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'N
n ilfiirr, t i A l jl í
© Flammarion, 1975.
Printed in France
ISDN 2-08-212015-5
D es articu lation s d e la m im eu se
*
*»
is z s z * * - - * * *
culiers. . mot\f gértéral — mais non e.i
Autrement (lit encore, e C¿J/W/ ¿ ’une insujfisance e
bérí - qui common* c e hvpar
traduction : M im cs.s ne se lause P ¡on , mise en
reproduction, simulation, ressemb■ . Mimesis, «km
írfne, analogie, etc. Tout ce a P° ¡.grinnalité, la production.
ceUe-ci es, aussi bien imphquee don ongma,^ . ^ ^
1 Vauthenticiti,lo proprieli. etc . / ) U , , J autant de
salt d'entrée de jeu de qui ti s agit, saris í P
quoi.
■
. . cela est-il la cause de ceci — ou ? — ne
sais : en tout cas, les six textes qui suivent n o n t entre eu x d a r
ticulation que celle de mimesis, lis met tent six fo ts Mimesis en
s c e n e .Ce qui revient peut-étre á parioder une scéne connue,
sous (e litre de « S ix auteurs en quéte d'un personnage ». E ncore
faudrait-il qu'il y ait ici six auteurs, et dramatiques de surcroit.
On verra que i/n une ni 1'autre
remplies.
r P a 7 C O m m u n e
annotation ebauchée, discontinue <
MIMESIS DES ARTICULATIONS
8
suivieá ¡a fois,ácolédes modeles -
migues du eommun et du porticulier, Ce qui ne supprime pos rout
modéle : por exemple celui des «fragm ents " On
peut done déjá rire de ce texte obstinément harcefé par la mimesis,
par plusieurs mimesis. Et Ton peut nous demander : qu avez~
vous done fait í/'autre, en écrivant ensemble sans texte
eommun ? Peut-étre faut-ii repondré ceci : ¿ tout /e moins, nous
avons été empéehés, dans une certaine mesure, d'écrire un autre
livre, un livre deplus.Je veuxaire a e
dire en ¡'occurrence de boucler un traité de la mimesis. Quant d
la figure collective d'un te!livre, ce n ’est sans do
basard que la mathématique s'est jusqu'ici reservé le pouvotr
bourbakiste ¿/’une signature collective. C'est que sons doute
( jusqu'á un certain point du moins) M alhesis n'est pas Mimesis.
Mimesis m'aura ¡aissésur te souci d'un livre altéré — d'un livr
narrivant pas tout á fa it á son propre savoir, ni á sa propre
communauté.
... pour ce qui est des articulations, la chose s'est done faite
sans trop d'anatomie. On trouve par exemple, ici, Platon, et Id,
Platon encore. Cependant, ce n'est jamais le méme : tan tot
metteur en scéne et tantót mis en scéne, on verra que « Platon »
n'assure peut-étre que par mimesis l'instauration anti-mimé-
tique de la philosophic. Et que le texte du Sophiste, tel que Jean-
Luc Nancy en subit les manipulations, n'est pas moins fantas-
tique que les Élixirs du diablc avalés par Sarah Kofman. L'un
comme I'autre programment Linsatisfaction du lecteur avec sa
satisfaction. Le Sophiste pourrait étre conté par Hoffmann :
inquiétame étrangeté de ce ventrilo que démoniaque, ou de ce
loup blessé au ventre par quelque vampirique aleu!, ou par
quelque vautour...
... ainsi mis en scéne (peut-étre seton Íes principes d'un Petit
Organon^, ces personnages laisseront !e
tateur (le théoricien). La distanciation penétre dans Mimesis
eHe-mémer,et n'est peut-étre pas autre chose que cette distance
•qui i'affectc <Pentree de jeu dans le mimétisme de Lacoue-
Labarthc : dans un mimétisme préccdla théoric de
* un mimétisme tea
n
,d
c c'est-á-dire anticipant et excédant
mimétique.
