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Museology
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Place du Trocadéro, 75116 Paris, France. Cromwell Road, South Kensington, London SW7 2RL Burgring 5, A-1010 Wien, Austria.
Tel. (33 1) 5365 6930. Fax (33 1) 5365 6965. United Kingdom. Tel. (43 1) 52 524-380. Fax (43 1) 52 524-501.
Email <jm.humbert@wanadoo.fr> Tel. (44 207) 942 2066. Fax (44 207) 942 2071. Email <guenther.dembski@khm.at>
Email <r.liefkes@vam.ac.uk> Mr.Wilbur FAULK
Mr. Stephen A.H. DONE Getty Conservation Institute, 1200 Getty Center Drive,
Curator, Liverpool Football Club, Museum & Tour Centre, Dr. Jutta Annette PAGE Suite 700, Los Angeles, CA 90049-1684, U.S.A.
Anfield Road, Liverpool L4 0TH, United Kingdom. Curator, European Glass, Corning Museum of Glass, Tel. (1 310) 440 6547. Fax (1 310) 440 6979.
Tel. (44 151 ) 264 0160. Fax (44 151) 263 9792. One Corning Glass Center, Email <wfaulk@getty.edu>
Email <done.lfcmuseum@btinternet.com> Corning NY 14830-2253 U.S.A.
Tel. (1 607) 974 8312. Fax (1 607) 974 8473. ICOFOM / Museology
CECA / Education & Cultural Action Email <pageja@cmog.org> Mrs.Tereza Cristina SCHEINER
Mr. Ganga S. RAUTELA Director, School of Museology, University of Rio de Janeiro
Director, Nehru Science Centre, ICDAD Decorative Arts & Design UNI RIO, Av. Ayrton Senna 2150 Sala 223,
Dr. E. Moses Road , Worli, 400 018 Mumbai, India. Mr. David Revere MCFADDEN Bloco C, 22775-000 Rio de Janeiro RJ, Brazil.
Chief Curator,Vice-President for Programs & Collections, Tel. (55 21) 325 32 08. Fax (55 21) 325 6635.
Tel. & Fax (91 22) 493 2668. Email <ICOFOM@iname.com >
Email < nscm@giasbm01.vsnl.net.in> American Craft Museum,
40 West 53rd Street, New York NY 10019 U.S.A. < tacnet.cultural@openlink.com.br>
CIDOC / Documentation Tel. (1 212) 956 3535. Fax (1 212) 459 0926. Dr. Hildegard K.VIEREGG
Museology & Contemporary History, c/o Bayerische
Ms. Patricia YOUNG Email <mcfadden99@aol.com> Staatsgemäldesammlungen/MPZ,
Manager of Professional Programs, Dr. Elisabeth SCHMUTTERMEIER Barer Str. 29, D-80799 München, Germany.
Canadian Heritage Information Network, Österreichisches Museum für angewandte Kunst, Tel. (49 89) 238 05 196 (231 or 123). Fax (49 89) 238 05197.
15 Eddy Street, 4th floor, Hull Québec, K1A 0M5, Canada. Stubenring 5, A-1010 Wien, Austria. Email <vieregg@mpz.bayern.de>
Tel. (1 819) 994 1200. Fax (1 819) 994 9555. Tel. (43 1) 711 36 234. Fax (43 1) 711 36 222.
Email <patricia_young@pch.gc.ca> Email <e.schmuttermeier@mak.at> ICOM-CC / Conservation
Mr. David GRATTAN
Ms. Lene ROLD ICAMT / Architecture & Museum Techniques Manager, Conservation Processes & Materials Research
Curator,The National Museum of Denmark, Mrs. Ersi PHILIPPOPOULOU-MICHAILIDOU Laboratory, Canadian Conservation Institute,
Frederiksholms kanal 12, Copenhagen 1220, Denmark. Director of Museum Studies, Ministry of Culture, 1030 Innes Road, Ottawa, Ont K1A OM5, Canada.
Tel. (45) 33 47 3885. Fax (45) 3347 3307. 12 Karytsi Square, 101 86 Athens, Greece. Tel. (1 613) 998 3721. Fax (1 613) 998 4721.
Email <lene.rold@natmus.dk> Tel. (30 1) 322 8931, 644 2462. Fax (30 1) 643 9570. Email<david_grattan@pch.gc.ca>
Email <ersy.philippopoulou@dmm.culture.gr> Mlle Isabelle VERGER
CIMAM / Modern Art ICOM-CC Secretariat, ICCROM,
Mr. David ELLIOTT Mr. Jules VERSCHUUREN Via di San Michele 13, 00153 Roma, Italy.
Director, Moderna Museet, Box 16382, Brabantse Museumstichting, Tel (39 06) 58 553 374. Fax (39 06) 58 533 349.
SE-103 27 Stockholm, Sweden. Ringbaan Oost 8/17, 5013 CA Tilburg,The Netherlands. Email <icom-cc@iccrom.org>
Tel. (46 8) 5195 5277. Fax (46 8) 5195 5210. Tel. (31 13) 535 55 65. Fax (31 13) 581 0608.
Email <bmsjv@bart.nl> ICOMON / Money & Banking Museums
Email <D.Elliott@modernamuseet.se> Dr. Richard DOTY
Mrs.Tuula ARKIO ICEE / Exhibition Exchange Curator, National Numismatic Collection, National Museum
Director, Kiasma, Museum of Contemporary Art, Mr. Milton BLOCH of American History, Smithsonian Institution, MRC 609,
Mannerheimin aukio 2, FIN-00100 Helsinki, Finland. President, Munson-Williams-Proctor Institute, Room 4000, Washington D.C. 20660, U.S.A.
Tel. (358 9) 1773 6506. Fax (358 9) 1733 6574. 310 Genesee Street, Utica NY 13502, U.S.A. Tel. (1 202) 357 1798/99, 357 1800. Fax (1 202) 357 4840.
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Email <mbloch@mwpi.edu> Drs. Albert A.J. SCHEFFERS
CIMCIM / Musical Instruments Secretary General a.i. Het Nederlands Muntmuseum,
Dr. Eszter FONTANA Ms. Anne R. GOSSETT Leidseweg 90, P.O.
Musikinstrumenten Museum der Universität Leipzig, Director, International Gallery, Smithsonian Institution, Box 2407, NL-3500 GK Utrecht,The Netherlands.
Täubschenweg 2c, D-04103 Leipzig, Germany. S. Dillon Ripley Center, Suite 3123, 1100 Jefferson Drive Tel. (31 30) 291 0482. Fax (31 30) 291 0467.
SW, Washington D.C. 20560-0705, USA. Email <ICOMON@coins.nl>
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Email < fontana@rz.uni-leipzig.de> Email <argossett@intg.si.edu> ICR / Regional Museums
Ms. Corinna WEINHEIMER Mr. Hans MANNEBY
Ringve Museum, Postboks 3064, Lade, ICFA / Fine Art Director, Bohusläns Museum, Box 403, SE-451 19 Uddevalla,
N-7441 Trondheim, Norway. Dr. Görel CAVALLI-BJORKMAN Sweden
Tel. (47) 7392 2411. Fax (47) 7392 0422. Nationalmuseum, Box 16176, SE-103 24 Stockholm, Sweden. Tel. (46 522) 65 65 00. Fax (46 522) 65 65 05.
Email <corinna.weinheimer@ringve.museum.no> Tel. (46 8) 5195 4301. Fax (46 8) 5195 4456. Email < hansm@bohusmus.se>
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narrow in scope, thus posing a danger for of ideas, in its attempts to stop time, to be
all the characteristic features of a museum analytically arrested in a period about
Pour une terminologie muséologique
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de base
André Desvallées Conservateur général du Patrimoine, Paris, France
anglais. Non seulement le Dictionnarium
museologicum est bien aussi un simple
Summary lexique, mais une certaine tendance a
Back in 1993, the ICOFOM Board decided to compile a publication devoted to Basic consisté, dans ces ouvrages, à traduire au
Museological Ideas. A working group was formed and the author of this article was "mot à mot" les termes de référence par les
appointed Editor. Under the working titles of Encyclopaedia museologica or Thesaurus termes utilisés dans la langue courante, en
museologicum, the publication comprises a list of terms in order of importance, faisant fi des nuances et sans chercher à
drawn up by several different authors. From the outset, the fields of preservation and savoir si l'on n'a pas très souvent affaire à
restoration were precluded, as well as management terminology, since these often de "faux amis". Or, comme dans tout lan-
feature prominently in the publications of other ICOM Committees. It was also felt gage en train de se former, une grande
that terms would have a tendency to cross-refer, through correlatives, and that those part de l'analyse se joue dans les nuances.
terms with broader application would get more coverage than others.
Early multilingual texts soon showed the need for equivalent terms in different Pour éviter ces travers, la publication
languages and it was also decided to provide quotations in order to give a sense of en cours de rédaction sera constituée de
usage in context, specifying for each language when the terms were first used and longs développements donnant l'histoire
their possible variants. des termes et des concepts principaux, et
comparant ces termes et ces concepts dans
l'usage qui en est fait en différentes
n 1993, lors de l'élection du nouveau plus développés que d'autres, parce que langues. Mais, dès le début de rédaction
E bureau de l'ICOFOM à Thessalonique,
fut prise la décision de rédiger un recueil
plus couvrants.
