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Rev Mal Respir, 2002, 19, 217-228.

© SPLF, Paris, 2002.

REVUE GÉNÉRALE

Adaptations respiratoires chez le plongeur en apnée


P. DELAPILLE (1)*, E. VERIN (2), C. TOURNY-CHOLLET (1)
(1) Centre d’Etudes des transformations des APS, Faculté des Sciences du Sport et de l’Education Physique de Rouen, Université de Rouen
France.
(2) Laboratoire de Physiologie Respiratoire et Sportive du CHU de Rouen France.

SUMMARY

Ventilatory adaptations for breath holding in divers sitivity to CO2 and which delays and minimises the involuntary
contractions of respiratory muscles provoked by the absence of
The length of breath-hold duration in divers is dependant on a respiratory movements. These adaptations modify the breaking
number of interacting variables which include mechanical factors point of, and increase the duration of breath holding. Godfrey &
(lung volumes), chemical factors (sensitivity to hypoxia and Campbell’s model (1968), modified by Courteix et coll. (1993) and
hypercapnia), non-chemical factors (involuntary muscular con- Delapille (2000), attempts to explain the control of breathing in
tractions), psychological factors (motivation, stress, competition) the context of apnea and to define the effects of each of these
and various extrinsic factors (training, muscular exercise). These stimulus on the respiratory activity of divers and non-divers.
stimulus provoke the unpleasant sensation of an urge to breathe
at the termination point of the breath hold. Training and
experience produces adaptations in divers which decreases sen- Mots-clés : Breath hold duration. Respiration. Control. Training.

RÉSUMÉ

La durée de l’apnée volontaire effectuée par le plongeur est contractions involontaires des muscles respiratoires provoquées
dépendante de nombreux facteurs qui agissent en interaction et par l’absence de mouvement respiratoire. Ces adaptations modi-
regroupe des influences d’origines mécaniques (volumes pulmo- fient le point de rupture de l’apnée et permettent une augmen-
naires), chimiques (tolérance à l’hypoxie et à l’hypercapnie), tation de la durée de l’apnée. Le modèle de Godfrey & Campbell
dynamiques (contractions involontaires du diaphragme), psycho- (1968) modifié par Courteix et coll. (1993) et Delapille (2000)
logiques (motivation, stress, compétition) et extérieurs (entraîne- tente d’expliquer le contrôle de la ventilation lors de l’apnée et
ment, exercice musculaire). Toutes ces stimulations provoquent montre l’importance des différentes stimulations à l’origine des
une sensation déplaisante de besoin impérieux de respirer à modifications de l’activité respiratoire chez des plongeurs et non
l’origine de la rupture de l’apnée. L’entraînement et l’expertise plongeurs.
du plongeur permettent certaines adaptations comme une dimi-
nution de la sensibilité au CO2 et de retarder et minimiser les Mots-clés : Durée d’apnée. Respiration. Contrôle. Entraînement.

Introduction de nombreux pratiquants. Les records dans ce domaine sont


régulièrement battus soit en profondeur (– 105 mètres en
La pratique de l’apnée volontaire (plongée libre) s’est 1983, – 152 mètres en 2000) soit en durée (7 minutes 35
popularisée depuis le début des années 90 avec l’apparition secondes en 1996). Certains champions pensent pouvoir
atteindre rapidement les 200 mètres. Ces durées restent
Tirés à part : E. VERIN, Service de Physiologie Digestive, Urinaire, pourtant très éloignées des aptitudes des animaux aquatiques
Respiratoire et Sportive, CHU de Rouen, 1, rue Germont, 76031 (rat musqué (12 minutes), castor (15 minutes), cachalot (75
Rouen Cedex. minutes), baleine (120 minutes)). Hormis les différents
e-mail : eric.verin@wanadoo.fr records, l’apnée est également utilisée dans différents brevets
d’état et brevets fédéraux de plongeurs ou de maîtres nageurs
Réception version princeps à la Revue : 29.11.2000. sauveteurs. Elle est également considérée comme un axe de
Retour aux auteurs pour révision : 04.02.2001. recherche afin de mieux connaître les mécanismes agissant
Réception 1ère version révisée : 25.05.2001.
Acceptation définitive : 26.09.2001. sur l’activité des centres respiratoires.
La plongée en apnée témoigne d’une maîtrise et d’une
* L’équipe de Physiologie du CHU Rouen rend hommage à notre adaptation volontaire du contrôle de la ventilation. Toutefois
ami Pascal Delapille, décédé accidentellement le 20 janvier 2002, celle-ci n’est pas sans risques : perte de connaissance provo-
qui savait associer à une pratique sportive de haut niveau le métier quée par l’hypoxie lors de la remontée, accidents neurologi-
de physiologiste. Merci pour tout ton travail original. ques de décompression, trouble respiratoire obstructif [1-3].

