Vous êtes sur la page 1sur 18

Transformateurs et machines électriques à courant alternatif

Chapitre I
RAPPEL DE
MAGNETOSTATIQUE &
CIRCUITS MAGNETIQUES

6
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

I. RAPPEL DE MAGNETOSTATIQUE & CIRCUITS MAGNETIQUES


I.1. INTRODUCTION

La pluparts des dispositifs d'électrotechniques dont les machines statiques (inductance,


transformateurs, générateur à induction) ou mobiles (convertisseurs électromécaniques) sont
régis par les lois fondamentales de l'électromagnétisme (Ampère, Faraday, Laplace, ...).
Lorsque les phénomènes sont invariant dans le temps, on dit qu’ils sont statiques ou
stationnaire, il s’agit alors de la magnétostatique. Pour les courants alternatifs (ou courant
continu dans un conducteur en mouvement relatif), on parle de régime variable ou dynamique
qui est souvent approximé par un régime quasi-statique (du fait des fréquences faibles).

I.2. PRODUCTION D’UN CHAMP MAGNETIQUE :

On produit un champ magnétique par deux façons distinctes :


 un courant (Théorème d’Ampère)
 un aimant permanent ou naturel (fabriqué à partir d’un matériau dur ALNICO ou autre).
On appelle excitation magnétique la grandeur vectorielle notée �H
�⃗ créée dans le vide par toute
charge électrique en mouvement ou par un aimant permanent. L’unité de l'excitation
magnétique est [A/m] Ampère par mètre.

Observations :

La circulation d’un courant dans un conducteur génère un champ magnétique dont l’existence
est révélée par l’effet qu’il produit sur de la limaille de fer.

Il se dessine alors des cercles concentriques dont l’espacement augmente lorsque l’on s’éloigne
du conducteur. Le champ magnétique en un point de l’espace se représente par un vecteur
tangent à la ligne de champ passant par ce point (Figure I. 1).
La règle du tir bouchon définit l’orientation du vecteur champ magnétique �H
�⃗. La densité de lignes
(nombre de lignes par unité de surface) définit son intensité,
NB: Le choix de l’orientation par la règle du tir bouchon est une convention.

i
��⃗
𝐇𝐇

Figure I. 1. Champ crée au tour d’un conducteur rectiligne

7
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

I.3. CALCUL DU CHAMP MAGNETIQUE - THEOREME D’AMPERE


Il permet d’exprimer la relation entre le champ magnétique et le courant qui le produit.

Circulation du champ magnétique sur un contour fermé


=
Somme algébrique des courants entourés par le contour

I.1.1. FORMULATION

i i i2 i1 i3
S S S

C
C C

���⃗ = +𝑖𝑖
��⃗ ∙ dl ���⃗ = −𝑖𝑖
��⃗ ∙ dl ��⃗ ∙ ���⃗
� H dl = 𝑖𝑖1 + 𝑖𝑖2 + 𝑖𝑖3
� H � H
C
C C

Figure I. 2. Loi d’Ampère appliquée à différentes configuration de courant

D’une façon générale, l’intensité du champ magnétique le long d’une ligne de champ fermée
(contour C) est donnée par la relation (Figure I. 2) :

�⃗ ∙ ���⃗
∮C �H dl = ∬S ⃗J ∙ ����⃗
dS = ∑n in (I. 1)

I.1.2. RESOLUTION
En général, on cherche toujours à trouver un contour s’appuyant sur une ligne de champ
magnétique. Dans ce cas :

�⃗ ∙ ���⃗
 le champ est colinéaire au contour : ∮C �H dl = ∮C H ∙ dl

 le champ est d’amplitude constante : ∮C H ∙ dl = H ∮C dl

Calculer la circulation de H le long d’un contour fermé C, revient alors à calculer une longueur de
ce contour.

Exemple 1 : Conducteur seul

L’observation montre qu’un conducteur de rayon rc, parcouru par un courant I génère des lignes
de champ circulaires et concentriques (Figure I. 3). Le long d’un de ces contours, extérieur au
conducteur, le champ magnétique est toujours tangent et l’application du théorème d’Ampère
devient très simple.

