Tout d’abord, je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou
de loin au succès de mon stage :
Les métiers techniques m’avaient toujours attiré. Etant plus jeune, je me passionnais
pour l’électronique, et j’envisageais alors de suivre un cursus Baccalauréat Sciences et
Technologies de l’Industrie. Mais pour diverses raisons, j’ai suivi un cursus général
Baccalauréat Scientifique et suis rapidement rentré dans la vie active.
J’ai choisi la société ESTEVE SA pour effectuer mon premier stage en entreprise pour
sa situation géographique, au cœur de la vie aéronautique et aérospatiale, ainsi que
pour son engagement dans le monde de l’éducation. En effet, ESTEVE est un
partenaire associé de la fondation C.Génial dont l’objet est de sensibiliser aux
sciences et d’en faire découvrir les métiers aux jeunes.
Présentation
Depuis plus de 40 ans, ESTEVE est un acteur majeur de la mécanique de précision,
historiquement lié à l’industrie Aéronautique, Spatiale et Défense.
Cyrille CHANAL
Président Directeur Général
Catégorie Métallurgie
SIRET 32152305200017
Nationalité Française
Effectif 2014 92
Surface 3800 m²
Clients
Organigramme
Sylvain CHANAL
Cyrille CHANAL Gianni SELLITTO
Directeur Industriel
PDG Directeur RH
Responsable Qualité
Laurent
BORDAGARAY
Responsable Atelier
Gilles SENEGAS
Stéphane GELIX
Directeur
Responsable Achats
Commercial
Bernard METCHE
Version du 16/05/2015 16:11
Responsable
Logistique
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Bertrand RUMEAU
Responsable Outillage
& Equipement
Agréments et qualifications
Management de la qualité
ESTEVE a mis en place un système de management de la qualité, notamment via les
certifications ISO 9001 et EN/AS/JISQ 9100, mais surtout, elle s’inscrit dans une
démarche de Lean Manufacturing. Le Lean Management, d’origine japonaise, peut
être littéralement traduit par « gestion maigre », « sans gras », et provient du système
production de Toyota.
Cet aspect sera développé ci-après dans le chapitre 5. Partie technique > Qualité &
Lean Manufacturing, page 32.
L’entrepôt matière ;
L’atelier où les pièces mécaniques sont produites ;
L’atelier d’ajustage où les pièces sont ébavurées ;
L’atelier de montage, de conditionnement et d’expédition.
En premier lieu, la commande client est traitée par le service des méthodes qui
produit un ensemble de documents nécessaires pour son exécution : l’Ordre de
Fabrication ou Fiche Suiveuse renseignant les différentes phases de production, du
débit au contrôle final en passant par l’usinage, l’ajustage et les différents traitements
internes ou sous-traités, plans client et plan opérateur DA1, fiches outils, fiches
d’autocontrôle, et fiche de suivi journalier.
Les différents Ordres de Fabrication sont ensuite ajoutés au planning. Chaque phase
(débit matière, production, ajustage, sous-traitance, contrôle, logistique / distribution)
est datée et visée par le technicien responsable de son exécution puis les pièces sont
expédiées au service concerné par la prochaine phase.
Tour CMZ TA 30 YS
Ø broche max 86 mm
D’autre part, voici une liste non exhaustive des principales machines de la société
ESTEVE :
1 tour CMZ TA 15 YS
2 tours CMZ TX56 Y2 Quattro
1 fraiseuse Daewoo Mynx 500
1 centre d’usinage NMV 5000 DCG
1 centre d’usinage CV 500
3 fraiseuses Hurco VM 10
2 tours Mori Seiki SL 150 / SL 100
1 tour Mori Seiki SL 204
1 tour Mori Seiki SL 15
1 décolleteuse Star SR-32 J type N
1 décolleteuse Star SB-20 type E
En pratique…
L’Ordre de Fabrication est généralement mis à disposition par les préparateurs sur
des étagères à proximité des postes de travail avec la matière, les outils et les
documents relatifs.
Vérifications machine
Ainsi, les modifications apportées avec le tire-barre auront permis un gain minimum
de 4 secondes par cycle (sans prendre en compte l’usinage par lot de 4 pièces). Sur
un Ordre de Fabrication de 3000 pièces, on peut donc compter sur un gain de temps
de 12000 secondes, soit 3 heures et 20 minutes, grâce au seul tire-barre. Par ailleurs,
son utilisation peut être rentable à partir de 300 pièces.