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La pratique de l’apnée volontaire nécessite de connaître moins d’un litre d’O2 gazeux et le sang un autre litre sous
les différentes adaptations possibles chez l’homme comme : forme d’oxyhémoglobine [10].
— les modifications cardiaques et circulatoires liées au
réflexe de plongée (bradycardie et vasoconstriction) ; — les Echanges alvéolo-capillaires pendant l’apnée dans l’air
modifications ventilatoires d’origines mécaniques, chimi- (facteurs chimiques)
ques, dynamiques et psychologiques qui provoquent la rup- Lors d’une apnée dans l’air, le pression alvéolaire d’oxy-
ture plus ou moins tardive de l’apnée. gène (PAO2) diminue et la pression alvéolaire de gaz carbo-
La découverte et la popularisation de cette pratique ont nique (PACO2) augmente au fur et à mesure que le temps
provoqué une demande de plus en plus importante des s’écoule [11-13]. Ces variations de sens opposés entre les
pratiquants afin de déterminer une méthodologie d’entraîne- pressions partielles d’oxygène et de gaz carbonique ont pour
ment pour améliorer la performance et pratiquer en toute conséquence une diminution progressive des gradients de
sécurité. La majorité des publications physiologiques et phy- pression alvéolo-capillaires. Après environ 4 minutes
siopathologiques datent des années 1962 à 1970 avec un d’apnée au repos, les gradients entre PAO2, PaO2 et PVO2
maximum d’environ 60 publications par an. Actuellement, s’égalisent et l’effort musculaire accélère ce processus. Les
les modifications physiologiques liées à l’entraînement sont pressions partielles alvéolaires de gaz carbonique s’élèvent
encore peu connues car peu d’études ont comparé deux rapidement au début de l’apnée, puis tendent vers une
populations distinctes (plongeurs et non plongeurs). L’adap- asymptote (entre 55 et 60 mmHg). PACO2 et PaCO2 s’éga-
tation des techniques d’explorations de l’activité respiratoire lisent environ après 1 minute d’apnée. Cette stabilisation des
centrale à la plongée (pression d’occlusion, électromyogra- pressions partielles résulte des substances tampons conte-
phie, etc) ont permis de nouvelles investigations pour tenter nues dans le sang [10]. La rupture de l’apnée est liée aux
d’expliquer objectivement les variations de la durée de seuils de tolérances individuels à l’hypercapnie et à
l’apnée. l’hypoxie sous l’effet des pressions partielles du CO2 et de
Des travaux récents permettent de mieux comprendre la l’O2 [14-18]. Par exemple, l’hypocapnie (hyperventilation
rupture de l’apnée en plongée et ouvrent de nouveaux hori- volontaire) et l’hyperoxie allongent la durée de celle-ci
zons sur le contrôle ventilatoire de l’activité respiratoire [19-21].
centrale. L’objectif de cette revue générale est de décrire les
différents facteurs agissant sur la rupture de l’apnée et de Contractions involontaires du diaphragme (facteurs
montrer les différentes adaptations ventilatoires provoquées dynamiques)
par la pratique régulière de la plongée en apnée. La sensation déplaisante du besoin de respirer n’est pas
liée uniquement aux volumes pulmonaires (facteurs mécani-
FACTEURS RESPONSABLES DE LA DURÉE DE L’APNÉE ques) et aux pressions partielles des gaz respirés (facteurs
DANS L’AIR chimiques). L’absence de mouvement thoracique pendant
l’apnée provoque des contractions musculaires involontaires
La durée de l’apnée est dépendante de facteurs mécani-
qui accélèrent la rupture de l’apnée [22]. Il est possible
ques (volumes pulmonaires), chimiques (sensibilité aux gaz
d’inhiber ces secousses musculaires provenant principale-
respirés), dynamiques (contractions involontaires du
ment du diaphragme par un simple cycle ventilatoire et
diaphragme), psychologiques (stress, motivation) et exté-
d’effectuer une seconde apnée avec une PACO2 plus élevée
rieurs (entraînement, exercice) [4-7].
et avec un volume pulmonaire plus petit que lors de la
Volumes pulmonaires (facteurs mécaniques) rupture de la première apnée [23, 24]. Ces sensations peu-
vent être contrôlées par des techniques empiriques (dégluti-
Il existe une relation entre les volumes pulmonaires au tion, faibles mouvements respiratoires). Campbell et coll.
début de l’apnée et la durée de l’apnée [8]. Ils interviennent (1967) [25] émettent l’hypothèse que l’absence de mouve-
également au niveau des échanges gazeux en modifiant les ment thoracique est un facteur qui augmente au fur et à
seuils de tolérance des gaz respirés. Muxworthy (1951) [9] mesure du temps et influence la durée de l’apnée. L’hyper-
démontre que lorsque les volumes pulmonaires initiaux sont capnie et l’hypoxie agissent sur les centres ventilatoires,
grands, la PACO2 est plus grande et la PAO2 plus petite au lesquels transmettent une demande aux muscles respiratoires
point de rupture de l’apnée ce qui augmente la durée de qui ne peuvent pas se contracter compte tenu de l’apnée.
celle-ci. Cette absence de mouvement, par l’intermédiaire des voies
sensitives, est à l’origine de sensations déplaisantes ressen-
Capacités de stockage de l’oxygène et du gaz carbonique ties par le plongeur [5].
Pour le gaz carbonique, 120 à 150 litres peuvent être
stockés plus ou moins rapidement disponibles selon les tissus Contrôle corticale volontaire (facteurs psychologiques)
(sang, tissus mous, os et graisses). Compte tenu des capacités Au moment où le plongeur ressent le besoin de respirer, la
de stockage élevées du CO2, il est possible de diminuer la volonté, la motivation et/ou la compétition peuvent prolon-
PaCO2 et d’augmenter le pH sanguin par une hyperventila- ger la durée de l’apnée. Les durées d’apnées peuvent varier
tion volontaire prolongée (plusieurs minutes). Pour l’oxy- de 20 à 270 secondes d’un sujet à l’autre et chez le même
gène, après une inspiration forcée, l’air alvéolaire contient sujet d’une séance à l’autre [10]. Ces facteurs sont très

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FIG. 1. — Les différents points de rupture de


l’apnée.

