dûment apostillée par chacune d'elles, fut transmise le
5 novembre 1914, par le médecin divisionnaire qui l'avait reçue en premier au médecin
major Gallouin qui l'avait envoyée.
Trois semaines après, le 24 novembre, le ministre de la Guerre, A. Millerand, faisait
savoir à Mme Curie qu'il appartenait au seul général Joffre, commandant de la zone
des armées, d'examiner sa demande et qu'il l'avait prié de le faire « avec tout l'intérêt
qui s'y attache ».

260. CARTE de membre d'honneur du Conseil national des Femmes


Françaises délivrée à Mme Curie, 1914.
délivrée par l'Union des Femmes de France,
261. CARTE D'IDENTITÉ
au nom de Mme Curie, en qualité de « Directrice des Services de
radiographie ».
Carte d'identité n° 58 du personnel appartenant à la Direction des Services de radio-
scopie de l'Union des Femmes de France.

262. LAISSEZ-PASSER aunom de Mme Curie, signé du délégué régional


de l'Union des Femmes de France, Paris, octobre 1914. Avec avis
favorable du médecin inspecteur général, directeur du Service
de Santé, Paris, 7 octobre 1914.
Mme Curie qu'accompagnaientsa fille Irène, un assistant et un chauffeur, se rendait
à l'hôpital auxiliaire de Verdun (n° n).

263. PROSPECTUSémis par le Patronage national des blessés, 45, rue


d'Ulm, Paris.
« Type des appareillages et des voitures radiologiques que le Patronage équipe et
offre aux Armées. »

264. EXTRAIT D'UNE CARTE de Mme Curie au sous-lieutenantJ. Danysz,


Paris, 23 octobre 1914, copie autographe.
« [•••] J'ai une voiture à rayons X toute prête à partir et vous prie de me dire si
au courant de votre tournée vous avez eu connaissance des besoins de ce genre. Vous
pourriez indiquer à votre état-major la possibilité de faire venir cette voiture en m'en-
voyant une demande à domicile, avec laquelle j'obtiendrais l'autorisation de partir.
Je vous signale ceci, car il paraît qu'aux armées on désirerait dans les services de
santé plus de voitures à rayons X que l'on en a pour l'examen des blessés. »

2. EN PLEINE ACTION
865. LISTE DES
MISSIONS DE GUERREde Mme Curie dans la zone des
armées, novembre 1914-août 1918, manuscrit autographe.
64 PIERRE ET MARIE CURIE
266. INVENTAIRE DE LA VOITURE RADIOLOGIQUE n° 2, 1914, manuscrit
autographe de Mme Curie.
En tête du registre, on lit : « Voiture n° s (prêtée par M. Ewald, architecte) acceptée
par l'Union F. F. montée par Madame Curie en octobre 1914 entrée au service le
Ier novembre 1914 à Creil ». Suivent l'inventaire et des renseignements sur les blessés,
qui complètent ceux que fournissent, pour la période correspondante, les cahiers
d'examens (voir n° 268).

267. TEMPS DE POSE pour examens radiologiques, manuscrit auto-


graphe de Mme Curie.
Notés au début d'un petit carnet dans lequel Mme Curie a également consigné le
matériel radiologique fourni à divers hôpitaux et des listes d'appareils équipant les
voitures radiologiques.

268. DEUX (a) novembre 1914-


CAHIERS D'EXAMENS RADIOLOGIQUES :
mars 1918; (b) mars-octobre 1918, manuscrits autographes de
Mme Curie.
Noms des hôpitaux, des blessés, du régiment auquel ils appartiennent, localisation
de leurs blessures, résultats de l'examen et observations.

269. PERMIS DE CIRCULER par véhicule automobile, établi au nom du


conducteur Gagnat, valable du 30 novembre au 5 décembre 1914.
Pilotant la voiture militaire 813 RM, à destination de Compiègne et d'Abbeville, il
transportait Mme Curie, sa fille Irène et un mécanicien. Pendant toute la durée de la
guerre, de nombreuses autorisations de ce genre furent délivrées à Mme Curie pour
lui permettre d'installer des postes radiologiques ou d'en surveiller le fonctionnement,
soit dans la zone des armées (Fumes, Poperinghe, Frévent, Dunkerque, Verdun, Calais,
Amiens, Montdidier, Compiègne, Villers-Cotterêts et les ambulances voisines), soit
dans d'autres régions de France (par exemple la Bretagne, le Sud-Est et le Sud-Ouest).

270. MADAME CURIE à Hoogstade (Belgique), 1915, photographie.

271. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à Joseph Reinach, Paris,


13 mars 1915. — B.N., Mss, Nouv. acq. fr. 24892, ff. 308-309.
Sur l'organisation de postes radiologiques pour les blessés. « Je serai très contente,
écrit-elle, de pouvoir obtenir, grâce à votre offre, quelque aide dans les démarches
nombreuses et souvent stériles faites par moi ou par le Patronage des Blessés [...]. »

272. RAPPORT DE MME CURIE, Paris, 14 mars 1915. — B.N., Mss,


Nouv. acq. fr. 24892, ff. 310-313.
Sur le service radiologique aux armées et dans le territoire, son fonctionnement et
ses besoins.
SEULE 65

273. LETTRE AUTOGRAPHE


de Mme Curie à Joseph Reinach, Paris,
19 mars 1915. — B.N., Mss, Nouv. acq. fr. 24892, ff. 314-315.
Sur papier à en-tête du « Patronage national des Blessés, 45 rue d'Ulm », cette lettre
accompagnait l'envoi d'une liste de techniciens demandés par le Patronage.

274. BILLET AUTOGRAPHE de Mme Curie à Joseph Reinach, Paris,


19 mars 1915. — B.N., Mss, Nouv. acq. fr. 24892, f. 316.
Au sujet de l'installation radiologique de l'hôpital Beghin.

275. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à Joseph Reinach, Paris,


20 mars 1915. — B.N., Mss, Nouv. acq. fr. 24892, ff. 317-318.
Renseignements complémentaires quant aux résultats obtenus par le service radio-
logique aux armées, avec le concours du « Patronage national des Blessés ».

276. LETTRE AUTOGRAPHE de Maurice Curie à Mme Curie, 24 avril


1915.
« Irène m'écrit que vous êtes aux alentours de Verdun ce qui fait que je plonge le
nez dans toutes les automobiles sanitaires qui passent sur la route ; mais je ne vois
jamais que des képis très galonnés et je ne pense pas que l'Autorité militaire ait voulu
régulariser la situation de votre coiffure peu réglementaire. »

277. AUTORISATION signée Albert Thomas, sous-secrétaire d'État de


l'Artillerie et des Munitions, en faveur de Mme Curie, Paris,
21 décembre 1915.
Ce papier officiel permettait à Mme Curie de « faire usage des Automobiles militaires
mises à la disposition des Services de recherches auxquels elle donne sa collaboration
scientifique ».

278. CERTIFICAT DE CAPACITÉpour la conduite des voitures à pétrole,


délivré à Mme Curie, Paris, 28 juillet 1916.

279. MADAME CURIE au volant de sa voiture radiologique, octobre 1917,


photographie.
280. LETTRE AUTOGRAPHE du Dr Thévenin à Mme Curie, Amiens,
5 août 1916.
Sur le fonctionnement de la voiture radiologique n° 21 et la nouvelle conception du
service de santé en campagne, « née de l'expérience » : tendant à « grouper les ambu-
lances et à les munir de tout le nécessaire », elle est « préférable à celle qui consistait
à éparpiller des ambulances qui manquaient de tout, même quelquefois de chirur-
gien ». S'il souligne l'importance de la radiologie, « devenue pour le chirurgien de
guerre aussi indispensable que l'artillerie pour le combattant » , il remarque cependant
66 PIERRE ET MARIE CURIE

que « les voitures radiologiques légères [...], si utiles autrefois, semblent devenir [...] des
organismes quelque peu désuets » et propose de les employer « comme postes radiolo-
giques de renfort » pour « doubler un poste surchargé par l'abondance des blessés »
ou « remplacer un poste devenu momentanément indisponible par suite d'une avarie
de matériel » ou encore « installer des postes dans les formations nouvelles qui seront
constituées à mesure que l'armée avancera ». La supériorité des voitures radiologiques
reste dans le fait qu'elles sont pourvues d'équipes expérimentées, ce qui n'est pas tou-
jours le cas dans les postes, où « les radiologues sont rares » et les moyens de fortune,

281. CARNET concernant les manipulatrices radiologues, 1917-1919,


manuscrit (en partie autographe) de Mme Curie.
Liste d'élèves, avec l'indication de leurs titres scientifiques, de leur adresse, du résultat
de leurs études radiologiques et de leur affectation. — Préoccupée par le manque de
manipulateurs spécialisés, Mme Curie proposa au gouvernement « de fonder et
d'assurer un enseignement de radiologie » (Madame Curie, p. 243). Autour de Mme Curie,
d'Irène Curie et de Mlle Klein, professeurs, une vingtaine d'élèves se groupèrent pour
entendre des leçons théoriques sur l'électricité, les rayons X, apprendre l'anatomie et
participer à des exercices pratiques. De 1916 à 1918, Mme Curie et ses collaboratrices
formèrent cent cinquante infirmières radiologues.

282. LETTRE AUTOGRAPHE de Lucien Foulet à Mme Curie, Moulins,


14 janvier 1919.
L'éditeur des Tragiques et de la Chastelaine de Vergy narre, non sans humour, son
aventure de manipulateuren radiologie pendant la guerre et exprime à Mme Curie sa
reconnaissance : « Je vais sans doute me remettre à l'histoire de la littérature et à la
linguistique, mais je crois que, du fait de ces deux ans que vous m'avez procurés, j'y
reviens en un certain sens mieux armé ».

283. CONTENU DU PORTEFEUILLE DE GUERRE de Mme Curie.


« Portefeuille d'homme, en cuir noir, qu'elle a acheté pour « faire la guerre »
(Madame Curie, p. 241) et qui contenait deux photographies de son père, deux de sa
mère, une d'elle-même, onze ordres de transport de la Croix Rouge française, les noms
et adresses des Présidentes de l'Union des Femmes de France de Lyon, Marseille et
Toulon, deux enveloppes vides ayant abrité des graines de plantes (romarin officinal),
« enterrées sans doute, entre deux voyages, dans les plates-bandes du laboratoire » (loc.
cit.) de l'Institut du Radium.

