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09 avril 2014

Livre Dzogchen
Les éditions Almora publient une traduction du texte dzogchen: La prière de samantabhadra
et son commentaire par Gangten Rinpoche.

Gangten Rinpoche

Gangten Tulku Rimpoche

Son Eminence Gangten Tulku Rimpoche, né en 1955 au Bhoutan, est un des grands lamas et
maîtres Dzogchen de la tradition bouddhiste Nyingma. Son monastère principal, dont la
restauration vient d’être achevée après plusieurs années d’importants travaux, est Gangtey
Gompa, mais il administre également environ 35 monastères et temples au Bhoutan.

Il est la neuvième réincarnation de Péma Tinley, incarnation du principe du Corps du grand


Tertön (découvreur de trésors spirituels) Péma Lingpa (1450-1521), lui-même manifestation
principale de Longchenpa (1308-1363).

Rimpoche a étudié au Bhoutan, dans le sud de l’Inde ,et au Népal, avec les plus grands
maîtres, dont les plus importants furent Dudjom Rimpoche, Dilgo Khyentsé Rimpoche,
Kyabdje Kentchen, Tenzin Döndrup Rimpoche, Penor Rimpoche, Chatral Rimpoche.
Rimpoche a passé 11 ans de sa vie en retraite.

Les enseignements de Rimpoche portent essentiellement sur la vue et la pratique du


Dzogchen. Il enseigne chaque année dans différents pays d’Europe, d’Amérique du Nord et
d’Asie, ou des centres Yeshe Khorlo ont été fondés sous sa direction spirituelle.

Son principal centre européen, Pema Yang Dzong, se trouve en France, à Blye, dans le Jura.
Rimpoche y a envoyé un lama résident, Lama Tséwang Dorje, et y dirige lui-même chaque
année des retraites d’enseignements et de pratique.
Samantabhadra

La prière (ou les souhaits) de Samantabhadra (Kunzang Mönlam) est un terma (trésor
spirituel) découvert par le grand Tertön Rigdzin Gödem, un découvreur des termas du Nord.

Ce texte expose au complet les sujets de la Base, de la Voie et du Fruit dans le Dzogchen, la
Grande Perfection ou Grande Complétude. Cette
prière est la parole immaculée de Samantabhadra, le Bouddha primordial, qui symbolise le
Corps Absolu (Dhamakaya), au delà des formes et des concepts.

Sur FNAC

Extraits
"Tout d’abord, pour ce qui concerne le lieu d’origine : il y a une BASE
unique, c’est le lieu d’origine. Les manifestations de l'inanimé et du
vivant du saṃsāra et du nirvāṇa, tous les phénomènes du saṃsāra
et du nirvāṇa sont dits avoir une BASE unique, qui, avant la
manifestation des apparitions de la BASE, consiste en ce qui est
nommé la BASE de pureté première. La BASE des êtres non-éveillés
et la BASE des Bouddhas ne sont pas distinctes, elles existent de
manière indifférenciée. Le Coeur de la (Perfection de) sagesse 1
évoque ce mode d’être indifférencié au niveau de la BASE de pureté
première par la déclaration : « Le (skandha, ou agrégat) physique est
la Vacuité, la Vacuité est le (skandha) physique. En dehors du
(skandha) physique, il n’y a pas de Vacuité séparée. Egalement, en
dehors de la Vacuité, il n’y a pas de (skandha) physique séparé ». La
Vue des Mādhyamika-Prassaṅguika est principalement formulée en
ces termes.