importants et la durée de l’apnée n’est pas un critère suffisant lus n’ont pas la même valeur fonctionnelle, celui du CO2 est
pour exprimer la stimulation des centres ventilatoires [6]. Ce prépondérant [10, 29].
contrôle volontaire cortical de l’activité respiratoire semble
jouer un rôle essentiel dans la rapidité des progrès obtenus Point de rupture conventionnel
lors des premières semaines d’entraînement [26]. La phase de lutte est la période comprise entre le début des
contractions musculaires involontaires (point de rupture phy-
Entraînement, exercice (facteurs extérieurs) siologique) et la rupture de l’apnée (point de rupture conven-
Les valeurs de PACO2 sont plus élevées et les PAO2 sont tionnel). Malgré l’activité involontaire et croissante du
plus faibles à l’issue d’apnées avec exercice musculaire par diaphragme, la ventilation n’est pas reprise puisque la glotte
rapport à une apnée statique [27, 28]. L’exercice musculaire, est fermée. Celle-ci est maximum lors de la rupture de
réalisé avant et/ou pendant l’apnée, augmente la consomma- l’apnée [23, 30, 31]. La phase de lutte débute pour des PCO2
tion d’O2 et diminue la durée de l’apnée. Les répétitions entre 46 et 50 mmHg [32] mais semble indépendante de la
successives d’apnées liées à l’entraînement seraient à l’ori- PAO2 pour des valeurs supérieures à 75-80 mmHg [22]. Lin
gine de l’amélioration de la performance. Mais les effets de (1987) [33] précise que les contractions diaphragmatiques
l’entraînement sont temporaires [10]. apparaissent pour une PACO2 entre 47 et 48 mmHg sous
oxygène pur, quel que soit le volume pulmonaire initial et le
POINTS DE RUPTURE PHYSIOLOGIQUE ET CONVENTIONNEL volume pulmonaire au moment de la rupture. Le point de
DE L’APNÉE rupture conventionnel intervient selon les sujets et pour une
PACO2 comprise entre 50 et 91 mmHg [10]. L’intervention
Tous les facteurs précédemment définis agissent en inte- des facteurs chimiques dans la rupture de l’apnée est donc
raction et provoque la rupture de l’apnée. Pour Lin et coll. minimisée au profit des facteurs dynamiques caractérisés par
(1974) [22], la rupture de l’apnée se distingue avec un point ces contractions diaphragmatiques à l’origine du besoin de
de rupture physiologique et un point de rupture convention- respirer.
nel (fig. 1).
MODIFICATIONS PROVOQUÉES PAR L’IMMERSION
Point de rupture physiologique DU PLONGEUR
Le point de rupture physiologique se situe à la fin de phase
d’aisance. Cette dernière correspond à la période comprise Diminution des volumes pulmonaires (facteurs mécaniques)
entre le début de l’apnée et le début des contractions Les volumes pulmonaires peuvent être modifiés par un
diaphragmatiques involontaires. Pendant cette période, les déplacement du diaphragme et de l’abdomen lors de
stimulus chimiques (hypoxie et hypercapnie) interviennent l’immersion. Deux facteurs sont impliqués : la pression
seuls sur la régulation de la ventilation. Ces différents stimu- hydrostatique sur la paroi thoracique qui s’oppose à la force

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des muscles inspiratoires et la redistribution du sang c’est à vement triplée). Compte tenu du gradient de pression plus
dire l’augmentation du volume sanguin dans le thorax. important, l’oxygène alvéolaire est mieux utilisé qu’en sur-
La pression hydrostatique exercée sur le thorax est estimée face, ceci a pour conséquence d’augmenter la durée de
à environ 20,5 cm H2O lorsque le sujet assis est immergé l’apnée [11]. Pour l’O2, deux facteurs se superposent : les
dans l’eau jusqu’au cou [34-36]. Ce phénomène est détermi- variations de volume dues aux variations de pressions et les
nant dans la diminution de la CRF et est à l’origine de la modifications de volume dues à la consommation d’O2. A la
diminution de la compliance thoracique [37]. La diminution remontée, les pressions partielles alvéolaires et artérielles
des volumes pulmonaires dépend donc de la profondeur de d’O2 peuvent chuter à des valeurs très faibles : c’est la
l’immersion. Cette réduction est identique à celle observée principale cause de la perte de connaissance et d’accidents
quand les sujets sont soumis à des pressions pulmonaires graves chez l’apnéiste [10]. Pour le CO2, l’accroissement de
négatives [34, 38]. la pression hydrostatique et le métabolisme entraînent une
Gauer et coll. (1970) [39] sont les premiers à indiquer fixation du CO2 sur les substances tampons du sang. La
l’effet de la redistribution du sang pendant une immersion PACO2 est alors supérieure à la pression de surface. A la
qui entraîne une augmentation relative du volume sanguin descente, à partir de 8 mètres, les échanges gazeux s’inver-
dans le thorax. Dans l’eau, la pression hydrostatique exerce sent, l’alvéole cède du CO2 au sang. A la remontée, le CO2
un gradient de 1 cm H2O/cm de profondeur et déplace le passe lentement du sang vers les alvéoles [11].
sang des extrémités vers le thorax. L’immersion dans l’eau
provoque une augmentation du volume sanguin intrathora- Retard d’augmentation de la PaCO2
cique de 20 à 40 % [40, 41]. La redistribution des volumes Craig et Medd 1968 [53] démontrent que la PCO2 à la fin
sanguins lors de la transition de la position debout à la d’une apnée dynamique en immersion est plus faible que
position couchée sur le dos est similaire à la redistribution celle observée lors d’une apnée analogue réalisée sur terre.
induite par la position assise dans l’eau [39, 42]. Une importante rétention de CO2 est donc observée chez les
L’immersion et la posture provoquent une diminution de apnéistes effectuant des apnées en profondeur. Ces différen-
la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) de 30,8 à 42,8 % ces entre une apnée dans l’air et en immersion pourraient être
(1 à 1,4 l) entre la position assise dans l’air et assise ou expliquées par une diminution de la production de CO2 dans
couchée dans l’eau [43-47]. Ces diminutions de la CRF sont le muscle pendant l’apnée quand le plongeur est immergé. Si
liées à la réduction du volume de réserve expiratoire (VRE). la production de CO2 en provenance des tissus musculaires
Entre la position assise dans l’air et dans l’eau immergée est limitée, la PVCO2 ne peut pas augmenter aussi rapide-
jusqu’au cou, Agostoni et coll. (1966) [34] montrent une ment quand le sujet est dans l’eau par rapport à l’air. Un autre
diminution du VRE de 1,86 à 0,56 l expliquée par une facteur pourrait également intervenir : la température de
compression du thorax. La capacité vitale (CV) est réduite de l’eau. Elle pourrait modifier le débit sanguin (vasoconstric-
6 à 9 % par rapport à la CV mesurée dans l’air lorsque les tion provoquée par le froid) et permettre la diminution de la
sujets sont immergés en position couchée sur le dos [48, 49]. perfusion du muscle. Dans ce cas, avant de conclure que la
De nombreux auteurs ont observé que la tolérance à diminution de la perfusion est liée au réflexe de plongée, il
l’hypoxie et à l’hypercapnie est directement liée aux volu- serait nécessaire de démontrer que la PACO2 à l’issue d’une
mes pulmonaires pendant l’apnée [50-52]. Muxworthy apnée est indépendante de la température.
(1951) [9] et Chapin (1955) [8] montrent une augmentation A la remontée, la libération du CO2 tamponné et son
de la tolérance au CO2 avec une augmentation des volumes élimination s’effectue lentement car les capacités de stoc-
pulmonaires quand la respiration est tenue avec de l’air mais kage du gaz carbonique sont importantes. Les pressions
il ne démontre pas la même relation entre les volumes partielles artérielles de CO2 varient nettement en fonction de
pulmonaires et la tolérance à l’hypoxie. Agostoni (1963) [32] la vitesse de remontée, ce qui peut entraîner des problèmes
constate également une augmentation de l’activité électrique transitoires d’hypercapnie. En effet, lorsque les vitesses sont
diaphragmatique (facteurs dynamiques) avec des volumes faibles (< 0.6 m.s-1), le CO2 a le temps d’être transporté
pulmonaires réduits et pour des PACO2 constantes. Le jusqu’au poumons ce qui explique des PACO2 élevées à
consensus est donc que la restriction des volumes pulmonai- l’arrivée en surface.
res diminue la tolérance au CO2, et que cette relation entre
les volumes pulmonaires et la tolérance à l’hypoxie n’est pas La libération d’endorphines peut-elle modifier la sensibilité
apparente. Mithoefer (1959) [51] démontre l’existence d’un au CO2 ?
stimulus ventilatoire indépendant venant de la diminution Le rôle des endorphines dans le contrôle de la ventilation
des volumes pulmonaires qui agit en interaction avec les reste encore mal connu [54-56]. Peu d’études ont été réali-
stimulus d’hypercapnie et d’hypoxie comme un facteur limi- sées chez l’homme afin d’apprécier les effets des opiacés
tant de la durée de l’apnée. endogènes sur la réponse ventilatoire. Il semble néanmoins
que les endorphines n’ont pas un rôle majeur dans le contrôle
Echanges respiratoires pendant l’apnée en immersion chimique de la ventilation chez l’homme [56, 57], mais
En immersion, l’augmentation de la pression hydrostati- certains types d’endorphines pourrait augmenter le seuil de
que au cours de la plongée en apnée majore la pression sensibilité au CO2 et permettre une augmentation de la durée
alvéolaire d’oxygène (à 20 mètres, la PAO2 a approximati- de l’apnée [55, 58]. Les opiacés semblent agir sur les ché-

