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1 \.
Extrait du manuscrit
de la ..Note à l'Académie des Sciences"
du 5 juin 1905 de ~oincaré.
Reproduit avec l'autorisation de la Direction
des Archives de r Académie des Sciences.
Hfflt'i PoJocaré,
élève à l'Ecole polytedmique.
POINCARÉ ET LA RELATNITÉ
ici mon .sentiment : je considère comme très Terre pour savoir si rée/lemem elk wurne, n~a
probable que les phénom~1Je8 optique.v ne aucune e:rtsteti.Cè tihje.ttive"'.
dépendent que des mouvements relatifs de.r
corps maûmls en présence... et cela non pas Au chapitre 10, "La théorie-de la ph}•3iq!U.! moder-
awc quantités près de l'ordre du carré de ne", Poincaré donne son sentiment sur l'éther
l'(Jberration, mai.~ rigounus-em~nt." (p. 200) :
Poincaré éliminait ainsi l'éther comme milieu de "Je suppose que l'on recon11aisse que les phé-
référence. nomènes optique et électriques sont Uifluenc.!s
par le mouvement de la Terre. On serait conduit
En l!JOO, dans "La théorie de Lorentz el Je à conclure que ces phénomènes pCHirraient nous
Principe de réaction", Poincaré démontre que l'éner- révéler rnm seulement te.f mouvements relatifs
gie électromagnétique se propageant dans l'espace est des corps matériels. mais ce qui semblerait êJre
douée d' inertie, la propriété essentielle de la masse leurs mouvements absolus. ft faudrait bien
(Œuvre.f de Poincaré, op. dt., t. IX p. 471 ). alors qw'il y eût un éther pour que ces soi-
disant mouvements absolws 11e fussent pas leurs
'"Si un appaff!il a une mmse de 1 kg, et s'il a ~placements par rapport à un espace vide.
e1Jlluyé dans rme direction unique 3 M joules, mais leurs tùplacemems par tapporl à q~WJque
avec la viresse de ln lumière, la vi~s.Ye du recul chose de concret.
[de l'appareil] eMde 1 cm/s." En arrivera-t-on jamais là ? Je n'ai pas celte
espérœtce."
Ce texte signifie que l'inertie m d'une énergie élec-
tromagnétique E est égale à FJc2, en d' autres termes Puis il el! plique pourquoi il n'a pas cette espéranct'".,
que cette énergie est : •~malgré Lorentz", en revenant sur sa criùque précé-
E:;:mc2. dente, celle du "coup de pouce'' (p. 202) :
Dans ce même article, Poincuré donne UBe inter- "Ne serait-ce pas aussi un hasard que le singu·
prétation pbysiqoe du "temps locaJ•• de Lorentz ; lier concours quijeraii qu'une certaine circomr-
c' est le temps d' observateurs mobiles qui règlent leurs tance viendrait juste à point pour détruire les
horloges par des signaux ()ptiques "en ignorant le termes du premier ordre, et qu'une autre cir-
mouvement de translntimz dlmt ils sont animld'. constanu tout à fait différente mais tout aussi
•
opponrme se chargerait de dttruire ceux du
En 1902. Poincaré publie La sdetU:e et l'hyporh~se second nrdre ? Non, il jaw trouver un.e même
(Flammruion). explication pour les uns et pour les aurœs, er
alors tout porte à penser que cette explicarit>n
Au chapitre 6 "La mécanique classique''. il écrit vaudra égalemeJJt pour les termes supé-
. ,
(p. li 1) : neurs ....
• " Il n'y a pas d'espace absolu, et nous ne Plus loin, au chapitre 12, ''L'optique et
com:evons que de.~ rmJuvement.f re/oJifs... l'électricité", il donne de nouveau son sentiment sUT
• R B'y a pos de temps ~Jbso/u ; .dire que deux l'éther (pp. 24.5-246);
durées sont éga~es, c'est une assertion qui n'a
par elle-même aucun sens et qui ne peut en " Peu nou.t importe que l'éther existe
a,·quirir un que pur cunvenrion. réellemem : c'est l'affaire des miurph1skkn.s.
• Nous n'avons p49 l'intuitifm directe de la Cette hypothèse ert commode pnur l'e.tplica-
simullo.néili de deux évinements qui se produi- tion de.r p~nomènes... La théori.e des ondula-
sent sur deux 1ht!iltres différents... tions repose sur Ulle hypothèse moléculaire...
• Nous pourricns é1101tcer les jails micanique.f Ces frypotl~ses ne jnuellt qu 'un rôle secondai-
en les rapportant à un espace non eu.cJidien.. .. re, on puurnùt les SQÇrijier. On ne le faii pas
• Ainsi, l'espace absolu, le temps absolu, la d'ordinaire parce que l'e.rpo.tition y perdroiJ
géomirriL elle-m€me ne sent pas des condirionJ en clani, nra/.$ cnte raison est la seule:·
qui s'imposent à lo mécanique..."'
~qui critiquent l'emploi qu' à pu faire Poincaré
Au chapitre 7, "Le mouvemem relattf er le mouve- de l'éther dans certains exposés. ne me.otioMent p.as la
ment ab.fotu ,. (p. 141) : raison qu'iJ en a donnée sans am.bigni'té
"Cela n'empêche pas que l'espace absolu c'est· Tt faut souHgner le courage et la conviction de
à-dire le repère auquel il faudrait rapporter la Poincuê quand il s'attaque à l'éther, position défen-
due par Newton. Fresnel, Maxwell, et maintenant mouvement de la Terre par une expérience
Lorentz. Ce faisant, il met en jeu so.o .prestige et sa d'optique dans laquelle kr distribution giomê-
réputation. Et ceux qui viendront après lui pourront triqUI!J de la h4mière et de l'ombre esr observée.''
s'abriter derrière son autorité.
Outre ce résultat, LorelttZ avait établi les fonnules
b) Le grand mémoire de Lorentz (mai 1904) de la "masse longiwdinale" et de la "masse transver-
sale" de l'électron termes créés par Abraham en 1902·
Lorentz avait obtenu le Prix Nobel de physique de 1903 pour énoncer les résultats des expériences faites
1902, le second de l'histoire après Roentgen. ce qui sur la déviation des rayons J} du radium. et en faire la
lui conféra une grande autorité. Les critiques de théorie.
Poincaré (chapitre 3 a) lw étllienl parvenues et il cher- Dans sa démonstfation, Lorentz n' abandonne pas
cha longuement à y échapper. n conçut une nouvelle la ootion d'éther flxe sur laquelle reposait sa théorie
théorie qui vint remplacer ceJte de 11195 ; son mémoi- de 1895, et que d'atlleurs il n'abandonnerajam.aïs.
re fut publié Je 27 mai 1904 par l'Académie des
Sciences d'Amsterdam sous le titre "Ph~nontènes Nous allons voir que Lorentz n'aurait. pas eu
élecJromagnétiques dans un .rystème en mout·emem he8oin de ces 3 hypothèses complémentaires s'il avait
uvee 101e vitesse quelconque inférieure à c:elle lÙ! la adhéré au Prindpe de Relativité de Poincaré et aban-
lumière"(Dover publications, 1923) et signalé aussitôt donné i'éther fixe.
