M Mohammed Jellali
Direction Général de l’Hydraulique
Rabat, Maroc
RESUME - Conscient des enjeux stratégiques liés au secteur de l’eau, le Royaume du Maroc a
mis en oeuvre une stratégie de développement basée sur la en mise
valeur des ressources en eau.
Cependant, en raisonde ses spécificitésnaturelles, le Royaume du Marocfaitface à une
croissance rapide des besoinsen eau et à des risques de plus en plus évidents de dégradation
de la qualité de ses ressourcesen eau en raison des impacts négatifs des activités l’homme.
de
La stratégie adoptée a d’abord été basée sur l’accroissement de l’offre d’eaupour répondre aux
différentes demandes des secteurs usagers. Mais devant la croissance continue et rapide dela
demande globaleen eau liée notamment à I’évolution démographique,à I’émergence de problèmes
d’environnementet à l’impactdeplus en plus aigu des épisodes de sécheresse, il devient
nécessaire de porter autant, sinon plus,
l’attention sur la gestion que sur la mobilisation de l’eau.
Mots-clés: stratégie, gestion, pollution, sécheresse.
SUMMARY - Aware of the strategic issues related to water sector, the Kingdom of Morroco has
implemented a strategy based on the development of water resources.
However, due to its natural specificities, the Kingdom of Morocco faces a strong increase in water
needs and water resources quality degradation due to the negative impactsof human activities.
The adoped strategy has focusedon the increase of water supply in order to satisfy different
usersí demand. But in face of this continuous and escalating global water demand which is
mainlylinkedtopopulationgrowth,emergingpollutionproblemsandthemoreandmore
accentuated impacts of drought periods, the efforts have to be deployed on water resources
management rather than their development.
Key-words: strategy, management, pollution, drought.
52 M Mohammed Jellali
INTRODUCTION
Depuis de nombreux siècles, les populations du (v) les décenniesà venir seront marquées par l'impé-
Maroc ont vécuen parfaite symbiose avecle milieu rieuse nécessité de donner autant d'importance, si-
hydrique, sachant tirer profit des années humides et non plus, à la gestion de l'eau qu'à l'accroissement
s'accommodant des années de sécheresse en atténuant de l'offie d'eau.
les impacts, grâce à un sens averti de l'économie
dans l'utilisation de l'eau.
LE CONTEXTE HYDROLOGIQUE
Les conditions socio-économiquesde l'utilisation RESSOURCES EN EAU
de l'eau ont toutefois notablement changé depuis le
début du siècle sous l'effet de l'évolution
rapide de la Situé au Nord de 1'Afiique et sur la rive Sud-Ouest
démographie, de l'amélioration continue des con- de la Mer Méditerranée, le Maroc est caractérisé
ditions de vie des populations, de l'urbanisation ac- par un climat de transition entre le climat fianche-
célérée, del'introduction de l'irrigation à grande ment méditerranéen à tempère du Sud de l'Europe,
échelle et du développement de l'industrie. et le climat aride des zonesdésertiques du Sahara.
Cette évolution socio-économique rapide a entrabé Soumis aux influences méditerranéennes au Nord,
une pression croissante sur les ressources en eau, océaniques à l'Ouest, continentales, puis saharien-
consécutive à l'accroissementsansprécédentdes nes de plusen plus vers l'Est et le Sud, le climat est
besoins en eau des secteurs usagers, à la mise en principalement caractérisépar un été chaudet sec et
évidence de disparités régionaleset à l'apparition de un hiver frais, parfois froid. Durant l'été, les pré-
problèmes aigus depollution de l'eau. cipitations sont quasiment absentes et l'évaporation
particulièrement forte.
Pour faire face à l'explosion de la demande en eau,
qui s'est faite jour dès le début de la seconde moitié
du siècle, le Maroc a mis en oeuvre des stratégies La présence d'une chaîne de montagnes traversant
de développement des ressources en eau
qui la quasi totalité de la région d'Ouest en Est, conju-
s'insèrent de mani& cohérente dans les politiques guée à des caractéristiques géologiques et géomor-
nationales de développement économiqueet social. phologiques très diversifiées font que les ressources
en eau superficielles et souterraines sont réparties
Bien que des progrès certains aient été accomplis entre de nombreux systèmes hydrologiques indivi-
dans le domaine de l'eau, les efforts à faire restent dualisés et d'aire géographique limitée qui drainent
considérables par ailleurs, eu égard aux considéra- l'essentiel despotentialités hydriques du pays.
