éthique de la jouissance
Alenka Zupancic
Avant-propos
L’effet esthétique
En matière de forme…
Sublimation
La comédie de l’amour
Dom Juan
1) À propos de Dieu
2) À propos de La femme
2) Le meurtre de la Chose
5) L’otage de la parole
1) L’éthique et la terreur
L’éclair textuel
Alenka Zupancic est de celles dont on pense, quand on les lit, que
Vous n’aviez pas lu, non, vous n’étiez que dans la surface apaisante
des œuvres, et tous ces personnages de théâtre ou de prose, vous ne les
fréquentiez que selon leur psychologie fine et instructive. Alenka
Zupanc˘ic˘ vient, et voici qu’elle branche tout cela sur la machine à
penser qu’elle a construite avec des morceaux de Lacan, des artifices
kantiens, un vouloir politique acharné et clandestin : tout se
métamorphose. Une sorte de drame inaperçu se surimpose à la lecture
ordinaire. Des répliques connues s’enflamment, d’autres, pour vous
insignifiantes, se mettent à briller dans l’ombre où vous les teniez.
Dans les draperies de l’écriture, l’orage du réel éclate et s’évanouit.
Vous avez vu l’éclair, c’est certain, même s’il n’est là qu’autant qu’il a
disparu.
Alain Badiou
Avant-propos
Le nœud
L’EFFET ESTHÉTIQUE
Mais on voit aussi dans quelle mesure l’un des éléments principaux
du sublime, le “devenir-sujet” du spectateur, persiste dans ce qu’on a
l’habitude de considérer comme les moments les plus “désublimés” de
l’art moderne : l’abattement du mur “imaginaire” entre la scène et la
salle, les tentatives pour subjectiver le spectateur en l’intégrant dans le
spectacle, le passage de l’art du musée à la rue, etc. la ligne de
démarcation entre le divertissement et l’art passant exactement entre le
spectateur “passif” ou bien figé dans son rôle du spectateur, et un
spectateur ému, troublé, éveillé à un “devenir-sujet” par l’œuvre d’art.
Mais il se peut aussi que cet éclat n’ait pas lieu. Un très bon
exemple nous est fourni par l’une des premières pièces de Paul
Claudel, L’Otage, qui constitue, avec Le Pain dur et Le Père humilié,
la trilogie des Coûfontaine dont Lacan propose un commentaire très
riche dans son séminaire Le transfert. Nous nous arrêterons sur cette
pièce plus en détail dans la troisième partie de cette étude ; seul un
fait, frappant, nous importe pour le moment : même si se trouvent
réunis dans cette pièce tous les éléments de la tragédie et de l’art
sublime, Claudel nous montre l’héroïne, Sygne de Coûfontaine,
sortant de son “épreuve éthique” agitée d’un tic du visage tout au long
du dernier acte. Ce n’est pas “beau” et ce n’est pas non plus
“sublime”. Cette particularité n’a pas échappé à Lacan :
Une action conforme à la loi (morale) n’est pas en cela déjà une
action éthique. Le légal est ce qu’on pourrait appeler la fonction de
l’être du Bien, tandis que l’éthique concerne le Bien dans son devenir,
c’est-à-dire en quelque sorte dans sa “création”. La question éthique
dans son essence n’est en effet pas de “faire du bien”, mais plutôt de
“faire surgir du bien”. Cela est lié bien évidemment au geste principal
de l’éthique kantienne qui consiste à refuser de fonder l’éthique ou la
loi (morale) sur la notion de Bien, en soulignant que le Bien ne peut
être qu’en aval, qu’il surgit de l’éthique, et n’est pas une chose déjà
donnée (si ce n’est en idée) puis “réalisée” pratiquement par une
action éthique. Il s’agit de faire surgir un Bien, certes universel, mais
aussi singulier dans son universalité même.
Précisons.
« ... une vérité – c’est son effet de “retour” – transforme les codes
de communication, change le régime des opinions. Non que les
opinions deviennent “vraies” (ou fausses). Elles en sont incapables, et,
dans son être multiple éternel, une vérité demeure indifférente aux
opinions. Mais elles deviennent autres. Ce qui veut dire que des
jugements autrefois évidents pour l’opinion ne sont plus soutenables,
que d’autres sont nécessaires, que les façons de communiquer se
modifient, etc. »{20}
Le bien légal, le bien comme effet d’un acte, n’est pas à confondre
avec la puissance qu’a l’acte d’avoir un effet d’instauration de ce
“bien”. Le bien éthique n’est autre chose que cette puissance de créer
ou de transformer le “bien commun”. C’est ce qui résume tout le pari
de Kant dans son effort pour renverser la hiérarchie entre le bien et la
loi. Si la loi n’est pas ce qui prescrit certaines actions en vue d’un bien
préétabli au service duquel elle serait convoquée, elle ne peut être que
la puissance même de la production du bien. Le seul vrai bien éthique
est celui qui nomme cette puissance.
Dans l’éthique, telle que la pense Kant, on doit mettre hors jeu toute
la “matière” (tels ou tels intérêts particuliers qui pourraient
fonctionner comme causes de nos actions). Mais cela ne suffit pas : il
faut en plus que la forme pure fasse retour en tant que matière, c’est-à-
dire en tant que mobile de nos actes. Kant insiste sur cela que, dans
l’éthique, la simple forme de la loi doit déterminer immédiatement
notre volonté. “Immédiatement”, cela veut dire sans aucune
intervention d’une représentation sensible. Mais ce caractère immédiat
de la détermination est strictement corrélatif au redoublement de la
forme qui produit une matière singulière, à savoir immédiatement
universelle. On pourrait effectivement parler d’une “singularité
universelle” qui est le résultat de la conception, non pas d’un bien
universel (ou commun), mais d’une production de l’universel. Dans ce
contexte, le “gain subjectif” (le mobile) n’est pas simplement le profit
qu’un sujet peut retirer de ses actions, il faudrait plutôt dire que le
sujet éthique ne surgit qu’à partir de ce “gain”. Les plaisirs et les
intérêts personnels ne s’ouvrent pas sur l’universel, tandis que ce
“plaisir” singulier introduit par un repli de la forme sur elle-même, et
qu’on peut appeler un plaisir ou un gain “impersonnel”, est quelque
chose qui donne lieu à une subjectivation nouvelle, et qui a la
puissance de l’universel. C’est-à-dire que n’importe qui peut se
“subjectiver” par rapport à ce gain singulier.
Lacan fait remarquer que les deux situations ou les deux scènes
peuvent avoir la même issue et que Kant les oppose trop facilement.
Passer une nuit avec la dame désirée sachant qu’on sera pendu dès
qu’on sortira de sa chambre : il n’est pas exclu que dans certaines
conditions le sujet envisage de s’offrir à ce supplice, de la même façon
qu’il envisage de refuser le faux témoignage et de se faire pendre. La
condition en est, pourtant, la sublimation, définie par Lacan comme ce
qui élève un objet à la dignité de la Chose{24}. Voilà probablement la
manière la plus directe de formuler la sublimation comme noyau de
l’éthique.
d2
C’est ce qui donne à la science son côté comique et constitue sa
plus grande force, non pas la force de l’explication ni celle de la
traduction du réel en symbolique, mais la force de la transmission du
réel en tant que réel.
