INTRODUCTION
La terre initialement considérée comme un bien non marchand, est devenue la
matigre premiére pour tout projet de développement. Elle est en effet au coeur d’un
large éventail d’objectifs de développement social (la sécurité alimentaire, la réduction
de la pauvreté, la stabilité sociale), de développement économique (la croissance
économique, l'investissement, les revenus publics a travers I’imposition).
‘Au Cameroun comme dans tous les pays, la gestion des terres a été tributaire de
Pévolution historique, économique et surtout politique.
On distingue au Cameroun, comme partout en Afrique sub-saharienne, une évolution
de la gestion fonciére, de la période précoloniale a la période actuelle.
Avant la période coloniale, la gestion fonciére était régulée par les autorités
traditionnelles sur une base communautaire et dans une perspective de développement
durable respectant |’environnement. Mamelle nourriciére de la communauté, la terre
était un bien commun, inaliénable et se transmettait de génération en génération. Les
modes d’attribution des terres en jouissance aux membres des communautés (« droit
coutumier ») variaient d’une région une autre, d’une ethnie a une autre.
La notion d’appropriation individuelle a été introduite par les puissances coloniales
qui ont modelé le paysage foncier existant au gré de leurs intéréts.
Trois colonisations ont marqué l’histoire du Cameroun : la colonisation allemande, la
colonisation frangaise et la colonisation britannique.
La colonisation allemande a introduit un systéme d’administration fonciére basé sur
Vordonnance impériale du 15 juillet 1896 qui classifie les terres en trois catégories :
1- Les terres vacantes et sans maitre attribuées a Etat allemand
2+ Les terres occupées ou exploitées
3+ Les terres inalignables (domaine public)
La colonisation frangaise a introduit trois (03) régimes fonciers dans la partie
francophone du Cameroun jusqu’a la veille de l’indépendance,:
1- Le régime de la transcription régi par la loi du 21 juillet 1921et qui n’intéressait
que les Frangais expatriés et assimilés
2- Le régime de la constatation des droits des indiggnes instauré par le décret du
21 juillet 1932 et qui fixait le droit d’usage de la terre en tenant compte des régles
coutumiéres. Tout Camerounais pouvait faire constater ses droits fonciers
mmcoutumiers 4 la suite d’une procédure qui aboutissait 4 la délivrance d’un
document appelé « livret foncier », jouissant d’une force probante.
3- Le régime de l’immatriculation des droits fonciers institué par le méme
décret du 21 juillet 1932 et son arrété d’application du 24 mars 1934, pour les
Frangais et assimilés. Mais il permettait également 4 l’indigéne dont les droits ont été
constatés dans un livret foncier de faire immatriculer lesdits droits en transformant le
livret foncier en titre foncier
L’administration britannique a étendu la « Land and native right ordinance »
sur l’ensemble de la partie occidentale du Cameroun.
Cette ordonnance, appelée « rights of occupancy », conférait uniquement le droit
de jouir et d’occuper la terre aux indigénes; le représentant du Gouvernement
britannique devenait le nouveau maitre de toutes les terres. Mais les Autorités
traditionnelles feront entendre leurs revendications et obtiendront un amendement 4 la
«Land and native right ordinance ». La « Land and native right ordinance » du 25
février 1956 prévoyait la propriété privée ou « free hold land » et le « leesehold land »
qui était un droit de jouissance. En dehors de ces deux catégories, toutes les autres
terres désormais appartenaient aux collectivités coutumiéres et non plus a la couronne
britannique.
L’évolution politique du pays (Etat Unitaire) et les exigences du développement
économique nécessiteront "harmonisation des systémes fonciers existants dans les
deux entités de I’Etat fédéral (Cameroun oriental et Cameroun occidental) et conduiront
les dirigeants a initier une nouvelle réforme. Trois ordonnances signées le 6 juillet 1974
par le Président de la République ont constitué cette nouvelle réforme :
1-L’ordonnance n°74/1 du 6 juillet 1974 fixant le régime foncier ;
2- L’ordonnance n°74/2 du 6 juillet 1974 fixant le régime domanial ;
3- L’ordonnance n°74/3 du 6 juillet 1974 relative 4 l’expropriation pour cause
@°utilité publique.
Les décrets d’application des deux premiéres ordonnances ont été signés par le
Président de la République :
- décret n°76-165 du 27 avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier ;
- décret n°76-166 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du domaine
national ;
mm Cr- décret n°76-167 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du domaine privé
de I’Etat.
La derniére ordonnance, n°74-3 du 6 juillet 1974, a été abrogée par :
- la loi n°85/09 du 4 juillet 1985 relative & expropriation pour cause d’utilité
publique et aux modalités d’indemnisation et son décret d’application n°87/1872 du 16
décembre 1987.
La réforme fonciére et domaniale mise en place en 1974 a tenu compte des réalités
sociologiques du pays et a harmonisé les deux systémes fonciers en vigueur depuis
1961 dans les deux entités. Cette réforme indique les prérogatives des personnes sur la
terre, les modalités d’appropriation, d’utilisation et de transfert des droits fonciers et
domaniaux.
A ce jour, beaucoup d’autres textes ont été signés. Ces textes feront l’objet du
chapitre suivant, dans un classement par régime et selon le cadre juridique concerné
Notre présentation s’articulera autour de ces deux régimes
Il sera question ici:
- de lister les textes qui encadrent le droit foncier et domanial au Cameroun afin de
mieux examiner chaque régime dans son ensemble.
= de présenter un apergu sur les litiges fonciers et domaniaux qui peuvent en
découler et les sanctions prévues
- de résumer la fiscalité qui s’y rapporte,
Le Cadastre, épine dorsale de toute législation foncitre et domaniale, est
«Papplication technique du droit foncier et domanial ». Mais seul le cadre juridique
pourrait étre énoncé dans cette présentation./-
CHAPITRE I: CADRE JURIDIQUE
I- TEXTES RELEVANT DU REGIME FONCIER
A- CADRE LEGISLATIF
- L’ordonnance n°74/1 du — juillet 1974 fixant le Régime foncier
- L’ordonnance n°77-1 du 10 janvier 1977 et la loi n°80-21 du 14 juillet 1980
modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance n°74-1 du 6 juillet 1974
fixant le régime foncier.- La loi n° 80/21 du 14 juillet 1980 modifiant et complétant certaines dispositions de
Pordonnance n ° 74/1 du 6 juillet 1974 fixant le régime foncier
- La loi n°80-22 du 14 juillet 1980 portant répression des atteintes a la propriété
fonciére et domaniale ;
= La loi n? 19 du 26 novembre 1983 modifiant les dispositions de l'article 5 de
Vordonnance n° 74/1 du 6 juillet 1974 fixant le régime foncier
- La loi de finances de l’exercice 1990/1991 ; extrait de l'article 14
- La loi n°2010/022 du 21 décembre 2010 relative a la copropriété des immeubles
B- CADRE REGLEMENTAIRE
- Le décret n°76-165 du 27 avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre
foncier
- Le décret n° 76/166 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du Domaine
National
- Le décret n°79-017 du 13 janvier 1979 relatif aux transactions immobiliéres
privées.
- Le décret n° 84/311 du 22 mai 1984 portant modalités d’application de la loi n°
80/22 du 14 juillet 1980 relative a la répression des atteintes & la propriété fonciére et
domaniale
- Le décret n°2005/481 du 16 décembre 2005 modifiant et complétant certaines
dispositions du décret n°76/165 du 27 avril 1976 fixant les conditions d’obtention du
titre foncier.
~ Le décret n° 2006/0368/PM du 03 mai 2006 fixant l’organisation et les modalités
de fonctionnement du bulletin des avis domaniaux et fonciers
- Le décret n° 2011/1131/PM du 11 mai 2011 fixant les modalités d’application de
Ja loi n°2010/022 du 21 décembre 2010 relative a la copropriété des immeubles
= Le décret n° 2011/1132/PM du 11 mai 2011 fixant les conditions d’accés et
dexercice de la profession de syndic de copropriété
- Le décret n® 2012/1870/PM du 04 juillet 2012 fixant les modalités de délivrance du
titre de propriété dans le cadre de la copropriété des immeubles batis
MM- L’arrété n ° 109/MINDAF/S030 du 08 avril 2010 portant création, organisation et
fonctionnement des Guichets Uniques de facilitation des transactions fonciéres et
domaniales
- L’arrété conjoint n° 00001/MINDCAF/MNHDU du 30 aoft 2013 fixant la
nomenclature de désignation du batiment dans le titre de propriété
- La circulaire n° 001/CAB/PM du 1“ avril 2014 relative aux dispositions applicables
aux investisseurs pour I’accés a la terre au Cameroun
- La Lettre-Circulaire n° 0021/L.MINUH/A00 du 10 aodit 2004 relative a l’exécution
des décisions de justice
- La Circulaire n° 000003/Y.7/MINDCAF/SG/DAJ/CER du 11 mars 2014 précisant
les modalités d’exercice des attributions des Chefs des Services Régionaux des Affaires
Juridiques
- La Circulaire n° 00002/L/MINDAF/I200 du 26 janvier 2011 relative a l’exécution
des arrétés des gouverneurs de Régions portant réglement des litiges fonciers lors des
procédures d’immatriculation des dépendances du domaine national
- La Circulaire n° 000180/MINDAF/A010 du 20 décembre 2005 portant clarification
sur les attributions du Service départemental des Affaires Fonciéres et du Service
départemental des Domaines
- L’Instruction n° 0001/Y.18/MINDAF/D200 du 02 décembre 2005 sur la mise en
place des conservations fonciéres
- L’Instruction n° 0007/Y.18/MINDAF/D300 du 29 décembre 2005 relative au
fonctionnement de la Conservation fonciére
- L'Instruction n® 0008/Y.18/MINDAF/D310 du 29 décembre 2005 relative a la
nouvelle procédure de visa des dossiers de demande de titre foncier par voie
d’immatriculation direct
- L’Instruction n° 001/MINDAF/S030 du 08 avril 2010 relative aux modalités
pratiques de facilitation des transactions domaniales et fonciéres aux entreprises
commerciales
- Le Tome I du Manuel pour Vaccomplissement des procédures fonciéres,
domaniales et cadastrales, a l’usage des acteurs des guichets uniques de facilitation de
L’accés aux droits sur la terre au bénéfice des opérateurs économiques.
