Vous êtes sur la page 1sur 283

Jean-Pierre Laurant

le sens caché dans Taeuvre de


RENÉ GUÉNON
LE SENS CA.CHÉ
SELON
RENÉ GUÉNON
Dans la même collection ·

Antoine Fabre d'Olivet, La langue hébraïque restituée.


Antoine Fabre d'Olivet, Les vers dorés de Pythagore.
Antoine Fabre d'Olivet, La Musique.
Antoine Fabre d'Olivet, La Vraie Maçonnerie et la céleste culwre.
humain,
Antoine Fabre d'Olivet, Histoire philosophique du genre
2 volumes.
Bernard Gorceix : J.G. Gichtel, théosophe d'Amsterdam.
JEAN-PIERRE LAURANT

LE SENS CACHÉ
SELON
RENÉ GUÉNON

L'AGE D'HOMME
à Yves Le Moyne

(C) Copyright 1975 by Editions l'Age <l'Homme,


10, Métropole, Lausanne, Suisse
Il

Nous remercions toutes les personnes qui ont bien voulu nous
aider par des témoignages, des renseignements ou des documents ·
particulièrement : '

Messieurs : René Allar, N. Barn.mate, Luc Benoist, Jean Bruno,


Madame Louis Caudron,
Messieurs Chodkieviecz, Rama Coomaraswa.my, Collin,
Monsieur et Madame François Denis,
François Eygun,
Monsieur et Madame Olivier de Fremond,
Madame J ourdheuil,
Messieurs Fernando G. Galvao, Docteur Katz,
Marius Lepage,
Monsieur Jacques Masui,
Georges Michelson,
Docteur J. Mamet,
Madame Ohresser,
Messieurs Marco Pallis, Guy de Pouvourville, André Préau, Jean
Rey or, Madame Sauvage, Frithjof Schuon, Jean Tourniac.
TABLE des ABREVIATIONS UTILISEES

AEC : Aperçus sur l'Esotérisme chrétien.


AI : Aperçus sur l'Initiation.
ABIT : Aperçus sur !'Esotérisme ish1mique et le Taoïsme.
ASPT : Autorité spirituelle et Pouvoir temporel.
CM : La Crise du Monde moderne.
ED : !'Esotérisme de Dante.
EFMC : Etudes sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage.
EH : Etudes sur !'Hindouisme.
EME : Les Etats multiples de l'Etre.
ES : L'Erreur spirite.
ET : Etudes traditionnelles.
F AM : la France Anti-rnaçonnique.
FTCC : Formes traditionnelles çt cycles cosmiques.
GLBI : Grand Lodge Bulletin of Iowa.
GT : la Grande Triade.
H.B. of L.: Hermetic Brotherhood of Luxor.
HDV : l'Homme et son Devenir selon •le Védânta.
HPB : Helena P. Blavatsky.
IGEDH : Introduction générale à l'Etude des Doctrines hindoues.
IRS : Initiation et Réalisation spirituelle.
0 et 0 : Orient et Occident.
PCI : les Principes du Calcul infinitésimal.
RI : Le Rayonnement intellectuel
RISS : la Revue internationale des Sociétés secrètes.
RM : Le Roi du Monde.
RQST : Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps.
RR : Revue des Revues.
SC : le Symbolisme de la Croix.
SFSS : Symboles fondamentaux de la Science sacrée.
ST : Société Théosophique.
VI : le Voile d'Isis.
Lorsque le projet d'écrire saisit le jeune Guénon 1·1 t .
' "'t d 1 , en repnt un
roman dont le h eros ~n que e, e a connaissance absolue, était invi-
té,. par un. instructeur
. . mconnu a fermer tous les livres qw· 1w· sera1en
· t
desorma1s mutiles.
L'œuvre entière n~ démentit pas cette première affirmation d'une
vérité cachée au-dela du domame de l'écrit et des sciences fondées
sur la raison et au-delà des mystiques religieuses.
Le savoir vrai est ésotérique (1) et universel, dérobé par nature
aux vaines tentatives des systèmes philosophiques. Il assure à son
terme, la Délivrance totale de l'homme régénéré, par identité au
Principe Suprême.
« Fermer » a dit le « Maître Inconnu » et non jeter comme le
N athanaêl de Gide ; pour Guénon, le livre nourrit et prépare, il est
le coussin sur lequel Bouddha est assis en méditation.
En ces temps d'obscuration spirituelle, l'homme occidental y trou-
ve des traces, des débris des anciennes sciences traditionnelles per-
dues. Guénon identifie Esotérisme et Tradition : point sensible de
sa démarche qui permet d'articuler intuition spirituelle et monde
des formes. L'authenticité traditionnelle du matériau de connaissan-
ce est garantie par l'intuition dont elle est d'aiIJeurs un symbole ici-
bas, ou tout au moins un signe. La légitimité de leur correspon-
dance se reconnaît dans l'aptitude à transformer la vie.
La vie n'explique pas l'œuvre et la critique de la documentation
ne peut rendre compte de l'intuition spirituelle ; en fait, toute mise
en rapport horizontale, terme à te~me, trahit. ra1~t~ur. Sa démarche
symbolique sui~ un rythme ternatre (2) : mtmt10n, matériau de
connaissance, vie.
Cependant cette . aff~rmation va, contre l'im~ge que Guénon a
vou1u donner de lm-meme, en presentant sa vie comme une mis-
sion <l'enquête confiée par des Maîtres orientaux pour mesurer les
possibilités de restaurati?n da~s ~n monde ~cidental dévié et con-
damné. Son œuvre devient ams1 « express10n totale de vérité »,

9
fixée depuis les premiers textes en 1909 jusqu'en 19 50. L~s _chan-
gements d'orientation dans la vie se seraient réduits à des. mc1~ien~
tactiques sans répercussion sur la pensée. Une informat~on 1!1de-
pendante de la formation. Dans l'ambiance « 1900 » de rat1onal1smc
triomphant, il redoutait les objections logiques et une critique de
ses sources qui auraient pu discréditer la doctrine. La crainte de
voir mêler sa personne et son caractère à la métaphysique l'ont con-
duit à des séparations radicales et à une présentation hiératique
qui tend à emporter la conviction par la démonstration.
Il a bien fait, son œuvre est scandaleuse et son agressivité a ef-
fectivement provoqué des réactions nécessaires : les sciences hu-
maines l'ont repoussé d'emblée en la personne du Professeur Syl-
vain Lévi qui refusa : l'introduction générale à ['étude des doctrines
hindoues comme thèse de Doctorat d'Etat. Une autre forme d'éro-
sion logique consiste à affirmer que Je contact avec la Tradition
Primordiale lui confère l'infaillibilité et que son argumentation ne
peut pas ne pas être exacte puisqu'il suit la Voie droite.
C'est dans un autre type de rapport de l'argument et des buts
de la démonstration que l'homme cherche à se retrouver auJour-
~'hui, à s'ajouter lui-même à sa pensée. Mais s'il est déraciné spi-
ntue11e1!1:~t son acquis est consi?érable et ne peut être ni~. Guénon
en a hente : ses sources appartiennent au monde occultiste de ses
yingt_ an,s et les grands, thèmes de sa recherche sont profondéme~t
imb~q~es dans les preocc1:p~tions de son temps : Spengler ava;t
tente des 1918 dans : le Declm de l'Occident de définir une préde-
termination de l'histoire et affirmé l'impersonnalité de la pensée.
Dans.1~ .mê?1e temps, Valéry lançait sa phrase fameuse sur la mort
des c1vi11sattons et annonçait que l'idole de la malédiction du pro-
grès aUait se substituer à l'idole du progrès. Le désir de réconcilier
science et religion en un savoir total qui tourmentait dé.i à les pre-
miers socialistes comme Esquires ou Enfantin (3) et inspirait Edou-
ard Schuré et Saint-Yves d'Aiveydre s'est fondu chez Guénon en un
besoin de culture vécue, ni intellectuelle ni abstraite.
Paul Chacornac son éditeur lui a consacré une biographie : la
vie simple de René Guénon (4) ; simple dans sa recherche ~'unité,
peut-être, e11e fut surtout heurtée, laborieuse, difficile. ~;1:non a
été rejeté officiellement parce qu'inassimilable par une soc1e_t~ pour-
tant expérimentée dans ce domaine. Son appel à la Trad1t1on est
véritablement subversif dans la mesure où il est vraisemblable, oû
il offre une image du monde dans laquelle nous sommes tentés de
nous reconnaître.
Une analyse de ]a vie et une étude critique des textes de l'auteur
sont indispensables à l'approche du centre de la pensée guéno-

10
nienne : la connaissance ésotérique. Faute de quoi l'homme et sa
vie sont idéalisés, l'œuvre devien.t « Corpus » de connaissances, pa-
rodiant les sciences. Et nous qm croyons en lui allons comme des
ânes chargés de reliques. '

(1) Un Ex:otérismc traditionnel lui est subordonné.


(2) G. :Michelson utilisait à cc propos l'expression de : trialectique.
(3) Le mot «ésotérisme> apparaît au début du XIX 0 siècle.
(4) Editions Traditionnelles, Paris 1958.

11
Chapitre I

LA VIGUEUR DES PREMIERES CONVICTIONS

« La personnalité de René Guénon nous importe peut-être en-


core moins qu'à lui »... (il s'agit d'Henri de Guillebert des Essarts,
rédacteur à la Revue Internationale des Sociétés secrètes de Mgr
Jouin avec qui il entretint une longue polémique) ... « Attendu que
les personnalités ou plutôt les individualités ne comptent pas dans
l'ordre de choses dont nous nous occupons ; et puis, après tout, est-
il même bien sûr qu'il y ait actuellement par le monde quelqu'un
qui porte ce nom ? ». On ne peut pousser plus loin la volonté d'ef-
facer tout trait de caractère, de nier l'influence de sa famille, son
enfance, son école. Paul Chacornac, en écho à cette attitude, justi-
fia dans son avant-propos l'idée d'un travail qui pouvait surprendre
ses lecteurs fidèles et tous ceux qui l'avaient personnellement con-
nu : « Mais nous ne pouvons rien contre le fait que le monde où
nous vivons s'intéresse souvent davantage aux individualités qu'aux
œuvres .... « Il reprenait ensuite les affirmations de Guénon sur lui-
même : « Expliquer une œuvre littéraire, et même philosophique,
par un tempérament et un caractère peut, sans doute, se justifier
parfois. Ce serait dérisoire ici, devant une œuvre aussi désindivi-
dualisée que celle de Guénon, devant un homme qui se défendait
d'avoir une pensée personnelle et qui n'a jamais revendiqué d'au-
tre mérite que celui d'être le porte-parole effacé et consciencieux
d'une tradition immémoriale qui transcende toute pensée et tous
sentiments humains. » (1) Cette déclaration de principe a conduit
Chacornac à vouloir démontrer l'absence de toute prédétermination
de l'enfant et de l'adolescent avant sa rencontre avec la Tradition
orale. Parti-pris qui a rendu nécessaire des omissions dans les sour-

13
ces mêmes qu'il a citées. Et pourtant, les témoi!fllages sur cette. pre-
mière période sont rares. Il n'a utilisé que faiblement les art1cl~s
de M. J. Mamet, ancien condisciple de Guénon au lycée Augustm
Thierry de Blois (2) et n'a pas cherché à connaître les œuvres de
son professeur de Philosophie Albert Leclère pas plus que cc1lcs
du Chanoine Gombault, ami de sa famille. L'un et l'autre eurent
pourtant beaucoup d'influence sur lui. Un cahier de poèmes et ~n
roman inachevé, que Chacornac ne connut sans doute pas, fourms-
sent une base incomplète pour une étude psychologique mais pré-
cieuse !11al~é tout pour la découverte des grands traits du ca_ract~­
re et directions de pensée. Comme le fil de trame dans la tap1ssene
cache entièrement le fil de chaîne la dissimulation des pentes na-
t~relles du caractère ne les empêche pas d'être le tissu au n~em~
' A

titre que le fil apparent produit de l'activité consciente. La m1~e a


nu d'un seul morceau de chaîne renseigne sur la nature de; he,,i:s
et l'enfant qui grandit sur les bords de la Loire nous parait deJà
engagé dans une direction spirituelle précise qui l'a mené jusq~'c,,n
Islam ; détours lointains, qui de proche en proche, à travers .d1ffe-
rents cercles de « moi », conduisent au centre. La tapisserie ~st
tombée maintenant ; la Parque en tranchant le fil nous a :évelé
dans la multitude des formes tissées à l'envers l'unité du projet et,
du meme
" '
coup, livré les matériaux à l'analyse.
Issu d'un Jean Guénon, vigneron, né en 1741 à Saumur, peut-on
trouver plus angev~ que René Jean-Marie, Joseph, né le 15 No-
v~mbre 1886 à Blois, rue Croix-Boissée? Son oncle ayant gardé 1a
vigne, Jean-Baptiste, son père, devint architecte (3) et épousa en
1882, en seconde noces à cinquante-deux ans Anna Léontine Jolly.
Le couple fut t~ès touché par la mort d'une Petite fille de trois ~ns
peu ,ava?t la na~ssance de René. (4) L'enfant, de santé très fragil~,
fut eleve à partir de sept ans quai du Foix dans une grande mai-
so~ précédée d'un jardin donnant sur la Loire. Très ento1:1ré I!ar sa
mere, son père devenu architecte-expert d'une compag_me. d ass~­
~a~ces et sa tante, Madame Duru, institutrice libre qm lm appnt
a lire et à écrire.

C'~st un garço~ gr~nd et mince qui fit sa première comm!-1,,nion


en J um 1897 en l Eglise Saint Nicolas et entra à douze ans à 1 ec?le
Notre~Dame ~es Aydes dirigée par le Chanoine Orain. Il y travailla
fort. bien, tou1ours un peu « couvé », dans une ambiance très ca-
thohqu~. J. Mornet a raconté l'incident qui le fit retirer en sccon-
d.e. de 1 Ecole et mettre au Lycée. Une place de second en compo-
s1t1?n française ,au lieu de la première habituelle, provoqu~ une
plai~te de son pere au professeur qui lui fit lire alors la me1!leure
copie et classa René Guénon dernier. Le père vexé mit son fils au

14
Collège Augustin Thierry. Le Chanoine Orain reçut quelques jours
plus tard la lettre suivante :
« Je crois devoir vous informer qu'hier soir pendant plus d'une
heure et jusque dans les rues, Monsieur S. (professeur), a fait à
mon fils une scène qui l'a rendu malade et en rentrant, René a été
. '
obligé de se mettre au lit avec une forte fièvre. Nous craignons des
complications et nous sommes inquiets. » Le commentaire de J.
Mamet est dépourvu d'aménité : « le père de notre philosophe pa-
ra!t lui avoir légu.é ~n~ hé:édité dont n'étaient pas exclues une cer-
taine forme de d1gmte tatillonne et de susceptibilité orgueilleuse ...
Au lycée tout le i:ior:de. s'accordait à le trouver impressionnable et
nerveux ... A la f01s t1m1de et orgueilleux avec une main déformée
(5) il ne devait pas réaliser le type habitu'el du gigolo et, sans doute:
le regrettait. ... Une lettre que nous avons sous les yeux est assez
curieuse à cet égard et ne manque pas d'être instructive ... Une cou-
sine l'ayant invité à être garçon d'honneur au mariage de sa fille
lui écrivait : - Je suis contente que tu acceptes et je crois que la
jeune fille qui sera demoiselle d'honneur avec toi ne sera pas aussi
mal partagée que tu veux bien le dire, car je ne me suis jamais aper-
çue que tu étais gauche et je crois que tous les gens de la noce
seront de mon avis ... J'aurais préféré que tu fus premier garçon
d'honneur, mais c'est l'usage que le premier garçon d'honneur soit
le plus proche parent du marié ; tu vois bien qu'il m'est impossible ~e
faire mieux ... » En Rhétorique un professeur l'accusait déjà de partir
pour des « rivages lointains ». Il suivait cependant suffisamment
pour être considéré comme un excellent élève tant en lettres qu'en
sciences malgré les nombreuses absences occasionnées par une san-
té toujours précaire. Très travailleur il fut présenté au Concours
général. Il obtint son Baccalauréat première partie le 2 août 1902 ;
un télégramme (posté à Paris) avertit Madame Duru du succès

HOROSCOPE par André HEYBERGER


(Voir la dernière illustration dans le cahier iconographique
avant la page 129.)
L'AS en Gémaux et l'extension de la 1° Maison sur les douze
premiers degrés du Cancer font de l'intéressé un « Nerveux » de Le
Senne (EnAP) . En effet, la nervosité et la sensiblité sont les élé-
ments essentiels de ce caractère.
La présen~ d'U~~nus ~~ ,Bal.an~e e~ car.ré à l~ ~~me ajou~e .à
cette nervosite de 1mstab1hte, ams1 qu une unpuls1v1te et une irn-
tabilité qui peuvent aller jusqu'à la violence et produire de soudai-
nes ruptures.
Il est heureux que Saturne, bien qu'en exil, vienne apporter par
son trigone au Soleil un peu de pondération à ce tempérament

15
« soupe au lait ». Il semble, d'ailleurs, que l'influence calmante de
Saturne soit constituée par un puissant apport intellectuel. En ef-
fet, Saturne, qui symbolise les études profondes et prolongée~. est
ici en carré à Jupiter qui, lui, représente les idées philosophiques
·et religieuses. Or, Jupiter est en liaison sextile avec Mars sur la
pointe du Capricorne, apportant une activité intense dans le domai-
ne intellectuel. Il en résulte qu'on peut voir en Saturne un correc-
tif d'ordre intellectuel à la nervosité native.
Il faut encore considérer que Saturne est en trigone au Soleil, et
que, de ce fait, le Soleil confère à l'intéressé une grande puissance
d'entendement et une autorité reconnue dans les sciences dans les-
quelles il s'est spécialisé. Le carré du Soleil sur le Milieu du Ciel
annonce une bonne notoriété dans les milieux scientifiques, car la
pointe de la Maison X (celle de la carrière, de la réussite) est en
Verseau, c. à d. sous l'influence de Saturne (études approfondies et
de longue haleine) et d'Uranus (anticonformisme). Et si l'on obser-
ve le c~rré de Neptune au MC et l'opposition du même Neptune
au. Soleil, .on comprendra que cette notoriété repose sur des études
philosophiques, religieuses, mystiques, ésotériques ...
On ne saurait omettre le sextile d'Uranus à Mercure en Sagittai-
re, c: à d. sous l'influx religieux de Jupiter, et indiquant une pro-
pension à traiter de problèmes inédits et à les résoudre d'une fa-
çon nouvelle et originale.
Le Soleil en Scorpion confère à l'intéressé de la violence, de la
c?mbativité, de l'agressivité ; mais, puisque cela se situe en Maison
V 1,. c~lle du travail 9uotidien, celle qui révèle l'homme dans ~es ca-
pacites ~e lutte ; puisque cette Maison s'étend ici sur deux s1gnes :
le Sco~1on. (combativité) et le Sagittaire (le signe des philosoph~s,
des theolog1e~s, des r:iétaphysiciens), il est permis de limiter la vio-
lence combative de l'mtéressé à la défense de ses idées.
Sur ~e. plan ~du, caractère, il Jui suffit que Je carré d'Uranus. à. l_a
Lune I ait dote dune grande irritabilité doublée d'une suscepttb1lt-
té exacerbée. Cet intellectuel nerveux devait manquer de sérénité
et d'aménité.
Il semble probable que la présence de Vénus en Scorpion devait
lui valoir une assez forte sensualité et une propension à m~ amour
passionné et jaloux. II est vrai que, là aus.si, l'influence de l'mt~llec­
tualité et du mysticisme pouvait constituer un correctif appréciable.
L'influence de Neptune est très forte dans ce thème : semi-sexti-
le à l'AS, sextile à Saturne, carré au MC, opposition au Soleil. Or,
Neptune est ici en Maison XII. Quand on se rappelle que ce sec-
teur est celui du mysticisme, des pratiques occulte~, .on adn!et f~ci­
lement que l'influence de Neptune, planète du mysttc1sme, ait onen-

16
té _le natif vers l'étude des religions, vers l'ésotérisme, vers tout ce
qm concerne les mystères de l'au-delà. La présence de Pluton dans
le même secteur, à 8 degrés de Neptune, et dans le signe de Mer-
cure, ne peut que corroborer ce diagnostic. Une telle situation de
Neptune,. :n 0
XII Maison, en signe négatif, nocturne, réceptif, et
en oppos1t1on au Soleil, semble favorable aux qualités de medium.
La situation de Mercure en Maison VI annonce une activité in-
teIIcctuelie intense ; et, comme il se trouve en Sacrittaire le but de
ces ét~des serait I:s c~mnaissances religieuses (influ~nce d~ Jupiter) ;
et, pmsque le. ~ag1tta1re est le signe des voyages lointains, il semble
que cette pos1t10n de Mercure annonce la possibilité de grands voya-
ges en vue de se procurer des éléments de travaux sur la philoso-
phie, le mysticisme, les religions. L'opposition de Mercure dans ce
signe à I' AS en Gémeaux (signe de Mercure) permet d'inférer que
la personnalité intellectuelle de l'intéressé était absolument axée sur
ces travaux, sur ces éudes, sur ces recherches. Et le trigone de l'AS
au MC paraît indiquer que sa notoriété et sa réussite dans les
sciences en question était en parfait accord avec les tendances es-
sentielles de sa personnalité.
Mais ce qui paraît certain parce que révélé par la configuration
la plus parlante du thème, c'est l'existence d'une puissante et sou:
veraine intuition : la Lune en 1° Maison et en Cancer en carre
d'Uranus en Balance, et en semi-carré à Neptune en sont des indi-
ces indubitables.
Il y a dans cette carte du ciel une autre constellation très signifi-
cative, très riche d'enseignements et qui semble en résumer tous
les éléments. Quand on considère l'AS situé en Gémeaux, on est
édifié sur le degré d'intelligence en général ; et, si l'on observe l'?P-
position de Mercure, situé en Sagittaire (le signe des études philo-
sophiques et religieuses) on en inférera que cette intellige~ce présen-
tait des aptitudes spéciales pour la métaphysique. Cela dit, que l'on
considère que l' AS est flanqué de 4 planètes, 2 au-dessus de l'hori-
zon (Neptune et Pluton), et 2 au-dessous (la Lune et Saturne), dans
une position à peu près symétrique à l'égard de l'AS (la Lune est à
18 ° de l' AS ; Pluton à 20° ; Neptune à 20°, et Saturne également à
20° de l' AS) .
Or Ja Lune, c'est la sensibilité, le rêve, l'imagination ; Pluton,
Mars' transcendant, a des affinités avec Saturne et Uranus. Si l'on se
rappelle ce qui a été dit plus haut de l'influence de ces trois planè-
tes considérées isolément, on admettra que Pluton révèle, à lui
seul tout un côté de la personnalité de l'intéressé ; Saturne repré-
sent~ la profondeur du travail intellectuel ; et Neptune cette intui-
tion souveraine qui est la plus grande révélation de ce thème. Que

17
l'on examine maintenant les aspects reçus par ces planètes. et l'on
ne sera pas éloigné de percevoir la vibration animant tout un ~n­
semble qui rend compte d'un être à l'inte~ligen~e p~nétrante et_ m-
tuitive ; d'un nerveux (pour ne pas dire nevrose), d un combat.If et
d'un rêveur.
André HEYBERGER.

« Reçu 113 points. René ». Le second Baccalauréat en Philosophie


le 15 Juillet 1903 : « Reçu avec mention. Baisers. René ». En
1904, il passa avec succès le Baccalauréat Mathématiques élémen-
taires et put partir à Paris préparer les grandes écoles en « taupe »
au Collège Rollin.
Le professeur de Philosophie Albert Leclère, surnommé « l'ex:
cellent '> par les potaches nous dit J. Mornet, et qui fut nomme
fannée suivante à l'Université de Fribourg, semble avoir profondé-
ment marqué le jeune Guénon. « Quelle part eut-il dans (sa) f~x­
mation ? » Chacornac n'a pas tenté de répondre à l'interrogation
de Momet.
~ourtant Leclère a beaucoup publié (6) et l'on trouve dans s~s
écnts non seulement certains thèmes fondamentaux de la pensce
de Guénon mais une similitude dans la façon d'aborder les yrobl~­
mes. Dans l'Essai critique sur le droit d'affirmer Leclère apres avmr
a~~l~sé l'événement qui produit la certitude déclarait que « toute
vente est. une opinion à laquelle la certitude venait s'ajouter com-
me, un f~it à u!: autre f~it » ; la certitude tombée ainsi au pl_an des
phenomenes n echappa1t pas à la critique de Parménide niant le
~onde ?es ~hénomènes comme contradictoire. L'être en soi était
macce~s1ble a ~a pensée phénoménologique bien que celle-ci soit
contramte d:affi?Der l'être. Cette négation du monde des phénon:è-
nes comm~ 1llus~on sous-tend toute l'œuvre de Guénon : le dorname
de la .marufestat~o~ grossière qu'il s'agisse de l'individualité du c 01ys
humam ou des evenements qui ont affecté le monde n'a pas de rea-
lité propre. ~ans l'.llomme et son Devenir selon le Védânta (7).
approche metaphys1que de l'être humain il écrivait : « Tout le
reste, sans doute, est réel aussi mais seul~ment d'une façon relati-
ve, en ~aison de sa dépendance 'à l'égard du principe et en tant 9u'_il
e.n reflete que~q~e, chos~, ~omme l'image réfléchie dans un rntr<?ir
tire toute s.a reahte d~ 1objet sans lequel elle n'aurait aucune ~xis­
te~ce ; mais cette mom~re. r,éalité qui n'est que participée.' est 1llu-
s0Ir~ par r~pport à la rea!1te suprême, comme la même image est
a.u~s1 illus01.re par rapport a l'objet »... et dans le Règne de la Quan-
tzte et les Signes des Temps publié en 1945 cinq ans avant sa mort,
constatant la faillite historique de l'Occident : ... « Et c'est ainsi

18
que, si 1'0~1 veut aller j~squ'à la réalité de l'ordre le plus profond,
on peut dire en toute rigueur que « la fin d'un monde » n'est ja-
mais et ne peut jamais être autre chose que la fin d'une illusion ».
I:a coupure radicale de la science et de la métaphysique qui dérive
duectement de cette position de Leclère alimente ainsi toute sa dé-
1y1_on~tration : « _enfin, puisque, plus la science progresse plus elle
ehrnme de ses raisonnements les éléments métaphysiques, la science
elle:mêmc ne nous invite-t-elle pas à construire une métaphysique
d'au tout concept relatif au phénoménal est exclu. D'où tout con-
cept de phé-?0~1ène soit banni ? Et comme de plus en plus elle pré-
se?te ses pnn_c1pes comme ?es postulats, ceux-ci comme des hypo-
theses,, ce!1~-c1 co~nme de s1~1p1es moyens de se représenter claire-
ment 1 umte du divers donne, elle proclame en somme que la véri-
table certitude, celle qui accompagnerait la pensée de la véritable
réalité doit être cherchée en dehors de son domaine : si donc la
métaphysique veut vivre, il faut qu'elle se constitue en s'opposant
à la science qui ne veut pas d'elle, qui entend se suffire sans cepen-
dant nous suffire et qui protesterait contre toute tentative pour la
faire servir de base à une métaphysique ... ». Postulat sur lequel est
fondée la première partie de l'œuvre de Guénon ; ce sont les limita-
tions et les contradictions inhérentes au système de pensée occi-
dental qui ont rendu nécessaire à ses yeux l'appel à l'Orient. Cette
influence est très sensible dans la partie critique de ses ouvrages,
notamment : l'introduction générale à l'étude des doctrines hindoues
(1921), Orient et Occident (1923) et plus particulièrement au cha-
pitre VII de la Crise du Monde moderne : « une civilisation maté-
rielle ». Il reprend les mêmes arguments et les mêmes références
que Leclère : Berkeley, Stuart-Mill (8) , Bergson et Kant.
Deux points sont particulièrement intéressants : l'importance ac-
cordée au Non-Etre et les rapports de Ja connaissance et du mon-
de matériel à travers le Nombre. Pour Guénon ce qui distingue la
pensée traditionnelle des systèmes philosophiques c'est le passage
au-delà de !'Etre : « Si l'on définit !'Etre au sens universel, comme
le principe de I~ man~festation, et en même temps .c~1~1~11e compr~­
nant, par lui-meme, 1 en.semble ~e tout~s les po~s1?1!1tes _de ~~am­
festation, nous devons dire que 1 Etre n est pas mfm1, pmsqu Il ne
coïncide pas avec la Possibilité totale ; ... En dehors de l'Etrc, il y
a donc toute le reste, c'est-à-dire toutes les possibilités de non-ma-
nifestation, avec les possibilités de manifestation elles-mêmes en tant
qu'elles sont à l'état non-manife~té ,; et l'Et~e lui-?1ême s.'Y trouve
inclus, car, ne pouvant appartemr a la mamfestatlon, pmsqu'il en
est le principe, il est lui-même non-manifesté. Pour désigner ce qui
est ainsi en dehors et au-delà de I'Etre, nous sommes obligés, à dé-
faut de tout autre terme, de l'appeler le Non-Etre ... » (9) Dans le

19
passage de l'Etre au Non-Etre ou de ~'unité au ~~ro . n:étaphysiq~e
.
Guénon a vu un des fondements doctrmaux de 1 esotensme. Lecle-
re, parti de Parménide et de Zénon d'Elée affirmait déjà l'intel~igi­
bilité du Non-Etre dont la logique contient le concept tout en m~nt
son existence, mais elle provient du phénomène : le Non-Etre. r~a­
lise l'idée de fond de la conscience empirique et de toutes les 1dees
qui forment le contenu de cet Etre illusoire. La conscience voulant
s'affirmer elle-même est une réalité évanouissante.
Mais surtout Guénon a lié, comme Leclère, le développement des
rapports de la connaissance et du monde matériel à ceux du nom-
bre et de la quantité à mesurer. Les Mathématiques dit Le~Iè~,
n'ont pour objet que le phénomène rapporté obligatoirement a 1 e-
ten?ue et au temps (il critiquait d'ailleurs à cette occasion Bcrgs~n) '
d'ou la contradiction du contenu et du discontinu, et si l'on envisa-
ge le P}iénomène sous l'angle de la qualité il faut que l'être du n?rn-
bre pre:ède celui de l'espace et du temps. Au chapitre : « Ja Sc:e 1~­
c; de l'm~l » (10) il montrait que le nombre n'avait pas d_e _reali-
te, _la ~atière étant divisible à l'infini, il n'y avait pas d'inf ~mment
petit reel : « Sortira-t-on d'embarras en déclarant symboltque I_e
calcul infinitésimal ? ». Participant donc du continu et du disconti-
nu toute grandeur est non-limite : 1 = 1 1 1 ; il pre-
- +- + -
2 4 8
nait ensuite l'exemple du passage à la limite du polygone régulier et
d? cer~le .et terminait par l'argument de la flèche de Zénon d'Elée
mant I existence du mouvement.
Ces développements ont marqué profondément Guénon et restè-
r;. nt présents dans sa pensée. On les retrouve comme sujets mis _à
l e~ude des membres d'un Ordre du Temple éphémère qu'il devait
creer. en 1908 dans son enthousiasme de jeune occultiste : 9è suj~t).
la sm,te d~s nombres, les nombres négatifs, 17è) Infini et « _In~ 1 1? 1
n!3:themat1que », 45è) Indéfini et Infini, Principes du Calcul mfm1-
tes1mal, _l~ ~etour aux principes. Ils furent repris dans la !-evue ~a
Gno~e dmgee de 1910 à 1912 par !'Evêque Palingénius allas Gue-
non · « Remarques sur la production des nombres » (11) et « Re-
n:i~r9ues sur la notation .mathématique ». C'est une forrnulat_ion dé-
fi?J~Ive et nouvell~ du vieu~ matériau fourni par Leclère. qm a ser-
vi a l~.. constru~tion des six premiers chapitres du Règne de la
Qu_antz~ et les Szgn~s des Temps : 1) Qualité et Quantité, 2) l\tfa-
ten~ S1gnata Quanhtate, 3) Mesure et Manifestation, 4) Quantité
spatiale et espa_ce . qual!!ié,. ~) les déterminations qualitatives n ?
Temps, 6) le pnnc1pe d md1viduation. Il en est de même des Prm-
cipes du Calcul Infinitésimal (12) notamment les chapitres : 1) In-

20
fini et Indéfini, 4) la mesure du continu, 6) des fictions bien fon-
dées à propos de la « réalité » des quantités infinitésimales 23) les
arguments de Zénon d'Elée. '
, Peu de temps après que Je _jeune Guénon eut été son élève, Le-
clere publi,a e~ _,1906 : le Mysticisme catholique et l'âme de Dante,
ouvrage "tres d1feren"t certes de l'~sotérisn._ze de Dante mais qui éveil-
la peut-etre son g.out pour le su3et. Leclere y parlait du mysticisme
sur un .ton « sent1me!1tal », de la nature non déductive du langage
du Chnst, des occultistes et de l~urs .considérations métaphysiques
troubles et des rapprochements a faire entre les reliCTions athées
comme le Bouddhisme et le Confucianisme avec la r;liofon 0
posi-
tiviste d'Auguste Comte.
Tout ce que publia Leclère ensuite ne semble guère l'avoir in-
fluencé, il a surtout assimilé l'enseignement oral de son maître. II
suivit en effet deux ans ses cours, en Philosophie et en Mathéma-
tiques élémentaires : « avec un zèle d'autant plus méritoire qu'il est
désintéressé ». (13)
L' Abbé Gombault, Docteur en Philosophie, lui donna, aux di-
res de Noëlle-Maurice-Denis-Boulet, (14) ses préjugés contre le Tho-
misme et le refus de voir dans le mysticisme autre chose qu'un état
passif. Réaction intellectuelle, sans doute, à la sentimentalité sulpi-
cie1me de l'époque que l'Abbé incarna pour lui dans ses premières
années : cette religion « pour les femmes » qui agaçait tant Clau-
del. Sans doute, l'acharnement qu'il mit par la suite à délimiter les
domaines séparés de l'exotérisme et de l'ésotérisme a trouvé ici
son origine. Les Dialogues plzilosophico-théologiques sur la Provi-
dence (15) , sans être une œuvre profondément originale, restitue
le climat, la mentalité de l'époque dans laquelle certaines idées de
Guénon ont pris naissance : on y trouve mêlées de nombreuses ré-
férences à Confucius, des critiques très dures contre Kant et Hegel
et des charges contre les indianistes aJiemands : « admirateurs pas-
sionnés des théologies hindoues, ils osent enseigner que le Chris-
tianisme est un produit de l'Inde, gâté sur Ja route de Palestine ... »
(16)
L'intérêt porté par l'Abbé Gombault au spiritisme est particu-
lièrement important ; /'Erreur spirite publié par Guénon en 1921
lui doit beaucoup. Dans L'A venir de l' Hypnose 1'Abbé montrait ce
qui séparait l'hypnotisme d'une science véritable. Il s'en prenait
aux interprétations des phénomènes d'hypnotisme dans les doctrines
spirites, notamment celles du Docteur Gibier, à I'antéricléricalisme
sous-jacent, au faux catholicisme de Papus et de Péladan, et niait
bien entendu la réincarnation et la possibilité de communiquer avc~
les morts. Guénon reprit les exemples que 1' Abbé avait tirés du Doc-

21
. ent la langue
teur Donald Mac-Nab (17) : esprits parlant umqu~m . s qui sont
des consultants, matérialisation de formes extraordt~~ire~s aupara-
en fait de vieux dessins vus par le médium quelqu~s J~~ns le mê-
vant etc ... Il développa également son argumentation trôle riaou-
me ~ens : pseudo-science qui s'évanouit dès que l'on con . ritualisme
reusement les conditions de l'argumentation, ~aux .s~i inquié-
marquant un anticléricalisme assez grossier, enfl~ or{, ~~bé écri-
1

tante des phénomènes dont la réalité paraît ce1:tame. 1 n nous,


vait p. 304 : «La réalité des phénomènes spirites est, seh~vant de
indéniable, c'est le démon parmi nous ... C'est Sata?, ac otisme. »
se dépouiller de l'anonymat qu:il garde encore d~ns 1 Hyf ~anisme »
Le chapitre X de l'Erreur spirite : « La questi?n du a ve P· 628
répond exactement aux préoccupations de l' Abbe. On trou rage cou-
de l'imagination et des Phénomènes préternaturels (ouv nclusion
ronné par l'Institut catholique de Paris en 1889) , cette t~rornpeur
qui pourrait être de Guénon lui-même : « Sous l _aspec... e du ma-
de tendances spiritualistes, c'est un animisme gross~er, frer du 111 até-
térialisme. 11 Guénon accusa les occultistes de ne faire que
rialisme transposé. il que
1 subt e
L'action du mal, pour Gombault, était d'autant P us. t en 1896
son intimité avec le bien semblait plus étroite. Il entreti~ s appari-
avec G. Mery (18) une longue controverse à propo~ e y avait
tions, de Tilly-sur-Seules. Après avoir rappelé que. yintr~~ec d'au-
fonde s?n couvent satanique, comparant ces appantion,s,. .t bien la
tres Epiphanies de Marie, il affirmait cependant que c etai 1 et aux
.
V1erge · à Louise Polinière et M ane
qm· se montrait · '"'artc
ivJ. " itation
enfants ~e l'école religieuse ; Elle venait à la suite d'une r,.~c 5 opé-
du Rosaire et de l'invocation du Nom de Marie. Les enqu~t ctives.
rées prouvaient qu'il ne s'agissait pas d'hallucinations co. es phé-
Cependant, l' Abbé interprétait comme démoniaque~ _cert~!~n inoi-
nomènes parallèles : l'annonce de souffrances et la vision
ne sans tête déambulant sur les lieux de l'apparition. . ..
rein1eres
C'~s~ dans ce domaine, à coup sûr, que 1~ vig~eur. desnfïe par la
conv1ct1ons .a ~té la pl~s forte et ne s'e.st 1amais derne conscients
suite. Aussi bien au mveau de la doctrine : les a~ents robscur-
de la contre-initiation mènent le monde sur les v01es de f 1 guetté
cissement intellectuel, que de la vie où il s'est toujours sen 5 d'or-
et menacé par les forces du Mal, mais il disposait des rnoyei~e~ vigi-
dre spirituel, de confondre le Malin, sous réserve de res
lant. D'où sa tension intérieure permanente. ..
. . de poemes,
Deux cahiers, non datés, l'un contenant une d1za1,ne Monde,
l'autre trois chapitres d'un roman : la Frontière de l Autred'adoles-
témoignent de la profondeur de cette influence. Œuvre

22
c_~nce, l'écriture1 quoique très. re~on~aissable, n'était pas encore en-
tierement,, for~ee. (19) Une md1cation permet de suggérer comme
date de redaction 1905 ou 1906 : le héros, il ressemble comme un
frère a;i jeun~ René, se déc~dait: cc à aborder promptement l'étu-
de de l occultisme... » Ce qm correspondrait effectivement à l'aban-
don de ses études, fi~ 1?~5 et à son inscription à l'Ecole Herméti-
que _de P~pus. ~ avait ete, en effet, un élève médiocre au Collège
Rollm, lom du mve::iu du c~:mcours ~'après ses. professeurs, (20) sauf
en lettres et en ph1losoph1e, domame où il retourna quand il re-
vint à l'Université peu avant la guerre.
Quoiqu'il en soit les préoccupations du jeune homme étaient alors
nettement orientées : voici les titres de ses poèmes : 1) Je V aisseau
fantôme, 2) la Maison hantée, 3) Baal Zeboub, 4) la grande Om-
bre noire, 5) la haute Chasse, 6) Litanies du Dieu noir, 7) Samaêl
(il apparaît avec son sceptre de fer : « la Mort est mon domaine,
8) les Aspects de Satan, 9) Satan-Panthée (ad majorem Diaboli
Gloriam). Dans « la grande Ombre noire », un possédé n'était
délivré ni par un prêtre ou un docteur mais par un sorcier ;
les « Litanies du Dieu noir » unissaient les noms anciens d'une
même fonction : le Démiurge, « Nahash », « Adam Bélial »,
« Baal-Zéboub », cc Arès », « Moloch », « Tiphon », cc Pa!1 »,
« Asmodée » « Ariel », «Mammon », « Belphégor », «Mendes »,
« Behemoth '», « Adramelech », « Baphomet ». Il l'apostrophait
ainsi : cc Pourquoi renverses-tu le signe de l'ésotérisme, o Bapho-
met ? » ...
Pourquoi t'efforces-tu d'empêcher nos prières de parvenir jus-
qu'à Dieu, o Gardien du Seuil ? »
Dans « Satan Panthée », le sens des invocations est plus précis
encore :
« Lumière descendue du céleste séjour,
Unique créateur du monde où ~ous ;ïv~ms, .,
C'est vers Toi que s'en vont auJourd hm les pneres ...
Ici l'on ne connaît plus d'autre Dieu que Toi,
Funeste Démiurge, esJ?rit de division~ .
Etoile gui tomba du ciel c01;ii:n~ ~m eclair,
Raison qui t'opposas à la Div1mte D.
Le roman un peu plus tardif, car on y voit cités des passages de
ses poèmes 'c21) contient des dév~loppemen,ts plus explicite.s sur
ses premières tendances : au chapitre I « 1 Emgme du Sphmx »
(22), le jeune héros trouvait à son ~e.tour de promenade dans les
rues de Paris, un mot parvenu mysteneusement sur son bureau et
l'interrogeant sur les b~ts de }'hom~1e. P}u_s tard, une voix ,l'inter-
pellait : « le Sphinx ta pose la tnple emgme ... Sache quelle se

23
teur Donald Mac-Nab (17) : esprits parlant uniquement la I~ngue
des consultants, matérialisation de formes extraordinaires qm sont.
en fait de vieux dessins vus par le médium quelques jours aupar~­
vant,etc ... Il développa également son argumentation dans le. me-
me sens : pseudo-science qui s'évanouit dès que l'on contrôle n~ou­
reusement les conditions de l'argumentation, faux spirit~ahsi::e
marquant un anticléricalisme assez grossier, enfin origine 1?q,.m:-
tante des phénomènes dont la réalité paraît certaine. L' Abbe ecn-
vait p. 304 : « La réalité des phénomènes spirites est, selon no~,
indéniable, c'est le démon parmi nous ... C'est Satan, achc":ant e
se dépouiller de l'anonymat qu:il garde encore dans l'Hypnoti~me. »
Le chapitre X de l'Erreur spirite : « La question du Satamsm~2 ~
répond exactement aux préoccupations de l' Abbé. On trouve P·
de l'imagination et des Phénomènes préternaturels (ouvrage c?u-
ronné par l'Institut catholique de Paris en 1889) cette conclusion
qui pourrait être de Guénon lui-même : « Sous l'aspect trompeur
de tendances spiritualistes, c'est un animisme grossier, frère du m~­
térialisme. » Guénon accusa les occultistes de ne faire que du mate-
rialisme transposé.
L'.ac!io? ..du mal, p~ur Gombault, était d'autant plus. subtile189
qu~
son mtim1te avec le bien semblait plus étroite. Il entretint en .
avec G. Mery (18) une longue controverse à propos des appar:-
tions, de Tilly-sur-Seules. Après avoir rappelé que Vintras Y a;ait
fonde s?n co?vent satanique, comparant ces apparitions avec .d au-
tr~s Epip~ames de Marie, il affirmait cependant que c'était bien la
Vierge qm se montrait à Louise Polinière et Marie Martel et ~ux
enfants ~e l'école religieuse ; Elle venait à la suite d'une récitatio;i
d? Rosaire ~t de l'invocation du Nom de Marie. Les enquêtes ?pe-
rees prouvai~nt q~'i! ne s'~gissait pas d'hallucinations co~Iccttve~~
Cep~ndant, 1Abbe mterpretait comme démoniaques certains ph~
nomenes paral~èles : l'annonce de souffrances et la vision d'un 11101-
ne sans tete deambulant sur les lieux de l'apparition.
C'est dans ce domaine, à coup sûr que la vigueur des premières
convictions a été Ja plus forte et n; s'est jamais démentie p~r la
suite. Aussi ?i~~ ~u niveau de la doctrine : les a~ents co,nsc1ent:
de la contre-m1tiat1on mènent le monde sur les v 01es de 1 obscur,
cissement, intellectuel, que de la vie où il s'est toujours senti gu~tte
et men~~e par les forces du Mal, mais il disposait des moyens, d .01:-
dre spmtuel, de confondre le Malin sous réserve de rester v1gi-
fant. D'où sa tension intérieure perm~nente.
Deux cahiers, non datés, l'un contenant une dizaine de poèmes,
l'autre trois chapitres d'un roman : la Frontière de l' Autre Monde,
témoignent de la profondeur de cette influence. Œuvre d'adoles-

22
cence, l'écriture, quoique très reconnaissable n'était pas encore en-
tièrement,. for~ée. (19) Une indication,pe~et de suggérer comme
date de redaction 1905 ou 1906 : le heros, il ressemble comme un
frère a"? jeun~ René, se déc~dait: «à aborder promptement l'étu-
de de 1 occultisme... » Ce qm correspondrait effectivement à l'aban-
don de ses études, fin 1905 et à son inscription à l'Ecole Herméti-
que de Papus. Il avait été, en effet, un élève médiocre au Collège
Rollin, loin du nive~u du c~:mcours ~'après ses. professeurs, (20) sauf
en lettres et en ph1losoph1e, domame où il retourna quand il re-
vint à l'Université peu avant la guerre.
Quoiqu'il en soit les préoccupations du jeune homme étaient alors
nettement orientées : voici les titres de ses poèmes : 1} le y aisseau
fantôme, 2) la Maison hantée, 3) Baal Zeboub, 4) la grande Om-
bre noire, 5) la haute Chasse, 6) Litanies du Dieu noir, 7) Samaêl
(il apparaît avec son sceptre de fer : « la Mort est mon domaine,
8) les Aspects de Satan, 9) Satan-Panthée (ad majorem Diaboli
Gloriam). Dans « la grande Ombre noire », un possédé n'était
délivré ni par un prêtre ou un docteur mais par un sorcier ;
les « Litanies du Dieu noir » unissaient les noms anciens d'une
même fonction : le Démiurge, « Nabash », « Adam Bélial ~,
cc Baal-Zéboub » cc Arès », « Moloch », « Tipbon », « Pan »,
« Asmodée » « Àriel » « Mammon », « Belphégor », « Mendès »,
« Behemoth '», « Adr~melech », « Baphomet ». Il l'apostrophait
ainsi : cc Pourquoi renverses-tu le signe de l'ésotérisme, o Bapho-
met ? » ...
Pourquoi t'efforces-tu d'empêcher nos prières de parvenir jus-
qu'à Dieu, o Gardien du Seuil ? »
Dans « Satan Panthée », le sens des invocations est plus précis
encore :
« Lumière descendue du céleste séjour,
Unique créateur du monde où ~10us ,viv~:ms, .,
C'est vers Toi que s'en vont auJourd hm les pneres ...
Ici l'on ne connaît plus d'autre Dieu que Toi,
Funeste Démiurge, esJ?rit de division~ .
Etoile qui tomba du ciel co1;1i:i~ un eclatr,
Raison qui t'opposas à la D1v1mté ».
Le roman un peu plus tardif, car on y voit cités des passages de
ses poèmes 'c21) contient des dév~loppeme~ts plus explicite.s sur
ses premières te~dances : ~u ,chapitre 1 « 1 Emgme du Sphmx »
(22), le jeune heros trouvait a son !e.tour de promenade dans les
rues de Paris, un mot parvenu mysteneusement sur son bureau et
l'interrogeant sur les buts de l'homme. Plus tard, une voix l'inter-
pellait : « le Sphinx t'a posé la triple énigme ... Sache qu'elle se

23
. t contenue
résoud en quatre ... Toute science divine et. bum:ln~b ef >). Les
dans l'ineffable tétragramme, clé de la sainte . a a e ... rappro-
diverses co~~unications .c~mportaient ~es i:iaximes, ~e~ota, Ta-
chements pmses dans la litterature occultiste .a la mo1de ·0 n y trou-
ro, Asthor, Thora, « lgne natura renovatur integra · » U a pro-
vait aussi des références à la science des Nombres : « nbres >)···
duit deux, deux a produit trois, trois a produit tous _les norn .15 quel
«L'homme est trois: esprit, âme, corps (23) et Je cornP: >> n
lien unissait l'énigme du Sphinx et le mystère de la Crol~·ors le
fenna alors ses livres, cherchant en lui-même et non au de ~nt de
principe de toute connaissance, contrairement à ce que pens
faux savants. . e par 1a
Le premier chapitre du cahier s'achève page seiz osae-Cru-
reconnaissance de ce nouveau frère: u Ave Frater R 1 adepte
cis. »Le chapitre II s'intitule : « l'Adversaire >>· Le nouvc. A.dam
faisait une seconde rencontre, celle d'un homme cha~ant · se pré-
Astor. qui l'amena!t à une séance d'inv~cation.;. des. dem_on~ seriez-
senta1ent, renvoyes par les prêtres qut la <lingeaient · \ . te ! »
vous ?Pirite ? " interrogeait le jeune homme, «.non, occuhu~e que
Ils lui expliquaient ensuite qu'il ne venait jamais ~utre ~do rnastor
des démons. Par la suite au cours d'une discussion, a étaient
déclarait raisonner comm'e Descartes car les philosophes Luci-
les meilleurs auxiliaires du démon. Il révélait finalement : <<
fer est supérieur à Adonaï qui s'est manifesté ». ait notre
La rencontre suivante, celle du Roi des Bohémiens ernmen .. une
héros, après une longue marche nocturne jusqu'à leur carnP· a et
·m1't'iat'10n en f orme de travaux maçonniques avec une 0 uverture
• ait
une fermeture. En présence de Belphégor lui-même, il dcvhen et
· R C · · gauc e
P r!nce ose- .ro1x, en s'appuyant sur le Mal par « la voie ·
grace à la puissance noire »
. , . · . . . . « \es âmes
Que1ques cons1derations de (( doctrine » su1va1cnt · .. tout
1
doivent retourner vers le Zéro absolu (et non l'un~té) ... ?~bsolu
rentrera dans l'Absolu, ,puisque tout en est sorti. et , pom-
c'est le Néant ! » Les mêmes thèmes sont dévelopP~ x en
peusement au chapitre IV : << Etes-vous maintenant eufaces
un, bin~ire équilibré en la duelle harmonie, Die~,~ deux samaêi
Janus B1frons? »... Au terme de cette initiation luc1fenenne, t
apparaissait, portant le sceptre de fer du domaine de la rnor · · ·
· là , d' ff eux cauche-
« Cette nmt , mon sommeil fut agite par a r , et la
mars : il me semblait être assailli par des bandes de dernons , duit
vision de Samaêl m'obsédait sans cesse ... >> Le chapitre V se rc
à son titre : « le pouvoir occulte. ~
Ce ne sont pas là de simples prédispositions. Si l'on applique

24
à la vie d~ René Guénon la définition qu'il a donnée lui-même de
la procession du temps : un cycle non fermé, une hélice, dont cha-
qu~ phase est en c~xrespondance analogique avec celle du « pas »
pr.océdent : les annees d enfance et d'adolescence constituent un pre-
1mer cercle où tout est déjà en place.
Le choix opéré parmi les idées de Leclère est déjà significatif :
dan~ l'~~re ou sur la nature vraie. du Nombre c'est la rupture entre
la reahte et les mode.s de ~onna1ssance qui l'intéresse. De même,
en renvoyant la marufestat10n au domaine de l'illusion la vanité
des ~cie?ces analyti9ues p~raît évidente, simple exercic~ pratique,
appbcat10n de la metaphys1que. pure pour qui Je champ de l'Esoté-
nsme demeure seul ouvert. L'importance accordée au Mal entraî-
na la d~scente ~~nti~ue de la manifestation et, en conséquence, la
concept1011 de 1 h1storre comme « une vallée des ossements » selon
l'expression de Hegel ; la Vérité ne pouvait plus être maintenue et
transmise que « de l'intérieur » par des initiés conscients. On voit
se dessiner déjà la conception guénonienne de la Tradition préser-
vée dans l' Agartha, centre du monde et dont les connaissances sont
transmises oralement. Le mélange réel du Bien et du Mal, source
de suspicions à l'égard du sentiment et de la religion le porta à ac-
centuer les différences plus que les liens entre !'Esotérisme et l'Exo-
térisme : différences de nature et non pas de degré, ce qui devait
être une cause constante de difficultés, visible dans les mises au
point successives qu'il fit jusqu'à sa mort.
Ajoutons que Leclère et Gombault lui ont fourni une documen-
tation importante qu'il réutilisa tout le temps.
Cependant la réduction à des motifs psychologiqu~s o:i 1'.appel
au subconscient ne peuvent pas rendre compte de 1 asp!fat10n à
l'Absolu sensible dès l'adolescence. Le but est implicite, il n'est
pas une 'réponse à un appel intérieur comme celui qu'entendit Saint
Augustin avant sa conversion, mais l'intuition d'un sens. René Gué-
non sorti de l'enfance, était déjà ce que Louis-Claude de Saint Mar-
tin ~ appelé : « l'homme de désir ».

(1) Op. cité, pp. 10 et 11.


(2) .J. Mornet : «Henri Guénon (sic) à Blois~. in : Bulletin Amical .-Je
('Association des Anciens Elèves des Collèges et Lycée Augustin Thierry
de Blois, p. 2 (1954).
(3) II signait d'ailleurs : Jean-Baptiste Guénon architecte, mais n'ap-
partenait pas vraiment à la bourgeoisie de la ville.
(4) A la suite de ce décès, le couple aurait pratiqué le spiritisme.

25
(5) Personne parmi ceux qui l'ont connu n'a pu confirm~r cette parti-
cularité. Il semble cependant qu'il ait souffert toute sa vie de rhuma-
tismes.
(6) Essai critique sur le droit d'affirmer (1901).
Pragmatisme, modernisme, protestantisme (1909).
Le Mysticisme catholique et l'âme de Dante (Bloud, 1906).
La Philosophie grecque avant Socrate (1908).
De Facultate verum assequendi secundum Balmesium.
La Morale rationnelle dans ses rapports avec la Philosophie (1909).
La Morale de demain et la Science (1913).
Die Heligions Philosophie (pays de langue française après 18:>0)
(Mittler... ).
(7) Paru en 1925, p. 41 in édition 1941. Editions Traditionnelles Paris.
(8) Il soulignait notamment le caractère instable et contradictoire de
la notion de phénomène chez eux.
(9) Etats multiples de l' Etre, p. 31, 32 (éd. 194 7).
(10) Essai critique ..• op. cité, p. 30 à 80.
(11) La Gnose, mai et juin 1910.
(12) Paris, NRF 1946.
{13) Appréciation d'Albert Leclère sur son carnet scolaire citée par
J. Mornet.
, (14) Il rencontra la fille du peintre c: Nabi ~ :Ma uricc Denis à la
s,orbon?e, condisciple en Philosophie. Une longue amitié intellectuelle
sen suivit.
<1 5>. Ah~é L. Gombault (prêtre du diocèse de Blois) : Les Apparitions
de Tilly/S.e~lle, élude scientifique et théologique (Blois, 18BG). Autour
de.s appantlOns ..• Les Visions de ['Ecole de Tilly. Héponsc à G Mcry ...
Reponse .au rapport de l'Abbé Brettes (1897). L'Avenir de l'llypnose (Paris
1894
). Dwlogues ..• (Paris, 1895). L'imagination et les phénomènes préter-
naturels (Paris 1899).
h (lG)L'an!i~émitismc était fort répandu dans les milieux occultistes,
c cz Matg101, en particulier.
(17) Le Dr Mac-Nab écrivit dans l'. ë. t. d p
(18) G. ~léry, directeur de . L;Echznz dia ion c ·11apuxs. d T'll
d t d
pen an, ~ nombreuses années.
· o u merve1 eu. , parla c l Y
9
0 ) Cahiers d'écolier tenus par une cordelette rouge tressée., . ,
Chacornac attribue à sa sant e· t OUJours
. d ·r· · te l'irrcgularite
des(20)résultats. c 1c1cn
21
< > Guénon réu!ilisa ses écrits toute sa vie, on voit qu'il avait
contracté celte habitude très t •t
( ) . devait signer tous se~ articles de la France Anti-moçonnique:
22 11 0

c le Sphmx >.
(2~). Cette division ternaire est une constante dans les conceptions des
ésoter1 stes.

26
Chapitre II

SEPT ANS D'OCCULTISME

René Guénon a réalisé entre 1905 et 1912 le modèle imaginaire


de son roman, se livrant à l'étude de l'occultisme, fréquentant les
hommes, les livres et les sociétés plus ou moins secrètes. Le pro-
verbe trouve sa pleine justification : « il n'arrive pas à l'homme
ce qu'il mérite mais ce qui lui ressemble. » Cette étape de fixation,
semblable au « Coagula » des Alchimistes, a touché également la
vie et la mise en place des connaissances.
Il rencontra le ou les Maîtres orientaux que son livre annonçait
au Frère de la Rose-Croix, et engrangea une masse impressionnan-
te de documentation (1) : l'origine en est livresque le plus souvent
et facile à identifier dans les grands courants de pensée de son
temps. La mentalité des occultistes dans les années 1900 a marqué
d'autant plus profondément le jeune Guénon que les idées dans
l'air répondaient exactement à J'attente de cet étudiant solitaire qui
loua un petit appartement au 51 rue Saint Louis en I'Ile pour fuir
I'aoitation du Quartier latin (2) ; c'est avec la vigueur de la jeunes-
seque Guénon a suivi les exagérations de son temps docile aux
pentes de son caractère.
Au moment où va commencer le second cercle de sa vie, la per-
sonnalité haute en couleur de Papus partageait avec la Société
Théosophique la direction du mouvement occultiste.
Le « Théosophisme » pratiquait l'histoire comparée des religions
dont toutes les formes, couronnées par un savoir réservé, étaient in-
telligibles aux initiés ; les oppositions apparentes s'évanouissaient
au niveau d'un Bouddhisme et d'un Christianisme ésotériques. An-

27
nie Besant qui avait succédé à H.P. Blavatsky à l_a ~ê!e de 1a S~­
ciété avait accentué son caractère oriental et ant1cl encal aux de-
pens de la tendance du Christianisme ésotérique de Lady Caithness,
duchesse de Pomar chez qui fut créée, ou plutôt recréée, au cours
d'une séance ·spirite, rEglise gnostique de Jules Doinel, investi du
Patriarcat par les « Saints Eons ». Les prêtres réformateurs com-
me 1' Abbé J .A. Petit ou le pittoresque Abbé Rocca, disciple de
Saint-Yves d' Alveydre, fréquentaient son salon.
A côté d'études d'un syncrétisme approximatif, Ja Société Théo-·
sophique publiia de nombreux textes traditionnels des J ndcs dont
Guénon eut connaissance à travers leurs traductions (3) . Leurs exa-
gérations mêmes : « lettres précipitées » par les Mahatmas d~s
centres cachés du Tibet n'entamèrent pas les convictions de ~ue­
non sur l'existence d'un centre et de Maîtres : les Théosoph1stes
(~omme Guénon les appelait) avaient simplement défiguré unç vé-
nté traditionnelle.
L'éclectisme des livres de Papus, teinté d'ésotérisme « chr~sti­
que ~' procéd_ait des mêmes principes. Tous deux ambit~o:ina1ent
un role de direction spirituelle, voire une influence politique et
leurs ouvrages se présentaient comme des manuels pratiques pour
la formation accélérée de disciples - combattants. Il faut chercher
plus loin l'origine des idées qu'ils exposaient et un livre comme
les Grands, Initi~s d'Edouard Schuré, paru en 1889 constitue un
excell~~t repertorre des préoccupations et des idées courantes dans
ces milieux; so~ succès qui ne se démentit pas de longtemps, (e?
19
25 on en était à fa quatre-vingt dixième édition) illustre la vi-
gueur de ce courant. Guénon y a puisé après les occultistes, avant
d'être pillé lui-même.
~rtaines « idées-force » débordaient d'ailleurs largement de ces
milieux. Lorsque Schuré rapprochait Rama-Krishna-Hermès-Py-
thagore-Moïse-Orphée-Platon et Jésus sous le qualificatif c_om!11un
de :< Grands Initiés », il répondait à la même tendance qm tn~m­
phait aux Expositions universelles dans les chefs-dœuvres de « 1 art
~omposite » réunissant les symboles de toutes les grandes civili_s~­
t1ons. Dans cette recherche d'un fond commun à toute l'humamte,
Schuré pouvait unir les consciences en écrivant : « Qu la Vérité
est à jamais inaccessible à l'homme, ou elle a été possédée dans une
large mesure par les plus grands sages et les premiers initiate1!r~ de
la terre. Elle. se trouve.. donc au fond de toutes les grandes re1Ig10n::;
et _da~s les livres sa~res de tous les peuples. Seulement, il faut sa-
vorr 1~ ~rouver et 1en dégager » et plus loin : « toutes les gran-
des r~l~gio?S ont u_ne histoire extérieure et une histoire intérieu~.
Par 1h1storre extérieure j'entends les dogmes et les mythes ense1-
28
gnés publiquement... Par l'histoire intérieure, j'entends Ia science
profonde!, la d,o~tri~e sec~è~e, l'action occulte des grands initiés ...
La prem1ere_, I histoire offic1elle se passe au grand jour ; elle n'en
est pas moms obscure, embrouillée, contradictoire. La seconde
que j~apr_el~e. la ,tra?iti"on ésotérique ou la tradition des mystères
est tres difficile a dcmeler. Car elle se passe dans le fond des tem-
ples? dan_s le~., confréries secrètes... il faut Ia deviner... » Eliphas
~~v1 av~1~ de3a exp.osé dans la Clef des grands Mystères (4) des
1dees v01smes. L'act10? des grands inüiés du passé préfigurait pour
eux, comme pour G_uenon, la rencontre de ceux du présent. Schuré
reconnut tout de smte en Rudolf Steiner un de ces Maîtres cachés
du monde, et ?ela d~ pr~micr coup d'œil, sur le palier de son appar-
tement. Le theme n etait pas nouveau, Le Forestier ou Alice Joly
ont montré l'importance au XVIIIè siècle de la rencontre d'un
agent ou « Supérieur inconnu » (5), pour le Baron de Hundt, créa-
teur du régime maçonnique de la « Stricte Observance tcmplière :s.
ou pour Jean-Baptiste Willermoz.
L'idée d'une unité première des connaissances et Ja méthode du
recoupement dans l'analyse des différentes formes traditionnelles,
essentielles dans la démarche guénonienne, ont été reprises du
XVIIIè siècle par l'entremise d'auteurs comme Frédéric de Rouge-
mont dont Guénon a recommandé la lecture à des amis mais qu'il
ne cita jamais en référence (6). On est frappé par la réutilisation
massive que fit toute le XIXè siècle et Guénon après lui des con-
naissances exposées dans le Peuple primitif. Rougemont analysait
le mystère des premiers siècles d'histoire humaine vulgaire et p~­
sait le problème de l'origine : la brute des forêts ou 1e peuple pn-
mitif qui savait tout ? La linguistique permet de définir les noms
du grand peuple japhétique : Indiens, Perses, Grecs, Slaves, Ger-
mains, Gaëls et Celtes. Les résultats de la linguistique sont confir-
més par l'étude comparée des religions anciennes. En 1766, l'auteur
de l' Antiquité dévoilée par ses usages, Boulanger, disait déjà :
« Dans ce chaos de traditions, on ne reconnaît pas moins qu~il n'y
a par toute la terre qu'une mythologie. » Même les peuples primi-
tifs des différents continents ont tous les mêmes symboles, les mê-
mes mythes, qui ne peuvent s'expliquer ni par les lois fondamenta-
les de l'esprit humain, ni par le hasard, ils supposent nécessaire-
ments que tous les peuples sont issus d'un berceau commun. L'étu-
de des mythes va fondre dans une histoire universelle science et
révélation.
Une communication comme celle faite en 1821 devant l'Aca-
démie des Sciences prouvant l'origine commune des constella-
tions dans les systèmes hindous et chinois était riche d'enseigne-
ments. Les combats des grands Dieux, leurs adultères sont des ima-

29
ges de faits cosmogoniques ; il faut rapprocher Merc~rc et Bouddha,
Thôt et Hermès, le cygne de Léda et l'esprit de D1e1:1 plan~nt sur
les eaux Ménès et Manu · thèmes que Guénon a repns et develop-
pés, par' exemple, dans le Roi du Monde (p. 8 et p. 9), l'Honu;n_e et
son Devenir selon le Védânta (p. 59), les Aperçus sur l' Esot~n~me
chrétien (p. 35 ). De cette communauté de mythes on pouvait tm::r
en conséquence l'idée d'un monothéisme primitif dont ils i:ersofl!11-
fiaien~ les abstractions. Les Sages de l' Antiquité qui n'ava1en~ rien
à envier à Bacon ou Descartes avaient en plus l'art de tradmre la
connaissance en vécu. Rougemont expliquait ensuite c:omme l~
sens le plus pur des symboles s'était obscurci progress1vemen,t. ·
« altération de la science poétique » vers les légendes, le polyt.hei~­
me, l'idolâtrie. La vérité était voilée mais le fil ténu qui u1?' 1 ~srut
ces fables à la réalité n'était pas rompu et l'explication des reh!p 0 °:8
païennes était encore possible en retrouvant la Tradition. <:'est-a:di-
r~ le. souvenir exact qu'un peuple a conservé d'un fait anc1~~· L ~­
terati?n s~ fait selon des schémas fixes à partir de la n;atiere pri-
mordiale merte et les mythes des différentes déesses epouses du
grand Démiurge.
. L'importance que Guénon lui a accordée depuis ses poèmes
J~sq_u'aux arti?les de la Gnose, annonçait, là aussi, la coupur~ entre
1uruvers. ~anifesté issu des limitations du Démiurge et domame du
salut religieux et le Dieu Suprême accessible par !'Esotérisme.
Rougc~ont ~erminait le livre I en affirmant que le symbol~sme
de la <;ro1x exi~tait chez les Indiens d'Amérique et que le Chnst a
ram.ene
. les Israelites à la foi d'Abraham, les païens à celle de leurs
an~tres, les uns et les autres. à celle de Melchiscdech, dernier re-
pr. entant du, 1,fonde primitif. On sait que Guénon a fait de Mel-
chisedech un element central de son Roi du Monde.
~a~s 1 ~ livre II étaient analysées les correspondances entre les
~ ge~:rations de Di~ux et les âges de l'humanité ». Parti. d~ 1:<ro-
nos he à Koro~e, 1 ann,e~u, la couronne, le cycle, il ass~m1lmt le
ten;ps à un~ suit~ de f ~nodes, plus ou moins longues qui ~e b~m­
ola1ent, et l éternité, 1 a1on grec, l'aevurn latin n'était qu un age
sans commencement ni fin : on retrouve ce passage en note dans
l'l_lomrne et son !Je.v~nfr selon le Védânta, p. l86 et dans les Prin-
cipes du Calcul mfmztesimal, p. 50.
A~rès les _D!eux doubles du type Amon-Horus, Rougemont envi-
sageai~ l~s. d1fferents typ~s de Dieux triples dont l'idée vient du peu-
ple pmruttf. Dans les triades et les Trimourtis hindoues on ne trou-
~ai! P.él;S le Verbe comme dans la Trinité chrétienne ; leur. action
~tait liee au go~vernem~nt des trois mondes et à la product10n. des
etres ; p. 173, tl donnait 1Je passage de Lao-Tseu : 1 a prodmt 2,

30
~ a produit 3 et 3 tous les êtres (la formule est devenue un véritable
li~u commun). Plus loin, p. 441, on lit : le Ciel et la Terre sont
pere et mère, avec l'homme on retrouve la triade populaire de Chi-
ne.

La documentation de la Grande Triade, chez Guénon doit beau-


co~~ ~u Peupl~ primitif, notamment les chapitres I : « 'Ternaire et
Tnmte », chapitre II ,,: « Différents genres de Ternaire », chapitre
VI~I : « Nombres c~Jestes et nombres terrestres », chapitre X :
« J Homme et les trois mondes ». Les allusions aux trois mondes
sont fort nombreuses chez Guénon ainsi dans /'Homme et son De-
venir selon le Védânta, I'Esotérisme de Dante et le Roj du Monde
(p. 42).
Le livre IV traitait du chaos, des rapports mer, mère et matière,
thème que l'on retrouve chez Guénon plusieurs fois notamment dans
« Maçons et Charpentiers » (Etudes Traditionnelles, décembre
1946 et la Grande Triade p. 18) puis de l'œuf cosmogonique
marquant le passage du chaos au monde ordonné par l'ac-
tion de Démiurge ; la légende de Castor et Pollux illustrait
ce passage, la partie supérieure de l'œuf était assimilée au
ciel et l'inférieure à 1a terre : développement souvent répété en par-
ticulier dans les passages concernant Hyranyagharba « l'embryon
d'or » dans la tradition hindoue (7). Le livre V sur la nature con-
tenait également certaines considérations communes avec Guénon,
tout d'abord l'affirmation que la séparation du profane et du sacré
était tardive et le dualisme seulement un reflet au niveau du créé.
Ensuite les thèmes symboliques de l'arbre inversé (le frêne Yqqdra-
sil} , longuement développé dans ~ l'Arbre du Monde » (8), les
chapitres IX et XXV du Symbolisme de la Croix ; des trois et neuf
cieux (chapitre III de !'Esotérisme de Dante) ; de la montagne dont
le pied est en enfer et la tête aux cieux : Ararat, Bordj du Zend
Avesta, Mérou, Ida scandinave et crétois (p. 101 et sq. du Roi du
Monde) et tous les articles relatifs aux « Symboles du Centre du
Monde » dans les Symboles fondamentaux de la Science Sacrée ;
de l'homme placé sous la voûte des cieux dans une sorte de caverne
cosmique (dans la série d'articles sur la caverne parus dans les
Etudes Traditionnelles en 1937 et 1938) ; de l'Ile blanche des Hin-
dous d'Albion et de Leuke joint à ceux d' « Ile verte » à l'Est
d'Ed~n ; d'Ogygie, île atlantique où les Druides se sont retirés et où
la fée Morgane a caché le Roi Arthur (le Roi du Monde de la p.
117 à la fin, « la Terre du Soleil » paru dans les Etudes Tradition.
nelles en janvier 1936) ; symboles de l'Amrita produit de rempla-
cement après le déluge dans le Roi du Monde ; du sanglier et du
« Var » sanskrit rapproché du boar, toujours dans ce même ouvra-

31
ge, avec Ouranos-Varuna, « le Sanglier et !'Ourse » (Etude; Trad~­
tionnelles août-septembre 1936), « Atlantide et Hyperboree (V Ol-
le d'Isis, octobre 1929) etc ...
Les références fréquentes enfin à Diodore de Sicile, Bérose, Plu-
tarque, Jamblique, constituent un fonds commun.
Le livre de Rougemont a puisé lui-même dans : les Religio_ns de
l'Antiquité de Creuzer (1825), traduit en français par Gmgnaut
(1852), les symboles étaient présentés également comme la pre-
mière forme d'expression de l'humanité notamment le symbole
zodiacal et celui des couleurs. Le christiartlsme correspondait à Ufl:e
remontée de l'ancienne signification des symboles et redonnait vi-
gueur même au paganisme.
Le chapitre 2 traitait des. religions de l'Inde, de la Trimo~irti, du
monosyllabe sacré Om et les cycles cosmiques : les quatre ages de
l'humanité étaient donnés dans l'ordre où Guénon les présenta ~i:­
suite (mais Rougemont voyait cinq âges), 12.000 années divi-
nes représentant 4.320.000 années d'hommes correspondants aux
différents avataras de Vishnou. Il exposait ensuite l'opposition" des
brahma?es et des bouddhistes et la « prétention des p;etr~s
b.ouddhistes » à créer une hiérarchie sacerdotale, une royautc spi-
rituelle alors que les Brahmanes étaient inorganisés.
Cette association du bouddhisme et du « cléricalisme » qui ca-
~actérisa ,1'~uvre de Matgioi marqua ensuite Guénon : « _ce.rt~ines
ecoles heterodoxes et notamment les bouddhistes ... » écnvait-il au
co!llTencement du chapitre XI de l'Homme et son Devenir selon le
Vedânta.
, ~e. livre II ~es Religions de la Perse invitait à chercher en I~~e
1ongme de. Mithra, notait la ressemblance avec le Christ et Osms
~ans 1 ~ naissance divine, fa descente aux enfers, ]a retraite ~ur
1Al~OfJ et, surtout affirmait l'existence à côté d'un culte popula~e
d~ahste, d une doctrine secrète non dualiste reconnaissant le pnn-
c1pe suprême. La présence de la « non-dualité », advaita, absol:ie
tra~scendance (9), qui ne correspond à aucun mot du voca,.b.ulmre
occ1dc~tal parce que ses ~cx:trines ne vont pas jusqu'à la Del!vran-
ce et s arretent au Salut, etait pour Guénon le signe de la presence
d'une doctrine ésotérique .
.Le livre III sur l'Egypte rapprochait Osiris d'lshwara et introdui-
sa:t ~galement u?~ hiérar~hie ésotérique : l) Amon, 2) Ptah: le
Demmrge, 3) Osms, le Dieu bon au niveau des cultes populaues
tandis que les Pharaons élevés au fond des temples étaient des ini-
tiés. Il insistait sur l'importance de la tradition sacerdotale à la-
quelle appartenait la légende d'Hermès-Thot que l'on peut aussi
rapprocher de Saraswati (voir « Hem1 ès » paru dans le Voile d' l s;s

32
en avril 1932). Les castes sacerdotales n'ont jamais cru à la mé-
tempsy~hose 9ui, é!ait l'apanage du fétichisme grossier des castes
po~ula;r~s. mais etaien_t en possession d'une doctrine plus élevée : la
Palrngcnc.s1e ou renaissance commune à l'Inde et à ]a Perse et
que. Pyth~gore apporta d'Egypte en Grèce. Guénon .s'éleva
tou JOurs v10lemment contre la métempsvchose et affirma notam-
m~nt qu:~lle n'ex}stait pas aux Indes, cette croyance étant le pro-
dmt de l mcomprehension des Occidentaux. II a longuement évoqué
l~ problème d~s les chapitres III, IV, V, VI, VII de /'Erreur spi-
rzte. Les cl~a~1trcs XVIII et suivants de l'Homme et son Devenir
selon le Vedanta.
Le !ivre IV co_nsacré a:ix religions de l'Asie occidentale admirait
t01.~t. d abord le fil merveilleux des connections dans le fouillis des
rehg10ns. Les rapprochements qu'il opérait devaient être largement
réutilisés : relations de.s cultes de Delphes et d'Ephèse, de Délos,
de la Crète, de Dodone et de l'Egypte, de l'Apollon crétois, de l'A-
pollon lycien et de la Lycopolis égyptienne. Importance des loups
à Délos et de leurs rapports avec les Hyperboréens. Il insistait sur
l'origine polaire du culte d'Apollon avec la légende d'Abaris, prê-
tre d'ApoJion hyperboréen qui aurait été un druide venu des Hébri-
des. Apollon est du reste un des sept Dieux de la semaine en liai-
son avec ceux des écritures runiques scandinaves, (l'écriture runi-
que est formée de flèches comme celle sur laquelle Abaris voyagea).
Les mystères d'Eleusis, Athènes, Samothrace conservèrent les tra-
ces de cc savoir ancien. L'origine polaire de la Tradition primordia-
le sous-tend toute l'œuvre de Guénon, on la trouve notamment,
dans le Roi du Monde (p. 13 et sq.), dans « Atlantide et Hyperbo-
rée » « Place de la tradition atlantéenne dans le Manvantara »
(1 O), '« le Sanglier et !'Ourse » (11), la Crise du Monde moderne
(chapitre n, les articles de symbolisme sur Je centre du monde
(Symboles fondamentaux de la Science sacrée, p. 83 à 137). Il a
parlé également à plusieurs reprises du rôle des mystères en Grèce
et en particulier au chapitre I de la Crise du Monde moderne.
Page 453 (livre III) un passage sur la r~ute des l_10mm~s dans
Je Zodiaque, descendant dans le monde sensible depms Je signe du
Cancer « Porte des hommes » et remontant par le Capricorne
« Porte des Dieux » est particulièrement intéressant, on y voit des
références à Porphyre et le signe du Lion marquant la limite de
l'existence corporelle.
De Brière fit le même type d'interprétation dans : Eclaircisse-
ments sur la destination de trois Zodiaques (Zodiaque rectangulaire
de Denderah) publié à Paris en 1839, avec les delLx portes et la
même référence à Porl?hyre. Il s'.ei:gageait ensuit~ dans une expli-
cation des cycles cosmiques dommes par le Soleil comme marque

33
<t d'un grand siècle ou éternité '> dans la succession des règnes des
d~fférents Dieux correspondant aux planètes ~sur ~me base de
146.000 ans). Guénon a consacré plusieurs articles a ~ette ques-
tion : ~ les Portes solsticiales », « le Symbolisme du Zodiaque chez
les Pythagoriciens », « le Symbolisme solsticial de Janus », ~ A
propos des deux saints Jean » (12).
Le même de Brière dans Explication d'un tableau peint sur peau
de velin représentant les écritures de tous les peuples anciens et
modernes, (Paris, 1825, dédié à Marie-Thérèse Charlotte, Duches-
se d'Angoulême), parlait de signes représentant la philoso~hie se-
crète des Brahmes, de Kircber, du Yin et du Yang et des Tngrames
de Fo-hi sur un ton qui sera celui de la thésophie de H.P. Blavats-
ky par la suite. Il évoquait aussi les couleurs symboliques attribuées
aux lettres et la Tulé des Aztèques (le Roi du Monde, p. 114) ·
De Brière, toujours, dans l'Essai sur le symbolisme antique d'O-
ri~nt (1847) s'est livré à une critique de « la science officielle ~ pré-
cédan~ ~elle que firent les occultistes et Matgioi qui transmit s~m
a~ress1Vlté à Guénon ; on y trouve aussi une idée de la trans~111 ~­
sion du savoir que Guénon adopta : « les savants ont tous une idee
fausse d~ la méthode hiéroglyphique et ils interprètent ma] le~ t~xtes
de St Clement ; ils ne comprennent pas que seuls les cultes dtf~erent
et que les religions ont une origine commune ... Ils ne connaissent
null~ment les sciences sacerdotales, qui formaient le patrimoine ex-
cli:_sif de la pui~sance d_es prêtres ... Ils ignorent presque tous que les
pr~tre~ de 1Onent avaient entre eux un idiome commun~ de haute
anti9u,1té et que c'était la langue de la science et de la religion : que
ce~ idio1:1e _passait pour une langue théurgique, magique et ef!~cace ;
quelle eta1t la cause première des effets surnaturels, et 1 mstru-
ment de la puissance des prêtres sur les divinités... »
(Voir « iJa Langue des Oiseaux » paru dans le Voile d'Isis en
novembre 1936).
De Brière ajoutait que cette idée aurait été mieux comprise il Y
a deux cents ou trois cents ans parce qu'une grande partie des
idées antiques circulait encore dans le monde. Son étude sur la
nature des symboles, à partir de la controverse de Champollion sur
l'interprétation des. hiéroglyphes, était remarquable par les échos
que c_e type d'exph~at!o~ a éveillés : le Lion représentant la c~e
du Nil correspondait a 1entrée du Soleil dans ce signe. Les plulo-
logues hellénistes ne comprenaient rien à l'Orient parce que les
écrivains de l' Antiquité avaient voulu cacher la nature des choses,
principe de l'accession à la connaissance réservée à quelques-uns.
St Clément disait bien que le hiéroglyphe était réservé. L' Esotéris-
me de Dante est fondé sur cette idée avec, en exergue les vers de

34
D_ante lui-même : « 0 voi che avete gl' intilleti sani, Mirate la dot-
t~ma ~he s'asconda sotto il velame delli versi strani » et Guénon
aJ~~ta1t : « Par ces mots, Dante indique d'une façon fort explicite
qu 11 Y a d':n~ son œuvre un sens caché, proprement doctrinal, dont
le sens, exteneur et ~pparent n'est qu'un voile, et qui doit être re-
c?erche p_ar ceux q?1 sont capables de le pénétrer... « L'existence
d un savoir propre a Ja caste sacerdotale et qui a disparu en Occi-
dent o~ n'a survécu que des traces d'un « Art royal » dans la Ma-
çonnene, par exemple, est une vérité omni-présente dans l'œuvre
de Guénon.
De _Brière continuait ainsi sa définition des symboles : « (les sa-
vants ignorent) que dans les sciences antiques de l'Orient et dans
lès nôtres, au Moyen-Age, l'initiation venait des objets' mêmes
qu'ils fussent ei:i ;iatu~e ou représen~és ; et portait sur tous les gen~
res de confonmtes qm pouvaient exister entre les objets et les cho-
ses : tels que le nom, la couleur, l'action, Jes noms, les nombres,
le caractère, la dépendance, l'usage etc ... Ils ne savent pas ce qu'est
la signature, ... (13) ils ne connaissent pas l'efficacité que, en raison
de cette signature, les objets et leurs images possédaient ». Ils cons-
tituent un lien entre le Ciel et la Terre dans le monde archétypal,
d'où le nom de religion : qui rattache. A diverses occasions, no-
tamment dans « la Religion et les Religions >> (la Gnose, sept.-oct.
191 O), Guénon reprenait cette définition dans le sens de lien avec
des états supérieurs de l'être. De Brière concluait en montrant que
l'universalité des symboles ne suffisait pas à calquer une langue
sacrée sur une autre car les propriétés de ces langues différaient,
condamnation du syncrétisme que Guénon n'aurait pas désavoué.
Ce reproche valait contre Lethierry-Barrois qui dans ses Raci-
nes hébraïques avec leurs dérivés dans les principales langues d'Eu-
rope (1842) reprenait Court de Gebelin et Fabre d'Oliv~t établis-
sant des correspondances symboliques entre les langues qm, « com-
me les peuples ont une seule et même origine ». On Y retrouve
toujours les mêmes exemples notamment ceux de Lukos, Loup et
de Lukc, Lumière.
Frédéric Portal, dont Guénon conseillait également la lecture à
ses amis, a développé en 1840 des thèmes et des exemples identi-
ques dans : les Symboles des Egyptiens comparés il ceux des Hé-
breux, symbolisme des cornes, du mot Thèbes. Guénon a toujours
cru à l'importance des échanges entre ces deux formes traditionnel-
les (faites par des gens qualifiés ils échappaient à l'accusation de
syncrétisme). Il écrivait encore le 3-11-1950 à M. Lepage à pro-
pos du mot maçonnique J ah-bel-on, J ah est hébreu, Bel chaldéen
On égyptien : Osiris est l'être bon ; la lettre du 20-6-1950 à M.
Tourniac développait des considérations comparables.
J:
35
Des Couleurs symboliques (1857) présentait l'avantage de don-
ner des références et d'expliquer les buts de ce courant de recher-
ches : « la doctrine que j'expose ici a été entrevue par Pic de_ la
Mirandole et pleinement confirmée par Swedenborg ... », plus lom.
il revenait également à Court de Gebelin et Fabre d'Olivet et sa
conclusion annonçait avec la venue prochaine de l'âge d'or : un
grand fait « qui dominait la recherche et qu'H soumettait au monde
savant: « l'unité de religion parmi les hommes ». Le Dieu de l\lloï-
se avait été celui des Pharaons, des Brahmes et des Chaldéens. Le
Christianisme formait le lien entre toutes les religions et la conquê-
te du monde par l'Europe préfigurait le triomphe de la révélation
finale. Elle annonçait le grand mouvement d'ouverture de la soc!e-
té aux vérités cachées qu'allaient mener les occultistes ou la Thco-
sophie. Mouvement auquel le jeune Guénon allait tout d'abord par·-
ticiper.
. ~ livre de Portal continuait ainsi : « la langue des couleurs,
mtimement unie à la religion, passe dans l'Inde, en Chine, en EgyI=:"
te, en Grèce, à Rome ; elle reparaît dans le Moyen-Age, et les v1-
trau~ des cathédrales gothiques trouvent leurs explications . dam
les hvres Zend, les Véd.âs et les peintures des temples égyptiens »
(p: ~)_. L'identité des symboles suppose l'identité des ~ro?'ance-::;
P~Imitives ; à mesure qu'une religion s'éloigne de son pnnc1pe, se
degrade et se matérialise elle oublie la sianification des couleurs.
A . ' o
~ contraire, plus on s'élève vers l'origine plus les symboles aI?i:-:a:
ra1ss:nt dans leur pureté et dépouillés de leur superstition. V ente
cachee aux yeu:c des profanes et supers1itions ou fétichis1.11e com-
me ~~ez les No1~s vont donc de pair : le fétichisme est d'ailleur. s. l,a
derruere expression de la religion égyptienne dégénérée. Pour Guc-
n?n, .cette march~ fatale de l'humanité explique la nécessité de, ré-
ve~ations s~c~es~1ves. Ainsi la chute du premier homme se_ 1 :c.:flé-
c.h1t dans 1 h1sto1re de chaque peuple. La démarche de so1Id1.f1ca-
hon du mon~e décrite dans le Règne de la Quantité et les S.'-f?..11 es
des Temps n est pas très différente et il s'étonnait plus tard, a .1us-
te titre, que ces auteurs aient pu, dans ces conditions, placer l'âge
d'or à la fin du cycle.
La dégé~ér<;~nce. des Noirs opposée à l'idée du primitivisme
semble avoir ete reprise de Portal ainsi que celle de la langue d~s
couleu:s; de l'ar~ et artisanat sacrés (chapitre g du Règne d<; la
Quantzte et les ~1gnes,des Temps) ; le jaune, le soleil spirituel, l ~l­
key montagne d or ; 1embryon d'or naissant sur les eaux ; le cahce,
le lotus ; le cheval blanc du Kalki-Avatara et la 1Oème incarnation
de Vishnou etc ...
Ce déroulement de l'histoire était précisé par Louis J a~ol_liot
dans : Rois, Prêtres et Castes (1877) où les quatre Yugas eta1cnt

