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Julien HUC - Copyright 2016
Sommaire
Introduction.................................................................................................. 4
Théorie de l'équité...................................................................................................................................
24
-2-
La responsabilisation, l'autonomie, la confiance....................................................................40
APPLICATION A LA CONSTRUCTION...................................................... 44
La Reconnaissance................................................................................................................47
La Communication................................................................................................................50
La Formation ........................................................................................................................53
L’Intérêt du travail................................................................................................................53
De l’Importance de la sécurité...............................................................................................55
L’Absentéisme et le Turn-over...............................................................................................56
CONCLUSION ............................................................................................ 57
Bibliographie.............................................................................................. 59
Introduction à la Motivation
monde globalisé toujours plus compétitif, les organisations et en particulier les entreprises
se doivent de compter dans leur rang des employés loyaux, épanouis, fiers de travailler
dans cette entreprise, et surtout motivés. Les entreprises les plus performantes sont celles
qui ont les employés les plus motivés. Un employé motivé se caractérise par une
productivité élevée, un travail de grande qualité, un grand sens de l'urgence qui lui permet
de gérer des situations de stress accru et une plus grande implication personnelle dans le
d'adopter un comportement lui permettant d'atteindre les objectifs qu'il s'est préalablement
fixé. La motivation se définit donc par ce que veut l'individu et combien il le veut, ce qu'il est
prêt à faire pour obtenir ce qu'il désire. Chaque individu a un éventail de besoins et de buts.
Il agit de manière différente pour combler ses besoins et atteindre ses buts. Les entreprises,
comme toute organisation, peuvent aider chaque individu à combler certains de ses besoins
XXème siècle: le Taylorisme et le Fordisme. Ces deux courants ont transformé l'artisan, le
forgeron, le tanneur, la couturière qui fabriquait chaque pièce unique de l'ébauche aux
finitions, qui s'identifiaient alors pleinement à son travail, son œuvre en travailleur répétant
sans interruption les mêmes gestes normés. Nous étudierons ensuite les principales
MAYO et ses premières études à la Western Electric, puis les grands théoriciens que sont
ensuite aux principales méthodes de motivation utilisées aujourd'hui dans nos entreprises,
Enfin, nous nous pencherons plus en détail sur l'application de ces méthodes de motivation
particulier.
DU TAYLORISME AU COACHING,
UN SIECLE DE MOTIVATION
Nous allons dans cette première partie essayer de comprendre dans quel contexte
quelle manière il a aboutit un peu plus tard aux théories modernes de la motivation.
Avec Taylor, l'organisation du travail devient donc une science. C'est le début
de l'OST: Organisation Scientifique du Travail. Elle repose sur les principes suivants:
découvertes ou mises au point que par une étude et une analyse scientifique de toutes les
tout puissant bureau des méthodes dans lequel les ingénieurs dictent aux ouvriers la
meilleure méthode à employer pour effectuer leur travail. Le savoir-faire des ouvriers est
économie de gestes.
compétences et donc de formation à un poste donné. Cela permet une grande flexibilité du
personnel qui peut travailler sur plusieurs postes de travail en cas d'absence d'autres
ouvriers ou encore en cas de retard dans une partie de la chaîne de production. On appelle
autonomie. Il respecte à la lettre les instructions et les cadences du bureau des méthodes.
Chaque ouvrier est par conséquent interchangeable. Il n'y a aucune promotion possible au
sein de l'atelier.
réalisation par les ouvriers. De plus, Taylor est persuadé que l'ouvrier est par nature fainéant
et qu'il n'est motivé que par son salaire. Avant Taylor, le salaire d'un ouvrier était
à la guise des dirigeants. Taylor juge ce système de rémunération peu motivant et invente
imposé par le bureau des méthodes il gagne beaucoup moins alors que s'il produit plus que
révolutionne le monde du travail. Elle permet de diviser les coûts de production et entraîne
ainsi un essor économique important, mais cela au prix d'un travail aliénant et sans intérêt
pour les ouvriers. Les idées du taylorisme vont perdurer et être mises en œuvre pour des
travaux plus complexes par Henri Ford qui va notamment inventer le travail à la chaîne.
