La réputation…
S
i je vous parle du “Baron
rouge”, nul doute que vous
allez me répondre de suite
triplan de chasse Fokker de la
même couleur. Une silhouette
inimitable et une réputation de
chasseur implacable. Seulement
voilà, nous vous invitons à dépas-
ser cette fameuse réputation pour
Attaque d’un site de missiles SAM aborder les faits. Surprise ! Certes,
par un “Skyhawk”. le Fokker Dr.1 n’était pas un fer
Composition de Daniel Bechennec. à repasser volant. Mais ce ne fut
pas, et de loin, le plus redoutable
chasseur du conflit. Il était effectivement maniable, mais incapable de rattraper un Spad
ou un SE.5. La plupart des victoires des pilotes allemands, et celles de Richthofen en
premier lieu, furent remportées contre une aviation britannique qui lança dans la bataille
des pilotes mal entraînés. De là à constater que cette réputation de bon chasseur fut
Espace Clichy, immeuble SIRIUS
9, allée Jean-Prouvé. 92587 CLICHY CEDEX
bien mal acquise, le pas n’est pas loin à franchir avec le Dr.1…
E-mail : FanaAviation@editions-lariviere.fr Je vous souhaite une bonne lecture ! Le Fana
PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SURVEILLANCE
Patrick Casasnovas
PRÉSIDENTE DU DIRECTOIRE
Stéphanie Casasnovas
DIRECTEUR GÉNÉRAL
Frédéric de Watrigant
DR
Le 22 février
Le 22 février dernier, à Duxford, Luftfahrt Beratungsdienst jusqu’en The Fighter Collection l’acheta à Chuck dernier à
près de Cambridge en Grande- 1975. L’année suivante, il fut offert par le Greenhill en 2008, et le WG655 arriva en mai Duxford, le
Bretagne, le Hawker “Sea Fury” gouvernement allemand à la Royal Navy, 2009 à Duxford. Il fut présenté en vol lors “Sea Fury”
T. Mk 20 matricule WG655 de The Fighter qui l’intégra à son Royal Navy Historic de Flying Legends 2009 par Steve Hinton, WG655 a fait
Collection a volé à nouveau après avoir été Flight (RNHF, unité commémorative) le puis fut ensuite rapidement arrêté de vol son premier
cloué au sol de trop nombreuses années. 29 juin 1976. Le 14 juillet 1990, le WG655 du fait de problèmes avec le moteur Bristol vol de contrôle
Il est désormais propulsé par un Pratt avait décollé de la base de Yeovilton pour “Centaurus”. Après avoir tenté pendant avec son
& Whitney R-2800 américain en lieu et aller effectuer une présentation en vol des années de résoudre le problème de la nouveau
place du Bristol “Centaurus” britannique au-dessus du Grand Prix de Formule 1 fiabilité de ce moteur, The Fighter Collection moteur
d’origine. The Fighter Collection avait de Silverstone, quand son moteur cassa. s’est finalement résolue à le remplacer américain, dont
acquis le biplace auprès du collectionneur Le pilote, le lt-cdr John Beattie, le posa par un moteur Pratt & Whitney R-2800 la présence
américain Chuck Greenhill en 2008, mais en catastrophe dans un pré ; le chasseur américain – comme l’a fait le collectionneur est trahie
ne l’avait fait que très peu voler, à cause heurta deux arbres dans la manœuvre et français Christophe Jaquard avec son par l’hélice
de problèmes de mise au point du moteur son fuselage fut brisé en trois morceaux. “Sea Fury” F-AZXJ il y a deux ans après quadripale en
Bristol “Centaurus”. John Beattie ne souffrit que de blessures que son moteur R-3350 (qui était alors le lieu et place de
Le WG655 est le 59e “Sea Fury” d’un légères mais son chef mécanicien, Eric “remplaçant” le plus usité du “Centaurus” l’hélice à cinq
lot de 60 construits pour la Royal Navy. Young, en place arrière, eut plusieurs côtes sur les “Sea Fury” de collection) a cassé lors pales accouplée
Entreposé dès sa livraison en octobre 1951, cassées et une épaule luxée. du vol en formation final de Flying Legends au Bristol
il fut affecté en mars 1954 sur la base de L’épave fut d’abord vendue au Néo- 2015. La remotorisation avec le Pratt & “Centaurus”
d’origine.
la Fleet Air Arm d’Eglinton. En décembre Zélandais Grant Beal, avant d’être rachetée Whitney R-2800, initiée par la société
1955, après seulement 18 mois de service, en 1993 par l’Américain Chuck Greenhill Sanders Aeronautics, a aujourd’hui les
il fut retiré du service et radié en décembre qui le restaura avec son chef mécanicien faveurs des collectionneurs.
1956. Racheté par Hawker l’année dans son hangar de Kenosha, dans le Le 13 mars, le WG65 – désormais
suivante, il fut remis à neuf et transformé Wisconsin. Après des milliers d’heures immatriculé G-CHFP – a effectué
en remorqueur de cible, puis vendu à de travail, le chasseur fut terminé et mis quatre nouveaux vols. On peut donc
l’Allemagne où il fut immatriculé D-CACU en vol par la société spécialisée Sanders raisonnablement espérer qu’il sera l’une
et recouvert d’une livrée entièrement rouge Aeronautics et, le 24 mai 2005, Brian des vedettes du prochain spectacle aérien
en août 1963. Il servit essentiellement Sanders fit à nouveau voler le WG655 à Flying Legends, qui se tiendra les 14 et
dans ce rôle pour le compte de la Deutsche Ione, en Californie. 15 juillet prochains à Duxford.
4
En bref
Un Américain fait restaurer six Le “Spitfire” Mk XVI SL721
OV-10 “Bronco” en état de vol volera désormais en Belgique
La collection canadienne Vintage Wings of Canada a vendu
L’Américain Mike Manclark et sa fondation Mangic ont annoncé son Supermarine “Spitfire” Mk XVIe matricule SL721 à un
au début de cette année avoir acheté six OV-10 “Bronco” au discret collectionneur belge. Le chasseur sera mis en œuvre
National Vietnam War Museum de Mineral Wells, au Texas, pour les par Frédéric Vormezeel et sa société Flying Aces Services
faire remettre en état de vol et ainsi honorer la mémoire des pilotes & Training (FAST) à Brasschaat.
américains qui risquèrent leur vie au Viêtnam, mais aussi lors de
Desert Storm en Irak ou plus récemment contre Daesh. Les avions ont
été transportés par convoi routier exceptionnel sur 2 000 km jusqu’à
Chino, près de Los Angeles, où ils seront restaurés.
Mike Manclark, entrepreneur à succès, est lui-même pilote. Il
a créé en 2012 la fondation Mangic pour soutenir des dizaines
d’organismes à but non lucratif qui portent assistance aux enfants,
aux vétérans des forces armées et aux pompiers et personnels de
premiers secours, ainsi qu’aux familles dans le besoin.
Ci-contre et
ci-dessous :
durant le mois de DR
février,
les six cellules Le Hawker “Hurricane” R4118
d’OV-10 “Bronco” a quitté Old Warden pour Duxford
acquises par
la fondation Le 7 mars, le Hawker “Hurricane” matricule R4118 propriété
Mangic ont du Britannique James Brown est arrivé par la route à Duxford
rejoint Chino, depuis Old Warden. À la fin du mois d’août dernier, nombre
près de de problèmes avaient été découverts sur le moteur, sur le
Los Angeles, sur moyeu d’hélice Rotol et sur le système de refroidissement
huit camions. du circuit d’huile. Le chasseur, basé à Old Warden depuis
DR
son acquisition en octobre 2015 auprès de Peter Vacher (qui
l’avait fait restaurer), sera réparé par l’Aircraft Restoration
Company (ARCo), à Duxford, qui en devient aussi l’exploitant.
DR
DR
DR
5
ACTUALITES
PAUL G. ALLEN
Une des
Le 4 mars dernier, l’Américain Lexington ramenées par le sous-marin d’identifier le F4F-3 comme celui que pilota épaves de
Paul G. Allen, le milliardaire du Petrel ont causé quelque émoi au le lt Noel A. M. Gayler qui termina sa carrière “Devastator”,
cofondateur de Microsoft avec sein de communauté des historiens de dans l’US Navy avec le grade d’amiral, seul remarquable-
Bill Gates, a annoncé via sa page Facebook l’aéronautique naval : on y voit un insigne pilote de la VF-3 pouvant se prévaloir du ment préser-
avoir découvert l’épave de l’USS Lexington, du “Felix le Chat combattant” à côté de palmarès affiché sous le rail de verrière du vée, qui gît non
le porte-avions de l’US Navy coulé le 8 mai quatre marques de victoires sur des avions F4F-3. Durant son service au sein de cette loin de l’épave
1942 durant la bataille de la mer de Corail. japonais, sous la glissière de la verrière unité, Gayler avait pris part à deux combats du Lexington.
Et il a aussi découvert, non loin d’elle, d’un F4F-3 “Wildcat”. À côté, sous les aériens. Il avait revendiqué un bombardier
celles de plusieurs avions : sept TBD-1 concrétions, apparaissent deux lettres abattu et deux victoires partagées le
“Devastator”, trois SBD-3 “Dauntless” et un du nom du pilote : GA et plus loin R. Ce 20 février 1942. Il avait également abattu un
F4F-3 “Wildcat”. qui a causé ce trouble est le fait que le avion le 10 mars 1942 lors d’une mission
Fort de plusieurs succès avec son navire Squadron (VF) 3 – dont l’insigne était le durant laquelle il avait également largué des
M/Y Octopus, Paul Allen a acquis et Felix le Chat – avait quitté le Lexington bien bombes. Bien souvent alors, un signe de
modernisé le R/V Petrel de 76 m avec un avant la bataille de la mer de Corail ; les 7 victoire “plein” était apposé quand il y avait
équipement sous-marin à la pointe de la et 8 mai 1942, la VF-3 était basée à terre, victoire partagée.
technologie, capable de plonger jusqu’à à Hawaii… Les historiens de l’US NAvy ont
6 000 m. Depuis son déploiement début apporté la réponse à ce petit mystère en
2017, le navire a participé à plusieurs se replongeant dans leurs archives. Avant
missions dans la mer des Philippines avant d’embarquer sur le Lexington le 15 avril
de gagner la mer de Corail au large des 1942, la VF-2 avait pris possession de
côtes australiennes. Les expéditions dirigées 19 des “Wildcat” de VF-3 qu’elle relevait
par Paul Allen ont permis la découverte et avait accueilli 12 pilotes transférés de
des épaves des USS Indianapolis (août la VF-3. Prise par le temps, la VF-2 avait
2017), USS Ward (novembre 2017), USS juste fait peindre sur les flancs des avions
Astoria (février 2015), du cuirassé japonais de nouveaux codes de fuselage, sans
Musashi (mars 2015) et du destroyer italien se préoccuper d’effacer les marquages
de la Deuxième Guerre mondiale Artigliere personnels. L’un des anciens avions de la
(mars 2017). Ses équipes ont également VF-3 reçut le code de fuselage F-5 et fut
récupéré la cloche du HMS Hood pour la affecté au lieutenant Albert O. Vorse Jr,
remettre à la Royal Navy en l’honneur de qui avait combattu avec la VF-3. C’est
son service héroïque. l’avion photographié par le submersible du
Quelques-unes des images des avions du Petrel. Partant de là, il ne fut pas compliqué
US NAVY
6
En bref
Le “Spitfire” Mk XVI TE392 volera
bientôt à nouveau, en Australie
La société australienne Fighter Pilot Adventure Flights a
annoncé début février qu’elle attendait la livraison imminente
depuis les États-Unis du Supermarine “Spitfire” Mk XVIe
matricule TE392 sur sa base d’Archerfield, près de Brisbane.
Le chasseur a été acquis auprès du Lone Star Flight Museum,
basé à Ellington Field près de Houston, au Texas, où il avait
été endommagé par l’inondation engendrée par l’ouragan Ike
le 13 septembre 2008. La société australienne Performance
Aero mettra la dernière main à la restauration qui dure depuis
PAUL G. ALLEN DR
Ci-dessus, deux
“Devastator” dix ans, et le chasseur devrait s’envoler à nouveau au mois
empilés l’un d’août. Fighter Pilot Adventure Flights exploite déjà pour
sur l’autre, non des vols à sensations un Yak-52, un Aero Vodochody L-39
loin de l’épave “Albatros”, un North American SNJ-5, un P-51D “Mustang”,
du Lexington. le Yak-3U SteadFast et un biplan Waco Classic YMF-5. Fighter
Pilot Adventure Flights annonce par ailleurs vouloir acquérir
un second “Spitfire”, cette fois un Tr.9 biplace, pour 2019.
Ci-contre
et au-dessus :
les marquages
visibles sur le
flanc de ce F4F-3
“Wildcat” ont
suscité quelques
interrogations
au sein de la
communauté des
historiens de l’US
Navy.