La liste des termes proposés, établie
du premier article, il était apparu qu’on ne
s'assure jamais suffisamment que les
des Idées muséologiques de base (Basic Museo- avec les équivalences de termes anglais et termes sont bien toujours utilisés dans le
logical Ideas). Ce projet, soumis en 1994 français, et accompagnée d'articles tests (à même sens dans le passage d’une langue à
au Président de l'ICOM, Saroj Ghose, qui partir et autour des termes patrimoine/heri- une autre : on ne peut donc que se mon-
assistait, à Pékin, à la réunion administra- tage, objet/object, muséologie/museology), a trer très prudent dans la reprise de textes
tive et au symposium annuels de l'ICOFOM, été largement soumise, non seulement aux et dans leur rapprochement. Vinoš Sofka
obtint non seulement son agrément, mais membres du groupe de travail, mais aussi avait déjà remarqué, dès 1982, lors du
l'assurance qu'il le reprenait à son compte aux membres du Comité présents à la symposium de l'ICOFOM qui s'était tenu à
au titre de l'ICOM. Un groupe de travail fut Conférence générale de l'ICOM de Paris: "S'il n'y a pas concordance au sein
alors constitué, avec moi-même, de Paris, Stavenger, en juillet 1995, puis à Pétropolis, d'un même groupe linguistique (comme
Ivo Maroević, de Zagreb, Peter van Mensch, lors de la réunion annuelle du Comité au nous l'avons déjà constaté), c'est encore
d'Amsterdam, Tereza Scheiner, de Rio de Brésil. En dehors des remarques géné- plus grave d'une langue à l'autre. [...] En
Janeiro et Zbyněk Stránksý, de Brno. Et je rales, sur la nature du projet et sur la fait, il serait nécessaire de réunir auteurs,
fus chargé de la coordination. méthode, qui furent faites lors de cette réviseurs linguistiques et rédacteurs afin
Depuis longtemps l'ICOM a souhaité réunion, les propositions du coordinateur d'élaborer une base conceptuelle commune
publier un ouvrage qui synthétise, pour ses ne firent l'objet d'aucune réserve. pour le débat. Cela, nous n'en avons mal-
membres et pour des usagers extérieurs à Entre temps, une autre proposition a heureusement pas les moyens [...]". Et celui
l'organisation, les éléments d'une théorie été faite par Zbynìk Stránsky. Il fut notam- qui est devenu le président d'honneur de
de la muséologie. Ce fut le cas en 1978 où ment proposé une autre liste de termes, l'ICOFOM de rappeler son vœu pieux de
il avait été décidé de mettre en chantier plus longue, et difficile à fusionner avec la "créer une section terminologique dans les
un Traité de muséologie, dont le contenu première, et complétée de définitions plus Museological Working Papers".
devait être établi par des membres du courtes. La conception étant différente, il
Comité de Formation du Personnel fut un temps envisagé de faire une publi- C'est pourquoi, quatorze années plus
(ICTOP) et des membres de l'ICOFOM, cation en deux parties, l’une consistant en tard, il serait bien dommage que le travail
lequel venait d'être créé. Ce projet finale- une sorte d’encyclopédie, l’autre une sorte entrepris à partir de l'anglais et du fran-
ment n'aboutit pas. de dictionnaire. À ce jour, il n’a pas été çais ne soit pas poursuivi pour les autres
donné suite à la proposition de Zbynek langues. Il ne s'agit pas bien sûr de contes-
LA MÉTHODE Stránsky. ter le droit qu'ont les mots d'évoluer, aussi
bien dans leur propre langue d'origine
Pour ce qui est de notre propre méthode, LE CONTENU qu’après le passage de l'une à l'autre, mais
elle est sans doute la moins discutable, de s'assurer que les mots qu'on utilise
puisqu'elle envisage une rédaction collecti- L'expérience des termes déjà rédigés expriment bien les mêmes concepts quelle
ve, à partir d'une liste hiérarchisée de ou en cours de rédaction a conduit à éva- que soit la langue que l'on emploie. Il est
termes, elle-même proposée à la réflexion luer les limites d'un simple lexique comme donc apparu très vite souhaitable non seu-
et au choix de tous. l'est le Dictionnarium museologicum, lement de rappeler les termes équivalents
Il a été convenu au départ que ne publié en 1986 à Budapest par le Comité de utilisés dans les différentes langues (voire
seraient pas développés les champs de la l'ICOM pour la Documentation (le même les termes différents d'un pays à
conservation et de la restauration, pas plus CIDOC), présidé, de 1977 à 1983, par l'autre, comme de la Grande Bretagne aux
que ceux de la gestion, qui font régulière- Istvan Éri et, de 1983 à 1989, par Lucas États-Unis ou en Australie, ou bien du
ment l'objet de publications émanant des Wüthrich. De même pour ce qui est du Portugal au Brésil), mais aussi qu'il fallait
Comités. Il a été également convenu que Lexique de muséologie (Glossary of offrir des citations de textes qui en don-
les termes se renverraient les uns aux Museology) publié en 1989 par le Centre nassent, dans chaque langue, les exemples
autres, par appels de corrélats, et que, ce d'édition du gouvernement du Canada, de premières utilisations et les éventuelles
faisant, certains termes pourraient se voir lexique anglais-français et français- variantes. Cette constatation nous condui-
Le musée et l'exposition: variation
de langages, variation de signes 9
Martin R.Schärer Membre du Conseil exécutif de l'ICOM,
Ancien président de l'ICOM-Suisse et de l'ICOFOM,
sit à rédiger en tête un bloc linguistique
Directeur de l'Alimentarium, musée de l'Alimentation,Vevey, Suisse
détaillé comprenant un premier para-
graphe donnant les équivalences linguis- Summary
tiques et les analogies; un second para- The exhibition is by far the most important means of communication for the
graphe proposant une définition; un troi- museum. It can be considered as a cultural system that produces meaning,
sième donnant des exemples en différentes with objects as its core elements. In the process of musealisation, objects are
langues lorsque nous en avons; enfin deux preserved because of the value attributed to them, for example, their aesthetic,
paragraphes donnant les dérivés et les cor- symbolic or heuristic value, or their value as mementos.These musealised objects
rélats. Après le bloc de tête viennent le (musealia) are used in exhibitions as signs through which we visualise and explain
développement proprement dit, à la fois absent facts.There are a multitude of different exhibition languages, of which one can
historique et linguistique, puis les dévelop- identify the aesthetic, didactic, theatrical and associative languages.These theoretical
pements d’actualité. considerations are exemplified and extended by two museological exhibitions which
the Alimentarium Food Museum created: "700 years on the menu" and "Histories of
LE TITRE objects", which constitute a real museological adventure, involving the visitor in the
creation of the values and meanings of the musealised objects.
En l’état actuel de la question, un pro-
blème n’est pas encore résolu : c’est celui ’exposition représente, et de loin, le tâche importante. L'autre, tout aussi capi-
du titre de la publication. Celui de départ,
Idées muséologiques de base (Basic
L moyen de communication le plus impor-
tant du musée. Elle peut être considérée
tale, est la communication, avant tout par
le moyen des expositions.
Museological Ideas) aurait pu être mainte- comme système culturel qui produit du sens. Dans sa fonction de communication, le
nu. Il exprimait bien ce que nous souhai- Les objets sont les éléments fondamentaux musée visualise au moyen de l'exposition
tions réaliser. Mais, en même temps, pour de ce moyen de communication fascinant. des événements absents dans l'espace ou
le public non averti, il donnait plus l'image Les milliers d'objets qui entourent dans le temps, à l'aide d'objets muséalisés
d'un travail de recherche – ce qu'il est chaque individu constituent le point de qui servent de signes. La grande spécificité
aussi, il ne faut pas le nier – que d'un ins- départ de nos réflexions muséologiques. de l'exposition comme lieu de visualisa-
trument de travail, ce qu'il a aussi la pré- Ces objets n'ont d'importance que dans tion, c'est l'espace dans lequel le visiteur
tention d'être. leur rapport avec l'homme et la société. peut se mouvoir et qui lui donne la liberté
Nous ne pouvions non plus retenir le Mais ils ne font pas que nous entourer, ils d'observer, comme il l'entend, les objets
titre de Traité, ce qu'il ne prétend pas être, sont également conservés, pour leur fonc- présentés. Les objets représentent une
même s'il contient beaucoup de théorie; ni tion d'usage (un aspect qui n'intéresse pas infime fraction de l'immense monde des
celui de Dictionnarium, déjà utilisé, même la muséologie) ou pour les valeurs qui leur objets passés ou présents. Et pour les
si c'est abusivement, et qui, dans le cas sont attribuées. Ces valeurs peuvent être besoins de l'exposition, seule une petite
présent, ne couvre que la moitié de l'ou- matérielles: art, or, timbres-poste en tant partie de cette fraction est sélectionnée.