36
mis. en rapport avec la domination des quatre castes dirigeant suc-
cess~vcme1~t l'humanité. La Genèse de l' Hwnanité (1875) expli-
9ua~t }e dcveloppement de l'humanité à partir des Indes dont l'an-
~qmte ~st absolue et dénonçait le préjugé classique qui l'attribuait
a la Grece. Dans : Clzristna et le Christ (sic) l'étude parallèle des
mythes s'accompagnait de l'affirmation que cette façon de tromper
le peuple allait disparaître avec le progrès social.
L'Oly~~z!'e brahmanique (1881) développait les notions que nous
avons deJa vues : quatre âges de l'humanité liés aux castes · le rè-
gne de 432.000 ans repris de Bérose et que Guénon mit du pro-
gramme de la 14èm~. conférence de l'Ordre du Temple ; notions
de Purusha et PrakntJ, de Pralaya, d'Hyranyagharba, de Mt Me-
rou (Paradis plébéien) tandis que Moksha était l'identification à
l'être immortel au-dessus des Paradis Ga séparation du salut vul-
gaire et de la délivrance fonde chez Guénon la distinction d'ésoté-
risme et d'exot~risme mais il a placé la Délivrance au-delà de l'E-
tre). J acolliot se montrait très agressif là-aussi contre l'origine gré-
co-romaine attribuée à la civilisation. Il fut le premier à parler de
l'Agartha et Guénon l'a cité dans le Roi du Monde (p. 2) tout en le
qualifiant d' « écrivain fort peu sérieux » ; il avait pu jouer, pen-
sait-il, Je rôle d'intermédiaire inconscient.
Saint-Yves d'Alveydre (14), dont l'idée de restauration d'un go~­
vernement spirituel sous la forme d'une synarchie, connut le destin
que l'on sait (15), se trouve, à la limite entre ceux que Guénon a
lus et ceux qu'il a connus. S'il ne le rencontra pas lui-même, il fré-
quenta jusqu'à sa mort en 1921 un de ses disciples les plus remar-
quables : Charles Barlet (16). Celui-ci fut un des meilleurs témoins
des mouvements occultistes · il adhéra à un grand nombre d'entre
eux : la Société Théosophiq 1;e avec Papus (il en sortit ~ I_'occasi~yi
des crises de la branche « Isis » de Paris) ; !'Ordre Martm1ste (qu il
présida à ses débuts) ; J'Ordre Kabbalistique de, la Rose-C:o.ix de
S. de Guaita ; la H.13. of L. dont il fut le representant oft1c1el en
France) ; jusqu'à un Ordre d'initiation qui publia la rcv~c,: l'Etoile
d'Orient (Barlet y fut victime d'un escroc : le Comte de Sarak) (17).
Il anima également : «l'Université libre des Hautes Etudes ».
Dans : Nos Maîtres, Saint-Yves (1910), il le présenta d'une fa-
çon qui rappelle celle des continuateurs de Guénon pour leur Maî-
tre : « Il sut s'appuyer sur la Tradition centrale unique, révélée à
l'homme dès son origine pour lui trouver la Voie à travers les siè-
cles et dont il avait mérité dès sa jeunesse de recevoir le dépôt sa-
cré, sans doute parce qu'il avait mission, de par sa naissance mê-
me, de nous en rappeler la profondeur. » Il avait su emprunter au
langage occidental et à la forme de sa tradition, l'expression de la

37
Vérité une et éternelle. L'origine de cette vocation, nous apprend
Barlet est à chercher dès le Collège de Mettray où Frédéric de Me~
l'orienta vers Fabre d'Olivet, Joseph de Maistre et Bonald ; ce qm
n'est pas sans rappeler l'importance de Leclère pour le jeune Gué-
non.
C'est dans la vision ésotérique de l'histoire que Saint-Yves a I_e
plus apporté à Guénon : la Mission des Juifs (1884) commençait
par cette affirmation intéressante : « Cette vérité je ne la dois à
aucun centre d'initiation existant actuellement mais seulement à
un mort possédant la Tradition. » Cette Tradition, il ne pouvait la
révéler mais prédisait que l'Europe allait prendre la tête de la r~­
constitution des trois pouvoirs (au niveau des Principes, des Lois
et des Faits) en réparation de l'écrasement des peuples colo~isés
dont le réveil sera terrible. Il fallait pour cela contrôler la ratson
exotérique par l'intellect support de toutes choses car, au fond,
la matière n'existe pas, elle n'est que pure illusion : Maya. Encore
une fois, un tel passage devait le ramener à Leclère.
Saint-Yves résumait ensuite l'histoire de la connaissance depuis
le déluge (dans le cadre d'un Kalpa 4.320.000.000 d'années, multi-
ple des 432.000 ans du Manvantara dans « l'Ordre du Temple »,
avec une division en quatre âges dont le dernier : Kali Youga rame-
nait l'âge d'or. La Mis~'ion des Souverains (1882) contena~t ég~le­
men~. qu.elgues passages de « résonance » guénonicnne : aff_1r~rnt~on
de l 1,mt1ation. des premiers disciples du Christ (p. 31 ), ass1milat1or:
~e J~sus~Chns! au « Grand Ancêtre » de l'Occident qui donne a
l E~s~ 1. aut~nté:t ~e pouvoir aux souverains ; la Franc-M~çon­
nene eta1t ~resen!ee comme la seule institution européenne qm ra~­
P~!~e ~a, The.ocr~tie. L'origine ésotérique de l'Eglise catholique avait
deJa ete affirm.ee. dan~ les Clefs de l'Orient (1877) : « Deh?rs les
pr_0!~nes ... » d~a1t Samt Cyrille, les Mystères étaient réserves aux
milles comme a Eleusis.
L~ Mission, des Ouvriers (1884) proposait comme seul rc_mède
possible au desordre des sociétés modernes le retour à la vraie re-
l~gion : ~ i:our les pauv.res la liberté n'est qu'un vain mot ... la po~i­
t1que qm ecrase 1ouvner c'est Caïn qui tue Abel jusqu'à la fm
des temps. » I;'exemple est repri~ presque textuellement au cha~i­
tre XXI du Regne de ln Quantité ... : « Caïn et Abel ». Un certam
nom?re de p_ngcs <le la Crise du Monde moderne et de Orient et
Occzdent, qui devaient plaire tellement à Léon Daudet sont de la
même veine (18).
La ,Mission_de l'Inde parue en 1910 après la mort de Saint~Y­
ves developpa1t le thème du centre spirituel de l'humanité : ~ 1 A-
gartha > dont nous avons déjà parlé, son organisation en d1fferents

38
cercles ~ut~m~ du Brahmatma, du Mahatma et du Mahanga (la
Synarc~e etait copiée sur l'ordre de l'Agartha), ses connaissances
tr~n~m1ses ora_Iement et ses éléments rejetés : le peuple des Bo-
her:11ens en tnbulation ( « Bohémien » veut dire « retire-toi-de-
m01 » expliquait sérieusement Saint-Yves). A côté de passages as-
sez plc:ï~ants où il décrivait la vie souteraine avec le gaz et des bal-
lon~ dmgeabl~s permettant d'atteindre rapidement le Mérou et l'Al-
borJ' des not10ns plus profondes y étaient présentées : l'idée que
le t..emple ce~tral se refenna devant Çakya-Muni révolté, ce que
Guenon repnt dans le Roi du Monde ; présentation également du
cc.ntre comme un tabernacle et un siège à la fois, semblable à ce-
Im _de Melchiscdech : c'est là que prie le Brahmatma et sa prière
u~11t tous les cultes (le Brahmatma est un vieillard de type éthio-
pien (19). L'arbitrage intellectuel, extérieur et visible, de la Pa-
pa~t~ devait être mis en correspondance avec l'arbitrage spiritu~l
mteneur du chef de l'Acrartha
0
thèmes qui furent longuement de-
veloppés dans le Roi du Monde (p. 35 et sq. et 73 et sq.) avec la
correspondance du Pôle spirituel et du centre terrestre dans la
Shekinah hébreue de Métraton et de Saint Michel entre les deux
colonnes de rigue~Ir et de miséricorde. Le livre s'ach~vait, en re-
commandation : une lettre ouverte à sa Majesté la Reme d ~n~~e­
tcrre, Impératrice des Indes lui demandait d'ouvrir les Indes a lin-
fl_ucnce de l'Agartha. On r~trouve chez Guénon la même dénon-
ciation de l'action anti-traditionnelle des Anglais aux Indes dans :
le T héosophisme, par l'intermédiaire notamment du Brhama-SamaJ
{section indienne de la Société Théosophique). Le 13 scp~crn b~c
1?36, il écrivait encore à René Schneider : « Tout d'abord Je. dot~
d~re que le Tibet, en réalité, est fermé surtout par les An~lais, si
bien qu'il n'a jamais été aussi difficile d'y entrer que depms quel-
ques années ... » (il répondait à une question conc~r~ant le fameux
~oot Homi de Madame Blavatski, Saint-Yves a~mt egaleme~t ,Par-
le des positions des « Théosophistes » à ce sujet, les cons1derant
avec une supériorité dédaigneuse).
L' A_rchéomètre, édité après sa mort en _1911, e. ut une influenc:
plus directe encore sur Guénon qui en avai: assure .da~s sa r~vue .
la Gnose la publication, par articles sépare,s. P,ub~1cat1on fa1~e e~
marge de celle des « Amis de Saint-Yves n, c est-a-d1_re.. Papus, a qui
la famille Keller avait confié ce soin. Barlet, bromlle avec Papus
donna probablement à Guénon le manuscrit et collabora à la ré-
d~ction des notes abondantes signées T (Alexa~d..re ~~o,m?s : Mar-
nes) (20) qui l'accompagnaient. L'ouvrage a ete utihse egalement
dans : Orient et Occident, fa Crise du Monde moderne et l'introduc-
tion gélll~rale à l'Etude des Doctrines hindoues. Saint-Yves y condam-
nait la raison individuelle s'érigeant en principe et cause de tout,

39
dont il résultait le déchaînement des basses castes : « Mme Jour-
dain, folle du serpent, son professeur de logique ... La mégère s'as-
soit sur les saintes écritures. » Il suivait l'envahissement progres-
sif de l'humanisme dans la hiérarchie pontificale avec Marsile ~i­
cin, l' Arétin ... (Cette rupture de la Tradition, attribuée à la Renais-
sance a constitué la première « thèse historique » de Guénon) .
L' Archéomètre permettait d'établir des correspondances entre les
symboles de la langue primitive : le Watan, les doctrines cosmo-
goniques des principales religions et l'évolution des peuples dans
les grands cycles. Les exemples choisis par Saint-Yves appartenaient
au fonds commun occcultiste : Rapprochements de Ménès , Minos
et Manou, de « jugum » et ~ Yuga », de Delphes et de Dodone
rapportés à l'origine polaire des civilisations etc ...
L'jdée d'une Tradition unique~ conservée dans un lieu centr~,
le. ~e~oulement cyclique de l'histoire, en réaction contre l~ multI-
phc1te analytique sont aussi profondément ancrés chez San~t--yvcs
que chez ses prédécesseurs et son successeur Guénon. Cclm-c1 re-
prit également ses positions sur le chrisitianisme primitif, quand il
eut dominé l'influence anticléricale des milieux qu'il fréquenta de
1905 à 1912 .
. ~,cheminement des informations parmi les occultistes es~ i:ar-
ti~li.eren:ient facile à discerner lorsque des erreurs s'y sont ghssces;
l\msi Ehphas Levi, un des plus abondemment pillés, a rapporte
dans.: la Clé des grands Mystères et Dogmes et Rituels de la_ ~wllt~
1:1agre (21), un ~exte de Guillaume Postel que Guénon utilisa. a
. . on tour au chapitre XXIII de : la Grande Triade : « Dans certams
ouvrages, dit-il, se rapportant à la tradition hermétique, on trouve
mentionné le ternaire Deus, Homo, Rota... », une note précisait :
Notamment dans l'Ahsconditorum Clavis de Guillaume Postel ».
c.e. passage est une interpolation d'Abraham Fankcnberg, dans l'é-
ditio~ a.~ 1646, qui s'est transmise soigneusement pendant tout le
XIXe ,.s1eclc sans aucun recours au texte original de ~o~tcl (22) ·
De meme, le mot Pentacle ou Pantacle est écrit ind1ffcremment
avec un e ou un a par Eliphas Levi, jusqu'au moment où A. Pois-
s,~n dans :. Théories et Svmboles des Alchimistes, précisa le sens C?t
l etymolog~e ~u mot : « On appelle Pan tacles des figures sym ~1olt­
ques ... qm resument en elles seules toute une théorie. » Guenon
reprit l'explication dans : « quelques aspects du symbolisme c:I,e
Janus » (23) : «,Ils se proposaient (les constructeurs de cath~­
d.rales) de donner a leurs œuvres un caractère vraiment pantacu lai-
re au vrai sens de ce mot, c'est à dire d'en faire une sorte d'abré-
~é _synthétique de l'univers ». La note jointe précisait : « On doit
ecnre Pantacle (pant~culum : littéralement petit tout) et r:on Pen:
tacle comme on le fait trop souvent ... » Après Jui, P.V. P1obb, qw

40
avait écrit Pentacle dans la première édition de son : Formulaire
de Izaute Magie en 1905, reprenait sans hésitation dans la réédition
de 1937 : « Le mot Pantacle, dont l'orthographe : Pentacle est
erro~ée, vient du grec Pantaklea ... » En 1935, J. Marquès-Rivière
publia : Amulettes, Talismans et Pantacles.
Ces lectures ont recoupé chez Guénon les premières convictions
et dé~erminé les directions de ses choix ultérieurs. L'incapacité de
la ~hilosophie depuis Socrate d'atteindre l'absolu, impuissance par-
ta~ee par une science, constituée à la Renaissance sur les bases
meme,s ~~ la philosophie grecque, impliquait de remonter au-delà
du .Ve s1ecle classique hellenique ou de chercher hors de son do-
~~me. L'Orient « éternel » et, accessoirement, la Chrétienté mé-
d1evale allaient fournir un champ inépuisable à ses investigations.
Il Y découvrit un autre système de pensée, parvenu jusqu'à nous
sous la forme allusive de signes et de symboles qui nous le rendent
encore saisissable sous condition de passer par l'initiation.
·Guénon s'efforca donc de rendre vie aux éléments épars des
systèmes de pensée pré-rationnels. Ses lectures et sa foi;nation i~­
tellectuelle l'engagèrent par ailleurs dans une construct10n doctn-
1;':Ic appuyée sur un faisceau de preuves historiques. Par ~es de?x
elements réunis il retrouvait la Tradition universelle et primordia-
le. Réinvention' qui n'était pas le produit d'une réflexion d,e. ~ept
'~ns sur une culture uniquement Jivresque : il chercha des ven~t~a­
tio~s pratiques et voulut conformer sa vie à l'intuition de venté
qw le guidait.

(1) 'I'
ous ceux qui ont personnellement connu R cnc• Guénon ont été
frappés par sa mémoire phénoménale. en fond
( 2) Paul Chacornac a décrit dans son livre cet appartc;mcnt
de .cour dans l'ancienne résidence de l'Arcbevêque de Pa_ri.s. .
• (.i) ;'\ ous VC'rrons pl us loin les co11séqncnccs de cette uti11sat10n sur ses
l 1vres.
(4) Suivant Hl>noch, Abraham, Hermès Trismégiste et Salomon paru
entre 1860 d 18ü5. .,
. ; ,..>) 0r,l' l'· orl'st 1er · . ,cf 0 temp/1ere
( . . <'cl·11lt1•ste Qll
: la Franc-.1/açonnene ' • •
.\l /// sii!clc .\ J·J.. . . ie lrJOllJWiS mi Xl Ill siècle. J.B.
îlïllermo..., . . . . o ) . un mys 11q1 .
(6) Le Peuple primitif, 1857 . Quelques mols ~ur les ~ombres rythmi-
ques, de Ja Prophétie de l'Histoirc, 18G2. La v1e h11mmne avec et s~ns
la Foi, 18GD. Philosophie de l'llistoire aux ~ifférents. âges 1e l'lrnn,ian_1té,
1874 : depuis le peuple primitif jusqu'à Saint Martrn et labre d Olivet
en passant par Henoch Jamblique, Pythagore.
(7) L'homme et son 'Devenir selon le Védânla, pp. 143, 144, 167, 191,
193, 219, 220, 232.
0)) Etudes Traditionnelles, juin 1939 r<·pris in SFSS, p. il2.t..
(9) L'Homme et son Devenii· selon le Védânta, p. 229.

41
00) c Atlantide et Hyperborée ~. in Voile d'Isis, oct. 1929, repris ln
FTCC, p.35. .
c Place de la tradition atlantéenne dans le Manvantara in Voile d'Iszs,
aotit-sept. 1931, repris in FTCC, p. 46. __
(11) In Etudes Traditio11nelles, août-sept. 1936, repris in SFSS, P·. 1 '.'·
(12) Etudes Traditionnelles, juin 1938, juil. 1938, juin Hl4H, repris rn
SFSS, p. 239 à 260.
(13) M. Foucault dans : Les Mots et les Choses a commenté longue-
ment cette idée de c signature>.
(14) Saint-Yves d'Alveydre: né à Paris, le 26 mars 1842, fils d'un
médecin aliéniste il devait faire une carrière militaire mais rentra au
Ministère de l'intérieur. Sa femme, la Comtesse Marie de Relier l'intro-
duisit dans la haute société; il mourut à Versailles, en février 1909.
Ses publications sont abondantes, parmi elles : Les Clefs de l'G_ri~nt
(1877), La France vraie (188i), Jeanne d'Arc victorieuse (1891), La M 1sswn
Actuelle des ouvriers (1882), La Mission Actuelle des Souverains par l'un
d:e~x (1882), La Mission de l'Inde (1910), Noies sur la Tradition Kabba-
ltstupie (19?1), Lu 1'héogo11ie des Patriarches (1909), L'Archéomèlre (1911).
On) Le 1 vre de J. Saunier : La Synarchie est le dernier en da te.. .
• (16) Son œuvre s'efforce de mettre en application les principes de S~int­
\:, ~es d':\lveydre: la science secrète (en collaboration, 18!)(}),. F:ssm ~ur
~ ev,olutwn de l'idée (1891), Essai de Chimie synthétique, f,'1nstrz1clton
zntegrale (1895), l'art de demain (18!Jï) L'Evolulion sorhtle (1909),
L'Occultisme (1909). '
(~7) F. Ch. Barlet (1838-1921), voir René Guénon : Le Voile d'Isi3,
avril 19~5 :c Barlet et les sociétés initiatiques~.
(1~). Lcon Bloy a présenté les malheurs du peuple un peu de cette
mamere •
.<l9) L'Ethiopie a joué un grand rôle dans la controverse à propos des
hiéroglyphes : langue populaire ou langue sacrée. Dans les tableaux de
c?rrespondance entre racines linguistiques on retrouve toujours l'E~bi~­
p.ien,. notamment chez de Brière. Guénon s'est intéressé aussi à la signi-
fic~twn
2
d~ mot et au royaume mythique du prêtre Jean.
( 0) Il 1 a confirmé dans une lettre à 1\1.F.G. Galvao du 24-12-194 7 ·
(21) ~: 240 et sq. (éd. 1946) et p. 541 (éd. 1960).
<22 > Signal~ pa: ~1. François Secret,
C23) Le Voile d ls1s, juillet 1929, repris in SFSS, p. 14f>.

42
Chapitre III

LE POUVOIR OCCULTE

d Un ami, ~lit Chacornac (1), amena Guénon à I'Ecole hermétique


n~ la ~u: Seg;1ier dirigée par Papus, où enseignaient : ~arlet, Pha-
h g, Scd;r: Lean Champrcnaud (Sisera), « Apportant a sa recher-
~ e le. seneux et le soin méticuleux qu'il mettait à toutes choses,
se fit admettre dans toutes les oroanisations qui se groupaient
autour de ce mouvement. » o

Il a donc « joué le J·eu » complètement cherchant toujours et


prenant parti· dans les querelles intérieures ' et les nva11tes
· · ' d es di-
verses sociétés. Expériences définitives pour ses opinions sur le Mal,
recou~ant les idées de 1'Abbé GombauJt. Les convictions se sont
changees en certitudes. La recherche du savoir ésotériqu~ conser-
~é .fl:t une expérience plus pénible mais utile. A 1a tentat10n de la
~~I~t~, ceJJe de retrouver la Parole Perdue dans Ja première so-
c.iet~ ,a allure mystérieuse rencontrée, le jeune Guénon opposa cu-
:1ositc intellectuelle et esprit critique. Au terme de ses tentatives
infructueuses de réalisation spirituelle, il rejeta l'occultisme en
tant q , · ·
ue systeme et put s'attacher avec plus de ngueur aux survi-
vances traditionnelles authentiques en Occident.
. L'apport des cours de I'Ecole hermétique est difficile à appré-
cie~. Il semble avoir trouvé intérêt aux conférences de Sédir puis-
:il
q_u reconnut en lui un des premiers à a.voir .parlé d~ l'Orient tra-
ditionnel de façon convenable (2). Celui-ci avait travaillé sur Jacob
Boehme, Gichtel (3) et publié surtout une Histoire des Rose-Croix
~n 1902 (4) sur le thème bien connu de la retraite en Orient dont
e chapitre 1 : « les Prédécesseurs » a été complètement démarqué

43
dans le chapitre IV de l' Esotérisme de Dante : cc Dante et le Rosi-
crucianisme », mêmes citations d'Eliphas Levi : « L'épopée de Dante
est Johannite et Gnostique ... », mêmes utilisations des tr~v~ux
d'Aroux (que Guénon a cités cette fois), avec référence à ~hns~ia.n
Rosenkreutz et à Henri Martin que nous verrons plus lom. Scdir
montrait une connaissance remarquable des Sociétés rosicruciennes
américaines. Guénon en parla beaucoup dans : le Théosophisnze et
l'Erreur spirite révélant que l'Ecole hermétique devait servir « d'anti-
chambre » à la société cc H.B. ofL. n, organisation par certains côtés
suspecte.
Quoiqu'il en soit, cette Ecole couvrait diverses organisations dont
l'Ordre Martiniste (5) où Guénon fut reçu : cc Supérieur Inconnu »
(il fit, d'ailleurs, dans l' Initiation deux comptes rendus signés R.G ·
S.I.); il entra ensuite à fa Loge cc Humanidad » du Rite National
Espagnol dont Teder (6) était le Vénérable et au Chapitre et Temple
«ln-Ri» du Rite primitif et originel Swedenborgien. C'est mt_mi du
grade d~ Chevalier Kadosh qu'il assista au Congrès Spiritualiste e!
Ma~onlll9ue de 1908 qui fut marqué par sa rupture avec Papus 9m
avait affmné la croyance des sociétés futures dans la réincarnation
et le passage de la Loge Humanidad au Rite de Memphis-Misraim
dont elle devint la Loge-Mère pour la France (7). Il y rcncon~ra
Fa~r~ des,.. Essarts, Patriarche gnostique sous le nom de Synésms
qm 1e~tr~1~a dans son organisation et le créa Evêque sous le no~
de ~a~n,genms. Il lui fit peut-être connaître Léon Cham prcnaud qm
aya1t ete membre du Suprême Conseil de l'Ordre Martiniste (Noël
Sis~ra) ; Champrenaud s'était détourné de l'occultisme de Papus et
avait fond.é en 1904 : la Voie avec Albert de Pouvourville (Matgioi).
Les El:sez.gne,~ents secrets de la Gnose, signés : Simon et Théo-
phane eta1ent egalement leur œuvre.
Cumulant les initiations, Champrenaud était entré en Islam sous
le nom d'Abdul-Haq.
Au ~ornent où il accomplit son coup d'éclat, Guénon était donc
en relat10n avec les milieux hostiles à Papus.
La. revivis~ence de « l'Ordre du Temple » se produisit dans les
premiers mois de 1908, Paul Chacornac la raconte ainsi : « plu-
sieurs membres de l'Ordre Martiniste réunis dans un hôtel au 1 7
ll!e des Canettes ... Obtinrent certaines communications en écriture
directe. Or, un cer~ain_jour, ils reçurent l'ordre d'y amener Gué?on.
D~ns l_e~ c?mmurucations qui suivirent... l'entité qui se manifes-
tait enJ01grut aux assistants de fonder un « Ordre du Temple » ;
dont Guénon devait être le chef ».
Mais les circonstances de la formation de ['Ordre sont plus dé-
veloppées dans un manuscrit inédit de Paul Vulliau<l (8) qui rap-

44
porte une note d'information anonyme : « Mais par l'écriture on
con,state qu'elle est de la main de T ... » vraisemblablement Teder.
Guenon se pose en rival en recrutant dans la loge « Mclchisedech »
- (9) les membres de son Ordre du Temple. Voici l'analyse qu'en
don~1e Pau! yulliaud : « en 1908 on forma une loge qui se pré-
tendit ~~rtm1~t~ .. Ses membres se comptaient au nombre de vingt et
un, vo1c1 les mitrales de leur nom : R. G ... (on reconnaît notam-
ment : Y· Blanchard et Desjobert, Faugeron, A. Thomas qui col-
a,
labo:a.. la Gnose, Patrice Genty). Qu'en était-il exactement de
ces ~n!ties ? Nous n'avons pour le savoir qu'à lire le rapport très
exphc1te adres,sé au Docteur Papus, Grand Maître du Martinismc.
Or, sur l'ordre de Ch. B. (Charles Blanchard), G. devait s'empa-
r~r de. toutes les adresses martinistes. L'ordre de G., telle est la dé-
~1.g~ation du groupe d'après le nom de son chef, était fondé sur
l idee de la vengeance templière avec Weishaupt pour modèle. Le
rapport insiste sur le fait que Saint-Yves d'Alveydre ne voulait
pas entendre parler de ce genre de vengeance. Pourtant, c'est sur
sou_ Archéomètre que !'Ordre de G. prétendai~ s'appuyer ~our sou~
t~nlf son tt mplarisme. G. se disait un Templier remcarne. C?n es·-
tmic ensuite que parmi les affiliés à cette Loge, il Y en a qm. sont
tou! s~mplement des duJ."'es : ceux qui ne conn~~ent qu; le ntue.J.
1':1ais Il Y ~n a d'autres qui ont assisté à de so~-~1s,ant se,ances. spi-
n~es à la fm desquelles, le 23 Février 1908, a ete elabore ce ntuel.
C es,t dans les compte-rendus de telles séances q~e. le but. secret
de l Ordre est évident. On en conclut que les Martm1stes qm Y ont
été attirés ont été trompés. Les conjurés cherchaient à at~emdre
Papus aussi complètement que possible. Des maçons .d~ ~it.e e~­
pagnol jurèrent fidélité à G. ; dans la Loge que celm-c1. d~ngeait
(IO), on enseignait qu'aucun culte ne doit avoir la supér~orité _sur
un autre. Et l'on s'y efforçait, contradictoirement, d'y ~<, mtron_iser
~'Eg!ise gnostique ». De plus, les adversaires ~e Papus s evertua1ent
a faire mettre en sommeil la Loge « Humamdad ». .
Teder fit mettre en accusation devant la Loge « Humamdad :·
qu'il dirigeait : Guénon, Desjobert et Blanchard qui fur~nt exclus.
Mais, Blanchard se désolidarisa bientôt des. autres et fit amen~.e
honorable dans l'initiation où il publia en Jum 1909 la lettre qu il
envoya à Guénon (11) : .
~ J~ ?'hésite pas à avouer publiquemer:t qu~, durant pl~1sieurs
mois, J a1 fait partie de !'Ordre du Temple renove ~~r les FF . _R.G.,
T ; 1? . et F. Hélas ... j'étais loin de pense~ que ~er~,.ams membies <l.u
C~m1te directeur _ auquel j'appartenais m~1-meme. -, poursu!-
va1ent dans l'ombre un but absolument contralfe aux mterets supe-
rieurs et à la saine vitalité de la Franc-Maçonnerie et du Martinis-
me .. Sachant aussi que le corps des Officiers de l'Ordre du Tem-

45
ple est gravement contaminé par la présence dans son sein de deux
membres d'un Tiers-Ordre romain » ...
Victor Blanchard refusait de « pactiser avec les farouc~es ex-
ploiteurs du sentiment religieux ». Guénon n'ayant pas. repondu,
il lui fut envoyé une lettre recommandée : « ayant acqms la con-
viction que le camp templier de Paris n'est qu'une création de quel-
ques membres du Grand Orient alliés aux Jésuites » ...
La note de Teder, propriété du Docteur Philippe Encausse, fi~s
de Papus, montre, à défaut des noirs desseins de Guénon, sa parti-
cipation intime aux querelles des différentes obédiences. L'écriture
aut~~atique, chère aux spirites, la référence à Weishau pt et à l'Il:
lumm1sme et la réaction de Victor Blanchard recherchant partout.
«. }e, complot des Jésuites » appartiennent au décor habituel des so-
cietes secrètes du XIXè siècle finissant. Le jeune Guénon (le ~appc;r~
Teder insistait justement sur le fait que Desjobert et lui avaient de
pourv:is d'.~me patente de 30è-90è en trompant sur leur âge),, cher-
cha bien a travers ses connaissances de l'occultisme, un resultat
pratique, peut-être même un pouvoir, ce qu'il devait nier pa: !3 sui-
te; ~ f~t chef de l'Ordre du Temple, bien que Teder, oppos 1t 10 ?. de
g~nerat1on sans doute, ait désigné Charles Blanchard comme 1 ins-
pirateur caché de l'opération « le Supérieur inconnu » en quelque
sorte (12). '
Cette fonction, impliquait un rôle de direction spirituelle en co:-
respondance sans doute avec ce centre retiré de la Tradition occi-
dentale; . 1 ~cques de Molay, lui-même, avait nommé Guénon pour
cette rev1y1scence. Investiture semblable à celle que reçut en 1890
Jules D,01nel, fondateur de « l'Eglise gnostique universelle », au
cours d ~ne séance spirite chez Lady Caithness, duchesse de P~­
mar .. ,Gmlleber~ ~e Castres, « au nom des saints Eons » lui avait
con~1e cette m1ss1on. Certains amis Templiers de Guénon, comme
Patr:ce. G.::nty 03) devaient rester persuadés de l'authenticité de la
transm1ss1on ; passé lui-même à la « Gnose » un peu plus tard
s?us l_e nom d~ Mercuranus, il fut investi à son tour, au cours d'un
reve, Il est vrai, du Patriarchat gnostique et il règna sous le « pseu-
dony~e » de Basil~de. L'Ordre du Temple n'eut qu'une existence
éphemcre; un proccs-verbal contenant un résumé des séances (14)
mo,nt,re l'empris~ intellectuelle du milieu occultiste et l'intégration
operee ~~r Guenon de préoccupations plus anciennes : on y re-
trouv_e. l mfluence prédominante de Saint-Yves d' Alveydre et de
M~tg101 (l 5) et. surtout beaucoup de titres de ses articles futurs et
meme de ses livres.
A la première conférence, le vendredi 6 mars 1908 il fut question
de: « 1° fa parole perdue {16) ; 2 ° Les origines d~ langage, l'al-
phabet Watan et ses dérivés: Asoth (17) aum ; 3° Alphabets

46
ph~nicien, grec, latin ; 4 ° Traditions solaires et lunaires, le Sym-
bo~1sm~ des couleurs (18); 5° Année solaire, Grande Année. L'Ar-
cheo?1etre et les origines de la race rouge ( 19) le nom des mois et
des Jours ; 6° Correspondance des lettres du Watan avec les si-
gnes de Terre et d'Eau ; 7° Symbolique des nombres, valeur numé-
rale des lettres ; 8° Unité et Multiplicité, les trois plans de l'Uni-
ve~s ; 9° Etre et Non-Etre, la suite des nombres, les nombres né-
gatifs (20) ; 10° Action et réaction concordantes, la Délivrance
(21) ; 11° . Caïn et Abel (22), les deux aspects du nom de Shaht,
le ~ymbohsme du serpent, petits et grands mystères (23) ; 12 ° Les
trois mo!"ldes et les trois sens des livres sacrés ; 13° Symbolisme
de !a croix, Sceau de Salomon, étoile flamboyante et lettre G. (24) ;
14 .Le Symbolisme de la Croix, correspondances heures et points
cardmaux, la vision d'Ezéchiel, le double courant de la force uni-
verselle ; 15 ° Application de la division du cercle par la croix aux
d~grés de ~a maçonnerie symbolique ; 16°. Correspondanc~s pla-
netes temperaments - notes musicales - 3ours de la semame -
couleurs - métaux, rapports du septenaire, du ~uodénair~ :t. du
q~atcrnaire ; 17° Les deux courants de fa force umverselle, mfim et
« mfini mathématique >> haut et bas, les trois dimensions (25) ;
18 ° Division du cercle par la croix appliquée aux ~lans. ~e la lune.
Manvantara, Grande Année, les races ; 19° La necess1te des sept
races ; 20° Symbolisme de la Croix ; 21° Symbolisme du ser~ent,
cy~Ie ~ensuel et hebdomadaire - symbolisme num~r~l ; 22° 0 Ibi~. ;
2 3 Ibid., Etre et Non-Etre ; 24 ° Ibid., les noms d1vms ; 25 Ibid.,
études de racines hébraïques de noms désignant des aspects du
Verbe ; 26° Ibid 27° Ibid Passage sur le nom d'Allah ; 28° Be-
r~schit ~ 29° Co~mentaire du 1er verset de la Genèse ; 30° Ibid.,
Pierre noire et Pierre cubique (26) ; 31" Suite à propos du 1er ver-
set, identité tradition hébraïque et tradition hindo~e ; Brahma ~t
Para-Brahma, la Trinité (2 ?); 320 Suite; 33° S;tite Etats ~ulti­
ples de rEtre · 34 ° Suite Atma et Atome. Mystcre (28) ; 35 Le
C~el et la Ter;e, l'Œuf d~ Monde. Eaux supérieures et inférieu:es,
Y!n et Yang (29); 360 Commentaire du ~è vers~t de la Gene,se,
1ere partie A UM et ses éléments constitutifs ; 3 7 2è verset (1 ere
partie) ; 38° Ibid. (2è partie) ; 39° Ibid. (37è partie) ; 40° Swasti-
ka, 1,es quatre Padas et le monosyllabe sacré. ~~~· Etats ?.1ultiples
~e 1 Etre, la possibilité universelle, Imposs1b11Ite de la rcm~arna­
t10~ (30); 41° Représentation hélicoïd.ale d~s Etats multiples;
42 Contre la réincarnation ; 43 ° La dissolution du compose hu-
main et ses conséquences ; 44 ° Représentation hélicoïdale des cy-
c~e~, rapport des cycles entre eux. Les Elohim ; 45° Indéfini et In-
fini. Principe du calcul infinitésimal, le retour au Principe (31 ).

47
Le second compte rendu porte sur la 14è et la 18è conférences.
le ton en est très différent :
« 14è conférence. b
< La race blanche est apparue au nord sur le continent hyper o-
réen. La race jaune à l'Orient, sur le continent _Pa,cifiq~c, la race
noire au Sud, dans la Lémurie, la race rouge a 1 occident, dans
l'Atlantide.
< Taureau B = eau = enfance = lymphatique === hiver
" Aigle J = air = jeunesse = nerveux = printemps
« Lion N = feu = viril = sanguin = été
~ Homme R = terre = vieillesse = bilieux = automne. »
« 18èe conférence. 65
< Grande année (période de précession des Equinoxes) = 25.7
ans. La moitié (12.882) = durée de l'évolution d'une race humai-
ne terrestre. Manvantara = 432.000 ans.
« - Durée totale de l'humanité terrestre :
12.882 x 7 = environ 90.000 ans 4
« - Le cycle de 1?.882 se divise en 7 sous-cycles de 18 0 ans
eux-mêmes divisés en 3 périodes de 613 ans.
~Donc = 21 périodes pour durée totale d'une race + une périr
e de tran;ition ~e
78 ans (mais pas en tenir compte I?o~r
dur e
totale d~ ! humamté, car dernière période d'une race coinc1de avee
lère période d'une autre) (sic).
« Le déluge se produit à la fin de la 22è période.
« - La Terre n'est pas 1 où vivent des
êtres humains. a seu1e planète physique
"' A) L'<_>~iginede la race blanche, et par conséquent de la premiè-
re appantion de l'homme sur la terre doit être fixée à 62.SOO ans
~vant notre ère. La fin de cette race date de 49.618 avant notre
ere (race B.) .

'i: ~)~~1\(~lanete ,Venus) d'où : fils du Ciel,resteécriture


«

a
.La race, jauni; : les premiers hommes de cette race provenaient

i a1 e contment Pacifique, dont ne


de haut ,e~ bas.
que la Polynes1e.
« Tradition ultérieurement reconstituée par Fo-Hi.
« Fin de cette race en 36 ·735 avant no t re ere.
,
« ,c> Race noire. Lémurie. Tirée du feu. Ecriture de bas en haut.
J?el~ge en .2,3.853 avant notre ère. Extension en Afrique, sud de
l Asie, Pac1f1que, Europe, d'où nombreux survivants.
« D) Race blanche, Atlantide (entre Afrique et AIUérique). Lan-

48
gu,.e Watan : Amérique, Afrique du Nord, Europe, Egypte, Inde.
Delufte en 10.370 avant notre ère. Restes : Antilles, Canaries, Aço-
res, iles du Cap-Vert.
« Traditi?~ mai:itenue à l'état pur par les Egyptiens, mélangée
avec trad1t1on noue en Inde et en Chaldée, avec tradition blanche
en Europe.
;< E) 5,è race = blanche + rouge + noire. Fin en 1912 de notre
ere (22e période de 1912 à 1990.)
«F~ ~usion de la race jaune avec la Sè race doit donner la 6è. Dis-
pant1on de lAmérique (en tous cas majorité Amérique du Sud)
et Japon. Invasion des peuples de race jaune en Europe et Améri-
que du Nord fin 14. 794.
« G) Fusion de la 6è avec reste de la race noire donnera la 7è ra-
ce qui durera jsuqu'en 27.677. » (32)
La volonté d'explication « Archéométrique » totale de l'univers
est frappante ; une fois admis que l'on est dans le domain~ de l'oc-
culte, tout redevient paradoxalement rationnel. Ce-,t.t~ attitude e,.st
conforme à la tendance générale que nous avons deJa vue ex~o~ee
chez Sedir : réconcilier la science et la religion par une viswn
transcendante qui légitime enfin le langage rationnel.
, L'anticléricalisme du milieu est motivé par le refl1:s de,. l'~glise
d admettre cette dimension supplémentaire. Les prenuers ecnts de
Guénon en sont l'écho : Je 22 février 1909 dans !'Acacia il publia
avec ses amis Desjobert et Blanchard, suite à l'affaire Ted:r, un.e
~ettre réponse à un article d'O. Pontet (33). Ce dernier dec1ar~it
Irr.é~ulier le rite de Memphis Misraïm, et dénonçait dans le .c.ong_res
spmt~alistc et maçonnique de juin 1908 u~e sort.e de mystification
montee par Papus et Théodor Reuss depms Berlm :
« nous sommes de bons et légitimes maçons... ~n autre. reRro-
che gui nous cause le plus profond étonnement,, ~ est cel~I ~tre ?
Jes auxiliaires du cléricalisme ou même des clencaux degmses ;
nous ne nous en serions jamais doutés nous qui ne ~ompto~s plus
les .excommunications lancées contre nous par la samte Eghse ro-
maine, ce dont nous nous faisons gloire d'aille~rs. C'est co.ntre n~~s
q~,.e .les cléricaux répandent chaque jo~r. les pires ~alomrues, qu ils
reed1tent sans cesse les fantastiques rec1ts propa~~s par cette co-
lo~s~Ie. fumisterie que fut : le Diable au XIXe sœc/e ... ce que le
clencahsme et la réaction sous toutes ses formes redoutent par des-
sus tout, ce sont les maçons qui se rattachent à la tradition de l'Il-
Iuminisme ... » le texte se termine par le rappel de L. Cl. de Saint-
Martin père supposé de la formule : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Dans la Gnose (34) en 1911, Guénon tenait également un lan-
gage où le rationalisme était loin d'être tenu pour responsable de
l'obscurcissement intellectuel ; le préjugé classique qu'il ?énonça
ensuite comme ayant engendré une vision anthropomorph1q~e du
monde : <.< nous avons déjà dit que, pour nous, le Grand Architecte
de l'Univers constitue uniquement un symbole initiatique, qu'on
üoit traiter comme tous les autres symboles, et dont on doit, par
conséquent chercher avant tout à se faire une idée rationnelle ; c'est
à .dire que c~t~e conception ne peut rien avoir de commun av~c le
J?ieu des r_ehgio?s ~ntropomorphiques qui est non seulement irra-
tionnel mais antlfat10nnel. »
Plus tard, à la Loge Thebah de la Grande Loge de France, il
demandait encore a si tous les Iandmarks ont bien le sens que
veulent lui donner certaines grandes loges et s'il ne conviendra~t
pas d'appliquer plutôt l'esprit que la lettre. Un Landmark aux d1-
re.s de~ Grandes Loges anglaises oblige de prêter serment sur la
Bible (il) pense qu'il serait plus conforme aux Constitutio1?-s d'An-
derson qui proclament la nécessité de l'obéissance aux lms mora-
les, de faire prêter serment sur un livre de celles-ci, toutes les
croyances seraient ainsi représentées et le serment n'en aurait que
plus de valeur ... » (35)
. Le passage de l'obscurantisme de l'errance scientifique matéria-
liste ou cléricale, au discours vr~i était acquis une fois pour toutes
par le contact de cet Instructeur du Maître mystérieux, détenteur
de la Yérité ét~rnelle. Le Docteu; E. Lalande (Marc Haven), après.
Schu~e, en ava,it entretenu l'idée en publiant : Le Maître inconnu
~~glwstro. Guenon pensait que des émissaires orientaux étaient en-
t: es e. n. contact a~ec Saint-Yyes d'Alveydre et Sédir qu'ils avai~~t
1.1 ouves pl~s soucieux de phenomènes et de pouvoirs que de ven-
!_able doctrme (36), et c'est ainsi que lui-même malgré son jeune
age, avait bénéficié également de leur venue. '
Il_ répéta par la suite qu'une mission lui avait été confiée pour
expliquer l'origine de certaines de ses connaissances et le sens de
l~~r . . exposi,tion. Sa polémique avec la Revue Internationale c!e·~ So-
cze~es. secretes de Mgr Jouin se trouvait iustifiée par cette missmn ;
mais '. n~ dévoila ni le nom des transmetteurs ni la nature de la
1

tran:rnission, ou plutôt il prétendit devoir à la Tradition orale l'es-


sentiel de son œuvre. Il faut placer de l'avis des disciples de Gué-
non~ e~tre 1905 et 1909, cette renc~ntre ; il était en effet en pleine
possession. de ~es connaissances au moment où il prit, en décembre
1
!909.' l~ dire.ct10n de la Gnose. Ses contacts n'ont pas été sûrement
magma1~~s, !l e~t peu probable, le reste de son comportement l'at-
teste,
0
qu Il ait bati sa vie sur une supercherie pure et simple. Des
?ms _ont été avancés par P. Chacornac (37) : le Swami Narad Ma-
Ill (Hiran Singh) par exemple, qui lui transmit une documentation

50
sur 1' action de la Société théosophique aux Indes. Mais le livre
n'ayant_ été rédigé qu'en 1921, cela repousse bien loin le contact,
tout~fo1s le Swami écrivit pendant un certain temps sur les sociétés
secret~s dans la_ France Antimaçonnique à laquelle Guénon colla-
bora egalement JUste avant la guerre de 1914-18. On trouve égale-
ment dans Chacornac le nom de Sasi Kumar Hesh ami de Shri Au-
r?~indo qui lui laissa en partant pour l' Amériqu~ et dont il n'eut
d ailleur,s J?lus jamais de nouvelles, un grand tableau représentant
les ~unerailles d'un brahmane. Monsieur André Préau (38) se
s~uvICnt d'avoir vu rue Saint-Louis en l'Ile un autre tableau. mé-
diocre. au_ demeurant, figurant une femme de brahmane que Gué-
non lm dit être la femme de son Guru. Il n'en a jamais dit plus,
tout en revenant bien souvent sur la réalité de sa cc mission ».
Quoiqu'il en soit, c'est dans Ja modification éventuelle de son
comportement que l'on peut déceler l'influence de « Maîtres. ori~n­
taux » : nous avons vu que ses affirmations sur l'exc~mmurucat10,n
ou le Grand Architecte de l'Univers ou encore la not10n de repre-
s~~tation symbolique étaient en contradiction avec l'orthodox~e tra-
ditionnelle de l'Eglise catholique qu'il présenta dans : la Cnse ~u
A1onde moderne. La transmission d'un corpus complet de connais-
s~nces traditionnelles paraît donc exclue. Par ailleurs, il rec,~er~~a
d autres fonnes d'initiation et la multiplicité des centres d mte~et
demeura. « Varius multiplex, multiformis », Guénon fit Ja connais-
snace du peintre suédois Ivan Aguëli (39) qui avait voyagé en Inde
et ~n Egypte où il passa à l'Islam et reçut la « Baraka >) d~
Sheikh Abder Rahman Elish el Kebir sous le nom d'Abdul-Hadi.
~elui-ci transmit à son tour la « Baraka » à Guénon, probablement
a 1 ~ Mosquée de Londres car ceJle de Paris n'était pas encore ~ 0?~:
trmte. C?e dernier considéra toujours avoir ét.é régulièrement imhe
au S~ufisme. II lui fit connaître par ses traduct10ns les tex!es de Mo-
hyddm lb~ Arabi ou plutôt de son école et ~l col~abora a la Gnose
dans ses tres beJies « pacres dédiées au Soleil et a Mercur~ ». De-
venu sourd, il mourut en Espagne en 1915 écrasé par un tram. C'est
donc en 1912 que se situerait fe rattachement de G~én~n ~ l'Islam '
l~t dédicace du Symbolisnze de la Croix au Sheikh Ehsh md1que cett~
aate tout au moins.
Le~ préoccupations universitaires ne l'avaient pas pourta?t a~an:
~onne complètement ; on le trouve en 1909 et en 1910 mscnt a
1 Ecol~ pratique des Hautes Etudes (40) ~u co~rs du professeur
L~cro1x : « le Catholicisme pendant la Revolut1on », en compa-
grue du « Patriarche gnostique » Fabre des E.ssarts, ?e M~th1lde
Fabre des Essarts de Marie Chauvel de Chauvigny qm devait col-
laborer à la Gnos~ sous le nom de << Esclarmonde ». Guénon devait
rester en relation avec elle longtemps après car il en est encore

51
question dans sa correspondance avec N.M. Denis-Boulet pendant
la guerre.
Albert de Pouvourville, Matgioi (l'œil du jour) de son nom d'i-
nitié taoïste exerça sur lui une influence durable mais particulière-
ment importante au moment de la publication de la Gnose. Guénon
l'appelle dans un de ses articles : « notre Maître » ( 41 ). Né en 1862
à Nancy, Pouvourville avait été élevé dans la même école que Sta-
i:ïs.las de Guaït~ .. R~ntré dans l'Armée par tradition familia~e il pa~­
tic1pa à la pacification du Tonkin contre les Pavillons n01rs et fit
la connaisasnce d'un Sage, chef de village : le Tong-Song-Luat Oe
Maître des Sentences), son initiateur. Matgioi apprit les dialectes
locaux et le chinois, il devint bientôt une sorte d'interprète officiel
des Lettrés auprès des autorités françaises. Dès son retour en Fran-
c~, il avait fréquenté les groupes occultistes signant, ùans l'lnitia-
twn de Papus, du nom de : Mogd. Il dirigea ensuite la re-
vue: la Voie en 1904 et 1905 (42) où parurent par fragments ses
œu~res maîtresses : la Voie métaphysique et la V oie rationnelle.
Gueno? Y a puisé en grande partie ses connaissances sur l'Extr~­
me-Onent. Mais d'autres collaborateurs de la Haute Science pms
de la Voie lui servirent de sources : l'article : « les Têtes noires ~
paru en 1948 dans les Etudes traditionnelles (43) reprenait un thè-
me et des exemples traités dans la Voie en novembre 1906 : G ·
Bertrand Y dénonçait la vanité de vouloir localiser l'Eden et lui
ratta~hait le nom d'Ethiopien : << Visage ardent et brillant ». Les
« Philosophumena » d'Origène traduits et commentés par Guénon
da~s la Gnose avai~~t ét~ abordés par R. Basret da~s la.Haute
~ct~nc~ dans une ser~e d articles sur les apocryphes egypt1ens .et
e.th1~p1ens. Dans la meme revue un texte de Lacu ria : « De 1a d1s-
tmction et du nombre Deux » avait déjà analysé les rapports du Zéro
e_t du l!n ~v~c le~ notions d'Etre et de Non-Etre, il utilisait les no-
t1o?s . d lnfm1 et d'indéfini dans le même sens que Guénon C!es
Pn_nc1pes du Calcul Infinitésimal). La question avait été reprise
d'ailleurs dans la Voie en 1906 par Francis Warrain (44) et on la
trouvait aussi chez Albert Leclère.
Matgioi était anticlérical et même anti-religieux comme heau-
coup des oc~ultist~s de son temps dominé par les quere_Hes p~liti­
ques de la separat1on de l'Eglise et de l'Etat et où les d1vulgat101?s
de Léa Taxil sur le caractère satanique de la Franc-Maçonne~1e
troublaient profondément les consciences. Le Taoïsme lui parais-
sait apte à répondre aux contradictions de l'Occident écarte!~ en-
tre la Foi et la Science sans Dieu. Lorsqu'il publia : les Enseigne-
ments secrets de la Gnose (45), le Patriarche Synésius (F_a?re des
Essarts) abonda dans le sens de l'anticléricalisme : il écnv1t dans
son « Imprimatur » : « Il est digne, juste et salutaire, au moment

52
où s'accomplit cette agonie des anciens Dieux, pleine d'infinie tris-
tesse, dont parle Anatole France où s'effondre dans la poussière du
ch~i:1in, i:~cha~audage vermoulu 'des doctrines individualistes et des
religions Jehov1stes, où l'athéisme tente d'instaurer sur leurs ruines
s~ si_?istre ~ésola_tion plus affreuse encore que l'enfer de la Théolo-
gie, 1! _est digne, juste et salutaire, de crier urbi et orbi qu'il est une
Trad1~10n. qui ne saurait mourir, à qui d'ailleurs, toutes celles qui
ont vecu jusqu'à présent ont emprunté leurs éléments de vitalité et
que cette Tradition s'appelle la Sainte Gnose ».
Le texte lui-même accusait les Pères de l'Ealise d'avoir dénatu-
ré _et torti:r~ les enseignements qu'ils avaient reç~s : «Plusieurs écri-
vam~ cbretiens comme le fait observer Proudhon, tels que Candide,
Appion, Héracleon, Maxime, Arabien ayant écrit sur divers sujets
~ont~e les hérétiques, on a détruit leurs livres. Il est à présumer, q~e
l ~ghse ne redoutait pas moins la bonne foi avec laquelle ces ecn-
vams combattaient les hérésies que les hérésies elles-mêmes. »
L' cxal tation de la souffrance dans le Christianisme masquait,
PC:ur Matgioi-Simon, le manque de connaissanc~~, il en était de
1 ~~me de la Révélation : « Aimez la religion, deftez-vous des re-

hgi_ons ... les religions à intervention céleste sont des moyens ph.~s
faciles, mais moins exactes de s'élever à la Religion. » (46) 11 avait
expliq~é da~s la Voie rati~nnelle que ~47): << la ~octrine .de ,.Lao~
~se vit arnver sans envie et sans cramte les pretres qu~ rep~
d_irent dans le Céleste Empire la doctrine de Fo (boud~hisme m-
dien). " La prétention des Orientalistes comme Pautluer <?u. ~e
Père Huc à reconnaître dans le Taoïsme un Christianisme pnmitif
était ridicule. Pour éviter la traduction habituelle du Kan-ing par
. , · ncor-
« L ivre des Sanctions », il proposa : « Actions et react10ns co .
dantes » (48). Enfin, la thèse historique de l'obscuration ,.contm,~e
des coi~aissances qui devait tenir tant de. place chez ~uenon s e=
baucha1t chez Matgioi : l'histoire de l'Onent _p~rn~ettait de corn
prendre_I'origine de cette dégradation ; le Chnstiarusme, refl~ du
Boud~lusme, avait été rattaché artificiellement pa~ « des c~pi~tes
malfaisants » au « J éhovisme démiurgique ». Le theme du Dcmm~­
gc,. si important dans }'Esotérisme, trouvait ici une nouvelle appli-
ca~1on : les Juifs avaient intercepté Je rayon céleste ~t rendu neces-
saire cette forme imparfaite et amoindrie de connaissance que fut
la Révélation.
_A l'anti~émitisme, Matgioi comme Saipt-Yves d'Alveydre ~j01:­
t~1t un ant1-hellénisme fondé sur la négat10n de fa valeur de l md1-
v1dua_lité : « l'orgueil individuel est la chose qui est, dans tout~ la
race jaune, Ja plus inconnue, et paraît, aux yeu~ des. Jaunes qm ~e
constatent chez d'autres races, ]a plus incomprehens1ble ». Depms
Fo-Hi qui cristallisa la Tradition primordiale commune à tous les

53
peuples dans le Yi-King et qui ne fut ni u~ bom1!1e ni un mythe
mais un agrégat intelectuel, à Lao-Tseu qm en ~ira_ :in corps de
doctrine et à Confucius un système de morale, 1 umte est totale.
L'innovation n'a pas de sens, seule la transmission compte et_ les
clés sont données depuis toujours dans les Trigrammes de Fo-H1, et
le Tétragramme de Weng-Wang ; le Mal se résume à l'incompr~­
hension ou au manque de maîtrise de ces sortes de résidus psychi-
ques que constituent les « influences errantes ». Tout cela est vrai
aussi pour Guénon en particulier les conclusions de Matgioi que
l'Occident devait se mettre à !'Ecole de l'Orient pour retrouver la
dimension métaphysique perdue.
Il est remarquable que l'influence de Matgioi et celle de Saint-
~~es à partir de raisonnements communs ont joué en matière :e-
ligieuse dans des sens contradictoires et c'est justement le domame
où l'attitude de Guénon a le plus hésité. Un courant favorable à la
religion coexistait d'ailleurs dans l'occultisme avec l'anticléricalisme.
M~me dans la Voie le gnostique a Enorphos n, par exemple (49).
a_ffmnait _l'u?ité primitive des religions dont l'éloigneme?t progr~s­
sif?u Prrnc1pe provoquait certes la dégénérescence mais le Christ
avait. apporté la Rédemption (50). L'épisode le plus c?nnu de ce
confht de tendances est le « schisme » de J osephin Pcladan, fon-
dateur d'une R?se-Croix catholique » contre « !'Ordre caba:listique
de la .Rose-Croix » de Stanislas de Guaïta (51). Le Comte de Lar-
mand1e, disciple de Péladan affirma à sa suite la nécessité d'un
ésotérisme lié à un exotéris~e il se proclamait totalement catholi-
que. Pour l'Abbé Roca, discipie de Saint-Yves d'Alvcydrc ou pour
Verdad-Lessa.r~. gnostique en correspondance avec Hyacinthe Lay-
s.on et ~es m~ieux modernistes, l'ésotérisme annonçait la venue de
l Evangile social.
La Gnose par~e d~ décem~re 1909 à janvier 1912, d'abord com-
me _organe de ~ ~glise gn?stique universelle, sous la houlette du
P~tnarche Synesms devmt ensuite indépendante. Deux pa-
tnarch~s concurrents : Patrice Genty (Basilide) et J <:h.an-
ny Bncaud (Jean Il) se disputaient la succession de Synesms.
L'évêque Guénon-Palingenius (Celui qui renaît ... ), aidé de l'ex-
Temp!ie,r Alexandre. Thomas (Mamès) (52) en assura la direction,
conseille, semble-t-il, par Pouvourvi11e-Matgioi-Simon-Mogd et
Champrenaud-Abdul-Hacq-Sisera. Il suivit la voie anticléri-
c!l1e:. dans son article : « la religion et 1es religions » (53). i1l af-
fi:ma1t : « honorez la religion ... (cette thèse est d'ailleurs dévelop-
pee dans cette revue même par notre maître et collaborateur Mat-
gioi) si la religion est nécessairement une comme la Vérité, les re-
ligions ~e peuvent être que des déviations de la doctrine1 primoi:~ia­
le ; et il ne faut point prendre pour !'Arbre même de la Tradition
54
les végétations parasitaires, anciennes ou récentes, qui s'enlacent à
son t,ronc, et qui, tout en vivant de sa propre substance, s'efforcent
de !'etouffer. .. Les religions ne relient les hommes que dans le sens
social. »
. G.u~non c~:mcluait en rendant les religions responsables de l'in-
firm1t~ doct~male de l'Occident victime de leur ingérence dans un
do~ame qm n'était pas le leur. Suivant toujours Matgioi, il affir-
mait la. s~périorité de l'Orient où les rites uniquement sociaux du
Confucrnmsme évitaient la confusion entre exotérisme et ésotéris-
me. Le Bou?~h.isme, selon Matgioi toujours, y était présenté com-
me « une heres1e manifeste ».
Cependant les collaborateurs de Palingenius se laissaient porter
par le courant des préjugés à la mode : « la Franc-Maçonnerie
dans tous les temps et sous toutes ses formes a conçu Je dessein d'é-
lever le Temple social de l'humanité », elle continuait ainsi l'œ~­
vrc de la Révolution française ; en ces ter.mes ~'exp~im~it J~Ies J?01-
nel. (54). On a vu précédemment que Palmgenms s affirmait :at10n-
~aliste en parlant du Grand Architecte de l'Univers >: ; cert~i~s ar-
ticles montrent déjà un rejet évident de la mentalite du. milieu et
la fo_rme d'élaboration qu'il fera subir aux données occultistes .. « Le
Démmrge .» (55), par exemple, présente une double ?at~re : 1~ ;é-
sume les idées qui aboutissent à Matgioi (le monde _1udeo-chr~tien
a commis un contre-sens en prenant Yaweh pour le Dieu suRreme)
et préfigure la théorie des états multiples de l'Etre auxquels il con-
sacrera un ouvraoe. 0
Le thème du rapprochement entre les formes
traditionnelles se retrouve partout notamment dans les note.s . de
l' Archéomètre, « la Gnose et la Franc-Maçonnerie », « Ja ,Rehgt?n
et les Religions » · jamais il n'opère à la façon des « Theosophis-
tcs », par ressemblances étymoloaÎes fantaisistes mais tenGtantdes,
article comme : « l es H.~uts ra es
0
, • '
equivalences forme Iles. Un
Maçonniques » (56) définit déjà !'Esotérisme, à la n:iamere ,<l? Gué-
non ultérieur : « si on en faisait des centres initiatiques venta?Ie~,
chargés de transmettre la science ésotérique et de conserver ~nte­
gralemen t le dépôt sacré de la Tradition orthodoxe, une et umver-
selle ». Pendant l'année 1911 une série de travaux su: le symbo-
lisme de la Croix ou la codstitution de l'être humam se~on 1.e
~ édâ~ta annonçait ses livres tandis que tr?is articles. sur l~s ne?-spi-
ntuahstes marquaient définitivement la distance qu.1 se c1e1~sait ~n­
tre. l'o~~;iltisme et la voie suivie par l'évêqu~ ~nostique Palmg~n~1:s
q~1,, de1a, ne croit plus en la profondeur spmtuellc et en la legitt-
nute de sa charge.
(1) P. Chacornac, op. cité, p. 31. ,
(2) Cc~tc approbation, il est vrai, ne fut donnee .que ,da.us la notice
nécrolog1que qu'il lui consacra en 1926 dans Le Vot le d Isis.

55
(3) Sedir: La vie et les Œuvres de Jacob Boehme, ~ie et P~nsée de
Gichtel, La Mystique judéo-chrétienne (1894), Tliéosoplua Pract1ca (tra-
duit de l' Allemand de Gichtel).
(4) La dédicace de la préface à Robert de Billy est asse:- curieuse
c qui connait et qui comprend l'âme musulmane où rcsplcnd1rcnt autre-
fois, où s'abritent encore aujourd'hui des témoins de l'antique cohorte
rosi-crucicnnc .•. >.
(5) Voir P. Chacornac, op. cité, p. 32 à 36. .
(6) Charles Détré (Teder) vécut longtemps à Londres et fut un ami
de John Yarkcr qui échangea avec C. Stretton une correspondance rela-
tive à la Maço~ne.rie opérative. Teder apparut dans l'i ni lia tion en 1904
comme un spécialiste de la Maçonnerie.
(7) Il fut également doté d'une patente de 30°-90°, ainsi que Dcsjobert
par Théodore Reuss avec qui Papus, non reconnu par les Franc-Maçon-
neries c officielles>, avait fait alliance : Reuss était à la tête du ~ Souve-
rain Grand Sanctuaire > pour l'Allemagne.
(8) Manuscrit Paul Vulliaud : Bibliothèque de l' Alliance israélite. Une
analyse portant sur une partie de l'ouvrage a été faite par 1\1. H. Arnadflu
dans : _L'initiation ; il se compose de correspondances ou notes inédit?s
sur Willcrmoz, Gcille, Saint-Yves d' Alveydrc, Pa pus cl l 'Abbé .J.A. Petit.
Le pass~ge sur !'Ordre du Temple se trouve p. 1 OO et 101.
(9) Victor Blanchard présidait la Loge ~lclchiscckch.
(10) !I ne semble pas que Guénon ait dirigé de Loge mais l'orientation
<gnostique> concorde avec sa rencontre avec Fabre des Essarts.
t' (ll) Ph!lippe Encausse : Sciences occultes ou vingt-cinq a m1écs d'Occul-
ISine occ1dcntal, Pa pus, sa vie, son œuvre. (Ed. OCIA 1 D4H), p. 63-64.
(12) Charles Blanchard est bien désigné comme un profane et un ins-
trument des jésuites,
• (13) Resté célibataire et passionné de celtismc Genly exerça toute sa
vie un métier fait pour lui laisser le temps et' l'esprit libre : il était
relcve~r de compteurs à la Compagnie du Gaz, cc qui le mit en relation
avec cnormément de gens.
(1!) Ce procès-verbal se trouvait dans les papiers de Patrice Genly.
d e(1.>) N?u: verrons plus précisément l'influl·ncc de .\lalgioi au moment
la creahon de la Gnose •
. (lfi) H. G.u~iwn. «Parole
perdue et mots suhslitut'·s » in l~ludes Tradi-
l~o1111elles, JUil.-dec. 1!>48, repris in
EFMC t. II p. 2G.
Compagnonnage, t. II, p. 26. ' '
0 7) Voir Saint-Yves d'Alvcydre.
(18) Voir F. Portal : Les Couleurs symboliques, 1857.
(19) Voir Saint-Yves d'Alveydre : l'Archéomèfre.
(20) Repris notamment dans l'Homme et son Devenir selon le Védânla
<!?25), ~ ~tr: et no~-E~re > forme le chap. 111 des Etal~ .lllllliples de
l Eire (1932) , les Pnnc1pes du calcul infinitésimal il partir de la Gnose,
en 1909-1911.
(21) Matgioi : la Voie rationnelle, chap. 5 : « Ja Délivrance finale~,
1
chap. XXIII de l llomme et son Devenir selon le Védânta.
(22) Hcpris dans : Le Règne de la Quantité et les signes des Temps
0945), chap. XI: «Caïn et Abel~, le Voile d'Isis, janvier 1932.
(2B) 4: Sheht », dans le Voile d'Isis, octobre tn:n, repris dans SFSS,
p. 157.
(24) Repris notamment dans la Grande Triade, chap. XV : « la lettre
G. et le Swastika,, dans Etudes Traditionnelles, juil.-août 19f>0, repris
in SFSS, p. li3ï.
(25) Principes du Calcul infinitésimo.l (déjà cité).

56
(26) «Pierre noire et pierre cubique>, in Etudes traditionnel/es,
déce111bre 1D4ï, repris i11 SFSS, p. 309.
(27) La Trimurti référence dans La Grande Triade, chap. 1.
(28) XVI
chap. et et
Atma Om, in l'Homme et son Devenir selon le Védtlnta,
XVII.
(29) La Grande Triade, cbap. III et IV : «le cœur et l'œuf du monde>,
<la caverne et l'œuf du monde~ ,dans Etudes Traditionnelles, février
et i:na~s
.1 !l38, repris in SFSS, p. 231 et 235. Le thème des eaux supérieures
cha ns ">. est traité au clwp. XI des Etats mulfiples de l'Etre: «les
et mfer1eures
cieux
(~0) /./Erreur spirite, 1923, chap. VI et VII.
. (.H). «Indéfini et
simal infini~.
chap. 1or des Principes du Calcul infinité-

. (32) Il s'agit soit de travaux effectivement exécutés, soit de proposi-


tions de op.
cornac, travaux.
cité, p.L'Ordre
35. comprenait sept grades énumérés par P. Cha-

(33) O. Pontet : «les Contrefaçons de la Maçonnerie>, in !'Acacia,


vol. I, 1909 ; après la réponse de Guénon, Desjobert et Blanchard,
O. Pontet
de conclut
«fantoches> . brutalement en les traitant de «gogos de Papus > et
. (3~)
C?u.énon .= «A propos du Grand Architect: de l'Univers>, in la
Gno~c, .ltlll.-aout Hlll, rPpris in EFMC, t. Il, P· 213. •
s~?~~:
3
<4o) Compte rendu de la Loge Thebah, Grande Loge de Franc6
du avril 1912; ce compte rendu vient d'archives privées, l'aut en JcJ
en .est très probable.
(3G) Paul Vulliaud a longuement ironisé sur l'instructeur de Saint-
Yves, un brahmane qui fut surtout 111
· . 11c d<.·v~uent
secrets· I"l:,. e:1 t•s . • .arcl gues,
u~
h d d'oisea. au Havre. Les
a~. la illiss1011 de l'Inde ne
pas être publiée pas ctre d1vu

~!anuscrit ·
Paul Vulliaud : Bibliothêque de l'Alli,anc~
·
isra él"t Les
1 e. cette
é · dans l'initiation vers 1890-93 tcmoignent de
articles d'de Sedir
volonté
(~
_ acqu r1r des pouvoirs. . enter à
/) P. Chacornac, op. cité, p. 53. Hiran Singh ?cva1t prés
Guenon
3 l'énigmatique Bo Yin Râ alias Joseph Schneider. ' • connu
C S) so
avant M. André
d· Préau est un des rares c guénoniens > à lavoir
39 n cpart au Caire. • tre fut ami de
C 0 ). Sur Ivan Agnëli voir P. Chacornac, P· 43 ..• ce pem
la P etessc, théosophe et socialiste : Marie Huot. • et
!90~
4
< 0) Registre d'inscription de l'E P H.E.: 14 mai (n 7•992
0
ée les
8.40:1), <·! 10 déc. 1909. On trouve a.u. registre de cette m •me i"nn A d é
noms de Gonzague Truc de 1'Abbé Tisserand, de Masson-Ourse • d' n r
Lebcy
des dont Guénon
revues. co1~menta les livres sur l'histoire dans ses revues

(41) «La religion et les religions> : la Gnose, scpt.-oct. 1910.


(42) C tt
c e revue succédait à• la l/a11te Sc1enc~
. il existe
(1893 ... )Gnose une
Mat"'ioi
P?renté de thèmes très nette entre elle, la V?ie et la · b
disparut de 1'/nifiation après un article sur l'oprnm.
(4:i) ,Ja nv.-fév., repris in SPSS, p. 134.
(44) « Remarques sur la notation mathématique> ~t «Remarques sur
la production des Nombres> : la Gnose, mai 1910 et JUin.
(45) Paris 1907 •
• (~6)!,,: uoie Métaphysique, suitr 1i une démonstration de l'impossi-
bilité d une Théocratie en Extrême-Orient.
(47) P. 28 de l'édition 1941.

57
(48) Guénon reprit l'expression.
(49) N° 2, 1904.
(50) Par le Christ enseignant, bien entendu, et non pas souffrant.
(51) On trouve dans l'Initiation en 1890 et 1891 et 1892, 1893 un écho
de la tentative de coexistence des deux Rose-Croix et de leur rupture.
(52) Alexandre Thomas fut tué pendant la guerre de 1914-18.
(53) La Gnose, sept.-oct. 1910.
(54) Jules Doinel: «Discours sur !'Esotérisme et les trois 0r1'radcs l ) .
(55) Novembre 1909.
(56) Mai 1910.

58
Chapitre IV

LE REJET D'UNE FAUSSE SPIRITUALITE

Il ne s'agit pas d' .


rejet porte sur u un, re3et pur et simple, d'une page tournée ; Je
quelles « Théos n ~ysteme d'explication et de justification par les-
détenir une co 0 P.histes » et Occultistes de tous genres prétendaient
sans que biennnaissance totale de l'univers. Le reste a été intégré
' à Nsouvent' .la quest10n
le contraire · se pose. Certes, Guenon
~
a dit.
le mouvement .M. ,!lems-Boulet affirmant qu'il n'était entré dans
un égal mépris ânostique que pour le détruire (1) et parlant avec
Jam ais il ne es i:iembres de cette Eglise et des Francs-Maçons.
cette partie d souffla~t mot à ceux qui le fréquentèrent ensuite de
une aide pou e 1 s~ vie. Le reniement brutal lui fut probablement
homme » de ~ s ~lrrac~er du milieu. Le « Je ne connais pas cet
avant. uenon a Palingenius devait relancer sa marche en
La contradicti
Franc-Maçon ton apparente entre un Guénon qui reste en 1912
Clarin de la R ~ c?11a?orateur de la France Anti-maçonnique de
rin de la Riv ive e~Iaire en fait sa transformation. Connut-il Cla-
de cette revue pa~ 1 Abbé Gombault ? Dès avril 1910, la direction
ce I'Epopte ; ?ui P~rsiflait peu de temps auparavant : « Sa Grâ-
usa de Ia per a ! 0 ~enius » lui ouvrait ses colonnes et Palingenius
N éo-spirituali 1;11ssion pour souligner ce qui séparait la Gnose des
novateurs ma~18e~. e~ des, Spirites (2) : « Nous ne sommes pas des
Protestantism I~eles a la Tradition orthodoxe. » L'hostilité au
à Devillère « ~a qt ~e l'ab~ndonna jamais, paraît dans une réponse
s eui gnostique » : « II n'y a rien d'aussi profondé-

59
ment anti-gnostique que la mentalité protestante et moderniste ... Je
ne déteste rien autant que les machlnations plus ou moins occultes
pour ne pas dire occultistes. » Il affirmait également la régularité
de la Gnose, réunissant dans une même doctrine : « les vêtements
divers ». Ses articles sur la Maçonnerie parus en 1913 et 1914 sur-
tout sont des mises au point sur les origines de l'institution, l'Ordre
d~s Elus ~oëns·,_ la véritable signification des Supérieurs Inconnus.:
d authentiques mfluences spirituelles émanées des centres tradi-
tionnels ont inspiré des personnages plus ou moins conscients com-
me le Baron de Hundt ou le Prince de Hesse. Même incapables de
~ournir des preuves, ils ne pouvaient cependant être pris pour des
imp.osteurs. L'article intitulé : « L'Enigme » montrait la vanité du
~fOJet d'identification du personnage transmetteur de vérités tradi-
tionnelles, susceptible de prendre indifféremment les traits de tel
ou tel~e comme ces errants hindous porteurs d'une corne de gazelle.
. Gue~on. souhaitait-il que l'on appliquat à ses propr~s Maîtres .c~tte
mterpretation ? Jean Reyor dans un article des Etudes Tradttzon-
nelles, n'y a pas manqué.
. « Les réflex.ions sur le pouvoir occulte » sont riches de précisi?ns.
Si des transm1~sions réelles d'influences spirituelles ont eu heu!
c.~mme?t se, fait-il que depuis Schroepfer et Gugumos au xyn1e
s~ecle, 1usqu à Blavatski, on ait vu fleurir tant de fausses sp1ntua-
htés? L'in~mpréhension s'est interposée certes. mais aussi des
agents conscients du Mal, auteurs des déviations · il appela cela plus
tard·: C0 ~ tre-mitiation.
· ·· · '
Les premières convictions ·
avaient trouvé
confmna t10n.
L:F:glise gnostique elle-même fut l'objet d'un règlement de comp-
t~ s~vere. dans le journal. « Un Gnostique qui n'est pas Evêque »,
des Janvier 911., accusa sous une forme à peine voilée, le Patriar-
che !ean II Bncaud d'avoir écrit sous le pseudonyme de Jean des
Essemt:s (3) u,ne.: ~éthode pratique pour l'incubat et ~e succ_ubat.
Un schisme dechira1t leur Eglise depuis le mois d'aout, ~nc~ud
ayant ~té seul reconnu par Papus ; le « gnostique qm n est
pas Eveque » lança alors un nouvel assaut le 5 Octobre 1911 con-
tre Jean II, Prêtre du Carmel, successeur de Vintras ; il demandait
qui fut Jean I.? :, ~ !1e serait-ce pas le Docteur Joh~nnès, l'~bbé
Bouliau... a-t-11 hente de certain démon familier qm, sous d1vers
noms d'emprunt... joua et joue encore le premier rôle dans quel-
ques apparitions et révélations d'un caractère éminemment sus-
pect ». Guénon, comme pour Teder ,identifia un agent de la Co_n-
tre-Initiation en Bricaud ; sa présence signifait que ,t~ute conna!s-
s~nce .réelle, en supposant que la Gnose moderne 1 a,1! co~servee,
nsqua1t d'avoir été déviée (4). La Gnose cessa donc d etre l o~gane
de l'Eglise Gnostique Universelle et son directeur s'attacha à denon-

60
cer soit les égarements de pensée comme ceux de Gustave Bord, soit
les falsifications volontaires comme celles de Nicoullaud (l'astro-
logue Fomalhaut) qui dirigea la Revue Internationale des Sociétés
secrèt~s (4 bis) de Mgr Jouin. Héritière de l'esprit de Léo Taxil et
du Diable au XIXè siècle, elle polémiqua avec Guénon jusqu'en
1939 et donna, par contrecoup à ses idées sur le Mal leur forme
définitive. '
, C}arin de la Rive avait contribué à dénoncer l'imposture de Léo
1 ax1! et demeurait persuadé, conviction partagée par Guénon, ~ue
d~s. mfluences diaboliques réelles avaient agi, mais elles vena1e~t
d ailleu~s que là où on les plaçait habituellement. Autrement dit,
<.< .certams » avaient intérêt à provoquer cet affrontement entre l'E-
g!1se catholique et la Franc-Maçonnerie. Après Charles Barlet, C1a-
nn de la Rive lui transmit des documents, notamment ~oncernant
l'ex-Rabbin Paul Rosen (5) qui avait été mêlé de près a cett~ af-
faire ou à un mystérieux Le Chartier, possesseur d'un man?s~nt de
« pornographie érudite » le « Gennaith-Menngog » qm echoua
finalement entre les mains' d'un autre collaborateur de la RISS, e;;-
nemi personnel de Guénon · Henri de Guillebert des Essarts. ~
. · 2 sen' rit également a
France · BAntz-Maçonnique en 1911 et 191 ·"té P
Théosophique . aux
A nme esant et aux 'agissements de la Soc1e· 1 indien Ban d'e-
.
I n d es, en traduisant une série d'articles du 3ourna · ét" s se-
Mataram. Elle constitua aussi un tableau général des soci e
crètes en Europe et en Amérique dù Nord.
Palingenius
. disparut en 1912 ' remplacé dans la f ·FAMtre « le
parJe :mon-
S ph mx » (6) . ' · à ce moment là l'articulation est a1te en
l' J i avait appns . ·
d c d e l a raison et de la science dont Albert Lee ere u . d M l
à douter et celui des néo-spiritualistes. Privés par l'aâtion no~ve:u
des bases traditionne11es nécessaires les mouvements eé rC 7)
spirituel allaient sombrer dans un ir:atérialisme transpos ·
n , double condam-
. put des lors entreprendre son œuvre par une Théosophisme
nation
· · : d' les Occultistes et néo-spiritualistes dans · ·t : le
· le matena " · i·1sme'
I zzstozre
·d une pseudo-religion et l',Erreur spm e '
, l' ~t de des doctrines · /un-
·
occi entai . dans : Introduction génerale a ~ u
. d 111 1zde moderne. a e ra- T bl
d oues, 0
' · d nent · et Occident et la Crzse Il n °
t 1 s vestiges•
trad"t. 1 1onnel s
se d ou evaient émerger progressivemen e . . '
authentiques. L'Eglise catholique et la Franc-Maçonnenéde, et c elst
. , d · · rurent poss er seu es
b ien a essem qu'on les avait bromllees, 1U1 pa
L • ,

les bases nécessaires à une reviviscence.


