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De JaZZ
Le magazine du jazz N° 679 - décembre 2015 - janvier 2016 maGaZIne !
Ornette
COleman
le grand
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L’homme à la
voix d’or
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Directeur
de la publication
Ils en parlent
Edouard Rencker
Directeur
de la rédaction
Frédéric Goaty
(fredericgoaty
@jazzmagazine.com)
JEAN-BAPTISTE MILLoR
Rédacteur
S. QUENTIN QUALE
en chef
Franck Bergerot
(franckbergerot
@jazzmagazine.com)
Pascal François-René
Publicité,
partenariats, Anquetil Simon
événements Pigiste Pigiste
Tristan Bastid
(01 56 88 16 69, Je n’aurais jamais pu imaginer à l’âge de A la fin des années 1950, une fois de plus
tristan.bastid 20 ans que quelques décennies plus tard je c’est le grand ramdam dans le jazz. J’étais
@jazzmagazine.com)
trouverais autant de plaisir à m’intoxiquer, trop jeune pour suivre Ornette, j’ai même
Directrice trois semaines durant, sans overdose, sans attendu la quarantaine bien frappée pour
artistique lassitude, à cette drogue douce : la voix de enfin le “découvrir”. C’était sur scène, où
Claude Gentiletti
Sinatra. Dans les années 1960, j’étais, comme tout se mesure. Quant à l’AACM, qui me
Responsable beaucoup d’autres, sourd à son génie. Il n’était rend vingt ans, lisez cette somme, La Nuée,
diffusion kiosques pour moi qu’un pâle chanteur de charme, d’Alexandre Pierrepont (éd. Parenthèses), si
Maureen Richy-Dureteste le symbole de la ringardise absolue. C’est vous avez manqué le triple concert de Henry
(01 60 71 55 12,
maureen.boisguerin@lva.fr)
donc pour mieux cicatriser ce vieux remords Threadgill, Roscoe Mitchell, Wadada Leo
et réparer cette bévue de jeunesse que j’ai Smith et cie le 19 octobre au Châtelet (moi,
Best man accepté avec joie l’invitation de Frédéric Goaty j’y étais)... De toute façon, lisez.
Philippe Carles à me plonger dans l’écriture du dossier Sinatra.
Pervulgateur
inamovible
Frank Ténot
Chairman
emeritus
Daniel Filipacchi
à ce numéro
Jacques Aboucaya,
TIM MILTAT
La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations, photos et dessins publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Les documents reçus
ne sont pas rendus et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Les prix peuvent être soumis à de légères variations. Les indications
de marque et les adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles de ce numéro sont données à titre d’information. La reproduction des textes, photographies
et dessins publiés est interdite. Ils sont la propriété exclusive de Jazz Magazine qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.
Le 23 janvier 2016 à 18 h 00
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Pour ceux
qui aiment
le live
S’il y a bien une question, récur- label Decca Records, de Malou Beauvoir, grande
rente, insupportable, dans notre habituée des clubs new-yorkais, et le souffle brû-
métier, c’est : « Le jazz est-il lant du saxophone de Géraldine Laurent. Une soi-
mort ? » À la question – toutefois rée, trois concerts et de grands moments d’émo-
moins stupide – « Dieu existe- tion en perspective. Il est légitime qu’avec Jazz
t-il ? », Einstein avait l’habitude Magazine, dont la diffusion est en progression de
de répondre : « Donnez m’en près de 15% depuis le lancement de la nouvelle
xAvIER PoPy/REA
une définition et je vous dirai si j’y formule, nous soutenions la création, et offrions à
crois. » En paraphrasant le génial de jeunes talents une tribune méritée. Programmé
physicien, osons la question : à dans la célébrissime salle de l’Alhambra (qui a vu
quoi juger du “décès” supposé d’une culture : se produire entre autres, Ella Fitzgerald, Duke
à son nombre de praticiens ? Jamais il n’y a eu, en Ellington…et Edith Piaf), ce festival sera, nous
France, autant de musiciens et de pratiquants de l’espérons, le premier d’une série d’événements
jazz. Au nombre d’aficionados ? Avec près d’un qui vous permettra de découvrir des artistes
million de spectateurs cet été sur l’ensemble des remarquables. Nous vous y attendons nombreux.
festivals, les scènes live ont fait carton plein. Au D’autant plus qu’au moment où nous mettons
point que nous y avons consacré un dossier spé- sous presse, Paris est en deuil. La capitale a été
cial au mois de juillet. A la vivacité de la création ? ensanglantée par des barbares qui ont spécifique-
Les nouveaux talents, multiples, foisonnants, par- ment choisi un lieu de concert, de joie et de créa-
tout émergent avec une variété et une inventivité tion. Pour faire peur, pour faire taire. Il est impor-
rares. Aussi, pour accompagner cette efferves- tant, pour tous les professionnels de la musique et
cence et cette formidable créativité, Jazz Magazine du spectacle vivant, de résister. De montrer que,
a décidé de renouer avec la tradition de la scène quoi qu’il arrive, nous continuerons à soutenir la
et, comme à l’âge d’or de Pour Ceux Qui Aiment création, la musique et ceux qui la font.
Le Jazz et des concerts organisés par Daniel Fili- Nous serons ravis, la rédaction et l’équipe de ges-
pacchi et Frank Ténot, de lancer son premier Jazz tion réunies, de vous rencontrer… et de défendre
Magazine Festival. nos valeurs.
Au programme : trois artistes exceptionnelles pour
une “Ladies Night” très sensuelle où se côtoieront Édouard Rencker
les voix jazz et soul de Kellylee Evans, fleuron du Directeur de la publication
le
sacre
annoncé
x/DR (UNIvERSAL)
En avril 2013, Frédéric Goaty décernait quatre étoiles à “I Remember et varié qui lui permet de s’élever de sa mère ». On ne saurait donc
When”, l’album grâce auquel le nom de Kellylee Evans a vraiment naturellement au niveau des manquer, le 23 janvier prochain à
commencé de devenir familier auprès du public français. « “I Remember meilleures vocalistes de sa l’Alhambra, le sacre annoncé d’une
When”, écrivait-il, est une charmante invitation à emprunter les couloirs génération. chanteuse bien dans son époque,
du temps ». Avec l’aide du remarquable pianiste et arrangeur belge Eric Le 8 juin 2013, celle qui fut qui conjugue avec maestria les
Legnini, la chanteuse canadienne y revisitait de façon ludique et très littéralement frappée par la foudre vertus du swing et du groove.
personnelle quelques standards de la soul, mais aussi quelques tubes a depuis appris à être philosophe. Et bien que du ciel soit tombé
hip-hop de Dr. Dre et de Kanye West, et même du Stromae. « Mes relations avec ma famille, un signe du destin qui aurait pu lui
mes amis et même mes fans sont être fatal, Kellylee Evans semble de
Dans le non moins remarquable “Come On” [✪✪✪✪], son nouvel opus, bien plus profondes depuis ce que toute évidence être née sous une
également récompensé de quatre étoiles dans Jazz Magazine, celle je n’appelle plus un accident mais bonne étoile. • Juliette BArnel
qui enthousiasma il y a quelques années Quincy Jones, Al Jarreau et un événement. Je n’ai pas du tout
Flora Purim lors de la prestigieuse Thelonious Monk Jazz Competition envie de le revivre, mais je reste CD “Come on” (Decca Records /
universal).
affirme cette fois ses talents de songwriter en continuant d’affiner reconnaissante de tout ce que cette
sa fructueuse relation artistique avec Eric Legnini, qui signe avec expérience m’a apporté ! »
elle dix chansons-jazz gorgées de soul : « Pour moi, la soul
c’est un feeling qui s’installe dans la fibre de ceux qui l’écoutent. Pour Kellylee Evans, « la musique,
Un truc indéfinissable. » La majeure partie des chansons de tout autant que la danse, est un
“Come On” sont à coup sûr appelées à devenir des classiques langage universel ». Sur scène, elle
inoxydables de son répertoire. Un répertoire de plus en plus riche distille « cette joie de vivre héritée
ine
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Grandeur
([CHOC] Jazz Magazine) produit
Peu de saxophonistes alto arrivent par le pianiste Laurent de Wilde,
aujourd’hui à la cheville de Géraldine sera magnifié sur scène. À
dame
Laurent, mais ne le lui dites surtout ses côtés, l’étoile montante
pas ! Vous êtes journaliste et son du piano, Paul Lay, son fidèle
jeu habité, sa sonorité de feu contrebassiste Yoni Zelnik et
et son phrasé vertigineux vous Donald Kontomanou, l’une des
fascinent ? Logique. Mais oubliez révélations de l’année.
les titres genre « Géraldine Laurent, Comme disait récemment
secrétaire d’extase de la condition Pascal Anquetil, « Ce qui est
C’était au début du siècle, à Paris. Une jeune saxophoniste alto native de féminine dans le jazz ». Plus à l’aise magnifique dans cette musique,
Niort commençait de se faire une sacrée réputation dans les clubs de jazz de la avec les notes qu’avec les mots, c’est qu’on y entend en même
capitale. Bientôt, une joyeuse légion de thuriféraires, et parmi eux les plus fines Géraldine Laurent n’aime rien tant temps le passé, le présent et
plumes de la critique jazz hexagonale, qui en avaient pourtant vu et entendu que laisser la parole à la musique, et l’avenir du jazz ». On ose
d’autres, allait faire savoir avec un enthousiasme débordant que le savoir-faire c’est évidemment sur scène qu’elle à peine ajouter que sa grandeur
de Géraldine Laurent se situait bien au-dessus de la moyenne. Passée cette s’exprime le mieux. La scène, d’âme – grandeur dame ? –
chaleureuse vague de louanges, l’altiste n’a cependant jamais perdu de vue que c’est son jardin extraordinaire, le est à hauteur d’homme... •
la vie d’une musicienne est un apprentissage permanent. En 2008, elle confiait petit théâtre de ses rêves-jazz les Juliette BArnel
à Philippe Carles : « À propos de l’attention médiatique que j’ai pu susciter, plus intimes et les plus fous, où
c’est moins une notion d’injustice qui m’a préoccupée que de relativité. C’était l’héritage de ses héros – Charlie CD “At Work” (Gazebo /
évidemment liré à ma condition de femme, il n’y en a pas des millions qui jouent Parker, Sonny Rollins, Art Pepper, l’Autre Distribution).
du saxophone. Mais j’ai assumé, même le fait que Gala m’ait consacré un article Charles Mingus, Eric Dolphy, Paul
en me disant qu’au moins on parlerait du jazz là où on n’en parle jamais. » Desmond... – se combine à sa
Pour
être une bonne chanteuse, mais
c’est tellement plus agréable ! Une
vraie chanteuse donne son énergie,
de la tendresse et des émotions.
l’amour
Elle partage ce qu’elle ressent à
l’instant présent. Comme dans une
conversation, elle communique en
du jazz
regardant son public droit dans les
yeux.
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Il
100 ans
était
une
voix
sommaire
16 La voix de
ce maître
Par Pascal anquetil
19 Un crooner,
vraiment ?
Par Philippe
bas-rabérin
26 12 disques
essentiels
Par Pascal anquetil
La voix
du maître
Ce qui fascine le plus chez Frank Sinatra,
hormis sa personnalité “plus large que la vie”,
c’est bien sûr sa voix qui, très vite, lui a valu
la reconnaissance des plus grands jazzmen.
Retour sur les chants du possible d’un maître
aujourd’hui incontesté.
C
revons d’emblée l’abcès : Frank Sinatra était-il un chanteur
de jazz ? Au début des années 1960, la question de savoir
si le chanteur était ou non « un suppôt de l’anti-jazz » (Alain
Gerber) suscita de violentes controverses. Je me souviens
que Philippe Adler et Michel Netter, alors animateurs d’une
émission quotidienne sur Radio Luxembourg, avaient osé un
soir demandé aux auditeurs de répondre par courrier à cette
interrogation cruciale : Sinatra swingue-t-il ? Résultat des
x/DR (EAGLE vISIoN)
uN hoMME
peau blanche et il le savait. » En 1946, sacré pour la quatrième
fois meilleur male vocalist par le referendum de la revue Metro-
nome, il fut invité à chanter en compagnie du gratin du swing de
l’époque – Buddy Rich, Johnny Hodges, Harry Carney –, qui lui
offrit sur Sweet Lorraine un sublime obligato. Pas de doute, pour
MulTIPlE
tous ces jazzmen, Sinatra appartenait bien à la famille. S’il est bien une chose dont gauche et la partie droite de
Dix ans plus tard, Leonard Feather organisa une consultation Sinatra n’était pas dépourvu, son cerveau ne se parlent
auprès de cent vingt jazzmen pour désigner leur musicien favori c’est le charisme, cette jamais. » Bien vu ! Résultat : il
énergie électrique qu’il était tout et son contraire. Le
selon leur instrument respectif. Dans la catégorie des vocalistes,
dégageait sur scène comme pire : arrogant, vindicatif, cruel,
leur vote fut sans appel : avec cinquante-six suffrages (dont celui
dans la vie. brutal, prétentieux, tyrannique,
de Duke Ellington, Ella Fitzgerals, Miles Davis, Lester Young, vulgaire, rancunier. Mais
Oscar Peterson, Bud Powell et Stan Getz) contre treize à Nat Etre lui-même, pour Sinatra, aussi le meilleur : généreux,
King Cole (qui lui avait accordé sa voix), Ol’Blue Eyes triompha c’était être tout à la fois entier très généreux, attentionné,
haut la main. L’affaire est entendue ! Si Sinatra n’est pas un jazz et multiple. Personnalité antiraciste, tendre, opiniâtre,
singer, il n’en demeure pas moins pourtant l’un des meilleurs ! complexe, il était traversé de humble, timide, vulnérable,
violentes contradictions, avait protecteur.
Arnaud Viviant s’est essayé dans Les Inrocks à expliquer « l’es- des sincérités successives, « On a le sentiment, écrit Alain
pèce de méfiance du monde du jazz à l’encontre de Sinatra », mais était toujours d’une Gerber, d’avoir affaire à un être
loyauté scrupuleuse à l’égard qui se sachant fragile a voulu
par ce don très personnel : « Il standardise tout. Il élève tout à
de ses amis. Tony Bennett peut s’endurcir, mais qui a raté son
une puissance idéale, donc universelle. » Comment le contre-
en témoigner. coup. Il n’est parvenu qu’à se
dire ? Pour toute chanson qui passe par ses lèvres, que ce soit durcir, ce qui n’est pas la même
une bluette, un blues, une bossa, une chansonnette désuète ou Toute son existence, il conspira chanson. » Vrai ou faux dur ?
un “tune up tempo”, à chaque fois Sinatra invente son arché- contre lui-même avec le Telle n’est pas la question.
type, impose Le Modèle que ses clones plus moins tristes (Harry même acharnement qu’il mit Car en fin de compte, on se
Connick Jr., Michael Bublé et autre Jamie Cullum) vont tenter en dans son métier de chanteur. fout de l’envers du décor de sa
vain d’imiter. Ce n’est pas par hasard qu’on l’a appelé The Voice, Il faut dire que ce « maniaco- personnalité schizophrénique
La Voix. A-t-on jamais surnommé un prosateur L’Ecriture ? A part dépressif 18 carats », comme en se disant que quelqu’un
les Apôtres, bien sûr, personne ! il se qualifia un jour, avait une qui chante et qui swingue
telle peur bleue de la solitude comme lui ne peut pas être
Si nul ne peut contester qu’il fut, avec quelque 600 millions de
qu’il en perdait le sommeil. foncièrement mauvais. • PA
disques vendus de son vivant et plus de 1200 chansons à son
« Pas de demi-mesure avec
répertoire, le best pop singer de toute l’histoire de la musique lui, dira son ami Quincy Jones.
enregistrée, il n’en demeure pas moins le plus fascinating jazz C’était tout noir ou tout blanc. »
interpreter of lyrics. Les Américains ont qualifié son chant de Bono, le chanteur de U2, lors
white-blues style. Pourquoi pas ? Il a, c’est vrai, inventé un style d’une remise de prix en 1994,
pur. Pureté des lignes, mais aussi purification au sens de raffi- déclara devant lui : « Ceci est
nage. Il n’avait pas de rival pour savoir comment dégraisser une l’énigme Sinatra. La partie
chanson, décanter une mélodie de toutes ses ornementations
inutiles. Sinatra avait l’art de porter une chanson – en anglais, to
carry a song –, c’est-à-dire de comprendre de l’intérieur chaque
parole pour y verser toute son expérience et magnifier la splen-
deur de la mélodie au plus juste de l’émotion. Sinatra n’est pas
un soul singer comme Ray Charles. Il est pourtant le chanteur
de l’émotion, mais d’une émotion sèche, sans pathos ni tre-
molos, sans larme à l’œil ni cœur en bandoulière.
CoFFRET
SuR lA BoNNE
loNGuEuR D’oNDES
Complément essentiel avec Peggy Lee ou Doris
à sa discographie, cette Day, et, plus réjouissants
anthologie offre un encore, avec Benny
passionnant travelling Goodman, Nat King Cole
sur les radio days ou Slim Gaillard. Mais
du chanteur, de ses surtout une multitude
premières apparitions à de chansons, certaines
l’âge de 20 ans au sein jamais enregistrées,
du groupe The Hoboken d’autres interprétées
ChARLES L. GRANATA (SoNy MUSIC)
Gerber). Il change surtout de voix, une voix Suite page 21 hospitalisés, des duos
un crooner,
vraiment ?
Avec Count Basie, qui l’accompagnera sur scène et en studio avec son piano et son big band.
‘‘
Il était
doté d’une
oreille
absolue
qui lui
permettait
Sinatra avec l’orchestre de Tommy Dorsey.
de déceler
sans jamais
se tromper
ChARLES GRANATA
la moindre
fausse
note d’un
ChARLES L. GRANATA (SoNy MUSIC)
musicien.”
Suite de la page 18
“parle” en satisfaisant à la clarté du sens des
CoFFRET
paroles. On ne l’entend pas respirer, mais
seulement découper la phrase en préservant SINATRA INTIME
la fluidité de la mélodie. Cette science vient
Portrait intime très avec une autorité, une
du contrôle de sa colonne d’air. Il en a volé le fouillé et quelque peu sincérité et une fluidité
secret en épiant la technique de respiration hagiographique exceptionnelles, et cette
de Tommy Dorsey. « Cet athlète des cordes du chanteur-acteur, précision et ce nonchaloir
vocales » (Christophe Conte) avait ainsi trouvé “All or Nothing At All” qui n’appartenaient qu’à
ChARLES GRANATA
[ChoC], documentaire lui.
le moyen d’allonger sa voix et de tenir des
de quatre heures (qui a En prime, on pourra
phrases interminables sans rependre souffle reçu l’imprimatur de la enfin se régaler d’un
ni s’asphyxier. famille), se regarde avec film pour CBS datant
C’est Billie Holiday qui lui avait conseillé, à passion tant il est riche de 1965, introduit par
ses débuts, quand il était encore chez Harry en archives inédites, une interview sans
vidéos personnelles, complaisance de Walter
James, de mieux lier et infléchir ses notes. Il « Je ne peux chanter que ce que j’ai vécu. témoignages divers, Conkrite pendant
retint sa leçon et élabora ce legato style, une Car si je ne suis pas le premier à croire images rares. Il est laquelle Sinatra se
technique de glissandos vers le grave qui à aux paroles, personne ne va y croire à ma l’œuvre, pour la chaîne montre virtuose dans
l’époque n’appartenait qu’à lui. A l’aide du place. » C’est de la chanteuse d’origine an- HBO, du réalisateur Alex l’art d’esquiver les
Gibney, qui a eu la bonne questions gênantes,
micro dont il sut le premier apprivoiser toutes glaise Mabel Mercer, une “diseuse” qui savait
idée de découper son concernant notamment
les ressources, grâce à son sens inné de comme personne “parler” une chanson, qu’il film en onze chapitres ses relations avec la
l’équilibre rythmique, il deviendra vite le cham- s’inspira pour parfaire sa technique du story avec pour titres les Mafia. Pépite de ce
pion du timing, cette capacité funambulesque telling, l’art et la manière de raconter l’histoire onze chansons que documentaire : Sinatra,
à faire respirer le tempo en l’aérant de pauses d’une chanson. « Elle m’a appris tout ce que Sinatra avait choisies souriant et décontracté,
lors de son “Retirement en plein enregistrement,
avec une exactitude d’horloger. C’est cette je sais », dira-t-il. Ceci explique que, dans Concert” du 13 juin 1971 sous la direction de
science de la mise en place qui fécondera ce chacune de ses interprétations, on est fas- à l’Ahmanson Theater Gordon Jenkins, à 20 h
swing si souple, sensuel et infaillible. « Cer- ciné par l’intelligence grâce à laquelle il saisit de Los Angeles. De faux 45 (l’horloge du studio
tains chanteurs, disait Quincy Jones, aiment l’implicite des paroles ou mieux, le sous-texte adieux en vérité, puisque en fait foi), d’It Was A
trois ans plus tard il ne Very Good Year qu’il
à se placer en avant du temps, d’autres légè- d’une chanson, donnant alors à entendre
pourra pas s’empêcher, réécoute, très concentré
rement en arrière ou au dessus. Frankie lui « non pas ce qu’elle dit, mais ce qu’elle ne dit ne supportant plus ensuite en cabine ,avec
utilisait toutes les possibilités comme si c’était pas ? » (Gene Lees). C’est bien dans ce but l’inaction, de remonter pour seul commentaire
une évidence.» qu’il demandait à ses arrangeurs de mettre sur la scène qu’il ne final : « Pretty song. » Yes
un court passage instrumental entre les lignes quittera qu’en 1994, suite indeed !!! • PA
à une crise cardiaque.
Sinatra a toujours eu un instinct très sûr pour d’une chanson, et « surtout pas un concerto Tout au long de cet CoFFRET “All or Nothing
deviner ce qui marchait et ce qu ne fonction- derrière [sa] voix ». émouvant concert, publié At All” (5 DVD ou 5
nait pas dans une chanson qu’on lui propo- ici dans son intégralité, blu-ray Eagle Vision /
sait d’interpréter. Tout de suite, il suggérait Frank Sinatra adorait par dessus tout le studio Frank Sinatra, au sommet universal, [ChoC] Jazz
de son art, chante les Magazine). livret, fac-
la bonne ambiance le right tempo, la tonalité et les séances d’enregistrement. Parce qu’il similés et tirages photo
grands succès (de
juste. Sur scène comme sur disque, il ne ven- était alors le chairman of the board, seul res- All Or Nothing At All inclus dans le coffret.
dait jamais la splendeur de sa voix. Il faisait ponsable du résultat final. « Tout se joue dans à Angel Eyes) qui ont
mieux : il se mettait au service d’un texte et l’instant. » Sans casque, face à l’orchestre, jalonné sa carrière
d’une musique qu’il avait compris dans ses devant un public d’amis choisis. S’il était son
plus infimes détails et allusions. Contrairement plus impitoyable critique, lui qui ne savait pas choc
à la plupart des chanteurs, la musique était lire la musique était doté d’une oreille absolue magazine
pour lui finalement secondaire. Elle ne devait qui lui permettait de déceler sans jamais se
être qu’une toile de fond pour mettre en tromper la moindre fausse note d’un musi-
valeur l’importance primordiale des paroles. cien. « Travailler avec Frank a été un défi
Sinatra pensait d’abord aux paroles, ce qui très stressant, confessa Nelson Riddle. Il
explique qu’il n’ait jamais scatté, à l’excep- n’était jamais détendu comme pouvait l’être
tion de son fameux“doobedoobedoobe” de Nat King Cole. C’était un perfectionniste
Strangers In The Night, rengaine qu’il n’ap- obsessionnel qui bataillait contre lui-même,
préciait nullement, s’étonnant toujours de son mais aussi contre les autres à qui il exigeait
succès planétaire. toujours le meilleur. » • PASCAl Anquetil
Frankie goes
to HoLLywood
Parmi les films qui ont forgé la renommée
de Frank Sinatra en tant qu’acteur, L’Homme
au bras d’or d’Otto Preminger occupe une
place privilégiée dans l’imaginaire des cinéphiles et
des amateurs de musique. Soixante ans
après sa sortie, a-t-il résisté à l’épreuve du temps ?
E
cration en remportant l’“Oscar du meilleur
acteur dans un second rôle” pour sa presta-
tion dans le film de Fred Zinnemann, Tant qu’il
y aura des hommes. C’est avec l’ambition de
franchir une nouvelle étape dans sa quête de
légitimité auprès du petit monde du cinéma
américain qu’il accepte avec enthousiasme,
dans la foulée de cette récompense presti-
gieuse, la proposition d’Otto Preminger de
tenir le premier rôle dans son nouveau projet,
L’Homme au bras d’or.
Un antihéros
rompant gées par la morale puritaine, incarnée par la
Motion Picture Association (MPA), l’organisme
totalement habilité à délivrer des visas d’exploitation en
avec les valeurs salle en veillant à l’application du code Hays.
positives, Il brave ainsi le système en signant deux films
totalement indépendants tant du point de vue
volontaristes artistique que financier. La Lune était bleue
et viriles d’abord, dans lequel étaient prononcés pour
habituellement la première fois, dans un long métrage amé-
ricain, des mots comme “vierge” ou “sé-
attribuées aux duction”. Puis Carmen Jones, adaptation
personnages sensuelle du Carmen de Bizet transposé à
‘‘
Un élément du film
contribua pour une
grande part à son succès
et n’a rien perdu de sa
modernité : la musique.”
s’est engagé. Parviendra-t-il à échapper à son
destin ? On imagine aisément ce qu’un cinéaste
médiocre aurait pu tirer de cet argument cousu
de fil blanc et truffé de personnages que l’on
qualifiera poliment d’archétypaux, pour ne pas
dire caricaturaux.
Si Preminger échappe tout du long aux pièges
tendus par le scénario, c’est avant tout par
le génie de sa mise en scène constamment
inventive et élégante. Le long plan séquence
d’ouverture, montrant Machine sortir du bus qui
le ramène dans son quartier progressivement
retrouver ses repères, mais aussi sa condition et bras d’or tient incontestablement à l’écriture de façon aussi frontale, l’addiction à la drogue Quelques
images
les pièges qui avaient pu le mener à la drogue, très fouillée du personnage de Machine et n’est jamais présentée ici comme un problème extraites
donne le ton du film en alliant dans un même l’extraordinaire interprétation qu’en donne Frank “médical” relevant de la psychiatrie, mais en du dvd de
élan sens de la narration, intelligence de l’es- Sinatra. Junky pathétique, faible, miné par la mettant en lumière le lien subtil entre l’addiction L’Homme
au bras d’or.
pace et caractérisation subtile du personnage culpabilité, manipulé par sa femme, incapable et la pression de l’environnement. Littéralement
et des enjeux psychologiques. Grâce à cet art de reprendre pied dans la réalité, de retrouver enfermé dans son quartier (les bas-fonds de
purement visuel du mouvement, du cadrage et son autonomie en menant à bien ses projets et Chicago qui l’exploitent et l’emprisonnent dans
de la profondeur de champ le cinéaste dans de finalement résister aux paradis artificiels de la son passé) mais aussi, de façon plus existen-
un grand nombre de scènes parviendra ainsi drogue, Machine est un antihéros rompant tota- tielle, dans son impuissance, totalement inhibé
à introduire ambiguité et complexité dans des lement avec les valeurs positives, volontaristes au moment de prendre en main son destin,
situations convenues tout en faisant l’économie et viriles habituellement attribuées aux per- Machine est un personnage très moderne qui
de dialogues trop explicatifs. sonnages principaux des films hollywoodiens. offre au film une véritable dimension politique et
Dans ce grand film sur l’enfermement d’un Sinatra, totalement investi dans le projet, offre métaphysique.
homme dans son addiction, Preminger diffuse une merveilleuse partition de son personnage, Un dernier élément du film, qui contribua pour
tout du long une sensation quasi physique de sobre, précise, d’une grande modernité dans une grande part à son succès et n’a rien perdu
claustrophobie, en insérant son personnage son sens des nuances, faisant ressentir avec de sa modernité, c’est évidemment la musique.
dans des espaces de plus en plus confi- très peu d’effets l’enfermement mental de cet Confiée à Elmer Bernstein, jeune musicien de
nés. Machine finira même dans un placard homme et sa lutte désespérée pour reprendre 32 ans, pianiste, compositeur et arrangeur
au moment de la célèbre scène du sevrage, le contrôle de sa vie. Si la scène de sevrage dans l’orchestre de Glenn Miller, mais novice
climax de son assujettissement à la drogue, évoquée plus haut est entrée dans l’histoire du en matière de BO, la musique du film est entrée
pour en ressortir clean, régénéré et apte à cinéma et n’a rien perdu de sa force ni de son immédiatement dans l’histoire du cinéma pour
affronter la dernière étape de sa renaissance glaçant réalisme, c’est au-delà de la mise en être la première partition du genre à faire du jazz
dans l’ultime séquence du film... scène, au jeu très “naturel” de Sinatra qu’elle sa matière première et à avoir obtenu un succès
L’autre grande réussite de L’Homme au le doit. Traitée pour la première fois à l’écran discographique indépendant. Cette BO apparaît
12 DISQuES ESSENTIElS
De ses débuts en tant que chanteur d’orchestre à la fin des années 1930 à “L.A. Is My Lady”,
son superbe chant du cygne de 1984, “nothing but the best !”. SéleCtion : PASCAl Anquetil.