U- TEXTES RELEVANT DU REGIME DOMANIAL
MMA- CADRE LEGISLATIF
- L’ordonnance n°74/2 du 6 juillet 1974 fixant le régime domanial
- L’ordonnance n°77-2 du 10 janvier 1977 modifiant et complétant certaines
dispositions de l’ordonnance n°74-2 du 6 juillet 1974 fixant le régime domanial.
- La Loi n° 80/22 du 14 juillet 1980 portant répression des atteintes 4 la propriété
fonciére et domaniale
- La Loi n° 85/09 du 04 juillet 1985 relative & expropriation pour cause d°utilité
publique et aux modalités d’indemnisation
- La Loi n° 2004/003 du 21 avril 2004 régissant l’urbanisme au Cameroun.
B- CADRE REGLEMENTAIRE
- Le décret n° 76/167 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du domaine
privé de I’Etat
- Le décret n° 79/189 du 17 mai 1979 réglementant la délimitation des centres urbains
- Le décret n° 79/194 du 19 mai 1979 fixant les régles relatives a la création des
lotissements
- Le décret n ° 84/311 du 22 mai 1984 portant modalités d’application de la loi n°
80/22 du 14 juillet 1980 relative a la répression des atteintes a la propriété fonciére et
domaniale
- Le décret n ° 87/1872 du 16 décembre 1987 portant application de la loi n° 85/09
du 04 juillet 1985 relative 4 l’expropriation pour cause d’utilité publique et aux
modalités d’indemnisation
- Le décret n ° 95/146 du 04 aoiit 1985 modifiant et complétant certaines dispositions
du décret n° 76/167 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du domaine privé
de I’Etat
- Le décret n ° 2003/418/PM du 25 février 2003 fixant les tarifs des indemnités a
allouer au propriétaire victime de destruction pour cause d’utilité publique de cultures
et d’arbres cultivés :
- Le décret n ° 2006/0368/PM du 03 mai 2006 fixant l’organisation et les modalités
de fonctionnement du bulletin des avis domaniaux et fonciers
- décret n° 2008/0736/PM du 23 avril 2008 fixant les modalités d’élaboration et de
révision des documents de planification urbaine
um~ Le décret n° 2008/0738/PM du 23 avril 2008 portant organisation des procédures et
modalités de l’aménagement foncier
- Le décret n° 2008/0740/PM du 23 avril 2008 fixant le régime des sanctions
applicables aux infractions aux régles d’urbanisme
- Le décret n ° 2014/3209/PM du 29 septembre 2014 fixant les prix minima des
redevances annuelles d’occupation des dépendances du domaine public
- Le décret n° 2014/3210/PM du 29 septembre 2014 fixant les conditions d’octroi des
baux et les modalités de paiement de Ia redevance domaniale dans les zones
économiques
- Le décret n ° 2014/3211/PM du 29 septembre 2014 fixant les prix minima
applicables aux transactions sur les terrains relevant du domaine privé de "Etat
- L’Arrété n° 01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités d’implantation
des stations de distribution des produits pétroliers
- L’Arrété conjoint n° 00073/MINAT/MINVIL du 21 mai 2000 précisant les
modalités d’application de certaines régles de salubrité et de sécurité publiques
- La Circulaire n° 003/CAB/PR du 8 février 1982 sur l'acquisition des terrains
domaniaux, municipaux et des parcelles du domaine national
- La Lettre circulaire n° 00172/LC/MINATI/CAB portant restauration de ’hygiéne et
de la salubrité
- La Circulaire n° 004/CAB/PM du 31mai 2007 relative 4 la sauvegarde du
patrimoine immobilier de I’Etat, des établissements publics et entreprises du secteur
public et parapublic
- La Circulaire n° O01/CAB/PM du 1* avril 2014 relative aux dispositions
applicables aux investisseurs pour l’accés a la terre au Cameroun
- La Circulaire n° 0005/MINDCAF/SG/D1/D11 du 10 février 2015 relative a la
délivrance des arrétés d’autorisation d’exploitation des carriéres (roches, pierres,
pouzzolanes, sable, grés, etc.)
Avant de passer au cadre institutionnel, nous pouvons relever tout de méme les textes
qui régissent le Cadastre au Cameroun, bien que ces textes ne soient pas examinés dans
le cadre de notre présentation.
Il - TEXTES RELEVANT DU REGIME CADASTRAL
A- CADRE LEGISLATIF
MMLoi n® 76/25 du 14 décembre 1976 portant organisation cadastrale
Loi n° 90/039 du 10 aoft 1990 relative a l’exercice et organisation de la
profession de géometre
B- CADRE REGLEMENTAIRE
Le Décret n ° 75/784 du 18 décembre 1975 portant statut particulier du corps des
fonctionnaires du Cadastre
Le Décret n° 79/097 du 21 mars 1979 fixant la composition de la Commission
administrative de délimitation cadastrale et les modalités de son fonctionnement
Le Décret n° 95/312/PM du 27 avril 1995 portant création d’une commission
pour la mise en place du cadastre fiscal
Projet de décret fixant les modalités d’application de la loi n° 90/039 du 10 aod
1990 relative a I’exercice et a l’organisation de la profession de Géométre au
Cameroun
L’Arrété n° 364/CAB/PR du 26 juin 1990 portant additif a l’arrété n° 69/CAB/PR
du 24 mars 1977 fixant la liste des écoles étrangéres ou internationales formant
les fonctionnaires du Cadastre
L’Arrété n° 088/CAB/PM du 03 septembre 2003 fixant la liste des écoles
étrangéres ou internationales formant les fonctionnaires du Cadastre
L’Arrété n° 082/CAB/PM du 13 septembre 2013 portant création du Comité de
Pilotage et de Suivi du Projet de Réalisation du Cadastre National du Cameroun
Arrété n° 00363 portant répartition de la majoration de 10% des facturations des
travaux cadastraux au personnel du cadastre
Décision n° 000241/MINDAF/S000/D4 du 20 avril 2010 portant création du
Comité technique chargé de la préparation et la mise en ceuvre du projet de
création d’un cycle des Ingénieurs de conception du cadastre au sein de l’Ecole
Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (ENSPY)
L’Instruction n° 000001/Y.2.2/MINDCAF/SG/D4 du 27 mars 2014 relative au
traitement des dossiers techniques dans les Services Régionaux et
Départementaux du Cadastre
La Note de service n° 000048/Y.2.2/MINDCAF/SG/D4 du 27 mars 2014
précisant certaines modalités d’organisation et de fonctionnement des Services
Régionaux et Départementaux du Cadastre
Les Modéles réglementaires des bornes
Les Modéles de plans joints au PV de bornage d’immatriculation, de
morcellement.
mm rIv- CADRE INSTITUTIONNEL
La structure gouvernementale chargée de la gestion fonciére au Cameroun a changé
au fil des temps, compte tenu de I’évolution du développement économique et social.
A partir des années 1980, cette gestion fut confiée tour a tour au Ministére de
T'Urbanisme et de l’Habitat MINUH), au Ministére des Domaines et des Affaires
Fonciéres (MINDAF) et, depuis 2012, au Ministére des Domaines, du Cadastre et des
Affaires Fonciéres (MINDCAF).
En effet, Le décret n°2012/390 portant organisation du Ministére des Domaines, du
Cadastre et des Affaires Fonciéres (MINDCAF) a été signé le 18 septembre 2012.
Le MINDCAF comprend dans sa structuration, des Directions spécialisées et
complémentaires pour entre autres, répondre de maniére efficace et efficiente aux
problémes rencontrés dans la gestion fonciére et domaniale.
Ainsi par leurs services déconcentrés, la Direction du Cadastre est en amont pour
la description physique des objets de droits, les Directions des Domaines et des
Affaires Fonciéres pour l’octroi des droits, la Conservation pour la sécurisation
desdits droits et la Division des Affaires Juridiques pour traiter le contentieux généré.