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morécepteurs centraux plutôt que les chémorécepteurs péri- d’apnées avec exercices musculaires, un conflit d’action
phériques mais n’interviendrait pas sur la sensation de dys- entre vasoconstriction et vasodilatation apparaît. Il semble
pnée. que la lutte contre l’asphyxie par vasoconstriction est prio-
ritaire sur l’homéostasie et les besoins métaboliques. Une de
Le froid nos récentes études montre, lors d’apnées avec exercices
Les combinaisons isothermiques en néoprène assurent une musculaires, des taux de lactates inférieurs et une récupéra-
protection thermique efficace et peuvent réduire les dépenses tion plus rapide chez des apnéistes entraînés. Ce constat
énergétiques des apnéistes. Kang et coll. (1983) [59] ont permet d’envisager soit une production de lactates moins
démontré que la consommation d’O2 chez les amas coréen- élevée, soit une élimination liée à une vasomotricité diffé-
nes est stable lorsqu’elles portent une combinaison. A rente chez les experts [67, 68].
l’inverse, la VO2 augmente progressivement quand les plon-
geuses n’ont pas de combinaison, après 1 heure de plongée et ADAPTATIONS PHYSIOLOGIQUES CHEZ LES PLONGEURS
lorsque les apnées sont accompagnées d’exercices musculai- EXPERTS EN APNÉE : QUELS SONT LES EFFETS
res [60]. Ce phénomène n’est pas en relation avec les modi- DE L’ENTRAÎNEMENT ?
fications de la bradycardie du réflexe de plongée pour diffé-
rentes températures. En effet, plus la température de l’eau est Augmentation des volumes pulmonaires (facteurs
basse, plus la bradycardie est importante et permet de mini- mécaniques)
miser les dépenses énergétiques. L’augmentation de la VO2 L’entraînement augmente tous les volumes pulmonaires
ne peut être expliqué que par les mécanismes déclenchés de 5 à 10 % sauf le volume résiduel qui diminue de 10 %
pour lutter contre l’hypothermie (frissons). [69]. Ces augmentations sont justifiées par une augmentation
de la force des muscles inspiratoires et expiratoires princi-
Interaction entre la fonction circulatoire et la fonction palement provoquée par l’entraînement en milieu subaqua-
respiratoire tique.
La bradycardie liée au réflexe de plongée pourrait être un
Transport d’oxygène amélioré par une augmentation
moyen de réduire la consommation d’énergie afin de lutter
de la concentration d’hémoglobine
contre l’asphyxie provoquée par l’apnée. Olsen et coll.
(1962) [61] montrent, à l’issue d’apnée, des pressions arté- Des augmentations de la concentration d’hémoglobine et
rielles d’oxygène plus élevées chez les plongeurs. Une désa- de l’hématocrite, accompagné de contractions spléniques,
turation de l’hémoglobine moins rapide et une réduction de ont été montrée chez les amas Coréennes [70]. Cette obser-
la consommation d’oxygène est également observée chez les vation n’a pas été confirmée lors d’apnées réalisées en
sujets présentant une bradycardie importante provoquée par laboratoire. Ces augmentations rapides et répétées de
l’immersion de la face [62, 63]. Ces résultats sont contestés l’hématocrite artérielle pourraient être provoquées par la
par d’autres auteurs qui ne démontrent pas une diminution de réalisation d’apnées en immersion. L’analyse détaillée des
la VO2 lors d’apnées avec immersion de la face [64, 21]. composants de l’hémoglobine et de leurs propriétés d’oxy-
La bradycardie du réflexe de plongée débute avant les génation ne révèlent aucune adaptation qui pourrait augmen-
modifications de pressions partielles artérielles d’O2 et de ter la tolérance des plongeuses amas à l’hypoxie et aux
CO2. Les modifications asphyxiques ne sont donc pas à conditions hypothermiques associées à la pratique de plon-
l’origine de celle-ci. Deux raisons peuvent être envisagées gées répétitives [60].
pour expliquer l’origine de la bradycardie : — les modifica-
tions de volumes et de pressions pulmonaires provoquées par Diminution du métabolisme aérobie pendant l’apnée
l’immersion du sujet. Les pressions intrathoraciques positi- Une étude récente de Lindholm et coll. (1999) [71]
ves deviennent faibles ou nulles lorsque le niveau d’immer- démontrent, lors d’apnées de 30 secondes avec efforts mus-
sion critique se situant à l’appendice xiphoïde est franchit. culaires modérés réalisées en laboratoire, que les apnéistes
Dans ce cas, la tachycardie accompagnée d’une diminution possédant une réponse bradycardique importante (cas des
de la pression artérielle se transforme en bradycardie. Les apnéistes entraînés) ont une diminution 4 à 5 fois plus lente
variations de fréquence cardiaque résulteraient alors de la de leur saturation en O2 que les sujets ayant une réponse
mise en jeu de barorécepteurs lors des variations de la cardio-vasculaire moins prononcée. La bradycardie et
pression artérielle [65, 66] ; — lors d’une apnée inspiratoire l’hypertension pendant l’apnée sont associées à une conser-
(sans immersion), la stimulation de récepteurs d’étirement vation temporaire de l’O2. La réduction temporaire de la
entraîne une bradycardie proportionnelle au remplissage pul- VO2 périphérique résulte d’une consommation d’O2 plus
monaire (elle est également majorée par l’entraînement qui lente des alvéoles vers le sang, et qui conserverait temporai-
augmente la force des muscles inspiratoires). Ce réflexe rement l’O2 au bénéfice du système nerveux central et du
serait une réaction homéostasique suite à la vasoconstriction cœur lesquels ne peuvent fonctionner sans O2. Une autre
périphérique résultant de la sollicitation des récepteurs d’éti- étude réalisée en milieu naturel montre que les plongeurs
rement pleuraux lors de l’inspiration. experts sont capable de lutter lors d’apnées profondes et de
La vasoconstriction qui accompagne la bradycardie per- durées importantes par un ensemble d’adaptations [72]. Les
met également une réduction des apports métaboliques. Lors plongeurs entraînés sont caractérisés par une augmentation

