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Cinématique du point.
Joël SORNETTE met ce cours à votre disposition selon les termes de la licence Creative Commons :
– Pas de communication à autrui sans citer son nom, ni en suggérant son autorisation.
1
RÉSUMÉ :
2
Table des matières
3
1 L’espace et le temps.
1.a L’espace.
En mécanique classique, on postule que l’espace peut être décrit comme un espace affine
euclidien à trois dimensions sur l’ensemble des réels, dont les éléments sont appelés points
et notés par des majuscules romaines.
Par expérience, les notions sur les espaces affines sont un peu floues, mais au lieu de nous
lancer dans une définition 1 hors de propos dans un cours de physique, contentons-nous de
rappeler les points essentiels pour la pratique qu’en font physiciens et géomètres
−−→
A deux points A et B de l’espace affine, on associe un vecteur noté AB de l’espace
vectoriel sous-jacent, appelé déplacement de A vers B et plus couramment vecteur AB. On
a les propriétés suivantes :
−→ → −
– Aller de A à A, c’est ne pas bouger, donc quel que soit le point A, AA = 0
– Aller de A à B puis de B à A revient à ne pas bouger donc quels que soient les points
−−→ −−→ → −
A et B, on a AB + BA = 0
– Si l’on va de A à B puis de B à C, on est finalement allé de A à C, donc quels que
−−→ −−→ −→
soient les points A, B et C, on a AB + BC = AC, relation connue sous le nom de
relation de Chasles.
– En choisissant un point particulier de l’espace affine appelé origine, couramment noté
point O, on établit une bijection entre l’espace affine et l’espace vectoriel en associant
−−→
à tout point M de l’un, le vecteur OM de l’autre, ce qui permet de définir les coor-
−−→
données du point M comme les composantes du vecteur OM sur la base de l’espace
vectoriel. Elles sont notées traditionnellement x, y et z et appelées respectivement
−−→
abscisse, ordonnée et cote. Le vecteur OM est appelé vecteur position.
– En conséquence de quoi, si les coordonnées d’un point A, identiques aux composantes
−→ −−→
de OA, sont (xA , yA , zA ), celles de B (comme celles de OB) sont (xB , yB , zB ), alors
−−→ −→ −−→ −−→ −→
les composantes de AB = AO + OB = OB − OA sont (xB − xA , yB − yA , zB − zA ),
−−→
ce qui relie les composantes de AB aux coordonnées de A et B.
Pour résumer de façon parlante, un espace affine, c’est un espace vectoriel avec une
origine. En fait, vous avez parfaitement la maîtrise de tout cela et vous manipulez les
espaces affines comme M. Jourdain faisait de la prose.
Le fait que l’espace vectoriel sous-jacent soit euclidien permet de définir le produit
scalaire de déplacements et surtout la norme d’un déplacement. A partir de là, on définira
1. A est un espace affine associé à l’espace vectoriel E, s’il existe une application ϕ de A × A sur E telle
que :
i) ∀ A ∈ A ∀ B ∈ A ∀ C ∈ A ϕ(A, B) + ϕ(B, C) = ϕ(A, C)
ii) ∀ A ∈ A ∀ V ∈ E ∃B! ∈ A ϕ(A, B) = V
Du point i), avec A = B on tire : ∀ A ∈ A ϕ(A, A) = 0E
et avec C = A on tire : ∀ A ∈ A ∀ B ∈ A ϕ(B, A) = −ϕ(A, B)
Du point ii) avec O ∈ A, on tire que l’application fO de A dans E définie par :
∀ M ∈ A fO (M ) = ϕ(O, M ) est une bijection.
4
−−→
la distance 2 d(A, B) entre deux points A et B de l’espace affine par d(A, B) = kABk.
Bien sûr, on choisira systématiquement, dans l’espace vectoriel, une base orthonormée
de trois vecteurs notés traditionnellement soit → −
ex , →
−
ey et →
−
ez , soit −
→, −
u → −
→
x uy et uz , soit encore
3
(c’est plus récent) x̂, ŷ et ẑ. Dans ce cours, on utilisera la première version.
Le choix de cette base vectorielle et d’une origine O de l’espace affine définit un repère.
1.b Le temps.
En mécanique classique, on postule que le temps peut être décrit comme un espace
affine euclidien à une dimension sur l’ensemble des réels, dont les éléments sont appelés
instants ou dates. A un couple de deux instants, on associe un vecteur de R (considéré
comme espace vectoriel à une dimension), appelé durée ou intervalle de temps.
On choisit un instant initial, noté traditionnellement « l’instant t = 0 », tout instant
sera repéré par la durée écoulée depuis l’instant initial, un nombre réel donc, noté t. Et la
durée écoulée entre un instant t1 et un instant t2 est t2 − t1 .
On postule aussi que le temps ne peut être parcouru, à la différence de l’espace que dans
un seul sens, le sens croissant, c’est la célèbre « flèche du temps ». Quelque désagréable
que cela puisse être psychologiquement 4 , sans cela pas de causalité possible, car la cause
précède l’effet, donc pas de physique.
Il est dès lors impossible de comparer de visu les durées de deux expériences menées
à des dates différentes. On doit donc admettre et postuler que des expériences de mêmes
conditions initiales ont la même durée, ce qui permettra de gérer la physique par des
équations différentielles dont la variable est le temps. Ce postulat donne donc le seul moyen
de mesurer le temps : trouver un dispositif avec un fonctionnement cyclique de sorte qu’à
la fin d’un cycle, on soit revenu dans les mêmes conditions et donc que chaque cycle a la
même durée qui pourra servir d’unité de temps.
2 Vitesse et accélération.
2. Il est aisé de vérifier que c’est une distance au sens mathématique du terme, c’est à dire que l’on a
d(A, A) = 0, d(A, B) = d(B, A) et d(A, C) 6 d(A, B) + d(B, C) (inégalité triangulaire) ; c’est une simple
conséquence des propriétés de la norme dans l’espace vectoriel.