The Quintessence : In The Wee Songs For Frank Sinatra Sings No One
New York – Hollywood Small Hours Swingin’ Lovers For Only The Lonely Cares
Frémeaux & Associés - 1939-1955 Capitol - 1955 Capitol - 1956 Capitol - 1958 Capitol - 1959
La parfaite introduction Le premier Long Playing Arrangé d’une main de fer C’est le “ballad album” Le plus lugubre de toute
en double CD aux quinze 12-inches (30 cm) publié par dans un gant de velours par préféré de Frank Sinatra et sa discographie, cet opus
premières années de sa Capitol qui imposa le format Nelson Riddle, ce 25 cm Nelson Riddle. Mais aussi classieux injustement sous-
carrière, de ses débuts à à l’industrie phonographique. joyeusement up tempo, son de Lester Young. “Full of estimé est, après “Where
23 ans chez Harry James Mais aussi le premier quatrième pour Capitol, est frankness and Frankness” Are You ?”, le deuxième que
jusqu’à ses premières “concept album” qui aujourd’hui considéré comme comme l’a écrit un critique. Sinatra ait enregistré avec
séances Capitol, en passant enchaîne seize ballades selon l’un de ses meilleurs dans sa Plein de franchise et de la complicité de Gordon
par ses enregistrements au un fil conducteur déclinant veine “swing easy”. Il s’offre sincérité sinatrienne. Jenkins. Cette mélancolique
sein de l’orchestre de Tommy le sentiment de solitude comme un pimpant bouquet Enregistré en trois jours, à litanie de “torch songs”,
Dorsey et sa décennie et la douleur de l’amour de standards piochés dans l’époque où le chanteur et “saloon songs”, voire de
Columbia (285 chansons perdu (Sinatra vient de se le songbook de Tin Pan Ava Gardner divorçaient et “suicide songs” dont chaque
de 1942 à 1952), période séparer d’Ava Gardner). Alley. Quinze superbes l’arrangeur pleurait la mort parole sonne toujours
mouvementée qui lui fera Pour preuve, sa pochette chansons sont au menu dont de sa mère et de sa femme, naturelle, élégante et digne
atteindre en 1945 le zénith peinte qui met en situation Old Devil Moon, Anything il flotte dans cet album qui dans sa tristesse, ce lent et
de sa popularité, avant de un Sinatra mélancolique, Goes, You Make Me Feel a failli s’intituler “For Losers long lamento sans larmes ni
sombrer dans une période seul dans le brouillard bleuté So Young et surtout ce chef Only” une atmosphère de vibrato inutile tutoie à chaque
noire qui durera jusqu’en d’une rue déserte. Pour d’œuvre absolu de années déréliction, heureusement plage les sommets de la
1953. On complétera ce ce sublime album dont Capitol I’ve Got You Under essorée de toute sensiblerie déprime existentielle et du
florilège avec “Jazz !!!”, le joyau est What Is This My Skin. En trois minutes et mielleuse. Il faut dire que blues fortement bourbonisé.
compilation orchestrée par Thing Called Love ?, l’un quarante-quatre secondes, les arrangements tissés par La couverture en fait foi :
Alain Tercinet pour le label des sommets de l’art vocal Riddle ravive les couleurs de Nelson Riddle pour un grand l’esseulement du desperado
Saga dans laquelle il déroule de Sinatra, Nelson Riddle la chanson de Cole Porter orchestre de cordes et de de comptoir, accoudé au
une série de standards (I’ve a imaginé un écrin subtil et en déployant sur un tempo cuivres sont magnifiques bar, ignorant derrière lui le
Got A Crush On You avec délicat. Trois ensembles y médium sensuellement de bout en bout. Comme tapage de fêtards ordinaires,
les sublimes interventions de sont sollicités : une petite félin un arrangement inspiré suspendus dans le vide, sur le regard perdu dans son
Bobby Hackett, Body and formation où l’on découvre du Boléro de Ravel, soit un tempo de funambule, ils verre de Jack Daniels. Dans
Soul, Lover, When You’re Bill Miller, un “pianiste de bar” une suite de glissandos fixent l’immobilité, confessent cet album moite et enfumé,
Smiling, It’s Only A Paper que Frankie avait découvert qui culmine avec le solo le silence et apprivoisent la Sinatra se dépouille et
Moon, My Blue Heaven, The au Desert Inn de Las Vegas volcanique du tromboniste lenteur – seule Shirley Horn l’orchestre l’habille du velours
Continental) grâce auxquels et qui deviendra jusqu’à la Milt Bernhardt. Il aura fallu saura plus tard relever ce moiré des orchestrations.
The Voice réveille en fanfare fin de sa carrière son plus pas moins de vingt-deux défi avec autant de grâce –, Pas de doute, ce magicien
les fantômes de la Swing fidèle collaborateur. Mais prises pour satisfaire le en témoignent Willow Weep de Jenkins sait l’art
Era. Ultime pépite : Birth Of aussi une formation de taille perfectionnisme intraitable For Me (son arrangement d’accommoder la ballade en
The Blues, l’un de derniers moyenne avec cuivres et d’un Sinatra magistral qui, le plus réussi selon Riddle), offrant à chaque chanson un
morceaux gravés par Sinatra cordes où brille le trompette avec une insouciance feinte What’s New, Blues in The traitement finement tragique
pour Columbia. de Harry “Sweets“ Edison qui derrière laquelle pointe une Night, Good Bye et Angel à la lisière du kitsch. Quant
jouit ici du privilège d’avoir poussée de désir toujours Eyes. Pas un instant, Ol’ à Sinatra, avec une infinie
son propre micro. Enfin prête à exploser, s’affirme Blue Eyes ne force ni surjoue pudeur, il ose ici nous révéler
une grande formation avec ici dans une forme vocale son émotion. Jamais il ne ce qu’il y a de féminin chez
force violons aussi lustrés éblouissante. tombe dans le piège de ce macho italo-américain.
que discrets. Envoûtement l’apitoiement sur soi. Il laisse
assuré ! seulement les mots parler
d’eux-mêmes. C’est tout et
c’est magique.
DUKE ELLINGTON
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cHarLIe Parker
Un amour de Bird
apparu sur le devant de la scène il y a soixante-dix ans, le bop ne s’est pas
fait en un jour, pas plus qu’il n’est la créature d’un seul musicien. Pourtant,
parmi ses inventeurs, charlie Parker occupe une place très spéciale.
de quelle singulière essence est ce génie qui s’éteignit dix ans plus tard ?
C
repères Commençons par éliminer ces précurseurs de trouver le producteur Norman Granz, qui tentera sur ses labels (Clef,
du bop aujourd’hui relégués à la préhistoire, Norgran, Verve) de lui donner forme (rythmique maison, cordes, big band
1920 naissance de Coleman Hawkins à Charlie Christian. et orchestre afro-cubain), son œuvre trouve déjà son achèvement dans ses
de charles Parker,
Jr. à kansas city. Refermons des parenthèses sur les pianistes solos enregistrés sous les labels Savoy et Dial de 1945 à 1948. D’après
artisans de l’harmonie moderne, de Billy Kyle à Lennie Tristano qui lui dédiera un bouleversant Requiem à sa mort, Bird a dit
1937 Bird étudie Al Haig. Laissons Kenny Clarke en Allemagne, tout ce qu’il avait à dire dès 1949 et Lee Konitz dira l’admirer moins comme
les solos de Lester
Young et devient sous les drapeaux, au moment même où est improvisateur que comme compositeur d’un vocabulaire clos, de phrases
le protégé de Buster porté sur les fonts baptismaux le bop dont il toutes prêtes qu’il ré-agence génialement à l’infini.
Smith. a inventé le jeu de batterie. Oscar Pettiford ?
1939 Séjour new- Le contrebassiste a déserté l’avant-garde dès Un lyrisme naturel
yorkais et découverte après l’avoir réunie autour de Dizzy Gillespie Remontons à la “scène primitive” dont Clint Eastwood a fait le leitmotiv de
des superstructures pour la séance fondatrice du 9 janvier 1945. son film Bird. Agé de 16 ans, bardé d’audace et d’incompétence, Charlie
harmoniques. Thelonious Monk est sur la touche, décidément Parker s’invite sur la scène du Reno Club de Kansas City où joue l’orchestre
1940-1942 trop moderne pour les années 1940. Bud de Count Basie, bientôt interrompu par une cymbale jetée à ses pieds par Jo
Premières faces avec Powell est aux mains des psychiatres. Reste Jones. Il n’est pas le seul jeune bopper à qui c’est arrivé. Semblable humi-
l’orchestre de Jay la front line du premier quintette bop : Charlie liation incitera Dizzy à aller étudier harmonie et piano au Technical Institute
McShann en 1940.
au sein du même Parker et Dizzy Gillespie. Réunis le temps d’un de Larinburgh. L’école, Charlie Parker vient d’en sortir et lui préfère déjà les
‘‘
1 2
x/DR
Il accueillait l’arrivée au club de sa
compagne Chan vêtue d’une robe rouge
par un fragment de The Lady In Red.”
repères à Dizzy : « Bird pouvait commencer une phrase inouïe, le public en devinait breuses) ou que, dans le jaillissement du
1945 au printemps, la fin, tellement le lyrisme en était naturel et évident. » concert, il prenne cinq chorus d’affilée, c’est la
dizzy et Bird jouent même concision et la même profusion d’idées,
en quintette. À En 1939, explorant les “superstructures” de Cherokee, ces notes dans la la même précision d’articulation et le même flux
l’automne, début du stratosphère non exprimée de l’accord qui permettent d’échapper à sa force torrentiel, la même force de pénétration et la
quintette de charlie gravitationnelle, il s’aventure sur une voie lactée où il ne tardera pas à croiser même légèreté, avec cette conscience de l’ins-
Parker avec Miles
davis et Max roach. Dizzy Gillespie et Tadd Dameron. Un enregistrement privé de l’année sui- tant qui lui permet de survoler les barres de me-
vante fait entendre Bird improviser sans rythmique sur Honeysuckle Rose, où sure l’air de ne pas y toucher. À la manière de
1946 dérive à il reconnaît sa dette à Lester Young. Il enchaîne sans pause sur un Body and Lester Young… et à l’inverse de Dizzy, tellement
Los angeles et
internement à Soul inspiré de la version de Coleman Hawkins dont il a notamment assimilé savant, drôle, brillant, irrésistible, mais qui joue
camarillo. la “substitution tritonique”, ce calembour harmonique impliquant l’intervalle en force, harmoniquement, rythmiquement,
de quinte diminuée devenu le sésame des boppers. « Nous avions les doigts mélodiquement. Dizzy, dont l’art atteint son
1947-1948 Les
marques Savoy et collés aux quintes diminuées », racontera Miles Davis avouant un usage alors zénith dans les années 1950, enviera la netteté
dial se disputent les immodéré sous l’influence de Dizzy et Monk. Pourtant, Bird en usera toujours de son articulation, son assise rythmique, sa
faces du quintette de avec une modération qui faisait dire à Billy Eckstine : « Dizzy sait ce qu’il joue, présence d’esprit et sa profondeur : « J’étais un
charlie Parker (Miles, des choses qu’il a étudiées. Parker est plus naturel. » peu plus avancé harmoniquement, mais ryth-
duke Jordan, Tommy
Potter, Max roach). miquement il était très en avance, notamment
al Haig remplace Des clichés toujours neufs dans sa façon de construire une phrase et d’ar-
duke Jordan à La suite ? Triomphe en 1942 au Savoy Ballroom de New York auprès de Jay ticuler les notes entre elles. Charlie entendait le
l’automne 1948. McShann, conclaves de l’avant-garde au sein des big bands de Earl Hines en rythme différemment et j’ai tenté de m’en rap-
1949 kenny 1943, puis de Billy Eckstine en 1944, le tout ponctué des rendez-vous man- procher. Mais je n’ai jamais su articuler comme
dorham puis red qués d’un homme à la dérive. Lorsque le bop franchit enfin la grande porte lui. Je venais de l’ère de Roy Eldridge et c’est
rodney remplacent des studios, sous la direction de Dizzy en janvier 1945, Bird est introuvable ! vraiment Parker qui a défini le phrasé de notre
Miles, roy Haynes
remplace Max Fin février, il apparaît enfin en studio avec le Dizzy Gillespie Sextet, puis au musique. » Détachés et liaisons, consonances
roach. Les faces Three Deuces tout au long du printemps et même sur la scène du Town Hall. et dissonances diversement accentuées, diver-
officielles de Bird À l’automne, le tandem fondateur du bop est dissous. Bird monte son propre sité des appuis, notes fantômes, résolution ou
sont désormais quintette avec Miles Davis et Max Roach, qui enregistre ses premières faces suspens, respirations ou phrases à bout de
produites par le 26 novembre. souffle… Charlie Parker peut jouer tous les cli-
Ce qui frappe d’emblée, c’est la concentration de Bird. Qu’en studio on lui chés du monde, ils sonnent chaque fois neufs
accorde 4 ou 32 mesures (peaufinées au fil de prises de plus en plus nom- comme sortis du torrent.
repères Une curiosité insatiable clochard à bout de force et, la page suivante, d’une beauté ren-
Divers témoignages montrent Charlie Parker, versante. Le 24 février 1951, avec Dizzy, il joue Hot House pour
norman Granz sur
clef. enregistrement le manteau encore sur les épaules, déballer la télé : la phrase gicle et bouillonne, mais c’est à peine si ses
avec Machito. son sax et entrer sans préalable dans un mor- doigts bougent. Et ses yeux ! Voyez comme ils écoutent ! Il y a
création du ceau comme un champion de natation pénètre là une présence qu’illustrent tant sa faculté à dialoguer avec ses
programme avec l’eau : en répétition où ses compagnons rament batteurs (exemplaire avec Max Roach de 1945 à 1948, plus tard
cordes. sur de nouvelles harmonies, devant un poste avec Roy Haynes) que cette extra-lucidité avec laquelle il com-
1950-1953 Stabilité de radio qu’on allume inopinément sur une mentait l’instant présent par des citations, lorsque, par exemple,
familiale relative, musique inconnue de lui, reprenant à la volée il accueillait l’arrivée au club de sa compagne Chan vêtue d’une
avec chan, sa fille une citation de Stravinsky jouée par l’orchestre robe rouge par un fragment de The Lady In Red. Le contrebas-
kim, et leurs enfants
Pree et Baird. en de Neal Hefti dans une ambitieuse partition sur siste Gene Ramey racontait qu’à la campagne il attribuait une
l’absence d’orchestre laquelle, arrivant en studio, il vient de jeter un note à chaque feuille tombée d’un arbre. Cette hypersensibilité
régulier, faces coup d’œil distrait à l’invitation impromptue de doublée de ce sentiment d’enfermement dans un langage qu’il
latines, en big band, Norman Granz (Repetition, décembre 1947). On pensait avoir épuisé donne peut-être son sens à ce que lui fait
avec orchestres de
chambre, JaTP chez dit qu’une simple lecture en magasin lui suffisait dire l’écrivain argentin Julio Cortazar dans sa nouvelle L’Homme
clef. dernière grande pour mémoriser de nouveaux morceaux, que sa à l’affût : « Ça, je suis en train de le jouer demain, c’est horrible,
séance en quintette curiosité était aussi insatiable que sa mémoire, Miles, ça, je l’ai déjà joué demain. » Tel était Bird, fol et grandiose,
le 8 août 1951 avec pour les musiques populaires comme pour les terriblement humain, qui le 1er janvier, quelques semaines avant
red rodney, John savantes (Stravinsky, Hindemith, Bartok qu’il fait de se désintégrer définitivement dans son amour de musique et
Lewis, ray Brown et
kenny clarke. jouer pour l’enterrement de sa fille Pree… voire de vérité, déclara à Bob Reisner : « Je n’aurais jamais cru arriver
Moondog qu’il ne manque jamais de congratu- jusqu’en 1955. » Reisner répondit : « Connais-tu les quatrains
1954 Mort de Pree
ler lorsqu’il le croise dans la rue). Science, reli- d’Omar Khayyam ? » [Philosophe, mathématicien et poète per-
et violente déprime.
gion, philosophie, il soutient les conversations san du XIe siècle.] Bird sourit et récita :
1955 charlie Parker les plus savantes avec esprit, malice, humour… « Viens, emplis la coupe, et au feu du printemps
meurt le 12 mars.
Déclarant un jour à son ami Robert Reisner : Jette l’hivernal manteau du repentir
« La civilisation serait un sacré truc, si seulement Car il est proche l’oiseau du temps
on l’essayait. » Qui – vois ! – déjà fond sur toi à tire d’aile. »
Est-ce le même qui gît quelques heures plus Bird est mort le 12 mars 1955 dans un dernier éclat de rire. Il
tard dans le caniveau en proie au manque ou avait 34 ans. •
à l’excès. Feuilletons l’album photo : le voici
MIcHeL BenITa
particulièrement et qui figure sur “Pilgrims And The Stars” (ECM, 1975). Il y a aussi garde. Avec Marc, on était comme deux frères dans les
un autre album ECM très important pour moi, qui s’intitule tout simplement “Enrico années 1980, on ne se quittait pas. On partageait les
Rava Quartet” (1978), avec Roswell Rudd, Jean-François Jenny Clark et Aldo. Il s’agit mêmes goûts musicaux (Led Zeppelin, Joni Mitchell…)
pour Aldo et moi d’un album essentiel qui a déclenché notre envie de former Palatino et Marc était déjà un grand fan de littérature et un ciné-
avec la même formule : trompette, trombone, contrebasse et batterie. phile avisé qui m’a fait connaître les films d’Aldrich et
de Mankiewicz. On a joué ensemble dans le big band
Parlez-nous de votre longue relation d’Antoine Hervé, puis dans l’Onj de François Jeanneau,
avec aldo romano… et j’ai participé à ses trois premiers albums sur Label
Aldo, j’ai dû le rencontrer en 1983, lors d’une session avec Gérard Pansanel. Bleu. Après il a choisi de partir dans une autre direction
M.B.
Il m’a très vite adopté et nous nous sommes très bien entendus, il y a une musicale que la mienne. Je respecte sa trajectoire car il
sorte d’alchimie entre nous. Avec lui, on entend l’histoire du jazz, il a joué avec les n’a jamais fait de concession et il n’est jamais sorti de
plus grands comme Don Cherry, Gato Barbieri, Steve Lacy ou Keith Jarrett…Et puis sa ligne directrice.
il a toujours un son magnifique et c’est un musicien généreux et fidèle. N’oublions
pas non plus son travail de compositeur, c’est un très grand mélodiste et je prends PETER ERSKINE / JOHN TAYLOR /
toujours beaucoup de plaisir à jouer ses compositions. PALLE DANIELSSON
The Ant & The Elk
SCLAVIS / PIFARÉLY / DUCRET / CHEVILLON “Juni” (ecm, 1997)
Beata Je ne connais pas ce disque et ça ne me dit
M.B.
“acoustic Quartet” (ecM, 1993) rien, j’ai pensé un moment à Bobo Stenson,
C’est l’Acoustic Quartet. C’est amusant, car je viens de jouer avec Louis mais je sens bien que ce n’est pas lui. Franchement,
M.B.
pour la première fois à Cologne, où j’ai remplacé Henri Texier dans le trio je cale. [Après lui avoir dit que le leader était le batteur
Romano / Sclavis / Texier. Une super expérience ! L’Acoustic Quartet, c’est une et qu’il s’agissait d’une de ses compositions, NDR] Ce
musique qui ne me parle pas beaucoup, je trouve que ce que fait Louis aujourd’hui n’est tout de même pas Peter ?! C’est incroyable, je
est beaucoup plus accessible. Ce que j’entends là me paraît abscons et ça m’est ne l’ai pas reconnu, la musique est tellement ouverte,
un peu étranger ! On sent aussi que Marc Ducret était déjà parti dans l’avant- ce n’est pas son truc habituel ! Avec Peter, c’est une
repères
1999 création du
trio eLB avec Peter
erskine et nguyên
Lê. Troisième album
en leader, “Lower
The Walls” avec
Sylvain Luc, andy
Sheppard, Bobby
Thomas et david
Linx (Label Beu).
2001 Premier
album d’eLB (act)
et participation au
groupe Ladyland
d’erik Truffaz
(“Mantis”, Blue
‘‘
note).
2005 “drastic”
(discograph)
avec une pléiade Nils Petter Molvær est un sculpteur de son,
d’invités.
il est à la fois lyrique et complètement barré,
2008 “ramblin’”
en duo avec Manu n’oublions pas qu’il vient du rock métal !”
codjia (Plus Loin).
2009 compose la
Bo du film Un Soir
au club. longue histoire, je l’ai vu sur scène avec Weather Report en 1978, j’étais un années 1990 en enregistrant un disque avec
2010 Premier grand fan et jamais je n’aurais pu imaginer que je jouerais un jour avec lui Philippe Pipon Garcia et Gaël Horellou, qui
album d’ethics (Zig et que l’on devienne amis ! On s’est retrouvé ensemble sur le projet ELB en n’est malheureusement jamais sorti. À la même
Zag - Territoires). 1999, et nous avions beaucoup de chance à l’époque car nous pouvions époque, j’ai donné un coup de main à Laurent
2012 Participe au tourner pendant trois semaines avant d’enregistrer un album. On prenait de Wilde pour son album “Time 4 Change”,
Trio Libero d’andy donc le temps de développer la musique et l’on s’entendait très bien tous les où je m’occupais du Mac, puis j’ai rejoint avec
Sheppard, avec qui trois. Peter Erskine, c’est le plus grand batteur avec qui j’ai jamais joué, il est Pipon et Manu Codjia dans le groupe d’Erik
il enregistre pour la phénoménal de technique et de musicalité, c’est un musicien hors pair qui a Truffaz. C’était une époque bénie, on tournait
première fois pour
ecM. su complètement changer son jeu après Weather Report. Il a mis en pratique énormément et on jouait dans des grandes
le principe du “less is more”, en élaguant au maximum. Il a su jouer comme salles devant un public où la moyenne d’âge
2013 Joue dans personne sur les nuances de timbre, il faut le voir accorder sa batterie, c’est était autour de vingt ans ! Dans les festivals,
“Thrill Box” de
Vincent Peirani une merveille ! Et puis c’est un compagnon de voyage très agréable et un on croisait souvent Bugge Wesseltoff et Nils
(act). être humain extrêmement généreux ! Palle Danielsson ? Il fait partie de mes Petter Molvær, et c’est en voyant sur scène
contrebassistes préférés, juste derrière Scott LaFaro, Charlie Haden, Dave Eivind Aarset que j’ai été littéralement envoûté
Holland et Miroslav Vitous, mais je dois dire qu’actuellement le contrebassiste tant son empreinte sur le son du groupe de Nils
que je mets devant tout le monde, c’est Anders Jormin. C’est un excellent était énorme ! C’est un sculpteur de son, il est
CD “Ethics : River Silver” sideman et un soliste hors-pair. Il a un jeu complet, quasi pianistique, où l’on à la fois lyrique et complètement barré, n’ou-
(Ecm/universal, sortie
janvier 2016). entend toute l’harmonie et il a un jeu d’archet magnifique. Il est largement blions pas qu’il vient du rock métal ! Puis en
sous-estimé et pourtant je trouve que c’est le meilleur, et je partage ce point 2005, j’ai fait mon album électro, “Drastic”, en
CoNCERTS le 15
janvier à Nantes, le de vue avec Manfred Eicher ! Un de mes disques de chevet est son album invitant Nils et, pour moi, c’est un chemin cohé-
16 à Vitrolles, le 18 à solo, “Xieyi” (ECM, 2001). rent qui me mène aujourd’hui au groupe Ethics,
Fribourg (Suisse), le 19 où grâce à Erik Truffaz et Nils Petter Molvaer,
à Schiltigheim, le 20 à
Berne (Suisse), le 21 à
NILS PETTER MOLVÆR j’ai appris à maîtriser la gestion du temps et
Zurich (Suisse), le 22 Vilderness 2 de l’espace, et laisser le silence prendre part
à Munich (Allemagne), “Solid ether” (ecM, 1999) à la musique. “Encadrer le silence” : c’est un
le 24 à Bad hofgastein Je reconnais tout de suite le son de guitare d’Eivind Aarset ! C’est très beau slogan qui résume bien mon entrée
(Autriche), le 25 à Vienne M.B.
(Autriche), le 26 à Paris l’époque du drum & bass, ça doit être un album de Nils Petter Mol- chez ECM. •
(New Morning) et le 27 à vaer. J’ai énormément écouté la musique de Nils, je l’ai rencontré en 1992
Tourcoing. pendant l’enregistrement de “Night Caller” de Rita Marcotulli, à l’époque il ne
NET michelbenita.com jouait pas encore d’électro. Je suis entré dans la musique électro à la fin des
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dossier
le
révolutionnaire
tranquille sommaire
40 La chanson
d’Ornette
Par Pat metheny
43 Au cœur
de la pensée
Par François-rené Simon
62 Ornette va piano ?
l’aurez compris, ce dossier rend hommage. Par Thierry Quénum
64 L’affaire Chappaqua
Par Philippe carles
La chanson
défi de l’électricité ont pro-
duit quelques-unes des
rares réussites du genre, et
d’Ornette
transcendé la matérialité des
fils, potentiomètres et autres
boutons pour atteindre l’âme
de la musique.
Pat metheny n’a pas caché parmi les plus importantes et influentes de
ma vie de musicien. En tant que jeune instru-
sa passion pour la musique mentiste originaire du Missouri, il était naturel
de vouloir en apprendre le plus possible sur
d’Ornette Coleman, qu’il un musicien aussi majeur, en écoutant ses
disques et en essayant de comprendre tout
fut l’un des premiers ce que je pouvais sur sa façon de jouer. Sa
guitaristes à aborder
musique semblait inclure de nombreux méca-
nismes communs aux langages bop et post-
Ornette le mélodiste :
plaisir à la jouer. Une qualité dont l’impact ne
fut pas des moindres sur la conscience du
“Change Of The Century”, “This Is Our Music” lièrement en trio avec Charlie Haden et le bat-
et “New York Is Now !” – qu’elle partageait teur Billy Higgins, Ornette était venu au Village
de nombreuses qualités avec toutes mes Vanguard pour nous écouter. Je pense qu’il
musiques favorites, de Bach à la meilleure savait que j’avais enregistré quelques-uns de
country music du moment jusqu’aux Beatles ses morceaux çà et là, et il semblait avoir un
et Miles Davis. Il y avait là quelque chose intérêt grandissant pour le potentiel de la gui-
d’inéluctable dans la forme et dans l’esprit : tare comme élément sonique. Au gré de di-
ces musiciens devaient jouer comme ça ; verses conversations (encouragées des deux
aucune note ne pouvait être autre que cette côtés par notre ami commun Charlie Haden),
note. Et ces types faisaient ça spontanément, nous nous sommes dit qu’il serait sympa de
en tant que groupe. La façon dont Ornette et se retrouver un jour pour jouer. En ce qui me
le contrebassiste Charlie Haden s’écoutaient concerne, rien que cette idée était exaltante.
l’un l’autre et tissaient ces incroyables Peu de temps après, je changeais de
harmonies implicites qui évoquaient tout, maison de disques et ces conversations me
du blues au contrepoint le plus avancé de revenaient sans cesse à l’esprit. Après un
la musique classique occidentale, était coup de fil à Ornette et un à Denardo, son fils
l’une des choses les plus profondes que j’ai et manager, nous avons convenu d’enregistrer
expérimentées en tant qu’auditeur. Sur les ce qui allait devenir le disque “Song X”, le qui ne ressemblerait en rien à ce que l’on
premiers disques tout particulièrement, ses premier de ma nouvelle compagnie, Geffen, attendait de nous, et de développer un lan-
quartettes sans piano témoignèrent d’une et donc une étape majeure dans ma vie de gage et une façon de jouer ensemble, propre
sensibilité et d’une économie de moyens qui musicien. à ce projet. Nous avons instauré une routine
ouvrirent la voie à l’adoption de plus en plus qui a duré presque un mois. On se retrou-
répandue de formules orchestrales réduites, Les semaines précédant l’enregistrement vait chaque jour tous les deux, parfois avec
révolutionnaires à l’époque au regard des furent vraiment intenses, et incroyablement Denardo à la batterie, et nous jouions jusqu’à
effectifs traditionnels de l’orchestre de jazz, inspirantes. Lors de notre première rencontre, dix heures d’affilée, travaillant des morceaux
et aujourd’hui encore tout aussi modernes. nous sommes tombés d’accord sur le fait que et des idées pour le disque, improvisant
Dans les années 1980, quand je jouais régu- nous devions essayer de faire quelque chose ensemble sans compter les heures. Après
‘‘
cal. Il m’a poussé, moi et des
milliers d’autres musiciens, à
puiser dans nos cœurs et dans
Ce qui m’a touché le plus profondément, nos esprits ce que nous avons
c’est le dévouement total d’Ornette à offrir dans notre propre lan-
envers son propre langage musical.” gage musical. Si seulement
nous avions le courage d’écou-
ter notre chanson intérieure
comme Ornette l’a fait...
quelques semaines, nous avons commencé qu’Ornette consacrait à sa musique. J’ai moi- Cette qualité, de plus en plus rare et de
à réfléchir aux musiciens qui pourraient idéa- même été accusé d’être un drogué du travail, moins en moins valorisée dans notre ère
lement nous rejoindre. connu pour travailler jusqu’à plus d’heure sur de conservatisme et de révisionnisme, est
J’avais beaucoup tourné avec Charlie [Haden] un nouveau projet, un disque ou un simple l’inaltérable présent qu’Ornette a fait au
et Jack DeJohnette à cette époque en trio morceau. Mais avec Ornette, j’ai fait plus que monde de la musique. Il fournira pour toujours
comme en quintette et nous avions enregistré rencontrer mon égal. Je me souviens que sur un point de référence aux futures générations
quelques années plus tôt, “80/81” [avec la tournée “Song X”, quand on arrivait à l’hôtel de musiciens, quel que soit leur style. •
Dewey Redman et Michael Brecker, NDLR]. vers midi, Ornette allait immédiatement dans
trAduCtion : Julien Ferté © PAtMetHeny.CoM, AVeC
Je sentais que la rencontre entre Jack et sa chambre pour pratiquer son instrument. Il l’AiMABle AutoriSAtion de PAt MetHeny
Ornette pourrait être excitante. Et ce que jouait sans interruption jusqu’à la balance et,
Denardo faisait alors avec l’électronique était durant celle-ci, il continuait de jouer non-stop.
non seulement fascinant, mais me semblait Je me souviens même avoir été obligé de lui
en phase avec mes propres recherches sur le demander de s’arrêter juste quelques minutes
son de ma guitare. En outre, ce qui m’excitait afin de pouvoir échanger avec l’équipe de
le plus, c’était d’entendre Charlie et Ornette sonorisation sans avoir à hurler. Passée la
jouer à nouveau ensemble. À l’époque de balance, Ornette restait sur place et continuait
l’enregistrement de “Song X”, ils ne s’étaient de jouer jusqu’au début du concert. Pendant
pas retrouvés ensemble en studio depuis les concerts, qui duraient parfois plus de deux
presque dix ans. heures, il jouait magnifiquement et, après, il
Se présentait ainsi à moi l’opportunité géniale continuait encore à jouer...
d’examiner le cheminement de la pensée
d’Ornette, tout en apprenant beaucoup sur Je n’ai jamais vu un musicien, quel que soit
l’improvisation elle-même, auprès de l’un son âge, se donner autant et avoir une telle
de ses authentiques Maîtres encore vivants. résistance. De plus, c’était très intéressant
Durant les répétitions et l’enregistrement, d’écouter exactement ce qu’il jouait quand il
et plus encore lors de la tournée qui suivit, pratiquait. D’abord, il ne sonnait pas du tout
j’ai été frappé par l’énergie et le temps comme quelqu’un qui était en train de s’exer-
des mélodies parfois simples Dancing In Your Head joué par Prime Time.