La Fiche Outils (voir Annexe P4) est vérifiée afin que les numéros d’outils soient en
concordance avec ceux spécifiés dans le programme. Sont également passés en
revue les références de porte-outil, les diamètres et longueurs d’outils et leurs
spécifications.
Les outils peuvent être changés de poste sur la tourelle, notamment pour éviter toute
collision du mandrin ou de la matière avec un outil voisin ou la tourelle. Par exemple
avec des outils de longueur importante (barre à aléser, foret long), ou encore, l’outil à
tronçonner ne doit pas être placé à côté d’un outil de fraisage radial (pour les tours
fraiseurs). Les outils déjà montés sur la tourelle ne sont pas déplacés, mais leur
numéro est modifié directement dans le programme et la Fiche Outils afin de gagner
du temps.
Lors du montage d’un outil, il convient de bien souffler et nettoyer les différentes
parties pour assurer un contact parfait entre l’outil et son porte-outil pour éviter les
défauts de concentricité. Le porte-outil est monté en premier puis l’outil dans son
porte-outil, afin de mieux monter l’outil et d’éviter de choquer la plaquette.
Sur les machines disposant d’un bras de palpage, les outils peuvent être jaugés
rapidement et avec précision. Selon le programme, et selon les entreprises, certains
outils sont jaugés différemment, par exemple l’outil à tronçonner peut être jaugé
systématiquement à droite ou à gauche. Chez ESTEVE, ce dernier est généralement
jaugé sur sa face droite.
Pour faire l’origine programme, on place ensuite le brut dans les mors avec une
longueur de sortie correspondant à la longueur de pièce incrémentée de la largeur
de l’outil de tronçonnage et d’une distance de sécurité d’environ 5 mm. On fait
Sur les machines ne disposant pas de bras de palpage, les outils sont jaugés en
tangentant un brut, préalablement placé dans les mors en respectant la même
longueur de sortie mentionnée ci-avant.
Puis, dans l’axe longitudinal X, on vient tangenter puis charioter sur une longueur
d’environ 10mm, et on mesure au micromètre extérieur deux touches le diamètre
ainsi usiné. On applique ensuite la jauge en spécifiant le diamètre ainsi obtenu. Par
exemple, si le brut a été charioté à un diamètre de 30 mm, on tapera à l’écran "X30"
puis la touche de fonction "MESUR". Pour les outils intérieurs tels que les outils à
aléser, on tapera "X-30" puis "MESUR" car le point générateur de ces outils se trouve
sous le brut, et donc à une coordonnée X négative.
Les jauges outils sont généralement vérifiées en MDI avec une cale, ou en testant la
position des outils selon le programme. Certains opérateurs peuvent également faire
tourner le programme sans brut afin de vérifier que les outils ne vont pas rentrer en
collision avec le mandrin ou avec d’autres parties de la machine-outil à un
quelconque moment.
Le centrage des outils est également un point important du réglage. En effet, un outil
non aligné peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de l’usinage, les
cotes, l’usure de l’outil, voire sur la machine. Le centrage d’outil s’effectue au pépitas,
sur la surface cylindrique de l’outil. Voir Annexe P5 – Centrage d’outils au pépitas.
Nous souhaitons insister ici sur l’importance de l’aspect visuel de la pièce. Le contrôle
des cotes ne suffit pas car il n’est effectué que sur des zones très localisées de la
pièce fabriquée et non sur sa totalité. Par conséquent, des défauts tels que des
rentrons (décalages entre outils formant une sorte d’escalier) ou un mauvais état de
surface peuvent ainsi être détectés et corrigés avant le lancement en production.
D’autre part, la surface peut être « vibrée », c’est-à-dire présenter des vaguelettes, ou
encore des restes de copeaux fondus. Voir Annexe R2 – Influence des conditions de
coupe sur l’état de surface.
Enfin, lorsque la pièce satisfait à la totalité des exigences fixée par la Fiche
d’AutoContrôle et par le plan, elle est marquée « Pièce de validation » et envoyée au
service Contrôle avec sa Fiche Suiveuse / Ordre de Fabrication pour validation.
Lorsque toutes les vérifications ont été faites et que la production est prête à être
lancée, le programme est déchargé via clé USB et transféré dans un emplacement
spécifique sur le réseau informatique à des fins d’archivage et de vérification
ultérieure.
De manière plus générale, nous avons appris que ce qui fait un bon opérateur, c’est
avant tout sa capacité à être autonome et à connaître les techniques d’usinages afin
de savoir comment réagir en cas de problème, apporter les solutions nécessaires et
reprendre la production. Savoir programmer est également très important pour
comprendre le programme et savoir comment la pièce est usinée, mais aussi pour
corriger des défauts en cours de production, de conicité par exemple. Enfin, selon les
machines-outils, on peut intervenir différemment pour un même problème rencontré,
il est donc important de connaître le parc machine.