vrage. En attendant une décision définiti- que pur investissement, mais même cet L'histoire ne peut être reconstruite et
ve, cette première partie de l'ouvrage, dont aspect est en dehors des considérations les objets conservés (à l'exception de cer-
j'ai la responsabilité rédactionnelle, est muséologiques. Ce qui, en revanche, tains indices matériels, c'est-à-dire des
donc provisoirement appelé tantôt Ency- constitue un aspect fondamental, c'est la informations structurelles) ne donnent
clopaedia museologica, tantôt Thesaurus muséalisation définie comme la "conserva- aucun renseignement sur la manière dont
museologicum. ■ tion des valeurs idéelles attachées à des ils étaient utilisés autrefois (information
objets" : les valeurs esthétique, heuristique, culturelle). Une situation d'exposition
de souvenir ou de symbole. représente donc par définition une réalité
Par le processus de muséalisation qui, fictive. Les expositions ne peuvent faire
comme acte intellectuel et physique, est autre chose que visualiser, soit présenter
toujours une décision de l'homme, les et expliquer dans un nouveau contexte. Il
objets sont, d'une certaine manière, ôtés à convient de le souligner parce que les
la vie, ce qui paradoxalement retarde en objets originaux existants confèrent une
même temps leur mort physique. Ce fai- authenticité à l'exposition. Mais force est
sant, ils deviennent des témoins de la de constater qu'ils demeurent toujours
mémoire individuelle ou collective, avec arrangés, même s'ils sont exposés sans
un caractère de référence attribué par aucun commentaire dans une vitrine.
l'homme et qui ne se trouve jamais dans
l'objet lui-même. Ils deviennent ainsi des La situation d'exposition est détermi-
objets de musée, ils acquièrent une nouvel- née par quatre composants: les faits, les
le qualité : la muséalité. éléments de l'exposition, l'auteur et le visi-
La muséalisation peut, par définition, teur. Les faits absents à visualiser consti-
se faire partout: au coeur d'un village tuent le message. La principale difficulté
restauré et protégé, dans un chalet de en ce qui concerne le message d'une expo-
vacances, dans un jardin. Toutefois, l'en- sition est qu'il est impossible de savoir si le
droit privilégié et socialement le plus établi visiteur l'a vraiment reçu de la manière
reste le musée. Son activité principale souhaitée par l'auteur de l'exposition. Cela
consiste à conserver des objets en vertu de tient d'une part à la liberté que le visiteur
leurs valeurs attribuées. La collecte, l'en- a de pouvoir organiser sa visite à son gré,
tretien, la conservation et la restauration d'autre part à la polysémie des objets dans
des objets ainsi que la recherche est une leur fonction de signes, laquelle permet
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d'innombrables connotations à partir du
code personnel. Les objets seuls en tant
que signes ne suffisent pas à visualiser des
faits. D'autres moyens de communication
sont nécessaires : la langue d'abord, mais
aussi les graphiques, les spectacles audio-
visuels, etc. Parmi ces éléments de l'expo-
sition, on distingue trois groupes: les
objets originaux recontextualisés (objets
de musée) et les objets didactiques créés
pour une exposition, puis les moyens de
mise en scène tels que vitrines, couleurs et
images, et, finalement, les éléments spa-
tiaux, lesquels sont en général donnés. De
tels éléments peuvent se combiner pour
donner lieu à toutes sortes de langages, les
principaux étant l'esthétique (le plaisir de intitulée "700 ans au menu. Sept exposi- des valeurs sont attribuées : ceux qui sont
voir), le didactique (qui veut transférer des tions exposées. L'alimentation en Suisse du considérés comme précieux ou beaux ou
connaissances), le théâtral (qui travaille bas Moyen-Âge à nos jours : 7 façons de ceux auxquels on donne une valeur de
essentiellement avec des dioramas et veut présenter l'histoire au musée". souvenir, de témoignage ou de symbole.
suggérer une expérience) et enfin l'asso- L'introduction montrait une copie idéa- L'essentiel est constitué par ce message :
ciatif dont le but est de stimuler une le d'une soupière fortement agrandie et la les objets n'existent que par les hommes.
réflexion en combinant des objets de présentait comme un "objet en soi" (voir Pour rendre cette idée visible, nous avions
manière inhabituelle. l'illustration ci-dessus). Il est impossible installé au milieu de la salle un "objet
de montrer au musée les rapports origi- potentiel" (une grande fourchette) qui, par
La particularité de la communication naux de fonction et de sens d'un objet, sa un certain regard du visiteur, devenait
dans l'exposition est d'être décalée dans le vie première, sa réalité concrète, raison "objet vivant" avec des caractéristiques
temps, puisque l'auteur de l'exposition pour laquelle la vitrine en dessous de la propres.
n'est pas présent en même temps que le soupière était simplement vide, sans aucu- Dans la partie centrale de l'exposition,
visiteur. Cette circonstance donne à l'expo- ne mise en scène. Tout autour, huit présen- le visiteur motivé pouvait devenir actif.
sition certains caractères propres aux tations donnaient des visions possibles Cette partie était consacrée à la muséalisa-
médias de masse, ce qui rend la communi- pour l'objet : celui-ci exerce un effet sur le tion de l'alimentation et de sa culture
cation difficile à contrôler. Ce n'est finale- visiteur (réalité personnelle) et il est inter- matérielle. La muséalisation est une phase
ment que par la présence du visiteur que la prété au musée dans un contexte fictif (réa- transitoire. Pour en prendre conscience, le
communication s'établit. D'une certaine lité inventée). visiteur était invité à apporter lui-même
manière, l'exposition se constitue avec Ensuite, on présentait sept réalisations un objet au musée, de l'inscrire à l'inven-
chaque visiteur, de manière toujours nou- possibles, en fait sept expositions qui étaient taire et de lui trouver un environnement
velle et différente dans la mesure où toutes sérieuses dans leur intention et adéquat pour l'exposer.
chaque visiteur ne perçoit les faits que per- avaient la prétention de montrer ce qu'avait La troisième partie, qui était la plus
sonnellement et indirectement. C'est la été l'alimentation en Suisse. En réalité, elles grande, montrait d'une part tous les objets
raison pour laquelle l'exposition donne n'en montraient que des aspects partiels. De qui ont trait à l'alimentation de la collec-
toujours en même temps des interpréta- même, la somme de ces sept approches du tion de l'Alimentarium qui n'étaient pas
tions, des valeurs, des schémas du monde sujet ne donnait pas non plus d'image com- montrés ailleurs, classés par ordre numé-
et de l'histoire. À ce propos, il convient de plète. D'ailleurs, même un nombre infini rique et "encagés", d'autre part la culture
noter le pouvoir qu'est susceptible d'exer- d'expositions n'aurait pu le faire! Les titres de l'alimentation visualisée dans des
cer le musée, attitude dont il doit prendre de ces expositions partielles indiquaient clai- vitrines avec des objets exposés de maniè-
conscience avec un sens aigu de ses res- rement les intentions de chaque mise en re à mettre en évidence les valeurs qui leur
ponsabilités. Citons pour mémoire ici les scène et les fonctions attribuées à l'objet : sont attribuées. Comme les objets ne peu-
mises en scènes historiques ordonnées par musée-dépôt, musée-rêve, musée-livre d'his- vent guère dire quelque chose sur leur vie
un gouvernement, qui n'autorisent aucune toire, musée-théâtre, musée-école, musée- avant la muséalisation, le visiteur pouvait
interprétation divergente ; les idées du discussion, musée-récit. trouver des informations sur eux et sur
passé sans cesse répétées en dépit du fait leur environnement original de deux
qu'elles sont complètement dépassées du L'exposition "Histoire d'objets" abor- manières: en consultant un ordinateur ou
point de vue de la recherche ; et, beaucoup dait le sujet sous un angle tout à fait diffé- en écoutant des histoires d'objets racon-
plus positivement, la fonction génératrice rent. Elle entendait montrer l'homme dans tées chaque après-midi par un guide.
d'identité pour la population d'un pays, sa relation avec les objets qui ont trait à Ces deux expositions représentaient
d'une région ou pour une minorité. l'alimentation. Le visiteur pouvait décou- une véritable aventure muséologique, car
vrir d'innombrables objets alimentaires elles essayaient de combiner des réflexions
DEUX EXPOSITIONS dans un décor rappelant des cuisines. Ceux théoriques avec l'expographie. Ainsi, nous
MUSÉOLOGIQUES d'abord qui sont considérés comme utiles, l'espérons, notre définition d'une expositi-
qui sont conservés en raison de leur fonc- tion – une représentation visuelle et une
Ce qui vient d'être dit a pu être illustré tion d'usage. Deux opérations culinaires de explication de faits absents par des objets
à l'Alimentarium dans le cadre de deux base avaient été choisies comme exemple: muséalisés comme signes – a pu elle-
expositions temporaires. La première était couper et cuire. Puis les objets auxquels même être visualisée ! ■
Heritage, objects, collecting:
the need for an ethical approach 11
Lynn Maranda
Curator of Anthropology, Vancouver Museum, Vancouver, Canada Regardless of how and under which
seemingly altruistic umbrella museums
have built their collections of heritage
Résumé objects, the "new reality" is that there are
Les musées ont amassé et continuent d'amasser d'importantes collections d'objets two opposing factions – the "haves" and
provenant de diverses cultures. De ce fait, les musées sont devenus les propriétaires the "have nots, but want to have back".
du passé culturel d'autres peuples. Le débat grandissant autour de la propriété, du Many claimants seeking restitution from
droit et de la responsabilité au sujet de la préservation du passé pousse les musées à museums, especially indigenous peoples
revoir leur pratique traditionnelle de la collection, leur fonctionnement et leur in whose cultures the concept of "muse-
héritage philosophique. Les musées font face aujourd'hui à de nouveaux défis venant um" is entirely foreign (and for which
de divers secteurs qui tous requièrent à la fois une plus grande ouverture d'esprit, une there is no term in the language), and who
responsabilité assumée de façon plus prononcée et jusqu'à la restitution de certaines have felt disenfranchised for so long, are
œuvres. Afin de faire face efficacement à cette "nouvelle réalité" et de devenir plus passionately driven by concerns of cultur-
ouverts, plus accessibles et plus sensibles aux droits et revendications des parties al inheritance, and this fervour is causing
concernées, les musées devront avoir recours à une déontologie qui s'intégrerait dans more and more museums and govern-
l'élaboration de leurs politiques et de leurs stratégies. ments to respond more and more sympa-
thetically.
