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LE PROBABILISME MORAL
ET
LA PHILOSOPHIE
Docteur en Théologie
LE
PROBABILISME MORAL
ET
LA PHILOSOPHIE
Y) 56'a ou vTJrr,(î!,;
Aristote.
PARIS
NOUVELLE LIBRAIRIE NATIONALE
3. PLACE DO PA^THÉOX, 3
MCMXXII
NiHIL OBSTAT NiHIL OBSTAT
s. TH. L.
Imprimatur Imprimatur
L. Thibault, v. g.
PREMIÈRE PARTIE
est vrai, une cause nécessaire ; mais elle n'est pas tirée de
la notion même du sujet. C'est ce qui se voit dans la
L
26 ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA PROBABILITÉ
I
FONDEMENT ET NATLRE DU PROBABLE 35
consideratio de probabilibiis*.
La dialectique, il est vrai, en tant que science particu-
lière, logique et doctrinale, a ses principes et ses conclu-
sions propres : de ce chef, elle contient des données et
des maximes nécessaires qui sont l'expression des rap-
ports qui existent, par exemple, entre le genre et l'espèce,
magis amore boni qiiam veri qiiod in eis est\ C'est ce qui
se produit pour l'assentiment donné dans l'état de doute
ou de soupçon : nous voulons dire avec des justifications
qui ne peuvent autoriser qu'une attitude intellectuelle
correspondante à ces deux états d'esprit.
Enfin nous noterons une dernière particularité du
motif probable qui est c?'e/re multiple. La cause nécessaire
d'une conclusion se suffît à elle-même ; dans son genre
son efficacité est absolue. Il n'en est pas ainsi en matière
de probabilité : une raison prise à part y est souvent im-
puissante à produire l'opinion ; elle a besoin d'être ren-
forcée par d'autres considérations : médium demonstra-
tionis quod perfecte demonsirat conclusionem est unum
DEFINITION DU PROBABLE
^
produisent de la chose que le paraître. C'est pourquoi le
de l'opinion.
C'est pourquoi Aristote voulant marquer toute la diffé-
k
56 ÉLÉMEfiTS CONSTITUTIFS DE LA. PROBABILITÉ
•1. —
Cajeta>us. In Poster, cap. XXV. fol. TU. Cajetan ajoute unde- :
1. — Licel opinons non sit certus, dit saint Thomas, tamenjam neter-
minavit se ad nnum. (Ethicor. lib. VI, quœst. VIII). La détermination
de notre esprit ad unum peut se présenter à des degrés divers dans :
non fit complète Jides vel opinio '. La raison est que la
2. — Albertus. m. Metaphysic.
3. — St Thomas. Poster. Analytic. lib. 1 lect. I.
NOTION PHILOSOPHIQUE DE L OPINION 6î^
ment clairement,
Il s'ensuit que le mot qui correspond le mieux au sens
philosophique de I'j-oat/}'.;, est celui de conjecture ', de
soupçon. Et encore faudrait-il distinguer entre ,1e soupçon
qui porte sur la détermination objective des choses, et
celui qui a pour objet les intentions et les actes des per-
sonnes. Dans ce dernier cas, c'est le mot j-o-Iz-a qui est
objectif de la question.
Un tel assentiment peut bien être donné, mais il ne sau-
rait être accompagné d'aucune espèce de conviction. 11
contradiction *
: ce qui est la notion même du soupçon,
de r uzoAY/}i; d'Aristote. Il est bien manifeste, et c'est la
scientia '
: c'est-à-dire que les différences qui existent
entre ces états d'esprit ou de connaissance, ont leur pre-
est produite par les motifs les plus puissants qu'une in-
formation poursuivie sur les deux parties de la contra-
diction a fait découvrir. Nous avons ainsi l'objet dans ce
qui le représente ; mais cette représentation étant impar-
faite, il n'existe pas de rapport nécessaire entre elle et la
fient théoriquement.
L'importance de toutes les remarques et distinctions
1 .
— Vi>cENT Pattuzi. De proxima humanorum actuum régula in opi-
nionum Pars II', cap. 2.
deleclu.
NOTION? PHILOSOPHIQCE DE l'opIXION 87
1.
