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8 (1997)
Théorie de la littérature
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Chryssoula Kambas
Esthétique et interprétation chez
Walter Benjamin
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Référence électronique
Chryssoula Kambas, « Esthétique et interprétation chez Walter Benjamin », Revue germanique internationale [En
ligne], 8 | 1997, mis en ligne le 09 septembre 2011, consulté le 10 octobre 2012. URL : http://rgi.revues.org/641 ;
DOI : 10.4000/rgi.641
CHRYSSOULA KAMBAS
1. Ce sont, dans le détail : Sur deux poèmes de Friedrich Hölderlin, Le concept de critique d'art dans
le romantisme allemand (cet écrit a un statut particulier) ; la critique « Les Affinités électives» de
Goethe ; des aspects particuliers dans L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique (une œuvre
à rapprocher, sur le plan de la méthode et de la philosophie artistique, du projet des « Passages
parisiens », tout comme la série de fragments « Eléments sur la théorie de la connaissance, théo-
rie du progrès» : Gesammelte Schriften [Œuvres complètes], V , p. 570-611 et suiv.) ; enfin, des pas-
sages d'Eduard Fuchs, collectionneur et historien, ainsi que la suite de fragments Sur le concept
d'histoire.
métisme, devenu à sa manière formidablement f é c o n d chez Benjamin lui-
m ê m e . Il faut c h e r c h e r sa signification dans le contexte thématique, d o n t
le thème décisif et premier, génétiquement parlant, en est la d é m a r c a t i o n
répétée à l'égard de « l'histoire des idées » [Geistesgeschichte], la discipline
1
montante de l ' é p o q u e .
U n e r e m a r q u e préalable sur l'utilisation q u e fait Benjamin du
c o n c e p t d'art, - et d ' œ u v r e d'art, s'impose : p o u r p o u v o i r faire de ses
textes et extraits de textes sur les questions épistémologiques liées à
l'art, des textes abordant les questions d'interprétation, il faut c o m -
prendre quelle place o c c u p e la littérature à l'intérieur d u d o m a i n e
artistique. L e c o n c e p t d'art benjaminien repose sur une c o n c e p t i o n
a n t h r o p o l o g i q u e de l'indivision de l'esthétique, qui inclut le d o m a i n e de
la p o é t i q u e , à travers les constructions sonores des langues et les
m o n d e s irréels de l'imagination. En m ê m e temps, la littérature appar-
tient au d o m a i n e de la connaissance linguistique. Q u a n d il s'agit de son
caractère esthétique, Benjamin choisit le c o n c e p t de « p h i l o s o p h i e de
l'art » p o u r parler des textes littéraires, o u bien également « critique
2
artistique » au lieu de « critique littéraire » .
L a c o m p r é h e n s i o n globalisante de l'art et le c o n c e p t élargi de litté-
rature ne sont d o n c pas, c o m m e la recherche des années 1970 se plaît à
le laisser entendre, un élargissement marxiste des œuvres « tardives » d e
Benjamin. Ils participent tous d e u x , dès les environs de 1920, de l'in-
vention de concepts esthétiques et philosophiques. Cette dernière appa-
raît clairement dans la notice suivante sur la c o u l e u r et la ligne. Benja-
min y décrit le mimétisme de l'enfant p a r rapport à la ligne, q u a n d il
voit des représentations de livres p o u r enfants qui illustrent les histoires
de façon didactique : « Seules les représentations à but d'illustration
sont susceptibles d'être décrites, et n o n l'œuvre d'art, pas plus que les
visions de l'imagination. A travers l'invitation muette à la description
qu'elle recèle, cette sorte de représentations éveille le m o t chez l'enfant.
Mais, de m ê m e q u e l'enfant décrit ces images par des mots, de m ê m e il
les décrit par des pensées - à savoir : de manière d'autant m i e u x per-
ceptible p o u r le toucher et la vue. C e l a se situe dans ces images. Leur
surface n'est pas, c o m m e celle des œuvres d'art, un noli me tangere (...),
1. О С I I , p . 105.
