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Cours d’ANALYSE

MATHEMATIQUE
Chapitre 1. Etude
des fonctions §1
Propriétés du corps
des réels

Michel CHARNAY et Gérard DUBOIS


Pôle de Mathématiques

Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

25 avril 2008 Révision 18 septembre 2009


Table des matières
1 Propriétés du corps des réels 1
1.1 Ensembles de nombres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 L’ensemble des réels R est un corps commutatif. . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 L’ensemble des réels est totalement ordonné . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 R est un corps commutatif valué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.5 R est un corps archimédien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.6 Bornes supérieure et inférieure de réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.7 Fonction racine carrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.8 Propriétés de densité de Q dans R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1 PROPRIETES DE R

1 Propriétés du corps des réels


1.1 Ensembles de nombres
En mathématiques les ensembles de nombres les plus couramment utilisés sont les sui-
vants :

⋆ N = {0, 1, 2, 3, . . .} l’ensemble des entiers naturels à partir duquel sont construits


tous les autres ensembles de nombres. Cet ensemble est muni des opérations addition et
multipication classiques. N est muni d’une relation d’ordre total (cf §1.3) et cette relation
est notée ≤. On peut illustrer N et cet ordre sur les entiers par la demi-droite des entiers
naturels. Sur celle-ci les entiers sont représentés par des points isolés ; la relation n ≤ m s’y
traduit par le fait que le point représentant l’entier n se situe à gauche de celui représentant
m et on dit que m est plus grand que n, ou n est plus petit que m. D’où la représentation
suivante de N, si on utilise la base décimale pour écrire les entiers, ce que l’on supposera
par la suite.

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

⋆ Z = {. . . , −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, . . .} l’ensemble des entiers relatifs. Cet ensemble est
muni des opérations addition et multiplication qui étendent celles définies sur N. Cet en-
semble comprend, outre N, tous les opposés des éléments de N : si n ∈ N alors −n ∈ Z
est tel que n + (−n) = 0. Cet ensemble forme un groupe commutatif pour l’addition et
un anneau commutatif pour l’addition et la multiplication (cf §1.2). En particulier on a
les règles de calcul suivantes :

pour m, n ∈ Z, −(m + n) = 
−m + (−n) noté encore − m − n
 mn si m, n ∈ N
pour m, n ∈ Z, mn = −((−m)n) si −m ∈ N et n ∈ N .
(−m)(−n) si −m ∈ N et − n ∈ N

Cet ensemble est aussi totalement ordonné, l’ordre étant suggéré dans la représentation
de Z par la droite suivante

−4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4

⋆ Q = {m
n
| m, n ∈ Z, n 6= 0} l’ensemble des nombres rationnels. Ici la fraction m
n

représente le produit de m par n1 l’inverse de n entier relatif distinct de 0. Cet ensemble


comprend Z et forme un corps (cf §1.2) pour l’addition et la multiplication, opérations
qui étendent celles de Z. En particulier on a les règles de calcul suivantes : si ab et dc ∈ Q
alors
a c ad + bc
+ =
b d bd
ac ac
= ;
bd bd
1.1 Ensembles de nombres 1 PROPRIETES DE R

de plus on a l’égalité ab = anbn


pour tout n ∈ Z, n 6= 0 (on dit qu’on peut simplifier par n
na
dans la fraction nb ). L’ensemble Q est aussi totalement ordonné avec, pour ab et dc ∈ Q, b
et d étant plus grands que 0, la relation ab ≤ dc si et seulement si on a ad ≤ cb.
On note D le sous-ensemble de Q, contenant Z mais strictement inclus dans Q, constitué
des nombres décimaux. Un nombre x est dit décimal si x ∈ Q et s’il existe une puissance
de 10 (1 = 100 , 10 = 101 , 100 = 102 , . . .) dont le produit par x soit un entier relatif.
Par exemple 1750
est décimal car 17 50
100 = 34 appartient à Z mais 13 ne l’est pas. En effet,
1 1 10 1 9+1 1
3
= 10 3
= 10 ( 3 ) = 10 (3 + 13 ) = 10
3 1 1
+ 10 3
= 103
+ 10 1 3 1 1
( 10 + 10 3
3
) = 10 + 1032 + 1012 13
1 3 3 3 1 1
(en itérant 1 fois la décomposition de 3 ) = 10 + 102 + 103 + 103 3 (en itérant 2 P fois) etc.
D’où l’écriture 1
décimale, infinie et périodique, de 3 = 0, 333 . . . notée encore n≥1 103n
ou bien n≥1 3(10−n ). On montre que tout décimal peut se mettre sous la forme pq avec
P
31
p ∈ Z et q égal au produit uniquement de termes égaux à 2 ou à 5. Par exemple 25 est
31
un décimal qui peut être écrit 1, 24 ( 25 = 5·315 = 4( 4·3125 ) = 4 100
31
= 4 · 0, 31 = 1, 24). Un
nombre décimal a donc un développement décimal fini et on montre que tout nombre
rationnel non décimal a un développement infini et périodique comme 32 = 0, 666 . . . ou
7
33
= 0, 212121 . . . ou 30578
2475
= 12, 35474747 . . . ou encore 13 7
= 0, 538461538461 . . . (les
périodes sont respectivement 6, 21, 47 et 538461).
L’ensemble Q est cependant incomplet dans la mesure où, par exemple, il ne contient
pas d’élément x tel que x2 = xx = 2. Cette lacune sera corrigée avec l’introduction de
l’ensemble des réels R.

