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Imagerie 3D d’un environnement complexe et corrélation des

données de résistivité aux données de teneur en eau


Jean Patrice ASSI(1), Isabelle COUSIN(2), Christian CAMERLYNCK(1), Bernard
NICOULLAUD(2), Henri ROBAIN(3)

(1) UMR 7619 Sisyphe, Université Pierre et Marie CURIE, Paris


(2) INRA Centre d’Orléans, Unité de Science du Sol, av. de la Pomme de Pin, BP20619, 45166 Olivet Cedex
(3) UR GEOVAST, Institut de Recherche pour le Développement, Bondy, France

Abstract
Due to the heterogeneity of soil horizons, there are soils where the depth to the C
horizon varies by many decimetres within short distances. Up to now, classical pedological
characterisations did not enable to know this heterogeneity. This work presents a 3D
prospection by electrical resistivity with high resolution (25 to 50 cm) in a heterogeneous
calcareous soil. Classical pedological prospections were realised to determine the succession
of soil horizons and to measure their water content. The first results show that the inversion of
apparent electrical resisitivity measurements is sensitive to electrode configuration. A joined
3D inversion between all the measurements strongly improves the determination of depth of
the calcareous appearance, compared to the classical method.

Introduction
En géophysique de surface et de subsurface, l’intérêt du panneau électrique 2D tel que
la caractérisation des structures perpendiculaires à la ligne de mesure, le suivi de l’état
hydrique des sols à été démontré par plusieurs travaux au cours de ces dernières années
(Barker et Moore, 1998 ; Loke, 1999). En Science du Sol, on a démontré l’utilité de cette
technique pour la caractérisation des couvertures pédologiques à moyenne échelle (Robain et
al., 1996), la caractérisation des structures bidimensionnelles et notamment la variabilité de la
couche cultivée (Besson et al., 2004) et le suivi de la teneur en eau dans le sol (Michot, 2003).
Cependant une caractérisation fine 3D de la couverture pédologique sur de grandes surfaces
par résistivité électrique reste difficilement envisageable, même si la variabilité des sols à
courte distance, souvent de fréquence inconnue, mériterait d’être explicitée.
Ce travail présente les premiers résultats de l’étude de la variabilité tridimensionnelle
des horizons de sol par résistivité électrique. Nous avons utilisé un appareil permettant un
grand nombre de mesures en un temps d’acquisition très court, ce qui permet de faire varier
les paramètres d’acquisition (dispositif et distance inter-électrode).

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Site d’étude
La prospection géophysique a été menée sur le site de Ouarville, en Beauce
Chartraine. La distribution des horizons de sols est complexe avec en particulier, la présence
d’un horizon C calcaire présentant une ondulation de fréquence inconnue avec une amplitude
de l’ordre de 30 cm et, à certains endroits, un piégeage d’argile à meulière (Moeys et al.,
2005).

La prospection électrique
La méthode du panneau électrique est une méthode géophysique multi-électrodes
basée sur la mesure de la variation latérale et verticale de résistivité du sous sol grâce à des
électrodes implantées en surface (Loke, 1999). Pour effectuer ces mesures nous avons utilisé
le résistivimètre multi-canaux Syscal-Pro (Iris instruments) qui permet un gain considérable
de temps lorsque la séquence de mesure est optimisée.
Au cours de cette prospection, plusieurs dispositifs (pôle-pôle, pôle- dipôle, dipôle -
dipôle, pôle-pôle « cross diagonal ») ont été mis en œuvre à des distances inter-électrodes de
0.5 m puis 0.25 m sur une même parcelle en utilisant 96 électrodes disposées en un rectangle
de 12 x 8 électrodes (Figure 1). Sur cette parcelle treize sondages à la tarière ont été effectués
le même jour que les mesures de résistivité afin de décrire la succession des différents
horizons pédologiques présents sur le site d’étude et de réaliser un profil de teneur en eau sur
toute l’épaisseur du sol.