Les droits réels immobiliers et les titres fonciers des personnes physiques ou morales
de droit privé constituent la propriété fonciére tandis que la propriété domaniale se
rapporte aux titres fonciers et aux droits réels immobiliers des personnes physiques ou
morales de droit public.
CHAPITRE IT: LE REGIME FONCIER
I- CHAMP D’APPLICATION
Le régime foncier porte sur le domaine national et sa gestion. Le domaine national
est constitué des terres qui, & la date d’entrée en vigueur de l’ordonnance 74-1, ne sont
classées ni dans le domaine public, ni dans le domaine privé de I’Etat et des autres
personnes morales de droit public, ni dans le domaine privé des particuliers.
Les dépendances du domaine national sont classées en deux catégories :
- LE DOMAINE NATIONAL DE PREMIERE CATEGORIE,
Le domaine national de premigre catégorie est formé des terres dont occupation
(habitation) ou l’exploitation (cultures, paturage..) est antérieure au 05 aotit 1974.
- LE DOMAINE NATIONAL DE DEUXIEME CATEGORIE
MMLe domaine national de deuxiéme catégorie est constitué des terrains libres de
toute occupation et de toute exploitation.
IIl- PROCEDURES
Le domaine national est administré par |’Etat en vue d’en assurer une utilisation et
une mise en valeur rationnelles.
A cet effet, des procédures ont é
consultatives présidées par les autorités administratives et comprenant obligatoirement
les représentants des autorités traditionnelles, en vue d’asseoir les droits des personnes
physiques et morales sur les parcelles du domaine national.
é prévues sous la houlette des commissions
La commission consultative instituée par décret n°76/166 du 27 avril 1976
fixant les modalités de gestion du domaine national en son article 12, est nommeée par le
Préfet et siége au niveau du district ou de l’arrondissement.
Le Sous-Préfet ou le Chef du District en est le Président. Le Chef du village et
deux de ses notables font partie des membres de cette commission.
La commission consultative a pour attributions entre autres, I’émission d’un
avis motivé sur les demandes ¢’attribution en concession, I’examen et le réglement le
cas échéant des litiges qui lui sont soumis dans le cadre de la procédure de
Vimmatriculation directe, l’examen et le réglement le cas échéant des litiges qui lui
auront été envoyés par les juridictions par application de l'article 5 de l’ordonnance
n°74-1 du 06 juillet 1974, la constatation de la mise en valeur des terrains pour
Pobtention du titre foncier.
Lorsque l’opposition touche a la fois la mise en valeur et la limites des
circonscriptions administratives, la commission de réglement des litiges frontaliers,
instituée par décret n°74-490 du 17 mai 1974, est seule compétente pour statuer.
Le Législateur, en accordant un réle central a I"Etat dans la gestion foncidre, ne
nie pas I’existence du « droit coutumier », mais en limite le pouvoir. En désignant le
Chef du village et deux de ses notables comme membres de la commission
consultative, |’Etat établit une sorte de cogestion entre lui et les autorités coutumiéres
dont les signatures sont indispensables pour la validité du procés-verbal des travaux de
ladite commission.
Les dépendances du domaine national sont attribuées par voie de concession, bail
ou affectation dans des conditions déterminées par décret (art 17).
Toutefois, les collectivités coutumiéres, leurs membres ou toute autre personne de
nationalité camerounaise qui, 4 la date du 05 aoft 1974 date d’entrée en vigueur de
MMPordonnance n°74/1 du 6 juillet 1974, occupent ou exploitent paisiblement des
dépendances de premiére catégorie peuvent y obtenir des titres fonciers
conformément aux dispositions réglementaires, notamment le décret n°2005/481 du 16
décembre 2005 modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°76/165 du 27
avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier.
A-L’IMMATRICULATION DIRECTE
L’immatriculation directe est la procédure appliquée sur le domaine national de
premiére catégorie constituée des terrains occupés ou exploités avant le Saoat 1974
Toute personne habilitée a solliciter ’obtention d’un titre foncier sur le domaine
national de 1° catégorie doit déposer la Sous-Préfecture ou au District du lieu de
situation du terrain, une demande remplie sur un formulaire spécial disponible au
Service Départemental des Affaires Fonciéres, en quatre (4) exemplaires dont
original est timbré et & laquelle est jointe la copie de sa carte nationale d’identité.
Le Service Départemental des Affaires Fonciéres saisi ensuite va assurer la
publicité par voie d’affichage de I’avis au public dans les locaux concernés. La
commission consultative se réunira sur le terrain en question a l’effet entre autres, de
statuer sur la mise en valeur et son auteur et éventuellement de borer le terrain.
Le dossier complet sera transmis par la suite au Service Régional des Affaires
Fonciéres pour publication de l’avis de cléture de bornage au Bulletin des Avis
Domaniaux et Fonciers.
Trente jours aprés cette publication, le Conservateur qui le dossier concemé
transmis, établira un titre foncier au nom du requérant s’il n’y a pas
opposition, ou s’il y a eu main levée d’une éventuelle opposition. Sinon, il renverra le
dossier a l’examen de la commission consultative.
Le décret n°2005/481 du 16 décembre 2005 susvisé a détaillé la procédure
d’immatriculation directe étapes par étapes tout en prescrivant des délais (articles 11,
12, 13, 14 et 15).
B-LA CONCESSION
1- La concession provisoire
La concession provisoire est la procédure par laquelle |’Etat autorise toute
personne physique ou morale, publique ou privée, de nationalité camerounaise ou
étrangére réaliser pendant une période de cinq ans un projet de développement
mm. [a
|
”économique, social ou culturel sur une dépendance du domaine national de deuxiéme
catégorie
Le dossier 4 déposer auprés du Délégué Départemental du Ministére en charge
des Domaines contre un récépissé est composé des sept (7) piéces suivantes :
- La demande de concession remplie sur un formulaire spécial disponible au
Service Départemental des Domaines, en trois (3) exemplaires dont I’original est
timbré ;
- Le croquis du terrain en quatre (4) exemplaires ;
- La copie certifiée conforme de la carte nationale d’identité ou de la carte de
séjour ;
- Un document authentique attestant de son existence légale lorsqu’il s’agit d’une
société ;
- La procuration authentique délivrée par le responsable compétent de la soci¢t
- Le programme de mise en valeur du projet présenté faisant ressortir les étapes de
sa réalisation et les ressources 4 mobiliser ;
- Le devis estimatif et quantitatif du projet signé par un expert.
Le traitement du dossier s’effectue en cing (5) phases qui conduisent a la concession
provisoire. Il s*agit de :
= La phase des opérations préparatoires 4 la descente sur le terrain de la
commission consultative chargée de la gestion du domaine national ;
- La phase descente sur le terrain de la commission consultative;
- La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission consultative ;
- La phase du traitement du dossier au niveau central et d’attribution de titre de
concession provisoire au promoteur du projet ;
- La phase de contréle du respect du cahier de charges annexé & Lacte d’attribution
de la concession provisoire.
La concession provisoire est octroyée par arrété du Ministre chargé des Domaines
pour les parcelles de moins de 50ha, et par décret présidentiel pour les parcelles de plus
de 50ha.
Sa durée ne peut excéder cing (05S) ans mais peut étre exceptionnellement
prorogée sur la demande motivée du concessionnaire.
Un cahier de charges indique les droits et obligations du concessionaire et de
Etat.
mLL’acte de concession provisoire est notifié au promoteur dans les formes
administratives.
La concession provisoire prend fin : & l’expiration du délai prescrit, en cas de non-
respect des obligations imposées au concessionnaire, par abandon volontaire, par
alignation du terrain sans le consentement de l’autorité concédante, par suite du décés
du bénéficiaire, si I’héritier ne demande pas le transfert des droits dans un délai d’un an
& compter de la date du décés, en cas de faillite du concessionnaire ou dissolution s'il
s’agit d’une société, par l’octroi d’une concession définitive.
Suivant les cas susvisés, un arrété du Ministre chargé des Domaines ou un décret
présidentiel sanctionne la fin de la concession provisoire.
2- La concession définitive
La concession définitive est la procédure par laquelle I’Etat attribue
définitivement au bénéficiaire de la concession provisoire, de nationalité camerounaise,
la parcelle de terrain concernée, aprés avoir vérifié que le projet présenté y a été réalisé
conformément au cahier de charges.
Le dossier que le « concessionnaire provisoire » doit déposer auprés du Préfet du
lieu de situation du terrain est composé des piéces suivantes :
= Une demande en quatre (4) exemplaires sur papier libre dont l’original est timbré
par laquelle le bénéficiaire de la concession provisoire sollicite de Monsieur le
Préfet le constat de la réalisation de son projet conformément au cahier de
charges ;
- L’arrété ou le décret ayant attribué la concession provisoire revétu des mentions
de son enregistrement :
- La quittance de paiement de la redevance fonciére fixée dans l’acte de concession
provisoire ;
- Une procuration authentique du mandataire dans le cas d’une société ;
- une fiche de présentation du projet réalisé ;
- le permis de batir délivré par l’autorité municipale compétente si le projet portait
sur une construction située en zone urbaine.