Le vrai amour, si nous risquons ce terme, n’est pas cet amour dit
sublime, où nous nous laissons complètement éblouir ou “aveugler”
par l’objet, au point de ne pas du tout voir son aspect ridicule, ce qui
nécessite ou génère une inaccessibilité radicale de l’autre qui s’articule
soit en des “préliminaires éternels”, soit comme exigence d’une
relation “par intermittence” qui a pour fonction de réintroduire la
distance qui convient à l’inaccessible et, ainsi, de “resublimer” l’objet
après chaque “usage”. Ce n’est pas vraiment de l’amour puisque, dans
cette configuration, on n’accède nulle part à l’autre et qu’on bute
toujours contre son propre fantasme. Mais le “vrai” amour n’est pas
non plus une addition du désir et de l’amitié, où l’amitié serait censée
faire le pont entre les intermittences du désir et accueillir l’aspect
ridicule de l’objet. Ce n’est pas que, pour assurer la durée d’un amour,
il faille “accepter” l’autre avec tout son bagage, “supporter” son aspect
banal, lui “pardonner” ses faiblesses, bref, “tolérer” l’autre quand on
ne le désire pas. Le vrai miracle de l’amour – et c’est cela qui le
rapproche de la comédie – consiste à préserver la transcendance dans
l’accessibilité même de l’autre. Le miracle de l’amour ne consiste pas
en cela qu’il transforme un objet “banal” en objet sublime et
inaccessible dans son être (c’est-à-dire accessible uniquement dans
certains traits : l’objet sublime dans l’autre peut très bien être une
cicatrice ou un “défaut”, il ne s’agit nullement que l’objet ne soit
apprécié que pour ses “belles formes”) – cela, c’est le miracle du désir.
Le miracle de l’amour – de l’amour qui marche et qui implique donc
la construction d’une scène – consiste en ceci que, tout d’abord, on
aperçoit les deux objets (l’objet ridicule et l’objet sublime) sur le
même plan, c’est-à-dire qu’aucun des deux n’est occulté ni remplacé
par l’autre. Il consiste ensuite en ceci qu’on s’aperçoit que l’autre
comme “objet banal” et l’autre comme objet de désir ne font qu’un,
exactement de la même façon que ne font qu’un l’acteur qui joue
Hitler et la photo d’Hitler qui est, en fait, la photo de cet acteur. C’est-
à-dire qu’on s’aperçoit qu’il sont tous les deux des semblants et
qu’aucun des deux n’est plus réel que l’autre. Le miracle de l’amour,
enfin, consiste en ceci qu’on “tombe” (et qu’ensuite on continue à
trébucher) à cause du réel qui se dégage de ce “montage parallèle” des
deux semblants. Cet autre qu’on aime n’est aucun des deux semblants,
mais il ne peut non plus en être séparé, puisqu’il est précisément ce
qui résulte du montage réussi des deux{38}. C’est là qu’on peut voir
nettement la différence entre la démarche du désir et la démarche de
l’amour. L’entre-deux du désir est l’entre-deux du Réel et du semblant
; l’autre auquel accède le désir est toujours le “petit autre”, le a, son
réel ou bien son Autre réel restant inaccessible. Ce réel du désir, c’est
la jouissance en tant que “partenaire inhumain” que vise le désir au-
delà de son objet, et qui doit rester inaccessible. L’amour, au contraire,
est précisément ce qui rend accessible le réel du désir. C’est ce que
vise Lacan lorsqu’il avance que l’amour « humanise la jouissance »,
qu’il est une sublimation et que « seul l’amour-sublimation permet à la
jouissance de condescendre au désir »{39}. On pourrait dire que
l’amour parvient à redoubler le réel de la jouissance en deux
semblants qui articulent désormais une double voie du désir, ce qui
permet à ce dernier de rebondir dans l’accès même à la “substance” de
l’autre. C’est pour cette raison que l’amour n’est pas une abolition du
désir, mais sa « sublimation »{40}. Si le désir accomplit une
incorporation du réel dans son objet, qui devient ainsi sublime et en
même temps inaccessible dans son être (i.e. impénétrable dans son
noyau réel), l’amour permet d’atteindre l’autre dans son être au moyen
du montage qu’il accomplit : l’être de l’autre reste transcendant à ses
deux “apparitions” (l’objet sublime et l’objet ridicule), mais accessible
dans leur montage.
Une autre manière d’exprimer tout cela serait de dire qu’on ne peut
vraiment accéder à l’autre que si l’on arrive à faire de ce “partenaire
inhumain” qui est notre propre jouissance un personnage et, si
possible, un personnage de comédie. Dans le cas contraire, l’autre ne
sera jamais qu’une image (brillante ou bien dégoûtante) de cette Chose
qui est le réel de notre propre jouissance. Les deux versants de
l’amour, qui se soutiennent mutuellement et font que l’amour « vient
suppléer au manque du rapport sexuel », sans pourtant abolir ce
manque ou non-rapport, sont les suivants : aimer l’autre et désirer ma
propre jouissance. “Désirer sa propre jouissance” est probablement ce
qu’il y a de plus difficile à obtenir et à faire marcher puisque la
jouissance a du mal à apparaître comme objet, c’est-à-dire comme un
personnage scénique (et comique) que pourtant on désire. On pourrait
objecter que cela ne peut pas être tellement difficile puisqu’il est bien
évident que “tout le monde veut jouir” et qu’on ne cherche que ça. Et
pourtant, avoir du désir pour sa propre jouissance (et, si l’on peut dire,
pouvoir s’en “réjouir”) ne veut pas dire se soumettre à
l’“inconditionné” de la demande de la jouissance/satisfaction, mais, au
contraire, pouvoir s’y soustraire.
***
« Tenez, ma belle amie, tant que vous vous partagez entre plusieurs,
je n’ai pas la moindre jalousie : je ne vois alors dans vos Amants que
les successeurs d’Alexandre, incapables de conserver entre eux tous
cet empire où je régnais seul. Mais que vous vous donniez entièrement
à un d’eux ! qu’il existe un autre homme aussi heureux que moi ! je ne
le souffrirai pas ; n’espérez pas que je le souffre. Ou reprenez-moi, ou
au moins prenez-en un autre. »
Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et
c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en
même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute.
Il suit de là, que depuis quelque temps je t’ai trompée : mais aussi,
ton impitoyable tendresse m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas
ma faute.
Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure : mais
si la Nature n’a accordé aux hommes que la constance, alors qu’elle
donnait aux femmes l’obstination, ce n’est pas ma faute.
Adieu, mon Ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret :
je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute. »
(Lettre 141, p. 404-405.)
Bien sûr, l’affaire a aussi l’effet d’une douche froide sur la marquise
parce que la réaction de Valmont ne fait que confirmer ses soupçons.