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du métabolisme anaérobie vraisemblablement provoqué par l’entraînement physique et l’entraînement spécifique à


l’existence du réflexe de plongée lors de l’immersion (vaso- l’apnée augmente la durée de l’apnée et le réflexe de plongée
constriction périphérique au niveau des muscles) qui a pour [77]. L’entraînement spécifique à l’apnée permet de retarder
effet de préserver l’oxygène pour le système nerveux central le point de rupture physiologique et prolonge la phase
et d’autres organes ne pouvant tolérer l’hypoxie. Les auteurs d’aisance (facteurs chimiques). L’entraînement physique
préconisent également une adaptation des réponses ventila- (type aérobie) augmente la période au delà du point de
toires à l’hypoxie et/ou à l’hypercapnie. La faible diminution rupture physiologique et permet une augmentation de la
d’O2 stockée dans le sang reflète une faible consommation phase de lutte (facteurs chimiques et dynamiques). Les
d’O2 pendant l’apnée et pourrait être liée, selon Qvist et coll. apnées successives avec exercices musculaires et des pério-
(1993) [60], à la petite taille des plongeuses étudiées (amas des de récupérations courtes conduisent à une accumulation
coréennes) et à la faible intensité de l’exercice effectué. La de CO2 et augmente la capacité de résister aux sensations
température élevée de l’eau, le port de la combinaison déplaisantes ressenties pendant l’apnée ce qui contribue à
isothermique en néoprène, l’efficience dans la technique de prolonger la durée de celle-ci [78]. Les résultats d’une de nos
palmage et le faible niveau de stress pourrait également études suggèrent des apnées courtes et intenses plutôt que
contribuer à ces résultats. Craig et Medd (1968) [53] démon- des apnées longues peu intenses afin d’atteindre des taux de
trent l’importance de l’intensité de l’exercice sur la consom- lactates entre 2,5 et 3 mmol.1– 1 (Delapille et coll. 1999)
mation d’O2. De même, à l’issue de l’apnée, les valeurs de [67]. Dans ce cas, la durée de l’apnée n’est pas altérée et les
PaO2 et CaO2 ne retournent pas immédiatement aux valeurs seuils de tolérance à l’hypoxie et à l’hypercapnie sont
normales. Environ 20 secondes sont nécessaires ce qui peut atteints plus fréquemment ce qui permet de les repousser et
expliquer certaine perte de connaissance après le retour en permet d’habituer l’organisme à l’hypercapnie.
surface.
Adaptations des facteurs dynamiques
Diminution de la sensibilité au gaz carbonique : innée L’origine de ces stimulations dynamiques est encore
ou acquise ? imparfaitement connue [79]. L’apnée provoque des stimulus
Pour Florio et coll. (1979) [73], les plongeurs ont une supplémentaires vers les centres respiratoires et modifie le
réponse ventilatoire au CO2 plus faible de 33 % par rapport débit neuronal respiratoire. L’hypothèse avancée par God-
aux non plongeurs (p < 0,05). Sherman et coll. (1980) [74] frey et Campbell (1969) [4] est que l’absence de mouvement
obtiennent également des pentes de courbes de réponses au thoracique constitue un stimulus. Ainsi, les centres nerveux
CO2 significativement plus basses pour les plongeurs. Ces respiratoires pourraient être excités par l’absence d’informa-
auteurs concluent que la population de plongeurs n’est pas tions en provenance des récepteurs d’étirement ou muscu-
différente des autres, mais plutôt un groupe de sujets en laire. D’autres stimulus sont également envisagés comme, la
bonne santé caractérisé par une réponse faible au CO2 inhé- pression négative intrathoracique lors des contractions, la
rente ou acquise. Davis et coll. (1987) [75] montrent une tension appliquée aux muscles, tendons et articulations lors
augmentation de la tolérance au CO2 chez des joueurs de de ces contractions, l’absence de débit gazeux au niveau des
hockey sous-marin pour lesquels les apnées sont courtes et voies aériennes ou des mécanismes centraux ayant connais-
intenses par rapport à des sportifs dont les activités physi- sance de l’arrêt de la ventilation. Les contractions musculai-
ques et sportives sont terrestres. Grassi et coll. (1994) [76] res involontaires en déformant le thorax ou en générant des
concluent que les plongeurs comparés aux non plongeurs ont pressions négatives dans les voies aériennes, excitent des
une réponse ventilatoire affaiblie à l’hypercapnie mais pas à récepteurs lesquels en retour transmettent des signaux de
l’hypoxie. Selon les auteurs, ces constatations peuvent être détresse à la conscience d’où les sensations déplaisantes de
liées soit à un phénomène génétique, soit à un phénomène besoin de respirer [80]. L’activité électrique du diaphragme
d’adaptation. Lors d’une hypercapnie progressive en hype- pendant l’apnée montre, après une période sans activité ou
roxie, la comparaison entre des apnéistes experts et des sujets une activité faible, une augmentation des contractions suivie
entraînés dans des activités sportives terrestres montre éga- d’autres contractions de plus en plus grandes jusqu’à la
lement une sensibilité au CO2 réduite chez les plongeurs rupture de l’apnée [30, 32]. Cette action du diaphragme
[46]. Cette dernière étude permet de déduire que l’hyposen- provoque une chute de la pression intrathoracique. Les
sibilité des centres respiratoires aux stimulus chimiques chez contractions sont croissantes et atteignent leur maximum lors
les plongeurs est certainement acquise, et donc liée à l’entraî- de la rupture de l’apnée [23, 31]. La suppression des affé-
nement spécifique à la plongée. rences thoraciques par anesthésie des nerfs vagues et des
nerfs glosso-pharyngiens [81] ou encore par une légère
MÉCANISMES D’ACQUISITION DE LA TOLÉRANCE curarisation [25] permet d’augmenter la durée de l’apnée et
À L’HYPERCAPNIE supprime les contractions diaphragmatiques.
L’adaptation au gaz carbonique se reflète outre le niveau
LES SENSATIONS RESPIRATOIRES DÉPLAISANTES
plus élevé de PaCO2, dans une diminution du pH, une
augmentation des bicarbonates sanguins et de l’hématocrite, La physiologie respiratoire traditionnelle ne prend en
une majoration de l’ion NA+ et une diminution de l’ion K+ compte que les perturbations d’un système essentiellement
dans les globules rouges [10]. Une étude récente montre que gouverné par l’homéostasie et s’intéresse peu aux conditions