284. LES « PETITES CURIE » dans la cour des Invalides, photographie.

285. SERVICES RENDUS par Mme Curie pendant la guerre, copie dacty-
lographiée avec une addition manuscrite.
286. LETTRE signée du sous-secrétaire d'État au ministère de la Guerre
à Mme Curie, Paris, 3 décembre 1919, copie dactylographiée.
Remerciements pour sa collaboration au cours de la guerre. « Le Service de Santé
SEULE 67

ne saurait oublier les éminents services que vous lui avez rendus en mettant à la dispo-
sition des blessés, avec le plus entier dévouement, votre expérience et votre grande
compétence technique, en assurant à titre gracieux la préparation de l'émanation du
radium nécessaire au traitement des militaires, en dirigeant l'instruction spéciale de
nombreuses manipulatrices radiologistes, en prenant part aux délibérations de la Com-
mission Radiologique, enfin, en dispensant dans les meilleures conditions, grâce à votre
activité, le matériel auxiliaire prêté par le Patronage National des Blessés. »

287. MÉDAILLE DE L'UNION DES FEMMES DE FRANCE. — Bronze doré.


Diam. : 51 mm.
UNION DES FEMMES DE FRANCE
Dans le champ : Deux femmes debout de chaque côté du lit d'un blessé ; l'une le sou-
tient tandis que l'autre l'aide à boire. Au second plan, une femme assise lisant près du
lit d'un malade.
A l'exergue :CROIX ROVGE [insigne] FRANÇAISE
Signé à droite : HENRI DVBOIS
Au revers : Au fond, une grande voiture attelée d'un mulet transporte des blessés. Au
premier plan, un cartouche posé sur des branches de chêne et sur lequel on lit :
MADAME CVRIE. A gauche et à droite, cette inscription : SECOURS AVX I
MALADES | ET AVX BLESSES I DE L'ARMEE EN TEMPS DE I GVERRE.
Signé à gauche : HENRI DVBOIS 1890
Cette médaille est conservée dans un écrin recouvert de cuir rouge foncé avec filet,
doublé de satin et de peluche de la même teinte.

3. TRAVAUX ANNEXES

288. CARNETS DE NOTES sur diverses études et mesures faites pour


la défense nationale, 1916-1918, manuscrit en partie autographe
de Mme Curie.
Ces notes portent sur les « appareils à obus », la résistance de l'air aux projectiles,
les pastilles lumineuses pour l'artillerie et la mesure de sels divers.

289. RÉSULTAT DES EXPÉRIENCES effectuées à l'Institut du Radium sur


les pastilles lumineuses radioactives, Paris, 9 octobre 1916, manus-
crit autographe de Mme Curie.

290. RAPPORT DRESSÉ PAR MME CURIE sur l'industrie des radioélé-
ments, leur rôle et leurs applications, octobre 1918, copie dacty-
lographiée.
Par décret en date du 27 avril 1918, avait été constitué au ministère de l'Armement
un « Comité des Corps radioactifs », chargé d'examiner toutes les questions intéressant
ces corps, notamment d'en organiser et intensifier l'utilisation pendant et après la
68 PIERRE ET MARIE CURIE

guerre. C'est en qualité de membre du Comité que Mme Curie établit le rapport
ci-dessus, qui fut transmis au Comité consultatif des Arts et Manufactures.
Sur le même sujet, Mme Curie prononça une conférence au Conservatoire national
des Arts et Métiers, le 7 mars 1920.

291. LA RADIOLOGIE ET LA GUERRE, manuscrit autographe.


Dans cet ouvrage, Mme Curie énumère les bienfaits de la science, du point de vue
humain. « L'histoire de la radiologie de guerre offre un exemple saisissant de l'ampleur
insoupçonnée que peut prendre, dans certaines conditions, l'application de décou-
vertes d'ordre purement scientifique. Les rayons X n'ont eu qu'une utilisation limitée
jusqu'à l'époque de la guerre. La grande catastrophe qui s'est déchaînée sur l'huma-
nité [...] a fait surgir [...] le désir ardent de sauver tout ce qui pouvait être sauvé, d'ex-
ploiter tous les moyens pour épargner et protéger les vies humaines. Aussitôt, nous
voyons naître un effort pour faire rendre aux rayons X le maximum de services. [...] Ainsi
la découvertescientifique aura achevé la conquête de son champ d'action naturel [...] »

292. LA RADIOLOGIE et la guerre par Mme Pierre Curie... — Paris,


librairie Félix Alcan, 1921. In-16. (Nouvelle collection scienti-
fique. Directeur : Emile Borel.) — B.N., Impr., 8° Te7. 549.
VI
LA GLOIRE ET SES SERVITUDES

Dans le livre qu'elle a consacré à son mari, Mme Curie prononce ce sévère
jugement : « Pour le don admirable de soi-même, et pour les services magnifiques
rendus à l'humanité, quelle est la compensation que notre société offre aux savants ?
Ces serviteurs de l'idée disposent-ils des moyens de travail qui leur sont néces-
saires ? Ont-ils une existence assurée à l'abri du besoin ? L'exemple de Pierre
Curie et de tant d'autres montre qu'il n'en est rien, et que pour conquérir des moyens
de travail acceptables, il faut, le plus souvent, avoir épuisé d'abord sa jeunesse
et ses forces dans des soucis quotidiens ».
Le temps de la revanche est venu. En hommage à la mémoire de Pierre Curie,
sa femme a obtenu la construction d'un temple de la science, l'Institut du Radium.
Non tel que ses vues d'avenir l'eussent souhaité. Mais enfin il existe, fonctionne
et contribue au prestige intellectuel de la France en accueillant des chercheurs de
tous les pays.
Un second prix Nobel, en 1911, sans parler d'autres récompenses moins
éclatantes, a relégué dans le passé les difficultés matérielles des années héroïques.
Mme Curie est devenue un personnage officiel que l'Amérique reçoit comme un
chef d'État, que l'Académie de Médecine élit spontanément, que d'innom-
brables sociétés scientifiques étrangères tiennent à honneur de compter parmi
leurs membres.

Mais toute médaille a son revers. Congrès, conférences, cérémonies universi-


taires, visites de laboratoires, séances de la Commission internationale de coopé-
ration intellectuelle à la S.D.N. transforment en pèlerin de la science cette femme
effacée, qui
ne se sent vraiment à l'aise que dans le calme d'un laboratoire, et sou-
mettent à des voyages fréquents, aux éprouvantes manifestations d'une glorieuse
publicité, un corps frêle, usé par le travail et, peut-être, déjà mortellement touché
par les rayonnements des corps radio-actifs.
70 PIERRE ET MARIE CURIE

I. L'INSTITUT DU RADIUM

293. INSTITUT DU RADIUM, photographies.


1. Vu du jardin.
2. Pavillon Curie.
3. Jardin et petit pavillon.
En 1909, le Dr Roux, directeur de l'Institut Pasteur, s'entend avec l'Université pour
la création de l'Institut du Radium, réalisé à frais communs et comprenant deux parues
distinctes : un laboratoire de radio-activité, placé sous l'autorité de Mme Curie; un
laboratoire de recherches biologiques et de curiethérapie, dirigé par le profes-
seur Regaud, et dans lequel devront être organisés les études sur le cancer et le traite-
ment des malades. Commencé en 1911, construit par l'architecte Nénot sur des terrains
de la rue Pierre-Curie, cet Institut, terminé en juillet 1914, fonctionna au ralenti pen-
dant la durée des hostilités et n'entra vraiment en pleine activité qu'au lendemain
de la guerre.
Lors de l'inauguration, Mme Curie rappellera les paroles de Pasteur sur les labora-
toires, ces « demeures sacrées ...où l'humanité grandit, se fortifie et devient meilleure ».

294. FACTURE établie par Flicoteaux, Boutet et Cie, au nom de


Mme Curie, Pavillon du Radium, rue Pierre-Curie, 30 décembre
1918.
Pour des travaux d'installation d'un laboratoire en sous-sol, à cause des bombarde-
ments, travaux qui furent effectués le II avril 1918 et jours suivants. Entre deux mis-
sions dans la zone des armées, Mme Curie avait procédé au déménagement du labora-
toire de la rue Cuvier et fait protéger par un rempart de sacs de sable l'annexe de
l'Institut du Radium qui abritait les matières radio-actives.

295. CERTIFICAT n° 884 de mesure d'ampoules radio-actives, Paris,


7 août 1917, rempli et signé par Mme Curie.
D'abord sur papier à en-tête du Laboratoire de Physique générale de la Faculté des
Sciences de Paris, ces certificats furent établis, à partir de 1917, sur des imprimés por-
tant l'indication « Institut du Radium, Laboratoire Curie ».

296. RAPPORT de Physique générale


SUR L'ACTIVITÉ DU LABORATOIRE
(Institut du Radium) pendant la guerre, septembre 1919, minute
autographe de Mme Curie.
Service de radiologie de guerre, enseignement de la radiologie, École des infirmières,
liquidation du service radiologique du Patronage après guerre (distribution des appa-
reils à des formations sanitaires) sont les principaux points de la première partie de cet
exposé, la seconde étant consacrée aux travaux sur le radium (service des émanations,
des mesures), au comité des corps radio-actifs, à l'installation des nouveaux bâtiments
de l'Institut du Radium et à l'enseignement.
SEULE 71

297. ORDRE CIVIL D'ALPHONSE XII. CROIX DE COMMANDEUR DÉCERNÉE


A MARIE CURIE. Or rehaussé d'émail. 45 mm.

Sur des rayons d'émail violet sur fond d'or, un disque d'or représentant le soleil
un aigle d'argent couronné, de face, éployé. Au-dessus de l'aigle : A.[lphonse] XII.
Au-dessous : ALTIORA PETO. La plaque est cernée d'une palme d'or et d'une

branche de laurier, émaillée, qui se rejoignent sous un écusson aux armes de l'Espagne.
Au haut de la décoration, la couronne royale. Bélière et anneau de suspension, auquel
est attaché le noeud du large ruban violet.
Cette décoration, créée le 23 mai 1902 par le roi Alphonse XIII en mémoire de son
père, mort en 1885, est conservée dans un écrin grenat doublé de satin blanc. La lettre
d'envoi est datée du 25 avril 1919.

298. MADAME CURIE et ses élèves du corps expéditionnaire américain,


1919, photographie.
Après la guerre, des officiers et des soldats américains demandèrent à suivre des cours
en France en attendant de pouvoir rentrer aux États-Unis. Mme Curie organisa pour
une quinzaine d'entre eux des leçons sur la radio-activité et des travaux pratiques, ces
derniers avec l'aide de sa fille Irène que l'on voit ici au premier rang.

299. LETTRE d'Armet de Lisle au commandant Exbrayat, ministère


de la Reconstitution industrielle, section des Matières premières,
bureau des Corps radioactifs, Paris, 19 février 1919. (Double
adressé à Mme Curie.)
Pour contribuer à la création de l'Institut central du Radium, il s'engage « à verser
tous les trimestres à cet Institut une quantité de Radium égale à 1 % de la quantité [...]
fabriquée [par lui] pendant le même temps » et à continuer « ce versement jusqu'à la
réalisation d'un don de un gramme de Bromure de Radium ».

300. RAPPORT et propositions concernant l'extension des services de


l'Institut du Radium, copie dactylographiée, s.d. [1919 ? ], signée
Cl. Regaud et M. Curie.
Les signataires souhaitaient une augmentation de la dotation en corps radio-actifs, la
création d'un laboratoire industriel, d'une section thérapeutique et soulignaient la
« nécessité de rassembler dans des établissements spéciaux les malades pouvant béné-
ficier de la Radiumthérapie », d'où l'obligation de recevoir des subventions de l'État
et des administrations d'Assistance publique.

301. POUR LE DÉVELOPPEMENT de l'Institut du Radium de Paris et pour


l'avenir de la radiumthérapie en France. [Signé :] Mme M. Curie
[et] Dr Cl. Regaud. Paris, Institut du Radium de l'Université,
In-12. —
1920. — B.N., Impr., 8° R. Pièce. 17063.
Une note liminaire précise : « Sur l'initiative du Conseil de l'Institut du Radium de V Uni-
versité de Paris, un Comité de Patronage a été constitué, dans le but de favoriser le développe-
72 PIERRE ET MARIE CURIE

ment en France des Études et des Applications de la Radio-activité ». Suit la liste des membres
du Comité de Patronage.

302. CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS. CONFÉRENCES


DE MME CURIE. — Plaquette d'argent. 59 X69 mm.
Une femme debout à gauche, qui enseigne ; elle présente, rangés dans une armoire
ouverte, des appareils et instruments nécessaires à la recherche. Devant elle, cinq audi-
teurs écoutent ; au premier plan, un de ces auditeurs est assis et prend des notes.
A l'exergue : PRINCIPIA. INVENIT. DESCRIBIT. MACHINAS. ARTES.
I

DEMONSTRAT. I DOLET OMNES.


Signé : A. PATEY.
Au revers : CONSERVATOIRE NATIONAL I DES ARTS ET METIERS
Sur des branches de chêne et de laurier, un cartouche sur lequel on lit : CONFE-
RENCES DE 1920 Mme CURIE. Au-dessous, une vue aérienne du Conservatoire
I 1

des Arts et Métiers.


Cette plaquette est conservée dans un écrin de cuir vert bouteille doublé de velours
vert émeraude.

303. MADAME CURIE dans son bureau, à l'Institut du Radium, 1921,


photographie.

304. SUR LA d'émission des particules a


DISTRIBUTION DES INTERVALLES
du polonium, manuscrit autographe de Mme Curie.
Publié dans Journal de Physique et le Radium, 1920, pp. 17-24 (le début de l'article
manque).

305. SUR LE RAYONNEMENTy et le dégagement de chaleur du radium


et du mésothorium, note de Mme P. Curie : (a) manuscrit auto-
graphe ; (b) copie dactylographiée.
Cette note sur le radium et le mésothorium, « radio-éléments isotopes dont la sépa-
ration chimique ne peut être effectuée », fut imprimée dans les Comptes rendus hebdo-
madaires des séances de l'Académie des Sciences, t. 172, 1921 [séance du 25 avril], pp. 1022-
1025.

306. NOTE AUTOGRAPHE d'Armet de Lisle, Nogent-sur-Marne, 15 dé-


cembre 1921.
Sur l'usine de radium et le laboratoire de recherches, installés par lui. En 1914, un
projet fut mis à l'étude, qui concernait la création d'une compagnie de production de
radium (General Radium Production Company) : celle-ci aurait utilisé l'usine Armet de
Lisle et pris comme conseillers techniques Mme Curie, André Debierne et le profes-
seur Erich Ebler. L'affaire n'aboutit pas.

307. MADAME CURIE dans son laboratoire, avril 1921, photographie.


SEULE 73

308. BON DE PAIEMENT du prix accordé à Mme Curie par l'Association


américaine d'aide à la recherche scientifique féminine, 23 avril
1921.
L' « Ellen Richards Research Prize » se montait à deux mille dollars.

309. RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE D'APPAREILS reçus en don ou achetés


par l'Institut du Radium, à partir de 1922, manuscrit partielle-
ment autographe de Mme Curie.

310. SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUSTRIE NATIONALE. —


Bronze. Diam. : 58 mm.
L'Industrie personnifiée par une femme debout de face, drapée à la manière antique,
tenant dans chaque main une couronne semblable à celles qui sont posées sur l'autel
dressé à sa gauche, A sa droite, dans le champ, un caducée et des instruments divers.
A l'exergue : MDCCCI, sur la plinthe de l'exergue.
Signé : TIOLIER. F.
Au revers (sur le pourtour) : SOCIETE D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUS-
TRIE NATIONALE
Deux branches de laurier nouées en sautoir entourent le centre de la médaille, qui
porte cette inscription : PRIX D'ARGENTEUIL A IMr et Mme CVRIE I RADIO-
ACTIVITE Il 1923.
Conservée dans un écrin de cuir grenat, doublé de velours et de satin de la même
teinte, gravé en lettres d'or au nom de M. et de Mme Curie. (Voir n° 397.)

311. A L'ARCOUEST, chez le professeur Jean Perrin, photographie.


De gauche à droite, Mme Curie, Jean Perrin, Mme Perrin et Aline Perrin.
C'est à l'Arcouest (ou Larcouest) que Mme Curie et ses filles séjournèrent pendant
les vacances, à partir de 1919. « La population de ce hameau, situé au bord de la
Manche, près de Paimpol, se compose uniquement de marins, de cultivateurs [...] et de
professeurs à la Sorbonne. La découverte de Larcouest par l'historien Charles Seignobos
et le biologiste Louis Lapicque en 1895 a pris, dans le groupe des universitaires,l'impor-
tance du voyage de Christophe Colomb. Mme Curie, tard venue dans une colonie de
savants qu'un journaliste spirituel surnommera « Fort-la-Science », a d'abord vécu
chez l'habitant, puis elle a loué une villa, puis elle l'a achetée [...] » (Madame Curie,
pp. 249-250).

2. VOYAGE EN AMÉRIQUE
312. LETTRE AUTOGRAPHE de Maurice Rostand à Mme Curie, s.d.
[avant le 10 février 1922.]
Elle accompagne un poème dactylographié, intitulé « Ode à Madame Curie », et
une coupure de presse (avec corrections de l'auteur), reproduisant ce même poème qui
fut lu par Sarah Bemhardt, « au milieu d'ovations sans fin qui s'adressaient au poète
74 PIERRE ET MARIE CURIE

inspiré et à sa magnifique interprète », au cours du gala en l'honneur de Madame Curie


organisé à l'Opéra le 28 avril 1921, à l'occasion du don d'un gramme de radium et
au bénéfice de l'Institut du Radium. Le programme artistique de cette matinée avait
été établi par Sacha Guitry. Léon Bérard, le professeur Jean Perrin, le docteur Claude
Regaud prononcèrent des discours.

313. MADAME CURIE et Mrs. Meloney, 1921, photographie.


Mrs. William Brown Meloney, directrice d'un grand magazine new-yorkais, avait
réussi à rencontrer Mme Curie, en mai 1920, dans son modeste bureau de l'Institut
du Radium. Apprenant alors que Mme Curie avait besoin d'un gramme de radium
afin de poursuivre ses recherches, mais qu'elle ne pouvait l'acheter en raison de son
prix trop élevé, elle résolut de le lui offrir après avoir lancé une souscription nationale
pour se le procurer et monté une campagne au nom du « Marie Curie Radium Fund ».
Mme Curie accepta de se rendre aux États-Unis pour recevoir ce précieux cadeau.

314. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Curie à Mme Jean Perrin, à bord


de l'Olympic, 10 mai 1921.
Mme Curie et ses deux filles font alors route vers les États-Unis, voyage officiel, exé-
cuté dans des conditions luxueuses, mais, aux yeux de la bénéficiaire, véritable
« équipée », « peu conforme à ses goûts » et à ses « habitudes ». L'Amérique, à l'occa-
sion de la remise solennelle du gramme de radium, réserva le plus chaleureux, mais
aussi le plus éprouvant des accueils à Mme Curie.

315. THE DISCOVERY OF RADIUM, Address by Mme M. Curie at Vassar


College, May 14, 1921. (Ellen S. Richards Monographs, No. 2.)
Les premiers jours du voyage de Mme Curie aux États-Unis furent consacrés aux
collèges féminins de Smith, Vassar, Bryn Maur, Mount Holyoke. Une semaine plus
tard, au Carnegie Hall de New York, lors de la manifestation des Associations de
Femmes Universitaires, les déléguées de ces mêmes collèges s'inclineront devant
.
Mme Curie, en lui offrant une fleur de lis ou une rose « american beauty ».

316. DISCOURS DE CALVIN COOLIDGE, vice-président des États-Unis,


19 mai 1921, copie dactylographiée, avec dédicace autographe à
la fin.
Prononcé au dîner donné en l'honneur de Mme Curie, au Waldorf Astoria, par le
« National Institute of Social Sciences », en présence de cinq cent soixante-treize repré-
sentants des sociétés scientifiques américaines.

317. ACCORD passé entre le comité exécutif féminin du « Marie Curie


Radium Fund » et Mme Curie, 19 mai 1921.
Acte de donation d'un gramme de radium, obtenu par souscription volontaire des
femmes des États-Unis, à Mme Curie « for free and untrammelled use by her in experi-
mentation and in pursuit of science ».
SEULE 75
à Mme Curie par le « Marie Curie
318. CARTE D'INVITATION adressée
Radium Fund Committee », 20 mai 1921.
Pour la remise d'un gramme de radium, ou plutôt de son symbole, en présence du
président des États-Unis. « Un coffret garni de plomb (voir n° 325) a été spécialement
construit pour abriter les tubes. Mais ces tubes sont si précieux — si dangereux aussi,
par leur rayonnement — qu'on les a laissés en sécurité à l'usine. C'est un coffret conte-
nant un « radium imitation » qui est exposé sur une table, au centre de l'East Room [à
la Maison Blanche] où se pressent des diplomates,des hauts fonctionnaires de la magistra-
ture, de l'armée, de la marine, des représentants de l'Université » (Madame Curie,
pp. 262-263).

319. GRAMME DE RADIUM SYMBOLIQUE.


Placé à l'intérieur d'un réceptacle en forme de sablier, contenu dans un écrin de
cuir vert portant sur le couvercle, en lettres d'or, l'inscription suivante : « Symbol
and Volume of One Gramme of Radium Presented by the President of the United
I I I

States I of America Warren G. Harding I For the Women of the Country To I I

Madame Marie Curie In Recognition of I her incomparable Gift to I Science and


I

Humanity I In the discovery of Radium Given at the White House Washington


1 I

D.C. I May 20, 1921 ».

320. (a) DISCOURS du président des États-Unis Warren G. Harding,


20 mai 1921, avec dédicace autographe; (b) Réponse de Mme Curie
(en anglais), manuscrit autographe.
Le discours terminé, le président Harding « donne à Marie un rouleau de parchemin
noué d'un ruban tricolore, et il lui passe au cou un collier de moire d'où pend une
minuscule clé d'or : la clé du coffret » (Madame Curie, p. 263). Mme Curie fit modifier,
par un additif, l'acte de donation : le radium que lui offrait l'Amérique devait appar-
tenir à la Science et, pour qu'il n'y ait pas possibilité de contestation après sa mort,
elle tint à faire préciser qu'il était la propriété de son laboratoire.

321. MADAME CURIE et le président Harding descendant l'escalier de


la Maison Blanche, 20 mai 1921, photographie.
Au second rang, Mrs. Harding et Mrs. Meloney.

322. MINUTE AUTOGRAPHE DE LA LETTRE adressée par Mme Curie au


président W. G. Harding, Washington, 23 mai 1921.
Remerciements pour l'accueil qui lui fut réservé à la Maison Blanche, lorsque lui fut
remis le gramme de radium, au nom de la nation américaine.

323. LETTRE signée de W. G. Harding, président des États-Unis, à


Mme Curie, Washington, 26 mai 1921.
Réponse à la lettre précédente.
76 PIERRE ET MARIE CURIE

324. RADIUM préparé dans les laboratoires de la Standard Chemical


Company, à Pittsburg, photographie.
Des deux grammes de radium que contient le réceptacle (en blanc sur la photo),
Madame Curie en reçut un.