Si toutes ces figures marquantes du jazz se
comme bonjour ou complexes sont déplacées, ce n’était pas seulement
pour un simple hommage confraternel. C’est
comme une symphonie. parce que l’importance (majeure) d’Ornette
dans l’histoire de cette musique ne tient
Ornette Coleman, penseur du pas au seul fait qu’il ait bousculé ses lignes
lui-même : « J’ai vraiment commencé quand Charlie Parker, dont l’allégresse apparente Notes
j’ai écrit pour des gens qui n’improvisaient ne fut qu’une pudeur enjouée pour masquer 1. Thierry Laisney, dans La
pas, des “classiques”. J’ai appris seul. Mais je une détresse plus vaste encore que la sienne Nouvelle Quinzaine littéraire
n ° 1096, janvier 2014.
ne me concentre pas sur l’instrument. Plutôt propre.
2. À Francis Marmande
sur l’écriture pour l’instrument. » (4). dans Le Monde du 10
Et que dire de ses compositions assurément mars 1997.
Timide et doux dans la vie, « le saxopho- mélancolique ! Certes, Lonely Woman. Mais 3. Jazz Magazine n° 125,
décembre 1965, interview
niste au plastique entre les dents » (5) est un on peut s’étonner que d’autres mélodies, de Melvin Van Peebles.
manieur d’éloquence. Ses interviews sont toutes simples, ne soient pas devenues 4. Jazz Magazine n° 453,
nombreuses, ardentes, sa voie est rectiligne. des standards, à l’instar du boppisant Tur- novembre 1995, interview
Tout comme sa voix musicale. Ornette est naround, d’ailleurs intégré au fameux Real de Philippe Carles et
Frédéric Goaty.
un improvisateur de mélodies et son free Book. Si Lorraine est facilement mémorisable
5. Jazz Magazine n° 89,
jazz n’est ni le brouhaha, ni le déchaînement. et a d’ailleurs été repris (Aldo Romano, “To décembre 1962, titre
S’il atteint par moments la fureur, c’est une Be Ornette To Be”), Sadness, Kathleen Gray de l’interview par le
fureur poétique qu’on ne confondra pas avec ou Street Woman colportent une indiscutable contrebassiste Benoît
Quersin.
le paroxysme. De plus, elle n’est pas com- mélancolie. Et l’amour n’est pas oublié : Fou
6. Jazz Magazine n° 473,
partimentée dans un morceau, elle peut se Amour (“Body Meta”) en rappel de Jayne septembre 1997, interview
déclencher, cette fureur, à brûle-pourpoint. Cortez qui avait fait découvrir L’Amour fou de Christian Gauffre.
Réécoutez “Free Jazz”, justement, ou En- d’André Breton à son saxophoniste de mari
dangered Species (“Song X”). Nombre de (dans les années 1950).
ses phrases pourraient devenir des thèmes
et le sentiment de la beauté, pour subjective Ornette Coleman le lyrique ? L’homme était
qu’elle soit, vous étreint souvent lors de ses d’une sensiblité extrême, qu’il savait rendre
prestations “live”. Une beauté où il n’est pas aussi invisible que le héros de Invisible Man,
ChRISTIAN RoSE
interdit d’entendre quelque chose de tra- le roman de Ralph Ellison (par ailleurs vague-
gique, quel que soit le tempo, dans ses vo- ment trompettiste). Dans une vision “harmo-
lutes inattendues notamment. Comme chez lodique” du monde, il a su donner les formes
‘‘
Dans une vision
“harmolodique”
du monde,
Ornette Coleman
Joe Lovano et David Murray
Libérez
double quartette enregistraient en studio une
improvisation de 37 minutes qui allait donner
son titre à l’album, “Free Jazz”, manifeste
“Free Jazz” !
d’un nouveau genre musical. Clair comme
de l’eau de roche ! Pourtant, pour peu qu’on
le resitue dans la discographie ornettienne,
voilà un album qui occupe une place
paradoxale : s’il n’est pas le plus écouté,
‘‘
“Free Jazz” n’était pas une météorite isolée,
mais bien une proposition artistique s’inscrivant
dans une modernité aux voies multiples.”
familiers de ses conceptions musicales : partir de l’année suivante –, Freddie Hubbard Bill Evans et Jim Hall, entre autres – lors d’une
Don Cherry à la trompette, Charlie Haden à n’apparaissait certes pas comme un choix séance dédiée à deux pièces Third Stream du
la contrebasse, ainsi que ses deux batteurs évident : on dit qu’Ornette lui aurait préféré un compositeur Gunther Schuller, parues sur l’al-
fétiches, Ed Blackwell et Billy Higgins. Sans ami de longue date, Bobby Bradford, lequel bum “Jazz Abstrac tions”. Cette coïncidence
prétendre à la même ancienneté, Scott La- refusa néanmoins de se déplacer depuis Dal- de personnel et de dates, cette collision chro-
Faro n’était pas tout à fait un nouveau venu, las où il résidait. Reste que dans les années nologique entre deux versants apparemment
puisqu’il avait rejoint depuis quelques mois suivantes, on retrouvera le nom de Hubbard opposés de l’avant-garde de l’époque, nous
déjà le quartette régulier de l’altiste. Tout en dans deux autres jalons du jazz libertaire, rappelle que “Free Jazz” n’était pas une
reconnaissant ses indéniables qualités musi- “Ascension” de John Coltrane et “Out To météorite isolée, mais bien une proposition
cales et techniques, la critique s’est toujours Lunch” d’Eric Dolphy. Dolphy, justement : artistique s’inscrivant dans une modernité
montrée embarrassée de sa présence dans celui qu’Ornette s’était choisi comme alter aux voies multiples. Et qu’on aurait bien tort
l’univers ornettien. Pensez donc : le contre- ego pour cette séance – mais à la clarinette d’enfermer sous une étiquette stylistique un
bassiste du trio de Bill Evans chez le pape du basse, seule entorse à la parfaite symétrie album qui n’avait d’autre prétention que de
free ! Pourtant, à bien écouter ses véloces du double quartette – représentait alors une “libérer le jazz”. • PASCAl rozAt
lignes mélodiques se détacher dans l’aigu autre voie de la modernité, fondée davantage
contre les graves profonds de son ancien sur un élargissement progressif du langage À ÉCouTER
“Free Jazz - A Collective Imrovisation By The
colocataire Charlie Haden, on se dit que son harmonique du jazz moderne que sur son
ornette Coleman Double Quartet” (Atlantic /
approche singulière de l’instrument s’intégrait abolition pure et simple. En ce même jour du Warner Music). la First Take figure dans l’album
aussi naturellement à un contexte qu’à l’autre. 21 décembre, il devait retourner en studio “Twins” (paru en 1971) ou dans le coffret “Beauty
Et Dieu sait vers quels horizons musicaux ce pour graver son premier album en quintette Is A Rare Thing” (6 CD Atlantic Rhino / Warner
Music) paru en 1993 et récemment réédité.
génie de 24 ans aurait vogué, s’il n’avait pas aux côtés de Booker Little, “Far Cry”, dont la
disparu dans un accident six mois plus tard facture encore très hard bop tranche singu-
lièrement avec le langage révolutionnaire de
Restaient donc deux pupitres à pourvoir avec “Free Jazz”…
des musiciens extérieurs au premier cercle.
Jeune hard bopper habitué depuis peu des Et la veille ? On retrouvait Dolphy aux côté
séances Blue Note – comme Billy Higgins à d’Ornette et de Scott LaFaro – mais aussi de
Entre haine
et “The Shape Of Jazz To Come” –, les
premiers albums d’Ornette Coleman n’étaient
pas passés inaperçus auprès des autres
et amour
jazzmen à leur sortie. Il est même probable
que certains enviaient l’attention que leur
portaient des critiques de renom tels Nat
Hentoff ou Martin Williams. Mais à vrai dire,
la plupart attendaient encore de l’écouter sur
dizzy Gillespie :
“Dites les gars,
vous êtes vraiment
sérieux ?”
1959 à la Lenox School of Jazz au même n’était pas le seul à penser cela. Profitant
moment qu’Ornette Coleman et Don Cherry, d’un blindfold test pour donner son avis (alors
lins, l’un de ses premiers défenseurs, consi- peu de temps et de bonne volonté, beau-
dérait en effet que « son écriture en disait bien coup finirent par reconnaître la sincérité de sa
plus sur ses ambitions, et sur la manière dont
il voulait sonner, que ses improvisations ».
démarche, et réussirent même à apprécier «
la souplesse de son phrasé », « l’empreinte
ORNETTE EN
Mingus, qui n’en était pas à une contradic- vocale de son intonation » ou « sa fidélité à 45 DATES
tion près, admit de son côté que n’importe l’esprit du blues ». De toute façon, même les
quels morceaux entendus après ceux d’Or- plus réfractaires durent se rendre à l’évidence, 1930
nette paraîtraient complètement dépassés, y « Aucun autre musicien n’a suscité depuis naissance le 9 mars à
compris les siens. Et bientôt, même Pee Wee Bird, Diz et Thelonious Monk autant d’ana- Forth Worth, Texas – le 19
Russell puiserait dans son répertoire ! Soit. lyses et de réflexions » : invité par le magazine selon son biographe john
Litweiler, le 9 mars 1931
Mais alors, pourquoi négligeait-il à ce point la Down Beat à apaiser les esprits alors que la selon sa sœur Tuvenza
structure et les accords de ses propres com- polémique était à son paroxysme, Cannonball coleman...
pos à peine le thème exposé ? Le trompet- Adderley résumait parfaitement la situation
tiste Art Farmer eut d’abord toutes les peines dans laquelle se trouvait le compositeur de
du monde à considérer « ces immeubles sans Beauty Is A Rare Thing.
fondations » avant d’adopter en définitive la
1946-47
joue du ténor dans des
orchestres de rhythm and
blues.
1948
confronté aux harmonies
du bop, « Ornette
commence à sonner
comme Ornette » (john
carter).
1949
Tournée en Louisiane avec
une troupe de vaudeville
puis un orchestre de
rhythm and blues. À baton
rouge, l’un de ses solos
provoque une émeute où
il perd son ténor. il échoue
GIUSEPPE PINo
x/DR
x/DR
qui témoigne qu’il se Avec Don Cherry et Ed Blackwell la trompette par Ornette.
débat toujours avec les enregistrement de la
harmonies parkériennes. Chappaqua Suite et de
achat de l’alto Grafton en la musique pour le film
plastique. mariage avec la 1959 séjour au village vanguard.
du Living Theater Who’s Avec Don Cherry
poétesse jayne cortez. “Tomorrow is the Tournée jusqu’à San
Francisco et remplacement Crazy. création à Londres 1968
Question !” (contemporary) de Forms and Sounds pour Tournée européenne du
1955 avec cherry, red mitchell de charlie Haden par Scott
quintette à vents. quartette à deux basses
bradford est sous les ou Percy Heath et Shelly LaFaro.
manne. avec le soutien (izenzon, Haden) avec
drapeaux, blackwell à new
de john Lewis et Gunther 1961 1966 ed blackwell, rejoint
Orleans, Ornette garçon retour aux etats-Unis
d’ascenseur à Los angeles. Schuller, Ornette et cherry Quartette avec Scott et séance en trio avec par Yoko Ono lors d’un
sont accueillis comme LaFaro (“Ornette”) puis, à charlie Haden et denardo concert au royal albert
1956 étudiants à l’école d’été la mort de ce dernier, avec coleman âgé de 10 ans Hall. Séances blue note
Fréquente les jazz de Lenox et signent chez jimmy Garrison (“Ornette (“The empty Foxhole”, avec dewey redman,
messiahs (le cornettiste atlantic. Premiers disques On Tenor”, dernier disque blue note). jimmy Garrison et elvin
don cherry, les du quartette (cherry, atlantic). jones (“new York is
Haden, Higgins) : “The
saxophonistes james 1967 now !”, “Love call”).
clay et George newman, Shape Of jazz To come”,
“change of the century”.
1962 Haden est ajouté au trio Quartette avec redman,
le batteur billy Higgins), nouveau quartette au Five avec izenzon et moffett au Haden et denardo sur la
notamment au Haig Ornette quitte Los angeles Spot : bobby bradford, côte Ouest, au Filmore
village Theater. Ornette
d’Hollywood où le pour new York. Le
jimmy Garrison et charles joue de la trompette sur puis à l’Université de
contrebassiste red quartette fait sensation et
mitchell remarque Ornette. scandale au Five Spot en
naissance de denardo, fils novembre. Avec Charlie haden
d’Ornette et jayne cortez.
1960
1957 billy Higgins remplacé au
Gigs avec don cherry, le sein du quartette par ed
x/DR
ORNETTE, CE HéROS
Après deux films réalisés dans les
années 1960 marqués par le jazz,
The Connection et The Cool World,
Shirley Clarke fit d’Ornette Coleman
un héros de cinéma dans son ultime
long-métrage.
Made In America part de l’enfance d’Ornette
Coleman dans les quartiers défavorisés d’une
ville du sud ségrégationniste – Fort Worth,
Texas –, jusqu’à sa consécration, en 1983,
quand on lui remet officiellement les clés de
la ville, afin d’inaugurer un centre artistique et
culturel – Caravan of Dreams – lors d’un concert
où l’altiste mêle son Prime Time à un orchestre
symphonique. Ce retour en héros dans sa ville
natale, où l’on découvre le quartier qu’il habitait
via les retrouvailles avec ses copains d’enfance,
définit une trame narrative où sont évoqués les
éléments-clés de sa carrière.
À partir de cette trame, Shirley Clarke construit
un film kaléidoscopique, tentant à travers
la prise de vue et le montage de trouver un
équivalent visuel à la musique d’Ornette.
Elle s’intéresse aussi au rapport père-fils, en
confrontant des images de 1968 avec Denardo,
12 ans, nouveau batteur de l’orchestre de
son père, avec les mêmes, quinze ans après,
au sein du Prime Time. Elle laisse souvent la
parole à Ornette – fait rare chez ce musicien
discret et réservé –, qui se dévoile volontiers.
On croise également dans Made In America
William Burroughs, George Russell, Don Cherry,
Charlie Haden, les musiciens du Prime Time, les
gnawas de Jajouka, des membres de la famille
et des journalistes qui, tous, ont un point de
vue pertinent sur ce héros atypique du cinéma
américain. • lionel eSkenAzi
À VoIR Made In
America (Milestone,
sans sous-titre, avec
près de deux heures de
bonus, dont une interview
de Shirley Clarke et de
Denardo Coleman).
L
Dewey le doux
Dewey le doux
pelons-nous que Charlie Haden avait “tenu la
maison” chez Ornette dès les années 1960.
Dès lors, le couple Haden/Redman offrait au
pianiste une belle occasion d’explorer cet uni-
vers avec authenticité, tout en développant
des compagnons de route New Yok, 1989. Par un après-midi d’été torri-
de, sous un pont sur l’Hudson (dont j’ai oublié
historiques d’Ornette le nom), un trio, au format “Sonny Rollins”
(saxophone, contrebasse, batterie), joue sa
Coleman. le contrebassiste vie. Le moment est magique, et Anthony Cox
est à la contrebasse. Dewey Redman donne
michel Benita, qui a tourné toute la mesure de son invention mélodique,
1931 naissance de
dewey redman, le
17 mai, à Fort Worth,
Texas.
1944 Il commence à
jouer de la clarinette.
dans un quartette où ont figuré – excusez du peu – Leon Parker
et Cameron Brown.
ChARLES STEWART
tandem rythmique Elvin Jones / Jimmy Garrison, premier album du
x/DR (ECM)
indissociable de l’aventure coltranienne. Il faut y Liberation Music
réécouter Dewey, particulièrement en orchestra de charlie
Haden (Impulse).
verve, dans son solo sur Round Trip,
clôturé par un duo avec Ornette, 1969 “Tarik”
pour comprendre l’originalité de sa (BYG records),
avec Malachi Favors
voix et déceler ses origines texanes, et ed Blackwell. A gauche, Dewey Redman et ornette Coleman. Ci-dessus :
marquées par le blues. Sans oublier, Dewey Redman, Jack DeJohnette, Pat Metheny, Charlie haden et Michael
bien sûr, le célèbre We Now Inter- 1971 commence Brecker à l’époque de l’album “80/81” (ECM) du guitariste.
à jouer dans le
rupt For A Commercial, clou de cet quartette de keith
album. À propos d’Ornette, Dewey Jarrett.
rappelait souvent à qui voulait l’entendre que son Comme lors de cette soirée
1976 Forme le
maître pouvait jouer bebop s’il le désirait, et qu’il groupe old and mémorable du Sunset où, à la
le fit à quelques reprises, backstage, quand il new dreams fin de notre dernier set, débar-
éprouva le besoin de montrer à des confrères avec don cherry, qua Joe Lovano, de passage
condescendants qu’il était un musicien accom- charlie Haden à Paris. Après l’avoir invité à
et ed Blackwell.
pli. Cette anecdote nous rappelle qu’Ornette dut se joindre à nous, le quartette
batailler pour imposer son approche musicale 1980 Il tourne se lança dans un blues mémo-
iconoclaste. avec Pat Metheny rable. Prenant le premier solo,
(“80/81” sur ecM).
C’est donc naturellement que m’est venue, Joe y fut magnifique, comme
en 1990, l’idée d’un quartette avec Dewey, 1990 enregistre toujours, avec son jeu savant et son groove unique, très laidback.
pour mon premier album en tant que leader. “Préférences” Quand vint le tour de Dewey, éblouissant, il déploya toute l’éten-
avec Michel Benita
Le contrebassiste Mark Helias, un ami et l’un (Label Bleu). due de sa palette. Je compris alors, comme une évidence, ce qui
de ses partenaires de longue date, m’encou- le rendait unique : un mariage parfait entre l’essence du blues et la
ragea à oser le contacter et Michel Orier, alors 1992 Il invite son folie inventive qu’il avait cultivée pendant ses années auprès d’Or-
fils Joshua à jouer
à la tête de Label Bleu, me donna le feu vert. sur “choices” (enja). nette. Comme Joe Lovano, souriant et immergé dans l’écoute
Je me souviendrai longtemps de ce coup de fil de son aîné, le public fut renversé par l’irruption soudaine de la
transatlantique où j’eus un premier échantillon 1998 “Momentum grande musique afro-américaine, dans son authenticité palpable.
Space” (Verve)
de son style oral inimitable. De sa voix douce, avec cecil Taylor Dewey fut couvert de louanges et je me dis que ce musicien, trop
assez haut perchée, il répondit avec gentillesse et elvin Jones. souvent sous-estimé, venait, calmement et indiscutablement, de
à mes questions, ponctuant ses phrases de son remettre les pendules à l’heure. You dig ? • MiCHel BenitA
2006 Il meurt
fameux « You dig ? », et accepta l’invitation. Dès le 2 septembre
les premières répétitions sur la scène du petit à new York. À ÉCouTER
théâtre de la Maison de la Culture d’Amiens, il Michel Benita : “Préférences” et “Soul” (label Bleu, 1990 et 1993). Avec
Dewey Redman (saxophone), Rita Marcotulli (piano) et Aldo Romano
fut content de retrouver Aldo Romano, et parta-
(batterie).
gea immédiatement mon coup de foudre musi-
cal pour Rita Marcotulli, qui devint pendant une
dizaine d’années sa pianiste attitrée en Europe,
the Ornette Coleman Quartet the Ornette Coleman trio Ornette Coleman
this Is Our music at the “Golden Circle” Science Fiction
Volume One / Volume NEW
Atlantic – 1960 two Columbia – 1971 VoCABulARy,
En juillet 1960, Au tournant des années lE CD NoN-
Blue Note – 1965
Ornette Coleman 1970, Ornette Coleman AuToRISÉ
modifie la En 1962, Ornette participe pleinement Paru au printemps
composition de Coleman dissout de l’émergence de 2015 et chroniqué dans
sa formation en son quartette et la Loft Generation en Jazz Magazine, “New
remplaçant à la renouvelle son créant dans le quartier Vocabulary” a paru
batterie Billy Higgins inspiration à la tête de SoHo son propre sans la consentement
par Ed Blackwell, d’un trio composé du studio, l’Artist House. d’ornette Coleman.
musicien de La Nouvelle-Orléans au style contrebassiste David Brassant danse, poésie, cinéma expérimental Explications.
à la fois mélodique et d’une grande clarté Izenzon (extraordinaire et peinture en happenings authentiquement
polyrythmique. Les premières séances de liberté dans sa façon de dialoguer avec free, le saxophoniste va ainsi intégrer à sa tribu Au moment de la
le soliste mais aussi d’une très grande disparition d’ornette
d’enregistrement de ce second quartette d’origine (Cherry, Haden, Higgins, Blackwell...) Coleman, “New
sans piano offriront sa matière à “This Is technicité, notamment à l’archet) et du de nouveaux musiciens, comme son jeune fils Vocabulary” était au
Our Music”. Sur un répertoire composé batteur Charles Moffett (clair, dansant, Denardo, le saxophoniste Dewey Redman ou cœur d’une bisbille
de magnifiques thèmes originaux (Blues dans la continuité d’Ed Blackwell). Les encore le trompettiste Bobby Bradford. Dans la entre le saxophoniste
Connotation, Beauty Is A Rare Thing), concerts donnés par la formation au Golden série de disques couvrant cette riche période (par la voix de son fils
mais aussi d’une reprise inattendue du Circle de Stockholm les 3 et 4 décembre (“Friends and Neighbors”, “Crisis”, “Broken Denardo, gestionnaire
standard de Gershwin Embraceable You, 1965 sont parfaitement représentatifs des Shadows”), “Science Fiction” apparaît avec des affaires du
le quartette fait montre de sa remarquable nouvelles orientations de la musique du le recul comme le plus emblématique de cet paternel et initiateur
saxophoniste, plus ascétique et méditative, des poursuites) et ses
homogénéité, développant une conception esprit d’ouverture. Ornette Coleman décline ici partenaires de session
de plus en plus organique et égalitaire définitivement affranchie des schémas l’harmolodie dans tous les registres, alternant Jordan Mclean et
de l’improvisation où chacun, dans la traditionnels, totalement recentrée sur le les formules orchestrales, du légendaire Amir Ziv. À l’origine du
singularité et l’intégrité de son expression, chant. Enrichissant sa palette expressive quartette originel (Cherry, Haden et Higgins) à disque, des rencontres
participe du discours collectif. d’interventions brutes au violon et à la l’excellent quartette constituant alors son groupe informelles au domicile
trompette, mais développant surtout au de travail (avec Redman au ténor et Blackwell à de Coleman, où des
saxophone alto un discours d’une inventivité la batterie) en passant par l’octette expérimental musiciens de tout bord
formelle et d’une spontanéité lyrique souvent venaient régulièrement
(deux trompettes et deux batteries), qui sert bénéficier de ses
bouleversantes, Ornette Coleman trouve d’écrin à la voix de la chanteuse pop indienne enseignements
dans cette formule minimaliste le support et Asha Puthli ou au récitatif du poète David théoriques et pratiques.
l’espace d’une redéfinition de la grammaire Henderson. l’enregistrement y
de l’harmolodie. était autorisé, mais
les bandes n’avaient
pas vocation à être
publiées. une règle
Pat Metheny / ornette Coleman ornette ornette Coleman tacite.
Enregistré en
languages Passé un peu
Jordan Mclean
et Amir Ziv furent
décembre 1985, “Song Harmolodic – 1987 inaperçu à sa sortie, confiées à Marc urselli,
X” est une borne tant “Sound Grammar” sonorisateur attitré de
Album à part dans John Zorn et de lou
dans la carrière du la discographie restera finalement Reed. l’ingénieur du
guitariste Pat Metheny, d’Ornette Coleman, dans l’histoire son renâcla devant une
qui d’une certaine qui au moment de comme l’ultime opus qualité sonore des plus
manière faisait là sa sortie a pu donner officiel d’Ornette sommaires, regretta de
son coming out en l’impression que, pour Coleman. Sortant de ne pouvoir organiser
révélant au grand jour ses accointances avec la première fois de sa sa réserve au terme de dix ans de silence de véritable séance
l’harmolodie, au risque de bousculer son carrière, le saxophoniste phonographique, le saxophoniste, alors âgé en studio, mais tâcha
public, que dans celle d’Ornette Coleman. de 75 ans, y apparaît en grande forme et d’honorer la commande
sacrifiait à une sorte de retour sur soi et de donner du relief
Un peu en retrait à l’époque, éclipsé à la fois d’allure nostalgique. Les années passant, plus que jamais avide de nouveaux territoires au matériau déposé
par la montée de l’académisme néo-bop et “In All Languages” figure pourtant parmi les à explorer. Propulsé par un trio composé sur sa console. Quoi
l’avènement d’autres types de modernités chefs-d’œuvre du saxophoniste, cristallisant du fidèle Denardo à la batterie et de deux que l’on pense de cette
(le mouvement M’Base de Steve Coleman au-delà des langages qu’elle a pu emprunter contrebassistes aux rôles bien définis (Greg gestation douteuse,
notamment), le saxophoniste retrouva par ce la profonde cohérence esthétique de sa Cohen assurant le drive rythmique et Tony il n’est pas interdit
biais soudain sa juste place au cœur du jazz musique. Explorant dans deux configurations Falanga produisant de passionnants effets de d’apprécier le résultat
contemporain. Propulsés par une rythmique texture à l’archet), Ornette Coleman, à la fois final, d’une indéniable
orchestrales différentes un répertoire en partie originalité. “New
incandescente composée de Charlie Haden identique (Latin Genetics, Peace Warriors, incorporé dans cette masse sonore organique Vocabulary” est encore
à la contrebasse, de Jack DeJohnette Feet Music...), Ornette se présente dans ce et comme définitivement “ailleurs”, affranchi disponible, a priori, sur
à la batterie (déjà présents sur l’album double album d’une part à la tête de son de toute pesanteur, laisse flotter son chant en le site du label System
“80/81” de Metheny, inspiré par la geste légendaire quartette avec Don Cherry, Charlie de longues improvisations sinueuses truffées Dialing...
colemanienne) et de Denardo Coleman à la Haden et Billy Higgins, et de l’autre plongé de ces petites phrases explosives à la gaieté • dAVid CriStol
batterie électronique, Ornette et Metheny, dans le magma effervescent du Prime Time, amère qui jusqu’au bout demeureront sa
en totale osmose, proposent une musique composé pour l’occasion de Nix et Ellerbe à la véritable signature instrumentale. NET systemdialing
lyrique, complexe et pleine d’énergie, aux guitare, Tacuma et Al MacDowell à la basse, records.com
formes assez proches de celles du Prime et Denardo Coleman et Calvin Weston à la
Time, mais déterritorialisées par des batterie. Deux époques et deux facettes d’un
partis-pris de production et d’orchestration même univers d’une plasticité formelle, d’une
(l’utilisation du synthétiseur et de la batterie fraîcheur d’inspiration et d’une puissance de
électronique) résolument eighties. vie miraculeuses.
Jazz Magazine 57
dossier Ornette Coleman
V
Les chants du possible
Les chants
de l’essentiel de la musique d’Ornette
Coleman. Comment ce projet un peu fou
est-il né ?
du possible
Au départ, c’est un producteur espagnol qui,
une dizaine de jours à peine après la mort
d’Ornette, a proposé à quelques guitaristes
d’interpréter un de ses thèmes en solo en vue
d’un album collectif à paraître à la rentrée. J’ai
Grand admirateur de la accepté la proposition mais je n’ai pas été
capable de me limiter à un seul titre. J’ai enre-
musique d’Ornette Coleman, gistré tous les thèmes qui m’avaient été sou-
mis, qui couvraient l’ensemble de sa carrière,
le guitariste noël akchoté et de là est née l’envie de continuer. Finale-
Noël Akchoté
DAvID GhAR
Comment la
définiriez-vous ?
En fait, et ça vaut pour toutes Le Prime Time d’ornette Coleman en 1987, de gauche à droite et de bas en haut :
les musiques de tradition orale, Charles Ellerbe (guitare), Denardo Coleman (batterie), Calvin Weston (batterie), Al MacDowell
(basse), Bern Nix (guitare), ornette Coleman et Jamaaladeen Tacuma (basse).
la chose la plus importante
c’est l’intonation, la façon dont
on prend la parole pour faire en-
tendre son chant intérieur. Quand les choses musique de la rue. Il n’a jamais aimé les ins- qu’au niveau d’une certaine forme d’ouver-
sont réellement incarnées elles deviennent truments tempérés comme le piano, car ils le ture d’esprit et de liberté prise par rapport
indéniables. Et à ce niveau, Ornette est un ramenaient dans des harmonies dont toute aux règles. Car c’est ça qu’a apporté Ornette
pur génie. Il a un pitch d’alto un peu faux, une sa musique tendait par ailleurs à s’émanciper. de plus précieux : ne plus être dans le juge-
façon de passer d’une tonalité à l’autre sou- Si on le sent beaucoup plus à l’aise avec ment, laisser les choses se faire, ne pas avoir
vent abrupte mais son sens de la mélodie est la guitare, c’est que c’est un instrument peur d’aller vers la faute. Quand on s’aven-
imparable. Cette faculté d’imposer un monde “faux” d’une certaine façon, où l’intonation, ture véritablement dans l’inconnu au niveau
en trois notes, je ne vois guère qu’Ellington là encore, est primordiale. Ce n’est pas un de l’impro, il arrive toujours ce moment où
dans le jazz, en dehors de lui, qui en soit hasard si dans Prime Time il choisit un musi- l’on est déstabilisé et où, pour se rattraper,
capable. En vérité, Ornette n’aura jamais fait cien aussi atypique que Bern Nix, dont tout on prend appui sur ce qu’on a sous la main.
que tourner autour d’une demi-douzaine de l’intérêt tient dans l’intonation très brute, très Là on ne décide rien, on ne prémédite rien, et
thèmes tout au long de sa carrière. Il y a un naïve. Ornette l’accueille dans sa singularité c’est toujours un moment de vérité. Jusqu’au
petit nombre d’intervalles et de cadences et intègre à la pâte orchestrale du Prime Time bout, la musique d’Ornette aura su s’aventu-
qui sont récurrentes dans sa musique, et la poésie d’un jeu où la beauté et une cer- rer dans ces zones dangereuses et préserver
c’est là que réside sa véritable signature de taine forme de laideur sont inextricablement ainsi sa naïveté. • Au MiCro : StéPHAne olliVier
compositeur. Ornette, c’est un peu comme mêlées.
un peintre qui aurait passé sa vie à travail- À ÉCouTER
Noël Akchoté : “Plays The Music of ornette
ler autour de cinq ou six motifs, pas plus… Que pensez vous du disque “Song X” Coleman” (noelakchote.bandcamp.com).