... qu'on naille pas croire que cette deduction de l'ordre théo-
nque á partirde l'alphabétique soit pure parodie. Chez Mimesis,
ríen n ariveá étre pur. On aurait sans doute plutót á observer
tci l énoncé d ’une loi étrange :quel que soit le désord
traire des elements,un ordre théorique s'y laisse toujours
D E S ARTICULATIONS DE LA MINIE USE
- * - # s
/a puissance propn “ /acuelle , / , mon Jc s'esl soustrait,
cene « >” f .y ^ J ¿ 7 e n ¿ r l r e an moins fe
n'ai pu eviter, a i instan ,
n )certaine an térigrítexornáis
assignéjeu que satis concertation — .Mimesis semble notís
[ de force t reconduits. L'ordre se mime alors dans ce concert
déconccrtant dont le programme porteratt en quelque sorte .
partition de /'antériorité inouíe, et d'ailleurs inaudible, dfurtg
proposition sur toute proposition, d'un signe sutL tojtliL^sign ifi-
cation, de Vantériorité (transcendantale?) d'une représentation
générale sur toutes les images et sur tous les comme de la vérité,
d'un Tractatus sur tout traité.Cette acoustiqu
que fait entendre Agacinski, ce tour de force « irréalisable » —
ce tourbillon entrainant le logicien vers un fondement introuvable
jusqu'á ce que, soupfonnant enfin le mauvais tour, il s'aban-
donne á la sorcellerie d'un indécombalai —
autre que le tour de Mimesis (tour , pu dire
Derrida). Mais n’étant pos, il ne serait ríen d'autre que le tour
d Hoffmann ressaisissant sa propre écriture dans la multipli
cation de ses copies, images de copies, copies de surchargeq
et regrattages sansfin. Ou bien — el comme á l'autre extrémité__
le tour de celui qui, tous les masques otes ou tombés, ou masaués
fimt par dire, mais d'une voix de fou, Ecce Homo. *
... il joue sans doute ici le role qu'on verra jouer au chien-loup
jamais vraiment exclu du Sophiste, et qui tout á ¡a fois régle
DES ARTICULATIONS DE LA Ml MEUSE 13
Jacques Derrida
EC O N O M IM E SIS
Sarah Kofman
0V
) AUTOUR R O U G E
Jean-Luc N ancy
L E V E N T R IL O Q U E
Bernard P au trat
P O LITIQ U E E N S C E N E : BRECHT
■
A la faveur d'une indétermination réglée, la morahte pure
et le culturalisme empirique font alliance dans a c r *
tienne des jugements de goQt pur. Bien qu elle n y occupe
jamais le devant de la scéne, une politique agit doncce discours.
On doit pouvoir la lire. Une politique et une économie poli
tique sont impliquées, certes, dans tout discours sur 1 art et
sur Ie beau. Mais comment discerner la spécificité la plus aigué
d'une telle implication? Certains de ses motifs appartiennent
h une sequence longue, á une puissante chame traditionnelle
reconduisant á Platon ou á Aristote. Entrelacées avec eux de
maniere trés stride mais au premier abord indémélable, d ’au
tres sequences plus étroites seraient irrecevables dans une poli
tique de Part platonicienne ou aristotelicienne. M ais il ne
suffit pas de faire le tri ou de mesurer des longueurs. Pliées
á un nouveau systéme, Ies grandes séquences se déplacent,
changent de sens et de fonction. Une fois introduit dans un
autre reseau le « m é m e » philosophéme n’est plus le méme
S d o t ; : » ! crimes “L i ' N ° US
spécificité philosophique des llndt*"* decider d ’une
ou le propre d’un Tvs’tcme T e" Cadrant Un
nutation appartient lui-méme d é i T ^ Ü U" e teUe déli‘
* eJa » a un ensemble qui
MIMESIS DES ART TiONS
ECO NO M IM ESIS
('dire. Dans la région dont Kant est originairc, du
eommunne s’y trompe pas. Résoudre le probléme de l ’oeuf de
Colomb, c'est de la science, il sufñt de savoir pour savoir t.iire.