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ADAPTATIONS RESPIRATOIRES CHEZ LE PLONGEUR EN APNÉE 223

de pratique et aux effets de l’entraînement dans une pratique cérébral et du système limbique différentes de celles du
sportive. Il existe toutefois deux composantes dans le contrôle volontaire de la respiration. L’activation du système
contrôle ventilatoire : — une composante métabolique assu- limbique peut être à l’origine des sensations désagréables
rée par les centres respiratoires bulbopontiques avec l’aide produites par le CO2 [92]. Ces résultats montrent que la
de différents feed-backs permettent de réguler les pressions ventilation automatique et volontaire empruntent des voies
partielles de CO2, O2 et du pH du liquide céphalo-rachidien ; différentes. La modulation de la ventilation est liée à des
— une composante comportementale (sujets, situation) sous stimulus affectifs (milieu subaquatique, température) qui
l’influence de structures suprapontiques notamment cortica- proviennent du cortex limbique par des voies anatomique-
les [82]. ment différentes de la ventilation volontaire. L’entraînement
et l’expertise du sujet peuvent jouer un rôle, non seulement
Le terme de dyspnée ou d’essoufflement est souvent uti- dans la physiologie respiratoire mais également dans la
lisé pour exprimer les sensations déplaisantes de besoin de genèse des sensations respiratoires. Différentes études chez
respirer survenant lors d’un exercice ou pour décrire les l’homme montrent que le conditionnement peut influencer
symptômes d’une maladie [83]. L’apnée est un phénomène non seulement le contrôle respiratoire mais aussi les sensa-
objectif (arrêt plus ou moins prolongé de la respiration) tions respiratoires [93]. Ces données modifient la vision
pouvant être à l’origine de la dyspnée, de l’essoufflement traditionnelle d’un automatisme figé par la programmation
donc des sensations respiratoires qui dépendent du vécu génétique des centres respiratoires bulbopontiques [82] et
antérieur, des émotions et de la psychologie de l’apnéiste. permettent d’envisager un modèle schématique expliquant le
Toutefois aucune aire corticale spécifique aux sensations contrôle ventilatoire lors de l’apnée (fig. 2).
respiratoires n’a été identifiée et les mécanismes cérébraux à
l’origine de la dyspnée sont inconnus. Il existe toutefois L’adaptation des plongeurs experts serait de diminuer
certaine afférences respiratoires au niveau du cortex cérébral l’intensité des facteurs dynamiques, alors que chez les
chez l’homme [84, 85] et les contractions diaphragmatiques témoins, l’intensité des facteurs dynamiques est importante
pourraient être induites par stimulation directe du cortex pour des apnées courtes (20 sec.) [94]. Les sujets habitués à
moteur. Plusieurs voies afférentes parallèles, voire même des contractions involontaires régulières pourraient être
redondantes, sont impliquées dans la perception des sensa- capables de supprimer celles-ci volontairement mais ceci
tions respiratoires et de la dyspnée [86]. Elles proviennent de deviendrait de plus en plus difficile au fur et à mesure que
récepteurs de la paroi thoracique, de récepteurs pulmonaires, l’apnée se déroule [80]. L’entraînement et l’expertise du
de récepteurs des voies aériennes supérieures et des chémo- sujet pourraient augmenter la possibilité de mieux supporter
récepteurs centraux et périphériques. Plus précisément pour l’absence de mouvements respiratoires à l’origine des
l’apnée, certaines observations mettent en évidence le rôle contractions involontaires du diaphragme. Les plongeurs
d’afférences vagales dans les sensations induites par l’apnée experts sont capables d’inhiber les facteurs dynamiques
ou par la réinspiration de CO2. Après les études de Campbell jusqu’à une durée d’apnée de 40 secondes quand la PACO2
et coll. 1967, 1969 [25, 87], le rôle de l’hypercapnie dans les est importante (> 50 mmHg) [94]. La question est de savoir
sensations respiratoires semblait mineures par rapport à celui si l’accoutumance chez l’apnéiste (immergés dans l’eau,
des muscles respiratoires. En 1990, la curarisation complète embout buccal dans la bouche, arrêt volontaire de la venti-
de sujets sains conscients ventilés en hyperoxie, montre lation) permet des adaptations des centres nerveux respira-
qu’une augmentation de la PaCO2 induisait des sensations toires proprement dits et/ou si des techniques de terrain
respiratoires exprimée en terme de « besoin urgent de respi- empiriques inconscientes ou non comme la déglutition, la
rer » ou de « soif d’air » [88]. Ainsi l’hypercapnie, sans manœuvre de Valsalva, la respiration dans le masque ou
contractions musculaires, peut être à l’origine des sensations encore faire circuler de l’air entre le nez et la bouche
respiratoires ressenties par le plongeur. renseignent les centres respiratoires supérieurs de l’existence
de mouvements thoraciques comme le démontrent Mac
L’apnée produit des mécanismes neurophysiologiques Bride et Whitelaw (1981) [95], et permettent d’augmenter la
encore inconnus et des stimulus supplémentaires vers les durée de l’apnée. Whitelaw et coll. (1981) [80] supposent
centres respiratoires. Deux hypothèses sont avancées en ce que les sujets qui pratiquent l’apnée de façon décontractée,
qui concerne les interactions entre les centres corticaux de la relaxés peuvent augmenter leur durée d’apnée. L’explication
commande volontaire et le tronc cérébral. Soient les struc- avancée par ces auteurs est que les plongeurs experts ont
tures corticomotrices agissent directement sur les motoneu- appris à mieux tolérer les contractions musculaires involon-
rones ventilatoires, soient les structures corticales agissent taires ce qui leur permet d’augmenter leurs temps d’apnée en
sur les centres bulbopontiques et donc indirectement sur les repoussant le point de rupture. Il semble également que les
motoneurones respiratoires. Les stimulations corticales met- contractions diaphragmatiques deviennent régulières quand
tent en évidence une commande diaphragmatique indépen- le sujet est accoutumé à la pratique de l’apnée. Dans ce cas,
dante de l’activité bulbaire [79]. Différentes études s’accor- le sujet est capable d’inhiber délibérément ou inconsciem-
dent pour supposer que l’excitation corticomotrice du ment les contractions, en provenance des centres nerveux
diaphragme peut agir indépendamment des activités des respiratoires, pendant un certain temps. Ces auteurs ont
neurones respiratoires bulbopontiques [89-91]. De même, la également mesuré chez des sujets non entraînés la force des
réponse au CO2 implique de multiples structures du tronc contractions musculaires involontaires du diaphragme pen-