PAUL G. ALLEN
DR
7
ACTUALITES
Au revoir René !
ous avons l’immense Au milieu des années 1960, il S’ensuivait une courte réflexion à
FRÉDÉRIC MARSALY
10
LE COURRIER
11
A LIRE, A VOIR
Le “Spit” ! Le principe ici est bien Shakespeare un état très publication bien agréable à campagne de Russie en
de faire une synthèse, précis. Caractéristiques parcourir. Rôle de chacun, août 1942. Témoignages
de vulgariser auprès du des navires, appareils explication des figures des pilotes, tableaux des
grand public. Mission embarqués et organisation réalisées se croisent avec victoires et des pertes
réussie. Moustachus et des flottes sont présentés. clarté. Un bon compagnon forment un ensemble très
oisillons sauront trouver Un très bon guide pour à emmener dans les complet sur le sujet.
leur bonheur. Gageons mieux comprendre meetings ou s’illustre le
qu’en fermant ce livre le l’actualité et le jeu des Rafale “Solo Display” ! La jagdgeschwader 54
néophyte, séduit par cette grandes puissances. Les aigles au “cœur
histoire, voudra aller plus Rafale Solo Display vert” de la Luftwaffe
loin… Carrier Aviation in Alpha Experience T.1
the 21st Century. Par Laurent Casaert Par Philippe Saintes
Spitfire, la légende Aircraft Carriers and et Étienne Daumas Lela Presse
Tout a déjà été dit à Par Alain Pelletier their units in detail. EPA Éditions 303 pages, 49 €
propos du “Spitfire” Éditions ETAI Sous la direction 168 pages, 35 € ISBN 978-2-37468-004-0
serait-on tenté de 190 pages, 49 € de Thomas Newdick ISBN 9782851209719
dire. Les superlatifs se ISBN 979-10-283-0241-2 Harpia Éditions
bousculent dans une 252 pages, 36 € Hélico
sorte de surenchère qui ISBN 978-0-9973092-2-5 Cœur vert
finit par rendre confuse Porte-avions
l’histoire de ce chasseur
si particulier. Il était Rafale
temps de reprendre
calmement le dossier,
tête reposée. So, what’s
news “Spitfire” ? (quoi
de neuf docteur ?, dans
la langue de Molière).
Alain Pelletier se livre
ici à l’exercice. Vous
pensez tout savoir sur
le “Spit” ? Sans aucun Si vous fréquentez les
doute voila une bonne salons et les meetings Le photographe Benjamin
occasion de revenir sur depuis 2007, vous avez Les spécialistes Guindre propose une
petits détails et grandes C’est une question forcément gardé les yeux connaissent l’insigne plongée au sein du
histoires tant dans les récurrente que pose vers le ciel en assistant du cœur vert sur les 3e Régiment d’hélicoptère
domaines techniques chaque nouveau président à la démonstration du chasseurs de la Luftwaffe. de combat. Pilotes, mécanos
qu’opérationnels. des États-Unis quand il Rafale “Solo Display”, La jagdgeschwader 54 et tout le personnel qui
Les puristes auraient arrive au pouvoir : “Où magistrale présentation du fut une de ces unités qui permet de faire voler les
probablement demandé sont mes porte-avions ?”. chasseur. Derrière cette traversèrent tout le conflit, “Gazelles” sont à l’honneur.
ici et là des précisions, En ce début de XXIe siècle, appellation se cache une combattirent sur tous les
mais tout cela aurait il n’est plus le seul à équipe au service d’un fronts ou presque. Philippe La Nuit du loup
très certainement poser la question tant pilote chargé de tirer la Saintes suit jour après jour Par Benjamin Guindre,
produit un catalogue par ce type de bâtiment quintessence de l’avion. son histoire, ses combats, Chez Lumen & Verbum,
trop indigeste à force de prolifère sur les mers. En Tout ce petit monde est depuis la campagne de 237 pages, 48 €
vouloir tout dire. voici dans la langue de ici présenté dans une France en 1940 jusqu’à la ISBN 978-2-9551069-1-4
USAF
12
HISTOIRE
Des pilotes racontent
Les “Skyhawk”
israéliens
Première partie.
En 1964, Israël décida d’acquérir
de nouveaux avions de combat :
le gros de la commande se porta
sur les A-4 “Skyhawk” (“Ahit”).
Par Shlomo Aloni. Traduit de l’anglais par Xavier Méal.
VIA AISO
14
Le premier McDonnell Douglas
A-4H pour Israël vola le
27 octobre 1967, quelques jours
après que les États-Unis eurent
mis fin à l’embargo sur
les livraisons d’armes qui suivait
la guerre des Six-Jours.
15
“SKYHAWK” ISRAÉLIENS
“Mirage” IV, 50 à 60 appareils d’at- Israël l’opportunité d’acquérir un partie considérable de son ordre de
taque lourds et 100 à 120 d’attaque certain nombre d’avions de combat, bataille et surtout des bombardiers
moyens. Le futur avion d’attaque si cela ne lui est pas possible auprès et des missiles sol-sol ;
moyen de la force aérienne israé- de sources occidentales, alors auprès – l’amélioration des défenses
lienne devait être capable de me- des États-Unis.” antiaériennes, y compris l’introduc-
ner une mission offensive à basse Israël réévalua alors l’opportu- tion du missile SA-2, nous contraint
altitude contre une cible à environ nité d’acheter des “Super Mystère” à pénétrer et attaquer à basse alti-
450 km de sa base, en emportant une afin de prouver aux États-Unis tude afin de préserver l’effet de sur-
charge offensive de 1 000 kg, pour un qu’aucun avion de combat français prise et d’opérer sous le domaine de
prix affiché d’environ un million de ne satisfaisait aux exigences de sa vol des missiles.
dollars américains l’unité. force aérienne en tant qu’avion La solution à ces deux défis est
d’attaque moyen. Ainsi, aux termes d’augmenter l’inventaire et la charge
Faute de sources du mémorandum d’accord de car une longue portée nécessite
mars 1965, les États-Unis seraient plus de carburant au détriment des
occidentales contraints de vendre des avions bombes, et la basse altitude aug-
Ayant déjà opté pour des “Super d’attaque moyens à Israël. mente encore la consommation de
Mystère” issus des surplus comme carburant au détriment des bombes.
solution intérimaire pour répondre De moyen Par conséquent, nous avons
au besoin d’avions d’attaque conclu qu’à la lumière des réalités
moyens, la force aérienne israé-
à léger actuelles, il n’est plus viable de mettre
lienne rêvait du F-4 “Phantom” II La préférence profonde d’Israël l’accent sur la polyvalence, et il faut
comme futur avion d’attaque pour un avion d’attaque américain adapter à la mission l’avion le plus
lourd. Israël considérait les avions fut soulignée dans une note de com- approprié… La force aérienne israé-
américains comme supérieurs aux mandement de la force aérienne pu- lienne a donc besoin de deux types
français, principalement dans les bliée le 18 juillet 1965 : “Les forces d’avion d’attaque :
domaines de la propulsion et des Les pilotes aériennes et les défenses ennemies se – un avion d’attaque à longue
systèmes d’armes, avec une supé- israéliens à sont renforcées ces dernières années. portée (lourd) ;
riorité correspondante en portée, la Naval Air Ce développement présente deux dé- – un avion d’attaque à courte por-
charge et puissance de frappe. Station de Cecil fis pour la force aérienne israélienne : tée (léger).”
Field le 5 juillet
Les États-Unis étaient néan- – plus de cibles en général et plus Les trois types préférés d’avions
1967. Ils y
moins réticents à fournir des avions d’objectifs à plus long terme en parti- légers, par ordre de préférence,
furent formés
de combat à Israël et le fait que culier. La force aérienne égyptienne étaient le A-4 “Skyhawk” de 11 t,
au pilotage du
de tels avions soient achetés à la “Skyhawk”.
tend à baser sur ses arrières une le F-110 “Super Sabre” de 16 t et le
France convenait parfaitement à
la politique étrangère américaine.
Cependant, les États-Unis avaient
négocié la vente à la Jordanie de
F-104 “Starfighter” et, afin d’apai-
ser les objections israéliennes à
cette vente, le président américain
Lyndon Johnson envoya en Israël le
sous-secrétaire d’État américain aux
Affaires politiques, William Averell
Harriman, du 24 février au 2 mars
1965. Israël demanda à cette occa-
sion aux États-Unis de lui fournir
un avion d’attaque lourd, de pré-
férence le F-4 “Phantom” II, pour
contrebalancer la vente de F-104
“Starfighter” à la Jordanie. Il résulta
de cette série de discussions un mé-
morandum d’accord signé le 10 mars
1965 et stipulant : “Les États-Unis
sont en outre disposés à donner à
VIA AISO
16
F-5 “Freedom Fighter” de 9 t. Cette
note indiquait également qu’il n’exis- “ Les États-Unis sont tion de “Mirage” 5 “Raam” auprès
de la France était toujours de mise.
tait pas d’avion d’attaque européen
satisfaisant les exigences de la force prêts à vendre 24 A-4E L a volonté des États-Unis
d’approvisionner Israël en A-6
aérienne israélienne, ignorant de
fait le “Mirage” IIIE français de
13 à 14 t en service avec l’armée de
et à donner l’option d’en “Intruder” était en effet – selon
les propres mots d’Isaac Rabin le
24 janvier 1965 – “trop belle pour
l’Air depuis 1964, optimisé pour les
opérations à basse altitude, dispo-
acheter 24 autres ” être vraie”. En conséquence, le
secrétaire américain à la Défense
nible pour Israël et satisfaisant aux Robert McNamara transmit l’offre
exigences de sa force aérienne pour du rejet américain du plan Samuel A finale des États-Unis lors d’une réu-
un avion d’attaque léger/moyen. le 1er novembre 1965. Ezer Weizman nion avec le ministre israélien des
exposa sa vision du futur inventaire Affaires étrangères, Abba Eban,
Le plan Samuel A idéal de la force aérienne : 150 A-4 le 12 février 1966 : “Le secrétaire a
“Skyhawk”, 50 A-6 “Intruder” et 100 déclaré que, si Israël peut remplir
présenté à Washington “Mirage”. Le chef d’état-major des cette condition de base et d’autres,
L’étape suivante de cette saga fut forces armées, Isaac Rabin, considé- les États-Unis sont prêts à vendre
la présentation par le commandant rait également que le nombre de 100 à Israël 24 A-4E et à lui donner
de la force aérienne israélienne, Ezer “Skyhawk” était optimal, mais dou- l’option d’en acheter 24 supplémen-
Weizman, à Washington, le 12 oc- tait que ce plan soit réalisable ; il fut taires, maintenant ou plus tard…”
tobre 1965, du plan Samuel A. convenu de se laisser trois mois pour Israël fut à la fois profondément
Ce plan prévoyait l’acquisition voir si l’acquisition de “Skyhawk” déçu et très satisfait. La volonté des
discrète de 210 avions en deux prenait une tournure positive, faute États-Unis de fournir des avions de
phases. La phase A portait sur de quoi la force aérienne israélienne combat était une avancée majeure
120 appareils d’attaque légers et achèterait des “Mirage” 5 “Raam” et un accomplissement remarquable
30 d’attaque lourds. La phase B de 18 t – version plus lourde et sim- pour la diplomatie israélienne. Le
ajoutait 45 avions d’attaque légers plifiée du “Mirage” IIIE de 14 t A-4 “Skyhawk” proposé était l’appa-
et 15 d’attaque lourds. La force aé- – spécifiquement adaptés aux exi- reil d’attaque léger préféré de sa force
rienne israélienne voulait avant tout gences opérationnelles de la force aérienne, mais un avion d’attaque
– sans équivoque aucune – des A-4 aérienne israélienne. léger français comparable était faci-
“Skyhawk” et des F-4 “Phantom” II, Les États-Unis rejetèrent l’inten- lement disponible pour Israël, alors
l’A-6 “Intruder” constituant une tion d’Israël de baser la totalité de qu’il n’y avait aucun équivalent fran-
alternative acceptable. son de plan de modernisation de çais de l’A-6 “Intruder”. Comme
Israël demanda aux États-Unis sa force aérienne sur l’acquisition les États-Unis insistaient sur le fait
de remplacer la France comme prin- Les pilotes d’avions d’attaque américains, mais qu’Israël devait continuer à acheter
cipal fournisseur d’avions de combat israéliens à firent savoir qu’ils étaient prêts à des avions en Europe et que les be-
et reçut une réponse négative durant l’entraînement fournir 45 A-6 “Intruder” mais pas soins en avions de combat israéliens
les discussions du 13 octobre 1965. sur la Marine les 165 A-4 “Skyhawk” demandés étaient bien supérieurs en nombre
Les représentants américains réaf- Corps Air – conformément aux termes du mé- aux 48 “Skyhawk” proposés, Israël
firmèrent le point de vue américain Station de morandum d’accord du 10 mars 1965. décida d’acquérir deux types d’avions
exprimé le 10 mars 1965 : jusqu’à 24 Yuma le Le 24 janvier 1966, le comman- de combat : des A-4 “Skyhawk” et
avions seraient à fournir seulement 4 septembre dant en chef des forces armées israé- des “Mirage” 5 “Raam”. Et ne per-
après qu’Israël eut honnêtement re- 1967 ; Ohad liennes, Isaac Rabin, déclara qu’il dit pas de temps pour s’exécuter. Un
jeté les avions d’attaque européens Shadmi est à se satisferait de l’acquisition d’A-6 contrat préliminaire portant sur 30
droite, Yossi
alternatifs tels que “Super Vautour”, “Intruder” – acquisition qui, selon lui, “Mirage” 5 “Raam” – plus une option
Sarig à gauche
“Mirage” IIIE et “Mirage” IIIF2. dépassait les attentes les plus réalistes portant sur 18 exemplaires supplé-
avec, à ses
L’état-major des forces armées qu’il avait pu avoir. En ce qui concer- mentaires – fut signé le 14 mars 1966.
côtés, Haggai
israéliennes évalua les implications Ronen.
nait l’avion d’attaque léger, l’acquisi- Un contrat préliminaire pour 48 A-4
VIA AISO “Skyhawk” fut signé le 18 mars. Le
nom de code israélien pour ce contrat
encore classé et non encore publié
était “programme Rugby”.
17
“SKYHAWK” ISRAÉLIENS
VINCENT
DHORNE
Les quatre
premiers “Ahit”
arrivèrent à Haïfa
la nuit
du 29 décembre
1967.