Tournage
Lorsqu’il se forme des copeaux ou des bavures enroulés au sommet d’un dressage ou
d’un contournage, c’est que la plaquette de l’outil est usée et doit être remplacée.
Il peut arriver au cours d’une opération d’usinage que la barre de brut recule très
légèrement à l’intérieur du mandrin. Il faut dans ce cas augmenter la pression de
serrage de ce dernier.
Nous avons vu également qu’en règle générale les profondeurs de passe maximales
devaient être de 2.5 fois le rayon d’outil (pour un outil à plaquette) ou 5 fois le
diamètre du foret. De même, selon les matières, la passe de finition minimum varie,
par exemple, pour les aciers une passe de 0.2 mm et pour l’acier NC6 0.4 mm (acier
cémenté/durci).
Décolletage
Une décolleteuse est le plus souvent munie d’une contre-broche qui récupère
la pièce en broche principale et effectue les opérations de reprises de façon
automatisée. Voir Annexes P7 et P8.
C’est la barre de brut qui est en mouvement dans l’axe Z dans le canon, guidée
par un réducteur de la taille exacte du brut usiné. Voir Annexe P9 – Canon,
pince et réducteur d’une décolleteuse.
Les outils sont exclusivement mobiles dans l’axe transversal/vertical X car la coupe se
faisant au plus proche du nez de pince, les vibrations en sont fortement diminuées.
On peut ainsi produire des pièces de petites tailles d’une très grande précision.
Fraisage
L’activité fraisage étant moins importante que l’activité tournage, nous avons pu
observer quelques usinages, notamment du prototypage et participer à la production
de charnières en titane sur une Daewoo Mynx 500.
La production de la plupart des pièces sont de petites séries et sont prises en charge
intégralement par les opérateurs, de la programmation à la production. Ainsi, nous
avons suivi la création de phases de fraisage en conversationnel sur des machines de
type Hurco VM10.2 avec représentation en 3D temps réel des opérations d’usinage.
Nous avons également pu observer quelques étapes du réglage sur une 5 axes Mori
Seiki NMV 5000 DCG avec la réalisation d’une rainure en queue d’aronde pour la
maintien en position de la pièce dans l’outillage.
Enfin, nous avons découvert une méthode de prise d’origine programme avec le
pépitas sur l’axe Z (entre la table et la surface où se trouve l’origine) ainsi qu’en X et Y
(l’origine se situant au centre d’un perçage). Voir Annexe P6 – Prise d’origine
programme fraisage axe Z au pépitas et Annexe P6 bis – Prise d’origine programme
fraisage axes X et Y au pépitas.
Nous avons assisté à la fabrication d’outils de contrôle comme des tampons lisses à
un diamètre spécifique introuvable dans le commerce. Ces tampons lisses sont
fabriqués à partir de chutes en aluminium.
Pour contourner ce problème, un premier usinage est fait au plus proche de la cote
(quelques microns près) puis le tampon est contrôlé à température de 20°C. L’écart
par rapport à la cote visée est ensuite répercuté sur la machine en finissant à la toile
Emeri très fine (grain 1200). Voir cette opération en Annexe P10 – Fabrication d’outils
de contrôle (tampon lisse). Le tampon finalisé est marqué d’une double encoche pour
le côté « n’entre pas ». Voir Annexe P11 – Tampons lisses fabriqués chez ESTEVE.
Le tableau de suivi des niveaux d’huile récapitule succintement quelles sont les huiles
contrôlées et dont le niveau a été complété, ainsi que les filtres qui ont été changés.
Puis, le bac contenant les lubrifiants usagés a été retiré de dessous la machine (voir
Annexe M6 – Bac de récupération contenant des lubrifiants usagés) afin d’être
transporté hors de l’atelier. Le bac est ensuite vidé du lubrifiant et nettoyé avec un
liquide dégraissant.
Cette opération a été effectuée sur les deux machines en une journée de stage.
Types de contrôles
On effectue, bien entendu, des contrôles après usinage de la pièce pour vérifier
chacune des cotes grâce à la Fiche d’AutoContrôle.