H en va de méme pour ¡a prestidigitation. Quant á danser sur
une cordc, c ’est autre chose : faut le faire et il ne sufñt pas de
savoir (passage tres bref d'un funambule dans une note confi-
denticllc, « In meinen Gegenden... ». Pour qui veut faire le
saut et y mettre du sien : Kant, Nietzsche, Genet).
istinct de ¡a science, I'art en général (il n'est pas encore
^CS ^faux'^sts) ne se réduit pas au métier (H and
l e r /• elui-ci échange ¡a valeur de son travail contre un saiaire.
cc ’est
est un art mercenaire (Lohnkunst). L'art proprement dit
un art mercenaire , ^ ^ ¿ ¿ c t i o* n ne doit oaspas entrer
est libre ou libéral (freie), sa p ¿g foffre et de
dans le cercle économique d u ¿ ’art libéral et l’a rt
demande, elle ne doit pas s Changer d ,opposés L *un est
mercenaire ne forment done pas u utre ¡i a plus de valeur
plus haut que I’autre, plus « art » q ’ propre,
de n’avoir plus de valeur ico n o » ,ique. S. 1 a r t da va n.
e st« production de la ¡ ' ^ r' = ,> ^ ar n .appart¡ent á l'a rt que
tage á son essence. L art mercena P _ p r o d u c tiv ité
par analogie. Et si l’on suit ce jeu de «. g > . de
mercenaire ressemble aussi á celle des abetlles . q ^
liberté, fmalité déterminée, utilité, fimtude du c ,
programme sans raison et sans jeu de 1 imagina ion.
de métier, le travailleur, comme l’abeille, ne joue pas. E t
fait, l’opposition hiérarchisée de l’art libéral et de 1 a rt m er
cenaire, c ’est celle du jeu et du travail. « On considere le
premier comme s ’il ne pouvait avoir de la finalité (réussir)
que comme jeu, c ’est-á-dire comme activité qui plait p ou r
elle-méme; le second comme un travail, c ’est-á-dire une a c ti
vité qui est déplaisante (pénible), attrayan te p ar son eífet
seulement (par exemple le saiaire), et qui peut par con seq u en t
étre imposée par contrainte ( zwangsmássig) . »
Suivons la loi de l ’analogie.
1. Si l’art est le propre de l’homme en tan t que liberté, l ’a r t
libre est plus humain que le travail rém unéré, to u t c o m m e il
est plus humain que l ’activité dite instinctuelle des abeilles.
L íl0™mc ]; bre>1’artiste en ce sens, n ’est pas hom o a co n o m icu s.
2. De meme que tout dans la nature p rescrit I’u tilisation de
l orsan.sai.on anímale par l'hom m e (§ 63 ) , de m ém e l ’h o m m e
libre devrait pouvoir utiliser, füt-ce p ar la c o n tr a in te le t r a
rad de 1 homme en tant qu’il n ’est pas libre L ’a r t H W , i .
wuvoir ainsi utiliser . ’art m ercenaire (san s y toucher" c ’e s t ^ -
62 MIMESIS DES A R
í t s í í t e * p o in t o ü to u te s
tienne perdent leur pertinence* i n m o o r t ^ ^ -'a c n t i q u e
sif de ce problém e au lieu o ü le t e b S T ' ’* ? "
£ Í 5- £ S 2 S * S $ * á ’•
il anime son idee de la raison d un b^ ° ^ j ' “¿ ag in ati ^ . . . »
encore au terme de sa vie, p ar un a - tej e^tuel p eu t servir
Inversement, précise K ant, un concep . { \c
d ’attribut á une representation sensible e t 1 a ^
soleil iaillissait com m e le calm e jaillit de la s e r »
Sonne quoll hervor, m e Ruh aus T ugend quillt » ) a la ^ n ^
de recourir á la conscience sensible du suprasensible.
