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LE RÔLE DE LA VISION DU MONDE


DANS L’ESPACE DE LA FRANCOPHONIE

Aliona MERIACRE
Universitatea „Perspectiva-INT”, Republica Moldova

The article discusses the problem of worldview and its role in the francophonie as
sociocultural multilingual dimension. The author addresses the francophonie as a poly-
cultural multi-ethnic world, which is characterized by a plurality of worldviews, a plurality
of francophone ethnolinguistique worldviews in all areas of human activity (science,
economics, sociology, education, law, history, etc.). Since the francophonie encloses a
linguistic diversity of cultures and civilizations, it spreads through the French language not
only the culture and civilization of the French people, but it also makes an important
contribution to the implementation of a distribution policy of different spiritual values of
other francophone countries. Therefore, this movement develops another worldview, a
French pluralistic worldview. The diversity of ethnical worldviews of the francophonie
cohabits and try to live in peace. The specific point of view, to conceive or understand the
world materialize in heritage visions of objects, characters, famous people, phenomena or
social, historical, political, cultural, national events, etc. These ethno-linguistic worldviews
of designated objects are structured constantly in the consciousness and the linguistic
system of the people and should be decoded in order to avoid the clash of cultures that may
burst. In conclusion, we can say that the knowledge, understanding and acceptance of the
worldviews would allow the full integration of ethnic groups in the francophone world, the
effective function of this system and its harmonization with other systems of the universe.
Keywords: worldview, francophonie, poly-cultural multi-ethnic world, plurality of
worldviews, French ethnolinguistique worldview, multilingualism, ethno-linguistic
competence, intercultural dialogue.

Le Français est francophone mais la francophonie n’est pas française.


(Calixte Beyala)

Introduction

Le phénomène de la francophonie représente un intérêt particulier presque


dans tout le monde. Etant bien analysé, de son aube à nos jours, il comprend
beaucoup de conceptions et d’acceptions utiles. En étudiant ce mouvement, on
arrive à dire que la francophonie est devenue aujourd’hui plus qu’un espace des
pays et des États non souverains, ainsi que des États non francophones qui utilisent
le français comme langue maternelle, officielle, co-officielle ou étrangère. Elle
n’est pas seulement un mouvement, une union, une organisation ou, simplement,
une communauté. Ayant le but d’assurer le développement durable, la
francophonie représente un monde spécifique, un monde francophone proprement
– dite, avec ses visions du monde, ses opinions, ses objectifs bien systématisés et
ses actions concrètes proprement dirigées.
Le but de cette étude est de souligner la signification de la vision du monde
au milieu de la francophonie, le rôle des implications de toutes les visions
ethniques (linguistiques, politiques, économiques, sociologiques, pédagogiques,

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scientifiques, administratives, etc.) de l’univers francophone sur le développement
durable. Dans ce cadre, il parait opportun de voir et/ou de concevoir la
francophonie comme une dimension socioculturelle qui détermine une vision
pluraliste francophone du monde. Or, la francophonie, elle-même, englobe une
diversité des visions multiethniques particulières du monde entier. C’est un monde
francophone qui contribue par l’intermédiaire de ses objectifs et de ses actions bien
connus (voir Tableau 1 (Qu’est-ce que…)) à l’expansion de la culture et de la
langue française à l’étranger et, vice versa, à la propagation des cultures et des
langues nationales d’une grande famille francophone répandue à travers le monde.
Car toutes les langues, toutes les cultures, toutes les civilisations de la francophonie
communiquent et coopèrent afin d’assurer le développement humain, de conserver
le patrimoine de valeurs spirituelles et promouvoir l’unité dans la diversité via
l’interculturalité francophone ou la francophonie proprement-dite. Ainsi, il
s’impose la nécessité et l’exigence du savoir, du savoir-faire, du savoir-vivre, du
savoir-gérer, l’importance de la compétence ethno-socioculturelles et,
spécialement, la connaissance et la gestion de la diversité des visions du monde
francophone qui est même probablement la clef de sa survie, reconfigurant une
dialectique de la triade phénoménale : homme – culture – civilisation dans un
univers de pluralités, ou plutôt dans un « plurivers ».