⋆ R l’ensemble des nombres réels. Cet ensemble contenant Q est un corps commutatif
totalement ordonné. Sa construction est ardue et on se contentera d’en lister les propriétés
dans les sous-paragraphes suivants. Tout élément x ∈ R est dit irrationnel si x ∈ / Q.
On a la caractérisation suivante : x ∈ R est irrationnel si son développement décimal est
infini et non périodique. On montre qu’il √
existe un seul réel √x strictement positif (x 6= 0
2
et x ≥ 0) tel que x = 2 ; on le note x = 2 et la valeur de 2 donnée avec 6 décimales
est √
2 = 1, 414214 . . . .
Un autre irrationnel important est le nombre π qui mesure le rapport circonférence sur
diamètre dans un cercle. Sa valeur donnée avec 6 décimales est

π = 3, 141592 . . . .

On représente l’ensemble des réels par la droite orientée suivante dans laquelle il n’y a pas
de trou.
11
00 11
00 1
0 11 00
00 11 1
0 1
0 11
00

- 10/3 -2 0 1 2 π 9/2 6

⋆ C l’ensemble des nombres complexes. Il est identifié au produit cartésien R×R = R2 sur
lequel on met deux opérations particulières, multiplication et addition. Pour ces opérations
c’est un corps commutatif (qui comprend R identifié à R × {0}) dans lequel, notamment,
l’équation x2 = −1 a une solution. L’ensemble C sera construit au paragraphe 2.
Pour ces ensembles de nombres on a donc les inclusions N ⊂ Z ⊂ D ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.
Dans N par exemple, pour désigner le sous-ensemble constitué de tous les éléments sauf
l’élément nul, on note N \ {0} ou encore N⋆ . Même notation pour les autres ensembles.
1.2 L’ensemble des réels R est un corps commutatif. 1 PROPRIETES DE R

1.2 L’ensemble des réels R est un corps commutatif.


L’ensemble des réels R est muni de deux opérations : l’addition (notée +) et la multiplica-
tion (notée ·). Ces opérations représentent des applications de l’ensemble R × R à valeurs
dans R.
Rappelons que le produit cartésien R×R est constitué des couples ordonnés (x, y) avec x et
y ∈ R. On dit que deux couples (x, y) et (x′ , y ′ ) sont identiques, et on écrira (x, y) = (x′ , y ′),
si et seulement si x = x′ et y = y ′ ; ils sont différents dans le cas contraire. Tout ceci permet
une ’bonne détermination’ des éléments de R × R dès lors que les éléments de R sont bien
déterminés, ce que l’on suppose (pour dire que deux éléments a et b de R représentent le
même réel on note a = b ; pour signifier qu’ils sont différents on note a 6= b).
Les deux opérations sur R, représentées par les schémas
+ ·
R×R −→ R ; R×R −→ R
(a, b) −→ a + b (a, b) −→ ab

vérifient les propriétés suivantes :

 
 1. ∀a, b, c ∈ R, a + (b + c) = (a + b) + c (associativité de +)

 


 
2. ∀a, b ∈ R, a + b = b + a (commutativité de +)




3. ∃0 ∈ R, tel que ∀a ∈ R, 0 + a = a (0 élément neutre pour +)

 

 

4. ∀a ∈ R, ∃ − a ∈ R tel que a + (−a) = 0 (−a symétrique ou opposé de a)

 



 

 5.
 ∀a, b, c ∈ R, a(bc) = (ab)c (associativité de ·)


  6. ∀a, b ∈ R, ab = ba (commutativité de ·)
7. ∀a, b, c ∈ R, a(b + c) = ab + ac (distributivité de · par rapport à +)

 



 

 8. ∃1 ∈ R, 1 6= 0, tel que ∀a ∈ R, 1 a = a (1 élément neutre de ·)

 


∀a ∈ R, a 6= 0, ∃a−1 ( ou a1 ) ∈ R, a−1 6= 0 tel que aa−1 = 1



  9.
(a−1 symétrique ou inverse de a)
 

Les propriétés 1. 2. 3. 4. font de R un groupe commutatif pour l’addition. Les propriétés


1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. font de R un anneau commutatif pour l’addition et la multiplication
et un anneau commutatif unitaire si l’on ajoute la propriété 8.. Les propriétés de 1. jusqu’à
9. font de R un corps commutatif .
Montrons à titre d’exercice que les propriétés 1. 2. 3. 4. impliquent l’unicité du 0 et de
l’opposé d’un réel quelconque : si 0′ est un autre élément neutre pour l’addition, on a,
avec la propriété 3. 0 + 0′ = 0 = 0′ ; si −x et y sont deux opposés de x alors x + (−x) =
−x + x = 0 = y + x = x + y d’où y = 0 + y = −x + x + y = −x + 0 = −x.
Pour la multiplication, l’unicité de l’élément neutre et de l’inverse se montrent de la même
façon.