note : « Peut-etre n ’a-t-on jamais rien dit de plus sublime, ou
_ * i ^ .1.. ^ V»TifT*i3 ni1P Tn S _L.
inscription sur Ie temple d'Isis Oa mere A ) : Je suis to u i
ce qui est. a éte et sera, et aucun mortel n ’a souleve mon voile. »
Entre la citation du soleil jaillissant et la note sur le voile de la
mere Nature, analyse de Kant i « L a conscience de la -ertu.
méme si Ton se met seulement par la pensée á la place d ’un
homme vertueux, répand dans I'esprit une ioule de sentiments
l .-_ . . _____;_____
suoumes ci a pa isa ms, ____ ___
unc _______ ____
perspecii'e uiimitee sur un
avenir heureux que jamais n ’atteint pleinement aucune expres
sion proportionnée á un concept déterminé. »
*„*
L\
Z n Z Z n Z n * * * * %
n
d
ra
p *
O u etM ó libre. 1,. ,*..« % e ..i.e I1ÉM el le M W . 11 « '
lenient iim r.ipporl ilc propcirnunimlltd o " un I .
deux - deux sujels. deux origine* deux pnulu'Ciron».. U p* »
umifiigique exl auai une rcmonlde ver» le togas. 1 ori» ™ g }
le logos. L ‘origine dc 1 ‘nmdogie, ce donl procede el ve . I
fall , clour l ’analogie, c'cJt le logos, raison el parole, source
commc bouchc ct embouchure.
il faut main tenant le démontrer.
La nature fournit des róglcs h Hirt du f-éme. N«.n |»as des
concepts, des iois dcscriptives, mais des réglcs précisémcnt, es
normes singuliércs qui sont aussi des ordres, des énonc s impt
ratifs. Quand Mcgel reproche á la troisieme Critique d'en rester
au « tu dois », il met bien en evidence I ordre moral qui sou
ticnt J ’ordrc csthétique. Cct ordre procéde d ’une liberte á une
nutre, il se donne dc l ’unc á i ’autrc .* ct commc discouWg
travers un éiément signífiant. Chaqué foís que nous lencontrons
dans ce texte quelque chose qui rcsscmblc á une métaphore
discursive da nature dit, dicte, prescrit, etc,), ce ne sont pas des
méíaphores parmi d'autres mais des analogies d analogies,
pour dire que le sens propre est analogiquc .' la nature est pro-
prement logos auqueí il faut toujours remonter, L analogic est
toujours du Iangage.
Par exempJe, on lit (fin du § 46) que « la nature, á travers
le gente, prescrit ( vorschreibe) des régles non á Ja science mais
á J’art,.. ». Le génie transcrit la prescription et son Vorschretben,
ií J’écrit sous Ja dictée de Ja nature dont il assume librement le
secretariat. Au moment oü ií écrit, iJ se laisse Jittéralement
inspirer par Ja nature qui luí dicte, qui Jui dit sous forme d ordres
poétiques ce qu’iJ doit écrire et á son tour prescrire : et sans
qu’iJ comprenne vraiment ce qu’ií écrit. ÍJ ne comprend pas Ies
prescriptions qu'iJ transmet, iJ n ’en a, en tous cas, ni le concept
ni Ja science. « ... J auteur d ’un produit qu’il doit á son génie
ne sait pas Jui-meme d ’oü lui viennent les idees et il n ’est pas en
son pouvoir d'en concevoir á voíonté ou d ’aprés un plan, ni
de íes communiquer á autrui dans des prescriptions
ten) qui Jes metfraient á méme de produire ( hervorbringen)
des produits (Producte) sembíabJcs. » Le génie prescrit, mais
sous Ja forme de régles non-conceptuelles qui interdisent la
repetition, la reproduction imitative.