Mais à l’intérieur de ce cadre-là, que certains avec Pat metheny ?
peuvent juger restreint, la pureté de son trait C’est un disque important qui aura révélé Or-
est exceptionnelle. nette à toute une nouvelle génération d’ama-
teurs, mais on peut aussi l’entendre comme
Quelle est selon vous l’importance de la une sorte de mise aux normes de l’époque
guitare dans sa musique ? de sa musique. Les gens ont été surpris mais
J’ai l’impression que son rapport à l’instru- ont découvert a posteriori ce que l’univers de
ment fait l’impasse sur le jazz pour renouer Metheny devait à l’harmolodie – moins d’ail-
avec le blues, les traditions populaires, la leurs en terme de langage proprement dit
S
La passion Science Fiction
La passion
C’est l’un des albums qui m’a le plus marqué
quand j’étais au lycée. C’est également le
cas pour Ethan [Iverson)] et Reid [Anderson].
Science
A cette époque, nous en étions encore à ap-
prendre l’histoire de la musique et tout ce qui
l’accompagne. Nous avons tous les trois gra-
Fiction
vité autour de ce disque influencé par le rock
et la musique psychédélique des années
1970. Il y avait quasiment quelque chose
d’abstrait dans “Science Fiction”, mais aussi
de concret à travers les touches de blues, les
JEFF hUMBERT
Paris, Jazz à La villette, 12 septembre 2015, The Bad Plus, en version “Extended”, rejoue “Science Fiction”
d’ornette Coleman. De gauche à droite : Ethan Iverson (piano), Sam Newsome (saxophone soprano), Ron Miles
(cornet), Tim Berne (saxophone alto), Reid Anderson (contrebasse) et Dave King (batterie).
de son 70ème anniversaire, Ornette a affirmé comme le personnage lui-même : poétique Coleman est avant tout empreint d’une hon-
dans une interview à Downbeat que « les et dénouée de jugements. Elle est au-delà nêteté, d’un naturel et d’un mystère qui lui
gens avaient enfin compris comment jouer des étiquettes ou des catégories. Je pense sont très personnels et qui ne nécessitent
sa musique ». Nous n’en revenions pas ! Il qu’Ornette Coleman n’était pas forcément aucunement un quelconque commentaire
nous a convié à jouer avec lui plusieurs fois conscient de tout cela, ce côté expérimen- intellectuel. Tenter d’expliquer l’harmolodie
sur scène. Là, nous avons compris que tal, très personnel et futuriste. Sans s’en c’est courir après un fantôme.
c’était un musicien en perpétuelle explora- rendre compte, il fait appel, notamment
tion. C’est dans ce sens que nous sommes dans“Science Fiction“, à tous les éléments Vous n’avez jamais pensé à enregistrer
proches de la démarche qui était la sienne. de la musique américaine. J’aime le fait que votre réinterprétation de “Science Fic-
C’est amusant de pouvoir jouer autre chose sa musique, bien qu’appartenant et évoluant tion” ?
que des standards de jazz en imaginant une dans sa propre sphère, se soit aussi révélée Cette idée nous a traversé l’esprit. Pour tout
toute nouvelle structure instrumentale. En comme faisant partie intégrante de l’Histoire vous dire, nous sommes même allés jusqu’à
témoignent nos choix en matière de cuivres. du jazz. C’est une musique inspirante, salva- imaginer la sortie d’un dvd. Pour l’instant,
Nous avons fait appel à Ron Miles pour le trice et pleine de joie. nous ne trouvons pas encore le temps, mais
cornet, avec qui j’avais déjà collaboré et qui un disque pourrait bien finir par voir le jour.
sait jouer toutes sortes de jazz ; Tim Berne, avez-vous une définition de l’harmolodie On verra…
une icône pour toute une génération de musi- d’Ornette Coleman ?
ciens de free jazz pour sa voix particulière au Selon moi, il n’y a pas d’explication à l’har- Outre “Science Fiction”, existe-t-il un
sax alto ; et Sam Newsome, un saxophoniste molodie. Je pense même qu’il est inutile d’en autre disque d’Ornette Coleman qui
soprano qui combine différentes approches. chercher une. J’ai lu moult choses quant à vous fait autant vibrer ?
Nous utilisons aussi des effets électroniques. ce qu’il entendait par là, mais je pense que “Change Of The Century”. •
Sans oublier qu’originellement, il n’y a pas de ce terme était une façon de répondre à une Au MiCro : kAtiA touré
piano dans “Science Fiction”... sorte de pression académique autour du
jazz, cette urgence de mettre des mots sur À ÉCouTER ornette Coleman : “The Complete
Science Fiction Sessions” (2 CD Columbia legacy
Quel sens a la musique d’Ornette Cole- les choses. Au fond, l’harmolodie lui a sans
/ Sony Music).
man pour vous ? doute permis d’expliquer l’inexplicable. Le
La musique d’Ornette Coleman est un peu concept autour de la musique d’Ornette
Ornette
SCHuLLER LE SuPPORTER
Corniste, compositeur, théoricien, pédagogue,
fondateur du Third Stream, Gunther Schuller
va piano ?
fut l’un des plus ardents supporters d’ornette
Coleman, avec lequel il finit par collaborer.
Il n’est pas peu paradoxal
que Gunther Schuller, ce ornette Coleman
pur produit de la tradition et Gunther Schuller
européenne classique,
ait été l’un des premiers
partisans d’ornette Dans les années 1990, le
piano fait un retour inattendu
Coleman. Dès 1958, en
compagnie de John lewis,
il se rendit en 1958 dans
un club californien pour
entendre ornette Coleman, dans l’univers d’Ornette
Coleman, qui convie
dont ils avaient entendu
parler, et qui faisait fuir
x/DR
L’affaire
Chappaqua
en 1965, Ornette Coleman
enregistre la musique d’un
film de Conrad rooks,
Chappaqua. Quoique
refusée par le cinéaste,
elle sortira finalement en
33-tours. retour sur une
mésaventure audiovisuelle.
la pochette intérieure du double 33-tours “Chappaqua Suite”,
dont les liner notes étaient rédigées par Jean-louis Ginibre,
alors rédacteur en chef de Jazz Magazine.
A
À la lecture de la discographie d’Ornette Coleman, en
regard de la Chappaqua suite en quatre parties, enregis-
trées à New York du 15 au 17 juillet 1965, on ne manque
pas d’être intrigué par la mention « Written and recorded
as the soundtrack for Conrad Rooks film Chappaqua but
was later rejected and not used », puis en surfant sur le
Net, par la liste des personnalités avec lesquels Conrad
Rooks a travaillé : Jean-Louis Barrault, William Burroughs,
Allen Ginsberg, Ravi Shankar, Ornette Coleman, Swami
Satchidananda, Moondog, Ed Sanders, The Fugs, Peter
Orlovsky…
‘‘
*Plus que ré-édité, ré-imaginé
galerie
Depuis 1954, les grands noms du
jazz et de la photo font la richesse
des archives de Jazz magazine.
Visite guidée.
Eddie Gomez,
Jack DeJohnette
et Bill Evans
par Giuseppe Pino
Nat et Julian
“Cannonball” Adderley
par Giuseppe Pino
68 Jazz Magazine Numéro 679 décembre 2015 - Janvier 2016
décembre 2015 - Janvier 2016 Numéro 679 Jazz Magazine 69
Jazz galerie Les archives de Jazz Magazine
Julie london
X/DR
Gerry Mulligan
par Philippe Coqueux
enrIco raVa
STeFano dI BaTTISTa
P
1953 1939
naissance d’enrico
rava le 20 août à
Trieste.
1949 S’initie au jazz
grâce à la collection
de disques de son Puisque vous appartenez à deux gé- Armstrong, Duke Ellington… Un jour, alors que j’avais environ 17 ans, il y a
frère.
nérations différentes, pourriez-vous eu un concert fantastique à Turin : Miles Davis (avec sa rythmique “française”,
1957 abandonne nous dresser un rapide état du jazz italien René Urtreger, Pierre Michelot et Kenny Clarke), Lester Young et le Modern
le trombone au tel que vous l’avez trouvé à vos débuts ? Jazz Quartet. Ce concert m’a foudroyé, et le lendemain j’ai couru m’acheter
profit de trompette.
Il découvre chet Dans les années 1960, la scène jazz une trompette.
E.R.
Baker. italienne était vraiment pauvre. Il existait
de très bons musiciens comme le saxopho- Faire jouer une rythmique locale avec des solistes américains
1962-1965
rencontre Gato niste ténor Giovanni Basso ou le trompettiste n’était pas encore une pratique courante ?
Barbieri, don cherry, Oscar Valdambrini, qui jouait dans l’orchestre E.R. C’est venu plus tard. Entre-temps étaient apparus des musiciens
Mal Waldron… de la radio nationale, mais au total il y avait d’un niveau remarquable comme le pianiste Franco D’Andrea. Quand
1966 Tournée avec peu de musiciens et peu d’endroits pour jouer. Johnny Griffin venait en Italie, il demandait systématiquement à jouer avec lui.
Steve Lacy, Johnny De plus, vu la tradition faiblement centralisée Mais ce n’était pas comme en France, où les Américains pouvaient rester des
dyani et Louis de l’Italie, ces musiciens et ces lieux étaient mois, voire des années parce qu’il y avait Paris : un centre artistique important
Moholo. répartis entre Rome, Milan, Turin, et ils étaient comme il n’en existait pas chez nous… Et c’est toujours le cas.
1967 Travaille avec donc très peu nombreux dans chaque ville. C’est vrai : comparé à Paris, sur le plan de la vie artistique, Rome
carla Bley, cecil S.D.B.
J’habitais à Turin, et dans le groupe où je jouais fait un peu pitié.
Taylor et roswell la révélation de ce qu’est vraiment le jazz est
rudd.
venue du bassiste Giovanni Tommaso. Il était alors comment est advenu le développement du jazz
1969 Il s’installe à tout jeune, mais il avait travaillé sur les paque- en Italie ?
new York.
bots qui reliaient Porto Rico à New York, et il Dans les années 1970, les grands concerts de rock ont commencé
1975 “The Pilgrim avait accès à tous ces disques modernes qui E.R. à apparaître, mais chaque fois ils se terminaient en émeutes, pour
and The Stars” chez n’arrivèrent en Italie qu’un an plus tard. Il nous des raisons politiques. La police intervenait et il y avait des blessés. Alors
ecM.
a initiés, et on a eu l’impression de troquer une ces concerts ont été interdits pendant quelques années, et Umbria Jazz est
1993 “rava l’opera Fiat 500 pour une Ferrari. devenu le point de ralliement de la jeunesse en manque de musique vivante.
va” (Label Bleu). Le journal du parti communiste, l’Unità, organisait aussi des concerts de jazz.
1999 “duo en noir” Qu’en était-il Je vivais à New York à cette époque, mais il m’est arrivé de revenir pour jouer
avec ran Blake du public ? devant des dizaines de milliers de personnes. C’est à cette période qu’il a
(Between The Lines). Il appréciait surtout la musique dixie- commencé à être possible de gagner sa vie en étant musicien de jazz. C’est
E.R.
2005 “Tati” (ecM), land, parce qu’il pouvait danser dessus. aussi le moment où est apparu Massimo Urbani*, qui était encore adolescent
avec Stefano Bollani A part ça, dans les grandes villes il y avait un mais qui était déjà un phénomène unique. Progressivement, ce mouvement
(p) et Paul Motian ou deux concerts importants par an : Louis a fait tache d’huile, des écoles se sont créées et on a vu apparaître la géné-
(dm).
ration de Stefano.
‘‘
Les concerts de rock ont été interdits pendant quelques
années, et Umbria Jazz est devenu le point de ralliement
de la jeunesse en manque de musique vivante.”
Vous n’avez pas parlé des labels : m’y a imposé le saxophone alors que je voulais jouer
il en existait pas mal pourtant… de la trompette. A 16 ans, j’ai découvert Cannonball
Pas qui soient viables commercialement. La plupart étaient tenus par des passionnés ou Adderley et Art Pepper grâce au disque qui accom-
E.R.
des fous qui n’avaient pas le sens du marketing. Ç’a été une chance énorme pour moi pagnait la revue Musica Jazz, et ça m’a rendu fou. Je
d’enregistrer pour ECM assez tôt dans ma carrière, et d’avoir une distribution mondiale. De même suis entré au conservatoire classique tout en travaillant
pour Stefano, avec Blue Note France. Mais la plupart des musiciens italiens qui enregistrent sur le jazz et en jouant avec des gens tels qu’Antonio
de petits labels en sont réduits à vendre leurs disques – qui sont parfois excellents – à leurs Farao. C’est lui qui un jour m’a invité au festival de
cousins ou à leurs grand-mères. Calvi, et là j’ai rencontré tout le monde. En tant que
De toute façon j’ai l’impression que l’objet disque est en train de changer. Il n’a plus fils de restaurateurs j’avais tendance à donner sponta-
S.D.B.
cette valeur sociale qu’il avait autrefois et je ne comprends pas vraiment pourquoi la nément des coups de main pour le service, et ça m’a
passion qui existait quand on demandait conseil à un disquaire a disparu. rendu sympathique auprès d’un tas de musiciens, ce
Oui, nous traversons une période difficile où les relations humaines deviennent plus rares. qui fait qu’on m’appelait un peu partout pour jouer.
E.R.
Aujourd’hui on commande un disque sur le Net et, s’il y a un employé au péage de l’auto- Comme j’étais curieux, je posais plein de questions,
route, il n’est plus capable de vous conseiller un bon restaurant dans les environs. et j’apprenais sur le tas. Du fait de mes origines dans
le milieu artisanal, ma vie a toujours été assez simple,
mais si on parlait de votre parcours, et elle l’est encore aujourd’hui. D’ailleurs chaque fois
Stefano ? que j’ai joué à Rome ou dans les environs, avec Elvin
Pour moi les choses ont commencé au mieux puisque je suis né dans une famille de Jones ou McCoy Tyner, je les ai emmenés manger la
S.D.B.
restaurateurs dans les Abruzzes, non loin de Rome. Mes parents étaient des gens cuisine de mon père dans son restaurant, dont je suis
simples et de grands travailleurs. Pour ce qui est de la musique c’est plutôt elle qui est venue à très fier, particulièrement de sa recette des bucatini a
moi que moi à elle, par le biais de la banda, l’orchestre du village. J’y suis entré à 12 ans, et on l’amatriciana…
‘‘
énorme et un grand sens mélodique, un chant
magnifique. En Italie, j’entends aussi des musi-
ciens d’excellent niveau, mais très peu qui ont
un véritable projet personnel.
VF313001 VF313002
VF313003 VF313004
VF313007 VF313008
VF313009 VF313010
Le jeune label Vision Fugitive se singularise par une qualité indéniable dans tous les aspects de sa production :
des musiques qui défient les genres (jazz, classique, contemporain…), un soin particulier donnée à la prise de son, un packaging luxueux.
Les CDs sont accompagnés d’un livret de 40 pages de photographies d’archive ou d’art, ou bien de peintures originales de Emmanuel Guibert.
www.visionfugitive.fr
le jour
j
texte Jonathan Glusman
BEAu DISCouRS...
Le 4 juin, lors de son
déplacement en Algérie, le
Général de Gaulle prononce
son fameux « Je vous ai
compris ». Quatre ans plus
12
tard, l’Algérie n’est plus
française.
À ce moment-là
dans monde
août
1958
le jour où
art Kane immortalisa
57 légendes
Parmi les musiciens, les seuls
survivants sont Benny Golson
et Sonny rollins...
Le rendez-vous avait été fixé à 10 heures du matin sur la 126e Rue. Pour
en ce jour jazz, Thelonious monk, count basie,
des musiciens qui avaient sans doute passé la nuit dans les clubs alentour,
Lester Young, mary Lou Williams, dizzy Gillespie l’horaire était plutôt incongru, mais tous se réjouissaient d’avoir été conviés
et cinquante-trois autres musiciens de jazz par le magazine Esquire qui préparait un numéro spécial consacré au jazz.
légendaires se réunirent devant un immeuble L’idée d’une photo de groupe réunissant les plus grands noms du jazz était
de Harlem, le temps d’une photo forcément des plus audacieuses. Le magazine fit d’ailleurs appel au critique Nat Hentoff
mémorable commandée par le magazine Esquire. pour jouer les médiateurs et s’assurer de leur présence. Pourtant, tout ne se
passa pas exactement comme prévu... Certes, les musiciens étaient bien
PhoToS : x/DR
le nouveau Alfred dans la capitale. les plus importants
hitchcock, Vertigo, le du xxe siècle.
12 décembre 1958.
“A Voice
Pour le 100 e anniversaire
de la naissance de
Frank Sinatra, Sony Music
On Air” de
édite un luxueux coffret
regroupant
100 enregistrements de
Frank Sinatra
radio inédits sur 4 CD
accompagnés d’un livre
de 60 pages contenant
divers essais, un texte de
Nancy Sinatra et de
nombreuses photos rares.
Date
limite de
participatiorn
12 janvie
2016
le guide
x/DR
nouveautés rééditions téléchargement livres dvd
choc
de la Grosse Thelonious Monk The complete
columbia Live album collection
Pomme Marc Ducret Trio + 3 Métatonal
De Guilhem Flouzat, vous avez
souvent lu, dans nos colonnes, Lionel Loueke Gaïa
les articles rédigés en direct de Sun Ra And His Arkestra “To Those
New York. Il sortira fin janvier of earth… and other Worlds”
son premier disque pour magazine
Sunnyside, avec, entre autres, la Page 101
xDR
Brad Mehldau
JEAN-BAPTISTE MILLoT
malija blues
10 Years Solo Live
xDR
Ce Blues du trio Malija – Mark lockheart (saxes, bcl), Jasper høiby (b), liam
4 CD Nonesuch / Warner Music Noble (p) – sonne comme un effrayant requiem en ce 14 novembre alors que Paris
s’éveille d’une nuit de cauchemar. le reste de l’album est un hymne à la vie.
Brad Mehldau (p). 2004-2014. où ça ? “the day i Had everything” (edition / Harmonia Mundi)
décembre
décembre
2015 2015
- Janvier
- Janvier 2015 Numéro
2016 2016 Numéro 679
679 Jazz
Jazz Magazine
Magazine 89
le guide jazz hotte !
des cadeaux pour Noël
COFFRETS
Jazz
hotte !
Plaisir d’offrir, joie de recevoir,
comme disait, naguère, la réclame.
C’est toujours le cas en 2015.
Dans les fifties, Vogue distribuait les meilleurs Voici quelques idées pour combler Autant l’avouer : les précédentes éditions cd de
labels américains. La preuve avec ce coffret 20 de bonheur tous les amateurs “Concert By the Sea” (Columbia / Sony Music)
CD, “Jazz From america On Disques Vogue”. de jazz, des néophytes aux d’erroll Garner, live légendaire s’il en est,
Les pochettes, souvent géniales, sont reproduites connaisseurs. Joyeuses fêtes ! nous avaient laissés sur notre faim. Le (re)voici
avec un soin maniaque. enfin dans une édition digne de son statut.
12 CD, 500 minutes de musique jouée par Un joli livre pour enfants en forme de collection
35 musiciens différents entre 1975 et 2009 : de standards de jazz chantés par les plus
une anthologie à la dimension de Magma, grand(e)s. Paroles imprimées et traduites en
l’authentique groupe culte de Christian Vander. français. (“Jazz sous la lune”, livre/CD, éd.
(“Köhnzert Zünd”, Jazz Village / Harmonia Mundi). Didier Jeunesse.)
“the last Word - the Warner Bros. La couverture est sobre, mais les 400 pages Pour les 6-10 ans, dans la chouette collection
Years” (Rhino / Warner Music) : les ultimes sont éblouissantes, qui racontent en images “Découverte des musiciens”, nous vous
albums du trompettiste (1986/1991) et en textes la saga d’un label historique : recommandons ce ray Charles écrit par notre
élégamment repackagés, avec un live à Nice “Verve, le son de l’amérique” (éd. Textuel). pigiste Stéphane Ollivier et illustré par rémi
de 1986. Forcément tentant... Courgeon. Un genius pour les kids !
hoRS
PISTE
magazine
clarinettiste transalpin Francesco l’excitante fébrilité du trompettiste
xDR
Bearzatti puise et ravive le souffle Bill hardman le fragilise parfois.
passionné de sa musique, déjà Mais Johnny Griffin fait ici et
réclamait – empruntent autant car contrairement à ce que l’on croit parfois, Giovanni Falzone (tp), Francesco
aux musiques ethniques, aux jazz il n’y a pas tant d’improvisation que ça dans Bearzatti (ts, cl), danilo Gallo (b,
elb), zeno de rossi (dm), Petra
qu’aux musiques urbaines, en une le flamenco, les pièces sont tout de même très Magoni (voc). Calavicco, Artesuono
synthèse unique où se reconnaît fixées, même si elles ne sont pas écrites. l’album Studio, avril 2015.
indéniablement la touche du est remarquablement produit par Diego el Cigala,
trio belge. Sans jamais verser considéré comme le plus grand chanteur de clifford Brown
dans la reprise comme simple flamenco depuis la mort de Camaron, que del
prétexte à l’improvisation, la Morao accompagne régulièrement et qui chante
Max Roach
musique se révèle profondément aussi sur un titre. Mais c’est surtout le placement
Best Coast Jazz
organique. Les fans d’Aka Moon rythmique qui me séduit, avec une approche assez 1 CD Fresh Sound / Socadisc
s’y retrouveront donc, tout comme nouvelle, très différente de celle de Paco de lucía, Réédition. Cette jam session
ceux de Scarlatti ! • ludoViC Florin qui est d’ailleurs invité sur un morceau. on est en studio réunit deux vedettes
Fabrizio Cassol (as), Fabian Fiorini qui, à l’époque, enregistraient
davantage dans quelque chose d’aéré que dans
(p), Michel Hatzigeorgiou (elb),
Stéphane Galland (b). Bruxelles, le côté nerveux et véloce de la guitare flamenca, Art Blakey abondamment sur la Côte ouest
Jet Studio, septembre 2014. avec un swing finalement assez proche de ce que the Complete Columbia And avec leur quintette et cinq
j’aime dans le jazz. » • Au MiCro : PASCAl rozAt rCA Albums Collection musiciens moins connus mais
amenés par la suite à bénéficier
Francesco Bearzatti Derniers CD de Louis Winsberg : “Gypsy Eyes”, Such 1 Coffret 7 CD Columbia RCA Legacy / Sony Music
d’une certaine notoriété. Truffée
Tinissima 4tet Production, 2014 ; avec Jean-Pierre Como : “Express
Europa”, l’Âme sœur, 2015.
✪✪✪✪
Réédition. Ces faces Columbia
d’excellents solos, cette séance
n’est cependant pas une enfilade
this Machine kills Fascists
et victor-RCA détenues par Sony de morceaux de bravoure et c’est
1 CD CamJazz / harmonia Mundi Music rappellent que Blue Note surtout la durée des prises (de
Nouveauté. « This Machine n’a pas l’exclusivité des Jazz 15 à plus de 20 mn) qui crée
Kills Fascists » était gravé sur la Messengers. Certes, c’est une ici l’intérêt dans la mesure où
guitare du chanteur folk, poète et mouture relativement mineure elle permet à ces musiciens de
protestataire Woody Guthrie. Et qui enregistre “hard Bop” en manifester une remarquable
c’est encore dans décembre 1956, “Selections From fraternité de feeling. Cet état
cette nécessité Lerner and Loewe’s My Fair Lady, d’esprit post bop (Charlie Parker
d’inspirations Brigadoon, Paint your Wagon” et est encore vivant !) que plus
fortes que le “A Night in Tunisia” en mars et d’un tente en vain de retrouver
saxophoniste et avril 1957. Peut-être parce que aujourd’hui. Si le cliché n’est
caroline
dog eats Cat eats Mouse
Larry carlton 1 CD Live au Triton / letriton.com
NEWS
oups : la pochette qui illustrait la Tous les vendredis l’émission
chronique du cd Choc (Jazz Magazine est consacrée au Jazz.
n° 678, p. 54) de Daniel Erdmann, Samuel Et retrouvez le premier vendredi
Rohrer, Frank Möbus et Vincent Courtois, de chaque mois, la rédaction de
“Ten Songs About Real Utopia” (Arjuna
Music / la Baleine), n’était pas la
bonne ! la voici, ci-contre, avec toutes
nos excuses aux intéressés • le premier
numéro d’Epistrophy, Jazz et modernité,
est en ligne sur www.epistrophy.fr •
FoCuS
les chants
sa technique multivoque et thème. Ces transcriptions pour
néanmoins colorée. Les musiques voix et trio d’œuvres purement
de Sarah Murcia sont savantes et instrumentales fonctionnent tout
du jazz
pleines de chicanes, c’est à dire aussi bien. Et lorsque le swing est
qu’elles savent jouer avec nous. convoqué (Bridge 7), on comprend
Tout cela est bien plaisant. • qu’il ne s’agit pas d’un écueil
PHiliPPe MéziAt inévitable, mais plutôt d’un clin
Sarah Murcia (b, roland SH 101), d’œil passager. Une entreprise
Guillaume orti (as, ss, korg MS20), artistique remarquablement le spectre du jazz vocal s’élargit, du côté du style
olivier Py (ts), Gilles Coronado aboutie. • ludoViC Florin aussi bien que du répertoire. Petite visite de champs
(g), Franck Vaillant (dm). Paris, le connus et de territoires à découvrir.
triton, 12 et 13 décembre 2014. laurent naouri (voc), thomas
Savy (cl, bcl), Guillaume de Chassy
(p), Arnault Cuisinier (b). Bruère-
Alichamps, Abbaye de noirlac,
4 au 6 novembre 2014.
“Day By Day” (1) est le premier face à soi Stacey Kent qui, avec
disque de la jeune Madrilène “Tenderly” (3), a décidé de revenir
Mayte Alguacil. Des débuts avec à ses premières amours restées
une rythmique premium (Michael dans le Great American Songbook.
Kanan au piano et Sobriété
Guillaume de Jorge Rossy à la classieuse,
chassy batterie) où le choix approche
Laurent Naouri Stanley clarke des standards est émotionnelle,
musicalité
Thomas Savy Bireli Lagrene
à double tranchant
(pourquoi s’obliger sans heurts,
Arnault cuisinier Jean-Luc Ponty au scat ?), la elle est égale
eisler / Prokofiev Bridges d-Stringz fraîcheur d’une voix à elle-même,
1 CD Alpha-Classics.com / outhere Music parfois forcée dans accompagnée
1 CD Impulse / Universal
les aigus n’arrivant pas à remplacer par un trio sans batterie où le
✪✪✪✪ Nouveauté. La rencontre de guitariste brésilien Roberto
l’expérience.
Nouveauté. C’est un hollywood ces trois géants constitue une Même volonté de bien s’entourer Menescal est la principale surprise
cistercien que nous donne première et une suite. Une chez Sarah Thorpe dans “Never d’un album très soft.
à entendre cet album sous- première car elle matérialise les Leave Me” (2). Avec Darryl hall Mais toutes les chanteuses ne se
titré “hollywood Song Book & premiers enregistrements studio (b), Philippe Soirat (dm) et les contentent pas de gérer l’héritage.
Transcriptions”, loin des fastes du trio, qui se découvrit lors du arrangements d’olivier hutman la Mexicaine Magos herrera, plus
des comédies musicales. Guère concert des 50 ans de carrière (p) plus deux invités de choix habituée jusque-là à la compagnie
étonnant pour le trio de Chassy / de Jean-Luc Ponty, en 2012, au (Ronald Baker et des jazzmen, rencontre pour la
Savy / Cuisinier dont le premier Théâtre du Châtelet. Une suite Guillaume Naturel), deuxième fois le guitariste flamenco
opus s’intitulait “Silences” (2012). car l’album s’inscrit dans la cette franco- Javier Limon qui sait aussi être
« Il faut chanter dans son arbre lignée de “The Rite of Strings” britannique formée tous terrains. Avant d’être rejoints
généalogique » disait Cocteau. publié par Ponty et Clarke avec auprès de Sara sur scène par plusieurs invités,
C’est précisément ce à quoi les un autre immense guitariste, lazarus et Michèle leur rencontre en duo dans “he For
musiciens s’appliquent ici. Formés Al Di Meola, en 1995. Comme hendricks ajoute She” (4) est un
à l’école de la musique classique, ce dernier, “D-Stringz”, est une aux standards vrai délice aux
“pervertis” par le jazz – celui aventure acoustique. Les années une sélection de parfums latinos.
de Coltrane autant que celui de à jouer ensemble occasionnent hits r’n’b. Mais sa voix claire et Moins
Giuffre –, ils sont à la recherche une connivence qui ne peut son interprétation très propre ne minimaliste
d’un point d’équilibre entre ces tout à fait se remplacer : là où nous rendent pas cette “soulerie” est “Persian
deux mondes que tant de ponts le premier trio faisait corps à vraiment crédible, la re-création de Alexandria” (5),
relient. Associé au chanteur chaque mesure (l’aventure Return Mack The Knife restant le morceau dernier album
classique et baryton Laurent To Forever soudant Di Meola et le plus convaincant. de la chanteuse
Naouri, ils investissent d’abord Clarke, notamment) et s’autorisait Mais comment faire avec le corse catali Antonini. Avec la
les territoires d’Eisler (1898- des arrangements d’une grande répertoire classique quand on a complicité de la plume du pianiste
MoN marquer la relation du jazz et ça par cœur ! Par contre quand du Franco-Allemand Bernd
DISQuE du flamenco, déjà vieille de il s’agit de mettre du cœur et Lhotzky, spécialiste du stride, au
A MoI plusieurs décennies. Mais si
“Jazzpaña” (ACT, 1993) reste
de l’âme à l’ouvrage, c’est
une autre paire de manches.
batteur allemand oliver Mewes
en passant par le trompettiste et
magazine
un excellent disque, la part qu’y Complété par deux hymnes chanteur anglais Colin T. Dawson
prennent les musiciens espagnols (Deep River et There’s A Balm In et l’alto américain Chris hopkins.
reste restreinte, la vedette étant Gilead) – dont on trouvera sans Bel exemple de l’universalité du
Chaque mois, un membre de la rédaction donnée à des stars américaines problème des dizaines de versions jazz. • JACqueS ABouCAyA
choisit dans sa discothèque un grand pas nécessairement familières plus suintantes de feeling –, le Colin t. dawson (tp, voc), Chris
avec l’idiome ibérique. Tout en répertoire composé par Douglas Hopkins (as), Bernd lhotzky (p,
classique, un trésor oublié ou un disque conservant le même arrangeur constitue un florilège de hard célesta), oliver Mewes (dm).
injustement méconnu. kefermarkt (Autriche), tonstudio
– vince Mendoza – Chano bop moderne qu’on s’arrachera Weinberg, 26-28 mai 2015.
