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« L’ORDRE DU SENS » :
DE L’EXTÉRIORITÉ DE L’ESPRIT À LA CRITIQUE DE L’HERMÉNEUTIQUE
Claude Romano
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4. Descartes, Lettre à Henry More du 5 février 1649, AT, V, 278: « Mais de tous les
arguments qui nous persuadent que les bêtes sont dénuées de pensées, le principal
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à mon avis est […] qu’aucun animal en soit venu à ce point de perfection d’user d’un
véritable langage, c’est-à-dire d’exprimer soit par la voix soit par les gestes, quelque
chose qui puisse se rapporter à la seule pensée et non à l’impulsion naturelle »
5. V. Descombes, « Replies », Inquiry, 47, 2004, p. 277.
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10. Cette insistance sur le contexte vaut à la fois contre une analyse comportemen-
taliste de la compréhension que contre une analyse mentaliste : le mentaliste, lui
aussi, postule qu’il pourrait y avoir un acte mental qui, indépendamment de toute
considération du contexte, pourrait être un acte de compréhension : « Au sens où il
y a des processus caractéristiques de la compréhension (y compris des processus psy-
chiques), la compréhension n’est pas elle-même un processus psychique » (Ibid.,
§ 154; trad. citée, p. 101. Cf. également § 152, p. 100). Il peut donc y avoir des
processus mentaux divers qui accompagnent la compréhension, mais la compréhen-
sion ne peut consister intrinsèquement dans aucun de ces processus.
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17. Un tel « comportementalisme », s’il était avéré, n’aurait bien sûr rien de com-
mun avec le behaviourisme classique. L’adjectif change tout.
18. Il me semble – au risque de me tromper encore – que ce tour dogmatique
est même plus accentué chez Descombes qu’il ne l’est chez Élisabeth Anscombe.
À l’affirmation de Descombes selon laquelle « la notion d’esprit ne se définit pas
d’abord par la conscience et par la représentation, mais par l’ordre et la finalité »
(DM, 43), il faudrait comparer l’affirmation beaucoup plus nuancée et prudente
qui clôt l’article « The First Person », in Metaphysics and the Philosophy of Mind,
Oxford, Blackwell, 1981, p. 35. Anscombe y affirme que, tandis que la méthode
de Descartes pour aborder la pensée consiste à partir de verbes d’émotion, de
perception ou d’expérience, elle considère que ces « pensées cartésiennes » « ne
sont pas celles qu’il faut examiner en premier lieu si l’on veut comprendre « je »
philosophiquement ».
19. L. Wittgenstein, Blue and Brown Books, Basil Blackwell Publishers, p. 13 ;
trad. de M. Goldberg et J. Sackur, Paris, Gallimard, 1996, p. 51.
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20. Georg Henrik von Wright, Explanation and Understanding, Ithaca, New
York, Cornell University Press, 1971, p. 30
21. Voir notamment E. Tugendhat, « Phänomenologie und Spachanalyse », in
R. Bubner, K. Cramer, R. Wiehl (éd.), Hermeneutik und Dialektik, Tübingen,
Mohr, 1970, vol. II.
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23. Descombes le reconnaît quand il écrit : « Je pense que nous ne devons pas
partir de l’opposition traditionnelle entre erklären et verstehen telle qu’elle a été
expliquée par l’École herméneutique parce que cette explication concède trop de
terrain à la théorie épistémologique de Mill-Carnap-Hempel. Au contraire, nous
devrions adopter une philosophie de la science assez large pour autoriser diffé-
rents types d’explication causale. Il s’agissait, naturellement, de l’une des thèses
principales de Taylor dans sa discussion du behaviourisme » (« Replies », Inquiry,
47, 2004, p. 269).
24. Cf. notamment son article « Understanding in Human Science », Review of
Metaphysics, 34 (sept. 1980), p. 3-23, qui accorde une large place à cette ques-
tion et à la conception réaliste de l’explication scientifique de Harré, et qui
énonce déjà la thèse (critique) selon laquelle l’herméneutique classique aurait par-
tagé le modèle épistémologique du positivisme.