�⃗ ∙ ���⃗
∮C �H dl = ∫0 Hφ r dφ = 2πHφ r (I. 2)

8
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Avec Hφ la composante tangentielle du champ (en coordonnées cylindriques).

A la distance r>rc du centre du conducteur, on obtient :


I
∬S ⃗J ∙ ����⃗
dS = S ∙ Sc = I
c
𝐈𝐈
𝐇𝐇𝛗𝛗 = 𝟐𝟐𝟐𝟐𝟐𝟐 (I. 3)

Hφ (r)
r I
I Hφ =
2 π rc

0 rc

Figure I. 3. Champ crée par un conducteur rectiligne

A la distance r≤rc du centre du conducteur, on obtient :

I I I ∙ r2
����⃗ =
� ⃗J ∙ dS ∙ π ∙ r2 = ∙ π ∙ r 2
=
S Sc π ∙ rc 2 rc 2
Ir
⇒ Hφ = 2 π r 2
(I. 4)
c

Exemple 2 : Tore magnétique

On utilise ce genre de circuit pour la réalisation d’inductance (Figure I. 4). Appliqué au rayon
moyen du circuit ferromagnétique, le théorème d’Ampère s’écrit :

∮C H ���⃗ = ∫2π Hφ R moy dφ = N I


��⃗ ∙ dl (I. 5)
0
NI
Hφ = 2 π R (I. 6)
moy

φ
Matériau ferromagnétique
I Rmoy
Bobine
N Spires

Figure I. 4. Bobine torique

9
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Le champ magnétique augmente donc avec le produit NI. On appel ce produit Force
magnétomotrice (Fmm) que l’on note : 𝑵𝑵𝑵𝑵 = ℇ (unité Ampère-Tours, AT)

I.4. AIMANTATION (INDUCTION)


Sous l’effet d’un champ magnétique, la matière s’aimante. En fonction de la sensibilité du
matériau au champ magnétique, l’aimantation est plus ou moins intense. On appelle cette
sensibilité, la perméabilité (notée μ). On distingue principalement :

Les matériaux non magnétiques (air, plastic,...) → très faible perméabilité

Les matériaux magnétiques (fer,...) → très forte perméabilité

I.1.3. EFFET DU CHAMP MAGNETIQUE SUR UN MATERIAU AMAGNETIQUE


Sous l’effet d’un champ magnétique extérieur, les particules de l’air interagissent avec le champ
et acquièrent une aimantation. Celle-ci reste toutefois très faible devant l’aimantation d’un
matériau ferromagnétique tel que le fer.

On a :

�B⃗ = μ0 �H
�⃗ (I. 7)
��⃗, l’induction magnétique [unité : le Tesla, T].
On appel𝐁𝐁

𝛍𝛍𝟎𝟎 : perméabilité de l′ air (vide)égaleà𝟒𝟒𝟒𝟒𝟏𝟏𝟏𝟏−𝟕𝟕 T m A-1

I.1.4. EFFET DU CHAMP MAGNETIQUE SUR UN MATERIAU MAGNETIQUE

Un matériau ferromagnétique est un corps cristallin susceptible d'être aimanté en présence


d'une excitation magnétique ; il reste aimanté quand l'excitation magnétique disparaît. Le fer, le
cobalt, le nickel et les ferrites, entre autres, sont des matériaux ferromagnétiques.

Les matériaux ferromagnétiques sont caractérisés par une perméabilité relative élevée. Cette
dernière n'est pas constante, elle dépend de l'excitation magnétique appliquée (amplitude et
fréquence). Ils sont caractérisés par des phénomènes d'hystérésis, de rémanence et de
coercitivité.

A noter que le ferromagnétisme disparaît au dessus d'une température critique TC,


caractéristique du matériau (la température de Curie).