325. COFFRET (avec sa clef) destiné à recevoir le gramme de radium


donné à Mme Curie par l'Amérique, trois photographies [1921].
326. POLICE D'ASSURANCE n° 873020 établie par « Federal Insurance
Company », New York, 21 juin 1921.
Pour le transport du gramme de radium.

327. SPÉCIAL MEETING in honor of Mme Curie, Philadelphie, 23 mai


1921.
Plaquette contenant trois discours prononcés lors de la séance spéciale du Collège
de Médecine.

328. MÉDAILLE JOHN SCOTT DÉCERNÉE A MARIE SKLODOWSKA CURIE


EN 1921. — Bronze. Diam. : 100 mm.
AWARDED BY THE CITY OF PHILADELPHIA
Au centre de la médaille, un écusson aux armes de la ville de Philadelphie, posé
sur un décor en forme de console, est soutenu à droite et à gauche par une femme de
face, vêtue à l'antique, personnifiant, celle de droite l'abondance, celle de gauche la
marine. Au-dessus de l'écusson, une balance. Au-dessous, complétant le décor sur
lequel l'écusson est placé, une banderole sur laquelle on lit : PHILADELPHIA
MANETO.
Au revers : THE JOHN SCOTT MEDAL I TO I THE MOST I DESERVING
Branches de laurier nouées en sautoir. Au centre : MARIE. SKLODOWSKA
CURIE FOR HER DISCOVERY I OF I RADIVM II APRIL. 13. 1921.
Sur la tranche de cette médaille, qui mesure 10 mm d'épaisseur : AWARDED ON
THE RECOMMENDATION OF THE ADVISORY COMMITTEE REPRESEN-
TING II THE UNIVERSITY OF PENNSYLVANIA THE AMERICAN PHIL0-
SOPHICAL SOCIETY AND THE NATIONAL ACADEMY OF SCIENCES.
Dans un écrin double, de couleur noire, doublé de velours violet. Sur l'écrin, en
lettres d'or : JOHN SCOTT MEDAL I MARIE SKLODOWSKA CVRIE.

329. DISCOURS du Dr. H. A. Hare lors de la remise de la « John Scott


Medal » à Marie Curie, au siège de la Société américaine de
Philosophie (New York), le 24 mai 1921.
En remerciement, Mme Curie fit « don à cette société d'un quartz piézoélectrique
« historique », construit et utilisé par elle pendant ses premières années de recherches »
(Madame Curie, p. 264).
SEULE 77

330. MÉDAILLE WILLIAM A. CONVERSE OFFERTE A MARIE CURIE. —


Or. Diam. : 51 mm.
Portrait de William A. Converse de trois quarts à gauche.
Au revers : THE WILLARD GIBBS MEDAL
Branches d'olivier.
Dans le champ : FOVNDED BY I WILLIAM A. CONVERSE I AWARDED TO I
MARIE SKLODOWSKA CVRIE I JVNE 14 1921 I BY THE CHICAGO I SEC-
TION I OF THE AMERICAN I CHEMICAL SOCIETY.
Cette médaille est conservée dans un écrin bleu orné d'un décor doré, doublé de
satin blanc.

331. ALLOCUTION prononcée par Mme Curie lors de la remise de la


« Willard Gibbs Medal », 1921, manuscrit en partie autographe,
en partie de la main d'Irène Curie.

332. MÉDAILLE DE L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES SOCIALES DÉCER-


NÉE A MARIE CURIE. — Or. Diam. : 50 mm.
Une Victoire de face, debout, personnifiée par une femme qui tient dans la main
gauche une palme et dans la droite deux couronnes au-dessus d'un grand écusson sur
lequel on lit : NATIONAL INSTITVTE OF SOCIAL SCIENCES ; au-dessous, une
rosace.
Au revers : NATIONAL I INSTITVTE I OF I SOCIAL I SCIENCES
Au centre une torche, avec ces mots à droite et à gauche :
DIG NVS I

HON I ORE
Dans un cartouche, au-dessous : MARIE CVRIE
Signé : LAVRA CARDIN I FECIT
I

Cette médaille est conservée dans un écrin de cuir violet, doublé de velours de la
même teinte.

333. VISITEd'une usine de radium à Pittsburg (Pennsylvania), 27 mai


1921, deux photographies.
C'est dans cette usine qu'avait été purifié le gramme de radium offert à Mme Curie.

334. PANI MARYI SKLODOWSKIEJ CURTE... Hommage des Associations


polonaises des États de New York et de New Jersey, à Mme Sklo-
dowska Curie, 31 mai 1921.
A la suite du texte, nombreusessignatures.
La dernière réception en l'honneur de Mme Curie eut lieu à Chicago dans le quar-
tier polonais et pour un public entièrement polonais.
78 PIERRE ET MARIE CURIE

335. ALBUM, souvenir du voyage de Mme Curie aux États-Unis, 1921,


photographies.
Le 28 juin, Mme Curie et ses filles s'embarquaient sur l'Olympic pour rentrer en
France. Dans le coffre-fort du bord avait été placé le gramme de radium isolé à l'inté-
rieur de son enveloppe de plomb.

336. THE AMERICAN GIFT, copie dactylographiée, s.d.


Cet article de Mme Curie, qui donne des précisions sur l'emploi du gramme de
radium reçu en don, parut dans The New Tork Herald Tribune, en novembre 1927.

337. THE STORY OF Madame, CURIE, trois chapitres autobiographiques


(en anglais), texte dactylographié, avec additions et corrections
autographes.
Écrits par Mme Curie, à la demande d'amis américains, publiés dans The
Delineator (1921), un magazine illustré, et ajoutés en appendice à l'édition américaine
de Pierre Curie (Mac Millan éditeur).

3. ACADÉMICIENNE

338. BULLETIN de l'élection de Mme Curie à l'Académie de Médecine,


7 février 1922.
Remis à Mme Curie par le Dr Roux. Avant l'élection, trente-cinq membres de
l'Académie de Médecine avaient signé la déclaration suivante : « Les membres soussi-
gnés pensent que l'Académie s'honorerait en élisant comme membre associé libre
Mme Curie en reconnaissance de la part qu'elle a prise à la découverte du radium et
d'une nouvelle médication : la curiethérapie ».

339. LETTRE AUTOGRAPHE du Dr Joseph-Louis Capitan à Mme Curie,


Paris, 5 février 1922.
Capitan qui avait promis sa voix à l'un des candidats commença par voter non et
n'apporta son suffrage à Mme Curie qu'après désistement de son poulain.

340. LETTRE AUTOGRAPHE du Dr Antoine Béclère à Mme Curie, Paris,


11 février 1922.
Membre de l'Académie de Médecine, le Dr Béclère révèle à Mme Curie les noms
des candidats qui se sont désistés en sa faveur, afin de lui permettre de les remercier.

341. LETTRE du secrétariat de l'Académie de Médecine à Mme Curie,


Paris, 14 février 1922.
Elle accompagnait l'ampliation du décret approuvant l'élection, le 7 février précé-
dent, de Marie Curie comme associée libre de l'Académie de médecine.
SEULE 79

342. DEUX TÉLÉGRAMMES adressés à Mme Curie : (a) par le président


du Conseil des ministres de Pologne, Varsovie, 9 février 1922 ;
(b) par le ministre de la Santé publique Chodzko, Varsovie,
11 février 1922.
A l'occasion de son élection à l'Académie de Médecine, Mme Curie reçut de nom-
breux télégrammes ou lettres de félicitations émanant de personnalités officielles ou
privées et de collectivités.

343. LETTRE COLLECTIVE des membres de l'Association polonaise pro-


fessionnelle des Femmes travaillant dans le commerce et le bureau
à Mme Curie [1922].
Félicitations à l'occasion de son élection à l'Académie de Médecine.

344. PLAN de la Salle des séances de l'Académie de Médecine.


Les membres choisissaient eux-mêmes leur fauteuil. Mme Curie occupa le n° i, à
côté du Dr Roux (n° 2). Lorsqu'elle y prit place, Chauffard, président de l'Académie,
l'accueillit en ces termes : « Nous saluons en vous une grande savante, une femme de
coeur qui n'a vécu que pour le dévouement au travail et l'abnégation scientifique, une
patriote qui, dans la guerre comme dans la paix, a toujours fait plus que son devoir.
Votre présence ici nous apporte le bienfait moral de vos exemples et la gloire de votre
nom. [...] Vous êtes la première femme de France qui soit entrée dans une Académie,
mais quelle autre en aurait été aussi digne ? »

345. MADAME CURIE MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE.



Argent. Diam. : 60 mm.
ACADÉMIE DE MÉDECINE
Allégorie : La Médecine personnifiée par une femme assise, de profil à droite, tenant
de la main droite une coupe autour de laquelle est enroulé le serpent d'Esculape ;
devant elle, debout, une femme la consultant sur les soins qu'elle doit donner à une
malade assise près d'elle et dont le visage exprime la souffrance.
A l'exergue : Un médaillon avec le portrait d'Esculape encadré à droite et à gauche
du bâton d'Esculape.
Signé : A. PATEY
Au revers : L'Académie de Médecine sur laquelle se détache au premier plan une
palme jaillissant de branches de chêne et de laurier retenues par une banderole sur
laquelle on lit : Mme Curie Marie.
A l'exergue, un cartouche avec ces mots : MEMBRE I DE I L'ACADÉMIE
Cette médaille est conservée dans un écrin de velours violet.

346. RAPPORT sur le principe de la propriété scientifique, manuscrit


autographe de Mme Curie.
Présenté par Mme Curie, le 3 juin 1931, devant l'Académie de Médecine. Celle-ci,
à la séance du 21 avril précédent, avait désigné une commission pour examiner la
communication faite ce même jour par Lucien Klotz, intitulée Les droits de la Science.
80 PIERRE ET MARIE CURIE

Pour les oeuvres utiles à la santépublique ilfaut des millions. La loi sur la propriété scientifique les
fournira (publiée dans Bulletin de l'Académie de Médecine, 3e série, t. CV, n° 15, pp. 678-685).
Mme Curie, qui faisait partie de cette commission, aux côtés de d'Arsonval, Hanriot,
Bezançon, Sergent et Léon Bernard, plaide dans cet exposé pour l'établissement d'un
« droit d'auteur » des savants, « rétribuant les travaux désintéressés qui ont servi de
base à des applications industrielles », et voudrait remédier « à la misère des labora-
toires, en prélevant sur les bénéfices commerciaux des subventions pour la recherche »
(Madame Curie, p. 270). On trouvera dans le même Bulletin de l'Académie de Médecine
(3e série, t. CVI, n° 26, séance du 7 juillet 1931, pp. 3-9) la « Discussion du rapport
de Mme Curie Sur la question de la propriété scientifique, par E. Fourneau ».

347. MÉDAILLE DE LA SOCIÉTÉ DE RADIOLOGIE DE L'AMÉRIQUE DU


NORD DÉCERNÉE A MARIE CURIE. — Or. Diam. : 38 mm.
Couronne de feuilles de laurier.
A l'exergue : DIAGNOSIS. RESEARCH. THERAPY.
Sur un cercle intérieur : .THE RADIOLOGICAL SOCIETE. I OF NORTH
AMERICA.
Au revers : Un noeud et ces mots AWARDED TO I surmontant une banderole avec
| MARIE CVRIE |
Dans le champ : IN RECOGNITION I OF I ACHIEVEMENT IN THE SCIENCE 1

OF I RADIOLOGY
Sur une banderole : I 1922 I ; au-dessous, un noeud.
La médaille, munie d'un anneau de suspension orné de feuilles de laurier, est conservée
dans un écrin noir, doublé de velours violet.

