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Pablo Berchenko
(9) Comme son personnage Julio Méndez, José Donoso est issu d'une
certaine bourgeoisie chilienne. Il est professeur de littérature
anglaise et écrivain qui a connu l'échec pendant la première partie
de son séjour en Espagne. La femme de Donoso et sa mère ont des
relations évidentes avec les personnages qui entourent le
protagoniste du roman. Voir à
son fils, Santiago. Parce qu'il n'a pas eu avec lui "une
discussion en profondeur, lorsqu'il était encore temps de
parler" (p. 50). Historiquement alors, sa faute réside dans le
fait de s'être abstenu et de ne pas avoir parlé pour freiner
l'action de son fils.
Voilà les raisons qui font de ce "vieux professeur [...]
l'archiviste des mots" (p. 68), "un condamné à rajeunir" (p.
68). Et parce qu'il est la personnification métaphorique de "la
solide démocratie uruguayenne" (p. 23), il entame un double
parcours. L'un de la vieillesse à la jeunesse,l'autre de la
condition d'étranger à celle de l'intégration dans le pays
d'accueil. Il abandonne la canne (p. 21), et recommence le
dialogue avec son fils (p. 97). Il décide aussi de revenir à
l'écriture (p. 52), et établit une relation sentimentale avec
Lydia, une femme originaire du pays qui l'a reçu (p. 169). Ce
double parcours signifie une mise en valeur du dialogue. Et
cela implique le renouvellement par le langage de la syntaxe
et la phrase. De manière telle que rien ne devra ressembler à
la "préhistoire du soixante treize" (p. 96). Le mot apparaît,
alors, comme le moyen qui sert à neutraliser le monologue
dans lequel le pouvoir dicta-toriel s'est enfermé. Pouvoir qui
s'est installé comme "une énorme parenthèse" (p. 96) dans
son pays. C'est pourquoi, lorsque la dictature décide
d'appeler au plébiscite, en novembre 1980, le narrateur dit:
"Dans cette brèche, sans même se donner le temps de
réfléchir les gens avaient glissé la syllabe NON" (p. 177). La
logique dans laquelle est inscrite l'histoire de l'Uruguay se
concrétise. Logique où la parole gagne contre la violence des
armes.
(26) Dans ce texte qui a une forme épistolaire - c'est une lettre
envoyée de la prison - Benedetti fait un clin d'oeil au lecteur. Grâce
au paragraphe qui n'a pas été censuré par les geôliers, il suggère la
naissance d'une nouvelle cohabitation.