On a :
�B⃗ = μr μ0 H
��⃗ (I. 8)
μr : perméabilité relative du matériau (sans unité)

10
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Pour les matériaux ferromagnétiques, dans la zone linéaire μr est compris entre 1000 et 10000
environ.

Courbe de première aimantation – B(H) :

Un matériau ferromagnétique n'ayant jamais été aimanté est tel que B=0 et H=0. Si on le soumet
à une excitation magnétique croissante on obtient la courbe B(H) de première aimantation
portée sur la figure ci-contre. Lorsque H devient très grand il apparaît un phénomène de
saturation, B ne varie presque plus; le ferromagnétique est saturé.

La perméabilité d'un matériau ferromagnétique réel (μ=B/H) n'est pas constante.

 Cycle d’Hystérésis :

Lorsque le matériau ferromagnétique possède déjà une aimantation la courbe B(H) décrit un
cycle d'hystérésis (Figure I. 5).

Figure I. 5. Cycle d’hystérésis d’un matériau magnétique

Le cycle d'hystérésis est caractérisé par un dédoublement de la caractéristique et un sens de


parcours indiqué par des flèches. B dépend de H mais également de l'aimantation antérieure (les
matériaux ferromagnétiques sont doués de mémoire). Il faut plusieurs évolutions de l'excitation
H entre deux valeurs symétriques pour obtenir un cycle fermé parfaitement symétrique tel que
représenté sur le dessin.

On retrouve un phénomène de saturation pour des valeurs élevées de H.

On constate également un phénomène de rémanence, lorsque l'excitation magnétique disparaît


(H = 0) il subsiste une induction magnétique rémanente Br. Ce phénomène de rémanence des
ferromagnétiques est utilisé pour la réalisation des aimants permanents.

11
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Il est possible d'annuler l'induction rémanente d'un ferromagnétique en le soumettant à une


excitation magnétique entraînant une aimantation opposée : c'est l'excitation coercitive Hc.

 Pertes fer :

Les matériaux ferromagnétiques décrivant un cycle d'hystérésis sont le siège de pertes


énergétiques appelées pertes fer. Elles sont liées au parcours du cycle et à l'apparition de
courants de Foucault dans le corps ferromagnétique.

On démontre que la puissance des pertes fer peut s'écrire :

Ppertes_fer = V. A / T (I. 9)
avec V volume du corps ferromagnétique considéré,

A air du cycle d'hystérésis,

et T le période de parcours du cycle.

Ainsi afin de limiter les pertes on privilégie les matériaux ayant des cycles étroits.

De plus, les pertes fer étant proportionnelles à la fréquence on limite l'utilisation des
dispositifs magnétiques aux faibles fréquences (elles sont également proportionnelles à la
tension).

Enfin, on réduit les pertes liées aux courants de Foucault en utilisant des matériaux magnétiques
feuilletés afin de limiter la taille des boucles de courant.

I.1.5. EXEMPLES DE CIRCUIT MAGNETIQUES AVEC CHAMP MAGNETIQUE (LIGNE


DE CHAMP)
Dans les matériaux magnétiques, toutes les aimantations locales favorisent, en s’alignant, la
création de lignes de champ magnétiques. On appelle flux magnétique, l’ensemble des lignes de
champ magnétique.

Figure I. 6. a) Conducteur seul dans l’air b) Conducteur entouré d’un anneau ferromagnétique

12
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Le flux magnétique matérialise la circulation du champ magnétique comme le flux d’électrons


matérialise la circulation du courant dans un circuit électrique (cf. analogie
électrique/magnétique).

I.5. LE FLUX MAGNÉTIQUE


Le flux magnétique représente la quantité de lignes de champ qui traverse une surface.

I.1.6. FLUX A TRAVERS UNE SURFACE NON FERMEE :


ϕ=∫ B �⃗ ∙ ����⃗
dS [Weber], abbreviation [Web] (I. 10)
S

Appliquée au cas d’une spire plongée dans un champ magnétique de surface S et inclinée d’un
angle α par rapport à l’axe, on obtient le flux embrassé par la spire :

Figure I. 7. Spire plongée dans un champ magnétique

ϕ = B S cos⁡
(α) (I. 11)

I.1.7. FLUX VU PAR UN BOBINE A N SPIRES


Une bobine de n spires qui embrasse n fois le même flux, embrasse au total un flux que l’on note
Φ = nϕ. On appelle ce flux le flux totalisé.