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224 P. DELAPILLE ET COLL.

FIG. 2. — Proposition de modèle schémati-


que du contrôle ventilatoire lors de l’ap-
née (Efférences classiques ,
Afférences mécaniques ,
Afférences chimiques ,
Efférences proposées ,
Influence du milieu subaquatique et
l’entraînement ).

dant l’apnée en utilisant les pressions négatives intrathoraci- CONTRÔLE DE LA RESPIRATION LORS DE L’APNÉE :
ques générées par ces contractions. Ces dernières sont étroi- LE MODÈLE DE GODFREY ET CAMPBELL (1968)
tement liées à l’activité des motoneurones inspiratoires et
augmentent en amplitude et en fréquence tout au long de Godfrey et Campbell (1968) [5] tentent d’expliquer ces
l’apnée. De même, ils montrent lors d’apnées commencées sensations déplaisantes (dyspnée), à l’origine de la rupture
avec un taux de CO2 élevé (52 mmHg) des contractions de l’apnée, par une échelle hypothétique exprimée en pour-
involontaires régulières ou irrégulières selon les sujets et centage. Dans ce modèle, la stimulation chimique PACO2
dont l’amplitude et la fréquence s’élèvent pendant l’apnée et augmente au fur et à mesure de la durée de l’apnée et est
provoque une sensation déplaisante que le sujet supporte ou représentée par la droite xy (fig. 3A). Les facteurs dynami-
non. ques, indépendants des facteurs chimiques, s’ajoutent à la

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ADAPTATIONS RESPIRATOIRES CHEZ LE PLONGEUR EN APNÉE 225

FIG. 3. — a) Évolution de la sensation de


dyspnée au cours de l’apnée (d’après le
modèle de Godfrey et Campbell 1968)
( stimulations chimiques (xy),
stimulations dynamiques (A, B,
C)). b) Modifications du modèle propo-
sées par Courteix (1991)
( stimulations chimiques (xy),
stimulations dynamiques (A, B,
C)). c) Proposition d’évolution du mo-
dèle compte tenu de notre étude (2000)
(stimulations chimiques : ex-
perts (xy), témoins (xz) ; sti-
mulations dynamiques : ex-
perts (A, B, C), témoins (A’,
B’, C’)).

sensation totale lors de différentes apnées à différents tions essentielles qui provoque la rupture de l’apnée (point
niveaux de PACO2 (droites A, B, C). La figure 3A explique de rupture conventionnel) sont d’origines chimiques et dyna-
l’influence de la PACO2 initiale sur la durée de l’apnée. Ces miques et qu’elles agissent en étroite dépendance. En effet,
facteurs dynamiques agissent de la même façon quelle que les droites A, B, C représentant les facteurs dynamiques ne
soit la PACO2 (les droites A, B, C sont parallèles). La durée sont plus parallèles comme précédemment et les pentes sont
de l’apnée est plus courte en hypercapnie qu’en hypocapnie de plus en plus importantes lorsque PACO2 de début d’apnée
(hyperventilation). est élevée d’où la modification du modèle de Godfrey et
Campbell (fig. 3B). Les stimulations dynamiques apparais-
Evolutions du modèle proposées par Courteix (1993) sent à partir d’un seuil de PACO2 situé entre 45 à 50 mmHg
En 1993, Courteix et coll. [7] montrent que les facteurs qui correspond au point de rupture physiologique défini par
chimiques et dynamiques sont interdépendants contraire- Lin et coll. (1974) [22] et la pente est d’autant plus élevée
ment au modèle précédent où les stimulations sont indépen- que la PACO2 est importante. La comparaison des témoins
dantes et s’ajoutent. Les auteurs montrent que les stimula- sportifs à des plongeurs a permis d’affiner ce modèle [46].

