Objectifs de la leçon
À la fin de cette leçon, les étudiants seront en mesure de/d':
● Comprendre la différence entre la sensation et la perception;
● Décrire le fonctionnement de l’organe sensoriel qu’est l’oeil;
● Expliquer les principes derrière la perception visuelle.
Principes de base
Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, le corps humain est équipé de 6 sens: la
vision, l’ouïe, le goût, l’odorat, le toucher et le sens de la position du corps dans l’espace et du
mouvement. Bien que chacun fonctionne différemment, certains principes de base guident la
sensation et la perception associées à chacun de ces sens.
La sensation
Le processus de la sensation se produit en trois étapes, qui sont pareilles pour tous les sens :
Réception: Transduction:
Des cellules spécialisées Les récepteurs Transmission:
retrouvées dans les organes transforment l’énergie L’influx nerveux voyage
sensoriels agissent en tant venant des stimuli vers le cerveau où
que récepteurs qui sont environnementaux en l’information sensorielle
stimulés par toute forme une autre forme sera traitée et où la
d’énergie (c.-à-d. lumière, d’énergie, l’énergie perception sera créée.
son, etc.) venant de électrochimique de
l’environnement. l’influx nerveux.
Le processus peut être comparé à ce qui se produit dans une guitare électrique. Pour jouer de
la guitare électrique, les cordes doivent être secouées afin de les faire vibrer. Des capteurs
électriques situés à l’intérieur de la guitare agissent en tant que récepteurs. Ils ont des aimants
et des fils qui transforment les vibrations des cordes en un signal électrique. Le signal électrique
voyage ensuite à l’intérieur de l’amplificateur où il sera amplifié et transmis au public en forme
de son. Dans le cas de la sensation, c’est le cerveau qui joue le rôle de l’amplificateur puisqu’il
transforme les signaux reçus en perceptions que l’on pourra interpréter.
La perception
La sensation n’est en fait qu’une série de potentiels d’action - elle ne veut donc pas dire grand-
chose sans la perception, le processus par lequel notre cerveau attribue une signification à ces
influx nerveux. Ainsi, sans la perception, une chaise ne serait qu’une série de formes. On ne
pourrait pas non plus dire la différence entre un stimulus potentiellement dangereux, comme la
senteur d’un feu de friture, et un stimulus inoffensif, comme la senteur de rôties brûlées. La
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perception est donc l’explication derrière tout ce dont on fait l’expérience, et cette expérience
vient donc plus directement du cerveau et non des récepteurs sensoriels.
Il existe deux séquences par lesquelles les humains peuvent analyser le monde qui les entoure,
le traitement de bas-en-haut et le traitement de haut-en-bas.
Traitement de bas-en-haut
Le traitement de bas-en-haut correspond à une analyse sensorielle qui se base seulement sur
les entrées sensorielles pour arriver à l’identification du stimulus en question. C’est ce qu’on
utilise lorsqu’on regarde des stimuli simples. Donc, si on regardait l’animal situé ci-dessous, on
utiliserait sa taille, sa forme et sa couleur pour déterminer que l’on voit un chien et non un
renard, un chat ou n’importe quelle autre chose.
Le traitement de bas-en-haut est aussi utilisé lors de l’analyse de nouveaux stimuli – parce
qu’on n’a aucun concept préexistant des choses auxquelles on n’a jamais été confronté, on ne
peut que se fier aux influx nerveux venant des récepteurs sensoriels et essayer de leur donner
un sens.
Traitement de haut-en-bas
En contrepartie, le traitement de haut-en-bas est utilisé lors de l’analyse d’informations
complexes et ambigües. Guidé par des processus mentaux de haut niveau, le traitement de
haut-en-bas correspond à une construction de la perception qui se base sur l’expérience et sur
les attentes de l’individu. De nombreux autres facteurs, comme le contexte, la culture, les
émotions, la motivation et la condition physique affectent eux
aussi le traitement de haut-en-bas.
Le cadre perceptif
Lorsqu’on est confronté à des stimuli ambigus, on a recours à un cadre perceptif, un ensemble
de schémas mentaux qui organisent les informations pour en faciliter l’interprétation. Les cadres
perceptifs auxquels on fait appel nous prédisposent à percevoir une chose plutôt qu’une autre.
Par exemple, des différences dans la composition des cadres perceptifs dédiés aux monstres et
aux troncs d’arbres peuvent expliquer pourquoi certaines personnes interprètent des stimuli
ambigus flottant à la surface du lac Loch Ness en Écosse comme étant un monstre et d’autres,
comme un tronc d’arbre.