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25. Cf. Grammaire d’objets en tous genres, Paris, Minuit, 1983, chapitres I et II ;
« The Interpretative Text », in Hugh J. Silverman (éd), Gadamer and
Hermeneutics, New York and London, Routledge, 1991, chap. 16, p. 247-268 ;
« L’idée d’un sens commun », Philosophia Scientiae, 6 (2), 2002, p. 147-161 ;
« La confusion des langues », Enquête, 6, 1998, p. 35-54.
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qu’elle n’est pas non plus une traduction : « Quand on comprend, on ne traduit
pas, on parle. En effet, comprendre une langue étrangère, cela veut dire ne pas
être obligé de la traduire dans sa propre langue » (Wahrheit und Methode, loc. cit.,
p. 388 ; trad. citée, p. 406) Quant à la compréhension interprétative, elle est
assurément analogue à une traduction, mais elle n’est pas non plus une traduc-
tion stricto sensu. En effet, il appartient au concept d’interprétation que celle-ci
diffère toujours de manière significative du texte à interpréter : elle est plus expli-
cite, plus claire, plus développée, etc. Certes, Gadamer affirme dans Vérité et
méthode que « la situation du traducteur est au fond la même que celle de l’in-
terprète » (Ibid., p. 390 ; trad. citée, p. 409). Mais que veut-il entendre par là ?
Uniquement qu’il existe une analogie de structure, et nullement une identité sur
le fond, entre ces deux activités : dans le cas de l’interprétation, aussi, il est néces-
saire de substituer, par exemple, un texte à un autre, un texte plus clair et expli-
cite à un texte plus difficile et obscur. Mais les deux opérations ne sont nulle-
ment équivalentes. Il faut généralement interpréter pour pouvoir traduire, ce qui
ne veut pas dire, inversement, que toute interprétation soit une simple traduc-
tion ; bref, « tout traducteur est interprète » (Ibid., p. 391 ; trad. citée, p. 409),
mais la réciproque n’est pas vraie. Gadamer y insiste à plusieurs reprises : la tra-
duction n’est nullement le « modèle » de la compréhension, mais seulement ce
qui nous fait prendre conscience de l’importance de l’élément langagier
(Sprachlichkeit) pour le processus herméneutique : « le cas extrême de la traduc-
tion » (Ibid., p. 389 ; trad. citée, p. 407) ne peut être évidemment le cas normal,
encore moins le cas paradigmatique.
33. Wahrheit und Methode, loc. cit., p. 264 ; trad. citée, 281.
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34. Heidegger, Sein und Zeit, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 16 éd. 1986,
p. 153 ; trad. d’E. Martineau, Paris, Authentica, 1985, p. 125 (modifiée).
35. Ibidem.
36. Ibid., p. 148 ; trad. citée, p. 121 (modifiée).
37. Gadamer, Wahrheit und Methode, op. cit., p. 401-402 ; trad. citée (modifiée),
p. 420.
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qu’elle est une norme que les gens suivent parce qu’ils veu-
lent s’en servir pour se diriger dans la vie » (IS, 257).
Pourtant, si Descombes a sans doute raison de dénon-
cer un causalisme réducteur chez le fondateur de l’anthro-
pologie structurale, il n’est pas sûr que l’invocation de la
« grammaire » des concepts en question suffise pour se sor-
tir de la difficulté. Car il n’est pas du tout certain que l’an-
thropologie, la sociologie, l’histoire et les sciences
humaines en général puissent s’en tenir – ou doivent s’en
tenir – à des explications par les règles que les agents veu-
lent suivre parce qu’ils estiment qu’il est meilleur de se
conduire ainsi que de se conduire autrement. Il y a même
tout lieu de penser que l’anthropologue doit tenter d’aller
plus loin, dans sa compréhension d’une culture, que ces
règles explicites ou conscientes qui sont celles que les
agents eux-mêmes pourraient invoquer si on leur deman-
dait de justifier leur action : sinon, l’anthropologie ne
serait rien d’autre que du reportage, une forme raffinée
d’interview journalistique. Autrement dit, il n’est pas du
tout évident que l’anthropologue puisse s’en tenir aux jus-
tifications superficielles de leurs actions que les agents eux-
mêmes pourraient donner sans aucun travail anthropolo-
gique de leur part. De sorte que l’anthropologie ne prend
vraiment un sens que par l’écart existant entre des règles
explicites ou conscientes et des règles implicites ou incons-
cientes que les agents ne laissent pas de suivre, sans que
l’on puisse dire pour autant que ces règles déterminent leur
conduite à la manière de mécanismes. Le problème que
posent les sciences de l’esprit serait alors d’échapper au
causalisme naturaliste sans pour autant être obligé de s’en
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tenir aux règles qui sont suivies par les agents intentionnel-
lement, c’est-à-dire dont ils sont conscients, et d’admettre
un niveau plus profond de motivations qui, quoiqu’impli-
cites, n’en sont pas moins irréductibles à des causes.