1 — Thtrsus Gonzalès. Fandamentam theologix moralis, Dissertatio /*.
88 ÉLÉMENTS COTISTITUTIFS DE LA PROBABILITÉ
h
90 ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA. PROBABILITÉ
morale.
Voici maintenant la définition de Pattuzi lui-même :
3. —
Vincent Pattuzi. De proxima humanoram aclucein régula in
opinium délecta. Pars. lia, cap. II.
XOTIOM PHILOSOPHIQUE DE l'OPIMO?» 91
DE LA LOGIQUE DU PROBABLE
1. —
Th. Gompers. Les Penseurs de la Grèce, Iraduct. de A. Rey-
mond. Tome III, p. 60.
sphères de connaissances.
Son domaine est donc, en quelque sorte, illimité : on
ne saurait lui assigner une matière d'un genre bien déter-
miné ; dialectica non est entis et subjecti délerminati. Ceei
peut paraître singulier ; car ce n'est le fait d'aucun autre
art. Nous les voyons tous faire porter leurs recherches et
jet d'un genre bien déterminé. Elle n'est rien autre que
la logique du probable. Ces deux mots suffisent à la
i
106 ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA PROBABILITÉ
DE LA PROPOSITION DIALECTIQUE
à tous, au plus grand nombre etc lieu qui n'est pas li- :
véritable.
donc celui qui, par son seul aspect, paraît à tous, au plus
grand nombre ou aux savants : verisimile est qaod per
sui ipsiiis veniatis figaram videlur onmibus aut pluribus aiit
sapieniibiis \ Il est déterminé comme tel non pas précisé-
ment par l'autorité des opinants, mais bien par l'état
probabile sic dictuni verisimile est quod per sui ipsius veri-
tatis figuram videtur omnibus ant pluribus, etc '. Les ju-
gements qui réunissent ces conditions se présentent
donc avec des caractères manifestes de probabilité. Ils
1. —
Opinio adheret rationi propter se : unde déficiente probabilitate
rationis déficit probabilitas opinionis. St Bonavesture in 3 sentent
distinct. XXIV, quœst. 2.
DE LA LOGIQUE DU PaOBABLE < 23
i. — Id. ibid.
DE LA LOGIQUE DU PROBABLE 131
domaine du contingent.
certitude et à laprobabilité dansle
Nous ne mentionnerons que pour mémoire, une autre
particularité notée parles anciens, touchant la conséquence
logique ; car elle n'est rien autre qu'un corollaire de ce
que nous venons dédire : Il s'agit de la conséquence pro-
bable et nécessaire, mais non par le même moyen : ne-
cessaria et probabilis sed non per idem médium *. La con-
clusion n'est rien autre qu'une proposition prouvée. Or
toute la force probante du syllogisme se trouve dans le
1. —Sx Thomas. Sura. theolog. I-lIae, qasest. XIV, art. VI. Une
en matière toute contingente, peut bien être dite pro-
telle certitude,
bable ratione materiee, par opposition à la certitude de la science,
mais elle n'en est pas moins spécifiquement distincte de l'opinion.
2. — Albertcs m. ut supra.
436 ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LV PROBABU-ITÉ
1 .
— Toutes les divergences de vue entre les auteurs ne constituent pas
toujours des opinions contraires, quant au fond. Ainsi, du moment qu'il
n'existe pas de propositions vraiment universelles en matière d'actes hu-
mains individuels, ces divergences, en pareille matière, doivent souvent
s'ajouter, pour avoir la vérité complète : ex utriusque elicitur compléta Ve-
ritas (Sylv. Priehas, Summa Verb. Opinio).
142 CRITIQUE DE LA. PROBABILITÉ COMPARÉE
sens indiqué par elles. C'est ainsi que tout se termine par
un choix accompli en connaissance de cause. Or choisir
c'est prendre entre deux ou plusieurs choses, celle qui
convient : prœacceptio unius respecta alterius. C'est ce
2. — Ibidem.
LES OPINIONS CONTRA.IBES SONT-ELLES COMPOSSIBLES 147
doanée : il est visé non pas comme une chose en acte, mais
en puissance, en possibilité seulement. C'est là, du reste,
gence.