Cing (5) phases composent le traitement de ce dossier :
- La phase des opérations préparatoires & la descente sur le terrain de la
commission consultative chargée de la gestion du domaine national ;
- Laphase descente sur le terrain de la commission consultative;
- La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission consultative ;
“ @- La phase du traitement du dossier au niveau central et d’attribution de titre de
concession définitive au promoteur du projet ;
- La phase de transformation de I’acte octroyant la concession définitive en titre
foncier.
La concession définitive est octroyée par arrété du Ministre chargé des
Domaines pour les parcelles de moins de 50ha, et par décret présidentiel pour les
parcelles de plus de 50ha.
L’acte de concession définitive est notifié au promoteur dans les formes
administratives.
Afin de sécuriser définitivement son droit de propriété sur ce terrain tout en rendant
ledit droit opposable aux tiers, le « concessionaire » est tenu de demander Ia
transformation en titre foncier de l'acte administratif lui octroyant la concession
définitive.
La demande de transformation rédigée sur papier libre et accompagnée de I’acte
octroyant la concession définitive revétu des mentions de son enregistrement est
déposée auprés du Délégué Départemental des Domaines du lieu de situation du terrain.
Le dossier sera transmis ensuite au Conservateur qui établira le titre foncier au nom
du « concessionnaire » aprés toutes les formalités requises.
3- Le bail emphytéotique
Le bail emphytéotique est la procédure par laquelle I’Etat accorde au bénéficiaire
de la concession provisoire, de nationalité étrangére, un droit de jouissance de trés
longue durée sur la parcelle de terrain concernée, aprés avoir vérifié que le projet
présenté a été réalisé conformément au cahier de charges.
Le dossier que le « concessionnaire provisoire » de nationalité étrangare doit
déposer auprés du Préfet du lieu de situation du terrain est composé des mémes pieces
que pour le cas de la concession définitive
Cing (5) phases composent le traitement de ce dossier :
- La phase des opérations préparatoires a la descente sur le terrain de la
commission consultative chargée de la gestion du domaine national ;
- La phase descente sur le terrain de la commission consultative;
- La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission consultative ;
- La phase du traitement du dossier au niveau central et de signature de I’acte
administratif autorisant la conclusion du bail emphytéotique ;
MM- La phase de signature du bail emphytéotique.
La signature du bail emphytéotique est autorisée par arrété du Ministre chargé
des Domaines pour les parcelles de moins de SOha, et par décret présidentiel pour les
parcelles de plus de 5Oha.
Le «concessionaire provisoire» de nationalité étrangére signe le bail
emphytéotique avec :
- Le Ministre chargé des Domaines lorsque la superficie du terrain est supérieure &
S0ha;
- Le Préfet du département de situation du terrain lorsque la superficie du terrain
est inférieure & 50ha.
L’acte autorisant la signature du bail emphytéotique est notifié au promoteur dans
les formes administratives.
Des contréles périodiques du respect des clauses du cahier de charges seront
effectués sur le terrain concerné par les agents du Ministére chargé des Domaines.
Le bail est résilié & l’expiration du délai initial. Toutefois, il peut étre renouvelé par
arrété ministériel ou par décret présidentiel selon le cas, aprés une demande formulée
six mois avant l’expiration du délai initial, L’Etat peut exiger des investissements
supplémentaires & l'occasion du renouvellement.
C-MORCELLEMENT / MUTATION
En son article 1%, ’ordonnance n°74/I du 6 juillet 1974 précise que I’Etat garantit &
toutes les personnes physiques ou morales possédant les terrains en propriété, le droit
d’en jouir et d’en disposer librement.
Ainsi, les particuliers disposent sur leurs terrains le droit d’en jouir et le droit
daligner.
Les actes constitutifs, translatifs, ou extinctifs de droits réels immobiliers
doivent a peine de nullité étre établis en la forme notariée.
Le morcellement est la procédure par laquelle |’Etat permet, au propriétaire du titre
foncier qui I’a sollicité, de céder a l’acquéreur une partie de son terrain moyennant le
paiement du prix convenu. Cette convention est conclue devant le Notaire pour
permettre a |’acquéreur d’obtenir son titre foncier.
La mutation est la procédure par laquelle I’Etat permet, au propriétaire du titre
foncier qui l’a sollicité, de céder 4 l’acquéreur Ia totalité de son terrain moyennant le
mMpaiement du prix convenu. Cette convention est conclue devant le Notaire pour
permettre 8 l’acquéreur d’obtenir son titre foncier.
Le vendeur doit justifier d’un titre foncier libre de toute charge ; VPacquéreur doit
justifier de sa capacité juridique a transiger et les deux parties doivent s’entendre sur le
prix de la parcelle et les modalités de paiement
Le morcellement et la mutation sont des transactions immobiliéres privées qui sont
régies par trois grandes régles :
- obligation de conclure les principales transactions fonciéres (vente, hypothéque)
par devant notaire (art 8 al 1)
- l'interdiction de transactions fonciéres sur des immeubles non immatriculés (art
8, al 2)
- la soumission au régime de visa des transactions immobiliéres au profit des
étrangers, des missions diplomatiques ou consulaires et des organismes
internationaux (art 10, loi n°80-21 du 14 juillet 1980).
Pour le morcellement comme pour la mutation, le dossier que le vendeur ou
Pacquéreur doit déposer auprés du Chef du Service Départemental du Cadastre du lieu
de situation du terrain est composé des pices suivantes :
- La demande sur imprimé spécial délivré par le cadastre et signée par le vendeur
en deux exemplaires dont original est timbré ;
~ Le certificat de propriété du titre foncier conceré datant de moins de trois (3)
mois et délivré par le Conservateur Foncier ;
- La copie du titre foncier concerné ;
- Le plan de lotissement approuvé ou le plan de découpage si le terrain est urbain.
Six (6) phases de travail sont effectuées dans la procédure de morcellement ou de
mutation :
- La phase d’actualisation de l’information sur la situation de la propriété du
vendeur (certificat de propriété datant de moins de trois (3) mois) ;
- La phase d’identification cadastrale de la parcelle objet de la vente partielle ou
phase de vérification cadastrale et de reconstitution des limites du terrain objet de
la vente totale (dossier technique);
- La phase d’obtention du certificat d’urbanisme et du certificat d’accessibilité
auprés de l’autorité municipale compétente ;
- La phase de la conclusion de la vente par devant Notaire ;
- La phase de l’enregistrement de I’acte de vente ;
- La phase de transformation de |’acte notarié de vente en titre foncier.
mm [ “Apras réception du dossier composé de I’acte notarié enregistré, du certificat
durbanisme et du certificat d’accessibilité, dossier technique, la copie du titre foncier
concemé, le Conservateur Foncier établit un titre foncier de morcellement au nom de
Pacquéreur ou mute Ie titre foncier du vendeur au nom de l’acquéreur, toutes les
formalités requises ayant été préalablement remplies.
Les personnes physiques de nationalité étrangére peuvent conclure des baux ou
acquérir de propriétés immobiliéres, sauf dans les zones frontaliéres 4 condition que
les actes établis A cet effet soient revétus du visa du Ministre chargé des Affaires
Fonciéres.
Les Missions diplomatiques et consulaires et les organisations internationales
peuvent conclure des baux ou acquérir de propriétés immobiliéres(de superficie
inférieure ou égale 4 1000 m?, sauf dérogation spéciale), sauf dans les zones
frontaligres, A condition que les actes établis a cet effet soient revétus du visa du
Ministre chargé des Relations Extérieures et du Ministre chargé des Affaires fonciéres,
et que la réciproque soit établie. L’Etat jouit d’un droit de préemption en cas de
revente.
D-LA FUSION
Deux immeubles contigus peuvent étre fusionnés et ne former qu’un. La fusion
entraine |’établissement au nom du propriétaire d’un nouveau titre foncier sur lequel
sont mentionnées toutes les inscriptions grevant les anciens titres. Ces derniers sont
nécessairement annulés par le Conservateur Foncier. Avis de cette annulation est inséré
au Bulletin des avis domaniaux et fonciers.
E-L’EXPROPRIATION POUR CAUSE D’UTILITE PUBLIQUE
L’expropriation est la procédure par laquelle I’Etat « oblige» un particulier &
céder toute ou partie de sa propriété privée en vue de la réalisation des objectifs
d’intérét général.
L’expropriation pour cause d’utilité publique peut étre engagée soit directement
lorsqu’elle vise a réaliser des opérations d’intérét public, économique ou social, soit
indirectement 4 la demande des communes, des établissements publics ou des
concessionnaires de service public, lorsque des tentatives de réglement a I’amiable
entre ces organismes et les propriétaires se sont révélées infructueuses.
L’expropriation ouvre droit une indemnisation préalable. Toutefois, dans
certains cas, le bénéficiaire de l’expropriation peut, avant paiement effectif de
V'indemnité, occuper les lieux dés la publication du décret d’expropriation.La procédure est déclenchée par le département ministériel désireux
dentreprendre une opération d’utilité publique. Le dossier dont il saisit le Ministre
chargé des Domaines est composé des piéces suivantes :
- Une demande assortie d’une note explicative indiquant l’objet de l’opération ;
- Une fiche dégageant les caractéristiques principales des équipements a réaliser et
précisant notamment la superficie approximative du terrain sollicité diment
justifiée, ’appréciation sommaire du codt du projet y compris les frais
d’indemnisation, la date approximative de démarrage des travaux et la
disponibilité des crédits d’indemnisation avec imputation budgétaire ou de tous
autres moyens d’indemnisation.
