Luis Horacio Velázquez, Guillermo Enrique Hudson. Vida. Obras.
Ideas. Magia, Buenos Aires, Ediciones Culturales Argentinas, 1963, 362 p. Ce fils d'Améiicains du Nord, né en Argentine, où il passe plus de trente ans de sa vie, puis écrivant en anglais, à Londres, des contes et récits ayant pour cadre la pampa, est un cas particulier. Il figure également dans la littérature anglaise et dans la littérature argentine. Et ses textes, traduits en espagnol, sont considérés par les Argentins comme les meilleures peintures de la vie et de la nature pampéennes. D'ailleurs, là-bas, on nomme cet écrivain « typique » Guillermo Enrique Hudson. Il paraît même que les paysans de la campagne de Buenos Aires, où il vit le jour, le prénommaient Domingo, car il était né le jour de la saint Dominique, ce qui était déjà une façon de se l'approprier. Son patronymique devint même Uso dans un acte de vente publié par M. Luis Horacio Velázquez (p. 14). Il était donc prédestiné à Yargentinisation. Il ne lui manquait plus que d'évoquer la pampa pour devenir un vrai créole. Ce qu'il fit en Angleterre, quelque nostalgie et quelque don d'écrivain le poussant. Ajoutons à cela que Hudson eut des travaux publiés par la Zoological Society de Londres et qu'il est considéré, en Angleterre, comme un naturaliste, plus précisément un ornithologue distingué. Plusieurs biographes et critiques, anglais et argentins, se sont intéressés aux faits et gestes et aux écrits de ce personnage pittoresque. On en trouvera la liste dans le Diccionario de la literatura latino-americana-argentina, primera pane (Unión panamericana, Washington, D. C, 1960 ; p. 94 et 95), liste à compléter par celle que publie Luis Franco dans Historia de la literatura argentina dirigida por Rafael Alberto Arrieta (Buenos Aires, Ediciones Peuser, 1959, t. V, p. 400). Luis Horacio Velázquez retrace la vie de Hudson et l'histoire des livres de l'écrivain en utilisant ceux-ci, des témoignages des contemporains et des lettres laissées par lui. Mais il ne s'agit pas seulement d'une biographie d'ailleurs faite avec élégance, érudition et affection. Le critique consacre plusieurs chapitres au style des ouvrages, à leur caractère lyrique, à la nostalgie de Hudson. Il met en valeur l'intérêt de cette œuvre « qui reconstitue une partie importante de la vie rurale et de l'histoire du pays entre 1830 et 1870 ». Il insiste sur le caractère typiquement gauchesco de Hudson, particulièrement dans des chapitres intitulés La pampa metafísica, Centauros delante del Señor, Un moro, un picaso, un overo, El humor gaucho. L. H. Velázquez a même poussé le zèle dans ce domaine jusqu'à recopier un bon nombre d'aphorismes et de maximes qu'il a trouvés dans les œuvres de Hudson. Il n'y a pas de doute : toutes les phrases recueillies constituent, comme le dit le biographe, une vraie a anthologie de la sagesse gauchesca » (p. 315). Cette compréhension de l'esprit pampeen justifie pleinement ce que Cunninghame Graham écrivait à propos de son ami Hudson : « Certes, il fut argentin jusqu'au dernier jour de sa vie, bien qu'il eût écrit en anglais » (lettre publiée par L. H. Velázquez, op. cit., entre la p. 168 et la p. 169). Un grand nombre do photographies de documents (acte de baptême, 458 BULLETIN HISPANIQUE lettres, etc.) et de dessins de Hudson, de portraits de l'auteur, des lieux où il vécut illustre agréablement cette biographie dont l'auteur a su ne rien perdre de la poésie qui s'insinue dans toute l'œuvre de Guillermo Enrique Hudson. P. VERDEVOYE.
Olga Fernández Latour, El « Martin Fierro » y el folklore argentino,
Buenos Aires, Instituto Nacional de Investigaciones folklóricas, 1963. (Tirage à part de Cuadernos, n° 3.) Par ses travaux bien documentés et intelligents sur le folklore argentin, Mlle Olga Fernández Latour est à citer maintenant aux côtés de Juan Alfonso Carrizo et d'Augusto Raúl Cortázar. Dans cet article, que l'on voudrait plus étendu tant il est plein de promesses, nous voyons très clairement établie la distinction entre folklore littéraire (ensemble de poèmes traditionnels anonymes) et littérature folklorique (celle des poètes de noms connus). L'auteur fait remarquer à juste titre que Jorge Luis Borges a très bien vu que les poètes dits « gauchescos » ont imité le langage des paysans dans leurs vers pour l'opposer à celui de la ville, alors que les poètes populaires, dans leurs compositions, prennent le soin de ne pas s'exprimer dans leur parler quotidien. Sans rejeter l'origine primitive espagnole de certains romances matonescos, MUe Fernández Latour montre par de nombreux exemples que les poèmes argentins de ce type ont leur forme propre et qu'il s'y mêle des thèmes étrangers aux romances espagnols de ce genre, comme l'amitié, la destinée humaine, le malheur d'être orphelin, etc. Ensuite MUe Fernández Latour recopie plusieurs récits recueillis dans le peuple, antérieurs à Martin Fierro, qui ont pu inspirer José Hernández. P. VERDEVOYE.
Giovanni Previtali, Ricardo Güiraldes and Don Segundo Sombra. Life
and Works. Forword by Adelina del Carril de Güiraldes. Préface by Jorge Luis Borges. New York, Hispanic Institute in the United States, 1963, 225 p. Dans la préface J. L. Borges écrit : « Giovanni Previtali sabe mil cosas de Güiraldes que yo he ignorado u olvidado o en las que nunca me fijé... ». Cette affirmation doit être complétée par cette déclaration que la veuve du romancier, Adelina del Carril, écrit dans Pavant-propos de cette biographie : « Es la obra de un gran amor comprensivo del espíritu de Ricardo Güiraldes, y el haber extraído de él la expresión exacta de lo que amó, pensó, sintió y vivió este gran poeta argentino es loable hazaña. » Ces jugements n'ont pas été seulement dictés par la sympathie qu'un ami de Güiraldes et la veuve de celui-ci ont pu légitimement nourrir à l'égard d'un étranger qui a étudié la personne et la personnalité de l'écrivain disparu. Ils définissent bien l'esprit dans lequel ce livre a été conçu. Son auteur a utilisé un important matériel bibliographique présenté clairement dans les vingt-trois dernières pages du volume. Ce matériel est constitué par des biographies connues, des articles glanés dans des revues