Vous êtes sur la page 1sur 6

Banque Mondiale Séminaire de Finances Publiques

29 mars – 1er avril 2004


Contrôles et Audits des Finances Publiques:
Objectifs – Obstacles – Besoins

ETUDE DE CAS - Le Musée Dodin

Le Musée Dodin est un établissement public administratif. Il dispose cependant d’un


service de commercialisation des reproductions, ouvrages, affiches, cartes postales et
articles divers. L'ordonnateur, directeur du Musée, est chargé d'assurer la direction
scientifique, administrative et financière de l'établissement. Le Musée dispose d’un
comptable public. Il reçoit – comme tous les musées nationaux chaque année une
subvention de l’Etat, votée dans la loi de finances, de l’ordre de 4 MF.

I. - Tenue de la comptabilité générale des matières et pertes au comptoir de vente du


Musée Dodin :

La comptabilité des stocks commerciaux du Musée Dodin était tenue manuellement sur
un fichier à l'agence comptable. Aucun contrôle de cohérence n'était effectué entre les
données du fichier et les pièces justificatives détenues par le service commercial.

Les écritures de mouvements de stocks étaient passées avec un retard de l'ordre de trois à
six mois. La tenue du fichier a été abandonnée en juillet 1991 sur décision de l'agent
comptable. Les rapprochements effectués à la fin des exercices 1992 et 1993 entre le stock
comptable du fichier et l'existant déterminé par les inventaires de fin d'exercice ont fait
apparaître des écarts importants
- au 22 janvier 1993 - 524 337 F hors taxes, soit 11,6 % du chiffre d'affaires annuel
de la boutique du Musée
- au 3 janvier 1994 - 740 859 F hors taxes, soit 17,1 % du chiffre d'affaires annuel
de la boutique du Musée.

Aucune preuve de réaction ou de surveillance de la part des responsables des services n'a
été relevée. Aucune contrôle de cohérence n'a été effectué par le comptable en fonctions
jusqu'au 2 janvier 1991.

Dans un rapport sur les comptes et de la gestion du Musée, en 1988, la Cour des Comptes
avait appelé l'attention du comptable et de l'ordonnateur sur la faiblesse des contrôles
internes, sur l'importance des pertes constatées et sur les défauts de surveillance des
stocks. Le rapport recommandait notamment l’informatisation, la mise en place d’antivols.
En réponse, le Directeur qu'il se proposait de prendre différentes mesures pour corriger les
anomalies que la juridiction lui signalait. Il n'a cependant pas pris de mesures réelles pour
limiter les disparitions d'objets, même après avoir eu connaissance, le 29 janvier 1993 et le
24 février 1994, des importantes pertes enregistrées.

L'installation d'un premier portique anti-vol à la boutique a eu lieu en 1995.


L'informatisation annoncée comme imminente en 1988 n'était pas mise en oeuvre en 1995.

II. - Le recours à un prestataire extérieur pour une mission d'assistance à l'agence


comptable et pour une mission d'étude sur le service commercial
Banque Mondiale Séminaire de Finances Publiques
29 mars – 1er avril 2004
Contrôles et Audits des Finances Publiques:
Objectifs – Obstacles – Besoins

Le premier comptable a éprouvé des difficultés à remplir sa tâche à partir du dernier


trimestre 1989. Les deux agents qui devaient l'assister au Musée ont été absents, 21 mois
pour l'un et 4 mois pour l'autre au cours de la période comprise entre l'automne 1989 et
l'automne 1991. Il a produit les comptes de 1989 et de 1990 avec des retards de 23 mois
et de 32 mois respectivement. Il a été pour ce motif condamné par la Cour des comptes à
deux amendes définitives.

En janvier 1990, le directeur du Musée a fait appel à un consultant, avec l'accord du


comptable, pour aider l'agent comptable à établir les comptes du Musée et à proposer des
améliorations concrètes, dans un rapport écrit.

Le Musée a réglé à ce consultant entre février 1990 et mai 1992 des honoraires d'un
montant total de 1 097 939,50 F

Assistance à l'agent comptable : honoraires imputés sur les exercices 1989, 1990 et
1991
Le montant des versements d'honoraires pour assistance à l'agence comptable,
effectués au vu de mémoires arrêtés généralement par le directeur du musée et de procès-
verbaux de réception signés par l'agent comptable, a atteint 905 807,50 F.
Le consultant a commencé à travailler le 29 janvier 1990.

En 1989 - Les pièces jointes aux deux premiers mandats de paiement de ce contrat ont été
antidatées : des sommes payées en février 1990 - pour 51 887,50 F - ont de cette façon été
imputées sur l'exercice 1989.