VIA AISO
de fourniture de munitions dernier standard spécifié par les États-Unis mandant de l’Escadron 110 sur
cri, compatibles avec l’A-4H, y com- et sans les munitions demandées – “Vautour”, prendrait le commande-
pris de missiles AGM-12 “Bullpup” pour livraison à Israël à partir de ment de l’Escadron 102 avec Nissim
(air-sol) et AIM-9 “Sidewinder” septembre 1967. La valeur du contrat Ashkenazi, pilote de SMB 2 (“Super
(air-air), de bombes à fragmenta- était de 70 millions de dollars amé- Mystère”), en second. Les quatre
tion “Rockeye” et de bombes au ricains, dont 20 millions pour l’équi- pilotes étaient seniors et expérimen-
napalm. Les États-Unis acceptèrent pement et les munitions. tés. Ohad Shadmi était diplômé de la
néanmoins de modifier l’A-4H avec promotion 17 de mai 1955 de l’École
un parachute de freinage, d’aider au Transformation sur de pilotage de la force aérienne is-
remplacement des canons standard raélienne et avait volé sur “Mystère”
de 20 mm américains par les canons
“Ahit” aux États-Unis Les premiers pendant le conflit de Suez en 1956 ;
de 30 millimètres standard de la La force aérienne israélienne “Ahit” furent il était commandant de l’Esca-
force aérienne israélienne, et d’in- avait prévu de convertir sur “Ahit” livrés à Ramat dron 109 depuis avril 1964 et avait été
clure dans le contrat deux nacelles à partir de décembre 1967 son David. Ohad nommé pour diriger l’escadron basé
de ravitaillement air-air. Escadron 109 alors sur “Mystère” Shadmi, à Ramat David pour la transition
Alors que les négociations étaient et basé à Ramat David, et de former commandant de “Mystère” à “Skyhawk”. Yossi
encore en cours, les États-Unis an- une nouvelle unité sur “Ahit”, qui se- de Sarig était diplômé de la promotion
noncèrent la vente à Israël d’avions rait son Escadron 102, basé à Hatsor, l’Escadron 109, 19 de janvier 1956 de l’école de pilo-
tactiques le 20 mai 1966. La dure né- à partir d’avril 1968. Ohad Shadmi en pilota un tage et avait été pilote de “Meteor”
en compagnie
gociation se termina par la signature devait prendre le commandement de pendant la guerre de Suez. Il com-
de deux
du contrat “Ahit” le 2 juin 1966, qui l’Escadron 109 avec Haggai Ronen manda un escadron de “Vautour”
“Mystère” IV le
portait sur 48 A-4H “Skyhawk” – au en second. Yossi Sarig, ancien com- de juillet 1964 à juillet 1965 et était
1er janvier 1968.
VIA AISO chef de la Section de planification des
attaques de la branche Opérations
depuis 1965, date à laquelle il avait
été affecté pour mener la création
du nouvel escadron de “Skyhawk” à
Hatzor. Yossi Sarig se souvient : “Le
commandant de la force aérienne
israélienne, Ezer Weizman, m’a
invité à le rejoindre lors du Salon
du Bourget de 1965. Nous sommes
allés au chalet Breguet pour que nous
soit présenté le “Jaguar” (1). Notre
besoin opérationnel portait sur un
avion d’attaque capable d’un profil de
mission “bas-bas” de Ramat David
jusqu’à la zone du canal de Suez,
en emportant un certain nombre
de bombes. En examinant les gra-
18
A-4H “03” de l’Escadron 109. Le 12 mai 1970, le commandant de l’unité, Ezra “Babban” Dotan,
abattit deux MiG-17 syriens. Il fut le seul “Skyhawk” israélien ayant obtenu des victoires aériennes.
phiques qui nous ont été fournis, j’ai Artzi a été blessé dans un accident Shadmi et moi avions prévu de
conclu que le “Jaguar” ne remplissait de vol [le 26 janvier 1967] et Zur partir aux États-Unis le lendemain du
pas nos conditions. J’en ai fait part à Ben-Barak, également de Ramat Jour de l’Indépendance. Mon chef,
Ezer, qui m’a demandé si j’étais sûr David, a été désigné pour le rempla- Rafi Harlev, directeur des opérations
de moi. Oui, j’étais sûr. Il s’est levé, cer en tant qu’adjoint. Ben-Barak a du département Air, a organisé pour
interrompant brusquement la présen- participé à une formation de respon- moi un pot de départ et, pendant la
tation, et m’a ordonné de le suivre. sables de formation et a été tué dans fête, nous avons entendu que l’armée
Nous sommes sortis dans un un accident [le 31 janvier 1967]. On égyptienne marchait dans le Sinaï.
certain remue-ménage du chalet m’a alors dit qu’il n’y avait plus de Je me suis dit que dans ces circons-
Breguet et sommes allés au chalet personnel de Ramat David dispo- tances nous ne partirions pas aux
Douglas. Ezer a demandé que lui nible pour devenir mon adjoint et États-Unis, mais Rafi m’a rassuré, en
soit présenté le “Skyhawk”. La ré- Nissim Ashkenazi de Hatzor a été me disant qu’il ne se passerait rien.
ponse de Douglas a été : “Nous ne nommé. Mais Nissim a été victime Mais juste au cas où, je lui ai fait pro-
sommes pas prêts maintenant, mais d’un problème aux reins et a dû subir mettre que nous serions rappelés si
nous allons organiser une présen- une intervention chirurgicale. Arik quelque chose devait arriver.
tation ce soir à l’hôtel George V.” Ezuz a été alors désigné comme ad- Le Premier Nous avons quitté Israël pour
Le soir même, nous avons assisté joint et nous avons suivi ensemble ministre la Floride et avons voyagé jusqu’en
israélien Levi
à la présentation de Douglas. Nous tous les cours préparatoires avant de Californie pour visiter l’usine de
Eshkol accueille
étions trois : Ezer, le chef du dépar- partir pour les États-Unis. Mais fina- Douglas, voir la chaîne de produc-
les premiers
tement des matériels, Arie Hillel lement Nissim a récupéré à temps, tion et discuter des modifications.
“Skyhawk”
[responsable du service du matériel. et a pu faire la transformation sur livrés aux
La situation au Moyen-Orient était
NDLR] et moi. Je me suis plongé “Skyhawk” aux États-Unis. Israéliens.
tendue et nous appelions chaque V
dans les graphiques et j’ai vite réa- VIA AISO
VIA AISO
20
L’Escadron 102
perçut ses
premiers “Ahit”
en juin 1968.
Ici “Ahit” 22
ravitaille en vol
“Ahit” 51.
Le “Skyhawk”
fut le premier
chasseur israélien
capable d’être
ravitaillé par un
autre.
Corps effectuaient régulièrement des déjà tous de l’expérience en matière dant au compte-gouttes. Faute
rotations vers Yuma pour s’entraîner de chasseur à réaction avec postcom- de supports triples et multiples
aux armes. La communauté locale et bustion, alors nous avons pu “secrè- externes, les quatre premiers
la presse accueillaient chaque unité tement” essayer l’appareil. Comme “Skyhawk” furent autorisés à
et tous les pilotes, mais notre mission déjà dit, rien ne pouvait être gardé emporter trois bombes de 500 kg
était très secrète. Chut… chut… Et secret à Yuma et quelques jours plus et deux bombes de 250 kg directe-
lors de notre première soirée en tard, la presse locale a rapporté notre ment fixés sur les cinq points d’em-
ville, tous les panneaux lumineux vol ; nous avons donc été les premiers port. Cela représentait déjà une
affichaient “Bienvenue à la VA-44, pilotes israéliens à piloter le F-4. grosse amélioration par rapport
bienvenue au pilote Yossi Sarig” et Dans l’ensemble, le stage de au “Mystère” qui n’emportait que
ainsi de suite… ! transformation sur “Skyhawk” a été deux bombes de 250 kg, mais on
Nous commencions à voler tôt le une expérience enrichissante. Nous était encore loin des configurations
matin, à cause de la chaleur. Toucher étions des pilotes chevronnés, avec d’emport qui permettaient jusqu’à
l’avion à mains nues après 11 h 00 de nombreuses heures de vol et de 20 bombes sous un seul avion.
était impossible, tellement la tôle était nombreuses missions à notre actif, Le deuxième lot d’“Ahit” arriva
brûlante. Très vite nous avons acquis mais voler aux États-Unis nous a le 11 avril 1968. À ce moment-là,
une très bonne réputation. Chaque exposés à des savoir-faire différents, l’Escadron 109 comptait sept pilotes
mission avait son créneau horaire en particulier le ravitaillement en vol issus du stage de transformation sur
sur la zone de tir qu’il fallait quitter et les opérations à longue distance.” “Ahit” n° 1 tandis que neuf autres
à l’heure. Un jour, nous avons traîné L’A-4H fit son premier vol le suivaient le stage n° 2.
un peu et le contrôle au sol nous a 27 octobre 1967 et les quatre pre-
exhortés à dégager la zone car une miers “Ahit” arrivèrent dans le port Un second escadron
autre formation était en route. Le d’Haïfa dans la nuit du 29 au 30 dé-
leader de cette formation a immédia- cembre 1967. Le Premier ministre
sur “Ahit”
tement dit : “Pas de problème, il se dit israélien, Levy Eshkol, les inspecta L e débarquement d’une car-
que ces gars-là sont des champions ; à Haïfa le samedi 30 décembre 1967, gaison de trois “Skyhawk” dans
nous voulons les voir en action.” puis ils furent transportés jusqu’à le port d’Ashdod en juin 1968 per-
Ainsi nous avons attaqué et ils nous Ramat David dans la nuit du 30 au mit la création de l’Escadron 102
ont regardés à plus haute altitude. 31 décembre 1967. sur la base voisine d’Hatzor. Yossi
Pendant notre séjour à Yuma, L e premier vol d’un “Ahit” Sarig reçut une lettre de nomina-
nous sommes devenus amis avec les de l’Escadron 109 fut accompli le tion à la fonction de commandant
aviateurs d’un escadron de F-4 des 1er janvier 1968 par Ohad Shadmi, de cet escadron en date du 28 dé-
Marines. Un soir, nous avons de- aux commandes de l“Ahit” 03, flan- cembre 1967 ; il se souvient : “Nous
mandé à leur commandant de faire qué d’Haggai Ronen et Zvika Hess sommes rentrés des États-Unis et
un tour dans leurs avions. Ils ont dans des “Mystère” ; le trio survola Shadmi savait où aller, lui : dans
été un peu surpris mais ont accepté les bases aériennes israéliennes. son escadron de “Mystère” à Ramat
le défi. Tôt le lendemain matin, à La première mission eut lieu le David. Je me suis présenté au com-
3 heures, nous nous sommes retrou- 15 février 1968 : les quatre premiers mandant de l’Escadre d’Hatzor,
vés pour un briefing, et avons décollé pilotes et les quatre premiers “Ahit” Beni Peled. Nous nous connais-
à l’aube, pour rester discrets, en attaquèrent une cible en Jordanie. sions. Nous nous sommes installés
places arrières des F-4. Nous avions Les équipements arrivaient cepen- dans son bureau, et Beni m’a dit :
V
21
“SKYHAWK” ISRAÉLIENS
VIA AISO
Ohad Shadmi,
“Yossi, bienvenue à l’Escadre 4. Tu commandant jour-là, nous avons enlevé la pro- Fin 1968, 42 “Skyhawk” avaient
es une personne expérimentée, je ne de tection dont il était couvert, avons été livrés à Israël. Les supports
serais donc pas d’une grande aide l’Escadron 109, chargé des bombes et signalé dans triples et multiples externes arri-
et de toute façon je suis sur le point aux la foulée au quartier général de la vèrent enfin et l’Escadron 109 ef-
de partir. Sur le parking, dehors, tu commandes force aérienne que nous étions opé- fectua la première mission avec ces
trouveras ton pick-up. Ta secrétaire du “Ahit” 09, rationnels. Ils ne pouvaient pas le équipements le 2 décembre 1968
t’attend sur le siège passager. Elle l’un des quatre croire. Ils ont dit : “Comment est-ce – des frappes contre des cibles pales-
a déjà sa machine à écrire sur ses premiers A-4H possible ? L’avion vient juste d’arri- tiniennes en Jordanie.
genoux. Va voir Furman [Giora livrés. ver !” Nous les avons donc invités à Les livraisons de “Skyhawk”
Furman, commandant d’escadron venir voir par eux-mêmes, ce qu’ils se poursuivirent avec l’arrivée de
de l’Escadre d’Hatsor. NDLR], il ont fait et ils ont conclu : “OK, vous 46 exemplaires en Israël en 1969.
t’assignera un bureau et commen- êtes opérationnels.” Un troisième escadron d’“Ahit”
cera à activer l’escadron.” C’est fut créé à Tel Nof. Les trois pre-
ainsi que nous avons créé l’esca- Quatre types miers “Skyhawk” de l’Escadron 115
dron. Nous sommes partis de rien, furent débarqués à Ashdod en mars
littéralement de zéro.
de missions principales 1969. La première frappe de l’Esca-
Il n’y avait que moi, Nissim Les opérations antiterroristes dron 115 fut effectuée le 23 avril
[Ashkenazi], l’officier technique étaient les plus courantes durant 1969 ; la cible était une station radar
et son équipe de base. Nissim était cette période, car les terroristes en Jordanie et les pilotes étaient le
responsable de l’aménagement du palestiniens prenaient fermement commandant du 115 Eliezer Prigat
bâtiment. J’ai rejoint le responsable pied en Jordanie, d’où des attaques et son adjoint Ehud Shelach.
technique et son équipe, et ensemble contre Israël avaient été lancées. Entre-temps, le face-à-face avec
nous avons organisé les préparatifs Les “Ahit” participèrent aux quatre l’Égypte tourna à la guerre de posi-
pour l’arrivée des avions. Nous types de missions principales de la tion à grande échelle : la guerre d’At-
devions réceptionner les deux pre- campagne de “police aérienne” : trition. La participation initiale de la
mières “hangarettes blindées amé- – bombardement des infrastruc- force aérienne israélienne à la guerre
ricaines”, un nouveau type de han- tures terroristes palestiniennes en d’Attrition fut limitée car les deux
garette conçu selon les besoins de la Jordanie ; camps utilisaient surtout l’artillerie,
force aérienne israélienne. – missions Cricket : attaque des les tireurs d’élite et les opérations
J’étais impatient et nous avons groupes terroristes palestiniens sur spéciales. Israël dénombra 127 bles-
dû arrondir bien des angles. Chaque alerte rapide, quand ils tentaient de sés et 50 morts de mars à juin 1969 et
fois qu’un lot d’équipements pour franchir la frontière jordanienne ; craignait que l’Égypte ne considère
nos “Skyhawk” arrivait au dépôt - missions Crab : reconnaissance ce qu’elle pouvait considérer comme
logistique de la force aérienne, visuelle le long de la frontière jorda- un succès comme le tremplin pour
notre équipe technique y allait et nienne israélienne ; une offensive à plus grande échelle
ramenait le tout jusqu’à Hatzor. - missions Grove : reconnais- dans le but d’envahir la rive Est du
Là, nous vérifiions ce que contenait sance aérienne en force au-dessus canal de Suez. Les attaques égyp-
l’envoi, gardions la moitié et resti- de la Jordanie. tiennes se poursuivirent en juillet
tuions l’autre moitié au dépôt pour Les débuts opérationnels de 1969. Israël estima qu’une escalade
l’Escadron 109. De cette façon, nous l’Escadron 102 eurent lieu le 4 août massive était inévitable pour contre-
avions tout l’équipement de manu- 1968 lorsque des camps de ter- carrer les présupposés plans égyp-
tention au sol nécessaire le jour où roristes palestiniens en Jordanie tiens d’offensive sur le canal. Q
notre premier avion est arrivé. Ce furent bombardés. À suivre
22
HISTOIRE
Vue du
prototype Fokker
V4 à la fin du
mois de juin
1917 à Schwerin.