Quand donc la marquise sait-elle avec certitude que Valmont est
véritablement amoureux de la présidente ? Exactement au moment où
il la sacrifie, comme il le formule lui-même. En effet, ce sacrifice
(justement en tant que sacrifice) n’atteste en aucun cas de
l’indifférence de Valmont envers Mme de Tourvel. Et la marquise
choisit une voie véritablement géniale pour faire la lumière sur les
sentiments de Valmont. Elle lui tend un piège dans le registre “du
désir et de la culpabilité”. Il ne s’agit pas de savoir si Valmont a
“objectivement” péché contre leur principe commun ; la question
déterminante est de savoir s’il a “subjectivement” péché au niveau de
son désir. Il ne s’agit pas ici de savoir si Valmont est préparé à
sacrifier la présidente, mais s’il conçoit cela comme un sacrifice. La
question n’est pas de savoir si Valmont est “objectivement” coupable ;
la véritable question s’exprime en ces termes : Valmont se sent-il
coupable ? Il est coupable, s’il se sent coupable. Et la marquise le sait
bien : si Valmont est ou se sent coupable, il va répondre à sa
provocation – et c’est effectivement le cas – par un sacrifice.
Une telle occasion est une fois de plus offerte à Valmont ; là encore,
il n’en tire pas profit. Cette fois, il écrit à la marquise : « Il faut un
triomphe complet, et […] je ne veux rien devoir à l’occasion. » (Lettre
99, p. 282.)
« Mon projet […] est qu’elle sente, qu’elle sente bien la valeur et
l’étendue de chacun des sacrifices qu’elle me fera ; de ne pas la
conduire si vite que le remords ne puisse la suivre ; de faire expirer sa
vertu dans une lente agonie ; de la fixer sans cesse sur ce désolant
spectacle. » (Lettre 70, p. 185.)
Cet aspect de “fait accompli” est crucial. Nous pourrions dire que,
pour Dom Juan, la jouissance est toujours (déjà) un fait accompli,
tandis que, pour Valmont, elle est toujours (encore) un “fait à
accomplir”, un but à atteindre. La raison en est que pour Valmont, la
jouissance se situe au niveau de la conscience (ou contemplation) de la
jouissance, tandis que cet aspect n’intervient pas chez Dom Juan. On
pourrait dire que pour ce dernier, la jouissance est le mobile de ses
actes, tandis que pour Valmont, c’est la volonté de jouissance qui
constitue son mobile. En faisant de la jouissance un objet de la volonté
– c’est-à-dire en essayant de supprimer la “refente” entre la jouissance
et la volonté – Valmont devient l’instrument de la jouissance de
l’Autre ; il ne peut supprimer ladite “refente” qu’en déléguant sa
propre jouissance à l’Autre.
1) À PROPOS DE DIEU
Dom Juan : Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise ?
Dom Juan : Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes
soins. Ah ! Ah ! Je m’en vais te donner un louis d’or tout à l’heure,
pourvu que tu veuilles jurer.
Le pauvre : Ah ! Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel
péché ?
Le pauvre : Monsieur !
Mais aussi bien, nous pouvons lire cette scène comme étant au
contraire le triomphe de Dom Juan, une confirmation de sa propre
attitude. En effet, nous ne devons pas fermer les yeux sur le fait que le
pauvre n’est pas simplement l’inverse de Dom Juan, mais qu’à la base
ils parlent tous deux le même langage. Dom Juan rencontre son égal,
plus précisément son “positif” (ce qui est à comprendre au sens
strictement photographique du terme). Il s’agit, d’une certaine
manière, d’une rencontre entre le “souverain Bien” et le “souverain
Mal”, qui parlent exactement le même langage. Cette singulière
proximité des deux discours tranche particulièrement avec la réplique
de Sganarelle (« Va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal »), qui
s’inscrit, elle, dans la logique “habituelle” du bien. Dans le cadre de
cette logique, une persévérance excessive en quelque chose – toute
bonne qu’elle puisse être “en soi” – est automatiquement conçue
comme un “mal”, comme quelque chose de dérangeant, et qui ruine
l’harmonie et l’équilibre de la communauté. Dans une telle logique,
même si jurer est un mal, que quelqu’un préfère mourir plutôt que de
proférer “un seul malheureux petit juron” comporte déjà quelque
chose de “diabolique”, de “dangereux”, de “déstabilisant”. Face à
Dom Juan, qui a toutes les raisons “tangibles” pour se repentir, mais
qui s’y refuse, se tient donc quelqu’un qui n’a aucune raison tangible
pour ne pas jurer et qui s’y refuse pareillement. En d’autres termes,
l’un et l’autre se trouvent dans une situation où tout le “tangible” (chez
Dom Juan, tous les signes divins possibles, et chez le pauvre,
justement, une absence totale de ces signes) parle en faveur d’un acte
que l’un et l’autre rejettent résolument. Le geste de Dom Juan,
donnant malgré tout le louis d’or au pauvre, constitue dans cette
perspective le geste du maître qui, dans le “valet”, reconnaît son égal,
un maître. Autrement dit, dans cette interprétation, la portée de la
scène en question réside en cela qu’elle arrache la “dialectique du
maître et du valet” au contexte de la séparation empirique des rôles
sociaux (en “maîtres” et “valets”) et l’élève au niveau de l’idée, au
niveau de la confrontation hégélienne de deux consciences de soi.
2) À PROPOS DE LA FEMME
C’est exactement ainsi que Dom Juan procède avec son “bien” : il le
distribue joyeusement aux alentours, “le donne à droite et à gauche” et
“n’attend même pas qu’on en demande”. Kierkegaard, dans un
passage extraordinaire, met également en exergue ce moment de
divisibilité infinie de l’“agalma” de Don Juan :
De quoi s’agit-il ? On sait que Dom Juan couche avec des femmes
de toutes sortes : des belles, des laides, des osseuses, des grasses, des
grandes, des petites, des dames et des paysannes, des maîtresses de
maison et des bonnes etc… Comme l’ont fait observer certains
critiques, ce serait s’expliquer cela tout à fait faussement que d’y voir
un penchant de Dom Juan pour les “menus hétéroclites”, pour la
diversité et la bigarrure. Au contraire, ce qui lui permet une telle
attitude, c’est justement son indifférence à l’égard de de toutes les
différences. Le paradigme de Dom Juan n’est pas la diversité, mais
bien la répétition. Il ne séduit pas les femmes à cause de ce qu’il y a en
chacune de particulier, d’unique, mais bien à cause de ce qu’il y a
d’identique en toutes, de ce qu’elles ont en commun : elles sont des
femmes.{59} Il est cependant vrai qu’au premier abord la conception
qu’a Dom Juan de lui-même ne correspond pas entièrement à ces
interprétations. Chez Molière, par exemple, il dit que « tout le plaisir
de l’amour est dans le changement ». Nous ne devons cependant pas
omettre que, justement, “le changement pour le changement même”
constitue la forme la plus pure de l’automatisme de la répétition. Car,
comme le souligne Dom Juan lui-même, le changement dont il s’agit
ne se rapporte pas à une nouvelle femme, mais à une “nouvelle
conquête”. Ce qui est “conquis”, ici, est d’une importance secondaire.
À la base du changement perpétuel réside donc la logique de la
répétition d’un même et unique geste.
Y a-t’il donc quoi que ce soit qui reste ? Toute l’existence de Dom
Juan atteste effectivement que quelque chose reste, quoique ce
“quelque chose” soit radicalement indéterminé.