Il continua de fréquenter les Loges, s'étant ._tait admettre, après
son exclusion des obédiences « papusiennes », a la o:ande Loge ~e
France. Loge Theball 347 , 1·i ti'nt le langage que 1 on a vu ; lom
ou 'il l' d'f" . 1
de l'idée de dépôt traditionnel immuable tel qu a e mi par a
61
suite. Cependant, en Janvier 1913, dans le Symbolisme, une confé-
rence publiée du « Frère » Guénon montre le chemin parcouru :
le progrès, la condamnation de toute dogmatique, une certaine mi-
nimisation des rites s'y trouvaient encore, mais la perspective était
plus conforme à ce qu'il écrivit plus tard sur le même sujet : « Il
(l'enseignement initiatique) n'est ni le prolongement de l'enseigne-
ment P_ro~ane, ~ son antithèse. « Le symbole qui est la base de ~a
transm1~s1on fait p~sser l'inexprimable ». C'est là _le secret : :< !-1. n y
a pas d autre mystere que l'inexprimable. » Ainsi le secret. m1tiati-
que est quelque chose qui réside bien au-delà de tous les rituels et
de to~tes les formes sensibles ... Ce qui n'empêche pas que ce:s for-
~les ~1 ~~t pourtant, surtout dans ]es premiers stades de la prepara-
tion irutiattque, leur rôle nécessaire et leur valeur propre provenant
de ce qu'elles ne font en somme que traduire les sym1?~1cs fo1?d~­
mentaux ... Il est impossible qu'il y ait, pour deux ind1v1dus d1ffe-
rents, deux initiations absolument semblables même au point de
vue extérieur et rituélique ... Les formes, même rituelles doivent
changer ' ce qm • •·
et progrès.- bien que ce.-1m-c1
• • SOI"t
. L'
re1atif. · conc1he tradition
. ·
. e?se!&nement et lente ne sont que formes et prcparat10ns
~u tra~a1l mteneur, donc il n'y a pas de théorie systématique ou de
ormation dogmatique possible.
Il fut p b bl 1 . ,
, 1 ro a ement déçu par l'atmosphère des Loges, on a aissè
ega ement entendre qu'il aurait participé à une tentative de « Loge
sauvage » en deh d . ·1 b
do nna à partir d ors 1 e toute obédience ·' quoiqu'il en s01t, 1 a an- .
sa fanl'II e ~ guerre et peut-être même dès 1913. Ses amis,
. . e~ ses preoccupations intellectuelles l'entraînaient à cher-
1
Cher d u ecote de l'EgI" , •
dent Al ise une possibilité de redressement de 1 Occ1-
à la.t"t ~ mfrt de Clarin de la Rive en 1913 il devait lui succéde;
01 . . e e e a France Anti-Maçonnique. Il écrivit dans ce sens a
IVIer de Fremond · d" . · M · et
A f J 'f d . qui mgeait le Comité Ant1- açonmque
n I- u1 e Loue Atlantique. (8)

1 ~~bavait é~ousé en effet en 1912 Berthe Loury institutrice œéco-


e re,. amie.. de sa tante Madame Duru Marï'age religieux dans
i
un~ fa~1lld~Itrles
nene m
catholique à qui il ne souffla J·amais mot de Maçon-
s am Mad D . · Ip
· L . · , ame uru vmt habiter avec le Jeune coup ~
rue Samt- ou1s en 1IIe . u ... · · "t b" t"t
d on t M ad ame D ur ' ne niece ' Françoise ' les re101g01
· ien o ,
P . u assura
ces au « orta1 » prop · 't, d
1 l'éducation. Ils passaient , leurs
,. vacan-
,, ..
· et vecurent
d e Bl 01s, , ' à Pane· ed es parents de Berthe a Lcmere, N pres
··11
M D · B . ns e leurs rentes assez pauvrement. oe e
. ems- oulet qui les vit régulièrement de 1916 à 1923 a noté
d ans ses souvenirs '"1 . ,
, qu I recevait de sa mère des omelettes toutes pre·-
parees (9) et souligné ses habitudes d'économie allant jusqu'à con-
62
signer" dans un. cahier de comptes toutes ses dépenses et à conser-
ver meme ses tickets de métro usagés .
. Est-ce I~ besoin d'un établissement ou le désir d'un approfon- -
d1ssem~nt mtellectuel qui ramena Guénon à l'Université ? (10) Il
entrep:1t en Sorbonne, délaissant les Sciences, une licence de Phi-
losopl~1e en compagnie de N.M. Denis, de Pierre Germain, Pierre
Dubois, c~ G. H~mery. Il fit ensuite un Diplôme d'Etudes supérieu-
res de Philosophie des Sciences avec Milhaud à qui il présenta les
futur.s : Principes du Calcul Infinitésimal. Dubois et Humery
"':~yaient en lui un mystique ; il fut lié quelque temps, assez profon-
C!~rnent semble-t-il, avec Pierre Germain. Deux lettres qu'ils échan-
gcrent pendant l'été 1916, alors que réformé, il venait d'enseigner
comme
G , suppléant au Collècre o
de Saint-Germain, décrivent bien le
~1en~n de ces années (11). Germain était nommé à Epernay et
lu~-rneme à Tulle (il devait d'ai11eurs refuser ou perdre le poste par
smt~ du ~etour .du titulaire), il s'inquiét~it du ?"ai~ement .et ?es
hemcs qu il aurait à faire en plus de la Philosophie, il voulait bien
des Mathématiques et de l' Anglais. mais pas d'Histoi~e ou d~ ~t­
tres. ,P~r ail}curs, enseigner dans une école lib;.e aurait pu lm. faire
~ort a 1 Agregation. Avec ce goîit du secret qu il conserva }0 UJ.ours!
il recommandait à son ami de ne pas parler de cette nommat1on a
~fadame Chauvel de Ch;uvigny ~E~clarmonde~. Quelques que~~
tions de fond, plus intéressantes, eta1ent abordees dans ces ~e~.
lettres : on y trouve l'écho de discussions avec Jacques Ma;!tam
0 2) · Celui-ci, en réponse à une question sur la nature de 1ame,
Pavait définie suivant Thomas d'Aquin comme un « esse absolu-
tum ». Absol~ beaucoup trop' relatif c~mmentait Guénon, essen~e
et s b t · d l'Etre · domai-
n u sdance étant deux aspects complémeThnta!re s ·ee Il attrlbuait à
e au- essus duquel ne peut s'élever la 1
eo ogi · .
1,..m,fi ucnce
.
de la pensée grecque cette lum~a · · t'
wn d~. '"' la . Scolastique
, Il
a 1 ~tre qui l'empêche d'atteindre à la Metap?ysique mtegra1e.,,
faliait chercher le principe d'individuation de 1 ame _dan,s la matie-
re et non pas dans son principe ; il définissait ensmte 1 A~te c~m­
me antérieur à la puissance. Cet échange fait _éch? à une d1scuss10p
plus large provoquée par N.M. Denis qui avait fait rencontrer Gu~­
n~n et les Pères Peillaube et Sertillange; ces hommes, J~cqu~s ~an­
tam surtout eurent ensuite une grande influence sur lm, s.mt dire.c-
te • soit

pai·
,
i·e' u"et·ion. N ..M . D c111s
. e't a 'it donc la' fille de. Mmmcc Denis,
fondateur avec Sérusier du groupe Nabi ; une parti~ de ce grou~e,
dont Maurice Denis d'ailleurs s'intéressait à l'ésoténsme. La famil-
le ~enis vivait au Prieuré à S~int Germain, rec~vant beaucoup (13).
Amie de Jacques Maritain et des « Néo-thomistes », ~Ile pr.ov?qua
la confrontation avec les idées de Guénon, offrant a celm-c1 des
possibilités d'édition et de collaboration dans des revues comme :

63
la Revue de Philosophie. Le souvenir de ses conversations est con-
servé dans les articles de la Pensée catholique déjà cités et dans une
correspondance abondante entre 1917 et 1923. N.M. Denis a dé-
~e~t un ~tudiant déjà maître de sa pensée, remarquablement cul-
tive, ~ns1ble et très humain (14). Il traduisait du Sanskrit : les
Uparushads, Çankara. (14 bis)
Il ~ui fit parvenir un premier manuscrit sur la Substance et il ré-
~ondit
1
à ses remarques le 12 Août 1917 (15). Les rapports de
«~: et ,de ~a Métaphysique étaient au centre de leur discussion .
. n n est mconcevable en soi » dit Guénon s'opposant à la con-
cepti~n d'une intelligence, émanation limitée de l'infini que l'on
~ ~tnbuée à Plotin. Il voyait dans cette limitation une déformation
e~ e~te des conceptions orientales auxquelles l'esprit grec, même
~ ezts Al~xandrins, n'avait jam'ais pu s'adapter parfaitement.
L?~~~ <?nentaux, 1a connaissance est bien identique à l'infini.
à la ation erronée de Non-Etre au Néant chez Aristote est bien
siquesource des limitations de !'Universalité de l'Etre. La Métaphy-
réduit ~\,pe~t donc être définie comme science de l'Etre ni l'Etre
cipale existence ~ar il dépasse tous les genres. La difficulté prin-
l'usage e; cette matière réside dans le langage et particulièrement
1'identifi u t~erbe êt~e utilisé comme « copule symbolique » ou dans
Le ca ion, le signe = est aussi un « copule symbolique ».
13
Septembre 1917 · · 1'
gumentation p ,, éd une letre du << Portail » poursmva~t ar-
« nous somme:~, ente en ajoutant une justification his tonqu~ :
tre ... » La vraie M~ord sur l'Etre mais ce qui est au-delà de lE-
Ia façon dont l'O .etaphysique est au-delà de toute expression et
ontologique bien ccident a posé le problème impliquait la prem.:e
comment Saint A avant Descartes : « je serais curieux de sav?ir
comprendre l'esp ~eJme présentait la chose ». Il importe de faire
une transcriptio n es doctrines orientales plutôt que de réaliser
fois que cela sen, I?arquer les concordances entre traditions chaque
Occident présenpt resente. « Il ne faut jamais oublier qu'il n'y a en
caractère' purement ement
m, tout ~u mo1~s,
· d" · · ·t
a~cune Tr~ 1ti~m q1;11 a1 U,!1
quement complète . 1etaphy~1que, m d'ailleurs qm s01t metaphys1-
imputabie à l'bér't ' e premier de ces deux défauts paraît surtout
la mentalité grec~~;e d~Ia mentalité judaïque, Je second à celui d~
tionnel beaucoup pl~» ne doutait pas qu'un enseignement trad~­
e~ist~ au Moyen-A es ~r~fond qt~e celui qui n~ms est p,arv~nu .rut
laisse subsister. Pou~ te ai~ la J?retendue Renaissance n avait nen
du non-manifesté au mafr?me:, il montrait les rappo~ts du ~assage
corps, faisant a11usio nife~te par l'exemple de la resurrect10n des
éclairent Jes objecff 1
nd aux e!ats muJtipJes de l'Etre. Ces précisions
dition chrétienne s e Guenon : l'Occident conserve dans la tra-
' sous une forme cachée ou latente, les moyens de
64
retrouver la dimension métaphysique perdue ; l'Orient dC'it combler
le manque, « par le haut et de l'intérieur ».
Invitation à chercher !'Esotérisme au-delà certes de la religion
exotérique mais dans son prolongement : différence de degré plus
9ue?e nature. Ceci nous paraît d'autant plus net qu'il ne parla
Jamais à N.M. Denis d'initiation ou de rattachement, pas plus d'ail-
leurs qu'à ceux qui l'ont connu avant son départ pour le Caire en
19~0. D'autre part, l'apport transmis par les· Occultistes a été tra-
dmt en _termes philosophiques, soumis à une analyse conceptuelle.
Cette ~ms~ en catégories logiques semble avoir provoqué d'ailleurs
les objections les plus vives que l'on peut observer dans sa corres-
pondance. « La séparation avec la théologie doit être maintenue
très nettement » écrivait-il de Sétif le 3 Janvier 1918, 1a réalisation
~~stique est incomplète, un état individuel envisagé dans l'intégra-
lite_ de son extension. Il réaffirmait l'intérêt des rapprochemen~
mais en les subordonnant aux connaissances métaphysiques acqm-
scs par ~illeurs. Il ne pouvait y avoir dans Je mysticisn3e 9ue des
refl~ts d mtellectualisme et s'il ne faut pas separer la th~ne de la
pratique, la théorie en Métaphysique est la base nécessaire.,. ,
On trouve le 19 décembre une nouvelle attaque contre l irre~­
lari.té de la mystique, sa correspondante considérait à tort. qu~ _I'm-
telligence entrait en jeu dans cette démarche en mode mtmtif e!
inexprimable : chose impossible répondait Guénon car c'est ce q~t
distingue la métaphysique de la mystique. Le dialogu~ t_?urnait

w;zit
court. Les notions métaphysiques complémentaires expnmees pa!
la suite consommaient la rupture ; le 16 février 1919, de r~t~ur
J?l?is, il définissait Je mystère comme inexprimable et non -
ligi?le et limitait la charité à sa portée affective. Le 27 mars 1'
enfm, venait l'affirmation pour l'intellect pur et trans~endal?.t dlel lat
P 0,,8 ~ 1"bill" te, . de contempler Dieu, ce que ne pouvai·t r éaliser mte ec
cree.
Cependant la direction de sa recherche reste constante jusqu~
vers 1927, 1930 . il légitima ses critiques dans une lettre. du 28
J\1illet 1921 .· « y' ous 1.d en tif'1ez le CathoJicisme
' au Thomisme. »
Tout en les rapportant au cadre chrétien. ,
De Sétif où il avait été nommé professeur à la re~tree de 19 ~ 7
~t où il avait retrouvé un compatriote, le Do~teur Lesieur de Bl~1s,
il se félicitait (3 janvier 1918) de l'apprécat10n fa~ora~le. du Pe~~
Sertilla?ge, car ce n'était pas dans les mili~ux ll:mvers1tau~s qu ~l
comptait trouver jamais la moindre comprehens10n de_s lois me-
taphysiques. Il espérait toutefois que la mort de Dur~heim oha~g~­
rait 9uelque chose à la mentalité (16) ; celle ~e Lc,on _B~o~ ~tait
mentionnée sans commentaire tandis qu'une p01~te d ant1sen11tlsme
reparaissait à propos de Spinoza et de Maimomde : « encore que

65
les Juifs n'aient jamais été très métaphysiciens. » Berthe Guénon.
le 4 janvier, décrivait la vie à Sétif et renchérissait : « beaucoup
de Juifs ici, ce n'est pas la partie la plus intéress~nt.e de la popula-
tion... » Quant à lui il regrettait l'absence de vie mtcllcctuellc, et
ne parlait pas de contact avec des Musulmans, même pcn~ant son
séjour de vacances à Hamrnan Rihra avec le Docteur Lcs1cur.
De retour à Blois il s'installa dans la maison familiale de la rue
du Foix et revint au Collège Augustin Thierry comme professeur
07). Sa classe comptait cinq élèves, dans le parloir, car le reste. de
l'établissement était transformé en ambulance américaine. Cmq
élèves dont il ignorait d'ailleurs les noms, lisant continuellement un
cours écrit ; lorsqu'ils étaient las d'écrire nous dit J. Mamet, la
classe le lançait sur ses « marottes oriental~s ». Monsieur Collin, d~
Blois. qui fut un de ceux-là garde le souvenir d'un maître aussi
dista?t a~ec eux qu'avec ses collègues, d'apparence souffreteuse,
un tic lui faisant toujours ramener sa main vers son menton. Son
regard d'illuminé n'imposait pas le respect; il faisait d'ailleurs pe?
?e c~s. ~e ses élèves leur répétant que pour comprendre il fallait
etre mttié: a~ total, un marginal. .
. N.M. Denis reçut le 8 décembre 1918 l'annonce de son mten-
tton ,<le ~e présenter à l'Agrégation, il se plaignait égalcmen! de sa
sante qui ne fut jamais bien solide et s'excusait de ne pouvolf don-
~er. so~ avi~ sur un article de Maurice Denis traitant de pcintu-
e . « JC suis peu doué pour les arts. » (18)
r· Il ~~t pour sujet à !'Agrégation de Philosophie : 1) le rôle de
. I~tmt1on dans la connaissance . 2) Le , 1· dans l'Art . 3) Les
idees et 1 , rea 1sme .' . .
r es genres dans la philosophie de Platon. Adn11ss1ble, 11
exp ;qua dans une lettre du 8 septembre 1919 son échec à l'oral :
~~ .;;on de .morale sur le sacrifice le Président n'était même pas
l ~mqme
· .~tq.uestion
aient. de la valeur de l'admissibilité et des limites d'âge

, En ce~te fin d'année 1919 il pensait :-t une thèse <le Doctorat et
a un pro1et de R · ' < • S
. evue universelle auquel l'associait N.M. Dcms. on
tra~ail (s~r la substance ?) étant terminé il cherchait un éditeur ;
apres avoir. vu Levy-Bruhl et pris conseil du Père Peillaube, il en-
t~a pas.
tit en relation avec Alcan et Rivière qui accepta mais cela n'abou-

' O? appren,d,, d~ ~lois, le 7 septembre 1920, que le Père Peillaube


1 aya1t engage a ecnre contre la Société Théosophique 1rniis il n'a-
vait aucun, documen~ sur. place. La composition du livre ~u~ un
~e~ retardee par la .redaction du Doctorat : l' Introduction generale
a l Etude des Doctrines hindoues, Sylvain Lévi ayant donné en no-
vembre 1920 son approbation écrite pour enregistrer Je sujet. Une
lettre du 7 mars 1921 commente le refus de Lévi de le compter
66
parmi les docteurs : « Rapport curieux et extraordinaire... Racon-
tez cela à Maritain. " N.M. Denis transmit, attribuant Je refus à
Fint~rver:tion de !'Indien Ghâti qui prônait, au contraire, la métho-
de h1stonque. Le rapport était assez sec (18 bis) : « Il entend exclu-
:re tous _les éléments qui ne corre~ondent pas· à sa conception
(Bouddhisme et Protestantisme) ... tout est dans le Védânta ... Il
fait bon marché de !'Histoire et de la critique historique ... Il est tout
prêt à croire à une transmission mystique d'une vérité première
appame au génie humain dès les premiers âges du monde ... »
Après cet échec que Guénon n'oublia jamais, l'étroitesse de Vll~
des universitaires représenta pour lui Je rÏ10dèle de tous les défauts
et de toutes les limites de l'esprit occidental. Son activité ne se ra-
lentit pas, au contraire · en mai 1921 il a terminé la rédaction du
Tlzéosop/zisme, mis à pa'rt quelques compléments de docu~1entation
et demande alors à N.M. Denis des nouvelles de son article po~r
la Revue universelle ; en juillet il est en pourparlers a~ec Valois
pour un nouveau livre et écrit à Maritain pour un article sur le
Théosophisme.
Cependant les rapports se tendent en cette fin d'anné_e 192 l e~­
trc Guénon et sa correspondante celle-ci a publié sur lm et les p~­
losophies hindoues un article q~'il n'apprécia guère. Toutefois il
transmettait encore l'aval de Maritain et de Massis pour un .compte
rendu de son livre dans la Revue universelle par N.M. Denis.
L'année 1922 vit le relâchement de leurs relations, Guénon. fut
à nouveau malade fréque~ta Gonzague Truc, !'écrivain cath~h~~e 1
et directeur de coÜection qu'il avait peut-être déjà rencontré a -
colc pratique des Hautes Etudes, Massis, Léon 1?~udet et com-
mença à travailler Orient et Occident et /'Erreur spmte.
De son côté, N.M. Denis se maria et présent~ une thèsei Les
lett!·es de félicitations de Guénon ·regrettent e~ m~me temps adra:
r:!c des occasions de parler de « tout ce qu'ils· aunent ». La . er"'
mere c~u 15 janvier 1924 répondait à des vœux : « sympathiqu..,
souvcmr ».
Au total, si le désaccord avec N.M. Denis-Boulet pyéf!gure, sa
rupture avec l'Occident Guénon a continué sur sa lancee 1usqu e!1
1927, comme nous l'a~ons déjà dit, confondant les. ~eux ad,vers~1-
rcs : mentalité moderne et occultisme dans une cntJ.que tres VIO-
iente.
Le Théosophisme, Histoire d'une Pseudo-religion, pub~ié en n~­
vembrc 1921 par la Nouvelle Librairie Nationale, collectio~1 ~e b1-
bliothèquc française de philosophie, dirigée par J ac~ues Mantam, e.n
est le_ premier exemple. La rapidité avec laquell~ 1ouvrage. fut nus
sur pied s'explique par l'utilisation qu'il put farre des articles de

67
la F~ance Anti-Maçonnique et de la masse de renseignements qu'il
tenait .directement du monde qu'il avait fréquenté avant 1914. Le
Swami Narad Mani, en particulier.

Chap. I: Les antécédents de Mme Blavatsky.

~éléna Petrovna Hahn fon- Barlet avait été membre de la


datnce de la société, naq~it en Société Théosophique et parti-
1831 à Ekaterinoslav, fille d'un cipé à l'un de ses nombreux dé-
colonel et, par sa mère pet·t mêlés : l'affaire Gaboriau. Le
fill d'And .. ' i e-
.e.. re Fadeef, conseiller Swami fut précieux pour l'acti-
pllnve dll: Tsar. Insupportable vité de la Société aux Indes.
e e ne fit pas d'études .. · ' Certains renseignements arrivè-
ses et ... seneu-
.. mar1ee à seize ans au Ge' rent d'ailleurs trop tard et ne
neral N. ' h -
s'enfuit ~ep ~re Blavatsky, elle parurent que dans la seconde
1848 ès tot et commença en édition en 1923. Guénon y pra-
d'aven une extraordinaire vie tique la méthode historique, dé-
tures, parcourant l'O . montant avec une rigueur impi-
en compagnie du . . nent
Metamon li.. à « magicien » toyable les supercheries dans
Garibaldi' ee .Maz·
ZUU· et a' les « phénomènes » et les incon-
tit à M avec qui elle combat- séquences doctrinales, sans ou-
entana E 187
trouve au c aire : n éd. 0 on la blier les indélicatesses de ges-
fessionnel où 'Il m mm pro- tion : « on comprendra sans
< club à miracle~ e fond~ un peine que l'étude de théories
de fraude elle d t », convamcue aussi inconsistantes ne puisse
rique. u gagner l'Amé- guère être séparée de l'histoire
même de la Société théosophi-
que ; c'est pourquoi nous n'a-
vons pas jugé à propos de faire
dans cet ouvrage deux parties
distinctes, l'une historique et
l'autre doctrinale, comme il au-
rait été naturel de le faire en
toutes autres circonstances ».
(19)
Chap. II · L
· es origines de la Société Théosophique
Son comportement en Am,. .
que fut singulier . •e~- H.P. Blavatsky, sa fondatri-
« envoyée et cont~o"el11. e se disait ce, fut en effet une aventurière
~ es 't d ee » par un beaucoup plus qu'une intellec-
~ pn » u nom d J 0 hn Ki
Celui-ci fu e ng. tuelle, sa participation aux lut-
t remplacé en 1875 tes politiques est intéressante ;
68
Guénon a souligné en d'autres
par l'influence de John Felt,
membre de la société secrète : occasions les liens du néo-spi-
« Hermetic Brotherhood of
ritualisme avec la politique en
Louxor » à laquelle elle adhéra général et le socialisme en parti-
culier. La rencontre de Felt et
en compagnie du Colonel 01-
de la H. B. of L. est également
c?!t (20) . Abandonnant le spi-
nt1sme elle glissa vers l'occultis- très importante, Papus en fut
me, guidée par un nouvel « es- membre et elle formait aux yeux
de Guénon un de ces hauts lieux
prit » : Serapis. La Société Thé-
osophique fut alors fondée · son de l'action du Mal, un centre
but était d'obtenir : « la 'con- contre-initiatique. La Société
théosophique fut entre ses mains
naissance de la nature et des un instrument inconscient.
attributs de la puissance suprê-
me et des esprits les plus élevés,
au moyen. de" procédés physi-
ques. » Bientot une alliance fut
conclue avec l' Association in-
die~ne de l' Arya Samaj, d'inspi-
ration. protestante, fondée par le
Swanu Dayânanda Saraswati un
« Kashmiri Brother » dont' les
n:e~s~ges furent bientôt pré-
c1p1tes par voie astrale il rem-
plaça l'influence de Se;apis.