Pour illustrer le traitement de haut-en-bas et l’influence des cadres perceptifs, identifie ce qui
est dépeint sur cette bouteille.
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Il en est ainsi parce que la plupart des enfants ont vu davantage de photos de dauphins que
d’étreintes sexuelles et c’est ainsi donc sur ces schémas qu’ils se baseront pour interpréter
cette image ambigüe. Comme les schémas d’étreintes sexuelles sont plus proéminents que
ceux des dauphins pour la majorité des adultes, la plupart n’auront pas vu les dauphins au
premier coup d’œil. Qui plus est, les adultes font davantage appel au traitement de haut-en-bas
que les enfants, ce qui augmente les chances qu’ils voient des images ambigües ou qui ne sont
pas complètement là – le dessin de l’étreinte sexuelle n’est pas complet, mais les dauphins,
eux, le sont, ce qui pourrait aussi expliquer pourquoi les enfants voient les dauphins alors que
les adultes voient l’étreinte.
Le contexte
Un stimulus quelconque peut mener à des perceptions radicalement différentes non seulement
en raison des cadres perceptifs en mémoire, mais aussi en raison du contexte immédiat – les
gens qui disent avoir vu le monstre du Loch Ness n’ont probablement jamais vu de monstres
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dans d’autres lacs, c’est parce qu’ils sont au lac Loch Ness qu’ils prétendent avoir vu un
monstre.
Mais le contexte n’affecte pas seulement la perception dans des situations extrêmes comme
celle dont on vient de discuter. En effet, il influence aussi la perception de stimuli mondains. Par
exemple, on détermine si un orateur a dit le mot « mort » ou « mord » en fonction du contexte.
De façon similaire, lequel de ces deux cercles centraux est le plus gros :
Ils sont en faits de la même grosseur, mais les cercles qui les accompagnent affectent la
perception et donnent ainsi l’impression que le cercle central de la deuxième image est plus
gros que celui de la première. Ici, le contexte influence donc la perception.
La culture
La culture d’un individu peut aussi influencer comment il perçoit certains stimuli. Par exemple,
que vois-tu dans l’image du centre?
Les gens qui célèbrent Pâques auront davantage tendance à interpréter les œufs comme étant
ceux du lapin de Pâques et à voir un lapin. En contrepartie, ceux qui ne célèbrent pas Pâques
auront tendance à les interpréter comme étant des œufs d’oiseaux et seront donc davantage
susceptibles de dire qu’ils ont vu un canard.
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Les seuils
Pour qu’un message sensoriel stimule les récepteurs sensoriels, il doit avoir une certaine
intensité ou, plus précisément, il doit atteindre un certain seuil. Différentes théories ont été
formulées pour expliquer l’intensité nécessaire à la détection d’un stimulus sensoriel :
Seuil absolu
Cette théorie soutient qu’un stimulus doit avoir un niveau d’intensité minimum pour être détecté
la moitié des fois où il est rencontré. On surnomme les stimuli qui se retrouvent sous ce seuil
les stimuli subliminaux. Bien qu’ils ne soient pas détectés dans 50% des instances où ils sont
présentés, les stimuli subliminaux peuvent quand même nous affecter:
● Amorçage : Les stimuli subliminaux peuvent activer des associations de façon
inconsciente dans l’esprit. Ces associations, qui portent le nom d’amorçages, nous
encouragent à percevoir, se rappeler ou même à répondre à des objets ou événements
d’une certaine façon;
○ Persuasion subliminale : Bien qu’on ne puisse pas apprendre du matériel
complexe à partir de stimuli subliminaux, ils peuvent nous influencer brièvement,
et ce, à l’extérieur de la perception consciente. Les messages subliminaux sont
donc fréquemment utilisés par les firmes de marketing.
Seuil différentiel
Cette théorie explique qu’un stimulus qui est introduit dans un environnement où il existe du
bruit de fond doit avoir une intensité minimale pour être détecté la moitié du temps où il est
présenté. On appelle ceci le seuil différentiel et il correspond à un pourcentage constant qui
peut être déterminé à partir de la loi de Weber. La loi de Weber prend en compte le bruit de
fond et détermine l’intensité nécessaire à la détection d’un stimulus qui serait ajouté à cet
environnement.
Exemple
Lorsque tu es à un concert, ton ami doit te parler vraiment fort pour que tu puisses l’entendre.