C’est donc ainsi que Molière articule le lien entre les deux
composantes du mythe, entre la profanation des morts et la séduction
des femmes.
Troisième partie
D’un côté, nous avons donc la tragédie entraînée par une “fatalité”
contre laquelle on ne peut rien faire – rien que d’y reconnaître les
traces de notre propre être et de l’accepter, l’assumer en tant que telle.
Comme l’a déjà fait remarquer Hegel dans son Esthétique, la
puissance des grands caractères (antiques) tragiques consiste en ceci
qu’ils ne choisissent pas : ce qu’ils veulent et ce qu’ils font, ils le sont
dès leur naissance et de tout leur être. Pour cette raison, continue
Hegel, ils ne veulent absolument pas qu’on les considère comme
innocents par rapport à leurs actes. Au contraire : trouver qu’un tel
héros est innocent serait lui faire la pire des insultes ; pour ces grands
caractères c’est un honneur que d’être coupable.{61} D’après Lacan, ce
qu’introduit la modernité, c’est la possibilité d’un pas de plus : on peut
nous ôter jusqu’à ce dernier refuge de notre être, la culpabilité, la dette
même où nous avions notre place, et c’est cette “destitution” radicale
du sujet qu’incarne l’héroïne claudelienne Sygne de Coûfontaine.
« L’acte d’Hamlet n’est pas l’acte d’Œdipe, pour autant que l’acte
d’Œdipe soutient la vie d’Œdipe, et fait de lui ce héros qu’il est avant
sa chute, tant qu’il ne sait rien. Hamlet, lui, est d’entrée de jeu
coupable d’être. »{62}
Nous allons nous arrêter dans ce qui suit aux deux héros tragiques
que sont Œdipe et Sygne de Coûfontaine. Trois choses au moins leur
sont communes. Premièrement, en comparaison avec les nombreux
commentaires de la lecture lacanienne d’Antigone et d’Hamlet, Œdipe
(comme héros tragique) et Sygne sont relégués au second plan.
Deuxièmement, tous deux ont en commun le statut de rejet, leur
tragédie ne finit pas sur un ton sublime mais plutôt dans un malaise et
dans une “grimace”. Troisièmement, leur position subjective ne relève
pas du “désir et de la culpabilité”, ce qui n’est pas sans conséquences
pour le statut de leur position éthique.
ŒDIPE OU LE REJET DU SIGNIFIANT
Le Chœur : Tu as fait…
Le Chœur : Eh quoi ?
[…]
Œdipe : Tu vas comprendre : meurtrier, soit ; mais sans l’avoir
prémédité, et pur devant la loi, puisque j’ignorais tout.
[…]
[…]
Le Chœur : Tu as fait…
Le Chœur : Eh quoi ?
C’est peut-être par ces mots que le destin d’Œdipe est le mieux
résumé : “le vol du désir et la mère en échange”.
2) LE MEURTRE DE LA CHOSE
– Œdipe vainc la Sphinge sans l’assistance des dieux (ce qui est,
strictement parlant, inouï), aussi bien que sans l’assistance des mortels
(sans le conseil d’un sage devin) ;
Au départ, Œdipe se trouve jeté dans le vide, dans cet espace qui
n’est pas encore délimité par les repères symboliques (il ne sait pas qui
sont ses “véritables” père et mère). Ce n’est qu’après qu’il a parcouru
cet espace vide qui a, pour lui, le statut de l’empirique, qu’il crée
rétroactivement le symbolique et la dette dans lesquels il devrait être
né, mais qu’on lui a “retirés”. On pourrait dire que ce n’est qu’à la fin
qu’Œdipe réalise les conditions de sa propre naissance, les conditions
du symbolique et de sa propre “initiation”. Pour cette raison, Œdipe, à
la différence d’Hamlet, n’est pas “d’entrée de jeu coupable d’être” – il
ne le devient, pour ainsi dire, qu’à la fin.
[…]
Œdipe : M’avancerai-je ?
Le Chœur : Oui, quelques pas, droit devant toi.
Œdipe : Encore ?
[…]
... and Oedipus – we couldn’t see the man – he was gone – nowhere
!
5) L’OTAGE DE LA PAROLE
En tant qu’il produit une perte (que Lacan désigne par l’entropie),
ce savoir qui ne se sait pas et qui travaille constitue le point par lequel
nous avons accès à ce qu’il en est de la jouissance, et aussi de la
vérité : « C’est avec le savoir en tant que moyen de la jouissance que
se produit le travail qui a un sens, un sens obscur. Ce sens obscur est
celui de la vérité. »{78}
La réponse est non ; c’est cela que nous apprend l’histoire d’Œdipe,
sa tragédie. Les deux visages du savoir dont parle Lacan se laissent
résumer ainsi :
Tout ce que fait Œdipe c’est, dans un savoir qui ne se sait pas, de
parcourir un chemin, d’accomplir un travail qu’il relie par cela à l’être.
Et quand, au bout de ce chemin, ce savoir revient à lui-même et
devient le “savoir qui se sait”, Œdipe demeure comme son (seul) reste,
comme l’incarnation de ce travail qui n’a pas eu lieu, mais qui nous a
quand même fait suer à grosses gouttes.{84} Voilà encore un trait qui
lie la figure d’Œdipe au dispositif analytique, et plus précisément à ce
que Lacan articule, dans la dernière période de son enseignement,
comme le statut de l’analyste à la fin de l’analyse : celui de rejet, de
“rebut de la jouissance”. Si l’analyste permet au sujet (de
l’inconscient) de le prendre comme cause de son désir, « c’est de
l’abjection de cette cause en effet que le sujet en question a chance de
se repérer au moins dans la structure »{85}. C’est cette transformation
de l’objet du désir en abject qui marque la fin de l’analyse et
détermine l’impératif éthique de l’analyste.
Pour illustrer ceci, prenons le cas suivant : disons que vous êtes sur
la route vers l’aéroport et que vous crevez un pneu. Vous ratez votre
avion, et cet avion que vous avez raté s’abat. Du point de vue de ce
moment ultérieur, le “pneu crevé” gagnera un Sens. Si le pneu n’avait
pas crevé, vous seriez déjà mort. Il semble que le pneu ait crevé
“exprès”, “avec une intention” dont le message est que vous n’étiez
pas encore destiné à mourir.
Par rapport à Œdipe roi, il est clair que nous nous trouvons ici à un
niveau très différent, auquel l’accès a été ouvert par Œdipe lui-même.
Le savoir est entré en jeu, et avec lui le désir, la dette symbolique et
l’héroïsme au sens propre du terme.
Avant de s’en aller vers son destin, Polynice n’oublie pas de dire à
ses sœurs : « Ne me jugez pas indigne d’un tombeau et d’offrandes
funéraires. » À ce moment-là, le destin d’Antigone est déjà tracé, tout
est là, prêt à se dérouler. En effet, alors que l’acte d’Œdipe revêt une
valeur inaugurale, celui d’Antigone aura plutôt la valeur de
l’accomplissement : il met fin à quelque chose.