tions suivantes:(i) les caractéristiquesduclimat
marqué par la forte irrégularité des apports d'eau et Les précipitations sont concentrées pendant la sai-
la disparité de leur répartition d'une région à l'autre son humide qui totalise un maximum d'une centaine
imposent la réalisation degrandes retenues de de jours de pluie paran. Des pluies dilluviennes loca-
stockage d'eauet des ouvragesde transfert d'eau sur liséespeuventdépasser 100 mm en moins d'une
de longues distances nkcessitant de faqon continue journée; de même qu'une bonne partie des précipi-
desinvestissements publics considérables;(ii) le tations moyennes peut être concentrée en quelques
contexte de l'utilisation de l'eau est marqué par une jours de l'année.
pression de plus en plus forte sur des potentialités
en eau limitées; (iii) des situations de saturation des Les précipitations moyennes sontsupérieures à
disponibilités en eau sont déjà localement enregis- 500 mm dans la région Nord-Ouest et dépassent
trées etil est attendu que la saturation de l'ensemble 1500 mm dans certains hauts reliefs en bordure de
des ressources en eaunationales soit atteinte à la Méditerranée (Planche n" 1). Elles décroissent
terme, autour de l'horizon 2020; (iv) bien que la sé- progressivement en allant vers l'Est et le Sud pour
cheresse soit une caractéristique majeure du con- ne pas dépasser 200 mm dans l'Oriental, 100 mm
texte hydrologique du Maroc, son impact sera de dansleszonesprésahariennesetsahariennes.Des
plus en plus important avec l'accroissement de la précipitations neigeuses sont également observéessur
demande et lacompétition pour l'accès à l'eau; les hauts sommets des montagnes de l'Atlas Rif et du
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Lesprécipitationstotales sur l'ensemble duterri- Dans les années 1960, cette tendance à la réalisa-
toire sont évaluées en année moyenneà près de 150 tion de grands ouvrages de mobilisation des eaux
milliards de m3 surlesquels près de 30 milliards de de surface s'est développée. L'accroissement de la
m3 seulement constituent I'écoulement efficace total mobilisation de l'eau était devenu alors une néces-
en eau superficielleet souterraine. site, car seule l'introduction de l'irrigation à grande
échelle permettaitd'escompterundéveloppement
Les ressources en eau souterraines représentent près de la production agricole en mesure de contribuerà
du tiers, soit 10 milliards de m3, et sont réparties sur la satisfaction des besoins nutritionnels d'une popu-
une trentaine de grands systèmes aquiferes (Planche lation encroissance rapide.
no 2). Seule la moitié de ce potentiel est considérée
comme une eau souterraine mobilisable, car près3de Satisfaire les besoins en eau potable d'une popula-
milliards de m3 constituent le débit de base des riviè- tion croissante nécessitait également de sécuriser la
res et 2 milliards de m3 les écoulements vers la mer. production d'eau potable en ayant recours à la réalisa-
tion d'ouvrages de, stockage importants et parfois au
Les ressources en eaude surface'sont marquées par transport d'eau à travers des adductions dont la lon-
une forte disparité de leur répartition géographique gueur pouvaitdépasser la centaine de kilomètres.
et desrégimeshydrologiquestrèsirréguliers à
l'échelle saisonnikre, annuelle ou interannuelle. Ces C'est ainsi que le Maroc dispose actuellement d'un
régimes hydrologiques sont marquéspar des étiages patrimoined'infrastructureshydrauliquescomposé
prononcés avec souvent des débits nuls l'été et des de 85 grands barrages, d'une capacité de stockage
crues fortes et rapides en saison humide. de plus de 10 Milliards de m3 environ, permettant de
fournir en année moyenne près de 6,5 Milliards m3 de
Ces crues favorisent l'érosion des sols dans l'amont d'eau superficielle régularisée.