Sept (7) phases constituent la procédure d’ expropriation ainsi déclenché
La phase de signature de I’arrété déclarant d’utilité publique les travaux projetés ;
La phase des travaux de la commission de constat et d’évaluation ;
La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission de constat et d’évaluation
La phase de traitement du dossier au niveau central et de préparation des projets
de décrets d’expropriation et d’indemnisation ;
La phase de signature du décret d’expropriation et d’indemnisation
La phase de notification du décret aux parties concemnées :
- La phase d’inscription du décret d’ expropriation dans les livres fonciers (mutation
ou morcellement au nom de I’Etat des titres fonciers expropriés)
La commission de constat et d’évaluation est instituée 4 l’article 4 du décret
n°87/1872 du 16 décembre 1987, portant application de la loi n°85/9 du 04 juillet 1985
relative a l’expropriation pour cause d’utilité publique et aux modalités
d’indemnisation.
Sa composition est fonction du niveau de sa compétence : départemental, régional
ou national.
La commission de constat et d’évaluation est chargée entre autres: de choisir et
de faire borner les terrains aux frais du bénéficiaire de la mesure (expropriation,
incorporation, classement) ; de constater les droits et d’évaluer les biens mis en cause ;
didentifier leurs titulaires et propriétaires ; de faire poser les panneaux indiquant le
périmétre de l’opération aux frais du bénéficiaire de la mesure.
La commission se réunit en tant que de besoin sur convocation de son Président. La
convocation et l’ordre du jour doivent étre adressés 4 chaque membre au moins 15 jours
avant la date de la réunion. Le quorum est de 2/3 des membres. Les décisions sont a la
majorité simple des membres présents. En cas de partage de voix, celle du Président est
prépondérante.
MMLes personnes morales de droit public (les collectivités publiques locales, les
établissements publics, les concessionnaires des services publics et les sociétés
état) désireuses de réaliser des projets d’intérét général sur des terrains des
particuliers, doivent procéder aux négociations avec les propriétaires ou ayant-droits
concemés, avant le recours a l’expropriation pour cause d’utilité publique.
L’arbitrage du Ministre chargé des Domaines est sollicité en cas de désaccords. En
cas d’arbitrage infructueux, il est procédé 4 l’expropriation aux frais du la personne
morale de droit public concernée dans les conditions susvisées. En cas d’aboutissement
des négociations, les personnes morales de droit public susvisées doivent se conformer
aux régles d’acquisition par voie de droit commun.
F- LE CLASSEMENT
En vue de réaliser les opérations d’intérét public, économique ou social, Etat
peut classer au domaine public des portions du domaine national
Le classement est la procédure par laquelle I’Etat fait intégrer au domaine public
attificiel le domaine national, les servitudes, les voiries prévues par les documents de
planification et de restructuration urbaines et les voiries prévues par lotissements.
La procédure est en général la méme qu’en matiére d’expropriation lorsqu’il
s’agit du domaine national de deuxiéme catégorie.
G-L’INCORPORATION
L’incorporation est la procédure par laquelle I’Etat fait intégrer dans son domaine
privé le domaine national de deuxiéme catégorie, en vue de réaliser les opérations
dintérét public, économique ou social.
Le déroulement de la procédure d’incorporation est le méme que celui de la
procédure d’expropriation.
A la fin de la procédure, le décret d’incorporation est transformé en titre foncier par
le Conservateur Foncier au nom de |’Etat du Cameroun ou des autres personnes
morales de droit public.
CHAPITRE III: LE REGIME DOMANIAL
I- CHAMP D’APPLICATION
Fixé par Pordonnance n° 74-2 du 6 juillet 1974, le régime domanial définit le
domaine public, le domaine privé de I’Btat et des autres personnes morales de droit
public.
MM
a
7A- LE DOMAINE PUBLIC
Le domaine public est constitué de tous les biens immeubles qui, par nature ou
par destination, sont affectés & ’usage direct du public, soit aux services publics.
Le domaine public se divise en domaine public naturel et domaine public
artificiel
Le domaine public naturel comprend: le domaine public maritime, le domaine
public fluvial, le domaine public terrestre et aérien.
Le domaine public maritime est constitué par :
- Les rivages de la mer jusqu’a la limite des plus hautes marées ainsi qu’une zone
de cinquante métres mesurée & partir de cette limite ;
- Les rives des embouchures des cours d’eau subissant l’influence de la mer
jusqu’a la limite des plus hautes marées ainsi qu’une zone de vingt-cing métres a
partir de cette limite ;
- Lesol et le sous-sol de la mer territoriale.
Le domaine public fluvial est constitué par :
- Les cours d’eau navigables ou flottables dans les limites déterminées par les plus
hautes eaux, ainsi qu’une zone de vingt-cing métres a partir de cette limite ;
- Les marécages a Iexception des plantations aménagées ;
- Les cours d’eau non navigables ni flottables dans les limites déterminées par la
hauteur des eaux coulant a plein bord ;
- Les lacs, les étangs naturels et les lagunes dans les limites déterminées par la
hauteur des plus hautes eaux.
Le domaine public terrestre et le domaine public aérien sont constitués
respectivement par le sous-sol et I’espace atmosphérique situé au-dessus du territoire de
lEtat et de la mer territoriale.
Font partie du domaine public artificiel :
- Les autoroutes et une emprise de cent (100) métres de part et d’autre de l’axe de
la chaussée. Cette emprise est réduite & dix (10) métres en ville a partir du bord
extérieur du trottoir ;
- Les routes nationales et provinciales (régionales) et une emprise de 40 (40)
métres de part et d’autre de I’axe de la chaussée. Cette emprise est réduite a dix
(10) métres partir du bord extérieur du trottoir dans les agglomérations et 4 cing
(05) métres en ville ;
MM.
2- Les routes départementales et une emprise de vingt-cinq (25) métres a partir du
bord extérieur du trottoir dans les agglomérations et en ville ;
Les pistes carrossables d’intérét local et une emprise de dix (10) métres de part et
d’autre de la chaussée. Cette emprise est réduite & cinq (05) métres dans les
agglomérations et en ville ;
- Les pistes non carrossables ;
- Les chemins de fer et une emprise de trente-cinq (35) métres de chaque cété &
partir de l’axe de la voie ;
- Les ports commerciaux, maritimes ou fluviaux, leurs dépendances et une emprise
fixée compte tenu des études spécifiques pour chaque port ;
- Les ports militaires, maritimes ou fluviaux, dépendances et une emprise fixée
compte tenu des études spécifiques pour chaque port; tous les ouvrages de
défense terrestre, aérienne et maritime de la Nation ;
Les lignes téléphoniques, télégraphiques, leurs dépendances et une emprise de
deux cents métres autour des centres de télécommunication ;
- Les alluvions déposées en aval ou en amont d’ouvrages construits dans un but
@Putilité générale ;
- Les monuments et édifices publics créés et entretenus par I’Etat ou les personnes
morales de droit public notamment les halles, les marchés, les cimetiéres, les
musées ;
- La concession des chefferies traditionnelles et les biens y afférents et plus
spécialement dans les provinces (régions) ott la concession des chefferies est
considérée comme un bien indivis de la communauté dont le Chef n’a que la
jouissance.
Les biens du domaine public sont inaliénables, imprescriptibles, insaisissables et
insusceptibles d’appropriation privée.
B-LE DOMAINE PRIVE DE L’ETAT
Le domaine privé de I’Etat est constitué : des terrains acquis par |’Etat a titre gratuit
ou onéreux selon les régles du droit commun, des terrains qui supportent les édifices,
constructions, ouvrages et aménagements réalisés et entretenus par |’Etat, des
immeubles dévolus 4 I’Etat en vertu du déclassement du domaine public, des
prélévements sur le domaine national et de l’expropriation pour cause d’utilité
publique... les dons et les legs (article 15).
C-LE DOMAINE PRIVE DES AUTRES PERSONNES MORALES
DE DROIT PUBLIC.
MMFont partie du domaine privé des autres personnes morales de droit public: les
biens et droits immobiliers acquis par des voies de droit privé, les biens et droits
immobiliers provenant du domaine privé de l’Etat, les biens et droits immobiliers
acquis par incorporation,
Il- PROCEDURES
1- SUR LE DOMAINE PUBLIC
Le domaine public est géré par I’Etat. Toutefois, en raison de son utilisation, cette
gestion peut étre assurée, sous le contréle de |’Etat par d’autres personnes morales de
droit public ou par des concessionnaires de service public.
Le décret fixant les modalités de cette gestion prévu A Varticle 8 et 9 de
Vordonnance n°74-2 du 6 juillet 1974 n’est pas encore signé.
En attendant, les parcelles du domaine public peuvent faire l’objet d’occupation ou
exploitation provisoire, par arrété du Ministre chargé des Domaines.
