LE TRAVAIL
Peut-on souhaiter ne pas travailler ?
Tension : activité pénible/contraignante → désir de ne plus travailler : légitime… Mais projet difficilement réalisable (salaire) Mais le
travail ne m’apporte-t-il qu’un salaire ? Ne sert-il qu’à satisfaire mes besoins ? Moyen de me réaliser ? D’être heureux ?
1) L’étymologie du mot
Oisiveté Travail
Ignorance Connaissance
Bonheur Malheur
Eternité Mortalité
Donc travail → répond d’abord à une nécessité vitale ou naturelle (besoins)… Mais peut aussi être vécu comme une
contrainte… (≠ obligation)
A l’inverse… tâches qui mettent en œuvre nos fins et nos capacités intellectuelles et morales → nobles.
ex : politique (fin : la justice (le bien commun) / moyen : la réflexion et le débat) ;
philosophie + sciences ( fin : la connaissance / moyen : la réflexion).
Travail = activité dégradante donc doit être réservé à des « instruments animés ».
Le travail n’a-t-il pas aussi une valeur en lui-même? N’est-il pas aussi ce par quoi nous nous réalisons en tant qu’être
humain ?
II. Le travail n’est pas qu’un moyen pénible de « gagner sa vie » : il permet aussi à l’homme
de s’accomplir
cf Paul Valéry
➥ objection à Aristote : Le travail n’est pas qu’une poïésis, c’est aussi une praxis !
Travail → une des nombreuses activités humaines que Pascal qualifie de « divertissement »
Ce concept → pas que activités plaisantes ou distrayantes. ethym : divertere (= « se détourner de… »)
• Divertissement :
Définition de « misère » selon Pascal :
- Nous ne cherchons pas les choses mais la recherche des choses (§ 713)
- Les hommes ne savent pas que c’est la chasse et non la prise qu’ils recherchent (§ 136)
= Ce que les hommes désirent, ce n’est pas l’objet, mais le désir de cet objet (→ caractère autotélique du désir)
ex de divertissement : travail (§ 136: « Donnez-lui tous les matins l’argent qu’il peut gagner chaque jour, à la charge
qu’il ne joue point, vous le rendez malheureux ») ; jeux (§136: « L’homme est si vain (…) que la moindre chose comme le
billard et une balle qu’il pousse, suffisent pour le divertir ») ; dangers de la guerre » (§773: « Rien ne nous plaît que le
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combat mais pas la victoire. ») + d’autres : activités intellectuelles (science, recherche…), sociabilité (fêtes,
conversation…)
• Inefficacité du divertissement :
→ Nous = fondamentalement misérables mais → choix d’oublier que nous le sommes (bonheur négatif)
+ en peinture, le genre de la Vanité : thématique du divertissement (sablier et bougie éteinte = fuite du temps et
caractère éphémère de toute chose / jeu de cartes, statue, casque guerrier, objets d’art = symboles de
divertissement / crâne = image de la mort qui attend chacun de nous - élément central )
3 sens :
- À la lettre : se faire exister réellement sous la forme d’une « chose » (en latin, res, rei)
- Devenir soi-même à travers l’objet qu’on a soi-même produit
- S’épanouir dans l’activité que l’on exerce
= donc goûter à une certaine forme de bonheur ou de contentement…
Mais comment rendre compte du bonheur ou de la satisfaction que nous procure le travail ?
cf Hegel : « L’homme éprouve une satisfaction à se reconnaître dans les choses qu’il a lui-même produites ou
transformées grâce à son travail. » + Esthétique introduction : pour soi ≠ en soi
ex du graffiti : comme activité pratique (agir sur le mur pour en modifier l’origine) // comme objectivation de l’identité
du graffeur (se l’approprier car y apposer sa signature, s’approprier un bien public : pas à nous)
➥ « Ce besoin de modifier les choses extérieures… » (travail = expression de ce besoin « spirituel ») → pas uniquement
nécessité matérielle ou économique
• Travail = pas simplement une mise en application routinière de règles ou de gestes codifiés :
règles techniques mais → l’expression de son identité ou de sa singularité = liberté créatrice
répétition du geste = pas une répétition à l’identique mais → progrès dans la réalisation de l’acte (amélioration
perpétuelle)
→ on fait mieux en répétant le geste (amélioration objective) et on devient meilleur en le faisant (amélioration
subjective = technique et morale)
→ Oui si art = technique (savoir-faire, apprentissage, règles) / Difficile à dire si art = entendu au sens « strict » (beaux
arts) (recherche plastique, beauté du geste, plaisir visuel)
Le travail dans notre société peut-il vraiment source d’épanouissement ? Le projet d’ « être heureux au travail » est-il
vraiment réalisable ? N’est-ce pas une idéologie au service du patronat ?
III. Il est difficile de trouver « souhaitable » de travailler car, dans nos sociétés modernes, le
travail semble incarner une nouvelle forme de servitude…
a.1. concept descriptif : rendre compte des mutations produites par le passage à une nouvelle organisation du travail
➥ mode de production capitaliste → nouvelle organisation du travail (travail manuel ou artisanal = travail mécanisé ou
industrialisé)
➥ division du travail ou travail « rationalisé » (fordisme, taylorisme → efficacité++)
ex : Charlie Chaplin, Les Temps Modernes (1936) L’h se sert-il de la machine ou en est-il asservi ?
→ rapport de l’homme à la machine = rapport d’asservissement. « Dans la manufacture et le métier, l’ouvrier se sert de
son outil ; dans la fabrique, il sert la machine » ( cf Marx, Le Capital, Livre I)
a.2. concept critique : dénoncer la possibilité d’une réalisation / reconnaissance de soi dans le travail (≠ Hegel)
Philo 5
➥ aliénation (=privé de) et l’impossibilité de se réaliser dans son travail - du latin alius (=ce qui est différent de,
étranger à)
DUEL
Marx (travail = dépossède l’homme de son essence, prive de sa liberté + homme : dépossédé de l’objet de son travail)
//
Hegel (travail = permet à l’homme de prendre conscience de qu’il est, produit un object qui est réellement « nôtre » +
homme : ne peut modifier la réalité extérieure (dc travailler) s’il n’est pas libre)
→ organisation d’une société : à travers des rapports de force (différentes classes sociales) qu’on peut ramener à deux
grandes classes, celle des exploitants et celle des exploités. et dernier stade = production / système capitaliste
2) Loisirs et consommation