par les Anna/en der Physik, D 0 14 du 12 juillet 1904 ;
il eut un ren:ntissement rapide. Dè5 l'intruductiO&t de c) La conférence de Poincaré à Saint·Louis
son mlimoire, Lorentz admet la justesse de la cri- (septembre 1904)
tique de Poino.ré de 1899:
Avant de partir pour une c011férence scientifique
"Poincaré a iJbjecté à la théorie existante (celle mondiale qui devait se tenir à Saint-Louis, aux Etats-
de Lorentz de 1895]... que, afin d'expliquer le Unis, en septembre 1904, à laquelle ass.istll également
résultat négatif de MichelNm1, l 'introduction. Langevin, professeur au Collège de France, Poincaré
d'une nouvelle hyporhès~t u été nécessaire, Cl était en possession du mémoiJe 'tle Lorentz. Il étnit
que la mime nécessité peut se pré.fenter chaque appelé à traiter de "L'état actuel de la Science et l' ave-
fois que des faits nouveaux sont mis en lumiè- nir de la physique mathématique" (Bulletin de
re... On serait plus satisfait s'il était possible de sckn:ces mathématiques. Paris, déc. 1904, p. 302).
montre·r; par le mt7yen de certaines 'lrypothèses
fondamentales et .~ans négliger les termes de Poincaré commence sa conférence en montrant le
quelque ordre de grandeur que '-e soit, que les rôle dévolu aux grands principes en l'état de la
actions électromagnétiques sonr entièrement Science à l'époque. TI 1es énumère : principes de la
indépendantes du mouvement du système." conservation de l'énergie (Mayer), de la dégradation
de l'énergie (Carnot), ùe l'égalité de l'action et de la
L'apport essentiel du mémoire consiste dans un réaction (Newton), de la conservation de la masse
changement de coordonnées suivi d'un changement de (LIIvoisier), de moindre action, et de "Relativité",
variables faisant correspondre aux variables x y z t
d'espace et de temps d'un système de référence fiXe, "d'après üquelli!s wis des phinomènes phy-
les variables x.' y' z' t' d'un système auxiliaire se siques doivent être les même., soit pour lUI
déplaçant à la vitesse v. Lorentz appelle "lemps local" obserl'otellr fixe, soit pour un observateur
le temps t'. n a besoin de 3 aun:es hypothèse.~ : les for- entraîné dllns Ult mouvement uniforme, de
mules de correspondance des champs électriques et. sorte que nous n'avons et ne pouvons avoir
magnétiques, entre les sysièmes fixe et mobile, celle LUICUR moyen de discerner si nous sommes oui
de la contraction physique réelle des corps en mouve- ou non entrainét dons un pareù mouvement."
ment daru; le sens du mouvement par rapport à l'éther,
et enfin l'hypotlrese que les forces autres qu'électro- Le "Principe de Relativite" est énoncé sous cene
magnétiques qui s'exercent entre les particnles élé- fonne pour la première fois, il embrasse non seule-
mentaires de tout coxps pondérable, S()Dt affectées par ment la mécanique, mais aus.-.1l'électromagnétisme. n
le mouvement absolu par rapport à l'éther fixe de la est plus général que ce1ui de l'impossibilité de mettre
même façon que ces derrûères, de façon à provoquer en évidence le mouvement absolu. Puis Poincaré .mp-
cette contraction physique (Voir R. Dugas Histoiœ de pellc les attaques non fondées contre le Prindpe de
la mécanique, Ed. du Griffon, Lausanne, J950, Relativité : toute$- le.<~ expériences tentées ·pour mettre
p. 456). Grâce à ces hypothèses. il atrive à la conclu- en évidence la vitesse de la tene par rapport à l'éther
sion annoncée : ont échoué.
"Il sera impossible Je déceler une influence du WC'est précisément pour expliquer cette obsri-
Mtion [de l'expérience} que les mathématiciens d) La 11 Note à l'académie des Scienc~'
son1jorcés aujourd'lw.i de déployer toute leur du 5 juin 1905 et sa suite
ingéniosité. Ll!ur tliche n 'était p11.s _,ifacile, et ri
Lorentz s'en est tiré, ce n'eri qu'en accumu- Après être renllé de Saint-Louis en compagnie $le
lant ùs hypothèses:· Langevin, Poincaré continua de travailler s ur le
mémoire de Lorentz et écrivit à ce dernier pour lui
C'est ainsi que Poincaré commence le long com- signaler ses points de désaccord, avant de rédiger à
mentaire sur le mêmoire de Lorentz qui va occuper son tour un mémoire intitulé "Sur la dynamique de
une bonne part de sa conférence de Saint-Louis. l'éledron"' qui fut communiqué au début de juillet
Visiblement, il y attache une grande importance. ll 1905 au Cercle mathématique de Palerme en vue de sa
exprime certes une réticence : .cette accumulation séance du 23 juillet et Qui parut en janvier 1906.
d'hypothèses ne lui plru"t pas. Mais il va longuement Auparavant, un résumé de ce "grand mémoire" fut
développer Wle interprétation physique de l'hypothèse inséré sous la forme d'une "Nore•· dans le compte
qui lui paraît importante, celte du temps local introduit rendu de Ja lléamc..-e du lwtdi 5 juin 190.5 de l' Académ.iie
par Lorentz, et cela par la procédu..re du réglage des des Sciences de Paris. Ce tell-te fut. selon l'usage,
horloges au moyen de signaux: optiqne;, qu' il avait imprhM le jeudi 8 juin, après col'TCICtion des ~reuves,
déjà brièvement exposée en 1900, et que nous allons puis envoyé aux correspondants et abonnés le 9 juin.
retrouver plus loin(chap.. 5 a). (La nouvelle mécanique, rééd. J. Gabay. Paris 1989, p.
78). On y trouve la phrase suivante :
Poincaré tcnnine son exposé sur le mémoire de
Lorentz en énumérant les bypotllèses complémen- "Le point esrentiel, établi par Lorentz, c'est
taires que nous avons vues. Nous remarquerons que que les équalions du champ ilectromagRélique
Lorentz o'a pas recouru au Principe de Relativité tel ne sont pas altérées par une certaine transfor-
qu'énoncé par Poincaré, mai~; ses conclusi<ms y sont mation, que j'appelerai du nom de Lorenl'l.."
oonfonnes, et Poincaré conclut :
Poincaré attrihue à Lorentz la découverte de l'inva·
"Ainsi Je Principe rk Relativité a été ces der- riance des équaûom; de Maxwell, mais, de l'aveu de
nier~ temps vaillamment défendu, mats l'éner- Lorentz lui-même (voir chap. 5 d), c 'est Poincaré qui
gie m2me de la défense prouve combien en a fait la démonsrration. En effet, on ne peut mener
l'onaque était sérkuse." à bien cette démQnstr.ttion qu'à partir de formules cor-
rectes de composition des vitesses et de den!lité de
Passant en revue les difficultés auxquelles se heur- charge, que Lorentz n ' avait pu obtenir ct que
tent les autres principes généraux de la physique, Poincaré, guidé par le Principe de Relativité, a tirées
Poincaré termine sa conférence sur ces mots : de la transfonnation, et données dan!! la "Note", ainsi
que la fonnule des champs électriques et magnétiques
"Peut-itre devons·nous c:onstr11ire route une dans le système mobile, identique à celle que Lorentz
nouvelle mécanique que nous ne faisons avait donnée.
qu'entrevoir. où l'inertk croissant avec la
viUsse, la vilesse th ùr lumüre depiendraü uni! Pourquoi ce point est-il essentiel ?
limite indipossabù."
