INTRODUCTION
La philosophie de l'art est une part essentielle dans l'ensemble que forme la philosophie. L'art est un
mode de manifestation particulier de l'esprit, donnant comme finalité un résultat, que l'on peut étudier. Il s'agit
ici d'étudier en effet les problématiques principales suscitées par l'art et sa philosophie.
1 L'art et la Nature.
2 L'art face à son public
3 L'art et son rapport a la technique et le travail de l'artiste
1 L'ART ET LA NATURE
L'art imite-t-il ou réinvente-t-il la nature ?
a- Art et imitation.
Dans le passé l'art était figuratif, voire même le plus figuratif possible si bien que la réalité qui sert de
modèle est très clairement identifiable. On retrouve cela dès l'antiquité et Aristote. Sa conception affirme que le but
essentiel de l'art réside dans l'imitation, dans la reproduction habile d'objets tels qu'ils existent dans la nature.
Le but d'une telle pratique reste formel: refaire une seconde fois ce qui existe déjà avec les moyens que l'homme
a à sa disposition.
Le but de l'artiste à travers cette pratique peut être de s'éprouver lui même, de montrer son habileté à
créer une oeuvre qui a une apparence naturelle, d'avoir crée un artifice, d'avoir même imité Dieu-créateur.
Hegel dans la partie Les idées courantes sur la nature de l'art dans le premier chapitre de l'Introduction à
l'Esthétique (éditions Champs classiques, pp.34 à 37) adresse une objection à cette volonté d'imiter la nature. En
effet, cette répétition de la nature peut apparaître comme une activité superflue, qui ne serait qu'une représentation
inutile d'entités réelles accessibles dans leur réalité. Et cela paraît d'autant plus oiseux que le résultat d'un tel
travail n'égale jamais ce que la nature nous offre. Hegel suppose que l'homme devrait obtenir plus de plaisir à
crée sa propre oeuvre que de refaire celle de Dieu.
Exemple de Zeuxis: Zeuxis est un peintre de l'antiquité qui a peint des raisins de façon si semblable au
réel que des pigeons sont venu picorer sur son travail, étant ainsi dupés par l'excellente imitation faire par le
peintre. Hegel, faisant référence à Zeuxis affirme que «on devrait du moins comprendre qu'au lieu de louer des
oeuvres d'art, parce qu'elles ont réussi à tromper des pigeons […], on devrait plutôt blâmer ceux qui croient
exalter la valeur d'une oeuvre d'art en faisant ressortir ces banales curiosités et en voyant dans celles-ci
l'expression la plus élevée de l'art.». Le souvenir de la réalité étant a la base de la production artistique, l'art
est privé de toute liberté et notamment celle de pouvoir exprimer librement le beau.
b- Une réinvention du réel.
L'art permet de nous faire voir une réalité, mais cela sans passer par le réalisme ou l'imitation
rigoureuse de la nature. Au contraire, l'erreur du réalisme, dit Sartre dans Pourquoi écrire?, extrait de
Situations II, est de croire que le réel se révèle à la contemplation et qu'en conséquence, on pouvait en faire une
peinture impartiale. Or la perception en elle-même est partiale! Cela pose problème, d'autant plus que l'écriture est
un dévoilement du monde, proposé par l'auteur (en littérature), tout en laissant le lecteur dans une totale liberté
quand à la réception de la même oeuvre. En effet dans un roman tel personnage peut effectivement plaire ou
déplaire, chacun se construit son opinion en fonction des indices donnés par l'auteur et interprétés de façon
subjective, et également en fonction d'affinités subjectives elles mêmes.
L'écrivain décide de dévoiler le monde aux hommes pour que ceux-ci le prennent entière responsabilité du
monde, ainsi nul ne peut ignorer le monde, ni s'en sentir innocent.
Cela peut se traduire dans d'autres formes d'art notamment la peinture. Inutile de citer pour exemple le
traitement de la lumière chez Rembrandt, qui nous livre en quelque sorte à travers le Clair-Obscur, un certain angle
de perception du monde.
De façon plus récente, l'art abstrait ou la poésie moderne sont aussi des créations de nouveaux mondes
(écriture sans syntaxe, formes atypiques voire même innovantes) comme on a pu l'observer notamment au début du
Xxème siècle, avec les auteurs de L'Esprit Nouveau comme l'est Guillaume Apollinaire, innovant avec les
calligrammes, et une poésie de la modernité qui vise a montrer une vision du monde dans le recueil Alcools de
1913. Georges Perec quant à lui pousse cette dimension encore plus loin dans son recueil Alphabets, mettant en
place une écriture dite «Matricielle», recréant les codes de la langue, de la communication, et, par extension, ceux
du monde humain.
c- Le but de l'artiste.
Demander à l'artiste de représenter la réalité est inutile. L'art n'a d'intérêt que dans sa dimension
spirituelle. Il est supérieur a la nature par sa dimension spirituelle. C'est ce qu'explique Hegel dans les tous
premiers paragraphes de l'Introduction à l'Esthétique, en précisant que la beauté créée par l'art serait bien en
dessous du beau naturel, et le plus grand mérite de l'art serait de se rapprocher au maximum de l'idéal
naturel. Or il s'avère que le rapport est contraire. Le beau artistique est supérieur au beau naturel parce qu'il est
le produit de l'esprit. Et tout ce qui vient de l'esprit est supérieur à ce qui existe dans la nature. Le spirituel
seul est vrai, ce qui existe n'existe que dans la mesure où il est spiritualité.
Cela exposé on peut se demander: pourquoi l'homme crée-t-il des oeuvres d'art ? Il peut certes créer par
simple jeu, crénant des oeuvres accidentelles relevant d'une activité volatile, mais l'élément le plus fondamental est
le besoin d'art que Hegel encore, analyse, un besoin d'art qu'on peut juger universel. En effet, l'homme est un
être pensant et doué de conscience et doit se penser en face de ce qu'il est, et en fait un objet pour soi alors
que les choses de la nature se contentent d'être. L'art est un moyen d'extériorisation de ce qu'est l'homme en
soi. Cette extériorisation passe d'abord par un intériorisation, une prise de conscience de ce qu'il est
intérieurement,mais également son rapport avec le monde extérieur. De ces rapports nait le besoin de transformer ce
monde, dans la mesure où il en fait entièrement partie, et ayant pour but de marquer ce changement de sa propre
signature.
On saisit cette tendance, nous dit Hegel, en observant les impulsions de l'enfant. L'enfant veut voir les
choses dont il est lui même l'auteur. Si il lance des pierres dans l'eau c'est pour voir l'onde créée, le
changement dans le monde qu'il a opéré, et plus loin dans l'enfance on remarque une «mise en art» de
l'humain en tant qu'il ne veut pas rester tel qu'il est (on peut prendre exemple sur ce qu'on inflige aux pieds
des chinoises).
«Le besoin d'art général a donc ceci de rationnel que l'homme, en tant que conscience, s'extériorise, se
dédouble, s'offre à sa propre contemplation et à celle des autres. Par l'oeuvre d'art, l'homme qui en est
l'auteur cherche à exprimer la conscience qu'il a de lui même.» (Introduction à l'Esthétique, éd. Champs
Classiques, Chapitre II, 1, 1, p62)
CONCLUSION
Nous avons pu voir, à travers une étude des trois domaines connexes à l'art que sont la Nature, le
Public et l'Artiste, quels sont les principaux éléments à dégager quand il est question d'étudier l'art.