2 . Wilfried Barner, Z w i s c h e n Gravitation u n d O p p o s i t i o n . Philologie in der E p o c h e der
Geistesgeschichte, LuG., p . 2 0 3 .
3. О С I I , р . IIО.
4. О С I I , p . 113.
5. О С I I , p . 105.
«vie», « u n i t é » et «figure» restent finalement inchangés. Ils sont au
contraire stylisés dans l'idéal («pure figure», etc.). Pour justifier son
jugement positif sur le poème tardif de Hölderlin, Benjamin s'appuie
donc au point décisif sur une « appréhension intuitive » : « Être capable
d'accéder à ce monde totalement uni et unique n'est pas chose facile.
L'impénétrabilité des relations résiste à tout ce qui n'est pas appréhen-
1
sion intuitive. »
Il faut cependant souligner que dans les paragraphes introductifs
relevant d'une «philosophie de l'art», Benjamin a en revanche bien
conscience de la problématique d'une terminologie empruntée à la Geis-
tesgeschichte. Il y rejette le commentaire philologique, au profit du « com-
mentaire esthétique de deux compositions poétiques » , dont le devoir est
2
de respecter la vérité contenue dans l'œuvre ; il y recherche en outre, à
3
travers 1' « idée de tâche » et l' « idée de solution » , une médiation entre
les « unités fonctionnelles » non homologues de la « vie » et du texte. Dans
les études de littérature qui suivront, Benjamin va d'abord fonder cette
« idée » dans une mystique de la connaissance et ensuite la supposer sim-
4
plement platonicienne . Ce contexte fondateur Hé à une philosophie de
l'art reste valable jusqu'au « Préambule épistémologique » de l'Origine du
drame baroque allemand. Benjamin le complète alors sur le plan de l'histoire
de la littérature : il conçoit l'idée comme une monade renfermant un
5
savoir historique .
Ainsi, Benjamin considère certes l'activité d'interprète également
comme philologique et subordonnée à l'œuvre, c'est-à-dire au service
de sa compréhension; mais il pose comme condition que l'interprète ait
une démarche philosophique. Celle-ci est dépendante de l'œuvre, lui est
commensurable, sans en être dérivée. En tant qu'entreprise analytique,
le processus de compréhension se dissimule dans le hiatus non explicité
entre le texte littéraire et l'abstraction philosophique, tenue de respecter
le concept de vérité. Benjamin surmonte ce hiatus en interprète, ce qui,
en raison de ce rapport des compositions littéraires à la vérité, implique
de renoncer à une explication du processus de compréhension sur le
plan de la facture du texte. A côté de la justification philosophico-artis-
tique de son propre procédé, surgissent la présentation et le jugement
critiques immanents, que Benjamin ne cesse d'exiger à partir du travail
sur Hölderlin.
1. ОСII, . lll.
P
2. О С I I , p . 1 0 5 .
3. О С I I , p . 107.
4. C e l a se p r o d u i t dès la postface du travail sur le romantisme, à travers une c o r r e c t i o n
a p p o r t é e à l'idée indéterminable avec l'aide d e l' « idéal » , c e dernier pris au sens de G o e t h e et
des « images premières » ; le tout d é c l e n c h é p a r la thèse d'Elisabeth R o t t e n , Goethes Urphänomen
und die platonische Idee, Giessen, 1913. O C I , p . 110.