Collecting is not the only activity per-
rom the cabinets of the 16th century to in museums. Legal guidelines are, by petrated by museums that has come under
F the museums of the present, objects
from both natural and human history have
necessity, being compelled to give way to
those of an ethical nature, thus creating for
scrutiny. How objects are treated once
they have been acquired has been and
been collected, first by private owners for museums internal "constitutional" crises. continues to be a long-standing source of
their own viewing pleasure and that of their The retention of objects acquired through conflict between many museums and the
friends, and later by institutions for display appropriate legal means is being chal- publics they serve. One of these contested
to a curious public. Rare, exotic and beau- lenged by groups with seemingly legiti- areas is access (to the collections); anoth-
tiful specimens and objects housed in muse- mate rights of claim. The legal transactions er is interpretation (by whatever means).
ums became magnets not only to scholars between, for example, a donor and the Museum clientele require and demand, at
and lay persons alike, but also to more and museum seem to have been pushed aside the very least, visual access to the physical
more collections of the same ilk. The loot- in favour of broader cultural or national collections, while the museum’s stated
ing of archaeological sites, the expropria- aspirations and assertions on the part of responsibility is to render its holdings
tion of antiquities from other countries, the claimants. Conflicting claims and counter- available through a variety of means, for
indiscriminate removal of objects of mate- claims amongst claimants further compli- example, exhibitions, educational projects
rial culture from indigenous (that is, native, cate the situation. and outreach initiatives. In addition to
aboriginal, First Nations) peoples by colo- Included in this complex set of stakes is each of these methods, information on col-
nial powers, the seizure of works of art as the museum’s stated responsibility of hold- lections is disseminated through publica-
a result of conquest ("spoils of war"), the ing collections "in trust" for present and tions, public lectures and, more recently,
slaughter of animal species by both hunting future generations. The "in trust" founda- by electronic means which can function at
and scientific expeditions, are some of the tion on which museums claim their rights either local or long-distance levels.
methods through which museum specimens of retention, however, is being shaken, as Nevertheless, there remains a certain dis-
and objects have been acquired. These often the "in trust for whom?" question is scruti- satisfaction with some of the museological
ill-gotten collections comprise much of the nised. With, on the one hand, claimants trends in presenting exhibitions, whether
legacy inherited by many of today’s muse- maintaining that museums do not have the it is a question of objects judiciously
ums. In fact, most of the portable material "right" and, on the other hand, museums selected to illustrate internally generated
record of the past of humankind is now held claiming to have a much broader mandate and often narrow thematic concepts or
in museum repositories. In spite of a grow- than that of the claimants, the stage is set storylines, or of objects presented without
ing "ethical conscience" with respect to the for conflict. information due to contemporary theories
removal of objects from their places of ori- Museums justify their procedures as which advocate the elimination of the
gin, not only have museum reserves con- acts of preservation, scholarship, and edu- "authoritative narrative voice".
tinued to expand, but also new museum cation. Again, these museum responsibili- Given the current museo-political cli-
facilities continue to be built, especially in ties are being challenged from without by mate, the "show it or send it back" cry
Canada and the U.S.A. where, by the 1980s, those who believe they have a legitimate takes on particular significance, one
there were reportedly more than twenty-one claim on objects held within. Whether or which has not been missed by many
museums for every one million of popula- not museums have conscientiously sought claimant cultures. Museums have contin-
tion. to rescue objects from deterioration or ually been challenged by their responsibil-
At present, the "ethical conscience" destruction and whether or not the further- ity to "use" their collections. Given that
movement has progressed to the point ing of scholarly or educative goals is indeed museum collections continue to grow, that
where museums are feeling the pressure the intent, the perception amongst many storage facilities in many repositories are
being exerted by external forces to perform claimants is otherwise. How can objects ex full to the brink (to the extent that conser-
in ways not compatible with previous situ be of intellectual value when they have vation concerns have been generated),
methods of operation. The ever-growing lost contextual integrity through their that there is simply not room enough to
debate over who owns the past (whose removal? Then again, if museums are not display everything in exhibition galleries,
heritage, or culture, or art is it?) or who actively collecting from the field, how is it and that there is precious little funding to
has the right or responsibility to preserve possible to accumulate all the relevant scien- rectify the problem, it would seem that
it, is fuelling collecting uncertainties with- tific data necessary for full documentation? there is not much that can be done. In
12
response to their stated responsibilities,
museums have fallen victim to an evolving
cycle, leaving them open to criticism
and the inevitable sources of pressure:
claimants demand greater accountability
in the expenditure of public funds, while
comparing this with the quantity and qual-
ity of services provided.
In response to increasing tensions, a
growing number of museums are taking
some "remedial" action. A movement
towards "open storage" exhibition galleries
has attempted to make vast quantities of
collections physically accessible for public
viewing, while sacrificing information
transmission and museum-based contex-
tualisation through thematic concepts. A
process of redefining mandates accompa-
nied by systematic deaccessioning from
extant collections has attempted to convey feeling the pressure and are hastily devel- staff to authenticate or appraise heritage
greater clarity of purpose while curtailing oping policies and strategies to confront materials. While they should take a more
over-extension of capability, as well as the issues. active role in the retention of their own
allowing for greater collection rationalisa- The need for a balanced, yet functional, national or cultural patrimony, they will
tion and the allocation of more physical ethical approach has never been greater. need to consider the implications that
space for storage areas. A programme of Given the current climate, museums restricting the sale or export of cultural
bringing the public into its world by creat- which subscribe to the "finders-keepers" property has on illegal activity.
ing purposeful partnerships with commu- school of thought will face stiff opposition Charting an ethical approach through
nity groups has attempted to "demystify" not only from the claimants themselves, very rough, yet challenging, waters will
the museum and its processes and to pro- but also from more accommodating insti- not be easy, but museums will need to be
vide a mechanism whereby external voic- tutions, and in time, from funding agen- responsive to the winds of change if they
es can be heard. cies. "Political correctness" is "all the rage" are to survive intact. They should be
Evolving openness/inclusiveness prac- in many areas and museums are not proactive in finding solutions and in pre-
tices initiated by more and more muse- immune from its tide of effects. Museums senting themselves as fully integrated
ums, while meeting with good reviews will need to accept that they are not the members of a much larger community.
from some constituents, still have not sole owners or custodians of the past, that Ownership of heritage is the prerogative of
quelled the passion for "more" – more col- it will be necessary for them to come down all who claim an association; the museum
lecting on the part of the museum, and from their former esteemed Olympian is merely the steward. ■
more restitution on the part of the various heights, that they are entering an era of
claimants. The seemingly insatiable col- sharing, and that they will be compelled to
lecting appetite museums have, while born submit to legitimate contesting claims.
of one of their basic functions, is running Ethical parameters will need to pre-
headlong into the opposing forces of scribe that museum collecting activities
restraint and repatriation. Added to this is are conducted not only within the bound-
the strong position museums maintain in aries of local, national and international
respect of setting standards of authenticity law, but also with judicial sensitivity
and value, as the objects they acquire serve towards the rights of others. Decision-mak-
as indicators of what is desirable and to be ing as it concerns collecting will, by neces-
collected. In this way, museums play a crit- sity, need a long-term vision approach so
ical role in the economic dynamics of her- as not to perpetuate the type of legacy
itage objects by inadvertently contributing inherited by museums today. Standards of
to their ever increasing value and fostering conduct concerning the handling of objects
the worldwide demand for them. following collection, especially in the areas
The continuing confrontation involv- of access and interpretation, will need to be
ing national, public, and private interests, included, along with directives which
and the voracious international market- address the issue of requests for repatria-
place, places museums in an uneasy posi- tion.
tion. If they cease collecting, they are not Museums will need to take swifter
fulfilling one of their fundamental respon- action in condemning the plunder of
sibilities and they stop growing. On the archaeological sites and the losses of her-
other hand, if they press forward, they are itage through trade in illegally obtained
perceived as unwanted interlopers and objects. They will need to dissociate them-
"thieves" of cultural patrimony. This, in selves from activities which might be
turn, leads to claimant demands for perceived as problematic, such as selling
repatriation. Consequently, museums are aged objects in their gift shops, or allowing
Museology and cultural heritage policies
in China 13
Donghai Su Curator of the National Museum of Chinese Modern History, China
by the builders and, due to the concern of
the local authorities and common citizens,
Résumé a conservation area was soon marked out
A travers plusieurs étapes de développement en Chine, la muséologie a enfin trouvé on the construction site.