Dominguez a souhaité ici, à sans doute sous peu dans les
Ronnie Mathews
travers ses compositions, son jeu écoles de jazz. De là à sentir ses
de piano et son propre groupe, yeux s’embuer ou ses jambes
associé au WDR Big Band (déjà fourmiller à son écoute… Bref
Doin’ The Thang ! présent sur “Jazzpaña”), donner
sa version du mariage possible
trop scolaire et trop poli pour être
honnête. • tHierry quénuM
Prestige – 1963 entre flamenco et jazz. Et l’on peut dave douglas (tp), Jon irabagon
dire que le résultat est autrement (ts), Matt Mitchell (p), linda oh
Ronnie Mathews authentique et convaincant. (b), rudy royston (dm). Brooklyn,
(1935-2008) n’a pas Ayant abondamment œuvré à Bunker Studio, février 2015.
acquis, loin s’en faut, cette fusion – ne serait-ce que Ensemble Bernica
la célébrité d’autres parce que son piano n’est pas un Vagabondage
pianistes de jazz instrument naturellement destiné 1 CD Cristal Records / Believe
de sa génération, au flamenco – Dominguez était
de Bill Evans à ✪✪✪✪
sans doute l’un des musiciens
herbie hancock, les mieux à même de réaliser Nouveauté. L’ensemble Bernica
en passant par un mélange optimal. Ici, pas de réunit huit musiciens depuis le
McCoy Tyner. Moins vedettes sinon la musique qui départ de François Jeanneau qui
moderniste que ces coule avec un naturel confondant. en assurait la direction artistique.
derniers certes, il ne mérite cependant pas l’oubli
dans lequel il est confiné. Dans le style et le son,
Et si le piano se taille la part du
lion au niveau des solos, nul ne
Echoes of Swing Mais l’Ensemble n’a rien perdu
de ses principes de partage
cet album n’aurait pas dépareillé au catalogue dancing et d’improvisations collective,
s’en plaindra : Dominguez est un
Blue Note – il est d’ailleurs enregistré par le virtuose discret qui met son art au 1 CD Act / harmonia Mundi cherchant inlassablemen. Le
stakhanoviste des consoles Rudy Van Gelder. service de la mélodie et du rythme Nouveauté. Même si on l’oublie disque se place sous l’angle
Quand il organise cette session, Mathews rentre sans jamais chercher l’esbroufe volontiers aujourd’hui, la danse ouvert du “vagabondage”, soit
d’une tournée avec Max Roach, dont il restera le ni tomber dans le mauvais goût. a longtemps été consubstantielle un enchaînement de climats
sideman jusqu’en 1968 avant de rejoindre les Jazz hautement recommandable ! • au jazz. C’est un fait avéré éclectiques suscitant autant
Messengers. Sans geste superflu, chaque morceau tHierry quénuM dès les origines. Charleston, de divagations initiatiques.
file à l’essentiel. Aux côtés du bondissant pianiste, ragtime, foxtrot, lindy hop, la Mettons entre parenthèses
Chano dominguez (p), daniel
signataire de la majeure partie du répertoire, navarro, israel Suarez “el Piraña” leurs inspirations ésotériques,
musique et son expression
Eddie Khan (contrebasse) et Albert “Tootie” heath (perc), Blas Cordoba (voc), Wdr scandées/parlées – leur
Big Band, Vince Mendoza (arr, dir). corporelle ont longtemps suivi un
(batterie) souquent ferme. on trouve aussi une exemplarité instrumentale se suffit
Cologne, concert à la Philharmonie, développement et une évolution
reprise originale de Prelude To A Kiss et un titre de largement à elle-même, forte de
février 2011. parallèles avant que l’apparition
la plume de Charles Davis (saxophone baryton). compositions aux arrangements
du bop ne consomme le divorce.
les troupes sont en outre galvanisées par la complexes, de solistes toujours
Cette conjonction originelle,
présence d’un Freddie hubbard dans une forme inspirés, quelque part entre le
impossible. Pas étonnant que Ronnie se fende la le quartette Echoes of Swing
souffle épique du “Grand Wazoo”
poire sur la pochette ! “Doin’ The Thang !” a été l’illustre éloquemment. Non
de Zappa et les embardées
réédité au Japon dans une édition en carton rigide, par le ressassement, mais par
mouvantes du “Centipede” de
façon 33-tours en bonzaï : un bel écrin pour un une recréation qui s’attache
Keith Tippett, auquel un thème
petit trésor. • dAVid CriStol plus à l’esprit qu’à la lettre. est, par jeux de mots, dédié.
Ainsi de thèmes aussi connotés L’association des styles et le
qu’Original Dixieland One Step, savoir-faire de Bernica attisent
Dave Douglas ou encore Charleston, de James une recherche intentionnelle
NEWS Brazen Heart P. Johnson. voire Premier Bal de
Bechet ou Moonlight Serenade
en perpétuel mouvement. on
navigue entre l’électricité rock
1 CD Greenleaf / orkhêstra de Glenn Miller. Ils bénéficient des opportunes interventions
une nouvelle version restaurée Nouveauté. Le problème, d’arrangements fouillés qui d’Eric hurpeau (Pistes), les ébats
d’Ascenseur Pour l’Échafaud de quand on est à la fois musicien, les transfigurent. Plus insolite cadrés ou débridés des vents,
Louis Malle (avec de nouveaux compositeur de la majorité du encore, la gavotte extraite de et le jeu délicatement précis de
bonus) vient d’être publiée par répertoire de son disque et la Suite anglaise No 6 de Bach Pierre Boespflug, pierre angulaire
producteur-propriétaire du label qui s’intègre parfaitement à un et catalyseur de l’ensemble.
Gaumont en DVD et, pour la
sur lequel paraît celui-ci, c’est répertoire fondé sur le swing. Pertinemment actuel. •
première fois, en blu-ray • Vient Un tel travail de dépoussiérage
le manque de recul. Question JeAn-Pierre VidAl
de paraître, “Sola” (Native Drum maîtrise instrumentale, il n’est n’est rendu possible que par la
Music), le nouvel album du pianiste rené dagognet (tp), Jean lucas
certes pas facile de remettre cohésion d’un groupe créé en (tb, voc), Michael Cuvillon (as,
et claviériste Michael cain, connu pour son travail, en cause Dave Douglas et ses Allemagne en1997 et qui en ss), François Guel (as), eric
entre autres, avec Jack DeJohnette, Greg osby, Meshell sidemen. Le triple saut périlleux est à son septième album. Ses Hurpeau (elg), Pierre Boespflug (p),
Jean-luc déat (elb, b), Christian
Ndegeocello et Steps Ahead. James Genus (b) et Billy arrière sur pistons, clés, cordes, membres comptent parmi les Mariotto (dm). Strasbourg, Studio
hart (dm) y ont notamment participé • touches et toms, ils connaissent meilleurs musiciens européens, downtown, juillet 2015.
DVD
474 851-0
Punkt
Trois films de Guillaume Déro avec Tigran
hamasyan, Eivind Aarset, Eténèsh Wassié
1 DvD La huit / ESC Conseils & Distribution
Disponible en CD et Digital
une nouvelle matière sonore. Au programme de
l’édition 2013, la prestation de Tigran hamasyan
avec le sampleur Jan Bang est exemplaire. Ils
nous livrent un concert intense et pertinent de
musique improvisée, avec sur la fin la présence
du guitariste atmosphérique Eivind Aarset.
le même Aarset et son groupe Dream logic (une basse, deux
“Du jazz de haute tenue” Le Monde
batteries et un DJ) nous proposent une musique inégale qui
oscille entre le planant et le bruitisme industriel. Enfin, pour ceux
473 842-9
qui connaissent le groupe d’Ethio-jazz “le Tigre des Platanes”,
nous le retrouvons dans une version réduite, en duo (voix et
basse acoustique), pour un beau concert épuré d’une world
music raffinée. Chaque concert, de 45mn, est suivi d’une version
remixée par d’autres musiciens spécialistes de l’électro, pour de
courtes prestations, de 10mn chacune. Cela nous semble bien
suffisant, tant ces remixes sont décevants, sur un terrain trop
résolument électronique où la matière originale (à l’exception
du concert de Tigran) semble oubliée. Mais le plus décevant
réside dans le filmage fort peu inspiré, voire daté (avec abus
de superpositions d’images). les productions de la huit nous
avaient habitués à un point de vue formel plus audacieux et
Disponible en CD et digital
original. • lionel eSkenAzi
DVD toutes zones, 16/9, Stéréo, 5.1, 170 mn.
livre
Bourgogne, une terre L’association inédite de trois maîtres en acoustique.
Un événement !
de jazz, 1980-2010
ouvrage collectif
Centre régional de Bourgogne/Murmure, 249 p., 29 €
GRoS PlAN
turtle records,
et les reprises de Chameleon
C’est de cette ascendance que se
et de Living For The City dans
réclame le « reimagining Benny
“Chameleon” (1974), la relecture
Goodman » de ce clarinettiste
label défricheur
discoïde de Gonna Fly Now
israélien installé aux Etats-Unis
(Theme From “Rocky”), Mister
depuis l’âge de 4 ans, formé aux
Mellow (avec George Benson) et
musiques classiques et klezmer
le dansant The Fly (incroyable
avant d’être converti au jazz par
intro) dans “Conquistador” (1977).
l’écoute de Louis Armstrong. Créé au début des années 1970 par le producteur Peter Eden,
Rien à sauver, ou presque, dans
Retrouver la trace de ce dernier
(ou de Goodman) dans le jeu de
“hot” (1979) : Ferguson courtise ce label a permis à Mike osborne, howard Riley et John
clarinette d’Ektin est plus aisé que
certaine délicatesse quand il joue Taylor d’enregistrer des albums inventifs et sans concession.
de retrouver celle de Sidney Bechet
Naima de John Coltrane, mais les Ils viennent d’être réunis en coffret.
flonflons du bal finissent par taper
chez David Krakauer, bien que
sur le système. Rocky II Disco fera “Turtle Records - Pioneering British oxley (dm). « Ça
l’on en reste le plus souvent à une
cependant office de must pour
aimable superficie. En revanche,
vos soirées blindtest entre amis :
Jazz 1970-1971” [choc] regroupe éclabousse », comme
loin du coutumier travestissement “outback” (1970) du saxophoniste dirait un vieil ami, et ça
un morceau disco-jazz featuring
jazzy des transes folkloriques alto Mike osborne (disparu en 2007), reflète la rage créative
Sylvester Stallone lui-même, vous
klezmer, le répertoire et l’effectif du “Flight” (1970) du pianiste howard de trois virtuoses de
en connaissiez beaucoup ? Moi
quartette sans contrebasse de Benny Riley et “Pause, And Think Again” l’abstraction déterminés
non plus. • doC Sillon
Goodman lui ont inspiré une espèce (1971) de son compatriote et confrère à repousser les limites.
de musique post-moderne dont les Personnels détaillés dans le livret,
éléments – hot, stride, swing, gospel,
liner notes savantes signées John Taylor, mort subitement cet été. la seconde face est (un peu) plus
Charles Waring. Avec, selon les Ils sont réédités officiellement pour
modern jazz, musique de chambre – plages, Mark Colby (ts), George
contrastée, et marquée par une ballade
sont tissés par ses comparses avec Benson, eric Gale (elg), Alan zavod, la première fois, d’après les bandes lyrique et vertigineuse à la fois.
une musicalité passionnément Bob James (cla), Peter erskine, originales, et les pochettes des 33-tours
Bobby economou, Harvey Mason
déroutante. Etkin promène là-dessus (dm)... 1974-1979 originaux, qui atteignent aujourd’hui Enfin, “Pause, And Think Again”,
une clarinette indiscutablement des sommes déraisonnables, sont le tout premier disque de John
virtuose, joliment décorative, un reproduites avec soin. Soulignons Taylor, avec Chris Pyne (tb), Kenny
rien corny, mais pas tout à fait à aussi l’exceptionnel travail éditorial de Wheeler (tp), Stan Sulzmann (as),
la hauteur du cadre qu’elle s’est Colin harper, qui retrace dans un livret John Surman (ss) et Norma Winstone
inventé. • FrAnCk BerGerot de 60 pages la saga du progressive (voc), est un petit bijou post-bop,
david etkin (cl, bcl, ts), Sullivan jazz anglais à travers de nombreux et accessoirement un classique
Fortner (p), Steve nelson (vib),
Matt Wilson (dm). new york, Sear témoignages de musiciens. du jazz made in England. Sous les
Sound, 22 au 23 janvier 2015. fructueuses influences combinées
Dans “outback”, Mike de herbie hancock, McCoy Tyner et
Stan Getz osborne est accompagné du Second Quintette de Miles Davis,
chet Baker Quartet par harry Beckett (tp), le pianiste explore
live At the Haig 1953 Chris McGregor (p), les rivages du Beau,
harry Miller (b) et louis des plus émouvants
1 CD Fresh Sound / Socadisc
Moholo (dm). Chaque face (Interlude / Soft Winds)
Réédition. Enthousiasmé par est occupée par vingt aux plus mouvants
le tout nouveau quartette sans minutes de free improv d’un lyrisme (Awakening / Eye To
piano de Gerry Mulligan, Stan fiévreux où la verve mélodique et la Eye). Taylor porterait-il
Maynard Ferguson Getz, dans une interview à Down
personnalité pour le moins affirmée de un turban que d’aucuns auraient déjà
Chameleon - Conquistador - Hot Beat en février 53, proposait tout
bonnement de se joindre à lui, chaque soliste grattent le tympan. qualifié sa musique intense et raffinée
2 CD BGo Records / Import Angleterre avec Chet Baker bien entendu. de “spiritual jazz”... • doC Sillon
Réédition. A la fin des “Jeru” qui ne voulait pas perdre la première face de “Flight” est elle
années 1970, ce spectaculaire la gouvernance de son groupe aussi consacrée à un long trilogue coffret “Turtle Records - Pioneering
trompettiste canadien champion repoussa cette suggestion qu’il radical, mordillant et griffant entre British Jazz 1970-1971” (RPM Records /
du suraigu alignait avec reconnut néanmoins flatteuse. howard Riley, Barry Guy (b) et Tony Import Angleterre).
Weather Report
the legendary live tapes 1978-1981
4 CD Columbia Legacy / Sony Music
Inédits. Weather Report est un des plus grands groupes de N°1 DES VENTES VIDÉO EN FRANCE
l’histoire du jazz. oui, du jazz, j, a, deux z : « We don’t fuse DÈS SA SORTIE !
nothing » disait Joe Zawinul. Si besoin était, cette copieuse
inespérée somme d’inédits enregistrés durant l’une des Zappa, à son Zénith
périodes les plus fécondes du groupe le prouve de façon
éclatante. Le Monde
Le DVD de « Roxy The Movie », graal dont plus
Tony Zawinul (le fils de) et Peter Erskine ont mis en son un audio
movie de plus de quatre heures : deux cd se penchent sur la personne n’osait rêver
tournée 1978 et deux autres sur celles de 1980 et 1981. Zawinul, Jazz Magazine
so(u)rcier des claviers plus sûr de lui que jamais, affirmait son
pouvoir. Pastorius, maître-fou de la basse électrique au sommet Des musiciens hallucinants de virtuosité et de facilité
de son art – Jimi, sors de ce corps ! –, le lui contestait avec toute Télérama
la folie nécessaire. Shorter, maître zen habité par la grâce, planait
au-dessus des débats, tandis qu’Erskine insufflait une sacrée dose
de swing (re)bondissant. La richesse mélodique et la phénoménale Les concerts légendaires de 1973 au
intensité de leur musique laissent toujours aussi pantois. Elle
est ici livrée sans fard, brute de décoffrage, dans sa vérité nue. Roxy de Los Angeles sont disponibles en
(oubliez les trois faces live de “8:30”.) Lors des tournées 1980- DVD et Blu-ray pour la toute première fois !
1981, le percussionniste Robert Thomas, Jr. s’était joint à ces trois
instrumentistes-compositeurs de génie et ce batteur surdoué de 24 Image et son restaurés.
ans. Les meilleurs titres de “heavy Weather”, “Mr. Gone” et “Night Contient des titres joués
Passage”, ne sonnèrent sans doute jamais aussi bien. Pour en uniquement au Roxy.
savoir plus (détail des morceaux, anecdotes, etc.) sur cette somme
historique absolument indispensable, rendez vous dès maintenant Déjà disponible en DVD, Blu-ray et CD+DVD.
sur www.muziq.fr. • FrédériC GoAty
Joe zawinul (cla, p, vocoder), Wayne Shorter (ts, ss), Jaco Pastorius
(elb, voc, dm), Peter erskine (dm), robert thomas, Jr. (perc). tokyo,
osaka (Japon), Berkeley, Phoenix, Philadelphie, reading, rochester
(états-unis), londres (Angleterre), juin 1978-juin 1981.
FoCuS
Suite de la page 99
“Tangerine Sparkle” n’est pas un umlaut Mangelsdorff et qui lors du Zopot
records
disque de guitariste mais bien Festival de 1957, inspira au public
celui d’un trio, augmenté quand polonais l’expression de “Frankfurt
et comme il faut par des invités Sound”. Quant à “Modern”, c’est
dont la palette sonore est aussi une notion très relative, puisque cet
riche que celle de leurs hôtes. Trois CD du label témoignent d’un acteur de la free music européenne
Recommandé. • Julien Ferté des années 1970 l’était déjà
collectif ignorant les frontières entre deux décennies plus tôt lorsqu’il
olivier louvel (elg), Gilles Coquard
(b), nicolas Viccaro (dm) + Alex la France et la Suède, entre swing jouait entre 1955 et 1959 avec la
tassel (bu), Benoît Widemann (cla). européen et free music. La Machine Ronde rythmique de l’orchestre de Kurt
Moods Studio, Vannes, avril 2014. Music Makes the World Edelhagen, avec le “Four Brothers
le Peeping Tom de Pierre- Go round Saxtet” et une rythmique, dont
Antoine Badaroux (as), 1 CD LaMR / Musicast Gary Peacock alors en garnison en
Axel Dörner (tp), Joël Grip Allemagne, était le contrebassiste,
RÉVÉlATIoN !
(b) et Antonin Gerbal (dm), ou aux côtés de son frère Emil
qui avait déjà exploré des Nouveauté. C’est un big band. et de Dusko Goykovich, dans un
Le premier morceau s’intitule Ten idiome cool mâtiné de hard bop.
passages secrets entre
Bucks. La musique est sèche et Cette série d’archives en majorité
le bop et l’avant-garde tranchante. Il n’y a pas de place pour
contemporaine, réitère sur inédites témoigne de cette évolution
la fluidité, et pour cause ! Ce sont du concept de modernité, le plus
“Four Girls” en alternant deux compositions
hans Lüdemann du trompettiste (qui m’évoquent le trio
des beats cuivrés, soufflés et pincés
introduisant une voix qui scande, une
souvent sur des partitions originales,
das reale klavier jusqu’aux accents coltraniens
d’Anthony Braxton avec leo Smith et leroy voix qui slame, qui rappe presque. d’heinz Sauer en 1963 au sein
1 CD BMC / UvM Jenkins) et deux exercices de “traitement” « La musique donne la pulsation d’un groupe qui reviendra bientôt
Nouveauté. Après “Die Kunst des (sans électronique ni informatique) de Four du monde », dit-elle. Elle, c’est la d’une tournée asiatique avec de
Trios” (2012), le titre et son sous-titre Girls du saxophoniste Boots Mussulli et slameuse Déborah Ribeiro, dite nouvelles idées en tête. Mention
(“Ein kölner Konzert”) sonnent un d’I Got Rhythm par Don Byas (la fameuse Déb’Bo. Ses mots sont la formule spéciale pour un chase de 1960
peu gonflés, mais le texte précise version en duo avec Slam Stewart ?). magique à l’entrée dans la caverne entre Albert et le baryton Karl
le projet du pianiste allemand : Fidel Fourneyron sur “high Fidelity” de la Machine Ronde, cet orchestre Blume. Non seulement quasiment
ajouter aux possibilités en apparence de quinze musiciens créé en 2011 tous les solos de Mangelsdorff le
[✪✪✪✪] s’inscrit dans la
infinies du « piano réel » celles que et dirigé par le saxophoniste Jordan hissent au panthéon de l’instrument,
tradition des grands solos Philippe. Ça groove et swingue au
lui offre l’échantillonnage numérique, mais le niveau des musiciens qui
des années 1970-80, plus gré de dix morceaux qui font la
pour l’ouvrir à de nouveaux espaces l’entourent rend ces faces très
sonores et microtonaux. Lüdemann méthodique que Paul part belle aux musiques urbaines : recommandables. • FrAnCk BerGerot
veut aussi s’atteler, à l’occasion Rutherford, sur un champ hip-hop, électro, soul, trip hop, Personnel détaillé dans le
de ce concert solo, à brouiller les plus étendu qu’Albert etc. Le tout avec un soupçon de livret avec notamment dusko
frontières entre composition et Mangelsdorff, plus concis rock. La chaleur est palpable. Goykovich, Fred Christmann (tp),
que l’un et l’autre, mais L’orchestral se mêle au conceptuel. emil Mangelsdorff (as), Günter
improvisation pour tenter d’échapper kronberg (as, bars), Hans koller,
aux limites propres à chacune. selon cet éclectisme qui Cet opus est riche en thèmes Joki Freund, Heinz Sauer (ts), karl
Sans manquer d’intérêt, le résultat le fait passer du Duke orchestra à l’oNJ originaux – de Fat Man, patchwork Blume (bars), Attila zoller (elg),
peine à décoller et à convaincre. Le d’olivier Benoît comme on change de hypnotique, à Tachycardia, Pepsi Auer (p), Gary Peacock, Peter
inhalation caféinée aux accents trunk, Günter lenz, Hajo lange (b),
“piano réel” d’abord (Präludium 1) cravate. rudi Sehring, Hartwig Bartz, ralph
explore de façon un peu abstraite les ambient en passant par mOOn,
le plus étonnant reste cet “Euro Swing” delirium cosmique et onirique,
Hübner (dm)… 1955-1963.
rapports de densité et d’intervalles de l’Umlaut Big Band qui reprend le
présents sur le clavier, jusqu’au plus ou encore Tic Tac, composition
répertoire des grands orchestres européens étourdissante du quartette de la
petit d’entre eux. Puis surgissent
de l’ère swing, souvent inspirés de Paul chanteuse Julia Chesnin. La voix
les micro-intervalles (Blaue Kreise)
censés bluesifier une mélodie Whiteman, mais aussi de suave de cette dernière apporte une
simple d’allure populaire mais qui Fletcher henderson et Duke teinte supplémentaire à ce disque
nous transportent en pleine démo Ellington : les Anglais Jack multicolore et multidimensionnel.
dans un magasin de claviers. hylton et Bert Ambrose bien Inutile de résister. La Machine
Dans le développement, un sûr, mais aussi l’orquesta Ronde, jazz band alternatif, nous
Demon espagnol, léo entraîne résolument dans sa ronde.
accompagnement de main gauche
semble tout droit venu d’un autre Vauchant pionnier du • kAtiA touré christof May
“Köln Concert”, allusion renouvelée jazz français, lud Gluskin Jordan Philippe (ts, fl, arr), la deeper Green
Machine ronde (personnel détaillé
dans Heartbeats à partir de 3’15. transfuge de chez Whiteman, dans le livret). loguivy-Pougras, 1 CD Challenge Records / Socadisc
Sur Präludium 2, l’ostinato rythmique le Belge Fud Candrix, un roboratif Tiger Rag Studios kerwax, mai 2014. Nouveauté. Lors des premières
sur piano préparé paraît pâlot face des Jazz Virtuosen de James Kok inattendu écoutes, certaines choses m’ont
aux trouvailles d’un Benoît Delbecq. dans l’Allemagne de Goebbels… En tout un peu agacé. Par exemple, la
Avec Ankunft, l’effet de déphasage
dix-sept raretés transcrites et dirigées par Albert voix de Susanne Abbuehl, lisant
est plus intéressant, mais avec une
matière musicale si traditionnelle il Pierre-Antoine Badaroux (as), qui signe les Mangelsdorff de brefs extraits de poèmes
notes de pochette, avec louis laurain (tp), Mainhatten Modern d’Emily Brontë, n’apporte pas
s’entend trop comme un effet. Loin grand-chose. ou encore quelques
du concept défendu, c’est le pianiste Fidel Fourneyron (tb), Antonin-Tri hoang, les 1 CD ou 1 LP Sonorama / sonorama.de
bidules électroniques qui m’ont
réel et l’improvisateur aux aguets frères Dousteyssier (anches), Bruno Ruder ✪✪✪✪ paru dispensables. Au fil des
que je préfère, tel qu’on l’entend (p), Sébastien Beliah (b), Antonin Gerbal, etc. écoutes cependant, il m’est apparu
Inédits.
dans le plus musclé Rollende Steine. • FrAnCk BerGerot Mainhatten fait que Christof May, à deux ou trois
• VinCent Cotro référence à la exceptions près, n’a pas laissé
umlaut Records / umlautrecords.com
Hans lüdemann (p, piano virtuel). scène jazz de les machines prendre le pouvoir
köln, loft, 16 mai 2013. sur la musique. Certains bruitages
Frankfurt-am-Main
où grandit Albert électroniques, certaines textures
Bill De Arango
lou Mecca quartet : Mecca (elg),
Jack Hitchcock (vib), Vinnie Lun. 28 : 17h
chuck Wayne Burke (b), Jimmy Campbell (dm).
Hackensack, 25 mars 1955.
Philippe Combelle Trio
3 Swinging Guitar Sessions Bill de Arango quartet : de Arango
(elg), Johnny Williams (p), teddy
1 CD Fresh Sound / Socadisc kotick (b), Art Mardigan (dm). new
york, 20 mai 1954.
Mar. 29 : 17h
Réédition. Trois sessions qui Chuck Wayne quintet : Wayne Jazzmagnac
permettent de se faire une idée (elg), Brew Moore, zoot Sims
(ts), Harvey leonard (p), George
des grandes tendances de la
guitare en des temps où l’influence
duvivier (b), ed Shaughnessy (dm).
new york, 13 avril 1953. Mer. 30 : 17h
Véronique Hermann Sambin
livre
West coast Jazz Coeur de VILLE
Par Alain tercinet
Du ven. 18 au mer. 30 décembre
Eupalinos / Parenthèses, 382 p., 18 €
la West Coast ? Moins qu’un style, une région TOUTE LA VILLE AU
où s’est amalgamée une multitude de pratiques
issues du bop tel qu’il s’était cristallisé au sein RYTHME DU
des orchestres de Woody herman, Stan Kenton et
quelques autres groupuscules. un lieu d’accueil FESTIVAL JAZZ NOËL
où se croisaient ceux qui le quittaient et ceux qui
s’y rendaient, ne faisant parfois qu’y passer. un
sujet bien réel et néanmoins aussi préhensible
qu’une savonnette mouillée. C’est pourquoi cet
ouvrage fit date et ravit les jazzfans lors de sa première édition en Infos / Billetterie :
1986. Alain Tercinet nous en promettait une révision depuis des lustres.
la voici. Appartenant à une génération où le jazz West Coast était
considéré par certains comme une dégénérescence, il a pu aujourd’hui
se débarrasser d’éléments argumentaires qui n’ont plus cours, a pu
clarifier certains points sur lesquels il a lui-même pris de la hauteur
de vue, en développer d’autres en y insérant des informations qui
faisaient défaut à l’époque ou en adoptant des points de vue nouveaux,
désimbriquant certaines incises en réorganisant ponctuellement son
plan qui globalement reste le même. les derniers chapitres ont seuls
connu des modifications et augmentations importantes, concernant
notamment les écoles européennes. Tel qu’il reparaît, il reste sans
équivalent, même outre-Atlantique, si l’on fait exception du West Coast
Jazz de Ted Gioia plus complémentaire que concurrent. • FrAnCk BerGerot
Thomas
Pas d’énorme surprise, mais
plaisir fou (voir blog du 18 juin difficile de faire la fine bouche.
2014 sur jazzmagazine.com). Anne Blomster Sang illustre
Deux concerts ? Est-ce suffisant l’évidente sinuosité des parcours
Strønen
pour faire sonner un big band ? harmoniques pieranunziens, avec
Il y a là une affaire de métier, or un superbe drumming aux balais.