75
ECON OhilMES IS
A u m.iment oí, cite donn. . i h . c m e n . d «
M r 1.1 vol. du ginle. lu n..mro csl d ij*. « » mum . |)c ^
hi production du génle divin. Au n'<> ,¡ iwmnlii «I'd
déji. «I...» u.» -'tuutlon analogue A ceHe
prodi.il d'alllour» lui-m ín» une J * 6 0 " ' s or t e» ( g l t l d f
producid*» » U \ PU ÍI^Wnrf* ili!
do crcor
crccr « cn ciuoicjuc
l Bone \h
s<m>) « une nutre nature » ( S O HCComj0
rn Ain Ainloiile done, entre le géme qui crec unt *<-
nttUiro cn ..U V lv .n l « r . ...... . d e . rdgle. n u . « M l
" en « " a t u r e «,«¡ diclc H . prescription, nu
o . críe b prendí.c nature cl produit I'urchdtype qui »erv,.a
d ’cxcmplc ct de régle. Telle ......logic l.iérarchiquc ormc une
,„clété d.l logos, ...» sod. .In gel.» ...» logo c h u D tM
to... ic. . h chaqué marohe de I analogic, su pai •
ordonnc, la nature parte pour transmettre au gdnie, 1c plus haut
genic est le génic parlant, Ic poéte.
' L ‘analogic est la régle. Qu’cst-ce quc 9a vcut dire . <,«1 vcut
dire quc 9a vcut dire ct que 9a dit quc 9a vcut dire quc 9a vcut
ct que 9a vcut ce que 9a vcut par cxcmplc.
Par cxcmplc. C ’cst par excmplc quc 9a vcut dire que 9a vcut
dire ct que 9a dit quc 9a vcut dire que 9a vcut ct quc 9a vcut cc
quc 9a vcut par cxcmple.
Par cxcmple, l’analogie est la regle, cela veut dire que Tana-
logic entre la régle de Tart (du bel art) ct la regie morale, entre
1’ordrc csthetique et 1’ordre moral, cctte analogic est la regie.
Elle consiste en une regle. II y a une « analogic » (A nalogie)
entre le pur jugement de goüt qui, sans dépendre d ’un intérét,
provoque un Wohlgefalien convenant a priori á Thumanité,
et le jugement moral qui agit de méme au moyen de concepts
(§ 42 , L ’intérét intellectuel du beau). Cctte analogie confére
un intérét égal et immédiat aux deux jugements. Le jeu articulé
de cette analogie t)se soumet lui-méme á une loi
u
lJG
h
o
(W
de supplémentarité : nous admirons la nature « qui se m ontre
en tant qu*art dans ses belles productions » et « en quelque
sorte á dessein », mais dans Texpérience esthétique la fin de
cette finalité ne nous apparait pas.
C ’est le sans-fin qui nous reconduit au-dedans de nous-
mémes. Parce que le dehors apparait sans-fin, nous cherchons
la fin au-dedans. It y a la comme un mouvement de suppleance
interiorisante, une sorte de su<;otement par lequel, sevrés
de ce que nous cherchons au-dehors, d'une fin suspendue au-
dehors, nous cherchons et nous donnons au-dedans, de fa^on
autonome, non pas en nous léchant les babines, en nous m or-
76 MIMESIS DES A R17 C VL A HONS
dant les lóvrcs ou en jouant dans Jc palais mais, ce qui n est pas
tout ¿ fait autre chose, en nous dormant des ordres, dcs impc-
ratifs catcgoriques, cn nous causant a travers des scfiémes
universcls dés lors qu’ils ne passent plus par Ic dehors.