348. MADAME CURIE dans son laboratoire, 1923, photographie.

349. PLAN DE LEÇONS faites aux étudiants en médecine, 1920-1921,


1925-1926, manuscrit autographe de Mme Curie.

350. TABLEAU INTERNATIONAL DES ÉLÉMENTS, 1922, manuscrit auto-


graphe de Mme Curie.

351. EFFET DE L'EXPOSITION D'UNE portant du polonium aux


LAME
pénétrants du radium, manuscrit autographe de Mme Curie.
rayons
Graphique portant la date « été 1922 ».

352. LE RADIUM, son présent, son avenir, manuscrit autographe de


Mme Curie.
Conférence prononcée le 8 mars 1922, à l'Université des Annales.

353. LA LOI FONDAMENTALE DE TRANSFORMATION des radioéléments


SEULE 81

et les constantes radioactives, par Mme P. Curie, manuscrit auto-


graphe.
Contribution au Livre jubilaire du professeur Kamerlingh Onnès.

4. GENÈVE

354. LETTREsignée d'Éric Drummond, secrétaire général de la S.D.N.,


Genève, 17 mai 1922.
Il l'invite, au nom du Conseil de la Société des Nations, « à bien vouloir faire partie
de la Commission pour la Coopération intellectuelle », aux côtés de Bergson et
d'Einstein notamment. La participation de Mme Curie aux travaux de cette com-
mission dont la S.D.N. avait approuvé le projet dans sa seconde assemblée (21 sep-
tembre 1921) et qui était chargée de l'étude des questions internationales de coopé-
ration intellectuelle, sera la seule infidélité de l'inventrice du radium à la recherche
scientifique. Elle en deviendra la vice-présidente et siègera dans plusieurs comités
d'experts, ainsi qu'au Comité national de Coopération intellectuelle, à Paris.

355. COMMISSION DE COOPÉRATION INTELLECTUELLE à la S.D.N., photo-


graphie.
A gauche de Mme Curie, Henri Bergson.

356. LISTE DES MEMBRES du Comité national de Coopération intellec-


tuelle, manuscrit.

357. LETTRE AUTOGRAPHE d'Albert Einstein à Mme Curie, Berlin,


11 juillet [19]22.
Il y parle notamment de l'antisémitisme « indescriptible » qui sévit chez les intellec-
tuels allemands.

358. ALBERT EINSTEIN et Mme Curie en promenade, Genève, 1925,


photographie. — PL VI.

359. LA SOCIÉTÉ DES NATIONS et la Coopération intellectuelle, Genève,


Secrétariat de la Société des Nations [, 1923].
L'une des brochures publiées par la Section d'information du secrétariat de la S.D.N.
pour mettre le « grand public » au courant de l'activité et de l'oeuvre de la Société.
82 PIERRE ET MARIE CURIE

360. LETTRE (minute corrigée) AUTOGRAPHE de Mme Curie à Henri


Bergson, Paris, 14 octobre 1925.
Au sujet de la démission de Bergson en qualité de président de la Commission de
Coopération intellectuelle à la S.D.N.

361. LETTRE AUTOGRAPHE d'Henri Bergson à Mme Curie, Genève,


20 octobre 1925.
Réponse à la lettre précédente. « Nul témoignage ne pouvait m'être plus précieux
que le vôtre ! Vous avez apporté à la Commission le concours le plus actif et le plus
efficace ; vous lui avez suggéré quelques-unes de ses meilleures idées. Je viendrai cer-
tainement, à l'occasion, [...] causer avec vous de ces questions qui nous intéressent
l'un et l'autre. »

362. MÉMORANDUM DE MME CURIE... sur la question des bourses inter-


nationales, pour l'avancement des sciences et le développement
des laboratoires, Genève, 16 juin 1926. (Société des Nations,
Commission de Coopération intellectuelle.)
Obsédée par la pensée « des dons intellectuels qui demeurent ignorés, inemployés,
dans les classes peu favorisées par la fortune » (Madame Curie, p. 270), la rédactrice de
ce rapport insiste sur la nécessité d'augmenter les bourses d'études scientifiques inter-
nationales. Les idées qu'elle développe ici ont été réalisées plus tard, en France, grâce
aux efforts de Jean Perrin, puis de Frédéric Joliot, efforts qui aboutirent à la création
de ce qui s'appela d'abord la Caisse nationale des Sciences et devint ensuite le Centre
national de la Recherche scientifique.

363. LA QUESTION DES post-universitaires. (Société des Nations.


BOURSES
Institut international de Coopération intellectuelle.)
Communiqué 194, rédigé à l'issue de la séance du 17 mars 1930, présidée par
Mme Curie.

364. SUR LA COMMISSION INTERNATIONALE et l'Institut international de


Coopération intellectuelle, manuscrit autographe [, 1930].
Mme Curie y souligne « le rôle de l'Institut qui constitue pour la Commission un moyen
d'action extrêmement précieux et, à bien des points de vue, indispensable, et dont la
création résulte d'une généreuse initiative du gouvernement français », mais n en
critique pas moins sa gestion et son organisation.

365. COMMISSION DE COOPÉRATIONINTELLECTUELLE de la S.D.N., Genève,


I93I-
Menu du dîner du 7 avril. Au dos, signatures « Pour Mme Curie », parmi lesquelles
celle d'A. Einstein, P. Langevin, Emile Borel, Paul Painlevé, Jean Perrin, etc.
SEULE 83

5. UN ANNIVERSAIRE

366. RAPPORT fait au nom de la commission de l'Enseignement et des


Beaux-Arts chargée d'examiner le projet de loi tendant à accorder
à Madame Curie, professeur à la Faculté des Sciences de l'Univer-
sité de Paris, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la
découverte du radium, à titre de récompense nationale, une
pension annuelle de 40.000 francs, par Pierre Viala, Chambre des
Députés, Annexe au procès-verbal de la 2e séance du 13 dé-
cembre 1923, avec carte d'envoi de l'auteur.
Le texte de projet de loi, déposé le 22 novembre, modifié le 30 par un amendement
qui proposait la réversibilité de la pension sur chacun des deux enfants de Pierre et de
Marie Curie, « par parts égales », voté par la Chambre des Députés le 19 décembre,
par le Sénat le 22, fut promulgué sous forme de loi par le président de la République, le
16 janvier 1924.

367. LETTRE AUTOGRAPHE dePaul Viala, membre de l'Institut, député


de l'Hérault, à Mme Curie, [Paris,] 30 novembre 1923.
Chargé par la Commission de l'Enseignement et des Beaux-Arts de la Chambre des
Députés de présenter le rapport « sur le projet de loi relatif à la dotation nationale
proposée » en faveur de Mme Curie, il lui fait part de son acceptation et ajoute : « Je
voudrais saisir l'occasion pour rendre justice à Curie et à vous, madame. J'ai connu et
aimé votre mari. Le document parlementaire devrait, à mon avis, rester comme un
document historique [...] ».

368. CARTE D'INVITATIONà la séance du mercredi 26 décembre 1923,


dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, séance présidée par
Alexandre Millerand, président de la République.
Vingt-cinq ans après la séance de l'Académie des Sciences où avait été présentée la
note de Pierre Curie, Mme Curie et G. Bémont (voir n° 109), la Sorbonne commé-
morait cet événement aux conséquences incalculables. Universités françaises et étran-
gères, sociétés savantes, autorités civiles et militaires, parlement, grandes écoles, asso-
ciations d'étudiants, presse, étaient représentés par des délégations. Aux côtés du pré-
sident de la République, Léon Bérard, ministre de l'Instruction Publique, Paul Appell,
recteur de l'Académie de Paris et président de la Fondation Curie, le professeur Lorenz,
le professeurJean Perrin et le docteur Antoine Béclère. Les trois derniers cités parlèrent
respectivement au nom des savants étrangers, de la Faculté des Sciences et de l'Académie
de Médecine.

de la découverte du radium, Sor-


369. VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE
bonne, 26 décembre 1923, photographie.
Sur l'estrade, le président de la République Alexandre Millerand; à sa droite,
Mme Curie.
84 PIERRE ET MARIE CURIE

370. DISCOURS AUTOGRAPHE du professeur H. A. Lorentz, lu le 26 dé-


cembre 1923.

371. MADAME CURIE et la découverte du radium, par Jean Perrin, dans


Vient de paraître, 4e année, février 1924, n° 27, pp. 123-126.
Texte du discours prononcé le 26 décembre 1923, dans le grand amphithéâtre de la
Sorbonne, avec quelques corrections manuscrites.

372. DISCOURS prononcé par Mme Curie, le 26 décembre 1923, copie


dactylographiée avec corrections autographes.
Après avoir reçu du président de la République la pension nationale, offerte « comme
le faible et sincère témoignage des sentiments universels d'enthousiasme, de respect
et de gratitude qui lui font cortège », après avoir entendu l'allocution de Léon Bérard,
Mme Curie exprima sa gratitude et, associant Pierre Curie à l'hommage rendu, parla
de l'Institut du Radium et réclama pour lui aide et soutien.

373. LE VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE de la découverte du radium


(1898-1923) par A. Debierne, extrait de Chimie et Industrie, suppl.
spécial, mars 1924.
A la séance du 26 décembre précédent, André Debierne, ami et collaborateur des
Curie, donna lecture des communications scientifiques par lesquelles avaient été
annoncées les découvertes relatives aux corps radio-actifs.

374. CARTE D'INVITATION à l'inauguration du « Dispensaire de la Fon-


dation Curie », le mercredi 26 décembre 1923, sous la présidence
de Paul Strauss, ministre de l'Hygiène, de l'Assistance publique et
de la Prévoyance sociale.
En 1920, sur l'initiative bienfaisante du baron Henri de Rothschild, « création de la
Fondation Curie, institution autonome qui recueillera des dons, des subventions et
soutiendra l'oeuvre scientifique et médicale de l'Institut du Radium ». Trois ans plus
tard, la même Fondation décida « de célébrer solennellement le vingt-cinquième anni-
versaire de la découverte du radium » (Madame Curie, p. 274).

375. PIERRE ET MARIE CURIE. — Plaquette de bronze. 85 X115 mm.


Bustes accolés de profil à droite de Pierre et de Marie Curie.
Signé : OVIDE YENCESSE
A l'exergue : PIERRE ET MARIE CVRIE
Sans revers.
Fonte.
SEULE 85
376. UNION INTERNATIONALE CONTRE LE CANCER. PIERRE ET MARIE
CURIE. 1898. — Bronze. Diam. : 50 mm.
UNIO INTERNATIONALE CONTRA CANCRUM
Pierre Curie, buste de face, et Marie Curie, buste de profil à gauche.
A l'exergue : PIERRE ET MARIE CURIE DECOUVRENT LE RADIVM
I I
NOVEMBRE 1898.
Sans revers.
Cette médaille est conservée dans un écrin bleu, doublé de velours et de soie couleur
safran.