I.1.8. FLUX A TRAVERS UNE SURFACE FERMEE


Il y a conservation du flux magnétique. Tout ce qui entre d’une surface fermée doit en sortir.
Donc :

ϕ = ∫S fermée �B⃗ ∙ ����⃗


dS = 0 (I. 12)

Figure I. 8. Loi de conservation du flux


On remarque que pour la section faible on a une concentration de flux élevée.

13
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Sur une portion de circuit magnétique dont on néglige les fuites, le flux entrant (ϕ1) est égal au
flux sortant (ϕ2).
Si ϕ1= ϕ2
Alors : B1S1=B2S2

I.6. PERMEABILITE ET RELUCTANCE DES CIRCUITS MAGNETIQUES


La perméabilité μ est la caractéristique essentielle d’un matériau magnétique. Un matériau
parfait est un matériau infiniment perméable et parfaitement linéaire (pas de saturation).

 Matériau magnétique parfait : μr = ∞


 Matériaux ferromagnétique réels : μr ~ 100 à 10000
 Matériaux amagnétiques : μr = 1 (μ = μ0)

I.1.9. EFFET DE LA PERMÉABILITÉ


La perméabilité agit donc pour les circuits magnétiques comme la conductivité pour les circuits
électriques. A l’image de la résistance (en Ω) pour les circuits électriques, on définit la réluctance
d’un circuit comme suit :
ni
Hfer = l (I. 13)
fer

Bfer = μfer Hfer (I. 14)


ϕfer = Bfer Sfer (I. 15)

μr = 10 μr = 100 μr = 1000

Figure I. 9. Effet de la perméabilité sur la circulation du flux magnétique

D’où:
μ fer S fer
ϕfer = ni (I. 16)
l fer

qui peut s’écrire sous la forme :


l fer
ϕfer = n i (I. 17)
μ fer S fer

14
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

En encore :
ℛ ϕfer = n i (I. 18)
Avec,
1 l fer
ℛ=μ (I. 19)
fer S fer

ℛ est appelée réluctance du circuit magnétique.


De manière plus générale :
1 l
ℛ=μ S
[Unité : Henry-1, H-1] (I. 20)

NB: Dans l’air: μ = μ0 = 4π ∙ 10−7 T ∙ m ∙ A−1

Dans le fer : μ = μr μ donc : ℛfer ≪ ℛair


0

Figure I. 10. Portion d’un circuit magnétique traversée par un flux magnétique

I.7. ANALOGIE ÉLECTRIQUE/MAGNÉTIQUE


Un bobinage parcouru par un courant (ou un aimant) se comporte donc comme un générateur
de flux magnétique.
On montre que :
n.I = ℇ= ℜ.φ (I. 21)
Cette relation, appelé Loi d’Hopkinson, est donc analogue, de part sa forme, à la loi d'Ohm
donnée par l’équation électrique U = R.I.
Il est donc possible de représenter un circuit magnétique par un circuit équivalent (type circuit
électrique) que l’on appelle modèle aux réluctances. Cette représentation est parfois pratique
pour résoudre des calculs de champs magnétiques sur des structures complexes.
Exemple 1 : circuit magnétique torique

φ
Matériau
I Rmoy φ
ferromagnétique
Bobine
ℇ = 𝐧𝐧𝐧𝐧 ℜfer
N Spires

Figure I. 11. Schéma magnétique équivalent de la bobine à noyau de fer

15
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Exemple 2 : circuit magnétique torique avec entrefer

φ
Matériau ferromagnétique µr
I φ
Rmoy ℜfer
Bobine
N Spires Entrefer de longueur lair ℇ = 𝐧𝐧𝐧𝐧
ℜair