A- L’OCCUPATION OU L’EXPLOITATION PROVISOIRE
La procédure d’occupation ou d’exploitation provisoire, commence par la demande du
requérant adressée au Préfet du lieu de situation du terrain, se déroule en cing (5)
phases) :
- La phase des opérations préparatoires a la descente de la commission ;
- Laphase des travaux de la commission;
- La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission ;
- La phase du traitement du dossier.au niveau central et de signature de |’arrété
autorisant l’occupation ou l’exploitation temporaire
- Laphase de notification de l’arrété.
B- LE DECLASSEMENT
Les dépendances du domaine public reconnues sans utilité compte tenu de leur
affectation ‘initiale, peuvent étre déclassées et intégrées par décret au domaine privé de
l’Etat ou des autres personnes morales de droit public.
La procédure de déclassement est semblable a celle de classement
2- SUR LE DOMAINE PRIVE DE L’ETAT
Le domaine privé de l’Etat, régi par le décret n° 76-167 du 27 avril 1976, peut
étre:
miAffecté a des services publics ;
~ Cédé aux personnes morales de droit public ;
- Attribué en participation au capital des sociétés avec droit de
réincorporation au domaine privé de I’Etat en cas de dissolution, faillite
ou liquidation desdites sociétés ;
- attribué en jouissance (bail ordinaire ou bail emphytéotique) ou en
propriété (vente par adjudication, vente de gré a gré, cession) 4 des
personnes physiques ou morales ;
- attribué en jouissance ou en propriété et sous réserve de réciprocité aux
missions diplomatiques ou consulaires accréditées au Cameroun.
Les procédures engagées sur le domaine privé de I’Etat sont conduites 4 la base par
les commissions désignées et convoquées par le Préfet.
A-L’AFFECTATION
L’affectation est la procédure par laquelle I’Etat met & la disposition d’un service
public, une dépendance de son domaine privé.
La procédure est déclenchée par la demande du service public désireux de bénéficier
d’un terrain domanial adressée au Préfet du lieu de situation dudit terrain.
La procédure comporte sept (7) phases :
- La phase des opérations préparatoires 4 la descente sur le terrain de la
commission constituée et convoquée par le Préfet ;
- La phase descente sur le terrain de la commission ;
= La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission;
- Laphase du traitement du dossier au niveau central et de préparation du projet de
décret d’ affectation ;
- Laphase de signature du décret d’affectation au service public concemé ;
- Laphase de notification du décret d’affectation aux différents services ;
- Laphase d’inscription du décret d’affectation dans les livres fonciers.
Un terrain du domaine privé de |’Etat affecté 4 un service public peut étre désaffecté
par décret en cas de non utilisation dudit terrain dans les trois années qui suivent.
B-LA VENTE PAR ADJUDICATION PUBLIQUE
La vente par adjudication est la procédure par laquelle I’Etat cde au plus haut et
demier enchérisseur une dépendance de son domaine privé.
MMLa procédure de vente par adjudication est déclenchée par l’affichage de l'avis au
public faisant ressortir le jour de I’adjudication, la situation, la superficie, la mise a prix
de limmeuble, le réglement d’impenses et la nature de investissement exigé. Cet avis
est publié au chef-lieu du département intéressé
Ne peuvent concourir que les personnes qui ont fait une déclaration de
participation aux enchéres, au cours du délai de 30 jours susvisé.
L’adjudication est acquise au plus haut et dernier enchérisseur et est faite
sans garantie. Elle n’est définitive qu’aprés homologation par arrété du Ministre
chargé des Domaines.
Cette procédure se déroule en six (6) phases :
- La phase des opérations préparatoires a la réunion de la commission présidée par
le Préfet ;
- La phase du déroulement de la vente aux enchéres ;
- Laphase de signature du procés-verbal d’adjudication;
- La phase du traitement du dossier au niveau central et de signature de |’arrété
homologuant le procés-verbal d’adjudication ;
- La phase de notification de l’arrété;
- La phase de morcellement ou de mutation du titre foncier de l’Etat au profit de
l’enchérisseur.
Le titre foncier délivré porte une clause apparente d’incessibilité du terrain et
de ses impenses avant la mise en valeur stipulée dans l’arrété d’homologation.
En cas de décés de |’acquéreur avant la mise en valeur, les ayants droits restent
assujettis aux obligations de mise en valeur. S’ils sont défaillants, le Ministre
prononce la résolution de la vente qui entraine la caducité du titre foncier délivré
et le remboursement des sommes versées au titre de l’acquisition du terrain. Avis
de cette résolution est inséré au bulletin des avis domaniaux.
C-LA VENTE DE GRE A GRE
La procédure de vente de gré a gré est conduite par une commission constituée par
le préfet a Ja réception de la demande du requérant,
Cette procédure se déroule en huit (8) phases :
- La phase des opérations préparatoires & la descente de la commission ;
- Laphase des travaux de la commission;
- La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission ;
MM Ts |- La phase du traitement du dossier au niveau central et de signature de la décision
de vente de gré a gré;
- La phase de notification de la décision;
- La phase de paiement du prix du terrain et de signature de I’acte de vente ;
- La phase du traitement du dossier au niveau central et de signature de |’arrété
portant approbation de la vente de gré a gré ;
- La phase de morcellement ou de mutation du titre foncier de I’Etat au profit de
Pacquéreur.
Le titre foncier délivré porte une clause apparente d’incessibilité du terrain et de
ses impenses avant la mise en valeur stipulée dans 'arrété portant approbation de
Ia vente de gré a gré.
En cas de décés de |’acquéreur avant la mise en valeur, les ayants droits restent
assujettis aux obligations de mise en valeur. S’ils sont défaillants, le Ministre prononce
la résolution de la vente qui entraine la caducité du titre foncier délivré et le
remboursement des sommes versées au titre de l’acquisition du terrain. Avis de cette
résolution est inséré au bulletin des avis domaniaux.
D-LA CESSION AUX PERSONNES MORALES DE DROIT
PUBLIC
L’Etat peut céder a titre gratuit ou onéreux aux personnes morales de droit
public, les dépendances de son domaine privé, pour leur permettre de constituer le leur
La demande y afférente est adressée au Préfet du lieu de situation du terrain.
Cette procédure se déroule en six (6) phases :
- La phase des opérations préparatoires a la descente de la commission constituée
par le Préfet;
- La phase des travaux de la commission;
- La phase de production des composantes du dossier par les acteurs de la
commission ;
- La phase du traitement du dossier au niveau central et de la transmission du projet
de décret portant cession de la parcelle concernée;
- La phase de signature et de de notification du décret ;
- La phase de morcellement ou de mutation du titre foncier de |’Etat au profit de la
personne morale de droit public concernée.
Le décret indique la nature de la cession ainsi que diverses obligations du
cessionnaire. En aucun cas, le cessionnaire ne peut changer la destination du terrain
sans autorisation de |’Etat.
MM.
2E-L’ATTRIBUTION EN PARTICIPATION AU CAPITAL DES
SOCIETES
L’Blat peut participer a la formation ou A augmentation du capital des soci
par apport de terrains de son domaine privé. L’attribution en apport est évaluée par une
commission composée du Directeur des Domaines, du Directeur du Cadastre et d’un
Commissaire aux apports désigné par I’ Assemblée Générale de la société.
F- L7ECHANGE
L’Etat peut procéder a |’échange d’un immeuble bati ou non bati de son domaine
privé contre un immeuble de méme nature appartenant a un particulier.
En cas de différence de valeur aprés évaluation, une soulte est stipulée au profit ou
Ia charge de I’Etat,
L’acte d’échange est approuvé par décret.
Les dépendances du domaine privé de I’Etat non affectées ou désaffectées peuvent
@tre attribuées en jouissance (bail ordinaire ou bail emphytéotique) aux personnes
physiques ou morales qui en font la demande.
L’autorisation de conclure le bail est donné par arrété du Ministre chargé des
Domaines.
G-LE BAIL ORDINAIRE
Le bail ordinaire confére au preneur un droit de jouissance ne pouvant excéder dix-
huit ans. Il est consenti avec obligation de mise en valeur et aux principales conditions
prescrites aux articles 20,21 et 22du décret n°76/167 du 27 avril 1976 et reprises dans le
cahier de charges.
H-LE BAIL EMPHYTEOTIQUE
Le bail emphytéotique confére au preneur ou emphytéote, un droit réel susceptible
notamment d’hypothéque. Il est consenti pour une durée comprise entre dix-huit ans et
quatre-vingt-dix-neuf ans, sous condition résolutoire de mise en valeur dans un délai
donné et aux principales autres conditions prescrites aux articles 23,24 et 25 du décret
1n°76/167 du 27 avril 1976 et reprises dans le cahier de charges.
Les organismes internationaux dont le Cameroun est membre, les Missions
diplomatiques ou consulaires peuvent devenir propriétaires ou locataires des terrains
domaniaux.
La demande y afférente et les piéces qui l’accompagnent sont transmises par le
Ministre en charge des affaires étrangéres au Ministre chargé des Domaines. La
MMréciproque doit étre établie en ce qui concerne les Missions diplomatiques ou
consulaires.