OBJECTIFS MISSIONS
Les objectifs de la Francophonie Les missions de la Francophonie
sont consignés dans sa Charte : sont définies dans un Cadre
stratégique :
• Instauration et développement de la • Promouvoir la langue française et la
démocratie ; diversité culturelle et linguistique ;
• Prévention, gestion et règlement des • Promouvoir la paix, la démocratie et
conflits, et soutien à l’État de droit et les droits de l’Homme ;
aux droits de l’Homme ; • Appuyer l’éducation, la formation,
• Intensification du dialogue des l’enseignement supérieur et la
cultures et des civilisations ; recherche ;
• Rapprochement des peuples par leur • Développer la coopération au
connaissance mutuelle ; service du développement durable.
• Renforcement de leur solidarité par
des actions de coopération Une attention particulière est accordée
multilatérale en vue de favoriser aux jeunes et aux femmes, ainsi qu’à
l’essor de leurs économies ; l’accès aux TIC.
• Promotion de l’éducation et de la
formation.
Tableau 1. Les objectifs et les missions de la Francophonie

La francophonie – une vision pluraliste du monde

Langue, communication, culture, civilisation, histoire, enseignement,


développement, progrès, nouvelles technologies, droit, défense, liberté, démocratie,
démographie, etc. Ce sont des mots-clefs qui sont liés du terme « francophonie » et
qui contribuent à la détermination d’une vision pluraliste, interculturelle
francophone.
Dès le commencement (en 1880) la francophonie a été définie par le
géographe Onésime Reclus (1837-1916) comme « espaces géographiques où la
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langue française était parlée»1 (Le franco-fil). Dès lors la notion de francophonie a
évolué. On parle désormais de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner
« l’ensemble des peuples ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou
entièrement la langue française » et de Francophonie avec un «F» majuscule pour
figurer « le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays
francophones », « l’ensemble de Gouvernements, pays ou instances officielles qui
ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges ». Donc,
en générale, on parle de deux réalités différentes selon qu’on écrit francophonie
(« peuples ou locuteurs ») ou Francophonie (« gouvernements ou pays »). Dans ce
dernier cas, nous devons mentionner que la Francophonie est associée plus
exactement à l'Organisation Internationale de la Francophonie (voir Fig.1).

Fig.1. La signification de la francophonie

Certainement, on atteste dans tous les cas la présence directe ou indirecte


de la langue française. En effet, il faut également noter que le terme de «
francophonie » provient bien évidemment du mot « français », c’est-à-dire de la
langue française, qui est une langue romane appartenant à la famille indo-
européenne (Qu’est-ce que…).
Vraiment, il faut souligner que la francophonie désigne « un système des
valeurs sociales, politiques, économiques, culturelles etc. d’une richesse
exceptionnelle qui forment une espace francophone disparate ». Présente sur tous
les continents, l’organisation francophone devient un symbole de la diversité
culturelle à construire, en s’appuyant sur « les identités et les langues plurielles » :

La Francophonie est donc aujourd’hui un des laboratoires de la diversité


culturelle, un des outils de ce dialogue des civilisations à construire, un des
espaces de cohabitation indispensables pour éviter cette funeste prophétie du
choc des civilisations. La Francophonie est un exemple du pluralisme des
modèles politiques et culturels […]. Elle participe aussi à l’organisation
d’une meilleure cohabitation entre la majorité et les minorités religieuses,
sociales et politiques. Elle est un des terrains d’expérimentation des
nouveaux liens à construire entre identité et communauté, mondialisation et
communauté internationale, diversité culturelle et universalisme (Cellule de
réflexion stratégique, 8).

C’est plutôt « un système des visions particulières réunies dans une


communauté multilingue francophone », parce que tous les États francophones
sont, à l’exception de la France, en situation de bilinguisme ou de multilinguisme.
Or, d’après les conceptions des plusieurs linguistes et philosophes, comme :
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Humboldt, Boas, Sapir, Whorf, Greimas, etc., chaque pays, chaque ethnie a sa
propre vision du monde qui est enfermée dans sa langue ; d’une part la vision du
monde est déterminée par la langue-même, d’autre part elles s’identifient.
Par exemple, le linguiste et philosophe humaniste prussien, Wilhelm von
Humboldt, considère que chaque langue renfermerait une vision du monde
irréductible. De plus, il définit la langue comme « vision spécifique du monde ».
Mentionnons également que la locution vision du monde constitue le concept
fondamental de la théorie linguistique humboldtienne qui désigne « une perception
du monde organisée par une langue particulière ». De cette manière, il a permis à
Humboldt d’élaborer une définition innovante du langage fondée sur la prise en
compte de la diversité des langues, en intégrant non seulement le rapport avec la
pensée et le monde extralinguistique mais encore le lien avec une communauté
humaine (Chabrolle-Cerretini). Dans ce contexte, Humboldt dit : « Les langues
différentes possèdent pas seulement des désignations sonores différentes pour le
même objet. Elles (les langues) contiennent des visions linguales différentes de cet
objet-là » (1984) ou « La diversité des langues représente […] une diversité des
visions d’un certain objet » (1985).2
Pour illustrer, prenons un exemple : le mot perce-neige. Sans doute, cet
objet a des désignations sonores différentes et contiennent des visions spécifiques
de cet objet-là dans les langues des communautés francophones et des autre pays
de même. En français ce mot provient de l’expression « percer la neige », parce
que c’est une petite plante (amaryllidacée) bulbeuse du tout premier printemps ou
fin de l’hiver qui, comme d’habitude, fait son apparition en perçant la neige. En
roumain le perce-neige est associé avec « la coquille de l’escargot » qui a un aspect
ovale de porcelaine. Les Anglais voient cette petite fleur comme « une goutte de
neige » qui tombe sur la terre ; c’est pourquoi elle fut nommée snowdrop. La vision
du peuple allemand à l’égard du perce-neige est axée sur « la forme d’une cloche
blanche comme la neige » qui a cette plante. Les russes soulignent la manière de
l’apparition du perce-neige qui représente « une petite fleur sous la neige », etc.
(voir Tableu 2). En général, chaque identité linguistique conçoit les éléments de la
réalité extralinguistique selon leur vision propre du monde.