Comment motiver son personnel ? 8
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Le Fordisme ou l'avènement de la consommation de masse
chaîne de montage.
faisait la manutention jusqu'à un autre poste de travail afin que l'ouvrier suivant réalise la
suite du montage. Avec le travail à la chaîne, les assemblages de pièces sont disposés sur
Henri Ford met en place ce concept sur la fabrication de la célèbre Ford T en 1913. Avec ce
nouveau système de production, il faut 1h30 pour fabriquer une Ford T alors qu'il fallait 11h
850$ à 290$!
puis se répandent dans tout le monde industrialisé. Ils permettent un accroissement sans
précédent de la productivité. Ils atteignent leur apogée lors de la Seconde Guerre Mondiale
lorsque les usines tournent à plein régime pour soutenir l'effort de guerre des nations
respectives.
partir de 1924, Elton Mayo étudie le comportement des individus au travail sous une
approche plus psychologique et rejette la vision taylorienne qui enferme l'ouvrier dans un
carcan et ne lui laisse plus aucune latitude de décision dans son travail. De plus, il rejette
Pour mettre au point ses nouvelles théories, il mène plusieurs enquêtes entre
électrique. Elle compte près de 30 000 employés et constitue donc un bon terrain
d'expérimentation. Cette entreprise propose à l'époque des salaires et des services aux
Elton Mayo pense que la fatigue au travail est un des éléments importants qui
postes de travail. Lors de cette première expérience, qui durera 3 ans, Elton Mayo isole
deux groupes d'ouvriers : un atelier dispose d'un système d'éclairage à intensité variable et
l'autre atelier possède un éclairage classique. Après plusieurs mois d'expérience, les
premiers résultats tombent et ils sont pour le moins paradoxaux. Ils sont synthétisés dans
le tableau suivant :
Groupe Groupe
Expérimental
Témoin
1
Productivité Augmentation Augmentation
2
Productivité Augmentation Augmentation
conditions de travail.
Afin de mieux comprendre ces résultats inattendus, Elton Mayo met au point
une seconde expérience. Il choisit d'étudier le montage des relais téléphoniques qui a
l'avantage d'être une action simple, courte et répétitive. Il peut ainsi très vite obtenir de
Un atelier expérimental appelé “test room” de 6 ouvrières est créé. L'expérience qui se
déroule sur 20 mois comporte 12 phases. Les facteurs modulés sont les suivants:
Productivité observée
Phases Caractéristiques de la
phase
Nombre de relais par
semaine
2500
7. Les ouvrières
peuvent quitter le travail
à 16h
7. Le travail du Samedi
matin est supprimé
• travail
• La production augmente encore à la dernière phase alors que les paramètres sont
Ces résultats expérimentaux sont couplés avec des séries d'entretiens avec chacune des 6
ouvrières à la fin de chaque phase. Ils permettent de mieux comprendre ces résultats
paradoxaux.
• Dans le groupe de 6 ouvrières existait un esprit de groupe. L'ouvrière qui avait le plus
expliquer que Taylor l'entendait. Elle s'explique plus par la vie sociale au sein du groupe
d'étude que l'organisation du travail de celui-ci. Ces résultats constituent une minirévolution
pour l'époque et ouvre le champ à de nombreuses études qui fonderont les premières
Ce sont les besoins primaires que tout personne doit remplir pour vivre
Le besoin de sécurité
menace, un danger. Cela peut être la sécurité physique (ne pas risquer sa vie), la sécurité
Le besoin d'appartenance
Cela se traduit par le fait d'être compétent et reconnu comme tel au travail ou
encore de se sentir apprécié de ses amis, aimé, reconnu. Dans l'entreprise, on est impliqué
de la hiérarchie.
Selon Maslow, c'est “Devenir de plus en plus ce qu'on est, devenir tout ce qu'on est capable
d'être”. Cela peut être dans la vie professionnelle ou encore pour d'autres dans la vie de
famille.
Les besoins sont hiérarchisés. Tout individu cherche d'abord à satisfaire les besoins
• Dès qu'un besoin est satisfait, il devient non motivant et l'individu se tourne alors vers
l'individu. Plus on est élevé socialement, plus on essaiera de combler des besoins
• d'ordre supérieur.
d'utilisation; mais très vite de nombreuses critiques ont été émises à son sujet:
• Tout individu ne suit pas la pyramide. Par exemple, un jeune créateur d'entreprise tente
d'assouvir son besoin de reconnaissance alors que ses besoins d'ordre inférieurs ne
• Pour Maslow, un individu est toujours motivé, il est toujours en train d'essayer de
satisfaire un besoin. Que penser alors de la démotivation? Des individus qui se mettent
On le voit donc, la théorie des besoins de Maslow endure de nombreuses critiques et souffre
d'imprécisions. Cependant, on peut reconnaître que Maslow a été le premier à ouvrir la voie
l'individu et de sortir de la vision taylorienne dans laquelle l'individu n'était motivé que par la
rétribution économique de son travail. Pour la première fois, on admet qu'un manager doit
l'environnement de travail :
• L'ambiance au travail
• La rémunération
Ces recherches révèlent que l'insatisfaction est réduite par l'amélioration des
facteurs d'hygiène, mais cela ne crée pas de motivation. Au contraire, remplir les facteurs
• L'amalgame entre motivation et satisfaction. Plusieurs travaux ont montré depuis, que
• Le biais entraîné par sa méthodologie. En effet, les individus lorsqu'ils sont interrogés
ont tendance, consciemment ou non, à se mettre en valeur lors des situations positives
alors qu'ils se dédouaneront dans les situations négatives. Cette méthode n'est donc
pas objective.