3. Ça permet d’éviter de payer un typographe de haut niveau, car c’est plus facile à réaliser.
4. « Où donc, où donc, avez-vous fui, jours dorés de ma jeunesse ? » (Alexandre Pouchkine dans
Eugène Onéguine).
5
du mouvement sera remplacé par l’abstraction d’un repère qui lui est solidaire. Reprenons
donc.
Imaginons un point mobile M par rapport à un repère Oxyz, noté par la lettre R dans
ce qui suit. Ses coordonnées dépendent donc du temps, notons-les x(t), y(t) et z(t).
On appelle vitesse de M par rapport au repère R (ou dans le repère R), la dérivée
−−→
temporelle du vecteur position OM , en considérant que les vecteurs de la base du repère
sont indépendants du temps. On note ainsi cette vitesse : →
−
v M/R (t). On a donc :
−−→
→
− dOM d
v M/R (t) = = [x(t) →
−
ex + y(t) →
−
ex + z(t) →
−
ex ]
dt dt
→
− dx → − dy →− dz →−
v M/R (t) = ex + ey + ez
dt dt dt
On utilisera la notation très répandue de la dérivée temporelle d’une fonction par un
point suscrit (ẋ pour dx
dt ). En allégeant un peu la notation de la vitesse et en mentionnant
la notation vectorielle (en indiquant le repère en indice), on écrit donc :
ẋ
→
−
v M/R →
− →
− →
−
= ẋ ex + ẏ ey + ż ez = ẏ
ż Oxyz
On appelle accélération de M par rapport au repère R (ou dans le repère R), la dérivée
−−→
temporelle seconde du vecteur position OM , en considérant que les vecteurs de la base du
repère sont indépendants du temps. On note ainsi cette accélération →
−
a M/R ou →−
γ M/R . On
note la dérivée seconde temporelle par deux points, soit un tréma. Donc :
−−→
→
− d2 OM d2
a M/R = = [x(t) →
−
ex + y(t) →
−
ex + z(t) →
−
ex ]
dt2 dt2
ẍ
→
− d2 x d2 y d2 z
a M/R (t) = 2 →
−
ex + 2 →
−
ey + 2 →
−
ez = ẍ →
−
ex + ÿ →
−
ey + z̈ →
−
ez = ÿ
dt dt dt
z̈ Oxyz
Le chapitre qui suit (B-II Dynamique du point) montrera que la dynamique n’a besoin
que des dérivées temporelles première et seconde.
3 Repères et référentiels.
Rien de bien original à dire sur les changements de repère de l’espace à un instant
donné, cela relève de l’analyse vectorielle avec une petite complication pour un espace
6
affine. Rappelons brièvement.
Soit un premier repère d’origine O et de vecteurs unitaires → −
ex , →
−
ey et →
−
ez et un second
0 −→ −
→ −
→
d’origine O et de vecteurs unitaires ex0 , ey0 et ez 0 . Pour tout point M de l’espace de
coordonnées (x, y, z) dans le premier repère et (x0 , y 0 , z 0 ) dans le second, l’on peut écrire,
en appelant (xO0 , yO0 , zO0 ) les coordonnées de O0 dans le premier repère, (axx , ayx , azx ) les
composantes de −e→ −
→ −
x0 dans la base du premier repère (et analogues pour ey 0 et ez 0 ) :
→
x→
−
ex + y →
−
ey + z →
−
ez = xO0 →
−
ex + yO0 →
−
ey + zO0 →
−
ez + x0 −
e→ 0−
→ 0−
→
x0 + y e y 0 + z e z 0
ce qui conduit aisément, on vous fait grâce des calculs, au résultat suivant mis sous forme
vectorielle :
0
x xO0 axx axy axz x
y = yO
0 + ayx ayy ayz
y0
z Oxyz zO0 Oxyz azx azy azz z 0 Ox0 y0 z 0
ce qui fait apparaître une matrice de passage dont il faut retenir la propriété essentielle
avec deux bases orthonormées, car elle simplifie les calculs, que son inverse (qui apparaît
dans l’expression de coordonnées dans le second référentiel en fonction de celles dans le
premier) est sa transposée. Appliquons cette propriété en multipliant la relation précédente
à gauche par la matrice inverse :
0
axx ayx azx x axx ayx azx xO 0 x
axy ayy azx y = axy ayy azx yO0 + y 0
axz ayz azz z Oxyz axz ayz azz zO0 Oxyz z 0 Ox0 y0 z 0
−−→
où le premier terme du second membre réalise le changement de base pour le vecteur OO0
et donne donc, au signe près, les coordonnées de O dans le second repère, c’est un moyen
de les calculer ; on peut donc réécrire :
0 0
x xO axx ayx azx x
y 0 0
= yO + axy ayy azx y
z 0 Ox0 y0 z 0 0
zO Ox0 y 0 z 0
axz ayz azz z Oxyz
7
3.b Changement de repère indépendant du temps. Référentiel.
Soit un repère R = Oxyz et un second repère R0 = Ox0 y 0 z 0 fixe par rapport au premier,
c’est à dire que O0 a une vitesse nulle par rapport à R et que les vecteurs de R0 ont des
composantes dans R fixes, donc que la matrice de passage entre les deux bases vectorielles
est indépendante du temps.
Imaginons un point M mobile par rapport aux deux repères, de coordonnées (x, y, z)
dans R et (x0 , y 0 , z 0 ) dans R0 . Ses vitesses par rapport aux deux repères sont :
vx ẋ
→
−
v M/R = vy
→
− →
− →
−
= ẋ ex + ẏ ey + ż ez = ẏ
vz R ż R
vx0 0
0
ẋ
→
−
v 0M/R0 0
= vy 0
0−
→ 0−
→ 0−
→
= ẋ ex0 + ẏ ey0 + ż ez 0 = ẏ 0
0
vz 0 R0 ż 0 R0
Dérivons maintenant, par rapport au temps, la relation qui lie (x, y, z) et (x0 , y 0 , z 0 ) en
tenant compte que la matrice de passage est invariable ainsi que les coordonnées de O0 dans
R, on y désignera par →−
v M/R R la vitesse par rapport à R exprimée par ses composantes
dans la base de R et autres notations analogues.