Par contre, lorsque tu es à la bibliothèque, il n’a pas à te parler aussi fort. La différence entre
l’intensité de sa voix et le bruit d’arrière-fond est par contre similaire dans les deux cas – le
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Exemple
Les parents d’un nouveau-né peuvent détecter la présence de pleurs qui sont si faibles qu’ils
ne seraient pas détectés par n’importe qui d’autre. C’est ce que la théorie de la détection du
signal tente d’expliquer – il n’existe pas de seuil absolu pour la détection de stimuli. Le seuil
d’un stimulus particulier dépend plutôt des expériences passées de l’individu et de son état
présent.
L’adaptation sensorielle
Pour détecter des changements dans l’environnement, les organes sensoriels doivent ignorer
les stimuli d’arrière-fond qui sont constamment présents. Grâce à l’adaptation sensorielle, les
organes sensoriels développent une sensibilité affaiblie aux stimuli constants, ce qui les rend
plus alertes et prêts à traiter de nouveaux stimuli. Prend l’exemple d’un bracelet. Si tu n’as pas
l’habitude d’en porter, tu vas probablement être conscient de sa présence sur ton poignet. Par
contre, après quelque temps, tu vas probablement oublier qu’il est là et ceci, grâce à
l’adaptation sensorielle.
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Toutefois, il est important de noter que l’adaptation sensorielle ne s’applique pas vraiment à la
vision. Les stimuli visuels ne disparaissent pas de la perception consciente, même si on les
observe pendant quelque temps. Il en est ainsi parce que les yeux sont constamment en train
de bouger. Les récepteurs de la rétine sont donc constamment exposés à des stimuli différents
d’un moment à l’autre, même si le regard demeure fixé sur un objet quelconque.
La vision
Maintenant qu’on a une compréhension de base de la sensation et de la perception, on peut
discuter des différents sens de l’humain en plus de détails. On va commencer avec la vision
puisque c’est sans aucun doute le sens le plus puissant de l’être humain.
Comme tous les autres sens humains, la vision comprend la sensation et la perception. On va
commencer par discuter du processus de la sensation par lequel on capte l’énergie lumineuse
de l’environnement puis présenter les principes derrière la perception des stimuli visuels.
Teinte Brillance
L’œil
Fonctionnellement, l’œil peut être comparé à un appareil photo avec une pellicule. Dans cet
exemple, l’œil correspond à l’appareil et la rétine, à la pellicule photographique (film).
Lorsqu’utilisé correctement, ce type d’appareil projette une image nette et de brillance adéquate
sur le film. Pour ce faire, le photographe doit mettre l’image au point en utilisant l’instrument de
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réglage de la mise au point. Il doit aussi ajuster le diaphragme pour s’assurer que la quantité de
lumière qui entre à l’intérieur de la caméra est optimale pour la pellicule photographique utilisée.
Nos yeux font exactement la même chose, tout au long de la journée, sans que l’on en soit
conscient :
● Avant d’entrer dans l’œil, la lumière passe d’abord par la cornée, la partie antérieure et
transparente du globe oculaire;
● La lumière rejoint ensuite la pupille, l’ouverture qui laisse la lumière entrer dans l’œil. La
pupille correspond donc au diaphragme de l’appareil photo;
○ Le diamètre de la pupille est contrôlé par l’iris, un muscle circulaire dont la
contraction et la dilatation permettent à l’œil de s’adapter rapidement aux
changements dans les conditions d’éclairage. La réaction d’ouverture et de
fermeture de la pupille par l’iris porte le nom de réflexe pupillaire;
o Lors d’une nuit sombre, les pupilles sont dilatées (grosses et noires) afin
de laisser le plus de lumière possible entrer à l’intérieur de l’œil. Le
contraire est vrai lors de journées ensoleillées;
o Il est intéressant de noter que c’est la pigmentation de l’iris qui
donne à l’œil sa couleur (bleu, brun, vert ou autre);
● Après avoir traversé la pupille, la lumière rejoint la lentille, qui met au point et projette
les rayons lumineux sur la rétine. Pour être capable de mettre au point tant les objets
rapprochés que ceux qui sont plus éloignés, la lentille change sa forme à travers un
processus connu sous le nom d’accommodation;
o Comme c’est le cas avec un appareil photo, l’image qui est projetée sur la rétine
est inversée;
o L’image qui est projetée sur la rétine n’est pas pleine comme une image projetée
sur un écran. En effet, elle correspond plutôt à de minuscules unités d’énergie
lumineuse qui seront captées par les millions de récepteurs de la rétine;
● Les récepteurs de la rétine se chargent du processus de transduction et transforment
l’énergie lumineuse en influx nerveux.