Si on admet comme Poincaré (voir chap. 3 a) qu'il
Une question majeure se pose à propos de cette n·y a ni temps ni espace absolu, il n'y a aucune diffi-
conf~ence de Saint-Louis ; comme on l'a vu, en cultiS à admettre qu'il peut y avoir pour un événement
1895, la théorie de Lorentz ne pul expliquer rigoureu- donné une correspondance entre les valeurs x, y, z. t
sement le r~sultat négatif des expériences de de cet événement dans un repère inertiel et les valeurs
Michelson et Morley ; et en 1899, Poincaré déchim x' , y', z', L' de ce même événement dans un autre
qu'il "considérait comme très probable que les phérw- repère inertiel en mouvement par rapport au premier.
mènes physiques tte dépendem que des mouvements Comment choisir une telle correspondance '?
re/atift tks corps matlriels en mouvement, et cela ...
rigoureu$ement". (Voir chapi tre 3 a). Il faut alors Lorentz en a justement proposé une qu'il a appelée
expliquer pourquoi Poincaré, dans sa conférence de "changement de variables"', et que Poincaré appellera
Saint-Louis de 1904, eut l'audace d'énoncer, cette dans sa "Note'' "tnmsformation de Lorentz•·, après lui
fois, en termes généraux et formels, le Principe de avoir donné .18 forme suivante, qui deviendra
Relativité étendu à toutes les lois de la physique .et de classique:
l'élever au même niveau fondamental que )e Principe
de Carnot : la raison de cette audace est qu'il avait
déjà tiré du mémoire de Lorentz de mai 1904 la consé- Eq, des longueurs: x·= k (x+ n) y':= Y ..L::
1
_il
quence monumentale que nous allons voir mairuenant Eq. des temps : t' = k (t + tx) :t.' = z k2
la vitesse de translation du 11ystème mobile étant - e et rique dans tous les systèmes inertiels, donc que la
ta vitesse de la lumière étant prise pour unité. (Voir vitesse de la lumière est constante dans tous ces sys-
l'extrait du manuscrit de Poincaré reproduit sous Je tèmes. On peut considére.r que le groupe dit par
titre du présent article). Poincaré "de Lorentz" et, qu'aujourd'hui les physi-
ciens appellent sous une autre forme "groupe de
La différence des vocabulaires de Lorentz. et de Poincaré" est Je fondement de la relativité restreinte.
Poincaré est importante : pour Lorentz il s'agit
d'algèbre, pour Poincaré de géométrie. nous allons y e) Résumé de la genèse de la théorie
reverur. de la relativité (1895-1905)
Poincaré ayant démontré que cette transformation a Pour résumer. nous rappellerons les apports respec-
la propriété de coru;erver les équations de Maxwell - tifs et successifs de Lorentz et Poincaré, et leur éton-
équations elles-mêmes universellement acceptées - le nant dialogue, sans exemple dans l'histoire des
Principe de Relativité tel qu'énon<:é par Poincaré en sciences.
1904 (voir chap. 3, c) est respecté.
1~9'\ I..onntz énonce sa "théorie des
T..e Principe de Relati11ité ~t la transfomuztion éie(.1roru".
tk Lorenit se trouvtml ainsi valùJés simullané-
ment, ainsi que la relativité du temp., et de L899 Poincaré lui répond que sa théorie
l'espace. est la meilleure à ce jour mais que le
"coup de pouce" supposé de la nature
La relativité impliqac la réciprocité et la symétrie : (la contraction physique des corps en
si un système Lest mobile par rapport à un sy~me 2, mouvement) "11e sau.rait [Je] satiifai.re".
le système 2 es't mobile par rapport au système 1 ct les
vitesses relatives sont symétriques. Il est facile de 1902 Poincaré énonce: Il n'y a ni temps
voir. d'ailleurs, que dans les équations de la transfor- ni espace absolus, l'éther n'est qu'une
matiOtl, les fonctions inverses sont les mêmes que les hypothèse "commnde" pour la "clartl.
fonctions directes, au signe près de la vitesse relative : de /'expruiticn".
x'= le (x+ et) x=k(x' -e:t') Mai 1904 Lorentz public: une nouvelle théone,
t' = k (t +EX) =
t k (1' - ex') explicitement pour répondre à la
critique de Poincaré de 1899, qu'il
Deux systèmes en translation deviennent ainsi déclare fondée. Lil nouvelle théorie
l'image exacte l'un de l'autre. ce qui c~>t le propre de postule un "changement de variables".
la relativité. En outre, il découle immédiatement de la
lrnnsfonnalion de Lorentz que la vitesse de la lumière Sept 1904 Poincaré énonce le "Principe de
ne peut etre dépassée, conune Poincaré l'avait;mnon~ Relativité" étendu à toutes les lois
cé à ta fin de sa conférence de Sa.int-Louis. de la physique.
Plus généralement, c'est enoorc Poincaré qui l'écrit 5 juin 1905 Poinaré, dans~ "Note", donne
dans sa "Note!,. du 5 juin, "l'ensemble de tuutes ces une f'Onne nouvelle au changement
transfnrmaJion.~ [de Lorentz] jnÎ11tes à toutes les rota- de variables que Lorentz a proposé
tions de l'espace doit former un group,e" poor satisfai- et l'appelle Transforma1ion de
re au Principe de Relativité. Le mot de tran.~formation Lorentz : grâce à elle, les équation~
a un usage particulier dans la théorie des groupes de de Maxwell sont invariantes et n:s-
transformation en géométrie depuiJ> Klein ( l 870) ~ pectent ainsi le Principe de Relativité
c'e1;t pourquoi Poincaré l'a employé et non Lorentz, c'est ..le point essentief'.
car Poincaré était familier de cette théorie alors incon-
nue en dehors des mathématiciens de pointe et de Les bases de la Théorie de la Relativité sont
quelques cristallographes. alors oompJèt.es.
Les conséquences de cette découverte seront consi-
dérables. Poincaré, dans son "grand mémoire" publié Cbapitre4
en 1906, montra que il + y2 + z.2 - t2 est un invariant Courte bwgraphie d'Einstein
lié à ce groupe, dont les transformations sont des rota- jusqll'en 1905
tions dans l'espace à quatre dimensions, x. y. z, it.
Nous remarquons que cette invariance signifie claire- Al·bert Einstein·( 1879- 1955) est né à Ulm en
ment qu'une onde lumineuse a le: même a'lpect spbé- Bavière. 11 fit ses études secondaires à Munich. puis à
Aarau en Suisse, sa famille ayant quitté l' AIJemagne d'articles. dont le mémoire de Lorentz de 1904 et ceux
quand il a"Vait 15 ans. Il obtint sa licence ·de physique d'Abrdham de 1903 et 1904. Dès l'abord, il convient
au Polytecbnicum de Zurich en 1900. Bn juin 1902, il de relever un fait lnso111e. inhabituel chez Einst-ein
entra au Bureau des Brevets à Berne. Selon son col- lui-même, et contraire 'à 1' usage du milieu
lègue Sauter. il y fut admis., bien qu!il .n e fût.pao; ingé-- scicnlifiquc : iJ o•y figure aucune référence aux tra-
nieur, pa,rce qu'il connaisl!ait la théorie de MaxweH vaux d'autre8 auteurs ; dans son article antérieur sur
qui était peu connue alors.. On. peut rappeler que l'ère la photoélectricité, Einstein avait cité deux fois Planck
des applications de l'électricité venait de commencer. et quatre fois Léruu-d.