SYGNE OU LA JOUISSANCE DU REJET
1) L’ÉTHIQUE ET LA TERREUR
Par rapport aux deux logiques du choix forcé – celle qui est
impliquée dans l’exemple “la bourse ou la vie” (où je dois, ou bien
choisir la vie sans la bourse, ou bien perdre les deux) et celle qu’on
trouve dans l’exemple “la liberté ou la mort” (où je ne peux affirmer
ma liberté qu’en choisissant la mort) – nous pourrions dire que la
première fonde la logique classique de la maîtrise ainsi que l’éthique
classique. Il n’est probablement pas nécessaire de souligner que le vel
“la bourse ou la vie” résume la dialectique du maître et du valet. Le
valet “cède” et choisit la vie, tandis que le maître insiste sur la maxime
qui est au fond une maxime de l’éthique classique : plutôt la mort
que… ! Cela ne veut pas dire pour autant que le maître puisse
maintenant s’endormir sur le rôti. Tôt ou tard, il se retrouve dans la
situation où il doit prouver qu’il est à la hauteur de sa maxime. Il le
prouve quand il est confronté au deuxième type de choix. C’est ce que
souligne Lacan dans le Séminaire XI en se référant justement à
l’interprétation qu’il avait donnée de Claudel trois ans auparavant :
Mais le nom est à moi ! mon honneur de femme est à moi seule ! »
“Ce choix”, c’est celui que Sygne formule ainsi : « Dois-je sauver le
Pape au prix de mon âme ? » La logique paradoxale de ce choix n’est
qu’un exemple particulier du dilemme général que nous pouvons
formuler ainsi : dois-je accomplir mon devoir au prix de mon
humanité ? Dois-je accomplir mon devoir même si cela implique la
perte de ce quelque chose en moi qui me rend digne du devoir ? Est-ce
que Dieu peut demander comme preuve ultime de ma foi et de ma
fidélité que je trahisse cette foi et cette fidélité, et que, par conséquent,
je le trahisse lui-même ?
Bref, mon prochain, l’étranger que je dois aimer est par définition
ou « au fond » mon ennemi.
Si, ayant sous les yeux ces remarques de Freud, nous relisons le
dialogue entre Sygne et Badilon, nous nous apercevons alors du
véritable scandale de ce dialogue.
Qui est le prochain que Sygne doit aimer, littéralement, à tout prix ?
À un premier niveau, c’est bien évidemment Turelure, son ennemi
mortel, celui qui a tué toute sa famille et qui représente la négation de
tout ce à quoi elle croit. Turelure nous est présenté comme le prochain
le plus méchant qu’on puisse imaginer. Or, on demande de Sygne
qu’elle l’aime sans réserve – c’est ce qu’implique pour une chrétienne
le sacrement de mariage, et Badilon n’oublie pas d’attirer son attention
sur ce fait :
[…]
Que Dieu prenne soin de cet homme sien, comme à moi mon devoir
est envers les miens.
Sygne : Georges
Je le ferais.
a) la figure que représente son acte n’est pas celle de “céder sur son
désir” mais plutôt la figure du désir pur ; c’est la logique du désir elle-
même qui a pour horizon ultime le sacrifice de cela même au nom de
quoi on est prêt à tout sacrifier ;
[…]
Nous avons déjà insisté sur le fait qu’au début de la tragédie Sygne
est présentée comme ayant déjà perdu tout ce qui appartenait au cadre
de son monde et de sa Cause – il ne lui reste que le cadre vide et la
fidélité à ce vide encadré. Or, comme le lui fait remarquer Badilon,
même ce reste de rien, même ce cadre vide est quelque chose qu’elle a
et qu’elle pourrait donc donner, sacrifier. Si elle l’a, c’est pour le
donner – ce n’est qu’à ce point, ce n’est qu’en se faisant déchet, qu’il
s’avère qu’on est sérieux avec sa charité. Donner tout ce qu’on a est
plutôt facile, mais donner ce reste (ce qu’on est) est une chose bien
différente. Dans son dialogue avec Sygne, Badilon lui montre que
cette chose inouïe n’est rien d’autre que la conséquence ultime et
l’horizon de sa propre cause, de son propre honneur, de son propre
désir. Ce qu’il lui dit entre les lignes, c’est bien ceci : « Vas-tu céder
sur ton désir au moment où cela, pour la première fois, compte
vraiment ? »
Chez l’une comme chez l’autre de nos héroïnes, nous avons affaire
à une réalisation de l’infini (c’est-à-dire de la mesure infinie qui se
soutient de la condition absolue de leur désir), mais ces deux
réalisations sont de natures bien différentes. Antigone réalise l’infini
sous la forme négative, elle le réalise comme absent. L’infini est
évoqué dans le “tout” (du fini) que lui sacrifie Antigone. La réalisation
s’accomplit en trois pas :
– dans la vie, il y a une chose que nous ne pouvons pas donner (“la
condition absolue”) ;
– pour cette chose, nous sommes prêts à tout donner (même la vie) ;
– dans la vie, il y a une chose que nous ne pouvons pas donner (“la
condition absolue”) ;
– pour cette chose nous sommes prêts à tout donner (or, ce “tout” ne
tolère aucune exception) ;
***
Si, aujourd’hui, nous sommes des “hommes (et des femmes) qui en
savent trop”, est-ce que cela veut dire que nous sommes confinés, en
ce qui concerne l’éthique, à une nostalgie de l’époque où “cela valait
(encore) le coup” de poursuivre la condition absolue de son désir, ou
bien réduits à la tentative de réaffirmer cette éthique “classique” ? Pas
tout à fait. D’abord, il faut reconnaître qu’un changement de la
constellation symbolique a effectivement eu lieu. Il ne s’agit pas
simplement de ce que « Dieu est mort » – comme l’a souligné Lacan,
Dieu est mort depuis toujours et c’est bien sa mort qui nous a chargés
de la dette symbolique dans laquelle nous avions notre place. Ce qui a
changé aujourd’hui, c’est que la dette elle-même où nous avions notre
place peut nous être enlevée, qu’elle perd son rôle symbolique, sa
valeur d’inconditionnée, le pouvoir dont elle disposait pour nous
engager à quelque chose. Le “relativisme savant” (on a trop de savoir
et d’expérience historique pour tenir quoi que ce soit pour absolu) est
peut-être à regretter, mais il est bien réel. En l’attaquant directement
nous ne changerions pas grand-chose. Le fait est qu’aujourd’hui nous
savons non seulement que Dieu est mort (que “l’Autre n’existe pas”),
mais qu’Il le sait aussi : nous nous trouvons dans une situation
burlesque à la Hamlet, saturée des fantômes des anciennes autorités et
des anciens idéaux qui nous hantent pour nous dire « nous sommes
morts » ou bien « nous sommes impuissants ».{110} Dans cette
situation, on devrait plutôt se demander s’il n’est pas possible de
formuler une éthique qui pourrait faire face à cette réalité, pour ainsi
dire, de l’intérieur. Et c’est là que l’exemple de Sygne de Coûfontaine
prend toute sa valeur.