Cette théorie, bien que critiquée, a connu un grand succès auprès des
managers. En effet, tout comme la théorie de Maslow, elle enfonçait encore un peu plus
un enrichissement des tâches pour aider l'individu à se réaliser dans son travail. En pratique,
• Etoffer le poste de travail plutôt que découper chaque tâche en actions unitaires comme
le préconisait Taylor.
Les théories X et Y ont été développées par Douglas McGregor qui était
motivation de l'individu dans l'organisation. Elles décrivent pour cela deux attitudes
Dans cette théorie, l'employé est feignant de façon inhérente et fera tout pour
éviter de travailler. Pour cette raison, les employés doivent être surveillés de façon étroite
et un système de contrôle doit être mis en place. La structure hiérarchique doit être
Conformément à cette théorie, les employés ne montrent que très peu d'ambition et doivent
être poussés en permanence pour prendre des responsabilités. Leur seule motivation au
travail est le salaire. De plus, toujours selon cette théorie, les managers ne peuvent et ne
doivent pas faire confiance aux employés. C'est au manager de structurer et de donner
Théorie Y:
et sont donc très autonomes. Conformément à cette théorie, les employés apprécient leur
travail qui leur procure une satisfaction physique et mentale. On pense qu’en donnant plus
de libertés aux employés ils seront plus épanouis et la productivité n'en sera que plus forte.
Les managers doivent donc laisser libre cours aux employés pour qu'ils trouvent la meilleure
Ces deux extrêmes sont clairement irréalistes. Mais, McGregor voyait ces deux
théories comme deux pôles entre lesquelles se situe chaque employé, chaque entreprise.
Les théories du besoin ont essayé de comprendre quels sont les objectifs, les
besoins qu'il faut combler pour se sentir bien. La motivation est donc considérée comme la
source d'énergie permettant d'aller combler ces besoins. Au contraire, les théories du
en elle-même.
motivation. En effet, selon cette théorie, la motivation est le fruit du produit entre 3
l'histoire de chacun. Il peut être soit concret (argent, promotion,...) ou relationnel et abstrait
(le sentiment d'être valorisé, une réflexion d'un supérieur,...). Ce bénéfice est perçu
qu'il souhaite. Ce moyen peut être l'effort, le travail. Si l'individu a du mal à visualiser ce lien
entre ce qu'il veut et ce qu'il doit faire pour l'obtenir, la motivation sera faible. Par contre si
l'individu sait exactement ce qu'il doit mettre en œuvre pour réaliser son souhait, sa
motivation sera très forte. Par exemple, une prime dont le mode d'obtention sera clair pour
l'employé sera motivante alors que s'il ne comprend pas les moyens pour obtenir cette
résoudre; Si ce problème lui semble trop simple à résoudre, il ne sera pas motivé; si le
problème semble compliqué, d'un niveau un peu supérieur à ce qu'il pense pouvoir
résoudre, il sera très motivé. Par contre, si le problème lui semble hors d'atteinte, et qu’il ne
Théorie de l'équité
relations personnelles et professionnelles. Cette théorie a été développée par John Stacy
traitement. Dans une entreprise, une relation à deux se met en place entre l'employé et son
employeur. La théorie de l'équité repose sur le fait que l'employé cherche à maintenir un
ratio équitable entre ce qu'il apporte à l'entreprise “inputs” et ce qu'il retire de l'entreprise,
les “outputs”. De plus, l'employé effectue inconsciemment une comparaison sociale pour
évaluer son propre ratio input/output par rapport aux ratios des autres employés. Par contre,
à même travail, même qualifications, un employé plus âgé devra être mieux payé pour se
Les employés qui perçoivent une iniquité dans leur traitement vont tout faire
pour la réduire soit en modifiant les « Inputs » (quantité de travail,...) soit en quittant
• Deux employés ayant les mêmes inputs et outputs peuvent avoir une vision très
• Un employé qui est sous payé peut mettre moins de volonté dans son travail et ainsi
• Au contraire, un employé qui se considère comme surpayé peut soit accroitre son
effort, soit se sentir supérieur par rapport à ses collègues de travail et ainsi réduire
son effort.
affectent la perception que l'individu se fait de sa situation par rapport à l'entreprise et par
AUJOURD'HUI?