des bassins versants et provoquent des inondations
à l'aval. Dans l'ensemble, les efforts déployés en matière de
mobilisationdesressourceseneaupermettentde
Par ailleurs, l'occurrence d'épisodes secs de durée disposer, en année moyenne, d'unvolume global de
plus ou moins longue est égalementunedonnée 11,5 milliards de m3 dont 3.5 d'eausouterraine
structurelle essentielle des régimes hydrologiques. (Planche no 5). Ce volume permet, en année moyenne,
d'assurer l'irrigationde 880.000 ha, la production de
L'écoulement total en eau de surface est estimé à 1,70 milliards de m3 pour l'alimentation en eau po-
près de 21 milliards de m3 dont la moitié environ table et industrielle, ainsi que la productionde
est concentrée dans les deux bassins du Sebou et de 2.570 Gwh en année moyenne.
l'Oum Er Rebia (Planche no 3). En année de séche-
resse sévère, les potentialités en eau de surface sont La caractéristique essentielle de l'utilisation de l'eau
sujettes à des baisses importantes d'environ 50 à 90%. au Maroc réside dans l'importance de la demande
Lesrégions de l'oriental, duTensift,du Souss- en eau du secteur de l'agriculture qui constitue près
Massa et les zones sud-atlasiques sont généralement de 93 % de la demande globale en eau, l'eau potable
les plustouchées,mais les bassinshydrologiques et industrielle n'intervenant que pour 7 %. Dans la
du Nord sont également très sensibles aux sécheres- satisfaction de la demande en eau, la priorité est
ses, d'autant que leurs ressources en eau souterraine d'abord accordée à l'approvisionnement en eau po-
sont souvent limitées (Planche no 4j.. table, puis à l'irrigation, la production d'hydro-
électricité étant généralement assujettie à la satis-
faction des deux usagesprioritaires.
L'ETAT DE L'AMENAGEMENT ET DE
L'UTILISATION DE L'EAU Dansl'ensemble,alors que la moitiédupotentiel
hydraulique est déjà mobilisée et que les bilans res-
L'introduction des aménagements modernes a débu- sources-besoins en eau de certains bassins hydrau-
té au Maroc dans les années 1920, avec la réalisa- liques sont encore favorables pour une à deux dé-
tion des premiers captages d'eau souterraine et des cennies, les situations de pénurie chronique d'eau
projets de barrages qui sontd'ailleurs encore en sont déjà une réalité et la surexploitation des res-
service. L'objectif de ces aménagements était princi- sourcesen eau souterrainenonrenouvelable est
palementorientévers la fourniture d'eau potable, déjà fortement pratiquée, particul2rement dans le
d'eau pour l'irrigation et la production d'électricité. Tensift et les régions sud-atlasiques.
desMaroc
Développementau en eau 55
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en des ressources au Maroc 59
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des ressources en eau 63
L'effort porteen premier lieu sur l'accroissement de Pour concrétiser les bénéfices attendus de la mobi-
l'offre d'eau, tant souterraine que de surface en vue lisation de l'eau, il est essentiel de rechercher les
de valoriser au mieux les ressources en eau mobili- moyens de contenir la demande en eau et d'amélio-
sées mises à la disposition des différents secteurs rer les conditions de l'utilisation de l'eau. En effet,
usagers. l'évolution de la demandedessecteurs le poids desinvestissementsdéjàconsacrés ou à
usagers (Planche no 9) impose en particulier l'accéi consacrer dans les 20 à 30 prochaines années au
lération du rythme de réalisation des grands ouvra- développement des ressources nécessite de considé-
ges hydrauliques (Plancheno 10). rer la gestion efficace des potentialités en eau comme
un axe prioritaire de la politique nationale de l'eau.
Les composantes principales du plan d'action pour La nécessité de la maîtrise de la demande en eau
les trente prochaines années concernent la réalisa- s'est imposée avec force à l'occasion des sécheres-
tion: (i) de 60 grands barrages de stockage d'eau de ses qui ont touché le pays depuis la fin de la dé-
surface; (ii) d'une moyenne annuelle de 100 km de cennie 1970. Elle a entraîné un certain nombre de
forages et puits pour l'exploration et le captage remises en cause qui ont principalement concerné:
d'eau souterraine, en particulier profonde; (iii) d'au (i) la nécessité pour les secteurs usagers de revoiret
moins un grand transfert régionald'eausurune de justifier l'expression de leurs demandes en eau;
distance de l'ordre de280 km. (ii) l'impérieuse nécessité d'entreprendre des pro-
grammes de conservation de l'eau et de protection
L'effort d'accroissement des ressources en eau devra de sa qualité; (iii) la recherchedesmoyenspour
porter également sur la mobilisation des ressources tendre versuneutilisation plus efficacedel'eau,
en eau non conventionnelles: (i) il s'agit d'abord de tant au niveau des organismes opérateurs que des
valoriser les débits de crues pour favoriser la re- usagers finaux; (iv) la nécessité de répartirla pénu-
charge des nappesd'eausouterraine,grâce à un rie sur l'ensemble des secteurs usagers, y compris
aménagement approprié des lits des cours d'eau, en l'eau potable.