La décision de consentir le bail ou la propriété est prise par décret.
CHAPITRE IV : LE TITRE FONCIER
Le droit de propriété est consacré par le titre foncier qui est le seul document qui
certifie officiellement la propriété immobiliére. Les actes constitutifs ou translatifs de
droits de propriété doivent étre transformés en titre foncier pour étre opposable aux
tiers.
Un terrain ne peut faire l’objet d’une transaction que s’il est couvert par un titre
foncier (s’il est immatriculé).
Le titre foncier peut servir de garantie & un prét.
Le Conservateur Foncier est la seule autorité habilitée a établir le titre foncier.
Le livre foncier est un registre spécial dans lequel sont transcrits tous les
actes de la vie d’un titre foncier (établissement, morcellement, mutation, hypothéque,
etc...) En fait, il constitue Voriginal du titre foncier. Le document délivré au
propriétaire n’en est qu’une copie.
Le titre foncier est inattaquable, intangible et définitif :
- Le caractére inattaquable a cependant deux exceptions prévues par la
réglementation , les cas de retrait et de nullité d’ordre public du titre foncier
- Le caractére intangible signifie que les droits inscrits par le Conservateur dans
le livre foncier ne peuvent plus étre touchés (intangibilité juridique) et que les
limites fixées par l’immatriculation ne peuvent pas non plus étre remises en cause
(intangibilité matérielle)
- Le caractére définitif situe la dimension temporelle du titre foncier : tant que le
régime juridique ne change pas, la parcelle immatriculée demeurera la propriété
de son titulaire.
I- LES CAUSES D’INDISPONIBILITE DU TITRE FONCIER
1- La pré-notation judiciaire
La pré-notation judiciaire est une mesure conservatoire rendant indisponible un
titre foncier.
Toute personne qui estime que ses droits n’ont pas été pris en compte au cours
de I’établissement d’un titre foncier dont le contentieux est pendant devant une
juridiction, peut solliciter une pré-notation auprés du juge compétent.
MMLe juge prend une ordonnance autorisant inscription de la pré-notation
dans le livre foncier et dans la copie du titre foncier.
La pré-notation judiciaire ne sera radiée que par une autre ordonnance du
juge.
2- L’hypothéque
L’hypothéque est une inscription dans un titre foncier, garantissant une
créance et le rendant indisponible a toute transaction.
L’hypothéque peut étre conventionnelle c’est-dire par acte notarié ou
judiciaire, par jugement au fond du tribunal.
L’hypothéque est radiée par acte notarié en cas d’hypothéque conventionnelle, et
Quand la eréance n'est pas honorée, le titre foncier peut étre muté au profit du
créancier ou de tout autre acquéreur aprés épuisement de la procédure prévue a cet
effet.
Il- LA CONSULTATION ET LA PERTE DU TITRE FONCIER
Toute personne intéressée peut obtenir du Conservateur Foncier, soit un
certificat établissant la conformité de la copie d'un titre foncier ou des seules mentions
désignées dans la réquisition, soit un certificat attestant qu’il n’existe aucune inscription
sur un titre foncier.
En cas de perte de la copie d’un titre foncier, le propriétaire légitime saisit le
Président du Tribunal compétent d’une requéte en vue de l’obtention d’un duplicata.
Au vu de l’ordonnance rendue par le Président du Tribunal civil compétent, le
Conservateur Foncier en délivre un duplicata.
Lordonnance déclare nulle et sans valeur entre les mains de tout détenteur, la
copie perdue. Un avis est publié dans ce sens au Bulletin des Avis Domaniaux et
Fonciers, a la diligence du Conservateur.
CHAPITRE V: LITIGES FONCIERS ET
DOMANIAUX
Au cours des différentes procédures fonciéres et domaniales, des litiges peuvent
naitre 4 partir des oppositions et recours formulés et relatifs aux revendications
diverses.
mm >Tous les actes issus des différentes procédures fonciéres et domaniales sont
susceptibles de recours qui peuvent aboutir a des contentieux.
I- L;OPPOSITION
Conformément aux dispositions de l'article 5 alinéa 3 de ’ordonnance n°74-1 du 06
juillet 1974, les oppositions 4 ’immatriculation directe d’un terrain du domaine
national de 1'* catégorie, toutes les revendications ou contestation d’un droit de
propriété sur des terrains non immatriculés, sont de la compétence des commissions
consultatives.
Est de la compétence des juridictions judiciaires, le r8glement de tous les autres
litiges fonciers a l’exclusion de ceux relatifs aux conflits frontaliers.
La publicité exigée au cours de la procédure d’immatriculation directe (art 13 du
décret n°2005/481 du 16 décembre 2005) avant la descente de la commission
consultative permet la circulation « tous azimuts » de |’information sur la demande
concemée et le cas échéant, la réception par ladite commission les éventuelles
oppositions ou demandes d’inscription de droits qu’elle devra examiner pendant ses
travaux.
Une opposition est une revendication (écrite) d’un droit sur un immeuble faisant
Lobjet d’une immatriculation directe au profit d’un tiers.
A partir du jour du dépét de la demande d’immatriculation a la Sous-Préfecture
ou au District et jusqu’a l’expiration d’un délai de trente (30) jours 4 compter de la date
de publication de I’avis de cléture de bornage dans le Bulletin des Avis Domaniaux et
Fonciers, toute personne peut intervenir par une requéte qui peut porter sur :
- Lacontestation de l’auteur ou de I’étendue de la mise en valeur (opposition);
- L’existence d’un droit réel ou d’une charge susceptible de figurer sur le titre &
établir (demande d’ inscription).
Les oppositions et les demandes ¢’inscription de droits sont formulées par
requétes timbrées comportant les noms, prénoms, domiciles des intervenants, les causes
des interventions et l’énoncé des piéces, actes ou titres justificatifs.
Avant les travaux de la commission consultative, les oppositions et les demandes
inscription de droits sont adressées au Sous-Préfet ou au Chef de District du lieu de
situation de l’immeuble qui doit les soumettre a I’examen de ladite commission le jour
de la descente sur le terrain.
Les oppositions et les demandes d’inscription de droits non examinées le jour du
constat d’occupation ou formulées aprés ce jour, sont adressées au Conservateur
Foncier qui doit les consigner dés réception et dans l’ordre d’arrivée, dans un registre
MM a |
ades oppositions, jusqu’au délai de trente (30) jours 4 compter de la date de publication
de ’avis de cléture de bornage au Bulletin des Avis Domaniaux et Fonciers,
A expiration du délai susvisé, le Conservateur Foncier notifie au requérant &
domicile élu, toutes les mentions inscrites au registre des oppositions.
Les oppositions ou demandes d’inscription de droits non levées pendant les délais
réglementaires sont soumises au Gouverneur territorialement compétent aprés avis de la
commission consultative.
Dans un délai de trente (30) jours 4 compter de la date de notification, le
requérant doit rapporter au Conservateur Foncier, mainlevée formelle des oppositions
ou des demandes d’ inscription de droits.
Passé ce délai, le dossier sera transmis au Gouverneur compétent pour réglement
des oppositions ou des demandes d’inscription de droits non levées, aprés avis de la
commission consultative.
Sur proposition du Responsable des Affaires Fonciéres compétent, le
Gouverneur, par arrété, peut selon le cas :
-Soit autoriser Pimmatriculation du terrain au nom de requérant (rejetant
ainsi les oppositions ou les demandes d’inscription de droits) ;
-Soit autoriser l'immatriculation du terrain au nom de requérant, avec
inscription des droits, le cas échéant ;
-Soit autoriser I’exclusion de la parcelle éventuellement contestée ;
-Soit rejeter la demande d’immatriculation.
II- LE RECOURS GRACIEUX ET LE RECOURS HIERARCHIQUE
La partie lésée par la décision du Gouverneur peut saisir le Ministre chargé
des Affaires Fonciéres (recours hiérarchique) dans un délai de soixante (60) jours.
Le recours gracieux est adressé au Gouverneur signataire de la décision, qui peut
soit revenir sur sa décision soit la maintenir.
Le recours hiérarchique est adressé au Ministre chargé des Affaires Fonciéres. La
décision du Ministre chargé des Affaires Fonciéres est susceptible de recours devant la
juridiction administrative compétente (contentieux).
III-LE RECOURS GRACIEUX EN RETRAIT DU TITRE FONCIER
MMConformément aux dispositions de I’article 2, alinéa 3 du décret n°2005/481 du 16
décembre 2005 modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°76/165 du 27
avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier, le Ministre chargé des
Affaires Fonciéres peut procéder au retrait d’un titre foncier aprés constat probant
des irrégularités au cours de la procédure ayant abouti a I’établissement dudit titre
foncier.
La requéte en retrait du titre foncier en cause doit intervenir dans les deux mois qui
suivent la délivrance du titre foncier en question. Mais en réalité, la computation des
délais par le juge se fait a partir du jour ob la victime du titre foncier concemé a eu
connaissance de son existence.
Une flexibilité en matiére des délais est également observée en cas de fraude avérée
du bénéficiaire.