Nous allons maintenant voir comment appliquer les théories étudiées précédemment au
monde de l'entreprise. Ces outils motivationnels font appel à la fois à la motivation externe
(argent par exemple) et à la motivation interne (se sentir valorisé, donner un sens à ce
Bien que des théoriciens comme Herzberg pensent que l'argent n'est pas un
bon motivateur, il est par contre évident que l'absence d'une rémunération juste est un
juste et intéressant afin de motiver les employés. Il faut donc trouver la juste rémunération
représenter plus de 50% des coûts de l'entreprise dans certains secteurs d'activité.
• Les employés font très attention à leur fiche de paie. Le salaire aide à combler de
• La législation est très stricte avec les salaires et il faut donc respecter de nombreuses
• Une rémunération intéressante attire les talents dont l'entreprise a besoin pour se
développer.
par rapport au marché, les employés partiront dans une entreprise concurrente.
• Pour la plupart des employés, la rémunération est la partie la plus visible du travail.
• Il existe de très nombreuses méthodes de rémunération des employés :
• Le salaire horaire
• Le salaire au rendement
• Le salaire à la performance
• Les actions
• Les pensions
LIASONS) résume les différentes parties de ce que l’on appel le « package » salariale :
Salaire de base
salarié "bonus"
Financière
Aide familiale Bourse d'études pour les Facilités pour les loisirs Membre d'un
seront les briques de ce package. La rémunération du salarié est donc un sujet complexe.
satisfaire son employé. Voici les éléments sur lesquels l'entreprise se base pour
sont les missions de l'employé? Comment se situent-elles par rapport aux autres emplois
de l'entreprise?
• La justesse: la rémunération doit être et être perçue comme étant en adéquation avec le
• Il faut prévoir des salaires bien plus importants pour les employés particulièrement
performants.
motivation parmi beaucoup d'autres. Il est donc bon de coupler une bonne rémunération
avec :
• La mise en place d'une bonne communication ainsi que de « feedbacks » sur le travail
de chacun.
pour chaque poste dans l'entreprise. Nous allons voir comment procéder étape par étape :
1) Commencer par le salaire de base du marché : pour cela il faut tout d'abord définir
précisément le poste: quel est le rôle de l'employé? Quelles sont ses prérogatives?
2) Une fois le salaire de base du marché du travail déterminé, il faut décider si l'on veut
payer plus ou moins que celui-ci. Les facteurs à considérer sont les suivants :
un employé?
3) Il faut ensuite déterminer le package de rémunération. Pour cela il faut répondre aux
questions suivantes:
- Doit-on mettre en place un système avec un salaire de base fixe plus une
temps qu'il passe au travail. En France, la durée légale du travail est de 35h. Le salarié est
donc payé 35 fois son taux horaire. L'employé peut aussi effectuer des heures
supplémentaires généralement payées à un taux horaire plus important. Cela n'est pas
toujours le cas, par exemple, les cadres, ne peuvent pas prétendre à des heures
supplémentaires.
• Ce type de salaire est simple à calculer et à évaluer pour réaliser des prévisions.
nombre de pièces qu'il produit. C'est le moyen le plus efficace pour l'employeur de payer
l'employé pour la quantité de travail fournie. Le salaire au rendement encourage l'effort mais
cela se fait souvent au détriment de la qualité du produit. De plus, que faire si une machine
La commission
valeur des ventes effectuées. Les commissions sont surtout utilisées pour rétribuer les
commerciaux qui effectuent les ventes de l'entreprise. La commission peut être tout ou juste
une partie du salaire. Elle est donc une forme de rétribution très incitative. La commission
au même titre que le salaire au rendement se base sur la valeur du travail apporté par
l'employé à l'entreprise. Dans la plupart des cas, cette commission est un pourcentage de
• Plus les ventes sont importantes, plus le salaire de l'employé est important. La
• Pour l'employé, la masse salariale est proportionnelle à la valeur des biens vendus,
conclure la vente.
• Les fortes commissions de certains vendeurs peuvent être mal perçues par certains
• Une fois les commissions fixées, il n'est plus possible de les réduire sous peine de
Pour contrecarrer ces inconvénients, la plupart des entreprises mettent en place un salaire
de base plus une commission modérée. Cela permet de ne pas tomber dans le piège
Les actions
Offrir des actions de l'entreprise aux salariés est de plus en plus courant dans
le package salarial. Cette méthode se développe surtout dans les entreprises cotées en
bourse.
simple du salaire en cash mais il a l'avantage d'être relié aux objectifs de l'entreprise
De plus, ce type de rémunération incite les employés à être fidèles à l'entreprise et évite
Chaque individu passe environ 70% de son temps éveillé au travail. Il est donc
primordial qu'il se sente bien sur son lieu de travail. Pour cela, il faut qu'il se sente
reconnu, apprécié. En effet, le travail aujourd'hui dépasse le cadre simplement utilitaire qui
De plus, les salariés sont de plus en plus stressés sur un marché du travail
toujours plus concurrentiel. Le management doit donc en tenir compte et tout faire pour
développer le bien être en entreprise. Une tape amicale dans le dos d'un salarié ou un
sourire en arrivant le matin sont les outils de motivation les plus efficaces et pourtant les
moins couteux.