Section Sfer Contour moyen C de longueur lfer

Figure I. 12. Schéma magnétique équivalent de la bobine à noyau de fer avec entrefer

𝜀𝜀 = �ℛ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 + ℛ𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓 � ϕ (I. 22)


1 l fer
ℛ𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓 = μ (I. 23)
r μ0 S fer
1 l 𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎
ℛ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 = μ (I. 24)
0 S fer

Exemple 3 : circuit magnétique avec circuits parallèles de flux

φ φ φ
𝟐𝟐 ℜfer a 𝟐𝟐
ℜfer b ℜfer b
ℇ = 𝐧𝐧𝐧𝐧

Figure I. 13. Circuit magnétique cuirassé

I.8. LOI DE FARADAY, LOI DE LENZ


La loi de Faraday énonce que le force électromotrice induite dans un circuit fermé plongé dans
un champ magnétique est directement proportionnelle à la variation dans le temps du flux du
champ magnétique pénétrant dans le circuit. e(t) = −N dφ/dt avec N le nombre de spires et φ(t) le
flux qui traverse les N spires. Le signe négatif détermine le sens du courant induit dans le circuit.
Il est régi par la loi de Lenz qui énonce que le sens du courant induit est tel qu’il s’oppose par ses
effets magnétiques à la cause qui a produit le courant.

16
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

I.1.10. FORMULATION
En convention récepteur :

e = + dt (I. 25)
En convention générateur :

e = − dt (I. 26)
����⃗ = B dS cos α
Avec : dϕ = �B⃗ ∙ dS
α : angle entre le champ magnétique et la normale à la surface de la spire conductrice.

Figure I. 14. Force électromotrice induite – Loi de Lenz

I.1.11. CAS D’UNE SPIRE FIXE PLONGEE DANS UN CHAMP MAGNETIQUE


VARIABLE ET PULSANT
Si : B(t) = Beff sin(ωt)

Alors : ϕ = Beff S sin(ωt) cos α

D’où :

e(t) = Beff S ω cos(ωt) cos α (I. 27)


π
Le flux est maximum pour α = 0 et nul pour α = 2

I.9. ENERGIE MAGNETIQUE ET FORCE MAGNETIQUE

I.1.12. ENERGIE MAGNETIQUE


Le champ magnétique produit sur de la limaille de fer (ou une boussole) un déplacement. Il
véhicule donc une certaine quantité d’énergie qui se transmet sans contact entre le conducteur
parcouru par du courant et le fer. On appelle cette énergie, l’énergie magnétique.

L’énergie magnétique dans un volume V s’écrit, quel que soit le milieu considéré :

17
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques
𝟏𝟏
𝐖𝐖𝐦𝐦𝐦𝐦 = 𝟐𝟐 𝐁𝐁 𝐇𝐇 V (I. 28)
ou encore :
𝟏𝟏 𝐁𝐁𝟐𝟐
𝐖𝐖𝐦𝐦𝐦𝐦 = 𝟐𝟐 V (I. 29)
𝛍𝛍

Exemple :

Pour une induction de 1T et un volume de 1m3, on stocke:

Dans l’air :
1
Wmag � = = 𝟑𝟑𝟑𝟑𝟑𝟑 𝐤𝐤𝐤𝐤
air 2μ0
Dans le fer avec µr=1000:
1
Wmag � = = 𝟎𝟎. 𝟑𝟑𝟑𝟑𝟑𝟑 𝐤𝐤𝐤𝐤
fer 2μr μ0

On stocke 2 à 10000 fois plus d’énergie dans l’air que dans le fer (µr=2à
10000).

Dans un circuit magnétique parfait


Le fer canalise le champ magnétique - L’air stocke l’énergie magnétique

Exemple : circuit magnétique avec entrefer pour augmenter la valeur d’une inductance
1
Une inductance est un élément de stockage magnétique (𝑊𝑊 = 2 𝐿𝐿𝐼𝐼 2 ). Pour augmenter l’énergie

stockée, donc la valeur de l’inductance, on utilise plutôt un circuit magnétique avec entrefer
(Figure I. 12).