Kant décric ce mouvemení d ’intériorisation idéalisante :
«A quoi s'ajoute encore I’admiration pour la nature qui se
montre comme art dans ses belles productions, non seulcment
par accident mais en quelque sorte á desscin, selon unc ordon-
nance conforme á des lois et comme finalité sans fin : laquelle
fin, dés lots que nous nc la trouvons nulle part au-dehors,
nous la cherchons naturellement en nous-mémes, precisement
dans cela méme qui constitue la fin derniere de notrc existence
(Dasein),A savoir la destination morale Bestim-
mung) (’mais c ’cst dans la téléologie qu’il sera question du fon-
dement de la possibilitcd’une telle finalité de la nature). » (§ 42,)
Ne trouvant pas dans l'expériencc esthélique, ici premiére,
la !in déterminée dont nous sommes sevrés et qui se trouve
trop loin, invisible ou inaccessible, la-bas, nous nous replions
vers la fin de notre seD
ia
n. Cette fin intérieure
disposition, elle est nótre, nous-mémes, elle nous appelle et
nous deterni ne du dedans, nous sommes la (da) pour repondré
á une Bestimmungá, une vocation d'autonomie. Le Da
notrc Daseinest d abord déterminé par cette fin qui nous e
présente, que nous nous présentons a nous-mémes comme la
noire et par laquelle nous sommes á nous-mémes présents
comme ce que nous sommes. Une existence ou une presence
(D asein) libre, autonome, c'est-á-dire morale.
Notre D a s ’appelle ainsi et cela doit passer parla bouche. Le
Da du Sein se donne ce qu’il ne peut consommer au-dehors,
ne pas consommer formant la condition de possibility du gofit
en tant qu’il nous rapporte au sans-fin.
f>r c ’est dans ce chapitre que se muitiplient Ies « analogies »
sur Jc íangage dc la nature. JJ s ’agit d ’cxpliqucr pourquoi
nous devons prendre un interet moral au beau dans la nature,
un jntércí moral a ccíte experience désinteressée. 11 faut que
Ja nature abrtíe en elle un principe d ’accord ( Übercitistinunung)
entre ses productions (Producte) et notre plaisir dcsintcressc.
Bten que cciui-ci soií purement subject/f et reste coupé de
toute fin déterminée, ii faut bien qu’une certaine entente régne
entre Ja finalité de la nature et notre Woblgefallen. Le Wohl
ne seratt pas explicable sans cette harmonic. Comme cette
entente ne peut etre montréc ni démontrée par concepts, elíc
doit bien s unnoncer autrement.
ECONOMIMESIS s,aanonce, a u tre m e n t
3 f e s s s s k j g s
dents le cosier, opposition entre gustus reflectus et gustos
etc.) d une part, avec le s’entendre-parler d autre
part? Ht quelle est la place du négatif, singulí¿cen»flt dtt
* plaisir négatif » dans ce procés ?
L ouie détient un certain privilege parmi les cinq sens. La
classification de I'Anthropologie la range parmi les sens objec
t s (tact, vote et ouíe) qui donnent une perception mediate
de 1 objet (vue et ouíe). Les sens objectifs nous mettent en
rapport avec un dehors. Ce que ne font pas le goút et J odorat .
le sensible s’y melange, par exemple avec la salive et penétre
i*o'£ane sans garder sa subsistance objective. La perception
objective mediate est réservée á la vue et á I’oule qui requiérent
la mediation de la lumiére ou de I’air. Le tact est, Iui, objectif
et immédiat.
II y a done deux sens objectifs médiats, 1'ouíe et la vue. En
quoi ] 'ouíe 1’emporte-t-elle sur la vue? Par son rapport á
Pair, e ’est-a-dire a la production vocale qui peut le mettre en
mouvement. Le regard en est incapable. « C ’est précisément
par cet éíément, mis en mouvement par 1’organe de la voix,
la bouche, que les hommes peuvent, plus facilement et plus
complement, entrer avec les autres dans une communauté de
pensée et de sensations, surtout si Ies sons que chacun donne á
entendre aux autres sont articulés et si, lies par I’entenderaent
seíon une loi, iís constituent une langue. La forme de Pobjet
n ’est pas donnée par Pouíe et lessons íinguistiques (Sprach-
¡ante) ne conduisent pas immediatement á la representation
de Pobjet, mais par lá méme et parce qu’iís neí sígnifient ríen
en eux-mémes, du moins aucun objet, seulement, á la rigueur,
des sentiments intérieurs, iís sont le moyen Je plus propre á la
caractérisation des concepts, et les sourds de naissance, qui
doivent par suite rester aussi muets (sans íangage), ne peuvent
jamais acceder á quelque chose qui soit plus qu’un analogon
de la raison, » {Anthropologie, § IS.)