Cela ne veut pas dire qu’on devrait insister sur quelque chose alors
même que l’on “sait” que ça va mal tourner ou produire du mal, c’est-
à-dire avoir la force machiavélique de dire “oui” au mal qui
accompagne nécessairement notre engagement et notre lutte. Il s’agit
au contraire de cela qu’une intervention qui se base sur une lutte réelle
peut avoir pour effet de redéfinir le cadre même qui détermine les
notions de “mal” et de “bien”. Autrement dit, ce sur quoi il s’agit de
ne pas céder, c’est précisément « la possibilité de formuler… un autre
critère d’une autre, ou de la même, moralité, en face du principe de
réalité ».
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{}Emmanuel KANT, Critique de la faculté de juger, Vrin, 1989, p. 98, (traduction modifiée).
{1}
Ibid., p. 85.
{2}
Ibid., p. 94.
{3}
Ibid., p. 100.
{4}
-« Instaurer le supplice comme moment de vérité. Faire que ces derniers instants où le
coupable n’a plus rien à perdre soit gagnés pour la pleine lumière du vrai. […] Le vrai supplice a
pour fonction de faire éclater la vérité. » Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, Gallimard, 1975,
p. 47-48.
{5}
Ibid., p. 64.
{6}
E. KANT, Critique de la faculté de juger, op. cit., p. 91.
{7}
Ibid., p. 97.
{8}
Jacques LACAN, Le Transfert, Seuil, 1991, p. 324.
{9}
Gérard WAJCMAN, L’Objet du siècle, Verdier, 1998, p. 166.
{10}
J. LACAN, L’Éthique de la psychanalyse, Seuil, 1986, p. 280.
{11}
Le transfert, op. cit., p. 324.
{12}
C’est aussi la thèse de G. WAJCMAN, cf. L’Objet du siècle, op. cit., p.45.
{13}
Cf. E. KANT, Critique de la raison pure, PUF, 1990, p. 232.
{14}
Ibid., p. 236.
{15}
C’est le titre de l’Appendice de l’Analytique transcendantale.
{16}
Cf. Jacob ROGOZINSKI, Le Don de la Loi. Kant et l’énigme de l’éthique, PUF, 1999, p.
138.
{17}
E. KANT, Métaphysique des mœurs. Première partie : Doctrine du droit, Vrin, 1993, p.
93.
{18}
KANT définit la vie comme « le pouvoir qu’a un être d’agir d’après les lois de la faculté
de désirer ». Il définit ensuite cette dernière comme « le pouvoir qu’il a d’être par ses
représentations cause de la réalité des objets de ces représentations » ou bien comme « pouvoir
de causalité d’une représentation relativement à la réalité de son objet ». Critique de la raison
pratique, Gallimard, 1985, p. 26, note.
{19}
Ibid., p. 112.
{20}
Alain BADIOU, L’Éthique. Essai sur la conscience du Mal, Hatier, 1993, p. 71.
{21}
J. LACAN, L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 129.
{22}
Ibid., p. 131.
{23}
E. KANT, Critique de la raison pratique, op. cit., p. 53.
{24}
J. LACAN, L’éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 133.
{25}
Cf. Jacques-Alain MILLER, « Des semblants entre les sexes », La Cause freudienne, n°
36, mai 1997, p. 10.
{26}
J. LACAN, L’éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 118-9.
{27}
Ibid., p. 119.
{28}
G. WAJCMAN, L’Objet du siècle, op. cit., p. 116.
{29}
Citons une remarque de LACAN qui formule cela de manière plutôt directe : « Pour
l’instant, je ne baise pas, je vous parle, eh bien ! je peux avoir exactement la même satisfaction
que si je baisais. [...] C’est ce qui pose, d’ailleurs, la question de savoir si effectivement je baise.
Entre ces deux termes s’établit une extrême antinomie qui nous rappelle que l’usage de la
fonction de la pulsion n’a pour nous d’autre portée que de mettre en question ce qu’il en est de la
satisfaction. » Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, 1973, p. 151.
{30}
Cette différence a été mise en exergue par Jacques-Alain MILLER. Cf. son texte « On
Perversion » dans Reading Seminars I and II, New York, State University of New York Press,
1996, p. 313.
{31}
C’est ainsi que LACAN définit la paradoxe de la sublimation : « ...la pulsion peut trouver
son but ailleurs que dans ce qui est son but, sans qu’il s’agisse là de la substitution signifiante qui
constitue la structure surdéterminée, l’ambiguïté, la double causalité, de ce que l’on appelle le
compromis symptomatique. » L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 132.
{32}
Ibid., p. 191. Dans ce complément au chapitre XII (« Une curiosité de la sublimation »),
LACAN cite aussi un exemple de sublimation qui ne s’exerce pas dans le sens du sublime et dont
l’objet reste crûment sexuel. L’exemple est d’autant plus intéressant qu’il appartient au corpus de
la poésie courtoise. Voici un fragment de ce poème :
-« Puisque seigneur Raimon – uni à seigneur Truc Malec – défend dame Ena et ses -
ordres, je serai d’abord vieux et blanchi avant de consentir à des requêtes pareilles, d’où il
pourrait résulter une si grande inconvenance. Car, pour « emboucher cette trompette », il lui
serait besoin d’un bec avec lequel il tirerait du « tuyau » les grains. Et puis, il pourrait bien sortir
de là aveugle, car la fumée est forte qui se dégage de ces replis.
-Il lui serait bien besoin d’avoir un bec et que ce bec fût long et aigu, car la trompette est
rugueuse, laide et poilue, et nul jour elle ne se trouve sèche et le marécage est profond au-
dedans : c’est pourquoi fermente en haut la poix qui sans cesse d’elle-même s’en échappe,
dégorgée. Et il ne convient pas qu’il soit jamais un favori celui qui met sa bouche au tuyau.
-Il y aura bien assez d’autres épreuves, de plus belles et qui vaudront davantage, et si
seigneur Bernard s’est soustrait à celle-là, par le Christ, il n’a pas un instant agi en lâche pour
avoir été pris de peur et d’effroi. Car si le filet d’eau était venu d’en haut sur lui, il lui aurait
échaudé entièrement le cou et la joue, et il ne convient pas ensuite qu’une dame baise celui qui
aurait corné dans une trompette puante.
Etc… »
{33}
Gilles DELEUZE, L’image-mouvement, Les éditions de minuit, 1983, p. 234.
{34}
J. LACAN, L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 155-6.
{35}
Ibid., p. 182.
{36}
-« La dialectique transcendantale se contentera donc de découvrir l’apparence… ; mais
que cette apparence se dissipe aussi et cesse d’être une apparence, c’est ce que la dialectique ne
pourra jamais obtenir. » E. KANT, Critique de la raison pure, PUF, 1990, p. 253.
{37}
A. BADIOU, « La scène du Deux », dans De l’amour, Flammarion, 1999, p.179.
{38}
Cette dimension du montage est aussi ce qui fait de l’amour une pulsion.
{39}
J. LACAN, L’Angoisse, séminaire inédit, leçon du 13 Mars 1963.
{40}
Cf. ibid.