L’application du théorème d’Ampère sur le contour C donne :

���⃗ = Hfer ∙ lfer + Hair ∙ lair = n ∙ I


��⃗ ∙ dl
� H
C
Si µr>1000 alors :
Hair ∙ lair ≈ n ∙ I
D’où :
1 2
Wmag ≈
μ0 Hair
2
Autrement dit, on peut négliger les ampère-tours consommés par le fer (Hfer.lfer≈0).

Dans un circuit magnétique, le fer canalise les lignes de champ magnétique pour
les conduire dans un entrefer, région où s’effectue la conversion d’énergie.

18
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

I.10. ETUDE DE LA BOBINE A NOYAU DE FER


La modélisation d’une bobine à noyau de fer constitue un problème intéressant et important.
Elle permet de faire une synthèse des notions importantes utilisées en magnétisme (flux,
induction, réluctance, saturation…). D’autre part, de nombreux dispositifs électrotechniques
(transformateur, machine synchrone, machine asynchrone, inductance…) utilisent les principes
soulevés par cette étude.

NB : par modélisation, on entend l’élaboration d’un modèle électrique équivalent.


Ce modèle peut être plus ou moins précis (prise en compte des pertes, des fuites
magnétiques…) selon l’utilisation que l’on souhaite en faire. On distinguera donc
plusieurs niveaux d’hypothèses selon le niveau de précision recherché.

I.1.13. BOBINE SANS PERTE ET CIRCUIT MAGNETIQUE LINEAIRE


A partir du théorème d’Ampère, la composante tangentielle du champ magnétique dans le fer
s’exprime :
ni
Hfer =
lfer
avec la propriété magnétique du matériau :
Bfer = μfer Hfer
Le flux dans le circuit magnétique s’obtient simplement :
μfer Sfer
ϕfer = ni
lfer
Si le courant dans le bobinage vaut :
i(t)= IM sin (ωt)

On obtient alors un flux, lui aussi sinusoïdale :


μ fer S fer
ϕfer (t) = n IM sin(ωt) (I. 30)
l fer

L’application de la loi de Lenz permet de calculer la f.é.m. induite (on dit aussi auto induite dans
ce cas précis) aux bornes de la bobine. En convention récepteur :
dϕ fer (t) μ fer S fer
e(t) = u(t) = n = n2 ωIM cos(ωt) (I. 31)
dt l fer

On obtient une f.é.m. sinusoïdale déphasée de π/2 par rapport au courant. Autrement dit,
l’ensemble bobine + circuit magnétique peut se modéliser par une inductance.
μ fer S fer n2
L μ = n2 =ℛ (I. 32)
l fer fer

Avec,

19
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques
1 l fer
ℛfer = μ (I. 33)
fer S fer

En régime sinusoïdal, on obtient donc :


EM = Lμ ∙ ω ∙ IM (I. 34)
Eeff = Lμ ∙ ω ∙ Ieff (I. 35)

LµωIM
i(t)
IM

e(t) Lµ

Figure I. 15. Schéma équivalent de la bobine à noyau de fer idéale

Remarque : la puissance dissipée est nulle et la relation entre i et eest linéaire.

I.1.14. PRISE EN COMPTE DES PERTES MAGNETIQUES DANS LE FER


Un matériau magnétique soumis à un champ magnétique variable est le siège de pertes
(courants de Foucault et hystérésis). A fréquence donnée, ces pertes sont proportionnelles au
carré de l’induction (donc au carré de la tension).

Il est donc possible de modéliser les pertes fer par une résistance équivalente mise en parallèle
sur le modèle électrique de l’inductance. On note, en général, cette résistance Rμ.