L’appareil ne
porte pas de
mâts d’aile et
la forme de ses
ailerons sur
l’aile supérieure,
non compensés,
imposent
d’importants
efforts au pilote.
DR/COLL C. CONY
25
LE FOKKER DR.I
V
Anthony
Fokker est aux
commandes du
premier appareil
de présérie livré
au front, à la JG I
de Markebeke
(Belgique). Il
en explique le
fonctionnement au
gen. Von Lossberg,
appuyé sur le
cockpit. Derrière
lui, le chef de la
JG I, Manfred von
Richthofen.
DR/COLL. GREG VANWYNGARDEN
27
LE FOKKER DR.I
V
Vue du Fokker
F.I 102/17 de
présérie, à
bord duquel
von Richthofen
remporte
la première
victoire aérienne
du triplan le
1er septembre
1917.
Premier Fokker
Dr.I de série
utilisé au combat
par Manfred
von Richthofen,
le n° 152/17 est
partiellement
peint en rouge
sur la queue, le
capot-moteur, les
mâts, les roues et
l’aile supérieure.
Il obtient ses 64e
et 65e victoires à
son bord les 12
et 13 mars 1918.
29
LE FOKKER DR.I
30
Décollage du
Dr.I 208/17 de
la Jasta 14,
une escadrille
indépendante
non amalgamée
dans une des
trois escadres
de chasse, et qui
reçoit quelques
triplans au mois
de janvier 1918.
Elle est basée
à Phalempin
près de Lille,
sur le front
britannique,
durant toute
l’année 1918.
DR/COLL. GREG VANWYNGARDEN
des as allemands partant en mission Richthofen comme “son seul compé- prend à une patrouille de biplaces
sur son appareil. titeur”. C’est un pilote virtuose pour FE2b dont un est immédiatement
Manfred von Richthofen re- un caractère impétueux, pour ne pas transformé en torche par son tir.
çoit ce jour l’honneur de la visite dire une vraie teigne : dans le passé, Puis le 10 septembre, il obtient un
de l’Empereur d’Allemagne en il n’a pas hésité à dénoncer son an- “triplé” : deux “Camel” à quelques
personne à son escadre. Il bénéfi- cien chef d’escadrille à l’état-major minutes d’intervalle, et un Spad
cie ensuite le 6 septembre d’une car il le jugeait trop mou ! Le triplan français à 18 h 15 lors d’une seconde
longue permission qu’il passe dans est un appareil qui correspond à son mission. Il s’agissait du Spad VII
sa famille pour y finir la rédaction style agressif et il multiplie les sorties (n° 1746) de la SPA 31 piloté par le
de ses mémoires qu’il a reçu l’ordre à son bord, décorant son capot-mo- sergent Jules Tiberghien, qui tombe
de rédiger pour soutenir le moral teur d’un visage de théâtre Nô japo- au nord-est de Drie-Grachten en
de l’arrière. Il profite de ce séjour nais, probable souvenir d’un cerf-vo- Belgique. Les circonstances du
pour visiter Berlin où il demande lant de son enfance dans la ville de combat n’étant pas connues, on ne
l’accélération de la production des Krefeld où les manufactures textiles peut expliquer comment ce pilote
Fokker Dr.I, revenant au front le avaient des relations commerciales expérimenté (breveté en novembre
23 octobre 1917. avec le Japon. Dès le 3 septembre, 1916, affecté à la SPA 31 en avril
Durant son absence, son Fokker il abat un Sopwith “Camel”, puis le 1917 où il avait remporté une vic-
F.I 102/17 est testé par plusieurs 5 un Sopwith “Pup” et un Caudron toire probable) pilotant un appareil
autres pilotes. Le F.I 103/17 est de G.4 français tombent sous ses coups aux performances supérieures s’est
son côté utilisé avec succès par le à moins de deux heures d’intervalle. fait abattre par le Fokker triplan,
lt Werner Voss. Le jeune pilote Le 6 septembre, à la tête de cinq sinon supposer qu’il a tenté de
âgé d’à peine 20 ans est décrit par Albatros de son escadrille, il s’en l’affronter en combat tournoyant.
V
DR/COLL. GREG VANWYNGARDEN
Touché par la
DCA, le Dr.I
n° 144/17 du
lt Stapenhorst
(Jasta 11, JG I)
est contraint de
se poser dans
les lignes alliées
le 13 janvier
1918, où il est
capturé intact et
sera envoyé en
Angleterre pour
évaluations.
LE FOKKER DR.I
Au combat seul
contre six
C’est une dure nouvelle pour tout
le JG I mais le pire est à venir. Le
23 septembre 1917, Voss revient de
permission, assez fatigué et nerveux
selon les dires de plusieurs témoins.
S’envolant sur son F.I 102/17 le matin,
il abat un Airco DH.4 britannique (sa
40e victoire) mais revient avec plu-
sieurs impacts de balles du mitrail-
leur arrière de sa proie dans les plans.
Profitant de l’absence de Richthofen,
il signe sa victoire en effectuant un
looping au-dessus de son terrain…
Il repart l’après-midi pour son der-
nier vol. Escorté de deux équipiers
volant sur Pfalz D.III, il commet
Alignement des l’imprudence de les distancer avec
Fokker Dr.I de la sa vitesse supérieure et va avoir la
Jasta 26 (JG III) malchance durant sa patrouille de
sur le terrain se retrouver coiffé par une patrouille
de Halluin-Est de six appareils du Sqn 56 équipé de
au mois de SE5a. Le chef de patrouille, le cap-
mai 1918. tain James Mc Cudden, est de plus
La JG III fait alors loin d’être un manchot, puisqu’il va
face à l’aviation devenir le deuxième as britannique
britannique. de la guerre avec 49 victoires homo-
V
33
LE FOKKER DR.I
loguées “détruites”, récipiendaire de disent tous les triplans de vol et éta- Steinhauser, pilote débutant de la
la Victoria Cross avant sa mort acci- blissent une commission d’enquête, Jasta 11, descend un ballon britan-
dentelle le 9 juillet 1918. Voss est seul laquelle découvre que la cause des nique près d’Heudicourt. Mais lors
contre six et fait face courageuse- accidents est une faiblesse des points de la même mission, un de ses équi-
ment ; touchant pratiquement tous d’attache des ailerons, mais aussi une piers, le lt Eberhart Stapenhörst,
ses assaillants de plusieurs balles très mauvaise qualité des matériaux est touché par la DCA et doit poser
grâce à l’excellente maniabilité de utilisés et de graves défauts de fabri- son triplan dans les lignes britan-
son chasseur. Mais, contrairement à cation – d’ailleurs propres à l’usine niques où il est capturé intact ; il est
ce qu’ont pu écrire certains auteurs Fokker, ce qui valut à cette société examiné sous toutes les coutures
britanniques, s’il reste dans le com- d’avoir été expulsée du marché des par les autorités britanniques. Le
bat, c’est qu’il ne peut s’en échapper chasseurs en 1916. 2e Bureau français avait noté dès le
car les SE5a montent aussi bien que Les triplans sont tous rappelés en mois de décembre qu’“un nouveau
le triplan et sont plus rapides que lui usine où ils reçoivent une aile supé- triplan serait actuellement mis en
en vol horizontal comme en piqué. rieure renforcée. Les pilotes appré- essais et qu’il aurait des qualités de
Après une dizaine de minutes de cient malgré tout cette nouvelle montée remarquables”. Apprenant
lutte, l’as allemand est abattu d’une monture et ne font aucune difficulté peu après que “le triplan Fokker de
rafale tirée à bout portant par le à abandonner leurs Albatros D.V ou chasse présenterait des grands dan-
lieutenant Arthur Rhys-Davids, qui Pfalz D.III. L’hiver est mis à profit gers de pilotage et qu’il serait interdit
n’a pas encore fêté son 20e anniver- pour rééquiper les unités ; le nou- de voler sur cet avion”. L’épreuve du
saire, et qui remporte la sixième de veau chasseur est alors clairement feu avec la chasse française n’inter-
ses huit victoires homologuées avant livré aux unités d’élite, celles amal- viendra qu’au mois de mars.
de tomber lui-même au combat le gamées dans une escadre de chasse :
mois suivant. la JG I de Richthofen composée des Les aviateurs allemands
Jasta 4, 6, 10 et 11 (la Jasta 10 n’en
Les triplans renforcés recevra pas) ; la JG II (Jasta 12,13,15
face à la chasse française
et 19) et la JG III (Jasta 2 Boelcke, La fin de l’hiver est mise à profit
puis livrés à l’élite 26, 27 et 36). Sur les quelque 69 par l’armée allemande pour prépa-
Richthofen revient à son escadre autres Jasta indépendantes, seules rer au printemps une série d’offen-
le 23 octobre 1917 et retrouve ses les 5, 14 et 18 en recevront quelques- sives, profitant de la sortie du conflit
pilotes au moral sérieusement at- uns – la plupart des unités précitées de la Russie pour ramener du front
teint par la perte de Voss et Wolff, disposant toujours d’Albatros D.V de l’Est des troupes permettant d’at-
les deuxième et quatrième meilleurs ou de Pfalz D.III en complément de taquer en supériorité numérique. Il
pilotes de chasse allemands du mo- dotation, généralement confiés aux convient de prendre de vitesse les
ment. Mais le n° 3 ne va pas tarder à pilotes débutants. Alliés qui ne tarderont pas à dis-
les rejoindre… Les premiers Fokker Le premier succès des Fokker poser du renfort des troupes amé-
Dr.I de série sont livrés au front et le Dr.I “de série” ne survient que le ricaines, encore à l’instruction au
chef de la Jasta 15 (JG II), le lt Erich 13 janvier 1918 quand le lt Werner début de l’année 1918.
Gontermann (39 victoires dont 17
ballons et neuf avions français), re- Autre unité de la
çoit le Dr.I 115/17 dont il écrit qu’il y JG III, la Jasta 27
place de grands espoirs mais dit vou- est dirigée par
le lt Hermann
loir tester avec une certaine circons-
Göring que
pection. Le 30 octobre 1917, il essaie
l’on voit aux
sa machine en faisant des acrobaties
commandes
au-dessus du terrain de La Neuville : de son Dr.I
les témoins voient l’aile supérieure se n° 206/17.
tordre, l’aileron droit se détacher et la
toile s’arracher de l’aile, conduisant à
l’accident et à la mort du pilote.
Le même jour, Manfred von
Richthofen, volant sur le Dr.I
n° 114/17, voit son moteur le lâcher
en vol et doit se poser d’urgence tan-
dis que son propre frère Lothar est
victime de la même mésaventure :
DR/COLL. GREG VANWYNGARDEN
un défaut supplémentaire à mettre DR/COLL. GREG VANWYNGARDEN
V
de Léchelle.
35
LE FOKKER DR.I
37
CE JOUR-LÀ… 6 avril 1938
Premier vol du Bell XP-39
L’“Airacobra”
n’est plus
un chasseur !
Les profondes modifications nécessaires
et l’embonpoint qui en résulta firent oublier
à l’avion ses ambitions de chasseur. Par Alain Pelletier
l y a 80 ans presque jour pour d’un passage à Wright Field. L’ayant
Corp.
BELL USAF
38
Du 13 juillet au 2 août 1939,
le XP-39 fut installé dans la
veine de la grande soufflerie
du Langley Memorial
Laboratory pour y subir une
série d’essais avec différentes
géométries d’entrée d’air pour
le turbocompresseur.