sa propre voie dans les années 1980. Quoique distinguée par des traits spécifiquement
chinois, elle fait partie de la muséologie mondiale qui fixe les règles essentielles à GUIDELINES FOR CULTURAL
partir du travail concret pratiqué de par le monde. Cet article met l'accent sur la HERITAGE PROTECTION WORK
protection du patrimoine en Chine et recense les dispositions prises par le
gouvernement chinois à cet égard, y compris les mesures financières et juridiques. Il The principle established by the
décrit l'orientation actuelle des travaux et le système hierarchisé qui soutient la Chinese government concerning cultural
protection du patrimoine culturel non seulement au niveau régional et à travers des heritage protection work is as follows:
organes directement liées au domaine de la culture, mais à l'échelle nationale et à "protection is the priority, hence rescue
travers plusieurs services différents. comes first". Such a principle is frequently
put to the test because large-scale con-
struction work being carried out through-
n China, museology has undergone the museums and some regional ones. The prob- out the country makes numerous cultural
I following historical development: after
assimilating the museological theory of
lem is that it is difficult, not to say impossi-
ble, for the state to fund nearly 2,000 muse-
objects suddenly appear which need to be
rescued and protected. The seriousness of
the West during the first half of the 20th ums at its own expense. In order to solve this cultural heritage destruction by natural
century and that of the Soviet Union in the problem, Chinese museums are taking the and human forces also dictates the prima-
1950s, it started developing its own path in path of combining state-run museums with ry importance given to protection and res-
the 1980s. Since then, Chinese museologi- museums run by different groups. Thus, cue work. An outstanding example of the
cal circles have been working hard on the from 1990 on, museums such as a Railway application by the government of cultural
standardisation of museums nationally Museum, a Textile Museum or a Coal heritage protection measures is the sub-
and on the establishment of a museology Museum were set up, by the trades con- merging zone of the Three Gorges Dam
with Chinese characteristics. Although cerned. Some museums are run by compa- construction area. Since the government
international museological circles have nies, others by schools and even by individ- attaches great importance to this issue
made remarkable achievements in terms uals. These types of museum are welcomed and to the major tasks involved, scientific
of constructing a general museology since and supported by the authorities at different protection and rescue excavations have
the 1970s, nevertheless, in order to endow levels. been planned and carried out by archaeo-
general museology with universal truth, it Museums constitute a reservoir of col- logical personnel recruited from all over
is necessary to derive common laws from lections of antiquities. Consequently, as the country. For the period 1991-95, more
the practices of particular countries. In more and more museums are founded, so than 5 billion yuans (over 600 million
recent years, a number of works on heritage protection becomes increasingly US$) were invested for the purpose.
Chinese museology and related topics important. The limited state funding is Nevertheless, owing to the limited capaci-
have been published, in the main focusing assigned mainly to the construction and ty of state funding, still quite a number of
on giving guidance for museum work on a improvement of storage space, to assure important cultural relics are on the wait-
daily basis and on how to develop muse- the security of the collected cultural ing list for protection.
ums, thus retaining a strongly practical objects. This is a task of primary impor-
national flavour.1 tance which constitutes one of the main KEY SPHERES OF PROTECTION
Chinese museums started opening up concerns of national heritage protection.
to the outside world particularly since Below, I will briefly present the current sit- The government has implemented a
1978, when China as a whole started out uation as regards cultural heritage protec- special protection policy for important
on the road to reform. After the significant tion in China and the policies adopted by immovable cultural heritage, such as
increase in world museums in the 1960s the government. relics, representative architecture, ancient
and 1970s, Chinese museums experienced tombs, etc. For these key spheres of pro-
a new upswing in the 1980s. From 1980 to LEGAL SITUATION tection, the government defines the extent
1985, one new museum appeared on aver- of the protection, erects signs, gathers data
age every 10 days in this country. The peak Cultural heritage protection in China and sets up protection organisations.
year was 1984, when a new museum was is currently being enshrined in law. The Due to limited state funding, the number
set up every 2.4 days! By the end of the Chinese Law on the Protection of Cultural of key spheres of protection is limited. In
1980s, there were over 1,000 museums in Relics, passed in 1982, represents a mile- 1996, the total number at national level
China. The rate of increase slowed down stone in the history of Chinese legal provi- was 750. The government has also includ-
in the 1990s, but dozens of new museums sion as regards heritage protection, ed on this protection list 62 famous histor-
still appeared every year during this providing a solid legal framework. ical-cultural cities and 89 sites of natural
decade and by the end of 1997, Chinese Information on heritage protection has beauty.
museums numbered in total 1,800. been widely circulated, thus raising the
In line with the growth in the national general level of awareness in both urban LEADERSHIP SYSTEM
economy and growing cultural demands, the and rural areas. For example, in 1997,
state's investments in museum construction during the redevelopment of a department In 1995, the Chinese government
and cultural heritage protection increased store in the very busy commercial centre established a leadership system which can
from year to year. At present, huge amounts of Wangfujing, Beijing, an archaeological be described as the "Five Combinations".
of money are invested in the modernisation, site from the new Stone Age was The system means that heritage protection
rebuilding and reorganisation of national unearthed. It was immediately protected work should be seen not merely as work
ICOFOM LAM
14
I990 - 2000
Nelly Decarolis
undertaken by the ministries directly Chief Curator, Bachelor of Museology, Buenos Aires, Argentina
concerned with culture, but also as work Chair of ICOFOM LAM
of general importance which should be
combined with the government's overall
leadership. Hence cultural heritage protec-
tion measures should be implemented in Résumé
the context of 1) the planning of urban or Conformément aux politiques de décentralisation du programme triennal 1989-1992
rural constructions; 2) the planning de l'ICOM, l'ICOFOM LAM a été inauguré en 1990 en tant que groupe régional de
of local socio-economic developments; l'ICOFOM pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Ce groupe a organisé des réunions
3) government budgeting strategies; 4) the dans toute la région et a entrepris un travail intensif afin de publier et de distribuer
structural reform of leading bodies; 5) the des documents de travail dans plusieurs langues. Les efforts soutenus des membres
responsibilities of the government's lead- ont créé une entité particulièrement dynamique et un modèle de regroupement
ing members. In Chinese, these are called, régional réussi, ce qui a été officiellement reconnu lors de la Conférence générale de
for short, the "Five Combinations"; they l'ICOM en 1998.
ensure that heritage protection is
embraced not solely by a ministry but by
the government as a whole. uring ICOM's 15th General Conf- From then on, the aim of ICOFOM
design and language, are reflections of the 3 Vieregg, Hildegard, "Dresdener Museen im 18.
Jahrhundert. Differenzierung und Typologisierung"
time or epoch in which they came into Sander, Wolfgang (ed.), Handbuch politis- in Museums-Pädagogisches Zentrum (ed.),
existence. In most cases they do not treat a cher Bildung. Praxis und Wissenschaft. Vorgeschichte der Museumspädagogik. Dargestellt an
der Museumsentwicklung in den Städten Berlin,
particular issue such as imprisonment, Reihe Politik und Bildung, vol. 11,
Dresden, München und Hamburg bis zum Beginn
persecution, terror tactics or murder, Schwalbach, 1997 der Weimarer Republik, Münster/Hamburg, 1991,
rather they have the more general aim of pp. 94-105.
keeping alive the memory of victims and Sherman, Daniel and Rogoff, Irit, Museum 4 Eberlein, Kurt, "Idee und Entstehung der deutschen
National-Museen" in Wallraf-Richartz-Jahrbuch, NF 1
persecuted groups. Another issue which Culture. Histories, Discourses, Spectacles, (1930), Cologne 1930, pp. 269-281; Burian, Peter, "Die
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foundered on this. unpublished manuscript, Brno, 1998,
Deutsche Museen, Munich, 1913.
pp. 11-18
6 Hoffmann, Detlef, "The German Art Museum and
To summarise, the following recom- the History of the Nation" in Sherman, Daniel J. and
mendations can be put forward with Vieregg, Hildegard, Vorgeschichte der Rogoff, Irit, Museum Culture. Histories, Discourses,
Spectacles, London, 1994, pp. 3-21.
respect to museums of contemporary his- Museumspädagogik. Dargestellt an der
tory, memorial sites and documentation Museumsentwicklung in den Städten 7 "Bericht der Sektion des Kultus und Unterrichts an
den König (Dez. 1809)" and "Zur Einrichtung eines
centres, namely that they should all be Berlin, Dresden, München und Hamburg Museums in Berlin" in Humboldt, Wilhelm von,
based on accurate research; should pro- bis zum Beginn der Weimarer Republik, Schriften zur Politik und zum Bildungswesen, vol. IV,
3rd edition, 1982, pp. 211-238 and pp. 245-246;
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Preußen, Berlin, 1981.
phies) as specific items which serve as Pädagogisches Zentrum/Akademie für
8 Longerich, Peter, "Zeitgeschichte - 6 Thesen zu
examples, give access to the past and link Lehrerfortbildung und Personalführung einem Begriff" in Die Woche Extra. Eine
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Politik und zum Bildungswesen, Stuttgart, in Dresden 1694-1763" in Dresden. Katalog, Leipzig,
1986.
1992
20
Museology as a profession
Peter van Mensch
Senior Lecturer,Theoretical Museology and Museum Ethics, Reinwardt Akademie,Amsterdam, the Netherlands Resolution 3 reflects a growing sup-
port for museology as a discipline which
should serve as theoretical frame of refe-
Résumé rence for the museum profession.