0
x xO 0 axx axy axz x
y = yO0 + ayx ayy ayz y 0
z R zO 0 R azx azy azz z 0 R0
0
ẋ axx axy axz ẋ axx axy axz
→
− →
−
v M/R R = ẏ = ayx ayy ayz ẏ 0 = ayx ayy ayz v 0M/R0 0
R
ż R azx azy azz ż 0 R0 azx azy azz
→−
Or v 0M/R0 , multiplié à gauche par la matrice de passage donne les composantes
R 0
de la vitesse par rapport à R0 par ses composantes dans R, d’où :
→
− →−
v M/R = v 0M/R0
R R
Les deux vecteurs ayant les mêmes composantes dans la même base sont égaux. On
s’aperçoit ainsi que les deux vitesses par rapport au deux repères sont égales et bien sûr,
il en est de même pour les deux accélérations, donc que remplacer un repère par un autre,
par rapport auquel il est immobile, ne change rien aux vitesses ni aux accélérations, donc
que les deux repères sont équivalents en ce qui concerne la cinématique.
Cela aura pour conséquence que deux repères fixes l’un par rapport à l’autre sont par-
faitement équivalents. Un ensemble des repères fixes l’un par rapport à l’autre ne définira
8
fondamentalement qu’une unique façon de définir un même «décor» par rapport on étudie
le déplacement d’un point M . Cet ensemble 6 sera appelé référentiel et sera en pratique
décrit par l’un quelconque de ses repères-éléments.
• Vecteur rotation.
d−
e→
= wxx −
e→ −
→ −
→
x0
x0 + wyx ey 0 + wzx ez 0
dt
d−
e→
= wxy −
e→ −
→ −
→
y0
x0 + wyy ey 0 + wzy ey 0
dt
d−
e→
= wxz −
e→ −
→ −
→
z0
x0 + wyz ey 0 + wzz ez 0
dt
Or −
e→ −
→2 → d−
− e→
x0
x0 est unitaire, donc ex0 = 1 et, en dérivant par rapport au temps, 2 ex0 · dt = 0 ;
en multipliant la première des expressions ci-dessus par − e→
x0 , on en déduit que wxx = 0 et
de même wyy = 0 et wzz = 0.
Or −
e→0 et −
x e→0 sont orthogonaux donc −
y e→0 · −
x e→0 = 0 et, en dérivant par rapport au temps,
y
d−
e→
x0 −→ −
→ d−
e→
y0
dt · ey + ex · dt = 0, et en utilisant les expressions ci-dessus, wyx + wxy = 0 et de même
0 0
wzx + wxz = 0 et wyz + wzy = 0. On peut donc noter Ω1 = wzy = −wyz , Ω2 = wxz = −wzx
6. On appelle en mathématique relation d’équivalence un relation binaire, notée par exemple ≡, telle
que :
i) ∀a a ≡ a, ii) ∀a ∀b (a ≡ b) ⇒ (b ≡ a) et iii) ∀a ∀b ∀c (a ≡ b et b ≡ c) ⇒ (b ≡ c)
et l’on appelle classe d’équivalence de a, notée ā, l’ensemble ā = {x|x ≡ a}
Un réferentiel est une classe d’équivalence de la relation « être fixe par rapport à » entre repères.
9
et Ω3 = wyx = −wxy et les relations précédentes se réécrivent ainsi :
−
de→
= Ω3 −
e→ −
→
x0
y 0 − Ω2 ez 0
dt
−
de→
= Ω1 −
e→ −
→
y0
z 0 − Ω3 ex0
dt
d−
e→0
z = Ω2 − e→ −
→
x0 − Ω1 ey 0
dt
→
−
Soit un vecteur V constant dans un référentiel relatif R0 = O0 x0 y 0 z 0 et projetons-le
→
−
ainsi V = Vx0 −e→ −
→ −
→
x0 + Vy 0 ey 0 + Vz 0 ez 0 . Sa dérivée par rapport au référentiel relatif est bien sûr
nulle, sa dérivée par rapport au référentiel absolu, est, en terminant le calcul sous forme
matricielle : →
−
d V d−
e→
x0 d−
e→
y0 d−
e→
z0
= V x0 + Vy0 + Vz 0
dt dt dt dt
R
→
−
d V
= Vx0 (Ω3 −
e→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→
y 0 − Ω2 ez 0 ) + Vy 0 (Ω1 ez 0 − Ω3 ex0 ) + Vz 0 (Ω2 ex0 − Ω1 ey 0 )
dt
R
→
−
Ω2 Vz 0 − Ω3 Vy0
d V
= Ω3 Vx0 − Ω1 Vz 0
dt
R Ω1 Vy0 − Ω2 Vx0
→
−
0 −Ω3 Ω2 V x0 0 −Ω3 Ω2
d V →
−
= Ω3 0 −Ω1 Vy0 = Ω3 0 −Ω1 V
dt
R −Ω2 Ω1 0 Vy0 −Ω2 Ω1 0
Remarque : ceci est valable pour les vecteurs de la base relative, par exemple :
−→ 0 −Ω 3 Ω 2 1 0
dex0
= Ω3 0 −Ω1 0 = Ω3 = Ω3 − e→ −
→
y 0 − Ω2 ez 0
dt R
−Ω2 Ω1 0 0 −Ω2
10
On peut donc écrire formellement, ce qui remplace avantageusement la notation matri-
cielle :
→
−
Ω2 Vz 0 − Ω3 Vy0 Ω1 V x0 →
− → −
d V
= Ω3 Vx0 − Ω1 Vz 0 = Ω2 ∧ Vy0 = Ω ∧ V
dt
R Ω 1 V y 0 − Ω 2 V x0 Ω3 Vz 0
→
−
Par définition, le vecteur Ω = Ω1 −
e→ −
→ −
→
x0 + Ω2 ey 0 + Ω3 ez 0 est appelé vecteur rotation (parce
que les vecteurs de la base changent de direction) de R0 par rapport à R. Notons qu’il
dépend a priori du temps.