39
BELL XP-39 “AIRACOBRA”
BELL
James Taylor
de l’USAAC (United States Army pilota le XP-39 nombre de modifications telles que vola à nouveau à partir du le 25 no-
Air Corps). À nouveau, l’indica- pour son l’installation d’un moteur V1710-39 vembre 1939. Sa manœuvrabilité à
teur de température d’huile fit des premier vol le de 1 090 ch, l’implantation d’une basse altitude s’était sensiblement
siennes et obligea Taylor à écourter 6 avril 1938. entrée d’air pour le carburateur sur améliorée, mais cela s’était fait au
le vol. Il fallut alors aux techniciens le dos du fuselage. L’envergure fut détriment d’autres critères de per-
une bonne quinzaine de jours pour réduite à 10,37 m tandis que la lon- formance. Désormais, le XP-39B ne
identifier et régler définitivement ce gueur passait à 9,07 m, et une ver- volait plus qu’à 603 km/h à 4 500 m
fâcheux problème, si bien que l’avion rière sensiblement moins haute fut d’altitude et montait péniblement à
ne put revoler que le 14 avril, ajou- installée. À l’issue de ces remanie- 6 100 m en 7 minutes et 30 secondes.
tant quelque 47 minutes à son car- ments, le beau chasseur de Woods Son avenir était scellé. Quand bien
net de vol. Il était évident que le sys- prit de l’embonpoint et afficha dé- même il brillerait dans les opéra-
tème d’huile était défectueux, et les sormais une masse à vide de quelque tions à basse altitude, il ne serait
différentes entrées d’air qui furent 2 289 kg. Les modifications furent plus un chasseur.
essayées ne firent rien à l’affaire. De si profondes qu’elles justifièrent Le prototype allait poursuivre
plus longs travaux s’avéraient néces- un changement de désignation. Ce discrètement ses essais. Il allait être
saires. Il allait falloir notamment fut sous l’appellation XP-39B qu’il victime de deux accidents à l’atter-
faire migrer le radiateur d’huile et rissage ; le second, à Wright Field
l’échangeur du fuselage vers l’aile le 6 août 1940, marqua la fi n de la
droite. En dépit de ces irritants (1) Avec 12 897 exemplaires, carrière du tout premier des 12 897
l”“Airacobra” se place au 16e rang des
problèmes, le XP-39 se comportait avions les plus construits, entre le C-47 Airacobra qui furent construits par
admirablement et laissait entrevoir (13 140 ex.) et le B-17 (12 731 ex.) la suite. (1) Q
un avenir prometteur. Au cours
de cette première série d’essais, Le P-39
dépourvu d’armement, il parvint “Airacobra”
à monter à 6 100 m en 5 minutes et nécessita de
nombreuses
atteignit la vitesse de 628 km/h. Bien
modifications
qu’intéressante, cette performance
avant d’être
était inférieure à celle que Bell avait
versé aux unités
annoncée, à savoir 644 km/h. de première
À l’issue d’une soixantaine de ligne.
vols, l’avion fut installé, du 13 juil-
let au 2 août 1939, dans la veine de
la grande soufflerie du Langley
Memorial Laboratory pour y subir
une série d’essais avec différentes
géométries d’entrée d’air pour le
turbocompresseur… qui fut finale-
ment supprimé.
Le prototype fut alors renvoyé à
Buffalo pour bénéficier d’un certain
BELL
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Po
L’avion mythique de la 1ère Guerre Mondiale construit par Anthony Fokker.
Le plus connu fut celui du Baron Rouge, Manfred von Richthofen.
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EN KIOSQUE
ACTUELLEMENT
TÉMOIGNAGES
CEV
Deuxième partie.
Deux prototypes rejoignent
le premier aux essais en vol.
Voici venu le moment de les
présenter lors des salons.
Témoignages d’André Cornué, Bernard Dubreuil,
Guy Mitaux-Maurouard et Alain Rabion,
recueillis par Alexis Rocher.
47
“MIRAGE” 2000 - VERS LES LIMITES…
48
Patrouille des
deux premiers
“Mirage” 2000.
DASSAULT
impression. Elle était à ses yeux la Le domaine est alors ouvert Les limitations imposées par
plus importante. Les commentaires jusqu’à Mach 2 [750 nœuds, notre jeunesse (moins de 50 vols)
techniques, c’était pour après.” 1 389 km/ h, la vitesse du son dépend n’étaient pas trop contraignantes
de l’altitude], en excitant la structure sauf l’interdiction de la boucle
Des élevons métalliques par les élevons (vol 31). complète. Néanmoins Guy Mitaux-
Une deuxième évaluation est Maurouard parvient à organiser un
65 kg plus lourds conduite par le CEV au cours de extraordinaire enchaînement dans
Bernard Dubreuil : “Après les laquelle le cdt Maurice Rougevin- lequel la manœuvrabilité et les quali-
quatre vols effectués par le cdt Alain Baville du CEAM [centre d’expé- tés de vol sont démontrées magistra-
Rabion, le CEV fit un rapport “élo- riences aériennes militaires] prend lement, en particulier par une demi-
gieux”. en main l’avion au titre de l’armée boucle au décollage et un passage en
À partir du vol 18 (21 juin), des de l’Air (vol 34, le 11 juillet) ; ses basse vitesse à 100 nœuds [185 km/h] Le “Mirage”
élevons métalliques ont remplacé commentaires sont à la hauteur de très impressionnant ! 2000 exposé
les élevons du “Mirage” 2000 02 – nos attentes ! Le convoyage à Farnborough est entre deux
celui-ci en avait bien besoin car son Au vol 38 (23 août) le “Mirage” réalisé par Guy Mitaux-Maurouard séances de
premier vol approchait ! 2000 01 reçoit un jeu d’élevons neufs le 31 août (vol 47).” voltige au
Cette configuration provisoire en fibre de carbone dont les gammes Salon de
entraîna des essais au sol supplé- de fabrication et de contrôle sont Le clou du spectacle Farnborough,
mentaires car ce jeu d’élevons pesait peaufinées ; ceci efface les gros soucis en Grande
65 kg de plus ! Il fallut donc ajuster du premier vol !
à Farnborough Bretagne.
l’ensemble des filtres de structure qui Les cornemuses du Salon de F in août 1978, le Salon de C’était la
première fois
protègent les CDVE et, accessoire- Farnborough qui s’approche peuvent Farnborough s’ouvrit en Grande-
que le chasseur
ment, retoucher le lest de la pointe sonner, nous sommes prêts et Guy Bretagne. C’était alors, avec
français était
avant afi n de retrouver le centrage Mitaux-Maurouard attaque l’entraî- Le Bourget les années impaires,
présenté au
de 52,5 %. nement avec cinq vols (42 à 46) !
V
ROBIN A WALKER
49
“MIRAGE” 2000 - VERS LES LIMITES…
DASSAULT AVIATION
Le “Mirage”
tique mondiale. Pour la première moteur. Cela s’est fait à basse vitesse 2000 02 lors de l’avion… Nous avons fait un vol
fois le “Mirage” 2000 fut exposé au [120 nœuds - 222 km/h] ; nous avons des essais par jour pendant toute la durée du
grand public. pu ainsi démontrer que le “Mirage” d’intégration Salon, ça s’est très bien passé.”
Guy Mitaux-Maurouard : “Jean 2000, très cabré, restait parfaitement du missile air- Bernard Dubreuil : “Un vol de
Coureau m’avait demandé de présen- pilotable dans ces conditions. air “Super” 530. démonstration par jour soit six vols
ter l’avion. Il m’a dit très gentiment : Nous étions un peu inquiets car Il porte au total sans véritable problème !
“Maintenant il vaut mieux que ce un seul moteur tournait alors très l’insigne de Que du bonheur ! Le retour à Istres
soit un plus jeune que moi qui fasse bien, les autres avaient des petits la SPA 93 s’est fait le 6 septembre au cours du
ça.”. Donc je suis arrivé au Salon le soucis. Les débuts du M53 ont été sous le poste vol 56, le jour même de la dernière
31 août, aux commandes du 2000 01, assez laborieux, il a eu pas mal de de pilotage, présentation. D’autres tâches nous
après une semaine d’entraînement à diffi cultés techniques au début de unité dans attendaient”.
Istres. La revue Flight m’a demandé sa carrière. Jusque-là il avait volé laquelle volait
de faire une photo en vol au-dessus sur une Caravelle et le “Mirage” F1, Guy Mitaux- Le grand chantier
du Salon car pour le journaliste mais la Snecma n’avait pas encore Maurouard
le “Mirage” 2000 était “The star tout bien maîtrisé et, avec le 2000, avant du prototype 01
of the show” [le clou du spectacle. nous avons eu des ennuis. Parfois le d’intégrer Le 18 septembre, le prototype
NDLR]. Il faut dire qu’il n’y avait moteur “toussait” à la suite d’un dé- Dassault. 02 rejoignit le 01 aux essais en vol
pas de grande nouveauté (1). Dans crochage momentané du compres- Les prototypes et fit son premier vol piloté par Guy
une météo typiquement anglaise, seur. Heureusement cela ne s’est pas arboraient ainsi Mitaux-Maurouard.
les insignes de
c’est-à-dire plafond bas et crachin, il produit pendant le Salon. J’ai été Bernard Dubreuil : “La défini-
leur pilote.
a pris une photo à partir d’un petit bi- présenté à René Ravaud, le PDg de tion du 2000 02 est très proche de
la Snecma. Il m’a dit : “Ah c’est vous celle du 01 ; sa vocation initiale est la
(1) Le président Américain Carter ayant
le pilote du “Mirage” 2000 ? Je vous mise au point des CDVE, alors que
limité drastiquement la présentation de trouve bien téméraire !” Personne le premier est chargé d’évaluer les
matériels militaires, le F-16 était absent. n’a su s’il parlait de son moteur ou performances.
50
– la poussée du moteur restituée 22 novembre, lors du vol n° 19, j’ai
par les paramètres mesurés en vol est réarmé un peu trop vite, sans avoir
normale ; parfaitement trimé l’avion, et comme
– la traînée est donc excessive… cela s’est produit après un passage
Les analyses menées, dès les pre- du système en configuration très
mières accélérations supersoniques, dégradée (dite “ultime secours”), le
par la DGT (Direction générale tech- système n’a pas aimé du tout et dix
nique, Jean-Jacques Samin directeur fois de suite les élevons se sont mis
technique et Pierre Bohn directeur à battre sur les deux butées, plein
des études avancées) permirent de piqué à plein cabré, à la cadence
mettre en lumière la cause de ce d’un hertz ; l’avion a subi -9 g et +6 g,
déchet : les entrées d’air avaient un j’étais évidemment très secoué, inca-
bon rendement mais, trop écartées pable d’agir. Bernard Dubreuil m’a
de l’axe de l’avion, leur traînée était dit tout de suite de lâcher le manche,
excessive ! Un gros chantier de mo- ce que j’avais déjà fait, pensant à un
dification fut défini ; il consistait “à pompage piloté [PIO : pilot induced
amincir” le fuselage entre le cadre 8 oscillations]. Cela se produit quand
et le cadre 20 ! Il fut réalisé à Cazaux un pilote s’excite sur le manche en
par l’équipe de Jacques Lemaçon voulant contrer des oscillations
après un complément d’évaluation qu’il ne fait qu’amplifier. J’ai eu de
des performances par le CEV au la chance que l’essai ait démarré à
cours duquel le colonel Guillou du 10 000 pieds [3 048 m] parce que la
Bureau des programmes militaires trajectoire de l’avion était descen-
(BPM) prit l’avion en mains (vol 67, dante et nous nous sommes retrouvés
26 septembre). Ce chantier du fuse- à 5 000 pieds [1 524 m]. Ça s’est arrêté
lage se déroula entre octobre 1978 car l’avion a beaucoup ralenti, pas-
et avril 1979, avant le vol 74. Les sant environ de 400 à 250 nœuds [740
modifications conduisant à de gros à 463 km/h]. J’étais bien content que
travaux de structure et de réaména- ça s’arrête car je ne pouvais rien faire.
gement, on en profita pour modifier Mon casque tapait sur la verrière,
la flèche de la dérive et les Karman de ce qui s’entendait en salle d’écoute.
voilure (3) qui furent prolongés pour Ce jour-là j’ai compris l’origine de
permettre l’installation d’éléments l’expression “en voir 36 chandelles” :
du système de contre-mesure prévu les yeux pleins de points lumineux
en série. La flèche initiale de la dérive pendant plusieurs minutes.
ne plaisait pas à Monsieur Marcel J’ai le souvenir de M. Cabrière
Dassault qui la redessina lui-même ; me disant le lendemain dans son
cette modification “esthétique” ferait bureau à Saint-Cloud : “Tu sais
partie de la définition de série. chez nous les ordinateurs c’est bien,
Ce chantier, réalisé sous la houlette mais on en rajoute toujours un peu,
de Christian Decaix de la Direction et c’est grâce à ça que ton avion n’a
générale technique, nécessita un pas cassé.”
travail colossal 24 heures sur 24 !” En fait il n’était même pas dé-
Le prototype 01 étant en chantier de formé, les vols ont pu reprendre cinq
le 2000 02, nous faisions des pannes La suppression de celui-ci a été déci-
volontaires des commandes de vol.
Ça consistait à injecter des tas de (2) Une virole, ressemblant à une
Le 02 fait, bien sûr, son premier pannes avec un boîtier spécifique. roue de vélo, était fixée dans le canal
décollage avec des CDVE en mode On injectait une panne et on voyait le d’entrée d’air juste devant le plan
normal. comportement de l’avion. Après on d’entrée du moteur. Chaque rayon
comportait de nombreux petits tubes
Très vite l’identification des per- réarmait en configuration normale. Pitot transmettant autant de mesures
formances sur le 01 confirme un as- Il y avait des dizaines et des dizaines locales de la pression totale dans le plan
sez gros déchet en supersonique : le de points à faire. Beaucoup de d’entrée du moteur. Toutes ces mesures
temps d’accélération à Mach 2 n’est pannes ne se traduisaient par aucun nommées “peignage” étaient pondérées
puis une moyenne était établie pour
pas celui attendu. L’exploitation effet, d’autres allumaient un voyant. obtenir la pression totale avec laquelle
fine des multiples mesures a été Certaines avaient des effets plus le compresseur du moteur commençait
conduite par les ingénieurs du bu- significatifs. Les ingénieurs, et no- son travail.
reau de calculs : tamment P. L. Mathé, le concepteur (3) Carénage aérodynamique
sur la zone de jonction aile-fuselage
– le rendement des entrées d’air, principal des CDVE, m’avaient bien qui se prolonge vers l’arrière.
obtenu grâce à un “peignage” (2) dit : “Surtout avant de réarmer le sys- (4) Annule l’effort sur le manche
du plan d’entrée du compresseur tème pour le passer en configuration en vol stabilisé grâce à un petit bouton
moteur, est conforme aux prévisions ; normale, il faut trimer l’avion (4). Le sur celui-ci.