377. INSTITUT DU RADIUM DE MONTRÉAL. — Bronze doré. Diam. :


67 mm.
Minerve assise de profil à gauche, distribuant des couronnes. Derrière elle, un autel
sur lequel est posée une palme.
A l'exergue : INSTITVT DV RADIVM DE MONTREAL.
Signé : (à gauche). ANDRIEU FECIT.
(à droite). DEPVYMARIN DI.[REXIT]
Au revers : Branches de chêne et de laurier nouées en sautoir.
Dans le champ, cette inscription : A MADAME CVRIE HOMMAGE D'ADMIRA-
TION ET DE RECONNAISSANCE II DOCTEVR ERNEST GENDREAV I
DECEMBRE 1923.
Cette médaille est conservée dans un écrin grenat doublé de satin et de velours de la
même couleur.
Le type de l'avers reproduit celui qui avait été gravé par Andrieu sur les médailles
des Prix décennaux, institués par décret de Napoléon Ier, le 24 Fructidor an XII ( 11 sep-
tembre 1804). Ces prix, qui avaient pour but de récompenser les ouvrages de science,
de littérature et d'art, ne furent distribués qu'une fois, le 9 novembre 1810. Ils furent
supprimés sous Louis XVIII.

378. LISTE DES ACADÉMIES, Universités, Facultés, Écoles, Associations,


Sociétés, Comités, Clubs et Institutions scientifiques qui ont adressé
des félicitations à Mme Curie.

379. MÉDAILLE DÉCORATION DE CHARLES Ier, ROI DE ROUMANIE. —


Or. Diam. : 31 mm.
CAROLVS I REX ROMANIAE
Tête de profil à gauche.
Au revers : Dans une couronne de chêne, BENE MERENTI
Munie d'un anneau de suspension et d'une bélière, portée avec un ruban violet
liseré de blanc, cette décoration est conservée dans un écrin de cuir bleu, orné de la
couronne du roi de Roumanie, de ses initiales entrelacées avec, au centre, l'initiale I.
et au-dessous I. CL., le tout en lettres d'or. L'écrin est doublé de satin blanc et de velours
gris.
Décernée à Mme Curie en 1924.
VII
DERNIÈRE DÉCENNIE

De 1919 à 1934, quatre cent quatre-vingt-trois communications scienti-


fiques (dont trente-quatre thèses) furent publiées par les chimistes et les physi-
ciens de l'Institut du Radium et, sur ce total, trente et un articles sont à porter à
l'actif de Mme Curie qui eut, en outre, l'ultime joie d'assister à la découverte de
la radio-activité artificielle par Frédéric et Irène Joliot-Curie.
Jusqu'à sa mort, malgré les multiples tâches qui l'absorbaient et tout en
s'efforçant de développer les applications médicales des produits radio-actifs,
Mme Curie ne cessa jamais de s'occuper de science pure. Présidant à Madrid, en
1933, le débat sur l' « Avenir de la Culture », elle déclarait : « Je suis de ceux
qui pensent que la science a une grande beauté. Un savant dans son laboratoire
n'est pas seulement un technicien ; c'est aussi un enfant placé en face de phéno-
mènes naturels qui l'impressionnent comme un conte de fées. Nous devons avoir un
moyen pour communiquer ce sentiment à l'extérieur ; nous ne devons pas laisser
croire que tout progrès scientifique se réduit à des mécanismes, des machines, des
engrenages qui, d'ailleurs, ont également leur beauté propre ». Mais, comme le
souligne Irène Joliot-Curie (Marie Curie, ma mère), si « elle espérait en la
science pour résoudre les problèmes humains dans le sens d'une vie plus heu-
reuse, [...] son utilisation pour la destruction lui paraissait une profanation ».

i. POUR LA POLOGNE
380. TÉLÉGRAMME du président du Conseil municipal et du président
de la ville de Varsovie, 23 février 1924.
Mme Curie citoyenne d'honneur de la ville de Varsovie.

381. CARTE DE PROPAGANDE pour l'Institut du Radium de Varsovie.


Dès la résurrection de la Pologne, après la victoire des alliés en 1918, Mme Curie
88 PIERRE ET MARIE CURIE

conçut le projet de créer, à Varsovie, un centre de recherches scientifiques et de traite-


ment du cancer. Sur l'initiative de sa soeur Bronia, « la contrée est bientôt inondée
d'affiches, de timbres portant en effigie le visage de Marie. On demande de l'argent
— ou plutôt des briques : « Achetez une brique pour bâtir l'Institut Marie Skiodowska-
Curie ! » proclament des milliers de cartes postales qui reproduisent en fac-similé une
déclaration manuscrite de la savante : « Mon plus ardent désir est la création d'un
Institut du Radium à Varsovie » [...]. La provision de briques grandit... et en 1925,
Marie vient à Varsovie poser les fondations de l'Institut » (Madame Curie, pp. 271-272).

382. MADAME CURIE à St. Lawrence University, 1929, photographie.


Lorsqu'il sera terminé, l'Institut du Radium de Varsovie, comme celui de Paris, aura
besoin d'une petite quantité de ce précieux élément pour entreprendre le traitement du
cancer et il n'a pas les moyens de l'acquérir. Mme Curie fait appel à l'Amérique et à
Mrs. Meloney. Celle-ci réunit les fonds nécessaires à l'achat d'un gramme de radium,
le second offert par les États-Unis à Mme Curie, qui s'embarque pour New York, en
octobre 1929, afin de remercier le pays donateur au nom de la Pologne.

383. HAUT-RELIEF représentant Mme Curie, à St. Lawrence Univer-


sity, photographie.

384. MADAME CURIE à St. Lawrence University, 25 et 26 octobre 1929.


Plaquette imprimée et illustrée (compte rendu de cette visite, discours).

385. DISCOURS prononcé par le président Herbert Hoover, en l'hon-


neur de Mme Curie, 30 octobre 1929, texte dactylographié avec
signature autographe.

386. LETTRE de la présidente de la « New York City Federation of


women's clubs » à Mme Curie, s.d. [1928.]
Rédigée en français, elle accompagnait l'envoi de la médaille d'honneur de cette
Fédération des Clubs féminins de New York.

387. MÉDAILLE D'HONNEUR DES FÉDÉRATIONS DES CLUBS FÉMININS DE


LA VILLE DE NEW YORK DÉCERNÉE EN 1929 A MARIE SKAODOWSKA
CURIE. — Platine et vermeil. 49 X 41 mm.
Sur une étoile à cinq branches, terminées chacune par une boule de même métal
que celui de l'étoile, deux cercles dont le premier, mesurant 4 millimètres de large,
est formé d'anneaux d'émail vert, sertis d'or. Au revers de ce cercle de vermeil on lit
l'inscription suivante : NEW YORK CITY FEDERATION OF WOMENS CLUBS.
Un second cercle, séparé du premier par dix millimètres, fixé sur la même étoile a
cinq branches, mesurant 4 millimètres de large, en émail vert serti d'or, porte en petites
majuscules d'or : MEDAL I OF I HONOR.
Au revers de ce cercle, on lit gravé : MARIE SKLODOVSKA CVRIE.
SEULE 89
Un anneau de suspension est fixé à un écusson au revers duquel est gravée la date
de 1929.
Munie d'une chaîne très fine en platine, cette décoration en platine et vermeil,
rehaussée d'émail vert, est conservée dans un écrin dont l'intérieur est en peluche
bleu-roi. L'écrin de métal est recouvert de moire bleue, à décor géométrique, omé tout
autour d'un filet vieil or avec motifs aux quatre coins.

388. MADAME CURIE en 1929, photographie signée Blanche de Lorière.


Prise pendant son second voyage aux États-Unis.

389. PASSEPORT n° 35882 délivré par la Préfecture de Police, Paris,


9 juillet 1931.
A la page 11, visa de l'ambassade de la République de Pologne à Paris, valable du
14 septembre 1931 au 14 septembre 1932; cachet d'entrée en territoire polonais, le
27 mai 1932, et de sortie, le 7 juin 1932.

390. INSTITUT DU RADIUM Marie Sklodowska-Curie, à Varsovie, photo-


graphies.
1. Vue extérieure.
2. Côté jardin.
Le 29 mai 1932, inauguration de l'Institut en présence de Moscicki, président de la
République polonaise, de Mme Curie, du professeur Regaud. Quelques mois aupara-
vant, les premiers malades soignés par la curiethérapie y avaient été admis.
Ce voyage en Pologne sera, pour Mme Curie, le dernier.

391. STATUE DE MME CURIE à l'Institut du Radium de Varsovie, pho-


tographie.
Élevée en 1935, après la mort de Mme Curie.

392. ORDRE DE LA RENAISSANCE DE LA POLOGNE OU DE LA POLOGNE


RESTAURÉE. « ORDER ODRODZENIA POLSKI. » Croix de comman-
deur de l'ordre.
Une croix de Malte, dont chaque branche se termine en deux pointes ayant, chacune,
une petite perle de même métal que la croix à leur extrémité. L'émail blanc qui orne
chaque branche à l'avers est serti sur les bords par un filet d'or rayé.
Le centre est un cercle de 14 millimètres de diamètre; un second cercle de 9 milli-
mètres, concentrique au premier, limite l'émail bleu outremer sur lequel on lit en petites
capitales d'or de 1 millimètre de hauteur, dans la partie supérieure : POLONIA, et
dans la partie inférieure : RESTITVTA. Au centre, l'aigle blanc, en émail, avec
contours d'or, couronné, becqué et membre d'or, sur émail rouge.
Au revers. La croix est dorée, lisse, avec au centre une couronne d'or de 14 milli-
mètres formée de lignes concentriques liées en quatre endroits d'un ruban dont chaque
ligature a la forme d'une croix de Saint-André. L'épaisseur de cette couronne est de
go PIERRE ET MARTE CURIE

2 millimètres ; au centre, sur émail rouge, en chiffres d'or, la date 1918. Cette date est
celle de l'Indépendance de la Pologne.
L'anneau du ruban est passé dans un anneau bélière soudé au milieu de la brandie
supérieurede la croix ; il mesure 15 millimètres de diamètre et 2 millimètres d'épaisseur.
Cet anneau est une couronne d'or formée de trois lignes concentriques liées en six
endroits d'un ruban dont chaque ligature a la forme d'une croix de Saint-André. Le
ruban de la croix est en soie moirée, rouge-ponceau. Il mesure 37 millimètres de lar-
geur avec, à 2 millimètres 5 de chaque bord, une raie blanche mesurant elle-même
2 millimètres 5 de largeur.
Cette croix est dans l'écrin dans lequel elle fut remise à Marie Curie. Celui-ci, de
forme rectangulaire, aux quatre coins légèrement tronqués, mesure 6 centimètres 6 de
largeur sur 8 centimètres 4 de longueur et 2 centimètres 4 d'épaisseur. Recouvert de
toile rouge, il porte sur le couvercle, frappé en or, le dessin du centre de l'avers de la
croix : l'Aigle blanc et la légende qui est au pourtour, POLONIA RESTITVTA.
L'intérieur de l'écrin est en peluche blanche et satin blanc.
Cet ordre a été institué par la Diète, le 4 février 1921 ; il est le troisième ordre polonais,
en importance. La croix décrite ci-dessus est, dans l'ordre, celle de l'insigne de Ve classe ;
les croix des quatre autres classes ne diffèrent que par le module.

2. TRAVAIL D'ÉQUIPE, RUE PIERRE-CURIE

393. BUREAU DE MME CURIE, à l'Institut du Radium, photographie.

394. DERNIER TABLIER de laboratoire de Mme Curie. — Musée de l'Ins-


titut du Radium.