Ainsi, l'employé doit se sentir apprécié à sa juste valeur, que l'on reconnaisse
son travail, ses efforts. Cela aide à développer le sentiment d'appartenance et ainsi former
un groupe motivé où l'employé aura tout loisir de s'épanouir. Cette reconnaissance peut être
marquée par tous les acteurs de l'entreprise : les supérieurs hiérarchiques, le DRH, les
différentes façons :
• La mise en avant de l'individu en tant que personne à part entière. Cela fait sentir à
l'employé qu'il existe, que l'on tient compte de son avis. Cela peut se traduire par: une
formation continue...
savoir comment il est ressenti dans son environnement de travail. Il peut se construire et
modifier son comportement en fonction des appréciations qu’on lui donne. La considération
est sans doute la moins chère mais aussi la plus efficace des méthodes de
motivation.
d'entretenir une excitation intellectuelle. En effet, quoi de plus démotivant que de répéter le
même travail jour après jour, semaine après semaine. Si la routine s'installe, il y a de fortes
chances que la motivation chute. Il est donc important que le manager sache de temps en
temps lancer des « défis » à ses employés sur des projets novateurs. Il faut bien entendu
que ces défis ne soient ni trop faciles ni irréalisables afin de motiver l'employé. De plus, il
ne faut pas multiplier trop souvent ce genre d'expériences car cela accroit la compétition
De plus, le travail de fond qui nécessite néanmoins d'être fait risque d'être délaissé.
elle va déterminer l'attitude des salariés. S'il y a une bonne ambiance au travail, les
une mauvaise ambiance sur le lieu de travail provoque la non coopération, une chute
sous ses ordres. Cela peut se faire par des sorties extra-professionnelles (weekend au ski,
sorties karting,..), des services annexes proposés par l'entreprise (crèche, coaching). De
plus, il ne faut pas trop encourager la compétition entre les employés qui est souvent source
de conflit larvé. Un employé qui essaie d'écraser les autres peut détruire une ambiance de
travail et ainsi démotiver tout un groupe autour de lui. En outre, il est important que l'employé
ne se sente pas “fliqué” lors du moindre de ses déplacements. Cela lui donnera l'impression
que l'entreprise ne lui fait pas confiance et en retour l'employé ne se donnera pas à fond
pour celle-ci. L'ambiance au travail est donc un élément important du bien être des employés
en entreprise. Un employé qui en se levant le matin a hâte d'aller retrouver ses collègues
de travail sera motivé pour travailler et apportera à l'entreprise toute son énergie.
Le management de la hiérarchie
rencontrées.
L’objectif du manager est de susciter des échanges et des réflexions de groupe afin de
Condition d’efficacité : chacun des collaborateurs reconnaît les compétences des autres.
groupe.
Chaque manager, par nature a son propre style de management, mais celui-ci
Elle doit donc établir des objectifs à atteindre, déléguer les responsabilités, encourager la
C'est bien connu, il n'y a pas de motivation possible sans confiance entre
l'employé et l'employeur. Pour que les employés s'épanouissent, et soient motivés, il faut
qu'ils disposent de leur propre espace d'action, de leur sphère de décision. La confiance
peut aussi s'exprimer par un management sous forme d'objectifs. Il faut alors clairement
définir les missions et les objectifs à atteindre. Libre ensuite à l'employé de s'organiser
pour atteindre ces objectifs. Il faut donc que le manager ne soit pas tout le temps « sur le
dos » de ses employés et qu'il n'intervienne que lors de « points de contrôle » définis dès
le départ. En fonctionnant ainsi, une relation de confiance s'instaure alors et l'on rentre
célèbre, il s’agit d’une étude de Herzberg dans Liaisons sociales « Problèmes humains du
travail » en 1972.
« La première concerne des secrétaires de la Bell Telecom Co, exécutant un travail d’un
niveau assez élevé, pour répondre aux questions des actionnaires de la société. Après
une formation très couteuse, de 6 mois, elles étaient sélectionnées. Leurs lettres étaient
programmées selon des formules pré-établies, et vérifiées deux fois par des surveillants.