Figure I. 16. Schéma équivalent de la bobine à noyau de fer avec prise en compte des pertes fer
uniquement

I.1.15. PRISE EN COMPTE DES PERTES DANS LE CUIVRE


Le fil de cuivre de résistivité ρ possède une résistance électrique que l’on calcule à l’aide de la
relation :
l
R = ρ Scu (I. 36)
cu

Cette résistance, parcourue par le courant i, dissipe des pertes :


Pcu= R I² (I. 37)

20
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Ce sont des pertes par effet Joule que l’on appelle aussi pertes cuivre. On les modélise par une
résistance placée en série dans le modèle électrique de la bobine.

Figure I. 17. Schéma équivalent de la bobine à noyau de fer avec prise en compte des pertes cuivre

I.1.16. PRISE EN COMPTE DES FUITES MAGNETIQUES


La perméabilité du fer n’est en réalité pas infinie. Si elle est 2 à 3000 fois plus élevée que celle de
l’air, il existe tout de même un petit nombre de lignes qui circulent dans l’air (Figure I. 18).

Figure I. 18. Carte de champ magnétique obtenue par un logiciel de calcul par éléments finis

Ces lignes appelées fuites (car elles ne circulent pas dans le circuit magnétique) magnétisent
l’air. On montre que ce flux de fuite est proportionnel à i et qu’il est, d’autre part, non soumis à
saturation. La prise en compte des fuites magnétiques se fait en ajoutant une inductance (lfuite) en
série dans le modèle électrique de l’inductance (Figure I. 19).

Figure I. 19. Modèle électrique équivalent d’une inductance avec pertes fer, pertes cuivre et fuites
magnétiques

I.1.17. EFFET DE LA SATURATION - NON LINEARITE


Avec la saturation du circuit magnétique, quand l’inductance est alimentée par une tension u(t)
sinusoïdale, le courant absorbé subit une déformation due à la non-linéarité de la
caractéristique magnétique du matériau. Cette déformation montre des pics sur l’allure du
courant (Figure I. 20). Ces pics, source de pertes supplémentaires, croissent quand l’amplitude
maximale de la tension u augmente.

21
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Figure I. 20. Tension et courant primaires d’une inductance à noyau de fer

Théoriquement on peut déduire cette forme du courant (Figure I. 21) à partir de la courbe B(H)
du matériau magnétique constituant l’inductance en partant de la tension d’alimentation u(t) :

𝑢𝑢(𝑡𝑡) = 𝑈𝑈𝑀𝑀 cos 𝜔𝜔𝜔𝜔→𝜙𝜙(𝑡𝑡) = ΦM sin 𝜔𝜔𝜔𝜔→𝐵𝐵(𝑡𝑡) = BM sin 𝜔𝜔𝜔𝜔→ H(t) → i(t)

Figure I. 21. Déformation du Courant primaire due à la saturation du matériau magnétique

I.1.18. HYPOTHÈSE DE KAPP


Le schéma électrique complet de l’inductance montre qu’il existe une chute de tension Δv aux
bornes des éléments R et lfuite. En général, cette chute de tension est suffisamment faible pour
que l’on puisse faire l’hypothèse suivante :
U=E

22
Rappels de magnétostatique & circuits magnétiques

Dans ce cas, la tension d’alimentation u(t) impose directement le flux.


Donc si : Δv << e
"On dit que l’on travaille à flux forcé"

I.11. RELATION DE BOUCHEROT


On a:
dϕ(t)
u(t) = n = U √2 sin(ωt + φ) (I. 38)
dt

L’expression du flux est :


U √2 π
ϕ(t) = sin(ωt + φ − 2) (I. 39)

Le flux magnétique obtenu est sinusoïdal, il a comme amplitude :


√2
ϕMax = n ω U (I. 40)
π
Le flux est en retard par rapport à la tension d’un angle 2

La valeur efficace de la tension est exprimée comme suit :



U= ϕMax = 4.44 𝑛𝑛 𝑓𝑓 ϕMax = 4.44 𝑛𝑛 𝑓𝑓 𝑆𝑆 BMax (I. 41)
√2

Avec, S : section du circuit magnétique ; Bmax : induction maximale en Tesla.


L’équation précédente est appelée formule de Boucherot, elle permet de calculer le nombre de
spires.

23

Vous aimerez peut-être aussi