Langue Le Le roumain L’anglais L’allemand Le russe


français
Mot perce- ghiocel snowdrop Schneeglöckchen подснежник
neige
Vision « percer la ghioc Snow Schnee „neige”+ под снегом
neige » «coquille » « neige » + glöckchen « sous la
drop „cloche” neige »
« goutte»,
«tomber »
Tableau 2. La vision interlinguistique de l’objet « perce-neige »

Un autre chercheur, Whorf, soit qu’il ne connaisse pas Humboldt (Stati),


soit qu’il l’ignore (Mounin), reprend l’hypothèse de Sapir, selon laquelle toute
langue manifeste une analyse du monde extérieur qui lui est spécifique et qui
impose au locuteur une façon de voir et d’interpréter ce monde: „Chaque langue est
un vaste système de structures, différant de celui des autres dans lequel sont
ordonnées culturellement les formes et les catégories par lesquelles l’individu non

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seulement communique, mais analyse la nature, aperçoit ou négligé tel ou tel type
de phénomènes ou de relations dans lequel il coule sa façon de raisonner et par
lequel il construit l’édifice de sa connaissance du monde” (apud Moscato). Donc,
au fond, on souligne que chaque système linguistique représente une manière
particulière de catégoriser mais aussi de penser le monde entier.3
Puisque la francophonie enferment en soi-même une diversité linguistique,
des cultures et des civilisations, c’est-à-dire des visions plurielles du monde
francophone, elle propage par l’intermédiaire de la langue française pas seulement
la culture et la civilisation du peuple français, mais encore elle apporte une
contribution importante à la mise en œuvre d’une politique de diffusion de
différentes valeurs spirituelles et des visions sur le monde des autres pays
francophones. Car on a « sous une même langue » des réalités culturelles,
historiques et anthropologiques différentes, des visions linguistiques particulières
des peoples qui se trouvent sous l’unique « parapluie » francophone. En d’autres
termes, nous nous confrontons au milieu de la francophonie avec une diversité des
visions linguistiques qui appartiennent à l’ensemble des peuples ou des groupes de
locuteurs divers réunis par l’esprit francophone. La Francophonie devient, en
conséquence, un corps suprême qui participe à l’organisation d’une meilleure
cohabitation entre eux. De plus, la francophonie comme mouvement développe une
autre vision du monde, une vision pluraliste francophone.