Le moral de ces secrétaires était bas, l’absentéisme élevé ; la moitié des lettres contenait
On décida donc de changer les fonctions de ces secrétaires : selon sa capacité, chacune
d’entre elles devint une experte dans une matière particulière, pour laquelle elle conseillait
les autres. Les lettres furent envoyées directement au courrier, sans relecture. Chaque
secrétaire rédigeait ses lettres personnellement, les signait. Le travail de la journée était
organisé par les secrétaires elles-mêmes. Les résultats furent, dans les premières
semaines qui suivirent, une baisse sensible de la productivité. Puis la productivité remonta
l'employé a la capacité de décision et si le projet est une réussite l'équipe n'en sera que plus
employés ayant d'autres compétences et enfin à gérer tout seul des situations
délicates.
Une des clés de la motivation est de savoir communiquer. En effet, quoi de plus
motivation se gagne donc aussi en sachant bien communiquer. Cette communication a deux
financiers du groupe. Elle fait prendre conscience à l'employé qu'il appartient à un groupe
moyens: le journal de l'entreprise, les réunions, les affiches, l'intranet, les notes de service.
du microcosme de l'entreprise: les médias, les clients, les fournisseurs, l'Etat... Cette
niveaux : au quotidien pour évoquer les aspects opérationnels des projets en cours, à moyen
terme pour évoquer par exemple l'organisation et les priorités à venir du service, et enfin à
employés de s'exprimer.
On le voit donc, un bon manager doit endosser plusieurs casquettes pour être compétent:
• Il doit être très bon en relations humaines pour être au plus près du personnel,
• Il doit maîtriser les flux d'information dans son service en décidant qui doit savoir quoi
et à quel moment.
• Enfin, il doit savoir négocier les conflits internes et les désamorcer au plus vite afin
Nous venons d'étudier les principaux outils de motivation utilisés en entreprise mais si
l'on prend l'exemple du domaine du génie civil, on s'aperçoit vite que l'industrie de la
construction est un cas particulier et que les outils de motivation décrits précédemment ne
peuvent pas être tous appliqués alors que d'autres, comme par exemple la sécurité,
APPLICATION A LA CONSTRUCTION
Depuis plusieurs années, on observe que la productivité diminue sur les chantiers. Cela
s'explique en partie par la complexité croissante des constructions et par les normes de plus
en plus draconiennes. Cette chute de productivité au niveau de chaque ouvrier est bien sûr
contre balancée par des progrès techniques énormes qui permettent de faire face à cette
Il est évident, comme nous l'avons vu dans les parties précédentes qu'une main
productivité, on assiste à des réformes dans la conduite des chantiers. On essaie de plus
en plus de casser la rigidité du processus décisionnel afin d'abaisser les niveaux de prise
Il est souvent plus facile d'éliminer les démotivateurs que d'augmenter les motivateurs. Ces
démotivateurs ont une influence importante sur la psychologie des ouvriers. Il est donc
indispensable de les éliminer. En voici une liste non exhaustive: le manque de matériel, la
corps de métier, les réglementations trop lourdes à appliquer sur le terrain, le manque de
formation.
surtout sur les conducteurs de travaux, les chefs de chantiers et les chefs d’équipe qui sont
directement en contact avec les ouvriers. On le voit, les responsables d’un chantier ont donc
un réel besoin de maîtriser les principaux outils de motivation possibles sur un chantier.
Il faut tout d'abord établir des objectifs. Ils doivent être assez élevés pour
motiver les ouvriers mais pas trop pour ne pas les décourager à l’avance. Pour fixer ces
objectifs, on peut se baser sur la meilleure performance dans la réalisation d'une tâche
enregistrée depuis le début du chantier. Les ouvriers doivent accepter l'objectif et cela
fonctionne encore mieux lorsque les objectifs sont fixés d'un commun accord entre la
hiérarchie et les ouvriers. La mesure de la performance des ouvriers doit être claire, précise
et connue de tous. Les ouvriers savent ainsi ce que l'on attend d'eux et comment atteindre
Comment motiver son personnel ? 44
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ces objectifs. Mais attention, atteindre les objectifs ne doit pas se faire au détriment de la
qualité. Cela entrainerait alors l’effet inverse, car il faudrait démolir pour reconstruire ce qui
est un puissant démotivateur. Si l'objectif est atteint, les ouvriers sont récompensés par une
prime ou du repos supplémentaire mais plusieurs études ont montré que la récompense
n'avait que peu d'importance dans la motivation. De plus, il est possible d'imaginer des
concours entre différentes équipes travaillant sur la même tache. Chaque équipe d'ouvriers
aura à cœur de faire mieux que l'autre équipe, d'où une augmentation sensible de la
performance.