Comme conséquence des propriétés précédentes qui font de R un corps commutatif, nous
avons les règles calculatoires rassemblées dans l’énoncé du résultat suivant.
1.3 L’ensemble des réels est totalement ordonné 1 PROPRIETES DE R

Résultat 1.2.1.
1. La structure de groupe pour l’addition fait que :
a = b ⇔ a − b = 0 (ou encore a 6= b ⇔ a − b 6= 0)
−(a + b) = −a − b
2. La structure d’anneau implique les propriétés :
0x = 0 pour tout x ∈ R
(−x)y = −xy = x(−y)
3. La structure de corps fait que :
pour x ∈ R⋆ et y ∈ R on a l’équivalence y 6= 0 ⇔ xy 6= 0
pour a, b ∈ R⋆ on a (ab)−1 = (a−1 )(b−1 ).

Preuve.
1. Si a = b on a, en ajoutant −b à chaque terme de l’égalité, a + (−b) = b + (−b) c’est à
dire a − b = 0.
Réciproquement si a − b = 0 en ajoutant b on a a − b + b = b c’est à dire a = b.
Par ailleurs on a, pour tout réel a et b, a+b+(−a−b) = a+b+(−b)+(−a) = a+0+(−a) =
a − a = 0 ; d’où par unicité de l’opposé le résultat annoncé : −(a + b) = −a − b.
2. Pour tout x ∈ R on a xx + 0 = xx = x(x + 0) = xx + x0 d’où, en ajoutant −xx, l’égalité
0 = 0 + x0 = x0. Par ailleurs on a les égalités, pour tout x et y réels : (−x)y + xy =
(−x + x)y = 0y = 0. D’où par unicité de l’opposé : (−x)y = −xy.
3. x étant un réel différent de 0, montrons d’abord la proposition (implication) y 6= 0
⇒ xy 6= 0 en prouvant la proposition contraposée : si xy = 0 alors 0 = x−1 (xy) =
(x−1 x)y = 1y = y.
Montrons également par contraposition la proposition : xy 6= 0 ⇒ y 6= 0 : si y = 0 alors
xy = x0 = 0. D’où l’équivalence annoncée.
Par ailleurs pour a et b différents de 0, on a ab(a−1 )(b−1 ) = ba(a−1 )(b−1 ) = b1b−1 = bb−1 =
1 d’où le résultat par unicité de l’inverse : (ab)−1 = a−1 b−1 .



1.3 L’ensemble des réels est totalement ordonné


Le corps commutatif des réels, R, est totalement ordonné c’est à dire qu’il possède une
relation d’ordre totale, notée ≤, qui vérifie par définition les trois propriétés suivantes :

(O1) • ∀a, b ∈ R , on a soit a ≤ b soit b ≤ a (en particulier a ≤ a)

(O2) • a ≤ b et b ≤ a ⇔ a = b

(O3) • a ≤ b et b ≤ c ⇒ a ≤ c (transitivité)

De plus cet ordre est compatible avec l’addition :

(O4) • a ≤ b ⇒ a + c ≤ b + c, ∀c ∈ R

et possède la propriété de positivité supplémentaire :


1.3 L’ensemble des réels est totalement ordonné 1 PROPRIETES DE R

(O5) • 0 ≤ a et x ≤ y ⇒ ax ≤ ay

Notation : on notera a < b quand a ≤ b et a 6= b ; en conséquence pour tout a, b ∈ R on a


une seule des 3 relations : a < b, a = b et b < a.

Remarque : la notation a ≤ b (on dit a inférieur ou égal à b) sera notée aussi b ≥ a (on
dit b supérieur ou égal à a) ; la relation a < b (on dit a inférieur, ou strictement inférieur,
à b) sera notée aussi b > a (b supérieur, ou strictement supérieur, à a).

Des cinq propriétés précédentes O(1) · · · O(5), notamment des deux dernières, et des pro-
priétés de corps pour R, nous obtenons la liste des implications ou équivalences ci-après
qui sont les règles de calcul sur R en liaison avec l’ordre. Nous détaillons cette liste sans
démonstration.

a ≥ 0 =⇒ −a ≤ 0


a ≤ 0 =⇒ −a ≥ 0


a ≥ 0 et b ≤ 0 =⇒ ab ≤ 0


a ≤ 0 et b ≤ 0 =⇒ ab ≥ 0


a ≥ b ⇐⇒ a − b ≥ 0


Si b ≥ 0, ∀a ∈ R, a − b ≤ a ≤ a + b


∀a ∈ R, a2 = aa ≥ 0


a > b et c > 0 =⇒ ac > bc

1

a > 0 =⇒ >0

a
1 1

0 < a < b =⇒ 0 < <

b a
a ≥ 0 et c ≥ 1 =⇒ ac ≥ a



a ≥ 0 et 0 ≤ c ≤ 1 =⇒ 0 ≤ ac ≤ a


a ≥ b ⇐⇒ −a ≤ −b


Si a et b ≥ 0 ; a2 ≤ b2 ⇐⇒ a ≤ b


a ≤ b et c ≤ d =⇒ a + c ≤ b + d


a>b≥c

ou =⇒ a > c

a≥b>c
0 < aa′ ≤ bb′
 (
et 0 < a ≤ b

=⇒ et a b
0 < a′ ≤ b′ 0< ′ ≤ ′
b a

A titre d’exemple montrons la première propriété de la liste ; elle découle de la propriété