particulier à l'aval des barrages; (ii) dans les zones
plus arides, des aménagementsdedérivationdes Le développement et la complexité technologique
eaux de crue et de leur épandage sur de vastes éten- croissante de I'infiastructure hydraulique, conjugués
dues permettent également de favoriserla recharge à l'importance de la demande en eau et à la multi-
des nappesd'eausouterraine et de pratiquer les plicité des usagers et des opérateursdusecteur,
cultures sur les zones d'inondation; (iii) la produc- rendentexirêmementcomplexe et laborieuxles
tion d'eau douce par dessalinisation d'eau de mer ou processus de gestion de l'eau. Des outils, fiables et
déminéralisationd'eausaumâtre reste pratiquée à performants, d'aideaux décisions degestion de l'eau
très petite échelle pour satisfaire soit des besoins sont indispensables pour organiser l'utilisation de
d'eau potable de petits centres urbains, soit des be- l'eau et évitersa déperdition. Cela implique une bonne
soins industriels. Le principal handicap pour l'ex- connaissance des ressources et des besoins en eau
tension de ce type deproduction reste bien entendu ainsi que l'établissement de modèles de simulation
le coût, qui demeure encore dans le contexte éco- qui permettent d'établir des scénarios de gestion et
nomiquemarocain,largement plus élevéque le d'en mesurerles avantages et inconvénients.
coûtde
mobilisationde
l'eau
conventionnelle,
même en cas de transfert d'eau sur une grande dis- Gérer la demande en eau est également un proces-
tance; (iv) la réutilisation des eaux usées sans trai- sus complexedans lequel interviennentdenom-
tement préalable reste le cas le plus fréquent actuel- breux opérateurs aux prérogatives relevant de plu-
lement, particulièrement dans les zones intérieures sieurs ministères ainsi que des secteurs usagers aux
des bassinshydrologiques.Mais les potentialités intérêts parfois opposés. Dans ce sens, des efforts
sont extrêmement intéressantes dans les zones cô- d'explication et de sensibilisation sont nécessaires
tières où l'on évalue les volumes susceptibles d'être pour convaincre les usagers des différents secteurs
récupérésen 2020 à plusde 500 millionsdem3. de la rareté croissante de l'eau et de la nécessité
Toutefois, leur mobilisation reste conditionnée par les d'adopterdestechniqueséconomesd'utilisation à
progrès à réaliser dansle domaine de l'épuration des même d'aider à assurer une gestion durable des res-
eaux usées domestiqueset industrielles. sources en eau limitées du pays.
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des Développement 65
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L'une des grandes préoccupations actuelles en ma- nution des volumes régularisés par les ouvrages; (ii)
tière de gestion de l'eau concerne les phénomènes la nécessité de tenir compte de l'érosion complique
de sécheresse, de leur genèse à la maîtrise de leurs la conception des ouvrages et renchérit leur coût;
impacts. Avec des ressources en eau limitées et (iii) la baisse des performances des ouvragesse tra-
proches de la saturation, le contexte hydrologique duit par des pertes économiques au niveau des usa-
fragile du pays est en effet de plus en plus vulnéra- ges et nécessite la création de capacités de stockage
ble aux risques de défaillance découlant des pério- nouvelles sur des sites de plus en plus rares et à des
des de sécheresse. S'ajoutent également à ces pré- coûts plus élevés; (iv) les teneurs en sédiments
occupations d'autres relativesà la mise en évidence transportés dans l'eau compliquent également l'ex-
d'éventuels "changements climatiques qui touche- ploitation des ouvrages situés à l'aval.
raient en premier lieu leszones arides et semi-
arides, doncen particulier les régions de la rive Sud Sur une ca acité de stockage de l'ordre de 10 mil-
de la Méditerranée. X3
liards de m , on estime actuellement la perte de vo-
lume à près de 50 millions de m3 par an en moyenne.