{41}
J. LACAN, L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 129.
{42}
-« Comme le souligne admirablement cette sorte de kantien qu’était Sade, on ne peut
jouir que d’une partie du corps de l’Autre, pour la simple raison qu’on n’a jamais vu un corps
s’enrouler complètement, jusqu’à l’inclure et le phagocyter, autour du corps de l’Autre. C’est
pour ça qu’on est réduit simplement à une petite étreinte, comme ça, à prendre un avant-bras ou
n’importe quoi d’autre – ouille ! » J. LACAN, Encore, Seuil, 1975, p. 26.
{43}
Les numéros des pages se réfèrent à l’édition Gallimard, 1972.
{44}
Mladen DOLAR, « La femme-machine » in : Lacan and Love (New Formations nº 23),
Londres, 1994, p. 47.
{45}
-« Ah ! croyez-moi, Vicomte, quand une femme frappe dans le cœur d’une autre, elle
manque rarement de trouver l’endroit sensible, et la blessure est incurable. Tandis que je frappais
celle-ci, ou plutôt que je dirigeais vos coups, je n’ai pas oublié que cette femme était ma rivale,
que vous l’aviez un momemt trouvée préférable à moi, et qu’enfin, vous m’aviez placée au-
dessous d’elle. » (l. 145, p. 412)
{46}
J. LACAN, L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 370.
{47}
Ibid.
{48}
Il s’agit de cet épisode au cours duquel Valmont (qui sait que la présidente le fait
surveiller) s’en va dans le village voisin et, là, sauve “généreusement” une famille de la saisie.
{49}
J. LACAN, Écrits, Seuil, 1966, p. 825.
{50}
Nous prenons comme point de départ la version de Molière.
{51}
S. KIERKEGAARD, Ou bien… ou bien., Gallimard, 1995 <1943>, p. 78-79.
{52}
-« La pulsion atteint sa satisfaction sans atteindre son but. […] Si la pulsion peut être
satisfaite sans avoir atteint ce qui […] serait la satisfaction à sa fin de reproduction, c’est que son
but n’est point autre chose que ce retour en circuit. » J. LACAN, Les Quatre Concepts
fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, 1973, p. 163.
{53}
Ibid., p. 153.
{54}
Camille DUMOULIÉ, Dom Juan ou l’héroïsme du désir, PUF, 1993, p. 106.
{55}
Mille e tre, le célèbre chiffre de Don Juan, ne prend donc en compte que ses conquêtes en
Espagne. Si nous totalisons l’ensemble de la liste, nous arrivons à 2065. En examinant le bilan de
chacun des pays et leur somme, nous voyons – c’est ce qu’a déjà fait observer Kierkegaard – que
les chiffres, bizarrement, ne sont pas arrondis, “pas entiers”, qu’ils sont incomplets (231, 91,
1003, 2065). On pourrait relier l’effet de tels chiffres à ce que Lacan désigne par son célèbre pas-
toute. À ce sujet, il est intéressant et drôle que le seul pays dans lequel Don Juan réussisse à
atteindre un chiffre rond (100) soit la France. Ainsi, la France sort-elle de façon tout à fait
manifeste du cadre du véritable esprit donjuanesque, et il a fallu attendre Lacan pour dissiper
l’illusion qu’en France “le rapport sexuel existe” mieux qu’ailleurs.
{56}
M. DOLAR, « Lord and Bondsman on the Couch » in The American Journal of Semiotics,
nº 2-3 1992, p. 74. Dolar souligne que « la lutte ne peut se terminer que par l’abandon, à un point
déterminé, de l’un et de l’autre – avec la prise de conscience qu’il ne s’agit pas seulement de la
vie et de la mort réelles, mais d’une reconnaissance symbolique. Le valet consent à la mort
symbolique pour se conserver la vie réelle, le maître, à la victoire symbolique au lieu d’anéantir
réellement son adversaire ». L’un des traits déterminants de Dom Juan réside justement en cela
qu’il fait fi de la reconnaissance et est prêt à aller jusqu’au bout dans la lutte pour la vie et la
mort. Il rend ainsi impossible le déroulement habituel et l’issue de la dialectique du maître et du
valet.
{57}
S. KIERKEGAARD, Ou bien… ou bien, op. cit., p. 81
{58}
Cf. Jean ROUSSET, Le mythe de Don Juan, Armand Colin, 1976, p. 109-113.
{59}
Ce point a déjà été souligné par KIERKEGAARD : Dans une femme, « ce n’est pas
l’exceptionnel qui fait l’objet du désir de don Juan, […] c’est ce qu’elle possède en commun
avec toutes les femmes ». (Ou bien… ou bien, op. cit., p. 77) Ou encore : « Toutes les différences
particulières s’évanouissent devant ce qui est l’essentiel : être femme. » (Ibid., p. 79)
{60}
J. LACAN, Le Transfert, op. cit., p. 354.
{61}
Cf. G.W.F. HEGEL, Vorlesungen über die Ästhetik III, Werke in 20. Bd., Frankfurt,
Surkamp, Bd. 15, p. 546.
{62}
J. LACAN, « Hamlet », in : Ornicar ? 1981, nº. 24, p. 15.
{63}
Cf. Ibid., p. 16.
{64}
Œdipe roi, in : Sophocle, Théâtre complet, trad. Pignarre, Flammarion, 1964, p. 137.
{65}
-« C’est entre les deux que se joue pour Œdipe le règne absolu de son désir, ce qui est
suffisamment souligné par le fait qu’on nous le montre irréductible jusqu’au terme, exigeant tout,
n’ayant renoncé à rien, absolument irréconcilié. » L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 357-
358.
{66}
J. LACAN, Le Transfert, op. cit., p. 354.
{67}
Cf. : « Et nous en sommes purgés par l’intermédiaire d’une image entre autres. C’est bien
là que nous devons nous poser la question. Qu’est-ce qui fait le pouvoir dissipant de cette image
centrale, par rapport à toutes les autres, qui semblent tout d’un coup se rabattre sur elle, et
s’évanouir ? […] C’est dans la traversée de cette zone que le rayon du désir se réfléchit et se
rétracte à la fois, aboutissant à nous donner de cet effet si singulier, le plus profond, qui est l’effet
du beau sur le désir. » L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 291.
{68}
Jean-Pierre VERNANT, « Ébauches de la volonté dans la tragédie grecque », in J.-P.
VERNANT et Pierre VIDAL-NAQUET, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Librairie François
Maspero, 1972, p. 64.
{69}
Ibid., p. 64.
{70}
Ici, il peut être intéressant de rappeler que l’histoire d’Œdipe a été justement souvent
placée dans le genre whodunit. Certains vont encore plus loin et voient dans Œdipe roi le
prototype du roman noir. Ainsi, on a vu paraître Œdipe roi en « série noire » chez Gallimard («
traduit du mythe » par Didier Lamaison). Ce qui rapproche l’histoire d’Œdipe de l’“univers
noir”, c’est bien évidemment le fait que le héros – le “détective” – se trouve à son insu mêlé aux
crimes sur lesquels il enquête. On pourrait dire en outre que l’histoire d’Œdipe se situe au plus
près de la « nouvelle vague » du film noir – c’est-à-dire de films comme Angel Heart et Blade
Runner (la version du réalisateur) où il se révèle à la fin que le héros est lui-même le criminel
qu’il recherche.