(O4) de compatibilité de l’ordre avec l’addition : si a ≥ 0 alors 0 = a + (−a) ≥ 0 + (−a) =
−a. Et l’équivalence a2 ≤ b2 ⇔ a ≤ b lorsque a et b ∈ R+ se montre ainsi : si a ≤ b alors
a2 ≤ ab ≤ b2 d’où a2 ≤ b2 ; la proposition réciproque se montre par contraposition : si
a > b alors a2 > ab ≥ b2 d’où a2 > b2 ce qui est la négation de a2 ≤ b2 .
1.3 L’ensemble des réels est totalement ordonné 1 PROPRIETES DE R

Exemple 1. De la règle de calcul ∀a ∈ R, a2 ≥ 0 et de la compatibilté de l’ordre avec


l’addition on peut tirer la propriété que tous les entiers naturels sont positifs ou nuls
et tous les opposés des entiers naturels négatifs ou nuls. En effet : 1 = 1 · 1 ≥ 0 puis
2 = 1 + 1 ≥ 1 + 0 = 1 ≥ 0 etc. De même 1 ≥ 0 entraîne 1 + (−1) = 0 ≥ −1 puis (en
ajoutant −1 à chaque terme de l’inégalité) −2 = −1 + (−1) ≤ −1 + 0 = −1 ≤ 0 etc.

Exemple 2. Les règles de calcul liées à l’ordre permettent d’écrire, pour a et b deux réels
quelconques, les inégalités suivantes : 0 ≤ (a − b)2 = (a − b) (a − b) = a2 − ba − ab + b2 =
a2 −2ab+ b2 ; d’où en ajoutant 2ab à chaque membre de l’inégalité on obtient 2ab ≤ a2 + b2
puis en divisant par 2 on aboutit à l’inégalité fondamentale :

ab ≤ (a2 + b2 )/2 ∀a, b ∈ R .

Les intervalles réels. Pour a et b deux nombres réels tels que a < b, on définit les
intervalles fermés, ouverts, semi-ouverts (tous bornés par a et/ou b) comme suit :

a0
11
0 00
11
00
11
00
11 0
100
11 1
0 0
1
00
11 b
[a, b] ≡ {x ∈ R | a ≤ x ≤ b} ; 01
10 00 0
00
11
11 1
011
1
00
00 1
11
0 0
1
0 00
1 0
1
11
a 01
10 00
11
00
11
00
11 1
000
11 1
0 0
1
00
11 0
100
1100
11
[a, +∞) ≡ {x ∈ R | a ≤ x} ; 11
00 00 1
00
11
11 0
011
1
00
00 1
11
0
0 0
1
1
00
11
00 1
0
1
11
0
011
1
00
0011
11
00
00
11

1
0
00
11 0a
1
00 1
0
1 0
00
11
(−∞, a] ≡ {x ∈ R | x ≤ a} ; 11
0
1 0
1
00 0
11 1
a00
11 0
1
11
0000
11 0
100
11 1
0 0
1 1b
0
00
11
00 0
1
]a, b[ ≡ {x ∈ R | a < x < b} ; 1
0
11
0011 011
100
00 1
11 0
0 0
1 1
01
1 0
a 00
11 1
0
00
1100
11
00
11 011
100 0
1 1
0
00 1
11 011
0011
00
]a, +∞) ≡ {x ∈ R | a < x} ; 11 1
00 0
00
1100 0
11 111
00 1
011
1
0 0
00 1
1
00 1
11
0 1
0
011
00 1
11
0011
011
00
0011
00
1
0
00
11 11a
00
(−∞, a[ ≡ {x ∈ R | x < a} ; 00 1
0
1
11
0
1
0
00
11
0
1
0000
1111
a00
11 00
11 011
100 0
1 00
0
1
11
b
1
0
11
0000
11
]a, b] ≡ {x ∈ R | a < x ≤ b} ; 11 1
00 0
11
0011 1
00 0
011
100
00 1
11 0 1
0
0 00
1 0
1
11
a 01
10 00
11
00 1
00
11
11 000
11 1
0 0
1 1b
0
[a, b[ ≡ {x ∈ R | a ≤ x < b} ; 11
00 00 1
00
11
11 0
011
100
00 1
11 0
0 0
1 1
01
1 0

Tous ces sous-ensembles de réels ont la caractéristique d’être ’sans trou’. C’est à dire que
si E représente l’un des intervalles précédents, alors, pour tout x et y appartenant à E,
avec x < y, il existe z ∈ E tel que z soit strictement compris entre x et y. Par exemple
z ≡ x+y
2
est tel que
x+x x+y y+y
x= < =z< =y
2 2 2

x x+y
a 2
y b
1.4 R est un corps commutatif valué 1 PROPRIETES DE R

1.4 R est un corps commutatif valué


Le corps commutatif R est muni d’une application valeur absolue (on dit qu’il est valué)
définie comme suit : 
df x si x ≥ 0
x ∈ R =⇒ |x| = ·
−x si x < 0
On tire de cette définition les conséquences immédiates suivantes valables pour tout réel :
|x| = | − x|, x ≤ |x|, −x ≤ |x| d’où −|x| ≤ x ≤ |x| et |x|2 = x2 .