En 1990 - Les honoraires imputés sur l'exercice 1990 s'élèvent à 299 465 F. Aucun marché
ou contrat n'a été passé avec le consultant pour ses prestations en 1990. L'engagement de
dépenses n'a pas été soumis au visa du contrôleur financier.

En 1991 - Les honoraires versés en 1991 au consultant s'élèvent à 554 455 F. Un contrat a
été conclu pour les prestations effectuées au cours du dernier trimestre de 1991, pour un
montant de 289 087,50 F.

Service fait : Le contrat de prestation de services qui avait pour objet l'établissement
définitif des comptes financiers de 1989 et 1990, prévoyait la remise d'un rapport faisant
un constat précis et détaillé des problèmes rencontrés, des travaux effectués pour y
apporter des solutions et des résultats obtenus. Aucun rapport n'a été produit par le
consultant.

Les comptes de 1989 et 1990 remis respectivement en avril 1991 et en février 1992 à
l'agent comptable comportaient des discordances entre les soldes comptables et les états
de développement de ces soldes.

Le directeur du Musée Dodin a cependant signé le 29 janvier 1992 un procès-verbal


Banque Mondiale Séminaire de Finances Publiques
29 mars – 1er avril 2004
Contrôles et Audits des Finances Publiques:
Objectifs – Obstacles – Besoins

attestant la bonne réception des prestations fournies par le consultant. Le directeur du


musée n'a pas informé le conseil d'administration sur le recrutement du consultant.

REGLEMENTATION COMPTABLE ET FINANCIERE APPLICABLE

Règlement général sur la comptabilité publique


Comptabilité matière (article 179) : "l'agent comptable est également chargé de la
comptabilité matière" et "lorsqu'il ne peut tenir lui-même la comptabilité matière, il en
exerce le contrôle". La comptabilité matière est destinée à décrire l'existant et les
mouvements concernant les stocks de marchandises ;

Confection et transmission par les comptables publics de leurs comptes au juge financier
(article 187) impose aux agents comptables des établissements publics nationaux de
transmettre au juge des comptes le compte financier qu'ils ont établi avant l'expiration du
huitième mois suivant la clôture de l'exercice ;

Code des marchés publics - seuil de passation d'un marché public avec mise en
concurrence - 300 000 F

Arrêté relatif au contrôle financier des établissements publics : modalités du contrôle


financier sur l'établissement public - seuil de 100 000 F pour le visa préalable des
conventions, travaux ou fournitures.
Banque Mondiale Séminaire de Finances Publiques
29 mars – 1er avril 2004
Contrôles et Audits des Finances Publiques:
Objectifs – Obstacles – Besoins

REFLEXION PROPOSEE

THEME 1 Contrôles internes et contrôle des marches publics

A la lumière des faits relatés - quelle valeur ajoutée du contrôle financier dans le
circuit de dépense ?

Quelle valeur ajoutée de la procédure des marches publics aurait il éviter cette
situation ?

THEME 2 Valeur ajoutée des audits externes

Un contrôle de la Cour avait eu lieu en 1988. Ce rapport présentait-il un intérêt


pour les gestionnaires de l’Etablissement ?

THEME 3 Contrôle du comptable et contrôle juridictionnel

Intérêt de l’établissement régulier et rapides des comptes au vu de cet exemple ?

En quoi le comptable public a t-il été défaillant ?

Quelle suites juridictionnelles pour le comptable ?


Banque Mondiale Séminaire de Finances Publiques
29 mars – 1er avril 2004
Contrôles et Audits des Finances Publiques:
Objectifs – Obstacles – Besoins

THEME 4 Contrôle de la gestion de l’ordonnateur

Quelles remarques appelle la gestion de l’ordonnateur ?

Le directeur a t’il commis des fautes de gestion ? si oui lesquelles ? quelles


conséquences ?

THEME 5 Utilisation des subventions publiques – et gestion des musées nationaux

Ces circonstances offrent-elles l’occasion d’une réflexion plus large sur l’utilisation
des subventions publiques ?

Quelles seraient les axes de cette réflexion ?

THEME 6 Défaillances relevées – Rôle des organes de contrôle et d’audit

Etablir la liste des défaillances

Mettre en regard le rôle des organes de contrôles et d’audit


Banque Mondiale Séminaire de Finances Publiques
29 mars – 1er avril 2004
Contrôles et Audits des Finances Publiques:
Objectifs – Obstacles – Besoins

Domaine
Comptabilité-matière Type de défaillance Responsabilités Rôle du contrôleur

Contrôles de cohérence de la comptabilité


matière

Suivi des recommandations de la Cour /


Chambre des Comptes

Contrat de prestations de services

Etc.

Vous aimerez peut-être aussi