Résultats et discussion
Les sondages à la tarière ont permis de réaliser une carte de la profondeur d’apparition
du calcaire cryoturbé par la méthode des interpolations. On constate que cette profondeur
varie sur l’espace de mesures : de l’ordre de 85-90 cm en général, elle remonte jusqu’à 30 cm
dans la zone S-E (figure 3b) au niveau du sondage H13 (Figure 1). Les cartes de teneur en eau
présentent elles aussi une hétérogénéité, ainsi à 65 cm de profondeur la teneur en eau varie de
13 à 17 %, ce qui reflète la variabilité des matériaux à cette profondeur (Figure 3a). Les
résultats de résistivité obtenus après inversion des données montrent que le modèle obtenu est
fonction du dispositif de mesure et de la distance inter-électrode. Le pas de 0.5 m donne un
modèle moins bruité que le pas de 0.25 m ceci s’observe sur les images obtenues et par
l’erreur RMS plus élevée pour le pas de 0.25 m (figure2). Les images obtenues avec le dipôle-
dipôle et le pôle-pôle diffèrent quelque peu quelque soit la distance inter-électrode montrant
donc l’influence de ce paramètre de mesure dans la prospection 3D. Une inversion conjointe
des données de tous les dispositifs a été réalisée, ce qui donne un « modèle moyen » de
l’ensemble de la zone étudiée. Les résultats permettent d’obtenir un modèle 3D de la
succession des sols sur la parcelle et de prévoir la profondeur d’apparition de l’horizon
calcaire C (figure 4).
La carte des résistivités inversées à 65 cm de profondeur, la carte d’apparition du
calcaire et la carte de teneur en eau à 65 cm présentent quelques similitudes : on observe une
résistivité significativement plus élevée dans la zone de remontée calcaire, qui correspond à
une teneur en eau plus faible. Cependant, la concordance entre la carte de résistivité et la carte
d’apparition du calcaire n’est pas parfaite : ceci est dû à une différence d’échantillonnage
entre les 2 méthodes et au fait que la résistivité est fonction, non seulement de la nature des
matériaux, mais aussi de leur teneur en eau. Des coupes verticales réalisées suivant les
ordonnées y= 0.65 m, y= 2 m et y= 3 m (lignes en pointillés sur la figure 3c) montrent une
répartition non uniforme des couches dans l’espace (figure 4a, 4b, 4c) confirmant l’hypothèse
de départ.
Le sondage à la tarière au point (x= 3.75 m ; y= 0.75 m) montre l’apparition du
calcaire cryoturbé à 0.35 m environ avec une teneur en eau très faible, ce point correspondant

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à la résistivité la plus élevée sur la pseudo section de résistivité. Le bloc 3D sur la figure 4
représente la répartition des matériaux à résistivités supérieures à 100 Ω.m. Sur ce bloc on
observe également des hétérogénéités de répartition ce qui est en adéquation avec les coupes
verticales de la même figure.

Conclusion
Cette prospection a montré l’importance du choix de la distance inter-électrode de
même que le choix du dispositif de mesure selon la cible recherchée. Le Syscal Pro
permettant un gain de temps considérable et une grande densité de mesures est bien adapté à
ce type de prospection 3D. Contrairement aux sondages à la tarière réalisés lors de notre
expérience, la mesure de la résistivité s’est faite à mailles régulières, ce qui a permis une
meilleure interpolation dans le modèle du sous-sol. L’expérience a montré également que la
résistivité et la teneur en eau évoluent en sens inverse confirmant des travaux antérieurs.
Ces premiers résultats devront par la suite être affinés par des analyses d’échantillons
prélevés sur la parcelle afin d’établir dans la mesure du possible une relation entre la
résistivité et la teneur en eau pour les sols de cette parcelle.

Bibliographie
Barker R., Moore J., 1998. The application of time lapse electrical tomography in ground
water studies. The Leading Edge, 17, 1454-1458.
Besson A., Cousin I., Richard G., Boizard H., 2004. Structural heterogeneity characterization
of the soil tilled layers by a 2D electrical resistivity prospecting. Soil and Tillage
Research, 79, 239-249.
Loke M. H., 1999. Electrical imaging surveys for environmental and engineering studies. A
pratical guide to 2-D and 3-D surveys, 57 p.
Michot D., 2003. Intérêt de la géophysique de subsurface et de la télédétection multi spectrale
pour la cartographie des sols et le suivi de leur fonctionnement hydrique à l’échelle
intra parcellaire. Thèse de doctorat Paris VI, chap. IX, 245-251.
Moeys J., Nicoullaud B., Dorigny A., Coquet Y., Cousin I., 2005. Exploitation statistique
d’une mesure de résistivité électrique apparente pour l’aide à la cartographie des sols.
Colloque GEOFCAN 2005.
Robain H, Descloitres M, Ritz M., Atangana Q.Y., 1996. A multiscale electrical survey of a
lateritic soil system in the rain forest of Cameroon. Journal of Applied Geophysics, 34
(4), 237-253.

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Figure 1 : Implantation des électrodes et Figure 2 : Sections 3D à Z=0.5 m pour 2
Localisation des points de sondages à la tarière configurations d’électrodes à pas différents

Figure 3 : Répartition de la teneur en eau de la parcelle à Z= 0.65 m (a), profondeur


d’apparition du calcaire cryoturbé (b) et carte de résistivité à Z= 0.65 m (c)

Figure 4 : Vue 3D du modèle de résistivité de la parcelle pour rho >100 Ω.m obtenu avec
Slicer-Dicer® (à gauche) et coupes verticales en pôle-dipôles à Y=0.75 m (a), Y=2 m (b) et
Y=3m (c) obtenu avec Res2dinv (à droite) avec une erreur RMS de 2.3 %

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