Gil Mellé il est là. Plus un répertoire dont The Surprise Answer revisite
the Blue note years, les partitions de Sammy Nestico, le blues avec ce qu’il faut de
1952-1956 Thad Jones et Rob McConnell, surprise et de tension, prétexte
2 CD Fresh Sound / Socadisc voire Peter herbolzheimer, à un vigoureux swing collectif. Ce batteur-compositeur
indiquent aux arrangeurs invités Les 4 Improtales témoignent,
Réédition. Je dois avouer avoir (Stan Laferrière, Dave Wolpe, de façon variée, de l’une des
norvégien publie
longtemps considéré les pochettes
des albums du saxophoniste
Pierre Bertrand) une orientation dimensions essentielles de l’art simultanément sur eCM deux
générale où ce métier peut de Pieranunzi, une improvisation
baryton Gil Mellé sans lui avoir débarquer à tout moment et se collective qui conserve l’idiome
albums : l’un avec Food,
jamais accordé la priorité de
mon porte-monnaie. Aussi le
sentir chez lui. Plus, à sa tête, la du jazz et se concentre sur la dominé par les sonorités
passion de Jean-Loup Longnon.
regroupement intégral de ses Dans ces conditions, écouter
narration. Ses deux comparses
font plus que jouer le jeu, ils y
électroniques, l’autre
faces Blue Note pour une somme un big band live (si possible en sont forces vives de proposition. acoustique et chambriste.
inférieure à 25 € a-t-il quelque club, sans micro), est un plaisir La sonorité timbrée de Somsen
chose d’alléchant. D’autant plus qui ne se refuse pas. Mais le s’élève dans une ballade à la belle
que Jordi “Fresh Sound” Pujol disque ? Les amoureux de cette Pour “This Is Not A Miracle” [✪✪✪✪],
coda bluesy (B.Y.O.H.). Intégrée au publié sous le nom du groupe Food,
s’est fendu d’un plaidoyer de tradition s’y retrouveront, avec concept de la série, une interview
sept pages assorti des liner notes des reprises comme Little Pixie, Thomas Strønen a commencé par
d’une dizaine de minutes occupe
originales et d’une iconographie dont le caractère vertigineux la dernière plage. Le pianiste y enregistrer des heures
reprenant les pochettes d’époque. reste intact, des originaux qui font évoque ses douleurs dorsales, de musique plus ou
Plus, en bonus, un concert claquer le cuivre et mugir l’anche Rome et l’italianité de son art ou moins improvisée
radiodiffusé inédit du 5 octobre comme il faut et des solistes qui encore son souci de la forme et en compagnie de
1957 au Café Bohemia (avec ont le feu au cul. Je souhaite de l’interplay. • VinCent Cotro ses acolytes, le
Paul Motian). on croise au long aux indifférents de croiser cet saxophoniste anglais
enrico Pieranunzi (p), Jasper
de ces plages une foule de orchestre les yeux dans les yeux, Somsen (b), André Ceccarelli (dm). Iain Ballamy et le
musiciens dignes d’intérêt, voire si les organisateurs veulent bien Gütersloh, théâtre, 29 août 2015.
tout à fait remarquables (George
guitariste autrichien
lui prêter vie. • FrAnCk BerGerot
Wallingon, Tal Farlow, Red Mitchell, Christian Fenesz, les
Jean-loup longnon (tp, scat,
oscar Pettiford, Max Roach, Joe dir), Alex Bourguignon, Franck trois officiant de surcroît aux dispositifs
Morello, Ed Thigpen), au service Guicherd, Julien Alour, Brice électroniques. le batteur a ensuite
Moscardini, nicolas Folmer (tp), soumis ce matériau brut à un long
de compositions originales et Philippe renault, Bastien Ballaz,
d’ambitions formelles évoquant la ramon Fossati, Guy Arbion (tb), travail de montage, remontage, mise en
West Coast. Mais ce sympathique Pierrick Pedron, Samy thiebault, boucle et autres triturations sonores,
atelier permanent mené par un olivier temime, Alexis Avakian, jusqu’à accoucher d’une fascinante
Jean-Philippe Scali (sax), Jerôme
instrumentiste assez modeste Barde (elg), Pierre de Bethmann, fresque futuriste aux ambiances de
peine à retenir mon attention qui, à
son écoute, se laisse distraire par
zool Fleischer, Antonio Farao (p),
Jean-Philippe Viret (b), Andrea Jerome Richardson Blade Runner, se distinguant par la
finesse de ses textures synthétiques et
mille autres expérimentations de la Michelutti (dm), Marc thomas, Complete 1958-1962
Chloé Cailleton, Antoinette recordings un souci constant du détail, sans oublier
même époque en attente sur mes d’Angelli (voc). Calvi, 18 juin 2014. un sens consommé de la dramaturgie
étagères. L’histoire retiendra de 2 CD Fresh Sound / Socadisc
au fil des 47 petites minutes que dure
Gil Mellé les belles pochettes qu’il Réédition. Parmi les multi-
conçut pour Blue Note, catalogue cet album brumeux et mélancolique.
instrumentistes qui ont ajouté À l’opposé de cet univers de science-
dont il fut le premier bopper blanc. la flûte à leur panoplie durant
C’est déjà ça ! • FrAnCk BerGerot fiction, “Time Is A blind Guide” repose
les années 50-60, tels Bobby sur une formation purement acoustique,
Personnel détaillé dans un livret de Jaspar, Eric Dolphy, Roland Kirk ou
30 pages. dont l’instrumentation à géométrie
yusef Lateef, il faut admettre que
variable combine trois cordes (violon,
l’instrument occupait généralement
une place secondaire, ou du moins violoncelle, contrebasse) et trois
percussions au piano du Britannique
Enrico Pieranunzi extrêmement spécifique. Jerome
Richardson, lui, a au contraire réussi Kit Downes. Entre jazz, musique de
tales From the unexpected chambre et minimalisme, la musique
à l’intégrer avec une égale maîtrise
1 CD Intuition / Socadisc dans les contextes les plus variés, évoque une veine “ECM scandinave”
Nouveauté. Le présent album comme en témoignent les front line plus attendue (quoique assez réussie),
est le troisième d’une série de “Midnight oil” en compagnie d’où ressortent néanmoins deux brefs
“European Jazz Legends”, fruit de Jimmy Cleveland (trombone) et intermèdes pour percussions seules,
Paris-calvi Big Band d’une initiative conjointe entre le Kenny Burrell (guitare), ou “Meeting miniatures sonores parfaitement
r comme rené magazine allemand Jazz Thing, le In Studio” avec Julius Watkins (cor) agencées, évoquant quelque rituel zen
1 CD Autoproduit / UvM
label Intuition, la ville de Gütersloh et Bosko Petrovic (vibraphone). par leur sobriété nimbée de silence. •
et la WDR de Cologne. on ne Cette adaptabilité est également PASCAl rozAt
✪✪✪✪ s’étonne guère de retrouver une flagrante dans “Going To The
Nouveauté. Cet hommage au contribution du pianiste romain Movies”, consacré aux musiques ECM / universal
fondateur du Festival de jazz de dans ce cadre, même si on se de films, mais ce qui frappe encore
M I L E S D AV I S
Eric Le Lann
life on Mars
1 CD Moods / L’Autre Distribution THE LAST WORD
Nouveauté. on connaît le trompettiste depuis longtemps
mais il nous montre une fois de plus combien ses THE WARNER BROS. YEARS
ressources semblent être sans limite quand il s’agit de
pousser le curseur un peu plus loin. COFFRET 8 CD
Déjà il y a deux ans, il nous avait enchanté avec “I Remember Chet”
(Bee Jazz). Dans une formule en trio sans batterie qu’affectionnait INCLUS 8 ALBUMS REMASTERISÉS
Chet Baker à qui il n’allait pas manquer d’être comparé, Le
Lann avait réussi à imposer une voix personnelle, touchante et DANS LEURS POCHETTES
magnifique, à cent lieues des imitateurs patentés. Et voilà qu’il nous
fait aujourd’hui le coup du quartette, cette formation basique vieille
MINI-VINYLE REPLICA :
comme le jazz, comme s’il n’avait pas eu le temps d’en explorer
tous les contours en quarante ans de carrière. Et une fois de plus il TUTU
réussit son pari avec classe. Lui qui a tout joué avec tout le monde,
de Martial Solal à Archie Shepp ou Mike Stern, il s’entoure de trois AMANDLA
jeunes musiciens en pleine ascension : Paul Lay, Sylvain Romano et
Donald Kontomanou peuvent tout faire avec du punch, du groove, DOO-BOP
de la grâce et du cœur, poussant leur leader vers les sommets. La
trompette au son joliment cuivré de Le Lann est souple comme un
SIESTA (B.O avec Marcus Miller)
saxophone et nous rappelle celle d’Eddie henderson, prince de la DINGO (B.O avec Michel Legrand)
ballade, dans un Everytime We Say Goodbye carrément magique.
D’un bout à l’autre, l’intelligence et la poésie habitent ce qui est l’un MILES & QUINCY - LIVE AT MONTREUX
des meilleurs disques de ce musicien qui a le jazz dans les gènes et
à qui l’approche de la soixantaine semble faire affleurer une sorte LIVE AROUND THE WORLD
de “perfection chaleureuse” pleine de sérénité. Et il peut voyager LIVE AT NICE FESTIVAL (1986)
loin avec ce quartette ! • PHiliPPe VinCent
eric le lann (tp), Paul lay (p), Sylvain romano (b), donald
kontomanou (dm). Vannes, Moods Studios, avril 2015. LIVRET DE 60 PAGES
NOTES DE POCHETTES SIGNÉES ASHLEY KAHN
SORTIE LE 27 NOVEMBRE
John Zorn
“Great Scott !” (A&M, 1972) belle facture encadrées par deux
sont des disques épatants, et reprises soigneusement choisies
son L.A. Express est une des (le standard Easy Living et Tears
meilleures formations jazz-funk Inside d’ornette Coleman) fixant
des seventies. Musicien de studio en quelque sorte les bornes
Kendrick Scott Toujours aussi prolixe, le compositeur fort respecté, Tom Scott n’a certes de son “champ d’action”,
oracle et agitateur new-yorkais nous enregistré aucun chef-d’œuvre, Richard Sears développe un
plonge une fois encore dans les et l’on n’est pas obligé d’aimer style à la modernité tempérée
We Are the drum à la tête d’un trio d’une belle
profondeurs infernales, à la tête de sa sonorité au soprano. Gravé
1 CD Blue Note / Universal live à New york, “Apple Juice” est homogénéité. Avec un vrai sens
son nouveau trio Simulacrum. de la continuité, il y passe de
Nouveauté. Le batteur Kendrick cependant un disque essentiel.
Scott et sa formation, le Kendrick À son L.A. Express du milieu séquences résolument swing (où
John Zorn a décidément de la suite dans des années 1970 répondit en son sens très clair de l’articulation
Scott oracle, viennent de rejoindre
l’écurie Blue Note avec un premier les idées, se plaisant à décliner chaque quelque sorte cet éphémère N.y. n’est pas sans évoquer hampton
album, “We Are The Drum”, neuf nouveau concept en une salve de disques à Dream Band, qui sonnait, Eric hawes) à des contextes plus
ans après “The Source”, publié sur la parution souvent rapprochée, au risque de Gale, Richard Tee et Steve Gadd déstructurés et “modernistes”
le label du musicien. Selon Terence sur-solliciter jusqu’à ses fans les plus fidèles. aidant, comme une version bis ressuscitant les fantômes du
Blanchard, il est l’Art Blakey de sa Constitué de l’organiste John Medeski et des du formidable groupe Stuff. Dr. mythique trio de Paul Bley du
génération – venant d’un ancien “métalleux” Matt hollenberg à la guitare John chante sur un titre, le bien début des années 60 (avec Steve
membre des Jazz Messengers, et Kenny Grohowski nommé So White And So Funky ; Swallow et Pete LaRoca). Rien
difficile de douter. Mais ce n’est Eric Gale signe un solo de guitare de révolutionnaire donc mais un
à la batterie, le trio
pas à l’écoute de “We Are The acoustique à tomber dans In My nouveau talent à suivre. •
Simulacrum – du nom StéPHAne olliVier
Drum” que l’on peut en juger. d’un premier album paru Dreams ; avant de donner une de
Coloriste subtil sur l’ensemble de ces leçons de slap qui n’allaient richard Sears (p), Martin nevin
en mars dernier – s’inscrit (b), evan Hugues (dm). los Gatos,
l’album, Kendrick Scott ne donne par tarder à faire sensation dans
dans la filiation des redwood room, 24 et 25 juin
à entendre son drive ravageur le monde entier (Miles Davis 2014.
que sur Synchrony, seul morceau formations hardcore du
était sur le point d’effectuer son
swing du disque. on appréciera maître, comme Painkiller comeback...) et de laisser Ralph
son jeu chatoyant sur les timbres ou Moonchild, tout en s’en McDonald et Steve Gadd entrer
et les textures – mention spéciale distinguant par l’absence d’élément hurleur dans la danse, Marcus Miller
pour le trio de cordes (guitare, (saxophone ou voix) apportant un contrepoint appuie avec conviction sur sa
piano et basse) sur le titre Mantra, aux rythmiques lourdes et massives. Pour pédale wah wah dans Instant
d’une agréable densité, ou à cette “The True Discoveries of Witches and Relief ; quant au regretté Richard
petite perle scintillante et aérienne Demons” [✪✪✪✪], le trio devient quintette en Tee, sa gospel touch et son jeu
qu’est Touched By An Angel. Mais accueillant la six-cordes de Marc Ribot et la de piano électrique font merveille
la déception est grande quant au
morceau sans grande profondeur
basse de Trevor Dunn, deux fidèles zorniens.
outre une densité accrue, l’ensemble y gagne
d’un bout à l’autre. • doC Sillon
tom Scott (ts, ss, lyricon), eric
John Stevens Away
qu’est This Song In Me, co-écrit Gale, Hugh McCracken (elg, g), John Stevens Away
et chanté par Lizz Wright. La
surtout en spontanéité et sauvagerie, les richard tee (cla), Marcus Miller - Somewhere in Between -
reprise de Never Catch Me, signé zébrures des deux guitares (elb), Steve Gadd (dm), ralph Mazin ennit
Flying Lotus, ne convainc pas s’entre-lacérant dans une Mcdonald (perc) + dr. John (p,
débauche d’énergie rock voc). new york, the Bottom line, 2 CD BGo Records / Import Angleterre
non plus. L’opus n’échappe pas à 15, 16 et 17 janvier 1981.
certaine linéarité que l’on pourrait qui ne s’apaise que dans Réédition. En créant au mitan
attribuer à un manque de matériau les deux dernières plages, des années 1960 le Spontaneous
thématique et à un langage plus atmosphériques. Par Music Ensemble, le batteur John
harmonique qu’on eût préféré plus contraste, le troisième volet Stevens devint rapidement une
aventureux. • kAtiA touré sorte d’Art Blakey du free jazz
“Inferno” – où le trio officie
John ellis (sax, bcl), taylor eigsti
anglais – un Art Blakey certes
seul – paraîtrait presque nettement plus limité dans son
(p, elp), Michael Moreno (elg), Joe
Sanders (b), kendrick Scott (dm), un peu mou du genou, avec un son moins jeu... (Evan Parker, Dave holland,
lizz Wright (voc). new york, Sear agressif, voire un peu étouffé. l’album vaut Kenny Wheeler, Derek Bailey
Sound Studio. tout de même par sa pièce éponyme de vingt et Norma Winstone firent à un
minutes, inspirée par le roman d’August Richard Sears moment ou à un autre partie
Strindberg, où alternent déchaînements Skyline de sa formation à géométrie
sonores et étranges moments d’accalmie. variable.) Tout en continuant de
1 CD Fresh Sound New Talent / Socadisc
À noter enfin que les peintures abstraites diriger le “SME”, Stevens fonda
ornant les pochettes sont signées de John Réédition. on commence à en 1975 un nouveau groupe,
Zorn himself. Quel talent, quand même ! • parler outre-Atlantique de ce Away, et se mit à explorer les
PASCAl rozAt
jeune pianiste depuis qu’il a possibles du jazz-rock, sous la
remplacé Ethan Iverson dans le double influence du Miles Davis
Tzadik / Orkhestra quartette de Billy hart à l’occasion “électrique” (sans les racines
Tom Scott de quelques gigs et multiplié funky), et plus encore d’ornette
Apple Juice dès lors les collaborations avec Coleman, dont le Prime Time
des musiciens de la trempe commençait alors à marquer
1 CD BGo Records / Import Angleterre
de Joshua Redman, Ambrose son territoire de façon singulière.
✪✪✪✪ Akinmusire, Dave Binney ou Away signa trois albums : un live
Réédition. Tom Scott n’a jamais Mark Turner. Ce premier disque avec sa première incarnation (la
eu la cote avec les critiques de très bref (32 minutes) en forme meilleure), featuring Trevor Watts
Troc
Crosstalk
1 CD Just Looking Productions / harmonia Mundi
✪✪✪✪
Jazz Magazine aime le rayon jazz de Gibert Joseph. Retrouvez
Nouveauté. En 2011, André les disques coups de cœur de la rédaction, en vente du lundi au
Ceccarelli, Jannick Top, Alex
Ligertwood et Claude Engel se
samedi de 10 à 20 h, 26 boulevard Saint-Michel, 75005 Paris, ou
retrouvaient pour reformer Troc, sur gibertjoseph.com.
le groupe qu’ils avaient fondé au
Franck Tortiller début des années 1970 et qui Enregistré en octobre 1975, “The Début 1973, quelques semaines après
François corneloup a profondément marqué toute Peacocks” (Sony Records / Import un passage en France, Bill Evans
Singing Fellows une génération de musiciens Japon) est-il un disque de Stan Getz effectue sa première tournée japonaise
et de mélomanes. À cette ou de Jimmie Rowles ? Des deux mon avec Eddie Gomez à la contrebasse et
1 CD LabelMCo / labelmco.com époque riche en explorations et capitaine ! le saxophoniste servant Marty Morell à la batterie, avec lesquels
✪✪✪✪ hybridations, Troc se distinguait en quelque sorte de parrain à l’un de il avait enregistré deux ans plus tôt le
Nouveauté. voilà des années par son originalité et son intensité ses pianistes favoris, rarement aussi mémorable “The Bill Evans Album”.
maintenant que Franck Tortiller – tous ceux qui ont assisté à
leurs concerts en témoignent
bien mis en valeur. Seul face à son “Live In Tokyo” (Sony Records), paru
et François Corneloup, de piano, en duo avec Getz (la version du sous ce titre au Japon et sous celui de
façon parallèle, développent encore avec nostalgie. Et bien
que l’équipe ait légèrement thème de Rowles qui donne son titre “The Tokyo Concert” aux Etats-unis,
des expressions musicales
personnelles à la fois exigeantes changé, c’est la même énergie au disque est d’une beauté à couper le révèle un trio certes moins “historique”
et néanmoins accessibles dans qui propulse aujourd’hui le souffle) ou, encore, avec Getz, Buster que celui avec Scott laFaro et Paul
leurs formes et leur vocabulaire. groupe vers des rivages où Williams et Elvin Jones (quel quartette Motian, mais dont le niveau d’interaction
Actif depuis 2011, ce duo vient jazz, blues, rock, soul, funk et inattendu !), Rowles fait subtil étalage ne laisse pas moins pantois. Quant
pour la première fois cristalliser progressif se mêlent intimement de son toucher raffiné et de sa grande au répertoire, il était en grande partie
cette complicité en proposant dans un formidable maelström. culture harmonique. Sans oublier de renouvelé. Morning Glory, tube country
une musique franche, claire, Comme toujours, on est envoûté chanter de façon aussi nonchalante de la chanteuse Bobbie Gentry, When
directe, fondée essentiellement par le caractère organique de qu’élégante. Autumn Comes de Clare Fischer et
sur la séduction du chant l’ensemble, avec des compositions Hullos Bolinas de Steve Swallow, joué
et de la danse à partir de faussement simples qui laissent
autant de place au chant et à
Juste avant de porter à nouveau très en solo, sont de très grands moments
mélodies pleines de charme et haut les couleurs du hard-bop avec de musique, qui font de ce live somme
remarquablement dessinées. l’écriture qu’à l’improvisation.
Jouant pleinement la carte de Comme autrefois, on reste son projet Eastern Rebellion, le pianiste toute historique un album à (re)découvrir
la spontanéité et du dialogue, subjugué par la voix unique et cedar Walton s’était essayé avec d’urgence. En rappel, Gloria’s Step et On
multipliant les humeurs et les poignante de Ligertwood, la basse succès au jazz-funk dans “Mobius” Green Dolphin Street réveillaient de (pas
cadres à partir d’arrangements profonde et grondante de Top (RCA Victor, 1975), qui vient enfin si) vieux souvenirs...
subtils redistribuant sans cesse – qui transforme pour l’occasion d’être réédité en cd par le label anglais
les équilibres et les rôles, les deux un ancien thème en ballade Expansion Records. Avec, entre autres, “Two For The Road” nous ramène en
musiciens n’oublient jamais qu’ils jouée à la fretless... –, et la Ryo Kawasaki à la guitare, une section 1977, l’année où Larry coryell ne publia
s’adressent à un tiers et offrent batterie souple et savante de de souffleurs (dont Frank Foster est pas un mais deux albums en duo avec un
une musique constamment lisible Ceccarelli, musiciens dont les le soliste principal), les percussions confrère guitariste : “Twin-house” avec
et imperceptiblement voyageuse qualités ne sont plus à prouver.
de Ray Mantilla et d’omar Clay, mais Philip Catherine et “Two For The Road”
dans sa façon d’intégrer ici une Mais en plus, on est emporté
par le jeu enflammé des aussi Gordon Edwards (elb) et Steve avec Steve Khan (Arista / Import Japon,
rythmique aux accents caraïbes
deux nouveaux, Julian oliver Gadd (dm), soit la section rythmique introuvable en cd depuis vingt-cinq
ou au déhanché de tango, là une
posture déclamatoire évoquant Mazzariello et Amaury Filliard, de Stuff, Walton réinventait face à ses ans), enregistré live entre 1975 et 1976.
le cante jondo andalou. La voix impressionnants d’implication, claviers Blue Trane de John Coltrane Spain de Chick Corea, Bouquet de Bobby
profonde du saxophone baryton d’inspiration et d’équilibre, que et Off Minor de Thelonious Monk, hutcherson, Juju et Footprints de Wayne
de Corneloup, avec ses obscurités ce soit dans leurs chorus ou leurs sans oublier de signer des originaux Shorter, General Mojo’s Well Laid Plan de
de forêt enchantée, n’a peut-être accompagnements. La musique de grande qualité (Road Island Red). Steve Swallow... : un répertoire de choix
jamais trouvé plus bel écrin que de Troc tourbillonne, vit, vrombit, Indispensable. “Mobius” est couplé pour deux solistes inspirés. « Si cela
les architectures mouvantes aux alternant entre calme et tempête, avec le nettement moins réussi avait été possible, précise le toujours
harmonies raffinées imaginées par rage et caresse, dans un esprit “Beyond Mobius”, qu’on prendra modeste Steve Khan, je me serais arrêté de
Tortiller. Du beau jazz populaire. alchimique qui rappelle le meilleur comme un bonus sans conséquence. jouer pour applaudir Larry ! » • Peter CAto
• StéPHAne olliVier des seventies. Jouissif, et à voir
François Corneloup (bs), Franck absolument sur scène ! •
tortiller (vib, marimba). Chagny, Félix MArCiAno
théâtre des Copiaus, 17 et 18 avril Alex ligertwood (voc), Amaury Filliard
2014. (elg), Julian oliver Mazzariello (elp),
Jannick top (elb), André Ceccarelli
(dm). Fatouville-Grestain, retentive
Sound Agency, novembre 2012.
Studio de Meudon, novembre 2013.
Mette Henriette
oscar Peterson Trio un rien convenus de jazz, soul et
funk aux grooves prévisibles et
« une vraie révélation »
live in Cologne 1970
tartinés de sonorité vintage – et
Jazzline/Socadisc [inédit] si on arrêtait d’abuser du Fender
Le trio formé par oscar Peterson Rhodes ? Ameen Saleem est un
avec le bassiste George Mraz et le bassiste compétent, mais pas
batteur anglais émigré en Californie encore un leader. La prochaine fois
Ray Price, aura été de courte durée. peut-être... • FrédériC GoAty
Inédit à ce jour, ce concert met en
valeur, outre la virtuosité légendaire
du pianiste canadien, la sonorité Julie Saury
profonde du contrebassiste. version carine Bonnefoy
notable du tube de Michel Legrand
The Windmills Of Your Mind (les
Felipe cabrera
The hiding Place
Moulins de mon cœur). •
JeAn-louiS leMArCHAnd Gaya Productions / Socadisc
Le répertoire repose essentiellement
Polymorphie sur les plumes de la pianiste et de
Cellule la batteuse. S’y entend une belle
énergie collective nourrie par leurs
Grolektif / L’Autre Distribution
qualités de frappe ou de toucher,
Confiée à Clément Edouard (as), mais aussi par des structures
Lucas Garnier (cla), Damien Cluzel favorisant de longues boucles ou
(bariton, elg) et Léo Dumont (dm), de surprenantes diversions. Malgré
la musique de Romain Dugelay le renouvellement des climats
(as) est-elle entièrement asservie rythmiques, un peu de routine
aux textes d’oscar Wilde, Jean s’installe dans les développements,
Zay, Albertine Sarrazin et Paul qui n’enlèvent rien à la cohésion, au Mette Henriette saxophone
verlaine admirablement dits par sens de la couleur et du rebond qui Katrine Schiøtt violoncelle
Marine Pellegrini ? hormis quelques animent ce trio. • VinCent Cotro Johan Lindvall piano
concises échappées free, elle
renonce à la dimension discursive Nicola Sergio Mette Henriette Ensemble
et “sportive” du jazz, au profit Migrants ECM 473 5212
d’une énergie et d’un son collectifs
relevant du rock, du minimalisme, Challenge / Socadisc
de l’ambient. En adéquation avec le Du beau piano, de belles harmonies,
thème de l’incarcération commun à du lyrisme sensible, mais un
tous ces écrivains. • pianiste entre Pieranunzi, Mehldau
FrAnCk BerGerot et musiques “classiques” (versions
savante ou adaptée pour le
Romane cinéma). Ce n’est donc pas pour la
personnalité artistique du musicien
Double Jeu
que l’on écoutera son album, mais
1 CD Frémeaux [réédition] pour se relaxer en fin d’après-midi,
✪✪✪✪ en automne, au coin du feu. Le
La décennie passée depuis sa lien entre l’expression et la source
publication originelle a entériné le d’inspiration du disque me paraît
statut de “Double Jeu” : un jalon du mince. L’actualité violente aurait-
jazz manouche moderne. Romane y elle dépassé ces “Migrants”-ci ? •
retrouve Stochelo Rosenberg pour ludoViC Florin
des conversations d’une fluidité
merveilleuse, et délaisse la pompe Donald Vega
manouche au profit d’une section With Respect To Monty
rythmique au drive impeccable. Resonance Records / Socadisc
Les compositions, inventives,
explorent des terrains bop, funky, Ce pianiste atteignit une certaine
valse (Double Jeu, classique de célébrité quand Ron Carter lui
Rosenberg), tandis que les reprises proposa de succéder à Mulgrew
affirment l’audace des protagonistes
(Blue Rondo à la Turk). Superbe. •
Miller dans son trio en 2013. Fan
depuis toujours de Monty Alexander, CHOC
BertrAnd BouArd ce natif du Nicaragua partage son
Design Alain Frappier dm15
Jazz
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janvier 2016
* Ce service est offert aux abonnés du magazine au 31 décembre 2014.
le live
ChARLES GRANATA
première !
C’est le premier président de l’AACM,
le pianiste Muhal Richard Abrams
(photo), qui ouvrira en solo le festival
itinérant en val de Marne Sons d’hiver,
le 29 janvier à vincennes. À la même
affiche : le duo piano-violoncelle de
François Couturier et Anja Lechner.
EAGLE vISIoN
RENAND BAUR
Roxy musique
à Paris
Napoleon Murphy Brock, chanteur Le Lann au Petit Journal
et saxophoniste des Mothers of l’excellent quartette d’eric le lann (photo),
Invention de Frank Zappa dans
avec Paul lay (piano), Sylvain romano
les années 1970, jouera les 10 et
(contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie)
11 décembre à La Chapelle des
sera au Petit Journal montparnasse le
RIChARDA ABRAMS
à Cory henry.
Le songe de
Le 1 janvier, la chaîne France
er
Butry-sur-oise aux côtés de
Ô consacrera sa fin de soirée à l’harmoniciste oliver Ker ourio et
Al Jarreau avec le documentaire du batteur Matthieu Chazarenc.
inédit de Thierry Guedj, Al
Jarreau l’enchanteur, suivi d’un
concert à 0h45.