R ·crucianisme.
Chap. III : La Société Théosophique et le osz
. d ces diverses socié-
Parmi ses inspirateurs on peut La vie c · ' b" t à la veille
tés avait fait 1o Je '
compter « l'lmperator » de la de la guerre, d'une lo~gue en-
« Golden dawn » société pa- " t de la France Anti-Maçon-
rallèle au Rosicru~ianisme. 01- que . e et Guénon y avait . d'"'
e3a
cott en 1876 demandait son mque .
, de Berason Le 11en e'ta-
par1e
entre les co~rants occultes et
o •
aide pour empêcher H.P. B. de bli
se rendre aux Indes et Mac-Gre- ·ence officielle en la person-
a sc1
gor, mari de la Grande 1ne de ce dernier' illusu:e 1a d"e-
Prêtresse Anari (la sœur de Guénon umssant la
Bergson) , qui tenta en 1899 de maro he de 'd
,ev1a. ti" on intellectuelle
, . occ1
. 1.en-
restaurer à Paris un culte d'Isis d
. ' tale et l'illusion neo-spmtua iste
supposait que l'Imperator était d ns un même courant de mal-
~~ . ~es sept adeptes possédant f~sance. Il déplace de. plus le
1 elix1r de longue vie. G. Pecoul entre d'intérêt de l'action con-
commente en ces termes : « les ccrète des soc1etes, ., , 1
comme on e
théories de la Société Théoso-
69
phique sont si étrangement sem- voyait dans les dénonciations de
blables à celles de M. Bergson Léo Taxil ou même dans les
qu'on peut se demander si elles articles de la France Anti-Ma-
ne dérivent pas toutes deux çonnique s'en prenant à la. ~o­
d'une source commune et si mination de Joffre, officier
H.P .B., Olcott, Leadbeater An- franc-maçon à la tête de l' Ar-
nie Besant (21) n'ont pas' tous mée française, vers des formes
été à l'école du même Mahat- plus spirituelles et intérie?res.
ma... ou de quelque autre ». La présence de nombreux hvres
Pecoul Y voyait certaines sour- doctrinaux ou prétendus tels est,
ces de la pensée moderne et sur
à ses yeux, un si~e certain .~'i}­
« l~ nature des influences que légitimité : les ~nc~cnnes_ soc1etes
subissent, souvent inconsciem- secrètes ne laissaient nen der-
ment, l'ensemble de ceux qui
rière elles.
sont eux-mêmes des agents d'in-
fluences intellectuelles et spiri-
tuelles. » Le Dr Franz Hart-
ma~n, membre de la Société
lteosophique, et fondateur en
, · ei;i~gne d'une « Rose-Croix
~~~t;riiue », fit paraître en
Boston une aventure
chez les R · ·
, al os1cruc1ens oü il est
eg ement question d'Imperator.

Chap. IV : La question des Mahatmas.

Dénoncée comme cha I t


Par 1e m éd'ium Douglas H
ra an Depuis la retraite en <?rient
(22)' H.P.B. gagna les Inde~: des Rose-Croix au XVIIIe s1e-
1878 en compagnie de 01 tt cle le thème connut une popu-
eil e se f'ixa a' Adyar, où dans
CO ' larité constante ; sa variante de
1 la Grande Loge Blanche eut un
nouv.elle section ésotérique le~
prodiges se multiplièrent . succès particulier entre les deux
coups, tintements de clochettes· guerres mondiales.
lettres précipitées. Le Mahatm'
Koot Hoomi l'inspirait comm:
membre de la Grande Loge
BJanche tête de la hiérarchie oc-
culte qui secrètement gouverne
le mo~de. Une extravagante bio-
gra~ht~ ~u Mahatma suivait (il
en eta1t a 800 ans d'âge à son

70
ultime réincarnation) . Le pro-
fesseur Kidell de New-York dé-
n<:nça 1~ supercherie : Morya
lm succéda ; H.P.B. devait écri-
re plus tard à son ami Soloviof
que tout cela était le fruit de
so:i . im.a!.?in~tion et son équipée
faillit flmr a la manière de celle
de Léo Taxil.

Cha p. V : L'affaire de la Société de recherche psychique.

La prétention des occultistes


Démasquée une nouvelle fois
de donner aux sciences une di-
elle , quitta Adyar. Hodason en-
~ 0 mension supplémentaire s'est
voye en cnquete par la Société
heurtée à la rigueur de la cri-
de recherche psychique de Lon- tique et de l'expérimentation
dres, conclut qu'elle avait : scientifique. Ce n'est pas seule-
« . conquis sa place dans l'His-
ment dans le cas de H.P.B. que
tmre comme un des plus accom- la confrontation a tourné à la
plis, des plus inaénieux et des confusion des « spiritualistes »·
plus intéressant~ imposteurs
dont le nom mérite de passer
à la postérité. »

Chap. VI : Mme Blavatsky et Soloviof.

Il existait un intérêt matériel


,!nvité quelques jours afin direct à cette explo~~a~io~. ~es
d_ ~tre « gagné », Soloviof put vé- affiliations à ces societes etaient
nfier les façons de procéder de payantes, depuis la vente de~
H .P .B. Elle lui montra la clo- grades maçonniques au X~I.Ile
chette astrale qu'elle dissimulait siècle, jusqu'aux groupes spmtes
sous. son châle ; il l'entendit
aus~~ ,rcnîcr les membres de la
d' Allan Kardec.
soc~ete dont elle reconnut ex-
pl01ter la crédulité.

Chap. VII et VIII :


Pollvoir de suggestion de H.P.B. et dernières années.

On retrouve, après l'affaire


Son pouvoir de fascination
Gaboriau, un écho dans la re-
paraît avoir été très réel si So-
vue de Papus : l'Initiation des
loviof résista, Olcott, L~adbea-
71
ter, Sinnett etc. y succombèrent scandales et des querelles de la
et lui demeurèrent fidèlement société. Papus et Barlet avaient
attachés. Elle passa les derniè- fait partie du premier groupe
res années de sa vie en Allema- créé on l'a vu en France. Un
gne puis à Ostende en corn pa- deuxième groupe : Hermès de-
gnie de la Comtesse Wacht- vait avoir lui aussi une existen-
meister enfin à Londres où elle ce agitée. Les chefs de file de
mourut le 8 mai 1891 se plai- l'occultisme français comme Sta-
gnant encore des calomnies ré- nislas de Guaîta, Saint-Yves
pandues en France contre elle d' Alveydrc ou Sédir et Matgioi
par Papus. restèrent à l'écart du mouve-
ment théosophique.

Chap. IX : Les sources des ouvrages de H.P.B.

Malheureusement pour elle Les éléments de doctrine in-


~o~s dit Guénon, son œuvr~ téressants que l'on y retrouve
ecnte .est abondante (23) et les sont noyés dans un syncrétisme
connaissances qui, à défaut de mauvais aloi, propre à dis-
d'une transmission par des Ma- suader les esprits les mieux
hatma~, servirent à rédiger : la équilibrés de l'étude de la Tra-
Doctrine secrète et Isis dévoilée
dition et de l'Orient. Guénon Y
sont id:ntifiables dans ses lec-
voit une nouvelle fois le sceau
tures. S1 elle semble avoir lu di-
rectement Jacob Boehme et la du Mal, dévoyant un courant ~e
Kabbala Denudata de Knorr d restitution possible de l'Occi-
dent à une civilisation « norma-
Rosenroth
. , Eliphas L ev1~
. c'est le ».
qm constitue 1apport principal
(24). On peut aussi reconnaître
des passages de : ['Etoile /lam-
boya~te de Tsclwudy, de la
Magza adamica etc ... Quant aux
te~tes ~anskr.its et thibétains
qu elle 1gnora1t elle utilisa des
traductions connues, par exem-
ple des fragments du Tandjen et
du Kandjen d'Alexandre Csoma
de Koros publiées en 1863. {25)

Chap. X : Le Bouddhisme ésotérique.

Supposé représenter l'essen- C'est poussés à la fois par


ce même de toutes les religions les gofits de leur clientèle et la

72
et de la vérité absolue, n'est logique interne de leurs raison-
qu'un « mélange confus de néo- nements que les dirigeants de la
platonisme, de gnosticisme, de Société théosophique habillèrent
Kabbale hébraïque: d'Hermétis- en définitive d'oripeaux orien-
me et d'Occultisme, le tout taux des fantaisies occidentales.
groupé autour de deux ou trois Plus précisément, le fond de
ü.lécs qui, qu'on le veuille ou cette mentalité syncrétiste est
non, sont toutes d'origine mo- resté très protestant et anglo-
derne et purement occidentale. » saxon.
Le Bouddhisme esotérique n'est
finalement qu'un instrument de
propagande entre les mains de
la Société théosophique.

Chap. XI : Principaux points de l'enseignement théosophique.


L'idée purement occidentale « Le Bouddhisme ésotéri-
et récente d'évolution liée à que » fut créé par ~me !3lavat:
celle de progrès est à la base de sky pour pervertir 1Occi~ent '
leur enseignement ; divisée en tel est l'avis de Peter Davidson,
<: sept vagues de vie », elle ca- membre de la H.B. of L: da~s
ncature la théorie hindoue des une lettre à Barlet: ~ aJoutrut
cy~les cosmiques. Sept races- que la H.B. of L. eta1t en ra~­
meres (nous sommes à la 6ème) port avec la fraternité authentt-
scandent la progression continue que et réelle de !'Himalaya t~­
de l'humanité : il s'agit d'un dé- dis que le groupe Blavatsky. de-
marcage de la réincarnation des pendait d'un centre bouddhique
Spirites. secondaire de Ceylan.

Chap. XIT : Le Théosophisme et le Spiritisme.


Cette interprétation suit la
H.P.B. oubliant ses débuts, od on parle beaucoup
repoussa les interprétations des ~ e~stral » à la fin du XIXè
Spirites, dénonça les « dérange- . , <1I~e . Barlet ou Péladan pen-
ments des Médiums » attribu- s1ec , . . d'
, t y trouver 1'ongme une
an: la réalité des phênomènes seren . . d
s01t au corps astral des Mé- nouvelle inspirat10n ans 1a
peinture. On en retrouve les tra-
diums, soi! à ?es « coques as- s les salons de la Rose-
trales » depomlles abandonnées ces dan d'Ant .
par les défunts. Croix et les œuvres orne
de la Rochefoucauld, par exem-
ple. Le Hor}a ~e Maupass~nt
servait aussi d exemple bien
souvent aux occultistes.

73
Chap. XIIl : Le Théosophisme et les Religions.
L'expression de « christia-
Officiellement ouverte à tou- nisme judaïsé par St Paul » a
tes les religions dans sa section été reprise exactement par le
exotérique, la Société subit théoricien nazi Alfred Rosen-
pourtant l'influence de sa fon-
datrice, violemment anti-juive berg.
et méfiante vis-à-vis du Christia-
nisme détourné et judaïsé par
St Paul.

Chap. XIV et XV :
Le serment dans le Théosophisme et les antécédents de Mme Besant.
Le commentaire de Guénon
Annie Wood, née en 1847 insistait beaucoup, une nouve~­
su~a à H.P.B. Mariée à un le fois sur les liens avec les mi-
mlillStre protestant F. Besant lieux 'socialistes. Il attribue ce-
elle l'abandonna pour vivre ave~ la au rôle politique d'Elipbas
Charles Bradlaugh, libre pen- Levi dans la révolution de 1848
seur,. très anti-religieux. Elle (ce thème n'est d'ailleurs pas
t:avaüla avec le Docteur Ave- sans rapport avec celui de l~
ling, gendre de Karl Marx, édi- Franc-Maçonnerie dans les or~­
ta des brochures malthusiennes
gines de la Révolution françai-
se). En fait, les lien~ sont plns
fut condamnée
,, , à la prison mais .'
~ersevera, expliquant sa posi-
anciens que 1848, ils. remon-
tt0n .dans des conférences, des
tent aux origines mystiques du
meetmgs de protestations. Elle
a~sura la publication du . Na-
socialisme et à Enfantin.
tzonal Reformer
, ,,. dest"me, a,· pro-
p~ger 1 athe1sme jusqu'en 1889
~u Bradlaugh et ses convictions
1 abandonnèrent , en "
meme
temps.
, Elle
h" s affilia à la Soc· ie"t'e
th eosop 1que.

Chap. XVI : Les débuts de la présidence de Mme Besant.

Ol~ott, Judge et A. Besant se


heurter~nt violemment pour la
s~ccess1on. Après une fausse sor-
tie d'Olcott, Judge fut à son
tour accusé de faux dans « les

74
précipitations de lettres D. Rup-
tures, exclusions s'en suivirent
jusqu'en 1895 moment où Mme
Besant régna sans contestation.

Chap. XVII : Au Parlement des religions.

En 1893 se tint à Chicaao L'accusation de magie inter-


un Parlement mondial des reli- venait régulièrement dans les
gions, les Théosophes eurent à querelles intestines. Le public
eux seuls deux jours de réscr- aimait cela. Le plus célèbre
v_és sur dix-sept ; A. Besant s'y « règlement de comptes » fl!t
fit accompagner par deux Hin- celui de Huysmans, Jules B01s
dous, Judge accusa run d'eux . et Stanislas de Guaîta à propos
Chakravarti d'être un maaicie~
0
du fameux Abbé Boullan (le
noir. Johannes dont on a parlé à prc:
pos du Patriarche Jean II Bn-
caud}.

Chap. XVIII et XIX


Le Christianisme ésotérique et la duchesse de Pomar.
C'est en effet d'un. po~nt de
.~· Besant, chose surprenan-
vue catholique que l'~tsto;re du
t~, favmisa le développement Théosophisme est env1sagee par
d un courant minoritaire inspiré Guénon ; il est une pseud~-re­
par. Anna Kingsford et Edward li aion en même temps qu une
Maitl~nd, auteurs de : la Voie 0 • • • • dont les mo-
parfaite et la duchesse de Po- pseudo-1m tia tion,
des d'action empruntent une
~ar. Bouddhisme et Christia- forme et un ton nette~cnt a~-
msme Y étaient présentés com- , 'stiques (26). Ceci. consti-
me complémentaires. Lady Cai- t ec11nune nouvelle .mvitat1on . ,
a
thness, Duchesse de Pomar vou- t ue .. . d 1
envisager l'Esotens?1e . ans e
lut être une véritable Théoso- prolongement ~e 1 Eglise exo-
phe chrétienne s'inspirant de .. ·'que . Ce pomt .de vue . sera
B_o~hme et de Swedenborg. Elle t er1 .
confirmé dans les livres qm sm-
dmgea : l' Aurore d'un jour nou- vent. Il est d'ai~leurs :emarqu~­
ve:iu consacré à la logosophie : ble que le Theos~~hrsme... a.1t
science du logos ou Christ telle
été d'abord publ~e en part~c
qu'elle nous a été transmise dans sous forme d'articles separes
les doctrines ésotériques des sa- dans la Revue de Philosophie
vants de l'Inde et des phisolo-
phes grecs alexandrins ... » Elle (27).
75
constitua un groupe ésotérique à
l'intérieur de la Société théoso-
phique ; elle s'en sépara en 1886
tout en conservant de bonnes re-
lations avec elle. Réincarnation
elle-même de Marie Stuart, la
Duchesse attendait le jour nou-
veau qui amènerait le Saint-
Esprit sous une forme .féminine
et collective. En 1882 avait com-
mencé une ère nouvelle, de
Notre-Dame.

Chap. XX et XXI :
Le Messie futur et les tribulations d' Alcyone

L'idée en vint probablement


de Mme de Pomar. Comme Jé-
sus, forme visible d'un Maître
(28), un Boddhisatwa futur était
en préparation, il emprunta d'a-
~ord, le corps d'un enfant et fut
eleve à Londres par les soins de
Leadbeater, mais son père le
ramena précipitamment aux In-
des. C'est Krishnamurti (Alcyo-
ne) qu~ remplit alors ce rôle
a~nonce. par une Société de
Vm~ ~ille Saint Jean. L'affai-
r~ fm1t tristement devant les
tnbunaux, la tutelle de Lead-
t;e,ater su_r ~ishna~urti ayant
ete suppnmee pour immoralité.

Chap. XXII : L'Anthroposophie de Rudolf Steiner.

Il créa sa propre société, rom- Depuis l'assimilation , d~


pant avec quinze ans de théoso- « Maîtres inconnus » aux J esw-
phisme à la suite de l'affaire Al- tes dans la Maçonnerie du
cyone. Mme Besant l'accusa XVIIIè siècle, l'accusation était
aussitôt d'être un émissaire des aussi fréquente que celle de ma-
Jés?ites. Adoré par ses disciples, gie. Guénon lui-même n'y a pas
Stemer fit construire à Dornach, échappé.

76
juste avant la guerre une sorte
de temple. Au point de vue doc-
trinal, l' Anthroposophie ressem-
ble comme une sœur à la Théo-
sophie.

Chap. XXIII et XXIV : L'Ordre de l'Etoile d'Orient


et ses annexes, l'Eglise vieille catholique.

Les mésaventures d' Alcyone


ne rebutèrent pas les Théoso-
phistes, cet ordre constitué sous
le protectorat de A. Besant de-
vait préparer la venue du
« Grand Instructeur ». Un cer-
tain nombre de groupes se cré-
èrent pour ce faire : « Table
ronde », « Chaîne d'Or ». L'E-
glise vieille catholique travailla
aussi à la religion nouvelle,
créée à Paris en 1914 par un
certain Mgr Mathieu et recru-
tant aussi bien des Anglicans,
des Jansénistes et jusqu'au Pa-
triarche gnostique Bricaud.
Wedgwood, membre de la S.T.
essaya de manœuvrer ces grou-
pes en dessous. Lorsque Mgr
Mathieu comprit, il se sépara
bruyamment de ce parrainage
compromettant.
ranc-Maçonnerie.
Chap. XXV Théosophisme et F
. , . . nle des sociétés
L'un pena11s , , .
Les Théosophistes tentèrent , t d'ailleurs genera1 '
également de « noyauter » la secretes es.t essayé lui aussi de
Franc-Maçonnerie affirmant la Papus· ava1
.
1 F
dmettre dans a ranc-
communauté de leurs initiations se fa1~~n=rie « officielle ». ~~é­
et John Yarker qui avait connu Maço, l fin de sa vie, participa
Garibaldi comme H.P.B. fit de non, a a , re d'opé
celle-ci « une Princesse cou- indirectement a ce gen , .-
.
rauons pour transformer 1 espnt
ronnée » du rite de Misraïm.
77
Nombre de Théosophistes amé- des Loges dans un sens tradi-
ricains étaient Maçons et A. Be- tionnel.
sant entra au « Droit humain »,
Maçonnerie mixte d'inspiration
très moderne.
Chap. XXVI et XXVII
Les organisations auxiliaires et le Scoutisme.
L'influence de la S.T. fut très
répandue, sous le couvert le plus
souvent, d'action morale, elle
s'exerça même dans ]es milieux
ouvriers, l' Arsenal de Toulon
notamment. Mais tout était
bon

: l'antialcoolisme ' le véaéta-
0
nsme... à leur propagande.
Chap. XXVIII et XXIX
Théosophisme et Protestantisme ; Rôle politique de la S .T.
Christian Science ou Y mca
fortement « théosophisées » ont
servi en fin de compte à un ex-
pressionisme anglo-saxon com-
me la Société aux Indes s'était
faite l'agent du colonialisme
britannique.

L'~rreur Spirite fut publiée en 1921, chez Rivière dans le mê:ne


espnt que le Tlzéosophisme et un troisième volet l' Erreur occultiste
qui ne vint pas devait compléter l'attaque contr~ le néo-spiritualis-
me.
lère partie. Chap. I : Définition du Spiritisme.
Il consiste en la possibilité de
communiquer avec les morts par
des moyens matériels. Les es-
prits qui se manifestent sont
émanés d'un corps astral ou pe-
risprit, ce sont des vivants à qui
le corps physique manque seul.
Les médiums, aux sens plus dé-
veloppés que ceux du commun
des mortels, voient le périsprit.

78
Chap. II : Les origines du Spiritisme.

Il date de 1848 à Hydesvil1e, Les prétentions scientifiques


aux Etats-Unis, où la famille expérimentales des Spirites ne
Fox constata en présence de ses les empêchent pas de pratiquer
filles des phénomènes assimila- également une pseudo-re1igi~n~
bles aux maisons hantées d·au- conforme à cette mentalite
trefois. La rumeur publique in- scientiste et simpliste qui domi-
terpréta leur présence comme ne l'époque. Ceci pour le déve-
une médiation entre l'esprit qui loppement du spiritisme. Mais
se manifestait et les humains : le ces ori!!ines portent de façon
spiritisme et ses médiums était visible l~ marque de l'action dia-
né. Dans son : « History of bolique.
Modem Spiritualism » Emma Il justifie son enquête d~ns
Hardinge Britten, membre de la ces milieux par la p~ssess10_n
H.1:· o~ L. prétendit que les des principes de la !'11" etapbysi-
phen~menes avaient pu être pro- que traditionnelle qm l'ont em-
voques par des vivants et non pêché, il l'affinne dans l'avant~
~es morts. Cependant, les han- propos, de s'éga:er dans les .
t~s~s, tout ce que les Anciens « ténébreux labynnthes du mon-
ha~er:t aux Mânes, ont toujours de inférieur. »
existe~ Ç)uelqucs années après, Le Spiritisme sem~le ,c?mme
des ~v.enements identiques se le Théosophisme avoir ete ,sus-
prodmsirent en Normandie à Ci- cité par une « force cachee ;>
deville (29) . Il est fort possible pour dévier les réactions ant~-
que des hommes connaissant maténa . 1·1stes que l'on pouvait
H
certaines techniques d'évocation, pressentir. La présence de la ·
la Franc-Maçonnerie alleman- B of L. dans les deux cas est
· ·1 'y a pas de
.
de s'est beaucoup intéressée à r évélatrice, car 1 · n e ou re11-
cela au XVIIIè siècle puissent mouvement po litiqu
f~ire agi~ des restes d~1 compo- gieux qm• s01•t V rat'ment sponta-
se humam après la mort mais , D même que dans la sor-
ne. e n
certainement pas l'esprit. cellerie dont il est une resurge -
ce mo dern e' les agents sont sou-
.,
vent inconscients et les p;~n11e-
res victimes des forces qu ils ne
peuvent contrôler.

Chap. III : Débuts du Spiritisme en France .

. En. 1852, le « Modern Spi-


ntuahsm » se répandit en An-
gleterre, en Allemagne et en

79
France. Les journaux socialis-
tes participèrent activement ~ la
propagande. Les commuruca-
tions des esprits ont toujours re-
flété la mentalité du pays dans
lequel elles se produisaient. La
réincarnation fut la base de la
doctrine des Spirites français dé-
finie par Hippolyte Rivail, alias
Allan Kardec, instituteur, hom-
me de théâtre et porte-parole
d'un groupe de médiums qui
transmit ses propres idées. L'o-
rigine réelle du progressisme qui
inspire les réincarnations suc-
cessives décrites dans : le Livre
des Esprits est à rechercher dans
les œuvres de Pierre Leroux et
de Fourier.

Chap. IV : Caractère moderne du Spiritisme.

L'inégalité des conditions so- Dans des publications so~i~­


ciales ~e~ble ê,t!e à l'origine listes comme : l'Encyclopete
des theones remcarnationistes populaire à deux sous ~.e a
qui n'ont rien de commun avec Châtre les thèmes de la reinc~rÎ
les doctrines anciennes de la nation' comme élémeD:t e~sentle
Métempsychose et de la Trans- du progrès et de la 1ust1. .ce so-
migration, qu'elles soient hin- ciale, sont largement develop-
doues, chinoises ou gréco-ro- pés.
maines. Cela dit, le Spiritisme
s'apparente plutôt à la magie
qu'à la science expérimentale.

Chap. V : Spiritisme et Occultisme.

Ont souvent recruté dans les


mêmes milieux, les femmes en
particulier, attirées par l'aspect
sentimental et consolant de la
doctrine. Papus, maître de l' oc-
cultisme français a présenté les

80
deux doctrines comme équiva-
lentes ; celle des Spirites étant
moins poussée et étendant abu-
sivement à tous les phénomènes
la communication d'un esprit.

Chap. VI : Spiritisme et Psychisme.

La réalité des phénomènes La dénonciation de la contre-


n'est contestable ni au point de façon prend ici un intérêt ~o~­
vue expérimental ni au point de veau par les aperçus doctrma1-
vue métaphysique. Si la fraude res qui expliquent la nature du
des médiums que l'on peut con- détournement. La documenta-
s~dérer comme des malades plu-
tion n'était pas très originale !
tot que comme des saints est on y retrouve les exempl~s ,qm
peut-être inconsciente, l'origine couraient dans .. tout~ la litter~~
ture occultiste a la fin du XL'Xe
des phénomènes est tout autre
que ce à quoi les spirites l'attri- siècle.
buent. La différence n'est sans
doute pas grande entre la réa-
lité de la chose et la nature de
la • fraude si on l'envisacre
0
du
P?mt de vue psychique, c'est à
dire du domaine de la nature.
La « personnalité multiple »,
que l'on observe chez certains
m~lades convient beaucoup
mieux que le mot incarnation
utilisé par les Spirites. Guénon
analyse ensuite les expériences
de Crookes, du Docteur Richet
à la Villa Carmen à Alcrer 0
et
l'apparition de sa mère à Lom-
broso par Eusapia Paladino ; il
montre enfin l'influence de ces
théories sur les milieux scienti-
fiques et philosophiques de
Flammarion à Edison et de Wi-
liam Jam es à Bergson. Tout ce-
la présente de graves dangers,
et no.mbre de Spirites ont perdu
la nu.son car les forces mises en
œuvre échappent aux compé-
tences de ceux qui les suscitent.
81
Chap. VII : L'explication des phénomènes.

Ils ne conçoivent pas qu'il On retrouve probablement


puisse y avoir « dans le mon- dans ce chapitre les éléments du
de invisible » (30) autre chose livre qu'il avait projeté sur les
que des êtres humains. conditions de l'existence corpo-
L'anthropomorphisme tout relle, qu'il ne publia jamais mais
exotérique en est un exemple qui trouvèrent un prolongement
« astral » (31 ). La magie ancien- dans : les Etats Multiples de
ne avait les noms de gnômes !'Etre. Par ignorance de la hié-
salamandres, ondins pour dési~ rarchie des états de l'Etre et
gner ces entités avec lesquelles du domaine subtil dont les
chaque individu peut être en Occultistes et les Gnostiques ont
communication par son sub- d'ailleurs parlé, les Spirites font
conscient. Les matérialisations obligatoirement une erreur d'at-
et les déplacements d'objets tribution. Situation dangereuse
peuvent appartenir à ce domai- que Guénon souligne justem~nt :
ne du subconscient. Les prolon- tout contre-sens métaphysique
gements de l'être humain dans aboutit à une contre-métaphysi-
le domaine subtil sont en ef- que.
f~t, in?niment plus larg~s que se
l t~a~e,nt _les contemporains ;
ma1~ il_ s agit toujours d'un com-
pose ~1vant. La mort n'est pas
une simple décomposition du
c.orps et la seule évocation pos-
sible• est celle
• . d'un vivant, ce a,
qu01 1es,. spmtes semblent juste-
ment repugner. Au total, l'i-
gnora?ce de~ Occidentaux du
domame subtil, des « influences
errantes » : tout ce que la magie
avait lié aux nerfs, au sang est
génératrice de théories aussi
extravagantes que dangereuses.

2ème partie - Chap. I : Diversité des Ecoles spirites.

Contre-façon de la Révélation L'émiettement est une preu-


religieuse, le Spiritisme est fondé ve supplémentaire du creux de
sur les enseignements d'ailleurs leurs théories. Pour Guénon, il
contra~ictoires des esprits. ne peut y avoir rigoureusement
Leurs mterprétations des Evan- aucun Esotérisme à partir du
82
giles avec les prophètes-mé- moment où entrent en jeu des
diums, sont particulièrement dé- questions de personnes et de
lirantes. L'influence du christia- sentiments.
nisme libéral est visible. D'au-
tres se disent spirites-scientifi-
ques, d'autres encore spirites-
matérialistcs comme Jules Lermi-
na « vieux petit emp1oyé de 1a
Lanterne ». Enfin des sectes
ésotériques, surtout en Améri-
que masquent de simples grou-
pes spirites. A la limite, chaque
groupe, avec son médium et ses
esprits qu'il juge supeneur,
constitue une école séparée, ja-
lousant la voisine.

Chap. II : L'influence du milieu.


'd, de critique est
Produites par le subconscient Ce proce e our dé-
du médium, les communications d'ailleurs très courant P. L
r les supercheries. e
sont toujours en rapport avec masquede Pierre-Michel Vintras,
la mentalité du milieu. Elles sui- proces du Carmel de Tilly,
vent des courants mentaux et fondateur . es cherchant des
ne leur donnent en aucun cas montre les J~g d s les paroles
naissance : les esprits évoqués fautes de latin an .
des Anges et de la Vierge.
par les Mormons sont polyga-
mes, les Américains Blancs re-
poussent la réincarnation qui
pourrait leur donner un corps
noir, les Français sont anticlé-
ricaux, après 1 848 ils étaient
socialistes, avant 1914 radicaux:
et patriotes, après la guerre in-
ternationalistes. « Nous savons
qu'on fait actuellement beau-
coup de spiritisme dans certains
milieux communistes (32) ».
Aux fervents d'Alexandre Du-
mas, d' Artagnan se présente, la
Vierge Marie aux Catho1iques.
Le chapitre se termine par cette
citation de Papus : « quand
83
Victor Hugo vient faire des vers
de treize pieds ou donne des
conseils culinaires, quand Mme
de Girardin vient déclarer sa
flamme posthume à un médium
américain, il y a quatre-vingt-
dix chances sur cent pour qu'il
s'agisse là d'une erreur d'inter-
prétation. »

Chap. III : Immortalité et survivance.

La preuve de l'immortalité Ce passage ne peut se com-


de l'âme que prétendent donner prendre complètc~1ent g,~e par
les Spirites, traduit déjà une les livres de doctnne qu il écri-
ambiguïté pour les Occidentaux vit ensuite.
modernes, il y a deux mondes
celui-ci et l'autre ; les Orien~
taux conçoivent une hiérarchie
indéfinie de mondes et la survi-
v~nce e~t un. p~oblème métaphy-
sique tres düferent de l'immor-
tali,té qui éc~appe au temps et
~ 1espace. L lffimortalité est liée
a la personnalité, la survivance
à l'individualité.

Chap. IV : Les représentations de la survie·

Elles ressemblent étrangement


à la vie terrestre chez les Spi-
rites qui traitent par ailleurs de
grossières les croyances des pri-
mitüs qu'ils ne comprennent
pas. La croyance à la communi-
cation avec les- morts suppose
une simple transposition entre
les deux états. Le Summerland
des Anglo-Saxons avec les en-
fants-esprits qui vont à l'école,
son théâtre et sa Franc-Macon-
nerie : la Grande Frèrie en-lut-
te avec un ordre clérical tou-

84
che au sublime par le grotes-
que. Zaalberg Van Zclst pense
que les esprits vivent cent-cin-
quante ans puis meurent défini-
tivement, Allan Kardec les voit
asexués mais Henri Lacroix a
assisté à un mariage.

Chap. V : La comunication avec les morts.

Nombre de Spirites y croient Mise au point particulière-


parce qu'elle est « consolante », ment intéressante qui remet la
. "eds La con-
ce qui n'est pas un argument. question sur ses P1 · S · ·
tion sentimentale des pm-
Pour Guénon, elle est totale- cep t déJ. à très nettement
ment impossible : « pour qu'un tes se voya1 "aliste à la-
être puisse se manifester dans d ans 1a Presse soc1fait allusion.
le monde corporel, il faut qu'il quelle nous avons
possède des facultés appro- précédemment.
priées, c'est à dire des facultés
de sensation et d'action. « Les
prolongements de l'individualité
humaine sont incapables de ma-
nifestation. Pour se mettre en
rapport d'intuition intellectuel-
le et sans phénomène sensible,
avec un être situé dans un autre
état, il faut avoir développé en
soi-même les possibilités de cet
état, c'est à dire sa personnalité
transcendante.

Chap. VI : La réincarnation.
. . n entre la transmi-
C'est un dogme pour les Spi- L' oppos1 110 é.
. traditionnelle et le r m-
rites français, les Théosophes, grat~on. ' des Spirites et des
les Occultistes (malgré leurs va- cart10D:isme n'est d'ailleurs pas
riations dans ce domaine), tous Oc~ulur~, nous reviendrons sur
prétendent se rattacher à une si s1mp ~ ' à propos de l'hin-
doctrine antique alors que dans 1a q. uest.Ion
On trouve dans 1e 1i-
-
aucune société traditionnelle on dou1~1edes Religions de l' An-
n'a jamais parlé de réincarna- v:e . / de Crcuze1' (traduc-
tion qui est une idée socialiste t~qzated Guignaut) un passage
destinée à corriger l'injustice des t10n e
85
inégalités sociales. En fait, nous qui a pu inspirer Guénon : « les
dit Guénon, les êtres s-0nt diffé- castes sacerdotales n'ont jamais
rents par nature et non par de- cru à la métempsychose qui était
grés ; il ne peut arriver ainsi à l'apanage du fétichisme grcss:e.c
un être que ce qui lui est con- des castes populaires mais
forme et les erreurs viennent de étaient en possession d'une doc-
confusions entre réincarnation trine plus élevée : la Palingene:
,
metempsychose et transmigra-' sie ou renaissance commune a
tion qui existent réellement dans l'Inde et à la Perse et que Py-
les doctrines traditionnelles. La thagore apporta d'Egypte en
Métempsychose consiste en la Grèce. »
1 éutilisation de certains éléments
psych~ques d'où l'importance
des ntes funéraires, tandis que
la transmigration intéresse l' ê-
~re réel ; mais dans un autre
etat, hors de l'espace et du
te~ps. Au total, la possibilité
umverselle est infinie mais ne
peut comporter de contradiction
et la répétition d'un même état
est justement contradictoire
d_onc métaphysiquement impos~
s1ble. Il est curieux de voir des
C~tholiques comme le Comte
Leonce de Larmandie l'admet-
tre .i:_our les enfants morts sans
bap!~me et l'Abbé J.A. Petit
fam1her de la Duchesse de Po~
mar, transformer la résurrection
de la chair en résurrection dans
la chair.

Chap. VII : Extravagance réincarnationiste.

Les Napoléon, César, Marie- Il a même existé aux Etats-


Antoinette et Marie Stuart se Unis des agences qui, pour une
rencontrent par centaines mais somme honnête, récapitulent les
les simples Jean-Jean sont ra- existences antérieures de leurs
:es. Que dire du progrès des clients. Papus tira de ces
ames lorsque Richelieu est de- croyances une certaine influence
venu un obscur employé de bu- politique. Il fit plusieurs voyages
reau et les écrivains de l' Anti- à St Pétersbourg auprès de la

86
quité oublieux du Latin. Le Cour impériale en 1905. Il fut
Messianisme est également re- magnifiquement reçu par les
fondu, Jésus-Christ se manifes- Souverains et son ascendant fut
te régulièrement dans divers comparable à celui de ses pré-
cercles spirites. Le plus souvent, décesseurs : le staretz Jean de
la clairvoyance de certains Maî- Cronstadt et le Maître Philippe
tres permet de reconnaître ses de Lyon sans égaler toutefois
propres fautes dans une incar- celui de son successeur Raspou·
nation antérieure et de s'en ac- tine, Papus considérait d':iilleurs
quitter. Philippe comme son Maitre.

Chap. VIII : Les limites de l'expérimentation.

Ils invoquent en leur faveur


les expériences contrôlées com-
me celles du colonel de Rochas.
Le~ suj_ets parlent des langues
qu ils ignorent, décrivent des
lieux et des époques inconnus ·
tout ceci ne prouve rien sino~
l'hérédité des éléments psychi-
ques et la superposition de dif-
férentes tranches de mémoire
comme le montre d'ailleurs l'é-
tude de diverses maladies men-
tales. Si le sujet avait atteint de
lui-même des états supérieurs de
I'?tre ce n'est pas de façon sen-
sible que l'on en sentirait les
effets.

Chap. IX : L' évolutionisme spirite.


eschatologie souriante
T ousd p 1acent le Paradis ter- Cette
S · ·'tes était commune aux
restre ~ns un avenir proche
1
des Pu.11tes et aux Théosophes
c?n~ormement aux utopies so- Occu1 s ru d •t
ciahstes de pacifisme et de fra- d'avant guerre. Le conf t evai
ternité universelle. Le progrès inverser le sens de la m.
moral, beaucoup plus avancé
sur d'autres planètes est le but
de la civilisation, cette façon ab-
solue de la concevoir est héritée
de Turgot et de Fourier. Il con-
87
vient de se débarrasser des fan-
tasmes du Dieu vengeur de
l'Ancien Testament, vestiges
d'une conception presque ani-
male de l'homme. C'est encore
un contre-sens métaphysique qui
est à la base de cette confusion.
Un parcours indéfini de possibi-
lités corporelles ne peut en au-
cune façon avoir un aboutisse-
ment spi.rituel, de même qu'une
pensée analytique ne peut ren-
dre compte des bases intellec-
tuelles de l'analyse elle-même.

Chap. X : La question du Satanisme.


Parler du Diable paraît « ar- Il est remarquable que. _les
riéré »,même chez beaucoup de distinctions de pseudo-rel~gion
Catholiques modernistes et les et contre-religion essent~elles
exagérations de Léo Taxil y sont pour la représentation du derou-
pour quelque chose, cependant lemcnt de !'Histoire dans : l~
si les satanistes conscients sont Règne de la Quantité et les Si-
rarissimes, toute déformation gnes des Tenzps (1945) soient
systématique de l'idée de Dieu déjà posées ici.
peut être considérée à la limite
comme satanique. Ce courant
domine la philosophie depuis
l'immanentisme de Spinoza, He-
gel, Renouvier et son « person-
nalisme» et Wiliam James; atti-
tude qui tend à placer Dieu dans
les états inférieurs de l'Etre, vé-
ritablement « in feris ». Le re-
tournement des symboles est
d'ailleurs un signe bien suspect
comme ce renversement de la
Croix dans le Carmel de Vin-
tras, il en est de même des dé-
tails grotesques, voire érotiques
qui accompagnent certaines ma-
nifestations d'esprits (33). Le
Spiritisme paraît accumuler ces
trois caractères et beaucoup trop

88
« d'histoires louchesn l'accompa-
gnent comme ce groupe des
« Sinceristes » et sa répugnante
eucharistie prônée par le cheva-
lier Le Clément de Saint Marcq,
président du Bureau internatio-
nal du Spiritisme. (34).
Chap. XI : Voyants et guérisseurs.
Le ton agressif dont Guénon
Les Spirites ont annexé tous
ne s'est jamais départi à
les genres de voyants, prophè-
l'égard de Papus après « l'affa!-
tes plus ou moins politiques re » de l'ordre du Temple témoi-
comme Mme Lucie Grange ; le gne de l'importance de _la a: pé-
groupe « fratcrniste » lié à Le riode occultiste de sa vie.
Cl~ment de Saint Ma'rcq culti-
vait les guérisseurs. quant à
Papus, il monta de toutes piè-
ces le Maître Philippe de Lyon
(35).
Cha p. XII : L' Antoinisme.
' de
A~cien mi~eur en Belgique, Chacun sait que le su~:eseut-
An tome pratiqua le Spiritisme ce genre de secte •.passag p lé
, 1 ' ,. . t0 u1'ours renouve '
apres a perte d un enfant puis etre mais n
est aujourd'hui encore pdus ~Er=
1
fonda un groupe dit des « Vi-
gnerons du Seigneur » vérita- sidérable qu'au temps e
ble bureau de commt~nication reur Spirite.
avec les morts qui se transforma
peu à peu en centre de auéris-
seurs, d'abord par l'inter~édiai-
re d'un esprit. Antoine officia
lui-même par la suite et enfin
pour . des groupes entiers. Il
rompit pour des motifs sans
doute financiers avec les Spiri-
tes belges en 1913. Le « Père
Antoine » mourut au moment
où sa religion devait être offi-
ciellement reconnue et ses mi-
nistres salariés par l'Etat t36).
Chap. XIII : La propagande spirite. . .
Tous les moyens leur sont Le danger des liens entre tr-
bons même l'exploitation de rationalité et propagande ont
89
l'enfance et des malades et sur- été remarquablement vus pat
tout la douleur de ceux qui Guénon. Sa pensée est ici tout
viennent de perdre leurs pro- à fait prophétique.
ches.. Le ~ Bureau Julia ~ de
communication avec les morts
fondé par W. Stead en est une
parfaite illustration. Vingt mil-
lions de Spirites dans le monde
c,est beaucoup et l'instabilité de'
l'Allemagne et de la France
après guerre laisse présager de
nouveaux progrès.

Chap. XN : Les dangers du Spiritisme.

Ils vont de l'exploitation fi- II est curieux de con<>tater


na?cière des membres les plus que le Docteur Gibier lui-même
crédules et cela jusqu'à la misè- est mort accidentelleme-nt lors
re totale, aux accidents physi- ct'une promenade à cheval.
ques comme celui rapporté par
l~ Docteur Gibier d'un « expé-
nment~teur » qui eut le crâne
fr~casse par un dessus de h _
mm'ee. L' al"'
ienation est le cas
plus fréquent, l'action
« l'Autre » peut aller jusqu'à
a:
c e
1

des cas de possession évidents .

. .La conclusion de Guénon annonce la suite de son œuvre, l«? ~pi­


ntisme ne .constitue « qu'un épisode de la formidable déyia~on
men~al~ 9m .caractérise l'Occident moderne » ; la véritable Histoire,
sa s1~?1f1cat1on spirituelle est à retrouver, mais la recherche d~ la
T;~d1t10n va entraîner de nouvelles ruptures qui se pressentaient
deJa dans sa correspondance avec N.M. Denis-Boulet.
1
Gonzague Truc a résumé cette partie de la vie de R.G. de fa-
çon re131arqu~~I~ (37) : « Nous pouvons supposer ... L1u'il a d'abord
c?erche la vente là où elle se flattait de paraître, et nous savons le
r~s~l~at : la lutte précise et terrible qu'il a menée contre les pseudo-
vente~ .q.u'il dénonçait dans le Théosophisme et les diverse~, ~or!11es
~u spmtisme. Mais après le négatif venait le positif, après 1 elmuna-
tton ?u faux, la découverte du vrai. Il semblait trouver dans l~s
doctrines hindoues le point où la tradition métaphysique - car il
90
s'agissait bien pou I . d'
de transparence et ~eu~rtf~~e~:dition - apparaissait avec le plus

(1) N.~I.D.B . b p .
Barlet dan. l. 'E't . cnsec catholique nos GS-69-70
' s ollc d'O · ·
tous ces mouvements p ri ent (n° 3.1908) se défendait d'être rentré dans
(2) « Ce que our 1eur porter tort
(3) Personnage nous ne som •
d' mes pas>, 27 avril 1911.
lièrem t un roman de J R H .
. en dans l'Initiatio . • · uysmans. Br1caud écrivait régu-
1iement de Verdad-Le ~· B11• annonça, comme un grand succès le ral-
revuc de la Gnose ssar • ien entendu on ne parla jamais dans cette
(4) Jules Do· •
ar l'E ine 1, son fondatcu . .
P A

: vcque d'Antioche ' r, aurait bien été régulièrement consacré


(4 bis) La RISS .
faisant ainsi dir ctommença sa parution peu avant la guerre de 1914
On r: t rouve ainsi contin
cc ement concu . rrence u'- : L a F rance anti-.Maçonnique.'
(.>) Paul Rose . l' nées c?r1eusement les luttes du temps de la Gnose.
gestes de la Fr n ·M Ennemie sociale, histoire documentée des faits et
let 1890). anc- açonnerie (avec Bref pontifical de Léon XIII, 7 juil-
(G) 1 e SpJ 1111·
( 7) Traité
• · méth d:
X posait d · · · l' · ·
eJa cll!gmc au jeune Guénon dans son roman.
magie pratique d . ~que de lt!agie Pratlque de Papus; Science occulte et
0

, (8) Mêruc rct· ~ · .Jagol. Ce genre de libellé est révélateur.


I•rl·mond jusqu~~ ~?. ~gypte, il resta en correspondance avec Olivier de
des lettres éch
11 é .)J / et la famille de cc dernier a conservé nue partie
(!l) Papiers c~ng es.
toutefois que nse~vés par la famille de N.M. Denis-Boulet. Il semble,
les revcn~s de ~e soit. l'inflation provoquée par la guerre qui ait touché
(10) Cc ret a f~m1lle Guénon.
initiation. our rume la thèse d'un Guénon presque omniscient aprês son
(11) 26 aotît
également à et 1.6 septembre 1916. Ces deux lettres appartiennent
1
prix qu'il P a famille Maurice Denis. Le discours de distribution des
(1 2) Pierrerono11ct•G • c•t e· pub 11c
·~ • • da11s les /~ludes
• 7·rac/ /·1 10n11e
· Il es.
Collège St . erma1n succédn à J. Maritain comme Professeur au
(13) Unca~i~!as, Guénon le connut par N.M. Denis-Boulet.
27 juillet 19 ~ re de remerciement de Berthe Guénon et de Mme Duru. du
7
déjà citées. après une journée au Prieuré se trouve dans les archives
4
0 > Ce témo·
hiératique d, ignagc recoupe celui de sa nervosité d'enfant. L'aspect
des sc>ntinle et 1a pensée n'a-t-il pas été renforcé par une méfiance envers
04 bis) 11 n hs11. trop pro f ondément ressentis.
(15) Cette 1 proposa même des leçons de Sanskrit.
oct. I 9i1 par ~·~tre ? été publiée dans les Etudes Traditionnelles, scpt.-
(1 fi) r •1 t .es soins de M. G. Asfar.
• 11 • é est csscn t°1e 1J e pour ce tt e
P é r1ode de 1() I 0 l l dl' re•f orme dt• mcntal1t
•<

(] -') Voir aI' pensée · •


(18) 1 , b :irficJp de .J. ~lornct cléj:'t cité repris par Chacornac, p. 57.
c b a pas~aunscncc cert de . se ns1·b·1· · "
1 1té artistique ' · c h oqua F • S c h uon n ' cmp ê -
qui
trinale . Alb ain nombre de peintres de s'inspirer de son œuvre doc-
(18 hi~) Le ert Gleizes, M. R.M. Burlet, M. Ferrand.
melle de la réapport de S. Lévi au Doyen Brunot, condamnation for-
ra b le de> pur m f thode su1v1e · · par Guénon se term111a1 · 't par un avis · favo-
Cl 9) Le Th~os~rm~ pour ne pas anticiper sur la décision du Doyen.
plusme ... , avant-propos, p. 9, édition 1921.

91
I-l·p.13.
. ·céd:1 :i . .
(20) Us en furent expulsés. \ Besant suc 1 gcs iromsa
(21) Membres influents de l~ ~.T., ~~ Napoléon 11 ~es ()u~r~\.csté secret.
(22) Dunglas Home fut le mcdtU~ réfaça un de -'iiH' éla~t c déroarquè
(23) Albert de Pouvourvillc ~~ 1 Pticl de la do~l\ lni-Il~cl1~ Morals and
quclq_ue peu en supposant q~e. l c.ssen\bcrl pil\.c a"\ •11 evi d~1ns •
(24) Le célèbre maçon america1n A . d'Elipbas L
les Dogmes et Rituels de la haute Magie lisn-ie avait
f)ogmu of Free-Musonry. C·ilcutta. . 0 spirit ut~ons maçon-
(25) x.xe volume Asiatic Researches.. .c lié au ne ~-ijilfro. 1

(2ô) Le thème du complot roaçonn~i~o dnns : Les


11
lui propo-
été développé par l'Abhé Barbier en \listes -P. ·ation.
niques dans l'Eglise catholique. . t ins « téh 05 ~)P a pubhc1 rist.
(21) P. Chacornac nous dit que ccr a.il renonce •1 . ~\1 c dtt Cl~Initiation.
sèrent une somme fort coquette pour qt~éal ilé h.i.sl~~~~l' dn ns évélalrices
(28) H.P.B. avait d'abord doute de 1a. 1 cs de (,1dt: ... 1• :-.rcn1 crit 1"
(29) On parlait en 1906 des phénomct n. t particuhc la dispa-
(30) Les théories du Docteur G1 ' 'b'er
1 so la Bi11c> ' '
5
de cet état d'esprit. • Samuel dan. . iors d'une
(31) Pour les spirites, l'évocation de ucstions. .. spi1·1te
rition d'Elie, de Moïse touchent à ces, q s'est déclnrc livre sur
(32) Lêninc lui-même, nous dit Gucn? ~~ 11 nc·.
1
cl à s 011
convcr~;alion avec une institutrice yari~ J. Bricand lé· baut digni-
(33) P. 321, 2o éd., il fait allusion ans déjh par ·.tait uJl
l'incubat el le succubat dont nous avoSainl Marc<! c , ,,11~éré.
(34) n soulignait que Le Clément de . pl'tl cX• Francs-
taire de la Franc-Ma"onnerie belge. ,, .. dt <1"e1q~tl'tcs et 1cs
.. 1s \>" 1 • • }ls
(:\r1) Guénon l'affirme mais cela not · c }es soc1a n° 293-
(3()) Une nouvelle fois il souligne qu rojct. é QtléJ1011 '
Maçons belges soutenaient ardemment le P sacré il flcn
(31) Etudes Traditionnelles n° spécial, con
294-295.

92
Chapitre V

CORRIGER LA MYOPIE DE L'OCCIDENT

L'aspect cxt, .
en 1922 aux· ~~ieu_r et Je genre de vie de Guénon correspondaient
<< Un matin ~· ,{e~tifs de son œuvre, Chacornac les décrit ainsi (1) :
trc magasin' d e ait le 10 janvier 1922, nous voyons. entrer dans no-
bnm, accusantu qu~i Sa!nt-Mi~hel, un homme très grand, mï_nce,
de l'universit . la ti ent~me, vetu de noir, ayant l'aspect classique
n1oustache ét~re,. fra!1ça1s. Sa figure a11ongée, barrée par une fme
qui donnaÎenta~~- eclairé~ par des yeux étrangement clairs et perçants
Avec impression de voir au delà des apparences.
une aff b"I" , . . . d
chez lui de 1. a 1 lte parfmtc il nous demanda de verur pren rc
s ivre '
rait se défair C s et des brochures néo-spiritualistes, dont 1 ·1 dé ·
s1-
na son nom e~ 0
mme nous acceptions sa proposition, il nous don-
l 'Ile. e son adresse : René Guénon, 51, rue Saint-Louis-en-
Nous avons d"
L'intérieur ét . Jt précédemment ce qu'était le logis qu'il habitait.
nient avec la a~t d une extrême simplicité qui s,accordait parfaite-
nous reçut 1111 s;mplicité de l'homme lui-même. Dans le salon où il
nature, d'nne feabJeau _attira nos yeux : c,était le ·portrait, grandeur
Velours rou(Te mine hindoue, brune, tête nue, vêtue d'une robe de
détachait d'{;n Portant des anneaux aux oreiJies dont la figure se
se horloqe mae façc:m lumineuse. Sur la cheminée trônait une curieu-
no et urÏe graÇ~nniq_ue: datant de la fin du XVIIIè siècle ; un pia-
décor. » La c ~ c b1?1iothèque, bourrée de livres, complétaient le
assisté mainte~ re· Sl~Ivante, citant M. Vreede (2), précise : « J'ai
nuit, pendant· Je~is a des ent;etiens, prolongés fort avant dans la
quels, maigre la fatigue, Guénon répondait avec

93
une patience inlassable et lucide aux questions inintelligentes et
saugrenues posées par des visiteurs de passage : Hindous, Musul-
mans, Chrétiens. » Le portrait s'achève par cette citation de Gon-
zague Truc suivie de celle du Docteur Probst-Birabcn : « sa cause-
rie restait sérieuse, sans être jamais ennuyeuse, passionnante, au
contraire, autant que nourrissante dans sa lucidité, écartant sans
effort t~ute futilité .et marquant parfois la nuance d'une i_ronie gr.a-
ve ou d un enthousiasme contenu. Insensiblement avec lm, on qmt-
tait le monde pour entrer dans le véritable monde et passer de la
« r~présenta~i?n » au principe ... Son discours enfin, tout amèi:e et
touJo~rs f_a~ilier malgré sa densité, n'était que son œuvre parlee., ,."»
<< ...,. s. il faisait beau, nous nous promenions, toujours en parlant ~ e-
so~ensme .ou de .choses orientales, soit aux bords des quais (de ~Ile
Samt-Loms), soit quand il avait le temps de m'accompagner JUS-
qu'à l'extrémité ouest de la Cité ou parfois un peu plus loin. »
. Ses r~lations restèrent cependant le contraire d'un divertissement,
Il vo?lait convaincre et pour cela multipliait les contacts et les en-
t:epnses. Leur cloisonnement correspond à la diversité des direc-
tions de l'œuvre, mais sa vie reste nous semble-t-il une expérience
d~ }~pensée. Le témoignage de Gonzague Truc d;ns l'article déjà
cite ill~stre la complexité de cette attitude : « De toutes les figu-
r~s qu il 1!1'a été donné d'observer au long d'une carrière, d'ailleurs
P u~ soucieuse des œuvres que des personnes, voici une des plus
c~n~us;s et des plus attachantes dans son mystère. J'ai con?u Re-
ne uen~n au,. t~mps de notre âge mûr. Il venait de publier son
Introductzon generale à l'étude des doctrines hindoues et des rap-
ports d'auteur à critique, ainsi que des vues concordantes sur l'état
ou la nature du monde présent nous lièrent d'abord. Je le vois en-
core, dans mon cabinet de la r:ie Guy-de-la-Brosse _ assis sur un
pouf ~evant l~ chemi~ée, et ceci, joint à sa longue taille et_ ,.à ,son
lo~g v1sa~e llll ?on~a1t un air oriental parfaitement approp,n~ a sa
phllosoph1e, mais bien étrange chez un tourangeau. » ... « J ai rare-
ment rencontré une physionomie aussi pure que celle-ci. Qu'on ne
se méprenne pas là-dessus. Quand je parle ainsi de pureté, j'entends
la parfaite intégrité de l'esprit et l'absence de toute compromission.
Quel fut l'homme intime, sinon l'homme intérieur, chez René Gué-
:1-C:n ? Cel n'a regardé que lui, et il n'en a rien laissé passer. Il a
ete, dans l'espèce douée de la parole, un de ces êtres infiniment r~­
res qui ne disent jamais je. Tout ce qu'on peut avancer, c'est qu'il
était d'humeur égale et bienveillante et incapable de fai~e aucun
mal. Ce n'est pas peu. Cet homme qui a eu des adversaires pas-
sio.nnés, des ennemis qu'il connaissai~ et dont il savait ,qu'il p~u:
vait attendre le pire n'a été l'ennemi de personne et na songe a
répondre à la violen~ et aux violences que par la raison. Et il se

94
pourrait même qu'il ait préféré la fuite à une sorte, plus directe, de
défense.
Non qu'il ait manqué de sensibilité, et on eut pu même parier pour
le contraire. Tout droit et sans dévier de sa ligne, sans rien perdre
de sa lucidité ou de sa force, et les accroissant plutôt à la contradic-
tion, il ressentait les oppositions hargneuses, les effets des sourdes
manœuvres et gardait mille inquiétudes sur l'œuvre qu'il poursuivait
et la façon de la poursuivre, redoublant de scrupule dans la recher-
che ou la documentation, se débattant parmi les difficultés maté-
rielles de l'édition ... J'étais alors directeur littéraire aux éditions
Bossard. A cette circonstance est due la publication, par cette mai-
son, de la Crise du Monde Moderne et de l'Homme et son devenir
selon le Védânta. Je puis revendiquer, à propos de ce premier li-
vr~, la_ Crise ... , une sorte de paternité toute occasionnelle. L'idée en
naissait au cours de mes entretiens avec l'auteur. Nous nous accor-
?ions tous deux, moi peut-être plus indiscrètement, lui avec une
JUst~sse ou une justice plus profonde et plus impitoyable dans l'exé-
cration de cc « monde moderne » qui, avec un stupide orgueil, cha-
que jour avançait son ensevelissement, et où l'esprit semblait s'abî-
mer à janrnis sous la matière et le nombre. Je lui disais : « Faites
quelque chose là-dessus ». n fit cet ouvrage, d'inspiration et très
vite. Il était là dans son sens et dans le sens d'un mouvement qui
s'accroissait et où il doit être tenu à une des premières places. »
Ces ouvrages reprennent et développent chacun de leur côté l' In-
troduction générale à ['Etude des doctrines hindoues dont la pre-
~ière partie était entièrement critique et con~acrée à notre civili~~­
t1on ; un ~ong passage en particulier ~10 n_tra1t les ~rr.eurs ?écessm-
res des orientalistes dans leurs interpretat1ons de 1 Hmdomsme.
Orient et Occident était déjà paru, en 1924, chez P~yot. L:avant-
propos présentait effectivement ce livre comme, la,.smte de, 11.G_.E.
D.H. ; des précisions étaient nécessaires face a 1 mcomprehens1on
des orientalistes et aussi d'une partie des lecteurs,: le bu~ rec?er-
ché est la compréhension et non l'érudition. La m~t~odc h1stonque
est légitime, dans les limites de son domaine. L'ongme des erreurs
<l'interprét:ition se trouve dans l'incapacité des occidentaux, d~ ~~­
monter à la source spirituelle et ensuite de mettre un « s. » a c~v.1h­
sation. Guénon invite aussi à ne pas conclure av~nt 1expos1t1on
complète des doctrines orientales qui peut se?1e fair~ c?ml?renŒ:e
les points d'accord possible entre Orient et Occ1d~nt. L obJectif d1: lt-
vre est la formation~ d' une e"l"t · tellectuelle occidentale
1e m . .1. t" susceptible
d d
de ramener, grâce à l'appui de l'Orient, notre c1v1 1sa ion ~~s. es
voies « normales ». Comme pour les dévcloppeme~ts du ~p.mtisme
et du Théosophisme, l'argumentation fait intervemr le recit de la

95
déviation. Quelque chose a été perdu qu'il importe de _retrouver. ,~a
narration historique chez Guénon s'accompagne toujours de lm-
tervention d'éléments mythiques.

lère partie - Chap. I : Civilisation et progrès.

La civilisation occidentale est L'absence apparente d'ori~­


une anomalie, le développement nalité de cet exposé est en fait
monstrueux du « matériel » est à l'honneur de Guénon dont la
une conséquence lointaine de Ja pensée nous est devenue s.u~fi­
« Renaissance » qui fut en réa- samment familière pour reJOlil-
lité une formidable réo-ression dre l'anonymat. Parmi les Oc-
intellectuelle. Les Occidentaux cultistes. Saint-Yves d'Alvey-
ne savent plus ce qu'est l'intel- dre avait. surtout, dévelop-
lectualité pure, de là leur dédain pé ce thème du « préjugé clas-
pour l'Orient et le Moyen-Age. sique » suivi par Matgioi.
A l~ ~upe~stition de l'intelligen-
ce Iim1tee a la raison de Descar-
tes, a succédé celle de la vie et
de l'aptitude à faire des outils
de Bergson : le Pragmatisme est
le terme de l'évolution, accom-
pagné au niveau populaire de la
cr?yance a~ progrès à l'améri-
came. Founer a identifié pro-
gr~s et c!v~isation absolue à la
f01s matenelle et morale. Les
deux termes ne datent d'ai1lpurs
que de la fin du XVIIIè s. '"'Les
multiples civilisations progres-
sent en réalité à un (3) mo-
ment de leur histoire dans cer-
. faines directions et régressent
dans d'autres. Comment expli-
quer autrement la disparition des
connaissances des Chaldéens et
des sciences médiévales. Le
« préjugé classique » aveugle
nos contemporains (4).

Chap. II : La superstition de la Science.

Est une des idoles de la reli- Cette œuvre de Guénon vient

96
gion laïque avec droit, justice, dans un moment où le climat
liberté, progrès. Elles concou- intellectuel était favorable, avec
rent tout autant que le senti- un intérêt certain pour l'Orient.
mentalisme à un grand plan de Oswald Spengler a publié le
déviation ; la philosophie tout Déclin de l'Occident et en Fran-
d'abord en faisant de l'inconnu ce tout un courant autour de
l'inconnaissable tend à imposer Léon Daudet attribue cette dé-
à l'ensemble de l'intellectualité cadence à notre infirmité men-
ses propres limites. En cher- tale. Daudet avait condamné le
chant au-delà de la raison on Stupide XIXe siècle.
est allé plus bas vers l'intuitio- L'Action Française fit bon
rûsmc et le volontarisme. Igno- accueil aux premiers livres de
rant les principes métaphysi- Guénon, séduite par cette c~n­
ques, la science occidentale se damnation sans appel des pnn-
d~sI?erse dans la multiplicité, la cipcs démocratiques. P. Ch~­
ventable synthèse étant d'une cornac a consacré quelqi~es, 1;-
autre nature que l'analyse ne gnes dans son livre P· 70 n 1. a -
peut en être l'aboutissement mosphère dans laq:i~lk Orzmt
d:où la fragilité des grands sys~ et Occident fut pubhe.
ternes. En Orient même les
. , . '
sciences expenmcntalcs sont le
prolongement des doctrines tra-
ditionnelles ; elles sont chez
nous le seul criterium de vérité.
les principes étant réduits à l'é~
t~t d'hyp~thèses ; la vulgarisa-
tion en decoulc, s~ms souci de
9ualif_ication, notamment par
1 ~nse1gnemcnt obligatoire. L'i-
dee de démocratisation en créné-
ral est la forme achevée d~ ré-
trécissement de l'horizon intellec-
tuel. Leibniz déjà voulait par
son sy~tè1?1e binaire expliquer
m.~x Chm01s .le Yin-Yang de Fo-
~1 et aura1·t été très surpris
~ app~~n~re (_JUe son interpréta-
tion s mtegrait à un niveau très
secondaire dans un édifice intel-
lectuel couronné par le sens mé-
taphysique. L'orientaliste Deus-
sen de la même façon, a pré-
tendu apprendr~ Schankarâ-
chârya aux Hindous grâce aux
97
idées de Schopenhauer. Orgueil
sans avenir et sans limite com-
me cette religion de l'humanité
d' Auguste Comte qui prétend
« faire le bien » en conciliant
science et sentimentalité.

Chap. III : La superstition de la vie.

Le culte du changement et de Au dernier chapitre de la


la recherche sans but : « vérita- Voie rationnelle, Matgioi après
ble inquiétude mentale » con- de très belles pages sur le réveil
duit à rejeter comme mort ce de l'Asie avait conclu qu'il res-
qui est immuable et à adorer la terait strictement traditionnel.
vie dans la transformation du A près la seconde guerre mon-
1!10nde . matériel : « les Grecs di alc, certains reprochèrent à
etaent mcapables de se libérer Guénon de ne tenir aucun
de la forme ; les modernes sem- compte de l'occidentalisation
ble~~ inaptes à se dégager de la qui accompagnait le mouvement
mat~~re. » Sentiment, forme et de libération des peuples colo-
matier~ ,ne sont en effet que des nisés d'Asie. Tl répondit que Je
modabtes du monde sensible et changement était superficiel, Je
Bergso?, Wiliam Jam es et tous fond restait bien traditionnel.
les philoso~hes du devenir se Son résumé de l'histoire de la
rattachent , a .(5) cette illu s10n
. philosophie est critiqu?ble pa~
d ont 1a t hcone la plus avancée
bien des côtés ; il ne vise pas a
est .le matéria,lisme historique. l'objectivité mais à illustrer sa
Pratiquement 1 Occident croit à pensée.
sa supériorité parce que sa force
brutale l'en persuade ; l'Orient
le supporte patiemment parce
que cela ne touche pas Je fond
de sa pensée.

Chap. IV : Terreur chimérique et danger réel.

Les Occidentaux qui com- Matgioi a inspiré également


prennent la fragilité de leur ci- ces lignes, notamment Je passa-
vilisation ne réalisent pas que ge sur « les pouvoirs d'un au-
le danger est en eux~mêmes et tre ordre » qui font allusion aux
que « l'excès même du progrès sociétés secrètes chinoises. Un
matériel risque fort d'aboutir à chapitre de la Voie rationnelle
quelque cataclysme ». Or Jeur leur est consacré. C'est par leur

98
force est déchaînée contre des canal que le Taoïsme a inspiré
peuples très avancés spirituelle- de « l'intérieur » le gouverne-
ment qu'ils veulent tout simple- ment de la Chine. La plupart
ment exploiter. Ainsi les Chi- des occultistes partageaient ces
nois, profondément pacifiques vues; Guénon les adopta. Mat-
mais qui ont été exaspérés par gioi affirmait aussi que nous de-
les vols des Européens se sont vions, on s'en souvient, nous
révoltés à Pékin en 1900. Seuls, mettre à l'école de la métaphy-
à part de petites minorités d'A- sique orientale. Il est curieux de
siatiques, les Japonais ont adon- noter que Lénine a insisté sur le
té nos id6cs et notre impéria1fs- rôle du Parti comme élite dans:
mc ; leurs guerres ont d'ailleurs
Que faire ? à peu près au même
~lus d'importance vues depuis moment.
l·Europc, quand elles ne sont
pas provoquées ou au contraire
limitées par des pouvoirs d'une
autre nature. Le développement
des techniques occidentales en
Orient n'est pas le signe d'un
bouleversement profond mais un
ci;iprunt nécessaire pour s'en
debarrasser plus facilement. Si-
tuation qui n'est d'ailleurs pas
sans danger comme l'alliance
avc~ l~s Bolcheviks qui peut
se~ir a ch~sscr les peuples co-
lon~aux m~1s n'en demeure pas
~oms anti-traditionnclle et ty-
piquement occidentale. Une so-
lution d'entente réside au nivenu
des princi~es !nétaphysiqucs par
lesquels 1 Onent peut encore
nou~ . ramener dans des voies
trad1tionne11es.

2ème partie : Possibilités de rapprochement.

Chap. 1. : Tentatives infructueuses.

L'hécatombe de 14~18 pré:


L'Occident est seul respon- , tous les espnts a du
sable de l'é1oignement c'est à sen te a .
orcer encore la violence des
lui qu'il appartient d~ revenir re1lf ~

abandonnant toute idée de con~ convictions de Guenon.

99
l.

currence commerciale et de pro-


sélytisme religieux, scientifique
ou autre. A ce niveau aucune
entente n'est possible et le rap-
prochement intellectuel suppose
le renversement de nos idoles.
Ce n'est pas à l'Orient de pren-
dre l'initiative qui est resté dans
1a voie normale.

Chap. II : L'accord sur les principes.

Les hypothèses scientifiques Ces points sont essentiels


les préceptes moraux que l'o~ dans sa démarche : Uni té abso-
affuble en Occident du nom de lue de la vérité et rejet de l'Oc-
Principes ne peuvent en rien cident assimilé à une hérésie pu-
suppléer les véritables princi- re et simple. L'accord se fait
pes métaphysiques qui nous font par le haut ou ne se fait pas.
d~faut. Les sciences profanes Depuis sa mort. l'évolution des
decoulent en effet des principes mentalités s'est opérée incontes-
et dérivent lorsqu'elles s'en éloi- tablement dans ce sens ; mais
gnent ; un contact avec l'Orient plus à la façon du syncrétisme
traditionnel rétabli par rappro- de la Société Théosophique que
chements progressifs est donc dans la rigueur guénonienne.
impossible puisque l'orientation
à choisir dépend de la connais-
sance préalable du Principe. « Il
faut d'abord chercher la Méta-
physique vraie où elle existe
encore, c'est-à-dire en Orient ~
et après, mais après seulement,
tout en conservant les sciences
occidentales dans ce qu'elles
ont de valable et de légitime, on
pourra songer à leur donner une
base traditionnelle ... en leur as-
signant la place qui leur appar-
tient dans la hiérarchie des con-
naissances. » Certes, l'Occident
peut trouver en lui-même le che-
min d'un retour. La Scolasti-
que comporte des éléments de
Métaphysique vraie, mais elle

100
est incomplète et si des contacts,
depuis Charlemagne en passant
par les Croisades, ont été main-
tenus avec la Tradition, cela ne
suffit pas. Une reconstitution
pure et simple du monde mé-
diéval est impossible et seule
une connaissance complète des
principes, telle que l'Orient peut
en donner l'exemple nous ren-
dra la direction intérieure néces-
saire.

Chap. III Constitution et rôle de l'élite.

. de position lourde de
Elle n'aura aucun rapport Pnse ppose que
avec l'élite profane des savants conséquences : el1e' su rom-
et des philosophes. Comment le fil traditionnel ~dest e~~rieure
pu mais · qu'une
. ru e
uestion des
toucher alors ceux qui ont des
possibilités latentes à leur insu ? est nécessaire .. La q t plus dé-
ou inversement éliminer les non- modalités pratiques ~s tales en-
l ciétés onen
qualifiés ? Toute société con- licate, es so d émissaires ?
çue à l'européenne ne pourrait verront-elles . "me es t-1·1 ~ 1·ssion­
es 1.1.l •

que faire échouer l'affaire ; ]e Guénon lm-me f" comment


, cela ? en in,
retour ne peut plus être que le ne pour " t ils ? Sans dou-
fait d'individualités, utilisant ce se recoD:naitr~n - a ·el au vieil
qui reste de tradition occidenta- te faut-il, faire
, ique PP. quand 1'1ni-
..
le et aidées par des Orientaux. adage esote;t l'initlateur se pré-
Le but de ce livre est donc de ti able est pr~aÎt, la position de
produire un éveil chez ceux qui sente. En tée longtemps peu
en sont capables, les autres s'é- Guénon est res .
. en ce domame.
limineront d'eux-mêmes. Sans précise
action visible, cette élite contri-
buerait par des moyens unique-
ment spirituels à remettre notre
civilisation dans le droit chemin.
Au cas où une catastrophe se
produirait avant que ce travail
n'ait produit ses fruits ; l'élite
serait la seule à en bénéficier
et formerait alors, véritable-
ment, une Arche.
101
Chap. IV : Entente et non fusion.

Une Tradition ne s'invente Comme il n'est pas de con-


pas et le but n'est ni de réaliser version possible à l 'Hindouisme :
un syncrétisme de type alexan- on naît Hindou, la Tradition
drin ni d'orientaliser l'Europe chrétienne, à l'exclusion du Pro-
mais de réaliser une entente par testantisme qu'il a condamné
le haut qui redonnera vie à 1a comme déviation, est bien dési-
Tradition religieuse de l'Europe. gnée comme base du renouveau.
L'Inde paraît devoir fournir le Plus tard, il encouragera, au
meilleur support, les modes de contraire, les conversions à l'Is-
pensée chinois sont trop éloi- 1am.
gnés. des nôtres et la forme re-
ligieuse exotérique de l'Islam
pourrait éveiller trop de suscep-
tibilités. Le contact avec l'Inde
doit. être direct sans passer par
~es mtennédiaires plus ou moins
fidèles comme l'ont été juste-
ment l;s Alexandrins. Nous-mê-
me, aJoute Guénon, tenons ce
q~e . nous savons directement
d One!1taux et leur aide ne fera
pas de~aut à qui sait s'en mon-
trer digne n p . .
. · oursmva1t par
cett: curieuse remarque que la
cha1~e de la Tradition se re-
nouait parfois de façon inatten-
due.

~n second ouvrage vint confirmer les thèses présentées dans


Onent et Occident. La Crise du .Monde moderne, parut donc chez
Bo,ss~~d ~n 1927. Livre « d'actualité », l'avant-propos souligne la
prec1p1tatton des événements depuis 1924, rendant nécessaires de
nouveaux développements : nous sommes à la fin de « l'âge som-
bre », fin d'un cycle historique et cosmique ; l'approche du juge-
ment, m~me s'il faut prendre l'expression dans· un sens plus général
9u~ celw de la Bible, impose le tri entre ce qui va disparaître, re-
Jete dans « les ténèbres extérieures » et ce qui pourra constituer
la base du cycle futur.

Chap. 1 : L'Age sombre.


Le développement des cycles La rupture est ici complète
102
cosmiques y est précisé. Le Kali avec les Occultistes et rattente
Yuga ou âge de fer des Anciens, depuis le début du XIXè siè~!e
dure déjà depuis 6.000 ans et de l'Age d'Or comme quatne-
nous sommes dans sa dernière me âge de l'humanité. Par c?n-
phase ; il ne se déroule pas li- tre, le récit de la réadaptation
en Chine avec le Taoïsme et les
néairement mais la descente
tend à prédominer dans le mou- sociétés chinoises vient une
nouvelle fois de la l" oie Méta-
vement double et simultané
a d'aspir et d'expir ». Des pha-
physique et de la Voie ration-
ses secondaires interfèrent éga- nelle de Matgioi.
lement dans la marche générale
du grand cycle ; le passage
d'une phase à une autre ne nous
est d'ailleurs sensible que par
des points critiques. La rupture
du Vlè siècle avant l'ère chré-
tienne, facile à déterminer cel-
le.Jà a rendu incertaines les
chronologies antérieures. Elle a
produit des changements cons!-
dérables chez presque tous les
peuples mais les réactions fu-
rent différentes : les Chinois se
réadaptèrent à la Tradition pri-
mordiale en séparant le Taoïs-
me, réservé à l'élite et le Confu-
cianisme, ouvert à tous. Pour les
J~i~s, ce fut la perte du Nom
d1vm dans la captivité de Baby-
lone et -~n vit . apparaître pour
la prennere fois en Grèce ce
qu'on peut appeler un point de
vue prof~ne. La nouvelle philo-
sophie debouchait d'ailleurs "ur
un J?s~térisme mais le pro~es­
sus etait engagé qui devait me-
ner à la négation de cet Esotéris-
m c dans le monde modernf'.
Certes le Christianisme permit
une réadaptation en Occident et
une. civilisation normale s'épa-
nomt entre le règne de Charle-
magne et le XIVè siècle.
La rapidité avec laquelle après
103
« la prétendue » Renaissance
le Moyen-Age fut oublié mon-
tre bien l'action négative de cet
humanisme fait pour nier tout
Principe d'ordre supérieur. Le
désordre vint d'ailleurs en son
temps : « le passage d'un cy-
cle à l'autre ne peut s'accom-
plir que dans l'obscurité '> et il
convient d'appliquer à la civi-
lisation occidentale la Parabole
évangélique : « il faut qu'il y ait
du scandale, mais malheur à
celui par qui le scandale arri-
ve ».

Chap. Il : L'opposition de l'Orient et de l'Occident.

. Elle apporte des confirma- L'autorité avec laquelle sont


ti~s à l'ouvrage précédent. L'i- données ces précisions peut sur-
d~e d'une civifüation unique prendre, compte-tenu .de ce 9ue
n est pas fausse mais elle se rap- Guénon fit par la smte. Il ~­
f,~~e. à un passé lointain, à porte de souligner ,que s~s li-
ngme hyperboréenne de notre vres sont toujours d actualité. Il
cycle. Le dépôt de la T d"t·
· a·
pr!mor iale a été transféré en-
ra 1 lOil pense, malgré ses déconve1.mes
avec les milieux néo-thomistes
smte en ,,Orient ou' ..,. . e t rouvent que certains cathol~q~es (une
ses representants authentiques. élite) peuvent accueillir sa pen-
Toutes les tentatives de recons- sée. Ses attaques sont directes ;
tit~t~o!1 occidentale sont donc la Défense de l'Occident d'Hen-
a,rt1f1c1~I1es même lorsqu'elles ri Massis (6) qui avait obtenu
s appment sur des doctrin::!s tra- un bon succès d'édition provo-
ditionnelles comme cel!e des que cette question ironique,: M:
Celtes, authentiques mais mor- Massis sait-il exactement a qm
t~s. Les éléments celtiques sub- il doit s'en prendre ? Le passa-
s1s~ant comme la légende du ge sur la Tradition celtique s'a-
Samt Graal ont été assimilés par dresse entre autres à son ami et
le Christianisme au Moyen-Age. ex-coreligionnaire en Gnose:
Le Catholicisme reste vivant et Patrice Genty. Cependant l'in·
Guénon confirme ici l'appel lan- fluence occultiste demeure sen-
cé dans Orient et Occident : sible dans l'évolution de la Tra·
« nous pensons d'ailleurs qu'une dition primordiale, par exemple.
Tradition occidentale, si elle Dans les dernières années de

104
parvenait à se reconstituer, sa vie la correspondance avec
prendrait forcément une forme Marius Lepage enregistrera en-
extérieure religieuse, au sens le core des demandes de renseigne-
plus strict de ce mot, et que ments sur les revues celtisantes :
cette forme ne pourrait être que Kad et Ogan. La définition de
chrétienne, car, d'une part, les la tradition comme une forme
autre5 formes possibles sont de- vivante, en perpétuelle réad~p­
puis trop longtemps étrangères tation est particulièrement im-
à la mentalité occidentale et portante.
d'autre part, c'est dans le Chris~
ti~nisme seul, disons plus préci-
sement encore dans le Catholi-
cisme, que se trouvent, en Occi-
~ent, les . restes d'esprit tradi-
tionnel qm survivent encore ... Si
l'on objecte que le Christianisme
m~me, à notre époque, n'est plus
guere compris vraiment dans
son sens profond, nous répon-
drons qu'il a du moins gardé,
dans sa fom1e même. tout ce
qui est nécessaire po{lf former
la base dont il s'aoit. » La res-
tauration d'un Es;térisme com-
me .il a existé au Moyen-Age
serait la tentative la moins chi-
~1ériq':1~ : l'élite régénérée par
1 ~soten~~e,, . oriental pourrait
agir de l mteneur du Catholicis-
m~ sans ,que la masse s'en aper-
çoive. La se trouve la véritable
dé!ens~" de r9ccident qui n'a be-
som d etre defendu que contre
lui-même.

Chap. III : Connaissance et action.


" ~ésume les conceptions de Guénon désigne ~n e_fl'.ct p~~
i Onent et de l'Occident ce der- le même terme d mtmtion ..
nier, renversant l'ordre' des va- cc nnaissance purement sp1n-
leurs, a cherché dans le devenir tuelle et directe.
permanent sa règle de vie ; d'où
cette succession d'hypothèses
rcmpliacées par d'autres indéfi-
105
niment. On trouve en fin de
chapitre une nouvelle condam-
nation de l'intuitionisme de
Bergson, parodie de la vérita-
ble intuition spirituelle.

Chap. IV : Science profane et science sacrée.

Les sciences modernes avec Si l'astronomie héritière de


leur spécialisation et leur auto- l'astrologie et la chimie moder-
nomie sont à l'opposé des ne, fille de l'alchimie débarras-
sciences traditionnelles fondées sée de son idéalisme sont enco-
sur l'unité de la nature. Chez re des lieux communs ; il reste
les Grecs, la Physique était en- que l'évolution semble retour-
ccre inférieure à la Métaphvsi- ner aujourd'hui dans le :ens ~e
que et en dépendait (7). Loin Frnité de la nature) l'ecolog1e
ùe marquer un progrès, elles ne en est un exemple.
sont que des dégénérescences
comme la Chimie, héritière des
so_uffleurs plus que des Alchi-
nust~~- En un mot, les sciences
t~ad1tionnelles sont des prépara-
tions à une ·
connaissance plus
~aute, un support de m éd't
t1on. 1 a
-

Chap. V : l'individualisme .
. C'est l~ ~égation de tout prin- La perte d'un principe ne
cipe supeneur « la réduction îeut être pour lui un phénomè-
de 1a civilisation, dans tous les ne isolé, elle entraîne un pro-
domaines aux ~eu1s éléments pu- cessus de dégradation dont les
!ement humams ». L'intuition péripéties sont aisées .à sui~e
intellectuelle en est fatalement dans l'histoire de la phtlosoph1e
enlue. Ce préjugé cherche à dé- et des religions. Il traitera de
:ouvrir des idées nouvelles, des la chose dans ses ouvrages ul-
Inve~t~urs géniaux ; pour la térieurs.
Tradition une idée vrai~ ne peut
et~e nouvelle. Descartes. le pre-
m~er limita l'intelligence à la
raison,... (Guénon reprend ici
ses développements précédents
sur l'évolution de la phi!oso-

106
phie). Le subconscient nous fait
sortir du domaine humain pour
tomber dans l'infra-humain. Sur
le plan religieux la Réforme pro-
testante, rejetant toute autorité
spirituelle au nom du libre-exa-
men, illustre un autre aspect de
la dégénérescence individualiste.
Le Catholicisme lui-même con-
serve intégralement le dépôt tra-
ditionnel mais à l'état latent ;
certes les tentatives du moder-
nisme ont été déjouées, le mo-
ralisme toutefois gagne du ter-
rain et les questions de doctrine
n'intéressent plus grand monde.

Chap. VI Le Chaos social.

.dé s politi-
La caste représente à l'origi- La question des 1 e d
. , par }'œuvre e
ne le genre d'activité pour le- ques impltqueels , bien des po-
quel chaque individu est natu- Guénon a sou eve l'idée
, . . d'autant que "lé
rellement prédisposé. L'idée d'é- lem1ques ' . litique contr~
galité est en effet aberrante et d'un pouvoir po · •tuel était à
les dogmes républicains qui y par un élément/~~ fameux de
sont attachés sont entretenus la base du sys e d · la Sy-
Saint-Yves d 'Alvey re, .·de dans
soigneusement par « ceux qui . différence res1 .
ont quelque intérêt à mainte- narch1e.La. té à l'organt-
nir le désordre >). L'argument le l'intérêt direct. ~r s ·nt-Yves
. de la Cite ipar ai
plus décisif contre la démocratie sat1on · d' s que Guénon
se résume en quelques mots : d'Alveydre tan t
« le Supérieur ne peut émaner n'en eut aucun.
de l'inférieur ». Le seul pouvoir
véritable vient d'En Haut et la
masse, laissée à elle-même, ne
peut que s'enfoncer sous l'effet
de son propre poids. Le but de
l'élite ne serait d'ailleurs pas po-
litique car son action en profon-
deur, et il le rappelle avec force,
serait insaissisable au vulgaire.
107
Chap. VII : Une civilisation matérielle.

Le « matérialisme », mot in- L'affirmation doctrinale la


venté par Berkeley, consiste à plus intéressante est que le ma-
donner, plus ou moins cons- térialisme veut nous persuader
ciemment, la prépondérance de ce que le monde a toujours
aux choses de cet ordre et c'est été ainsi. L'unité du Co';mos et
bien la mentalité de l'immense du monde créé suppose que la
majorité de nos contemporains. situation actuelle est produite
La pensée scientiste affirme par une modification du Cos-
qu'il ne peut Y avoir de science mos mais aussi que l'homme a
q_ui ne soit exclusivement maté- une action sur le Cosmos dont
nelle et Kant déclare ~ incon- le résultat est que le monde fi-
ceva_ble '> ce qui n'est pas sus- nit réellement par être comme
ceptible de représentation ; il croit qu'il est. D'où cette con-
q~a?t au Spiritualisme il n'a, en damnation double du monde in-
dep1t de son nom, den de com- dustriel capitaliste et colonial et
~~n avec la Spiritualité. Tout du marxisme où chacun a pu
d donc mesurable aux yeux prendre ce qui lui plaisait. Elle
es J?odernes et l'illusion de suppose que l'homme occupe
voulo~, ramener la qualité à la dans le Cosmos une place plus
quantite est produite par une ou moins privilégiée.
~~e de matéria1isme instinctif M. André Thirion, dans : Ré-
'olmme « outil à faire de~ volutionnaires sans révolution
ou tI s » de Ber "
1ongement de g.,on <!st un pro- après avoir fait une analyse de
Ia ma h.
laquelle il travaille .c l~noe ~ur type marxiste de son œuvre!
,.r , , uvner soulignait que la méthod_e lm
sp;c1~ ISel . ne peut fair~ un tra- était difficilement applicable
va1 mte ligent, semblabl à
lui de l'artisan. II en résuelt ce- (8). .
1' · e que En sens inverse (p. 212) il
~r~ent .es~ le seul critère de a trouvé une résonance « guéno-
d1fferenc1at10n sociale ., la con- nienne » à cette phrase du
currence commerciale la forme « Second Manifeste du Surréa-
normale de rapport entre Jes Lisme » : « la limite où cessent
~uples et le matérialisme histo- d'être perçues les contradic-
nq,~e veut prouver maintenant tions. »
q~ Il en a été toujours ainsi. n en Guénon est revenu sur la
resulte aussi qu'au lieu de l'hu- question de la dialectique dans
manitarisme pacifique escomp- un article repris au chapitre Il
té, on a assisté à des massacres de IRS « Métaphysique et
par nations entières et que le Dialectique » l'assimilant à l'ex-
sn.ffrage universel (dogme par- pression logique : « la dialec-
mi les dogmes a provoqué l'é- tique n'est en somme rien d'au-
crasement des minorités. II y a tre que la mise en œuvrc ou
108
là bien de quoi vanter la ~upé­ l'application pratique de la lo-
riorité de l'Ocidcnt et mépriser gique ». Le moyen en ~au~ u;i
les peuples contcm platifs et les autre pour approcher l mexp.n-
ordres religieux cloîtrés. « Si la mable. Le passage par la dia-
civilisation moderne devait s'é- lectique constitue un mode nor-
crouler quelque jour sous la mal de « descente », faute d_e
poussée des appétits désordon- quoi l'incommunicabilité serait
nés qu'elle a fait naître dans la totale. Une note précisait que 1.e
masse, il faudrait être bien mot était pris dans le sens or~­
aveugle pour n'y pas voir le ginel de Platon et A~st~te (il
juste châtiment de son vice n'introduisait pas de difference
fondamental... Tl est dit dans entre les den."{) sans s'occuper
l'Evangile : « Celui qui frappe des acceptions modernes .« tou-
par l'épée, périra par l'épée >> ; tes dérivées plus ou mmns de
celui qui déchaîne les forces la philosophie de Hegel. »
brutales de la matière finira
écrasé par ces mêmes forces.
monde occidental est anti-reli-
g~e_ux en fait parce que anti-tra-
d1tionnel. « L'Occident a été
~hrétie,n au Moyen-Age, mais
il ne l est plus ; si l'on dit qu'il
peut encore le redevenir nul ne
so~ha~te ylus que nous 'qu'il en
s01t. ams1, et que cela arrive à
un ~our plus proche que ne le
ferait penser tout ce que nous
voyons autour de nous · mais
qu ' on ne s' y trompe pas ' : ce
jour-là, le monde moderne au-
ra vécu. »

Clmp. V III : L'envahissement occidental.

La contamination de l'Orient
p~ogresse, san~ doute superfi-
ciellement, mais les Orientaux
authentiques se cachent de plus
en plus tandis que les modernes
se répandent à l'extérieur et veu-
lent combattre l'Occident par le
nationalisme. Si l'Orient se
tourne vers cette voie, ce 3era
109
vraiment la fin d'un monde, la
Tradition demeurant entière-
ment cachée pour l'humanité ;
œuvre véritablement satanique.
La fin du chapitre est comacrée
aux fausses interprétations de
Henri Massis ; Guénon affir-
me enfin être le seul à avoir ex-
primé en Occident des idé~s
orientales authentiques.
En conclusion, on trouve une L'appel contient cependant
justification d'une œuvre écrite une menace voilée : celle de
traitant de !'Esotérisme : un chercher en dehors de l'Eglise
~lus grand nombre de gens que que Guénon mettr__a. justem~__nt à
1 on ne supposait comprend le
exécution. L'Esotensmc n etant
problème et il importe de pré- e~ aucune façon subordonné ~
parer la remontée avant que la la religion, le refus de c~ll~-~1
d~scente ne soit achevée et cer- en tant qu'institution, s1gmfie
tams indices montrent qu~ le que l'envahissement du _Mal est
~ornent est venu. Il réitère en- plus avancé qu'on aurait p~ le
fin son. appel à l'Eglise catholi- supposer. Guénon n'a cer~a1?e­
que qm a tout intérêt à devan- ment pas vu une contradiction
cer ~ mouvement plutôt que de dans ces changements d'attitude.
~ ~1sser se constituer en dehors
e e. La dernière note est ce-
pendant _pessimiste, l'esprit mo-
derne, diabolique dans tous. les
sens du mot s'efforce par t
1es moyens d'empêcher le ras- ous
sem?I~;nent d~s individualités
q~a1If1ees et aujourd'hui disper-
sees.

On a pu mesurer l'élaboration subie par les idées occultistes du


XIXè siècle; il existe bien une Tradition cachée mais l'approche
e.n est très différente (le temps de l'anticléricalisme est passé). En-
fin, l'effritement de la croyance au progrès après les horre1:1rs de la
~erre correspondait à sa vision profonde d'une dégradaho?- c~m­
tmue de la spiritualité, du Mal omniprésent et moteur de l'Hist01re.
. Ses livres eurent un certain succès ' les ventes ne furent pas mas-
sives mais continues (9) et touchèrent des milieux très différents.
4
En 1922, moment où les relations avec N.M. Denis-Boulet s es-
paçaient, Guénon ·participait de fort iprès aux discussions sur cette

110
<i: ,question d'Orient » d'un nouveau genre qui préoccupait le mon-
de intellectuel. Ses bonnes relations avec Henri Massis (11) avaient
été troublées par la Défense de l'Occident, mais son anti-égalitaris-
me et sa haine de la démocratie plaisaient toujours à certains mem-
bres de l'Action française. Si le rationnaliste Maurras persiflait
« Monsieur Guénon empêtré dans ses Manvantaras n, Uon Daudet
avait dit, nous l'avons vu, le plus grand bien d'Orient et Occident:
«par des voies différentes, j'étais arrivé à une conclusion analogue
dans l'examen du stupide XIXè siècle: mais mon ionorance de la
philosophie orientale - que possède à fond Monsieu; Guénon - ne
m'avait pas permis de dresser le redoutable parallèle qu'il nous
expose. Il ressort, sans qu'il l'exprime de façon positive, que l'Occi-
dent est menacé plus du dedans, je veux dire par sa débilité mentale.
que du dehors, où cependant sa situation n'est pas si sûre. » (12)
Il collabora d'ailleurs de 1926 à 1927 à : Vers l'Unité (13), or-
gane de l~ Droite nouvelle, (Théodore Darel) ; mais la revue dis-
parut rapidement.
E~ même temps il fréquentait divers groupes ou salons comme
ce~m de François Bonjean où se rencontraient des écrivains e~ des
onentaux : sources d'interminables discussions où Guénon defen-
dait la Tradition hindoue contre de brillants Indiens sortis d'Oxford
ou de Cambridge.
Les Carnets du Docteur Tony Grangier qui fut son médecin tra-
cent de lui un portrait un peu différent (14), il est l'inspirateur d'un
groupe : « chef d'une école métaphysique incontestée ». ~ D.oc-
te~~ ?rangi~r connut Guénon par Sédir, il remarqu.a ~uss1 la snn-
plic1te du decor de sa maison son style de vie provmcial et le cal-
me parfait avec lequel il parl~t, fumant tout le temps! d~rrière s~~
bureau, avec en toile de fond le tableau de la femme md1enne qu il
jugeait médiocre. Il l'invita à participer à ses soirées du mercredi.
Le Docteur G rangier le trouvait buté sur la science moderne et le
monde P?ysique dont il ne pouvait admettre, en bon docteur, qu'il
fut une simple illusion. Lorsqu'il lui faisait des citations de Tchoang-
Tseu sur le cœur, Guénon ne répondait pas, par contre il traitait
d'hérétiques Aurobindo, Rabindranath Tagore, Vivekananda, Ram-
Mohum-Roy ou Ramakrischna. Une discussion, le 22 décembre
1924, après la parution de La crise du monde moderne, lui parut
significative. Comme on s'étonnait de la croyance de Guénon à la
fin prochaine de notre monde, de son impossibilité de descendre
plus bas ou de remonter au contraire, celui-ci se figea : « Pendant
que je parlais, il était t~ujours assis, im!11obile, légèrement ~~urbé
en avant, le regard clair et sans express10n, fumant. Il souna1t lé-
gèrement parfois, en homme qui est la vérité. Il m'a répondu enfin

111
de~1vine
de brèves
trans .paroles' qu e sa vente
' . mise par R,eve'lat10n,
.
, · , eta1t
, · impersonne
d etachee
,
· JI e, d'or1·gme
, et sans passion.
. »
·

Cer t ams détail ,


ment, après la ms sont assez frappants, en décembre 1927 egale-
tament spi 'tu ort d~ docteur Lalande (Marc-Haven) dont le tes-
(c'est le DrnGe1 ~arla1t d'amour Guénon insinua méchamment,
A la mêm rang1er
, q~1· l' affirme),
· ' que c'était par peur re l"1gieuse.
·
piétant ce qu~ilepoq~e, il étudiait le Chinois avec Laloy (15), com-
ses ouvrages t a~ait pu apprendre de Matgioi. Celui-ci a dit, dans
L~at. II adoptae~; .ses connai~sances directement .du Tong-Song-
suite, quelque te ailleurs le fils de ce dernier q m passa, par la
Son inq . , mps en France.
· se plaigna"t
il u1etude a ncienne
· ne l'avait pas complètement aban d onne,'
qu~s et dev~t ~~~ent d'être poursuivi par des influ~n~es maléfi-
aIIlls pour dé' tiliser plus tard les services d'un médium de ses
JOUer en. 1es I"dentifiant,
éte, laneées contre' . les attaques qu'il pensai.t avorr
.
1Ul,
U n autre 'I'
l~s buts envise e?1-ent devait contribuer à rompre l'équilibre entre
tion de la doc~~es et l'accueil de ceux à qui il s'adressait. L'exposi-
que le volet cr~~e proprement dite devait rebuter beaucoup de ceux
des Prises de n 1 9~e de l'œuvre avait attirés. Elle provoqua aussi
Guénon. position qui eurent un effet déterminant sur la vie de

{1) Paul Ch
da~~e 1'~ Vreed~c~;~~i opus. cité, p. 64-65.
hiver a:e~ ~ui depuisq~enta .longtemps à Paris puis resta en correspon-
(3) G aire. atav1a où il enseignait. Il passa également un
uénon it
progrès p c e < civil i ·
(4-) «'L asca! et Baco sati.on ~ chez Turgot, ~\ propos de la notion de
(S) L e PréJugé cla ~ puis Condorcet.
incro ~ prédorninanc:sique > est un chapitre de ]'/.G.E.D.ll.
(G) Y~ le renvcrserne t du subconscient présente pour Guénon le plus
M • a correspondan 11 de l'ordre naturel que l'histoire ait vu.
a(;)sis 5 ~ connaissaie:te ~e. N.:\1. Denis-Boulet a montré que Guénon et
Voir J. Rebot' . d a1neurs fort bien.
du(B)mond e 111 · : Les Ier · La co ncephon
Cah. · ·
hermétique et la conception r é a 1·is t e
(P. 180) · < Is ters de l'Homme-Esprit n° l 1973
enfance
"t d ans une
· su d'un
pr . · .
milieu '
conservateur, '
Guénon · vécut toute son
a~ai fait Je théâtre ~vince qui n'avait pas changé depuis que Balzac en
gieuses, très doué e plusieurs de ses romans. Elève d'institutions reli-
l auteur de vues dpour les mathématiques, il traduit avec une grande
de r~fus de la soc·::~s une métaphysique cxtravagan te mais cohérente,
es 0 rds de la L ! in?ustrielle par la bourgeoisie des petites villes
1a .nostalgie des stoire, qui estimait ne pas avoir besoin d'usines et avait
um.verse). Marqué ructures politiques et sociales menacées par le suffrage
était étranger à P~r les idées et les découvertes de Leibnitz, Guénon
pas besoin puis 1a dialectique, à Héraclite comme à Hégel. 11 n•(·n avait
que, dans sa pensée, les contradictions se résolvent toutes

112
dans
s'élèvelaau-d
con1 iaissancc
. donnée par l'intuition intellectuelle dès qu ' on
dernière< phr~ts:us d.u nh·eau où les oppositions ont leur réalité. Cette
guénonicn . ' · c, '!"' est presque une citation, caractérise bien le syslèn!c
niveau, on· s'en
0 n éc_arlc pas les contradictions rencontrées à un cer\an~
de les pcr 1•1 élmgnc par une sorte de survol mental, on cesse nmsr
ccvo1r co t . . "é la pré-
sence car G
objective d ~énon ~dmct 1 n1ne con rad1chons mais on n'en a pas n1
la réalité d;,. d,onde extérieur et l'existence

ilconfir::;'a·~ne let~re
(9) Da c a matière. ::r>
à F.G, Galvao, après la seconde guerre mondiale,

, d c n cnc. Guenon
.
(10) Cctt cl lcc fait.
) L'A t · cltrc à N.l\l. D.B. date du 4 mars 192?...
(11
(12) Scsc
d es p cuples
10 t1.1 I•rançais<.>,
- a rl> 1clrs · · 15 juillet 1994
- •
1
l'U 1ion
Bulletin pnr,;i I~prcnarent
• : • mis. a part <r. un projet de J. de Z\laistrc pour
ses ouvrages. Il fit la même chose dans. le
d? Mois. Dans ssia/ de Saint-François-Xavier ou la Jlevuc les Ca1uers
Pierre Beno"t) la Revue bleue il parla des Mormons (mis à la mode par
o:-n
24 -2-51 Cc ~ • Ill· rs ont été rassemblés après la mort d c R · G · le
s sou\'<'
lors ·d'
Pulby, Mar· ul\nc soirée chez le Docteur Wi:dter ~n
présence de M. Pierre
) M. ' A 10 p lcu1
. ·
ucr, F rançois de Pierrefeu.
na•(14 . rca u se . b u des d"ic t•io n -
ires, un d
g souvient d'avoir vu sur son urca
~a préf;~~ ~·

Sy~nbolisme
!'.édition rn Bengali en particulier. M. Il. Maridorl dans
Song-Luat e7 ·t du clc la Croix, affirme que le fris de g
s le véritable initiateur de R.G. au Taoïsme.

113
Chapitre VI

ENOUE
1

TE DES SCIENCES TRADITIONNELLES

Comment a
non affirmait 1 PP~ocher cette Connaissance traditionnelle dont Gué-
, existence ? d · ,
see, fut-ce sou · es sciences fondees sur ce mode de pen-
~les ? II s'est ~t~ne ,fo,rme_ résiduelle, étaient-elles encore accessi-
~1ons rationnell~ af he a . faire. ressortir dans le tissu des significa-
a une autre fo _s, es pomts mexplicables, indications pour passer
~ents entre les ~I?e, de compréhension. La méthode des recoupe-
ntes initiatique ifferen.tes expressions de mythes, de légendes ou de
traditionnnel . s garantit contre la désignation gratuite d'un élément
signaler nou · ~ de tous les rapprochements que nous venons de
pouvoir ' rend s tirero 11s d,e3a
·, une consequence
, ·
que nous esperons
ve de telles re encore plus manifeste par la suite : lorsqu'on trou-
dc l'existen~o~~ordances, _n_'y a-t-il pas là plus qu:u~ simpl~ indi~e
de chercher u 1 une, Tradition primordiale ?... D ailleurs il suffit
pour découv/ peu, a la condition de n'y apporter aucun parti pris,
essentielle d~r t df tous côtés les marques de cette unité doctrinale
manité, ~ais n . a ~o~science a pu parfois s'obscurcir dans l'hu-
qu'on avance dui n a Jamais entièrement disparu ; et, à mesure
multiplient c ans cette recherche, les points de comparaison se
·
ra1ssent à ch omme. d' eux-memes " et d es preuves nouve lles appa-
pas un vain aque instant ; certes, le quaerite et invenietis » n'est
mot. » (1)
Cette citatio
est chez Guén n n;iontre en même temps que l'é~ifice symbolique
hension des on inséparable d'un contenu doctrmal ; la compré-
bJe d'emblée s~1?1bole~ n'est pas en effet acquise ni même saisissa-
voir de relaÙ es qu'ils sont repérés. Elle est transmise et ce pou-
on entre 1e rationnel et Je supra-rationnel constitue

115
véritablement l'Esotérisme. Guénon identifie Esotérisme et Tradi-
tion. Toute la démarche symbolique en dépend, nécessitant l'appel
à l'histoire comparée des religions mais refusant en même temps
les conclusions impliquées par une véritable méthode historique :
« Nous n'avons pas à informer le public de nos véritables sources ...
celles-ci ne comportent point de références. » (2) Il s'adressa éga-
lement à M. Raymond Dulac en ces. termes : « enfin que penser
des prétentions de ce personnage qui non seulement demande des
pre~~es ~autant vaudrait entreprendre de prouver l'existence de la
lum1ere a un aveugle) ce n'est point pour les profanes de cette
sorte que nous écrivons »•
. L'Esotérisme de Dante publié en 1925 chez Ch. Bosse, premier
hvre doctrinal, est un excellent exemple de sa façon de procéder.

Chap. I : Sens apparent et sens caché.

. « ~ V?i che avete gli intellet- L'Esotérisme véritable, nous


ti sam Mirate la dottrina che s' dit Guénon, est tout autre que
ascc:nde sotto il velame delli la religion extérieure, et s'il a
vers1 strani... »
quelque rapport avec celle-ci,
Dante lui-même a invité à ce ne peut être qu'en tant qu'il
ch~rcher autre chose dans son trouve dans les formes religieu-
ro:me De l'Enfer que le sens ses un mode d'expression sym-
itteral. Les quatre sen ·
ble d s possr- bolique. C'est bien sous le mê-
:'i so~t es « éléments consti- me angle qu'il envisage les
tutifs d une synthe' se .
(3) Le unrque » sciences : « A toute science
quatrième est expressio~ profane peut se superposer une
de la Métaphysique pure . pour
autre science qui se rapporte, si
cela l'Esotérisme de Da~te ne
l'on veut, au même objet, mais
i:e.~t ~n,. a~7une façon être qua- qui le considère sous un point
lif1e d heresre.
de vue plus profond, et qui est
à cette science profane ce que
les sens supérieurs des Ecritu-
res sont à leur sens littéral. On
p~urrait dire encore que les
sciences extérieures fournissent
un mode d'expression pour les
vérités supérieures, parce
qu'elles-mêmes ne sont que les
symboles de quelque chose qui
est d'un autre ordre. » Il utilise
alors l'argumentation de Pla-
ton : Je sensible n'est qu'un re-
116
flet de l'intelligible, un ~h~no­
mène de la nature et les evcne-
ments de l'histoire ont tous ~e
u-ils
valeur symbolique, en ce q
expriment quelque chose dont
ils dépendent dont ils sont ~es
, ' ou m01ns
consequences, P.1us . ru-
éloignées : reaffirmauon de li
nité de l'Univers en laque e
· ' au ba-
ricn ne peut être 1aisse .
sard. Chaque événement est s~-
"f" "f ·1 ff1"t d'en savoir
ocrm icat1 ' 1 su ' sym-
décraacr la véritable portee
0 t:
bolique. , admis
Ces principes etant ne séri~
Guénon peut entamer;oliques.
de rapprochements sy

Chap. II : La Fede Santa.

Une médaille du musée de


Vienne désigne Dante ( 4) com-
me Kadosh d'un Tiers-Ordre
Templier. Cette circonstance ex-
pliquerait le symbolisme qui
accompagne ce grade. qui est
aussi un haut grade de la Maçon-
nerie écossaise. Certaines divi-
sions du poème semblent corres-
pondre à ce symbolisme.
. et 1zermétique.
Chap. lll : Rapprochements maçomuque
deux conclu-
L'Enfer représente le monde Pour G~é~~~nt de ce ch,api-
profane, le Purgatoire, les sions se det~abord : « il ~ y. a
épreuves initiatiques et le Ciel, tre : tout d à avoir sur 1 ex1s-
le séjour des Parfaits. Les ron- aucun doute 1 Divine Comédie
tence, danEs ~de d'une allégo-
des célestes décrites par Dante
et dans
rhysico-ésotérique,
n~ '
qu1
.
présentent des concordances re-
marquables avec certains hauts de métap se en même temps
grades de la Maçonnerie écos- voile et expouccessives par les-
saise et leur signification hermé- tes phasesas:e la conscience de
tique. Les symboles des miné- quelles· P
117
raux, les couleurs et les animaux l'Initié pour atteindre l'immor-
emblématiques se retrouvent de talité. » (cité de Reghini) ; en-
part et d'autre. La Franc-Ma- suite, le fond des doctrines est
çonerie écossaise prétend d'ail- toujours le même: «et cela pour
leurs remonter aux Templiers. des Traditions qui sont trop éloi-
On trouve p. 15 et 16 de la gnées dans le temps et dans
2ème édition (1949, les Edi- l'espace pour qu'on puisse ad-
tions Traditionnelles) un passa- mettre une influence immédiate
ge tout à fait significatif de sa des unes sur les autres... »
façon de procéder : Le manque d'originalité de la
« Or il se trouve que cer- documentation est frappant, elle
tains dignitaires inférieurs de la est reprise on l'a vu de !'Histoire
Maçonnerie écossaise... et dont des Rose-Croix de Sedir qui uti-
Zerbino, le prince écossais, l'a- lisait lui-même Aroux : « l'En-
mant d'Isabelle de Galice est la fer représente le monde profa-
personnification dans l'Orlando ne ... » Les correspondances des
~urioso de 1' Arioste, s'intitulent planètes et des sciences. sont
egalement princes, Princes de identiques et l'on retrouve m ex-
Mercy ; que leur assemblée ou tenso des passages. comme : « la
chapitre se nomme le Troisiè- ronde céleste que décrit Dante
me Ciel ; qu'ils ont pour sym- commence aux plus hauts Séra-
bole un Palladium ou statue de phins... Il se trouve aussi que
la. Vérité, revêtue' comme Béa- certains dignitaires inférieurs de
tnce des trois couleurs verte la Maçonnerie écossaise... :-i' Le
bI,.ar:ohe et rouge (5) ; que leu; rapprochement avec les Princes
vener~ble (dont le titre est Prin- de Mercy, avec Béatrice .et ses
c: tres excellent), portant une trois couleurs y est aussi 00).
fleche en main et sur la poitri- Guénon se contente de rectifier
ne un cœur dans un triangle est les erreurs qui viennent, à son
une personnification de 'r A- avis de l'absence ou des insuf-
i:iour ; que le nombre mysté- fjsa~ces doctrinales. L'attrLbu-
neux de neuf, dont « Béatrice tion, par exemple, de la L;me
est particulièrement aimée 1> au monde profane est erronee :
Béatrice « qu'il faut appele; « Nous savons bien cependant,
Amour », dit Dante dans Ja Vi- que la sphère de la Lune a. un
ta Nuova est aussi affecté à ce rapport spécial avec les . Lnn-
Vénérable, entouré de neuf co- bes (le « Nous savons bien »
lonnes, de neuf flambeaux à neuf désigne peut-être ses connais-
branches et à neuf lumières sances dont l'origine historique
A I' • '

age enfin de quatre-vingt-un n"est pas identifiable) ... En effet,


ans, multiple (ou plus exacte- la Lune est à la fois J anua Coeli
ment carré) de neuf. Béa- et J anua inferni, Diane et H éca-
trice est sensée mourir dans la te (11).
quatre-vingt-unième année du

118
siècle » (6). Une correspondan-
ce peut être également établie
entre les planètes et les Grades
maçonniques : à Mercure, le
Chevalier du Soleil 28è, au So-
leil le Grand Architecte, 12è ...
A Saturne, l'Ecbelle d'Or des
Kadosb. Les figures symboli-
ques vues par Dante paraissent
à Guénon d'une identification
indiscutable. Il développe p.
20:
« La croix dans le ciel de
Mars, l'aigle dans celui de Ju-
piter, l'échelle dans celui de Sa-
turne. On peut assurément rap-
procher cette croix de celle
qui, après avoir été le signe dis-
tinctif des Ordres de chevalerie,
sert encore d'emblème à plu-
sieurs grades maçonniques ; et,
si elle est placée Jans la sphère
de Mars, n'est-ce pas par une
allusion au caractère militaire
de ces Ordres. leur raison d'être
apparente, et au rôle qu'ils jouè-
rent extérieurement dans les
expéditions guerrières des Croi-
sades? (7) Quant aux deux
autres symboles, il est impossi-
ble de ne pas y reconnaître ceux
du Kadosh Templier ; et, en
même temps, l'aigle que l' Anti-
quité classique attribuait déjà à
Jupiter comme les Hindous l'at-
tribuent à Vishnu, fut l'emblè-
me de l'ancien Empire romain
(ce que nous rappelle la pré-
sence de Trajan dans l'œil de cet
aigle), et il est demeuré celui
du Saint-Empire. Le ciel de Ju-
piter est le séjour des « princes
sages et justes » : ,~ Diligite
justitiam, qui judicatis terram »
1\9
(8), correspondance qui, comme
celles que donne Dante pour les
autres cieux, s'explique entiè-
rement par des raisons astro-
logiques ; et le nom hébreu de
la planète Jupiter est Tsedek,
qui signifie « juste ». Quant à
l'échelle des Kadosh, nous en
avons déjà parlé : la sphère de
Saturne étant située immédiate-
ment au-dessus de celle de Ju-
piter, on parvient au pied de
cette échelle par la Justice
l Tsedakah), et à son sommet
par la Foi (Emounah). Ce sym-
bole de l'échelle semble être
d'origne chaldéenne et avoir été
apporté en Occident avec les
mystères de Mithra : il y avait
alors sept échelons dont cha-
cun était formé d'un métal dif-
férent, suivant la correspondan-
ce des métaux avec les planè-
tes ·' d' au tre part, on sait que,
dans le symbolisme biblique on
trouve également l'écheBe' de
J~cob, q~i, joignant la terre aux
~1eux_, presente une signification
identique. » (9)

Chap. IV : Dante et le Rosi-crucianisme.


Ce chapitre étudie les con- Les concordances chronolo-
cordances historiques entre le giques (12) entre l'œuvre de
Roman de la Rose, La Fede San- Dante et l'apparition du Rosi-
ta, les Fidèles d' Amour et la crucianisme dans les mouve-
Massenie du Saint Graal formes ments ésotériques sont une des
diverses de transmissidn d'un suites de la disparition de !'Or-
courant ésotérique unique. dre du Temple. La conception
de cette transmission par des so-
ciétés. constituées est caractéris-
tique des idées occultistes du
XIXè siècle pour qui elles sont
inséparables d'une action socia-

120
le et politique. Guénon, tout en
condamnant Eliphas Levi qui
voyait tout, dit-il, à travers la
mentalité d'un révolutionnaire
de 1848 a hérité de cette vision
institutionnelle de la transmis-
sion qui est répandue à travers
toute son œuvre. La documen-
tation de ce chapitre IV est
fournie là encore par Sedir re-
copiant Eliphas Levi ou l'histo-
rien Henri Martin : il en est
ainsi de la légende du St Graal
et de sa conclusion « Ce qui est
bien curieux et ce dont on en
peut guère douter, c'est que Ja
Franc-Maçonnerie moderne re-
monte d'échelon en échelon
jusqu'à la Massenie du saint
Graal » (13).

Chap. V : Voyages extra-terrestres dans différentes Traditions.

Entre la descente d'Orphée L'enseignement rest~ ~~ mê-


aux Enfers, le voyage d'Ulysse me : c< Pour nous ces s1m1l1tudes
. pays des· c1·- mmcnens
aux ,. -.
Vir- ne montrent pas autr.e chos~ que
gile et la l't · des Rameaux,
' . 't, de la Doctrine qm est a·
1 urgie 1 um e ~
par cx~m pie, (la mort et la ré- contenue dans toutes les Tra 1-
surrect10n sont assimilables aux tions. » , , d ,..
phases successives du Grand L'expression genera1e es me-
Œuvre alchimique) les ressem- es vérités n'est étonnante que
tn . t c
blances sont frappant es. M ais. pour ceux qui 1gnoren q~e e
la , sont des vérités. Cette cert1tu~e
parente est plus nette encore
entre la Divine Comédie et le le dispense d'aill~ur~ de l?roc~­
Voyage nocturne du Prophète der à une vérif1cat1on histon-
Mahomet dans le K1't"b . le rapprochement de Dan-
d M a e 1-1sra
. " e '
e ohyddin ibn Arabi te et de Mohyd d'm 1'b n A rab"1
qu
. L~, thème du voyage ~st par- n'est pas fait d'après le t~xte ?ri-
hcuherement riche .. « 1e ra- ginal de cet auteur m meme

121
meau d'or qu'Enée, conduit par d'après l'étude qu'en fit Miguel
la Sibylle, va d'abord cueillir Asin Palacios qu'il cite mais à
dans la forêt (cette même « sel- travers l'analyse de A. Caba-
va selvaggia » où Dante situe ton : « la Divine Comédie et
aussi le début de son poème), l'Islam » dans la Revue de l' His-
c'est le rameau que portaient les toire des Religions en 1920.
initiés d'Eleusis, et que rappel-
le encore l'acacia de la Maçon- Une chose importe pour lui,
nerie moderne, « gage de ré- le langage utilisé de part et d'au-
surrection et d'immortalité » ... tre, prouve que Dante n'a pas
connu Ibn Arabi par des voies
C'est avec Mohyddin ibn profanes. Le problème histori-
Arabi que Guénon se sent le que de la transmission ne se po-
ph~s à l'aise : « Dans une adap- se donc pas.
tation de la légende musulma-
ne, un loup et un lion barrent
la ro~te au pèlerin, comme la
panthere, le lion et la louve font
recu,le~ Dante. Virgile est cn-
voye a Dante et Gabriel à Ma-
homet par le Ciel ; tous deux,
dur.an~ !e voyage, satisfont à la
cunos1t~ du pèlerin. L'Enfer est
annonce dans les deux 1' d
Par des. signes
. egen es
identiques : tu-
multe v10lent et confu f I
d f L' s, ra a e
e eu... architecture de !'En-
fer dantesque est calqu,
d , ee sur
~e11e e 1Enfer. musulman ; tous
e?x sont ,,un gigantesque enton-
notr forme par une série d'éta-
ges, de degrés ou de marches
circulaires qui descendent gra-
dueIIement jusqu'au fond de la
terre ». {14)

Les deux Enfers sont situés


sous Jérusalem, l'architecture
des sphères célestes concorde
Béatrice s'efface devant St Ber~
nard comme guide de Dante
dans les ultimes étapes ainsi
Gabriel abandonne M~homet
près du Trône.

122
On peut rencontrer en Perse
et même jusqu'en Inde la des-
cription symbolique des divers
états d'existence sous fom1e
« d'un ensemble hiérarchique-
ment organisé de Cieux et d'En-
fers ».

Chap. VI Les trois mondes.

· du . vova
Les trois parties . o<JC •:, -
Cete partie est beaucoup plus
doctrinale, les mondes repré- Enfer' Purgatoire, Ciel ~~~:~-
sentent des états de l'Etre et le ren t en conséquence u;e on les
voyage la démarche de l'homme sion nouvelle b q~a~e représen-
vers la conquête des états supé- prend comme . as une hiérar-
rieurs. L'Enfcr est alors l'huma- tation symbol~que, ' a"t plus
. d' 't t il ne s ao1
nité terrestre, le Purgatoire la chie e a s,_ e intellectuelle
récupération de l'état édénique d'une _conn~ssa~~ne transforma-
et le Ciel les états supérieurs. abstra1te mais d ·n'lporte que
. d l'"t e Peu Iiu
uon e e r · . décrit dans le
le processus soi~ des sphères
lan a age astrologique lui de la
o , • ou dans ce .,
planetaires . le des b1erar-
théologie qm par
chics angéliques.

Chap. VII Les nombres symboliques.

bolisme chronolo-
La fréquence d'un certain Que le ,sym h sur un symbo-
.
giquc debouc
, e·que n'a nen
. d' e-,
rythme dans les divisions du . geocrrap111 •
poème est tout à fait remar- l is111e Î phases successives
quable: 3-7-11 (strophes de
onze vers) ou 5-15-666 vers qui peuvcnt etr
e!
tonnant, " considérées simulta-
des tendances
, t comme
séparent les différentes prophé- nemen mple'mentaires le
s et co .. '
ties : Ciacco, Virgile, Brunetto a d verse oint d'équilibre :
Latini, Farinata. Ces nombres centre est un. p ,
. divin ou se conc1 ien
·1· t
ont toujours eu une significa- « le 11eu stes et 1es an t"mo-
tion initiatique utilisée par les les con tra
123
d la roue d~s
sociétés secrètes. Ils constituent mies » ; centre' e ression hin-
choscs selon l eXJ?. <le l'Ex-
un signe de reconnaissance et . . blc in111eu
les irrégularités que l'on trouve <loue, mv.ana s correspon-
doivent correspondre aux événe- trême-Onent. tD~· etre o ~
e' aalement
ments survenus entre le début <lances peuven bases du
et la fin de la composition de établies avec les. , 1?
Grand Œuvrc hcrmeuqne. ,
l'œuvre : destruction de l'Ordre . t nette et de-
du Temple ou mort de Henri La conclusion es pports de
VIII de Luxembourg. .imuve
.. ant aux
qu , , s buts : « 1e ra
f
La science traditionnelle des la méthode et de t d'être le
nombres est abordée de la mê- rôle des symboles
1 15
f~ dont les
me façon à partir de considéra- support de conccp • sont vé-
'b'l' , d'extension
i 1tes . ·, et toute
tions sur un article de Arturo poss1 . bl nt i1lim1tees, "
Benini {15), l'extension des si- nta cme , t
5
elle-roeme
gnifications est faite de remar- expression n. t:: faut donc tou-
q?es en « passant » : après le qu'un symbole , il art de l'inex-
role du 11, il est rappelé que jours réserver la P ".-ne dans
. bl ui est ine,.~.. '
22 est le nombre des lettres de pnma e, q , bysique pure,
l'alphabet hébraïque, 33 le l'ordre de la metap '>
t l e plus. ~
nombre des années de la vie ce qui impor e
terrestre du Christ mais aussi
l'âge symbolique du Rose-Croix
maçonnique ~t yuitime degré de
la Maçonnerie ecossaise · 66 est
la valeur du nom d'Allah en
a~abe et 9~ le no1:11bre des prin-
cipaux attnbuts divins en Islam.
La symbolique des nombres dé-
bouche sur une interprétation
cosmique de l'Univers, la posi-
tion centrale adoptée par Dante
est en effet riche d'enseigne-
ments :
« Ceci peut être représenté
géométriquement de la façon sui-
vante : si le cycle dont il s'agit
est la demi-période de la pré-
cession des équinoxes, et si l'on
figure la période entière par une
circonférence, il suffira de tra-
cer un diamètre horizontal pour
partager cette circonférence en
deux moitiés dont chacune re-

124
présentera une demi-période, le
commencement et la fin de cel-
le-ci correspondant aux. deux ex-
trémités du diamètre ; si l'on
considère seulement la demi-cir-
conférence supérieure, et si l:o~
trace le rayon vertical, celm-c1
aboutira au point médian, cor-
respondant au << milieu des
temps ». La figure ainsi obtenue
est le signe @ , c'est-à-dire le
symbole alchimique du règne
minéral ; surmonté d'une croix,
c'est le « globe du monde »,
hiéroglyphe de la Terre et em-
blème du pouvoir impérial. Ce
dernier usage du symbole dont il
s'agit permet de penser qu'il de-
vait avoir pour Dante une va-
leur particulière ; et l'adjonc-
tion de la croix se trouve imp1i-
quée dans le fait que le point
central où il se plaçait corres-
pondait géographiquement à J é-
rusalem, qui représentait pour
lui ce que nous pouvons appe-
ler le « pôle spirituel »· D'autre
part, aux antipodes de J érusa-
lem, c'est-à-dire à l'autre pôk,
s'élève le mont du Purgatoire,
au-dessus duquel brillent les
quatre étoiles qui forment la
constellation de la « Croix du
Sud » ; là est l'entrée des Cieux,
comme au-dessus de Jérusalem
est l'entrée des. Enfers ; et nous
trouvons figurée, dans cette op-
position, l'antithèse du « Christ
douloureux » et du « Christ
glorieux ». (16)

125
Chap. VIII : Les Cycles cosmiques.

Dante assimile le milieu de


sa vie et le milieu des temps :
soixante-cinq siècles avant et
soixante-cinq après ce qui cor-
respond à la demi-précession
des équinoxes, c'est-à-dire au
retour de la Grande Année. La
position centrale qu'il adopte
ouvre d'ailleurs une nouvelle
série de correspondances entre
le temps et l'espace désignant
le centre de l'être qui est aussi
Brahma-Pura et Jérusalem.

Mise au point précieuse si la science des nombres est considérée


pa~ Guénon comme une ~cience traditionnelle, le mot science ne
~o~t P~ faire illusion et peut-être son emploi était-il une concession
a~ ~sp~1t du, temps, il ne s'agit pas de la constitution d'une somme
IDéJJs bien d une approche de l'inexprimable.
MA peu près à la même époque, il publia un petit livre : le Roi du
, onde (17) sur ile symbolisme du centre et une série d'articles de
1 925
~ ~927 de symbolisme chrétien dans : Regnabit, organe de la
t ~1 e..te du raxonnement intellectuel du Sacré-Cœur », dirigée par
e . everend Pere Anizan (oblat). Guénon y avait été amené par
Loms-A~guste . . <?iarbonneau-Lassay (18) dont les travaux sur l'ico·
nographie chretienne antique et médiévale l'influencèrent de façon
durable et profonde (19).
Charbonneau naquit à Loudun en 1871, y vécut et y mourut en
déc.embre 1946. Professeur dans l'enseignement libre. il devint un des
~e1lleurs spécialistes en archéologie du Bas-Poitou. Il eut aussi, nous
dit G. Tarnos : « la rare fortune de retrouver ce qu'il cherchait
depuis si longtemps, la descendance vivante et légitime de deux de
ces anciennes confréries hermétiques qui avaient fleuri et fructüié
~ans son cher Moyen-Age, l'une presque spécifiquement ascétique,
1a~tre chevaleresque (il s'agit de !'Estoile internelle et des <?he-
valiers et des Dames du Divin Paraclet). Pour subsister et résister
au~ assauts dissolvants des époques postérieures elles avaient ?û
urur leurs destins et réduire le nombre de leurs membres au strict
nécessaire pour assurer leur continuité et leur transmission sans
brisure. Elles avaient pu conserver leurs symboles et leurs rituels. »
Sa collaboration à Regnabit allait-elle fournir l'occasion de créer
126
ce groupe de rénovation spirituelle « de l'intérieur du Catholicis-
me » qu'il avait appelé de tous ses vœux dans les ouvrages précé--
dents?
Il ne semble pas avoir eu connaissance à ce moment-là de l'eXIS-
te~ce de ces sociétés ; ce qui est capital car elles répondaient aux
exigences doctrinales qu'il avait formulées.
~~s thèmes abordés recoupent évidemment ceux de ses écrits
precedents ou seront repris dans les suivants. « Le Verbe et le sym-
bole '> de janvier 1926 complète heureusement !'Esotérisme de
Dante sur la fonction symbolique :
« Au fond, toute expression toute formulation, quelle qu'elle
soit, est un symbole de la pen;ée qu'e1le traduit extérieurement ;
en _ce sens, le langage lui-même n'est pas autre chose qu'un sym-
bolisme ... »
Il Y a complémentarité entre l'aspect discursif du langage et. so,n
aspec.t sy~bolique et intuitif (20). L'usage du symbole est a~ssi
cessaire disent les Hindous que l'usage d'un cheval pour. faire ~
n:
longue route qu'il est pratiquement sinon théoriquemen~ m~possi ~
~e faire à pied. Les considérations suivantes sont parttculieremen
importantes :
« Mais il ne suffit pas de considérer le symbolisme du cô~é hur-
. 1 · , d l'envisage
mam ... 1 convient, pour en pénétrer toute la portee, ~ . 0 ,., si
également du côté divin s'il est permis de s'exprimer ainsi. eJa e
l'on constate que le sy~bolisme a son fondement dans l\~a~~~c
même des êtres et des choses qu'il est en parfaite c.onfortnI lei s ne
1 1· d ' ,, , · 1 s 101s nature e
es 01s e cette nature ' et si l'on reflech1t que ee exténonsa · · 0· 00 de
son t en somme qu'une expression et comme u_n ymbo-
1~ volonté divine, cela n'autorise-t-il pas à affir~er qule ceH~ dous
1isme es t d' ongme
· · « non humaine », conun e disent es m '
1 1 · et plus
ou, en d'autres termes, que son principe remonte pus om
haut que l'humanité ? » .
Ce n'est pas sans raison qu'on a pu rappeler (il s'a~it d'un tar~~
cle du Père Anizan) à propos de syrnbolis.me les prermers ~o ~
l'Evangile de Jean : « Au commencement était le -yeilrbe »·r· et ller~
be, le Logos est à la fois pensée et parole : en sot, ~st m e.1 ec
divin, qui est « le lieu des possibles » ; par rapp~rt a ;ous,l' \ .se
manifeste et s'exprime par la création où se réah~ent ans e~s­
tence actuelle certains d~ ces mêmes possibles qm, ,en. tant ql~ es-
sences, sont contenus en Lui de toute éternité. La Cre~tion ~st œu-
vre du Verbe . . l' même sa mamfestatlon, son
, e11 e est aussi, et par a '
affirmation extérieure . et c'est pourquoi le monde est c?mme un
langage divin pour ceu~ qui savent le comprendre : Caeli enarrant
127
gloriam Dei (Ps. XIX, 2)... C'est parce que Adam avait reçu de
Dieu la connaissance de la nature de tous les êtres vivants qu'il put
leur donner leurs noms (Genèse, II, 19-20) ; et tout~s les traditions
anciennes s'accordent pour enseigner que le véritable nom d'un être
ne fait qu'un avec sa nature ou son essence même.
Si le Verbe est pensée à l'intérieur et parole à l'extérieur, et si
le monde est l'effet de la parole divine proférée à l'origine des
temps, la nature entière peut être prise comme symbole de la réa-
lité surnature?e·. Tout ce qui est, sous quelque mode que ce soit,
. . son' pnnc1pe.' dans l'intellect divin ' traduit ou représente ce
ayant
pnnc1pe a sa mamere et selon son ordre d'existence · et ainsi, d'un
ordre a' l' autre, toutes choses s'enchaînent et se correspondent
' ' pour
concouri,r à. ~ha~~onie universelle et totale, qui est comme un re-
flet de 1umte d1vme elle-même. Cette correspondance est le véri-
tab~e f~nd~1!1ent du symbolisme et c'est pourquoi les lois d'un do-
~ai~~ m!eneur peuvent toujours être prises pour symboliser les
realites d u.n ordre supérieur, où elles ont leur raison profonde, qui
est à la fois leur principe et leur fin... » (21)
~A"'! ~otal, l'usage du symbolisme est nécessaire et son pouvoir de
Téchat~o~ a~so}u ; mais tous les éléments de la nature ne peuvent
etre ~ns md1fferemment pour représenter des réalités qui leur S·ont
supéneures: notre entendement obscurci ne pourrait s'y retrouver.
Le sy~bolisme est aussi pour Guénon un instrument privilégié et
~rans~is, un savoir résiduel du temps où le nom et la chose étaient
identiques. Au Verbe incarné de la Révélation chrétienne, corres-
pond le Logos primitif dans lequel tout langage est symbole et tout
symbole langage.
. Histoire et symbolisme se recoupent donc dans une « archéolo-
gie du savoir » guénonienne et l'on peut retrouver là des aspects
d'une science, qualité que nous avons déniée en cette matière à sa
démarche tout à l'heure. Cette méthode utilisée déjà dans /'Esoté-
risme de Dante, commande la construction du Roi du Monde.
L'occasion de ce Jivre fut la publication en 1924 de : Bêtes,
hommes et Dieux par Ferdinand Ossendowski (22) afTirmant avoir eu
connaissance au cours d'un voyage de Sibérie au Tibet en 1920-21
(23) d'un centre mystérieux : l'Agartha conservateur de la Tradi-
tion primordiale et dont le chef : le Roi du Monde incarnait la
Vérité et la présence de !'Esprit dans notre cycle historique. Gué-
non va y reconnaître par toute une série de rapprochements entre
différentes traditions un élément authentique de la spiritualité ori-
ginelle et préciser la' fonction et la signification du Roi du Monde.

128
Chapitre 1.

Il résume tout d'abord les ré- Le peu de sérieux, on pour-


férences faites à ce mot : Agar- rait même dire le pittoresque
tha dans la littérature occultiste. des sources historiques : Saint-
Avant Ossendowski, Saint-Yves Yves d'Alveydre décrivant la
d' Aly~~dre et J acolliot (24), vie dans l' Agartha, ne dérange
qualifie d'auteur peu sérieux nullement Guénon. Il en ap-
l'avait mentionné. Pour Guénon: pelle à la Tradition orale
le recoupement suffit : « Nous qui lui confirme que des
avons tenu à signaler tous ces récits de genre sont courants
dehors des Indes. On a, par
rapprochements, mais nous te-
exemple, un terme appr~h~t
nons aussi à dire qu'ils ne nous chez !'écrivain latin du Ille s1e-
convainquent nullement de la cle : Lucius Ampelius, ~ute~r
réalité du plagiat ; notre inte;- d'un Liber Memorialis qm a~rut
tion ~'~ailleurs, n'est pas de ren- été édité à Leyde en ~~3.8, cnez
trer ici dans une discussion qui, Elzevir et surtout rcedite en
au, f.ond~ ne nous intéresse que 1843 par Panckoucke ; Ja~o!­
médiocrement... Indépendam- liot peut y avoir trouvé l'ongi-
ment ?es témoignages d'Osscn- ne de la légende qu'il rappo~ta
dowsk1, nous savons par de tou- . . . l'I de . Ampehus
ensmte a n · .
tes autres sources que des récits mentionne une cité mysténeu~e
de. ce genre sont courants en près du Nil : « Agartus oppi-
Asie centrale. » dum ». Elle contient une statue
aux bras d'ivoire et portant ?ne
émeraude limpide sur so~ v!sa;
e . à sa vue les animaux etruen
g ' G é est beau-
terrifiés (2~). , u ~onar le récit
coup plus 1llteresse P
d'Ossendowski concernant un.e
. noire envoyée autrefois
p1erDre 1 .. D"nia par le Roi du
au a ai- ~u
Monde : « or, dans de :iom-
breuses traditions,,. le~ pierres
. . ent un role important
noires JOU • • 1 ,
depuis celle qu~ éta!~ ellsym:
bole de Cybèle JUsqu a ce e qu1
est enchâssée dans la Kaaba
de La Mecque. » (26)

Chapitre Il.
Le Roi du Monde est identi- La construction du deuxième
que au Manu, législateur pri- chapitre est faite à partir de
129
mordial d
que dont ~ :~~re cycle,, histori- Saint-Yves d'Alvcydre qui par-
vivant li le representant lait déjà dans /'A rchéomètre,
terre qui e~ e~r: le ciel et la par exemple, du législateur uni-
tion spiritue;e c1e de sa direc- versel. Le rapprochement : Ma-
voirs visibles ed au~elà des pou- nu, Minos, Ménès que l'on a
des Ksatryâs es rahmanes et suivi depuis Frédéric de Rouge-
Sacerdoce et ~ux ,~nde~ ou du mont (le Peuple primitif, 1857)
l'Occident méc/
1 mp1re dans est présent. Guénon le réutilisa
centre du mo I~va1· ~ siège au d'ailleurs plusieurs fois dans
le Pôle de 1 nT e ~~1 est aussi l'Homme et son Devenir selon
a radition.
le Védânta (p. 59). éd. 1941.
et dans l'article de Regnabit
« les gardiens de la Terre sain-
te » (27). L'essentiel de la do-
cumentation vient de : la Mis-
sion de l'Inde de Saint-Yves pu-
bliée en 1910.
« ... L'arc-en-ciel, le ~ pont
céleste » est un symbole naturel
du « pontificat » ; et toutes les
traditions lui donnent des signi-
fications parfaitement concor-
dantes : ainsi, chez les Hébreux,
c'est le gage de l'alliance ~e
Dieu avec son peuple ; en Chi-
ne, c'est le signe de l'union du
Ciel et de la Terre ; en Grèce,
il représente Iris, « la messagè-
re des Dieux » ; un peu partout,
chez les Scandinaves aussi bien
que chez les Perses et les Ara-
bes, et jusque chez certains peu-
ples de l'Amérique du Nord,
c'est le pont qui relie le monde
sensible au suprasensible. » (p.
12).
Un peu plus loin, pages 18 et
19, un autre vestige de savoir
traditionnel est repéré par la
même méthode « d'histoire
comparée des religions »
... « le point fixe que toutes
les traditions s'accordent à dé-
signer symboliquement comme
130
le « Pôle », puisque c'est au-
tour de lui que s'effectue la ro-
tation du monde, représentée gé-
néralement par la roue, chez les
Celtes aussi bien que chez les
Chaldéens et chez les Hindous.
(28) Telle est la véritable signi-
fication du swastika, ce signe
que l'on trouve répandu partout,
de l'Extrême-Orient à l'Extrê-
me-Occident, et qui est essen-
tiellement le « signe du Pôle ».

L Chapitre III.
a théorie d R .
s'apparente u o1 du Monde Les passages sur 1a Shekinah
diaires c . . à celle des intcrmé- sont repris de : la Kabbale jui-
1
existe da~ estes comme il en ve de Paul Vulliaud (29) ; l'in-
que. La ~o la Kabbale hébraï- terprétation kabbalistique des
Je Pôle c 'I rrespondance entre deux Pôles éclaire pour Guénon
e este et 1 P"
restre . Sh k" e o1e ter- les récits bibliques de constitu-
..
prescnce · réell
c mah e t M etatron, tion des lieux sacrés. II en est
1' Ange de la ; sur 1.a ,terre de ainsi du Tabernacle, du Temple
long de l' Face qm s opère Je de Salomon et de celui de Zo-
... « 0 naxe du monde . . robabel ; la liturgie catholique
établir un pourrait également fait appel au même type. de cor-
les deux v :approchement avec respondance dans !a fonnu!e. :
riciens figuoi~s que les Pythago- « Gloria in excels1s Dco et m
et C]tu" re r~ient par la lettre y terra pax hominibus bonae vo-
forme prcse.n t aient
exot,. ·
sous une' luntatis ». De même les deux co-
d'Hercule crique le mythe lonnes sephirotiques de Rigueur
Vice ; ave~~ti-e la Vertu et !e et Miséricorde s'apparentent à
leste Pt 1·nf es deux portes cé- la séparation des élus et des
- ernal ·
Latins, étaient< c q~i,.1, chez les damnés dans le Jugement der-
holisme de J assoc1ecs au sym- nier.
anus · a Charbonneau-Lassay a inspi-
P h a ses cycI · ' c. vec 1es deux
descendant iques ascendante et ré le passage sur le double sens
dous, se ra~ta~ui chez J~s Hin- des symboles chrétiens, celui
au sym bo11·s hent pareillement sur l'amphisbène en est tiré in-
me de G " tégralement. Il est d'ailleurs re-
Un dével . anesha. »
lièrement inté~~pcmcnt particu- marquable que Charbonneau-
aspects symb ~~ant est celui des Lassay ait utilisé le bagage oc-
0
Mikael, An e iques du Mal. cultiste. (32)
g de la Face, iden-

131
tifiable à Metatron possède aus-
si une face obscure :
... « et celle-ci est représentée
par Samaël, qui est également
appelé Sâr ho-ôlam ; nous re-
venons ici au point de départ de
ces considérations. En effet,
c'est ce dernier aspect, et celui-
1à seulement, qui est « le génie
de ce monde » eu un sens infé-
rieur, le Princeps hujus mundi
dont parle l'Evangile ; et ses
rapports avec Metatron, dont il
est comme l'ombre, justifient
l'emploi d'une même désignation
dans un double sens, en même
temps qu'ils font comprendre
pourquoi le nombre apocalypti-
que 666, le « nombre de la Bê-
te », est aussi un nombre so-
laire. Du reste, suivant saint
Hippolyte, « le Messie et l' An-
téchrist ont tous deux pour em-
blème le lion », qui est encore
un symbole solaire ; et la même
remarque pourrait être faite
pour le serpent (30) et pour
beaucoup d'autres symboles. Au
point de vue kabbalistique, c'est
encore des deux faces opposées
de Metatron qu'il s'agit ici ;
nous n'avons pas à nous étendre
sur les théories qu'on pourrait
formuler, d'une façon générale,
sur ce double sens des symbo-
les, mais nous dirons seulement
que la confusion entre l'aspect
lumineux et l'aspect ténébreux
constitue proprement le « sata-
nisme ». (31)
Chapitre IV.
Ce chapitre est un commen-
L' Agartha a trois chefs : le taire de Saint-Yves d' Alveydre,
Brahmatma qui parle face-à-fa-

132
ce avec Dieu, il est le maître des des correspondances intéressan-
trois mondes ; le Mahatma re- tes avec le christianisme y sont
présentant l' Ame universelle et établies : les trois mondes du
le Mahânga, organisateur ma- Brahmatma sont à mettre en
tériel du Cosmos. Le dernier de- rapport avec les trois couron-
gré initiatique autour de l' Agar- nes de la tiare pontificale et les
tha se compose de douze mem- trois Rois Mages envoyés de
bres. l' Agartha et ve~ant apporter la
L' Argatha agit par la science preuve de la légitimité spiri-
mystérieuse d'Om. tuelle du Sauveur. L'appareil
symbolique de la Quête du
Graal, dans sa forme christiani-
sée est conforme à un archet~­
pe universel : toutes les tradi-
tions connaissent la coupe co~­
tenant le breuvage d'immortal!-
té Haoma des Perses, Soma ve-
'
dique ...
Chapitre V. .
Il nous fait suivre le fil des A ce propos Guénon s'est b-
légcndes qui ramènent à l' Agar- vré à quelques rapprochemen~s
tha : celle du Graal contenant Jinguistiques comme les prati-
dans la coupe de Joseph d' Ari- quaient les occultistes : le SoT!1a
mathie le breuvage d'immorta- perdu fut remplacé P~.r 1.:_ vif~
lité, la coupe doit reprendre sa En hébreu, les mots Iain -: v
place au centre du cercle zodia- et Sod = mystère se subst1tue~t
cal des Chevaliers de la Table l'un à l'autre comme ayan~ e
ronde lorsque la mpture de la même nom b re ·. 70 · En ,Grece,
Tradition aura été réparée. les légendes de ~ionysos ~y~~~=
ortent : « D10nysos. o
pl a des noms multiples, cor-
c rns · d' spects
respondant à autant a
'ffé
d 1 ren s • t . sous un ded' . as-
ces
pects au moins ' la tra ,1tlon . 1.e
fait venir de l'Inde .. Led relc1t s~11-
vant lequel il naqmt e a cm~­
se de Zeus repose sur une ~ss1-
m1a1 1 cuncu-
.1 ton verbale des , pus .
ses . . le mot grec mcros,
. , « crns-
d
se », a été substitue au ~o!n u
Méru, la « montagne ~o air~ >.'>,
auquel il est presque 1dcnttqne
phonétiquement. »

133
Par contre, l'exemple d'Ou-
ranos et de Varuna a connu le
succès universitaire que l'on sait.
Chapitre VI.
Dans la tradition hébraïque et Les emprunts à la symbolique
chrétienne, Melchisedech fut le des couleurs (Frédéric Portal)
Roi du monde et Salem l' Agar- abondent.
tha, le breuvage d'immortalité Il établit également à partir
est le vin du sacrifice qu'il ac- du « Luz » un essai de corres-
complit devant Abraham. Son pondances avec les diff_érentes
histoire et sa fonction ne sont parties du corps humain.
pleinement compréhensibles que Au total, les termes de l\iêru,
t~a~uits dans le langage kabba- Alhorj des Perses, Mont Salvet
listique. du Graal Kaf des Arabes,
Olympe d~s Grecs ou des thè-
mes comme celui du centre ou
du complémentarisme de la
montagne et de la grotte déjà
visibles dans l'Esotérisme de
Dante ou celui de la Terre des
Vivants seront développés dans
ses articles et ses livres ulté-
rieurs (33), la Grande Triade,
par exemple.
Chapitre VII.
.Que l'Agartha soit souter-
r~me permet de la rapprocher
d une autre légende héb _ .
celle d l . .. ra1que .
e a cite souterraine de
« Luz D, à la fois céleste et cou~
verte, noyau caché situé au sud
de la montagne sacrée du M
, , d' eru,
c est-a-. ire da_ns la position
symbolique qm correspond ,
notre d'eve1oppement cycliquea
actuel.

Chapitre VIII .
. Un_ certain nombre de faits Les derniers chapitres trai-
hls~onq,ue~ font de leur côté al- tent de géographie sacrée telle
luswn a l Agartha qui n'est pas qu'on peut en découvrir des
cachée pour tout le monde ; l'Or- traces en Irlande, par exemple,

134
dre du Temple, les Rose-Croix avec Je partage de l'île en qua-
ont assuré en leur temps la tre zones et du symbolisme zo-
transmission.
diacal ramenant à travers l'an-
tique Thulé au Pôle tradition-
nel.
Comme dans l' Esotérisme de
Dante, les innombrables reprises
d'éléments occultistes en amont
et en aval du Roi du Monde
sont orientées vers une recher-
che historique de la transmis-
sion symbolique plus que vers
une transformation immédiate,
grâce à ce savoir nouveau des
rapports de l'homme et de l'U-
nivers.

. La fi~ ;ecoupc ceIIe de son et qui représentent en réalité des


livre precedcnt .. ,,// D u t,cn101- .
degrés d'initiation. » (34) .
gna~~ concordant de toutes Jes Les connaissances. symboli-
traditio~s, une conclusion se d~­ ques indiquées plus qu'étu.diées
~age ~res nettement : c'est l'af- d'ailleurs n'ont pas pouvmr de
firma~wn qu'il existe une « Ter- chang~r la vie de l'homme~ d'~­
re Samte » par excellence pro- pérer ce qu'il appellera lm-me-
totype de toutes les ;utres me sa « réalisation spirf.tue!l~ ».
t«Terres Saintes »• ce n tre spm-
.. Elles ne peuvent dire 1md1c1ble
1
ue auquel tous les autres cen- mais. sont une expres sion de. la.
tres sont subordonnés. La doctrine métaphysique qm lm
« Terre Sainte » est aussi la donne accès. . 'il
« Ter~e des Saints », la « Terre C'est pour cette rais?n qu
~es B~enhcureux », la « Terre peut écrire sans encou~1! le ~e­
es Y1.vants », la « Terre d'im- proche capital . en m~t1ere d t\.
mortalité
. )) ·, t ou t es ces expres- sotérisme de cuvulga~~on. Cc~­
swns sont équivalentes et il tains ont pu penser qu Il en avait
faut Y joindre encore ~elie de trop dit ; le bruit courut. même
« .Terre Pure », que Platon ap- que ses contacts, one.ntaux
plique. précisément au « séiour avaient été rompus a la smte de
des. Bienheureux ». On s'itue cette publication. Il répéta ses
habituellement ce séjour dans justifications précédentes, le
u.n « monde invisible » · mais monde courant à la catastrophe,
. l',on. ve~it comprendre ce
SI ' dont' il fallait en appeler au plus vite
il s agit, Il ne faut pas oublier à ceux qui, isolés et aptes à

135
qu'il en est de même des « hié- comprendre, ignoraient qu'il y
rarchies spirituelles » dont par- eut quelque chose à compren-
lent aussi toutes les traditions, dre.

Le Roi du Monde illustre l'existence d'un Centre Suprême et le


maint,en de celui-ci, la transmission régulière de la Tradition pri-
mordiale. La doctrine, proprement dite, a été abordée dans : l' hom-
me et son devenir selon le Védânta et Les Etats multiples_ de l'Etr4f
d ~ façon systématique.
Il ~aut cependant apporter une correction : la connaissance de
cHtams ~ymboles peut donner des pouvoirs, mais isolés du princi-
pe doctnnal dont ils émanent et qu'ils reflètent à la fois, ils déri-
vent de leur sens, tel Lucifer, pour se muer en forces du Mal.
, A la suite d'une longue polémique avec M. Raymond Dulac, à
l ,au~om?e. ~932, il le mit en garde contre l'usage ~e ~ymboles (il
s agissa~t ici du pouvoir des clefs) dont il ne connaissait ni les. te-
~ants Ill ·les aboutissants : c< ••• au surplus ce n'est pas pour des pro-
anes de cette sorte que nous écrivons ... » (35). On a vu les résul-
tats .0 b,tenus par les spirites et les « Théosophistes » ; la remarque
~alait egalement pour les occultistes, détenteurs de parcelles authen-
f1ques d~ Savoir, que Guénon peut reprendre sans gêne, parce que
UI possede les connaissances doctrinales qui leur font défaut.

'b~ans I'a~tre sens, les rapports du symbolisme avec la ~éalité sen-


~1 e s?nt egalement indirects, il conclut dans les dermères pages
u.Roi du Monde à propos de l'Agartha : « Maintenant, sa locaJi-
s.at:on dans une région déterminée doit-elle être regardée comme
! 1 tteral~ment effective, ou seulement comme symbolique, ou est-elle
a la fois l'une et l'autre ? A cette question, nous répondrons sim-
i:Jement que, pour nous, les faits géographiques eux-mêmes et aus-
si I~s faits historiques ont, comme tous les autres, une valeur sym-
bolique, qui d'ailleurs évidemment, ne leur enlève rien de leur réa-
lité propre en tant qu~ faits, mais qui leur confère, en outre de cette
réalité immédiate, une signification supérieure. » (36).
Si le symbole est réellement apte à transposer, les deux interprt--
tations n'ont en effet rien de contradictoire, elles peuvent même
s'accompagner d'un goût de l'extraordinaire et du merveilleux que
Guénon n'avait pas répudié à la fin de sa vie.
Il rapportait dans une lettre à M. F.G. Galvao le 24 décembre
1947 à propos d'un récit de voyageur dans les grottes du Matto-Gros-
so : « Il me rappelle une histoire que j'ai entendue il y a bien long-_
temps .. un ingénieur qui travaillait dans cette région s'aventura un
jour dans une caverne où il marcha longtemps, apercevant une lu-
eur qui lui faisait penser qu'il devait y avoir une autre issue ; mais

136
~~ ~~~...__...~.
/~ ~rt!L:~
~ "1-~
a{_~~~~~
/~ ~~/
( dQu4 d_ ?-VZA~J

~)
~ (~~Fa>
~ ~ .14_...:,- ~,[.,,.__ ôl?v.:. ~~'tif/~

~ ~ ;G"~--~
~ ~ ~,fu ~AV=r~/c_
~~~~~/"'~L~~
~~. ~~~~n_/~~
Cahier <l'écolier du jeune René .

..
___/r 1,( ( -
L ·annonce du succès au Baccalauréat.
r.:..r. ..--/'#1.L ",--.._., ,/-. t '/..~ ........
u f; 1... v-;. ;~--:,. .'. (. Je,.·-~ .~'/-•L, l\..'-L·, •
.,,_._ t... SJL...,. ..... r..c.
111..-..t-- T:_ --U.. A~~/'~~/..._ b - ...._:.~../.'. ~
1'1.. ........·Jt.. .)(_;t.·-, ..1....,, r.:::. , ....... ,.
,, .Il...:., 1~,..;-,;v-,t., -t.·-1,..,..L t'--- 1. ~- ....... ....._
ti.!f'..:,....;.,. .-...,...~~ L... ~.. ,_ • ..t. '_... ~·t.·...~,_,~c?,
l-.... .~n... .t... ;..(!.~ ~ L t· ,.._,.• /,.tt.. .f,..,,r.:--.:,....., r.:.._
,,• ..... ...; ;<t.... .~ .,t..,,~'ir. ...... ,;;.t._,_;4-_ /.'.... b--'--
1\..'L:...L. ~ ...... ,;:,.....: ~,,..·r .,_··~- .A. -r,;c......,/,.,_,,__ ~-L-r
.......... ...._;;;::_,.1..:~.
,, L .ffL:....,. .. ,",.--/- .t-L....T-~ l'i.--.__, .1 •. ~
-...:.t..., 1... ..v.....-......._.
le -r.:L t...J(_.·<;,.,<.n~, a L ..11.,,.,.,..,~; '·L tJ-"' .... r,,__
-1., ..r"e-...__ .... ~ .. .-- ... 1-;; .~~- ~ _,r-.__ l..~
;.,-'-......_ t....~ .. .-- .._ {..,, /---- .. , '• -,..tL. t ~4 ~­

" ''""- '--t---.


- ,,l_·J.._.__ t.-- , ,.__ ,,__...:_r.~';'~ ... r._......r;-~·r.:_,....
r...: .
1.'U....:
~
T
. . ,,.... ~, ~- ~ L...: -r:...,:r.;
.r
l_ ,'........,...___ L... __
o1-.,,r~_1,,_• .......,, ..... ,....-~~--... ~-~ l_ {,le·~.
,,__., .-{ ""- M.,;IJU- ~ ~
,, }.......,__ - r.-.: .........., 1~· "'" ~- (-<....,. /"" ...>;~ •• 1... ~,.,~
...,Jr.'"~.
"ltJ 'P.,._~. e_......,__ , '" (".,_ ._ Jl"L Cf,.,._. /
1, tf'~_-:r.L, (}',V:: ,L'I>'. L } .. -~~ ..... .L. -+-~
J'.._,...,,_ J.~,--r:~r.:; /\<-.../.. /_,.._7"' ~ I
\' (?'-\( J"1-.I~ I ,.f,.._._ I JI

/ t...:..:..t.-r;.;
f...;-~~ .r.1--_ ~--11...._r-t-- tr ...
~ "--< ,.,... ..t:.-~·r,;.- .:;;.- /-'"" ""~, .1.. /"'"'- - /.____,
;~,-;-.........:. ._.....,.. (',. ., 7H.:C.·....,,, ,_1~,1-._..J,....,

Extrait du Roman inachcvc de Rcnc Guénon.

f1c

,,.··~.·~~~
' ,

lb~ :'1'
AS

Horoscope de René Guénon !voir rage ... 1S ;1 1X du rrc ... t'nl nuvragd.
'Q,
1 •
!' ··~·
~li

"".....
,..
ir '-:·
/& :
.
~ "·

Madame Duru et. Berthe Lour~:


institutrice quelle tï~ connaitre
Albert de Poucourvi\lc. Matgioi jeune à son neveu Rene.

c~u4t
Qul• ut Oeua
To,.., 111

LE VOILE
DJeu premter aervt

REVUE INTERNATI~~~~E

Sociétés ··secrètes D'ISIS


N• 10 - D6cernbr" 1932

Ont collaboré à ce numéro :


AAGos. - T. B•SILJDK .. - E. C.t.sL&.HT.
r.rru1t1. 111 , ,.,
P. PT L. CHACORHAC. - M. Cr..t.vaLLt.
GRii.LOT l>F: GIVRY. - Ro:HF. Gui':HOH. - J.
'..!H MAk<.•l'>,,·Hl\'IVHE. - G. 01!: l\1F:HG&L.-A. P.
21H
D• VERGHES.