−
→ →
− → −
Pour un vecteur fixe du référentiel relatif, on a donc ddtV = Ω ∧ V
R
• Pseudo-vecteurs.
11
En reportant ces deux dernières relations dans celle d’avant :
1 0 0 −→ 0 −Ω3 Ω2 1 0 0
0 1 0 d V →
−
dt R = Ω3 0 −Ω1 0 1 0 V
B2 B2
0 0 −1 −Ω2 Ω1 0 B
0 0 −1
1
Soit en multipliant à gauche par l’inverse de la matrice de passage (qui lui est en fait
identique dans ce cas), on a :
−
→ 1 0 0 0 −Ω3 Ω2 1 0 0
→
−
dV
dt R = 0 1 0 Ω3 0 −Ω1 0 1 0 V
B2 B2
0 0 −1 −Ω2 Ω1 0 B
0 0 −1
1
On effectue les produits de matrices, puis faisons apparaître un produit vectoriel et l’on
arrive à :
−→ 0 −Ω3 −Ω2 −Ω1
→
− −Ω2 ∧ → −
dV Ω3
dt R = 0 Ω 1 V = V
B2 B2 B2
Ω2 −Ω1 0 B
Ω 3 B
2 2
où les composantes du vecteur rotation ont été calculées de façon que le produit vectoriel
et le produit matriciel aient le même résultat ; on vous fait grâce du calcul explicite. On
contate que dans la base B2 elles sont (−Ω1 , −Ω2 , Ω3 ) et donc que le vecteur rotation est :
→
− →
−
Ω B2 = (−Ω1 ) (−
e→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→
x0 ) + (−Ω2 ) (ey 0 ) + (Ω3 ) (−ez 0 ) = −(Ω1 ex0 + Ω2 ey 0 + Ω3 ez 0 ) = − Ω B1
ce qui n’est pas normal pour un vecteur ; dans un changement de base, il change certes
de composantes mais devrait rester identique à lui-même.
Ceci est dû au fait que le produit vectoriel est une invention pour remplacer un calcul
matriciel par un calcul vectoriel plus simple. Cette facilité se paye de la complication qu’on
vient de mettre à jour. Pour bien insister sur le fait qu’un vecteur fictif remplace par
l’intermédiaire d’un produit vectoriel une matrice antisymétrique, on le qualifie de pseudo-
vecteur ou vecteur axial. On peut insister en notant le vecteur avec une flèche arrondie 8
y →
−
soit Ω au lieu de Ω . Je le ferai dans ce chapitre et m’en abstiendrai dans les autres.
8. en fait arrondie dans l’autre sens, mais ce n’est pas prévu par l’éditeur de textes LATEX.
12
y
Dans la première le vecteur rotation sera 9 Ω et elle sera qualifiée de directe ; dans la seconde
y
le vecteur rotation sera −Ω et elle sera qualifiée de indirecte.
Par prudence et pour éviter les complications, on travaillera systématiquement avec
des bases directes.
La convention choisie est la suivante, présentée de façons équivalentes :
– On se place dos à Oz de façon qu’Oz aille des pieds à la tête et l’on regarde dans
l’axe de la bissectrice de Ox et Oy, dans le quadrant x > 0 et y > 0. Si Ox est à
droite et Oy à gauche, la base est directe (méthode du bonhomme d’Ampère).
– On se contorsionne le pouce, l’index et le majeur de la main droite de façon à les
placer deux à deux perpendiculaires. Si l’on peut placer le pouce parallèle et de même
sens que Ox, l’index parallèle et de même sens que Oy et le majeur parallèle et de
même sens que Oz, alors la base est directe (méthodes de trois doigts de la main
droite).
– On observe le plan Oxy de dessus, c’est à dire en se plaçant dans le demi-espace
z > 0 et en regardant vers le bas, dans le sens des z décroissant puis on imagine une
aiguille de centre O tournant de Ox vers Oy, si elle tourne dans le sens contraire des
aiguilles d’une montre, alors la base est directe.
→
− →
−
d V d V
= = V̇x0 −
e→ −
→ −
→
x0 + V̇y 0 ey 0 + V̇z 0 ez 0
dt dt
R0 rel.
13
Certes, mais quel est le lien entre ces deux dérivées ? Partons de l’idée, a priori sur-
prenante, consistant à projeter le vecteur dans la base relative et d’en calculer la dérivée
absolue en considérant les vecteurs de la base relative comme mobiles dans la base absolue,
soit :
→
−
V = V x0 − e→ −
→ −
→
x0 + Vy 0 ey 0 + Vz 0 ez 0
→
−
d− e→ d−
e→ d−
e→
d V −
→ −
→ −
→ x0 y 0 z 0
= V̇x0 ex0 + V̇y0 ey0 + V̇z 0 ez 0 + Vx0 + Vy 0 + Vz 0
dt dt abs. dt abs. dt abs.
R
Dans les trois premiers termes l’on reconnaît la dérivée relative ; dans les trois derniers
reportons les expressions des dérivées des vecteurs unitaires établies plus haut.