La muséologie est-elle une science? La pratique muséale, dans toute sa diversité, peut- Mention has already been made of the
elle se fonder sur la muséologie en tant que discipline théorique de base? L'expansion reluctance of museum workers to accept
des musées au cours des années 60 et 70 a créé une distinction entre d'une part les such a theoretical framework. This reluc-
conservateurs, plus concernés par la recherche menée dans leur spécialité, et d'autre tance is part of a vicious circle. Many
part les "muséographes" ou "muséologues". Alors que la muséologie est de plus en museum workers tend to identify with
plus intégrée dans des programmes de formation, elle fait toujours l'objet de one of the subject-matter disciplines
discussions sur sa définition même et sur ses principes conceptuels et because of the rather weak position of
méthodologiques. museology, while museology finds it diffi-
cult to strengthen its position because
museum workers are reluctant to identify
s museum work a profession? Is muse- tion hinges on where the work is done, themselves with it. This particularly
I ology a science? These two questions seem
to have haunted the museum field for quite
rather than on the nature of the work, but
mentions at the same time some clear cri-
concerns scholar-curators. Relatively few
curators of the larger institutions consider
a while. And, after half a century's discus- teria: specialised knowledge, pre-entry themselves part of the museum commu-
sion, the conclusion that museum work is, training, professional standards and social nity. They publish in research journals
or should be, a profession based upon muse- responsibility. specific to their disciplines, they attend
ology is considered by many as highly The emphasis on social responsibility discipline-specific conferences and they
provocative. is the expression of the modernisation interact primarily with colleagues in their
In his address to the American movement that shook up the museum own fields.
Association of Museums as newly elected world in the early 1970s. The principles of Resolution 3 does not, however,
President in 1985, R.R. Macdonald paid this "new museology" were set down in address the position of scholar-curators.
much attention to the question of profes- the resolutions of ICOM's 10th General It speaks of "museographical practice".
sional identity. "The museum profession Conference in 1974. "In addition to the tra- Whereas during the ICOM General
exists because, in the pattern of our natio- ditional and still essential functions of Conferences of 1965 (on training) and
nal experience, the value of the museum investigation, conservation and preserva- 1968 (on research) the term "museum
workers' contributions to society has cau- tion in the service of a heritage, conditions profession" was used, it exclusively refer-
sed society to demand competence in the in the modern world lead the museum red to the curator as university-trained
care and presentation of America's cultu- towards assuming new commitments and subject-matter specialist. The paradox is
ral and natural heritage. Just as this com- adopting new forms; (...) The transforma- that current professionalisation tenden-
mon wealth is grand and diverse, so too is tion of the museum, whether gradual or cies lead to further diversification of
the profession to which society has entrus- radical, must allow it to realise new activi- museum work. As a museum grows, the
ted it" (Macdonald 1985: p. 8). A similar ties and methods of action for the use of tasks associated with it become separate
view is expressed by Neil Cossons in his the collections where at the moment the and distinct. A rational analysis leads to
contribution to the conference "Museums contents and their conservation form one division of labour. The organisation of
2000". Considering care of the collections of the links between the past and the pre- the larger museums thus shows a compli-
to be the core of professional responsibili- sent; (...) It is imperative to bring up to cated subdivision based on functional
ty, Cossons explains that "if we can date a museology still subject to social and area as well as subject-matter specialisa-
demonstrate a renewed confidence in cultural situations belonging to the past" tion. Diamond describes this process as
those collections and an ability to do (Resolution 1). Interestingly, the General the branching-off of specialist support
things with them, in terms of looking after Conference resolutions also focus on the sections (Diamond in Thompson (ed.),
them on the one hand and using them in a necessity of a code of ethics (Resolution 2) 1984). The term "museography" started to
manner that means something to people and a new view on training: "Considering be used for these specialist support sec-
on the other, then we do really have an that it is necessary continually to develop tions.
opportunity, as a group of people and a the teaching of museology and to make During the 1960s and 1970s, expan-
"profession", to have a future" (Cossons in widely known its fundamental principles; ding museums hired ever-increasing
Boylan (ed.), 1992: p.126). noting however that certain existing trai- numbers of specialists (the "new profes-
The existence of a museum profession ning centres have a tendency to restrict sions"). Cossons shows that at present
is axiomatic to the International Council of their programmes to museographical there are, generally speaking, more cura-
Museums. During the 7th General techniques and to only one or another of tors in medium- to large-sized English
Conference in New York, in 1965, which the basic scientific disciplines; recom- museums than there were in the 1960s.
was entirely devoted to the training of mends that the museum training centres But, while in the early 1960s they repre-
museum personnel, the term "museum instruct their students (...) not only in one sented 80-90% of the professional staff,
profession" was already used abundantly. or another museographical practice, but they now make up 40% only, the remai-
In its present Statutes, ICOM defines the also in interdisciplinary museology, (...) ning 60% being the "new professionals"
museum profession as "all the personnel [including] some indication of the role of (Cossons in Boylan (ed.), 1992: p.140). The
of museums (...) having received a specia- museums in the service of society, in new specialist support sections are suppo-
lised technical or academic training or research and documentation and in the sed to make life simpler for the curator
possessing an equivalent practical expe- conservation and development of cultural by removing whole areas of activity from
rience, and respecting a fundamental code and natural heritage, education and cultu- his or her field of responsibility. At the
of professional ethics" (p.3). This defini- re" (Resolution 3). same time, however, this splitting-off
21
gives a certain autonomy to the tasks out what we were, what for, for what Bibliography
concerned, and the curator might expe- reasons ... we had to find a need for
rience this development as eroding the museology, to justify ourselves as specific Boylan, P. (ed.), Museums 2000, London,
comprehensiveness of his function. It professionals, among all the other diffe- 1992.
becomes then less clear what is the main rent specialists in the cultural field,
responsibility and the defining profile of against all the criticisms made by these Gluzinski, W., "1883-1983 Mezinarodni
the curator. "specialists", who would claim museology anketa [International inquiry]", Museolo-
It has been suggested that one could could not be a science but rather simply a gicke sesity, 9, 1983, pp. 25-31.
distinguish between these new professio- diversity of specific technical skills. And
nals and the scholar-curators as between they could well be right, we must admit, Horta, M., "Museology and museums: buil-
two kinds of museum worker. The new considering our academic training at the ding the road through walking", in V. Sofka
professionals could be referred to as university ... the feeling of a lack of theory, (ed.), Museology and museums. ICOFOM
"museographers" or "museologists". The of basic principles and of a philosophy for Study Series 13, Stockholm, 1987, pp. 151-
museologist is thus considered either as a museological studies has always been 159.
specialist in the field of collections mana- very clear to us. Today museologists are
gement and museum communication, recognised by law as a profession in Macdonald, R.R., "An agenda of opportuni-
or as a generalist involved in policy- Brazil, which has not yet happened in ty", Museum News, 64 (1), 1985, pp. 5-12.
making. most countries, as far as I know. A battle
Gluzinski pointed out a confusion in was won at the professional level. A battle Teather, L., "The museum keepers. The
terminology. Does the term museology is still to be fought at the conceptual level" Museum Association and the growth of
refer to a field of activity or to a science of (Horta 1987). museum professionalism", Museum
this field of activity? To Gluzinski museo- More than ten years later we have to Management and Curatorship, 9 (1), 1990,
logy is a science. Museum work is a prac- admit that the battle is still undecided. pp. 25-41
tical activity based on various disciplines However, significantly, the strongest sup-
(among which museology). "An analogy porters of museology as an academic dis- Thompson, J.M.A. (ed.), Manual of cura-
may be drawn here with the work of an cipline are found among those in charge of torship, London, 1984 ■
engineer who, while building machines, museum training programmes. Even
does not practice mechanics, but simply though the field functions as if there is
creates structures realizing the laws of none, there is a substantial cultural tradi-
mechanics" (Gluzinski 1983). Following tion of museum work (Teather 1990: p.25).
this reasoning, a museum worker is not a Museum training programmes have built
museologist. Nevertheless, Gluzinski upon these traditions. They serve as clea-
speaks of museologists as a group of ring houses for ideas and practices and
museum workers accomplishing tasks seedbeds for implementing unifying prin-
specifically linked to the museum, that is, ciples in museum work. In addition, the
museum workers who are not involved in majority of regular pre-entry training pro-
subject-matter research. grammes have implemented the 1974
The distinction between museologists ICOM General Conference Resolution
and curators presupposes a concept of mentioned above.
museology that makes it possible to dis- Is museum work a profession? Is
tinguish it from subject-matter disci- museology a science? These questions
plines. The lack of some sort of consensus may be unresolved. Much depends on
about the theory of museology and the one's perspective. But important are still
lack of any theoretically based museologi- the words of Hugues de Varine-Bohan, for-
cal methodology has as yet not favoured mer Secretary General of ICOM:
such a distinction. This is shown dramati- "Museums cannot make themselves res-
cally by Maria de Lourdes Horta who pected, and the museum profession cannot
graduated as a "pure" museologist: "We retain its dignity, unless those who are
were not historians or art historians wor- proud to be part of the latter agree to sub-
king in museums, nor anthropologists or mit, voluntarily and spontaneously, to
zoologists working in museums, nor principles which are scientifically and
archaeologists or palaeontologists in morally sound".
museum work. Pure "museologists". What
were we, this large group of very good
practitioners of some varied museum
technical skills learned at the university
and through daily practice; having as sub-
ject-matter for our discussions and pro-
fessional meetings an area of exploration
limited strictly by the walls of our institu-
tions and by the time taken by an object,
from its arrival on the museum's desk
until its arrangement in a storage shelf or
exhibition showcase? (...) We had to find
22
Muséologie et philosophie du changement
Tereza Scheiner
duquel l'humanité célèbre son existence et
Directrice de l'Ecole de muséologie, Université de Rio de Janeiro/UNIRIO, Rio de Janeiro, Brésil
Présidente, ICOFOM ses rapports avec l'univers.
