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Taxe carbone : la révolution de l'UMP

Publié le 09/09/2009, par Paul-Henri du Limbert

ÉDITO - «Ils [Les Français] voient bien qu'on veut leur prendre de l'argent, ils doutent
qu'on veuille leur en rendre. Il va falloir les persuader qu'ils se trompent.»

Depuis 2002, il y a un métier simple comme bonjour, c'est celui qui consiste à être
député socialiste. Le gouvernement propose un texte, vous lui dites non très
bruyamment et vous rentrez dans votre circonscription en expliquant que vous avez
courageusement tenu tête mais qu'hélas vous étiez minoritaire dans l'Hémicycle. Il est
beaucoup plus compliqué d'être député UMP. Pourquoi ? Parce que la droite est au
pouvoir depuis 2002, et qu'elle doit s'adapter depuis sept ans à l'évolution du monde. Or,
le monde va vite.

L'affaire de la taxe carbone est à ce titre édifiante. Sa philosophie va, à peu près, à
l'encontre de tout ce que l'on a appris à un député de droite depuis vingt-cinq ans. On lui
a dit que les écologistes étaient au mieux de doux rêveurs, au pire de dangereux
gauchistes, et on lui a expliqué en long et en large que la baisse des prélèvements
obligatoires était une impérieuse nécessité. Moralité ? On lui propose une nouvelle taxe
saluée à grand bruit par les Verts… Il faut comprendre la complainte du député UMP
qui rentre dans sa circonscription et se voit rappeler à l'ordre par ses électeurs.

Avec ce projet, Nicolas Sarkozy oblige donc son camp à une petite révolution, comme il
l'a fait dans d'autres domaines. On subodore que lui et le gouvernement de François
Fillon vont devoir batailler tout l'automne pour convaincre. Ils auront des arguments.
Après tout, depuis près de dix ans, de grandes voix, d'Al Gore à Jacques Chirac, ont
sonné le tocsin et invité les habitants de la planète à modifier leur comportement.
L'écologie est sortie du petit ghetto dans lequel elle vivotait pour s'imposer comme une
idée primordiale qui se soucie peu de la couleur politique de ceux qui en parlent. Mais
la différence par rapport à avant, c'est qu'il ne faut plus se contenter de discours avec
lesquels tout le monde est d'accord, sauf Claude Allègre, mais passer aux actes. La taxe
carbone est l'un d'eux, et soudain l'opinion coince.

Pour qu'elle soit acceptée par les Français, deux conditions sont nécessaires. D'abord,
qu'elle soit compensée. Nicolas Sarkozy s'y est engagé et François Fillon a évoqué
mardi une baisse de l'impôt sur le revenu. A priori, il n'y aurait donc pas de raisons de
s'inquiéter, si ce n'est que les Français - souvent à juste titre - sont généralement
sceptiques lorsqu'on leur propose pareil dispositif. Ils voient bien qu'on veut leur
prendre de l'argent, ils doutent qu'on veuille leur en rendre. Il va falloir les persuader
qu'ils se trompent. La seconde condition, c'est d'éviter «l'usine à gaz», c'est-à-dire la
taxe qui, au moment de la déclaration d'impôts, plonge le contribuable dans un abîme de
perplexité selon qu'il est rural, semi-rural, citadin, ou banlieusard.

Si ces deux conditions ne sont pas remplies, la taxe carbone sera vécue comme une
mesure quasi punitive et les Français pourraient considérer d'un autre œil la grande
cause du XXIe siècle. Quant au député UMP, il reviendra dans sa circonscription en
rasant les murs.

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