→
− →
−
d V d V
= + Vx0 (Ω3 −
e→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→
y 0 − Ω2 ez 0 ) + Vy 0 (Ω1 ez 0 − Ω3 ex0 ) + Vz 0 (Ω2 ex0 − Ω1 ey 0 )
dt dt
R R0
→
− →
− →
− →
−
Ω2 Vz 0 − Ω3 Vy0 Ω1 V x0
d V d V d V d V y →
−
= + Ω3 Vx0 − Ω1 Vz 0 = + Ω2 ∧ Vy0 = + ΩR0 /R ∧ V
dt dt dt 0 dt 0
R R0 Ω 1 V y 0 − Ω 2 V x0 R Ω3 Vz 0 R
d’où le théorème (en deux versions de vocabulaires différents dans les indices) :
−
→ −
→ y →
− −
→ −
→ y →
−
dV dV dV dV
dt R = dt R0 + ΩR0 /R ∧ V dt abs. = dt rel. + Ωentr. ∧ V
• Loi de composition.
Pour calculer la vitesse d’un point M (t), par rapport au paragraphe précédent, il y a
une difficulté supplémentaire, mais mineure : le vecteur à dériver est le vecteur position
qui n’est que la représentation commode de la position, élément d’un espace affine et
non vectoriel ; dans un changement de référentiel, non seulement il faut tenir compte du
changement de base vectorielle mais aussi du changement d’origine. La vitesse absolue et
la vitesse relative sont, par définition :
−−→ −−−→
→
− →
− dOM →
− →
− dO0 M
v R (M ) = v abs. (M ) = et v R0 (M ) = v rel. (M ) =
dt dt
R R0
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Pour obtenir une relation entre ces deux vitesses, utilisons la relation de Chasles,
calculons la dérivée temporelle dans Oxyz, reconnaissons deux vitesses dans ce référentiel,
utilisons le théorème établi ci-dessus et reconnaissons enfin une vitesse dans O0 x0 y 0 z 0 .
→
− y −−−→
v R (M ) = →
−
v R (O0 ) + →
−
v R0 (M ) + ΩR0 /R ∧ O0 M
d’où le théorème :
→
−
v abs. (M ) = →
−
v rel. (M ) + →
−
v entr. (M )
→
− y −−−→
v entr. (M ) = →
−
v abs. (O0 ) + ΩR0 /R ∧ O0 M
• Point coïncident.
15
• Le mouvement d’entraînement est un mouvement de translation.
d−
e→ d−
e→ d−
e→
x0 y 0 z 0 →
−
= = = 0
dt R0 dt R0 dt R0
−
→ −
→ y →
−
dV dV
Si l’on applique à ces trois vecteurs la formule dt R = dt R0 + ΩR0 /R ∧ V , l’on tire :
y
∧−
e→
y
→ y
− → →
− −
ΩR0 /R x0 = Ω R0 /R ∧ ey 0 = Ω R0 /R ∧ ez 0 = 0
y y
relations qui ne sont possibles simultanément que si ΩR0 /R = 0 . En fait, nous venons
de monter mathématiquement une évidence physique : un référentiel qui se déplace avec
des axes dont les directions restent fixes ne tourne pas.
La formule qui donne l’expression de la vitesse d’entraînement devient alors :
→
− y −−−→ −
v entr. (M ) = →
−
v abs. (O0 ) + ΩR0 /R ∧ O0 M = →
v abs. (O0 )
Supposons que le référentiel R0 tourne, par rapport au référentiel R, autour d’un axe.
Comme dans chaque référentiel, on peut se choisir un repère (voir paragraphe 3 p. 6 la
distinction entre repère et référentiel), faisons-le en sorte de nous simplifier la vie ; l’origine
sera commune, sur l’axe qui sera choisi à la fois comme axe Oz dans R et comme axe Oz 0
dans R0 et la rotation sera décrite par l’angle ϕ(t) entre Ox et Ox0 (égal à celui entre Oy
et Oy 0 ) comme sur la figure 1 p.17 (abstraction faite pour l’instant des points M , H et P
et tout ce qui y est lié).
16
z
H
r
! M
! z
z y"
! !
ey"
! $
O
! r y
!
ex!" % ! e!#
! ! P !
$ er
!
! !
! ! !x"
x !
! !
Figure 1 – Référentiel relatif en rotation.
!
!
La première chose à faire est d’identifier le vecteur rotation de R0 par rapport à R.
−
e→ →
−
Comme par construction, z 0 est confondu avec ez et a donc une dérivée temporelle nulle
d−
e→ →
− d−
e→ →
−
dans R, on a dtz = 0 et bien sûr aussi et par essence, on a dtz0 0 = 0 ; si l’on
0
R R
−
→ −
→ y →
−
applique à −
e→
z 0 la formule dV
dt = dV
dt 0
+ Ω 0
R /R ∧ V , l’on tire :
R R
y →
−
ΩR0 /R ∧−
e→
z0 = 0
y y
et l’on apprend ainsi que ΩR0 /R est parallèle à Oz ; notons ΩR0 /R = ΩR0 /R →
−
ez et puisque
le vecteur est en fait un pseudo-vecteur, le scalaire ΩR0 /R est un pseudo-scalaire qui change
de signe dans une base indirecte.