"ltOACTION ~T ADMINl•T .. ATION

BIBLIOTHEQUE CHACORNAC
.1 •• -•••. 1
· 11<.rr 11, Qu ... 1 SA.l1'T·M1c11aL 1 if
Il•, :.'t.l\1 1 l///f1//lj/f
n 1 .. , J
PARIS (v•)
·:. \ ':·~ ~·;;~.'"''•

•v~ Ann~e

ÉTUDES
'--·-N".Ja,.39
(IV-"< SJ.111 'fRADITIONNELLES
A V~IL-1'\AI 1948

F•,,,,., d• t•u• ritu•I 11 point""-


''""'""'al
h. ' ..... l '11 .. "'''"'~ •x•mp/1 J1
h~n'' 6...>Ô1a~al.
•.'Y-Tl.._
J" .. ''"''" 1''..Y/h~n J, /J mu~Î-11.:• traJiri••·
' " " ' (l \.'J.
u ...... <ol I ,{, .. J. ·• .-11 qui r"il t.:iut.
SOMMAIRE •••Olt•,r• 1 ._ .. t•• Let H'''•ou ArctÎqu• ttl~ I• T,..._
.'\uuo tl~J'Jlt..lrŒ A..,su. .. Jiti ..•.1. d·apr~s B. G. Tu...s ll•).

L' '"''".,."IQU' 01tmrr>.u (1).


n... [>-1 LI.a L11.JTI,.
R-6 C -

l
H-.~
, F6 Vw,i
H-. ...... 0..
Ai.; •.fAl'OC LA CRI~[ ;-UJGJ.U:!E. DE L'l.Jl,AM . ·- E.la ~
LA ti~orn ~.-..A...Vf_UE c~;~ JH'Nt ukorn. LA L>ttorrt ou Jt.l.MD , , _ • ~
Cllfl.<J~l~l:ES

~~· ,· Ar1 •~••··' _.,..,

,';',,~:r~·~~~~=-7..:..':-4•• J.-J • ~- ,,_ b ··s.m /..,_

GP..N&VS.
U8i'.AIR1l~
1.-cnn.~•
(N,._..,,,._ 1 ;-..,.1,_i..s. ... ~OO~
~ ... vuu 11<."'\.,.1 ,...i...- H~OACTION t-T AUMl,"415TRATION
A~u-.~
1«Joc1.-A tt JI !W:z"'-c
!'. ... d.r PARIS (Vif')
l.tf..\CO~NAC 1-'RêRES
('4'-"..,-•lo -·••""'Ml
Qu nt Sn, nt - Mtcbel:-
PARIS <V•J

.,

~i:..:a
Une- des dernières photos de René G uénon. l'Egypte
no Uvetle.
i~
ii'tll- -
_.j
it'
A

'I
"~
•,1
,•

t·11

.,, j

-.,,,.r.• I

1 ., •
""'
1
~
...

'
1
~

,_
..,~
.'

1 ,. 1'r1 L'LI IL' l .. , Denis.


.i
RL'llL'
:i Mme
'-;;1111 t-(iL'nna111 [)uru-'
1 ,ïhleau t L. Maunt:l
' vinrent . . . ' l snuv ent.
.isst
( JliL'IHlll. Hl'l'I hL' L'I
(ffz]
f,._7;;::, J"~V-:••••.••.. •Y.~ .. r ......<• • ;. ,.'.. :.?: ••• ~
!~ /·;,/.j ,__ /,~-· l't:::.-.... :../...,~.·••. -~- ·,,_, ,. .... :,- ,
.::(. ('if....,/",-, ... ''/-·-"..:./•'-•/•·'a .. /;.,/,.,(/';,/,•_., /l

;;._ ;;: '-/•• .../ ~.,#,• '·· _,;·_ --!'.". ..... r.. I"/. .•. / . !(...' ,, ..... ,..... , _/.~·t: .... 1.·,-.- .• ,;;:.r····- r
A·~, /.~ "" , ..._, "·-~- .rtt(_ -,,,;..:_ ;;.--,.( ,.. '. / :;,. , •• ~... ;,,,;. ··''- ,/" ,. .... ,.·,·-· ,;. /" , '· • 'r.· 7.-:;.y·- .'
.Y-,...~ r·J'
, ( / ·/·
/.· 1•• ,._.• _ ..,, ""•""'•·î ~'A...._:..:,.- ~ ~..... ~ ........_.-.
.,. .. /,. . ) ,' :. . . ,.,/.. ....~ ..
f,.._ -;;/.._, .... , .//.. .. . - , .... , ......../··-:.- .-..,_ -.i..y.,/. ... ,1' ...... : / . . ,,., ...
~ ,. . . . . ,, ._$.:•• ;.~'
-#~ ·~

,0.,_,t.._:< "_J.,, ''••· I !." f r. ri' '•-•- Z:.7•.. y./. .


%-:- ~- . , ~...... , ;;/•~ ... :;,---,;-.~:,_:,, ;,, . . . .J,,-.•• , ~=-- ..(. . . . /JI!' .. , :
J.· ;;..; '• ./.. ......:,,(. . _·,,---; ~'.,; ;,.. ~-··' ,.·/·"-''-'
'..(..,/,,. /;'./;:' a'//...,,;,. , _,/.. .. ';./;~ ,,·?-••-~-JI.'

(';...,.J.... ~. -~ ... ' ·•••·· ,, ·, J.--_;.r.:-.. ~· .... ~/,( /

p __ _

/'/, ;.,...._~·--·~-:,..., ............... ,._,/ /"--- >•""*•/ /t!'•- ..... , /


..... 7~·1
/

y, a--.·'-J - ...... , t~~/.n, .1 I./':_; / ,;-,,..._, -._ .... .,,


1
J,._'l

Extrait d'un pocmc de René Guénon.

'\ .. 7.

LA GNOSE
HEVUE MENSlJELLE

---- ---~--........-~----

-..11\l\l\l1:1

,, 1 .,, •·1

'~· 1•
l,1". 111111·. 1 ••. ,1 •• \f,., .• 0111°1 1 •·"'
'•••I••, 111111ÎI·• ·•Il 11 1
T ,.,,, . .,, ·",
1
\J,, 1'
IJ'1 ...... ., ... )iLll l'I ,,, •. Hl' .lot I••'' I• 1 "
\ '"' J.1 ll1H1
•.r.111. 1.. 1. 11,,.·.11
H. n111rqu1<f, •dit!''"' '"'"I n,illl 111 ,,,
1 l'\I•"' '
'"
~' tJ•

- - -- ___.--.-:c-~-~ -

\ 1 ) \ \ 1'\ 1 · 1 I• \ 1 l 1 ''\

\Il 1 1 1 11<1' .1
61
\ i" 1'\ '\ t·. \\ I· '\ 1 ~
O' ;'iO
1 e Sheikh AhJcl- W·,1 hcJ- y ch1<1
, ·,.~ ~!.

,,~;...~J._:,. ,·.' ,• ,
.:
•• . •
·I,
.. A.,,
· ~~~
....

...,...,.
' ~, .
~.!i··..; •
l
. ....

Guénon au Caire. avant la guerre.


lors d'une crise de rhumatismes.

1
r
l
...

Entourant son fil~ 110...thume. Ahmcd. nt' cn 1950.


Khadija née en 1944 et 1 eila cn l lJ4 7
Ph1>l(l 1 1 gyf)IL' nouvelle
finalement 1.
laquelle il 1• fut arrêté par une étendue d'eau, de l'autre côté de
sembla quev;t des ~;iimaux de forme étrange et inconnue, et il lui
]'extérieur ; ila lumiere qui éclairait cet endroit n'était pas celle de
doute, com dut reverur sur ses pas et n'en sut jamais plus. Sans
.connus, et ~i vous le di~es, ces pa_ys ne sont pas _encore entièr~ment
mtéresse Je peut savmr ce qm s·y trouve au pomt de vue qm nous
p 1US ••• ? D
(1) «Le c..., •
t 0acrc-Cœ t
sep embre 1925 re ur. e . la légende du Saint Graal>, in Regnabit, aoû.t-
entre récits syu°ib tris 111 SFSS, p. 39 ; il s'agissait des recoupements
0
(2) Voile d'J ·. iqucs de différentes traditions.
(3) L
. es trois sis, a t nov · 193') · -· p. ~34
' , cité par Chacornac, p. 97 (op. c1"té) •
theologiquc. L u res sont : Poétique, Politique et Social, Philosophico-
(4) Cette do
tirée de : 1'I-I i tcu.rnentation est une seconde main utilisée par Guénon,
('-)
" Il est aus Oire. d es • R ose-Croix
' . de Sedir p. 22.
~ues. précisé1nc~~o1 ns curieux que ces trois' mêmes couleurs s~ient dcve-
1 Italie ; on att .b dans les te1nps inodernes les couleurs nationales de
maçonnique b·r.1 uc ~'ailleurs assez généraldment à celles-ci une origine
être tirée dir . ~1 ~ qu'il soit assez difficile de savoir d'où l'idée a pu en
1

(6) Cf L" hcc c1nent.


l" . ig t on M F V il
Ja(timc, pp. J 79_ " asonry, p. 250, et le Manuel .Maçonnique du • u -
7) On 182 ·
l é· peut encor, • té comme
e s Jour des c remarquer que le ciel de Mars est reprcsen t
z~artiri, une s:~~:artyrs de la religion~ ; il y a même là, sur M~ri:u;s 1
d autres exc>mples: ~c jeu de 1nots dont on pourrait trouver a:refois
le Mont de Mar · c est ainsi que la colline de Montmartre fut au t 0 ns
en Passant, à ces ~vant de devenir le Mont des Martyrs. Nous no e[r ois
martyrs de 1\lonf 1 °P 0 s, un autre fait assez étrange : les noms de; trois
noins de BaccJ1 inartrc, Dionysos Rusticus et Eleuthéros, son ·cr
us D • prem1
c plus, saint Denis considéré comme 1e
• A

cvequc de Pari·s · •te


et • a· AtJH'.·rH·s I'• ·\est '
:. co1n1nuné1nent identifié à saint Denys
l'A r éopngi
' '
(8) p aradiso' XVII . I Ctip·1gc e't a1't aussi• le Mont de l\lars.
L

(!.)) Il n'est ' • 1, 93. .


av . Pas sans 1. té . t p· • re Danuen,
cc qu1 Dante s' · 11 rêt de noter eucore que sain icr liste
(en grande parti~ ~ 1 !tr1._·tient dans le ciel de Saturne, figure dansé1a dans
le Clypcurn Veritat ~~ei~claire) des Imperatores Rosae-Crucis donn c
00) Scdir, op. .~s. d Ircnaeus Agnostus (1618).
(1}) C' CI c, p. 18.
1·1 Y aurait es deu:x: HSJl t
bea uc 0 ec s correspondent aussi aux deux portes so s L t"ins
1 ticiales :
ava·1ent rcsurné • <
ct UJl ..·'> d"ire sur cc symbolJsme, · que 1es a11cicns a t
quelques distinctï~ 11 ~ }a f.igurc de Janus. -
brcs extérieures 1 Il y ~urait, d'autre ~~è~
18 ·l faire entre les Enfers les Lnnbes, et les c
ent.. Ia1nera1t tro :t> dont
A • •
. ·i est question
1
. '
dans l'Evang1 . 1e; mai·s cela nous
disons ici oi1 .P loin, et ne changerait d'ailleurs rien à cc que noiis
1 1 s'ag·t
rn 0 nde profane • de 1 • seulement de séparer, d'une façon gré 11érale ' 1e

Les notes de U>) . la hiérarchie initiatique.


02) () t " ( 1 ] ) sont tir<~es directement de /'Esotérisme de Dante.
n rouve to .
(1 :·n Henri Martin ~tef?1s .quelques références symboliques ~n notes;
p. 22, repris par Gu·· li1Sfo1rc de Prnnce, t. III, p. 398, in Scd1r, op. c1t~
ces passages démar cnon in Esotérisme de Dante, p. 32, éd. 1949. Tous
04) E.D., p. 37 qués de Sedir l'ont été sans indication d'origine.
, rnên1e éd.

137
{15) Artu
alla sua f~o Benini : ~ Per 1
{16) rma Primiti a Reconstituzionc della cantica dcll' inferno
~ E.D., pp 6 va~ : Nuovo Patta, sept.-nov. 1921.
(l 1) Le Ro · • O-Gl, même éd
08) L z du Monde . d" . .
ment . ·A. Charbon ' e ite en 1927 par Charles Bosse.
ouvra~~l~ellectue/; ~~~~-;assay après Regnabit publia dans Je Rayonne-
Vulnér : le Bestiair d e de ses travaux ont été réunis dans un gros
avril-ma1~e étaient p ~ u Christ (Dcsclée-l3rouwer) un Florairc et un
(20) a1 194? • · n •ont pas vu le jour.· Voir G. T amos, ET'
revus m ais
chinois;es deu't aspect .
(21) <.L s sont conservés dans l'écriture idéographique
(22) Il :. Verbe et le S .
autour d Y a Pas d ymbole l>, déjà cité, repris in SFSS, P· 35 et 36.
silence e ce livre 1 ~ ;asard, mais des signes : le bruit qui a été fait
(23) Ls,ur cette quc~ i ournit une «occasion favorable pour rompre le
1

la révol a~teur, haut f on d.e l'Agartba l> (RM, p. 2).


Illée c ution de 1917 on.ct1onnaire du régime tsariste et poursuivi après
(24) oLntre-révolut• ' r~Joignit apèrs des périp~ties extraordinaires l'ar-
10
.
Juge à poui s J acolliotnna1re t d u B aron Ungern-Sternberg.
sa rno t 0 ndichéry es né en 1906 et passa vingt ans de sa vie comme
le; ;.
et
et Ia-P ritisme d
1
1.a.Plus gr~~d 1 publ.ia une qui11za inc d'ouvrages cn~rc 185!1. et
c partie après la guerre de 1870 · les fils de Dieu,
I;, ch ans le m d ' · 1873
(25) Gué cz Lacroix. on e, qui parle de J'Agartba, ont paru en
r~latant l non a dé. à
rites de ~ terreur d~s relevé le rapport entre le récit d'Ossendowski
(26) ,, 1 Agartha hommes et des bêtes lorsque se célèbrent certains
enl\ené nl.G Ma , avec le « t•1 mor panicus ~ dl's Anciens ...
. rco Pallis
nelles Uenon et • auteur de : Peal-s and Lamas a montré dans :
r espondconsa 1e Bouddh" 1 10 n
. Cré à R G 1sme ~ (n° ' spécial des Etudes 1'rac1·1· -
II a con~irce que 1·~~) que le nom d'Agartha, inconnu aux Indes, cor-
Inornent d tné son . appelle au Tibet Jc : «Royaume de Shambaln >.
doues et 00 né j'ai interprétation dans une lettre du 11-5-70 : «à un
Selon Os lllongoles Poursuivi des recherches dans deux directions hin-
g.ols ont s~~dowski) : c~?cernant l'origine du nom « agartha >. (Agarthi
siste ~. é unanim es Brahmanes bien informés et des moines mon-
(27) Fo es en rejetant ce nom comme tout à fait fantai-
• A 1e chapitr
d' ar t•icles rzne
(28) Le ' Perçus sur l~E III,, ~e l'ouvrage posthume, fait d'un recueil
Peut en t 5 YlllhoJe ce]t· sotensme chrétien.
rosace g trhouver de n iquc de la roue s'est conservé au inoyen âge : on
° 0
re1alion
la rose certaine entre re
iqu e elle-znêinbre ux exemples sur les églises · romanes, e t la
semble bien en être dérivée, car il y a une
(29) L'en Occident et a roue et les fleurs emblématiques telles que
avoir ét .essentiel de 1e lotus en Orient.
recoznzn e acquis par s,:s connaissances en matière de J{abbalc semble
1
Tournia~ndait la lectuintcrmédiaire de Vulliaud. En 1949 encore, il en
(30) L • re dans une lettre à son correspondant Jean
es d
serpent eux aspe t 5
1' « arn s ?u caducée . c op~osés sont figurés notamment par les den:'(
f
et l'a h1sbène ~. le' dans 1'1.conograph ie chrétienne, ils sont réunis dans
L ure Satan serpent a deux têtes, dont l'une représente le Christ
es notes 28 •
(31) R.M., P evJO( s~nt tirées directement du R.1\1.
(32) Il lt . · a Dlt:me éd.).
suivant 0aSWald ribuaitW' un s e ns sa t amque
• ,,
à l etoilc à cinq branches renversée
irtb qui l'avait étudiée dans la Franc-1\Iaçonncrie. O~
138
ne trouve
dans n'hnppa~ cette signification au Moyen Age où l'étoile est dessinée
chitcctc ViJ~r e quelle position, indifféremment dans les Carnets de l'ar-
(33) Parin~rd de ~onnecourt, par exemple. ~
137-145-20 9 _ 18~5 .arti.cles repris dans SFSS, on note : pp. 99.-10:>-114-133-
21
(34) R.M 223-3.~2-346-379+19. Et en annexe I : 1-3-6-8-10-12.
(35) p 01 ~· J?P. 131-132-133.
(36) C . inique avec la IUSS, le Voile d'Isis, déc. 1932.
,. eci Peut 't 1 l
s interprètent 1 e re comparé ù la pluralité des sens selon esque s
se complète t es textes sacrés, et qui, loin de s'opposer ou de se détruire,
thétique int ~ et s'harmonisent au contraire dans la connaissance syn-
J1istoriques ~grale. - Au point de vue que nous indiquons ici, les faits
h.
P iqucs à . un · · ~ t n a un symbolisme temporel, et l es f a1"t s geogra-
correspo11 l' l . •
autres une 1. ~Ymbolismc spatial ; il y a d'ailleurs entre les uns et les
et l'espace iaison et une corrélation nécessaire, comme entre le temps
fuel peut ê~u:x-i~êmes, et c'est pourquoi la localisa lion du centre spiri-
Ccttc not rc différente suivant les périodes envisagées.
e est de R.G.

139
Chapitre Vll :

LA DOCTRINE METAPHYSIOUB

. et les· différentes
Il ne peut y avoir qu'une seule m~t~phY;~~~etraditionnelles sont
formes qu'elle a pu prendre dans les c1v~1sati., d l'analyse du syro-
« synonymes » ( 1) · cette unité ressortait déJaili. e du chaos de con-
1.
b o.1sme ,. .
en meme '
temps · au m eubole renvoie
qu'elle servait, · à 12
naissances, à authentifier les symboles. ~ syxn · ièroe tenne, ga-
doc t nne. et la doctrine au symbole. L'"1lll•tt"atton ' trois
us avons deJa, .... par-
rantit à la fois la possibilité de réalisation do!1t ~o ment traditionnels
lé, et celle de reconnaître les éléments vénta. e ère par le rite et
0
des deux autres termes. La Tradition orale qui .bpl regroupant tous
, •
1 ense1g;iement offre la meilleure express10 . • n poss1 e a
ussi des textes s -
les aspects de la démarche. Toutefois, il existe ac la Tradition ora-
crés ; la lecture de ces derniers et le contact a:.f ever:ir sel<lll le Vè-
le ne fait pas pour autant de l'Homme et son ux Evangiles. Gué-
dânta un écrit comparable aux Upanis-hads ou a romentateur ortho-
non revendique dans l'avant-propos le titre de ~o ti"on de Orient et
.
d oxe, impersonnel et totalement o b"1ect"ft '
. ramrma
d' itrc que hn. en 0 '-'··
Occident prend ici toute sa valeur : personne . at s
cidcnt n'a exposé des idées orientales authentique ·., ,., chez
'd " t pubh~ en 19. - 5
L'Homme et son devenir selon le Ve an a, mine meilleure ex-
Boss~rd est is~u d'un c1_10ix : celui de }'Inde c~e la forme supé-
press1on doctrinale possible et du Védanta ,co s nombreuses aux
rieure de la « Métaphysique pure », les réference ous n'inventons
t ex t es sacr é s sont d estmees . , .. t r . « que n
. . a mon re · formes ·1.&a"ites pour i.Uus-
nen ... » et les comparaisons avec 1es autres , le symbolisme.
trer l'universalité du vrai comme H a procéde pour
141
Des dévelowement .
de la Croix (1931) s plus complets ont suivi dans : Le Symbolrsme
et Les Etats multiples de !'Etre (1932).

Chapitre I .· G encra . ,. sur le V édânta.


,. , 1lies

L'accord ave 1
du Védâ est l c .es textes sacrés L'auteur de la première Mî-
thod OXIe . e cntérium d l' mânsa est Jaimini nom, selon
des d'ff' e or-
sa ou méd' .1 erentes mîmân- Guénon, symbolique destiné ,à
La premièr~at1ons sur le Védâ. désigner de véritables « a~re­
ma-Mîrnân est appelée « Kar- gats intelJectuels » (l'express10;i
complissem:a et tra~te de l'ac- est de Matgioi et l'idé~ prodm-
ccncte « Ut nt des" ntes. La se- te par l'anti-individuahsmc des
Vyasa s'a ta~a-m1mânsa », de occultistes).
hads de ppuie sur les Upanis- La prise de position sur l'é-
elle , rn!ers textes des Véd" sotérisme du Védânta est beau-
constttu , . as,
fin du Védâ e ventablement la coup plus importante. Il avait
• OU Véd" déjà eu l'occasion de condam-
seignement anta. Ses en-
aphorismess ~o1t concentrés en ner à ce propos Jes idées de la
tras dont Sh · es Brahma-Su- Société Théosophique : ,..on .ne
commentat ankarâchârya est le devient pas Hindou on nait Hm-
bien que leeur . le plus profond dou. Guénon à la recherche
manuja soit point ~e vue de Ra- d'une réalisation spirituelle est
doxe n parfaitement ortho- condamné à chercher une autre
. ne sa ·
« Brahmanismeu~ait ,Y, avoir de voie, Franc-Maçonnerie ou Sou-
les deux as e_sot,enque » car fisme avec leurs compléments
té · pects mterieur et ex- exotériques chrétien et islamique
neur ne sont , , et à prendre à l'Inde les con-
Orient . 'I pas separes en
degré ~t Y a une différence de
1 naissances doctrinales qui font
« si l'e ~on pas de nature : défaut aux autres formes tradi-
n'est nseignement traditionnel tionnelles. Ce défaut a justifié
pas ésotérique au sens pro- dans un premier temps la sépa-
pre de ce t ·1 ,. . ration entre Exotérisme et Eso-
ment . . ~o., 1 est ventable-
, « truttatique » et conduit térisme qui n'existe pas aux In-
a 1a « connaissance suprême » des et en Extrême-Orient.
p~~ ~n travail qui ne peut être
q L'~goureusement personnel » .
.d Inaptitude des langues oc-
ci entales à exprimer les idées
~~reme~t métaphysiques rend
.écessaire ce rappel du symbo-
h~me
· ,. qu1· md1que· · la part de
c 1inexprimable ~.

142
Chapitre II . L . . .
· a dzstmctzon fondamentale du Soi et du Moi.
Le Soi
de l'Etre eest le P~-incipe même La continuité est rendue pos-
duel. Pers t le !v!o1 reste indivi- sible par l'adaptation de la doc-
té sont d onnahte et individuali- trine du Védânta à la hiérarchie
que nor~n~ un ordre hiérarchi- des états d'existence. La des-
chez les ~ que_ l'on retrouve cription de Guénon semble être
Principe .c0Jast1ques et que le contraire de notre pensée fon-
l'idée d'inqui ne peut en être en dée sur les catégories d'Aristote.
Le . Verser.
Soi est I · · On peut se demander cepen-
cendant et e prmc1pe trans- dant s'il n'en est pas resté impré-
tre ma ·r .permanent dont l'ê- gné ; l'idée d'une manifestation
exempI~1 e~te, l'être humain par subtile semble appartenir plutôt
· n est qu'
t1on trans · t . une modifica- à la pensée gnostique qu'à l'In-
L 1 one
e Soi est d. . de (2).
sa Propi·e one Immuable en Elle était largement répandue
seulement 1 na tu re, !·1 développe dans les milieux occultistes, par-
. ·
f mies qu'il co es poss. I b'l't" ·
I I es mdé- fois même sous des formes bi-
me, Passa mporte en soi-mê- zarres.
l'acte à tge de la puissance à L'origine des â~es, d~ns le
de degrés. ravers une indéfinité domaine subtil fait l ob3et ~e
Les d'eveJoppe développements trè~ fourrus
d ,ailleurs
. ·
. rnents sont dans la Voie parfmte de A.
si on les Parf?-itement illusoires Kingsford, ouvrage qui inspira 1 ~
p . . envisage d " ..
. nnc1pe qui ne P u cote du duchesse de Pomar chez qw
nen affecté I eut en être en fut créée justement. l'Eglise
sonnalité d·. . shwwara. la per- gnostique de Jules Domel.
. 1v1ne t
c1pe de la rna •. es _le prin- Par ailleurs, Jes Darshan:;s
verselle . nifestation uni- n'ont pas été présen~és p~r G~e­
• sous Je
ou Paramât :- nom d'Atmâ non comme des v01es separees
t en d tous lesma Je p · ·
, " nn.:1pe sous- de réalisation mais hiérarchisées
et non-manifest ~tr~s man!festés à la façon de la pensée philoso-
vue de la ma ~s ' d~ pomt de phique occidentale.
le centre de 1'_!11f~s!at1on, il est
sa forme snbt7d1v1dualité sous
1
grossière et e ou corporelle
dividualité 'd au-dessus de J'in-
ÏnformeIIe.' e la manifestation
Tout cela n'a d
leurs que du . e sens d'ail-
main et il en point de vue hu-
dividualité hures'!-lte que : « l'in-
beaucoup plmaine est à la fois
us et beaucoup

IH
moins que ne le croient d'ordi-
naire les Occidentaux : beau-
coup plus, parce qu'ils n'en con-
naissent guère que la modalité
corporelle, qui n'est qu'une
portion infime de ses possibili-
tés ; mais aussi beaucoup moins,
parce que cette individualité,
loin d'être réellement l'être to-
tal, n'est qu'un état de cet être,
parmi une indéfinité d'autres
états dont la somme elle-même
n'est encore rien au regard de
la personnalité, qui seule est
l'être véritable, parce qu'elle
~eule est son état permanent et
mconditionné, et qu'il n'y a que
cela qui puisse être considéré
comme absolument réel. »
La véritable universalité du
Védânta a échappé aux Occi-
d.entau~ limités par les catégo-
ries anstotéliciennes · la notion
qui s'en rapproche le plus est
celle des « Transcendantaux »
Scolastiques qui sont coextensifs
à !'Etre mais ne vont point au-
delà.
La Scolastique en reste à
Ishwara et ignore le Suprême
Bra hm a.
sé1·our de Bralmza.
. l d l' "tre humain'
Chapitre III : Le centre vzta e e

Le Yoga opère l'union int~­


rieure et essentielle avec Atm~,
le Principe divin ~ il ne s'agit
pas de la conquête de quelque
chose d'extérieur mais « de la
prise de conscience effective de
ce qui est réellement et de tou-
te éternité ». .
Centre vital de l'être humain,

144
séjour de Brahma (Brahmapura)
et cœur symbolique.
Dans le cœur se trouve un
petit lotus qui contient l'Ether
(Akâsha), c'est la demeure de
l'âme vivante Uîvâtmâ) : « c'est
à dire la manifestation particu-
lière du Soi dans la vie » .•. « cet
âtmâ qui réside dans le cœur
est plus petit qu'un grain de riz
plus petit qu'un grain d'orge ...
(il) est aussi plus grand que la
terre,.H que l'atmosphère (do-
maine de la manifestation sub-
tile), plus grand que le ciel (do-
maine de la manifestation infor-
melle), plus grand que tous ces
mondes ensemble (c'est-à-dire
au-delà de toute manifestation,
étant l'inconditionné). » (3)
Au point de vue métaphysi-
que, « Purusha » désigne le sé-
jour de Brahma dans l'indivi-
dualité.

Chapitre IV : Purusha et Prakriti. Opanis-


anx t
Les références avadgita so~
Comme principe de la mani- à la Bbag . ' contrat-
festation, Purusha a pour corol- hads ou t précises, M Fi-
nombreuses e habitude. .
laire Prakriti, la possibilité uni-
verselle. Entre ces deux P5les r;':Z:~td!n~ofe n• s~~~ial ;,C:,,~~~
se produit le développement in- , , Guenon "f que sa
tégral de la manifestation en gé- cre a . marqut:
(1970) a fait re textes hind~~s
néral et de l'état humain en par- onnaissance des. n'ayant utth-
C . e mais , ·' tra-
ticulier. était certain vrages de]a '
« Si, au lieu de considérer sé que des ou ouvait jug~r d~
chaque individu isolément, o!1
duits on. ;ie P traducteur· ~e
considère l'ensemble du doma~­ ses quahtes de . de certaines
ne formé par un degré déternu- endant le ch~ix. des erreurs
né de l'Existence, tel que le do- P merne . C!
citations ou t d'idenuuer
maine individuel où se déploie , metten
l'état humain, ou n'importe quel avérees per Le terme d e
certaines sources.
autre domaine analogue de
145
sens d'intel-
Buddhi pris dans le . araît con·
l'existence manHestée, défini lect supérieur (4 ) p se trouver
semblablement par un certain testable et ne pa: On le
ensemble de conditions spécia- dans SchankarâcharY;Ïoyé dans
les et limitatives, Purusha est, trouve par contre e1;1einière fois
pour un tel domaine (compre- ce sens pour l_a : ,A.unâ-B~ha
nant tous les êtres qui y dév~ en 1886 dans · of spirit P
l<:ppent, tant successivement que on the knowledge sans k n't by J·
simultanément, leurs possibilités translated f roJU b y (Theoso-
de manifestations correspon- B Born a
T ayl or M ·. . ' blications).
dant~s), assimilé à Prajâpati, le phical society s pu
« Seign.eur des êtres produits »,
expression de Brahma même en
tant qu'll est conçu comme V o-
lonté divine et Ordonnateur Su-
prême. Cette Volonté se mani-
feste plus particu1ièrement, dans
chaque cycle spécial d'existen-
ce, comme le Manu de ce cvc1e,
qui lui donne sa Loi (Dhar-
ma) ... »
A l'intérieur de ce cycle, le
c.ouple Purusha-Prakriti réalise:
\·homme universel.
On peut dire éoalement
0
que
Prakriti est Maya : Mère des
formes. Les trois Gunal) Sattwa
1~ lum~ère intelligible, Rajas
l 1mpuls1on expansive et Tamas
l'obscurité sont des qualités
co.nstitutives de Prakriti, déter-
mmant les conditions d'existen-
ce de tout ce qui est manifesté. • • • individuelles.
115
Chapitre V : Purusha inatfecté par les modifzcatzo

Il est « le principe essentiel


d~ toutes choses », puisque c'est
lm qui détermine le développ~­
ment des possibilités de Prak~­
ti, mais lui-même n'entre jamais
dans la manifestation. son re-
flet, dans le domaine individuel,
comme celui du soleil dans

146
l'eau, est l'âme vivante et « le
rayon lumineux qui fait exister
cette image et l'unit à sa sour-
ce... est... l'intellect supérieur
(Buddhi) qui appartient au do-
maine de la manifestation in-
formelle. »
. t (on individuelle.
Chapitre VI : Les degrés de la manz1es a
1

La multiplicité existe selon


son mode propre mais le mon-
de est illusion dans la mesure
où il se fonde sur l'unité ; un
enchaînement à la fois logique
et ontologique relie hiérarchi-
quement les divers degrés de
manifestation. Ce qui est mani-
festation dans un état devient
principe de celui qui se trouve
au-dessous.
l t supérieur.
Chapitre VII : Buddhi ou l'lntel ec
avadgitâ. il sem-
Pour la ~h.a~
Buddhi constitue le premier ble avoir uuhse la traduction de
écralement
degré de la manifestation ; ce- . n trouve :;, 1•
pendant le centre de chaque Senart ' o . Essai sur la p u-
état, en raison de l'unité pro- Colebrookc .a· dollS traduit en
losoplzie des ~n Pauthier ~ O.
fonde de l'être, peut être identi-
fié avec le centre de l'être total : français par 1 ; V éaânta-Sutras
Thlbant : T 1t- of SJzankara-
« c'est pourquoi d'ailleurs un
with conzmenta\ry Oxford 1890-
état quelconque, l'état humain 13 vo.
aussi bien que tout autre, peut clzarya '
1904) (5). . .
être pris comme base pour la R. Allar qm lm"' de-
réalisation de « l'identité Su- A M. .1 pour ses l~ctu-
prême ». But du retour au Prin- mandait co?,se1 d'hindouisme, il
cipe de toute manifestation et res en ma~e~ors de ses propres
que l'homme en particulier peut donna, en ~ ke et le Milare-
envisager de son vivant. ti tres : Co1e roo
Buddhi participe également pa de Bacot.
des trois Gunas, sous la for- M Denis-Bou-
Cepend ant N · ·
me de la << Trimûrti » divine, ' "t vu travailler du Sans-
triple manifestation de Brahmâ, let l ava1
147
Vishnu et Shi . ,
le li va, Il realise alors krit et R. Allar pense qu'il ne
l'indf~den~:e, la personnalité et l'avait pas appris de façm? ab-
sant ua ite : « I'inte11ect pas- straite et systématique mais en
de p ~n quelque sorte de l'état étudiant un certain nombre de
u1ssance · ,
indiv1"du 1· , umverselle a l'état textes avec son Maître hindou.
aise ma·
véritable ~ ,!s sans cesser Qui est cet Audulomi qu'il cite
était. »~nt d et~e tel qu'il au chapitre XXII ? (6)
duelle e a co~sc1ence indivi- Des livres très critiqués aux
simple ~odr~~de, à titre de Indes mais q'u'il interpréta ,,., com-
du Princi a!ite conditionnelle me une expression de 1a \ ente
produit 'pe mtellectueJ et eJie éternelle l'influencèrent profon-
éléments a son,. to~~ les autres dément ainsi : B.G. Tilak :
maine. de l md1v1dualité hu- A rctic home in the Véda affir-
mant l'origine polaire des Vé-
das. L'ouvrage fut traduit en
français et longuement commen-
té par G. Tarnos dans : les Etu-
des traditionnelles.

le ~~apitre VIII : Manas ou le sens interne :


s tx facultés externes de sensation et d'action.
Cinq Ta
sensibles nmatras ou qualités Le retour à l'identité suprê-
non p · · .
Prolongée nnc1p1elles sont me ne peut s'expliquer que par
Bhûtas . s par les cinq sens ou cet enchaînement rigoureux
détennm·. a·t·: « les cinq tanmâtras. dans un sens comme dans l'au-
ions '!' ·
subtiles d . e cmentaires tre de l'ordre de la manifesta-
, one mcor Il
non perceptibles , ~ore es et tion et de la résorption. Ancra-
qui sont d' exteneurement ge au Principe sans solution de
' une façon d. '
Principes res . irecte, les continuité.
bhûtas ou él ,Pect1fs des cinq Matgioi avait déjà longue-
sensibles e.~ents corporels et ment parlé de la rigueur im-
avec 1 .... » 1 s sont en rapport placable de ce déroulement, in-
es cinq 'I,
ou Ak" h e ~ments, l'Ether sistant sur ce qui séparait une
me et a~ a, const1tue Je cinquiè- telle conception de celle de la
toute 1c est d:eux qu'est formée Création et du jugement de
ou co a manifestation grossière l'homme selon les critères des
t ras etrporelle.
le Bh"
Entre les Tanmâ- lois morales. Les « Actions et
tés d" . s utas, onze facul- réactions concordantes » (7)
' istmctes et individuelles remplaçaient, pour lui les no-
P.rocedent de la conscience : tions de sanctions propres aux
c~nq facultés de sensation et religions.
cmq d' .
action ; « la onzième, Bien évidemment, pour les
148
e pouvait
la chose n
catholique~,
dont la nature tient à la fois des être adJ.nise.
unes et des autres, est le sens in-
terne ou la faculté mentale (ma-
nas), et cette dernière est unie di-
rectement à la conscience (ahan-
kâra). C'est à ce manas que doit
être rapportée la pensée indivi-
duelle, qui est d'ordre formel
(et nous y comprenons la raison
aussi bien que la mémoire et
l'imagination), et qui n'est nul-
lement à l'intellect transcendant
(Buddhi), dont les attributions
sont essentiellement informel-
les. »
Les Brahma-sutras enseignent
que l'intellect, le sens interne,
ainsi que les facultés de sensa-
tion et d'action se développent
dans la manifestation et se ré-
sorbent dans le même ordre.
Ces facultés, avec leurs or-
ganes respectifs, sont les instru-
ments de la connaissance dans
le domaine individuel.
es du « Soi ~
Chapitre IX : Les,., envelopp .
fonctions vitales. . t
les cinq V a y us ou ens strie
,. · dans l~ 5 • as-
P rana, pris t i·nsp1ration, .
Atmâ, se inanifestant s'en- de ce n10' t es d·t Queno/ n re-
'
toure d'enveloppes ou de véhi- nsion, nous 1 de traduc-
cules successifs. La première ce une erreur (_Rense1-
prenant XIXe siècle. ~ par
enveloppe : Ananda est faite de tion du · écralenien
béatitude ; la seconde est faite fourni c
guement
de lumière intelligible : « ...elle M. R. Allar).
est composée des cinq essences
élémentaires (tanmâtras), ... dans
leur état subtil » ~ la troisième
joint Manas, le sens interne, à
la précédente ; la quatrième
comprend les facultés qui l?ro-
cèdent du souffle vital : Prana.
Elles sont au nombre de cinq
(les fonctions v· l
Aspiration ins i_ta ~s ou vâyus :
se intermé~r . p1ration, une pha-
gestion) L iai~e, expiration, di-
. a Cin "'
pe est la f onne gquieme
., envelop-
porelle f , ross1ere ou cor-
onnee de .
ments sensibl s,. cmq éll!-
que élément es (bhutas). Cha-
substance c correspond à une
sang f orporelle : eau et
' eu et sy8 t'
terre et h . eme nerveux,
c air.

Cha "tr
pi e X : Unité et identité essentielles du « Soi »
dans tous les états de /'Etre.
Bors de B
est illuso· rahma Je monde L'illusion des réalités maté-
me est ire b et Bra h ma 1m-me-• ,.. rielles. que Guénon tire de
c~ qu'il ; , s~Iument distinct de Schankarâchârya, représen!e J?~ur
cité suffit ~n tre, cette irrécipro- lui la pierre d'angle de l édifice
dé de tout montrer le mal fon- traditionnel. C'est par la « Non-
nentisrne e accusation d'imma- dualité » que sont dépassées. les
Braluna ou de panthéisme conceptions religieuses et . ~htlo­
"' - " d'oùest non- d ua l'ite, et cet.
.c-una sophiques. Nombre de cnt1ques
Brahrna lu" so~tent les êtres est également lui sont venues de là
t-meme depuis le Professeur S. Levi au
« Tous le " .
et moi je nes et~es sont en moi docteur Grangier en passant par
Mon
" e"tre susuis pas en eux ... les milieux catholiques.
etres et PPorte tous les
, ' , sans q 'l .
c est par lui ,. u i ~Olt en eux,
qu ils existent. » (8)

Chapitre XI . L
· a constitution de l'être humain selon les Bouddhistes.
. "Considérer 1 . .
1-etre hum . a constitution de Incontestablement le Boud-
am exclt · dhisme tient une grande place
partir de l'ind" . 1s1vcment à
tude hét,. d ividu est une atti- chez les Orientalistes. Déjà le
tement e1 o oxe '. c'es t b'ien JUS-
. Théosophisme et certains oc-
attaqu, (ue Schankarâchârya a cultistes avaient réagi en sens
trântik~ es Bouddhistes. « Sau- inverse. Colebrooke, dans l'ou-
ont des » et ~. Vaibhâshikas » vrage déjà cité, parlait de sec-
ne con ~ncepttons atomistes et tes hérétiques et de ce1le de
naissent que quatre élé- Bouddha. Là aussi le mépris de
150
le Bouddhisme,
Matgioi pour "tres a dû ren-
ments, l'Ether leur est incon- · de pre
reli g1on , . és 'de Guenon.
,
nu ; la doctrine, également hé- forcer le~ p~e3ugde runiver~alité
térodoxe du vide universel en Le pnnc1p~ lui a fait
est le corollaire nécessaire. de la connaissan~e parallèles
Les Bouddhistes, comme l'é- établir . · · certains
1c1 ,. appelle l' ato-
cole de Kanada soutiennent le . ce qu 11
ab usifs ' ddhistes est en-
principe de la dissolubilité de misme des Bou d Zénon d'E-
toutes choses. La conscience est visagé à la façon. :es grecs.
assimilée au cc Soi n méta phy- lée et des scepuq le ver-
sique. comme nous
Lorsque, d 1 revint sur ce
Ils établissent, en ce qui con-
rons plus t:U- ~~t en cause la
cerne les objets internes, cinq jugement! il ngageante des
divisions ou skandhas qui con- résentation peulle il avait eu
courent à la formation de l'in- P xque es ,
sources aU . rnontre, qu en
dividualité lui donnant « nâ- accès. Ce qui . rne le con-
ma » l'essence et « nîpa » : la matière d'bind~~:~~n orale q:i'il
substance, leur enchaînement tact avec la tra 1 . tenir lieu
jusqu'à la dissolution finale et a invoqué, n'a. pu U1
le passage à un nouveau cycle de documentauon.
d'existence forment la théorie
de la « production condition-
1 , •
nee. » qm ne dépasse pas le do-
mame de l'être et n'est pas mé-
taphysique.
' "tre 1i1.miain
.. d' A tmâ dans l e
Chapitre XII : Les différentes conditwns

On en distingue quatre : l'é-


tat de veille qui correspond à
la manifestation grossière, l'état
de rêve, à la manifestation sub-
tile, le sommeil profond qui est
l'état causal et informel : rârne
vivante s'y retirant au sein de
l'esprit universel. Le mono~yl­
labe sacré : Om est le symbole
d' Atmâ ; ses trois caractères·
A.U .M. correspondent aux trois
états, le quatrième est le mono-
syllabe lui-même envisagé syn-
thétiquement. 151
JI aishwtînara.
d'(ori
1 de
Chapitre XIII : L'état de veille ou la con i

Réalise « l'homme univer-


sel '> dans ses développements
manifestés, on y distingue sept
parties ou membres du corps
macrocosmique : 1) les sphè-
res lumineuses supérieures (mais
vues d'en bas) 2) le Soleil et
la Lune 3) le principe igné
(bouche) 4) les directions de
l'espace (les oreilles) 5) l'atmo-
sphère (poumons) 6) la région
intermédiaire (estomac) 7) la
terre (partie inférieure du
corps). La conscience du monde
est prise grâce à dix-neuf orga-
nes qui sont autant de bouches.
de Taijasa.
,,. f ditiOtl
Chapitre XIV : L'état de reve ou a con

L'élément igné a son siège


dans l'état de rêve domaine de
la manifestation s~btile où 1es
facultés externes sont résorbées
dans le sens interne ou c ma-
nas '>- Sa forme est un « véhi-
cule igné », à la fois chaleur et
lumière il est source de vie et
correspond au sang et aux nerfs
(nâdis). Dans l'ordre de la ma-
nifestation universelle, ce mon-
de idéal du rêve est « l'Œuf du
Monde > ou Hiranyagarbha,
« !'Embryon d'or » de la vie
universelle. /.)'a
ndition de Pru/Tl •
'l rof ond ou la co
Chapitre XV : L'état de sommei P 'f. "tions avec
. les de n11 .
,.. n de- Les multlP :f de termes ~ 111 -
< Celui qui connait e a· un usage m:is~~ent des habttU-
on 1-
hors et au delà de toute .c ci . doux nous elo1C'
tion spéciale >, il est béatitu e

152
occidentale ; sans
des de pe~sée des tern1es sans-
4: Ananda » informel et supra- que l'exou~.ine cause pdncipale.
individuel, p'rincipe et cause de krits en soit l~éfinitlon type r~­
toute manifestation · lumière En effet, la dèle : il est et ~l
intellectuelle saisie directement vient à ce .rn?l est ainsi mais
par intuition directe et non pas n'est pas ' i Chaque te~e
par réflexion à travers le men- aussi autrement. . ne suite 1n-
tal. « Cet état d'indifférencia- entraine,. avec. lui uté\escopees , u.
tio~, dans lequel toute la con- 'finie de notions « • olé il ou-
naissance, y compris celle des de , , t n'est is
Aucun e\emer_i d portes n1u\-
autres états est centralisée syn- vre au contr aire esncontrer 1' es-
thétiqueme~t dans l'unité essen- ti ples faisan~ se re le corps ep-
tielle et fondamentale de l'être, •t le senu111ent, les éle-
est l'état non-manifesté ou pnnununion , . avec tous
« non-développé », principe et C0 nts de 1a
nature.
, . a contra-
me oesie d
cause de toute la manifestation, D'où cette, p du style e
et à partir duquel celle-ci est dé- rio qui se deg~gede \a froideur
veloppée dans la rnultiplicité de , non en dépit "tre à cause
Gue ' peut-e d'
s~s divers états, et plus particu- affectée, ou. u'il a eve-
lièrement, en ce qui concerne de cette froide~~u~ment à tra-
l'être humain, dans ses états loppée systé111~~\1rages. con
subtil et grossier. Ce non-mani- vers tous ses é d'une fa,, 'il
festé, conçu comme racine du Nul n'a exposd s 'Vérités qu
manifesté qui n'est que son ef- plus pers.onn.e\\e rsonnclles. e La
r-
fet, est identifié sous ce rapport rétendait unpe 5011 ton hO,
à M füa-Prakriti « la Nature p reuve en est que 'Y a-t-1·1 d'e-
primordiale » ; ~1rnis en réalité, pripile certain · s · qu
· 'il séduise
· \es
il est à la fois Puru~ha et Pra- tonnant à ce ~ut . « la sple.n-
kriti. Le lien avec les autres autres qui y v~1en» . c'est-à-dire
états n'est 1amais rompu et la deur d?-
possibilité de retour s'explique rart 1ui-me111e
yrai défini par Gué-
dans le fait que la manifestation
est réduite à l'état principicl et non.
ne disparaît pas.
.. né d'Atnu1·
Chapitre XV l : I...' état incon dztion

Quatrième état, au-delà de


l'être ; il comprend le domaine
des possibilités de manifestation
et celles de non-manifestation.
Enfin, le Principe Suprême qui
est la possibilité universelle to-
tale infinie et absolue. ll est la 153
négation de toute détermination
et les adjectifs qu'on lui accole
généralement commencent par :
non ...
Le soi de tout être qui
possède la connaissance est
donc identique à Brahma, mais
ce savoir est d'un autre ordre
car Brahma ne peut devenir ob-
jet de sa propre connaissance :
« Je ne le connais pas et ce-
pendant je le connais. « Il cite
à l'appui un passage des Upa-
nishad : « Si tu penses que tu
connais bien (Brahma), ce que
tu connais de sa nature est en
réalité peu de chose ... » Il s'a-
git de quelque chose d'incom-
municable. d, A und et de
. mbolique
Chapitre XVII : Représentation sy Uabe sacré Onl·
ses conditions dans le monosy
L~ rapport du monosyllabe
sacre Om et de ses éléments
av~c Atmâ fait l'objet de la
suite de la : Mândûkya upanis-
had. Le premier sert de support
pour la connaissance du second.
Om se décompose en A, U et
M. en correspondance symboli-
que avec l'état de veille, dè rê-
v~ et de sommeil profond : plein
developpement de l'individua-
lité corporelle ; extension inté-
grale dans ses modalités extra-
corporelles ; la réalisation de
l'identité suprême. .
d l'être humain.
Chapitre XVIII : L'évolution posthume e . . .
. . les just1f1cattou~
,, On trouve ici critiques qUl
Les états envisagés jusqu ~ théoriques des
maintenant appartenaient a

154
. aux concep-
l'homme vivant ; la mort ne si- . nt été f rutes
av rue
gnifie pas la disparition simul- tians spirites. aceordée au do-
tanée de ces différents états. Il L'import.ance à souligner une
y a, tout d'abord passage dans maine subti! est
la forme subtile, phase de ré- nouvelle fois.
sorption des facultés individuel-
les du manifesté dans le non
manifesté. Cependant le prolon-
gement possible de certains
états subtils peut être dit enco-
re humain (en correspondance
avec les trois enveloppes de l'é-
tat subtil alors que l'état cor-
porel et le troisième n'en comp-
tent qu'une). A cela près, il n'y
a pas d'évolution posthume hu-
maine proprement dite ; enfin,
par rapport au non manifesté,
l'idée de succession est d'ail-
leurs absurde.
. dividaelles.
Chapitre XIX : La résorption des f acuités in . i coroplè-
..
L'oppos1t10
n est ic
tlons cc1
'den-
.
Comme les serviteurs d'un 0
Roi se rassemblent autour de lui ec les conc~P hrétiennc ,
te av articuher c inlJ11orta-
lorsqu'il va entreprendre un tales, en P' é au niot lil1ll'te
voyage, les dix facultés exter- s donn . de la ·
le sen . nificattf voient
nes se retirent dans le sens in- lité est s1g "dentaux y . . du
terne (Manas) ; puis le souffle Les Occi . indéf1nie
vital se retire à son tour dans e prolongatwnt avec l'exten-
un rappor ' d l'ordre
l'âme vivante (Jivâtmâ). Lors- temps en 'bilités e ·1
que l'âme vivante se dégage de .
s10n des posslr 1es orientaux
, 1
·n . pou 'n'eur a tous
la forme corporelle elle con- hum aI ' , t supe , 'f
tient donc en elle-même toutes s'ag1't d'un eta mên1e consecut1 s
les facultés précédentes ; elle changements{· nal. . ,
regagne alors son « véhicule au Pralaya t tre ouvrage il eta-
igné » (état subtil de Taijasa), Dans un ~morts entre la doc-
les bhütas retournent à l'état blira les rapp . e pure et les
de tanmâtras. trine métaphys1qude la résurrec-
A partir de là vont différer dogmes chrét1en~t du jugement
les voies du sage vers l'immorta- tion des corps
lité (Amrita) et celles de l'hom- dernier.
me ordinaire, sans que pour au-
155
tant l'union avec le Suprême
Brahma soit dès lors obtenue
par celui-là. Quant à l'ignorant
il doit repasser par une succes-
sion d'existences individuelles,
c'est-à-dire d'autres états condi-
tionnés, différents de l'état hu-
main et parcourir d'autres cy-
cles de manifestation.
s suivant
Chapitre XX : Différence des conditions post I zrane
les degrés de la Connaissance.

La continuité entre les états


de l'Etre fait qu'il est possible
de demeurer dans le monde sub-
til jusqu'à la dissolution exté-
rieure (Pralaya) des mondes
~a~es!és du cycle actuel : ré-
mtegration passive qui s'oppo-
se ~ la réintégration active de
celui qui parvient, par lui-mê-
m:, à la Délivrance. Le cas peut
e~ster aussi de celui qui n'a at-
tei?t, d~ns sa vie qu'une irnmor-
tahte vutuelle et la réalise ef-
f~ctivement après : il retourne
directement à l'état de non-ma-
nifestation.
« La véritable réalisation mé-
taphysique est une réintégration
en mode actif la seule qui im-
plique vraime~t la prise de pos-
session par l'être de son état
absolu et définitif. »
« rayon solaire »·
Chapitre XXI : L'artère coron a l e e t l e

:our celui qui n'est pas d~l}­


vre au moment de sa mort, 1 a-
me vivante entreprend alors un
voyage, partie de son propre
centre désigné symboliquement

156
par le cœur, elle gagne par le
passage d'un lotus à huit péta-
les, la couronne de la tête pour
le sage, le plexus solaire pour
l'ignorant. Cent une artères (Nâ-
dîs) rayonnent de ce centre,
l'une d'elle (Sushumnâ) passe
par la couronne de la tête, elle
est en rapport avec le troisième
œil frontal de Shiva et le rayon
solaire issu du soleil spirituel :
Buddhi. • de libération.
. . e l'être etz voze
Chapitre XXIl « Le vovage divin » d re-
. onnel des «
L Dieu pers 'tait pour
Il s'accomplit à partir de l'a- . . e . ého\1-is_t~s » e cette in-
boutissement de la Sushumnâ et hgions. . Jà l' o r1g1ne deLa no ti·on
en suivant le rayon solaire. . ~at?;%1 intellectu~ne. articulière-
firJill citatt p •<YOU-
Deux itinéraires sont possi- de grâce ex . Elle est ri~
bles : la « voie des Dieux » son ironie. du systetne
(Dêva-Yâna) pour les sages et ment absente
reusen;ent Guénon.
la « voie des ancêtres » (Pitri- expose par
Yâna) pour les autres qui pas-
seront par des incarnations suc-
cessives.
La voie des Ancêtres est en
correspondance avec la sphère
de la lune où toutes les formes
se dissolvent et sont en même
temps en germe.
La voie des Dieux conduit de
la terre au royaume du feu (Tê-
jâ) puis à celui de l'air (V f1ju)
puis du soleil et de la lune (où
s'arrête la Voie des Ancêtres),
au-dessus se trouve celui de
l'eau (dont le régent est Varu-
na). « Il s'agit ici des eaux su-
périeures ou célestes représen-
tant l'ensemble des possibilités
informelles, par opposition aux
eaux inférieures qui représen-
tent rensemble des possibilités 157
fo~elles. » Le reste du voya-
g~ s effec!ue dans la région lu-
llllneuse mterméd.iaire, par l'é-
!!er ~royaume d'Indra, Akâsha)
1·asqu au .centre spirituel où ré-
s1 e PraJâp f 1
,. .
d es etres a I, e « Seigneur
prod ·
tion · . . uits », manifesta-
pnnc1p1elle de Brahm ·1
est alors inco , a, I
gharba. rpore à Hiranya-
Même si « l'"
jusqu'au b ame » ne va pas
dès qu'elleout avant .le Pralaya,
de la 1 a franchi la sphère
courant une, elle est sortie du
l'immor d~, formes et a atteint
, talite virtuelle : c'est là
que s arr"t
religi e ent les conceptions
euses et 1 , •
ques d es etats myst1-
nue ~n ont la réalisation obte-
pas de mode passif ne délivre
l'individ~o~~es les entraves de
, lite.
L union p rf .
ga » ·d . a aite ou « Yo-
dépa~s~ ~~tique ~ la Délivrance,
qualifj, domame de Brahma
" e pour atteindre le Su-
preme Brahma.

Chapitre XXIII : La Délivrance finale.

La Délivrance ou Moksha est La possibilité de se passer des


mal traduite par union, celle rites est évidemment théorique,
d~ « non-dualité » convient il reste que Guénon a fort p~u
mieux. La distinction entre l'é- parlé des rites dans cette partie
tat et la connaissance totale est de son œuvre et de sa vie ;
abolie: 1ill1si les préceptes de beaucoup de ses lecteurs inte~­
Patan1ali (Yoga shastra) se pré- prétèrent d'ailleurs cette supe-
sentent comme des moyens riorité de la connaissance, qu'ils
d'obtenir la Délivrance et sont s'attribuaient généreusement
à coup sûr une excellente pré- comme leur donnant le droit de
paration mais ils ne peuvent en considérer les rites avec dédain,
aucun cas la donner : l'action tout comme les bourgeois vol-
ne peut en effet libérer de l'ac- tairiens parlaient d'une néces-
158
Uo1on pour le peu-
sité de la re er
tion, différence fondamentale
avec le salut religieux obtenu ple.
par des actions.
"Il cite à l'appui les Brahma-
sutras : « L'homme peut ac-
quérir la vraie connaissance di-
vine même sans observer les ri-
tes prescrits et, plus loin, Shan-
karachârya : « il n'y a aucun
autre moyen d'obtenir la Déli-
vrance complète et finale que la
Ccnnaissance · seule celle-ci
détache les li~ns de' la pas-
sion... ».
L'action est donc liée exclu-
sivement au domaine de l'indi-
vidualité.
Il répète que l'erreur est cor1s-
tamment commise par les orien-
talistes et que le salut s'arrête
bien à Hyranyagharba. ..,, kLÎ
. Jîwm-1vJ. ll • ai-
Chapitre XXIV V idêha-ML'avant-de~~t
u k tt et ·er chapitre tries
ce selon .
La première de ces deux for- la pehvran l'état spi-
mes est celle de la libération te de 1 dernier de "té su-
J aînas et e . . l' « idenU "tant
totale au n1oment de la mort ; · l du Yogt · · en ci ,.
la seconde, celle obtenue avant ntue . Il tern11ne âcha-
le tern1e de l'existence terrestre, prên1e »~ne fois Sh~nÇ;teHect
elle n'est en rien inférieure car encore L yogi, don toutes
rya •. « e. contetuple t en
le Yogi est inaffecté par son est parfait, derneuran
corps. Le Yogi est hâla (enfant) choses comme s son propre
dans l'état primordial et Pân- . "me (dan distinction
lui-me icune , . )
ditya (connaissant). Aucun de- « Soi », sans a~ de l'inteneu: '
gré spirituel ne lui est supérieur, d l'extérieur e. d la Conna1s-
il est aussi Muni (le solitaire) e . r l'~il e pres-
et ainsi, pa ChakshuS, ex d
mais remplit égalem.ent la fonc- sance (Jnâna- •t être ren u_e
tion du Guru : Maître spirituel. . qui pourrai r ~< int\\1-
s1on nt pa ~ .
assez cxactcine ) il perçott
'
tion • 11ectuelle •t» 'non ration-
inte ·
t "t conço1 , t
(ou p 1u o ou di·scursivemen . '
nellemen t .· de consc1en-
. par une pnse
mrus
159
ce directe et un « assentiment »
immédiat) que toutes choses est
Atmâ. »

lesCet exposé du Védâ nta a provoqué des réactions fort d"1verses ;


problè
. toriques ames. soulevés sont de deux types : métaphysiques et his-
des textes u ;-veau ,des sources et de l'exactitude de l'interprétation
supporter · â~Iacee dans l'ensemble de J'œuvre, c'est l'aptitude à
tiel, il fou 1a. emarcbe symbolique qui nous paraît l'aspect essen-
p . rmt 1e squelette.
b id'ee~- f or~ on trouve : l'identité d'être et de connaître
qui est lales
amu
tion elle ase, necessrure de toute pensée qui procède par intégra-
Ia c~ntin· ~st~ demontrée tout au long du livre. Il en est de même de
la divinit,UI e et de l'um"t'e mteneure
· ' · de l'homme, d u cosmos e t d e
mation de sans lesquelles il n'y a pas d'Esotérisme possible. L'affir-
ne » . u caractère illusoire de la création paraît plus « guénonien-
canal 'd'~J~e
0
vu le cheminement d~ cette conviction chez lui pa_: Je
de la rigu rt Leclère et de certams occultistes. Il en est de meme
conceptio~ur de ~a ~émonstration jusqu'à la Connaissance absolu~,
~~ dieux Prometheenne des mathématiques qui permet de ~avir
site métaph1eu.rs secrets. Cette attitude tend à renvoyer, par neces-
nifestation Y~ique, I~ problème du Mal dans le domaine de la ma-
Vait les as~ c est-à-dtre dans !'Histoire (son caractère inquiet Y trou-
L d, urances nécessaires).
a eva1orisafI~n de l'action n'est pas non plus une constante de
la pensée
dentificat· symbolique et paraît contradictoire avec les notions d'i-
sée. Elle mne et, d'u m"t'e, l'h omme s'ajoutant
· constamn1cn t à sa pen-
moment- st d autant pl?s frappapte que ses écrits· son~ i~mets, à ce
la réali l~, sur !a question des ntes, de la pratique rcl1g1cuse et de
S ~ation spirituelle. L'initiation n'a pas été abordée.
ou~~~ n'est pas non plus conforme à la doctrine qu'il exprime,
l'acr u o~, elle ne lui est conforme que sous un seul aspect, celui de
men~o~ Justement. Le côté tranché de l'affirmation doit certaine-
I'h etre compris comme une réaction contre son temps exaltant
omme d'action et la bonne action
troL'exposé métaphysique, uni et i~tégré au langage symbolique,
m uve dans Le symbolisme de la Croix une expression particulière-
p e~t heureuse. Ce livre a été publié en 1931 aux éditions Véga à
ans, on y trouve, à partir d'un exemple de sym bolc, et des corres-
bondances qu'il appelle, une définition doctrinale des états de l'être.
ans L'Homme et son Devenir selon le Védânta, les rapproche-
~ents avec les autres Traditions étaient développés exclusivement
ans les notes.
160
La décf·
Eiish el ~cace, à la mé .
Oahirah ebir... à qui e~oire vénérée de Esh-Sheikh Abder-Rabman
en fave~ 1329-1349H (liue la première idée de ce livre. Meçr El-
Ivan Agur ~e son ratta h 12) devait d'ailleurs servir d'argument
Le eh. c ement au soufisme dès cette époque par
qué da
~Pp 0
rt étabJ ·
.
m ~n à nst l'av i entre doctr·
' ant-propos .
b . . , , ,
me, sym ole et hzstoire a ete evo-
l'histoire ous les faits hi· t « ~ caractère symbolique, bien que com-
nous dire sacrée ... , si le ~;:~iques ... (est) particulièrement net pour
e?. eIIe-111 ~ en raison de la nst est mort sur la Croix, c'est pouvons
dit1on 8 • e;ne et qui lu. va~eur symbolique que la Croix possède
torique ' c est ainsi qu~ a tou101:1Ts été reconnue par toutes les Tra-
Ieur sy~ on peut la re ' sans diminuer en rien sa signification his-
se super bohque mêm garder comme n'étant que dérivée de cette va-
.« .. C'esf 0 sent et sup e. >) Toute une hiérarchie de sens symboliques
Jnitiatiq Pourquoi 1•1Portent en même temps le sens métaphysique :
gnerncntlle. Pa:. exceIIenconsft 1
J
·
ue O_e langage symbolique ) 1e 1anga~e
traùu1onneJ . »ce, le vehicule indispensable de tout ense1-
Plus cnc
d escrîpc ore que . l'i=
fa"t
concc Ions ont 1 , Ionunc et son devenir selon le Védânta où les
te le 1Ptualis.ation · ,.1 ?bjet d'une mise en ordre rationnelle et d'une
ang age vrai inev1tabI
d
·
,. e, le : Symbolisme de la Crmx represen-
,.
e Guenon.
bu~~ Premier ch .
. u deux .., apitrc et le d,
notions ,. ie1ne rc . e- N.M. Denis-Boulet a repr?-
Vragc ~ejà expos ,.Prennent des ché au Symbolisme de la Crot:r
cité d. Prccédent ces dans l'ou- d'être malgré son titr:e : « un ~­
mc u e~ états de ~~r la muitipli- vre musulman ». S1 les Chrc-
est n1verse1 L',. tre et l'l1om- tiens ont le signe de la Croix,
cepe · etat J •
cent ra . ndant p resente
,. !UJnam y ont pu dire des Musulmans,
1
co , · « l'e comme nous en avons la doctrine.
c ;1Plete de 1' ~Pre~sion la plus Le point de rencontr? est c~:­
d~ 11 homrne ue ~t Individuel ~>, tainement la présentat10n de 1 e-
d 1
m: ~~irs qu'à I~~~~rs~~ n'existe tat Jiumain comme central. Po-
dam réo,. ,. vu tuez com- sition que l'on ne pouvait pas
emption d oeneré par la R
e- déduire de : l'Homme et son De-
J

ont Parl . '


e Samt Paul. venir... Cependant il y revien-
dra plus loin, cette position n'est
centrale que par 1·apport à un
état donné et n'est jamais privi-
légiée.

161
d la Croix.
Chapitre III : Le Symbolisme métaphysique e

Il désigne dans toutes les


doctrines traditionnelles, depuis
la Tradition primordiale, l'Hom-
me universel, harmonieusement
développé dans le sens de l'am-
pleur et de l'exaltation : l'ex-
tension de toutes les modalités
individuelles et la hiérarchie des
1 états jusqu'à « !'Identité Suprê-
i:ie ». Dans cet état la Tradi-
tlon islamique dit que l'Homme
est Adam et Eve et qu'il a le
nombre d'Allah.
Le centre de l'état humain
co~stitue le point de communi-
catio!1 avec les états supérieurs
et resume la totalité de l'uni-
vers en fonction de l'analogie
du macrocosme et du microcos-
me.

Chapitre N . .
: Les directzons d e l'espace.

ements complè-
A partir du centre de Ja terre, Ccs dévelo)f . du Monde et
deux croix « qualifient » l'es- tcnt ceu_x '!u cf.~ne géographie
~ace, l'une entre l'Equateur et la const1tut10n
,, trou ve atissi
· une
1 axe des Pôles, l'autre, dans 1e s~cr~, ?n y d Paul Vulliaud
plan de l'Equateur entre l~s reutihs~:10n el{abbale.
quatre points solsticiaux et éqm- en mattere de
noxiaux : elles forment la croix
à trois dimensions « dont les
branches sont orientées suivant
les six directions de l'espace »·
Le centre est figuré par l'inter-
section, cœur de l'univers que
l'on retrouve chez Clément d'A-
lexandrie comme dans la K~~­
bale hébraïque ; la parole dlVl-
ne est proférée de ce centre de
l'espace et du temps. C?~qu~
direction peut être assim1 lee a

162
un jour de la création : le sep-
tième au Sabbat, retour au prin-
cipe. Il est aussi l' « Ether »
qui siège dans la première Sé-
phira Keter ; en sens inverse
on peut dire que le point est
l'~t~er. devenu palpable, con-
cretI~atton et départ de toute la
mamfestation.

trois Gunas.
Chapitre V Théorie hindoue des

développem_ent
C'est la reprise du livre pré- Le présent x du chap1t~e
. . que ceu vement v1-
cédent, appliqué à la croix : ams1 « mou é
Rajas représente le plan hori- xvrn sur leonstituent une l~é;
zontal, Sattwa le plan vertical bratoire » c tion provoq
.. une que~ d }'expan-
dans sa partie supérieure, Ta- p onse a , t uon e . de
1 presen a à partir
mas la partie inférieure. par a ru nivers t son
La « Création >> est présen- sion de rJ-Iom01e e'Ether
!'Ether dans 01ent 1
tée par Guénon dans un ordre . . « co01 etpr~
ascendant à partir du chaos et Deveror.. e· peut-·11
vibrer
? »
de Tamas. alors que dans : homogen üestation il
duire la man respondance,
l'Homme et son Devenir ... il en- sa cor thèse en
visageait la manifestation à par- ])ans ent sa t
•t simpleill éb anlemen .
tir du principe Purusha. Les repn ot : r
utilisant le Ill
deux divisions sont d'ailleurs
complémentaires.

lé entaires.
Chapitre VI L'union des comP m

La ligne verticale est le prin-


cipe actif (Purusha), l'horizon-
tale Je passif (Prakriti), pl an de
1

réflexion ou surface des eaux.


Leur union peut être regardée
comme l'androgyne primordial
ou la Sphère, forme la moins
163
d~ffér<;n7iée dans le symbolisme
geometnque.
En fin d e chapitre les notes
ana.1ysent les rapports de 1a
crmx ave c 1a symbolique . des
nombres
Pyth e
. .n Chi ne et chez les
agonc1ens.

Chapitre VII : La résolution des oppositions.

rec~~ Y a opposition dans les di-


à p~o~s des quatre demi-droites
da r tr du centre en correspon-
xe~ce ~vec solstices et équino-
; pomts cardinaux, éléments.
se conLeT centre es t 1c pomt· ou,
tes le ci ient et se résolvent tou-
divines opp ositions
·· », « station
mique » p~ur l'~sotérisme isla-
pour '1a « ~variable milieu »
Hébreux _Chine, ~hekinah des
· · non-agissant et prin-
cipelede to ut e act10n.
ve · Là se trou-
. sage au centre de la roue
cos m1que.

Chapitre VIII La guerre et la paix.

C'est ici que ron trouve les


~a Bhagavad-Gîtâ, texte sa-
références les plus nombreuses
cre ~ l'usage des Kshatriyfts
à l'Islam. La question de Ja
(caste chevaleresque) développe
Guerre sainte sera reprise dans
ce symbolisme. Le champ de
l'article : « Sayful-Islam » (9).
~ataille est le domaine de l'ac-
tion dans lequel l'individu dé-
veloppe ses possibilités extérieu-

164
res et intérieures (la petite et la
grande guerre sainte de l'Islam).
La guerre amène de la multi-
plicité à la Paix : l'unité ; elle
détruit pour ramener l'ordre, tel
est. le sens du symbolisme de
Shiva. Dans le sens extérieur la
guerre légitime contre ceux qui
troublent l'ordre est une fonc-
tion équilibrante de justice.
Dans le sens intérieur, l'homme
triomphe de lui-même et obtient
« la Grande Paix ».

~,,meu.
Chapitre IX L' Arbre du J.Y.1.

ontinuité
t sur la c t cc-
La verticale de la croix, axe En insist~nd la Croix eé on
bots e . Gu n
du monde, est aussi Arbre du entre le b de vie, 1 per-
Milieu (les horizontales forment
1' Ar re ore a ,
lui de e fois enc . ion ; a
les branches) et Arbre de vie au So uJicrne
0 un la Tradtt m·que
de 'ne u
centre du Paradis terrestre. Il manen~ du pbén~meoit dans le
est dit que l' Arbre de la scien- l'oppose ·&:,don, t1. v t accom-
cructl.lft" · v1en ·
ce du Bien et du Mal se trou- de 1:1° Celui q111 as l'abohr.
vait à proximité, ou plutôt sa Chnst . et non P
dualité ne fut perçue par Adam plir la Lot
qu'après la chute. Le rappro-
chement s'impose avec l'axe
central des Sephiroth et les deux
colonnes latérales de Rigueur et
de Miséricorde.
La Croix du Christ également
est faite du bois de l' Arbre de
Vie ou, selon une légende mé-
diévale, de celui de l' Arbre de
la Science : ins·tmment de la Ré-
demption après avoir été celui
de la chute et Jésus a été cruci-
fié entre le bon et le mauvais
larron. Le Soleil est souvent pré-
senté comme le fruit de l'arbre,
« il quitte son arbre au début
l6S
du cycle et . '
la fin . vient s y reposer à
tre », v?ilà pourquoi au cen-
de la J erusalem céleste l'Ar-
b re de v· '
assim 1 bl te porte douze fruits
ou d I a es aux douze Adityas
ouze form d S . ,
tradition hind es u. oleil de la
dent aux h oue qm correspon-
cyclique. p ases du déroulement

Chapitre X : Le Swastika.
C'est un . .
dont l' . . e crave honzontale Il étudia de nouveau b ques-
à la on~i?e semble remonter tion dans un article des Etudes
est r!radition primordiale, elle Traditionnelles Uuil.-aofit 1950,
rient epandue de l'Extrême-0- repris in SFSS) : « la lettre G
· aux Indiens d'Amériqu"'
La areo~' et le Swastika ».
~.
façon d. ere?ce est indiquée de Dans les années 1932-33 ce
tion du isc~nt1;Iluc, signe de l'ac- symbole suscitait un certain in-
et non pnncipe dans le monde térêt. Son correspondant Olivier
signe du monde. de Fremond, dans les cahiers où
il consignait les doubles de ses
lettres en a fait un court com-
mentaire soulignant l'universa-
lité du symbole, son importance
en Lithuanie et en Courlande
et concluait qu'il devait faire
pièce à Hitler qui i' annexa alors.
De Nantes, en octobre 1933,
Fremond citait Cha rbonncau-
Lassa y : « Ce que dit votre ami,
de la croix faussement dénom-
mée croix gammée est identique
à ce que j'en :.ti dit dans l'an-
cienne revue Regnabit... » Fre-
rnond s'inquiétait cependant :
« du moins j'~ime à croire que
cet encombrement extérieur (de
la Kabbale) ne modifie pas son
sens intérieur qui, si je vous
suis bien, correspond à celui de
la Bible elle-même ».
166
" e" trique des degrés
, fo1i geom
Chapitres XI - XII - XIII : Representa i t leurs rapports.
de l'existence, des Etats de l'Etre e

Si l'on représente une moda-


lité d'existence par une droite,
un état d'être se trouve dans. un
plan horizontal et l'être dans sa
totalité dans une étendue à trois
dimensions : « chaque point de
l'étendue pourrait donc être pris
comme sommet d'un trièdre tri-
rectangle, constituant un systè-
me de coordonnées auquel toute
l'étendue serait rapportée et
dont les trois axes formeraient
une croix à trois dimensions. :»
Chaque point dès qu'il est dé-
terminé peut être le centre de
toute l'étendue ou, analogique-
ment, réaliser la compréhension
totale de l'être.
Les mêmes représentations
peuvent être faites de l'existen-
ce universelle chaque plan
d'existence universelle est un
macrocosme et chaque p1an
d'existence d'un être un micro-
cosme.
. du tissage.
Chapitre X IV . Le Symbolisme t-
. ilicl~a
richesse des s~t d'ailkur~
La • aCJe es
Il se rapporte directement tachés au uss, fil de tra1n,e 9u1
::;l

aux représentations géométri- remarquable. Le sur la c11ame


ques ; en sanskrit Sûtra est à la passe et repasse . rea" i·is e' dans la
.
fois le fil et le livre, formé d'un trace l e des.sin fru1•t de sa h-.
assemblage de fils. En chinois, . d'un 110111me? ' st pas ple1-
de même, king est la chaîne et v1e . d nt il ne
berté mats o. t Ce n'est que
Wei la trame : Le livre fonda- ncment consc1en . a tranché le
mental et son com.mentaire, la Parque . , de
lorsque la . . t être 1ngee,
Shruti et la Smriti des Hindous.
f ·1 que sa vie pe~ · ~e à \'en-
La chaîne est donc l'élément 1 issene tisse '
même la taI? , qu'en « tom-
immuable et principiel et la tra- vers n'est lugee
me l'élément variable et con tin-
' 167
achèvement.
500
bant », après
gent, chaîne et trame forment
une Croix, l'une verticale, l'au-
tre horizontale. ( 10)
Chaque existence individuel-
le est formée de la rencontre et
de l'union des deux fils. L'arai-
gnée tissant sa toile de sa pro-
pre substance, se rapporte à ce
symbolisme du destin individuel
tout comme les cheveux de Shi-
va.
. 't,. des différentes
1
Chapitre XV : Représentation de la contm,1; e
,. d' "
modalites un meme e"'tat d etre.

La représentation sera faite


de cercles concentriques dans un
même plan, le centre est le point
de rencontre avec l'axe vertical,
si l'o~ considère que les cercles
ne laissent pas entre eux de dis-
tance, l'ensemble de leurs points
co.nsti!uera l'ensemble du plan
h!i-meme. Il s'agit donc plutôt
d une courbe, le dernier point
du premier cercle correspondant
au premier du second · cette
courbe qui symbolise 1~ par-
cours d'un cycle ne repasse ja-
mais deux fois par le même
point. (11)
« Cette représentation mo~­
tre qu'il ne peut pas y av01r
deux possibilités identiques dans
l'univers ce qui reviendrait d'ail-
leurs à une limitation de la pos-
sibilité totale ... Aussi toute limi-
tation de la possibilité univer-
selle était-elle au sens propre ~t
rigoureux du mot, une impossi-
bilité ; et c'est par là .que .tous
les systèmes philosoph1ques, en
tant que systèmes, postulant ex-

168
plicitement ou implicitement de
telles linùtations sont condam-
nés• à une éoa1e
0
'impuissance du
pomt de vue métaphysique »·
Il Y a correspondance entre
le commencement et la fin, la
naissance et la mort et la cour-
be est alors figurée par une spi-
rale se développant indéfini-
ment.
'étendue .
. t et d e l
Chapitre XVI : Rapports du pom

Il Y a entre eux différence de


~ature, pour qu'il y ait étendue
1l faut deux points 1nais l'espa-
ce présuppose le point, il en est
le principe : essence dont l'es-
pace potentiel est la substance.
Le point rayonnant en croix
dans les six directions de l'espa-
ce réalise l'Homme Universel,
« mesure de toutes choses ».
buissoll ardent.
Chapitre XVII : L'Ontologie du

Le dédoublcrn.ent du point
qui définit l'espace peut être dit
également, dédoublement en su-
jet et ob\ct <le l'être se connais-
sant lui-inême : « l'Etre est l'E-
tre », la connaissance est \'Iden-
tité. C'est la réponse que fit
Dieu à Moïse se manifestant
dans le buisson ardent.
rectilignes
oordormées . n
Chapitre XVIII : Passage des c t·i·r'ité par rotatio ·
,,
aux coo,-donnees po 1aa• ·es '· con i • '
·1e d'Orient en
Dans l'Etoz "tait présenté
La correspondance du coni.- 1909 l' AUM veo·ir vibratoire.
mencemcnt et de la fin se .pro- comme un ,pou
longe à tous les niveaux, 1'1ma-
169
f,~ c?rre~p?ndant Je mieux à Ch. Barlet avait cautionné quel-
mt~gralite d'un état de l'être ques temps cette revue mais se
serait celle . d'
vib . · « un mouvement sépara vite de son fondateur
· ratoire se prolongeant indéfi- Sàrâk.
~ent, en ondes concentriques,
tour de son point de départ
da ns un pla h ·
la rf .n onzontal tel que'
su ace libre d'un liquide ».

Représ . Chapitre X J X :
entatzon de la continuité des di/férents états d'être.
La précéd
int, . en te representat10n
, •
Ce mode de représentation du
pe~~essai~ un état de l'être, on « circulus vital » se trouvait dé-
dans ~n fi~r~r leur multiplicité jà dans : la Voie Métaphysique
lèles e. sene de plans paral- de Matgioi.
à l'' touJou:s perpendiculaires
des ~ts ~ertical. La continuité
ce au ?0 nera alors une héli-
pas mf · ,. ·
jection d irutes1mal. La pro-
plan ho .e ce cylindre dans ]e
cle et , nzontal ramène au cer-
a son centre

Chapitre XX : Le Vortex sphérique universel.


le En ima!!i .
, o nant coexistants tous
s systemes de , .
l'ex a . . rcprescntat10n,
du P n.sion u.m~e~selle à partir
p~mt pnnc1p1el peut être
c,~nsiderée comme un sphéroïde
s etendant indéfiniment dans
tous les sens. Le vortex n'est
f as aut~e chose que le « Tao ».
a" cc Voie» de la Tradition ex-
treme-orientale.

Chapitres. XXI et XXII : Détermination des éléments de la


représentation de l'être,· le symbole extrême oriental du Yin-Yang,·
équivalence métaphysique de la naissance et de la mort
Le Yin-Yang figure le cercle Passage co~plèt~m.ent inspi~é
de la destinée individuelle dans de Matgioi qm, d'ailleurs, est c1-
son plan horizontal, Je point té en note.
170
d'entrée et de sortie, naissance
et mort n'appartient plus à
l'homme ni au Yin-Yang ; « la
volonté du ciel » s'y manifeste.
Çluan_t à l'axe vertical, pour un
etre Il représente sa voie per-
sonnelle et la force de son éléva-
tion détermine le pas de l'hélice
de son évolution cyclique.
l de réflexion.
Chapitre XXIV : Le Rayon céleste et son Pan
d correspon-
L'axe vertical est aussi « Bud- L'extension elsles est faite en
tionneapprocheme nts
dhi » ou le « Rayon divin '>, il dances tradi
est le commencement et la fin insistant sur les ~ble éviter les
. es et se
de toute destinée individuelle et islan~1qu hrétiens.
« la force attractive de la Divi- mystiques c
nité ».
Le mouvement du cycle uni-
versel est donc indépendant de
la volonté individuelle (Guénon
renvoie ici à Purusha et Prakriti
et à l'action des trois Gunas).
Le plan hodzontal est la surface
des eaux, séparation des eaux
supérieures et inférieures, du
chaos formel et informe!. La réa-
lisation des possibilités de l'être
est symbolisée par un lotus, une
rose ou un lys flottant à la sur-
face des eaux.

Chapitre XXV
. VArbre et le Serpent.
· . . sa présenta-
Le serpent enroulé sur son On retrouvde 1c1 '
}'action du M
.L a1.
tronc figure l'hélice tracée au- tion générale fus intéressant est
tour du cylindre vertical, le par- L 'élément le p 111 ne peut se
cours ascendant est bénéfique, bien le f at,•t que n
lonté du c·1el '
. a la vo . é
dans le sens descendant le ser- soustraire ui est re1et ' ce-
pent est maléfique. Enroulés c' est l'ignorant qles agents de la
autour du Mont l\tlêru ils sont .
c1 sup
pose
.. que
fon même 1es pus l
« l'indéfinité de l'existence uni- contr~-imtta i nt' finalement des
verselle » corn.me l'Ouroboros. conscients so
171
Par contre 1
de la , l! e_passage au centre victimes · tel était bien le thème
rea isation de l'être sup- de ses p~cmicrs poèmes. Ainsi
pose u_ne discontinuité que l'on s'explique le côté grotcs9ue du
pourra1t co
la Iini" mparer au passage à Diable souligné dans : ,.1 Erreu~
Bien ite en Mathématiques Spirite et qui sera de~eloppe
entendu ·
soustraire , ' nu 1 ne peut se longuement dans : le Regne de
l'inf1"d'l a la volonté du Ciel la Quantité.
e e est . '
gré ou da sl~~mis contre son
dèle d ns ignorance, le fi-
e sa propre 1 , I
lam veut d' ·11 v~ onte. s-
. .
mission , 1 a1 eurs dire .• so u-
a a volonté divine.

Inca . . . <;:hapitre XXVI : . . . ,


mmenswabzlzte de l'Etre total et de f'indzv1dualtte.
L'anthrop . On a déjà vu le~ . réactions
tre d' omorph1sme de l'ê-
ecoule de , . violentes de Matg101 contre
faut se d 'b notre pensee, Il
ception ,e ?rrasscr de cette con- l'anthropomorphisme des « reli-
car conuneminemment occidentale gions jéhovistcs »·
' e l' , .
<( Si nous a ecnt Matgioi :
défini coU:~v?ns prendre l'in-
ni, nous image de l'lnfi-
à l'infini ~~s po~vons appliquer
l'indéfini . raisonnements de
cend et ' Je symbolisme dcs-
ne remonte point » (12)

Chapitre XXVII : Place de l'état individuel humain,


dans l'ensemble de !'Etre.

. ,Sa place n ,es t pomt


. pnv1 . "1'e- Le privilège de l'homme
giee '· le se u I moment pnv1
· ·1 eg1e
' ·, « cree à l'image de Dieu » :
;~t celu,i de la vibration du « comme notre ressemblance »
J 0 n celeste : « le fiat lux »
q 1 ordonne le chaos et donne
destiné à dominer les animaux
et béni par Dieu : « soyez fé-
la compréhension non distincti- conds, multipliez-vous, emplis-
ve,_ c'est-à-dire réalise l'Homme sez la terre et soumettez-là »···
umversel et la Délivrance qui (12 bis) s'applique pour Guénon
P~ut être atteinte à partir de exclusivement à l'Homme Uni-
~ imp~:>rte quel point de l'état versel, c'est-à-dire au Verbe Iui-
umain et dès son vivant. même.

172
-~e Triade.
Chapitre XXVIII : La Grariu

Il faut cependant corriger les


propos précédents : « l'huma-
nité, au point de vue cosmique,
joue réellement un rôle central
par rapport aux degrés de l'exis-
tence auxquels elle appartient,
mais seulement par rapport à
celui-là, et non pas bien enten-
du à l'ensemble de l'existence
universelle... >> Il réaffirme la
possibilité pour tout être dans un
état quelconque de se faire cen-
tre par rapport à l'état total.
« L'homme transcendant « de
la Tradition extrême-orientale,
dans « l' Invariable Milieu » ré-
alise l'homme universel qui est
identique au Verbe.
Dans la Grande Triade ex-
trême-orientale, l'Homme Uni-
versel est médiateur entre le ciel
et la terre.

circonftrence.
Chapitre XXIX : Le centre et la
« n1oteur
T "'S référence~ aute sont cons-
Chaque point de la circonfé- ,__ d' Ansto tf
imntobile >> • stifient son a u:-
rence ne peut être pris que vir- tan tes. Elles J~ nce d'un ésote-
tuellement comme symbole de mation de
l'Etre, dans l'espace réalisé, le risrne dans a
l'f
is~nsée grecque.
centre est déterminé aussi mais
il n'est nulle part dans la mesu-
re où le centre est le seul point
qui ne soit pas manifesté : telle
est la conception du « moteui·
immobile » d'Aristote. (13)

173
Chapitre XXX : Dernières remarques sur le symbolisme spatial.

Introduit des distinctions nou-


velles comme celles de durée et
de temps qui seront dévelop-
pées dans : le Règne de la
Quantité et les signes des
Temps.