5. O C I , p . 2 2 8 .
C e parallélisme apparaît plus nettement dans la critique de Benja-
m i n , « Les Affinités électives» de Goethe, publiée par Hofmannsthal dans sa
revue Neue Deutsche Beiträge ( 1 9 2 4 / 1 9 2 5 ) . L'étude de Benjamin est le
résultat d'un travail de l o n g u e haleine. D e s notices renvoient à la lecture
p r é c o c e de la m o n o g r a p h i e Goethe (1916) de Friedrich G u n d o l f . L a dis-
pute p o l é m i q u e avec c e dernier constitue un m o m e n t clé de l'étude de
Benjamin, et c e d'autant plus q u e q u e la terminologie esthétique est diri-
g é e , par contraste, contre la manière q u ' a G u n d o l f de substituer à la b i o -
graphie de G o e t h e la série de ses œuvres et de ses personnages. C'est un
b o n e x e m p l e d'extrapolation classique de la p r o b l é m a t i q u e de l'œuvre
vers la p r o b l é m a t i q u e historico-biographique, et d o n c un b o n e x e m p l e
1
du principe de la Geistesgeschichte sous sa forme m o n u m e n t a l e .
A cet égard justement, Benjamin établit dès l'introduction sa distinc-
tion conceptuelle entre la chose [Sachgehalt] et la teneur de vérité [Wahr-
heitsgehalt] . A u regard de la thématique du r o m a n , d o n t o n sait bien q u e
chez G o e t h e elle possède également des fondements biographiques, Ben-
j a m i n isole ici, sur le plan c o n c e p t u e l , la « sphère de la vie » , c o n ç u e de
manière e n c o r e intuitive dans son étude sur Hölderlin. C'est au c o m m e n -
taire d'éclairer le plan du sujet, celui également de l'histoire du p r o -
b l è m e , en m ê m e temps que la morale ; éclairer j u s q u ' à l'étrangeté séman-
tique des désignations lexicales, c e qui veut dire que les choses doivent
être expliquées à l'aide d'un savoir n o n immanent. C a r Benjamin leur
impute un processus de vieillissement pendant la suite de l'histoire. C e l a
signifie q u e la perte de leur validité sociale et historique rend leurs p r o -
blématiques incompréhensibles. P o u r la « teneur de vérité » aussi se p r o -
duit de la m ê m e manière le déplacement d'un c o m p l e x e de c o m p r é h e n -
sion en direction des « teneurs chosales » . Toutefois, Benjamin suppose la
teneur de vérité intemporelle et reconnaissable à partir d'idées philoso-
phiques. C'est elle que la critique p h i l o s o p h i q u e , qui a p o u r objet l'idée
de l'œuvre, doit exposer.
Pour représenter l'idée de l'œuvre, les réflexions esthétiques de Ben-
j a m i n sur l'apparence et la beauté o n t leur i m p o r t a n c e . P o u r autant
que se manifeste le p h é n o m è n e de la « b e l l e a p p a r e n c e » , o n a affaire
selon Benjamin à une œ u v r e d'art, et cela relève du d o m a i n e de la cri-
1. OCI, p. 195.
2. O C I , p. 172.
sciences humaines et se r a p p r o c h e ainsi de nouveau, surtout p o u r les
« contenus objectifs » , d'un éthos p h i l o l o g i q u e .
Pour distinguer le c o n t e n u objectif et la valeur de vérité, la p e r c e p -
tion de la structure temporelle de l'œuvre d'art (sa réception) un joue
rôle décisif; un rôle que Benjamin précise dans le « p r é a m b u l e épistémo-
l o g i q u e » de l'Origine du drame baroque allemand. U n e é b a u c h e met en évi-
d e n c e la relation à l'histoire littéraire c o m m e m o d e de présentation. O n
voit se profiler histoire de la littérature et interprétation c o m m e des
m o d e s de représentation alternatifs qui s'excluent presque l'un l'autre.