Par ailleurs, en projetant −e→0 dans la base absolue, l’on tire, grâce à la formule de
x
dérivation des fonctions composées :
−
e→ →
− →
−
x0 = cos[ϕ(t)] ex + sin[ϕ(t)] ey
d−
e→
x0 dϕ →
− dϕ →
−
= − sin[ϕ(t)] ex + sin[ϕ(t)] ey
dt R dt dt
d−
e→
x0
h π →
−
π →−
i
= ϕ̇ cos ϕ + ex + sin ϕ + e y
dt R 2 2
π
Dans la dernière expression, l’on reconnaît un vecteur unitaire faisant l’angle ϕ + 2
avec Ox, c’est donc −
e→ →
− − →
y 0 dont on sait qu’il est égal à ez ∧ ex0 . Finalement :
d−e→
= ϕ̇ −
e→ →
− − →
x0
y 0 = ϕ̇ ez ∧ ex0
dt R
17
d−
e→ →
−
Puisque par essence, on a dtx0 0 = 0 ; si l’on applique à −
e→
x0 la formule de dérivation
R
−
→ −
→ y →
−
vectorielle ddtV = ddtV 0 + ΩR0 /R ∧ V , on a :
R R
d−
e→
y
= ΩR0 /R ∧ −
e→
x0
x0
dt R
d−
e→
= ΩR0 /R →
−
ez ∧ −
e→
x0
x0
dt R
y
ΩR0 /R = ϕ̇ et ΩR0 /R = ϕ̇ →
−
ez
Le vecteur rotation est parallèle à l’axe de rotation et sa mesure est la vitesse angulaire
de rotation.
Au passage, nous avons démontré un théorème important, exposé ci-dessous de façon
plus générale :
d−
e→ d−
e→
y0 x0
En particulier, l’on a dt R = −ϕ̇ dt R
Maintenant que le vecteur rotation est déterminé, passons à l’étude de la vitesse d’en-
traînement d’un point M dont les projections sur l’axe Oz et le plan Oxy sont notées H
et P . Sur la figure 1 p.17, supposée correspondre à l’instant t, le point coïncident M ∗ est
confondu avec M et puisqu’il est lié au référentiel tournant, il décrit un cercle dans un
−−→
plan parallèle à Oxy de centre H et de rayon kHM k. Si l’on note → −
er le vecteur unitaire de
−−−→∗ −−→ −−−→∗ −−→ −−→
HM = OP , on a OM = OH + r er avec OH et r constants ; par ailleurs le vecteur →
→
− −
er
fait avec Ox0 un angle α constant et donc avec Ox l’angle θ = ϕ(t) + α. Insistons sur le
fait que l’on parle ici du point coïncident, ce qui explique que l’on considère r et α comme
constants. En utilisant le théorème encadré ci-dessus :
−−→
d(OH + r →
− d→
−
→
− er ) er
v entr. = =r = r ϕ̇ →
−
eθ
dt dt R
R
où →
−
eθ est le vecteur unitaire orthoradial directement perpendiculaire au vecteur unitaire
→
−
radial er dans le plan Oxy.
Retenons donc une fois pour toute que :
18
Dans le contexte d’un référentiel relatif tournant par rapport au
référentiel absolu autour de l’axe Oz, la vitesse d’entraînement d’un point
M est orthoradiale, avec comme mesure le produit de la distance à l’axe
par la vitesse angulaire du mouvement d’entraînement.
C’est facile, à condition d’être très méticuleux sur les notations. L’on part de →
−v R (M ) =
→
− →
− y −−−→
v R (O0 ) + v R0 (M ) + ΩR0 /R ∧ O0 M et l’on dérive par rapport au temps dans le référentiel
absolu R puis on utilise à l’envi la formule de dérivation vectorielle. Roulons, mais à chaque
étape, on simplifie la notation avant d’aborder la suivante (on note → −a les accélérations) :
→
− y −−−→
v R (M ) = →
−
v R (O0 ) + →
−
v R0 (M ) + ΩR0 /R ∧ O0 M
d (→
−
v R (M ))
dt = ···
R
y −−−→
d ΩR0 /R d O0 M
d (→
−
v R (O0 )) d (→
− −−0−→ y
v R0 (M ))
··· = + +
∧ O M + ΩR0 /R ∧
dt R dt R dt
dt
R
R
−−−→
→
−
d ( v R0 (M )) ẏ −
− − → y d O0 M
→
− →
− 0
0
a R (M ) = a R (O ) + + ΩR0 /R ∧ O M + ΩR0 /R ∧
dt R dt
R
→
d (−
→
− →
− 0 v R0 (M )) y
→
−
a R (M ) = a R (O ) +
dt 0 + ΩR0 /R ∧ v R (M ) + · · ·
0
R
−−−→
ẏ −−0−→ y d O0 M y −−0−→
· · · ΩR0 /R ∧ O M + ΩR0 /R ∧ + ΩR0 /R ∧ O M
dt
0
R
19
y
→
−
a R (M ) = →
−
a R (O0 ) + →
−
a R0 (M ) + ΩR0 /R ∧ → − v R0 (M ) + · · ·
−−0−→ y −−0−→
ẏ y
→
−
· · · ΩR0 /R ∧ O M + ΩR0 /R ∧ v R0 (M ) + ΩR0 /R ∧ O M
y
→
−
a R (M ) = →
−
a R0 (M ) + →
−
a R (O0 ) + 2 ΩR0 /R ∧ → −v R0 (M ) + · · ·
−−0−→ y −−0−→
ẏ y
· · · ΩR0 /R ∧ O M + ΩR0 /R ∧ ΩR0 /R ∧ O M
y y
si l’on observe bien, il reste le terme 2 ΩR0 /R ∧ →
−
v R0 (M ), soit encore 2 ΩR0 /R ∧ →
−
v rel. à ne
pas avoir été mentionné ; on l’appelle accélération complémentaire ou encore accélération
de Coriolis. Résumons :
→
−a abs. (M ) = →
−
a rel. (M ) + →
−
a entr. (M ) + →
−
a comp. (M )
−−−→ y −−0−→
ẏ y
avec →− a
entr.(M ) = → −
aabs.(O0 ) + Ω 0 ∧ O0 M + Ω
R /R R0 /R ∧ ΩR0 /R ∧OM
y
et →
−
a comp. (M ) = 2 ΩR0 /R ∧ →
−
v rel. (M )
La première ligne est à savoir par cœur, la dernière donne un moyen simple de calculer
l’accélération complémentaire, la deuxième, par contre, donne traditionnellement lieu à
deux pages de calculs, trois erreurs et un résultat faux et encore, si l’on a réussi à retrouver
correctement la formule dans sa mémoire, sinon c’est encore pire. Retenons plutôt que
l’accélération d’entraînement, c’est l’accélération du point coïncident, soit :
→
−a abs. (M ) = → −a rel. (M ) + → −
a entr. (M ) + →
−
a comp. (M )
avec →− a entr. (M ) = → −
a abs. (M ∗ ) où M ∗ est le point coïncident
y
et →
−a comp.(M ) = 2 Ω 0 ∧ →
R /R
−
v (M )
rel.