En Suisse, la. société Brown-Bover.i de construction
électrique, créée en 1891, devait devenir en quelques Cette omission a laissé perplexes -s es lecteurs
années l'une des plus importante!-: d'Europe. notamment Max Born qui la quatifie de "frappante",
(M. Born, Physics ond relotiYity, Birkhaüser Verlag,
Au Bureau des BrevetR, Einstein eut l'obligiitiOn Hasle, 1956, p. 248).
profesmonnelle de se tenir au couœnt de l'électrody-
namique, science dont il était l'unique spécialiste. Il
disposait de temps et avait accès :aux revue.s ·et
ouvrages scientifiques et t.echlliques. D Usait le fran·
ç.ais QUS&Î bien que J'aUemand.
Einstein se maria en janvier 1903. Avec sa femme,
Milena Marie, sa condisciple au Polytechnicum, et
quelques amis, panni lesquels Maurice Solovine, il
constitua un cercle de lecture d'ouvrage..o; choisis, bap-
tisé "Ol-ympia"•. Parmi ces -ouvrages, "La science et
l'hypothèse" de Poincaré, paru en 1902 : "C'est un
livre qui rwus a profondément impressionnés et tenus
en haleine pendan1 de longues semaines" écrit
Solovine·("J,ettres à Maurice Solovine", Paris,
Gauthier- Villars, 1956, p. VIII). Solovine ne perte
cette appréciation sur aucun des antres livreR lus par le
cercle Olympia.
ChapitreS
Comparaison de l'article d'Einstein
du 16 septembre 190.5
et des textes antérieurs
de Poincaré et Lorentz
L' article d'Einstein fut reçu le 30 juin 1905 et
publié le 26 septembre 1905 par la revue Annalen der
Physik (17, Berlin-Leipzig) sous le titre "Zur
Elektrodynamilcder bewegun Korper" ("De l'électro-
dynamique des corps en mouvement", traduction
M. Solovine. Gauthier-Villars. Paris; 1955). Ce sujet.
alors brûlant, était l'objet d'un grand nombre
"L'tther luminijère se révélera superflu dans la mesure où la rhèse développée ici ne rklame aucun
esf111Ce absolument fixe pourvue de propriétés spéciales''-
Et nous rappellerons que Poincaré, dès 1902, dans "w science et i'lr:ypothl!.çe" avait écrit
"Tl n'y a pas d'espace absolu. Peu nous importe que l'éther existe réellement, c 'est l'affaire des
mltaphy.viciens."
Commentaire : on voit que Poincaré a fonnulé et exprimé le premier les d'!fux idées essentielles, que. l'on
·retrouve dans l'article d'Einstein :.
- Deux durées ne peuvent être déclarées égales que par "convention" ou "définition";
- Le '"réglage" ou la "synchronisation" d '"hurloges." pa:r "signaux optiques'~' ou ''rayons lumineux" est une
idée formulée par Poincaré dès 1900 (voir chap. 3 a) et reprise dallS sa conférence de septembre 1904 pour don-
ner un sens physique au "temps local" de Lorentz.
Il s'y trouve également un passage qui concerne la relativité des longueurs, mais il ne fait qu'annoncer tm
Iésultat qui sera tiré de la transfomtation de Lorentz ct dont il sera question au paragraphe 4.
·"Principe de lùlaJMii, d'après lequel les /Qis "Principe de Relativitl... us lois par les-
des phénomènes physiques tWil'efit être les quelles les états des .~ynèmeJ ph;ysiqufs ~t
mêmes, .m it {'Our un observateur fixe, sni1 pour transjorme11t ne sont plU affectées, que ces
rm vbservateur entraîné dans un mou,ement changements soient rapporties à l 'un ou à
uniforme, de sorte que noliS fi 'avons et ne l'autre de deux systèmes de coordonnées en
pourrons avoir aucun moyen de discerner .d mouPenumt de t1Ym8lation unifomur."
nous sommes, oui ou Mn, emportés dan.r un
pareil m.ollvenre711."'
Commentaire: Poincaré emploie le mot afixe" avec un sens relatifpuisqu'"il n'y a pa.~ d'espace absolu", et
de meme Einstein emploiera ci-dessous le mot "ruhcnd" (au repos, fixe) sans y attacher un sens absolu.
"La lumière a une vitesse constante et, en par- "En accord avec l'expérience, nous supposons
ticulier. ... la mime dans toutes les directions. que la quantité
c·est là un postulat..." ~AIL =c
t'A -lA,
e.rt une cOliStante univer.çe/le."'
Commentaire : la constance de la vitesse découle diicctement des équatiGns de Maxwell, puisque ces der-
nières contiennent cxpticitement cette grandeur, et qu'elles "doivent Illre les mlmes" dan!l tous les systèmes de
référence inertiels selon Ie principe de relativité tel qu'énoncé par Poincaré. Einstein lui-même a écrit : "l..t!
JTrincipe de la constance de la vitesse de la lumière, natarellemeRI, est,contenu dans les équations de
Marwelf'. (Annalen .der Physik 18, déc. 1905, texte français joint à celUi d~ Ffuticle précédent). D n'a donc pns
lieu de faite un principe de la constance de la vitesse de la lumière (voir Encyclopédie Larousse, éd. 1975,
article Relotivité et M. Paty, Einstein philorophe, PUF, 1993, p. 65), sauf si on souhaite, dans un COU!'$ professo-
ral, "déJTI(Jntrer" par un cheminement inven;e du cbcminemeot historique Jâ Transformation de Lqrentz et les
Equations de Maxwell (voir chap. 5 a 3).
Commentaire : Poincaré emploie les expressions ''temps vrai'', "temps local" qu' il a reprises de Lorentz,
mais pour lui, il n'y a pas de ..lemps vrai" dans le sens "absolu" (voir chap. 3 a).
Ces textes cités face à face permettent un jugement clair sur l'antériorité de Poincaré conf.llTllé par le physi-
cien von Laue (lA théorie de la re/ati.vité, Paris, 1925, t. 1, pp. 14-15 et 114-129); "lA tranifomuJ.tion précisée
par Poincaté pour lUfinir la synchronisatifm des horloges par écha!zge de signara l.umineux. .. a été reprise plu.,·
tard par Einstein."
de Lorentz laisse invariant x2 + y2 + z2 - t2, c'est~à~ mouvement, a 14 fnrme - vue depui.f le système
dire que la vitesse de la lumière est la même dans tous fixe - d'un ellipsol"de apla.ti (d'axes RJ.k, R,
les référentiels inertiels. Réci:p(Oquement on montre R,l•'
aisément que l'invariance x2 + y2 + z2 • t2 entraîne la
Transfonnation de Lorentz : cette démonstration est la Commentab'e: l'expression "vue depuis le systè~
plus naturelle et tient en une page. On peut d'ailleurs me fixe" e.~ inappropriée, comme Einstein l'a recon-,
aller plus loin dans cette voie; et démontrer ensuite le.'l nu, car elle impUquerait de!i trajets lumineux non ins-
Equations de Maxwell en firisant appel seulement à la tantanés de durées inégales qui laisseraient à la sphère
loi de Coul()mb (voir cours de physique de A. Léauté, un aspect inchangé. Il faudrait lui substituer, par
Ecote polytechnique, 2e division, 1943-1944). Mais il exemple, l'idée de correspondance résultant de la
est clair qae ces démonstrations, survenues après transformation.
coup, ne changent rien à l'ordre historique des décou-
vertes ni au mérite des découvreurs. D'autre part, on comprend que Poincaré ait utilisé
lâ ëorrës.poni\inëë spllèrë-ëllipsôràë, ëar il ava.ü. à
4) Article d'Einstein, pantgraphe 4 : écarter d~ by(X)thèses sur la forme de l'ellipsoïde,
sens physique des équations obtenues mais on ne cmnprend pas pourquoi Einstein n'a pas
simplement lu !'"équation des longueUTS" pour t = O.