« L ' h i s t o i r e de l'art courante [Benjamin pense à l'histoire de la littéra-
ture] ne d é b o u c h e jamais que sur l'histoire du sujet traité o u celle de la
f o r m e ; (...) il n'est a u c u n e m e n t question d'une histoire des œuvres elles-
m ê m e s . (...) Les œuvres d'art sont sur c e plan dans une situation ana-
logue à celle des systèmes philosophiques : la soi-disant "histoire" de la
philosophie est soit une histoire inintéressante des d o g m e s o u m ê m e des
philosophes ; soit une histoire des p r o b l è m e s , menaçant à tout instant de
perdre contact avec la dimension du temps et de se transformer en une
interprétation intemporelle et intensive. D e m ê m e , l'historicité spécifique
des œuvres d'art ne s'élucide pas dans "l'histoire de l'art", mais seule-
1
m e n t dans l'interprétation. »
N o u s nous contenterons d'esquisser succinctement les autres aspects
de la position de Benjamin sur l'interprétation et l'histoire, dans les
études littéraires de son é p o q u e . V o i c i c o m m e n t il se positionne lui-même
vers 1 9 3 0 : il se d é m a r q u e nettement de l'intuitionnisme de l'histoire des
idées, une m o d e qui s'est répandue entre-temps, ainsi que de la m é t h o d e
2
sociolittéraire fondée par Karl L a m p r e c h t ( 1 8 5 6 - 1 9 1 5 ) . Il rejette en
outre l'une des premières histoires de la littérature traditionnellement
3
marxiste, celle d'Alfred K l e i n b e r g . E n revanche, il montre une estime
4
m a r q u é e p o u r la forme m o n o g r a p h i q u e de Franz M e h r i n g . C'est à la
1. O C V I , p . 178.
2. V o i r II, p . 4 6 8 . Les passages c o r r e s p o n d a n t s sur le matérialisme historique depuis l'ar-
ticle « E d u a r d F u c h s » c o n c e r n e n t la « c o m p r é h e n s i o n h i s t o r i q u e » . C e l a vaut m o i n s p o u r le
contexte de genèse q u e p o u r « l e s rémanences d e la c o m p r é h e n s i o n » (ibid.), c'est-à-dire les
diverses perspectives dans l'évaluation d'une œ u v r e p a r les diverses générations ultérieures.
œuvre d'art resteront vains si la connaissance dialectique laisse de côté
1
sa sobre teneur historique. » C e l a signifie en m ê m e temps que l'inter-
prète doit se décider à faire un exposé critique de l'histoire de la r é c e p -
tion, de la « p o s t - h i s t o i r e » . A cet égard, il ne s'intéresse pas, c o m m e
l'histoire de la réception naïve, à la gloire de l'œuvre, mais à sa m é c o n -
naissance par les c o n t e m p o r a i n s et la tradition. O n constate ainsi que
l'intérêt latent p o u r la littérature universelle, véritable c a n o n présent
dans la c o n c e p t i o n de la critique des débuts, s'est déplacé vers les
œuvres isolées, les genres et les formes subalternes.
Après 1970, la réception de la théorie de Benjamin a suivi un tracé
dessiné par le p a r a d o x e évident entre une esthétique se voulant systéma-
tique et une interprétation à la fois fragmentaire et essayiste. L e c o m m e n -
taire a c a d é m i q u e prenait la philosophie esthétique p o u r m o d è l e en met-
tant l'accent, pendant la première d é c e n n i e , sur les œuvres marxistes
tardives, et accordait de l ' i m p o r t a n c e à la systématicité. A l'inverse, les
rubriques littéraires des j o u r n a u x célébraient le lecteur et critique de
génie qu'était Benjamin, en imitant celui qu'ils considéraient c o m m e une
autorité évidente en matière d'interprétation littéraire p r o f o n d e — mais
tout aussi génialement n o n systématique. L a valeur a c c o r d é e à l'anec-
d o t e , à l'aphorisme, au fragment, au surréalisme et j u s q u ' a u x techniques
de citation et de m o n t a g e chez Benjamin se rapportait à l'œuvre c o m m e
à la personne biographique. Toutefois les souvenirs de T h e o d o r
W . A d o r n o et d'Ernst B l o c h j o u a i e n t un rôle particulier dans l'image
2
d'un Benjamin cultivant la discontinuité .