La rétine
La rétine, qui est située dans le fond du globe oculaire, correspond à une mince couche de tissu
nerveux qui a la consistance et l’épaisseur d’un morceau de papier mouillé. Elle contient trois
couches de cellules nerveuses qui transforment l’énergie lumineuse en influx nerveux et qui
commencent le traitement de l’information visuelle.
Les photorécepteurs
L’énergie lumineuse qui heurte la rétine est convertie en influx nerveux par des cellules
spécialisées surnommées les photorécepteurs. Les photorécepteurs sont situés dans la couche
la plus profonde de la rétine. La lumière cause une réaction chimique dans ces cellules qui
mène à leur dépolarisation et au déclenchement d’un potentiel d’action.
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Le point aveugle
La rétine ne contient pas de photorécepteur à l’endroit où le nerf optique quitte l’œil. Ceci crée
une région d’information manquante dans le champ de vision surnommée le point aveugle. On
ne remarque habituellement pas la présence de ce point aveugle pour deux raisons :
1. Les yeux sont constamment en train de bouger et ainsi donc, le point aveugle n’est
jamais au même endroit.
2. Le cerveau utilise les informations recueillies ailleurs dans le champ visuel pour remplir
le point aveugle. On ne remarque donc habituellement pas qu’il existe.
Le processus est tout de même complexe et deux différentes théories ont été formulées pour
expliquer la vision des couleurs en relation avec les caractéristiques des photorécepteurs
humains. Alors que ces deux théories étaient en opposition dans le passé, on sait maintenant
qu’elles ont toutes deux raison sur certains aspects. Ainsi, on les voit maintenant comme étant
complémentaires.
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La majorité des ondes lumineuses stimulent différentes combinaisons de ces trois cônes,
menant ainsi à la perception de différentes teintes. Par exemple, on est capable de percevoir la
couleur orange parce que les ondes électromagnétiques qui y correspondent excitent une
combinaison spécifique de cônes rouges et verts.
1. Les 125 millions de photorécepteurs retrouvés dans la rétine convergent sur 100 fois
moins de cellules ganglionnaires. Ainsi, une grande part de l’information visuelle est
perdue avant même qu’elle ne rejoigne le cerveau;
2. Les yeux ne prennent pas de photos, mais envoient plutôt au cerveau des milliers
d’influx nerveux qui correspondent à l’énergie émise par les objets qu’ils observent. Le
cerveau n’a donc pas d’autre choix que de faire des inférences pour assembler et
organiser les influx nerveux en images complètes.
Principes de base
Le cerveau traite différents aspects de l’information visuelle en parallèle dans différentes
régions du cortex visuel. Par exemple, la couleur, le mouvement, la forme et l’emplacement
d’un objet dans l’espace sont tous des aspects des stimuli visuels qui sont traités
simultanément. Ce traitement en parallèle des informations visuelles permet que les objets
soient reconnus rapidement parce que toutes leurs caractéristiques sont traitées en même
temps.
Les supercellules
Qui plus est, à l’intérieur et autour du cortex visuel se retrouvent des amas de cellules appelés
des supercellules qui sont spécialisées dans la reconnaissance d’objets plus complexes,
comme par exemple les visages, les maisons ou même les chaises. Pour y arriver, les
supercellules regroupent les signaux venant des détecteurs de caractéristiques avec d’autres
détails à caractère visuel traités dans différentes régions du cerveau. Ainsi, lorsque les
supercellules sont intactes, les différentes caractéristiques du champ visuel sont facilement
intégrées en des touts complexes et spécifiques.
Regroupement
Le cerveau regroupe automatiquement les informations sensorielles en des touts ou en des
gestalts. Ainsi, on perçoit les stimuli visuels comme faisant partie de patrons ou de
configurations complètes plutôt que comme étant la somme de leurs parties. Il existe trois
principes gestaltistes de regroupement des informations visuelles :
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Passe ton curseur sur une image pour en savoir plus sur les différents principes.
Le principe de proximité : On a tendance à regrouper les choses qui sont près les unes des
autres. Dans l’exemple ci-dessous, on voit trois groupes de deux lignes plutôt que six lignes
individuelles.