395. STYLO de Mme Curie. — Musée de l'Institut du Radium.

396. RÈGLE GRADUÉE de Mme Curie. — Musée de l'Institut du Radium.

397. DEUX LETTRESde l'agent général de la Société d'encouragement


pour l'Industrie nationale à Mme Curie, Paris, 15 mars 1924.
Il lui annonce que le grand prix du marquis d'Argenteuil, d'une valeur de
12 000 francs, lui a été décerné, ainsi qu'à Pierre Curie, pour leurs travaux sur la radio-
activité. Ce prix, attribué à l'auteur de la « découverte la plus utile au perfectionne-
ment de l'industrie française », était accompagnéd'une médaille de bronze (voir n° 310).

398. L'ISOTOPIE et les isotopes, manuscrit autographe de Mme Curie.

399. MADAME PIERRE CURIE, L'isotopie et les éléments isotopes. —


Paris, édité par la Société « Journal de physique », 1924. In-8°.
(Recueil des conférences-rapports de documentation sur la phy-
SEULE g!
sique. Volume 9. 2e série. Conférences 1, 2, 3.) B.N., Impr
80 R. 31605 (9). —
Volume ayant pour objet « de représenter aussi complètement que possible la nais-
sance et l'évolution de la notion [...] fondamentale de l'isotopie ainsi que l'exposé de
quelques problèmes qui se rattachent à cette notion. [...] La chimie et l'électrochimie
des radioéléments aboutissent à la notion d'isotopie comme conséquence néces-
saire [...] ». L'ouvrage est divisé en trois parties : les radioéléments, les rayons positifs,
la structure des atomes.

400. SUR L'ACCROISSEMENT DU DÉBIT DE CHALEUR des sels de radium


par formation de polonium, note de Mme Curie et M. Yovano-
vitch, manuscrit autographe de Mme Curie.
Publié sous les deux noms dans Journal de Physique et le Radium, série VI, t. VI, 1925,
PP- 33-35.

401. « DOSAGE de thorium et poids atomique », mai 1925, manuscrit


autographe de Mme Curie.
Notes d'expériences.

402. PLAN DU COURS du 4 novembre 1925, à la Faculté des Sciences,


manuscrit autographe de Mme Curie.
Sur les ions électrons, radioéléments et leurs rayons. Écriture de gros module
qu'explique l'état des yeux de Mme Curie : menacée de cataracte dès 1920, elle dut
subir quatre opérations, une en juillet 1923, deux en mars 1924, la dernière en 1930.

403. MADAME PIERRE CURIE, Radioactivité et phénomènes connexes.


— Paris, Etienne Chiron [, 1926]. In-8°. — B.N., Impr., 8° V.
Pièce. 21882.
Publication faite sous le patronage de 1' « École supérieure d'Électricité. Section de
radiotélégraphie ». Exposé simplifié de la découverte des radio-éléments, des propriétés
des rayons et des transformations radio-actives.

404. SUR LES RAYONS RADIUM E (absorption), avril 1926, manuscrit


autographe de Mme Curie.
Notes d'expériences et feuilles de courbe.

405. ÉCRIN DE PIERRES BRUTES offert à Mme Curie par le Brésil.


Pendant un séjour à Rio de Janeiro où l'avait amenée une tournée de confé-
rences (1926).
92 PIERRE ET MARIE CURIE

406. MÉDAILLE DE L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE DE Rio DE


JANEIRO. — Bronze doré. 43 mm.

— ACADEMIA NACIONAL DE MEDICINA — RIO DE JANEIRO


Tête d'Esculape.
Au revers : — DECRETO N° 9386 DE 28 DE FEVEREIRO DE 1885 (sur le pour-
tour) ; FVNDATA I EM 8 DE MAIO I DE 1855 (au centre).
I

Médaille décoration avec anneau de suspension et chaîne, conservée dans un écrin


vert doublé de satin et de peluche jaune ocre.

407. LETTRE AUTOGRAPHE de Jean Perrin à Madame Curie, s.l.n.d.


[Oxford, 1926.]
Il lui parle de la conférence prononcée par lui à la British Association, de la vie à
l'Arcouest et de ses travaux personnels : « [...] je vois enfin élucidée une loi de radio-
chimie (« l'activité chimique d'une substance éclairée est proportionnelle à son pou-
voir fluorescent » [...]). Je vais tâcher à Larcouest de finir un livre sur l'Énergie (promis
à Borel) et qui m'intéresse.
Quant aux nouveaux laboratoires, j'espère qu'on pourra emménager à la rentrée
et que nous y connaîtrons bientôt de belles heures de travail et de découverte. Et je me
réjouis de m'y trouver bientôt près de vous ».

408. REMARQUES SUR LES ÉLECTRONS CHOCS, manuscrit autographe de


Mme Curie.
Complément apporté par Mme Curie au rapport du professeur Compton, lors du
5e Congrès du Conseil de Physique Solvay (Bruxelles, octobre 1927).

409. LETTRE AUTOGRAPHE de Mme Sallenave à Mme Curie, Sarlat,


2 novembre 1928.
Il y est questionde la Chine et du temple de Confucius. Autour de ce temple, dans des
« petits bâtiments aux toits verts, dispersés dans les jardins, on a fait une sorte d'inven-
taire des travauxet des oeuvres des hommes, de ceux qui peuvent être considérés comme
« bienfaiteurs de l'humanité ». L'idée est jolie ; et c'est là, qu'au milieu des Bouddhas,
et des grands empereurs de Chine, j'ai eu la surprise [...] de trouver un portrait de
Madame Curie, voisinant avec quelques autres Européens : Descartes, Newton,
etc. ».

410. MADAME CURIE, Irène et quatre collaborateurs de l'Institut du


Radium, 1928, photographie.

411. NOTICE NÉCROLOGIQUE sur Emile Armet de Lisle, directeur de la


première usine de radium, manuscrit autographe de Mme Curie.
Décédé le n décembre 1928. (Cf. n° 177.)
SEULE 93

412. SUR L'INVARIABILITÉ DES CONSTANTES radioactives, par Mme P.


Curie, manuscrit autographe.
Résumé « de diverses expériences faites en vue de contrôler la régularité des trans-
formations radioactives », publié dans le Journal de Physique et le Radium, série VI, t. X,
1929. PP- 329-336.

413. SUR L'ACTINIUM, par Mme P. Curie, manuscrit autographe.


Mme Curie poursuivit « de difficiles recherches pour obtenir des matières radio-
actives rares : radium D et polonium, actinium, ionium, protactinium » (Les Curie,
p. 90), comme en témoigne cet exposé des travaux effectués avec le concours de plu-
sieurs collaborateurs de son laboratoire pour obtenir des produits actinifères aussi
concentrés que possible. L'article fut publié dans Journal de Chimie physique (t. 27, 1930,
pp. 1-8).

414. SUR LA VIE MOYENNE DE L'IONIUM, par Mme Pierre Curie et Mme S.
Cotelle, manuscrit autographe de Mme Curie.
Note pour l'Académie des Sciences, lue le 2 juin 1930 (Comptes rendus hebdomadaires
des séances de l'Académie des Sciences, t. 190, 1930, pp. 1289-1292).

415. SUR LA PRODUCTION DE RADIUM par l'ionium, par Mme Pierre


Curie, manuscrit autographe.
L'article (publié ensuite dans le Journal de Chimie physique, t. 27, 1930, pp. 347-356)
expose les problèmes qui se rattachent à la production du radium par l'ionium, les
conditions de cette étude du point de vue théorique, la méthode graphique pour l'in-
terprétation des mesures et la méthode pour la détermination exacte de la quantité de
radium présente à un moment donné, méthode appliquée à un travail mené par
Mme Curie en collaboration avec Mme Cotelle.

416. SUR UNE RELATION entre la constante de désintégration des radio-


éléments émettant des rayons a et leur capacité de filiation. Note
de Mme Pierre Curie et M. Georges Fournier.
Présentée à l'Académie des Sciences, le 18 août 1930 (Comptes rendus hebdomadaires des
séances de l'Académie des Sciences, t. 191, 1930, pp. 326-329).

417. SUR LA RELATION ENTRE L'ÉMISSION DE RAYONS a de long parcours


et de rayons y, note de Mme P. Curie, manuscrit autographe.
Publiée dans les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, t. 191,
1930 [séance du Ier décembre], pp. 1055-1058.

418. LETTRE signée du secrétaire de l'Université d'Edimbourg, W. A.


Fleming, à Mme Curie, 20 février 1931.
Pour lui annoncer que le Sénat académique de l'Université, sur la recommandation
94 PIERRE ET MARIE CURIE

de la Faculté de Médecine, lui a décerné le prix Cameron 1931, d'une valeur de deux
cents livres sterling, prix accordé annuellement « to a person who, in the course of the
five years immediately preceding, has made any highly important and valuable addi-
tion to Practical Therapeutics ». Après avoir pris connaissance des motifs de cette dis-
tinction, Mme Curie répondit, le 25 février, que le Dr Regaud, et non elle, remplissait
les conditions requises ; le prix devait donc lui être attribué. Mais le doyen par intérim
de l'Université, dans une lettre du 12 mars, mit un terme à ses scrupules et Mme Curie
accepta finalement le prix Cameron (20 mars).

419. MÉDAILLE D'HONNEUR DE L'AMERICAN COLLEGE OF RADIOLOGY.


Émail et or. 37 X 35 mm.

Sur un fond d'émail violet pâle, on lit : F A C R.
Dans le champ, sur un fond radié, se détache l'insigne des médecins : le bâton d'Escu-
lape ailé.
Au revers : AMERICAN I COLLEGE OF I RADIOLOGY
Dans le champ gravé, cette inscription : Awarded to I Madame I Marie I Curie I in
récognition of her | outstanding discosterics I and contributions I to I radiology.
Cette médaille en forme de demi-losange, avec anneau de suspension et bélière,
portée avec un ruban de deux tons, violet et jaune or, et conservée dans un écrin blanc,
fut remise à Mme Curie en juillet 1931, lors du 3e Congrès international de Radiologie
réuni à Paris.

420. LETTRE AUTOGRAPHE de Jacques Curie à Mme Curie, 26 mars


[1932].
Écrite à l'occasion de la naissance de Pierre, fils d'Irène et de Frédéric Joliot, cette
lettre parle également des sentiments d'affection qui le lient à sa belle-soeur : « [...] nous
vous aimons toujours très tendrement, malgré le temps et la distance, nous avons été
si intimes et si unis pendant tant d'années que cela reste imprégné en nous [...] ».

421. SUR LA du spectre magnétique des rayons a du


STRUCTURE FINE
radioactinium. Note de Mme P. Curie et M. S. Rosenblum.
Extrait des Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, t. 194, 1932
[séance du 11 avril], pp. 1232-1235.

422. LES RAYONS y des corps radioactifs en relation avec la structure


OC,
(3,
nucléaire, par Madame Pierre Curie. — Paris, Hermann et Cie,
1933. In-8°. (Actualités scientifiques et industrielles 62. Exposés
de radioactivité et de physique nucléaire, publiés sous la direction
de Madame Pierre Curie... I.) — B.N., Impr., 4° V. 12012 (62).
Sous ce titre, Mme Curie avait présenté un rapport au Congrès international d'Électricité,
tenu à Paris, en 1932.
« L'étude des rayons émis par les substances radioactives a permis d'aborder pour
la première fois d'une manière concrète le problème de la structure des atomes et a
ouvert à la science le domaine entièrement nouveau de la physique nucléaire. » L ou-
vrage d'où sont tirées ces lignes résume les propriétés des rayons et les méthodes mises
SEULE ne
en oeuvre pour les étudier « dans la mesure où elles apportentdes éléments d'information
relativement à la structure de l'atome et du noyau atomique ».