51
“MIRAGE” 2000 - VERS LES LIMITES…
dée par Jean Cabrière ; il sera rem- est le fameux M53-5 n° 514 ! [le seul
placé par un ultime secours électrique de cette version alors disponible.
à partir du vol 25 du 02 et, à partir NDLR], la météo parfaite, l’espace
du vol 74 du 01, cette évolution rend aérien d’essais désert (c’est l’avantage
les commandes de vol des “Mirage” des vols du samedi !). L’ambiance est
2000 entièrement électriques !” bonne, chacun est sûr de travailler
L’année 1979 était une année sur le meilleur avion du monde. Jean
avec Salon du Bourget. Le “Mirage” Coureau (Delta 1) annonce 0,6 g
2000 02 poursuivit la mise au point d’accélération au lâcher des freins et
des commandes de vol et entreprit dit : “Les gars, ça ne va pas traîner !”.
l’emport des charges extérieures. Le L’accélération à Mach 2, 750 nœuds
01 sortit de chantier en avril ; il allait [1 389 km/h], est assez brillante car
bien sûr être consacré aux mesures de la température du jour à 33 000 pieds
performances ; le 03 serait consacré [10 058 m] est très froide (-64,5 °C).
à l’intégration du système d’armes. En arrivant vers 50 000 pieds
[15 240 m] à Mach 1,4, Delta 1
Le malaise signale d’une voix angoissée :
“Putain d’oxygène !” La télémesure
de Jean Coureau me permet de contrôler rapidement
Le vol n° 68 du “Mirage” 2000 02 la pression cabine et le fonctionne-
fut très particulier. ment du blinker [indicateur] qui suit
B ernard Dubreuil : “Ce vol le rythme respiratoire du pilote : ils
effectué le matin du samedi 7 avril sont normaux. Je décide néanmoins
1979 est un vol de contrôle préparant de traiter la situation comme une
l’arrivée de la première évaluation véritable panne d’oxygène, il faut
étrangère, une mission australienne, dans ce cas descendre le plus vite
attendue le lundi 9 avril… possible en dessous de 20 000 pieds
L’avion est au meilleur de sa [6 096 m] et maintenir le pilote
forme, les réglages des commandes conscient en lui parlant en perma-
de vol ont été peaufinés, le moteur nence. Je suis largement aidé dans
V
DASSAULT AVIATION
52
Le “Mirage”
2000 03 rejoignit
les deux
précédents
prototypes aux
essais le 29 avril
1979. Le canard
de la SPA 93 est
désormais sur la
dérive.
faire une copie chinoise !” Ce moteur unique, qui ont été nécessaires dont 236 vols Caravelle
a valu au metteur au point Snecma (M. Izera) (soit 600 heures), 438 vols F1E (soit 480 heures)
de passer, à la veille d’une évaluation, une nuit de 1976 à 1981, et enfin 850 vols pour le 2000-01
blanche, couché sous l’avion, pour étancher un de mars 1981 à juin 1988, pour satisfaire avec le
début de fuite d’huile sur la bride du régulateur. M53 l’objectif qui était : aucune restriction moteur
C’est près de 12 années d’essais en vol moteur dans tout le domaine de vol de l’avion.”
Le Snecma M53
dans son atelier
d’assemblage
à Istres.
Plusieurs versions
du réacteur
se succédèrent
sur les
“Mirage” 2000.
SAFRAN
53
“MIRAGE” 2000 - VERS LES LIMITES…
54
Essais de tir
canon au sol
avec le “Mirage”
2000 01 à Cazaux
à la fin de 1979.
L’avion était
décoré avec le
Diable rouge de
la SPA 160, unité
de Jean Coureau.
chargé que l’avion lisse. Ceci quel “Mirage” 2000. Une belle perfor- de 30 mm. Les rafales génèrent des
que soit le niveau de carburant res- mance que de réussir à présenter ces vibrations importantes qui ne doivent
tant et dans tout le domaine envi- trois “protos” seulement 15 mois pas troubler le fonctionnement de
sagé : 600 nœuds [1 111 km/h] soit après le premier vol du 01… tous les équipements, en particulier
Mach 0,95 à 30 000 pieds [9 140 m] ! les CDVE. Après les traditionnels tirs
Ensuite l’ouverture du domaine Le baptême du feu à la butte (tirs au sol avec l’avion sur
d’emport des quatre missiles air-air vérins ou sur ses roues) au cours du
(deux “Super” 530 et deux “Magic”)
du 2000 01 vol 142 le 12 décembre 79, cinq passes
a été entreprise. L’année 1979 s’est terminée avec de tir à la cadence de 1 200 coups/mi-
Les trois “protos” ont participé le “baptême du feu” du 2000 01. Il est nute ont été réalisées sans véritable
au Salon du Bourget 1979 : retourné en vol à Cazaux. Cette fois problème, sauf une panne d’accélé- Guy Mitaux-
– le 01 présenté en vol avec quatre c’était pour la bonne cause : il devait romètre des CDVE sans lien direct Maurouard
pilota le
missiles air-air par Michel Porta ; faire, sur cette base spécialisée dans avec le tir des canons… Le domaine
2000 02 lors
– le 02 lisse, présenté par Guy les essais d’armement, les premiers complet de tir aux canons a été ouvert
du Salon
Mitaux-Maurouard ; tirs canons. Le 2000 emporte en in- en janvier 1980.” Q
du Bourget
– le 03 en exposition statique du terne deux canons 554 tirant 250 obus À suivre
de 1979.
55
HISTOIRE
56
Groupes Guyenne et Tunisie
Les Français
sur “Halifax”
Troisième partie.
André Hautot, à l’époque
sergent-mitrailleur au Squadron 346,
a bien voulu nous confier ses souvenirs
de ses missions sur “Halifax”. Par David Méchin
ourriez-vous nous par- il y avait un réseau de résistance
57
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
“duVu“Halifax”,
la taille et le poids
Italiens, dont beaucoup étaient ori- et au petit baiser du coin… et ça n’a
ginaires de Tunisie. pas été plus loin ! C’est plus tard,
Après la libération, les Anglais après avoir passé les diplômes, que
ont vérifié mes dires et m’ont libéré.
Ils m’ont demandé ce que je voulais
on s’est ça s’est amélioré.
À Filey, les équipages se sont for-
faire, et j’ai dit que je voulais m’enga-
ger dans l’armée de l’Air. Ils m’ont
demandé si on allait més avec une grande rapidité. J’étais
le plus jeune, tous les autres avaient
alors envoyé à Alger. J’ai signé un
engagement mais, compte tenu de pouvoir le faire décoller ” entre 20 et 30 ans, le plus vieux devait
en avoir 37. J’étais avec des aviateurs
mon âge, 17 ans, il me fallait une qui avaient 10 ans de métier, et même
autorisation de mon père. Ils m’ont moi. Au bout d’une semaine, on m’a ceux-là ont dû suivre toute la forma-
mis en quarantaine, j’ai obtenu l’au- fait passer une épreuve très difficile tion anglaise en reprenant de zéro.
torisation de mon père qui était bien sur la capacité à rentrer dans un équi- Les Anglais avaient une technique
content d’avoir de mes nouvelles ! J’ai page, en m’interrogeant de jour et de de vol différente.
été affecté à Blida en Algérie, dans nuit. Compte tenu de mon âge, ils ont Je suis ensuite parti en école
l’armée de l’Air, et tout est parti de là. été durs, mais très fair-play. Ils ont dit de mitrailleurs. J’ai volé sur Avro
qu’ils avaient apprécié ma façon de “Anson” ; de jour et de nuit, j’ai été
Quelle a été votre formation de répondre, car ils avaient des doutes formé au tir et à la déflexion. Puis,
navigant ? sur ma nationalité. Après avoir réuni avec l’équipage, nous nous
J’ai été envoyé au CFPNA de été accepté, j’ai rejoint le premier sommes entraînés sur “Wellington”.
Casablanca (Centre de formation du stage qui nous apprenait l’écriture C’était un avion solide, mais ses
personnel navigant en Amérique ), anglaise. Je me suis retrouvé à Filey, moteurs étaient très fragiles. Il n’y
[tous les élèves n’étaient pas envoyés une école de formation d’instruc- avait pas de tourelle supérieure, je
aux États-Unis. NDLR]. J’ai réussi tion sur la technicité de la RAF, sur servais alors de deuxième mécani-
l’examen, suivi la formation, et de la côte Est de l’Angleterre, dans le cien chargé de pomper l’huile.
là, avec le grade de caporal, j’ai été Yorkshire du Nord : le n° 4 Air Crew J’étais bien intégré avec mon
envoyé à Alger pour me retrouver Receiving Center. C’est là qu’étaient équipage, surtout avec le navigateur
le 15 janvier 1944 à Greenock, en formés les équipages. qui était un Martiniquais, Mathurin,
Écosse, après 15 jours de mer, en À Filey, qui était un petit village, le chef de bord. Mon pilote était
ayant subi les attaques de Focke- j’ai commencé à fréquenter une assez jeune (27 ans), formé dans les
Wulf “Condor” allemands. Anglaise. On était très bien vus. Les écoles de pilotage de l’armée de l’Air
Arrivé en Angleterre, j’ai été très Anglaises sont très libres, mentale- en France. Il s’appelait Jos.
surpris par l’accueil extrêmement ment et physiquement. Et de plus, La formation a traîné en lon-
froid. Par rapport à ce que j’avais vécu nous avions en tant que Français une gueur et on se demandait si on allait
– l’épisode de l’uniforme italien –, réputation ! On a donc rapidement finir notre stage… Puis finalement,
les Anglais ont été méfiants. On rencontré les Anglaises de Filey. en décembre 1944, on a été envoyés
m’a envoyé en stage d’insertion, j’ai L’inconvénient, c’est qu’on était 200 à Elvington se transformer sur
passé une semaine près de Liverpool à 300 Français dans un petit village ! “Halifax”.
à West Kerby. C’est la réception Étant donné que j’étais très jeune,
André Hautot
pour l’intégration. J’ai dû répondre et “fil de fer”, j’ai toujours été à la Quelles ont été vos impressions sur
(cercle rouge)
à toute une série de questions. Les marge… On fréquentait les majeurs cet appareil ?
en formation à
Britanniques m’ont un peu séparé du l’école de Filey
plutôt que les mômes de mon espèce. On a vu le “Halifax” pour la
groupe qui avait fait le voyage avec avril 1944. Je me suis limité à la communication première fois à Rufforth, au sud de
DR/COLL. ANDRÉ HAUTOT
questions… Le bourdonnement
disparaissait quatre ou cinq heures
après, mais il en restait toujours un
fond. Mes proches m’ont dit que
j’élevais la voix… Mais tout cela a
disparu avec le temps.
Dans cette tourelle dorsale, on
est confi nés, mais on s’y habitue,
on reste en contact avec l’équipage.
L’air passe à travers la mitrailleuse ;
on est dans un caisson à courant
d’air. Cette place, je l’ai toujours
considérée comme une place à
La tourelle tremblement. On tremble sans ar-
dorsale du rêt : l’avion, et moi, l’un persécutant
“Halifax”, là où l’autre ! On ne peut pas s’imaginer
s’installait André les effets de bruits.
Hautot lors de
ses missions. Comment s’est passée votre arrivée
DR/COLL. ANDRÉ HAUTOT
sur la base d’Elvington ? Quelles
York, où se trouvaient les “Halifax” vol d’essais, nous sommes mon- étaient les conditions de vie ?
d’entraînement. C’est là qu’on a eu tés à 30 000 pieds (9 150 m). Il fai- Il y avait de sérieuses inimitiés
la surprise de voir ce quadrimoteur : sait -40 C°. Manque de chance, je entre les pilotes issus de la France
compte tenu de sa taille et de son n’avais pas pris mes précautions… libre et ceux issus de l’aviation de
poids, on était un peu écrasés. On et je me suis pissé dessus. Cela s’est Vichy. Il faut vous préciser que j’étais
s’est demandé si on allait pouvoir transformé en glace. Quand on officiellement un Français libre, car
faire décoller ce truc… Le double s’est posés, j’ai dit au pilote que je je me suis engagé le 25 juin 1943,
du “Wellington”, c’était un avion de ne pouvais pas bouger ! Le pilote avant que de Gaulle ne ferme les
36 t. C’est là qu’on a fait le premier m’a dit : “Qu’est ce qui t’arrive ?” bureaux de recrutement le 1er août
vol avec l’équipage. J’ai répondu : “Je suis gelé…” Il est 1943. Un mitrailleur de la base,
Le “Halifax” en vol fait un bruit venu voir, car il n’y croyait pas. Il s’est Jean Billaut, FFL comme moi, m’a
terrible. Il ne faut pas oublier que les exclamé : “Merde, comment on va confié les difficultés qu’il a eues pour
moteurs étaient les mêmes que sur le faire ?” Ils ont trouvé des bouillottes Le “Halifax” s’intégrer. Il n’y a pas eu d’équipages
“Noratlas”, un avion très bruyant. Et qu’avaient les mécanos au sol et j’ai exposé au entièrement FFL. On ne parlait pas
il y en avait quatre, cela faisait des dégelé tout doucement. Yorkshire Air politique, mais il faut dire que nous
effets de résonance terribles, les voix Le bruit était difficilement sup- Museum porte vivions coupés du monde : pas d’in-
ne portaient plus. On avait heureuse- portable. Il fallait résister assis pen- sur le côté droit formation, alors pas de discussion !
les décorations
ment des interphones pour commu- dant 6 à 8 heures de vol ; notre casque Q uand on nous a présentés
de la BR 129
niquer. On avait un chauffage : une en cuir n’était pas du tout “imper- au col. Bailly, le chef de la base
du Groupe
partie du souffle chaud du moteur méable” au bruit. Quand on descen- d’Elvington, il m’a dit “Qu’est-ce
Guyenne,
partait dans le fuselage. dait, on était pratiquement sourds. auquel était
qu’il fout ici, ce gamin ?” Le chef
Le froid a été pour moi quelque On allait au débriefing tout de suite, affecté André
d’équipage, le s-lt Mathurin, a dit
chose de terrible. En revenant d’un et il fallait qu’on fasse répéter les Hautot. que M. Hautot était un engagé
volontaire dans la France libre. Il
m’a arraché ma croix de Lorraine,
en disant que je n’avais pas le droit
de la porter sur la base. J’ai vu plus
tard le gén. Valin venir sur la base
et forcer le col. Bailly à “hisser” la
croix de Lorraine sur le drapeau…
Sur la base, il y avait deux
groupes, le GB II/23 Guyenne et
GB I/25 Tunisie. Notre équipage a été
affecté au Guyenne. Avec le Tunisie,
nous faisions toujours les missions
ensemble. C’était la vie commune,
mais nous étions bien séparés sur le
dispersal (parking d’alerte).