Le principe de continuité : On a tendance à percevoir des patrons lisses et continus plutôt
que des lignes et des formes brisées. Ici, on voit une ligne sinueuse dessinée sur une ligne
droite plutôt qu’une série de demi-cercles.
Le principe de fermeture : On a tendance à remplir les espaces vides afin de créer des objets
complets. Dans cet exemple, on voit donc deux triangles et non pas six cercles incomplets.
Figure et fond
Pour organiser et simplifier les images ou les scènes que l’on observe, on a tendance à extraire
les objets (figures) du milieu environnant (fond). Les illusions comme celle présentée ci-dessous
où la figure et le fond changent constamment illustrent bien cette tendance du cerveau à
extraire les figures du fond – est-ce un vase contre un arrière-plan foncé ou deux visages contre
un arrière-plan blanc? Cette dynamique figure-fond est toujours là, que l’on considère que la
figure est le vase ou les visages.
La perception de la profondeur
La profondeur permet de déterminer la distance qui nous sépare d’un objet. Pour percevoir la
profondeur, le cerveau se fie à quelques indices. Certains de ces indices viennent des deux
yeux (indices binoculaires) et d’autres, d’un seul œil à la fois (indices monoculaires).
Indices binoculaires
Notre capacité à voir en trois dimensions est reliée au fait que l’on a deux yeux. Bien que nos
deux yeux soient assez proches l’un de l’autre (environ 2,5 cm les séparent), ils nous donnent
chacun une vue légèrement différente du monde qui nous entoure. On appelle ceci la disparité
rétinienne. Le cerveau utilise cette différence entre les images venant des deux yeux pour
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déterminer la distance qui nous sépare d’un objet. Plus les images sont différentes, plus un
objet est proche. Le nez est un exemple extrême de ceci. Il est si près des yeux que chacun voit
une image complètement différente de l‘autre.
Si on prend l’exemple illustré dans la figure ci-dessous, l’œil gauche voit le devant du policier
alors que l’œil droit voit le derrière de son corps. Ces deux images sont très différentes et ainsi,
le cerveau va savoir que le policier n’est pas bien loin de l’individu. En contrepartie, les deux
yeux voient une image très similaire de l’arbre, ce qui veut dire qu’il est plus loin de l’individu
que ne l’est le policier.
Indices monoculaires
Mais comment notre cerveau est-il capable de percevoir la profondeur dans les images en 2
dimensions où il n’y a pas vraiment de profondeur? La perception de la profondeur dans les
images en 2 dimensions vient d’indices qui ne requièrent qu’un seul des deux yeux, ce que l’on
appelle des indices monoculaires de la profondeur.
Les indices monoculaires sont aussi utilisés pour percevoir la profondeur dans le monde en
trois dimensions. Par contre, ils ne sont utilisés que pour l’analyse d’objets lointains qui
projettent des images similaires sur la rétine de chacun des deux yeux.
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L’interposition : Lorsqu’un objet en bloque un autre, on déduit que le « bloqueur » est situé
quelque part entre nous et l’objet bloqué. En d’autres mots, on suppose que le « bloqueur » est
plus près de nous que l’objet que l’on ne voit que partiellement.
La taille relative : Lorsqu’on regarde des objets qui devraient tous être de la même taille, on
suppose que les objets plus petits sont plus éloignés que ceux qui sont plus gros. Dans l’image
ci-dessous, on suppose que les tulipes plus grosses sont plus près que les plus petites puisque
toutes les tulipes ont environ la même taille.
La hauteur relative affecte notre perception de la longueur à travers une illusion optique
surnommée l’illusion Ponzo. Dans l’image ci-dessous, les deux lignes rouges sont de la même
longueur. Pourtant, on a tendance à percevoir celle du haut comme étant plus longue que celle
du bas parce que la hauteur relative donne l’impression qu’elle est plus éloignée – un objet plus
éloigné devrait être plus long qu’un objet qui est plus près pour que les deux produisent une
image de la même taille sur la rétine et ainsi, on la perçoit ainsi comme étant plus longue,
même si ce n’est pas le cas.
Le mouvement relatif : Lorsqu’on est en train de bouger, comme lorsqu’on est dans une
voiture ou dans un train, les objets stationnaires ont l’impression de bouger eux aussi. Les
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objets éloignés semblent bouger plus lentement et dans la même direction que nous alors que
les objets plus près semblent bouger rapidement et dans la direction opposée.