Sur la compréhension de la vision du monde dans la francophonie

Dans ses travaux, Anna Wierzbicka (1938), une linguiste australienne


d’origine polonaise, suppose que chaque langue se caractérise par des « mots
spécifiques » dont le sens recèle les concepts-clés. Ainsi, si nous réussissons à
relever ces mots et à dévoiler les concepts cachés, selon Wierzbicka, nous pourrons
comprendre la culture des locuteurs de cette langue.4
En traçant une parallèle avec la diversité des langues, des cultures et des
visions ethniques de la francophonie, on peut dire qu’elles coexistent et tâchent à
vivre en paix. La manière de voir, de concevoir ou de comprendre le monde se
concrétisent, spécialement, dans les visions patrimoniales particulières des objets,
personnages, personnalités célèbres, des phénomènes ou des événements sociaux,
historiques, politiques, culturels, nationaux etc. Par exemple,
chez les Roumains: mămăligă, ie, sarică, catrinţă, cioareci, tolobani,Casa
Mare, Chişinău, Prut, Aleea clasicilor, Limba noastră, Ziua Independenţei, Ştefan
cel Mare, Eminescu, Mioriţa, Ion, Ruxanda, Mara, Vitoria Lipan, dor, doină, ban;
chez les Français : Ile-de-France, Lyon, la Loire, la Tour Eiffel, la prise de
la Bastille, la Marseillaise, Jeanne d’Arc, Henri IV, Voltaire, Zola, Proust, Manet,
Madame Bovary, Eugénie Grandet, Jean Valgean, franc ;
chez les Anglais : muffin, toffee, limericks, London, the Thames, Big Ben,
Westminster Abbey Hyde Park, Darwin, Shakespeare, Kipling, Hogarth, David
Copperfield, Childe Harold, Othello, cockney, penny;
chez les Allemands : Luxemburg, Berlin, Eisbein, Hackepeter, der Große
Bauernkrieg, Junker, Polterabend, Bergfest, Martin Luther, Goethe, Schiller,
Doctor Faust, Wilhelm Meister, Mark, Pfenning ;
chez les Russes : щи, сарафан, частушки, Москва, Волга, Кремль,
праздник Великого Октября, колхоз, «Молодая гвардия», субботник, Ленин,

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«Правда», Пушкин, Лермонтов, Толстой, Анна Каренина, Борис Годунов,
рубль etc.
Les visions ethnolinguistiques des objets désignés se structurent sans cesse
dans la conscience du peuple d’origine et de celui qui est en contact avec eux dans
l’espace francophone et on devrait les décoder pour éviter le choc des cultures qui
peut éclater. Et tous les éléments patrimoniaux uniques ou particuliers d’un pays
francophone qui constituent sa spécificité devraient être, au fond, dévoilés et
acceptés. Dans cette perspective il est aussi nécessaire de comprendre, plus ou
moins, le point de vue des autres pays de la communauté envers le monde. Ainsi, la
perception qu’a un Moldave du poème Luceafarul (nom populaire de la planète
Venus) de M. Eminescu, écrivain roumain de taille universelle, de Mioriţa (« La
petite brebis »), ballade populaire nationale etc. n’est pas celle d’un Français, d’un
Canadien ou d’un Egyptien qui ne vivent pas au milieu de notre culture. Or, pour
comprendre la vision du notre peuple ou la vision cristallisée dans le patrimoine
culturel de notre pays il n’est pas suffisamment d’apprendre la langue roumaine. Il
faudrait étudier et apprendre la culture, l’histoire, la littérature roumaine, et même
vivre parmi les roumains.
Disons que, dans un pays où il n’existe pas de chèvres, de loups, de
renards etc., la compréhension de ces passages ne peut évidemment pas être
semblable à celle d’un Français, d’un Roumain ou d’un Russe. Car chaque peuple
porte une vision imprégnée de sa propre culture. Mais « le plus important, dit
Raquel Ramalhete, ce n’est pas de décoder le loup « comme un Français » ; mais
de comprendre et d’accepter qu’il y ait des loups en France (et qu’ils connotent
telle et telle chose), alors qu’au Brésil il n’y en a pas […]. Ce qui revient à dire, à
comprendre et à accepter qu’on peut vivre autrement que comme on vit chez soi.
C’est un tout petit pas sur la voie de la tolérance, de la compréhension et de la
paix » (Ramalhete) dans l’univers entier et celui francophone, en particulier.

Conclusion

En conclusion, on peut dire que la connaissance, la compréhension et


l’acception des visions du monde (linguistiques, politiques, économiques,
sociologiques, pédagogiques, scientifiques, administratives, etc.) permettront
l’intégration totale des ethnies dans le monde francophone, la construction du
dialogue interculturel en francophonie, la fonction effective de ce système et son
harmonisation avec les autres systèmes de l’univers.
En étudiant le problème de la vision du monde à l'égard de la francophonie,
on peut déduire que :
- La francophonie est devenue aujourd’hui plus qu’un espace des pays et
des États non souverains ;
- Chaque langue qui se trouve sous l’abri de la Francophonie constitue
une vision spécifique du monde qui cohabite avec les autres visions
ethnolinguistiques francophones ;
- Ayant le but d’assurer le développement durable, la Francophonie
organise une communion entre les visions du monde francophone,
basée sur ses objectifs bien systématisés et ses actions concrètes
proprement dirigées ;

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- Sous le signe du respect de la diversité ethnolinguistique, la
Francophonie devient un symbole de la diversité culturelle à
construire, en s’appuyant sur les identités, les langues et les visions
plurielles ;
- Englobant des visions multiethniques particulières du monde, la
francophonie représente une dimension socioculturelle suprême qui
construit le dialogue des cultures ethnolinguistiques et détermine la
naissance d’une vision pluraliste francophone ;
- Les visions ethnolinguistiques des objets désignés se structurent
continuellement dans la conscience du peuple d’origine et de celui qui
est en contact avec eux dans l’espace francophone et on devrait les
décoder et les accepter, toute la mesure possible, pour éviter le choc
des cultures qui peut éclater et pour consolider la vision pluraliste
francophone.