Les contrôleurs peuvent effectuer des contrôles volants en cours de production afin
de s’assurer que celle-ci remplit les exigences fixées par le client. Ce type de contrôle
se fait le plus souvent pour des clients exigeants tels qu’Airbus, Aircelle, etc…
Enfin, à divers stades de la production, entre phases ou lorsque les pièces reviennent
de sous-traitance, on procède à des contrôles 100% (toutes les pièces sont
contrôlées) ou des contrôles par lot.
Nous n’avons pas eu l’opportunité d’utiliser ces MMT, mais nous avons pu mettre en
œuvre tous les autres types d’outils de contrôle :
De la demande client…
Nous avons pu observer comment fonctionne le service Méthodes chez ESTEVE avec
Pascal, programmeur et technicien méthodes.
La plupart du temps, le plan client est redessiné par les techniciens méthodes afin
d’apporter des précisions ou de le rendre plus clair pour les opérateurs. Ce plan est
annoté « DA1 ». Chaque modification du plan ou de la demande client donne lieu à
une modification de son indice, qui correspond à un numéro de version du
document. Cet indice est généralement une lettre ou un groupe de lettres, parfois
suivi d’un chiffre. Les plans sont réédités au format PDF pour faciliter leur
consultation et leur impression.
…à la CFAO
Voici une liste de quelques éléments d’intérêt que nous avons relevés lors de nos
observations :
La méthode des 5S
Tout comme Airbus qui utilise la méthode Lean des Six Sigmas, ESTEVE utilise la
méthode des 5S issue du Lean Manufacturing la progression des collaborateurs vers
une autonomie maximale permet une meilleure efficacité de la chaîne de production.
Le nom de cette méthode provient du nom de ses cinq étapes (en japonais):
SEIRI : Trier, jeter, recycler, archiver, placer les outils de travail selon leur
fréquence d’utilisation
SEITON : Ranger, classer de manière à optimiser l’utilisation de l’espace
SEISO : Nettoyer, réparer
SEIKETSU : Ordonner les documents ou son poste de travail de manière à ce
qu’un autre collaborateur puisse s’y retrouver
SHITSUKE : Etre rigoureux, appliquer les 4 opérations précédentes et les
maintenir dans le temps
Cette méthode des 5S est ainsi appliquée aux ateliers comme aux secteurs méthodes
et administratifs.
Les objectifs sont de réduire les accidents et les pertes de matériel, la mise en place
d’un environnement de travail plus agréable, de méthodes de qualité plus élaborées,
et accroître le développement de l’entreprise.
C’est sur le poste de travail des opérateurs d’usinage que la méthode nous a semblé
la plus intéressante à mettre en valeur.
Le poste de travail sur l’image ci-avant est organisé selon la méthode des 5S. Pour
chaque activité de l’opérateur est délimitée une zone réservée à chaque tâche, dans
l’ordre d’exécution.
R2
1
Jauge à rayons
75° +/- 0.3°
1ère pièce
Empreinte + projecteur de profil
24° +/- 0.3°
1ère pièce
Empreinte + projecteur de profil
R 0.25
1ère pièce
Empreinte + projecteur de profil
R 0.25/R 0.38
1ère pièce
Empreinte + projecteur de profil
G0 G98 T808 M8
(FRAISE CARBURE DIA16)
(EB INTERPO)
M8
G97 S1300 M83
G0 G19 Z20.
G28 H0.
Moyens de contrôle
Matière de la pièce
La pièce est usinée dans un brut dont la matière est référencée comme suit :
http://www.thyssenfrance.com/fich_tech_fr.asp?product_id=11283
Sources
http://www.metonorm.com/content/fr/Fiches-normes/1414/X5CrNiCu15-5___15-5_PH/
Solution apportée
En modifiant les conditions de coupe, par exemple en diminuant la vitesse de coupe
Vc, on a pu réduire les vibrations occasionnées et obtenir un état de surface
acceptable. Voir Annexe R2 – Influence des conditions de coupe sur l’état de surface.
Enfin, on peut mettre exergue le fait que les vibrations en usinage sont un facteur de
coût non négligeable. A titre d’exemple, l’étude menée sur l’usinage des carters-
cylindres de moteurs Renault a montré que les vibrations (ou broutements) coutait
près de 120.000 € par an au constructeur automobile.
Outils broche
Broche
Contre-broche
Outils contre-broche
Piston
Levier de serrage
Contre-broche
Le métier de technicien d’usinage est passionnant, et cette formation ainsi que les
stages en entreprises m’ont beaucoup apporté, et m’ont permis de me conforter dans
mon projet de reconversion.
Je souhaite donc m’engager plus avant dans cette profession d’avenir et gagner en
expérience avant de pouvoir éventuellement évoluer.