Loreotz avait exposé la théorie suivante : l'élec- soit :x' =la, résultat trivial qui exprime la même cor-
tron, sph~ue au repos, subit une contraction phy- re~-pondance.
sique qui le transfonne en un ellipsoïde aplati, d'axes
RJk, R, R, quand il est en mouvement. Pour ei'pliquer On obtient de même le ré~ultat
complémenll!Îre en
cette contraction physique il fait l'hypothèse qu'eUe lisant l"'équation du temps" pout :x =O. soit t' = kt,
est due à une modîfi.caüon, el.Je..même due au mouve- qu'on appelle "dilatation du temps" du système mobile.
ment absolu par rapport à l'éther, des forces autres
qu'électromagnétiques. A cet ellipsoïde aplati mobile Einstein exprime ce demier ré6ultat sous la forme
dans le rtférentiel fixe, correspond par le changement suivante : les horloges mobiles retardent sur les nor-
de variables postulé (chap. 3 b) une sphère fixe dans loges fixes. n en tire la conclusion qu'une horloge
Je référentiel mobile (Op. cit., mai 1904). mobile, après avoir parcouru un circuit fermé, et être
revenu au point de départ, retarde sur r~orloge restée
Poincaré ne souscrit pns à l'hypothèse de la en ce point: c'e!\t le "paradoxe des horloges". Einstein
.contraction physique des COJPll en mouvement ("étran- lui-même a reconnu que son raisonnement est défec-
ge propriété", "coup de pouce" de la naUJre, (voir tueux, "car il fait intervenir des référentiels non iner-
chap. 3 a) qui implique l'espace absolu qu'il rejette. tiels" (A. Pais. Albert Einstein, la vie et l'œuvre,
(Voir chapitre 3 a et chapitre 7 b). Mais ii départage de Jnterédjti.ons, Paris J993, p. 142)-
la i'af,.'Oil suivante les trois hypothè~es concurrentes sur
la forme de l'électron mobile dans l'espace fute, celle S) Article d'Einstein, paragrapheS :
d'Abraham (sphère), celle de Langevin (ellipsoïde composition des vitesses
aplati de volume égal à celui de l'électron sphérique
au repos) et celle de Lorentz {qu'on vient de voir) : Poincaré, dans 11a "Nole" du 5 juin, avait indiqué la
"[l'hypothèse de Lorentt) est la .veule.. _pour laquelle formule ju..<tte de .la vitesse composée après transforma·
l'ensemble des tramformations de Lorentz. forme un tion, qui était différente de celle.de Lorentz, on l'a vu.
groupe", c' est-à~dire respecte le Principe de
Relativité, (Note à I'A,"Odémie in. lA méCtJIIique nou- Einstein obtient Je même résultat que Poincaré. ll
velle, op. cit. p. 79). Ce résultat est appelé "contrac- en tire, comme nous l'avons vu, ta con~tance de la
tion de Lorentz-Fitzgerald", bien que pour ces auteurs vitesse de la lumière, qu'il a érigée en principe au
la contraction soit physique. paragraphe 2 ct~essus.
Einstein, dans son paragraphe 4, arrive à ce même Voici le calcul explicilé, en reprenant les notations
résultat, de la même façon que Poincaré, c'est-à-dire de Poincaré, où Ja vitesse de la hunière est prise
par la correspondance "sphère-ellipsorde aplati" : pour unité, et où on appcUcra u et u• la v.itesse d'un
mobile, dirigée selon l'axe des x, par rapport aux sys-
"'Con.vidéron.r une sphère rigide de rayon R, fixe tèmes fixe et mobile.
dans le référentiel mobile. Sun centre est à De.c; équat~s de la transformation de Lorentz, on
l'origine des coordonnées. Smr équation tm : tire immédiatement la formûle de "composition des
=
x•2 :r y•2 + y•2 + z •2 RZ. Exprimée en z y zr vitesses u' en fonction de u et ~ :
pour t = 0, cette équation devient k2x2 + y2 +
z2 :: R2. Donc, un cmps rigîde qui, mesuré au u' = dx'. =@.J:_fltt =u + e
repos, a la fomu! d'uu sphère, quand il est en dt' dt+ trlx . . 1 + aJ
Abraham avait proposé, en 1903, les notions de Ces formulations et résultats contiennent les
masses ;'longitudînale" et ''transvcn;ale" de r électron bases nécessaires et suffisantes de la théorie de la
"lentement accéléré" (c'est-à-dire qui ne ntyonne pas). Relativité (voir <:hap. 3 e). Ils se retrouvent dans
l'article d'Einstein du 26 septembre 1905, dans 1C()uel
Lorentz. dans son grand mémoire de 1904, avait il n' y a ni interprétation nouvelle, ni résultats origi-
donné des formules ponr les accélérations et les naux autres que les formules relativistes de l'effet
masses longitudinale et transversale de l'électron dif· Doppler-Fizeau et de l'aberration.
férentes de celles d'Abraham.
Le mérite de la genèse et de la découverte en
Etnsteht obtient la même formule que Lorentz 1905 de la théorie revient incontestablement
pour la masse longitudinale, et une formule différente à Poincaré et à Lorentz.
- qui fut reconnue incorrecte - pour la masse transver-
sale. Il ajouta enfin l'expression de l'énergie c~t.ique Eo cc qui concerne les antériorités de Poincaré. on
de J'électrou, c'est-à-dire du travail du champ électro- peut citer le témoignage de Lorentz, co-auteur <de la
magnétique ; elle s·accroît infiniment quand sa vitesse théorie et principal témoin de sa génèse, qui, dans
tend vers celle de la lumière, résultat attendu puisqu'il l' article n~rologique de Poincaré rédigé .en 1914 et
en est de même de la masse longitudinale. publié en 1921 a écrit :
lequel il a attaché mon nom à {a lranifomration Que penser alors de cette genèse "entourée de mys-
dont je 11 'ai pas tiri tout Je parti possible... Celtz tère" chez Einstein ?
a été fait par Poincaré et efl&uite par MM
Einstein et Minkowski. .. [Si) ces formules r.e se Quiconque a connaissance des étapes parcourues
trouvent pas dcuu mon mémoire. c'est qu.4!... pur Poincaré et Lorentz de 1895 à 1905, ne peut creire
j'avais l'idée qu'il y a une cli.fférence essentiel~~! que la théorie a pu "surgir tor4t annie" de l'esprit d'un
entre les systèmes... Dans l'un. on se sert- telle seul savant, et justement au milieu de 1905.