Les Etats Multiples de ['Etre publié en 1932 aux Editions Véga


(14) constituent une reprise des principaux éléments du précédent
ouvrage ; l'avant-propos souligne que c'est uniquement par rapport
à nous que l'état humain est privilégié et nullement dans l'existen-
ce universelle, ce qui est supérieur et ce qui est inférieur l'est en-
core par rapport à nous. Réponses à des objections soulevées à la
parution des précédents ouvrages de doctrine.

Chapitre I : L'infini et la possibilité.


Ils ne so~t pas distincts, as-
pect de l'infini, la possibilité est
totale. La conception d'un as-
pect .est due à l'imperfection de
nos, mstru~~nts mentaux inap-
tes a le saisir. Ainsi l'Infini est
négation de la négation.

Chapitre II : Possibles et Compossibles.

La distinction introduite par


Leibniz tendait à montrer que
toute possibilité ne se réalisait
qu'à la condition de ne pas en-
traîner de contradiction ; pour
Guénon, elle n'a de valeur que
dans un ensemble déterminé
d'existence. Du point de vue
universel, coexistent des possi-
bilités de manifestation et de
non-manifestation et tout pos-
sible est réel.
« Si l'on demandait cepen-
dant pourquoi toute possibilité

174
ne doit pas se manifester, c'est-
à-dire pourquoi il y a à la fois
des possibilités de manifestation,
et des possibilités de non-mani-
festation, il suffirait de répondre
que le domaine de la manifes-
tation, étant limité par là mê-
me, qu'il est un ensemble de
mondes ou d'états condition-
nés (d'ailleurs en multitude in-
définie), ne saurait épuiser la
Possibilité universelle dans sa
totalité ; il laisse en dehors de
lui tout l'inconditionné, c'est-à-
dire précisément ce qui, méta-
physiquement, importe le plus. »
Chapitre III : L'Etre et le Non-Etre.
ort du zéro et d~
Toutes les possibilités de non- Le rapP . d ,.à été aborde
manifestation (15) sont néces- Non-Etre, avaitqui eJle tena1•t des
sairement en dehors de l'Etre et par G.ueno~ p G Lacuria avait
l'Etre lui-même, en tant que occultlst~s . . S94 dans : la
Principe de la manifestation été repns en
1 ec un article
n'est pas manifesté. Le Non-E- Haute Science, avd Nombres
boliqne es li
tre n'est aucunement synonyme su~ la sydm la question. Son... -
de néant ; ils appartiennent tous traitant c · s de l' etre
deux à la possibilité universelle. vre : Les Han:~
11
1 ~ 0mbres fut
Le Non-Etre est en quelque sor- exprimées par René Phili-
te un zéro métaphysique. réédité en 18 99 par
pon.
• des états multiples.
Chapitre IV : Fondements de la théone

Les états de non-manifesta-


tion assurent à l'être la perma-
nence et l'identité ; il y a cor-
respondance entre chaque état
de manifestation d'un être et un
degré d'existence en général,
chaque état comprend des mo-
dalités diverses comme la mo-
dalité corporelle pour l'état hu-
main.
175
Chapitre V : Rapports de l'Unité et de la Multiplicité.
La multiplicité est comprise
dans l'unité primordiale et ne
ce~se d'y être comprise par le
fait de la manifestation.

. , d e l' e'tat de rêve.


Chapitre VI : Analogies tzrees
La place et les limites de la
conscience y sont précisées.
Lorsque le sujet rêve il peut se
trouver à la fois acteur et spec-
tateur : « c'est lui-même qui
(les) réalise comme autant de
modifications de lui-même, et
sa~s cesser pour cela d'être lui-
men:e. indépendamment de ses
~od1fications qui n'affectent en
nen ce qui constitue l'essence
pro~re de son individualité. »
. C est uniquement la cons-
~1~tnce in~ividuelle, appliquée à
e at subtil qui fait la réalité de
ce monde du rêve. Dans l'uni-
vers manifesté il y a aussi quel-
~u; chose qui en fait une réa-
lite, la conscience et la pensée
en sont des modes particuliers
de manifestation.
Chapitre VII : Les possibilités de la conscr
·ence individuelle.

Elle est la raison d'être de


l'état individuel humain, ce par
quoi, comme on l'a vu au cha-
pitre précédent, l'être individu~l
participe de l'intelligence . t~m-
verseUe (Guénon renvoie ICI à
Manas étudié dans : l'Homme
et son Devenir). Les modernes
étendent volontiers le chamJ? de
la conscience au subconscient,
il importe de le faire dans le
sens d'un super-conscient.

176
Chapitre VIII : d" "dualité humaine.
,, . .
Le mental, élément caracterzstique d e ['in lVl

La conscience n'est pas ex-


clusivement humaine, seule la
conscience du moi liée au Ma-
nas l'est. Cette conscience est
produite à l'intersection de l'in-
tellect et du plan individuel.

Chapitres IX et X . s confins d e l'1·ndéfini.


i
La hiérarchie des facultés individuelles et e
L'activité de l'être dans l'in-
tellect et le mental peut se dis-
socier, il en est de même du
principe psychique à la fois
mental et sentimental : la hié-
rarchie des facultés individuel-
les correspond à celle des états
de l'être, elles peuvent égale-
ment s'imaginer dans un cercle-
limite de la dispersion maximum
des points de vue partiels ; cette
dispersion précédant leur réin-
tégration.

Xfi. dellX cJzaOS.


Chapitres XI et d :Etre ,· les
Principes de distinction entre les états e 1
Par rapport à l'extension de la
possibilité individuelle certains
états peuvent être dits pré-hu-
mains et d'autres post-humains
(dans un sens plus logique q~e
chronologique). Ainsi les dis-
tinctions peuvent être envisagées
sous l'angle du formel et de l'in-
formel, de l'individuel et de l'u-
niversel.
. spirituelles.
Chapitre XIII : Les Hiérarchies
Cette conception chrétienne
n'est pour Guénon d'aucun in-
177
térêt métaphysique pour qui
:omprend la hiérarchisation des
~tats multiples dans la réalisa-
ti?n, effective de l'être total. Les
~ifferents Cieux s'identifient aux
eta~ supérieurs de l'homme
~ais :estent du domaine du ma-
mfeste m A f

d e vue eme m ormel. Le point


, t, ·
d « eso cnque » dépasse
~tnc. dans la Délivrance ces li-
nn ations.
Après avoir précisé au chapi-
tre XIV d ,
·jection
. t" ,
es reponses aux ob-
,. s 1rees de la pluralité des
f tres: l~ chapitre XV traite de
a re~hsation de lêtre par la
connaissance :

ce «v' n. n'y a d e connaissan-


.
aboutit à une assimilation com-
mai entable, dans quelque do- plète. En d'autres termes, il n'y
nou~e que ce soit, que celle qui a de connaissance véritable
ou rn ~ermet de pénétrer, plus qu'autant qu'elle implique une
natur~i?s _Profondément dans la identification du sujet avec l'ob-
degrés llltune
d de s c h oses, et l es jet ou si l'on préfère considé-
peuve t e la. connaissance ne re; le 'rapport en sens inverse,
q , n consister précisément une assimilation de l'objet par
es~ enl ce que cette pénétration le sujet. »
P us ou moins profonde et

Chapitre XVI: Connaissance et conscience.

Elles ne se recoupent nulle- L'affirmation des degrés de


ment, la connaissance allant au la connaisance est ici remarqua-
delà des états de conscience et ble · Je savoir ésotérique ne
de l'être-même elle s'identifie à s'acq~1iert pas par illuminatio~,
la J?.Ossibilité ta'tale qui est, il l'a l'initiation n'est pas un chemm
s~fhsamment répété, Je réel. II de Damas mais le début d'un
n ~ a donc rien qui soit incon- processus de transformation pro-
naissable, la distinction de l'in- gressif. Guénon reste dans le
tel!ect et de l'objet de sa con- système de la division en grades
n~1ssance étant produite par une du savoir comme dans la Franc-
refraction de ]'intellect dans un Maçonnerie et dans les sociétés
état donné. Quant au dévelop- secrètes du siècle précédent.
178
ali tique de la
pement S·Ur la méthode pratique L'ordre _Kabb S. s de Guaï~~ al-
pour atteindre cette identité il la Rose-CrolX de uer sa h1erar-
réservait pour une autre étude. lait jusqu'à c~~ universitaires.
Les deux derniers chapitres : chie sur les gra
Nécessité
• ,,,.
et Continocnce
t>
; No-""
tion metaphysiquc de la liberte
anal~sent ces problèmes philo-
sophiques à la lumière de la
métaphysique traditionnelle
(16)
. ,« . Là, où il n'y a pas de dua-
hte il n y a nécessairement au-
cune contrainte et cela suffit à
prouver que la liberté est une
possibilité, dès lors qu'elle ré-
sulte immédiatement de la non-
dualité qui est évidemment
exempte de toute contradic-
tion. » · e
ment soulllls. .
• ut être égale dans la xn~- .
Il en est de même de l'U nité qui ne P~, n descen~ xne réside
à une. contrainte ; au fur et à me~ure que u~rté de 1 hoOl
festation la liberté devient relative.. La cornplet
dans sa possibilité de retour à l'Umverse1· l'exposé le plusut en un
Ces trois livres constituent certaineroe;it trouver, surtnot repous-
d e metapbysique
, ésotérique que l' on pUis·se
/ · unant·me01e
1
temps où la notion d'unité de l'univers etatartage. ·oal: une
sée et où l'esprit analytique dominait sans P l'exposé ~~tfl du « re-
D , s dans
. .
eux aspects peuvent être d1sungue ur une défi01t1on
, dent ouvr~g.e
approche de l'inexprimable débouch_ant XVI du préce . de déhm-
gard ésotérique » ( 1 7) dont le chapitre cond est }'acqu3uénon pr~­
offre une excellente formulation. Le se Usations q?e une et um-
tions, de mises en forme, de c01;cept~~ niétaphysiq~e la phi~osc:
sente sur le même plan comme. . etant uée du sceau s vers l'H1s~01-
verselle. Cette partie nous parait marq déplace alor peuvent etre
phie occidentale (18) et le problè~e s: ar exemple,
re : dans quelle mesure les Gnostique ~v~rselle 'l , dont M.
rattachés à une métaphysique une et u~ René GuenoDn is-Bou-
. oge sur .. N M en
Le Swami Ahhisiktananda mter: épondit a · · l'intéressait
Cuttat lui avait dit le plus grand bte~ [ source cela ne s que les
let le 8 juillet 1968 que se trouvant a et à lire : « P1u t
pas, le démon hellène poussait à ~iscutef intuition des voyan s. >
philosophes magistraux de l'Inde, il Y a
179
Mais pour nous, tenus par ce même démon 01 aigré qu'on en ait,
1e reproche ne vaut pas.. '

(2) Le
(1) D Symb 0 /"isme de la croix, avant-propos.
doctrin~ns< ~e. Démiurge> (1909), il voulait déjà montrer l'unité des
(3) L gnostiques et du Védùnta.
lique e~t r{I~~rochement avec le grain de sénevé de la parabole évangé-
(4) Un VI tent, R..G. y a consacré un article . ET janvier-février 1949.
e no e le r h • . ,
(5) Ces rem approc e du Logos alexandrin.
(6) 1-1.D.V arques nous ont été faites par M. n. Allar.
(7) Mat .... p. 223, éd. 1941.
(8) Bhagwi, dLa voie rationnelle, chap. V.
qaua -Gitd, IX 4 t -
(9) Cahiers e o.et l'Occident~. repris in SFSS, p. 19ï.
(IO) Il s' . du .Sll d : <' 1' Islam
l'on tisse à ag;t bien entendu du métier de ha ulc lisse (vertical, alors que
(11) C' t Pat en basse lisse).
possibil"te's 1 ~ justification déjit abordée dans /'Erreur Spirlte de l'im-
(12) M1 et metaphy
• • ·
siquc. d e 1a rcrncarnat1on.
•· .
(12 bis~ ~ 101 : la Voie Métaphysique, p. 99.
(la) G é enèse I, 27.
le centreu ~on inverse la phrase bien connue de Pascal sur le cercle dont
04) Ones partout, la circonférence nulle part.
éditions Véverra plus loin dans quelles conditions furent fondées les
(15) L ~a.
. e Vide est un exemp l e de non-manifestation.
(1 6) Alber
.
cornparahle Jbouncy dans : l'Eloile (mars 1889) avait présenté une thèse
chose de rée~ur ~a liberté et le mal : c Ainsi le mal n'est pas quelque
07) Ce re mais un rapport faux entre deux biens>·
de la trans~~:d. ne devient réalité que par initiation dans la continuité
08) Evide sion de la chaîne ésotérique.
cependant laminent Guénon tient le langage de ceux à qui il s'adresse,
d'exposé. chose nous paraît aller plus loin qu'une simple commodité

180
Chapitre VIII

L'APPEL A L'HISTOIRE

l'espace et
où elle s
~
La nécess"t, .
e et la nature de l'histoire découlent es
u temps propres aux degrés de
d conditions de
l'e)(Ïste~ce
universeJle
(rnîrnân-
• e mani[ science
~avue JJtéta~bf.flb,,,me
sa : point d este. Elle dérive donc, en tant que . ue et ne peut
en aucune particulier) de la doctrine et son
Devenir l çon la fonder. L'introduction de · d orient et Oc-
i~~ ~ ch.apitre 1 : « Civilisation et progrès" 0Jerne ont con·
l'é~ p~o­
cident,
damné '.'I?1tres 1 et II de la Crise du MoTide "' tus pur
duit de la dition et la méthode historique coJJlJJle Je Sément rb•S-
toirc affir mentalité occidentale déviée. P\us pr?fon 1
bo~'°at
e da~s une

a1te par lui devient une f orce du iv~


création ma'.'t son autonomie et la liberté de un instru-
f .
ment de continue
l'é •tre ' te ueu
• ...
ou,
selon Hegetgarement des consciences. Elle ne peut l?bistorien porte
s~r le mo d se manifeste l'esprit, car le regard_quÔ e telle concep-
tion abou~it pr~>Voque
d'établir .
'\ la disparition de l'espf!t· sfgna J{arl ]\1:arX
ogiquement à la mission que .tu• ,as t évanoui .. lavé-
rité de l': .«bune fois que l'au-delà de la vént~ ses0 ur Guénon aus-
li~~d E~ !'hist~ire es~ ~ien J
tradttlO;~ur sinultt~de
si, un as.," pourtant, iui donne .t7 re-
gard droit ete 1 esP_nt ; mais le savoir Jui, \a

~nalyses
apparente d « \a JUSte mesure » du JJ}Onde. tre l'argutnentatlOll
profane et les et des déveJoppeJJlentd enbien véritable et de
sa parod· la ~1 ':n.ne est comparable à celle u
ie uc1fenenne ·
Un compte-rend , , . e indo-européen à Rome
de Georges D , ';' ( 1) portant sur l hentag di t nces . « Mons1eur
Dumé ·1 umez1l marquait nettement \es S· a · . · 1·
. , z1 est parti d'un . t d tout profane, mats il u1 est
arrive au cours de ses recherches·,p01n e vue
de rencontrer certames . d onnees ,
181
traditionnelles, et il en tire des déductions qui ne manquent pas d'in-
térêt, mais qui ne sont pas toujours entièrement justifiées ... »
Comme le déroulement des événements entraînés par la pesan-
teur de Tamas, le commentaire historique peut devenir une force
consciente d'obscurcissement spirituel : il y a falsification de l'his-
toire et cette falsification constitue un des aspects du courant con-
tre-traditionnel. Le Mal est le véritable moteur de l'histoire, cette
évidence doctrinale correspondait, on l'a vu, chez Guénon à une ten-
dance de caractère et à des convictions fixées très tôt.
En fait, l'événement historique profane et son commentaire ne
sont que deux aspects de la tendance obscure. Dans cette descente
pr~gressive du monde, la contre-initiation représente dans l'état hu-
~am la force consciente de l'éloignement du principe ; aussi bien,
repétons-le, au niveau de l'action que du commentaire.
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps publié en 1946
chez Gallimard évoque au niveau symbolique et doctrinal les pro-
cessus de la descente ; sujet déjà abordé, mais plus superficielle-
ment dans : l'E.sotérisme de Dante. L'étude des cycles cosmiques,
en dehors. de l'aspect purement métaphysique a fait l'objet de nom-
breux, articles (après 1930 dans : les Etudes traditionnelles), re-
groupes dans : Formes traditionnelles et cycles cosmiques (Galli-
mard, 1970).
Parallèlement, l'histoire présente une face lumineuse, celle de la
t~ansmission. La reconnaissance à travers chaque forme de civilisa-
tion des él~~ents qui permettent la « récupération » du temps. et
la t~anspos1t10n des événements sur un autre plan lui donne son sens
vertI~al. Le dernier chapitre du : Roi du Monde avait soulevé la
question ; le compte-rendu de G. Dumézil y revient : ... « Il est vrai
qu'on pourrait aussi se demander si l'Histoire, surtout quand il s'a-
git d'histoire sacrée, ne peut pas, dans certains cas, reproduire ef-
fec~iv~ment le mythe et en offrir comme une image humanisée ;
mais il va de soi qu'une telle question, qui en somme n'est autre
que celle de la valeur symqplique des faits historiques ne peut mê-
me pas se poser à l'esprit moderne ».
Mais la transmission suppose, comme pour le mal, l'action cons--
ciente et organisée des hommes qui détiennent la Vérité et orien-
tent le cours des choses sans participer directement à l'agitation
extérieure. La connaissance de cette action mise en évidence par
la présence de Ja doctrine traditionnelle, permet une reconstitution
rationnelle et globale de l'histoire ; explication logique, horizonta-
le abordée dans : Orient et Occident et la Crise du Monde moderne
et développée particulièrement dans : Autorité spirituelle et pouvoir
temporel.

182
La constatation d'une direction constante dans la cond~~e ~es
sociétés s'ajoute à celle de la concordance des ~ymboles et. l.hisr:
sert de preuve ultime. En ces temps d'obscurcissement ~pm~ed
rapports de l'histoire et de l'Esotérisme peuvent être envisages , ans
un double échange : la doctrine donne le fil et le passage nec~s­
saire à travers. l'enchevêtrement des événements conduit au cen e.
D ' autre part, l'enquête historique sur l'authentic1te · · ' de la trans- .
mission traditionnelle et des rites constitue un préalable au cholX
d'une voie de réalisation spirituelle effective.
. ti. variées
On a vu comment Guénon a cherché dans des direc ons d
de 1910 à 1930 · dans la seconde partie de sa vie la constance e
, '. d nce entretenue
cette preoccupat10n se retrouve dans la correspon a
avec ceux qui lui demandaient conseil à ce sujet. . ,
, R, de /a Quantzte
L en~emble de ces problèmes alimente le egne ublié on l'a vu
et les Szgnes des Temps rédigé pendant la guerre et. P , 1 Crz'se du
à 1a L .b' ·
i erat10n. (2) Guénon voulut donner une smte. a a d'être du
Monde moderne, suite doctrinale expliquant les rru.s~ns au quan-
désordre moderne, les processus de réduction progress1vl'ehi. torr'e est
ti"ta tif et aussi· les « réalités d'ordre supeneur , · » dont h snon-pro-
la représentation dans le monde sensible. Une appr.oc e que nous
fane permettra ainsi de déterminer le moment cosnuque
vivons.
. . d'autres de la roo-
La myopie de l'histoire est un résultat parll11 de oderne ;
d i'f'icat1on
· du milieu cosmique qui a prodmt · 1e mon 111 les cata-
. · · rtante que
m odification régulière et insensible plus 1D1P0 ts cycliques :
clysmcs brutaux qui ont marqué les' grands change~~nétaient beau-
« Non. seulement, . l'homme , parce que ses . faculs le mon de avec. 1 les.
co:ip moms etr01tement limitées, ne voy~t P.a des choses qui Ul
memes yeux qu'aujourd'hui et y percevait bie,n . nient le mon-
, h , ' . orrelat1ve , . fé t
ec appent desormais entièrement . mais, c . nirnent dtf ren
,..
d e meme, en tant qu'ensemble cosmique,
' · était vr~·· fl'
ordre se re e-
. . . é d'un autre l
q~al Itativement, parce que des qualit s nsfi aient » en ~ue -
taient dans le domaine corporel et le « tr.a ~égendes » di~ent
que sorte ; et c'est ainsi que quand cert~es précieuses étaient
. ' .. s pierres
par ~xemp1e qu'il y eut un temps ou 1e cailloux les pus 1 gros-
auss1 communes que le sont maintenant les 0 sens tout symbo-
.
s1ers, ce1a ne doit pas être pris seu1ero ent en u objection qm· pour-
lique ... Nous préviendrons sans plus tarder unet qualitatifs dans la
rai"t e"t re soul evee , au sujet de ces cbangemen ,1 ns était ams1,. . 1es ves-
figure du monde : On dira peut-être q~e, s e à chaque instant de-
tige.s des ép?qu~s disparues que l'on dec~'::poques géologiqu~s et
vrruent en tem01gner, et que, sans par}er. 11umaine les archeolo-
pour s'en tenir à ce qui touche à l'lnstoire '

183
gues
si loinet même
ue les,, « pre"hi stonens
·
» ne trouvent jamrus · ·
nen d
e te,1
sé L q,, les resultats de leurs fouilles les reportent dans le pas-
l'itat a0 àe~onse es~ au fond bien simple : d'abord ces vestiges dans
du m. 1. s se presentent aujourd'hui et en tant qu'ils font partie
la « sorar·I leu actuel
. ' on t f orcement,, ; . ,,
part1c1pe comme tout 1e reste, à
existence ~c:atmn » du monde ; s'ils n'y avaient pas participé, leur
1 1

auraient en t., etant plus en accord avec les cond1t10ns · · ' " al es, I·1 s
gener
beaucoup Ild Ierement h d"
isparu, et sans doute en a-t-il • ,,. ,,. • •
ete ams1 pour
ce ... On d"te 1 c oses dont on ne peut plus retrouver la moindre tra-
il. n'est pas dque. quand ,, , un tresor " est cherché par que 1qu ' un a' qm·
lui en charbo estme, 1 or. et les pierres précieuses se changent pour
fouilles pou Il_ et en. cailloux vulgaires ; les modernes amateurs de
C' rraient faire leur profit de cette autre « légende ». (3)
est donc le · d ,, ·,
dont il ,, , P~mt e vue de l'historien qui crce les barneres
celle dua~~~ cp;esti~n dans ses ouvrages précédents, en particulier
chronolo . siecle maugurant l'âge classique. L'incertitude des
l'inadapt g~~s quand. on veut remonter plus Join est révélatrice de
« D' ~ 10 n de l'mstrument intellectuel d'investigation.
· 11
gigues ont ai eurs
f . ' la vc.;.n"·t"e est que tout ce que les fom·11 es arc h'eo1o-
environs d ~t, connaitre de plus ancien jusqu'ici ne remonte qu'aux
une. secon~ cbut ~? Kali-Yug~, où se trouve n~turc~lcment placée
Ie-c1 par « barnere » ; et, s1 l'on pouvait arnver a franchir cel-
corresponudn moyen quelconque, il y en aurait encore une troisième
, ant à l',
c .est-à-dire de epoq~e du d~~nie; grand cataclysme terrestre,
disparition d ~elui qui est des1gne traditionnellement comme la
1
de vouloir ~ Atlantide ; il serait évidemment tout à fait inutile
1
soient parv a· er ,encore plus loin. car. avant que les historiens ne
le temps d enus d" a cf! pomt, · 1e monde moderne aura eu grandement
T 1
e spara1tre à son tour. »
et l'~~;es ~es spéculations profanes sur l'âge d'or, le déluge biblique
dre 1 an~ide .sont bien vaines. Aussi, faute de pouvoir compren-
leu; des hi~tor~ens nient qu'il puisse exister quelque chose hors a~
phi . omame mtellectuel familier. II en est de même de la géogra-
eute · « Au début, on vit des « merveilles », puis, plus tard, il Y
s'a seulement d es « cunos1tes · " et en f m
· · " » ou des singulantes, · « on
lesperçut que ces singularités se pliaient à des lois générales, que
q savants cherchaient à fixer » ; mais ce qu'ils décrivent tant bien
ru~ m_al, n'est-ce pas précisément la succession des étapes de la
àmitati~n des facultés humaines, étapes dont la dernière. cor.respond
f ce qu on peut appeler proprement la manie des explications ra-
Eonn~l1cs, avec tout ce qu'elles ont de grossièrement insuffisant ?
rn fa~t, cette dernière façon de voir les choses, d'où procède la géo-
g.ècaphie moderne ne date véritablement que des XVIl et xvur 0

si les ».

184
, "aliste qUI. s'an-
. . nde maten ·ustifica-
A l'opposé, la décompos1t1on du mo tains signes._ !--a ]Certains
nonce permet de retrouver le sens de cer d est explicit~· . nt ve-
.
non d es dermeres ·, ·
lignes d u R oz· d11. Mon . e· Jes tem ps· etaie T d·ition
·
pouvaient penser qu'il en avait trop · dit mais
L place d e la. ,., ra trop
nus. 0 n retrouve la meme " I· d cc
' d an s ·· « On a ne sau rait etre et ce
atlantéennc dans le Manvantara » (4) : «.... ment disparues, e li-
prudent quand il s'agit de civilisations entl~~~tion auxquell~ s vrai
ne sont certes pas les tentatives de re~oi:s ~'en est pas moi~snotre
vrent les archéologue~ prof?nes .. ; ~ais H,
que beaucoup de vestiges d un passe oub e ·squer la :rnoin t ceux
sortent de ter:edre pré-

epo9ue, et cc ne peut etre sans raison. sans découver


, A • • n tes' donla poitée
d1ct1011, sur cc qui pourra résulter de cesd soupçonner . tout
qui les font sont généralement incapables ~ne des temps »~r de
possible, il faut certainement voir là un « sigantara, pour se
ne. d 01t-1 · · 1 pas se retrouver a' 1a f"in d u Manv ? » fran-
pomt de départ à l'élaboration du cycle futur mps perilledt?fi~nis et
L . , .
. a connaissance de la vcntable natu r e du te euvent e"tre lée dans :
clur. <:~s limitations. L'espace et le te_mps nt on a P~~ e JV du J
qualifies dans la croix à trois dimens10ns 0 ·s au chaP1 r alifié »·
Le Symbolisme de la Croix ; le sujet est ~:fenet espace I~u suivant,
Règne de la quantité... : « Quantité spatl s » forment aie » y re-
« Les déterminations qualitatives du temP de la 111onn
enfin le chapitre XVI : « La dégénérescence •tatif se
. t qu~U ,
v1en . . nce du . t n1esure,
L ' e'l'ement détern1inant dans ia , connaissa, t p"'S ce qui es,, La me-
trouve dans le fait que : « La quant1te . , n es nt "' esur ées · a,., Méd1ta- .
111
mais, au contraire ce par quoi les choseJ sorestitué par_ 1 Middoth,
sure c'est l'ordre en sanskrit : Rita, or re dont Jes trois Cette mé-
tion. des Mâtrâs,' mesure des trois mo~d~~ ue hébraïque~ême temps
attributs divins de la création, sont la rep ~q ino11de en 11 rAnge. La
ditation fait prendre à l'homme la mesure ~luttant ave~Je de celle
qu'il donne sa propre mesure, comm~ J':co est jnséparal ii de la Bi-
vérit~ble prise de coi:scic~ce de 1'?1sto;[~se » ou de
du Dieu de Platon qm toujours « geome.d et mesure ignification.
c: \s) ; la_ di-

ble qui « a tout disposé en nombr~,. P 01 ~jours de Iat!ire occultis-


rection prise par les événements denv~ 1. ? du vocal.A\ u cosmique
(6) L'action de ceux qui savent, les l~:~~tions du ,!11~l~encer à son
5

te, suppose la connaissance des modi 'vant de l 1I1 sives du sa-


qui préfigure celle du monde des cor~ atations su~~~s nt ainsi la
tour. Les « Initiés » réalisent des a a)ies rééqutb ra
voir primordial à ces conditions nouve ·'
tendance descendante de Tamas. (7) dans la fixation d~s
1
Leur intervention es,t .visible _Par exe~~seencore dans le domai-
règles de travail des metiers anciens ou P
185
ne de la monnaie. L'action du pouvoir spirituel se voit sur les piè-
ces anciennes couvertes de symboles qui ne peuvent s'expliquer, en
Gaule par exemple que si on les rapporte aux connaissances doctri-
nales. Au Moyen-Age, l'Ordre du Temple fut à la fois dépositaire
de secrets ésotériques et régulateur de la circulation monétaire. Le
reproche fait à Philippe-le-Bel d'avoir altéré les monnaies dépasse
la conception purement économique de sa valeur.
« La dégénérescence qualitative de toutes choses est d'ailleurs
étroitement liée à celle de la monnaie, comme le montre le fait
qu'on en est arrivé à n'estimer couramment un objet que par son
prix.,» Privée de son principe spirituel, la monnaie n'arrive même
plus a conserver sa valeur quantitative (8) car : « la quantité pure
est au-dessous de toute existence », sa dissolution préfigure celle
du monde actuel dont e1Ie est effectivement la mesure.
L'évolution du milieu suit exactement la descente du cycle cosmi-
que, éloignement du Principe vers une matérialisation progressive.
L~ rupture est ici complète avec l'occultisme du XIX siècle, un
0

~~mt-Yves d' Alveydre voyant le monde occidental à la veille de


1 ~tge d'or. Guénon se demandait d'ailleurs comment cett· idée, ti-
ree de Fabre d'Olivet avait pu voir le jour en s'appuyant sur des
textes comme ceux de Virgile qui n'ont jamais placé l'âge d'or com-
~e quatrième âge. Cette question des cycles préoccupait déjà le
heune f.ondateur de !'Ordre du Temple rénové et certains passages
u Roz du Monde y faisaient allusion comme celui de l'éclairage
successi'f , d_es quatre faces du Méru. Les' liens avec les correspondan-
ces p~menques avaient fait aussi l'objet de certains passages c'e l'E-
?0t~n~me de D~nte. Cependant, et Guénon a souvent procédé ainsi,
11 s agit_ pl~s d'mdications, d'éléments épars que d'une possï>ilité de
re~o?~tltution globale des événements, il a évité de désigner avec
precision le moment cosmique où se situe notre civilisation, ce qui
a provoqué l~s réactions de nombre de ses correspondants et nous
a valu une mise au point intéressante en octobre 1938 : « Quelques
remarques sur la doctrine des. cycles cosmiques » (9) .
. II affirmait l'impossibi1ité d'une exposition complète de la doc-
t,nne des cycles et rappelait Je caractère limité des conditions de
l espace et du temps dans la hiérarchie des états : (10)
« Les Manvantaras, ou ères de Manus successifs, sont au nom-
bre de quatorze, formant deux séries septénaires dont la première
comprend les Manvantaras passés et celui où nous sommes pré-
sentement, et la seconde les..Manvantaras futurs. Ces deux séries,
dont l'une se rapporte ainsi au passé, avec le présent qui en est la
résultante immédiate, et l'autre à l'avenir, peuvent être mises en
correspondance avec celles des sept Swargas et des sept Pâtâlas,

186
qui représentent l'ensemble des états respectivement supérieurs. ~t
inférieurs à l'état humain, si l'on se place au point d~ vue ~e la hie-
rarchie des degrés de l'existence ou de la manifestation ulll:verselle,
0
ou antérieurs et postérieurs par rapport à ce même état, si 1' 1} s.e
place au point de vue de l'enchaînement causal des cycles de:nt
symboliquement, comme toujours, sous l'analogie d'une s?cce~s!on
temporelle. Ce dernier point de vue est évidemment celui qui lll1-
porte le plus ici : il permet de voir, à l'intérieur de notre Kalpa,
comme une imacre réduite de tout l'ensemble des cycles de la ma-
nifestation unive~selle suivant la relation analogique que nous avons
· , ' • d" que la
mentionnee précédemment et en ce sens on pourrru.t ire
· ' ' ' flet des
succession des Manvantaras marque en quelque sorte un re
autres mondes dans le nôtre On peut d'ailleurs remarquer enc~
pour confirmer ce rapproch~ment ' que les deux , · mots syn1 oel~1ques
t.10ns Manub
k a sont employés l'un et l'autre comme .designa ·· cidence » <:c-
d ~ non_1brc 14 ; parler à cet égard d'une simple « c?in S· rofondes
rai~ faire. pr~uve d'une complète ignoran~ .des raison p
qm sont mherentes à tout symbolisme traditionnel. »
A l' d d succession spa-
or re de succession temporel correspon une tant com-
f 1 d . . t 0 r en res
ia. e ans laquelle chaque terre émerg~ tour a ~re Cette question
pnse dans <: la terre des vivants » qm est le ce?. e ·d'articles enti:e
du centre fit d'ailleurs l'objet de toute ~n~ sen ortait des pre-
1?~8 et 19 50 (11 ). La suite de l'article precedent app
c1s1ons remarquables :
... s d ' un Manvantara, .
« N ous envisagerons maintenant les diviston . et nous si-
c' est-,a-d·ire les Yugas, qm. sont au nomb re de quatre ent que ' cette d.tVl.-
g?alerons tou~ d'abord, sans y insister_ lon~em lic;tions multiples,
s1on quaternatrc d'un cycle est susceptible d app 1 d'ordre plus
e t q~ ' e 11.e se retrouve en fait dans beaucou p de les cyc es saisons d e
quatre
part1~uhcr : on peut citer comme exemp~es 1 quatre âges de la
l'~nnce, les quatre semaines du mois lunaire, es ~n symbolisme
VIC h
. umame . · encore, il y a correspon dance avec
; ici uatre points car ct•i-
spatial, rapporté principalement en ce cas ,a~;, ~ivalence manifeste
naux. D'autre part on a souvent remarque d~q·gent d'airain et de
d es quatre Yugas avec ' "
les quatre age~ d'or
. é' ~aia-latine ' : de part et
fer, tels qu'ils étaient connus de l'anttquit gr~c par une dégénéres-
d'autre, chaque période est égalem~n~ ~1:r.q~t~eci, qui s'oppose <li-
cence par rapport à celle qui l'a precede ' le conçoivent les mo-
rectement à l'idée de « progrès » tell~ qu; ï que tout développe-
dernes, s'~xplique très simplement par let ;~ocessus de manifesta-
1:1ent. cyc~1que, c'est-à-dire en so~1 e. to~ment graduel du principe,
t1on t~nphquant nécessairement un eJmgn descente » ce qui est
constitue bien véritablement en effet, une « '
187
d'ailleurs . ·
chre"t' aussi 1e sens réel de Ja « chute » dans la tradition judéo-
1enne.
D'un Yuga
croissan d à l'au t,,re, 1a d,egenerescence
, ,, s'accompagne d' ~me d"e-
cant la fe e la duree qui est d'ailleurs considérée comme mfluen-
œt éoa ~n~eur de la vie humaine ; et ce qui importe avant to··t à
ces ct0iffr' ' c est le rapport qui existe entre les durées respectives de
sentée pa erentes penodes.
,, · La durée totale du Manvantara est repré-
celle du ~rêtâ-~elle du Krita-Yuga ou Satya-Yuga le sera par 4,
10
du Kali-Yu a uga par 3, ceJie du Dwâpara-Yuga pa: 2, et celle
reau symb t par 1 ; ces nombres sont aussi ceux des pieds du tau-
la terre p 0 dque de Dharma qui sont figurés comme reposant sur
s'effectue ~n ant ~es mêmes périodes. La division du Manvantara
en sens . one suivant la formule 1 o = 4 + 3 + 2 + 1, qui est,
+ 4 ::::: 1 ~~~rse, celle de la Tétrakys pythagoricienne : 1 + 2 + 3
Cette s,. ·
Manvantaene symbolique permet de fixer à 4.320 la durée du
1.728 1 ra ·· « ceII es d es quatre Yugas seront respec t ivement.
Plier ~ ·296 l'' 864 et 432 ; mais par quel nombre faudra-t-il multi-
ll est fau~- a pour obtenir l'expression de ces durées en années ?
rapport ci1 d" e de r emarquer que tous les nombres cycli ques sont en
::::: 360 Xirec t avec la division géométrique du cercle : ainsi, 4.320
12 . »
n Les rapPorts de 1 a· . . ,. . d es E qu1-.
oxes sont .... d a 1v1s10n du cercle avec la precess10n
nombre de e~~ ~n.ts ; la moitié de celle-ci (12.960 ans) marque dans
Perses le ret ditions anciennes, notamment chez les Grecs et les
Prend-il de ~ur de la Grande Année. Combien le Manvantara com-
correspond randes Années ? Guénon avance Je chiffre de 5 qui
en années ;~t.re ~utres aux Bhütas du monde sensible : « Evaluées
respectivemer tmaues, ces mêmes durées des quatre Yugas seront
le total de g de 25920, 19440, 12960 et 6.480 ans formant
nent au mo· J
6 · 8 0 ans ; et l'on reconnaîtra que ces chiffres se ticn-
vant fort b" ms ans des limites parfaitement vraisemblables, pou-
manité te Ien correspondre à l'ancienneté réelle de la présente hu-
rrestre. »
Lad .,
entre ern~ere phrase illustre bien les difficultés d'établir le rapport
diffé 1a science et le symbolisme ; la Préhistoire est envisagée bien
poin;em~ent depuis 1938 et l'absence de détermination exacte dn
latio attemt J?ar la « descente » ouvre la porte à toutes les spécu-
le m~s. Ce 9.UI serait dangereux, Guénon s'en explique toujours dans
si eneme article : « si la durée réelle du Manvantara était connue, et
cun outre,. son point de départ était déterminé avec exactitude, cha-
voir pourr~1t sans difficulté en tirer des déductions permettant de pré-
certams événements futurs ; or, aucune tradition orthodoxe n'a
188
. . elles l'horome peut
1ama1s encouracré les recherches au moyen desqu u moins éten-
arriver à conn~hre l'avenir dans une me~ure plus 0beaucoup p~us
d~e, cette connaissance présentant pratiquement urquoi le pomt
d mconvénients que d'avantages véritables. C'e~t P~ été dissimulés
de départ et la durée du Manvantara ont tou1our n retranchant
plus ou moins soigneusement, soit en ajoutant ou.ten multipliant
un n?~bre déterminé d'anné~~ aux date~ réelles, soi on à conserver
ou d1v1sant les durées des penodes cycliques de. fiterons que cer-
se~crnent leurs proportions exactes ; et nous. aJO ties pour des
tam~s correspondances ont parfois aussi été interver
motifs similaires. » e Matgioi qui,
Rupture avec l'affirmation des occultistes conun "bili"té dans la
au d. e.but , de : la Voie Rationnelle, affirmait . compris ' Fo-H"1 a..
. la poss1
tradition chinoise de tout dater par les astres Y
son origine ' "tre ni le jour
· ~nm d
Guénon admet la légitimité exotérique de nec Les détenteurs u
ni l'heure mais il réserve la part de l'Esotérisme.. du Manvantara,
vrai. savoir sont aptes à discerner" ce qm,· a. .. 1a dfin nouvel Age Td'Or_
pourra Servir de point de départ à l'élaboratiOll Udétenteurs ? ore
dans le cycle futur. Mais existe-t-il en:ore d~ ~~sété capa~Ies ~an­
te so~ œuvre fut écrite pour ceux qm auraie fin du Roz 1.dée est
~even1r et qui auraient reconstitu..é l'Arch~. LQuantité ~et} 1 inen-
~ . comme l'avant-propos du Regn~ de a t allusion a 1 1 ~ de-
d ailleurs sous-1· acente dans tout le bvre) fon. de tout ce q t tout
ce d es temps qui rend urgente la recuper~ , ' uon · d'une e'lite eï leur
meure sain en Occident. L'essai de reconstitutIOdans son esPJ~'crire
so~ appel « intellectuel » jusqu'en 1930 tro~ve évidenun~nt résen-
ra1son d'être dans l'urgence. Il était absur ela divulgation ~alfai­
des livres pour les initiés . quant aux autres, ·en n'est plues tes i1
t · b" '
ait !en des dangers d'incompr~h~nsion. , · et n
mal compn~e. · er ,
en s'a-
sant, Il l'a dit lui-même qu'une idee vra1el t par allus1on_s, de son
a ch erc lle, a. . contourner ' cet ecue
, il e n par an illes · 1e destin . ntrent
dressant à ceux qui ont des yeux et des orettach~nt à lui mo
œuvre et les oppositions . . de ceux q ui se ra ' d
que cela fut vain en partie. . changeme nt e. men- ·i·
.
S. ~n attitude nda1t au · , des c1v1 1sa-
eschatologique correspo gler avait traite . , t Valé-
tahtc dans l'après-guerre ·, Oswald Sp~n t a' dire une u01te e 'da11t
t c es - - .. succe
t1ons c~mme d'un or~anisme v1van ', d' ction du progre~ >IDe idée du
· ·
ry voyait monter « l'idole de la male_ l ' meurs une vie
à celle du progrès. (12) Elle reprenrut d Monarque » ou duo« ~ape
monde occidental où l'attente du « grau~ Même au XIX siè~le
angélique » occupa longtemps fos esprits. progrès n'a pu fa1~e
la croyance au retour de l'âge d'or. par 1ed'un effondrement sp1-
.
d isparaitre" ..
completement 1e cou rant inverse
189
rituel général ne pouvant être compensé que par l'action inspirée
de quelques-uns ; ainsi Madame de Krudener avait prêché au Tsar
la réparation des ruines morales de la Révolution et de l'Empire.
Peu avant 1848, Pierre-Michel Vintras avait développé son « Œu-
vre de Miséricorde » dans une ambiance apocalyptique, l' Archan-
ge Saint Michel lui montrait l'incendie de Paris nouvelle Ninive.
L'œuvre de Léon Bloy et un certain nombre d'apparitions de la
Vierge, annonçant la famine d'Irlande ou se montrant chargée de
chaînes aux enfants de la Salette procédaient d'un état d'esprit com-
parable, sans avoir pu renverser cependant l'optimisme prédominant
q~i ne disparut que sous les armes automatiques et les gaz asphy-
xiants.
La proximité de la fin est rendue évidente quand on considère
les transformations du monde sous l'angle symbolique. La multipli-
~ité des états de l'être, d'autre part, permet à Guénon de suivre les
etapes de la « descente » qui s'enchaînent dans une rigoureuse con-
tinuité.
Un monde conforme aux conceptions matérialistes se réalise en
ce ~om~nt ; le milieu cosmique lui-même se matérialise, mais la
~~tiere merte ne peut être qu'une limite et toute la mécanique scien-
t~que fondée sur ce postulat n'est à son tour qu'une approxima-
tion, une apparence de « ·système c]os ». La science rend d'ailleurs
~?mpte du réel dans la mesure où celui-ci, devenu solide, s'est adap-
te )~r ayance à l'instrument mental qu'est la raison. En fin de comp-
e! action de l'homme moderne réagit à son tour sur le milieu cos-
~q~e. et ac:célère la marche du matérialisme mais l'instabilité de
ce m-ci va egalement croissante tendant à entraîner le monde en-
cor.e plus bas. Tel est l'argument du chapitre XVII : « la solidifi-
cation du monde » du Règne de la Quantité... ; le chapitre XX :
« de 1a sphère au cube » en développe les représentations symboli-
ques dans la hiérarchie des états. La forme sphérique de l'Œuf du
Monde est bien le premier état de la manifestation, à l'opposé, le
cube es! la forme la plus arrêtée de toutes, il est « l'élément termi-
nal et final... le point d'arrêt du mouvement cyclique. » Il désigne
d?nc l~ terre dans son principe, pôle substantiel ou base de la ma-
Dif~station. Le compas et l'équerre, aussi bien en Chine entre les
~ams de Fo-Hi et de sa sœur Niu-Koua qu'en Occident en sont les
mstruments symboliques les plus courants. Ce symbolisme se re-
trouve dans la forme du Paradis terrestre, jardin circulaire placé
au début du cycle et dans celle carrée, de la Jérusalem céleste qui
descend à la fin du cycle, ville de pierre et règne du minéral au
point extrême de la « solidification ». La fixation progressive se
retrouve dans la sédentarisation des nomades et l'envahissement ur-
bain étudié au chapitre XXI: «Caïn et Abel », c'est à la fin du
190
cycle que Caïn achève véritablement de tuer Abel (13), que le temps
use l'espace avec une vitesse sans cesse croissante (14). ?n. a,tte:-
dant, déséquilibre et complémentarité assurent la contmwte tu
mouvement : les sédentaires qui travaillent pour le temps so~t s ~­
bilisés dans l'espace ; les nomades qui errent dans l'espa~ ~ expn-
ment par des arts qui se développent dans le temps :. poes~e,
sique ; celui dont le sacrifice est béni meurt, l'autre vit mais 1• e~1
.fm;
maudit. L'échange des produits (15), des symboles et des P?11~ i
pcs ont permis la survie du monde par un rétablissement artificie
mais légitime de l'équilibre. .
Avec la « signification de la métallurgie », objet du chapitre su1i-
. I · tout comme a
vant, on touche au processus de la phase f ma e ' ,. t vec
pierre s'est substituée au bois, le métal envahit ,tout.~,tr.am-~~ e~ au
lui les influences maléfiques attachées aux planetes 1. e~e:gneuse­
feu. souterrain. Les civilisations traditionnelles di~vruen affectés aux
men t 1im1 . · t e' son empl01· par la presence
, d e « ocrar ensf » ron Cet en-
trés?rs cachés et par tous les tabous entourant le e ~~Jdifi~ation e~t
v~h1sse;ncnt montre que la phase de la ~lus ~an? ·eur vont pouv01r
depassee et les forces subtiles du psychisme infen
s'attaquer au « matérialisme endurci » (16). . V) figurent
« L~s Fissures de la grande Muraille » (cbaptoe ;(Magog vo~t
symboliquement les failles par où les bordes de , g clos du mate-
, · ·
s~ I?rcc1p1ter dans ce qui avait voulu etre ,
" le systerne à la fermeture du
nahsme ; l'ouverture par « le bas » succède G0 et de Magog
« haut » aux influences spirituelles. L~s noms de d, i~ner des « ré..
se ret.rouv?.nt dans diverses traditions, ils peuve~id~s psychiques >>
servoirs d mfluences psychiques » ou « des r ., (17).
· ,
1aisscs par des êtres humains ou des soci e
·ét, s ent1eres
• 1 • é des cadavres
D e~ centres initiatiques éteints peuve~ t avoir russ L'Erreur Sptr! e
· 't
psychiques utilisables à des fins bien différentes. errantes » chere
avai"t d''' eJa d'eveloppe, la question
· d es « 1"nfluences actualtte ·, et 1·1 en-
à Matgioi ; la question n'avait rien perdu de ,sontax'ilienne avec la
· , · tres , 1 h,
tretmt, depuis Le Caire c '
une polen11quentinue
. ac compagne a t eo-
lH • •
RISS
. · · · . Une expérience personnelle et _co ){XVII à XL qm ternu-
ne de l'ac,tion du mal, objet des chapitres
nent le Regne de la quantité... . . tent exactement,
q uoi cons1s .
« On pourra mieux comprendre en . ntitraditionnelle qm a
d'une façon générale les étapes de l'action a nJe tel · mais, avant
, . blement « fait '» le monde 1110 der ne com action effective
venta ' sup-
·1 f b'
t ou t , t aut 1en se rendre compte q ' , 11e toute c
eut pas plus qu, une
posant n.écessairement des agents, celle-la ne eep et' « fortuite » et
aut re, etre,. . une sorte de producuon· spontan. humain elle doit for- '
que, s'exerçant spécialement dans le doroaine '
191
cément
acf impliq uer l'"mtervent1on · d'agents humains. Le f ait
· que cette
où i~l~ c~ncorde a":ec les ~aractères propres de la période ~ycliqu.e
ré . e s e.st _Prodmte exphque qu'elle ait été possible et quelle rut
lis~~s~tm~.1 s 1~ ne suffit pas à expliquer la façon dont elle a été réa-
parv . n ~digue pas les moyens qui ont été mis en œuvre pour y
que emr., u r~ste, il suffit, pour s'en convaincre, de réfléchir quel-
orga~eu / ceci : . I~s influences spirituelles elles-mêmes, dans toute
tres h sa 1 ~n tradi_honnelle, agissent toujours par l'intermédiaire d'ê-
bien q~mai~f' qui sont les représentants autorisés de la Tradition,
ce . à pel cef e-ci s~it réellement « supra humaine » dans son essen-
' e us· orte nus on d 01t-1
trent · ·1 en etre
" de même dans un cas ou' n ' en-
plus 1·nf~ !eu que des influences psychiques et même de l'ordre le
par ra eneur,' c' es t-a-
' d"ire tout le contraire d'un
' · transcendant
pouvoir
trefaçt! 0~ rt a .notre m~nde, sans compter que le caractère de « con-
nous !> qui se marufeste partout dans ce domaine, et sur lequel
aurons
en soit . . encor
, e a' revemr, · encore plus rigoureusen1ent qu-i··1
· exige
qu'ell amsi.,. Dautre part, comme l'initiation, sous quelque forme
d'une et sedp;esente, est ce qui incarne véritablement l' « esprit »
états ra itwn, et aussi ce qui permet la réalisation effective des
poser~ sura-h~mains », il est évident que c'est à elle que doit s'op-
POsitio e Pus directement (dans la mesure toutefois où une telle o~­
re, Paru test concevable) ce dont il s'agit ici, et qui tend au contrru-
humain n~us le~ moyens, à entraîner les hommes ve:s l' cc ~nfra:
convient Î au~si le terme de cc contre-initiation )) est-11 celm qui
ensemble e ~ieux pour désigner ce à quoi se rattachent, dans leur
re, il y a e: ~es degrés divers (car, comme dans l'initiation enco-
s'accomprt f,rcc?1ent des degrés), les agents humains par lesquels
dénom· 1• action antitraditionnelle ; et ce n'est pas là une simple
dérne :nation conventionnelle employée pour parler plus commo-
sion n .de ce qui n'a vraiment aucun nom, mais bien une cxpres-
très q~i. correspond aussi exactement que possible à des réalités
Prec1ses ».
m Dan~ ,un premier temps, cette action a tendu à la déviation des
~ltah~cs qui a permis Je matérialisme, le deuxième temps est de
;.u versmn ou contre-façon parodique de l'ordre traditionnel que
?~constate bien souvent dans le caractère artificiellement ordon-
ne es créations du monde moderne :
« Mais, en même temps, cet esprit de négation est aussi. et en
d~el9ue sorte par nécessité, l'esprit de mensonge ; il revêt tous les
egu1sements, et souvent les plus inattendus, pour ne pas être re-
co~nu pour ce qu'il est, pour se faire même passer pour tout le con-
!r~ire, et c'est justement en cela qu'apparaît Ja contrefaçon ; c·est
~~ l'occasion de rappeler qu'~n dit que « Satan ~st le singe de
ieu », et aussi qu'il « se transfigure en ange de Ium1ere ». Au fond,
192
cela re .... ·
vient ,
sant de Illa a·, dire qu'i·l un1te . . '
quoi il v n1cre à le fai a. sa façon, en l'altérant et en le faus-
ne les a eut s'opposer .c r.e ~0 ~Jours servir à ses fins, cela même à
principePParences d'un ·f amsl, il fera en sorte que le désordre pren-
L sous l'affirmatioau~ ordre, il dissimulera la négation de tout
11
riste es Psctzdo-r·t e faux principes, et ainsi de suite. »
s et le 1 es laïques . .
que grotcs Pseudo-repos. d i';t c1v19ues, la pseudo-nature des natu-
~es synibo~l~c d.es simulac~cs ~rgarus.ation des loisirs portent la mar-
amb1va1c es b1en que 1a u v.z:ai. Il en va de même dans l'ordre
P':nt Par ence des symbolessubvers10n soit plus difficile à déceler ;
sciemlllcnt Xemple, étant ~',,.des symboles animaux comme le ser-
~n ParticuJ _les sens maiéfJ?eneraie. La subversion consiste à prendre
~fait trad· 1 ~r le sens mal ~q!-Ie et bénéfique à l'envers, en attribuant
nences d Itionnelles. c·c efique à des organisations initiatiques tout
qu~s dén~ te1!Jps de la est un rappel indirect de ses pr<;pres exp~­
ra~1ons d' pç_a1ent à toutF~ance Anti-!vfaçonnique. Certams cathol1-
W1rth, Pa egJises comme , . out de champ des vitraux ou des déco-
nne cont r exemple etant des symboles maçonniques. Oswald
d ,une lsjrove :se avec • a rappo t ,.
Cl " .
. ,
r e dans : le Symbohsme 11e~met1que
,. ·
8
de la llle « Jésuite » , ann de la Rive à propos d'une Vierge ou
Le ntalité du XlXd ~Hl~ église de Reims. Controverse typique
. . lllot T
d It1onaJis siècle
. radition e . ~.'
produit lrle Inoder st Ju1-memc victime de ce mésusage,_ le tra-
tative ds de la sub ne .comme le néo-spiritualisme étaient bien des
avec la e r estaurat·version 10
et nen. n'est plus dangereux qu ' une t en-
de l'o qt!c1Ie il s' 't .n sans principes · ainsi s'explique la hargne
ait att ~1
son apCczd . ent de e1-I . aque, a, des entreprises
' comme l a D e,ense
sures »Pel systémat· enn, Massis. L'intuitionisme de Bergson, par
tour en fdont on a ique a l'infra-rationnel tend à. élargir les « fis-
cholog· orce de la par]~ précédemment favorisant d'ailleurs le re-
la psy~iuc. On P~s;n~gie qu'il avait prétendue évacuer dans le psy-
tueUe : analyse qui e a un, c!omaine infiniment plus ?a?ge!eux ay~c
est ventabJement une contre-reahsatton spm-
( elle) «
rendant ne Peut av .
de l'êtr clairement c oir :pour effet que d'amener à la surface, en le
cient e qui forn1 onsc1ent, tout le contenu de ces « bas-fonds »
pothè » '· cet être d' ent . cc qu ' on appelle proprement 1e. « su bcons-
ment ~e, Puis9ue,' s'if 1 1Ieu~s, .est déjà psyc~iqu~~ent fa~b.1e par hy-
donc <; besoin de r en ~tait autrement, Il n eprouveia1t aucune-
il ris d autant 1110 . ecounr à un traitement de cette sorte ; il est
ténébq·ue fort de s~~b ~ap~bie de résister à cette « subversion » et
maig//euses irnprude ter irrémédiablement dans ce chaos de fo;ces
e tout à y écha;m~n~ déchaînées ; si c~pendant il parvient
pei, Il en gardera du moms, pendant toute sa