Terminologie : pour tout x réel, |x| est appelé valeur absolue de x. Le résultat suivant
et son corollaire donnent les règles, très importantes, concernant l’application valeur ab-
solue en relation avec un produit, une somme et une différence de réels. Ces règles nous
permettrons de majorer, minorer, comparer c’est à dire de faire un travail d’analyse sur
R.

Résultat 1.4.2. L’application valeur absolue vérifie les propriétés suivantes (qui sont
celles d’une norme) :

N1 : |a| = 0 ⇒ a = 0
N2 : |ab| = |a| |b| ∀a, b ∈ R
N3 : |a + b| ≤ |a| + |b| (inégalité triangulaire)

Démonstration
N1 : |a| = 0 implique −|a| = −0 = 0 d’où a = (|a| ou − |a|) = 0.
N2 : Trois cas sont à étudier
a ≥ 0 et b ≥ 0 : |ab| = ab = |a| |b| .
a ≤ 0 et b ≤ 0 : |ab| = | − (−ab)| = |(−a) (−b)| = (−a) (−b) = |a| |b| .
a ≥ 0 et b ≤ 0 : |ab| = | − ab| = |a (−b)| = a (−b) = |a| |b| .

N3 : |a + b|2 = (a + b) (a + b) = a2 + b2 + 2ab ≤ a2 + b2 + 2|a| |b| = (|a| + |b|)2 car


ab ≤ |ab| = |a| |b| ; d’où |a + b| ≤ |a| + |b| (grâce à l’équivalence x2 ≤ y 2 ⇔ x ≤ y pour x
et y ≥ 0).



Comme conséquence du Résultat 1.4.2 on a le corollaire suivant :

Corollaire
1. Si a ≥ 0 et x ∈ R alors |x| ≤ a ⇔ −a ≤ x ≤ +a.
2. On a l’inégalité | |a| − |b| | ≤ |a − b| ∀a, b ∈ R.
1.4 R est un corps commutatif valué 1 PROPRIETES DE R

Preuve.
1. Par hypothèse, si |x| ≤ a alors : si x ≥ 0, 0 ≤ x = |x| ≤ a, si x ≤ 0, |x| = −x ≤ a ⇔
x ≥ −a d’où −a ≤ x ≤ 0. Dans tous les cas on a donc −a ≤ x ≤ +a.
Réciproquement, si −a ≤ x ≤ a, (⇔ −a ≤ −x ≤ a) alors : si x ≥ 0, 0 ≤ x = |x| ≤ a ; si
x ≤ 0, 0 ≤ −x = |x| ≤ a. Dans tous les cas on a donc |x| ≤ a d’où le résultat d’équivalence.
2. D’après le point 1. on a | |a| − |b| | ≤ |a − b| ⇔ −|a − b| ≤ |a| − |b| ≤ |a − b| d’où les
deux inégalités à montrer : −|a − b| ≤ |a| − |b| et |a| − |b| ≤ |a − b|, inégalités équivalentes
à |b| ≤ |a| + |a − b| et |a| ≤ |b| + |a − b|. Ces deux dernières inégalités sont vraies comme
conséquence de l’inégalité triangulaire ; par exemple |b| = |b − a + a| ≤ |b − a| + |a| =
|a − b| + a, idem avec |a| en posant |a| = |a − b + b|.



Pour compléter les règles précédentes, nous donnons maintenant deux caractérisations
concernant l’égalité d’un réel avec 0, d’une part, et la relation d’ordre ≤ entre deux
réels d’autre part. Ces caractérisations sont très pratiques car, souvent, quand on fait de
l’analyse réelle, les nombres que l’on manipule sont formels et ont des propriétés connues
’à ε près’.
Résultat 1.4.3.
1. Pour a ∈ R on a l’équivalence : a = 0 ⇔ |a| ≤ ε ∀ε > 0.
2. Pour a et b ∈ R, on a l’équivalence : a ≤ b ⇔ a ≤ b + ε ∀ε > 0.