Barre Phillips Swingin’ hamlet
« Est-ce possible de faire un Rhoda Scott et son lady Quartet Guillaume de Chassy s’est inspiré
xDR
onj &
Dedalus FESTIVALS
l’oNJ rencontrera Julien lourau et Bojan Z
RURAL DÉToUR, Apt FESTIVAL AFRIcoLoR, le 18 Amélie, Eddy et le Big
et environs, jusqu’au 5 Île-de-France, jusqu’au Band
l’ensemble décembre (04 90 74 55 98, 24 décembre (africolor.com) le 22 Satin Swingers
de musique luberonjazz.net) Avec entre autres : le 23 Sweet Sixteen Strings
contemporaine 1er au 5 Laura Perrudin le 4 Chérif Soumano / le 26 Jérôme Lelard Trio
Dedalus autour de Sébastien Giniaux le 27 Christian Morin Jazz 4tet
MoNTE-cARLo JAZZ le 28 Philippe Combelle Trio
la partition ouverte FESTIVAL, Monte-Carlo, NUITS D’hIVER, Marseille, le 29 Jazzmagnac
PIERRE TURTAUD
de Philip Glass, jusqu’au 6 décembre du 9 au 21 (04 91 04 69 59, le 30 véronique hermann
Music With Changing (montecarlosbm.com) grim-marseille.com) Sambin
Avec entre autres :
Parts (1970) le 17 le 3 Mario Biondi,
le 9 Tomas Gouband / Will
Gregory Porter DU BLEU EN hIVER, Tulle, du
décembre à Paris
(Carreau du Temple). comme ils se le 4 hugh Coltman, Guthrie / Alexis Degrenier,
Ramuntcho Matta / Pablo 21 au 23 janvier 2016 (05 55
l’orchestre National retrouvent... Paolo Conte
le 5 Kyle Eastwood, Cueco / Jean-Marc Montera 26 99 10, dubleuenhiver.com)
le 21 Le Lobe , Guillaume
le 10 Marseille Labo Band
de Jazz donnera Le saxophoniste Julien Lourau et Melody Gardot
dirigé par Pablo Cueco, Flux 4tet Schmidt Trio (hervé Saint-
le 6 Daby Toure,
son programme le pianiste Bojan Z joueront en Barbara hendricks le 17 Erwan Keravec, valentin Guirons / Didier ottaviani)
le 22 Guillaume Schmidt
Berlin le 4 au Mans duo le 3 décembre à Paris (New Clastrier
Trio, Elodie Pasquier, Antoine
Morning) et le 15 janvier à Annonay. le 18 Arnaud Rivière / Thomas
(les Quinconces). JAZZ AU FIL DE L’oISE, Val-
Bonvalet Berjeaut Wasteland (Mike
Ils seront également au programme d’oise, jusqu’au 13 décembre Ladd / Naïssam Jallal / David
(01 34 48 45 03, le 19 Aude Romary / Jérôme
de l’émission open Jazz (France Noetinger, ErikM / Martin Neerman / Stéphane Kerecki
musique) du 2 décembre. jafo95.com)
Brandlmayr / Sylvain Daniel / Fabrice
le 2 yom 5tet
Moreau)
EoTh : le retour Trois pour un
le 3 Stéphane Kerecki 5tet
(Laïka Fatien / Jean-Charles
FESTIVAL NoBoRDER, le 23 Christiane Bopp / hélène
Brest, du 10 au 13 décembre Breschand, Moop, Antonin
Repris de l’opéra Escalator Over Richard / Guillaume de Chassy (festivalnoborder.com)
The Hill de Carla Bley par Bruno L’opération “Une entrée = trois / Fabrice Moreau), Giovanni Leymarie Magnetic Ensemble
clubs”, périodiquement programmée Musiques du monde avec entre (Fabrizio Rat / Adrien Spirli /
Tocanne, Bernard Santacruz et Mirabassi 4tet (Christos autres :
par les clubs de la rue des Lombards Rafalides / Gianluca Renzi / Benjamin Flament / Sylvain
l’Imuzzic Grand Ensemble, le 10 Bojan Z / Erik Marchand Lemêtre), Raymond Lazer
à Paris, sera consacrée au label Lukmil Perez) Kreiz Breizh Akademi #5,
“over The hills” sera donné le 4 Malted Milk
le 1er décembre à Dunkerque Gaya Music le 3 décembre. L’Adrien Bèrtran obree Trio SoNS D’hIVER, du 29 janvier
le 5 Marcio Faraco 6tet le 13 voï voï, Kamilya Jubran /
(Bateau feu), puis le 5 à Paris Chicot Trio (Sylvain Romano et (avec Lionel Suarez / Laurent au 21 février, Val-De-Marne,
Philippe Soirat), le quartette Kind of Sarah Murcia (01 46 87 31 31, sonsdhiver.
pour un concert Jazz sur le vif à vernerey / Philippe Baden Et aussi Before Noborder
Zoo du flûtiste Christophe Zoogonès Powell) org)
la Maison de la Radio, qui sera le 16 (Rennes Les Champs
le 29 janvier Muhal Richard
diffusé le 9 dans les Mercredis avec Grégory Privat et le Gaya le 6 Le Poulpe (Abbi Patrix / Libres) Erwan Keravec / Benat
Music orchestra (10 musiciens) vincent Mahey / Phil Reptil) Achiary / Raphaël Quenehen / Abrams, Anja Lechner /
du jazz. La version studio est le 11 Trio Joubran François Couturier
se succéderont au Baiser Salé. Ronan Le Gouriérec / Wassim
attendue chez tous les bons le 12 François Couturier / halal le 30 Dee Alexander / hamid
disquaires le 1er (IMR / Musea). Le trio de la batteuse Julie Saury François Mechali / François Drake / Michael Zerang, Mulatu
le 7 (Ile de Groix) Benat Achiary /
(Carine Bonnefoy, Felipe Cabrera) Laizeau Ronan Le Gouriérec, (Ile de Sein) Astaké’s Step Ahead Band
et le quartette Raven du chanteur
Paroles et Manu Domergue seront à l’affiche
le 13 olivier Ker ourio Trio
(Emmanuel Bex / Matthieu
Erwan Keravec Wasim halal le 31 Eve Risser White Desert
orchestra, Michel Portal /
musiques du Duc des Lombards. Le duo de Chazarenc), Alex ohen 5tet,
Gogo Penguin
FESTIVAL JAZZ À NoËL, le
Touquet-Paris-Plage, du 18
Bernard Lubat / hamid Drake
JEAN-BAPTISTE MILLoT
Irene Amar 4tet Blessing The Blues
Sunset Electrophazz Jazz Club Étoile Chicago Caveau de la huchette
Sunside olivier hutman / Blues Festival Brothers D. Blue Band
Darryl hall / Steve Williams New Morning David Linx / Chapelle des lombards
Paolo Fresu / Diederik Wissels Napoléon Murphy Brock (voir
SAMEDI 5 / 12 Péniche l’Improviste Amar au 10)
Baiser Salé Flore Benguigui / Sundy Blues Jazz Duc des lombards Ben
Charles Trois velvet Club
Carré Baudoin Conférence sur
Petit Journal Saint-Michel
Claude Alain Duparquet /
Waters 5tet
Jazz Club Étoile Chicago
Moussay ne bulle jamais
Miles Davis et le film Ascenseur Nicolas Montier Blues Festival le pianiste Benjamin Moussay invitera Michel Benita et Simon
pour l’échafaud par Frédéric Studio de l’Ermitage Das New Morning Roy Ayers 5tet Goubert à constituer un nouveau trio qu’il présentera au Triton
Goaty Kapital (Daniel Erdmann / hasse Petit Journal Saint-Michel
Cave du 38 Riv’ Marcelo Poulsen / Edward Perraud) Paris Washboard le 18 décembre. on le retrouvera également au sein du louis
Amazonas 4tet / Laurence Sunset Martin Jacobsen / Souffle Continu Sclavis Silk Quartet le 14 à lyon (Auditorium) et du quartette
Allison Linus olsson 4tet Fabrikdelabeslot d’Airelle Besson aux côtés d’Isabel Sörling et Fabrice Moreau
Caveau de la huchette Pete Sunside olivier Bogé 4tet Sunset Jonathan orland 4tet
(Nelson veras / yoni Zelnik / le 16 janvier à Caen (Théâtre), dans le cadre de la résidence de
Allen Swing Band (Tony Paeleman / Nicolas
Duc des lombards Thomas Moreaux / Karl Jannuska) Donald Kontomanou) la trompettiste à Jazz Sous les Pommiers, qui accueillera cette
Enhco Trio (voir au 4) Sunside Martial Solal / Dave dernière à Coutances en duo avec Baptiste Trotignon, du 18 au
Jazz Club Étoile The French MERcREDI 9 / 12 Liebman 20 janvier.
Blues All Stars Baiser Salé Mario Canonge /
Maison de la Poésie Andy Michel Zenino, Rick Margitza SAMEDI 12 / 12
Sheppard / Christophe Marguet 4tet (Manuel Rocheman / Peter Baiser Salé Lachica, Anthony
Jambon Group
/ Guillaume De Chassy /
Delphine Lanson “Shakespeare
Giron / Jeff Boudreaux)
Cave du 38 Riv’ Cow on Mars Caveau de la huchette old PARIS, LES ADRESSES, LES SITES…
Songs”, Regis huby / Maria Marsmilk Fashion Jazz Band
Laura Baccarini Caveau de la huchette David Cave du 38 Riv’ Pingo de
l’Improviste Zoogo Project Blenkhorn Swing Band Choro l’ATElIER Du PlATEAu CAVEAu l’IMPRoVISTE PETIT JouRNAl
Duc des lombards yaron 5, rue du Plateau (19e) DE lA huChETTE (PÉNIChE) MoNTPARNASSE
Petit Journal Montparnasse Caveau des légendes 01 42 41 28 22 5, rue de la huchette (5e) Quai d’Austerlitz (13e) 13, rue du Cmdt
Sortie de Secours Big Band Fabien Mary / Luigi Grasso / herman / Ziv Ravitz atelierduplateau.free.fr 01 43 26 65 05 06 86 46 60 89 Mouchotte (14e)
Petit Journal Saint-Michel yves Brouqui / Adam over / Jazz Club Étoile Chicago caveaudelahuchette.fr improviste.fr 01 43 21 56 70
Les Rois du Fox-trot Stéphane Chandelier Blues Festival AuTouR DE MIDI petitjournalmontparnasse.
Radio France Dominique Jazz Club Étoile Chicago New Morning The Skatalites 11, rue Lepic (18e) CAVEAu DES lÉGENDES lA JAVA com
Péniche l’Improviste Gilles 01 55 79 16 48 22, rue Jacob (6e) 105, rue du faubourg du
Pifarély, Bruno Tocanne / Blues Festival autourdemidi.fr 01 43 26 36 26 Temple (10e) PETIT JouRNAl
Bernard Santacruz Imazzic New Morning Soirée du label Seeman 6tet caveaudeslegendes.fr 01 42 02 20 52 SAINT-MIChEl
“over The hills” Kangourou Sauvage avec Petit Journal Montparnasse Aux PETITS JouEuRS la-java.fr 71, boulevard Saint
Sunset Kevin hays / Grégoire Ravy Magnifique, Dario de olivet Jazz Band 59, rue Mouzaïa (19e) CAVEAu DES Michel (5e)
Maret Fillipo, David Liebman, Mario Petit Journal Saint-Michel 01 42 41 23 80 ouBlIETTES JAZZ CluB ÉToIlE 75005 PARIS
New orleans Chicago orchestra auxpetitsjoueurs.com 52, rue Galande (5e) 81, bd. Gouvion St Cyr 01 43 26 28 59
Sunside Claudia Pereira Cannonge, Mauro Gargano, 01 46 34 23 09 (17e) claude.philips.
4tet, Jean-Michel Pilc / André Riving Acao, Alie Delfau, Chris Philharmonie de Paris BAB Ilo caveaudesoubliettes.com 01 40 68 30 42 pagesperso-orange.fr
Ceccarelli / Diego Imbert hayward, David venitucci, Ibrahim Maalouf Red & Black 9, rue du baigneur (18e) jazzclub-paris.com
Bruno Wilhelm… Light 4tet (Eric Legnini / 01 42 23 99 19 CAVE Du 38 RIV’ PhIlhARMoNIE
François Delporte / Stéphane babilo.lautre.net 38, rue de Rivoli (4e) MAISoN DE lA PoÉSIE Parc de la villette
DIMANchE 6 / 12 Petit Journal Saint-Michel 01 48 87 56 30 Passage Molière 01 44 84 44 84
Caveau de la huchette Alain Marquet / New orleans Galland) lE BAISER SAlÉ 38riv.com 177, rue St-Martin (10e) philharmoniedeparis.fr
Megaswing Jazz Trio (Alexis Lograda / Stan Sunside Nefertiti 4tet, David 58, rue des Lombards 01 44 54 53 00
Studio de l’Ermitage Patrice Laferrière / Fred Dupin) Enhco 4tet (Maxime Sanchez / (1er) CENTRE CulTuREl maisondelapoesieparis. RADIo FRANCE
Caratini Jazz Ensemble Le Bal Sunset Enb “Around King Florent Nisse / Gautier Garrigue) 01 42 33 37 71 RAChI com 116, av. du Président
lebaisersale.com 39, rue Broca (5e) Kennedy (16e)
et Ciné-Concert autour du film Crimson” 01 42 17 10 38 MANuFACTuRE 111 01 56 40 15 16
Body and Soul (1924) et Sunside Cathy heiting / DIMANchE 13 / 12 CAFÉ lAuRENT 19, boulevard Davout radio-france.fr
Sunset “Jazz & Goûter fête Jonathan Soucasse, olivier Caveau de la huchette 33, rue Dauphine (6e) lE CÉPAGE (20e)
Serge Gainsbourg” par Priscilia Bogé 4tet (voir au 10) Megaswing 01 43 29 43 43 MoNTMARTRoIS 01 40 33 01 36 SouFFlE CoNTINu
valdazo Duc des lombards yaron cafe-laurent.com 65, rue Caulaincourt (18e) manufacture111.com 20-22, rue Gerbier (11e)
herman / Ziv Ravitz & Friends, 01 46 06 95 15 01 40 24 17 21
Sunside Les Funambules JEUDI 10 / 12 CAFÉ uNIVERSEl cepagemontmartrois.fr MARCouNET (PÉNIChE) soufflecontinu.free.fr
Théâtre de la Reine Blanche Baiser Salé Selkies Project, Gaël horellou / Alain Jean- 267, rue Saint Jacques Quai de l’hôtel de
Ciné Concert “Les Larmes yannick Robert Soul Cages Trio Marie (5e) ChAPEllE DES ville (4e) STuDIo DE l’ERMITAGE
du Clown” avec Gaël Mevel / Carreau du Temple Big Band Philharmonie de Paris 01 43 25 74 20 loMBARDS 06 60 47 38 52 8, rue de l’Ermitage (20e)
Ibrahim Maalouf Kalthoum 5tet cafe-universel.com 19, rue de Lappe (11e) peniche-marcounet.fr 01 44 62 02 86
Jacques Di Donato / Thierry des conservatoires de la ville 01 43 57 24 24 studio-ermitage.com
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Caveau de la huchette David Scott Colley / Clarence Penn) 4, RUE EUGÈNE SPULLER com 44, boulevard voltaire SuNSET/SuNSIDE
LUNDI 7 / 12 Blenkhorn Swing Band Sunset “Jazz & Goûter fête (3e) (11e) 60, rue des Lombards
Caveau de la huchette Jacky Chapelle des lombards d’herbie hancock” par Leila 01 83 81 93 30 DuC DES loMBARDS 01 47 00 41 06 (1er)
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Milliet Jazz Band Projection du concert filmé de (1er) sunset-sunside.com
Duc des lombards Fabian Frank Zappa “Roxy The Movie”, CARRÉ DE BAuDouIN 01 42 33 22 88 NEW MoRNING
Fiorini-Greg houben 4tet concert de Napoléon Murphy LUNDI 14 / 12 (PAvILLoN) ducdeslombards.fr 7, rue des Petites Ecuries ThÉÂTRE DE lA REINE
Mélanges des Genres Brock Baiser Salé Adèle Belmont 121, rue de Ménilmontant (10e) BlANChE
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Caveau de la huchette Jean- 01 58 53 55 40 7, rue Francis de newmorning.com 01 40 05 06 96
Philippe Botta / David venitucci) Lynn Patterson Trio (Felipe carredebaudoin.fr Pressensé (14e) reineblanche.com
Petit Journal Montparnasse Cabrera / Jeff Boudreaux) Paul Amouroux 01 45 40 07 50
Serge & Nivo Rahoerson 4tet Jazz Club Étoile Chicago la Java 4tet Negus, Jean- lentrepot.fr
Petit Journal Saint-Michel Blues Festival Marc Foussat / Jean-Luc
© DR
Switch Trio, Leo Sidran, Ralf D VENDREDI 18 / 12 Blues Jazz
Backer, Thomas Enhco, Daniel Atelier du Plateau Marlène Petit Journal Montparnasse
Freedman, Cory henry Rostaing / Philippe Gleizes Andy Emler / Thomas de Pourquery
Petit Journal Montparnasse Baiser Salé Laurent Maur Petit Journal Saint-Michel Swing
Gypsy Swing Revival 4tet (Mario Canonge / Felipe Chords
Petit Journal Saint-Michel Cabrera / Tiss Rodriguez) Sunside Frédéric Perreard Trio &
Jany Noel helies Caveau de la huchette Big Jam Session
Philharmonie de Paris Dez
Ibrahim Maalouf Red & Black Cépage Montmartrois MERcREDI 23 / 12
Light 4tet (voir au 12) Philippe Combelle / hayet Baiser Salé Sylvain Ransy Trio
Sunside vintage orchestra Capdevielle / Philippe Amizet / Caveau de la huchette Dany Doriz
Sunset Emile véret Richard Apté
Duc des lombards Cory
Swing Band
Caveau des légendes Fabien TEREZ
MONTCALM
MARDI 15 / 12 henry / yoran vroom Mary / Luigi Grasso / yves Brouqui /
Caveau de la huchette Big Jazz Club Étoile Rhoda Scott Adam over / Stéphane Chandelier
Dez And Friends Duc des lombards Lillian Boutté
Duc des lombards Daniel Péniche l’Improviste orlando 4tet (voir au 21)
Freedman 5tet (Guilerme Poleo & Chaworo Péniche le Marcounet Bertrand
Monteiro / Jason Lindner / Petit Journal Montparnasse Ravalard Trio
Petit Journal Saint-Michel 3
15 décembre
yonathan Avishai / omer Avital) Spirit of Chicago orchestra
New Morning Térez Montcalm Petit Journal Saint-Michel For Swing
6tet (avec Géraldine Laurent / François Barnoud / Stéphane
© DR
BILL
Congiu chansons de Noël par Susanna Davies hotdoggers
Sunside Gaël Mevel / Michael Bartilla Duc des lombards La velle / Ben
Waters 5tet des Snarky Puppy
Attias, Zhenia Strigalev 4te (voir Sunside Le Salon Idéal d’Arièle
au 15)
JEUDI 17 / 12
Butaux, Les Funambules
LUNDI 21 / 12
Sunset Jazz & Goûter, Philip
Catherine / Aldo Romano /
Emmanuel Bex
LAURANCE
Atelier du Plateau Marlène Caveau de la huchette Jean- Sunside Mélanie Dahan 4tet avec 3 mars
Rostaing / Peter Corser Paul Amouroux Pierre de Bethmann
Baiser Salé Christophe Duc des lombards Lillian
© RF
Petit Journal Saint-Michel MERcREDI 6 / 01 Radio France Philippe Soirat Cave du 38 Riv’ Corentin
Fabrice Eulry Baiser Salé Mario Canonge / 4tet (David Prez / vincent Rio 4tet
Sunset Philip Catherine / Aldo Michel Zenino Bourgeyx / yoni Zelnik),
Romano / Emmanuel Bex Cave du 38 Riv’ Nicolas Géraldine Laurent “New 4tet” VENDREDI 29 / 01
Sunside Sarah Lancman 4tet Bauer Trio (Paul Lay / yoni Zelnik / Donald Baiser Salé Brice Wassy /
Kontomanou) Jean-Jacques Elangué Kelin-
MARDI 29 / 12 JEUDI 7 / 01 Sunside Georges Paczynski Kelin’ orchestra
Baiser Salé François Baiser Salé Jean Bardy / Emil Trio (Stéphane Tsapis / Marc Cave du 38 Riv’ Le Trio Barré
Constantin Salsa Project Spanyi Buronfosse), Antonio Farao 4tet Sunset Michele hendricks
Caveau de la huchette Drew (voir au 22) Septet (Ronald Baker / Denis
Davies hotdoggers VENDREDI 8 / 01
Petit Journal Saint-Michel Leloup / olivier Témime
Duc des lombards Da Romeo LUNDI 25 / 01
Paris Washboard / Arnaud Mattei / Bruno
Crazy Moondog Band (voir New Morning Rhiannon
Sunside Géraldine Laurent 4tet Rousselet / Philippe Soirat)
au 28) Giddens
Petit Journal Saint-Michel (Paul Lay / yoni Zelnik / Donald
Kontomanou) MARDI 26 / 01 SAMEDI 30 / 01
Marcel Zanini Group avec Baiser Salé Brice Wassy /
Marc-Edouard Nabe Baiser Salé Ellinoa Wanderlust
x/DR
SAMEDI 9 / 01 Ensemble Jean-Jacques Elangué Kelin-
Sunset Pierre Sibille Trio / Jon
Baiser Salé Adrien Small Cave du 38 Riv’ Jean-Baptiste Kelin’ orchestra
handeslman
Players, Foksafunk Sunset Michele hendricks
Sunside véronique hermann
Sambin 5tet avec xavier
Carré de Baudoin Conférence
sur “Underground” de
Kind of Bleu hardy Trio
Sunside Didier verna 4tet Septet (voir au 29)
Sunside Tord Gustavsen Trio
Richardeau Thelonious Monk avec Laurent le 22 janvier, le projet “Wasteland” MERcREDI 27 / 01 (Simin Tander / Jarle vespetad)
MERcREDI 30 / 12
De Wilde du trompettiste Antoine Berjeaut Baiser Salé Mario Canonge
Radio France Flash Pig (avec Mike ladd, Naïssam Jallal, / Michel Zenino, xavier DIMANchE 31
Baiser Salé François (Maxime Sanchez / Adrien
Constantin Salsa Project David Neerman, Stéphane Kerecki, Roumagnac Eklectik Band (avec Sunside Tord Gustavsen Trio
Sanchez / Florent Nisse / Lisa Cat-Berro) (voir au 30)
Caveau de la huchette Drew Gautier Garrigue), Frédéric Sylvain Daniel et Fabrice Moreau)
Davies hotdoggers Loiseau Trio (Benoît Sourisse /
Caveau des légendes sera l’un des moments forts du
André Charlier)
Fabien Mary / Luigi Grasso / festival Du Bleu en hiver, qui se
yves Brouqui / Adam over / DIMANchE 10 / 01 tiendra du 21 au 23 à Tulle.
îLE-DE-FRANCE
Stéphane Chandelier Sunset Jazz & Goûter fête
Duc des lombards Da Romeo Broadway AlFoRTVIllE, Pôle Culturel le 1er/12 Projection, Jam
Crazy Moondog Band (voir Sunside virginie Côte 7tet d’Alfortvile (01 58 73 29 18) Session
au 28)
le 27/1 Ibrahim Maalouf le 19/12 Alessandro Sgobbio
Petit Journal Saint-Michel LUNDI 11 / 01 Kalthoum 5tet (Mark Turner / Charm Trio
Super Swing Project (Jérôme New Morning Lucky Peterson
Etcheberry / Daniel Barda / Louis
Mazetier / Charles Prévost)
6tet
Sunside vintage orchestra
ÇA JAMME À PARIS Frank Woeste / Scott Colley /
Clarence Penn)
le 9/1 Stefan Patry / Christian
Brun / Richard Portier
le 23/1 xavier Desandre
Sunset Stefan Patry Trio avec AuVERS-SuR-oISE, Maison Navarre 4tet (Stéphane
Gilles Renne MARDI 12 Dimanche Babilo A 19h jam session brésilienne
avec Sorriso / Thierry Chillon / Charles Amed de l’île (06 48 17 66 89, Guillaume / Emil Spanyi /
Sunside Sara Lazarus 4tet Baiser Salé Ralph Lavital auversjazz.com) Stéphane Kerecki)
(Alain Jean-Marie / Gilles Project, yoann Kempst Band Barry / Murillo. Baiser Salé A 21h autour
Romain Labaye (programme Jeff Beck avec le 12/12 Nina van horn, Lefty
Naturel / Philippe Soirat) Dom et Lionel Da Silva ÉlANCouRT, Le Prisme (01
MERcREDI 13 / 01 Jo Champagnon, François Faure et Archibal
Ligonnière le 13 décembre), autour de vincent 30 51 46 06, leprisme.sqy.fr)
JEUDI 31 / 12 Baiser Salé Mario Canonge /
Tortiller le 20 décmebre, le 17 janvier. Caveau BAGNEux, Maison de la le 12/12 Thomas Enhco
Baiser Salé François Michel Zenino, Rick Margitza
des oubliettes A 22h blues autour de Phil Musique et de la Danse le 26/1 Baptiste Trotignon
Constantin Cuban Project 4tet (voir au 9/12)
Fernandez. Sunside A 20h concert de Mathile le 6/12 Edouart Ferlet / Jean- Trio (Thomas Bramerie / Jeff
Caveau de la huchette Drew Cave du 38 Riv’ Zelda And
The Lions suivi d’une jam (programme Gregory Porter le 13 Philippe viret / Fabrice Moreau Ballard)
Davies Swing Party
Jazz Club Étoile Show Time Sunside Alex Monfort Trio décembre, Ella Fitzgerald le 3 janvier).
Lundi Baiser Salé A 21h30 autour de François ChEVIlly-lARuE, Maison Léo FoNTENAy-SouS-BoIS, Le
Petit Journal Montparnasse Ferré (01 45 60 18 00) Comptoir (01 48 75 64 31,
JEUDI 14 / 01 Constantin (hommage à Michael Brecker par
PJM orchestra yannick Soccal / Michel Alibo / Loïc Ponthieux les le 18/12 Alain Jean-Marie, musiquesaucomptoir.fr)
Petit Journal Saint-Michel Baiser Salé Rick Margitza 4tet,
Christophe Wallemme om 5tet 7, 14, 21 décembre, hommage à Eddie Palmieri Mario Canonge, Nicolas Privat le 4/12 Guillaume De Chassy
Eric Luter Quintet avec Fabio Deldongo, Francis Arnaud et Felix Silences Trio (Thomas Savy /
Sunset Rhoda Scott “Lady” (voir au 17/12)
Toca le 28 décembre). Cave du 38 Riv’ A 18h30 ClIChy-SouS-BoIS, L’Espace Arnault Cuisinier)
4tet (Sophie Alour / Lisa Cat- niveau moyen et amateurs timides. A 20h30 93 victor-hugo (01 43 88 96 le 6/12 David Gastine Trio
Berro / Julie Saury) / Géraldine DIMANchE 17 / 01
Sunset “Jazz & Goûter fête autour du Julien Coriatt Trio pour expérimentés 04, clichy-sous-bois.fr) le 18/12 Claude Tchamitchian
Laurent et pros. Sunset A 21h avec Michael Chéret le 5/12 Didier Ithursarry / 6tet (Géraldine Keller / Daniel
Sunside Matthieu Boré New Nina Simone” par Raphael Atlan
Théâtre de la Reine Blanche vandojam (programme Eddie harris le 7 oboman Erdmann / François Corneloup
orleans Band décembre, Charlie Parker le 11 janvier ), avec / Philippe Deschepper /
Ciné Concert “Les Larmes du6”
(voir au 9/12) Laurent Courthaliac (programme Sonny Rollins le CoNFlANS-SAINTE- Christophe Marguet)
VENDREDI 1ER / 01 21 décembre). hoNoRINE, Conservatoire
Sunside Philomène Irawaddy
Sunset Rhoda Scott “Lady” Trio Mardi Café universel A 21h avec Mathide Jazz (01 39 19 88 98, ISSy-lES-MoulINEAux,
4tet (voir au 31/12) 4tet le 1er, Robin Masanti le 8, yuta Segawa le jazzauconfluent.fr) River Café (01 40 93 50 20,
MARDI 19 / 01 15. Baiser Salé A 20h jam vocale autour de le 5/12 Paul Jarret 5tet rivercafe.fr)
SAMEDI 2 / 01 Baiser Salé Theorem of Joy, Laurence Saltiel, Thierry Peala et Laura Littardi le 16/1 Dreisam Trio le 4/12 Trio NhF + 2
Sunset Rhoda Scott “Lady” Gustave Reichert Project plus rythmique le 15 décembre. le 11/12 Matthieu Boré 4tet
4tet (voir au 31/12) Sunset Aurélie & verioca Mercredi Caveau des oubliettes A 22h soul CouRBEVoIE, Espace le 8/1 Aurore 5tet
Sunside Mina Agossi 4tet autour de Rachi Guissous. Carpeaux (01 47 68 51 50, le 15/1 Geraldine Laurent &
MERcREDI 20 / 01 Jeudi Cave du 38 Riv’ A 18h30 pour amateurs sortiracourbevoie.com) Pierre Christophe 4tet
DIMANchE 3 / 01 Baiser Salé Mario Canonge / et timides. A 20h30 avec Benoît Martin (tous le 7/12 Minor Sing
Sunset Jazz & Goûter fête Michel Zenino niveaux, acoustique). le 10/12 omar Sosa JoINVIllE-lE-PoNT, Péniche
Django Reinhardt Vendredi Cave du 38 Riv’ A 22h30 autour d’un le 4/1 Aurore voilqué Trio Le Lapin vert (06 03 77 79 26,
Sunside hommage à Ella VENDREDI 22 / 01 thème déterminé. (Rocky Greset / Julie Saury) / lelapinvert.com)
Fitzgerald avec Mathilde & Jam Baiser Salé Doho (Brian & Loïc Samedi Cave du 38 Riv’. 22h30 programme Rhoda Scott le 5/12 Skaner, We Shot
vocale Seznec) brésilien. Duc des lombards à 23h30 autour du le 11/1 Clarinet Unlimited le 10/1 organic 5tet, G!rafe
Sunside Antonio Farao 4tet Felipe Cabrera Trio le 5décembre, Jon Boutelier le 18/1 Mathilde 5tet avec
MARDI 5 / 01 (olivier Témime / Sylvain Trio ou 4tet les 12 et 19. Thimothée Quost et vladimir lE PERREux-SuR-MARNE,
Baiser Salé Cynthia Abraham, Romano / Laurent Robin) Médail Centre des Bords de Marne (01
Fred Perreard Project avec le 24 Jam Session 43 24 54 28, cdbm.org)
Baptiste herbin SAMEDI 23 / 01 le 4/12 Jean-Marie Machado
Cave du 38 Riv’ Thomas Baiser Salé Doho (Brian & Loïc CouRTRy, L’Écoutille (01 60 / Didier Ithursarry, Jean-Marie
Beuf Trio Seznec) 08 38 48, lecoutille.com) Machado Impulse Songs 5tet
PANNoNICA.CoM
Collignon Brandlmayr, Meryll Ampe
le 5/12 Laurent Dehors 5tet le 17/12 Cheveu, d’enregistrements consacrés à l’impro totale, un concert à Sons d’hiver pour
(Gérald Chevillon / Christelle Télédétente 666 célébrer son inséparable complice Michel Portal : l’infatigable se confie.
Séry / Bastien Still / Jean-Marc le 18/12 Cheveu, Les
Quillet) / Élise Caron, Band of hôpitaux
Dogs (Jean-Philippe Morel /
Philippe Gleizes) / Marc Ducret PANTIN, La Dynamo D’où vient l’idée de ces disques Se souvenir de ce qui n’est pas encore
le 10/12 Estreilla 4tet, Wax’in (01 49 22 10 10, consacrées à l’improvisation ? arrivé. J’y ajoute la relation avec l’autre,
(Médéric Collignon / Christophe banlieuesbleues.org) Du désir de laisser des traces de cette le musicien, le spectateur. Ce qui me
Godin / Philippe Bussonnet / le 1er/12 Chromb!, Electric déviation bifurcation itinéraire-bis plaît dans l’improvisation, c’est la porte
Franck vaillant) vocuhila, Raphaël Schwab
le 11/12 Denis Badault, / Julien Soro, Un Poco Loco musical qu’est uzeste. Par amitié, laissée ouverte entre connaissance et
Wax’in (voir au 10) (Fidel Fourneyron / Geoffroy solidarité, tous les copains musiciens, ignorance. Improviser, c’est converser,
le 12/12 Daniel Erdmann / Gesser / Sébastien Beliah) artistes y viennent pour faire chavirer plus donc moins conserver. Si cela peut
Claude Tchamitchian / henri le 3/12 Le Sacre du Tympan
“Neil young Never Sleeps” ce festival depuis quarante ans. on arriver spontanément d’improviser,
Texier / Christophe Marguet,
Wax’in (voir au 10) le 10/12 Joce Mienniel / n’en avait pas de trace tangible pour on ne s’improvise pas spontanément
le 17/12 Serge Adam / Tania Aymeric Avice / Sylvain Rifflet, marquer la singularité des musiques ici improvisateur. Au temps de Bach, ça
Pividori / Christelle Séry, Daniel vincent Courtois / Robin fabriquées. uzeste ça ne vaut rien, donc improvisait dur. Mais avec la création
humair Trio (vincent Lê Quang / Fincker / Daniel Erdmann
le 12/12 Soirée Fela ça n’a pas de prix. on n’y est pas soumis des conservatoires on a codifié la
Stéphane Kerecki)
le 18/12 Benjamin Moussay / Anikulapo Kuti à compétence. Aucune pression, juste de musique. le jazz a réanimé l’impro. Pour
Michel Benita Simon Goubert, le 18/12 Jac Berrocal / David l’expression. on s’y amuse, on y titille la mes enregistrements, je fais appel à
Panzerballett, Drh Fenech / vincent Epplay, Wild Muse. on ne se prend pas la tête mais des interprètes de leur propre partition
le 19/12 Roberto Negro / Classical Music Ensemble
Theo Ceccaldi, henri Texier Sky le 12/1 The Afrorockerz / c’est du sérieux, le fait d’artistes. le humaine. Quand je joue avec Sylvain [Luc]
Dancers 6tet (Sébastien Texier / Magic Malik moment est venu de graver des choses. ou Michel [Portal], c’est comme si on se
François Corneloup / Nguyên Lê le 20/1 Julien Desprez Des duos pour commencer, une collection jetait dans le vide à deux, dans l’instant.