En tant que phénomène, le Musée peut
Summary être vu comme pluriel, passionné, contra-
New paradigms in contemporary thought have led to an understanding of the world dictoire ; il peut être identifié par ses rela-
as plurality. New dimensions of time, space and matter have emerged, and all tions singulières avec le temps, l'espace, la
knowledge and experience are considered relative.These currents of thought have mémoire et les valeurs humaines, et par
generated new developments in the human sciences, and it is in this environment that sa capacité de représenter tous les
museology has been developing. Museology can be understood as the field of modèles culturels et tous les systèmes de
knowledge concerned with the study of the Museum, in all its relations to reality.The pensée. Et son existence peut être identi-
museum is a social representation, but one which up to now has been little studied. fiée à travers différents temps et différents
Far from being a static institution, it can be understood as a plural space which comes espaces, selon les modèles et les formes
in all shapes and sizes, representing all cultural models and systems of thought. que lui attribuent les différentes sociétés,
Mirroring the plural and contradictory identities of contemporary society, the selon leur évolution.
museum constantly creates and synthesises new meanings and values, and exceeds its La reconnaissance du caractère phé-
institutional base. Museology has correspondingly developed new models of the noménologique du Musée se réfère à la
museum, new dimensions to its discourses and new sets of questions and challenges. possibilité que possède chaque individu
ou société de percevoir le Musée à travers
sa propre vision du monde et son expé-
rience de vie, découlant des diverses rela-
ous vivons aujourd'hui dans une atmo- C'est dans ce nouvel environnement tions que chaque acteur ou groupe d'ac-
N sphère où la réalité et les identités sont
perçues de façon plurielle et fragmentaire,
que les humanités se développent : un
monde perçu dans la pluralité, et qui n'est
teurs établit avec le réel complexe. Le pre-
mier musée serait, ainsi, le corps humain
en état permanent de changement. Les plus réduit à des "modèles, des lois et des – siège de toute perception, sentiment et
représentations traditionnelles de la moder- essences" (Tavares d'Amaral) et où les comportement, étendu au corps social en
nité, telles que la société, la culture et la "universalités" philosophiques – nature, vertu du contrat social. Le monde, plus
nation ne sont plus considérées comme des homme, culture, réalité, vérité et le qu'un objet, est l'environnement naturel et
réalités matérialisées à l'intérieur d'espaces, concept de science lui-même – sont minés le champ de toutes les pensées et percep-
de personnes et d'objets, mais plutôt comme par l'acceptation de l'imprécis, où tout tions ; c'est ce qui donne du sens à l'expé-
des discours, perpétuellement recréés selon doxa ou dogme reconnu est maintenant rience. Plus qu'une représentation, le Musée
la façon dont chaque individu, groupe ou considéré comme relatif. Un monde en sera, donc, un créateur de sens : forme en
collectivité perçoit l'identité. Le concept évolution où la connaissance s'obtient par construction permanente, il transcende la
même d'individu a changé et se rapporte des moyens jamais reconnus auparavant, matérialité des objets pour créer des
actuellement à la perception d'un être mul- transcendant l'espace, le temps et la matiè- ensembles signifiants qui synthétisent les
tiple en interaction permanente avec tous re et traversant toutes les structures socio- pratiques, les valeurs et les sensations de
les aspects du réel: réel intérieur, réel exté- culturelles connues. Voilà le lieu à partir l'individu en tant qu'être biologique et
rieur (l'environnement "total"). Les nou- duquel nous parlons. Et voilà la place à social, particulièrement ceux qui se main-
velles technologies et les pratiques sociales partir de laquelle nous pensons la muséo- tiennent, d'une certaine façon, dans notre
surchargent le monde de nouvelles images logie, ce nouveau champ de connaissance mémoire affective, en façonnant ainsi ce
et de significations qui engendrent l'angoisse qui s'est développé de façon tellement sub- que nous appelons patrimoine.
et la perplexité et minent toutes les signifi- tile entre les "humanités".
cations de la modernité – fondées sur le Tous ces changements ont influencé
concept de la séparation entre l'ordre du Parmi les représentations sociales dans d'une façon spectaculaire les bases concep-
monde et la conscience humaine. Les para- la culture universelle, le Musée est une des tuelles et éthiques de la muséologie. Les
digmes modernes ont défini la société moins étudiées. Fils de l'Occident, il a tou- catégories conceptuelles en usage il y a dix
comme "morale" et fondée sur l'égalité, la jours été compris, dans la société occiden- ans – et qui ont servi de base à la classifi-
liberté et les droits de l'homme ; le com- tale, comme une institution permanente, cation des musées et au développement de
portement social a été identifié avec les consacrée à l'étude, à la conservation, à la codes spécifiques dans la muséologie – ont
idéaux démocratiques et avec les attentes documentation et à l'exposition de l'évi- dû être revues et diversifiées : de nou-
d'un avenir meilleur. De nouveaux para- dence matérielle de l'humanité et de l'envi- veaux concepts ont surgi, plus appropriés
digmes surgissent maintenant, s'adressant ronnement. Mais le développement de la aux nouvelles réalités. La nouvelle
à un nouvel ordre social défini par le pou- pensée au cours du XXe siècle a conduit au muséologie, paradigme des années 80,
voir du capital. La mondialisation peut surgissement de nouveaux paradigmes, cohabite maintenant avec de nouvelles
paraître une voie logique pour ceux qui, selon lesquels des concepts comme théories et de nouvelles pratiques, dont
ayant considéré la raison comme un ordre "Occident" et comme "sociétés occiden- quelques-unes ont été déjà légitimées en
extérieur à l'individu, ont imaginé un monde tales" n'existent pas – et le concept tradi- tant que lignes conceptuelles et méthodo-
unifié par les marchés. Mais la mondiali- tionnel de Musée a dû être revu. Une ana- logies du travail muséal. La muséologie
sation n'a certainement pas résolu les pro- lyse plus poussée de l'évolution de l'idée de est aujourd'hui définie comme le champ
blèmes du monde ; bien au contraire, elle a Musée met en évidence sa nature phénomé- de connaissance consacré à l'étude du
créé de nouvelles catégories marginales dans nologique et sa pluralité comme représenta- Musée et de ses relations avec le réel, ce
toutes les sociétés. Voilà le grand paradoxe tion sociale : le Musée de nos jours ne peut qui implique une synthèse entre la théorie
de la contemporanéité: il n'y a pas de solu- plus être considéré comme une institution, et la pratique. Et le Musée est saisi comme
tion "globale" possible dans un univers de mais plutôt comme un espace perceptuel, un un phénomène social, capable d'actions
multiplicités et de contradictions. espace/temps de révélation, par l'entremise non seulement dans la sphère de la pré-
23
servation de la culture, mais également constitution de nouvelles stratégies de la ses possibilités d'action dans une société
comme générateur de connaissances, connaissance. Mais il est nécessaire de mondialisée, où la "production de connais-
influençant, d'une façon positive, le déve- comprendre clairement quels sont les sances est dépassée par l'importance des
loppement social. Il constitue un phéno- liens établis dans chaque société entre la mouvements d'articulation" (Garcia
mène qui s'exprime d'une façon dyna- pratique muséale et les structures hégé- Canclini). Il y existe un besoin pressant de
mique et plurielle, soit en assumant la moniques. Car le Musée, en raison de sa développer la capacité de travailler la
forme traditionnelle du musée-bâtiment, forte expressivité et en tant qu'agent de muséologie en réseaux, non seulement en
avec ses collections, soit apparaissant sous communication, est facilement exploité renforçant les réseaux existants de débats
forme de jardins botaniques, de zoos, de par des acteurs qui mettent rarement en et d'action, mais également, et surtout, en
biodômes ou bien de musées de territoire, pratique ce qu'ils prêchent. développant des réseaux transdisciplinaires
sites archéologiques, musées de plein air, pour la réflexion et le débat théorique, où la
parcs naturels ou écomusées. De nou- En ce qui concerne les relations entre muséologie puisse être identifiée comme un
velles catégories conceptuelles (en cours la théorie et la pratique en muséologie, domaine logique et une discipline. Ce défi
d'étude) s'ajoutent à ces dernières : le l'analyse des pratiques muséales met en est, à mon avis, un des enjeux les plus
musée intérieur, le musée virtuel, le lumière une sérieuse contradiction : dans importants pour la muséologie comme
musée global. Un des enjeux de la muséo- certaines sociétés, il existe un "discours" champ de connaissance, pour consolider
logie pour le nouveau siècle sera très cer- (ou une théorie) muséologique en accord et légitimer son identité, en n'acceptant
tainement de se faire comprendre et avec les dernières tendances de la pensée, jamais qu'elle soit considérée comme une
accepter par les professionnels de musée mais lié à une pratique qui dans beaucoup simple pratique, ou comme théorie subor-
au-delà de ses bases institutionnelles; il de cas reste traditionnelle et très peu nova- donnée à des disciplines telles que l'histoi-
s'agit bien d'un phénomène en évolution et trice; dans d'autres cas, au contraire, cette re ou les sciences de l'information. Un
d'une expérience, dont l'identité est consti- pratique est extrêmement sophistiquée, du autre sujet qui mérite d'être analysé a trait
tuée par différents types de relations entre point de vue technologique, mais peut aux espaces de connaissance, traditionnel-
l'humanité, la culture et la nature. aller de paire avec un manque de dévelop- lement liés au monde académique, aux
Une vue d'ensemble du programme de pement de la théorie muséale. Les élites productives, aux agences hégémo-
discussions des agences internationales meilleures expériences sont, naturelle- niques, dans toutes les sociétés et en tous
directement ou indirectement liées aux ment, celles où nous trouvons que la pra- temps ; aujourd'hui, toutefois, les espaces
musées et à la muséologie indique claire- tique a été développée à partir de la théo- autorisés de connaissance sont boulever-
ment quels sont les thèmes majeurs dans rie muséale et qui témoignent d'un bel sés par l'énorme vitalité des réseaux de
l'univers muséal : éthique muséale, touris- équilibre entre l'esthétique et la syntaxe, communication. Dans ce contexte, il est
me, trafic illicite de biens culturels, déve- entre la philosophie, la science, la poli- essentiel d'abandonner la perception du
loppement urbain, nouvelles technologies, tique, les arts et la technique. Musée comme un espace autorisé de
l'impact des changements mondiaux sur Un autre défi pour l'avenir serait, donc, connaissances et d'informations, et de cher-
le comportement des populations, citoyen- d'identifier clairement les nouvelles dimen- cher à le comprendre comme une instance
neté et paix mondiale. Ce sont les thèmes sions et les limites éthiques du Musée et de relationnelle, où tout est en évolution.