Notes
__________________
1
Il s’agit de l’ouvrage « France, Algérie et colonie ».
2
À noter que la réception de Wilhelm von Humboldt s'avère encore difficile. Trabant et
Thouard ont contribué à dissiper une confusion entre Weltanschauung et Weltansicht en
français. C’est ce dernier concept qui est fondamental pour le linguiste prussien. Le premier
est associé à « une idéologie », et le deuxième désigne « la vision du monde ancrée dans la
langue ». On observe la même confusion en anglais. C’est pour cette raison qu’Underhill
propose de faire une distinction entre cinq formes de worldview (vision du monde) : world-
perceiving, world-conceiving, cultural mindset, personal world et perspective (Wilhelm von
Humboldt ; Underhill 134-143).
3
En effet, si nous entrons dans l’histoire des idées linguistiques concernent le concept de la
vision du monde particulière d’une langue, nous pouvons voir qu’il s’agit d’une continuité
du néo-humboldtianisme. Il faut dire que ce courant de pensée a eu deux essors entre les
années 20 et 40 du XXe siècle. Ainsi, l’idée que « chaque langue représente un système
unique de représentations et de catégorisations du monde » a été partagée d’un côté par les
néo-humboldtiens allemands Léo Weisgerber (1899-1955) et Just Trier (1894-1970), qui
faisaient l’étude du contenu de la langue (Sprachinhaltsforschung) et d’un autre côté par un
ethnolinguiste américain Edwar Sapir (1884-1939) qui a, à la même époque, émis
l’hypothèse de la relativité linguistique (celle-ci a été radicalisée par Benjamin Whorf
(1897-1941))( Uhlik).
4
Dans ce contexte, il faut préciser que le succès de la vision du monde en Russie est due,
entre autres, à un phénomène contemporain : l’écho des travaux de Anna Wierzbicka
(idem).

Références bibliographiques
Cellule de réflexion stratégique de la Francophonie. L’identite francophone dans la
mondialisation / Directeur scientifique : Dominique Wolton. (decembre 2008)
http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Rapport_Wolton_identite_fne_mondialisat__dec_20
08.pdf.
Chabrolle-Cerretini, Anne-Marie. La vision du monde de Wilhelm von Humboldt : Histoire
d'un concept linguistique. ENS Éditions, 2007.

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Le franco-fil : Bulletin de l’Ambassade de France en Moldavie et de son dispositif culturel
(Service de Coopération et d’Action Culturelle et Alliance Française de Moldavie).
Chisinau, mars-avril, 2 (2000), p. 7.
Moscato, M., Wittwer, J. La psychologie du langage / Quatrième édition corrigée/. Paris :
Presses Universitaires de France, 1992, p. 102.
Mounin, M. « Edward Sapir ». La linguistique du XXe siècle. Paris: Presses Universitaires
de France, 1972, p. 92.
Qu'est-ce que la Francophonie?
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/francophonie.htm.
Ramalhete, Raquel. « Tel pays, telle chèvre », Le Français dans le monde. Avril, 272
(1995), p. 40.
Stati, S. Interferenţe lingvistice. Bucuresti : Editura Ştiinţifică, 1971, p. 153.
Uhlik, Mladen. « Une présentation critique de la « vision du monde » : exemple de
déterminisme dans la linguistique », Seriot, Patrick (dir.) La question du déterminisme en
Russie actuelle, [en ligne]. Lyon, ENS LSH, mis en ligne le 10 décembre 2008.
http://institut-est-ouest.ens-lyon.fr/spip.php?article158
Underhill, J.W. Humboldt, Worldview and language. Edinburgh: Edinburgh University
Press Ltd, 2009.
« Wilhelm von Humboldt », Wikipédia en français (Dernière révision : 11 décembre 2015
). https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Wilhelm_von_Humboldt&oldid=121255888
Гумбольдт, В. фон. Избранные труды по языкознанию. Москва: Изд-во “Прогресс”.
--- . Язык и философия культуры. Москва: Прогресс, 1985.

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