Dans un autre passage encore, saint Thomas nous
montre Tincompatibilité radicale de deux opinions con-
traires. Il reconnaît pour la science et l'opinion deux
1. — St Tnoit.vs. ibid.
3. — St Thomas, ibid.
LES OPINIONS co:ïtraires son; -elles compossibles 151
s'il possède une valeur réelle, est de créer une autre opi-
nion ou le doute tout au moins. Dans les deux cas, il
moyen.
Ces dernières considérations sont confirmées et ren-
forcées par un passage d'Aristote qu'il ne sera pas
inutile d'analyser ici. Il y parle des causes qui peuvent
OBJECTIONS ET RÉPONSES
savoir si, dans ce cas, vous n'avez pas plutôt le doute que l'opinion ;
si les jugements portés, non sur l'apparence, mais sur la chose elle-
oi'ji; -'.; r.ôY). On peut voir par là. encore nne fois, com-
bien une telle doctrine diffère de celle qui se trouve à la
base des systèmes probabilistes actuels. Là où les anciens
disaient : la contrariété du témoignage des savants ou des
arguments de raison est un obstacle à la genèse de l'opi-
nion : celle-ci dans de pareilles conditions ne saurait se
produire ni dans un sens ni dans l'autre ; les auteurs mo-
dernes disent, eux : dans ce cas, il y a place pour deux
opinions : iilroque modo opinamur. L'opposition ne peut-
être plus directe.
pour cela. C'est ce qui a lieu pour tous les modes d'oppo-
sition inférieurs à la contradiction proprement dite et, en
particulier, pour les contraires. Dans l'opposition de
contrariété, la contradiction, en effet, n'est pas formelle,
nous voulons dire de premier plan. « Tout ce qui se
mun à plusieurs.
r —
1. Albektus m. Metaphysic, Ub. VI, tracL II, cap. III.
184 CRITIQUE DE LA TROBABILITÉ COMPARÉE
OBJECTIONS ET RÉPONSES
1. —
L'anlinomie que nous relevons ici, atteint tout particulièrement
lesPROBABiLiOKisTEs, qui après avoir admis la coexistence et la légiti-
mité de deux opinions malgré leur contrariété spécifique, cherchent ensuite
un motif d'éuiction dans un degré supéi'ieur de probabilité de l'une d'elles.
2. — St TiioMAS, Summ. theol ,
1' p., quaest. VI, art. II.
DE LA COMPARAISON DES OPINIONS ENTRE ELLES 189
L__
194 CRITIQUE DE LA PROBABILITÉ COMPARÉE
ce qui peut être peut aussi ne pas être. C'est une alterna-
tive inhérente à la nature même du contingent. C'est
pourquoi la preuve par l'impossible n'a aucune valeur en
matière dialectique. 11 est bien évident que cette simple
possibilité d'être autrement ne s'oppose nullement à une
affirmation d'inhérence actuelle. Veut-on parler mainte-
nant d'une puissance prochaine, prête à passer à l'acte :
tuel.
On n'est pas plus heureux en invoquant contre la thèse
demment que par des raisons plus fortes, des motifs plus
puissants. Or ces raisons et ces motifs ne sont tels que par
comparaison avec ceux qui agissent en sens opposé.
DE LA COMPARAISON DES OPINIONS ENTRE ELLES 201
DU FONDEMENT ET DE LA VALEUR
DES DEGRÉS DE PROBABILITÉ
tains auteurs ont voulu lui faire une place dans la ques-
tion du probabilisme. Ils introduisaient de la sorte dans
les choses morales, une acribie qu'elles ne comportent
pas : elles s'y refusent, par les conditions de leur objet
lui-même. Une remarque d'Aristote trouve ici toute son
application 1 l'opinion, dit-il, si elle a beaucoup de vi-
1. —
Par ailleurs ce qu'on dit de l'opinion doit évidemment s'en-
tendre dans les limites de son espèce: en alléguant un moyen produi-
sant une détermination complète de notre esprit, on sort et de
l'opinion et de la question.
DEGRÉS DE LA PROBABILITÉ 207
1 .
— La véritable raison, philosophique en est que l'opinion, même réa-
lisée et acquise selon toutes les du probable, n'im-
règles de la logique
plique point par elle-même et nécessairement, de conformité avec la réa-
'
lité objective.
208 CHITIQUE DE LA. PROBABIMTÉ COMPARÉE
bill Quel que soit donc le degré auquel une qualité est
'.
d. — Albertus m. ut supra.
moyens termes.
Rappelons, tout d'abord, qu'il s'agit de deux opinions
contraires, et, partant, conditionnées par des moyens dont
l'opposition n'est pas moins directe. Mais nous les avons
suffisamment envisagées à ce point de vue. Quant au pro-
bable, considéré comme mode particulier du rapport qui
existe entre le prédicat et le sujet d'un jugement d'opi-
nion, il ne sera pas inutile d'ajouter ici quelques obser-
vations à celles que nous avons eu déjà occasion de faire.
La qualification modale insérée dans une proposition
n'en change nullement le fond ou la substance. C'est ce
que les logiciens scolastiques exprimaient en disant :
d'autres raisons.
férieure ?
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
probable '.
3, — Ibid.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS 239
1 .
— Posterior. Analytic. Lect. I.
gative non esse '. C'est ce qu'il est impossible de faire sans
en tend reparle fait même, exprimer une vérité. Or, qu'est-ce
qui nous confère ce droit ? Ce n'est rien autre que la
pinion.
Les mots eux-mêmes dont se servent les Anciens dans
les cas de divergence dont il s'agit, sont bien digues de
remarque ; ils disent : une opinion partagée par quelques-
uns et étrangère à d'autres : extranca. Ce qui signifie
qu'elles sont, par nature même, sans rapprochement,
sans communion possible. C'est dans ce sens qu'en dis-
cussion dialectique, une opinion étrangère à quelqu'un,
est synonyme d'improbable pour lui : c'est ce qui se
vérifie même pour les sectes ou écoles diverses : singulis
'.
seclis est aliquid inoplnahile ciim ipsis sit extraneuin
C'est ainsi également que démontrera l'adversaire que la
1. —
Ce n'est pas douteux en se plaçant sur le terrain du seul té-
moignage.
2. — Albertls m. Elenchor., Uh. I, Iract. V, cap. J.
RÉSUMÉ ET CONCLLSIONS 247
i
HÉSUMÉ ET CONCLUSIONS 257
1".
LB PROBABtLISME MORAL ET L\ PHILOSOPHIE.
258 RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
pas.
Elle ne peut s'engendrer en nous sans la défaite et la
1. — Ut supra.
262 RÉSDMÊ ET CONCLUSIONS
d'essence rationnelle.
C est ce qui la distingue de la foi humaine fondée sur
l'autorité de celui qui parle. C'est une distinction qu'il
importe de ne pas oublier, si l'on veut éviter des confu-
sions regrettables: leSxVnciensl'ontbiensouventsoulignée.
C'est ainsi qu'ils ont vu dans l'opinion une croyance
ayant son point d'appui dans la raison humaine : credu-
litas in humana ratione fundata *. C'est ainsi également
qu'ils ont placé l'élément constitutif de l'opinion non
parailleurs.rautoritéenquestionnepeutfaiiel'objetd'une
démonstration directe :non manifestalur per aliqiiod mé-
dium probativum '. Dans ce cas, on risque de manquer
d'un point d'appui suffisamment solide. Ce n'est pas à dire
que l'érudition, en ces matières, ne soit pas très utile :
1 .
— St Thomas. De Veritate, quœst. XVII, art. III.
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
Pages
DU FONDEMENT ET DE LA NATURE DU PROBABLE. 11
CHAPITRE II
CHAPITRE m
DE LA LOGIQUE DU PROBABLE 96
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE IV
chapitre V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
e2?8 4
I
La Bibliothèque The Library
Université d»Ottawa University of Ottawa
Echéance Date Due
Mmuwt
a 39003 0005 76339b
BC 141 .R5 1922
RICHPRDt tiwothee.
PROBQBZLZSPIE PIORPL E T
CE BCÛlAl
R5 1922
CCO RICHARD, TI^ PRUBAEILIS
ACC# 1318405