Sur la base, il y avait deux mess :
un pour les officiers, un autre pour
les sous-officiers et hommes de
troupe. Les loisirs : rien ! Durant le
temps libre, soit on récupérait les
fatigues de vol, soit on descendait à
York voir les filles. Pas de bus : on y
allait à vélo. La nourriture était une
catastrophe, d’une part c’était de la
cuisine anglaise, d’autre part elle
était de très mauvaise qualité ! On
V
DAVID MÉCHIN
59
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
60
De gauche
à droite : Pradier
(mécanicien
volant),
Jos (pilote),
Mathurin
(navigateur et
chef de bord),
Bouquet
des Chaux
(bombardier),
Deutsch
(mitrailleur
arrière), Dugast
(radio) et Hautot
(mitrailleur
supérieur).
DR/COLL. ANDRÉ HAUTOT
61
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
pas un avion qui passe et qu’on n’ait Comme se déroule le retour ? Y’a- mission, jusqu’à notre base où les
pas vu. Lors de la dernière mission t-il un relâchement nerveux une fois servants de DCA étaient eux aussi
sur Wangerooge, le “Halifax” du le danger passé ? en état d’alerte. Au retour de la mis-
cne de Hautecoeur a reçu un obus Jamais ! On était toujours très sion d’Héligoland, nous avions été
en plein fouet, derrière les ailes. tendus. Il restait le risque des col- touchés par un éclat d’obus dans le
L’avion s’est cassé en deux et ils sont lisions et celui des “Intruder”. Les réservoir, et on a dû se poser d’ur-
tombés. S’il y avait eu un avion sous Anglais nous avaient avertis qu’on gence sur la première base, à Oxford.
eux, ils se le prenaient… C’est déjà pouvait être pris pour cible par des Faute de communication on s’est fait
arrivé, par ailleurs. chasseurs ennemis au retour de tirer dessus par les Anglais qui nous
CROWN
62
ont pris pour un Allemand… Notre Britanniques nous ont appris à nous on voit la tôle complètement ouverte
groupe a été effectivement attaqué tenir. À chaque fois que je descen- avec les rivets qui ont sauté.
par des “Intruder”, et nous avons eu dais de l’appareil, on en faisait le tour
des équipages qui ont été tués. Les avec le pilote pour voir les dégâts Après la mission, est-ce qu’on fêtait
“Intruder” ont fortement marqué. Je éventuels et l’état du fuselage. Tous la victoire ?
ne les ai pas connus directement, ce les avions rentraient plus ou moins Fêter une victoire dépend de
sont des copains qui me l’ont raconté. troués. Très souvent, on regardait si sa nature. Du fait de ma nature
Quand on se posait, nous étions les rivets étaient toujours en place. nord-africaine, j’ai toujours appris
complètement vidés. Mais les Je peux vous montrer des photos où qu’il fallait être détendu, ne jamais
V
Ci-contre l’île de
Wangerooge, au
sud d’Héliogoland,
et à gauche un
zoom sur la partie
centrale. Elle fut
visée le 25 avril par
700 avions entre
17 h 00 et 19 h 08.
Les “Halifax”
français étaient
engagés pour la
dernière fois dans
une opération de
bombardement.
18 appareils du
Guyenne étaient
accompagnés
par 12 autres du
Tunisie. L’équipage
du cne Hautecoeur
du Tunisie fut
abattu. Ce fut la
dernière mission
d’André Hautot.
CROWN
63
LES FRANÇAIS AU COMBAT AVEC LE BOMBER COMMAND
DR/COLL. AAAGL
64
s’énerver faute de quoi on loupait la n’acceptaient pas d’être sous la tutelle
réalité de ce qu’on recherchait. Les d’un officier inférieur.
Tunisiens que je fréquentais, quand
on jouait dans la rue, ne se mettaient Comment avez-vous appris l’ar-
jamais en colère. Mais quand ils vous mistice et quel a été votre parcours
envoyaient un coup de poing dans la après la fin des combats ?
sciences de La Villette à Paris, le BR n° 45, et qui avait figure, c’était sec, on ne s’y attendait L’armistice, on l’a appris par des
rejoint la base de Châteaudun où il était stocké. pas ! Les Anglais ont été étonnés de bruits de couloir, sur la base. Je me
In fine, après moult rebondissements et déceptions, ma passivité dans le comportement, rappelle qu’on est allés en ville à
en août 2016, le ministre de la Défense J. Y. Le Drian, alors que je pouvais être très agres- York où il y avait une grande fête !
signait l’accord de cession. Restait à régler les problèmes sif dans le tir ennemi. Ils ont été très Notre groupe est allé s’installer
du transport. Le financement était assuré par plusieurs étonnés de voir un gamin maîtriser, à Bordeaux avec ses “Halifax”, j’ai
sponsors. Le transporteur Sarrion fut choisi pour l’opération de manière instinctive, son com- pu bénéficier d’une permission pour
de transport outre-manche. Une équipe d’anciens de l’armée portement dans des situations aller dans ma famille en Tunisie ;
de l’Air, spécialistes du “Mirage” IV, menée par David Dron, extrêmes. Les Anglais ais ont étaient ravis de me voir
ils étaien
était prête à intervenir. L’affaire se précisait et se présentait toujours été très recon-
con- vivant ! J’ai voyagé
vivan
sous son meilleur jour depuis bien longtemps ! naissants, d’autant nt dans la soute d’un
dan
C’est le 27 mars 2017 qu’au petit jour une équipe du qu’eux-mêmes ontt “Marauder”… De re-
“M
Yorkshire Air Museum menée par Ian Reed, Albert Grenier, ce type de com-- tour en France, ayant
to
Roger Baron et Paul Bogaert venaient “prendre livraison” por tement. L es aappris qu’on vou-
de l’avion ! 10 heures plus tard, quatre semi-remorques Britanniques ont lait nous envoyer
(l’un portant le fuselage, le second portant les ailes delta une mentalité qui en Indochine, j’ai
et l’empennage et deux autres assurant le transport des n’est pas toujours donné
do ma démission
R
différents éléments permettant de remonter l’avion) étaient très agréable à supporter,
porter,
D
janvier 1946. Mon pilote,
le 30 janvie
chargés et prêts à rejoindre l’Angleterre par ferry jusqu’à mais une définition n permet de Jos, est resté dans
dan l’armée et est parti
Portsmouth, puis Elvington par l’autoroute ! Une petite mettre en relief leur caractère : que pour l’Indochine. On a correspondu
semaine fut nécessaire à l’équipe de spécialistes pour rien ne sert de courir pour arriver à un certain temps ; il s’est tué aux com-
assurer le “remontage” de l’avion. point. Dans leurs écoles, les Français mandes d’un “Constellation”. J’ai
C’est lui que nous honorons désormais à Elvington où il a ont eu un mal fou à s’intégrer dans quant à moi été démobilisé avec le
rejoint son “petit” frère le Mirage III, déjà présent dans les cette mentalité particulière. Pas mal grade de sergent-chef, ayant effectué
collections du musée depuis juin 1995. d’entre eux arrivaient à se révolter, un total de quatre missions de guerre
Paul Bogaert surtout les officiers supérieurs, qui sur l’Allemagne. Q
65
HISTOIRE
Golfe Persique, 1985-1988
Les “Mirage” traquent
les pétroliers
Quatrième et dernière partie.
Le “coup de grâce” est donné le 14 mai 1988,
au terminal de Larak, dans le détroit d’Ormuz.
Récit du plus beau coup d’éclat des Irakiens
dans la “guerre des pétroliers”, illustré par
des photos prises sur le vif par des miraculés.
Par Hugues de Guillebon
M le raid du 14 mai
1988 sur Larak fait
rarement plus de
quelques lignes dans
les publications sur la guerre entre
l’Iran et l’Irak. Il est pourtant celui
qui aura obtenu les résultats les plus
lement. Une vingtaine d’appareils
au total ont été impliqués dans cette
mission : les bombardiers et les ravi-
tailleurs, mais aussi quatre “Mirage”
chargés de la défense aérienne.”
L es appareils décollent de
Shaibah et survolent tout d’abord
spectaculaires de toutes les opéra- l’île koweitienne de Boubayan
tions lancées dans le golfe par l’avia- puis procèdent à un premier ravi-
tion irakienne ; ce sera la dernière taillement en vol à moins de 100 m
attaque d’envergure conduite contre d’altitude. Leur mission accomplie,
les pétroliers, et aussi la quatrième les premiers ravitailleurs vides
sur ce même terminal. Elle est me- repartent sur Shaibah. Les autres
née par des EQ4 et EQ5 (1). appareils poursuivent leur vol en
silence radio total en longeant les
Les trois “Mirage” côtes saoudiennes à basse altitude
pour échapper aux radars iraniens
en vue de l’objectif disposés le long de la côte. Ils
L’un des pilotes qui participa passent au nord de Bahreïn et du
à ce raid à bord du F1EQ5 4572 se Qatar et effectuent un deuxième ra-
souvient : “La mission était initiale- vitaillement en vol, toujours à basse
ment prévue plus tôt mais elle a dû altitude. À nouveau, les derniers
être retardée suite à la découverte sur ravitailleurs se délestent de leur
la base de Shaibah d’actions de sabo- pétrole au profit des avions char-
tage contre les “Mirage” au niveau gés des frappes, puis rentrent avec
du train d’atterrissage avant. Quatre les “Mirage” chargés de la protec-
personnes ont été arrêtées sur la tion. Les trois bombardiers virent
base. C’est finalement le 14 mai que à l’est et traversent la partie Sud du
nous avons attaqué Ormuz à trois golfe. Tout le vol se fait à très basse
“Mirage”. Pour frapper les pétroliers altitude. Arrivés en bas du golfe
au terminal de Larak, nous empor- Arabo-Persique, ils coupent la par-
tions chacun du “lourd” : un bidon tie Nord d’Oman, le gouvernorat
de 2 200 l, deux bombes de 1 000 kg, de Moussandam, s’engagent dans le
deux “Magic”, un “Rémora” et un golfe d’Oman, effectuent un virage
“Sycomor”. Un quatrième bombar- serré à gauche puis remontent plein
dier en spare [remplaçant] était éga- nord dans le détroit d’Ormuz pour
lement prévu. Décollant avec nous attaquer le terminal 14 de Larak. Image du
pour prendre le relais si un problème Ils n’ont pas été détectés par les terminal de Larak
était constaté au début du vol, il a fait radars iraniens et la surprise est le 14 mai 1988.
totale. Aucun message d’alerte Le Safir tente
n’est envoyé par les Iraniens aux de prendre
(1) Dont les derniers exemplaires furent navires présents sur le terminal.
convoyés tardivement : le 4561 le 29 juin en remorque
1988 et le 4560 le 27 mars 1990. Le 4562 Les trois “Mirage” accélèrent à très le Barcelona
resta lui en France. basse altitude et sont maintenant en en feu.
V
JOHN HERMANS
66
67
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
e
Tig
IRAN
re
Le terminal de Larak en feu Bassora
le 14 mai 1988 à 13 heures,
vu de Kish. Les “Mirage” Base de Shaibah
bahh
viennent juste de frapper.
Au premier plan, l’île de Larak.