Voyons ce que cela donne dans les cas particuliers étudiés pour les vitesses (paragraphe
4.c débutant p. 14).
20
• Le mouvement d’entraînement est un mouvement de translation.
y y →
−
On a vu que dans ce cas ΩR0 /R = 0 , d’où →
−
a comp. (M ) = 0 et →
−
a entr. (M ) = →
−
a abs. (O0 ).
On arrive au même type de conclusion que pour les vitesses :
Dérivons une seconde fois le mouvement du point coïncident dans son mouvement par
rapport au référentiel absolu et utilisons le théorème sur la dérivée des vecteurs unitaires :
d→
− d(r ϕ̇ →
− d→
−
→
− v entr. eθ ) →
− eθ
a entr. = = = r ϕ̈ eθ + r ϕ̇ dt
dt R dt R R
→
−
a entr. = r ϕ̈ →
−
eθ + r ϕ̇ [ϕ̇ (−→
−
er )] = r ϕ̈ →
−
eθ − r ϕ̇2 →
−
er
−−→
Remarquons que le terme radial −r ϕ̇2 →
−
er peut aussi s’écrire −ϕ̇2 HM . Résumons :
21
Dans l’usage le plus fréquent des changements de référentiel, la vitesse angulaire est
constante et donc l’accélération angulaire nulle. Alors :
22
−−−→ −−−→
y
→− →
−
v 3/2 (M ) + v 2/1 (O2 ) + Ω2/1 ∧ O2 O3 + O3 M = ···
→− →
− y −−−→ y −−−→
· · · = v 3/2 (O3 ) + v 2/1 (O2 ) + Ω2/1 ∧ O2 O3 + Ω3/1 ∧ O3 M
→− →
− y −−−→ y −−−→
v 3/2 (M ) + v 2/1 (O2 ) + Ω2/1 ∧ O2 O3 + Ω2/1 ∧ O3 M = · · ·
→− →
− y −−−→ y −−−→
· · · = v 3/2 (O3 ) + v 2/1 (O2 ) + Ω2/1 ∧ O2 O3 + Ω3/1 ∧ O3 M
→
− y −−−→ − y −−−→
v 3/2 (M ) + Ω2/1 ∧ O3 M = →
v 3/2 (O3 ) + Ω3/1 ∧ O3 M
Ceci est vrai quel que soit le point M ; on peut donc affirmer :
y y y
Ω3/1 = Ω3/2 + Ω2/1
que l’on peut aussi énoncer ainsi pour la ressemblance avec les formules relatives aux
vitesses et aux accélérations :
y y y
Ωabs. = Ωrel. + Ωentr.
Ce résultat est évident et se démontre très simplement dans le cas de rotations autour
d’un même axe de direction fixe ; il est ici généralisé. On le généralisera aux solides dans
le chapitre B-VIII.
5 Coordonnées polaires.
• Coordonnées.
Elles sont définies à partir d’un repère cartésien Oxyz dont l’axe Oz est privilégié. Pour
repérer un point M , on commence par tracer son plan méridien, c’est-à-dire le plan passant
23
par Oz et le point M , il contient la projection H de M sur Oz et m projection de M sur
−−→ −−→ −→ −−→
xOy puis on donne r = kOmk = kHM k, θ = (Ox, Om) ∈ ] − π, π] et z = OH (voir figure
2 p.24).
Tout d’abord z est commun aux coordonnées cartésiennes et cylindriques.
p
On passe d’une part des cartésiennes aux cylindriques par r = x2 + y 2 et θ est donné
par cos θ = xr et sin θ = yr (la valeur de l’un et le signe de l’autre suffisent mais sont
nécessaires 10 ).
On passe d’autre part des cylindriques aux cartésiennes par x = r cos θ et y = r sin θ
• Bases locales.
Un vecteur dépendant du point M est projeté sur une base locale, orthonormée directe,
constitué des vecteurs unitaires suivants (voir figure 2 p.24) :
−−→
– le vecteur unitaire radial →
−
er , vecteur unitaire de HM
– le vecteur unitaire orthoradial →−
eθ , vecteur unitaire directement perpendiculaire à →
−
er
dans un plan parallèle à xOy
– le vecteur unitaire axial →
−
ez
!
! ez !
H e"
M !
z er
! !
O!
! r y
! !" N
!
! !
x!
!
Figure 2 – Coordonnées cylindiques.
!
A chaque point M sa base, c’est pourquoi le titre est au pluriel.
Tout d’abord →
−
e est commun aux coordonnées cartésiennes et cylindriques.
z
10. Il serait vain de chercher à passer par un arccos, arcsin ou arctan car aucun ne couvre l’intervalle
] − π, π]
24
On passe d’une part des cartésiennes aux cylindriques par des projections élémentaires
→
−
er = cos θ →
−
ex + sin θ →
−
ey
→
−
eθ = − sin θ →
−
ex + cos θ →
−
ey
On passe d’autre part des cylindriques aux cartésiennes par des projections tout aussi
élémentaires
→
−
ex = cos θ →
−
er − sin θ →
−
eθ
→
−
ex = sin θ →
−
er + cos θ →
−
eθ
• Coordonnées.
Dans le même contexte que pour les coordonnées cylindriques, le point M est repéré
−−→ −→ −−→ −→ −−→
par r = kOM k, θ = (Oz, OM ) ∈ [0, π] et ϕ = (Ox, ON ) ∈ ] − π, π] (voir figure 3 p.25).