familiers à l'ICOM et qui apparaissent éga- la muséologie. En tant qu'agent de change- Traditionnellement conçus comme des
lement dans les programmes d'autres ments sociaux, le Musée peut fonctionner instances de consécration d'identités, les
organisations liées à l'UNESCO ou dans comme un espace de créativité produisant musées doivent remplacer la vision uni-
d'autres agences vouées au développe- de la connaissance et du savoir-faire, mais fiée de l'identité, entérinée par les ethno-
ment de la culture, de l'environnement et cela doit être fait de façon ouverte et démo- graphies classiques, par l'acceptation de la
de l'homme : WWF (Fonds mondial pour cratique, avec la participation des groupes différence et, au moyen d'une narration
la nature), UICN (Union mondiale pour la sociaux les plus variés. Pour atteindre cet interculturelle, remplir leur rôle d'instan-
nature), FAO (Organisation des Nations objectif, il faut que chaque société compren- ce fondamentalement éthique pour la
Unies pour l'alimentation et l'agriculture), ne ce qu'est le Musée et soit capable de situer valorisation de l'humanité. Il est intéres-
OMS (Organisation mondiale de la santé). de façon très claire le rôle de ses musées à sant de signaler ici le rôle des profession-
L'ICOM a porté une attention toute parti- l'intérieur de ses systèmes de représentation, nels de musée: dans beaucoup de pays, ils
culière, au cours de ces dernières années, en identifiant leurs diverses possibilités sont traditionnellement classés parmi les
aux relations entre le Musée et des thèmes d'insertion dans le corps social. En tant intellectuels, dès qu'ils détiennent des
tels que la mondialisation, la diversité cul- que miroir des identités, les musées, connaissances spécifiques et dominent les
turelle, les sociétés aux prises avec des aujourd'hui, doivent aider les sociétés à se codes qui permettent l'accès aux pratiques
changements politiques et sociaux, les reconnaître elles-mêmes et à apprendre muséales. Le surgissement des réseaux
nouvelles technologies de l'information et comment représenter, dans la pluralité et virtuels a, d'une certaine façon, transformé
de la communication, la protection du la diversité, dans la multiplicité et la le processus d'acquisition et de diffusion
patrimoine mondial, le développement contradiction, leur véritable être. Cela peut de connaissances, et également l'accès à
durable et la participation sociale. être atteint par la valorisation d'initiatives certains codes d'informations pour les
Les liens entre la muséologie et les culturelles authentiques et spontanées, qui musées et à leur égard. L'hégémonie du
politiques mondiales de la culture et du représentent effectivement cette complexi- spécialiste peut être maintenant mise en
développement indiquent clairement le té, mais également en faisant des musées question, et le pouvoir du professionnel
grand potentiel de la muséologie en ce qui les représentations des multiples possibili- sur l'élaboration d'un "discours muséolo-
concerne la mobilisation et la transforma- tés de l'humanité – son éternel référent. gique", orienté vers le public, est de plus en
tion culturelles. Si elle est mise en pratique Dans sa dimension éthique, la muséo- plus relativisé. Les spécialistes de musée
de façon appropriée, la muséologie est fon- logie invite les sociétés à identifier les ne peuvent plus être considérés comme les
damentalement révolutionnaire : elle influences de la mondialisation culturelle détenteurs d'un savoir hégémonique, mais
concerne l'engendrement de la culture et la dans le Musée contemporain, et également ils doivent plutôt agir en médiateurs, en
24
"facilitateurs" des relations interactives Bibliographie
entre les différentes instances de représen-
tation sociale dans la sphère du musée. Atlan, H., Entre le cristal et la fumée: essai
sur l'organisation du vivant, Paris, le
Plus que jamais, l'existence d'une théo- Seuil, 1979
rie du Musée permettra aux spécialistes de
comprendre tous ces changements et l'en- Augé, M., Non-lieux. Introduction à une
vironnement dans lesquels ils se produi- anthropologie de la surmodernité, Paris, le
sent. La théorie du Musée peut constituer Seuil, 1992
une base solide pour l'action et des finalités
déterminées pour ceux qui mènent des Dreifuss, R.A., A Época das Perplexidades:
recherches et analysent le rôle et l'importan- mundialização, globalização, planetariza-
ce du Musée dans le monde contemporain. ção - novos desafios, 2ª ed., Petrópolis,
En raison du fait qu'elles jouent le rôle Vozes, 1997
d'importantes passerelles entre les musées
et les systèmes de pouvoir dans lesquels Garcia Canclini, N., Consumidores e
ceux-ci se développent, certaines sphères Cidadãos: conflitos multiculturais da glo-
d'interaction revêtent maintenant une balização, RJ, ed. UFRJ, 1995
importance toute particulière : local et glo-
bal; public et privé; individualité et diver- Guattari, F., Chaosmose, Paris, Galilée,
sité sociale et culturelle. A ce propos, la 1992
muséologie va aider les professionnels à
transformer le Musée en un agent de Hall, S., "The question of cultural identity"
transformation des mentalités, représen- in S. Hall, D. Held and T. McGrew,
tant les multiples réalités qui forment le Modernity and its Futures, Polity Press /
"puzzle social et culturel" contemporain; et Open University Press, 1992
en un agent qui renforce un discours fondé
non seulement sur la dialectique, mais Huyssen, Andrea. "Escapando da Amnésia:
aussi sur une profonde reconnaissance de o museu como cultura de massa", tr.
la différence, sur l'empathie et sur une Valéria Lamego, in Revista do IPHAN, 23,
véritable participation. 1994, pp. 35-57
Il s'agit là d'un défi particulièrement
Ianni, Octavio. A Era do Globalismo,
difficile à relever, parce qu'imprégné de
2ª ed., RJ, Civilização Brasileira, 1996
subtilités éthiques. Les professionnels de
musée doivent être prêts à construire un
ICOM/ICOFOM, ICOFOM Study Series,
meilleur équilibre entre les différentes
Preprints of the Annual Meeting of ICOM's
identités et possibilités du Musée contem-
International Committee for Museology,
porain. Ils sont appelés à soutenir les
31 vols., 1978-, vols. 1-19 ed. Vinoš Sofka,
changements et à analyser les diverses
vol. 20 and reprint ed. Martin Schärer
possibilités au moyen desquelles la théorie
et la pratique du Musée pourraient se
Lyotard, J.-F. L'Inhumain: causeries sur le
développer en utilisant les musées exis-
temps, Paris, Galilée, 1988
tants comme des agents de formation et
de transformation, qui permettent aux Moles, A., Les sciences de l'imprécis, Paris,
groupes sociaux de comprendre d'une le Seuil, 1995
façon plus large et plus complète leur
place dans le monde et leurs responsabili- Scheiner, T.C., "Apolo e Dioniso no Templo
tés envers l'humanité et l'environnement. das Musas", thèse de maîtrise présentée à
Lorsque c'est nécessaire, les profession- ECO/UFRio de Janeiro. Rio de Janeiro,
nels de musée doivent utiliser la muséolo- octobre 1998. 240 p
gie comme un outil pour transformer les
musées en foyers de résistance contre les Tavares D’Amaral, M. (org.), Contemporan-
côtés pervers de la mondialisation, en ren- eidade e Novas Tecnologias: comunicação e
forçant le respect envers la pluralité socia- sistemas de pensamento, Seminários de
le et culturelle, la liberté politique et philo- Pesquisa, IDEA/ECO/UFRJ, RJ, Sette Letras,
sophique et en essayant d'aider à instaurer 1996 ■
la paix dans le monde pour les individus,
les communautés et la société entière.