Preuve.
1. Si a = 0, alors 0 = a = |a| ≤ ε pour tout ε > 0. Montrons la propriété réciproque
(|a| ≤ ε, ∀ε > 0 ⇒ a = 0) par contraposition : si a 6= 0 (négation de a = 0) on pose
df
ε0 = |a|
2
> 0 et on a alors |a| = 2ε0 > ε0 (ce qui est la négation de la proposition ∀ε > 0,
|a| ≤ ε).
2. Si a ≤ b, alors pour tout ε > 0 on a b ≤ b + ε d’où a ≤ b ≤ b + ε. Montrons également la
propriété réciproque (a ≤ b + ε, ∀ε > 0 ⇒ a ≤ b) par contraposition : si a > b (négation
df
de a ≤ b) alors en posant ε0 = a−b 2
on a b + ε0 = b + a−b 2
= b+a2
< a+a
2
= a ( c’est la
négation de ∀ε > 0, a ≤ b + ε).



Les caractérisations du Résultat 1.4.3 seront utilisées principalement dans le paragraphe


4. traitant des suites numériques.

Exemple 3. Pour deux réels a et b quelconques nous pouvons exprimer le plus grand
des deux, noté max(a, b), en fonction de a, b et de la valeur absolue de la différence a − b.
En effet si a ≤ b alors max(a, b) = b, |a − b| = b − a et 21 (a + b + b − a) = b ; si b ≤ a alors
max(a, b) = a, |a − b| = a − b et 21 (a + b + a − b) = a. Ainsi dans tous les cas on a
1
max(a, b) = (a + b + |a − b|) .
2
1.5 R est un corps archimédien 1 PROPRIETES DE R

On montre de même que le plus petit des réels a et b, noté min(a, b), vérifie la relation
1
min(a, b) = (a + b − |a − b|) .
2
a+b
Tout ceci peut être illustré, dans le cas a < b, par le schéma suivant, la valeur 2
repésentant le point milieu de l’intervalle [a, b] :

(b − a)/2

a
a+b b
2

(b − a)/2

1.5 R est un corps archimédien


C’est Archimède (-287, -212 dans l’Antiquité) qui le premier formula le postulat qui porte
son nom (postulat d’Archimède ou de continuité) : deux points A et B quelconques étant
donnés sur une droite, si, à partir de A, on dispose à la suite et en direction de B des
segments de même longueur, on finira par dépasser le point B après une série finie de
telles opérations, si petite que soit la longueur des segments.

A B

Le corps des réels possède la propriété précédente ; on dit qu’il est archimédien. Cette
propriété s’énonce ainsi : pour n’importe quels réels a et b, avec a strictement positif, il
existe un entier n ∈ N pour lequel le produit na soit supérieur ou égal à b. Ce que l’on
peut résumer ainsi

∀a, b ∈ R, avec a > 0, ∃n ∈ N tel que na ≥ b

et illustrer de la façon suivante :

0 a 2a 3a (n − 1)a b na
1.6 Bornes supérieure et inférieure de réels 1 PROPRIETES DE R

Une conséquence de la propriété d’Archimède pour R est que l’ensemble des réels { n1 | n ∈
N⋆ } possède la propriété suivante : soit ε > 0 quelconque, en posant a = 1 et b = 1ε
(> 0), par la propriété d’Archimède il existe n1 ∈ N tel que n1 (1) = n1 ≥ b = 1ε ; il en
découle ε ≥ n11 ≥ n1 pour tout entier n supérieur ou égal à n1 . Pour rendre compte de
cette propriété (à partir d’un certain rang tous les réels n1 sont plus petits que ε nombre
positif quelconque) on dit que la suite n1 n∈N⋆ tend vers 0.
Nous étudierons en détail les suites de réels au paragraphe 3 avec pour acquis le résultat
n→+∞
précédent que l’on note n1 n∈N⋆ −→ 0.


1.6 Bornes supérieure et inférieure de réels


Soit E une partie de l’ensemble des réels (on note E ⊂ R). On dit que E est majorée s’il
existe M ∈ R tel que M majore (ou est plus grand que) tout élément a de E : ∀a ∈ E,
a ≤ M. On dit alors que M est un majorant de E. De la même façon on dit que E est
minorée s’il existe m ∈ R tel que m minore (ou est plus petit que) tout élément a de E :
∀a ∈ E, m ≤ a. On dit alors que m est un minorant de E.

Si la partie E est à la fois majorée et minorée on dit que E est une partie bornée.
Concernant une partie bornée de R on montre le résultat suivant.
Résultat 1.6.4. Soit E ⊂ R une partie de R. On a l’équivalence suivante :

E bornée ⇔ ∃A > 0 tel que ∀a ∈ E, |a| ≤ A .

Preuve. Montrons d’abord l’implication ⇐ ; comme |a| ≤ A équivaut à −A ≤ a ≤ A on


df df
a, par hypothèse, E majorée avec M = A comme majorant et E minorée avec m = −A
comme minorant.
Réciproquement si, par hypothèse, on a m ≤ a ≤ M ∀a ∈ E alors cela implique −A ≤
df
a ≤ A pour tout a ∈ E avec A = max(|M|, |m|) le plus grand des réels |M| et |m|. En
effet on a a ≤ M ≤ |M| ≤ A et −A ≤ −|m| ≤ m ≤ a pour tout a ∈ E.