« Plus facilement et plus compié te men t » : aucun moyen
extérieur n'est nécessaire, rien d ’extérieur n ’y fait obstacle. L a
communication y est plus proche de la liberté et de la sponta-
nene. Plus complete aussi puisque J ’intériorité s ’y exprime
Plus umverselle pour toutes ces raisons. Parlan?
fois du ton et de la modulation, la troisiéme Critique y
, „ , , nzue uníversel!e * . Et dés l o » ? u i
reconnalt une sorte d - l a g > _ - ¿ s t a t i o n nam relle av e c
les sons n'ont auetm raP?^ pi as f a c d a n a r t 4 la
les cboses sensibles e x te rn » . P foum isseat m fan-
spontanéíté de I 'arbitraire da signi-
gage accorde a ses lots. U ySém ent de )a
fiant vocal. II appartient a ¡déaux : conceptuéis.
done avoir que des s.gn.fies m t e r t e a r o u . ^ ^ n n [e ,.
Entre le concept et le systeme du s d|r£_ ,e s -entendre-
ligible et la parole, e au to . a ffective. la bouche
parler parce que cette structure est jointure
et 1-omite ne peuvent s'y dtssocter. E t la p r e u v e J
de 1’empirique et du metemp.nque. c est que les
muets. IIs n'ont pas accés au logos m em e P ar L s autres s
et les autres organes, ils peuvent ¡miter le logos. ^ ™ 'ttr
lui dans une sorte de rapport vide ou exten eu r. Ils n decedent
qu’á un analogon de ce qui regie toute analogie et qui n e
lui-méme anaiogique, formant la raison de 1'an alogie, le logos
de l’analogie vers lequel tout rem onte mais qui se tient, lui,
hors systeme, hors du systeme qu'il oriente co m m e sa fin e t so n
origine, son embouchure et sa source. C ’est pourquoi la bouche
peut avoir des analogues dans le corp s en chacu n des orifices,
plus haut ou plus bas qu’elle, mais n ’est pas sim plem ent ¿ ch a n
geable avec eux. S ’il y a une vicariance de tous Ies sens c ’est
moins vrai de celui de I’ouie. C ’est-a-dire du s ’en ten d re-p arler.
Celui-ci a une position unique dans le systeme des sens. Ce n ’est
pas le plus « noble » des sens. L a plus grande noblesse revien t
i la vue qui eloigne le plus du toucher, se laisse m oins que d ’a u -
:res affecter par I'objet. En ce sens le beau a un ra p p o rt essen-
iel avec la vision en tant qu’elle co n so m m e m oins. L e deuil
uppose la vue. La puichritudo vaga se d onn e s u r to ut á v o ir e t,
n suspendant la consom m ation p o u r le , elle fo rm e
Ians la nature un objet de goQt pur. L a poésie, en ta n t que bel
rt, suppose un concept préaiable et d on n e lieu á une b e a u té
lus adhérente dans un horizon de m o ra lité plus p re se n t
Mais si l'oute n'est pas le sens le plus n o b le , elle tient son
riHláge absolu d etre le m oins rem p lag ab le. E lle to le r e m al
substitut et se soustrait presque á toute vicariance.
j s ü í s s í ^ m c a ria t - c e s ..
la place d ’un au tre’ Ouand ,* ^ VUC de Iui fairc P rendr<
biüté d'en.endrc on S 0 ^ , & aUUef° is la * * *
sráce i la vue, tirer deTui i e I a n t L ? T * \ " P ar COnsé1 uen
gage habituel; pour ce qui relév
86 MIMESIS DES A RTIC VLA TIOSS
Jacques Derrida