est la boîte à idées où chacun peut écrire ses suggestions de manière anonyme. Il existe
également les cercles de qualité, qui sont des réunions regroupant tous les échelons de la
hiérarchie, des ouvriers aux « tops managers », pendant lesquelles on essaie de résoudre
un problème apparu sur le chantier. Cela peut aller de la taille des équipes, à la manière de
réaliser une partie difficile du chantier. En général les objectifs sont fixés par les managers
mais la façon de résoudre ce problème est laissé libre aux ouvriers. Ces cercles de qualité
travaillent mieux, avec plus d'enthousiasme, ont un meilleur moral et se sentent plus
La Reconnaissance
Il est important pour les ouvriers de savoir ce que l'encadrement pense de leur
travail. Il est donc bon de féliciter les employés lorsqu'ils réalisent des efforts. Attention, ces
appréciations ne doivent pas être trop fréquentes sous peine de voir leur effet diminuer. De
plus, ces appréciations doivent être sincères et justifiées, sinon elles peuvent avoir l'effet
inverse. On peut également faire paraître des photos du chantier et des ouvriers dans le
journal de l'entreprise. On peut par exemple désigner l'ouvrier du mois ou encore publier
qu'il réalise. Il n'y a rien de plus beau et de plus motivant que de construire une infrastructure
qui va durer dans le temps et qui va rendre service à de nombreuses autres personnes. Il
est donc naturel que l'ouvrier soit motivé lorsqu'il travaille sur de petits chantiers, ou de taille
sur un énorme chantier comme par exemple une centrale nucléaire. Or, on s'aperçoit au
démotivation des travailleurs est la plus forte. En effet, ils construisent une structure qu'ils
ne comprennent pas, où le travail est très répétitif et ces chantiers peuvent être très longs
(plusieurs années). Ils se sentent alors comme des éléments impersonnels d'une vaste
humaine.
Pour les managers d'un chantier, il est très important de motiver les travailleurs
afin d'améliorer la productivité et ainsi de finir le chantier dans les délais. Mais avant de
motiver ses troupes, il faut éviter de les démotiver et il faut y faire très attention car certains
chantier et l'organisation du chantier sont en général des facteurs de motivation mais s'ils
sont mal gérés, ils peuvent devenir des démotivateurs. Pour mieux comprendre ces
travaillant sur 12 gros chantiers industriels. Cette étude a permis d'identifier 11 motivateurs
et 17 démotivateurs.
Intérêt du travail 2 2 2 2 3 2 2
Heures supplémentaires 3 3
Salaire 2 1 1 2 2 2 2 2 2
Activités sociales 2 1 2
Planification du projet 2* 2* 1*
Projet
Démotivateurs A B C D E F G H I J K L
traitements irrespectueux 3 3 2 1 3 3 2
accomplissement faible 1 2 2
travail à refaire 1 1 1 1 1 1 1 2 2
absence de reconnaissance 2 2 1* 1* 1 1 1
Démotivation de l'encadrement 1 1 1 2 2
personnel incompétent 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 2
absence de coopération 1 1* 1 3 3
Travail dangereux 1 1* 1* 2* 2 1* 2 2
démotivateurs en premier lieu. Des motivateurs comme le contenu du travail ou avoir des
objectifs clairement définis sont pratiquement inopérants lorsque des démotivateurs tels que
le manque de matériel sont présents. De plus, lorsque tous les démotivateurs sont éliminés
bonnes relations humaines, voir le bâtiment se dessiner au fur et à mesure du travail. Les
démotivateurs sont des ouvriers non coopératifs, des problèmes avec les syndicats, un
La Communication
sur les 17 démotivateurs listés, 6 ont pour origine un manque de communication : traitement
questionnaires, les interviews ainsi que les cercles de qualité ont été utilisés ces dernières
années afin d'améliorer la communication avec les ouvriers. De plus, des systèmes de
feedback, tel le FDS: foreman delay survey, permettent aux managers d'évaluer leurs
maintenir le projet dans le budget et le délai. Le FDS consiste en une fiche que chaque chef
d’équipe remplit chaque fin de journée. Elle consiste en un décompte quotidien des
problèmes (manque de matériel, panne,…) rencontrés sur le chantier par le chef de chantier.