Acapulco Redux, Martin on découvre alors que l’on peut voler !
/ Armel Dupas / Louis Moutin)
Messier’s Projectors
de mano à mano entre compagnons du
MAlAKoFF, Salle des fêtes
doute, artistes instigateurs, partenaires Comment appeler ça ? Du jazz ? De la
Jean-Jaurès RoMAINVIllE, Espace solidaires salutaires on les a baptisés musique contemporaine ? Qu’importe. Je
le 10/1 Raphaël Schwab / Jacques Brel (01 49 15 “les Dialogiques d’uzeste”, ou l’art du relie ce boulot à un jazz instinctif cognitif.
Julien Soro 55 39)
le 2/12 Ensemble Archimusic dialogue improvisé. Bien entendu il sera Dans la musique improvisée telle que je
MAlAKoFF, Théâtre 71 “Mizik A Kompè” toujours question d’enregistrements live, l’entends, je sens toujours le tambour
(theatre71.com) sans filet, musiques sans papier 100 % ancestral résonner en moi.
le 15/1 xavier Desandre RuEIl-MAlMAISoN, Salle improvisées. A propos de tambour vous allez ajouter
Navarre 4tet (Stéphane Cabaret Ariel (01 47 41
88 50) comment choisir les musiciens pour hamid Drake au duo avec Michel Portal
Guillaume / Emil Spanyi /
Stéphane Kerecki) le 5/12 Sébastien Giniaux coller à une telle philosophie d’action ? lors de la prochaine édition de Sons
5tet À uzeste, lorsqu’on lâche les chevaux, je d’hiver. Que peut apporter un batteur
MANTES-lA-JolIE,
VIllEJuIF, Maison Pour Tous
le sens, les musiciens se font plaisir, le afro-américain à Lubat ?
Auditorium de l’ENM (01 34 77 public se régale. Pour ces disques live, Moi je suis un musicien blanc pas clair,
88 88, camy-info.fr) Gérard Philipe
le 4/12 Jean-Luc Fillon / (01 46 86 08 05) j’ai simplement choisi les musiciens par réveillé à moi-même par la musique
Benoît de Mesmay / Abraham le 17/12 Maurey Richards, affinité… élective. Des types qui savent afro- américaine, Bud Powell, Kenny
Sweet Screamin’ Jones, Dan
Mansfarroll / yoann Loustalot
Boney Fields 5tet prendre des risques, capables de se Clarke, John Coltrane et tout le toutim.
projeter dans l’inconnu. Je n’ai jamais Drake je le trouve formidable à la
forcé personne à venir à uzeste. Dans batterie. la première fois, au Mans, on
RéGION mon village jouent ceux qui en ont fait s’est éclaté. un gars du tambour, un
le choix. Comme dit René Char, à uzeste musicien très libre, cadré, décadrant. Il
ABBARETZ, Le Jazz-Club le 29/1 Ibrahim Maalouf on « n’entre pas sans désir ». Sylvain a le tempo terrible mais peut le bazarder
(02 28 05 01 95) Kalthoum 5tet (Mark Turner / luc fait partie de ceux-là : le premier tranquille. Imaginer l’ami Portal là,
le 08/12 Julien Lallier / Frank Woeste / Scott Colley / volume de la série “Dialogiques”, à sortir au milieu, j’en salive d’avance. Drake,
Charlotte Wassy Clarence Penn) prochainement, est un duo enregistré j’espère bien l’attirer à uzeste histoire de
AIx-EN-PRoVENCE, Le à l’Estaminet avec lui, “Intranquille”. faire partager son swing vertige. •
AllèGRE-lES-FuMADES,
Petit Duc (04 42 27 37 39, Suivront en 2016 un Sclavis-lubat, puis Au MiCro : roBert lAtxAGue
La Maison de l’Eau
lepetitduc.net)
(04 66 24 96 02) un Portal-lubat, toujours avec l’appui de
le 4/12 Céline Bonacina Trio Cristal Records. Des concerts dans ce CD “Improvisions” (Cristal Records /
le 22/1 Julien Baudry et le 5/12 Céline Bonacina Trio
Perrine Mansuy registre de la liberté assumée, en direct, harmonia Mundi (ChoC)
AMIENS, Le Safran face au public. Sans concession. CoNCERT lubat / Portal / Drake le
AIx-lES-BAINS, Théâtre du (03 22 69 66 00) Quelle est votre définition de 31 janvier à Paris (Sons d’hiver, Cité
Casino (04 79 88 09 99) les 19, 20/1 Dhafer youssef universitaire).
l’improvisation musicale ?
ANNECy, Bonlieu Scène BlAGNAC, odyssud (05 61 71 les 18, 19, 20/1 Airelle
Nationale (04 50 33 44 11) 75 15, odyssud.com) Besson / Baptiste Trotignon
le 29/1 Lisa Simone 4tet les 15-16/12 Ibrahim Maalouf le 16/1 Airelle Besson 4tet
(hervé Samb / Reggie Kalthoum 5tet (Mark Turner / (Isabel Sörling / Benjamin
Washington / Sonny Troupé) Frank Woeste / Scott Colley / Moussay / Fabrice Moreau)
Clarence Penn)
ANNECy, Jazz Club / hotel DIJoN, Bistrot de la Scène (03
Novel (04 50 23 75 74, BouGuENAIS, Piano’cktail 80 67 87 39, bistrotdelascene.
jazzclubannecy.com) (02 40 65 05 25) fr)
le 9/12 Franck Avitabile Trio le 9/12 Didier Lockwood “Les le 3/12 Ralph Moore 5tet
(Mathias Allamane / Matthieu violons Barbares & Guo Gan” (Michael Chéret / olivier
Chazarenc) Truchot / Fabien Marcoz /
BREST, Le Quartz Andrea Michelutti)
ANNECy, Impérial Palace (02 98 33 95 00, lequartz.com)
(04 50 09 30 00) Du 1er au 5/12 Erwan Keravec DIJoN, La vapeur (09 63 03
les 2, 6/1 Antoine Laville Trio Blind 4tet (Raphaël Quenehen 50 87, mediamusic-dijon.fr)
/ hélène Labarrière / Philippe le 20/1 xavier Desandre
ANNECy-lE-VIEux, MJC des Foch) Navarre “In Puls” 4tet
Carrés (04 50 23 43 48) (Stéphane Guillaume / Emil
le 12/12 Gil Lachenal Group BRIANÇoN, Théâtre du Spanyi / Stéphane Kerecki)
Briançonnais (04 92 25 52 42)
ANNoNAy, La Presqu’île Smac le 15/12 Dhafer youssef DuNKERQuE, Le Bateau Feu
07 (04 75 33 15 54) (03 28 51 40 40)
le 15/1 Julien Lourau / CAEN, Conservatoire le 1er/12 Bruno Tocanne-
Bojan Z (02 50 08 62 44, cjbn.fr) Bernard Santacruz Grand
le 4/12 Whahay Trio (Robin Ensemble “Escalator over
ARGENTAN, Le Quai des Arts Fincker / Paul Rogers / Fabien The hill”
(02 33 39 69 00, quaidesarts. Duscombs)
fr) ÉPINAl, Lavoir Théâtre
le 19/12 Fabrice Martinez CAEN, Théâtre (02 31 30 48 00) (03 29 31 04 85)
“Chut !” (Stéphane Barthelt / le 9/12 Gaël horellou / le 12/12 Pierre Bensusan
Fred Pallem / Eric Echampard) Frédéric Nardin / Antoine
Paganotti organ Trio ÉPINAl, Théâtre Municipal
AuBAGNE, Théâtre Comoedia le 19/12 olivier Louvel Trio (03 29 31 04 85)
le 9/1 xavier Desandre (Gilles Coquard / Nicolas le 16/1 yves Roussseau
Navarre 4tet (Stéphane vicarro) / Alex Tassel Akasha 4tet (Jean-Marc Larché
Guillaume / Emil Spanyi / le 6/1 xavier Dor-Marthouret / Régis huby / Christophe
Stéphane Kerecki) 4tet / Jerry Edwards Marguet)
le 16/1 Airelle Besson 4tet
AuxERRE, Cantinallegra (Isabel Sörling / Benjamin ÉVIAN, La Grange au Lac (04
(03 86 34 28 47, cantinallegra. Moussay / Fabrice Moreau) 50 71 39 47, mal-thonon.org)
com) le 5/12 Gregory Porter
le 5/12 Malo Mazurié Trio / CAEN, La Poterne
Aurore voilqué le 10/12 Gaël horellou 4tet GRATENTouR, Salle
le 17/12 David Sauzay / Pablo Polyvalente
AuxERRE, Le Silex Campos le 4 /12 Didier Labbé 4tet
DÉCEMBRE VEN 18 / 20H
• 15€ EN PRÉVENTE/ 18€ ET 15€ SUR PLACE *
(03 86 40 95 40, lesilex.fr)
le 18/12 henri Texier hope
4tet (Sébastien Texier /
CAEN, Bistrot du Palais
le 18/12 David Sauzay invite
GRENoBlE, MJC Les
Allobroges (04 76 42 56 96)
MAR 1er / 20H • GRATUIT SUR RÉSA * COLLECTIF MU : 2E FESTIVAL François Corneloup / Louis Pablo Campos le 3/12 Théo Philippe 5tet
JAZZ MIGRATION 2016 MAGNÉTIQUE NORD Moutin) le 10/12 Franck Avitabile Trio
JAC BERROCAL - VINCENT CAEN, yoota (Mathias Allamane / Matthieu
CHROMB! + ELECTRIC AVIGNoN, Ajmi (04 90 86 08 le 19/12 David Sauzay invite Chazarenc)
VOCUHILA + SCHWAB - SORO EPPLAY - DAVID FENECH 61, jazzalajmi.com) Pablo Campos
+ UN POCO LOCO + WILD CLASSICAL MUSIC le 3/12 Cosmicmaurel Trio GRENoBlE, La Soupe aux
ENSEMBLE le 11/12 Chassol CANNES, MJC Picaud (04 93 Choux (04 76 87 05 67,
les 16/12 et 6/1 Ajmimôme 06 29 90) jazzalasoupe.fr)
JEU 3 / 20H30 • 14€ / 10€ / 8€ les 17/12 et 15/1 Jam le 16/12 Akosh S. / Sylvain le 12/12 Five For Fun
LE SACRE DU TYMPAN
NEIL YOUNG NEVER SLEEPS JANVIER le 10/1 Bruno Angelini
le 17/1 Soizic Lebrat
le 21/1 Ciné (Jazzmin’ The
Darrifourcq
EN DIRECT
Du JAZZ James Brandon Lewis
magazine
Le souffle créateur
Dans le sillage de ses deux albums sur okeh, James Brandon
lewis présentait son nouveau trio à Toulouse le 23 octobre,
dans le cadre de Jazz sur son 31. Avec ces deux jeunes QuIMPER, Ceili Pub 05, dixiedayssainteadressele-
havre.blogspot.com)
le 24/1 Jean-Marc Padovani
le 20/12 Jam Session Bab Cantilène (Paloma Pradal
musiciens de Washington, le ténor a livré une performance le 17/12 Jean-Baptiste / Naissam Jalal / Alain Bruel
d’une intensité renversante. REIMS, La Cartonnerie Gaudray / Pierre Touquet / / Frédéric Monino / Dawoud
(03 26 40 90 69, jazzus.fr) / Bernard Cochin / Franck Bounabi)
les rythmes du hip-hop, la liberté d’un ornette Coleman, une sonorité le 11/12 Ibrahim Maalouf Enouf
“Red & Black Light” (Eric
apte à chasser toute pensée négative de l’atmosphère (songez à Sonny Legnini / François Delporte / SAllANChES, Centre TouRS, Le Petit Faucheux (02
Rollins, Albert Ayler, oliver lake) : voilà quelques-uns des éléments du Stéphane Galland) Culturel Léon Curral 47 38 67 62, petitfaucheux.fr)
le 30/1 Ibrahim Maalouf le 16/12 Alban Darche
style de James Brandon lewis (ts). Chez lui comme chez ses partenaires
REIMS, Théâtre du Chemin Kalthoum 5tet (Mark Turner / orphicube
luke Stewart (basse électrique) et Warren G. Crudup III (batterie), se vert (03 26 40 90 69, Frank Woeste / Scott Colley /
fait jour une fureur de jouer – de vivre même – qui le tient à l’écart de jazzus.fr) Clarence Penn) VAlENCE, Jazz Action
toute concession ou renoncement. Tel un prédicateur mu par quelque le 18/12 Michel Godard Trio valence (04 75 78 50 86,
souffle céleste, lewis manifeste une foi totale dans le pouvoir expressif SAloN-DE-PRoVENCE, jazzactionvalence.com)
RoMANS-SuR-ISèRE, La Imfp (04 90 53 12 52) le 11/12 Duo G, Dankin Duo
et bienfaisant de la musique ; une absence de second degré qui n’exclut Cordonnerie (04 84 35 03 80) le 1er/12 Gilad hekselman
toutefois pas l’humour. le set est conçu comme un pèlerinage, et les le 3/12 Magic Malik / op.Cit Trio (Joe Martin / Kush VAlENCE, Sur le Grill
compositions font appel à toute l’histoire de la musique afro-américaine, le 30/1 Mario Muci, World Abadey), ombre Trio
Kora Trio (04 75 86 14 50)
de Dexter Gordon à J Dilla en passant par Don Cherry, Digable Planets TAlANT, Complexe Eyquem le 16/1 Nguyen Lê Fire And
et l’A.A.C.M. (lewis a notamment été formé par Wadada leo Smith). la RouEN, hangar 23 (02 32 76 (jagoblues.com) Water Trio (Chris Jennings /
prestation en a laissé plus d’un sur le séant, et le rappel a fini d’essorer 23 23, hangar23.fr) le 1er/12 Chicago Blues Stéphane Edouard)
le 1er/12 Airelle Besson / Festival
l’auditoire avec un déluge percussif issu du rock associé aux gifles Nelson veras VIllEFRANChE-SuR-SAÔNE,
cinglantes du free jazz, selon une tradition rentre-dedans toute new- le 18/12 Élise Caron ToulouSE, Espace Croix- Auditorium (04 74 60 31 95)
yorkaise. Par son jusqu’auboutisme, la démarche était de nature à le 16/1 Cecile McLorin / Baragnon (05 62 27 60 60) le 4/12 Renaud Garcia-Fons
provoquer la discorde. le contraire s’est produit. Elle a rencontré son Aaron Diehl Trio le 3/12 Endless le 6/1 Dider Lockwood
le 21/1 Sylvain Darrifourcq “Improvisible”
public, suscité un vif enthousiasme et mis tout le monde d’accord. RuMIlly, Quai des Arts / Théo Ceccaldi / valentin
Spirituel, funky, extrêmement spontané et éminemment réfléchi, voilà (04 50 64 69 50) Ceccaldi
VIllEFRANChE-SuR-SAÔNE,
un jazz urgent, essentiel, qu’il faut découvrir sur scène. l’incontestable le 15/12 Sonia Wieder-
Atherton ToulouSE, Jazz au Mercure Théâtre (04 74 68 02 89)
révélation de cette 29e édition. • dAVid CriStol le 30/1 Sandra Nkaké / (jazzaumercure.com) le 4/12 Melody Gardot
Jî Drû les 16, 17/1 Nicolas Gardel
/ Philippe Léogé VIllENEuVE-D’ASCQ, La
SAINT-ÉTIENNE, Le Fil (06 Ferme d’En haut (03 20 61
27 49 10 99, gagajazz.com) ToulouSE, Pause Musicale 01 46)
le 6/12 Pulcinella le 3/12 Didier Labbé 4tet le 6/12 Dextrobolus
le 10/1 Sylvain Cathala Trio
SAINT-ÉTIENNE-Du- ToulouSE, Théâtre du Pavé (Sarah Murcia / Christophe
RouVRAy, Le Rive Gauche (theatredupave.org)
Lavergne)
(02 32 91 94 94) le 12/12 East West Trio
le 10/12 Laurent Dehors (Sylvain Kassap / Didier Petit
Tous Dehors / xu Fengia) VITRollES, Le Moulin à Jazz
(04 42 79 63 60, charliefree.
SAINT-NAZAIRE, Scène ToulouSE, Jazz au Mercure com)
Nationale (jazzaumercure.com) le 12/12 Fabrice Martinez Chut
le 17/12 Stéphane Belmondo les 12, 13/12 Guillaume ! 5tet (Fred Escoffier /Stéphane
/ Jesse van Ruller / Thomas Nouaux New orleans Trio Bartelt / Fred Pallem / Eric
Bramerie Echampard)
ToulouSE, Cave Poésie
SAINT-PRIEST, Château (04 les 22, 23, 29, 30/12 Didier VIVIERS, Cavajazz (04 75 90
72 28 79 55) Labbé 4tet “Echo à hermeto
le 14/12 David Bressat Trio Pascoal” 17 84, smac07.com)
le 4/12 hildegar Lernt Fliegen
SAINTE-ADRESSE, Espace TouRNEFEuIllE, Centre le 12/12 Gogo Penguin
Sarah Bernhardt (02 35 54 54 culturel le 30/1 Anne Quillier 6tet
éTRANGER
BELGIQUE Trio avec Alleman oSTENDE, vrijstaat o. In De
le 13/1 Eve Beuvens / Droge Coo
BRuxEllES, Flagey (+32 2 heptatomic le 13/12 Avishai Cohen Big
641 10 20) le 20/1 Labtrio Ny Project vicious
le 2/12 Tigran hamasyan avec Attias And hoffman
Trio le 27/1 Peter hertmans 4tet TuRNhouT, De Warande
le 13/1 Lisa Simone (hervé le 9/12 Avishai Cohen Trio
Samb / Reggie Washington / BRuxEllES, Bozar (+32 2 (Eden Ladin / Daniel Dor)
Sonny Troupé) 507 82 00)
le 14/1 Paolo Fresu Devil le 10/12 Avishai Cohen Trio SUISSE
4tet (Eden Ladin / Daniel Dor)
le 15/1 Bugge Wesseltoft, lAuSANNE, Chorus
henrik Schwarz, Dan Berglund GAND, handelsbeurs (+41 21 323 22 33)
le 21/1 Tord Gustavsen / Concertzaal (+32 9 265 le 3/12 François Lindemann
Simin Tander 91 60) Electric Equipe (Guillaume
le 22/1 Jef Neve / Nohlab le 30/1 Joachim Kühn Perret / Jeanlou Tréboux
/ Kenneth Dahl-Knudsen /
BRuxEllES, Jazz Station hASSElT, Cultuurcentrum Maxence Sibille)
(+32 2 733 13 78) hasselt le 4/12 François Lindemann
le 2/12 Ivan Paduart Trio le 8/12 yaron herman Ziv / Gauthier Toux / David Tixie
le 10/12 Jérémy Dumont Ravitz le 5/12 François Lindemann
RADIO TV
24 hEURES SUR 24 Tétreault / Isabelle Duthoit / ARTE, le 23/12 à 20h50 09 - JAN AUBAGNE ( 13 ) Théatre Comoedia · 20H30
Franz hautzinger Frank Sinatra, documentaire
TSF Jazz (89.9 Paris / 99.8 le 19/12 Liz Allbee 15 - JAN MALAKOFF (92) Théatre 71 · 20H30
Amiens / 98.5 Bourg-en- le 26/12 Élise Dabrowski / MEZZo (les temps forts 19 - JAN NEVERS (58) Salle Jean Jaures · 20H30
Bresse / 98.1 Cannes / 91.4 Claudine Simon du mois, mezzo.tv)
Chambéry / 97.7 Laval / 90.2 le 2/1 Cranc avec Angharad le 3/12 JAZZ ARChIvE 20 - JAN DIJON (21) La Vapeur · 20H30
Nevers / 98.1 Nice / 106.7 Davies / Rhodri Davies / Nikos 20h30 Stan Getz, Cannonball
orléans / 96.6 Poitiers / 89.5 veliotis Adderley, Jay Jay Johnson, 23 - JAN COURTRY (77) L’écoutille · 21H
valence) (tsfjazz.com) JAZZ CLUB, le vendredi de 1961, par JC Averty 05 - FÉV ÉPINAL (88) Lavoir Théâtre · 20H30
LES MATINS JAZZ, du lundi au 22h30 à minuit, par yvan Amar le 3/12 JAZZ MANoUChE
vendredi, de 6h à 9h30, par LES MERCREDIS DU JAZZ, le 21h05 Didier Lockwood / 20 - FÉV PARIS (75) Duc Des Lombards · 19H30 et 21H30
Etienne de villars & Mathieu mercredi de 20h à 22h30, par Biréli Lagrène, Jazz sous les
Beaudou Jérôme Badini Pommiers 2015
JAZZLIvE, du lundi au le 2/12 Ben Sidran 5tet 22h05 Costel Nitescu Trio,
vendredi de 20h à 00h, par le 9/12 Dominique Pifarély, Jazz sous les Pommiers 2012
Jean-Charles Doukhan Bruno Tocanne / Bernard le 9/12 JAZZ ARChIvE Photo : T. KUBISIAK · Graphisme : J. SPIELDENNER
LES LUNDIS DU DUC, le Santacruz “over The hills” 20h30 Erroll Garner, 1973,
lundi de 19h à 20h, en direct le 16/12 Jowee omicil, Erik réalisé par JC Averty
du Duc des Lombards, par Truffaz / Rokia Traoré le 9/12 SoIRÉE PIANo, JAZZ
Sébastien vidal et Laurent le 23/12 Amazing Keystone SoUS LES PoMMIERS 2015
Sapir Big Band 21h10 Tigran hamasyan
22h35 Go Go Penguin LE LOBE - CLAIRE BERGERAULT
JAMIE CULLUM ShoW, le le 30/12 Joshua Redman 4tet GUILLAUME SCHMIDT TRIO
mardi de 19h à 20h, par / vienna Chamber orchestra le 17/12 JAZZ ARChIvE ELODIE PASQUIER
Jamie Cullum oN NE PEUT PAS ToUT 20h30 Don Cherry, 1971 WASTELAND - ANTOINE BERJEAUT
PoRTRAIT IN JAZZ, le SAvoIR, le samedi de 15h à le 17/12 hoMMAGE À GÜZU
CHRISTIANE BOPP ET
mercredi de 19h à 20h, par 16h, par Arnaud Merlin oRNETTE CoLEMAN HÉLÈNE BRESCHAND
Laure Albernhe oPEN JAZZ, du lundi au 21h The Bad Plus joue MOOP
MADE IN ChINA, le jeudi de vendredi de 18h à 19h, par “Science Fiction” d’ornette MAGNETIC ENSEMBLE
Coleman, 2015 RAYMON LAZER
19h à 20h, par China Moses Alex Dutilh
BoN TEMPS RoULER, le le 1er/12 Imuzzic Grand(s) le 22/12 JAZZ ARChIvE
samedi de 19h à 20h, par Ensemble 20h30 Sidney Bechet, Dizzy
Jean-Jacques Milteau le 2/12 Bojan Z, Julien Lourau Gillespie, Stan Getz... 1958,
SI BEMoL & FADAISES, le le 3/12 Fabian Fiorini / Greg par JC Averty
dimanche de 19h à 20h30, houben le 31/12 JAZZ ARChIvE
par Pierre Bouteiller le 4/12 Guillaume de Chassy 20h30 Memphis Slim, 1973,
le 7/12 Das Kapital par JC Averty
SWING FM (101.2 Limoges / le 8/12 Daniel Bechet /
swingfm.asso.fr) olivier Franc MEZZo lIVE hD (les temps
le 9/12 Enrico Pieranunzi forts du mois, mezzo.tv)
JAZZ RADIo (97.3 Lyon / le 10/12 Nicolas Parent le 1er/12 MoNTRÉAL, 2105
jazzradio.fr) le 11/12 Alexandre herer / 20h30 Richard Galliano /
olivier Laisney Sylvain Luc
RADIoS NATIoNALES Du 14 au 18/12 Duke 21h35 Kurt Rosenwinkel, 2015
Ellington, la décennie 22h30 Nels Cline / Julian Lage
FRANCE INFo Columbia 1951-61 le 8/12 MoNTRÉAL 2015
TENDANCES JAZZ, le Du 21 au 25/12 Coleman 20h30 Melanie de Biasio
dimanche plusieurs fois par hawkins, les années 21h30 Dave Douglas / Shigeto
jour, par Anne Chépeau classiques (1922-47) / Jonathan Maron / Mark
Du 28 au 31/12 Earl hines, le Guiliana
FIP grand patron du piano jazz 22h30 Jaga Jazzist, 2015
CLUB JAZZAFIP, tous les jours le 29/12 Earl hines, le grand le 15/12 JAZZ À vIENNE
de 19h à 21h patron du piano jazz 2015
le 30/12 Earl hines, le grand 20h30 Maceo Parker
FRANCE INTER patron du piano jazz 21h30 Roy hargrove 5tet &
voUS AvEZ DIT CLASSIQUE ?, le 31/12 Earl hines, le grand yasiin Bey
du lundi au vendredi de 16h à patron du piano jazz 22h30 Esperenza Spalding
17h, par Elsa Boublil. Tous les le 29/12 JAZZ À vIENNE
vendredis consacrés au jazz RFI 20h30 The Daptone Super
L’ÉPoPÉE DES MUSIQUES Soul Revue, 2014 FESTIVAL TULLE
FRANCE MuSIQuE NoIRES, le dimanche à
À L’Improviste, le samedi 16h30, 22h10 et 3h30, par
de 23h à minuit, par Anne Joe Farmer
Montaron 11e édition
le 5/12 Pascal Contet / Jean- RTl www.dubleuenhiver.com
Marc Foltz L’hEURE DU JAZZ, le 05 55 26 99 10
le 12/12 Where Is The dimanche de 23h à minuit, par
Sun avec Dieb 13 / Martin Jean-yves Chaperon
Il y a
des gestes simples
qui sont
des gestes forts.
la leçon
Claudio Sessa signe ici un ouvrage remarquablement réfléchi, avec une certaine hauteur de vue. Comme dans son précédent
livre Le età del jazz. I contemporanei, l’approche de Sessa consiste en un très habile travail de travelling : à chaque période
examinée, il part d’un plan contextuel très large (sociologie, technologique, géographique, histoire générale) pour arriver aux mouvements
musicaux eux-mêmes, zoomant de manière très fluide sur une œuvre en particulier, avant de dézoomer pour revenir au déroulé historique.
Pas d’intellectualisme vain ici, mais une envie – dictée par la passion – de communiquer son regard singulier, celui d’un critique et
fin connaisseur du champ jazzistique dans toutes ses dimensions. C’est en italien ? Avec quelques petites connaissances de base, on
comprend facilement cette écriture claire, telle cette phrase prise au hasard (au sujet du label leo records) : « Il concerto di Berlino Est
diventa, in maniera rocambolesca, proprio il primo disco della Leo. » enrichissant ! • FrAnCk BerGerot
orneTTe coLeMan
L’Harmolodie
Strict système de théorie musicale ou philosophie plus ou moins hétérogène ?
Le terme proposé par Ornette coleman pour définir la révolution musicale
qu’il a déclenchée n’en finit pas de faire débat et de susciter interrogations et
récupérations les plus variées. Pourtant, il y a sans doute une manière d’approcher
cet art de la liberté de manière ludique et (relativement) claire ! démonstration.
exemple n° 2
Law Years
(Ornette coleman)
Un solo d’Ornette coleman
Interprété par
Bobby Bradford (tp),
ornette coleman (as),
dewey redman (ts),
charlie Haden (b),
ed Blackwell (dm).
new York,
columbia Studio e,
9 septembre 1971
pour l’album
d’ornette coleman
“Science Fiction”
(columbia).
Ce solo est un exemple parfait contraignant, du cliché, voire de l’idée générale de la direction à
de l’ambivalence majeur/mineur la méthode. Le bop est une base prendre, le soliste se prêtant ensuite
colemanienne autour d’un centre du langage harmolodique chez à nombre d’interprétations tout
tonal, et cela tout en restant en lien Ornette en tant que dynamique, en prenant une distance certaine
avec le jeu collectif et les propositions pas en tant que système. De même avec la notion d’“arrangement”.
des autres musiciens. Bien sûr, le pour le blues, dont la présence En unissant ainsi écriture et oralité,
bop est présent ici. Mais enchaîner évidente et perpétuelle a un fort Ornette se joue une nouvelle fois des
les plans bop en les modulant à l’envi pouvoir dynamique évocateur. Enfin, attendus de la musique occidentale,
n’auraient pas l’effet harmolodique reconnaissons à Ornette l’incroyable sans les contester, en toute liberté
escompté. L’harmolodie impose tout capacité, ici comme ailleurs, à unir de conscience. Ornette est tout à
de même une distance certaine avec composition et improvisation dans la fois continuateur, réformateur et
ce qui est de l’ordre du système un même objectif. Le thème donne révolutionnaire. • ri
160 pages
de lecture et de découvertes
passionnantes.
LE 8 OCTOBRE
Déja parus :
Food
This is not a miracle
Thomas Strønen
Thomas Strønen batterie, percussions,
moog, fender rhodes
Time Is A Blind Guide
Thomas Strønen batterie
Iain Ballamy saxophones
et percussions
Christian Fennesz guitare
Kit Downes piano
ECM 473 9039
Håkon Aase violon
Ole Morten Vågan basse
Lucy Railton violoncelle
Siv Øyunn Kjenstad percussions
John Abercrombie
Steinar Mossige percussions
The First Quartet
ECM 475 4115
John Abercrombie guitare,
mandoline
Richie Beirach piano
George Mraz contrebasse
Peter Donald batterie
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ECM 473 2437
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