Nous abordons maintenant les résultats d’existence et d’unicité concernant les bornes
supérieure et inférieure d’ensembles de réels. Ces résultats sont donnés sans les démons-
trations car elles sont intimement liées à la construction du corps des réels qui n’est pas
faite ici.

Borne supérieure d’un ensemble de réels. Toute partie E de R, non vide et majo-
rée, admet une borne supérieure, c’est à dire un plus petit majorant : M est un plus
petit majorant de E si M est un majorant et si pour tout majorant b de E on a M ≤ b .
df
On montre que cette borne supérieure est unique et on la note M = sup E.
On a la caractérisation suivante :

• ∀x ∈ E, x ≤ M (M majorant de E)
M = sup E ⇐⇒ .
• ∀ε > 0, ∃x ∈ E tel que x > M − ε (M plus petit majorant )
1.6 Bornes supérieure et inférieure de réels 1 PROPRIETES DE R

Borne inférieure d’un ensemble de réels. Toute partie E de R, non vide et minorée,
admet une borne inférieure, c’est à dire un plus grand minorant : m est un plus grand
minorant de E si m est un minorant et si pour tout minorant b de E on a b ≤ m . On
df
montre que cette borne inférieure est unique ; on la note m = inf E.
On a la caractérisation suivante :

• ∀x ∈ E, m ≤ x (m minorant de E)
m = inf E ⇐⇒ .
• ∀ε > 0, ∃x ∈ E tel que x < m + ε (m plus grand minorant )

Attention ! : sup E et inf E n’appartiennent pas forcément à E : si sup E ∈ E on note


alors max E et si inf E ∈ E on note min E.

Notations particulières : si la partie E n’est pas majorée on note quelquefois et abusive-


ment sup E = +∞ (alors que sup E n’existe pas) ; si E n’est pas minorée on note, aussi
abusivement, inf E = −∞.

Exemple 4. Soit a et b deux réels tels que a < b. Soit l’ensemble E = [a, b[≡ {x ∈
R | a ≤ x < b} qui est l’intervalle de bornes a et b semi-ouvert en b. E n’est pas vide (il
contient a, comme le point milieu(a + b)/2), il est majoré par b et minoré par a. Il est
clair que inf E = min E = a (a ∈ E et est le plus grand des minorants de E).
Montrons que b = sup E en utilisant la caractérisation de la borne supérieure. Il est clair
que, par définition, x ≤ b pour tout x de E. Par ailleurs pour ε > 0 assez petit (ε < b − a)
df
soit x⋆ = b − ε/2 ; évidemment x⋆ ∈ E avec x⋆ > b − ε, d’où b est le plus petit des
majorants et le résultat annoncé.
x⋆
0
1 0
1
1
0 1
0
a b−ε b

Exemple 5. Soit l’ensemble des réels E ≡ { n1 | n ∈ N⋆ } que l’on peut représenter


graphiquement de la façon suivante :

1/n+1
0 1/n 1/4 1/3 1/2 1

Cet ensemble E est majoré par 1 et minoré par 0. Comme 1 ∈ E avec n1 ≤ 1 ∀n ∈ N⋆ ,


on a les égalités 1 = sup E = max E. Montrons maintenant que inf E = 0. Nous avons
vu au paragraphe 1.5 que la suite ( n1 )n∈N⋆ tend vers 0 ; cela signifie que pour tout 2ε > 0,
∃n0 ∈ N pour lequel n ≥ n0 ⇒ n1 ≤ 2ε < 0 + ε. Il en résulte que 0 est le plus grand des
minorants de E ; d’où 0 = inf E et cette borne inférieure n’appartient pas à l’ensemble.

1.7 Fonction racine carrée 1 PROPRIETES DE R

1.7 Fonction racine carrée


Avec la propriété caractérisant une borne supérieure nous sommes en mesure de construire
la première fonction, non triviale, de la variable réelle : la fonction racine carrée.
Résultat 1.7.5. Pour tout a réel supérieur ou égal à 0 (a ∈ R+ ) il existe un unique x
appartenant à R+ tel que x2 = a.

Terminologie : cet unique
√ x est appelé racine carrée, ou radical, de a et est noté x = a ;
la fonction a ∈ R+ → a ∈ R+ est appelée fonction racine carrée.
Preuve. Nous allons montrer ce résultat dans le cas particulier a = 2, le cas général
pouvant s’en déduire facilement. Soit S l’ensemble de réels suivant S ≡ {y ∈ R+ | y 2 ≤
a = 2}. Il est clair que S n’est pas vide (0 ∈ S) et qu’il est majoré par 2 (tout réel
supérieur ou égal à 2 n’appartient pas à S car z ≥ 2 ⇒ z 2 ≥ 2z ≥ 4 > 2). Posons par
df
définition x = sup S (on a x ≥ 1 car 1 ∈ S). Nous allons établir l’égalité x2 = 2 en
montrant que l’on n’a, ni x2 < 2, ni l’inégalité stricte x2 > 2, en raisonnant par l’absurde.
2x+1
Supposons que x2 < 2. Alors 2 − x2 > 0 ; soit n ∈ N⋆ tel que n > 2−x 2 (R corps