Ces informations sont ensuite compilées pour tous les chefs de chantiers. Grâce à ce
système on met très vite en relief et de manière précise, les problèmes qui
ralentissent la productivité et on peut ainsi réagir au plus tôt. Voici une fiche type FDS :
d’une entreprise. La formation est donc l'une des clés principales pour améliorer les
L’Intérêt du travail
qui durera dans le temps- est un facteur clé de la motivation à tous les niveaux de la
hiérarchie du concepteur aux ouvriers. De même, un projet bien planifié semble être
l’élément le plus important pour obtenir une bonne productivité. Malheureusement, sur les
grands projets industriels, les ouvriers reçoivent le minimum d'informations à propos de leur
travail. Les fréquents changements dans les plans, les dérapages constants des plannings
est un facteur très démotivant pour les travailleurs. Les responsables ont intérêt à adopter
une planification adéquate du matériel, ainsi qu’une vérification préalable de celui-ci afin que
les travailleurs affectés à une certaine tâche puissent la réaliser. Il faut donc être très attentif
à ces éléments cités précédemment si l’on veut améliorer la motivation et la productivité des
travailleurs et ainsi développer un plus grand degré d'accomplissement pour tous les
employés. Les chefs d'équipe ont énormément de fierté dans le travail qu'ils font. Quand ils
doivent démolir ce qu'ils ont fait à cause par exemple d'un problème d'ingénierie et le refaire,
cela les démotive grandement. Si cela intervient fréquemment, cela peut être le plus
quelques niveaux de hiérarchie. Mais sur les chantiers importants qui durent plusieurs
communication qui démotivent les travailleurs. Plus le projet est important, moins les
repoussées plus haut dans la hiérarchie ce qui pose également des problèmes de
qui est démotivant pour les chefs de chantier comme pour les ouvriers. En effet, sur les
compréhension du projet. Les travailleurs se sentent très petits et considérés comme des
pions sans importance. De plus, sur les gros chantiers, les travailleurs ressentent moins
d'identification par rapport au projet final que sur un chantier à taille plus humaine. Il est
donc important de se préoccuper encore plus de la motivation du personnel sur les chantiers
de grande ampleur.
d'identification au projet. Faire visiter le chantier aux familles est un bon outil de motivation
et de valorisation pour l’ouvrier qui se sent fier de son travail. De même, organiser un diner
pour les meilleurs éléments d’un chantier peut être un bon moyen de donner une
reconnaissance publique au travail d'un employé. Les équipes de sport, les voyages
chantier prenant clairement en compte le bien-être des travailleurs ont une influence sur le
moral et sur la productivité des ouvriers et des chefs de chantier. Inversement, si sur un
chantier, la sécurité n'est pas assurée et qu'il y a des blessés, cela peut entraîner une chute
place des programmes d'incitation à la sécurité dans lesquels les chefs de chantier seraient
récompensés en fonction des statistiques d'accidents dans leurs équipes. On peut aussi
mettre en place une information à la sécurité de chantier pour les nouveaux travailleurs, des
réunions de sécurité. En outre, il est indispensable de veiller à ce que les ouvriers portent
fluorescent. Ces équipements simples évitent la plupart des petites blessures sur les
chantiers.
L’Absentéisme et le Turn-over
Cependant, ils peuvent tout de même influer sur la productivité du chantier et il faut donc les
prendre en compte. L'absentéisme est surtout un problème pour les autres ouvriers de
absent. Ces absences répétées sont dues à une absence de satisfaction dans le travail. Il
en est de même pour le turn-over qui peut être très importants sur certains chantiers. Le
coût d'un programme de motivation est ainsi bien souvent justifié par la réduction de
l'absentéisme et du turn-over.
l'échec d'une entreprise. Chaque manager doit donc en permanence avoir en tête la
recherche de la motivation de ses employés. Pour cela, il peut s'appuyer sur différentes
théories que nous avons étudiées dans la première partie. Les théories des besoins comme
conviennent donc aux grandes entreprises avec de nombreux salariés. Par contre, pour une
approche plus personnelle de la motivation, dans des petits groupes, il est plus aisé de se
servir des théories du processus qui sont beaucoup plus fines mais aussi plus compliquées
à mettre en œuvre. Toutes ces théories peuvent se traduire au jour le jour par l'emploi de
essayant de minimiser le travail trop routinier. D'une façon générale, il faut faire confiance à
niveaux de prise de décision. De plus, et c'est fondamental, il faut que les rapports avec les
enployés, que les compliments, les réprimandes, les félicitations faits aux salariés soient
francs et sincères.
satisfaction en voyant leur ouvrage se construire pour créer une structure permanente. Ce
n'est par exemple pas le cas pour un ouvrier travaillant à la chaîne, dans une usine où il ne
sont très faciles à motiver si l'on s'arrange pour leur faciliter le travail par des instructions
décision sur la marche à suivre. En revanche, si le travail est mal planifié, s’il y a des contre-
• Des travailleurs motivés exercent une influence majeure sur le succès d'un projet.
• Pour faciliter le travail, il faut tout faire pour créer un environnement de travail sain et
• sécuritaire.
motiver les chefs de chantier et éviter de remonter trop haut dans la hiérarchie du
• projets.
Dans tous les cas, quelque soit le choix des outils de motivation employés, il
beau être très bien mené, il n'aura que très peu d'effets si en premier lieu, les démotivateurs
Pour aller plus loin sur la motivation du personnel dans l’entreprise, les ouvrages et articles
• John D. Borcherding, Motivating the lower level supervisory staff and work