Le retrait du titre foncier délivré frauduleusement entraine mutation sans frais au
nom du propriétaire initial s’il s’agit d’un immeuble immatriculé. L’immeuble est
remis au méme et semblable état qu’il était avant la délivrance du titre frauduleux, s’il
s’agit d’un immeuble non immatriculé.
IV- LE RECOURS GRACIEUX EN NULLITE D’ORDRE PUBLIC
DU TITRE FONCIER
La nullité du titre foncier est constatée par un arrété du Ministre chargé des Affaires
Fonciéres qui permet ainsi de maintenir ou de rétablir l'ordre public en matiére
fonciére et domaniale face aux irrégularités menagant gravement les droits et la sécurité
juridique des personnes.
Les dispositions de l’alinéa 6 de larticle 2 suscité font état de quatre (4) cas de
nullité d’ordre public d’un titre foncier :
- lorsque plusieurs titres fonciers sont délivrés sur un méme terrain : ils sont
tous déclarés nuls et les procédures sont réexaminées en vue de la délivrance d’un
nouveau titre foncier au légitimé propriétaire du terrain,
- lorsque le titre foncier est délivré arbitrairement sans suivi d’une
quelconque procédure, ou obtenu par une procédure autre que celle prévue a cet
effet ;
- lorsque le titre foncier est établi en partie ou en totalité sur une dépendance
du domaine public ;
MM- lorsque le titre foncier est établi en partie ou en totalité sur une parcelle du
domaine privé de I’Etat, d’une collectivité publique ou d’un organisme public, en
violation de la réglementation.
V- LE RECOURS EN RECTIFICATION DU TITRE FONCIER
Les parties intéressées peuvent demander la rectification du titre foncier lorsque des
omissions ou erreurs ont été commises au cours de son établissement.
La rectification peut étre faite d’office par le Conservateur et sous sa
responsabilité, si les irrégularités observées proviennent de son fait ou du fait d’un
de ses prédécesseurs, dans les documents ayant servi a l’établissement du titre foncier
ou a toutes inscriptions subséquentes.
La rectification est autorisée par décret du Premier Ministre si elle porte
atteinte aux droits des tiers. Ce décret précise, le cas échéant, les modalités de
sauvegarde des droits des tiers.
Lorsque le titre foncier doit faire l'objet d’une modification, inscription est faite
tant dans le livre foncier que dans la copie remise au propriétaire.
A défaut de production de la copie par le propriétaire, aprés sommation restée sans
effet, le propriétaire est déchu de son droit et n’en est relevé que dés accomplissement
de la formalité requise.
Pendant la durée de cette déchéance, aucun morcellement ou mutation ne peut étre
effectué en faveur des tiers qui peuvent, le cas échéant, se pourvoir en dommages et
intéréts contre le propriétaire.
Les plans annexés au titre foncier sont modifiés en conséquence.
Les recours gracieux sus évoqués ofirent 4 l’administration chargée des Domaines et
des Affaires fonciéres l'opportunité de corriger les irrégularités qu’elle aurait
commises, évitant ainsi le paiement des dommages et intéréts en cas de condamnation
par le Juge. Par ailleurs, I’examen préalable des litiges par I’Administration favorise
leur réglement rapide tout en faisant l'économie des procédures juridictionnelles
quelques fois longues et cotiteuses.
Le silence gardé par I’autorité saisie pendant un délai de trois mois sur une demande
ou une réclamation qui lui est adressée, constitue un rejet du recours gracieux.
VI- LE RECOURS CONTENTIEUX
Toute personne dont les droits ont été lésés par un acte administratif peut saisir le
juge pour en solliciter ’annulation et / ou la réparation,
um
FnLe recours contentieux ainsi défini doit intervenir dans un délai de soixante (60)
jours a compter de la décision de rejet du recours gracieux.
CHAPITRE VI : MESURES REPRESSIVES
Sont passibles d’une amende de 25 000 8 100 000 et d’un emprisonnement de 15
jours 43 ans ou d’une de ces deux peines seulement :
- Les vendeurs, les bailleurs ainsi que les notaires et greffiers-notaires, auteurs des
actes de cessions ou de locations sur des terrains urbains ou ruraux non
immatriculés au nom des vendeurs ou des bailleurs ;
- Ceux qui vendent ou louent un méme terrain a plus d’une personne ;
- Ceux qui, n’ayant pas qualité, procédent a des ventes ou locations d’immeuble
appartenant a autrui ;
- les notaires et greffiers-notaires qui prétent leur concours aux personnes visées
ci-dessus ou qui passent des actes sur des immeubles situés en dehors du ressort
territorial de leur étude ;
- Ceux qui font immatriculer un immeuble en omettant sciemment de faire
inscrire les hypothéques, droits réels ou charges dont ledit immeuble est grevé.
La répression des atteintes & la propriété fonciére et domaniale a été
instituée par la loi 80-22 du 14 juillet 1980.
Les modalités d’application de ladite loi ont été fixées par décret n°84/311 du 22
mai 1984,
L’article 2 de cette loi dispose que sont passibles d’une amende de 50 000 a
200 000 et d’un emprisonnement de 2 mois a 3 ans ou dune de ces deux peines
seulement :
- ceux qui exploitent ou se maintiennent sur un terrain sans autorisation du
propriétaire ;
- les agents de I’Etat convaincus de complicité dans les transactions fonciéres de
nature a favoriser occupation irréguliére de la propriété d’autrui.
Le décret susvisé fixe entre autre les modalités de fonctionnement de La
commission de contrdle et de surveillance des terrains domaniaux et du domaine
national qui est instituée au niveau du village ou du quartier.
Nommée par arrété préfectoral, cette commission est chargée de statuer sur toute
information dont elle est saisie concernant les occupations irréguliéres des terrains
domaniaux et du domaine national, de procéder au constat de ces occupations et d’en
informer le Préfet pour suite de la procédure.
mTCHAPITRE VII : FISCALITE FONCIERE
Les inscriptions diverses dans les livres fonciers, la délivrance des relevés de ces
inscriptions et des certificats de propriété a la demande des personnes concemées, les
travaux topographiques, topométriques ou cadastraux, sont frappés de fiscalité (I’article
19 de Pordonnance n°74-1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier).
Le dispositif fiscal camerounais s’articule autour: du Code de
VEnregistrement, du Timbre et de la Curatelle et des Codes et Lois Fiscales du
Cameroun.
La loi de Finances de l’exercice 1990/1991 a fixé, en son article 14, les tarifs
des droits afférents aux opérations fonciéres susvisées. Ce texte fixe aussi les prix a
payer par les concessionnaires du domaine national.
Donnent également lieu a perception de droits : les baux ou les aliénations du
domaine privé de I’Etat, ainsi que /les baux sur le domaine national, conformément au
décret n°2014/3211/PM du 29 septembre 2014.
Les actes y afférents sont soumis aux droits de timbre et d’enregistrement aux
taux en vigueur.
La taxe fonciére est un impét sur les propriétés baties ou non baties. L’article
346 du Code de l’Enregistrement, du Timbre et de la Curatelle la définit comme « un
impét établi annuellement sur le territoire camerounais »
Conformément a m’article 347(nouveau, 1995) du Code susvisé, sont exonérées
de la taxe fonciére, les propriétés appartenant: « a I’Etat, aux communes et aux
établissements publics n’ayant pas un caractére industriel et commercial; aux
organismes confessionnels, associations culturelles ou de bienfaisance déclarés d’utilité
publique en ce qui conceme les propriétés affectées & un usage non lucratif; aux
organismes internationaux ayant signé un accord de sige avec le Cameroun ainsi
qu’aux représentations diplomatiques sous réserve de réciprocité; aux autres
personnes physiques ou morales en ce qui conceme les immeubles situés hors du
périmétre urbain. »
La quittance de réglement de la taxe (ou le certificat d’exonération), délivrée par
le service compétent des impéts, est une des piéces exigibles avant toute
immatriculation dans les livres fonciers.
MMCONCLUSIO
La Constitution du Cameroun proclamant dans son préambule ’attachement du
Cameroun au droit de propriété et a sa protection, la nouvelle réforme fonciére et
domaniale en cours d’élaboration, devrait permettre l’accés a la terre de toutes les
catégories des populations et spécialement des couches vulnérables et la préservation
des droits fonciers des populations faibles.
Par ailleurs, compte tenu de l’importance de plus en plus accrue de impact de la
terre sur les enjeux politiques, économiques et sociaux, cette nouvelle réforme
fonciére et domaniale devrait
également permettre la mise a disposition des terres pour une agriculture de seconde
génération instruite par le chef de I’Etat au dernier Comice agro-pastoral tenu a
Ebolowa.
Il nous parait important de relever que « toute législation fonciére et
domaniale qui ne s’appuie pas sur un cadastre cohérent et précis ne saurait étre
opérationnelle 4 moyen terme, car la non maitrise du parcellaire dans sa situation
géographique, sa contenance superficielle, ne peut en aucun cas en faire un objet
de transaction sécurisée » (Bernard PUEPI: Les Gouvernances fonciéres et leur
impact sur le processus de développement. Cas des pays africains, 2015) /-
mm.