On retrouve l’approche des géographes (latitude 11 et longitude). Notez que le θ des
cylindriques est devenu le ϕ des sphériques et que r n’a pas la même signification dans ces
deux systèmes.
H
!
! er !
M e#
! " !
e"
r
!
! O! y
!
! ! # N
!
!
! x !
Figure 3 – Coordonnées sphériques.
!
11. les géographes mesurent la latitude à partir de l’équateur et positivement vers le pôle nord ; θ est
parfois appelé co-latitude.
25
Pour passer des cartésiennes aux sphériques, on procède en deux étapes en passant par
le plan méridien avec comme axes Oz et Ox0 intersection du plan méridien avec Oxy, de
vecteur unitaire −
e→
x0 , c’est aisé, je vous passe les détails.
p z
Des cartésiennes aux sphériques : r = x2 + y 2 + z 2 , θ = arccos et ϕ tiré de
r
x y
cos ϕ = p et sin ϕ = p (la valeur de l’un et le signe de l’autre).
x2 + y 2 x2 + y 2
Des sphériques aux cartésiennes : x = r sin θ cos ϕ, y = r sin θ sin ϕ et enfin z = r cos θ
• Bases locales.
Des sphériques aux cartésiennes, c’est sans doute moins facile à voir ; utilisons donc nos
souvenirs de mathématiques, la matrice de passage soit :
sin θ cos ϕ sin θ sin ϕ cos θ
cos θ cos ϕ cos θ sin ϕ − sin θ
− sin ϕ cos ϕ 0
est une matrice unitaire, c’est-à dire que ses colonnes sont les composantes de vecteurs
unitaires deux à deux orthogonaux ; si vous la multipliez par sa transposée, inutile de faire
le calcul par écrit, on visualise de tête, la définition même du produit de deux matrices
donne pour termes diagonaux les carrés des vecteurs unitaires donc 1 et les autres termes
des produits scalaires de vecteurs orthogonaux donc 0, on obtient la matrice unité donc la
transposée d’une matrice unitaire est son inverse. En ce qui nous concerne, on peut affirmer
sans aucun complexe et totalement sûr de soi :
→
−
ex = sin θ cos ϕ →
−
er + cos θ cos ϕ →
−
eθ − sin ϕ −
e→
ϕ
→
−
ey = sin θ sin ϕ →
−
er + cos θ sin ϕ →
−
eθ + cos ϕ −
e→
ϕ
→
−
ez = cos θ →
−
er − sin θ →
−
eθ
26
6 Abscisse curviligne et courbure.
Ce paragraphe intéresse en fait plus les mathématiciens que les physiciens. Il concerne
les courbes paramétrées ; pour le physicien, le paramètre est le temps et la courbe est la
trajectoire 12 d’un point mobile.
Soit un point mobile, à l’instant t, il est au point M de coordonnées (x(t), y(t), z(t)),
à un instant infiniment proche t + dt, il est au point M 0 dont les coordonnées sont donc
−−−→
(x(t+dt), y(t+dt), z(t+dt)) et s’est déplacé de M M 0 dont les composante sont, en utilisant
un développement de Taylor à l’ordre 1 :
La longueur parcourue sur la trajectoire orientée dans le sens des temps croissant, à
partir de l’instant origine est :
Z t Z tp Z tq
s(t) = ds = 2 2 2
ẋ + ẏ + ż dt = vx2 + vy2 + vz2 dt
0 0 0
s(t) s’appelle l’abscisse curviligne de M sur sa trajectoire. On passe sous silence les
complications engendrées par un mouvement alternatif sur une même courbe, un peu de
bon sens sera bien plus efficace qu’une théorie peu lisible.
6.b Vitesse.
−−−→ −−−→
Les composantes de M M 0 montrent simplement que → −
v dt = M M 0 et la définition de
−−−→ −−−→
ds est ds = kM M 0 k. Si l’on introduit le vecteur unitaire de M M 0 , donc le vecteur unitaire
tangent à la trajectoire orienté dans le sens du mouvement, appelé vecteur unitaire tangent
et noté traditionnellement → −
τ , on a :
→
− −−−→
v dt = M M 0 = ds →
−
τ
12. Rappelons à nos amis journalistes qu’une voiture ne quitte jamais sa trajectoire ; par contre, il arrive
que sa trajectoire quitte la route.
27
Par ailleurs, si l’on note v = k→−
v k, comme la vitesse est par essence tangente à la
trajectoire, on a →
−
v = v→ −
τ , d’ou :
ds
v= = ṡ
dt
qui n’est rien d’autre qu’une reformulation des définitions de s et de →
−
τ
On part de →
−
v = v→
−
τ et l’on dérive.
→
− d→
−v d(v →
−
τ)
a = = = v̇ →
−
τ +v→
−̇
τ
dt dt
→
−̇ d→
−τ d→−
τ ds d→−
τ
τ = = =v
dt ds dt ds
−
→
Il est d’usage d’appeler le vecteur unitaire de ddsτ , vecteur unitaire normal et de le
noter →
−
ν et l’on appelle courbure son module et rayon de courbure, noté R, l’inverse de son
module, soit :
d→−
τ →
−
ν
=
ds R
que l’on reporte dans l’expression de l’accélération en y faisant apparaître une accélé-
ration tangentielle →
−
at et une accélération normale −a→n , soit :
→
d− d→− →
− v2 →
→
− τ τ ν
a = v̇ →
−
τ +v→ −̇
τ = v̇ →
−
τ +v v = v̇ →
−
τ + v2 = v̇ →
−
τ + v2 = v̇ →
−
τ + −
ν
ds ds R R
→
−
a =→
−
at + −
a→ →
−
at = v̇ →
−
τ −
a→ v2 →
−
n avec et n = R ν
28