IRAK
KOWEIT
All
1er ravitaillement
taillement
ment en voll
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de
Retourr des “nounous”
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ARABIE
SAOUDITE
Au retour de la missi
mission
ssion
les trois “Mirage”
g F1
ont une “escale technique”
font q
en Arabie Saoudite
Le raid des
es “Mirage” F1
sur lee terminal
de Larak le 14 mai 1988
0 150 Nautiques
68
reurs londoniens Lloyds indiquent espagnol convoque immédiatement P our permettre d’intervenir
16 morts parmi l’équipage. l’ambassadeur d’Irak pour condam- directement sur les bâtiments à
Le Barcelona encaisse de son ner en terme énergique “la brutale couple en feu, les trois pétroliers sont
côté deux bombes de a t taque irakienne”. séparés. Le Barcelona est remorqué
1 000 kg alors qu’il La
L navette pétrolière puis échoué sur des hauts-fonds à
vient juste de rem- Argosy,
A bien que non proximité de l’île de Larak pour lui
plir une partie de ses touchée
t directement, est éviter de couler. Des remorqueurs
cuves de 140 000 t de ravagée
r par les flammes interviennent pour tenter d’éteindre
pétrole. La première du
d Seawise Giant. l’incendie qui fera rage pendant trois
explose à l’arrière Les “Mirage” laissent jours. Le 15 mai, ils reçoivent l’ordre
tribord, dans la salle le
l terminal 14 dans un d’arrêter les opérations, la situation
des machines, tuant chaos
c total. Au retour, ils Le chef étant considérée sans espoir, pour
quatre marins. La s posent à Dharhan, font
se mécanicien Luc revenir sur le Seawise Giant. Le 16,
Van Wichelen
deuxième explose sur le plein et redécollent sans l’ordre est finalement donné d’inter-
photographié
la proue. 26 membres a
attendre. Les Saoudiens, venir à nouveau sur le Barcelona. Et
le 18 mai 1988.
d’équipage sont se- b
bien que non prévenus, le 17 à midi, alors que le navire est en
Un miraculé !
courus. La plupart A S .C UTORITÉS DE HARJAH .L V W
OLL UC AN f
ferment
ICHELEN les yeux… Le partie couché sur son flanc tribord et
ont sauté dans la mer d’une hauteur raid aura duré 3 h 15 min. Suite à ce que le feu semble maîtrisé, une défla-
de 20 m pour échapper aux flammes. fait d’armes, décorations et récom- gration très violente, inattendue, se-
Le ministre des Affaires étrangères penses vont pleuvoir sur les pilotes. coue ce qui reste du pétrolier. “Une
V
Base de
Bandar Abbas
Bandar Abbas
Île d’Ormuz Khark
Kish Île de
Larak Burmah Endeavour
Barcelona
Barc
rcceelona
na
IRAN Île de Kish
Seawise
Seaw Giant
wiise G ian
nt
Terminal
de Larak Argosy
Ar
Argo
gosy
sy
Terminalal
de l’île dee Kharg
Bouchehr
Bouche
hehrr Golfe
Terminal Persique
de l’île de Sirri
Gouvernorat
Gouv
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Mous
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de Moussandam
Ilot de Farsi
OM
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N Golfe
d’Oman
Ile d’Arabi
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lus rsiq
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Retour des “nounous”
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(F1 ravitailleurs)
Terminal
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Terminal
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de Larak
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Base
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Dharhan de l’île de Sirri
OMAN
OMAN
BA
BAHREIN
AHREIN
A E
QATAR
QATA
TAR
TA
Doha
Golfe
EMIRATS ARABES d’Oman
UNIS
69
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
remorqueurs de la compagnie belge terminal 14 en contournant l’île de 14 au 17 mai sur les incendies, tant
JOHN HERMANS
70
sur le Seawise Giant, le plus grand donc encore. Le Scan Partner, un un verre, comme nous le faisions
pétrolier du monde à l’époque, que remorqueur danois, avait coupé ses tous les jours à la même heure, quand
sur le Barcelona que nous avons dû moteurs et s’était amarré solidement il m’a dit : “Regarde, il y a du feu qui
remorquer un peu plus loin. au Barcelona. Nous avons fait de arrive vers nous !” Effectivement,
même, mais avec des attaches beau- une traînée de toutes petites flammes
“Démarre les pompes, coup plus fines et nous nous sommes se propageait sur l’eau, le long de la
positionnés le long du Scan Partner. coque, et se rapprochait lentement
le feu revient !” Tony Iveson, notre capitaine, un de l’endroit où nous étions. Elle pro-
L e 17 mai, alors que le feu Écossais, m’avait demandé d’arrêter venait de l’avant du Barcelona qui
paraissait éteint sur le Barcelona, les moteurs principaux pour écono- avait reçu une bombe le 14 mai. Ces
nous avons pris un peu de repos. miser le carburant, mais j’ai refusé. petites flammes ont fini par rejoindre
J’avais remarqué qu’un peu de fu- Ce qui a sauvé nos vies… la zone du pétrolier qui continuait à
mée s’échappait toujours des cuves À 12 h 05, je me trouvais à la pas- fumer à côté de nous.
du pétrolier. Quelque chose couvait serelle avec le capitaine pour prendre
La mer en feu
Les bouteilles d’acétylène
engloutit menacent d’exploser
les navires. “Démarre les pompes, le feu re-
vient !”, m’a ordonné le capitaine. Au
moment même où j’allais appuyer
sur le bouton, le Barcelona a explosé
dans une boule de feu. Une explo-
sion terrible, provenant de la coque
du pétrolier. Et nous qui n’étions qu’à
quelques mètres… La mer gorgée de
pétrole a pris feu en une fraction de
seconde. Comme le Barcelona était
penché sur tribord, là où nous étions
amarrés, le souffle le plus violent de
l’explosion a été dirigé vers le bas
et a principalement touché le pont
du Beaufort qui a été entièrement
rasé. La passerelle étant elle assez
JOHN HERMANS
JOHN HERMANS élevée, nous avons été relativement
La proue du épargnés. Cela n’a pas été le cas des
pétrolier Seawise quatre Philippins de l’équipage qui
Giant émerge prenaient leur repas en bas et qui ont
des flammes et
été projetés dans la mer en feu.
de la fumée. À
À l’intérieur du Beaufort, tout
droite se trouve
était détruit, sauf les moteurs prin-
le pétrolier
Barcelona et à
cipaux qui étaient restés allumés.
gauche l’Argosy. Instantanément, Tony Iveson a
mis pleine puissance et le Beaufort
a pu arracher ses amarres légères.
Nous avons commencé à avancer
dans une mer de feu, droit devant,
sans aucune visibilité. Les flammes
V
71
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
montaient à plus de 20 m de hau- Safi r pour lui demander de nous cher, je lui ai demandé d’arroser en
teur tout autour de nous. Ma plus arroser avec ses lances à incen- priorité les bouteilles d’acétylène
grosse frayeur était maintenant que die. Il s’est approché mais n’arri- sur le pont, puis la passerelle. Nous
les bouteilles d’acétylène rangées vait pas à nous rattraper car nous avons pu ensuite éteindre nous-
sur le pont du Beaufort explosent ! étions à pleine vitesse, 13 nœuds. mêmes le feu qui s’était propagé à
Je me répétais sans cesse : “Si elles Si nous avions ralenti, les fl ammes l’intérieur du Beaufort.
explosent, nous sommes morts !” nous auraient submergés et nous Quant au Scan Partner, moteur
Notre bateau commençait à prendre serions morts. Nous avons navigué éteint et solidement arrimé, il n’a
feu et nous avons navigué pendant un moment ensemble, l’un derrière malheureusement pas pu bouger et
plusieurs minutes dans cet enfer. l’autre, le Safi r essayant de nous a entièrement brûlé. Quand nous
Nous avons réussi à contacter le rejoindre. Quand il a pu se rappro- avons pu faire demi-tour pour ten-
72
“euL’équipage n’avait
ter de le retrouver, je l’ai aperçu des quatre Philippins qui avaient
pour la dernière fois ; il n’en restait disparu. Comme beaucoup de
plus qu’une épave totalement noir-
cie contre le Barcelona toujours en
feu. L’équipage n’avait eu aucune
aucune chance Philippins, il était un excellent na-
geur. Après avoir été projeté dans la
mer en feu, il avait réussi à nager sous
chance de s’en sortir. Puis, quelques
secondes après, sous nos yeux, il a
de s’en sortir. (…) Sous les fl ammes pendant un long mo-
ment ! Les corps des trois autres n’ont
coulé à la verticale…
A près quatre heures de re- nos yeux, il a coulé jamais été retrouvés. On a souvent dit
que cette déflagration était due à une
cherche, nous avons miraculeuse-
ment retrouvé vivant dans l’eau l’un à la verticale… ” troisième bombe encaissée le 14 mai
qui aurait explosé avec retard. Mais
V
les gyroscopes déréglés. Le risque concerne également la Explosion d’une
qualification en environnement de ce type de matériel non torpille F17 sous
conçu pour un emport aérien à grande vitesse (tenue de l’ex-escorteur
la centrale inertielle avec ses trois gyroscopes aux chocs, rapide Le Basque
au roulis, aux vibrations ou aux hautes températures). le 11 juillet 1984.
Complexe, mais réalisable. On voit bien
Après le téléchargement par l’avion des coordonnées de la l’effet de bulle
cible à la torpille FT17, son largage en mode “tire et oublie” qui se crée
et son entrée à l’eau suivant un angle très précis, elle se lorsque la torpille
dirigerait et se verrouillerait sur son objectif grâce à son explose environ
autodirecteur passif AH8 très performant. La charge militaire 6 m sous la quille
permettrait de couler n’importe quel bâtiment de surface, du bateau qui BAN SAINT-MANDRIER. COLLECTION JEAN-MICHEL DI-NATALE
Altitude de largage
à 500 pieds (152 m)
73
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
74
Ce sont trois
“Mirage” qui
attaquèrent le
terminal de Larak
le 14 mai 1988.
Ces EQ5 sont vus
ici en France
en 1984.
L’explosion
inattendue
du Barcelona
le 17 mai 1988
causa la mort de
neuf personnes
parmi les
équipages des
remorqueurs.
LUC VAN WICHELEN
75
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
76
Le “Mirage” F1
est l’atout
essentiel des
Irakiens dans le
golfe.
Ici un EQ5 vu
à l’atterrissage
à Orange le
21 août 1984.
MICHEL FOURNIER VIA JEAN-LOUIS GAYNECOETCHE
plus près d’une dizaine. Mais ni les l’Irak. Des marins galériens, otages nale des propriétaires de pétroliers
Lloyd’s de Londres ni les milieux d’un conflit qui ne les concerne pas, Intertanko a risqué une estimation :
maritimes régionaux ne semblent en sont devenus des cibles anonymes. 250 marins ont été tués et un demi-
le savoir avec précision. Chinois, Philippins, Grecs ou autres millier ont été blessés depuis le début
Il en va ainsi dans cette guerre meurent dans l’indifférence, pour de la guerre des pétroliers, le 25 avril
V
de huit ans que se livrent l’Iran et le golfe. L’association internatio- 1984. Une constatation : les raids
Jean-Marie
Saget avec des
membres de
la délégation
irakienne à
Istres devant le
“Mirage” 4000.
À gauche, le
général Farouk,
responsable
de la formation
et chef de l’école
de pilotage
de Tikrit.
DASSAULT
77
LES “MIRAGE” TRAQUENT LES PÉTROLIERS
78
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Pe-2 bombardiers de haute altitude furent utilisés pour l’attaque au sol ! Magnifique crocodilidé de l’ami Jean :
caïman une mâchoire de requin !
Notre appréciation : magnifique maquette utilement complétée Notre appréciation : Revell sait choisir les bonnes
d’éléments Eduard et de décalcomanies originales et de grande collaborations. Très bonne maquette pour ce sujet original
qualité. Très tentant. au 1/32 ; nous attendons la suite de la gamme avec intérêt.
80
Junkers 88 A-4 Bf 109E-3
Revell Technik, 1/32 Eduard Profipack, 1/48
Nouveau Le 109E
concept d’Eduard
chez Revell n’est pluss
qui propose ici son à présenter, ses
énorme Ju 88 au grandes qualités
1/32 en version sont maintenant
“animée”, c’est-à-dire bien connues :
motorisée et éclairée. gravure impec-
Rappelons d’abord les cable, poste
caractéristiques de de pilotage et
la maquette de base, moteur bien
les modifications nécessaires à l’électrification de l’ensemble revenant détaillés, gouvernes, volets et becs séparés. L’édition Profipack ajoute
au maquettiste. La gravure n’inclut pas le rivetage mais bien les vis de des éléments photo découpés prépeints (tableau de bord, harnais et
fixation des panneaux amovibles (accès aux réservoirs sous les ailes grilles de radiateurs), des masques autocollants pour la verrière et des
par exemple). Le poste de pilotage est entièrement détaillé et complété décalcomanies pour cinq options : quatre avions sont camouflés vert et
de décalcomanies individuelles pour les instruments. Il n’y manque que gris (71/02) et le dernier en deux tons de vert (70/71) ; de larges zones
les harnais. Les vitrages limpides permettent d’en profiter. Les détails blanches ou jaunes et des marques individuelles égayent l’ensemble.
extérieurs des nacelles moteurs sont soignés. La partie avant des
logements de train, seule visible une fois le train sorti, est aménagée. Notre appréciation : nouvelles livrées pour une maquette
Des faux longerons renforcent la fixation des ailes et profondeurs. de bonne qualité utilement “boostée”.
Les volets, aérofreins et gouvernes sont moulés séparément.
Quatre bombes et leurs supports peuvent s’installer sous l’avion.
L’aspect “Technik” maintenant : Revell fournit tous les composants Boulton Paul “Defiant” F1
pour motoriser les deux hélices et éclairer les feux de position, Trumpeter, 1/48
le phare d’atterrissage et le poste de pilotage. Les instructions
de câblage sont intégrées à la notice. Elles demandent un examen Un an avant
attentif et sans doute quelques tests avant assemblage et collage Airfix, la
définitif ; l’installation de ce circuit électrique complique certainement marque
un montage qui, de par la taille de la maquette (60 cm d’envergure) chinoise régulière-
et le nombre de pièces impressionnant (380), demandait déjà ment au service de
une expérience certaine. Petit détail, un pilote ou un mécanicien sujets britanniques
aux commandes ne serait pas de trop pour le réalisme de l’ensemble sortait sa version du
une fois les moteurs en marche. Les décalcomanies intègrent tous “Defiant”. La maquette
les marquages nécessaires et concernent deux machines : est assez simple et
l’une camouflée des deux tons de vert classiques, l’autre de couleur facile à monter, avec
sable avec à l’extrados de longs spaghettis verts et blancs et hélas quelques erreurs
à l’intrados des étonnants vermicelles de couleur sombre. comme la forme du nez et la gravure, très fine et précise, mais peu
conforme à la réalité. Le poste de pilotage est simple et la tourelle peut
Notre appréciation : une belle maquette, impressionnante s’installer en fin de montage, son carénage arrière
par la taille et bien détaillée, un concept original et intéressant, est moulé en position haute. Les ailerons et volets sont séparés,
mais un prix élevé annoncé par certains détaillants pour cette les logements de train sont cloisonnés mais peu profonds.
édition Technik, attendons les promos anglaises… Les décalcomanies concernent deux machines, l’une camouflée vert et
brun, l’autre noir uni avec une surprenante gueule de requin.
Fokker E.III Notre appréciation : Airfix l’emporte largement côtés justesse
Eduard Weekend Édition, 1/72 et détails, mais ce modèle se monte plus facilement.
82