423. CONGRÈS SOLVAY, Bruxelles, 1933.


Feuilles trouvées sur la table des conférences, portant des dessins et des formules
scientifiques, signés Louis de Broglie, Bohr, Enrico Fermi, Jean Perrin, Rutherford.

424. UN NOUVEAU TYPE DE RADIOACTIVITÉ. Note de Mme Irène Curie


et M. F. Joliot, présentée par M. Jean Perrin. (Comptes rendus heb-
domadaires des séances de l'Académie, des Sciences, t. 198, 1934 [séance
du 15 janvier], pp. 254-256.) — B.N., Impr., R. 3946.
C'est en bombardant une mince feuille d'aluminium avec les rayons a du polonium
que Frédéric et Irène Joliot réalisèrent l'expérience qui les conduisit à la découverte de
la radioactivité artificielle. Le gendre de Mme Curie a expliqué, dans une conférence
prononcée à la radio (16 avril 1957), le processus de cette découverte : « Les rayons a
transforment l'aluminium, en émettant un neutron, en un phosphore, qui n'existe pas
dans l'écorce terrestre. Ce phosphore, que nous avons dénommé radiophosphore, est
radioactif et se désintègre, au cours du temps, en émettant des électrons positifs. Après
sa désintégration, il aboutit au silicium ordinaire, qui existe dans la nature. De la même
façon, nous avons pu préparer le radioazote et le radioaluminium à partir du bore
et du magnésium.
[...] La radioactivité artificielle était découverte et, en même temps, la preuve chi-
mique des transmutations était donnée pour la première fois » (cité par E. Cotton,
Les Curie, pp. 120-121).

425. FRÉDÉRIC ET IRÈNE JOLIOT-CURIE dans leur laboratoire, photo-


graphie. — PI. VII.
426. CAHIER DE NOTES D'EXPÉRIENCES, juillet 1933-mars 1934, manus-
crit autographe.
Le dernier cahier tenu par Mme Curie.

427. RADIOACTIVITÉ : (a) manuscrit autographe; (b) placards cor-


rigés.
Première partie du traité publié sous ce titre, après la mort de Mme Curie (voir le
numéro suivant), ouvrage composé en partant des « leçons professées à la Sorbonne
pendant plusieurs années et modifiées chaque année de manière à tenir compte des
progrès essentiels de la science ». Texte très travaillé sur le manuscrit d'abord, sur les
copies dactylographiées ensuite, sans parler des modifications apportées lors de la cor-
rection des épreuves.

428. MADAME PIERRE CURIE, Radioactivité. Publié par Irène Joliot-


Curie et Frédéric Joliot.
— Paris, Hermann et Cie, 1935. In-8°.
— B.N., Impr., 4° R. 4304.
96 PIERRE ET MARIE CURIE

3. MORT DE MADAME CURIE

429. SANCELLEMOZ et le massif du mont Blanc, photographie.


Brochure illustrée du sanatorium dirigé par le docteur Tobé.
Mme Curie était arrivée à Sancellemoz le 29 juin 1934, accompagnée par sa seconde
fille, Eve, qui restera au chevet de sa mère jusqu'à la fin.

430. EVE CURIE, photographie. — B.N., Est., Ne. 100. — PL VIII.

431. DERNIÈRES PAROLES de Mme Curie, recueillies par sa fille Eve


[Sancellemoz, 4 juillet 1934].

432. CERTIFICAT DE DÉCÈS de Mme Curie rédigé par le Dr F. Tobé,


manuscrit autographe, Sancellemoz, 4 juillet 1934.
« La maladie cause du décès est une anémie pernicieuse aplastique à marche rapide,
fébrile : la moelle osseuse n'a pas réagi, probablement parce qu'elle était altérée par une
longue accumulation de rayonnements. »

433. TÉLÉGRAMME de Frédéric Joliot au laboratoire Curie, Sallanches


(Haute-Savoie), 4 juillet 1934.
Annonce du décès de Mme Curie.

434. REGISTRE DE SIGNATURES ouvert à Paris après la mort de Mme Curie,


4-6 juillet 1934.
Mme Curie étant décédée au sanatorium de Sancellemoz, il y eut très peu de visiteurs
à son domicile parisien, 36 quai de Béthune. En revanche, les télégrammes et les lettres
de condoléances affluèrent, émanant de particuliers ou de collectivités, allant de simples
particuliers aux chefs d'États et en provenance du monde entier.

435. NOTE AUTOGRAPHE de Jôzef Sklodowski, Paris, 6 juillet 1934.


Rédigée en polonais, cette note indique que Jôzef Sklodowski, frère de Mme Curie,
a répandu sur la tombe de sa soeur, le jour des obsèques, un peu de terre apportée de
Pologne.

436. SÉPULTURE de la famille Curie au cimetière de Sceaux, photo-


graphie.
Y sont inhumés le docteur Eugène Curie et sa femme, Pierre et Marie.

437. ÉLOGE FUNÈBRE de Mme Curie, prononcé par M. Walther, prési-


SEULE g7
dent de l'Académie de Médecine, à la séance du 10 juillet 1934.
« [...] cette femme qui fut une des plus parfaites incarnations du génie scientifique
et de qui l'âme fut éprise de bonté et de charité [...]. »
438. ACADÉMIE DES SCIENCES, Séance publique annuelle du lundi
17 décembre 1934. Discours de M. Emile Borel.
Nécrologie de l'année. Bien que Mme Curie n'appartînt pas à l'Académie des
Sciences, son souvenir est évoqué en même temps que celui des membres décédés.

439. SIMONE LABORDE, Madame Curie (1867-1934), dans Bulletin de


l'Association française pour l'étude du cancer, t. 24, n° 1, janvier 1935.

440. MÉDAILLE DÉDIÉE PAR LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE DE VARSOVIE A


LA MÉMOIRE DE MARIE CURIE. — Bronze doré. Diam. : 55 mm.
MARIA SKLODOWSKA - CVRIE 7-XI-1867 4-VII-1934.
Marie Curie en buste de face.
Au revers : RAD 1898 POLON. 1898.
Dans le champ : PAMIEÇI I SWEGO I CZLONKA I HONOROWEGO I TOWAR-
ZYSTWO I NAVKOWE I WARSZAWSKIE 1934.
Conservée dans un écrin de cuir grenat doublé de velours et de satin couleur safran,
cette médaille existe en deux exemplaires.

441. SÉANCE SOLENNELLE en l'honneur de Mme Pierre


COMMÉMORATIVE
Sklodowska-Curie, Grand théâtre de Varsovie, Ier avril 1935 :
(a) invitation ; (b) programme.
442. PRACE MARH SKLODOWSKIEJ-CURIE zebrane przez Irène Joliot-
Curie. (OEuvres de Marie Sklodowska Curie recueillies par Irène
Joliot-Curie.) — Warszawa, Panstwowe wydawnictwo naukowe,
1954. In-8°. (Polska Akademia Nauk. W XX rocznice zgonu
Marii Sklodowskiej-Curie...) — B.N., Impr., 8° R. 54439.
Publication de l'Académie polonaise des Sciences, en hommage à Marie Curie et
pour commémorer le vingtième anniversaire de sa mort.
VIII
LES PROLONGEMENTS D'UNE OEUVRE

La découverte du radium allait poser des problèmes et susciter des recherches


destinées à bouleverser la Science du XXe siècle. Les propriétés qui ont peut-être
le plus frappé les contemporains ont été d'une part les possibilités presque inépui-
sables qu'avait ce corps de produire de l'énergie calorifique et d'autre part sa
transformation spontanée en d'autres éléments. La recherche théorique de la source
d'énergie du radium, jointe à l'utilisation expérimentale du rayonnement a. du
polonium pour la découverte du noyau, la réalisation des transmutations provo-
quées, les découvertes du neutron et de la radio-activité artificielle devaient con-
duire à la découverte de la fission et à la maîtrise de l'énergie nucléaire.

Ces conséquences scientifiques et techniques incalculables ne doivent pas faire


oublier que le radium et les autres radio-éléments naturels ont eu, par exemple
avec la curiethérapie, des applications pratiques immédiates. La découverte des
radio-éléments artificiels et leur production massive par les réacteurs nucléaires ont
toutefois supplanté le radium dans ce domaine et l'on peut dire aujourd'hui que
les milliers d'éléments radio-actifs connus trouvent ou trouveront leur utilisation
dans toutes les branches de l'activité humaine.

443. ÉLÉMENTS RADIO-ACTIFS, photographies.


Ce panneau, réalisé comme les suivants (nos 444 et 445) sur les indications de M. et
de Mme Michel Langevin, évoque les grandes étapes de la recherche atomique, de
1911 à 1939.

444. LES RADIO-ÉLÉMENTS, photographies.


Quelques applications découlant plus ou moins directement de la découverte de la
radio-activité.
100 PIERRE ET MARIE CURIE

445. Du HANGAR DE LA RUE LHOMOND à l'Institut de Physique nucléaire,


photographies.
Établissements scientifiques, nés de l'Institut du Radium, et qui poursuivent l'oeuvre
de Pierre et de Marie Curie.

446. FICHES RADIO-ACTIVES, expérience.


Le visiteur pourra constater lui-même que ces fiches d'expériences, utilisées par
Pierre et par Marie Curie, présentent encore, après plus d'un demi-siècle, une assez
forte contamination radio-active.
TABLE DES MATIÈRES

XXIII
PRÉFACE v
CHRONOLOGIE XI
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

PREMIÈRE PARTIE. ENSEMBLE


I. MARIA SKLODOWSKA :

I. Varsovie 3
2. Institutrice privée 6
3. Étudiante à Paris 9

II. PIERRE CURIE :

1. Origines et jeunesse 13
2. Premières recherches 16
3. De la cristallographie à la radio-activité 19

III. DIX ANS DE COLLABORATION :

1.Un ménage de savants 24


2. La découverte du radium 27
3. Prix Nobel de physique 35
4. L'accès à la Sorbonne 4°
5. Mort de Pierre Curie 43
102 PIERRE ET MARIE CURIE

DEUXIÈME PARTIE.
— SEULE
IV. RETOUR A SCEAUX :

I. Enseignement 49
2. Travaux de laboratoire 51
3. Second prix Nobel 55

V. SERVICE AUX ARMÉES :

1. Préliminaires 61
2. En pleine action 63
3. Travaux annexes 67

VI. LA GLOIRE ET SES SERVITUDES :

1. L'institut du radium 70
2. Voyage en Amérique 73
3. Académicienne 78
4. Genève 81
5. Un anniversaire 83

VIL DERNIÈRE DÉCENNIE :

1. Pour la Pologne 87
2. Travail d'équipe, rue Pierre-Curie 90
3. Mort de Madame Curie 96

VIII. LES PROLONGEMENTS D'UNE OEUVRE 99


IMPRIMERIE TOURNON et Cie
20, rue Delambre, Paris-14e

Dépôt légal : 4e trimestre 1967, n° 1335.

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