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226 P. DELAPILLE ET COLL.

Evolutions du modèle proposées par notre étude (2000) 3. HERAN N, MUCCI P, PREFAUT C : Les plongeurs en apnée
présentent-ils un trouble ventilatoire de type obstructif? Med
Les facteurs dynamiques sont moins intenses chez les sub hyperbare 1993;6:99-101.
experts ce qui permet d’envisager une nouvelle évolution du
modèle (fig. 3C). Dans cette modélisation, il est possible de 4. GODFREY S, CAMPBELL EJM : Mechanical and chemical
prendre en compte les adaptations chimiques (droite xy pour control of breath holding. Quart J Exp Physiol 1969;54:117-28.
les experts et droite xz pour les témoins) et les stimulations 5. GODFREY S, CAMPBELL EJM : The control of breath holding.
dynamiques (droites A, B, C pour les experts et droites A’, Respir Physiol 1968;5:385-400.
B’, C’pour les témoins). 6. COURTEIX D, LAMENDIN H : Facteurs determinants de la
La sensibilité au CO2 est différente selon l’entraînement et rupture de l’apnée volontaire (évolution de modèles). Sciences
l’expertise du plongeur et les pentes des droites xy (experts) & Sports 1992;7:235-44.
et xz (témoins) expriment cette tolérance au CO2. Lors d’une 7. COURTEIX D, BEDU M, FELLMANN N, HERAUD MC, COUDERT
apnée, les stimulations dynamiques s’ajoutent aux stimula- J : Chemical and non chemical stimulus during breath holding
tions chimiques et anticipent la rupture de celle-ci. Les in divers are not independent. J Appl Physiol 1993;75:2022-7.
facteurs dynamiques peuvent être retardés et minimisés en 8. CHAPIN JL : Relationship between lung volumes and breath
fonction de l’entraînement et de l’expertise du plongeur holding. J Appl Physiol 1955;19:88-90.
représentée par une rupture de pente après 40 secondes
d’apnées et des pentes moins importantes chez les experts 9. MUXWORTHY JF : Breath holding studies. I. Relation ship to
lung volume. U.S.A.F. Technical report 1951;6528:452-6.
(ABC vs A’B’C’). L’exemple d’une apnée débutée à 45
mmHg de CO2 pour les 2 populations, démontre l’impor- 10. CORRIOL JH :La plongée en apnée. Physiologie et médecine
tance de chaques stimulus (chimiques et dynamiques), res- (2e édition). Paris, Masson, 1996.
ponsables de la rupture de l’apnée. Les effets de l’entraîne- 11. LANPHIER EH, RAHN H : Alveolar gas exchange during breath
ment et de l’expertise du plongeur peuvent être ainsi hold diving. J Appl Physiol 1963;18:471-7.
démontrés d’où des durées d’apnées plus courtes chez les 12. LANPHIER EH, RAHN H : Alveolar gas exchange during breath
témoins par rapport aux experts (T1 ! T2). holding with air. J Appl Physiol 1963;18:478-82.
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Conclusions hold dive. J Appl Physiol 1968;24:182-5.
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La restriction des volumes pulmonaires diminue la tolé- breath holding III. The relation of the maximum time of breath
rance à l’hypercapnie et à l’hypoxie lors d’apnées. L’entraî- holding to the oxygen and carbon dioxide tensions of arterial
nement et l’expertise du plongeur peuvent également : — blood, with a note on its clinical and physiological significance.
diminuer la sensibilité au CO2 par une exposition chronique J Clin Invest1946;25:734-43.
à l’hypercapniey ; — retarder et minimiser les stimulations 15. OTIS AB, RAHN H, FENN WO : Alveolar gas exchanges during
dynamiques par un mécanisme encore inexpliqué et donc breath holding. Am J Physiol 1948;752:674-86.
repousser le point de rupture de l’apnée. L’interdépendance
16. CRAIG AB, HARLEY AD : Alvolar gas exchanges during breath-
entre les facteurs chimiques et dynamiques a été confirmée et
hold dives. J Appl Physiol 1968;24:182-5.
le seuil d’apparition des facteurs dynamiques compris entre
45 et 50 mmHg selon les gaz respirés et la nature de l’apnée 17. MITHOEFER JC : Mechanism of pulmonary gas exchange and
(statique, dynamique). Le modèle de Godfrey et Campbell CO2 transport during breath holding. J Appl Physiol 1959b ;14:
(1968) [5] récemment modifié par Courteix et coll. (1993) 706-10.
[7] et Delapille (2000) [46, 94] explique le contrôle ventila- 18. SCHAEFER KE : Respiratory pattern and respiratory response to
toire chez l’apnéiste et montre l’importance des différentes CO2. J Appl Physiol 1958;13:1-14.
stimulations. Il reste que le débat entre adaptations généti- 19. KLOKE FJ, RAHN H : Breath holding after breathing oxygen. J
ques et adaptations provoquées par l’entraînement n’est pas Appl Physiol 1959;14:689-93.
clos. La plupart des récentes études préconisent qu’une 20. HILL L, FLACK M : The effects of excess carbon dioxide and
grande partie de ces adaptations seraient liées à un entraîne- want of oxygen upon the respiration and the circulation. J
ment spécifique à la plongée libre. Seule une étude longitu- Physiol Lond 1908;37:77-111.
dinale permettrait de répondre à cette question.
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