Lors des 25 dernières années, la sécheresse a fkappé Ce chiffke sera porté à 100 millions de m3 en l'an
le Maroc de manière sévère, avec des épisodes secs 2000 avec la mise en eau de nouvelles retenues. La
généralisés de 1979 à 1984 et de 1991 à 1995. Des capacité cumulée perdue par comblement de rete-
sécheresses similaires avaient déjà touché le Maroc nues est supérieure à 800 millions de m3.
en 1930, en 1937 et de 1943 à 1945.
Pour l'ensemble de ces considérations, la lutte con-
Intégrer les préoccupations degestion de la pénurie tre l'érosion des sols est désormais un axe stratégi-
d'eau est également un axe stratégique des plans de que de la politique nationale de l'eau. L'objectif est
développement des ressources en eau car il faut se de mener, d'une manière cohérente, les actions de
préparer à confionter des situations dont l'acuité est mobilisation et d'aménagement des bassins versants
de plus en plus forte au fur et à mesure que la de- et de promouvoir une réelle solidarité entre l'amont
mande globaleen eau est plus grande. et l'aval d'un bassin versant, en mesure de contribuer
à
un développement durabledes ressources en eau.
Conséquences environnementalesdu développement
sur l'eau La lutte contre lapollution de l'eau
Le Maroc confrontedeux problèmes environnemen- Les problèmes posés par la pollution de l'eau sont
taux majeurs liés à l'érosion des sols et aux risques de nature récente et ont accompagné le développe-
qu'elle entraine en perte de sols et comblement des ment urbain, industriel et agricole alors que les pro-
retenues de barrages, et à la pollution de l'eau qui grammes de conservation de qualité de l'eau n'ont
contribue à la raréfaction des ressources disponibles. pas suivi le rythme de mobilisation des ressources
en eau. L'acuité des problèmes de pollution est ap-
La lutte contre 1 'érosion des sols parue lors des sécheresses récentes au cours des-
quelles la faiblesse des écoulements de surface et
Le Maroc est caractérisé par une forte dégradation souterrains a accru la détérioration des ressources
spécifique, dépassant souvent les2000 t o n n e s h ' h , en eau et mis en évidence la fragilité des systèmes
liée à la pression humaine qui s'exerce sur les sols hydrologiques vis-à-vis des activités économiques
de montagne et se traduit par un déboisement ra- et sociales.
pide et des changements dans les modes culturaux.
Liée également à des facteurs naturels défavorables Les principales pollutions relevées sont celles des
(géologie, forte intensité des pluies), cette dégrada- agglomérations urbaines, des industries opérant des
tion des sols influe sur le régime hydrologique des rejets directement dans le réseau hydrographique et
cours d'eau et met en péril l'effort d'aménagement plus récemment, des pollutions générées par les ac-
des eaux de surface en raison des risques de com- tivités agricoles, principalement par le lessivage des
blement de retenues de barrages. fertilisants et des produits phytosanitaires.
En plus de la perte des sols, l'érosion entraîne de D'unefaqongénérale, la gestion de la qualité est
graves conséquences pour la gestion de l'eau: (i) la également un impératif stratégique de la politique
perte des capacités des retenues entraîne une dimi- nationale de l'eau. Il s'agit d'abord d'éviter une dé-
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D'autres départements interviennent également à un de surface pour régulariser les apports importants
échelon horizontal. I1 s'agit notamment de ceux de des années humides et mener une gestion multian-
la Santé, de l'Environnement, de l'Economie et des nuelle.
Finances.
Lescoûteuxinvestissementsnécessairesimposent
Certains secteurs d'activités dans le domaine de l'eau que soit menéeune politique active de conservation
sontconfiés à desétablissementspublics,telsque et de protection de l'eau au double plan dela quanti-
l'Office National de l'Eau Potable, l'Office National deté et de la qualité:
L'Electricité oulesOfficesRégionauxdeMiseen
Valeur Agricole, organismes dotés de l'autonomie né- - une meilleure intégration du développement des
cessairepourleurpermettred'agiravecsouplesse ressourceseneau et de l'aménagement anti-
dans des secteurs aussi sensibles que l'eau potable, la &osifdesbassinsversants est nécessaire pour
production d'hydro-électricité et l'irrigation. assurer la durabilité des infrastructures;