était ma pensée - d'aus de coordonnées qui ont
une positionjùre dans l'étlaer et de ce que l'on Et nous sommes confortés dans notre conviction
peut appeler le temps vrai, dans l'autre, au tout d'abord par Einstein lui-même : en ne citant
corrtraire, on a des grandeurs aruiliaires. J'ai aucune source, na eu la probité de l'auteur présen-
pu voir plus tard dans le m~moire de Poincaré tant son travail comme WJe sorte de compilation.
que j'aurais pu obtenir une plus gra/Uk simpli-
fication encore. Ne l 'a)·ant pas remarqué. je Ensuite, il nous parait Impossible d'attribuer au
n'ai pas éklbli le Principe deRelativitl comru ha.Qrdl'ense:mhle des similitudes entres les idées,
rigoureusement et unillersellement vrai. les termes et les résultats concernant tous les aspects
Poincaré au conimire a obtenu. u11e invariDnce majeurs de la théorie de la relativité, qu'co tro-uve
Por.faite... et a formulé le Postultzt de Rellllivili, dans le!i teKteli de Poincaré, et les idées, les termes et
terme qu'il a été k premier à employer. " (Acta les résultats concernant les mêmes 1.11jets qn'on retrou-
MatherHJJtica, t. 38, p. 252, 1921). ve dans le mémoire postérieur d'Einstein publié le 26
septembre 1905. Rappelons-les : la re.lativité de
U faut relever la générosité de Poincaié qui attribue J'espace et la superfluité de l'éther (introduction). la
à Lorentz sa pn>pre découverte de l'invariance des relativité du temps, l'égalité de deux durées qui ne
équations de Maxwell et t'honnêteté de Lorentz qui peut être établie que par "convention" ou " définition",
refuse cette attribution. le réglage des horloges par signaux optiques (parag. 1)
l'énoncé du Principe de Relati"'iflté er le nom du princi-
c) Poincaré source d'Einstein pe lui-même. la relativité de la simultanéité (parag. 2),
la forme de la transfonnation de Lorentz et le 1001 de
Le critère admis poor l'attribution d'une découver- transfonnation lui-même (parag. 3), la démonstraùon
te est l'antériorité des documents publiés ; c'est ce de la contraction de Lorentz-Fitzgerald par la corres-
critère qui a conduit au jugement qui vient d 'être pondance sphère-ellipsoïde sans recours à une hypo-
porté. thèse sur les forces (parag. 4), la formule de composi-
tion des vitesses, L'appartenance des transfonnations
Cependant, d'un point de vue historique, il est de Lorentz à un groupe (parag. 5), la mise en éq ua"'
nêœs.saire de se demander dons quelles conditiOilli les rions des ondes électromagnétiques dans un système
idées sont nées chez leurs auteurs. On a exposé précé- mobile (parag. 7),l'invariance partaite des équations de
demment la genèse de la Théorie de la relativité, née Ma:\weil par la transformation de Lorentz (parag. 9).
des apports successifs de Poincaré et de Lorentz ; le
dialogue de deux savaniS de cette envergure ne devait Ces. constatations donnent lieu de penser
aboutir qu'après dix années d'efforts et de retouches qu'Einstein, "profondément impressionné et te11u en
successives, de 1895 à 1905. haleine pendant de longues semaines" (voir cha-
pitre 4) par la lecture en 1903 ou au début de 1904 de
Voici ce qu'écrit M. Paty (Op. Cit. p. 67) de la "Science et l'hypothèse", paru en 1902, a cherché à
l'article d'Einstein paru le 26 septembre 1905. en !>avoir davantage ; qu'il a donc recherché les
ouvrages antérieurs de Poincaré sur les mêmes sujetH,
"Le travail d'Einstein semble surgir tout notamment "La mLsure du temps" de 1898, "Le cours
armé : aucune publication antérieure, et aucun d 'optique et d'électriciti" de 1899, paru e~ 1901 ;
manu.~crit dons le.~ paprers intdits - à /'CA{.·ep- qu ' il a. bien narurellement, cherché aussi à s'informer
tion d'un écrit de jeunes.w? - ne le prépare. !.A des tntvaux plus récents de Poin~aré sur ces sujets
genèse de la relativité restreinJe parart ento~ dans lès milieux proches de œ dernier, à la Sodlo.n ne
rée de mysûre." ou au Collège de France en particulier ; que dè& la fin
de 1904 ou le débot de 1905, il a eu ainsi connaissan-
En ce qui concerne le manuscrit, Einstein lui- ce du texte de la Conférence de Saint-Louis, parue à
même a déclaré qu'il "avait détruit l'original" après Paris en novemb re l~; qu'il a eu aussi à cette occa-
que sa "'thèse eut été publiée.. (d' après le nmes de sion connaissance de la démonstration de l'invariance
N~ York du 15 février 1944, cité par D. Trbubovic parfaite des équations de Maxwell par la transfonna-
Mileva Einstein, une vie, Ed. Des Femmes, Paris tion,de Lorent~ sous la forme que lui a donnée
1991, p. 112). Poincaré, car cette démonstration avait aussitôt frappé
les esprits là où elle avait été connue. parce qu'elle dipend-elle de son contenu en énergie ?"... Après un
explique, nous l'avons vu, pomquoi Poincaré avait eu calcul concernant un corps soit fixe. soit mobile,
l'audace d'énoncer dans cette conférence le "Principe é.m.enant une radiation, il arriva au résultat suivant en
de la ~elativité" étendu à toutes les lois de la physique négligeant à deux reprises dont une fois involontaire-
et d'élever ce principe au même niveau fondamental ment des termes du 4e ordre : ''Si lin corps cède
que le Principe de ütrnot ; qu'ainsi informé et fort de l'énergie E sous forme de radiation. sa masse dimbzue
l'autorité de Poincaré, Einstein a été incité à rédigcr de. El<--2... ", ee qui rappcUe le résultat de PoiociU'é
sans tarder un mémoire sur l'électrodynanùque des de 1900. Il ajoute : "La masse d'un corps est ~me
oorps eu mouvement: qu'enfin la "Note" de .Poincaré mesure de son contenu en énergie ; .vi um énergie
parue le 9 juin 1905 lui est parvenue avant la fin de la wJrie de E, sa masse varie darzs Je même sens, de
redaction de ce mémoire, qui a paru le 26 septembre Eft-2,"
1905.
Planck critiqua la démonstration d'Einstein sans
L'opinion d'A. I. Miller. selon lequel "il semble conclure explicitement il son insuffisance (Sitz. der
qu'il [Einstein] connaissait avant de com11umcer, la Preuss. Akad. Wiss .• 13 juin 1907 reproduit dans Am1.
forme correcte des tquatiott.s [de la Transformation de lkr physik, 26, sept. 1908). H. E. Ives ooinpléta cette
Lorent.z.r'. c'est-à-dire la fonne qne leur a donnée critique et montra que la détnOilStration d'Einstein est
Poincaré, (ch. 5, 3) vient conoborer nos conclusions. =
une tautologie (0 0) ; cet échec provient des
approximations indûment faites. (Journal of the opti-
Ceci dit - et en rnppelant de nouveau la significa- cal society of America. août 1952. p. 540).
tion de l'absence de références à son article- on doit
reconnaître à Einstein le mérite d'avoir exposé en L'article d'Einstein, qui a acquis une grande célé-
Allemagne les idées de Poincaré dans un article de brité car il est souvent présenté comme contenant le
haute tenue. premier énoncé de la célèbre fonnule et sa démonstra-
tion, se réduit alors à une simple assertion combinant
la formule de Poincaré et l'intuition de Lebon, toutes
Chapitre 6 deux antérieures. L'originalité d'Eins-tein, là non plus,
La célèbre formule E =mel n·cst pa'l confirmée par un examen des textes.