193
vie, une empreinte qui sera en lui comme une « souillure » ineffa-
çable. » (18)
in.~a ?émarcbe n'a rien de commun avec « la descente aux Enfers>
itiattque, elle s'apparente plutôt à ]a « chute dans le bourbier »
G.u:in~ le postulant se laisse dominer et stibmer(Ter par les possibi-
1 1tes
h i nf'eneures.
· Un autre élément d'importance~ apparente la psy-
cq anda~yse .à une contre-initiation la nécessité pour celui qui la prati-
ue avoir été psychanalysé lui~même :
cell« cette . transm 1ss10n
· · · bien plutôt comparabl e, en rea
serait ' I't'
I e, a '
m" e qm se pratique dans un domaine comme celui de la magie, et
fo~~~bpius précisémei;t de la sorcellerie. Il y a d'ailleurs un po~nt
si . scur, en ce qm concerne l'orio-lne même de cette transnns-
qu' on · comme 1·1 est . ev1 .. 'd emment impossible
· b'
de donner a' d' au tre s ce
na] on ne possède pas soi-même et comme l'invention de la psycha-
n lyse est. d'ailleurs chose tout~ récente d'où les premiers psycha-
d'a ystes
. tt ennent-1·1 s les « pouvmrs · » qu'ils
' commumqucn· t a' 1eues·
t~~~1 ~~s, et par qui eux-mêmes ont-ils bien pu être « psychan~lysés »
abord ? Cette question qu'il n'est cependant que logique de
Po ser du m ·
est ' oms. pour qmconque· ' est capable d'un peu d e re'fl ex1on,·
soit P.roba?Iement fort indiscrète et il est plus que douteux qu'il Y
n'en Jamais donné une réponse 'satisfais~nte . mais, à vrai dire, il
psychlest pas b esom . pour reconnaître, dans une ' t~l 1e transm1ss1on
. .
Procb que, une autre « marque » véritablement simstre par les rap-
côt' auxquels eJie donne lieu : la psychana1yse presen
par ceements ' t e,
creme t e, u~e ressemblance plutôt terrifiante avec certains « sa-
n s du diable » ...
sch~a volo?té de faire rentrer toute la procession du mal dans un
en ~ma umque entraîne certainement Guénon un peu_ loin, c'est bien
vo· omme du XIX" siècle qu'H conçoit la transmission des « pou-
so~f~t ~ du psychanalyste ; il aurait aimé en rapporter l'o_rigine à des
es comme la H.B. of L. ou à quelque Tcder ou Bncaud.
Il rappellera le vers de Virgile cité par Freud : « Flectere si ne-
nequco
. ·st1peros A chcronta movebo » ( 19) mais la notmn . u.,.mcons-
~~~~t copectif de Jung lui paraissait encore plus dangereuse. En ef-
l 'f e developpement des forces psychiques n'est pas une chose m~­
r~t igue par elle-1~êTI?e mais i:ar la confusion du psych}q_u~ et ..du sp1-
l ueI. que ces theones entrainent ; le monde intcrmed1aire etant le
P us Instable (20).
lis Bien des produits d~ _désordre i:noderne, comme l_e néo-spi.ritua-
mc, ne sont pas malefiques par intention et en pleme conscience,
pseudo-initiations, ils· constituent néanmoins un terrain favorable
pour des actions bien différentes :
« On peut remarquer que la « Contre-initiation » s'applique à

194
initiatiques '>,
. tions « pseud<; s et même le
int~od~ire ses agents dans les orgarusa bres ordinaire 't as moins
qu'ils lllspirent ainsi à l'insu de leurs mem ·s qui ne son pnt . mais
1 ' Herne
p us souvent de leurs chefs apparen ts '. mai il ervent ree f çon' sem-
• • ' , 01 s s • de a
mconsc1ents que les autres de ce a qu . duit aussi lus ex-
il convient de dire que, en fait, elle les in~~~ mouvements ~t même,
blable, partout où elle le peut, dans to~s. s ou autres~ tions au-
térieurs du monde contemporain, pohuaue s des organ~sa dition-
comr:ie nous le disions plus haut~. j?sque a~is où l'espntdtrarésister
thentiquement initiatiques ou religie;ises, rn ore capables e
nel est trop affaibli pour qu'elles sment enc . t bien
à cette pénétration insidieuse. » (21) uages puissanttsd:s rat-
Les . , , pseu d o-1n1tia
. . . t"1ques sont des ro
soc1etcs es tra d·u· I
ons e) L'usage
regl'es par d'autres pour fa b nquer.
' · de fauss . aginaires . (22
d s. d'action,
tachements inventés à des ésoténs?1es ~sur ces mo etrouve des
moderne des prophéties renseigne utilemen drionnels, on e la pro-
~23) à ~ôté œéléments authenti_que~ent ,t~~é~éroef1:t co~~~que de Ia
mterpretations erronées ou onentees d~ destin P
h, · tee au ·
p etie de la Grande Pyramide rappor . la dans }'om-
Grande-Bretagnc. u1· travail dans une
A la fin du cycle, la « contre-tra d itIO. . · n »dra q apparente
bre à l ''ct·r· . "'te' dev1en . t'
e 1 icatton de cette soc1e , s rit : , n tel potn
vaste construction parodiant celle de 1 e Pail r J·usqu à u peut être
« Ce qui permet que les choses p_msse · nt t bien e le d" . ire, ne e distingue-
c'est que la « contre-initiation », il fau ·ne qui ne se et simple,
· ·1 ee' a' une invention purement huroa 1 ' · purffectivenie nt. '
ass1m1 d initiation
rait en rien, par sa nature, de la « pseu o- r }'être e t à son on-
à la vérité elle est bien plus que cela,. et, bçon, et q~j se rattache
011

il faut nécessairement que d'une certain~ ue à Jaque eui manifeste


gine même, elle procède de la source uruqnt tout. ce lqle en procèd~
tou t e 1n1t1at1on
· · · . et aussi· plus gen , . e' raleme . .... ' · JUcu
...,,s e e..,..,ent » qui
dans le monde ' un élément , non ~< h u main ,, ce,, «' renv ersdégénéresce~-
111

par Une déo-énéresccnce allant JUSqU ad.t Une teJlell d'une tradt-
.
constitue le o « satanisme » proprem ent f iode .
que ce e même tron-
ce est évidemment beaucoup plus pro . e 1nesure,r?~uelque
0 1
chose
tion simplement déviée dans une cert~l ny a même a ent mortes et
quee , e t re'd mte . a' sa partie. .m f,er "1eureilitïons
.1 vefl/ •table111 .. u· on »
tre-imtia
de plus que dans le cas de ces tra. dont la «. co~'linsi que nous
entièrement abandonnées par l'~spnt, à ses fins ~ que cette dé-
elle-même peut utiliser les « resi?us ~ent à penser le passé ; et,
l'avons expliqué. Cela conduit logiqueiplus loin dans eut admettre
généresccnce doit remonter bea.ucoJes origines, on fsion de quel-
si obscure que soit cette questmn che à la perv; l' n ou l'autre
con1mc vraisemblable qu'elle se ratta t appartenu u
qu'une des anciennes civilisations ayan
195
des contine t d' .
au cours dunps " 1sparus dans les cataclysmes qui se sont prodmts
de d' M
resent anvantara. En tout cas il est a peme esom . . · b ·
ire que q
.. '. . ue espnt s est retire on ne peut plus aucunement
dès l' · ' · / '
Pa r1er d ,irutiat f · ' · ··
ti 0 n » sont a ion· ; en ait, les représentants de la « contre-m1tia-
·
d ·
Ple s profanes ' uss1 totalement et plus irrémédiablement que e Sllll-
· , " · ,,
<l'o d .. , ignorants de l essentiel c'est-à-dire de toute vente
les rplr;:s ~f[Ituel _et métaphysique, qui, jusque dans ses . . princip~s
que « 1e ciel . menta1res, leur est devenue absolument étrangere depms
aux. "t t a ét"c f erme" » pour eux. Ne pouvant con d uire · 1es etres
"
m1'tere a s « supra-humains » comme l'initiation ni d'ailleurs de li-
au seul d · . ' .. · ,,
vitabl omame humam, la « contre-initiation » les mene me-
em:nt vers « l'infra-humain ». (24)
conLa . .thes~ selon laquelle les démons sont d'anciens dieux déchus
nait au10. urd'h u1· encore une grande vogue ; leur act10n ·
q ue provo-
' . nous
. dit G " 1 ,, 1· ·
uenon, a rea isat10 n à rebours la v01e I eneure · 'nf" · du
mag lCien qui mene' 'a 1a dissolution
· . '
sans retour :
« c '
ment e re~e de la « contre-tradition » est en effet, très exacte-
ci, q~~e qui. e~t désigné comme le « règne de l'Antéchrist » : celui:
conce que idee qu'on s'en fasse d'ailleurs est en tout cas ce qui
les p ntrera . et synt h et1sera
,, . en soi, pour cette ' œuvre f'ma Ie, tou te s
un in~~s~nces de la « contre-initiation », qu'on le conçoive coilllne
tain s ividu ou comme une collectivité · ce peut même, en un cer-
lectivi·t" ens' êt.re a' 1a fois · l'un et l'autre car ' il devra y avmr · une co1-
e qui
« contre ... s~ra comme l' « extériorisation » de l'orgamsauon ' · ·
S·Ï un pe-Initiatique » elle-même apparaissant enfin au jour, et aus-
pressio rsonnage 1
q u1,. p 1ace,, a, la tete de cette collcctiv1te, sera l' e x-
A • • ,,

qu'elle ~e a plus complète et comme l' « incarnation » même de ce


tes le . prescntera, ne serait-cc qu'à titre de « support » de tou-
mêm: ~riuences n:aléfiques que, après les avoir concentrées en !ui-
1
Post ' devra pro3etcr sur le monde. Ce sera évidemment un « un-
bitu ~~r » (c'est le sens du mot dajjâl par lequel on le désigne ba-
que ~ ement en arabe), puisque son règne ne sera pas autre chose
« a ~< grande parodie » par excellence, l'imitation calicaturalc et
m:·atan1que » de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel ?
1
S eraa ~ pourtant il sera fait de telJe sorte si l'on peut dire, qu'il lui
"· '
cert Ventablement impossible de ne pas jouer ce rôle. Cc ne sera
1' b es plus le « règne de la quantité », qui n'était en somme que
lea Ot~t1sseme:it de l' « antitradition » ; ce sera au contraire, sous
,,. Pretexte d'une fausse « restauration spirituelle » une sorte de
re~ntroduction de la qualité en toutes choses, mais d'une qualité
Pn~c au rebours de sa valeur légitime et normale ; après « l'égali-
ta:isme » de nos jours, il y aura de nouveau une hiérarchie affir-
mee visiblement, mais une hiérarchie inversée, c'est-à-dire propre-
ment une « contre-hiérarchie », dont le sommet sera occupé par
196
l'être
"Il yqu·
a I, en a b",.1mes ' inferna
m eme de s « realité t ouc h era d e plus près que tout autre au fond

~nse ci~li-pré_dit J~~ente affirmati~ns,


malgré
e_roulemel'trente ans q ap uxignes
ravagance ». (25)
ont été écrites, on doit constater,
d' ext ue ces r
de par de certaines que le
artificiel dentatives de rest ~e~uis
ai;is ses te isation ouvert enon ne manquait pas de ngueur ; la
si longtemps laisse voir en effet
Cependa notre temps. amation d'un monde vivable le caractère

d parab
la
ment d' ou l'ontéva
'oie ~agit
il ngehque
ne , , . oùpas. d'u n ventable
, . pessun1smc
. . comme dans

p~yehiques
u iable croit que to 11 apparaît que tout sera sauvé au mo-

~e, conc~ ~ortant


»11 l'aveugle et ut est perdu ; en définitive, Ja « sottise

ietant dans ; t par son a~[.que ~e.


1a' ma cette construction faite de « résidus »
,mécanique et grotesque son ori-
L'act· 1 es
1 « ténèbr. ion a la réalisation du plan divin en re-
ement dion d e la es exte' neures
. » ce qui. d01t
. y etre
" rciete.
. ,.
emcnt l'A yc c et la f'~
ltbl<; pour u cge ld'orcontre-tr d"1t10n
. est en effet nécessaire au dérou-
s'~nvant.
v01r » po es profanes
du Isn .d un monde qu'elle annonce précède exac-
Toutefois une barrière infrancl1issa-

seul u~
ne 1ce po1 tetourncr
·. 1inte
t'a
rpose entre Jes deux cycles. Il faut « sa-

ne peut ~~mt <le vu~ ion ~c l'âge d'or futur.


'f" un ur l'instaur-
En uanspos~nt,
« descente maléfique » et en tirer un bé-
(26)
partient re que bén'l'arl!el peut être maléfique ; Je sens géneral
qu'elle ecxcl usivem e i9uc. Plus profondément : « l'opposition ap·
p_as ne pst d epasséc
· cnt. a t • i· · " d'es
111 certain domaine relatif et 1011tc ;
st , on v as e"t re, ni , "tI 1 y a simplement
. ce qui est et qtll
. ne peu t
peut dir.eut .,1 11 er J.t e re atl t re que ce qu'il est . et' c ' est ainsi . . que,
et 1ne pee en. toute r·· isqu"d 1a realité
, de l'ordre le, plus profon d. on
Cett ut Ja mais êt1gueur que la « fin d'un inonde » n,est 1a111a1s · ·

donne~
gique e :xplicati rc autre chose que la fin d'une illusion. :> (27)
qui c s t
e DQJzt on totale d e 1··Iustoire
· permet une reconstttut1on
· · 1o-
tres init' e .s' ctaient
,, e, par s urcr01t " : le Roi dll Mofl de et l'Esotensme ' ·
d es éta iatiq nes et s dttaché s a, montrer !'action regu , 1 · atr1ce d cen-
es

p~;b1~~1ation.
ouvoi pes .d e la d,es .ouvra< ges. d e cr111que
·· avaient
· esqu1ss· é 1es gran-
détu<le :u:emporel C'est dans : Autorité spirituelle el
p
velop é Saint Bern ic en 1929 chez J. Vrin et dans une courte
la fre;' e cette phi! ard _(Publica, Paris 1929) que !'on trouve dé-
méthodquc:: historiquosophie de l'histoire d'un genre particulier. Que

~}non~re
matièree dm porte pee ait ét'e constituée · avant la mise
· at1 point · de la
usagé ; 'h' 1 istoire : ui et
symboliqmesurc sa po1·t
vient jan u"'. autour . ; ce
ecup~re la façon dont Gu.en

~-e~aphysique
, on procède en
un thème occuit1ste parfois bien
et édifie une construction
mis. (28) ' a venfication par la critique historique ne

197
unParfois un doute ou une désillusion peuvent percer comme dans
plu compte-rendu ?'une réédition de Saint-Yves d' Alveydre, mais le
tro s souvent l'affirmation prétend se passer de justification. On
Sa~ye couramm~nt des phrases isolées comme : les Nestoriens et les
c 29 0~~~nt servi d: couverture à I'Agartha et au Roi du Monde ;
ponda t est de meme pour les Templiers. Certains de ses corres-
les pre: s le~ plus réguliers lui demandèrent s'il pouvait apporter
pondit ves e cette assertion lourde de conséquences ; Guénon ré-
L' que_ ~on, cela faisait partie des choses qu'il savait.
te da~~positi~n. entre les deux façons de voir l'histoire est très net-
vreté d' son amt Bernard. Partial peu convaincant et d'une pau-
porte ~rgun;ent~ rare pour N.M. Denis-Boulet comme pour n'im-
du Te q el historien, il nous montre dans le fondateur de l'Ordre
chréf mple un personnage assez différent de l'idéal de la sainteté
s'e:xe~~nne. Son Saint Bernard est un modèle d'action ésotérique
de mo~nt dans une société normalement constituée ; par sa milice
JérusaI~es-~old~ts. chargés de maintenir le contact avec l'Orient à
l'Occide~' il reahsait en fait l'idéal de la tradition particulière de
U n par l'équilibre entre la méditation et l'action.
plus Ju;t~:~t de vu~ ~o;np~~able, prêtant le flan~ a1;1~ critiques les
voir T ces, a pres1de à l elaboration d' A utorite spzntuelle et Poll-
emporel
D' .
défe~~ ~~an_t-p~opos Guénon expose sont but mét~physiqu~ et se
tances : VOU' tire une leçon des faits et une doctrine des clfcons-

rer «à Nous
I'ac n'a. ~ 0?s pas 1' habitude,
· dans nos travaux, de nous re'f'e-
vue tuahtc immédiate, car ce que nous avons constamment en
pcr' ce sont les principes qui sont, pourrait-on dire, d'une actualité
sortmanente, parce qu'ils sont en dehors du temps ; et, même si nous
ta· ons du domaine de Ja métaphysique pure pour envisager cer-
a~n~s applications, nous le faisons toujours de telle façon que ces
P ications conservent une portée tout à fait générale. »
pl <;es P:écisions n'étaient pas inutiles car elles intervenaient en
co~~e cnse entre l'Action ,trançaise et la Papauté. qui ~c.n~i~ de la
tr La,mner. Rappelons quelle provoqua une bromlle defuut1ve en-
ell e?n Daudet et l'auteur d'Autorité spirituelle...
a3outait un peu plus loin :
, « Ce qui nous a frappé surtout dans les discussions dont il s'agit,
c ,est que, ni d'un côté ni d~ l'autre, on n'a paru se pr~occuper. t<?ut
d abord de situer les qucst10ns sur leur véritable terram, de d1sttn-
gu.er .d'une façon précise entre l'essentiel et l'accidentel, entre le~
P~-inc1pes nécessaires et les circonstances contingentes ; et, à vrai
dire, cela n'a pas été pour nous surprendre. »

198
ouvelle annonce
, . 'aill par une n la restaura-
L avant-propos se termme d eurs "t éviter sans t btenir
d:es catastrophes que l'Occident ne saurai : « on ne peu 0
non de l'esprit traditionne} ~n de~ors duqu:t1 illusoires. »
que des résultats tout exteneurs, mstables
La reconstitution commence au chapitre 1 : mêrne en rem 0 ?-
« ~ des époques fort diverses d e l'b"
15 d'~ppeler les.1emps
toire et h1s-
, l'aide
tant bien au-delà de ce qu'on est convenu "ble de le faire a .. ns
toriques, dans la mesure où il nous est p~ss1 rnissent les .tradid~one
des témoignages concordants que nous ouuvons les indtc~s l~un
or~es ou écrites de tous les peuples; nous trode deux pouvo~~nnes
fr~q.uente opposition entre les representantfent d'ailleurs lesirs pour
sp1ntuel et l'autre temporel, quelles que sdo es deux pouvo t se-
specia ,. . l es qu'aient revêtues l'un et l' au tre e cIon les e'poques e
s~adapter à la diversité des circonstances, se sé dans
lon les pays ». ·ncipe exp_o , ._
D es readaptations
,. ·
successives 1llustren. e et de l' ~ction
t le· pn il a eqm
fallu
la doctrine d'éloignement progressif du pnncip arriver la "té soit
librante des forces traditionnelles ; po%°fe~s que I'hUll1~~1étaient
d'. ~.près
. l'enseignement de toute.s les .tra .f:e.s deux pou~I~ émanent
deJa assez loin de la tradition primordiale. n un dont 1 une aux
a' l' ong1ne
· · · ·pe comriIUitive
confondus dans le pnnc1
1 coIIlIIlossibilites
,
comme l'indique l'existence d'une caste P ndant aux P.te · leur
Indes : l-Iamsa. Les quatre castes _ca,rre:gi~es par la 5 ~,h;triyâs
des natures individuelles se sont differe manes et les
hiérarchie est l'évidence même et les Bra11 ' la tra-
agirent d'abord dans l'harmonie : atre âges, quequi cor-
« c ,est seulement dans le dermer · de ces,.. que 50 m b re » ' et
subversion .
dition hindoue appelle le Kali-Yuga o~ « agment. que 1~ le pouvoir
rcspond à ,}'époque oil nous sommes presentctout d'abor nJières ma-
de l'ordre normal a pu se produire. e.t que: mais Jes P:~é des Brâh-
t~mpor~l a pu l'emporter sur le sp1_~ 1 1;1~ 1c~ntre J'auton ue le début
mfestat1ons de la révolte des Kshatny~b •P plus haut q e que con-
manes peuvent cependant remon t er beaucottérieur à tout .. c des d eux
de cet âge, début qui est lui-même fort a~ettc opP 0 ~~ti 011était repré-
naît l'?istoire ordinaire ou « profan~ »·tants respec\~ 5 ' et de l'ours,
pou":01rs, cette rivalité de leu!·s repœ~~utte du ~ang 1:~ache à l'une
sentce chez les Celtes sous la figure de , nne qtn se r ,.. ne à la pre-
suivant un symbole d'origine hyperboreenité' sinon mei( 0)
des plus anciennes traditions de l'~?maprii~ordiale »· 3 ,
mière de toutes à la véritable traditwn brétienne a marque 1es
Encore une r'ois le VI° siècle avant l'ère c
ruptures importantes. chapitre Il, ont connu
Presque tous les peuples, nous dit-on au
199
cette opposifion qm. est une nécessité cyclique · à la querelle du
Sacerd
Indes â~ et de l'En:pire correspondent au Tibet, en Chine et aux
s processus identiques.
après avoir voy
« Nous ,. , 0 ns 1es guerriers, détenteurs du po~v.01r • tempor~,I
volter c t ete tout d'abord soumis à l'autorité sp1ntuelle, se re-
rieure on re . .elle, se déclarer indépendants de toute puissance supé-
avaient p meme ch erc h er à se subordonner cette auton· t'e d ont ils
' ou
faire un ·ourtant
t ' a' l' ongme,
· · reconnu tenir leur pouv01r, · et a, en
En f .ms. rument au service de leur propre domination. » (31)
des moy ait, il n'y, a. pas d eux pouvoirs mais un seul s ' a ff"1rmant par
rieur : (ens) extene urs et, une autorité spirituelle agts~an · t d e. l'"m t'e-
gouver 32 La Royaute et le Sacerdoce. Au premier revient le
1isées pnement ' l'ad m1mstrat1on,
· · · la justice et la force armee' symb o-
doctrinea~ra~· ?alance et l'épée ; au second la transmissi??- de la
1
hiérarch· Itlonnelle. Il communique la connaissance trad1ttonnelle
sacerdotiÎuement selon les capacités de chacun (33). L'initiation
le aux p\~ correspondait aux Grands Mystères et l'initiation roya-
servé d c its ; l'Art sacerdotal et l'Art royal dont le nom s'est con-
Le prema?s la Franc-Maçonnerie définissent Jeurs modes d'action.
1er a ent1erement
., disparu' :
des« cathéd
cependa n' t e1le convenait évidemment à l'art des constructeurs
tructeurs drales du Moyen-Age, au même titre qu'à celui. des co~s­
une confu 7 temples de l'antiquité ; mais il dut se prodmre ensmte
tielle de sion des deux domaines due à une perte au moins par-
1
temporel sa trad·Iti~~' · conséquence' elle-même des empiètements du
de J' « art ur 1e spmtuel ; et c'est ainsi que se perdit jusqu'au nom
ce, qui ma/acerdotal », sans doute vers l'époque de la Rcnaiss~n­
dc Ja ru tu que en effet, s~us tous les rapports, la cons.onunat10_n
tionnell P re du monde occidental avec ses propres doctrmcs trad1-
es. » (34)
cleDes·
. md"ices de rupture étaient visibles dès le milieu du XV siè-
0

redt ~~" 1459 _les confréries furent réorganisées et les églises cessè-
etre onentécs régulièrement.
sa~a question peut être ramenée à celle des rapports de la connai~­
den~e et de l'~ction, ?bjet du chapit~e III ; doma~ne~ ;iue I'?cc!-
lés s~ct~el _Pretend separer alors qu'ils n'ont jamais ete aussi me:
n · 1 1action suppose en effet certaines connaissances, celles-et
d ~ .sont que le reflet de la Connaissance suprême et c'est le droit
lVJn nic'd",
ieval ou le mandat du ciel extrême-oriental :
.« !oute action qui ne procède pas de la connaissance manque de
Pn.ncipe et n'est plus qu'une vaine agitation : de même, tout pou-
vo!r. temporel qui méconnait sa subordination vis-à-vis de ]'autorité
spintuelle est pareilJement vain et illusoire ; séparé de son principe,

200
il ne
La :pourra
ment ap sa s ,exercer
, perte ». (3S)que d' une façon désordonnée et ira fatale-·

révolut~~ (le~ ~i~e


fi
s1on par
_gure, rete
et Gnt~on
.
ucnon y revie
des t iyas
Kshatr· " a. . détenir un pouvoir spirituel pré·
la.
tmrement
L"uni·
1
l'~
bourgeois
_fr_ançaise . la
ictcrodoxie'
~icyas
nouvelle fois, Jeur propre déposses-
hindous), coUlllle on ra vu dans
revolte des Kshatriyâs provoque obliga-

1~on~tres~JtucJcaract~~emier. L'auto'~it
. on l ·
d"o 11sée
bsp. . est1armon·
par 1e S phinx r d eux pouvoirs (chapitre IV) est sym-
ieuseaudes
iaire du « pontifical • epos. L'origine est au ciel mais seul le
)e te.mporel doit passer par 1'.intenné-
ouv. e brahmani e? rehg1euse conserve-t-elle auiourd'hui
gh se catho ?ges sur \a .;ue : Question difficile qui renvoie à ses
ce le qui 1 ique. De t onstltution d'une élite à !'intérieur de l'E-

spiritu~;f en~e~~
me l'a 1 remplit so . çon a réponse de Guenon est nette :
com1 en oute fa 1 ,,
. Cette :itorité 1 la fonction doit être considérée
t1on fra nçais
ossumus Prisee de
qm.p avait
os1t1on e ait
. . .•ét lcg1t1me.
. ev1demment
• . . .
inadm1ss1ble pour 1,Ac-
Sk »· 1
epondu à sa condamnaûon par un « non
P
,, anda le de seigneur
Gane"
· 1 de la guerre a pour fonction de proteger • la
« c ion'
méditat· s 1a (ch ap1tre
. V),
' le Seigneur de la conna1ssan-
·
ce :

M
11 y ai·
presséme
oyen-A ge occident
ieu de ~oter
que Ja même chose était enseignée au
à la contnt que tout ; en effet, saint Thomas d'Aquin déclare ex-
les cons1· deémplation ces les fonctions humaines sont subordonnées
m. conte re r comme
~li« de sorte que, à
onune
ï ';-1 une fm. supéneure
.
la vie c1·v·m1 plent la v. ! faut, toutes semblent service de ceux
qn essair 1 eà a, au fond
Le e · la contem' f 0 ~1 r
enté », et que le gouvernement tout entter · de
véritable raison d'être d'assurer la paix

~
éc 36
,sacre d . P atton ... » ( )
sance . Pape di
h~J?osait
.01 le pouvoir de to11cher les écrouelles ; de

t~rarehique
son coté 1 ordre
complé.
onnrut au R .de celui de délier les sujets de Jeur obéis-

C
1
façon m_entaire de
~isparut
naturel était respecté. L'aspect
ceci r!'rec!se l'idée <leurs missions l'a emporté lorsque
nvo1e directe 11 pouvoir supérieur dont ils étaient issus 'i:'out
de

brah~an·~que,
th' hapitre VI ment au Roi du Monde.
L'histo"ire du Bouddhisme il111stre à merveille
ese · né de la : révolt · cette

aïnis~ Kshatriy~utlt
1:.f~uvmr~on
légitime elle ab e <! 11 Kshatriyâ Shakya-Muni contre l'autorité
inférieur .es .à tour à la dépossession du pouvoir
le J prennent pnves. de Jeur soutien spirituel ; les castes
e puis avec avec Chandragupta s'appuyant sur
osha sur le Bouddhisme. Pouvoir fragile
201
et éphém~re dont il ne reste rien pas même le Bouddhisme qui dis-
parut z:ap1d~~ent des Indes don't la véritable unité n'est ni natio-
n~ ed'~ politique mais traditionnelle. La centralisation tempor~He
es ~illeurs un signe de décadence spirituelle :
~ c est .ce qui· a li eu, notamment en Europe avec la constitution
· ·
des ~ natio art, ' ,. d l .
est · 11 , n I es » : et c'est pourquoi la forme « feo a e », qui
leurcef e o~ les Kshatriyâs peuvent exercer le plus complètement
s onctions no J • ... t
venir le mi ~ma es! es~ en ~nême temps ~e~l~ q?1 parai . ~on-
nelle s. ~ eux à l orgamsation rcgulière des civilisations trad1tto1 -

bleCette
t G recon
,. st•t · · ·
1 ution histonque est évidemment
b"ien contesta
vie. e uenon reviendra là-dessus dans la dernière partie de sa

Chapitre
rope : VII ·· « 1a revo
,. 1te des Kshatriyfts » se retrouve en E u-

de;< à .Pa:tir de Philippe le Bel, qui doit être considéré comme un


moct~nncipaux auteurs de la déviation caractéristique de l'époque
dépen~e, la royauté travailla presque constamment à se rendre in-
par u a~te d~ l'autorité spirituelle tout en conservant cependant1
originelle . 1·11 og1sme,
n singulier · l a marque
' extérieure d e sa d epen
,. d an ce
« légiste' Plllsgue, le sacre des rois ... n'était paJ autre chose. Les
tes » d sl » de Philippe le Bel sont déjà bien avant les « humanis-
actuel .e a Renaissance, les véritables précurseurs du « laïcisme »
cle u;. et c'est à cette époque, c'est-à-dire au début du XIV" siè-
de~t~I 11 faut faire remonter en réalité la rupture du monde occi-
avec sa propre tradition. »
cila destruction de !'Ordre du Temple lien entre l'Orient et l'Oc-
La ent :s~ ~ ce titre significative et la suite de l'histoire égalemen!·
c cupid1te que Dante reproche à Philippe le Bel est vice de Vai-
Y~, de bourgeois ; le Roi s'est dégradé par sa révolte. Louis XI,
P.~ 1 s Louis XIV s'entourèrent volontiers de bourgeois qui bénéfi-
cierent de l'effort de centralisation en 1789 :
« Au Moyen-Age, il y avait, pour tout l'Occident, une unité rée~-
1e, fondée sur des bases d'ordre proprement traditionnel, qui étmt
celle ~e la « Chrétienté » ; lorsque furent formées ces unités se-
condaires, d'ordre purement politique, c'est-à-dire temporel et non
plu~ spirituel, que sont les nations, cette grande unité de l'Occident
fl;t Irrémédiablement brisée, et l'existence effective de la « Chrétien-
t; » prit fin. Les nations, qui ne sont que les fragments dispersés ~e
1ancienne « Chrétienté », les fausses unités substituées à rumté
vé:itable par la volonté de domination du pouvoir temporel, ne pou-
v,aient vivre, par les conditions mêmes de leur constitution, qu'en
s opposant les unes aux autres, en luttant sans cesse entre elles sur
202
. .. t multiplicité ~t di-
tous les terra1"ns · l'esprit est unité la matiere es les aotagomsmes
· · ,
vision, et plus on s'éloigne de la sp1ntu te,' . . ali , plus tester que 1es
00
s'accentuent et s'amplifient. Personne ne po~a ~ soumises à une
~erres féodales, étroitement localisées, et d'~eu irituelle, n'étaient
reglementation restrictive émanant de l'autonte. sp t abouti, avec la
rie? en ~omparaison des guerres nationales, qm 0~1 que nous avons
Revolution et l'Empire, aux « nations ann~ 1J~ ments fort peu
vues Prendre de nos jours de nouveaux devel ppe
rassurants pour l'avenir. » (37) arcellisation
Il. en est de même des églises nationales ave~}~tbolicism~ l'a-
continue : « le Protestantisme est par rapport Brâhmamsme,
~alogue de ce que fut le Bouddhisme par ra~port ~itraditionnel. ))
1 un et l'autre ayant le même caractère négatif et tés comme les
Çhapitre VIII : L'Empire couronnait les r~Y:~ laissèrent éga-
RoIS dominaient les féodaux mais les empereur onduit les homm~s
rer par leur puissance L'Empire selon Dante c bilosophes » et .a
au P ara d 1s . Terrestre par la paix et « seIon les
c • •
. P Gu énon y v01t
P apautc,. au Paradis céleste « selon la Re~ ' élationEtats ~. l · les de
J11U tip
une application politique de la hiérarchie des
rEtre. , a retrouvées
.
L e 1ivre . , ti" ons que l on . rsalité du
se termine par des cons1dera 1 de }'untV~ le
dans : Le Règne de la quantilé ... e.t U?- rap~:s rne sac:ee, v~~cu-
symbo1e de la barque et de la nav1gat10n ~ La mission pa
centre du inonde où se trouve la Toison d
.'
1iere d e la barque de Saint Pierre ne peu t etrc
?r· différente.
· de
résentatiO~.
II , ble de sa P ·ntmt10n
1
en est de l'histoire comme de 1 ensero part une art
1a T ra d" ·
.1t1~n, · "bl es ·· r·d'une
deux aspects sont v1s1 stitution,' d'
,. a utreut Péga-'
de la s1gmf~cat!on de. l'événement et de :n énéral _qu il vei l'est.
une reconstitution 1og1que dans un tableat g intuttIOO qu
lcment universel parce que sous-tendu par une d l'Empire u~e rè-
. . .
11 d onne dans ses défm1ttons du Sacer. doce etut eêtre une véntable
gle spirituelle et nous fait découvdr ce que dpees faits. Par ex e!11Pde, 1
, •t· · , · ce
1eg1 1m1te sans se soucier de la contmgen 'Empire est 0 • f rt 1omé · u
la hiérarchie établie entre les royautés e~ blit le pouvoir I"?\' na;
1 1 1
contexte réel dans lequel Charlemagne reta t la période chmsie )a
Quant à la royauté française, même pe!1danorthodoxe dans sa Pus
Guénon comme représentant la Trad!uon jnement indépe?dante.
gr ande pureté elle prétendit tou1· ours etre P1e . < Le Roy tient de
La hase du «' droit politique » français · resta . ~
nulli, fors de Dieu et de lui ». d Saint Denis, symbo-
D'ailleurs, le drapeau rouge, l'oriflamme :iplacé très vite par le
le du pouvoir politique des Capétiens~ !11t re
drapeau blanc, symbole usurpé du sp1ntuel.
203
L'amb· u ,

ditio d' igu!te du recours de Guénon à l'histoire disparaît à la con-


au c~ envisager, s~ lecture à la façon du catalogue des. Vaisseaux
réellesa: !I de l Ihade ; les indications historiques sont souvent
constr ~is l~ nature de la documentation ne permet pas une re-
récapituction ngoureu se e t sc1ent1f1que.
· · · · · I·1 s ' agi"t d' une
1 . . A Ja hm1tc,
au plau aà1_or; rituelle destinée à montrer la conformité du monde
temps ~ ivm, une telle vue ne peut aboutir qu'à l'abolition du
avec ~ese rythme de la phrase guénonienne ne nous y invite-t-il pas?
par des . coupures. perpetue , 11 es, ses insistances ses mISes• au polll• t
affichent · « en . tout e at e cause » ou « dans la mesure ou » qw·
't d ' '
une ngueu r Iogique· ostcntat01·re pour mieux
· Im· cc ' h apper.

(1) Etudes T ..
hauteur ,. radil10n11e/les, rléccmhrc 1949 revue des revues. Le ton de
11
Inonde. qu affectionnait dans ses criti~ucs indisposa beaucoup de
(2) Le Ill .
Par l'inte a~u~c~il fut transmis d'Egypte à Paris pendant les hostilités
lllatique rm •diaire d'un ~ guénonicn » J·ouissant de l'immunité diplo-
(3) p •
(4) V a~es 129 et 130.
Ot/e d'I .
(5) Sag sis, août-septembre 1931, repris in FTCC, p. 51.
(6) Il n~sse, XI, 20.
secondair/ a Pas d'ambiguïté du mol sens pour Guénon, la direction est
0

(?) Sans
tééquilib~a dtoute appliquait-il à lui-mèmc et à son cruvrc cette fonction
(8) Les n. e.
durement 1evaJ~ations consécutives à la guerre clc 1914-1918 l'avaient
en s.ou1igna~{1)e; N.~!-. r;>enis-Roulct a commenté son dépai:t au ~nfre
Séduire. a stahi11tc de la monnaie dans cc pays, qui devait Je
(!J) Elude T ..
00) Vo'1 ~· rad1twnnelles, repris in PTCC, p. 13.
01) Il ~ Homme et son Devenir ... cl le Siimbolisme de la Croi.r.
des sr.ss~ or.ment le chapitre II « les symboles du centre du monde>
02) p V
03) L. aléry: Reuards sur le monde actuel.
se trou e. rapport de Caïn et d'Abel avec l'écoulement cyclique du temps
04) JVa1t d eJa• ·· d ans S aint- y ves d'Alveydre.
d'Abel l~ Phase s'achève d'ailleurs par un retourncn1cnt et la revanche
0 5 ) '.M acc~I~ration du ~emp~ ramène à I'immutahilit_é du point.
écono . · Philippe Lavastrne dit que dans les Indes védiques le dét>0uclié
(1 6) lll!que.: c'est l'autel.
(1 ?) ~hap1.tre XXIV : « Vers .la dissolution >.
OS) I hap1tre XXVII : «Résidus psychiques>.
9 \Q~T, page 226.
(0 ~ Si }C ne peux fléchir les J?ieux supérieurs, j'ébranlerai l'AchéroO·
20
( 2 I) xo1r RG : «Tradition et rnconscicnt », repris in SFSS, p. 63.
( )
22
QST, p. 238.
. 11 a cité en exemple la Grande Loge Blanche et le mouvement
rosicrucien américain.
23
jo ( ) La vogue des prophéties était teJle, avant la guerre, qne certains
ve~~nau-x leur étaient presque ent iêrement consacrés : l'Echo du mer-
1 eux de G. Mery, par exemple. Dans l'Initiation de Papus on annon-

204
~ait régu1.
mterpt'ét l.èremcnt ; les J" •
reçu à 1 at 1 ons n'est . c ich.cs astraux de l'année. L'orientation des
toire a u cour du ·r· s Pas 1.0 UJours due à la contre-initiation ; Papus,
Ssur
( 24) .flQ ·
,,ce · ar où tl •a va1·1 une certaine 1nf
des !lusses · l uence, préd't
1 l a vic-
·
(25) .fl ~ r, p. 25 7 sur les Japonais.
(26) n QST, p. 264°
empoj gn:ns l 'Esotéri.s1nc
(27) IlQ !:-i toison du dé de Dante il a insisté sur le passage où Dante
position Sr, p. 272 mon pour «revoir les étoiles>.
~ Dans l'~t. c~Uc de 's~; lousf avons déjà noté les rapports entre cette
1

ctre qui llttJation <t Ig 1 0 rro csscur de philosophie Albert Lcclêre.


, (~8) « ?\I~ conscience ~ .ê~s Pr~cb.am :i> écrivait : <C'est l'erreur de tout
d ailleurs t.aPhysicicn t ,, re. d1fferent de l'ensemble.>.
et Contest .htstoriopbobc rcsC rigoureux, mais historien sans critique et
affirlllant cc Par M. D ~ 0 ctte phrase de l\f. R. Amadou a été relevée
50
Phie d qu'il avait p.o .. {11an dans les ET mars-avril, mai-juin 1971,
(29) L•:r/'histoirc. se es hases, au contraire d'une véritable philo-
'(30) .l!S •rmation a J , • • •
d article Pr, p. 20 C 1 ro, oqué J'ctonncment de .M. Fr1fbJof Sclrnon.
lionne// s sépa.r-és
1; c thème a fait l'objet d'un assez grand nombre
(31) .1tip Uoflt-;cptr 1 ~~cmpie : ~le sanglier et l'ourse>, Etudes Tradl-
ro
(32) L
·
1:• p. 29. ·
o. ·' d1st l· ncti. on est f .
6 • repris in SFSS, p. 117.
ma1ne .
(33) l ~e 4 S· , auctorjt .
as et a1te d'après le sens donné dans la constitution
n t
es t Une ' <lc~·rdocc • po estas.
(34) A.s~dalité. englobe tout le sacré y compris le religieux qui eo
(35) .l!Spz.' p. 44.
(36) Aspr' P. 52.
(37) ..1Sp7,' p. 77.
' Pp. 114-5-6.

205
Chapitre IX

L'ACHEVEMENT

~ 11 1930
mais . .D,ec· '· Guénon s 'emb
181
condan1n 0n Par cert . arqua pour l'Egypte et n'en revint ja-
cette Vie ~ franchement ~f)s côtés surprenante et que Paul Sérant
Plus trou ,e chrétien r, . : « Nous imaginons ce que put être
sentons Ve là qu'aille efugié en Islam, et n'ayant, semble-t-il pas
cessairence qu'il y a dors les compréhensions de l'entourage. Nous
mais vra 1!ent Voué à 1 e pa~Jiétique dans le Destin d'un homme né-
nué à éc 1:1ent, Pas Pl a ~1 1 !ude, et qui pourtant ne s'y résigna ja-
p00 rire Pour ceu us ,~11leurs qu'à son exil : sinon eut-il conti-
tère qu~. 1\1. Pau1 S, x qu 11 avait quittés ? »
1
E t Po1 re Vendiquaiterant il p d
J. er par sa conversion même, le Magis- .
cuJier qu~rtant,
1
les text ans la restauration de la pensée occidentale.
fusa dive est fort Vol es. le prouvent, sa correspondance en parti-
Gu ,. rses Proposit" umineuse, il se sentit à l'aise en Islam et re-
lu en on n' ions de retour.
co111 b a Pas à
n'est p attre une 'E notre avis réagi à un échec en partant, ni vou-
pre . r ~ ~elui de N·o~e de solitude par une autre et son destin
1
jour; 1ea 1sant, du ~e . sche. II a agi pour intégrer et non pour rom-
pour;u.es Prescriptio oins, en partie, l'unité entre la vie de tom; les
import He de son p ~s d une religion régulièrement pratiquée et la
nécess;~!1ce, des ra;~1et métaphysique. Les questions, de première
en géné~1 d'une Prati ~rts d_e _l'ésotérisme et de l'exotérlsme, de la
cause d al, n'ont éti
eb reh91euse (2), des conditions de l'initiation
Plus e son départ. a ordees qu'après son départ au Caire et à
de ProbJ'
emes s 1
ou evés que de résolus dira la critique
; ce

207
n'est
nou pas u n mmce . , . que d'avoir pu les poser. Pour 1e reste,
mente
à s s cfro~statons leur actualité et attendons de reconnaître l'arbre
es mts.
D'autres
poussait à gagnn ' au ha~ard son voyage en EgyYte. T ~:mt 1e
o t att1n·bIued
blent er es n es, mais les circonstances fortmtes qm sem-
les . 1eur dom;er raison ne furent sans doute pas les causes- réel-
Pari~.pour Guenon toute une série de signes l'invitaient à quitter
Ses rapports, a~ec l'Eglise,
Denis-Bou] . . les premiers heurts avec N.M.
dcpms
ronde or e~,, eta1ent allés en se détériorant. Dès· 1924, la table
blicati g~mst;e par les Nouvelles Littéraires à l'occasion de la pu-
Mond on ? livre de F. Ossendowski faisant allusion au Roi du
sur , e et a l'Agartha avait vu s'accrocher J. Maritain et Guénon
senr1amour et la charité. Dimension divine pour l'un, limitation
lé e~entale pour l'autre. (3) Celui-ci s'était d'ailleurs trouvé iso-
Ossendre F. Lefèvre, directeur de la revue Grousset, Maritain et
owski. '
A;iznamai 1927 parut son dernier artiole dans Re~nabit ; le Père
« S'a n. _.
avait, ete
' ' attaque, dans sa conception même du · Sacré -Cœur:
collabg11 ~ dune nouvelle Révélation ? » et Guénon dut cesser sa
Une0 ration ' m ais· non pas Ch arbonneau-Lassay qm· l' ava1·1 amen é.
et trad 1ettre échangée beaucoup plus tard avec son correspondant
d', b, r_es1
sociétésucteur , ·1·ien 1a1sse
· · interesse
supposer qu'il s'était · ' "' à ces
la poss·bil~s?tensme chrétien : « Tout d'abord, en ce qui concerne
toujours1 .ite d'u n~ ·m1trnt10n
·· · ,
spccifiquement "·
chrettenne, I·1 n ' y a
nisation ~en, pratiquement au moins, du côté cathopque ; l'orga-
poirs :- u Par~clet, sur laquelle nous avions fonde quelques es-
ami C~ un certam moment, semble bien, depuis la mort de notre
était r a~bonneau-Lassay, être retombée dans le sommeil où elle
personestee ~endant longtemps avant lui, et je ne vois actuellement
p ne qm puisse l'en tirer de nouveau... » ( 4)
été ourt~n,t, ses relations avec Charbonneau-Lassay n'avaient pas
1 ~ussi etroites que le laisse croire la lettre précédente. C'est en
93
l'e . que celui-ci fit mention dans : le Rayonnement intellectuel de
A xistence de ces sociétés et Guénon rajouta une note dans : [es
p:~~çus sur l'initiation à ce sujet. Ce livre avait été composé à
ét ~ ir d'une série d'articles écrits auparavant et dans lesquels il n'en
ait pas question. (5)
d Olivier de Frémond servit, au moins en partie, d'intermédiaire
.ans leur correspondance. Cependant il est certain qu'il fit plu ..
sieurs fois le voyage de Loudun. (6) '
b Ses positions, bien sûr, étaient susceptibles d'inquiéter de nom..
reux. catholiques. Olivier de Frémond lui-même écrivait le 8 no-

208
n?n
le int~:t,t.~ur l'orthrnf:x~eax-L~say
vembre 1 36
rassu ? à Charb
dits chréL. reta ces prises u~ P~:e que l'éloignement de Guénon
Anizan. Quoiqu'il en soit, Gué-
du Vatic iens mais " ho e. position en bon héritier des occultistes
Exag. an, comme si .;_irres » de méfiance à l'égard du clergé et
père A e~ation cert orne avait parlé.
~t
peu en niza
rn disparut · on peut signaler que la revue du
es, atoutefms
s''etonnait ar11ge de son ordre
< ssez vit<?
· que celui-ci tennina sa vie un
Cette . e avait succédé 1;eRles n~éros
lectue/ (ellde voir dispara't. Olivier de Frémond en octobre 1933
du Rayonnement i11tel-
res et li incompréh . egnabzt).
c~tton
t'e <;'Vaqué
• tté ra1res
. ou à d's' a1outait
(7)ens10n . à celle des milieux universitai-
av e par le group dautres déconvenues comme cette possibili-

ressait) ifn (Fernand D~pr~me


Pere J uli ec le centre s e ,es « Polaires » de rentrer en communi-
par l'intermédiaire d'un ennite : le
A ~a,
Mysterio devait donne tvmre, Directeur de !'Intransigeant, s'y inté-
qu'il retira r une préface à un livre sur Je sujet : Asia
d'/sis:artir de 1 en constatant le peu de sérieux de la chose.
Les li 928 ' par contre, il collabora régulièrement au Voile

~ois
~
importa arnets
les cens du D aux se défirent à Jeur tour. {]ne nouvelle
sentiment
p nec : octeur Gran<>ier nous donnent une idée de leur

te, appel
m
' aris
aigu ..ant 1chez . Re .-6 -_Je reçois
7 Juin 19?
" un brusque coup de téléph?~e
ravagé: ri'uénon est ~aé~spo~te_r
l'opère e. 1 e la fais n: Guenon pour sa femme atteinte d'append1c1-
espere,
aux Petits Ménages où Larde?ois
bouleversé ' le visage
0
1
contracte
ce qu'1·1 fa est
"t
con11n e un f · ' 1 d't et·
et son • ··· Une d . en ant ne sachant plus ni ce qu 1 • m
philos~pbie
Fin _eternelle
1 ci em1-heure plus tard il a retrouvé son calme
cérébroian:'icr 19?gSarette et cause et métaphysique. »
-sp 1t1ale . - , sa fe mme meurt emportée par une menmg1tc• · ·

« On l'oque lm.
l'adm"
est une 1 a enterrée .a. . Blois dans le tombeau de Ja famille. Guénon
huit ·irabl e et mod marne · L e bon gente , · de sa vie
· de tous 1es 1ours,
·
.1mméd.Jours après este , con · J · R ' G
1pagne a chsparu. 'aI revu ene uenon'
ques iatcment ,il m attendant à retrouver la même loque, mais
Meu~· "Ji'!e~,
drier e;.. métaphysi amorçait une causerie sur des sujets philosophi:
ous avons allumait une cigarette et cherchait un cen-
ier et pas un me le lendemain chez moi avec mon ami Mario
Sa tante est mot n'a été prononcé sur l'être cher disparn. >>
amille . le D c peu après et la jeune Françoise retourna
d ans sa f
« Le voilà '
emporté
octeur Grangier commente alors :
seul ··· T ouJours
. les deux Guénon : le désespoir, le
209
découragement
nouveau livr: en co,,urte cnse · et presque aussitôt le soue~· .d e son
du T e à P~a1tre chez Valois : les Rapports du Spmtuel et
influ:mporel. ~ ~Joutons qu'il se sentait toujours persécuté par des
nces malefiques.
de ~iebru;quement, Je 29 janvier 1930, Mario Meunier, François
soir l~e edu. et _le Docteur Grangier le voient arriver à 10 heures du
' , 1. or mairement si exact :
« 1œ1l brillant
des geste Il ' Ies pommettes colorées, parlant d'abondance avec
ge de plus.. nous ~ annoncé qu'en février il partirait pour. un voya-
il à un t sieurs m01s en Egypte. » Grangier reprenait ainsi : « Est-
entendr our~ant décisif de son existence ? Il nous a toujours laissé
siques e lqu Il appartenait aux centres initiatiques secrets métaphy-
p
leurs Pa?ant au-dessus de toutes les religions et les animant de
initiati rmcipes .. A-t-il été appelé en Egypte par un de ces centres
nous l~ues tou1ours mal vus par l'orthodoxie religieuse ? L'avenir
E apprendra sans doute ? »
d'Isisn dmême
p tem ps, G uenon , · arrangé sa collaboration
avait · au V 01·ze
vait pr'e a~I Chacornac de façon à n'avoir aucune contrainte, il n'a-
J e~n Reyor qu epque1q~~s ar t1~1es
1
esente la • •
et quand, par l'mterme 'd"mire
· de
onentaf ~ ropos1t10n m fut faite de donner une nouve11e
content~o~ a la revue, il refusa le poste de rédacteur en ~hef et. se
des OC<:ult"e promettre une collaboration régulière contre 1 exclusion
. 1·rse '> distes · (8) Il c h erc h ait
c1a . egalement
,, .
un éditeur qui. se « spe- ,
tant bien dans ~a tradition et prenne en charge ses ouvrages, évi-
Maria She.s ~emarches et des difficultés.
Ve d'un i Ilhto , . (D"ma h), f"ll1 e d' un m1Il1ardaire
· · · am éricain
. . et veu·
(9), devai~g.emeur égyptien féru d'astronomie Hassan Farid Dinah
de Gué ap~orter la solution. E1Ie visita l'Alsace en compagnie
« 1es Anon.puis ils séjournèrent quelque temps dans sa propriété
l'Egypt vefieres ~ à Cruzeilles. (10) Enfin, ils s'embarquèrent pour
p e, la recherche de manuscrits à publier.
fond:u de te~ps après Madame Dinah rentra seule en France et
ment _une maison d'édition : la librairie Véga qui publia effective-
Ce fu · le Symbolisme de la Croix et les Etats multiples de /'Etre.
t tout, elle s'était remariée avec un ennemi de Guénon.
Da~u Caire, ce dernier vécut d'a~ord très pauvremen~ à l'hôtel
l'ar ~l-Isla1!1 en face de la mosquee Seyidna El Hussem, parlant
m ~ e, habillé comme les gens du peuple (11 ). Il fut de moins en
cooms question d~ retour et lors9u'un ami vint de Pa~is se ren~e
de ~~te su~ place •. 111 t~ouva _1~ S,h~1kh Abdel Wahêd Yah1~ à la _limite
to t famme mais bien dec1de a rester. Sa solitude était d'ailleurs
r u e. relative: Valentine de Saint-Point apporte sur ses débuts des
enseignements utiles (12).
210
. . . bientôt, en pl~s de
Sa situation se stabilisa peu à .peu ; il ~ourn~t Voile d'Isis qm de-
l~ revue des revues, deux articles par mois au d yrnbolisme, dans
vmt : Etudes Traditionnelles, dont une étudill ;,:pprofondissement
lesquels. on peut d'ailleurs mesurer le trav C · e P. Chacornac
accompli. Parmi les connaissances qu'il fit au airait à une confré-
a. retenu. celle du Sheikh Salâma Radi qui apparte~eikh Elish dont
ne ~~ufi~ de la branche Shadilite (coI111Ile led~ Sheikh Moham-
Agueh lui avait transmis la Barakah) et celle en juillet 1934,
me~ Ibrahim, négociant de son état, dont il épousa 0 beau-père et
la fille aînée : Fatma Hanem. Il alla vivre chezn~; Saint Louis en
~onna congé en 1935 de son appartement de la. es Jes meubles et
1 Ile. Un ami dévoué se chargea de trier ses ~aird~ Blois, le reste
un certain nombre de caisses prirent le cbeIJU1l es Jes reçut avec
~~ expédié à Alexandrie où Guénon, en vacanc '
JOie. (13) d 1·rateur anglais,
L'année suivante il reçut la visite d'un .a ~t au milieu de
qm, ·
au:ru ,
de l'entassement dans lequel 11 fvivat
s-:s archives, lui acheta une maison dans le au
'
bourg de D 0 ki ' la
villa Fatma où il habita jusqu'à sa mort. oisement, à
p ' blé bourge t du
aul Chacornac a d<Xrit cet intérieur meul comportemen
la française et contrastant avec l'habit et e 111 urs de devises. re-
Sheikl
. . 1 · II faut noter cependant la presen, ce aux
d'un oratoi·re parucu-
'
l~gieuses, selon la mode musulmane, et celle
lier. ' nresta discre.t,
La · ni secrete. ode de vie
vie du Sheikh ne fut pas recluse~ . , ue son m. rvenait
fuyant la publicité et une certaine cunosite q dance lut .P~ oint
ne pouvait manquer de susciter. Sa corr:s~onqu'il n'habtt~tt parti-
poste restante et beaucoup ignoraient meill u'il redoutai P et
la France notamment parmi les journalistes. q à établir le conta
.' ' . , motns . . promesse
cu 1ierement. M. Gabriel Boctor réussit nea 0 conversation•
coi;i:tre. Ia promesse de ne rien publier de leur . . ,
qu il tint. tant que Guénon fut vivant. tant de cunosites
· nt au ' · L'ERypte
~ependant ses précautions provoqua.te aconté dans ·
qu elles lui en évitaient. M. G. Rémond a r
nouvelle une de ces recherches : du temps de no-
J' . . . · de Guénon.
« avais pour amis de vieux ami~ Il savaient que ' réalisant
d
tre l?intaine et heureuse bohême latine. sfondeurs ~u mon .e. mu-
un vieux rêve, il s'était englouti dans ~es pr~ intre Pierre Gi:ieud,
sulman ... De tels amis, Mario Meumer, 1 ~er ... on assurait que
d'autres m'avaient donné mission de l'y chulerc.t recevoir personne ...
. ' d ans la forêt de la pensée, il. n e vo moi
re t rre ai par que11e v01e • •lill-
N otre ami Ali el Dib vous dirait mieux que. troduction ; comment,
prévue, mais toute matérielle se fit cette 1.1l
211
cherchant un atelier, et l'ayant trouvé, il découvrit René Guénon
sous l'apparence bourgeoise et indigne de son propriétaire ... ~
. Olivier de Frémond, de son côté, comme Charbonneau-Lassay
s'mquiétaient de bruits qui couraient de sa conversion à l'Islam et
d'un mariage musulman. Ils questionnèrent un de leur amis vivant
également au Caire, le professeur Debien. Celui-ci répondit en mars
~t avril 1937 que des bruits couraient en effet ; peut-être avait-il
ep.ous~ une Copte, mais il confirmait un peu plus tard qu'il s'agis-
sait bien d'une musulmane.
Une lettre du 12 juin 1938 donnait d'autres informations : Gué-
~on aurait ren.contré MassignC?n et aurait eu une con='er~ation d'une
eure avec lm en 1937. Un Journaliste venu le voir a El Ahzar,
a parlé de nouveau de son mariage et 'ae spéculations malheureu-
se~ ; M. Debien ajoutait que le Shcikh Abdel Razek, professeur de
Philosophie musulmane, Je voyait toutes les semaines et prétendait
ne Pas le connaître.
d Sa vie matérielle et celle de sa famille fut à peu près assurée mais
, emeura toujours très simple ; la période 1940-1945 fut favorable
a. son travail mais difficile pour sa subsistance. Les Etudes Tradi-
tionnelles avaient
q · cesse,. d e paraitre
" "
et il survécut grace a' l' ai·de d e
~e1qu~s amis (14) qui lui envoyèrent de l'argent par la valise di-
P omatique.
fc Deux. fil!es naquirent après la guerre ; entre ces naissances s.a
a~~e a~a1t fait le pèlerinage à La Mecque. Le 5 octobre 1950, il
av . ça a M. Jean Tourniac Ja venue au monde d' Ahmcd : « nous
c 10ns. d' a bord deux filles ; nous sommes d'autant plus heureux que
te S~It un fils cette fois. » (15) Un second fils posthume devait naî-
pre année suivante Il mena une vie de famille normale. (la
C
arenté dans les pay~ arabes est largement étendue) et reçut beau·
oup d' am1s · personnels s01t · d'Egypte, soit de France. U n ce rt am
·
n?mbre de ses correspondants tenaient à faire une fois dans leur
vie le Voyage du Caire.
Mais les autorités politiques comme religieuses du pays le con-
nurent peu. Chacornac cite la visite du Docteur Abdel Hâlim Mah-
~,oud, professeur de théologie à l'Azhar à qui il fit apporter un
siege dans la rue et qu'il laissa attendre pour lui dire finalement de
r.evenir le lendemain. Il eut cependant besoin d'une recommanda-
ti?n .officielle pour obtenir la. n~tional.ité égyptienne_ et G · Remond
lui Vint en aide ; il a relaté ams1 sa visite dans : /'Egypte nouvelle.
« Je me trouvai en face d'un homme frêle, très mince, maigre
c?mme une harpe, aurait ~it Saadi,, très blond, aux yeux tr~s bleus,
Vetu de la façon la plus simple, d t!ne galabieh, et c~ausse de ba-
bouches, extrêmement affable qu01que silencieux, s1 transparent
212
qu'il
pomt se
. s entr
temp t emps,
inblait
en à nos
b.ien avoirpï°d"'ne
oacr , l'autre bord et que je regardais, de
Des e eux. e s, pour voir si le fleuve noir ne passait

svc
' entre-b
Je lui d~s conteste poss~blnos personnes ni de choir dans ce f!eu-
qui, enf
sa rc sans
attants souci
ent re1cnt
.... dd ans la pièce et se roirent à jouer et à

. avaisl'Eso~n. œuvre, làà . peu près dans son entier,


sauf Ill is que 1·, e,
• 1 coulait
Il , mee ré
semblait-il, lu s«
Pus. l'évocpondit qu'il aurait
. cnsmc de Dante. »
, désire
· , me l'offrir mais ne le possédait
1

J~gard
As ... corn e ciel et un rums,
eplu
1evées vers ation
1 de .
. ses vieux · tl. contesta par un geste des mains
d' Son sile me s'il les re lointain, un : « Ah oui !... » sans
d un total 'àc_e, son attit
e le revo· etachement u
d~
ecouvrait au bout de sa mémoire.
sa transparence, donnaient !'impression
Quelq ir. ··· ependant, il me pressa très amicalement

cess aire
· ionue
la nat" te1ncgypticn
pa .I té , ps aprè s ' une .h aute intervention
· lui· permtt
· d' obtemr
·
ann· our1 · · et qui· lu1· était
ne qu'il d'esira1t
l' organisaf · devenue ne-'

~our-Edd"e1kh
glais
P
mgs
. 1 ses. amis mn de sa vie familiale. >
(Sh ::_iterson qui ouve beaucoup d'islamisés : un jeune~-
ak~)
L" · P on tr
Abu B mourut accidente!lement ; M· Martm
a une A tne) (16) . ; Valentine de saint-Point (Rawheya
. n ssociation
témo· · . ·des
certa
A ms · .
. part1c1pèrent .
d'a11leurs · sa mo rt
apres
ieun~
U étu
tenait . ignage
lu· d1ant de M . mis
à l'Ah de René
Bammate est Guénon.. .
particuhèrement mtéressant .'
u ne cor -m·
. eme à u zar• envoyé au Caire par son pere • qui· appar-
de Cha respondanc

cc qui
1
d u quaicorn :ic lorsqu'il
e avec G. uenon
, ·
(17) son impression re.101~ c~
ne confrérie soufie en .Afghanistan et entretenait
· · t 11.e
Samt M1"ch l le vit pour la première fois dans sa hbrame
ses yeuest particuli, e · un mtellectuel
· ·
(philosophe ou onenta 1·1ste
venanc X '.'Xtraordi cr'.'ment déconcertant nous dit-il)· Il a remarqué
• e et
c ia1ent . rangère naires
s . .· « trop grands, ds. sembl a1en
. t d' une pro-
G , ailleurs » ' ort1s d'un autre monde et justement ils cher-

a~1qua
1

exag}o~r)s ~
l·expruenon tou·. 1a volonte, de convaincre, et Ja parfaite
qu'il pr . a perdu · pohtesse
re~pect,
·
créti"oession (peut-être le Docteur rvfahmoud trouverait-il
une fo ' cc qu'il
Sa nnne
· de poli~e
eree ~e
e ait encore affinnée (18) : « . dis-
avait''t · plus oriental dans son mainuen, c'était

vient r~~·~ne
cvitait les 8~';'pl~
mi!iè con;-crsation s_se qm traduit la crainte d'in1partuner. »

~ammate
et '.'"11ablc, parsemée de bénédictions fa-
!'Islam
ace aux trans~ntend'.mt
soirée où an 8 su1ets ; cependant M. se sou-
l'appel du muezzin, il lui parla d
ormattons du monde. e
213
« Saint homm
courte . . e et d e grand savoir », te11e est l'impression· d'
une
Co visite faite Villa Fatma en février 194 7 par le fils de A.K.
20
c ):ar~sw,amy, Rama 9) en compagnie de M. Marc<? Pallis,:
p
causé il s est montré armable (nous dit ce dernier) maIS on ~a
co que de choses assez superficielles sans aborder aucun su1et
co~c~mant l'Orie~t trad_itionnel dans ud sens < technique ». que!-
eu q e. ~our m01 le prmcipal fut d'avoir vu le Darshan qm avrut
com~~er Influence .si profonde sur ma vie ... n. Louis Caudro1;1•
tuelle à Ç~nt à Amiens, av,ait re~u la révélation de ,~a vi~ spii:i-
malad a lecture de Guenon, il entreprit alors qu il était déJà
un e, le voyage comme un véritable pèlerinage. Mais l'abord
sen P7u surprenant de Guénon provoqua a us si des réactions e~
il vso m.verse: M.F. Schuon, avec qui il était très crié et en qm
de 1raa !e .Pr~longement naturel de son œuvre dans le domaine
Pond . Rcaiisat10n, fut terriblement déçu. L'homme ne corres-
la ait Pas à l'aspect magistral de I'œuvrc. Ja familiarité de
lité conversat1on · et d u comportement le choquèrent
' ·
: msens1 ·b·1-
lui ·d~ropo~ insignifiants tournant au bavardage sur les gens. tout
s· plut jusqu'à son physique.
P ort~ le nombre des visites est resté limité Je courrier prit des pro-
tons d"emesurees " (21) attestant la volonté
' ,. blle
· .d e gar-
der le bien eta
la c co~t~ct avec le monde qu'il avait quitté. Pour ce qm est de
lutteo~tre-inttiation il n'est pas question pour lui d'abandonner l~
conse' son départ l'a mis hors de portée et sa correspondance IUJ
pour rve l' les memes
" armes contre ses adversaires. Il en es t d e melll
" e
gressiv ceuvre doctrinale dont les précisions ont été acquises pro-
tres L ement par des réponses aux questions posées da1_1s les let-
l'app ; tra_vail de Guénon a porté sur trois domaines prmcipaux :
ro 0 nd1ssement symbolique, l'action du mal et l'initiation.
trae 0 ~1 courrier et les témoignages renseignent aussi sur sa façon de
Pa aier, bien que parfois ils soient contradictoires. M. Bammate,
d'ar exemple, l'a vu remplir d'innombrables petites fiches tandis que
Utres d ec
.. Iarent que nen · p 1us opposé à son c't a t d'espnt.
· n ',etait ·
coSes lettres abondent en demandes ?edocumentation ~ais, toujours,
po~e nous l'avons vu, dans des directions pré-établies. Sa corres-
de n ance avec Louis Caudron contient une masse de demandes et
v remerciements pour des envois de livres : par exemple le 17 no-
n;:1bre 1?35, il réclamait ceux d~s Pères Brosse et Mandonnet sur
. n~~ theologien (22). Le 27 avnl 1936, on relève un passage par-
t 1cuherem ·
risme chr~~t impo~an t · C' d',. é
po.urts~s hconna1ssances en ~na 1ered esot -
. etien : « Je serais res eureux de pouvotr pren re con-
~:~~sance,, de : ['Histoire de l'antiq~œ cité d'Autun, CI~velle ~'avait
Ja Parle de Mgr Devoucoux » ; 11 reçut par cette voie un diction-
214
n arre
.
Avec
raswam M
de S
,.mtéressait
y anskrit particu'lï'
' les, 1·ivres d E vans Wantz et Paul Mus (Cooma-

mo~~t nombre~x
ments s · Lepage s erement à :Mus).
~r
tres °:tout de 1948 à 1950 (23), les renseigne-
m'! ainsi ren,t l'intérêt la documentation maçonnique. Ces let-
e~t de~
alimentai qu aux difféfe i;manent que Guénon portait au Symbolis-
y trouve :a revue es revues d'histoire ou d'occultisme qui

celtisa~te~i:'menté ~~es
Guaïta c coté des crif revues dans les Etudes traditionnelles. On
par du . « Problème du Mal > de S. de
\23 bis) le · ('ad et Ogan sald Wuth, des remarques sur les revues
1 annonce Pere Bcrteloot' pur Jules Boucher, Scbwaller de Luhicz
~oll~borateur
voyé son que Persicrout ' au! le Cour, Lanza del Vasto, Abellio ;

0~
gnements p !an de t,;vail ( du symbolisme) lui avait en-
anglaises
techisrn ~nncipalement
faisait état e 1 année. Guénon demandait des rensei-
. de lectures sur les sources maçonniques
Knoop ' u·;irly masonic • Genesis of Mason,.Y, Early Masonic Ca-
early ma~
bre 194i Il réclama à f 0 1!1Phlets et surtout Medieval Masan de
L:' 1O noverrS, usu;urs reprises, notamment le 11 septem-

ces de peu cette re11


r~fts ~·.tirage
tuor Co orne Manusc . re, il se félicitait d'avoir reçu: « The new
nut for/onatorum. à part de la revue : Ars Q11at-
t d ailleurs remarquable que Guénon con-
1·1 rendita M açonnerievue . part·
• 1cul"'1erement unportante
· pour 1es sour-
MarJ·o 1. compte - ' avec le Grand Lodge Bulletin of Jowa dont
En ne D ebenham.
' 1-1 recevai·1 : The Speculative Masan (24) par M'1ss

s~~ 1 o_Iogy
The M 195
cal
(le chap
rite sw 1
~'s.ch
I 0' ce and

~am
fut 1 ~ reéd1~1on
,, . .
mason {{'"mmz Roman, (intéressant pour
de la ·
Quatre c A cnborgicn 1og". ai;ipel~
podo~e),
de la Didacbé, C.B. r,ewis : C/ass1-.

Yark~r
reparlait de l(noop et des rituels opérattfs:
: Brotber of Jakin), de et du
and c ges de l' H qm n avait rien de régulier. U réclamait : les
La ompendiwn umanité de M. Georgel, le Freemason's guide

septc l'Ecorr
b glise, la F··· avec M. J. Tourniac concerne plus spéciale-
ment
re B m re espondance
~
1948 ranc-Maçonnerie et les églises orientales. Le 27
sui te e:i=eloot, crÎt1 an_nonçait qu'il recevait les deUJC volumes du Pè-
grecs ·.Etudes et 1;um_t. le_s tendances modernistes de la revue jé-
lent ; « il s'y t e re1omssait de la publication actuelle des Pères

~
en en existe pasrohuve des choses très remarquables dont l'équiva-
premie q u1. · concerne
, c ez ,1es. L atms,
· notamment des ·tn di,c:'!lons
· nettes
w
~ssky T/,;;
L ers siècles 1 existence d'un ésotérisme cbre!lell dans les

série~ d~g':J.
la ·K : 11 .recommanda ainsi le 19 mai 1949 le livre de
sur lex su~
baie juive 1
ce suJet
s articles du P~r~
7?stique de l'Eglise d'Orielll et, peu avant
u iaud : « C'est sans doute le livre le
i;'9. août !949, après q~elques remarques
plu~
amélou et « la mauvaise humeur causée

21~
par le rattacheme t d f , . , . d .
il reme · . n e son rere Alam Daniélou à 1 Hm omsme ... »,
térieux r~ia1t pour les renseignements donnés sur cc personnage mys-
menta't le Lyo~ :_ Je~n Kleberje « l'homme de la Roche » et com-
195ü \ es a~s1mI1at10ns de dieux (Jaulois et romains à Lyon. En
grecs' ~ P:rlait de Warra~?, du livr; du Père Camelot sur les Pères
vitik~n e 'aBoul~akof qu'il n'avait pas lu de taux comme le « Le-
de la pl;.' es neo-templiers, de la posidon traditionnelle à droite
neau-Lasie au flanc du Christ comme le lui avait montré Charbon-
~enée pasra~ Surtout, il_ encour~geait et suivait de près l'enquê!e
niens et 1 • J. _Tourniac aupres des éaliscs grecques, des Arme-
ler patri es hrense_1gnements qu'il pouvait lui fournir sur Garimont
Cert . arc e latm de Jérusalem.
celle deamesCh influen ces d ocumcntaires
· sont faciles a, smvre
· comme
la fin arbonneau-Lassay auquel Guénon fit référence jusqu'à
~9so.' 1fota.m.ment d?ns ses articles de symbolisme entre 1933 et
lntellect slu~vit P~r ailleurs ses publications dans : le Rayonnement
holes a z~e JUSqu-en 1940 sur J'iconoaraphie chrétienne et les sym-
1
et reprt ~aux et cette ailusion faite ~n 1939 à l'Estoile Internelle
On se .ans la pierre angulaire » (25)
Lassaynedsait pas plus, comme c'était déjà le cas pour Charbonneau-
Wamy (2 e quelle façon il entra en con tact avec A. K. Coomaras-
tretenait ~Î' eut d'abo;d contre lui toutes les m~fi~~1ce~ qu'il en-
6
!I
saxonne . egard des Hmdous. contaminés par la c1v1hsat10n anglo-
1
nombre d a ~ocumentation fournie fut encore plus considérable, le
Par sa co es :éférences a dépassé la centaine et il fournit à Guénon
Plusieur nna~ssance parfaite des textes, des matériaux cons.idérables.
monde s articles comme : « la Pierre angulaire » ou « I' Arbre du
import/ (2?> ont été construits à partir de ces travaux : « dans son
wamy nte etude Swayamâtrinnâ : Janua Coeli, A. K. Coomaras-
quc et expose le symbolisme de la superstructure de l'autel vé<li-
soït 1 P!us. spécialement des trois briques perforées ... Quoiqu'il en
sup~ 1 s ~git de trois briques ou pierres de forme triangulaire qui,
et ci joSees, correspondent aux trois mondes (Terre, Atmosphère
sièm e ).. : » Guénon opère ensuite les rapprochements avec le troi-
Port e ~Il ?e Shiva et la porte solaire : J anua Cocli qui est aussi la
e etro1te.
ras« Mâyâ » (en juillet-août 194 7) reprend la traduction de Cooma-
d''I~a?1y de Mâyâ par « Art » et commente les rapports d'art et
d 1 usion par lesquels on rendait habitue1Iement Mâyâ. (On le trouve
t ~n~ ce sens chez les Occultistes comme chez Schopenhauer). Tou-
et1s, l'Homme et son Devenir... avait utilisé la formule : « Mâyâ,
m re des formes :..
d Au point de vue doctrinal, il Y eut un échange certain entre eux
eux, Coomaraswamy évolua de conceptions progressistes et esthéti-
216
, il abandonna les
ques dans un sens traditionnel quant à Guen~c Matmoi. Marco
,. ' . transuu.-> O'" d
preJ~gés .sur le Bouddhisme .que, lui avait . énérale à l' étu1e es
Palhs qui traduisait en anglais : l Jntroductlon g roy au sujet de
doct rznes
· ·
hmdoues correspondit· avec coomaraswa "te à Guenon, , l'un
l'orth?<Ioxie du Bouddhisme ; ils écrivirent en~~~rences et Guén?n
f?urn1ss~nt l'argumentation, l'autre_ les texte_s:r~es sur le Bouddbis-
fit suppnmcr de la traduction anala1se ses cnttq ·se (p. 171) que
me. Il ajouta dans une note de la réédition fran,çaiconcernaient les
les sources livresques auxquelles il avait eu acces'il n'avait jamais
bran;;hes les plus déviées du « Hinayana » et qu
eu l occasion d'approfondir. (28) . . . « Il faut en ~ffet
Une lettre du 9 mai à F G Galvao aJoutrut · e le Bouddhisme
ma·m t enant tenir . compte pour· ·tout ce qui· concern lètement l ' asp~ t
des travaux de Coomaraswamy qui change?t co~~asion d'exami-
de la question, avant cela je n'avais jama!s eu dire que la faç_on
ner les choses de plus près et même je dois vous rend si peu m-
dont le Bouddhisme est présenté habituellement 1e puisqu'il recon-
t'er_ess~n t... » Passage particulterement
., · 1 P 0 rtant ce su1et
1n . 1Ul· ve-
naissait là que ses connaissances historiques sur smission orale.
nment. d e la littérature de l'époque et non d' u ne tran rnme ceux de
A u n niveau· . ·
beaucoup plus hmité, des travauxfUrent co le Prétexte
1
~oc~rt sur les castes ou de W ai te pour ~~ Gr~a Guénon.
d articles ou justifièrent des prises de position e rurent conlll1:e
La •t . n 1945 pa ps sui-
' gu_.~rre fut favorable à son travm, ' e · nes des tem de
0
!1 1 a deJà vu : le Règne de la Quantite e!
VI en 1946 par les Principes du Calcul mfmz e, en 1941-42 l
i:sr:imal et la Gra; ).
9
T rza· d e. L c premier de ces ouvrages fut com posenciens datan t par-
Le second est surtout formé à partir de textes a
fois de la Gnose. orts entre
,. r tes rapp
Le propos. de la Grande Triade fut d illu.st~: tiques à traver~ un
l'unité Primordiale et les diverses traditions ini~el, Homme qui est
symbole, le ternaire extrême-oriental : Terre,
aussi le nom d'une société secrète chinoise. .f nnes de ter-
, d'fférentes o FI .
~pres avoir marqué les écarts entre les 1
correspon~ ~u 1 s ·
naire et la Trinité : l'homme troisième terme de la Tn01té chré-
~omme Universel qui occupe la seconde placf doctrine métap?y-
t1enne, Guénon montre les articulations avec aLe Ciel, perfection
sique exprimée dans ses ouvrages précédents. perfection passive,
active, est essence et Pôle supérieur. la T~rre. se situe toute en-
substance et Pôle inférieur ; la manifestatÜ t ur est au centre.
tjère e~tre les deux Pôles et l'homme, 01 ~~ epo~te les dix-mille
Symbohquement le Ciel couvre et la Terre p du Yin-Yang rc·
êtres de la manifestation ; la figure bien connue
217
présente l'u · d ,
dro .mon es deux perfections dans l'Œuf du monde ou 1 an-
à p~~: dunm?rdial et les ~approchements qui peuvent, être établis
ras Ym-Yang sont mnombrables . depuis les Devas- et Asu-
locrï:ux 1ndes aux couples de déesses et de mortels dans la mytho-
b""
géomét grecque
· : l'œuf d e Léd a et les Dioscures
· ,.
Des represen t ations
·
spirale.nqucs en sont également inspirées com~e celle de la double
L'homme perf .
à l'origin ' ectton active par rapport au Cosmos se tournait
· se tou e vers le Nord , d evenu passif
Il · de
· par sa degra
, d a t.Ion meme,
"
les orien~~· vers 1c Sud ; ces deux attitudes sont la base de toutes
maçonn· a Ions sacrées., celles de la circumambulation des Loges
. igues en particulier.
Mais
trouve l'homm · · ces deux perfections que Iorsqu ' I 1 se
. e ne peut saisir
0

« l'Inv a~ bomt central que la Tradition extrême-orientale appelle :


relatifs ana Je milieu » ; Guénon analyse alors différents ternaires
ou la d.c?i;ime les trois mondes manifestés du Tribuvhana hindou
du me/vision en trois de l'être vivant et il les rapproche du soufre,
cure et du sel des Alchimistes
« L'homm , · · ,
me univ e ventable » qu'il ne faut pas confondre avec 1 « hom-
Ia Terre ers~I » terme des Grands Mystères est fils du Ciel et de
Vers et ; L empereur, résidant dans le Ming Tang, image de l'uni-
ble (le M~ centre même, était la représentation de l'homme vérita-
figure) ~: 1 ~re maçon entre !'Equerre et le Compas en est une autre
• J.VlaIS 1 • 1 ' •
cal I'ax d e roi, e Wang est aus-si un Pontife ; il est I axe vert1-
fic~s pu~r u n:onde ou voie royale et accomplit à ce titre les sacri-
la disr ~es : il est au-delà ou en termes cycliques « antérieur » à
L inction du spirituel et du temporel.
des ~s de_;niers chapitres lui servirent à des rapprochements avec
I'ho onnecs plus famiJières aux Occidentaux ; les ternaires : Dieu,
en ~Hne et la nature ou : Providence, volonté, destin combinaient
et le ~e. exJ?ression unique l'idée philosophique, l'image symbolique
ait historique.
ab Les références à Fabre d'Olivet et au pythagorisme ne sont pas
co:e~tes non plus de Ja Gran_de Triade. Enfin, à p~opos d~ la roue
t rn~que une nouvelle allusmn est faite à J'hermet1sme, Il y rat-
p~chait l'Absconditorum Clavis de Guillaume Postel, reprenant Eli-
d as Levi sans procéder, comme nous l'avons vu à la vérification
Ms t~xtes, ainsi qu'au Tableau naturel ... de Louis-Claude de Saint-
b" artm. A l'avant-dernier chapitre, Guénon nous parle, et l'on voit
Bien là l'influence de Coomaraswamy du ternaire bouddhique :
uctdh,a, Dharma, Sangha. La c~mclusion sur la « cité _des saules ~
l.:30) resurne as.sez bien la pensee guénonienne : certains éléments
ntuels de la Tien-Ti-Houei se rattachent au symbolisme polaire
218
Primord·
de la ro IaJ (31 ). L'ho
l'homtnelle d11 devenir n:'?e ';_éritabJe se trouve au centre, point fixe
t~r. à l'aut;ranscendant ·ete Pole terrestre ; au Pôle céleste on trouve
Cite des e. L'initié de 1 1':s SYmboles de l'un peuvent se rappor-
du _ra"1e:auJ?s », lieu da Tien-Ti-Houei arrive finalement, da?s «la
f erie dan su d or des m ~, la grande paix. Ce saule est l'eqwvalent
be~~nt cham~~ ~es
ave « !a a?tiqucs et de l'acacia de la Maçon-
'd~eu Prés~h ar~b~
raique 1. c 1 Bs SaJQn u milieu ». Il y a correspondance éga-
Lll: Cité de Ja et la Shekinah de la Kabbale bé-
~'.lt•les
'JU11 est en s 1 c~ est re divine où se manifeste l'activité du ciel.
eg~ ement c nois Je nonfresentée par un boisseau de riz, boisseau
~Perative ~Xtraordinair de la Grande Ourse. La concordance est
.• e Corres ou l'on Voit u 0e avec les anciens rituels de la Maçonnerie
a lalett~ePondance
sur 1
ave 1e lettre << G » au centre de la voûte, point
c 'Et ·1
», tombe . 01 e Polaire ; un fil a plom , ~uspend~
"" G ' ' b
e Pl<tn «
<< C'e Cher et qui d~rectement au centre d'un swastika trace
suspend St le « fil ' represente ainsi le Pôle terrestre » (32) :
du " u au · a P1°rnb d G J'U · ·
d Pole c 'l Point gé , . u rand Architecte de mvers », qu1,
u Mond e este au pôJ°llletnque de Ja « Grande Unité », descend
nous diroe .>). Puisqoe e terrestre, et est ainsi la figure de 1' « Axe
ÇUeJ elle Fs que ce d no°:s avons été amené à parler de la lettre G,
pPhonét1• Ut sub8 f-:t
4 ,.. evaa être en ~éaJ. ité un iod hébraïque, au-
que d Uee · ·1 ·
as le 8 e ÎOd ' en Angleterre par suite d'une ass1m1 ation
nafret-t-..e
1

~.t nt ens( ; les i"ntavecerpr"t God, · ce qui d:-::.:lJeurs au fond, n'en change
u.i. ,, d"
« GéolU ,. . et dont 1 e ations diverses qui en sont donnees Oli i-
gues Occ~tr1e >:>) n',.. a Plus importante es·t celle qui se réfère à la
t · Ide ' etant d J Jn
a111s, qu IltaJes Ill d Pour la plupart possibles que an.s es a -
~ent se e des acce o _ernes, ne représentent, quoi qu'en disent ~er­
Jod, Pr g:ouPer Pt1ons secondaires qui sont venues accessorre-
qu'elle ernière du a~?ur de cette signification essentielle. La lettre
deUe est est d' ·1
regard, etragrarnme représente le Principe, de sorte
d. .
ont s 0 ai leurs ee comme constituant '
à elle seufo un nom 1vm,
11 fatit n.t0 dérive'"e en elle-même par sa forme l'élément principiel
aussi t a1 uter q s tout ' '
1 es les autres lettres de l'alpha et e ra1que.
b h "b ··
fres ; an~ Par s uet0 a lettre correspondante I de l'alphabet latin est
~~ a1ns,
1
rieux unas nne rectiligne que par sa valeur dans l~s chif-
ch1·0 01s'. ·est que 1e so YmboJed de l'Unité ·
' et ce qui est au moms
1· cu-
soit d l, qui c n e cette lettre est Je même que ce m du mot
~en~~n;ie n'?~s ég3!~ment
en.
sique. ans, son l'avons vu, signifie
dans la 1 q_oi est :l!hn_:etique, soit dans sa transp'?51t10n metaphy.
Dieu f Vine Co P,.. ~!-etre plus curieux encore, c est que Dante
_l'unité,

11 nya, lit l. "' rnc ie, fait dire à Adam que Je premier nom d~
argurne Pas Plus beJI ,. .. .
nts aussi lllé!an~~~ple d intuition du vrai SUPJ>ortée par des

219
da~s expressions ,d' « h~mme véritable » et d' « homme tra17scen-
paf '> font ~ppel a la notion de « réalisation spirituelle », preoccu-
fe' ions donunantes de ses dernières années. La fréquence des ré-
rences à l' , , . . . .. 1 F
Ma . c: esotensme occidental » en particuher, a a ranc-
xonnene, peut paraître également étonnante. (33)
com::_ant d'aborder cette question de la réalisation il reste à savoir
al
tre~u.ent
au >. dep ms· 1e C ru.re,
· · , '
il a vecu le problème du m pour met-
Là apo~t cette synthèse remarquable du Règne de la Quantité...
vité fa ussi la rupture fut un achèvement . elle a libéré sa combatti-
avant ce aux, fo rces d u mal, a' la contre-initiation.
' · ·11 et 1929 '
En Jlll
secrèt son ~epart, il menaçait la Revue internationale des Sociétés
du Des qui reprenait l'affaire Léa Taxil à propos du roman : l'Elue
sion rigon_ de dévoiler certains documents qu'il avait en sa posses-
Riss . cpuis le ~aire le ton monte entre lui et les rédacteurs de la
les a ·. G. Manani et Henri de GuiIJebert des Essarts, rappelant
Char~~iennes « histoires » du temps de Jules Doinel, G. Bord et le
sarts t~rd Pour Guénon les relations passées de Guillebert des Es-
la co:tre ~ ~e. d~mier étaient la preuve de l'appartenance de celui-ci à
Maçon -~mtrntion qui avait provoqué l'affrontement de la Franc-
Véritab~ene et ~e l'Eglise catholique pour détourner l'attention des
derne s malfruseurs, responsables des déviations. du monde mo-
de L~ Que certains aient pu rapprocher « l' Agartha » de la « Gran-
connu:e blanche » dont l'utilisation à des fins politiques est bien
Vait la ' et le « Roi du monde » du « Prince de ce monde » prou-
Il . continu1"t'e du courant de malfaisance.
donc Init tonc en juillet 1931 sa menace à exécution : « Nous ferons
posses~~u eme~t savoir à M. de ':Juillebert que no~s ~vol}s en notre
na·th Mon un important manuscrit de Le Chartier, intitule Je « Gen-
l'o - en?gog ~ de Rabbi Eliezer la Kabir, qui est bien ce que
1

gr: ~eu~ unaginer de plus extraordinaire dans le genre « porno-


ticIPhie erudite » et qu'il nous a suffi de rapprocher de certains ar-
à es Parus dans les tous premiers numéros de la RISS, il y a
tu:ifu P~è~ vingt ans, pour ,identifier aussitôt les origi.nes i~t~llec­
I . es, SI l on peut dire, de 1 auteur des dits articles qm se d1ss1mu-
~~ alors sous l'étrange pseudonyme antéchristique d' «_ Armilous )).
u_s avons aussi quelques lettres du même Le Chartier dont une
~nt!ent la traduction (?) du véritable Gennaïth-Mennog~ celui de
b"a~ll-Vaughan et dont une autre, avec une sianatnrc en hébreu rab-
Intque, renfe~e une bien curieuse allusion'° à un mystérieux per-
sonnage qu'il appelle « son Maître » ...
, ~ C:'est ensuite G. Mariani que Guénon menaça des tribunaux ;
1ep1Iogue de cette « affaire » fut la mort de Gui11ebert et l'annon-
ce de celle de G. Mariani qui provoqua une réaction révélatrice de
Guénon : « Quoiqu'il en soit cette disparition a suivi de bien près
220
celle
subite
dment ·1
f 1er, n'a-e M. . s1de ~ais,
Guill e àb ert .• . . au fait,
cncieux . p0uxquo1. ce1m-ci . . devenu

i~e pou~
prendra t-il attendu 1a smte de nos allusions à !'affaire Le Char-
des cho-t-on enfin, notre ?rticle sur Shet mourir. Com-

machi~
Pou ses auxquelles a rédaction de Ja RISS et ailleurs, qu'il est

~ent ~
0 ~;o~
montrer l'ill ?n ne touche pas impunément? » (34)

u~
sa propre .d_es « pauvoirs » de Guén'?n, Mariani
cident d' J:omonym!' nti?':' : il cessa sa collaborauon au mo-
percher· aviat10n qui f t off1c1er de marine, était victime d'un ac-
dangcre~~ dans une lett~e annoncé dans la presse. U dévoila sa su-
~
du tout de voir des d'?u;ert.e au Voile d'Isis montrant qu'il était
V oUe d' plaisanterie ia lenes partout. Guénon n'apprécia pas
çonncrie sis ne fut pas ( 3 5). (la lettre de :Mariani insérée dans le
le reste 1 et le Comp repnse dans les : Etude.< sur la Franc-Ma-
n d de la polém"agnonnage où se trouve reproduite cependant
M. n evait d'ai"ll ique), affirmant son caractère diabolique.

des CJe~t
tableme
.1.'-aym . ond Dulac
qu'il a to · ~ ~n
' eurs . r ecommencer avec le successeur de :Mariani,
tout cas, nous tenons à !'avertir chari-
pre au Cs n, que da uc é a un su3·et défendu: celui du «Pouvoir
guère e llnstianisme· · ns so n ignorance
cette n très haut r » ; ne sait-il
·
d~nc H déclare "absolument pro-
•pas qu'·il a été décidé na·
gereu question ess 1C:u, qu'il fallait faire le plus complet silence sur
querose ?. » Enfinentrnll cment « herméaque . » et ... pus1 que dan-
sa si ns-.nous à ' en octobre 1933 il conclut : « Ainsi nous ris-
Dan1ph cite poser un e question,
· , : qu'est · ' peut-être fort m · d"iscre'te dans
Fab ns le mê donc devenu :M. Ra"mond Dulac?•
de Mre d'Ohvet . men',ord. re d'"1dees
, il ne voulut
J>-- pa111a1s• admettre que
· L con
, Ce11·eta1 t pas mort' de vengeances occultes Oe travail
nesCh ac ornac e · ter fut pr ésente, en 1951).
Guénces c ontrover ' n tant q ne d"irecteur de revue est11na1t · · moppor
· tu-
pons on , en fit 1 ses 'av.ec d es publications sans ' importance
. mais
·
etait
, l' et aient
es · d a cond1t"ion expresse de sa cola 1 bora t"ion, ses re- "
objct ( ) es armes-riposte aux attaques psychiques dont il
36
envOnsarctmort .
rouveL d' aill'.'urs cette inquiétude permanente du mal jus-

~rgeait
qu'à .
11 o;ant, au· té a '?omdre lettre en retard ou perdue et il s'affolait
tir'c so mmgnage de M. J. Reyor, des mots angoissés. (37)
~nt
eues a la ronéo 1:ivent ce dernier de s'enquérir d'obscurs bulletins
connaissance '?n peut se demander conunent il pouvait avoir
. Il répugn . , epms le Caire, et quelle importance il y attachait
bre
g1que °
u queaitl'on
a ceP q u~l'.on ait connaissance de son thème astro\o-·
des p ho t ograph"ies de 1ut.· L e 14 novem-
a autr 6 ' '·1 ecrivait
, ossedat
à F
19e4 chose encore ... G. Galvao : « A propos de portraitsn ilcas
' Je veux parler d'un véritable danger a' Y
221
o' .
u ils viend ·
nés . ic'1 . raien~
. à tom ber entre les mains de gens mal intention-
et d~s 1 ?'If eme'. il Y a je ne sais combien de gens (des Européens
u1 s) qm t . ..
Procure d on vainement cherché par tous les moyens a se
re ? » r es photographies de moi ; que voulaient-ils bien en fai-
Lc 2 décemb re, 1·1 protestait contre l'affichage de son horoscope
Par le D
communiocteur Rouhier (librairie Vega) et rcg;-ettait de ne pouvoir
fiât 111 a 1·sq~ler de photographie à F.G. Galvao non pas qu'il se mé-
, 1 n'e · '
sa corres n avait aucune. Un écho concordant se trouve dans
mentionnP~mdan~e avec Marius Lepagc le 1 o nov cm bre 1949, il
,
sen Pro,.,
ait · « J
·
, • d ' . 1
e n a1 pas e photo de moi ccrt~uns c 11erc,rn1en a
• t ,
~urer d ,. '
Au t e n importe quelle manière ... »
non da otaI ' on ass1s · t e a' une confirmation ultime des 1"d'ecs d e G ue-
'
du Ier ns ce domaine ; il a expliqué sa position dans deux lettres
sont incnove.mbre et du Ier décembre 1933 : « les transmetteurs
?Ont bo~nscients, dans cette guerre qui m'est faite, tous- les moyens
Je m'ab t~1 ... » Et, « Chacornac ne se méfie pas assez. Il faut que
nœuvrc: :~ne de. revenir en France comme on m'y incite. Ces ma-
Inoi, » (3S)uterrames correspondant à l'arrêt des attaques contre
Constam . ' .
souterra· ment, sa revue des revues relevait des traces d act10ns
~U'il so~ncs ; e:i 1934-1935 à propos de l'ex-Rabbin _Paul Rosen
a Propotâonna1t d'avoir été un inspirateur de Léo Tax1l ; en 1938
rnartyre », ~ l'article d~ P~ul, ~ulliau~ : « Léon Bloy'... prophète. et
1
des proph 'f remarquait 1'mtcr0t porte précédcm ment a la quest10n
de La Sale Ics J?ar I'Abbé Rigaux, confesseur de la petite voyant\!
1938 tou· ct~e, !I avait fait un commentaire de Nostradamus. En
comment Jouis, il confirmait la continuité du courant n_iaiéfiguc en
toire d, ~nt V.E. Michelet (39) sur Vint ras : « En fait, cette his-
fort té L: 'b armcJ vintrasien se rattache à tout un ensemble d'éléments
nous ~e rcux qui se déroulèrent au cours du X TX siècle, et dont
0

fourœ~ ~serons même pas affirmer qu'ils n'ont pas une suite au-
A ,u1 encore. »
sur tres Ja guerre 1939-1945, sa correspondance revenait encore
Mari
(40) °{
edr qu'il qualifiait le 10 novembre 1949, dans une lettre à
epagc « d'insigne faussaire » dont Papus fut Ja victime
réap· ~~ 7 mars et 13 mai 1950, il Jui demandait si le bmit d'une
l'a P,antion du rite de f\.1ern;)hi:; Miraïr:1 t(tait fondé ? Surtout.
bo n?ee 1?49 est remplie des échos de son indignation violente et
01 0
,u eversee contre Frank-Duquesne qui l'avait attaqué dans le nu-
Ie e,~ , spécial des Etudes C{mnélit~tines consacré à Satan (41). Dans
.11 eme ordre d'idées, Jes assassmats. de Denocl et Constant Che-
t on, à Lyon, furent attribués par lui à des influences contrc-initia-
~J
1ques.

222
v· La Pol"em1que ·
ier de Frém d avec la RISS reste l'élément le plus important. 01i-
°
sur la facon 1n ' par les doubles de ses lettres, renseigne utilement
c ont celui · · ·
6 nov -ci se documentait et agissait :
j

l'Abb cmbrc 1932 (' 1


F é DnJac d . a a demande de R. G. il s'est renseigné sur
R ranc-Maçon ~mt Il a été question plus haut). Celui-ci n'est ni un
en · rn un th"'
lat" ri de Guillcb . eosophe, quant aux collaborateurs précédents,
ii ~on~ ténébreus ert en particulier, on ignorait à la RISS Jeurs re-
té ais etaient intimes. Fremond pensait que les services secrets an-
avressant : « Vo ement 1:1ê1és à tout cela, il ajoutait ce passage in-
n :nturc au Cair~s ne m·avez jamais parlé de votre extraordinaire
Sg'-"-lct
"~ ,Ponvait
, . anti-m
es '
de se rattachant à L'Eiue du Dragon ». L'Allema-
son . co"t,,.e, avoir subventionné certames •
revues ou
7 f,,. . açonmques.
cl-.ef evr1er 1933 . Q ,
F:,,. 1 1
de la Rrss · . ue Ch. Nicoullaud (Fomalhaut), rédacteur en
~ no11d St . soit Franc-Maçon voilà qui étonnait Olivier de
refus ait · à' ·v Irpns . · , . éga 1ement par ce '« Roi du Mon de » en qm· 1·1 se
~~nemis de ~r nc_anmoins le « Prince de ce monde » comme les
dcncontrés . iÎG. · « Je me borne à la lutte où nous nous sommes
e Mgr I-I~ . Y a longtemps déjà contre la Synagogue de Satan
conncction nri, la contre-Eglise d~ Mcrr Jouin ... » il y avait des
s entre l'E ~ ~
20 · . . n.ier et la Franc-Maçonnerie.
JU:h.~t l 933 · . · ·
gnernents Sl1r . - . Charbonneau-Lassay avait transmis des rcn~e1-
de l'ordre. .. une revue que R. G. avait « dénoncée » : Les Caluers
ce~ tcntati~e?ueJ malheur qu'il y ait tant de choses su~pectes ~ans
fohc, que le~ de _lutte contre le mal : « Le monde est-11 frappe de
et Prêtent : 1 ~ 1 eilleurcs intentions versent dans le « maboultsme »
pe_s de déf~~~~ Je ~Ianc à leurs adversaires ... voici donc de?X .gr0 }1-
s:oit des sociale et refüticusc en somme où se sont msmues,
A tian as pv?Yants, snit des m....,ystificateurs soit de faux-frères ... A
P ensait 'q 'au I Le C our est le seul qui vous' soit hostie ·1 ... » F remon
' d
Guénon a~l ayec Ja transformation de la RISS, les attaques contre
..., " c. t aient ces~er.

- aout 1 9 3 3 . L . f" ,. ( .
ne sais · · <? rl1sparition de M. R. Dulac est con mnee « Je
complot Pourquoi » dit-il) de même que la thèse d'une sorte de
la Riv (contre Guénon : « Ce que vous avez fait avec Ciarin de
aux intr· e ·contre I es T héosophes notamment) na ' pas e"t'e e't ranger
1
de certa·1 gues dont vous avez été et pourriez être l'objet de la part
tan lu i-111n"s occ u I hstes · ... Qui· donc Ies mène à leur msu
· ?··· C'est Sa..
en1e qu· 1 è t
111 ne le monde par quelques agen s conscients. »
·
18 : .
Jilln 1936 . A 1 .
~a réponse ·. a suite de fa reprise des attaques, Guénon envoya
I :Pour lecture à Olivier de Frémond.
-CS deni d
an es de renseignements continuent durant l'année 1937

223
sur l'Amorc
l'Intelli enc et le~ Croix · de Feu ; sur un chef arabe recherche,. par
naiss ... ;tgd e Service, etc. Le 8 novembre o de Frérnond recon-
avaitcuété ans,. le neo-pagamsme
,. · .
hitlérien ' ·
l'aboutissement de ce qui·
A l' pre;u au temps du « Sphinx ».
questio'i~~se, et, d~ns _la mesure même où le mal était déjoué, la
ses livres et la !l".a~satton devenait essentielle. Ceux qui avaient lu
vaient me médite la doctrine à laquelle ils adhéraient ( 43) pou-
ne trouva·surer les pertes et v01r · 1' abime
,. où courait Je mon d e mais ·
pothese, b"ient pas da ns son œuvre de solution pratique · ; d ans l'hy-
.
neur du cienth entendu
. . ou' l' appe1 a, la formation d'une e"l.itc a. . l'"m t'e-
Quant à la Molic1sme n'avait pas donné les résultats escomptés (44).
qu ''l
1 ava't ad açonnerie
, , mis · a. . part l' Esotérisme de D an t e, I'.image
Spirite ét1 • onnee de ses membres dans le Théosophisme et !'Erreur
ployé da~~t peu flatte-i:~e. I:e terme d'initié avait même pu être em-