archimédien) il en découle les égalités et inégalités suivantes


 2
1 x 1 2x 1
x+ = x2 + 2 + 2 ≤ x2 + + <2
n n n n n
1 2
(car x2 + 2x 1 2x+1 2x+1
2

n
+ n
< 2 ⇔ 2 − x > n
⇔ n > 2−x 2 ). Ainsi on aurait x + n
< 2 et x ne
1
serait donc pas égal à sup S puisque x + n appartiendrait à S ; d’où la contradiction.
Supposons maintenant que x2 > 2. Alors x2 − 2 > 0 ; soit l’entier naturel n ∈ N⋆ tel que
1
n
< (x2 − 2)/2x et x − n1 > 0. On a alors les égalités et inégalités suivantes
 2
1 2x 1 2x
x− = x2 − + 2 > x2 − >2
n n n n
x2 −2 1 2
(car x2 − 2x 1

n
> 2 ⇔ n
< 2x
). Ainsi on a l’inégalité stricte x − n
> 2 et tous les
z ≥ x − n1 vérifieraient aussi cette inégalité stricte (z 2 ≥ z(x − n1 ) ≥ (x − n1 )2 > 2) et
n’appartiendraient donc pas à S. Donc tous les éléments y de S seraient tels que y ≤ x− n1 ;
x − n1 serait donc un majorant de S et x ne serait donc pas le plus petit des majorants,
d’où la contradiction. √
La conclusion est que x2 = 2 ou x = 2. On verra (cf §1.8) que ce nombre est irrationnel
et qu’une valeur approchée à 6 décimales est :

x = 2 = 1, 414214 . . . .




Généralisation. On peut généraliser le résultat précédent avec un entier n strictement


supérieur à 2 : pour tout réel a ∈ R+ , il existe√un unique x ∈ R+ tel que xn = a. Cet
√ unique
x est appelé racine n-ième de a et noté n a ou a1/n ; la fonction a ∈ R+ → n a ∈ R+
est appelée fonction racine n-ième.
1.8 Propriétés de densité de Q dans R 1 PROPRIETES DE R

1.8 Propriétés de densité de Q dans R


Nous avons vu que l’ensemble des nombres rationnels est contenu dans l’ensemble des
réels. Nous allons montrer que tout nombre réel peut être approché d’aussi près que l’on
veut par un rationnel (on dit que Q est dense dans R) et que pour tout rationnel il existe
un irrationnel aussi près que l’on veut de celui-ci.
Résultat 1.8.6. Soit x ∈ R. Pour tout réel ε strictement positif (ε > 0), il existe un
nombre rationnel a (a ∈ Q) tel que |x − a| ≤ ε.

Preuve. Soit n ∈ N⋆ tel que n1 ≤ ε (un tel n existe par la propriété d’Archimède) ; il
suffit de montrer qu’il existe a ∈ Q tel que |x − a| ≤ n1 .
Si x ≥ 0 ; soit S = {m ∈ N⋆ | nx < m}. Cet ensemble S est non vide (R archimédien) et
possède un plus petit élément noté k (tout ensemble d’entiers naturels, non vide, possède
un plus petit élément) ; alors k − 1 ≤ nx et on a les inégalités nk − n1 ≤ x < nk ce qui
entraîne |x − nk | ≤ n1 ≤ ε. Ici a = nk .
Si x < 0 ; on applique le résultat précédent à −x et on trouve b ∈ Q tel que |(−x) −b| ≤ ε ;
df
alors en posant a = −b on a |x − a| = | − (−x − b)| = |(−x − b)| ≤ ε.

x
1 2 k−1 k
0 n n n n




Résultat 1.8.7. Soit x ∈ Q. Pour tout ε réel strictement positif (ε > 0), il existe un
nombre irrationnel y tel que |x − y| ≤ ε.
1
Preuve. Par hypothèse x est un rationnel quelconque. Soit y = x + n√ 2
avec n ∈ N⋆ tel
1
que n1 ≤ ε ; alors y est irrationnel avec |x − y| = n√ 2
< n1 ≤ ε d’où le résultat annoncé.
1
On montre l’irrationnalité de y par l’absurde : si y est rationnel alors y − x = n√ est
2n
√ √ 2
rationnel comme le serait n√2 = 2 (car Q est un corps) d’où la contradiction car 2 est
irrationnel (cf infra).



√ √
Irrationnalité de 2. Raisonnons par l’absurde. Si 2 ∈ Q, ∃p ∈ N et q ∈ N⋆ , p et
q premiers
√ entre eux (c’est à dire n’ayant pas de diviseur commun autre que 1) tels que
p
q
= 2. Il en résulte l’égalité p2 = 2q 2 , ce qui montre que p2 est pair, donc que p est pair
aussi et s’écrit p = 2u avec u ∈ N. On a alors p2 = 4u2 = 2q 2 d’où q 2 = 2u2 . Comme p2 ,
q 2 est pair donc q aussi qui s’écrit q = 2v, v ∈ N⋆ . On voit donc que p et q ne sont pas
premiers entre eux (à cause du facteur commun 2) d’où une contradiction.

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