L'idée d'une équivalence de la masse ou de la • Planck (vp. cit.) donna ta première démonstcation
matière et de l'énergie a émergé graduellement depuis satisfaisante de la fortnule E "" mc2 applicable à un
la fin du ~ siècle. Elle a été grandement renforcée corps qui gagne ou perd de l'énergie. Elle s'appuie sur
par la découverte de la radio-activité (Becquerel, la notion de quantité de mouvement électromagné-
1895}, cette émission apparemment inépuisable de tique de Poincaré, et vient compléter le résultat de
c-orpuscules rapides et de rayonnements pénétrants par Poincaré de 1900 applicable au seul rayonnement.
des éléments comme le radium. Voici quelques (Voir aussi sur ce sujet H. E. Ives. op. ciz. p. 29).
exemples d'idées proposées:
C'l!st pourquoi il paraît jWitifié d'attribue.- la
• H. Poincaré, nous l'avons vu (cbap. 3 a) avait trouvé décou,·erte de la formule E = mel à Poincaré-
en 1900 qu'une radiation électromagnétique d'énergie Planck.
E est doué d'une iDertle rn telle que m = Elc2;
écrivit dans l'article de juin 1907 déjà cité: "Le A Stockholm, en 1910. Je Comité Nobel pour
Principe de Relativité, énonci par Lorentz. et dan.s l' attribution du Prix suggéra d'attendre d'autres vérifi-
une version plus générale; par Einstein ...", (Ann. der cations ex~&
Physik., 26, p. 6), Poincaré était entièrement ignoré.
L'autorité de Planck consacrait Einstein anx yeux de " ... avant d'accepter Je Prindpe [de Relativité]
la communauté scientifique. et de (ui [à Einstein) décerner le prix Nobel...
bien que le Prirzcipe en qwwimt eüJ été kmcé
"Tous les comptes re,rdus de la théorie d'Einstein en 1905 et· eat produit une très vive impres-
dans ks annle.! qui suivirent meTtaient l'accent sur ks sion." (Cité par Pais, op. cit., pp 497-498).
paragraphes 9 et UJ'. (A. l. Miller, op. cit., p. 323).
On Je comprend pour le paragraphe 9 ap~ ce que En 1910, donc, le Comité Nobel ignorait que
nous avons dit (thap. 3 d) de l'importance de J'inva- Poincaré avait, dès 1904, énoncé le Principe de
riance des équations de Maxwell, ··œ point essentiel' Relativité.
avait dit Poincaré, mais les auteurs des comptes ren-
dus ignoraient Poincaré qui l'avait découven.e. En Autriche, en 1912, Wibelm Wien, prix Nobel
de physique pour l 911 pour sa loi du rayonnement.
Quant au paragraphe JO de J'article d'Einstein, .il proposa au Comité Nobel d'attribuer à parts égales à
contient la formule de la masse longitudinale déjà Lorent2; et à Einstein Je prix Nobel pour 1912. Wien
donnée par Lotentz en 1904, Cette formule avait .Wstifia ainsi sa pmpo!>ition :
d'abord semblé in fumée par les expériences de
Kautwano, mais Bucherer obtint des résultat.<; favo- "D'un point de vue prtreme,lllogique. le
rable" décisifs dans son article "Mesures sur les Principe de Relativité doit être considéré
rayons Béquert?l, qui apportent (a confirmation expé- comme l'une tks riwsiks les pUis importantes
rimentale de la thtorie Lorentz.·Eillsteùt." (Phy. zeit· de rous les temps... Si Lorentz doit lltre considé-
schrift. 9 , 1908. pp. 755-762). Celle première vérifica- ré comme étant le premier à avoir découven le
tion expérimentale de la théorie de la relativité fut un contenu mathématique du Pri11cipe de
événement majeur, mais Poincaré était inconnu de son Relativité, Einstein réussit à le réduire à un
auteur. principe simple.'' (Cité p11r Pai11. op. c:it••
pp 149~151).
Un autre développement considérable se produisit
en 1907-1908. Minkowski, mathématicien qui avait Si Wien rendait l'hommage qui lui est dû au
été professeur à Zürich et dont Einstein avuit fui les Principe de Relativité, il ne l'attribuait pas à Poincaré.
cours, avait rejoint à Gottingcn son ami Hilbert.
Partant de." bases que Poincaré, qu'il cita, avait obte- En Franee, la situ.ation n'était pas plus favorable
nues dans son mémoire de 1906- l'espace x. y z it à pour Poincaré-le-physicien. "Fait incroyable, [:son]
qlllltre dimensions notamment-, Minkowski obtint à mémoire [de 1906] tsl à peu près inconnu el n'est
son tour des :ré~ultats remarquables : l'e!t-pace-temps, presque jamais cité, et il est introuvable en librairie".
le tenseur d' énergie-impulsion. Les résultats de (Introduction par E. Guillaume. p. Vm, in Ln méca-
Minkowski vont servir à leur tour à J'élaboration de la nique nouvelle, 1924, réimpression, éd. Gabay, 1989).
théorie de la relativité générale. Cependant dans une
célèbre conférence de septembre 1908, il déclara: ~w Poincaré n 'était pas- homm.e à faire valoir la pro-
l!alidité sans exception du {postulat de relativité], priété de ses idées, on l'a vu à propos de la démonstra-
j'aime à le croirt, est le vrai moyen d'obtenir une tion de J'invariance des équations de Maxwell qu'il
image du monde qui. découvert par Lorenn:. et révilée attribua à Lorentz. Une seule fois. en 1909. il pronon-
par Einstein, est main1enan1 exposte en pleine ça à Lille une conférence sur "La mécanique
lumiére". {Cité par Miller. op. cit. p. 243). Poincaré nouvelle", (op. cil., p. 5) ofi il rappela ce qu'il avait
était passé sous silence. osé défendre avant tout le monde :
En 1913, après la mort de Poincaré, une réédition "ft 11'y a pas d'espace absolu, tous les déplace-
des articles fondamentaux sur la relativité, publiée par ments que nous pouvom ob.~erver .rorzt des mou-
les éditions Teubner sous la direction du mathémati- vements relatifs... Ces considêratioru, j'ai eu
cien Blumenthal et du physicien Sommerfeld, réunit qnelquefois l'occasion de Les exprimer. .. ù
de,.~ articles de Lorentz (1895 et 1904), d'Einstein Principe ,de Re!stïvité n'tlllrrut aucune restric-
(2 articles de 1905) et de Minkowski (1908) ; aucun tion dans la nôuveUe mécanique ; il a, si j'ose
texte de Poincaré n'y figurait. Cette publication devint dire, une valeur absolue."
l'ou..Tage de référence sur la relathité en Allemagne,
et aussi dans les pays, de langue anglaise après ~a Au cours de cette eooférence, Poincaré cita Lorentz
publication en 1923 par les éditions Dover. plusieuu fois. mais pas une seule fois Einstein.