Cette illusion se produit parce que le cerveau suppose que les gros objets prendront plus de
temps à nous dépasser que les plus petits, et ce qui donne l’impression qu’ils bougent plus
lentement. Le mouvement relatif nous permet donc de déduire la distance qui nous sépare d’un
objet en se basant sur la vitesse à laquelle il bouge pendant que l’on est en mouvement.
L’effet ombre et lumière : Les ombrages nous aident aussi à percevoir la profondeur. Si on
regarde la première image ci-dessous, les ombrages donnent l’impression qu’on a affaire à une
balle avec une courbe qui tourne vers l’intérieur. Lorsque l’ombrage est changé, comme dans la
deuxième image, le petit cercle a maintenant l’aire de ressortir à l’extérieur du plus gros cercle.
Exercice
Quel indice serait le plus approprié pour déterminer quel sapin est le plus près du
photographe dans l’image ci-dessous? Explique ton raisonnement.
Réponse : Les sapins ne sont pas tous de la même grosseur, donc l’indice de taille relative ne
peut pas être utilisé. L’indice d’interposition serait donc le plus approprié.
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La perception du mouvement
Le cerveau doit aussi déterminer si un objet est en mouvement. Lorsqu’il évalue un objet en
mouvement, le cerveau doit établir la vitesse avec laquelle il se déplace et la direction vers
laquelle il se dirige. Comme un objet en mouvement projette une série rapide d’images qui ne
changent que légèrement sur la rétine, le cerveau peut avoir de la difficulté à évaluer le
mouvement avec précision. Par exemple, les gros objets semblent bouger beaucoup plus
lentement que les plus petits, même si ce n’est pas réellement le cas. Il y arrive tout de même,
en utilisant, entre autres, certains indices monoculaires dont on a déjà discuté :
● La taille relative : En plus d’être utilisée pour la perception de la profondeur, la taille
relative participe aussi à la perception du mouvement dans le monde en trois
dimensions : un objet qui devient de plus en plus gros s’approche de nous alors qu’un
objet qui devient progressivement plus petit s’éloigne;
● Le mouvement relatif : Si on connait la grosseur et donc la distance d’un objet, on peut
s’en servir pour évaluer notre propre mouvement dans l’espace.
La constance perceptive
Bien que l’indice de la taille relative permet d’évaluer la position des objets dans l’espace et de
déterminer s’ils sont en mouvement ou non, consciemment, on sait que la grosseur des objets
demeure la même – les objets ne deviennent pas plus gros ou plus petits, ce n’est que leur
position par rapport à nous qui change. Cette notion représente un aspect important du
traitement de haut-en-bas qui porte le nom de constance perspective. La constance
perspective nous permet de continuer à reconnaître un objet en dépit de sa distance, de son
angle d’observation, de son mouvement ou de son illumination. Ainsi, la constance perspective
fait référence au fait que l’on perçoit la même chose, même lorsque l’on reçoit des informations
sensorielles différentes.
Comme certains aspects de la perception visuelle ne peuvent qu’être acquis, la petite enfance
représente donc une période critique au cours de laquelle l’expérience doit activer certains
mécanismes visuels du cerveau.
L’adaptation perceptive
Si on a été exposé aux stimuli nécessaires au bon développement de la perception visuelle, on
peut s’adapter assez rapidement à des changements dans l’expérience sensorielle.
Pour ceux qui portent des lunettes, tu fais preuve d’adaptation perceptive à chaque fois que tu
en obtiens une nouvelle paire – ton cerveau s’était probablement habitué à faire des
ajustements automatiques pour corriger des problèmes de vision. Par contre, de nouvelles
lunettes font ces ajustements pour lui et il doit donc s’habituer à cesser de les faire afin de
prévenir une sur-correction.
Conclusion
La sensation est le processus par lequel les récepteurs sensoriels et le système nerveux
reçoivent l’énergie des stimuli de notre environnement. Le traitement de bas-en-haut est une
analyse qui commence avec les récepteurs sensoriels et qui monte vers le cerveau où il y aura
une intégration des informations sensorielles.
La tâche de chacun des sens est de recevoir l’énergie des stimuli environnementaux, de la
transformer en influx nerveux et d’envoyer ces messages vers le cerveau. Dans le cas de la
vision, des ondes électromagnétiques sont converties en influx nerveux par la rétine. Après
avoir été encodés, ces influx nerveux voyagent le long du nerf optique jusqu’au cortex visuel, où
ils seront organisés en des perceptions visuelles complètes.