La connaissance, la sagesse-connaissance (Rig-pé Yé-shé) qui existe


en soi dont parle le Dzog-tchèn, inclut les trois Corps (Kāyas) :
l’essence vide est le dharmakāya, la nature lumineuse est le
sambhogakāya et la compassion diffuse est le nirmāṇakāya. Ces trois
existent de manière indifférenciée, et constituent, elles aussi, la
BASE, qui est unique. En pénétrant cette BASE unique, on accède à
la connaissance (rigpa), dans le cas contraire, on est dans la non-
connaissance (marigpa). Puisqu'il est dit que les êtres éveillés
connaissent cette BASE et que les êtres non-éveillés ne la
connaissent pas, cela montre bien qu'elle est une. La connaître, c’est
être Bouddha, ne pas la connaître, c’est être un être ordinaire. BASE
unique. Pour illustrer cela, on pourrait prendre l’exemple suivant : si
l’on marche sur un chemin à la tombée de la nuit et qu’une corde
traîne au sol, il est parfois possible - du fait que l’on ne voit pas
distinctement -, que l’on prenne cette corde pour un serpent. Voilà
l’exemple. A partir de cette unique BASE-corde, deux modes de
perception se produisent. Ou - tandis qu’il s’agit d’une corde - est
bien perçue la réalité corde ou cette corde est prise pour un serpent.
On dit que êtres éveillés et non-éveillés participent d’une BASE
unique, mais, du fait qu’il y ait ou pas méprise, deux chemins se
dessinent. Grâce à la connaissance, tout ce qui doit être connu et
abandonné sur les cinq Chemins et les dix Terres est connu et
abandonné, si bien que, conduisant à l’état de Bouddha, il y a le
Chemin du nirvāṇa. En revanche, en l'absence de connaissance, on
devient victime de la méprise. C'est ainsi qu'apparaissent les douze
liens de la production conditionnée (pratītya-samoutpāda), c’est-à-
dire non-connaissance (avidyā), formations mentales (saṃskāra),
conscience individualisée (vidjñyāna), nom et forme (nama-roūpa),
(six) sièges (āyatana), etc. Ceux-ci nous contraignent à demeurer
victimes de la méprise.

Voilà ce qu'il faut entendre par deux chemins. Une telle présentation
correspond à la façon générale d’expliquer : un chemin-mode
d’obtention de l’Eveil et un chemin-mode de méprise des êtres
ordinaires. Voyons maintenant de quelle manière spécifique le Dzog-
tchèn s'exprime sur ce sujet : les deux chemins, qui sont Le mode de
libération de Samantabhadra et le mode de méprise des êtres
ordinaires, voient le jour lorsque, à partir de la BASE unique, se
produisent les apparitions de la BASE. Celles-ci se manifestent de
manière indifférenciée et simultanée à Samantabhadra et aux êtres
non-éveillés. Cependant, Samantabhadra se libère en comprenant que
les apparitions de la BASE sont des autoapparitions (ran-nang),
tandis que les êtres, eux, les prennent pour des alloapparitions (shèn-
nang). (...)

La méprise des êtres consiste, par manque de compréhension, à


prendre pour une alloapparition ce qui est en fait une autoapparition.
La méprise se fait par manque de compréhension. Par l’effet d’une
simple non-compréhension, on se demande : « Qu’est-ce que c’est ? ».
Cette simple pensée « qu’est-ce que c’est ? » s’élève dans la
conscience. Voilà ce qui se produit dans un premier temps. Cette
simple non-compréhension, cette pensée « Qu’est-ce que c’est ? »,
est appelée non-connaissance de nature identique à la cause. C’est
ainsi que l’on nomme ce mécanisme qui est une sorte de facteur de
tourment (kléśha). Apparaît ensuite l’aspect de l’objet, en termes de
forme, de couleur, etc., quelque chose qui nous apparaît dans son
entier, qui s’impose à nous, que ce soit à notre regard ou à notre
pensée. La perception de l’objet dans son aspect entier est appelée
non-connaissance congénitale. Après cela, dans un troisième temps,
on dit : « C’est un pilier », « C’est une fleur », « C’est rouge », « C’est
blanc, jaune ». La pensée de « C’est cela » est appelée non-
connaissance nominative.

QUESTION : A quoi se rapporte la cause dans la non-connaissance de


nature identique à la cause ?

RIMPOCHÉ : A la connaissance (rigpa), à la connaissance qui existe en


soi, avec laquelle la non-connaissance - qui pense « Qu’est-ce que
c’est ? » - ne fait qu’un en essence. C’est la simple apparition du
doute, cette pensée « Qu’est-ce que c’est ? », qui suscite la méprise.
Jusqu’à l’apparition du doute, on ne connaît pas la méprise. C’est ainsi
que se justifie la déclaration : « Connaissance et non-connaissance
participent de la même essence, de la même nature ».

QUESTION : En fait, cette première sorte de non-connaissance est


la forme d’ignorance la plus subtile qui soit, n’est-ce pas ?

RIMPOCHÉ : Oui, c’est la plus subtile. C’est celle dont la racine est
très ténue.

En pensant : « C’est cet objet », apparaît la non-connaissance


nominative. Sur cette base apparaissent les autres facteurs de
tourment, désir-attachement, colère, orgueil, jalousie, etc. Prenons
l’exemple du désir-attachement : à la vue d'une fleur nous pensons :
« Oh, c’est une fleur! », après cela nous disons : « Cette fleur est
très belle, cette fleur est jolie », si bien qu'à cause de la saisie, naît
l’attachement qui nous amène à penser : « Je veux cette fleur ».
C’est comme ça que naissent le désir-attachement, la colère, etc. Le
mode de méprise des êtres se fait par ce mécanisme."

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