{71}
J. LACAN, Le Transfert, op. cit., p. 380.
{72}
Cf. Jean-Joseph GOUX, Œdipe philosophe, Aubier, 1990, p. 24-25.
{73}
S. ZIZEK, Essai sur Schelling. Le reste qui n’éclôt jamais, L’Harmattan, 1996, pp. 201-
202.
{74}
Cf. : « Si Œdipe est un homme complet, si Œdipe n’a pas de complexe d’Œdipe, c’est
que, dans son histoire, il n’y a pas de père du tout. celui qui lui a servi de père, c’est son père
adoptif. Et nous en sommes tous là, mes bons amis, parce qu’après tout, pater is est quem justae
nuptiae demonstrant, ce qui revient à dire que le père est celui qui nous a reconnu. » L’Éthique
de la psychanalyse, op. cit., p. 356.
{75}
S. ZIZEK, Essai sur Schelling, op. cit., p. 201.
{76}
J. P. VERNANT, « Ambiguïté et renversement. Sur la structure énigmatique d’Œdipe
roi », in J. P. Vernant, P. Vidal-Naquet, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, op. cit., p. 127.
{77}
J. LACAN, L’Envers de la psychanalyse, Seuil, 1991, p. 54.
{78}
Ibid., p. 57.
{79}
Ibid., p. 39.
{80}
J. LACAN, D’un discours qui ne serait pas du semblant (séminaire inédit), cours du 13
janvier 1971.
{81}
L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 329.
{82}
G.W.F. HEGEL, La Phénoménologie de l’esprit, Aubier, 1991, p. 480-481 <687>.
{83}
Ibid., p. 319 <411>.
{84}
C’est seulement à partir de ce moment que commence la dimension éthique. À la fin
d’Œdipe roi, Œdipe assume une attitude éthique qui gouvernera son “comportement” dans Œdipe
à Colone.
{85}
J. LACAN, Télévision, Seuil, 1974, p. 28.
{86}
S. ZIZEK, Essai sur Schelling, op. cit., p. 198.
{87}
G.W.F. HEGEL, La Phénoménologie de l’esprit, op. cit., p. 319 <412>.
{88}
J. LACAN, Le Transfert, p. 355.
{89}
Formule de J.-A. MILLER.
{90}
J. LACAN, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 193.
{91}
Ibid., op. cit., p. 200.
{92}
A. BADIOU, Les Citrouilles, Arles, Actes Sud, 1996.
{93}
S. FREUD, Malaise dans la civilisation, op. cit., p. 62-3.
{94}
Ibid., p. 63.
{95}
A. BADIOU, L’Éthique, op. cit., p. 24.
{96}
J. LACAN, L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 220.
{97}
Cf. : « La vérité est que, sur le terrain d’une pensée a-religieuse, et réellement
contemporaine des vérités de ce temps, toute la prédication éthique sur l’autre et sa
« reconnaissance » doit être purement et simplement abandonnée. Car la vraie question,
extraordinairement difficile, est bien plutôt celle de la reconnaissance du Même.» A. BADIOU,
L’Éthique, op. cit., p. 25.
{98}
Cf. : « Ce corps dont il s’agit, il s’agit de nous apercevoir qu’il ne nous est pas donné de
façon pure et simple dans notre miroir, que, même dans cette expérience du miroir, un moment
peut arriver où cette image, cette image spéculaire que nous croyons tenir se modifie ; ce que
nous avons en face de nous, qui est notre stature, qui est notre visage, qui est notre paire d’yeux,
laisse surgir la dimension de notre propre regard, la valeur de l’image commence alors de
changer, surtout s’il y a un moment où ce regard qui apparaît dans le miroir, commence à ne plus
nous regarder nous-mêmes, initium, aura, aurore d’un sentiment d’étrangeté qui est la porte
ouverte sur l’angoisse. » J. LACAN, L’Angoisse (séminaire inédit), cours du 9 janvier 1963.
{99}
-« On trouve ici des remarques de Freud qui sont très justes. […] Toute la conception
aristotélicienne des biens est là vivante dans cet homme vraiment homme, et qui nous dit les
choses les plus sensibles et les plus sensées sur ce qui vaut la peine que nous partagions avec lui
ce bien qu’est notre amour. Mais ce qu’il élude, c’est peut-être que c’est justement à prendre
cette voie que nous manquons l’accès à la jouissance. » L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p.
219
{100}
Le Transfert, p. 354. (Nous soulignons.)
{101}
Ibid., p. 363.
{102}
Philippe JULIEN, L’Étrange jouissance du prochain, Paris, Seuil, 1995, p. 138-9.
{103}
Cf. : « Versagung implique le défaut à la promesse, et le défaut à une promesse pour
quoi déjà tout a été renoncé, c’est là la valeur exemplaire du personnage et du drame de Sygne.
Ce à quoi il lui est demandé de renoncer, c’est ce dans quoi elle a engagé toutes ses forces, à quoi
elle a lié toute sa vie, et qui était déjà marqué du signe du sacrifice. Cette dimension au second
degré, au plus profond du refus par l’opération du verbe, peut être ouverte à une réalisation
abyssale. Voilà ce qui est posé à l’origine de la tragédie claudélienne, et nous ne pouvons y rester
indifférents, ni le considérer simplement comme l’extrême, l’excessif, le paradoxe, d’une sorte
de folie religieuse, puisque, bien au contraire, comme je vais vous le montrer, c’est là justement
où nous sommes placés, nous, hommes de notre temps, dans la mesure même où cette folie
religieuse nous fait défaut. » J. LACAN, Le Transfert, op. cit., p. 353,
{104}
J. LACAN, L’Angoisse, (séminaire inédit), cours du 3 juillet 1963.
{105}
S. ZIZEK, Essai sur Schelling, op. cit., p. 159.
{106}
Cf. par exemple : « La substitution de l’image de la femme au signe de la croix
chrétienne, ne vous semble-t-il pas qu’elle est là non seulement désignée, mais expressément
située dans le texte ? L’image du crucifix est à l’horizon depuis le début de la pièce […], mais
encore, n’êtes-vous pas frappés de ceci ? – la coïncidence de ce thème, en tant que proprement
héroïque, avec ce qui est ici nommément – et sans qu’il y ait un autre fil, un autre point de
repère, qui nous permette de transfixer toute l’intrigue, le scénario – le thème du dépassement, de
la trouée faite au-delà de toute valeur de la foi. » Le Transfert, op. cit., p. 326.
{107}
L’Éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 305.
{108}
-« ... Sygne nous est présentée comme agitée d’un tic du visage, signant ainsi en quelque
sorte le destin du beau. C’est ce qui nous montre que se trouve ici dépassé ce terme que je vous
désignais l’année dernière comme respecté par Sade lui-même – la beauté insensible aux
outrages. » J. LACAN, Le Transfert, op. cit, p. 324.
{109}
S. ZIZEK, Essai sur Schelling, op. cit., p. 159.
{110}
La figure typique de l’autorité publique est aujourd’hui la figure d’un “chef” qui admet
ouvertement son incapacité à décider seul quoi que ce soit : il se réfère aux “experts” ou bien au
sondages.