A v a n t m ê m e que la discussion théorique d ' a b o r d néomarxiste, ins-
pirée d ' A d o r n o , et plus tard matérialiste ne d é c o u v r e le marxisme de
Benjamin, Peter S z o n d i a insisté à plusieurs reprises sur le p r o b l è m e de
l'interprétation c o m m e centre c a c h é de l'esthétique de Benjamin. D a n s
ses leçons : Einführung in die Hermeneutik [Introduction à l'herméneutique], il
souligne l'intérêt q u ' a la différenciation entre critique et c o m m e n t a i r e
au début des Affinités électives de G o e t h e p o u r l'analyse comparative et
la critique. Et c o n c e r n a n t le rapport entre structure de l'œuvre et tem-
poralité (Fortleben der Werke), il m e n t i o n n e La tâche du traducteur'. Enfin,
dans la « théorie de la construction historique » de l'œuvre tardive de
Benjamin il voit le dépassement de l'historicisme, qui était déjà présent
selon lui d'un p o i n t de vue linguistique dans les premiers écrits, à tra-
1. II, p . 4 6 9 .
2. In Über Walter Benjamin (sans é d . ) , Frankfurt-am-Main, S u h r k a m p , 1968. D e s c o n t r i b u -
tions à ce v o l u m e o n t d ' a b o r d été publiées dans Der Monat, 2 1 6 ( 1 8 ) , s e p t e m b r e 1 9 6 6 . Suivant la
notice rédactionnelle les contributions renvoient à une émission r a d i o p h o n i q u e c o n ç u e p a r Peter
S z o n d i et préparée selon des questions particulières. Elle a été présentée p a r la station SFB 3.
P r o g r a m m , en février 1965.
3. Peter S z o n d i , Einführung in die literarische Hermeneutik, Studienausgabe der Vorlesungen, t. 5,
Frankfurt-am-Main, S u h r k a m p , 1974, p . 114.
1
vers la théorie de la survie des œuvres . T o u t e s ces indications entrent
chez S z o n d i dans le cadre d'une large présentation de la théorie de la
e
c o m p r é h e n s i o n depuis le xviii siècle, sous l'angle de l'histoire des
idées. S z o n d i y incite à lire Benjamin, mais il n'explicite pas la théorie
en vue de p r o c é d é s d'interprétation. Les raisons p o u r lesquelles Szondi
s'abstient d'une telle tentative apparaissent clairement dans une lettre :
il considère la critique au sens benjaminien c o m m e « l ' a n a l y s e de la
teneur de vérité » d'une œuvre d'art, analyse « impensable sans une
2
philosophie implicite » .
C e qui frappe c h e z S z o n d i , c'est la d o u b l e focalisation qu'il o p è r e
dans son analyse de Benjamin : dans ses travaux sur des textes de
3
Benjamin , il d o n n e la préférence à sa prose, tout en faisant des rap-
p r o c h e m e n t s avec son c o n c e p t d'histoire, p o u r le thème du souvenir.
Mais dans ses propres cours sur Poetik uni Geschichtsphilosophie [Poétique et
philosophie de l'histoire], Szondi n ' é v o q u e les théories de Benjamin q u ' a c -
cessoirement c o m m e une référence possible, et ne les enseigne pas
concrètement. D a n s Versuch über das Tragische [Essai sur le tragique],
Szondi se contente de renvois à Benjamin lorsqu'il y a r e c o u p e m e n t au
plan de l'objet, à savoir la question d u d r a m e et de la tragédie au
e
XVII siècle.
C e maniement de l'œuvre de Benjamin est plein de sagesse. T o u t
c o m m e le conseil hautement r e c o m m a n d a b l e d o n n é par Szondi à un
étudiant de ne pas bâtir une présentation en substituant des c o n c e p t s
philosophiques - que c e soient c e u x de H e g e l o u de Benjamin - à l'in-
terprétation o u à l'histoire littéraire : « V o u s devriez tenter de relier
plus q u e v o u s ne l'avez fait j u s q u ' à présent la perspective p h i l o s o p h i c o -
critique et la m é t h o d e d'esthétique et d'histoire littéraire; car o n peut
se d e m a n d e r si se limiter à l'œuvre singulière se justifie aussi en dehors