Or, on peut se demander s’il n’y a pas sur ce point, dans
la pensée même de Descombes, un certain flottement.
Dans quelques passages, en effet, comme celui que je viens
de citer, il semble tenir pour un point grammatical que
suivre une règle, c’est la suivre intentionnellement. Or,
puisque faire intentionnellement quelque chose, c’est être
conscient de la description sous laquelle cette action est
intentionnelle, il serait impossible de suivre une règle sans
la suivre consciemment. Descombes écrit, on ne peut plus
nettement : « Des règles destinées à être appliquées ne sau-
raient être inconscientes 40 » (IS, 266). Pourtant, dans
d’autres passages, Descombes est bien forcé d’admettre
l’existence de règles inconscientes, qui sont néanmoins
suivies par les agents, c’est-à-dire qui ne se réduisent pas à
des mécanismes physiologiques : « Les gens suivent des
règles et agissent en fonction de représentations, sans pour
autant que ces règles et ces représentations soient forcé-
ment présentes, sous la forme d’une expression explicite,
dans leur conscience » (DM, 93). Cette dernière affirma-
tion est difficilement compatible avec l’affirmation (dite
« grammaticale ») selon laquelle une règle ne peut être sui-
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peut pas ignorer s’il a été élevé dans cette culture. Ces trois
descriptions sont logiquement ordonnées puisque : 1) elles
font intervenir de plus en plus d’éléments du contexte,
elles sont de plus en plus « larges » : miser sur un coq, dans
ces circonstances, c’est faire preuve symboliquement
d’hostilité ou d’allégeance, ce qui revient, dans ces cir-
constances, à mettre en jeu son prestige social ; 2) elles
entretiennent des rapports de moyens à fin : le parieur
mise sur un coq en vue de faire preuve d’hostilité à l’égard
d’un groupe rival (au moins autant qu’en vue d’obtenir un
gain financier), et il fait preuve d’hostilité en vue d’aug-
menter son prestige social (en cas de victoire). En outre,
l’action est intentionnelle sous ces différentes descriptions
parce que les agents sont conscients de ces descriptions
comme pouvant s’appliquer à leurs faits et gestes, qu’ils les
formulent ou non expressément.
Pourtant, ce niveau d’analyse qui est celui où se tient le
« holisme anthropologique » de Descombes est-il celui du
travail anthropologique de l’anthropologue ? Oui et non.
Bien entendu, cette enquête de terrain, qui peut être chif-
frée, fait partie d’un travail préliminaire, « ethnographique »
(mais non pas nécessairement ethnologique), indispensable
pour pouvoir comprendre le phénomène en question. Aux
yeux de Geertz, toutefois, il est bien clair que ce niveau
d’analyse reste encore superficiel. Qu’aurions-nous besoin
d’anthropologues si tout le travail qui leur incombait était
de fournir une description des pratiques qu’ils étudient dans
les termes mêmes des peuples étudiés, c’est-à-dire s’il n’y
avait aucune différence substantielle entre ce que peut dire
un paysan balinais de la pratique du combat de coqs et ce
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55. « L’idée d’un sens commun », art. cité, p. 154-155. Voici le texte : « Imagine
que tu sois un chercheur qui arrive dans un pays inconnu où l’on parle une
langue qui te soit complètement étrangère. Dans quelles circonstances diras-tu
que les gens donnent des ordres, qu’ils comprennent les ordres donnés, qu’ils y
obéissent ou qu’ils agissent en contravention aux ordres reçus, etc. ? L’ensemble
de la manière humaine d’agir est le système de référence au moyen duquel nous
interprétons (wir deuten) une langue qui nous est étrangère. »
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