Après le décès de Poincaré en 1912, il n'y eut per- attribuent le plus souvent à Einstein la patemil.é de la
sonne en France pour défendre l'originalité ct l'anté- théorie de la relativité restreinte sans même ci:teT
riorité de ses idées sur la relativité. Poincaré. En voici un exemple :
• Article Poincaré: " ... En 1904, JI fit une Gôttingen en mars 1909, et répétée à Lille en aoQt
ctmfé.rence à l 'exposition de Saint-wzlis. ... En 1909 en termes voisins:
1906. il obtint. indépendamment d'Eitwein, de
nombreux résultats de la théorie de w relativité " Un corps er~ mouvem~nt de translntion subit
restreinte ... Einstein développa sa théorie èl une déformation dans le sens mime où il se
partir de considérations élémentaires cnncer- dépli:lce... Quelqu'étrange qu'il nous paraisse,
nant les rayons lumineux..." il faut admettre que la troisième hypothè.fe est
parfaitement vérifiée..." (p. 16.5.).
L11 conférence de Saint-Louis est mentionnée mais
le Ptjncipe de Relativité et le réglage des horloges par Ce que Pais commente ainsi :
signaux optiques qui y sont e~posés ne sont pas cités, "ll est évident que jusqu 'en 1909, Poincaré
et la "Note" à l'Académie des Sciences du 5 juin ignorait que la contraction des longueurs était
1905 e&i escamotée. la conséquence des deux postulats d'Einsuin. n
ne comprit donc pas une des WIJSéquences les
• Article Einstein : " ... Quatre articles plusfotulamefllales de la relativité restreinte."
d'Einstein parurent en 1905... et changèrent
définitivement la vue de l'homme sur l'uni- .Pour Poincaré, la contœction des longueurs e&t une
vers... L'inf/11enc:e précise d'autrtrS physiciens conséquence immédiate de la Transformation de
sur ÙJ théorie de la relatîvité d 'Einstein est Lorentz. (Voir chapitre 5 a 4), transformation qu'il
encare CQfltrover.st!e." pose en hypothôse. La constance de la vitesse de la
lum)ère est une au.tre conséquence de cette
L'existence d'une controvel'lie est admise, nous en Transformation. conséquence qu' .Enstein pose en
prenons acte. Mais Poincaré n'est pas cité. Principe. Vouloir que la présentation faite par Einstein
de la théorie de la Relativité soit la seule possjble est
• Article Relutîvité. : Einstein est mentionné manifestement abusif ; historiquement, c'est ceU.e de
comme auteur de la théorie et Poincaré est entière· Poincaré qui est la première ; des variantes ont été
ment ignoré. proposées ensuite, celle d'Einstein en est une.
A. 1. Miller: Fmntiers of plrysics 1900-1911, A. Pais invoque par ailleurs l' autorité de Wien
Birkhailser 1985, .Part Il. A rechnological interlude, (voir chapitre 7 a) pour souligner l'importance cardi-
Essay 2 : A s1udy of Henri Poincaré. "Sur fa dyna- nale du Principe de Relativité (p. 147). "l'une des
miqUI! de l'électron" (121 pages): réussites les plUJ· importantes de tous les temps", et le
mérite d'Einstein. Mais il ne dit nulle plllt que !edit
"Pour Poincaré, la postulatÎ01L •. de deux effets Principe a été énoncé par Poincaré dans sa cooféren.œ
se compensant, l'un purement mathématique [le de Saint-Louis en septembre l904, un an avant
temps local}, et l'mure réel (la contraction phy- Einstein. Et pourtant. il cite deux extraits de cette
sique de!> longueurs] était une condiUon néces- conférence (p. 93 et p. 125).
saire d'un Principe de Relativité. •• (p. 243).
A. Pais ne lit pa<> Poincaré comme il convient.
Et pourtall(, pour Poincaré, le temps local est défini
par le réglage physique des horloges, qu~Einstein a Jacques Merleau·Ponty : Einstein. Flammarion.
entièrement repris (voir chap. 5, a 1 et 2). En réalité, Paris, 1993.
c'est: Lorentz qui de son propre aveu considérait le
"temps local", qu'il avait inventé. comme une "gran- "Dans le cas de la Relativité, l'originalité
deur auxiliaire" (voir article nécrol. de Poincaré, d'Einsuin fut au co11traire de mettre en éviden-
chap. 5 b). n·autre part, la contraction physique ce, et de résoudre..., un problème que presqu,e
entraîne l'espace absolu, faute de quoi il y aurait personne (}J ne se posair explicitement, à
simultanément autant de contractions physiques que savoir : à quelles conditions des observations
de mouyements relatifs. ce qui serait absurde ; or ell mouvement relatif peuvent-il se meure
Poincaré a rejeté l'espace absolu (chap. 3 a). C'est d 'accord sur Jeun mesures re.rpectil•es d'espace
Lmentz qui postulait la contraction pbysiqoe et el de temps'! {p. 162).
admettait l'espace absolu (chap. 5 b). (!!L'expression pcuJ pQraître assez cava/Ure si
l'cm pense que dans ce "presque personne" il y
Abraham Pais : Albert Einstein. la vie et l'œuvre. avait Henf'f Poirtcarl... L 'examen de ses
Intcréditions, Paris, 1993, 539 p. (lladuit de l'édition rechen:hes dans ce domaine et la comparaison
américaine de 19R2). avec celles d'Eùwein dépas:rerait largement f,e
cadre de cet ouvrage. On pourra c:onsulter s11r
A. Pais cite la 'Conférence prononcée par Poincaré à cene question A. /. Miller. .. " (p. 272).
Cet auteur, comme la plupart des autres, ne se Unis] fit tout pour minimiser les travaux de
reporte pas lui-même aux te)(tes originalL't, mais ren- l 'équipe française. Cette attitude devait peser
voie le lecteur à d'autres auteurs. C'est ainsi que la très ·lourd sur l'opinion de la communauté
thèse de ••1'Migina lité d'EinsJein" se perpétue. scientifique internationale. y compri.s en
France ... " (Le Monde, 30 décembre 1992,
Poincaré n'en eut pas moins quelques défenseurs p. 30).
éminents.
Cet exemple illustre de façon erne le processus
E. \Vhifta.ker, grand mathématicien britannique, d'attribution d'une découverte sdentifique majeure, et
spécialiste de la physique mathématique, rend juStice le rôle de "l'é~le dominante". Dans le cas de la
à foincaré- danR son ouvrage célèbre : "A history of découverte de la théorie de Ia relativité, un proc-essus
lll!ther and electricity'', dont il intitula le chapitre 2 du semblable a joué aU)( dépens de Poincaré comme nous
tome 2 (1953) : "La relativité de Poincaré et de l'avons vu (ch. 7 a) : au d6but du xxe siècle. c'était
Lorentz". ll y écrit (p. 36) : l'école allemande de physique qui était largement
dominante. L'ignorance, plus ou moins délibérée, en
"Ce fut Poincaré qu1' proposa le principe phy- Allemagne., à cette. époque, des travau.J~; scientifiques
sique glnéral et Loremz une g.r ande partie de la français, s'explique noœmment par la profonde cou-
·formulation mathimatiq~U.'' pure politique née en 1870, encore élurgie vers 1900
par l'alliance frallco-russe.
Le titre du chapitre et l'affirmation sont parfaite·
ment explicites. En ce qui concerne Einstein, Une autre raison de l'occultation de PoiJ:tcaté peut
Whittaker lui reconnaît le mérite d'avoir publié en se trouver dans 1e clivâge qui séparait à cette époque
1905 (p. 40) ; les "mathématiciens" et les "physiciens". Citons à ce
propo11 Whittaker (op. cir. vol. 2 p. 36) :
un article qui exposa la théorie de la
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