Qu un sens peioratif : des initiés de bien des sortes (45).
la qu:s:l~~sdnot~ dans : L'Ho_mme et son devenir ... traitaient <1;e
1
re. L'init" . es rites, leur fonction avait pu paraître assez seconda1-
mal défin· Iatlon ' la
. f ront1ere
·... ,
entre esotérisme , ·
et exotcnsmc res t men·
· t
pratique iel~ ~t Il n'avait jamais été question de la nécessité d'une
, re igieuse (46)
C ·est , ·
questionsev1demment à · lui que s'adressèrent ses lecteurs et leurs
re accomtrov?'luèrent des mises au point et des retours en arriè-
c!es, à part~~es parfois d'un désir de se justifier. Vne série d'art!-
bons de l'I .~e .1931 et surtout en 1932-1933 définirent les cond1-
mentaires s~:ti.ation: Des précisions et des développements complé-
ouvrages . A virent Jusqu'en 1950. L'ensemble a été réuni dans deux
Réalisatio; Sp~i:çus sur l'initiation publié en 1946 et : Initiation et
mais le prz. pmtuelle en 1952 par iles soins de M Jean Reyor ( 4 7) ;
Les pre OJet . av ai't ete
, ,. rrus· sur pied . ·
de son vivant.
ves. « Je nuères demandes recevaient souvent des !'"éponse~ évas~­
faut un ne peux donner aucun conseil de réalisatlall pratique, 11
le 4 se ~transmission régulière ... » 'pouvait-il répondre à M. F ... •
qui CO P mbre 1934. La même discrétion fut de rigueur avec C .. .
nu a nstata : « Je comprends que comme initié vous soyez te-
un au secr~t. .. », ~ais il re_vint plusieurs fois à la charge, lançant
tou~pcl desespere le 7 mai 1935 pour un rattachement devant la
peler ente qui. s'annonçait Cf! ~c~ident. Guénon se conten.ta de rap-
mes sa foncti?n : « Je n'ai d a~~le~rs jamais fait 131 momd~e pro-
ceu se ....sauf, s1 l'on veut, celle d e.cnre tout ce que Je po1:1rrms pour
vos~ 9~ 1 • sont capabl~s d'en. prof! ter. .. , je ne veux pas m fi u~r sur
la F ecmons ... » Il lut conseilla, maigre tout Je soufisme plutot que
fall ~anc-Maçonnerie, donnant le nom de la personne avec qui il
C .ait entrer en contact et déconseillant franchement le voyage du
aire pour le moment.

224
Le no
« Ça ùve1 in 1·t·,.
d'ab Y est ie laissa écJ
cie or~ c 011[ la confrérie After ~a joie dans une lettre du 19 août:
use lUflu use et indécis aou1te... après vingt ans d'une attente
En ce ~nce Ïnitiatiquee, me voici enfin détenteur de cette pré-
plus d ~ qui co ··· »
qu. ~eva ncerne les . . . .
ini:i ~t de J~tes ; ainsi le 2 ~ni_ü~tion féminines, les réponses furent
inte at!que · question que Jllln 1947 à Madame N ... : «Pour ce
à no~t 1 ons '.Je n_e puis, bien Vous posez au sujet d'une organisation
git d re ép~qc:_:azs ll1a1heureu entendu, qu'approuver entièrement vos
Voue la Pass· e! _du moins e sement cela est bien difficile à trouver
?
de ps n'êtes ~ 1!1té encore
.,a. a, ...surtou ailleurs Pas
pf Europe même, et surtout quand il s'a-
us restreinte d'une initiation féminine...
!tt~ l11ellle ét ~ ~cpuis la u 1~ se!-Jie à poser cette question, bien loin
1es grndant . c etonné depJ blicat1on de mes Aperçus sur /'Initiation ·
0 upe ' Je a p . '
n' 111 Ile saurais t roportion du nombre des femmes ... En
e ~nt abs 01 ents dont v rop vous engager à vous méfier de tous
d s ~1 êtne U111ent aucun ous Pounez avoir connaissance, la plupart
ces 1Uflue11quelques-uns e ~aleur au point de vue initiatique et il en
t outre Gurdc.~s fort susp qui sont bien pires et dans lesquels agissent
dre Pas lu· Jletf et son ,ectes ... » Une longue mise en garde suivait
ans ses ;-~êzne Je n e~ole. Dans une autre lettre il confinnait n'ê-
Dan , rticles sur /a~t~e _recherché ; attitude que l'on retrouve
sévè s 1 ava initiation.
re : il , nt-propos .
abstenir . ~ engageait des Aperçus se trouvait cet averti~sement
?0 n <X!uv/ 1l Pensait Personne à demander une initiation ru à s'en
inaptitudee ,111ais dont ~~prendre des notions rendues évidentes par
L'en a écouter éc1l1co!npréhension du monde moderne et son
rattach sethb .... , le d n ess1tait · une nouvelle exposition.
··
ernc . e 1a qu .
11 est nt 1llitiat· estion a été analvsé dans · « A propos du
" zque (48) J' •
ne so raPPeJ "' ·
,. nt Pl e tout d' b ·
roJe et d Us conip . a ord que les choses les plus élémentaires
....~,oins . e e p e f f1cac·t,,.
. nses· •· « ...,..
i elle est par exemp1e,
1a ques t•ion du
1a, ,
que 1n p artie .
à 1 e proPre des rites . ' · et peut-etre
.. est-ce, tout au
raît être a, question ~ause d~ sa conne;ion assez étro!t~ _av~ ce11e-
compri egaJement de la necessité du rattachement m1trat1que pa-
sion d's que l'inic . ans le même cas. En effet, dès lors qu'on a
ne Peutu~e certain iat~on consiste essentiellement dans la transmis-
ceJui p etre opér ~ e Influence spirituelle, et que cette transmission
avant tar lequel s;:ffque par Je moyen d'un rite, qui est précisément
ence do~ut. Pour fonc~~tue le rattachement à une organisation ayant
cune dif/ Il s'agit il on de conserver et de communiquer l'influ~
en sornn zcuJté à ~et ~emble bien qu'il ne devrait plus y avoir au
le que les de~ga:d ; tra?smission et rattachement ne c -
x aspects mverses d'une seule et mên sont
1e c 110~

225
se, suivant , , .
« cha" _q~ .on_ 1 envisage en descendant ou en remontant la
Ine » m1trnt1que. »
L'obscrvati d · ,
sent p l' on es ntes est nécessaire mais le néophyte n en res-
n'y enat s effet ; l'influence transmise étant purement spirituel!e, il
l'initié re pas d' e'I...ements psychiques . ou "magiques. D'autre part, s1•
effectiv en resse~tait les effets cela voudrait dire qu'il possède déjà
« socié~?1e:it. }'e!at que l'initiation donne virtuellement. Bien des
en fait b~s Intt~a~iques », et c'est là un thème qui lui est cher, sont
· · zen degen ' ' · h '
Initiation virtueUeerMees. et i,ncap.ablcs de fournir a. .ut~·e . . c ose qu un~
rend abs 0 1 ·, ais c est Justement cette dcgcnerescence qm
ument necessaire cette initiation :
« Le p .
des cond· ~mt de vue proprem\!nt initiatique doit au contraire partir
plus pr' lt1ons
. , qu·I sont actue II ement ce1Ies des êtres mam·festes, ' et
le but ec~sement des individus humains comme tels, conditions dont
doit domeme q. . u ,.11 se propose est de les amener a' s ' a ff-ranc h.1r ; I·1
lement ne forcement, et c'est même là ce qui le caractérise esscntiel-
conside/a~ rapport au point de vue métanhysiauc pur. prendre en
que faç 0ration ce . 9u 'on peut appeler un état• de - fait.
' et re I1er · en que l -
sur ce 11_ celu1-c1 à l'ordre principie!. Pour écarter toute équivoque
· ne Point , .n ous d.lfons ceci· : dans Je Principe, 11
rien · est ev1. . ·d ent que
le « So~aurai~ jamais être sujet au changement : ce n'est donc point
ni sou~·» ,qui doit être délivré, puisqu~l n'est ·jamais conditionné,
Peut l'êtis a aucune limitation, mais c'est Je « rÏ10i » et celui-ci ne
« Soi » red qu'e"n d"1ss1pant
· I'.11 ·
i us10n "
qui Je fait paraitre ~
separe ' du
e? r~alité ~e m~me,. ce n'.est r.as I~ lien avec Je Principe qu'il s'agit
d exister .retabhr, pmsqu il existe toujours et ne peut pas cesser
de ce Ji~ mai_s c'est, pour l'être manifesté, la conscience effective
de notre~ qui d_oit être réalisée ; et. dans les conditions présentes
que ceJ . u?lanité, il n'y a pour cela aucun autre moyen possible
Il ~t .qu1 est fourni par l'initiation. » ( 49)
Prccisait un peu plus loin dans Je même chapitre :
récoit« Dans le s con d It10ns
·· ou, nous sommes en f ait, · on ne peut ne · n
ritueller sans avoir semé tout d'abord, et cela est tout aussi vrai spi-
dans ~?1 ent que matériellement ; or Je germe qui Joit être déposé
rieu 1 ~tre pour rendre possible son développement spirituel ulté-
d' r, c est précisément l'influence qui, dans un état de virtualité et
lui<: enveloppement » exactement comparable à celui de la graine,
est communiquée par l'initiation. »
. t<?ette graine nous reste seule de la Tradition primordiale et l'ini-
t 1a ion r'egu l"' . .
1ere, transm1ss1011 . .
mmtcrrornpue depms . I es oriuines,
nous la donne (50). Le rattachement à une chaîne suppose évfdem-
men~ un contact personnel et une transmission orale ; l'initiation
par es livres est impossible, même ceux dont le contenu est initiati-
226
que.
ralité Ils de~euvent seulement donner au néophyte une idée de la plu-
avancés fo~~n~ contenus dans les textes et à ceux qui sont plus

inal~c~~'
Dans <le rnr un support de méditation. (51)
formes exceptionnels, Je contact direct peut prendre des
pelrsonnage ucs tel fut le cas de Jacob Boehme rencontrant un
rt,
e tra '. s111ettcu .
mystérieu x q_rn· ne reparut' plus par la smte. · L orsque
~ vérit~b:out
1 e d 1_un

eHt-'r'"
enl. ~~
U
1
....5 ,~ ndous n<
~
· : : '- l! n . dl' ·
. •.1111. tia·lion
~<
on1111ent
• •• •
(
1lLllLJ ·~~
e,n etant parfaitement régulier, n'a pas la qua-
e maitre spirituel. il remplit alors la fonction que
u pagu ru, », c'est-à-dire 1a mam·restation
cac·'1 : l e G uru rntcneur
2 ).' · , · qm· es,· 1ou1ours
·
·
pre- '
S 1 52
ch. ose qu'une
Guru huma·
e tra Vail coll
Guru ln
1 ~ 1?""..1 ~ ~éritable
. n'est d'ailleurs pas lui-même autre
1.''tcnahsation du Guru intérieur et la présence du
11 n .·est p as essentielle dans les soc1ctes . , ,, 1m11auques
· ·· · ou,
a~sure
1
}
a Franc-M cct1f une présence spirituelle (53) comme dans
1ne p cuvent aconncne ,· occidentale
· où d'ailleurs certaIIIS
· mo ts sacres '

f_1c~ltés po~ir
.. va <le etre
. tran .
' smis que par trois Maîtres.
Il c1t1so1l. Guénon que la question a soulevé bien des dif-
bg1e ux 'et e es· nt es 1111 · · tmtiques sont différents des sacrcmen t s re-
mystiques q~1e · '
les états réalisés dans !'initiation ne sont pas des états
mystique. Î_, contemplation directe et contemplation par reflet du
chaos <le 1 es, deux nuits de Saint Jean de la Croix sont au;. deux
cc. Guéno a dcmarchc initiatique ce que le salut est à la Dehvran- ,
dent aux t n _rapp_ela encore que les formes initiatiques .corrcspon-

~3 ~~._tktr.
~ ~éd ~le•
rc, signe crois vmes orientales . la voie de Jnâna, connaissance pu-
1a_ "._Oie de p om i "a nec « S attwa » chez 1e Il r:î h111an.c ;
tnya et b adaptée à la puissance de Rajas chez le Ksah-

n<~na :- de K · at .n1.l
J(a~-
Seul le Jvo1è . au v' aicyas.
. .
ma se rapp peut donner la délivrance finale ; Bhak!I et
par a toi rcs.
le lan<>'ao
~1' \~nt . aux petits mystères et sont en q
e 'este pas trace en Occident de la voie
ucl<J.'~cd_~ ~ pre~
s,orte
_Jnana '
Moye;_Ac e de sociétés initiatiques au sein d'ordres ~chg~eux a_u
ccssairc g ' ~cmble les rattacher à la voie de Bhak!I. C est ne-
et à I·«i1i:ent a Bhakti qu'appartenaient les initiations chevaleresques
II r c. r1na le s mitrnt10ns
. . . . ..
mélange~
de métier.
· appela < 1es f':'rmes t rad"!-
vi~~ns
t1onnelles ·t uss1· qne l'on ne peut pas
toute sa tom ber dans le syncrétisme qu'il avait combattu

par~icG u~non
pl us
Enfin
~es ancien~
1 on pourr
,,
1
développa dans quelques articles.
ici.es comme l'initiation féminine.
~s 1 ~11 t 1 !1llons
questions
des traces
féminines faites 11 partir du tissage et que
l~s
l:lestal1~1·l
" Compag~~s <~eve~ll~r? Il semble que la tentative éphémère des
· c Penelope >> soit aUée dans ce sens. Celle de la néces-

227
sité d'une · · ·
sition s , ~rftique rehgieu~~ ~xotériquc traditionnelle (54) ou la po-
les ~ kecia e dans la soc1ete de ces initiés musulmans en marge :
IIK rad » auxquels il ressemblait d'ailleurs lui-même.
toucha enfm à. 1a quest10n
c'est-à-dir • de la réalisation « d cscen d ante :P,
(55) Ell e la fonction sociale de l'initié et à son statut extérieur.
· : e est en effet b 1en
c1se · rare mais· correspond a, une m1ss1on
· · "
pre-
« Tandis qu l'" . . ,
compli la , r e. etre qm demeure dans le non-manifeste a ac-
descend rea is~tion uniquement « pour soi-même », celui qui « re-
a dès lor» ensuite ' au sens que nous avons précise · ,, prcce
' 'd emment ,
SYmbolis~~ ~ar rapport à la manifestation, un rôle qu'exprime le
sont i11u . , u « rayonnement » solaire par lequel toutes choses
C' Inmees. »
· est
bon du B Voie
la . du sacn"fice qw. sacralise le monde mamÏ este, : f onc-
lllent l'h odhisatva aux Indes, du Rasûl en Islam qui est véritable-
omme universel.
Alors que l' .
convers t' on ne pouvait contempler la face de Moïse après sa
a
converse d Ion avec n·
1eu, M o h ammed ne laissa
. .
nen parai"t re et pu t
n p r e choses et d'autres avec ses proches.
extérie~~ alors ~e cacher dans le peuple ou même adopter un aspect
lYiah » d grossier comme ces « gens du blâme (56) : el Malama-
(57). ont Abdul-Hadi (Aguëli) avait déjà parlé dans la Gnose
Chaque p , ..
che de diffrec1~1on souleva de !1ouveaux problèmes et une avalan:
une sant, i,cu~tes auxquels Guenon fit front avec courage malgre
date de e dechnante et dans lesquels il se débattait encore en 1951,
sa mort.

(1) Paul s ·
(2) Q . crant, René Guénon, La Colombl• Paris 1953.
M. Jea Uesti on délicate abordée à la su itc 'de demandes répétées rie
«traite~- _R.e~or. G~énon s'éta_it con.tenté de répondre t.out d':tbo~~I,
, t 1 \ous-me111c. '> Pral1qua-t-il la rPligiou catholique regul1t.'-
reme
(3)
(4)
iLes Nouvelles
avec sa famille à Blois et à Paris ? 11 semble bien que non.
Littéraires, 26 juillet 1924.
(S) p ettr.e. du 24 août 1950 ...
(6) ~ ubJies en 1946 aux Ed1t10ns Tradilinnne/les (Chacornac).
Jas L Eygun, ancien conservateur à Poit icrs et ami de Charbonneau-
;elisay nous a confirmé le fait et se souvient de l'y avoir vu person-
CllJ.ent
ta[~~ La parution de ses livres avait c_<'J?cndant suscité. un intérêt cer-
ct le And~é Malraux, p?r ex~mpl~'. su1v1t sa présc1!tat1on de l'Orient.
«la ~1? decembre 1!)25 JI avait fait une co11férence a la Sorbonne sur :
(B) ~etaphysique orientale~- , . .
· euJs (icorgl's T~1111os C'l (rrillot d<' Civry rcsti•rcnt. Ils cht'rchaient
d u côté
se f . cl' un « ésofl-ris11H' cire
1 ·1·1en », « l C' retour :'i la tra d"f' ·
1 1011 llnP, dott
· aire et se fera en mode occidental». VI .i:111vier 1931.

228
W> H~
Oo; H. ~,:-,a11 Faria éhit
0 . Y écrit à Ù ,lllo_rt en s'cmbaruqant pour les Indes.
le: raP.Pr
Cl~) .\J~~ 1 <.tnt de creu~c?.· Galvao commentant le nom de Cruzeilles en
anuees -\.1Iard L ·01 1· . · .
mau ; 1P lus lard fut \flL'r, J?urna1ïstc belge, qui fit une visite quelques
<i: r\.Ouz :i> 1 c .n rajouta
' rappc
. p al' son intégrat10n
· · d ans 1e m1·1·ieu musul-
l 02) r;
~ 4!.
1Yl'I i t s v" .._.l's
...,, .
zucmc,
l 1e l .t 1 .
affirmant qu'il vivait en fabricant des
a. venue YYptc nouvelle HL·. '1 • :1 l'usage du peuple.
~a1_re <>ù de H.G. lui av;/c":r1.cr 1952. V. de Saint Point nous dit que
~:r 1 vui 11 ~ elle se trouva . t etc :innoucée et qu'elle le fit connaître au
1
~n hrèvl!cgYPlicu avec ~ 1. .dep.u1s plusieurs années. En particulier un
1
soirées a · âu début CJ. 11 fit cette revue: El Maari/alz à l'existence
03) IJ "~~ .elles, ma'iss 7/1nuya1?-t un peu, il venait bavarder de longues
mon trav~~r1vaït le 7 j . ~ mpit progressivement avec tout le monde.
1
0
provoqu ~ cl ll ... » et le ~ 1 et, 1935 : «C'est bien pour l'organisation de
n1ain .. ~> c ~u retard ., 1 . aout : «L'arrivée de mon déménagement a
ses êc~it' il notait ·~ J ai enfin tous mes livres et mes papiers sous la
U 4) N s. n peu pl us loin qu'il s'arrangeait pour réutiliser
les fru. Otnbrc de
05) ;s de Poste ses correspondants avaient la délicatesse de joindre
( 1 6) P.1 cil-, ina llde • il :\I I
Kaour ( • Chacorna · · Jcpagc de dresser un J1oroscopc d'1\hmed.
(17) VP .. l 02). c parle aussi d'un Américain : le Sheikh Abde1 Al
08) E1~ : N. Bannuate ·
1
· . 19
ses Visite c devait être · « V1s1tc l1 René Guénon», NRF, n 0 30! 55.
hatïon Urs prenant l''1a so.urcc de nombreux quiproquos, ccrlams de
0 9) 1 sans rése Jntérct porté à leurs discours pour une appro-
sJ ~ctt1·c rve .
. Y I \V~• . d c Hama p c · Ob ··
g1ve 11 s tnuch · · oom~1raswamy du 20 octobre 1971 • « HOU-
(20) ltl.llleh \Vis l unpressed With him and considercd him a holy man,
ctt ~ t 01n. »
(21) Il re du 15
Pu atte·1 a déclaré nl o~en~bre 1971.
(22) Il ndrc . 1a inoitiU1-1ncme
~ d.
q ue l es f rais· d'affranchissement auraient
re''ll(·s 1"it en 19 e c ses revenus.
(23) <lu 1ivrp du ~~ dans les Eludes Tradiliorwelles une revue des
Cair 1' 0 utes I rc ,\Iandonnct
e 1c.• es lettres d · · Orient du
Pnr \V i 1: · · -1>. Né en 1 c •) . ~ Guénon portaient Ja mcnt10n: « . c.
lllort llA th f.>11<1· l 90_ a Ch:Heau-Gontier I CJ>:ige fut remarque en 1930
u.1.ar·
directio ~ ius Le la .i eur du .... 1 ' " • après
,..,y111 ioli:-;ml' qui l'associa ù son <t'U\'l"t.', • .
S"
"
était 1, n de la 1 • ge assura, d'abord en compagnie de Corncloup la
(2 3 bïa lll<'11r :Je r~v/~l; jusqu'en 19{;6, moment où Jn mnladie l'écarta. li
Pyrain. s) II était rdre et les obédiences. .
ides ln . au coul'ant de ses travau xet de sa presence aux
(24)
, l J r·t
azs ne l' . , •
avait pas rencontré personne emcn •11 t
1
1929 .'
si . d la cr •
dC's c
ornptes rendu~ ùu Grand Lodge IJ111/t'f111 o
· f L owa de
d , gnees h ncrrC'.
A. 'V y p oui
. l c Speculatfoer
Mason 1·1 en\, , 0 Y" I,,
.. l l s
t
no es
j e~l syinboles · · (abréviation de son nom en Islam) sur les rapports
Ut h·t, oct o}) maçonniques et de l'ésotérisme musulman en janvier
dsa revu c:· des rc 1935 ' Janvier· · ·
1936 et Janvier · 193· 7· Il en par Ia d ans'
1 9 46 à J g~e vues épisodiquement entre 1937 et 39, puis régulièrement
e
(2.5) Rt11d 0 •
(26 es Trad /ï 10 ·
l) Anand . nnel/es, avl"iJ-mai 1940, repris in SFSS, p. 278.
mère a11 Tl • a henlisl 1 C 0
tion d' g aise fit d · omaraswamy, né en 187 ,
7 à C l
,o ombo, d'une
il re:t ~rt. 11 fut aes ét1!des d'ingénieur puis se spécialisa dans les ques-
il r~ ~ .l llsq11'ù sa ppele en l !)16 nu Musée des BcauxArts de Boston où
c ercha 1es buort en 1947. Grlice en partie à l'influence de Gué
ases JUétaphysiques de l'expression artistique ~~~

229
!ndes. A eût : ,. . .
11 PUbli- . c d 111nombrablcs articles dans diverses re\'ues a1nér1cames,
a sur
(27) Et~des ,', les\'· li ·
c_c ~1:, u surtout: lii11</r1111s1111' ci JJu1ufr us11lc e11 l!J -t 3· •
1· · • 1

(28) Le. . 1 rud1tw1111elles, îénicr 1 nu, repris in SFSS, p. 324.


disparu .s passa15es les plus virulents sur les Orientalistes allemands
·
clait rcnt aussi
tr·. ..... Et a1'l -cc l"a l'etTaccrncnt · de l'influence
· d c na '1 t g101
· · qui·
('J'J). ~s. ant1-allcmaud ?
-· (iracc : 1
(30) C lt ' 1 ~ 1 coupure du courrier.
c c iiconclu si~n
(31) L'ori ·· se t rouve en fait ù l'avant-dernier · c l lap1•t rc.
nombreux ·g·t·1e polaire de la Tradition ·1 fait l'objet également de
lionnelle~ ai 1_clcs. ~10tammcnt «un hiérogly.J>he du Pôle> (Etudes Tradi-
aout • 1950)' ma1 1931) . . c·t « l a l ettrc G. et le "w·1stika :P ( El l 1' ra d ., JUl
' Il< •
· ·1 -
(32) C ' ' repris in SFSS. pp. 131 et 1:n. . •
d outer de elle, corrc sponc ·
1 authc11t· ··t ·ancc
1 paraît trol> lwlle JlOUr être vraie • cl a f a1't
(33) L • ICI c
d e 1a source.
, (34) V~if~r~~~': T;i~de, llevuc de la Table Hon de, Paris 1 D4ü._
C.ornpagn
01111
sis, JUlll 1932, in : Elue/es sur la Franc-.llaço1111errc et fil
re vues de. . • t · 1• P· 201 . C
age e l 'ivre tonné
· d'un recuc1·1 d'·.11·t··l··
1c es c tdc
(35) Il • rc~ues ful publié en l!J;}.i par les Fditions Traditionnelles.
5
d e Guénon rca. g 1.t 1> arc1· 11 <.-ment lorsque 1• 011 s'amusa · ~ à chcrc l1er l' c• t y1no l og1e •
bours ... > • Guehe11on ou Gchconc: q:: quant it leurs 1nisérabll·s calem-
(36) L~ Ier
courir •,. .novembre 1933, Guénon écriv·ii'l ùu Caire : «Qui a fait
1
propos, ''la 11·u1t c.e 1 1111111 retour: 1frau 1.. , 1111 • dl' liruils CPUI'l 11. ù 1uon
1
ntenab1e P,0 ste n'est pas sûre.~ 11 ex pl iq ua it son départ par la vie
(37) Da qu 011 lui faisait à Paris.
M· F.G. Gns le rnerne • sens, le 2 décembre 1948 on trou\•c a cl rcssc~ a.
1
ont été Pl·~ vao: "je suis tout étonné de voir ,1;1c trois de Ines 1.cttres
en · qu'une· 1
le ait I ( ues · route; (!lHtnt aux v 1·i1 1·l·s, il 111 ... -;e 1n Ji 1t' 1>1t•11
Lli • qu ··1
1 n '" .•
24 août 19 ! celle où il était question de l'évêque de Bragançn >. Et
~~ qui s'est •>Û : «Il y a sûrement quelque chose d'anorinal dans tout
e_st surt~utproduit il .Y. a quelques temps pour 1 na corn·~pondancc ..•
Presentant · 9ua11d d1tTcrents signes sont concordants, bien que se
attention Ind7pendammcnt les uns des autres ciu'il convient d'y prêter
P ur l·rnl'JJt' ac car'dtl n' Y a pas de « liasard '> ni de• simples (1: co1ncidcnccs .. . >
(38) Il s'a c~ entelles ... ~.
de Frérno ' git des attaques de la /l./.S.S. La correspondance d'Olivier
sa'n t es à Il< 1 que . nous verrons pus l l 0111
· · · ·
apporte des prcc1s1011s · ·
intcres-
(.19) L ce SUJct.
et occnlt~ Poète V.E. l\lichelet avait fréquenté tous les groupes initiatiques
de Io h/.stes et publié de<i souvenirs très intéressants : Les cornpagnorts
(40) Dl~: f!hanie.
0
.
orf.{anisat·s influences «fort suspectes :i> s'étaient introduites clans Ies
(41) F ions contrôlées par Papus avec Tcdcr et Bricaud.
c: Pers 0 rank-Duquesne avait insinué qu'il pouvait être un agent de ce
F.G. r, n nage ~ qu'il affectait de comùattre. Les correspondanct.~s de
}lre 19za 1vao d '1 L d J T · · • 1 t
49 .' • .; •'. cpage, e .• ourniac en parlent ; a1ns1 e 30 oc o:
Dera·10 a J. Journiac:« Il parait que CC' Dr IJunwal<l dont vous a parle
rfeu ... • et qui est un juif Roumain, est un ·1 mi inlirne de Vulliaud ·ces
Duqu. ., P<'rs· 0 nnPs sont ·:1• peu prcs
· 1es seu IC's' :."1 l\trc du co• té dt> Frank-

tion /~~~P.~. Guénon éUti~, ~a; co.nfre, lrè>s st•nsihlc à_ la. n1oindre atten-
nn Pere T3runo qui d1r1gea1t les Htndes l'ormé/1fa1nes, lui envoya
C'XeinpI .
(4J) ;11r; dédicacé de sa mam..
c t 1·1 fut touché. ,
(44 ) Il sag1t, bien entendu. de~ livr<'s rl<'.iù publiés en 1!l.l0.
ava't A tnoins que Guc'~non n'ait pas été ft'nu au courant de ce qu'il
(4\) Provoqué, cc qui aurait été fout de mêml' un peu «fort>.
d'A .. <_Jn trouve cependant dans la r.nnse, cn t 911. sous la signature
gueJi, de belles pages sur l'initiation.

230
(46) L·t . . . é . du catholicisme, aurait
évidein~. constitut1on d'une élite, à 1'1nt rieur
(4 7) p <.:nt.. transfonné la question.
( ) E, Ubltcs aux Editions Traditionnelles. 19 4ï, chapitre V:
48
IRS. fudes lrwlitiunnclles, janvier-février-mars
(49) Il ,• . .
(50) C s agit toujours du même article. . "d rnrncnl une mon-
tagne le problème de la régularité a soulev{· cvi l'
(5l) \~~. ~rol~lèmes historiques. . dans son premier
roman cci n est pas diffl-t·ent de l'histoire racontee
(52) ·Gu. nt un vieillard qui
n'est ·iut cnon prend l'exemple du Buddha rencont~a On iieut ranpru-
rc qu'l D. ~ G ·ntér1cur. . .
<
c h cr cela 1 ~in cva, un aspect de son uru I . I. ucl celui-ci clépJ01c
exacte1ncn c u con1bat de Jacob et de !'Ange dai;s cqc résister.
(53) <i: t_ Ia force~). laquelle Jacob est susceptibl<:' ~ 001 ,-je serai parmi
eux. '-> 101 squc deux ou trois sont réunis en mon ;
(54) <t N. .11 ET décembre 19·17.
(5 ) ecessité de l'cxotérisme traditionnel>. ~111 E'r j·lllvil'r 1939.
repris ~ Héalisation ascend·1nte et descendante~. ~ ' •
J

5
(
56) 11 n I RS, chap. XXXII:
e I 1 1946 repr1.·s in [/~S. clwpi-
tre _ XXVIII~lasque populaire, ET, mars-avri '
(~7) Hep ris
· ·in Le Voile d'Isis, octobre 1933.

231
Chapitre X :

LA CONFUSION ET L'EVEIL

« Ren ~ G ,
nolllJnerai'e tuenon n'est pas un orientaliste mais ce que les Hindous
"; q_u'il dit ~e un. G~ru ... ». (1) Affinnation en cont~adiction av~c
see · A.}(. C lut-meme mais venant d'une bouche or1ent~le aut?n-
~:lans ses so oo~naraswamy. De son côté, Valentine de Samt Pomt,
Jours défen~Ven~;s de : L'Egypte nouvelle a pu dire: ({Il s'est tou-
~as
lut di~~~
de etre un_ Maître Spirituel. Il ne l'était pas. Il ne .vou-
Part1es du ipJes, mais parmi ses lecteurs il en est dans plusieurs
lI selllb!eq'::,~nde, _qui se considèrent com~e tels (et se déclarent).
On Pe a Ia fm René Guénon les ait reconnus. »
é 1 · Ut Voir d t
vo Ution s d '.en effet, chez certains de ses correspon ans, une
en ...1932 : <~ Mess1~er
0 dans ce sens : C. .. portait en tête de ses lettres
Maure • et ns1eur n, en 1945 • • bien cher Monsieur et vénéré
avoir Prote e~
1950
: << très cher et vénéré Maître». 11 ne paraît pas
:t:t',
COrresPond sre contre •l'appellation bien qu'ayant déclaré à ce ?'ême
L'attitude
IJJoins. fix:e
auparavant, ne pas être le guide qu'il recherchait (2).
l auteur des Aperçus sur l'initiation fut donc beaucoup
Vcrnbre 1956°~ ce que l'on aurait pu croire ; une lettre ?~ 12 n~­
les : « Je 11 , • ?- M._ F.G. Galvao apporte quelques précision~ utt-
ce soit et 1., az_ Jama1s prétendu être maître ou « chef» de quoi que
cé. Par d es e~hme
circ0 d'ailleurs fort heureux de. ne pas y avoir · été
' for-
P1re caJam 1· t,. nstances quelconques car 1e ne conna1s guere de
On a v e Pour quelqu'un que d'av'oir des disciples. »
llle « le c~ qfu~pour Je groupe du Dr Grangier, il apparaissait com-
tam plus loi~ d une ecole métap!1ysique incontestée » ; en remou-
le Jeune Gué ans le Passé, !'Ordre du Temple rénové devait avoir
non Pour tête. Circonstance est le mot clef, il est prêt

233
à se soumettr . .
exclua t e aux crrconstances, dont l'opportunité est signe sacré
L n tout hasard et toute historicité indépendante.
Par1·se ePtrodfess~ur Vreede qui le connut et le fréquenta longtemps à
sa vi·e d evait le revotr · au c aire
· resta en relations avec 1m· toute
urant Il a ,. ' )
te bien . · ~nvoye au colloque de Cérisy-la-Salle (3 un tex-
cuneux afürm t ~
et qu'ell . . an que son œuvre aurait pu etre toute autre
constance e avait pns cette forme h"1erat1que
,. · ·
et fixée en raison d es Cir-
·
s.
Lorsqu'il s'est a · d · . ,.
les difficuit,. ~i e vivre la doctrine métaphysique proposee,
théorie co es J?ratiques surgirent de tous côtés au niveau de la
<< Nous mme a cel U1· des personnes les questions ' se mu It1p
· J"'
ierent :
croyons avo· d ,.., · ' ,. 1 f 1
devint habit If e1a suffisamment explique... », a ormu e
D uelle dans ses derniers articles.
ans le prem· . , .
rédacteurs ·d . ier ?rou~e .de fideles de sa pensée se trouvai~nt les
Etudes t ad'~ · V ozle d lszs qui l'aidèrent à la transformat10n en
des art· rl lllonnelles ; certains s'interrogeaient après la publication
la prec"ic
· es de. .1932
. sur Ia necess1te
,. · ,. d'aller aux' Indes pour reccv01r ·
ieuse irutiat' , 1 , .
Chine A . ion a aquelle tous aspiraient ou, a la rigueur, en
plupa;t moms. d'entrer dans la Franc-Maçonnerie, ce à quoi la
, se refusaient.
L un d'eux ' b ,, . ,
ganem a·vec s em. arqua J?Our l'Algene, entra en ra~port a Mosta-
1
Barakah d Sa ~arrqah Altoua et reçut quelques m01s plus tard la
~ernier et ~b ?eikh Ahmed ; il y retourna en 19 34, à la mort d,e ce
ti.tre de Mo tint de so~ su~sseur. : le Sheïkh Adda ~':n Tounes, le
nions et d qaddem qm lm donnait le pouvoir de pres1der les reu-
groupe e. transmettre à son tour la Barakah. Il établit bientôt un
bles q;· P~is ~n second et Guénon, ravi, lui adressa tous les initia-
l n avaient pas refusé catégoriquement d'entrer en Islam.

~n 1948 encore, il témoignait sa satisfaction à F.G. Galvao :


J pro~os de ... , je ne sais pas qui vous a parlé de la réalisation
f ~es reves car je ne me souviens pas du tout d'avoir jamais em-
p oye cette expression, mais je dois d'ailleurs reconnaître qu'elle
~~rre~pond bien à quelque chose de vrai, car il est sûr que, sans
ui, bien des choses seraient restées à l'état de possibilité en quel-
que sorte théorique et n'auraient pas pu arriver à se réaliser. » (4)
Comment concilier cette prise de position avec ce qu'il avait écrit
dans : Orient et Occident et la Crise du Monde moderne sur le rô-
1~ de l'élite qui devait rester occidentale et recevoir seulement une
aide de l'Orient (5). A. K. Coomaraswamy en 1943, dans un arti-
c!e déjà cité écrivait également : « Non pas pour orientaliser l'Oc-
c1dent mais pour le ramener à la conscience des racines de sa pro-
pre vie ... Il ne veut pas dire, et il montre clairement quïl ne veut
pas dire, que les Européens devraient devenir Hindous ou Bouddhis-

234
maise b"ien plutôt qu'eux qui n'aboutissent à rien par l'étude de
tes,Bible
la
poete
' devrn .tant que 1·1tterature
,, ' ou par l'étude de Dante en tant que
même Pl aient redécouvrir leur christianisme ou ce qui revient au
hart ... , » Caton c e « G rand-Prêtre » comme l'appelle
' Maitre
" Eck-
nelle est c ertes, l'Islam n'est pas l'Orient et son origine tradition-
r~ non plu~m~~me :iu Christianisme ; cependant on ne peut pas di-
ci ayant sub(~
il smt U_? produi: de la civilisatio~ ~uropéenn~, .c~lle­
au sens où I' e son cote des readaptations trad1ttonnelles legittmes
Gêné, c ~n~end Guénon justement.
te -· e 1m-c1 don na une explication rétroactive peu convamcan-
·

?~s1ble
« . Pourdecel'E que. l., ai. d"1t dans Orient et Occident au suiet . du role "
~1t10nne1Ie _ghse catholique (comme représent~nt un~ forme ~ra­
p
tions, ainsi 0 cc1dentale, pouvant servir de bases a certaID~S ré'.'11s~­
r: que J. e que cela a d'ailleurs eu lieu au Moyen-Age), Je d01s dr-
resu ter e ne me · Jamais
· fait d'illusions sur ce qu'"l
1 pouvai"t en
p_a~ ~u, ~~1t ~e
. sms
1 onn dans les circonstances actue!les ; mais il fallait
s1b1htés, a p iss'.' me reprocher d'avoir paru négliger certaines pos-
ll en u moms théoriques ou ne pas en tenir con1pte. , (6) 1
nous par •
voya d 1 ,
es ettres semblables à nombre de ses anus
.
mai~
. ·1

ses livresait hors de doute que si quelqu'un avait interprété ainsi
Surto quelques années auparavant il l'aurait 01al pns.
ut le fonctionnement
ner des déboi · du groupe ' créé à A~iens · don-
.devait
Les Iett res à la mesure des espoirs qu'il avait suscités(?).
nécess~~s de C:··· montrent après quelque crainte sur fobseʰ-
r~
ce
Zao,u~a
ropéen. un mais compliquée des rites islamiques pour un - u-
dans sa ma?> and enthousiasme. Il construisit une peute • '
le
«
w·1rd
ISOU re t l
' . çu es encouragements de uenon a
G ,, ' bien
0
rec1ter
pela à la "r (rosaire) et parla un peu vite d'illumina.tion ; ? le rap-

balanc~ment
pondit aup .ud_ence, tout cela n'était que préliminaire. Guenon ré-
« Dhikr ,,881 '.1 des questions techniques sur Je du
prière « y qui _rar son rythme agit sur les centres subtds, sur la
Mai·s a latif » qui peut renforcer l'incantation.
'
de doctrine 1es c1ues1Ions. de personnes l'emportèrent de loin · sur ,c7lies
pour ass · Le recmtement fut b1tif et sans disce.rnemcnt spec1al ;
· · u rcr 1a vie
et renvoyait · de son groupe,' le Moqaddent vo~ ~
1a1·t 11er vite
·
t~u~ Musulm~ns C~l ca~d1dats ,~gnora~t
1~,e cont~ct ~u1, p~r
de ]'Ara quelques jours des
diaire <le la .et .qm avaient pris avec 1mterme-
C éd.iction des Et11des traditwt111el/es à Pans. (8)
des ·p : ~~~éra à Guénon de faire dresser le thème astrologique
0 1 l:s
tion entre a~ts pour vérifier la qualification : ce fut un ~ujet de fric-
ment tous M_oqaddem .et G?énon à qui s'.a~rcssaient dirccte-
disciples qm avaient quelques difficultés en passant

235
par dessus so . ,,
et surv . , n autonte. Il se trouvait ainsi perpétuellement censuré
11
choses e1t e et ,,G ue~on" ·
mstaure " Maitre
" spirituel par I a f orce d es
, e malgre qu'il en ait.
D autres fi t , 1 .
ne simpl"f ren a eur tour le voyage de Mostaaanem (9), ce qw
du Moq ~~pas les choses. Où se trouvaient les Jin~itcs de juridiction
1

velle foi~ d~ et celles de « son infaillibilité » ? Interrogé une nou-


et non la' u non resta très évasif : la doctrine seule est infaillible
Par ailleu personne, ce qui ne résolvait pas le problème particulier.
détails d rsl, 1 ~ susceptibilités furent éveillées très vite par les mille
des membe a vie quo t'd' 1 1enne ; le Moqaddem qui logeait chez un
·
~înaire. Il res du .groupe d~v~it occuper un emploi pour assurer l'or-
titude d Y a_,v~it contradiction entre l'autorité spirituelle et la pla-
u mateneI.
Notre intenr10 ' . . . . ·
abando ,, n. n est pas de nd1cuhser ceux qm ont parf01s tout
tant qu nn~ pour vivre complètement cette aventure de l'esprit, d'au-
le plus e c e~t à ce .genre d'exemple et de preuve que ]a jeunesse est
ter les se~!ble aujourd'hui. Mais cela montre les difficultés à évi-
Votre c~~ uche~ qui se multipliaient sous leurs pas : « Merci de
centre i . ~b?ration dans ce pénible essai de reconstitution d'un
Illtiatique en Occident... » (de Ra le 24 février 1936).
, E n 1946 · . · ·
etant rno t survint une crise plus grave · Je Sheikh de Mostaganem
tour et ; ! son M?qaddem pour l'Europ~ se proclama Sheikh à son
Suisse il nt ses distances vis-à-vis de Guénon. Désormais fixé en
autant à 1a~.entu.a l'originalité de son groupe sans renoncer pour
Il n' a irection spirituelle des autres.
au point Y eut
d pas de rupture unm · éd·1ate mais
· d'mtermma
· · bl es nuses

cles. Un ans des articI:s répo?ses à des lettres ou à d'au_tres arti-
thèmes hg~o~pe ayant mtrodmt des méditations sur Mane et des
le rnéJ c retiens dans ses séances, Guénon répondit par : « Contre
faux • ange des formes traditionnelles », puis vinrent : « Vrais et
Le instruct:~rs spirit~els » et « N?uvelles confusion. .s »... .
.
du s~ 0 PPos1ttons attemrent leur pomt culminant apres un article
C
eikh sur : « les mystères christiques » affinnant que les sa-
t''rements ch re"t'1ens avaient · conserve" 1eur valeur m1tia
· · · t'ique, 1e B ap-
eme correspondant aux petits mystères et Ja Confirmation aux
â~an_d~._~ suffisait d'une « réactualisation », tous les Chrétiens étant
b s. Inities virtuels. A la même époque Marius Lepage dans le Sym-
ollsme qualifiait I'EgJise catholique d'organisation initiatique.
~a distinction fondamentale de Guénon entre exotérisme et éso-
t~n~me précisée avec bien des dïftïcu1Ités tout au long de son œuvre
e~ait .reniée ainsi que sa thèse sur l'initiation. JI riposta par une série
~ art1cJes à partir de septembre 1949 sur « Christianisme et Initia-
tion » ; sa correspondance est remplie de cette querelle et témoigne
236
d·un
tif ( dés·Ir. d c poursmvre
· des recherches sur. 1e Chn~t~aru~m~
· · · · ·
i:n:m-
bl 1°n assiste une nouvelle fois à un renv01 dans 1 historre ~ncy1ta­
Il e orsgu~ l'on raisonne à partir de la régularité de la transm1ss10n).
voulut egalement se justifier ainsi que l'on peut le constater dans
une lettre du 27 septembre 1950 :
« L?rs des incidents de 1946, et malgré ce que j'avais déjà re-
marqt~c
pouvait
de fâcheux même avant cela je pensais encore que tout
' . ' · . .
· . s arranger, et II me semblait que votre soum1ss1on ne pour-
rait quy "b ,. ., . d'
1e s1.1enc·-- contn
a . 1
uer... Depuis lors comme précédemment, J ru gar e
~ • 1 1 '
· , . '"' uss1 ongtemps que j'ai pu ... Mrus ce a non pus na ser-
tvi. a nen, et même je me suis rendu compte que certains interpré-
a1ent t.10P vo 1ontiers • · ... eru·m, il
ce silence comme une appro bat10n
~st venu un moment, comme vous le savez, où, malgré toute ma
onne Volonté de conciliation il ne m'a plus été possible de conser-
ver_ cette attitude et où j'ai dû intervenir, en quelque sorte malgré
moi, dans cette question du Christianisme qui a été le point de dé-
part au moins apparent de la crise actuelle ; je dis apparent parce
1946 en _réalité, celle-ci semble bien n'être que la suite de ~elle _de
que,
tenantqui ,.n'avait , 1·amais été vraiment résolue.. Il est
. bien· clarr
· mam- · '
s'an1 , . . qu il n Y a plus aucun espoir que la s1tuation ~rnve J~m~i~ a
,,. . <?horer, et il est certain que cela ne pouvait continuer ams~ m-
defm~ment ... Vous n'avez certainement pas à vous préoccuper dune
q~~stion de « régularité » qui ne se pose même plus dans ces con-
d1t1ons. »

II n'eut d'ailleurs pas Je temps d'aller très loin dans ses ~c~er­
~hes sur le christianisme primitif constatant que les choses et~ie~t
eaucoup plus obscures que ce que l'on aurait pu croire a pnon.
p .
· .. ot~r lui, la ressemblance de certains sacrements avec des. ~ites
1
,niti~t~qucs (Baptême, Confirmation, Ordination) venait des ~:mgmes
esotcnques du Christianisme qui s'était extériorisé progre~stvement
pour ramener dans le droit fil traditionnel le monde romrun en dé-
co~np~sition. Effusion cyclique de spiritualité comme on a pu en
voir d autres exemples.
Les. précisions apportées par cette lettre du 9 janvier 19,?0 sont
1
fort 1. tiles ( 10) : « A la suite des recherches historiques qu 11 a en-
treprises" (il s'agit de J. Reyor) ... I1 p~uaît être de plus e.n plu.s per-
plexe meine sur 1a question du caractère originel du Chns~rn~isr;ie ...
En tout cas iJ est au moins certain que, tant que le Chnstrnmsme
est demeu_ré dans le cadre du Judaïsme. il ne pouvait pas CO~lpor­
ter un~ 101 e~otérique distincte ; dans ces condit.ioD;s .o_n ?e voit pas
~e qu, il a_urait pu être alors d'autre qu'une voie m1ti~ttq?e. Peut-
etre. L~ut:Il admettre que l'extériorisation a commence des que le
Chnstian1sme s'est répandu hors du milieu judaïque, donc très tôt,

237
puisque cela p · " · · ' · · "d
Saint p _ourra1t etrc ams1 en rapport surtout avec l act1v1te e
1
des te tau! !u -même ; cela expliquerait qu'on trouve déjà, dans
patibI X es tres anciens, des choses qui ne semblent guère être corn-
enfants es avec un c arac t'ere 1· mtiat1que· · · et ésotérique (le B ap t"eme des
façon par ~xemple ... ). II est vrai, qu'il resterait encore, de toutes
comme s, certams p assages em b arrassants dans les Evang1·1 es meme, "
qui von~e~x dont vous parlez ; mais comme il y en a aussi d'autres
contract· t' ans l~ sens de l'ésotérisme, il y a là une apparence de
certaineic ion qw est loin d'éclaircir les choses . il est possible que
renduess .Paroles, quand elles ont été transcrite~ en grec, aient été
mnxact ' . 'f' .
qu'on leur~ e~e~t, ou qu'elles n'aient pas eu la s1gm icat1~m
cussion attnbuee par la suite Ue pense par exemple a~1x dis-
qui pas "auxque~Ies a donné lieu l'expression « toutes les nat10ns »,
Pire rorait. parfois désigner l'ensemble des pays compris dans l'em-
alors dans mam '. et,, pa rois f · aussi· seu 1ement les Juifs qm• ctment " • e"t a bl'is
quelle differents pays hors de la Palestine). Quant à savoir dans
possibI mesu~e les rites ont été modifiés, cela paraît à peu près ~m­
primitife, Pu;sque personne ne sait au juste ce qu'étaient les ntes
des ch s, meme dans le cas du Baptêm.e : il y a eu sûrement bien
· Ouant
t~e. angement" ,. .'.') a" d'.1yerses epoq_ues,
" comme aussi pour .l'E uc h ans- ·
s1dèrent à l 1mpos1tion des mains, il semble que certams la con-
Mais d' comme ayant été la forme première de la Confirmation.
l'Orctinaut.n autre côté, elles semblent aussi correspondre parfois. à
qu ,on neion . ·' ,p our ce qm. est des autres sacrements, JC · crois· b'ien
et qu'il n' sait a peu près rien de la facon dont ils ont été établis
cela est es_t même guère possible d'en -fixer Ja date exacte ... Tout
l'Esprit ;r~ime_nt bien obscur ; pour ce qui est de l'intervention de
eIIe dés· ain~, 1 ~ semble bien que, dans la terminologie chrétienne,
que ce ig~e md1stinctement toute action d'une jnfluencc spirituelle,
tériqu ~lt d~ns l'ordre initiatique ou seulement dans l'ordre éso-
plus e. e qui est fâcheux, c'est que plus on examine cela de près,
0
parf ? Y découvre des complications inattendues et qui semblent
Cois _tout remettre en question ... »
« II onfirmation est donnée de cette position le 9 février 1950 :
Ro sem_ble bien avoir dans les textes de ce genre (Hippolyte de
ri me) f bie 1·1 d es c h oses qm· (1onnent a' penser que, en f ait, · l' exteno-
" ·
10
to~a ~ a dû c?mmenc~r très t~t, plus t.ôt que je ne l'?vais suppo~é
f t .d ,abord ; Il est d'ailleurs bien possible qu'il n'y ait pas eu um-
ormite à cet égard dans toutes les églises. »
r L'H.,.sycJ1
. . . asme, survivance · d' un c<>otcn.;;me
" , · encur l Ic I''e-
a' ,,.rn t".
g ise. ~a.t~olique orthodoxe l'intéressa également : « au sujet des
possib1htes d'initiation ... en voyez-vous d'autres que Ja Tariqah je
~eux dire d'autres qui permettent d'espérer obtenir quelque chose
e plus qu'une initiation simplement virtueJie ? ... vous savez qu'une
238
I~
initial" dé~ /e~n~ semble bien ne plus exister en fait _(il re~rend
j, 0 ss~ble qu'ilia cit:e sur les sociétés d'Hennétisme chrétien),; il est
ici
. . notechr"'f
ion

Eglise grec subsis~e quelque chose dans certains monasteres de


demment » /f~~· fi1ru;;: e? tout cas, cela est encore inaccessible évi-
« ... il , · n eta1t pas plus encourageant avec M. Galvao:
vo~e· un guid parait qu '"l :st extrêmement difficile de trouver pour cette
qf) en est le e quahf~é ; il faudrait pouvoir aller au Mont Athos
1•

f. e , être adm:ei:tre (Il a été transféré là du Sinaï vers le XIV' siè-


0tr
1samment la 1s a fy resi
,. . "d er pendant un certain temps·, et gagner suf-
b_ansmission
ien loin d'êt
e~~n 1~nce des moines pour obtenir de l'un d'eux la
es mstructions techniques voulues, et tout cela est
orthodoxes d,re. s~ns difficultés, surtout pour ceux qui ne sont pas
Un ongme. »
autre d
sa correspo asp ect « esoterique
, , . fut aborde, dans
,, de rorthodoXIe
« Au _n ance avec J. Tourniac : (12)
· » il Y a une
chos e trèssu Jet
~ncuse
c ·du tabl eau du « Saint Devoir de Dieu
~rait se~blables
de tout ,, f ; c'est qu'il en existe dans l'Eglise orthodoxe
sont en (sauf naturellement que les inscriptions y
support decc au heu d'être en latin) qui servent au moins comme
mont Ath contemplation, et il paraÎt que ces tableaux viennent du

~s ~ompagnons
le dites 1os. Cela serait de nature à confirmer que, comme vous

j~ ~a~s.
celui-ci,. auraient eu autrefois des relations avec

~
sus, et mal?eureuscment je n'en sais pas davantage là-des-
relations ai .lamais trouvé aucune indication sur la façon dont ces

. . 'uraient pu s'établir
1ns1 · »
controv~rse.
lu·1Aqui 'devait
par un _cuneux
réahsaw~n
· retour des choses, la avec ce
.:
tucl!e, ram < _fa1re aboutir le projet islamique de spm-

d:enc_ourage~o~tre-coup,~ouhaitaicnt conti~ua œ~es


aussi, par ena1t le Christianisme '1u centre des préoccupations et,
la Fran:-Maçonnerie. Il
ttans1geance . eux qui passer à l'Islam, mais sans m-
ru : (13) , ' un certam laxisme quelque peu désabusé est. appa-
vait répo °cJ une question posée sur le choix d'un exotérism.e, il pou-
ce soient n re : « Mais du reste il est bien possible que finalement
et c'est en 9uelque sorte les circonstances qui décident paur vous,
parfois c e qm· vaut le mieux... »
sulm~
0 pouvait se tirer d'affaires des interdictions alimentaires mu-
d' a-
vance.nes en pretextant
' des maux d'estomac et d'ire ses pneres
.,

d'admettr
il ne vit daucun mélange de fonnes traditionnelles dans le fait
le 12 nove ~s Musulmans dans la Franc-Maçonnerie et conclut
em re 1950 à F.G. Galvao :
« Pour le p araclet je vous ait dit dans ma dernière lettre ce qu'il
239
en est .(rappel d e 1a mort de Charbonneau-Lassay) de sorte que Je
n'y .
reviendrai 1 ,, .
que corn , pas onguement ; ev1demmcnt sa « fermeture » pres-
la fa t plete est due à un ensemble de circonstances qui ne sont
const~te ~e personne .. Quant à la Tariqah on a vu dernièrement la
1 ution à p · d'_une nouvel!e branche mdéper:i~ante ... ,. p o~r
le rattach ~ns
'
ait pas d~ment a plusieurs orgamsations à la cond1t10n qu 11 n y
dans c !ncompatibilité entre elles (ca; cela peut aussi arriver
q . d" cas) ' 1·1 me semble qu'on pourrait y appliquer
verbe ertams · un pro-
surtout a u1 it
.:· « D " ,,
eux suretes valent mieux qu'une », parce que
ne pas u ~iheu de la confusion actuelle, quelqu'un peut très bien
d'obten~avOir exactement à l'avance de quel côté il lui sera possible
1
de m . ir es me"ll ,
1 eurs resultats. Les circonstances sont certamement·
oms en m . . .. .
ne sont 01?s rassurantes, et toutes vos réflex10ns a ce. SUJ~t
nec' es . que trop Justes ; à vrai dire J·e ne crois même pas qu'il s01t
saire q , ' . .
Euro f . u une nouvelle guerre éclate pour que la situation en
C pe inisse par devenir tout à fait intolérable ... » {14)
g dependant, ses articles soulignaient que l'on ne pouvait mélan-
er
mêm ans un m"eme groupe des formes traditionnelles diff'erentes d e
U e que des éléments exotériques et ésotériques.
ne autre v01e
dec'ept· · 1mtiatique
· ·· · , · ouverte en 194 6 , a tt'enuant 1a
s'eta1t
avait 't, ionf Pre~
' éd ente. Une loge guénonienne : « la Gran d e T na · de »
début\e ondee dans l'obédience de la Grande Loge de France. Au
Etudes out ~l!a bien, un de ses collaborateurs les plus proches aux
forteme~;adltzon!zelles et qui n'était pas converti à ~'Islam ,Y e?-tra
accomp P.~:)Uss~ par Guénon. Deux autres « guénomens » 1 .avaient
vail co a~ne et Ils furent rapidement cinq ou six. Le premier tra-
ns1sta ' . . .
chait ' a regrouper dans les hvres de Guénon tout ce. qm tou-
1
deJà : ~ Fra.ne-Maçonnerie et à méditer son apport doctrmal. Au-
l'orth
se
â 0
~t v1sé était de ramener l'ensemble de la Maçonnerie dans
~XJe. Ce fut l'origine de difficultés innombrables ; la Loge
se gros? 1 ~ de nombreux affiliés ou simples visiteurs, intéressés par
c s activités ou l'œuvre de Guénon sans vouloir participer à la
ommunion intellectuelle et spirituelle de la totalité de ses mem-
bres · J · Corne Ioup, par exemple, s'est étonné aprcs . . avoir . expose,
;es scrupules au Vénérable qui la présidait, d'y avoir été reçu aussi
(~~11ement (15). Guénon prévenu avait d'ailleurs émis des réserves
, ) : « La question n'a pas de ~ens, on ne peut pas ne pas être
d accord avec la Tradition ». La satisfaction et l'optimisme domi-
nent en 1948 : « ... fait du bon travail » ou : « Il semble qu'il y ait
tout de même là, dans l'ensemble, un esprit meilleur. .. Pour que
le mouvement de retour à resprit traditionnel qui s'affirme actuel-
len:ent à la Grande Loge (et même dans des Ateliers du Grand
~nent). arrive à atteindre ces milieux (il s'agit de la Maçonnerie
dune ville de province) il faut un certain temps ... »

240
d. e,Le danston l'état
change. en 1949 : « Vos impressions sur la Grande Tria-
~1 ~st malhcu actuel des choses me paraissent tout à fait justes ·
a les ... a au re_usement certain que ... à côté de qualités incontes~
~ur ~~1 d~s.
lui ... On défl1:uts qui ne permettent guère de compter
d~x. 1an~ais
autres fo ù sait trop à quoi s'attendre de sa part. Quant
~!dément bi~ atcurs, il Y en a un certain nombre qui paraissent
i;:cire à se ren~feeu compréhensifs, et il est douteux qu'ils arrivent
m . aut espérer f 0 '?pte des buts qu'on se propose réellement. ..
tr:111 ~enir, mais :ya gre. tout que la Grande Triade réussira à se

gi~f
sa vail vraiment , -:st sur que ce n'est pas suffisant pour faire un
d' la constit :.cneux et qu'il faudra sans doute en venir à envi-
a curs tou jouu ion d~ quelque chose d'autre, à quoi elle pourra
Que[ rs servlf comme milieu de recrutement. •
fbl a bl es ques
en Itéchecli s avaient . été enregistrés dans des tentatives
. sem-
aute de mi·e a el et en Syrie · mais il pensait en 1950 qu'il fallait
ro upe « sa ux 'a mamtenir · tout
' en acceptant la constitution. d'un
Certa· 'uvage » en deh~rs de toute obédience.
g

1tr e obédience . ient faire émigrer la Grande Triade dans une au-
Gran~e reconn~e
ms voula·
es Grandes L. la Loge Nationale Française, par
et le côté .o~cs anglaises mais Guénon craignait le« moraltsme »
ce probablanti-mtellectuel des Anglo-Saxons · toutefois la survivan-
a rticulière
· c e d'une M açonnerie opérative en 'Angleterre 1''mtéressai't
p ment et le tent •t
,a une
Quelques
rupt Jours. avant saai. mort en 1'anvier 1951, un éclat aboutit.
c •u s1on
· ure
: « Eli parm· 1
1 es membres. ' J. Corneioup en a tire
· ' ce tt e con-
1
cadre ob&r . e fut une tentative normalement sauvage dans un

iv~ d'ailleu~s
ienttcl ».

correspon~za:~te
corps ass.
La tentaf dont il a été question plus haut avait pris
,et Guénon en avait été agréablement surpns ; l_a
gnements c . cchangée avec son organisateur abonde en rense1-
techmques .
et «la Votr
fe c idec· , sur «· l'encadrement » des prières par l'ouverture
·
part1cipaf rmeture (d ans la mesure où celles-ci· ne nécess1'ten t pas 1a
près . p ion de plusieurs personnes) serait à examiner de plus
ner .;n ou~ le moment, je serais plutôt embarrassé pour vous don-
de justit°vis, ne connaissant aucun « précédent » 9ui per?1ettrait
l'étroite Ier la. C~OSe ; [a principale objection porteratt p:ut:etre SUr
rites d'o ~•soc 1 :it1on (on pourrait presque dire la combma1son) de

pm~:s qu~
ce que : re di_fférent (exotérique et ésotérique). Quoi qu'il en soit
vous faites vous-même est certainement bien, et je crois
Q ez vous en contenter jusqu'à nouvel ordre. »
uelques mois plu s t ard , 1'l se fe"lic1ta1t. . encore : « J'ai été très
241
heureux
·· · ' .comme vous pouvez le penser des bonnes nouve Il es que
J a1 eul es Jusqu'ici de vos réunions et J·'~spère bien que vous m'en
bl crez encore prochamement.
repar
T · ' - II est bien cntend u que 1es
a eaux de Loge peuvent être considérés comme de véritables
~ ~an!ras » et, comme tels, être pris comme supports de méditation,
Coais tJe n~ vois pas comment ils pourraient être employés pour
mp er . Je ne . .
serv· ' sais pas du tout de quoi les opératifs pouvaient se
décoIr pour. un tel usage, et Il · me semble bien douteux qu ' on pmsse
·
senc:~~r tquelq~e ~en~eignement là-dessus ; en tout cas, en l'ab-
me pa ,. oute ~d1cat10n de ce genre, l'emploi d'un chapelet ne
rait pas presenter d'inconvénient. »
L''
Gué~nvocation du Nom divin jouait un grand rôle dans ~e gr~mpe,
vrai ~ donna les conseils suivants : « Pour I'incantat10n, il est
0

leur q~ ~m peut toujours compter sur les doigts, ce qu'on fait d'ail-
ne vs ·ICI quand on na ' pas de chapelet à sa dispos1t10n
. . . Je
; mais .
sibili~~s gas quel avantage il peut y avoir à cela quand on a la pos-
per beau e faire autrement, d'autant plus qu'on risque de se trom-
coup plus facilement par ce procédé. »
Dans
prena t ce d omame · encore, certaines choses pouvaient paraitre
" sur-
n es ra PP t , , 1 . é .
te : tel est le cor edcs a 'I a ngueu~ doctrinal_c de sor! œt· ~':re cn-
cette ét m . as, e me ange de ntes exotériques et eso enques ou
lettre /.~ 01 ?g;e eminemment syncrétiste que l'on trouve dan~ cette
« JabeleJa cite,e adressée à Marius Lepage (le mot maçonmque :
« On °~ » ~ecomposé en « J ah » hébreu, « Bel » chaldaïque et
» egypt1en).
ce En
et fait. ' Gu '
. enon · con f'ian-
prêtait beaucoup à ceux en qui il avait
reste. qui lui paraissaient d'intention droite. D'où ses désillusions du

, Dans l'incertitude générale on se trouvait ramené pratiquement


a ce qu'avaient été les hésitaÙons et les expériences du jeune Gué-
non dans les années 1905-1914. Son apport théorique avait donné
une force nouvelle, mais le plancher s'effondrait :
.. « ,~o~r compléter le tableau, et bien que cela ne présente pas
ICI d mterêt pratique, j'ajouterai encore que, dans l'Inde, les faux
gu~us et les personnages plus ou moins suspects ou douteux au
f 0 rnt ~e vue traditionnel se multiplient depuis quelque temps d'une

açon inquiétante ; par contre, ceux qui sont réellement intéres-


sants se tiennent de plus en plus cachés, et cela ne se comprend
que trop bien, étant données les tendances nettement anti-tradition-
nelles du gouvernement actuel (il est assez significatif, à cet égard,
que celui-ci subventionne une soi-disant « Académie de Yoga »
dans laquelle on prétend étudier ces choses suivant les méthodes

242
« scientifi
ce qu'il a&es J'
au sens occidental et moderne du mot) ; qui sait
Il eut , '.en ra et si ce ne sera que passager ? » (17)
ou a' raison d
d ailleurs l'o ccas1on
· de dénoncer à mamtes
· repnses,
· a' tort
tarananda 'doc fa,'!x instructeurs spirituels : Le Swami Siddes-
l S) ; Mariu ~ 1 Influence fut ITT"ande en France après la guerre
c(fup :
)
Guén~ tage, qui le reçitl chez lui à Laval, l'admirait beau-
n rancha « Le Swami S. est loin de !'orthodoxie >.
9
Gurdjieff
« Cel . . 1ui. paraissait
. . . particulièrement dangereux :
et- s•mpJe,
· ui-c1mais il est
qui , d' ongme· · grecque, n'est pas un charlatan pur
âe en Orient .f en est que plus dangereux ; il a beau~oup voya-
e pratique ' e~. 1 Y a recueilli des fragments de connaissances et
ment. traditi~ ~rrai:ige
qu Il à sa façon, en dehor~ de tout .rattache-
~~ent1quemc ~ne~ ~egulier
~ais
... il n'y a là très certamement nen d'au-
Jieff exerce n spmtued ni initiatique la vérité est que ce Gurd-
psych·•que sur · ceux qm· l' approchent ' une sorte d' empuse · d'ordre
ass~z
1
a force deq::U :st étonnante et à laquelle peu d'entre eux ont
La , . . e . . -oustnure... » (20)
c ess1té
· mefiance
d' -- al ement de rigueur envers les Bghses.
e s t . eg · L a ne- "

~ convertissllien~
une EgUs une J?rattque exotérique ramenait obligatoirement vers
l'Islam. ?ccidentale tous ceux qui ne se pas à
« p uenon se montrait assez prudent dans ses conseils :
. 1a dem
ce ourla questton . du rattachement exotérique il. est certatn . que
,. ande re'fl. ex10n, · et je vois du reste que ' jusqu,.ici· ce.a l n'a,
prof1~ a~n~er.
s eté sans
Pa
trouver une pour vous ; j'espère que vous pourrez a

~
ine, la prat· solut10n satisfaisante En somme dans le chnst.Iams-
l'Eglisc onhod ique d es ntes · · se· trouve' exclue, 1·1 'Y a que
catholiques
ce qui con oxe dont la régularité soit incontestable, puisque, en
au point dcerne l 'Eghse · anglicane il y a des doutes sur sa vat l'd'ite'
puis un c . .
· e vue d e a succession apostolique ; il est v~ai que, de-
I ' · ·
crer les ~~t:im temps .. on s'efforce d'y remédier en fais:rnt c~ns~-
ne sais ~ques anglicans par des év~11ues orthodoxes, mais Je
.
ion ... Jepas do'Jusq ~ou ' ' s ',etend actuellement """1 cette sorte de regu" lansa-
·
t
comme.. . ~s dire que tous les prêtres catholiques ne pen~ent pas
son initi~r' Je connais en effet... , initié récen~ment ~t q.m' avant
~
mônier Ju{on demandé à l'aumônier... ce qu'il ~evrut farre ; l'au-
per de cela a rep~!'du, qu'!l n'avait nullement bes?lll de se preo~c.ii­
me com et qu Il n avait qu'à continuer à pratiquer le cathohc1s-
rattacherme , Il , l'av
. ai"t toujours fait. Lui aussi· avait · envisage
· ' de se
il préférai~ 1 Eghse orthodoxe si la réponse avait été négative mais
Un éch cependant rester dans le catholicisme si possible ... »
ec dans des tentatives du côté des Eglises orientales pro-

243
voqua les même " · " "d
cette attitud ~ react10n~ prudentes : « Je suis toujours. etonne e
prends e. qm sem~Je etre nouvelle chez eux et dont Je ne com-
l'union pdas bie~ les raisons, à moins que cela n'ait de rapport avec
es Eglises ... »
Quant aux te t .
Maçon . n atives de rapprochement de l'Eglise avec la Franc-
sus et ~~Ie t~ntée par le Père Bertheloot de la Compagnie de J é-
meut au ist~nen maçonnique Albert Lantoine il les jugeait sévère-
au Père Bpomt h de vue . d oc t nna. 1
en particulier' : « Pour en revemr .
pratique ert eloot, Il est difficile de savoir ce qui pourra résulter
doute nement
f . la te n t at"ive d e rapprochement qu'il envisage
de . ; sans
qu'il sembf u~! 1 pa~ s~ faire trop d'illusions à ce sujet, d:autant plus
té par p e ien n agir que de sa propre initiative et n'etre manda-
la Maço erso~ne. D'un autre côté, je ne crois pas qu'il se fasse de
au poin;~~Ie une. a.u.tre. idée que son ami Albert Lantoine, c~ qt!i
presque d vue m1tiatique ne va pas bien loin. » Il se re1omt
Père . , . e la levée de boucliers provoquée par ]es initiatives du
de la Jesu1te ·· « C'est par M anus . Lepage que j'ru. eu connaissance
·
reprocf~uvelle offensive romaine ; il m'a envoyé l'article de la Croix
que ce~1sa.nt celui de l'Osservatore Romano. Mon impression est
ponse vise surtout le P. Bertheloot et que c'est avant tout une ré-
même aux promesses qu'il avait faites si imprudemment, annonçant
d'une eavec . une assurance étonnante la prochaine publication
de cert~cychque qui devait faire des exceptions pour les membres
que lui ~~s Rites. ou de certaines Obédiences ; je me demande ce
A ses amis doivent en penser ».
u temps 0 ' 1
can apr' I u acques Maritain, ambassadeur de France au ati-
v ·
une réae~. a guerre réclamait sa mise à !'Index, Guéno1?- avait eu
l'article ~ 10~ comparable, presque de satisfaction. Ceci rappelle
qu'il f ~1 J.eune homme répondant à O. Pontet dans : l'Acacia
se aisait une gloire d'être excommunié.
de;v1u~~it~de des informations (il était par exemple en rapport avec
ce ,redigieux du Liban) et méfiance envers le Clergé n'ont donc
sse e caractériser son attitude.
Une documentation et des activités aussi étendues n'aIIaient pas
~a~~ tension ni inquiétude ; son tempérament peu robuste et son
a. ~tude d'envisager le pire lui valurent plusieurs ennuis de santé
;ssez grav.cs. dès avant la. guerre. Frithjof Schuon à l'une de ses visi-
·f8,
1
a~ Caire le trouva immobilisé par des crises de rhumatismes ;
eta1t souvent grippé et se plaignait du temps. Louis Caudron, en
novembre 1937, lui exprimait par lettre son soulagement à l'an-
~0?ce d~ sa convalescence: U~ ,être extraordinaire dit _Valentine de
aint-Pomt (21) dont les mqmetudes ont abrégé la vie.
L'année 1950 avait mal commencé : « Le temps ne s'améJiore
244
?to, avoir
·
UJours pas. ici,
jam . . et Il
. a même gelé, ce qu'on ne se souvient pas
~nterruptio ais ~ ; aussi les rhumes se succèdent-ils chez nous sans
ie suis inc:' ~ il Y a ?es jours où cela me met si mal en train que
b~soin d pa le de frure quoi que ce soit ; je n'avais vraiment pas
faire ... »
2
( ~)la pour me retarder encore dans tout ce que j'ai à

à:D ~
A 1' automne
D octcur Katz ' 1 f a!igue
. et les rhumatismes l'avaient repris et le
ces termes : ecm et ami de la famille, a rapporté sa fin en

~oigner
ç • « E·1 corc qu'il f"ut assez las, il refusa obstinément à se laisser
i avant

tous deux éga(ue sa seconde fille (Leila) et son fils, Je petit Ahmed,
Cc • < cment malades, eussent été tirés d'affaire.

à se 11lais~~~ ~~ effet qu'après leur complète guérison qu'il se décida


qu'il consc ;:~r~··· Et encore. Les seules médications (ou à peu près)
1
relle ». Le ~~f a ... subir ressortissaient à une thérapeutique « natu-
n1en compl, us l~ plus complet fut opposé à toute demande d'exa-
ementaire
vais.Cométémentobi" enfin, ' au· retour d'un très bref voyage a.. pans . que J.,a-
lioré au !ge de faire, j'avais trouvé Je Cheikh Abdel Wahed amé-
suite de P,01?-t .de faire espérer une complète guérison, alors que la
s1on
· o-e' s , evenc ments devait au contraire voir s'accentuer sa d'eprcs- 1
aucune 0 nerale
l' . et apparaitre
" des troubles ne pouvant " rel"é s .à
etre
, es1on d' ,.1
~ e~
..n' 'tntt

affme~t
medicale un organe particulier A tel point qu 1 ne
d'une pas possible de groupe; ces troubles sous l'étiquette
c . ection 0 rd.malfe
· ou reconnue.
e tnste d '!nanche de janvier où il devait s'éteindre, il· s'était· à.
·
\ref!~ 1ses ~ressé E~.Nafa~s
plusieur
Khalâss sur sa couche en s'écriant : .•
vers l l h 0 ame sen va). Je l'ai revu vivant paur la dern1ere f01s
cher le H cures du même soir. Je l'ai quitté à ce mome~t
Ab~u ~nv1rons d~
pour cher-
ram ides t;g Bakr dans son petit village des Py-
Caire . n .accident m'empêcha de réaliser ce proiet. Je revms au
A et allru chercher un appareil à inhalation d'oxygène.
Cheikh deuxA h cures du matin, à mon retour à Dokki,· J.,a~pns · que ,le
mon d, bde! Wahed avait rendu Je souffle quelques minutes apres
epart.
entière
Ses der f rueres
., paroles furent pour invoquer cet Etre que sa vie
dent ag·~-t consacrée à connaître et à faire connaître par un Occi-
tout s I e et oublieux - et surtout à aimer avec tout son cœur
. on esp n't ' toutes ses forces : ,

- . Allah, Allah. »
D'autres prec1s10ns
, .. ont été fournies par une lettre de cet Anglais

245
islamisé : Ab , . . .~
parler. Il é . 0.u Bakr,_M. ~artm Lmgs dont le Docteur Katz vient de
sa fin . Il cnyit le 11 1anv1er au Sheik Aissa (Schuon) pour raconter
d'Allah· Ila vaa .tr<;p sou ff ert et demandait à mourir avec · la protect10n·
dérange. d avait egalement dit à sa femme Hagg't Fatma de ne rien
serait r ans son b ureau et que s1· ses affaires restaient
. parmi ' · en p 1.ace 1·1
che 7 J·a . eux. Il mourut après 23 heures dans la nuit du d1man-
nv1er . le 1 a· 8 .. . .,
res furent a· ' ' ,un 1 entre 10 et 11 heures, les dcrmcres pne-
dans le c ites a 1 Azhar et il fut entcrr~ au cimetière de Darassa,
aveau de son beau-père, Sheikh ~Mohammed Ibrahim.
«alSalut a' notre grand phophète l'vlohammccl
s u~ au Sheikh Abdel Wahed.
R ene G ,
Ab uenon de naissance et de langue
del Wahed Yehia de religion et de patrie (24)
nous demandons son pardon
po~r l'avoir troublé dans ce lieu paisible.
qu ~l avait choisi ici-bas comme retraite.
~ais ayant atteint sa retraite éternelle
Cett . comprendra ce geste de la part des humains. »
1
fut fait: !1vocation de Ali Kamal el Dib peintre et ami Egyptien,
René Guéa 1'anniversa1re · de sa mort par «' l'as.sociation d es anus · de
Sa dispa .~on », (25), réunis à la villa Fatma autour de sa veuve.
Il1J·1·1eux. ntion
« . ava't '
. 1 emu beaucoup de monde qut· vmt · c'11ez 1m· ··
viseur du Lof~ciels >.) français et autorités égypti~nn~s.. Le Pro-
nène offrit Ycee Français d'Héliopolis : Théo Stéphanopoh de Com-
fants. Un t~~t de suite de prendre en charge l'éducation des en-
Ve/le que e sene d'articles lui furent consacrés dans l'Egypte nou_-
Igor Volk nous avons vus til faut ajouter ceux de J. Moscatelh,
off, Gabriel Boctor) (26).
consaA Paris ' la R a d"10 annonça la nouvelle et la gran d c prc~se 1UJ·
M. A c~a ,GueJques lignes : M. Paul Sérant dans Combat et Rzvarol!
dan 8 ln re Rousseaux dans le Figaro Littéraire' M. JacquesMMasm
vier d esCCh" a zers du Sud, M. François Bruel dans Carrefour, . O li-
·
e arfort dans Réforme.
re ~es Etudes traditionnelles qu'il avait animées depuis 19 26 éditè-
n un numéro spécial qui était en même temps un bilan de son
apport : « Et maintenant ? écrit Jean Reyor qui dirigeait alors la
revue avec Chacornac, telle est la question que ne peuvent pas ne
pas se poser tous ceux pour qui l'œuvre de René Guénon fut l'évé-
nement majeur de leur existence ... »
L'œuvre personnelle était accomplie, queJies étaient ses chances
d'aboutissement effectif ?
. Les, antagonismes apparus du vivant même de l'auteur s'accusè-
1 ent des ce numéro in memoriam.

246
Michel
vin : d ocumentaire
masse e/d,~ere.
Valsan cons. vie,l'ensemble de. !'œuvre,
comme part1c1pant d'uny plan
compris
divinla·
1
« li .
et dec ette
qu'a convient dt·
œuvrede ré ciser
. en !'occurrence que le privilège spécial

René u caractère sa~ no~-individuel


rive d plénitude trad·i?uer le rôle de critère de vérité, de régularité
5mnelle devant Ja civilisation occidentale dé-

prépar/~m~
certai Guénon. L'ho re et qu'a revêtu la fonction de
la sa;ement 9m devait accomplir cette fonction fut
mie pre,ss_e avaient préd': om, et non pas improvisé. Les matrices de
lation ecise, et sa car .!spose et formé son entité selon une écono-
extérie constante ent nere s'accomplit dans Je temps par une corré-
Il ures. » (2?) re ses possibilités et les conditions cycliques

neest
~artielles.
sions
et .. «donner
peut li 0 1e ,mfaillible
la bouss . » et « la cuirasse impénétrable •
M eu a des interprétations diverses ni à des adhé-

vuais l'e appreciatio


~
.1 quarr
en
I
, . d11 smvante
l'œuvre . de M.F. Scbuon est bien !imitative :
e1 la
1 réalisaf e .théorique » car elle n'a pas directement
R « Corn wn spmtuelle:
es~t ~evérif~u\
quaené G, uenontoute œ uvre dune , envergure except10nnelle,
. celle de
il a sa donner lieu à des interprétations diverses, non
œuv cependant ed g obale, mais quant à son caractère et sa portée ;
seul re avec i'nt, "es p omts · sur lesquels tous ceux qui. ont su1Vl
· · cette
s d,<>finissenteret, doivent
· être d'accord, et ce sont ces pomts· qm·

l'apepl<;Ju~non
Le rôle d ' a notre avis, I'œuvre guénonienne.

l'énonc}a~ion.
:ontrcr était de poser des principes plutôt 1que d'en
n gén · ication · • d · 1·pes que
qu'on
ti a demette
1
intellectuels;exerce
c est dans es pnnbc e ,• mats•
avec une 11131wse 1ncontesta
a nous par eur
1
• • nous propose au cours de ses nombreux ""n'ts, . :.~
ceolns que l'at t sans réserves tous les exe111ples et toutes les déduc-

intconn~issance
p us que la ait etre une question d'opinion voire de foi, d'autant
1
sauraient des faits dépend de contingences qui ne
. so ervemr
. d ans 1a connaissance pnnc1p1e
. . . ll e. •
n : eurs deux rencontres vient corroborer cette opi-
moLe uvemr de 1
' nue
« Il de G , sans objet par conséquent, de parler de laper-
soeff nous uenon
acement par
. "t' et
31
. nous. nous' bornerons a' re1ever l''1111pression
·
dcontres. L'ho et de sm1plicité qu'il nous fit Jors de toutes nos ren-
versement, sc1;.f:te. se.mblait ignorer son génie, comme celui-ci, in-
,"Jt ignorer l'homme "· (28)
voy~~e~u
M_. André
possibles, rec,?n'.'aissant la diversité des interprétatio
ans l 1dee métaphysique, le point de rencontre ns

247
général.. Quant à M. Marco Pallis, il revenait sur la question du
Bouddhisme et présentait l'attitude de Shankarâchârya
« Il impo;te de dire d'ailleurs que, si René Guénon ~ youlu se
placer, au debut,. au point de vue du grand maître du 1na~a-:yoga
sous sa forme ~mdoue, Shankarâchârya, l'attitude de celu 1:c1 e~­
vers le B?~ddh1~me de son époque n'est pleinement c_c:mp:ehens!-
ble que ~ 1 1 on tient compte des nécessités extérieures hees a la de-
termmat:;on exacte des domaines de deux traditions différentes dont
la coexistence dans la même civilisation gênerait l'économie de
chacun~. P?ur Shankarâ, il s'agissait avant tout de sauvegar~er ~'?y­
thodoxie hmdoue contre toute tentative fût-elle la plus JUSttfiee
dans so? ordre qui aurait pu mener même indirectement, à une
rupture
. m terne d e sa forme. En poursuivant
' ce but, devenu pour lm·
capital, ~h~nkarâ n'avait aucune raison de ménager u~ mouve,m:nt
ten~ant a echapper au cadre providentiellement établi pour l Hm-
domsme.
,. J?an: un cas semblable l'attaque se déclanche en faisant état du
cote negatif de la doctrine soi-disant opposée voire même des
a?us auxquels ce côté négatif serait susceptible' de fournir rocca-
~I~n. ?ans, le .cas particulier, il est significatif que Shankarâ a été
l~~;em.e l ob1et de critiques de la part d'autres Hindous, lesquels
u~ai:nt de propager une doctrine qui n'était que du Bouddhis-
dme Bdeguisé : L a concomitance
· entre l'attitude de Shankara" a' l' egar
"' d
~ ~uddhisme et celle de certains Hindous vis-à-vis de Shankarâ
1UI-meme d est d'a'1lleurs b'ien caractéristique
· · et a.. vrai· d'ire, c'e s't I a
secod~ ~ attitude qui représente le point de vue' le plus profond, car,
en, . ep1t d'une d'W
.1 . erence très accentuée quant à l'express1~n · ...et a' l a
methode, la positron spiritue11e de Shankarâ, donc du Vedanta et
celle du Bouddhisme Mahâyânique s'apparentent au point qu'on
peut parler d'une quasi identité. » (29)
Interrogé sur l'avenir de la revue Guénon avait souhaité la voir
continuer ; par ailleurs sa fonction' de l'avis de Jean Reyor n'exi-
geait pas une continuité de représe~tants humains : les Etudes tra-
ditionnelles devaient donc rester le lieu de rencontre des quelques
milliers de personnes qui avaient été touchées ... Ceci était d'autant
plus souhaitable que les « guénoniens » s'étaient divis~s et. que ni
l'Eglise Catholique, ni la Franc-Maçonnerie à qui il avait frut appel
n'avaient donné de « signe de bonne volonté ». Des deux côtés les
adhésions avaient été individuelles.
La diaspora commencée de son vivant s'accentua ~ des plus an-
ciens collaborateurs des ET. qui avaient été tentés par l'Islam, un
seul M. Titus Burckhardt y resta. D'autres, comme M. André Pré-
au cessèrent de participer assez vite à la revue. Enfin, M. Jean Rcyor,

248
sonA t ~ur.
àJam.
san. « orientation
en abandonnci:' .1a direction
. qui revint à .Michel Val·
Ce n etienne > (30) fut substituée celle de l'Is-

ei;i
et leItalie
fr:c ttonnement
s.ont là que co
destiexemples, les brouilles furent nombreuses
tant des nom évocatetÎu~a b~entôt
zwna/i aunotamment et n nu.; u? nouveau groupe islamisé apparut
une : Rivista di Studi Tradi-
son hom ettres personnrÏI ertams numéros de cette revne, en édi·
1
Toute onyme parisien: es provoquèrent une petite guerre avec

ce que Gde
plupart , cestentati
s les groupes e. « controle
ves de • » ont donc echoue
, , mats
. la
Peut-. uenon aurait pont survécu, réalisant chacun de leur côté
proques etre pourro u appeler du « bon travail »·

turpitud~~â~~bre présen~,
marque· q_u; se sont ns-nous! a' propos des exconununications réci·
c!e peu d'un J 1aJces les « guénoniens • rappeler cette re·
if.iant converti amené à Rome devant Je specta·
Il n' s, il fallait b. e par la Papauté : pour survivre à de telles
« cons~n a donc pas ~:n qm~
!'Esprit Saint l'habitât.
les univ sus » de ceu co?-tinuation de J'œuvre de Guénon par un
A d , erselles et étex qm avaient adhéré aux vérités traditionnel·

r~mplir ~
deux t efaut du
ent attves
· de « M
« consen
vivant m fonction de
~us,
ruelles qu'il avait expasées.

agi~teres
» des croyants on vit se d'evelopper
» : un des chefs de groupe vo.uiut
L e par les au~enon,
autorit, 1eme de G , Maitre spirituel ponr !'Occident, et ceci du
mais il ne réussit pas à faire admettre son
es Et res group
gardien
sont tennesudes « I'ouJtnhnel/es,es.de leur côté s'instituèrent peu à peu
de tradit"
dont n direction
cialiste
d';.'c~ement
d ans la us. au sens st r. odoxie

o~s ~
· guénonienne' »· Ses réd acteurs sen '
littéral de )'œuvre de Jeur Maître (31),
venons nne par Michel Valsan dans Je numéro spécial
Jean p es questio e parler. M. Denys Roman, par eiœmple, sp6-
dité !' alou : la Fr us maçonniques, rendant compte du livre de

critiq~~embre, déc~:;
En n œuvre de Gu'!ne-Maçonnerie (32) appréciai! qu'il ait lu et mé·
tout en ajoutant : « il n'est pas guénonien •·

qu~ Gu~~aire
très e le Dictio . re 1971, le même penys Roman après avoir
tranthostile à n;açonnique de M. j\JleC Mellor, d'ailleurs

~men_e c~~;e~~
phén « l'influ on, lm opposait un texte de M. J. Bay\ot mon-
tion irréve de Guénon sur la Franc-Maçonnerie est un

~volonté
penso arfaite de e » ; le commentaire constitue une illustra-
carrièns pas que M d'exercer un magistère : « nous ne

p~i .v~u
fait « re maçonniqu.e aylot soit un « guénonien >·Mais une longue 1
me à [.econnaître » 1 a
essence de l'Or~r une sorte de « sensitivité » qui .
ams1 dire d' « instinct» ce qui est conf al-
re et peut donc lui être bénéfique··• > Mor-
Ul

249
heureusem .
non Iui-m . ent,
. Il ne peut Y avoir d'ordre ésotérique établi et Gu~-
me a e eme, homme d'ordre s~il en fut de remise en ordre me-
'
Fort ngendré la con f us10n
h · '
parmi ses continuateurs.
rent égaI:ureuse~ent, les prises de position anti-guénoniennes fu-
thomistes ~ent decousues et inorganisées. La brouille avec les néo-
officielle t ~ groupe de Jacques Maritain ne prit jamais tournure
l'affaire : orsque celui-ci chercha à obtenir sa mise à l'index (33),
Archevêqu:u~ p~s de suite. Quelques Prélats, comme le Cardinal-
sez favorabJ e C aples ou le Cardinal Tisserant lui étaient même as-
avoir des es .. ertes des religieux comme l'Ahbé Berteaux purent
ennuis .avec l a h'é
lisme et I'Abbé · 1
I rarch1e pouT leurs idées sur e sym
bo -
l'audience u'il Girre~ouri,. !e,rvent cc guénonien », n'eut yas non ph.~s
&n_ature de qM aurait .mentee .. Toutefois on a pu v?ir .sous la s1-
fa1t « gue' : François Chemque un article d'insp1rat10n tout à
Les . noruenne
. », parai"tre d ans l,Osservatore Romano.
et Vete~~hques les plus complètes sont parues dans la revue : Nova
roz, ce d~ r~vue. thomiste sous les plumes de MM. J ounet et Me-
La p brnl' ie~ fit d'ailleurs paraître un livre (34).
['rsatzon
. usp·ication
. d' ouvrages posthumes comme : Jmtzatwn · · · et R ea-
'
recueiI d':~!~e/le (1952) et Aperçus sur ['Esotérisme chrétien (35),
Dirent l'occ 1 ~ es réunis on l'a vu par M. Jean Reyor, leur four-
Les cr·r asion de mises au point (36).
prenauct) ;ue~ ont porté sur ses sources occultistes (Matgioi, Cham-
11

1e. M. S~r ur e c~ractère « inhumain '> de la réalisation spirituel-


« San dant avait de1a ,.,
termme· ,
son livre en ces termes :
s
cbose qu''t . ' oute à l'h omme comme à l'œuvre manqua1t-1 · ·1 que1que
Victoi;e d e ~ t-c~ au juste ? Peut-être ce privilège qui consacre la
1
1
pres ar e espnt, et que l'homme n'acquiert jamais par ses pro-
connai mes, fussent-elJcs miUe fois forgées au feu de la plus pure
né un sst~ce - ce privilège auquel la Tradition occidentale a don-
Ell e ois pour toutes le nom de Sainteté. »
tio es se sont attaquées également à l'idée d'une « surrévéla-
Ia n ,» q~e l'on trouve dans : les Etats multiples de l'Etre et qui est
se n~gation de la véritable Révélation · cette idée d'une vérité ré-
obrvee .e~t d'ailleurs antichrétienne com.:ne est fausse la thèse d'une
scunte voulue sur l'histoire des premiers siècles de l'Eglise.
C:.~~a recoupe évidemment les critiques plus anciennes que l'on
a deJa vues. Le 6 mars 1931, Olivier de Frémond lui écrivait de
N antes :
. « Vous dites que nous ne sommes pas d'accord sur l'interpréta-
ti~n du mot « Esotérisme » et sans doute que ce mot effraie cer-
tai?s catholiques. Ceci est absolument exact, mais pourquoi donc
puisque la religion catholique elle-même, toute manifeste qu'elle

250
mosaïq~~et
est, jus dans si:s mystères, plonge ses racines dans la religion
quoi ? par oute pleme d'arcanes de symboles et de figures ? Pour-
poliser, po~e q_ue: s~pposais-je {les occultistes) ont fini par mono-
m_ologique r ams1 dire à leur usage ce mot d'ésotérisme. Car éty-
. e inté ment
· ' qu e s1gnifie-t-il d'autre qu'une science, une doc-
d~ssimuiéeneure, c'est-à-dire évidemment réservée mais nullement
tnn · · ' ·

~iennent c!'sarc:, que. nullement subversive... Croyez-moi de là pro-


ntendu m . P ev~ntions contre vous dont vous n'avez cure c'est
Je veux t . n en sont pas moins pénibles pour vos anus...
clearVous
. ' rus qm ' ' .
vous ou1ours voir dans cette recherche ésotérique à Jaque!- .
1es Principes ~nsacrez,le désir et Je but d'y retrouver l'origine et
A c"' ,, memes de nos croyances. >
_renaient
ote àde l'é so~ensme,
, . les rédacteurs de Nova et Vetera s'en
P
tion car li 1a_ n?tion de manifestation incompatible avec la créa-
n'aurait ; e ltm1te Dieu dans la mesure où Je monde tel qu'il est
de la Dé!:is pu ne pas exister Même opposition sur Ja hiérarchie
notion th~vrlan~e et du salut : M Meroz a essayé d'opposer une
.. o: ue du salut par
eo, 001q ' ·« participation > contre I'acces '
p~o~o
enonïe
gu
~n ésoténs~e
tranges Dieu par « nature »· Il s'en prit également : «.à d'é-
Lausanne M ngements de l'œuvre de Guénon >···
tbe~o-
de

s,e_crètem~n tra~sJDJse
phes qui 'c · F. Schuon ainsi qu'à tous Jes occul!lstes et
omme Guénon, ont cru à une vérité cachée
1 eternité. t alors que c'est bien l'Eglise qui est en passess1on de

c~~ule Re~e
JouD ans son E, ssai. sur le mystère de /'Histoire (37), Je Cardinal
a int" . panie· ..
non » un chapitre : « Grandeur et faiblesse de .Gué-

le caractèr! o;~gi?e commune à toute l'humanité et


la base du d e_ve_nement unique du scandale de la. Crouc qm
fros~nt v~l01res~
partir d'undam1_ia_nt ses positions de fond coJilJlle Ja trar_ism1sston .à

secondaire Chnsttanisme : Je symbolisme de Ja croix est pour lm


par rapport à son sens historique.
« L a reve
naître .. '"l atton
· de Dieu telle que !'Ecriture nous 1a fait· con-
traver ' est u , , '
ne revelation progressive. Dieu est connu d'ab ord à
tervenst. sa manifestation dans le cosmos. Mais chacune par ses in-
10ns s ·
lations en ?ccess1ves dans l'histoire. Mais c
tinue '
· h
~cune de ces / '
.
depassant la précédente ne la détruit pas, mais la con-
reve-
quels et D" l'assume. Par suite les svmboles
' ·
cosmiques a' tr avers 1es-
Ia reli . ieu est connu dans Ja réVélation naturelle sont repris par
sens ng~on abrahamique et par la religion christique et chargés de
uveaux. '> (3B)
19~~ r~ot:I le ~~rdinal Daniélou qui est revenu sur la question en
christiarfis ochait .a Guénon une méconnaissance profonde du judéo-
me qm apporte (39) à l'homme dans sa révélation progres=
251
sive plus que la Lo"1, meme
" s1· la L01· notamment dans ses f ormul a-
t .xons métaphy · .
siques anciennes, est parfaite.
~ r~fu.s de l'historicité est également un des grands arguments
umversitaires
, cont re G uenon, aussi. bien. a, propos de sa v1s10n
· · t ron-
quMee ~u Moyen-Age que de' l'Inde ou de la tradition primordiale.
ais comme
, . l'u ruversite
· · , qm. de toute ev1dence , . ne peut se d ec ' I a-
rer « guenomenne l'E li , G '
P, », g se catholique ne peut vénerer en uenon
, un «1 ere de l'Egrise mteneure · , · » (40) Il serait du reste absur d e d e
proc amer exoté nquement · que l'on est · « ésotérique ». Le trmt · le
Plus remarquable s tr . · G '
e't, · t' . e ouve dans le fait que le reJet de uenon a
Iere ms 1tutionnel ch ez ceux-là memes .. , .
qui ne pretenda1ent pas par-
,au nom de toute l'Eglise. Il s'acnt d'un réflexe. D'où la tendan-
ce
à a ne pas cher h
· ,
o--
c er quelle richesse pouvait apporter sa pensee mais
, •
1
ouv~~ C:f, demêler aussitôt l'ivraie du bon grain et à identifi~r tel
, e e ement comme hérétique et déJ. à condamné par les Peres :
« c b'
Ou est un . ,reto ur a' l' ancienne · Gnose » ... le reproche est f requent. ,
pa lie~. c est une régression vers l'antique domination de l'homme
. r e osmos. Ou bien encore · sa spiritualité méconnaît la distinc-
t1on entre m f · ·
nous parait . . ys ique naturelle et mystique surnaturelle. Tout ceci ne
pas exactement à la pensée de G uenon qm·
,
n 'est pas « cosmcorrespondre
· · · ·
reposent a ique » Ill « une mystique naturelle ». Les cntiqu_e~ ne
insti't t' P s sur une analyse réelle de l'œuvre mais sur des pos1t1ons
Gué u 10nnelles « preparees , , a, l'avance » en quelque sor t e. B re, f
xilie non est. suspect, peut-être est-il victime du vieux réflexe « ta-
n », qui domine encore certains milieux intégristes ( 41).
Les, Fr~ncs-Maçons ont eu souvent la même méfiance et les mê-
., reactions '· p our 1e Maçon laïque humamste
mes · et pol'1t1sc
· ' d u XIX 0

~iecle, un homme parlant de rites et de l'orthodoxie traditionnelle


we Rom.e ne P?uvait être qu'un émissaire des ksuites. ~êm~. Os-
ald Wirth qm tenta de restaurer les notions de travail sp1ntuel
dan,s la Maçonnerie et d'initiation fut d'abord assez réservé sur
Guenon. Il écrivait à Marius Lep age le 1O juin 19 34 : « quant à
la sacramentisation magico-ratichonesque chère à Guénon, je n'y
attache qu'une valeur de suggestion... » Il revenait sur une lettre
(~~) plus ancienne : « Ignorer la Franc-Maçonnerie dans son éso-
tensme est une faiblesse pour les occultistes, y compris Guénon,
qui n'a rien compris aux grades qu'il a reçus pas plus qu'Eliphas
Levi lui-même : tous ces braves gens portent des « métaux » trop
précieux pour les lâcher. »
J. Corneloup a parfaitement raison lorsqu'il déclare dans le texte
déjà cité que la Grande Triade est une tentative normalement « sau-
vage » dans un cadre obédentiel. La Franc-Maçonnerie ne recon-
naît pas plus officiellement la nécessité d'une pratique religieuse
exotérique que l'Eglise celle d'un ésotérisme et d'une initiation.

252
1' l'outef .
Eglise . ~is Guénon a "t"' • . •
T/zé080 • .11 ne reparJ e ~ mfi:timent plus patient avec elle qu'avec
agent Phtsn,.e : d'av . a J~ma1s des accusations lancées dans le
rituali~ ~de 1'impériaJi~ 1r é~e~ par exemple. aux Indes un des grands
1

Annie e hindoue ou ~ ,e :itannique et de la destruction de la spi..


rateu.r dBcsant. Au c tab:iter des personnages inquiétants comme
la Pran es Etudes tra°ct.°- :aire, lorsque J. Marques-Rivière, collabo-
avec de c-Maçonnerie (~1~)nn~l!es publia : la Trahison spirituelle de
« C s Maçons abond · , 11 rompit avec lui. Sa correspondance
ou 0 b ~rtes l'ét t d' . e en formules de ce genre :
. edi a es.prit '
t!?n de ence) ... Mais il î n est pas très satisfaisant (dans telle Loge
s1eclc nouvelles géné . aut espérer qu'avec le temps et l'appari-
p 1es Choses viend rations qui n'ont pas connu les luttes du XIX.0
M éltience . ront à s'arranger... »
açon qui ne fut
ractèr s qui peuvent pas toujours payée de retour. Les mêmes
verra e relatif du v entendre sans broncher des tirades sur le ca-
Chrét1!t dans la TV> 1..urne de Ia Loi sacrée ou l'inutilité des rituels
0

renee Iens s1 prompt , de G uenon


. r"'nsee ,, . ; tout comme 1es
une agresszon
C 1es audaces th~ al le .suspecter d'hérésie acceptent avec indiffé-
0
t haque . og1ques les plus étonnantes (44).
ure d gioupe su't
Cohé . u groupe n, ~ 1 sa pente, attentif seulement à ce que la struc-
là a sron lorsque cc1~te pas ; mais peut-on maintenir longtemps la
u c~ur des 1a ~ 1 gn1fication s'échappe ? Nous nous retrouvons
C'est bi questions posées par Guénon.
naert (4 en de mar 11 ' , , , •
de G .. 5) lui r c er a contre-pente que Je Reverend Pere Beir-
q ui uenon) ·iueclJ?rocJ1e principalement · « qu'elle trouve (la pensée
ProfoSait combien <
, en be aucoup d'espnts,
iencc · · nu1 ne s '~n étonnera
1
fair 7!deurs. L f homme reste arclrnïque dans certaines de ses
fai·te illusion . a crmeté et la rigueur de Guénon ne doivent pas
etc c1u'·Inviter ·l'lmalgr'e 1a .rustesse
· de certaines de ses 1"d'ees, 1·1 ne
No 1Ina1ement v. lomme occidental à régresser vers un passé aboli,
né us ne sauro ers les aspects les moins évolués de son psychisme.
J~ Salltour de ns ~ans doute jamais quelle blessure secrète l'a ame-
q aÛ"A
è~sse ». ( G)
ses vingt s ans, a, se replier sur une sagesse qm. n 'est pas
4
II n'a ..
àdan s 1a mes.ur V1s1bJe111e t .
, n pas très bien compris ma1s son reproche vaut
fu q~elques lcc~ ou le « guénonisme » a pu servir de pensée-refuge
saient Par id ,,eul rs. que l'évolution du monde affolait ou qui la re-
EJ le eo ogie.
aya a Pu serv·1 ,,
le t nt déjà des t ~ egaiement de « fixation » chez des individus
p~ llre du Roi di~~ances au .déséquilibr~ comm.e cette M... que 1
ur elle les port ~nd: avait transportee et qui a cru voir s'o .a
es e 1Agartha. Elle voulut être initiée n uvnr
' on pas

253
pour en savoir davantage, ce qui était impossible, mais pour faire
bénéficier les autres de son identité avec le Principe. