MAÎTRISE EN DROIT
CONTRATS SPECIAUX
Bulletin de liaison n°2
Nicolas AUCLAIR
DISSERTATION
Si le prix déterminable est une condition de validité du contrat de vente, cette exigence ne
pouvait être appliqué avec sévérité à un contrat cadre qui donne naissance ultérieurement à sa
conclusion à des contrats de vente successifs.
L’article 1591 du Code civil dispose que « Le prix doit être déterminé et désigné par les
parties ». La détermination est une condition de validité du contrat de vente. La jurisprudence
soucieuse de prendre en compte les nécessités pratiques a assoupli cette directive : pour
qu’une vente soit valable, il n’est pas nécessaire que le prix soit fixé dès l’échange des
consentements, il suffit qu’il soit déterminable. Il faut alors que le prix soit déterminable
ultérieurement « en vertu des clauses du contrat par voie de relation avec des éléments qui ne
dépendent plus de la volonté ni de l’une ni de l’autre partie ». Il faut un mode de calcul arrêté
dès l’origine par les contractants ; et ce mode calcul doit être indépendant de l’une ou l’autre
des parties.
C’est en réalité surtout dans les contrats en matière de distribution que la détermination du
prix a soulevé des difficultés. Ces conventions revêtent le plus souvent la forme d’un contrat
cadre qui organise les rapports entre fournisseur et distributeur. Le fournisseur promet au
distributeur diverses prestations – aide à l’installation, assistance, publicité et le distributeur
s’engage en contrepartie à se fournir exclusivement auprès du fournisseur. Il y aura donc une
succession de commande, de contrats de vente. L’accord cadre ne peut cependant fixer avec
précision à l’avance le prix des produits qui en application du contrat cadre seront commandés
livrés que plusieurs années après. La jurisprudence a donc admis pour ses contrats avec
souplesse l’exigence du prix déterminable. Cependant à partir de 1971 elle s’est livrée à une
« chasse à la nullité pour indétermination du prix » obligeant la pratique à imaginer de
nouvelles clauses, puis la jurisprudence à envisager de nouvelle solutions (I). Devant
l’insécurité juridique qui en résultait la Cour de cassation a opéré un revirement de
jurisprudence à compter de 1994 (II).
Contrats spéciaux - Maîtrise mention Droit des Affaires et Maîtrise mention Droit Privé - S2 - UE1 - BL n°3 1
Année universitaire 2008/2009
Centre Audiovisuel d’Etudes Juridiques
II – LE REVIREMENT DE JURISPRUDENCE.
L’assemblée plénière de la Cour de cassation a posé le 1er décembre 1995, d’une part, que
1129 du Code civil n’est pas applicable à la détermination du prix ; et que d’autre part,
« lorsqu’une convention prévoit la conclusion de contrats ultérieurs, l’indétermination du
prix de ces contrats dans la convention initiale, n’affecte pas sauf dispositions légales
particulières, la validité de celle-ci, l’abus dans la fixation de ce prix ne donnant lieu qu’à
résiliation ou indemnisation ».
B’ – LA PORTEE DU REVIREMENT.
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Année universitaire 2008/2009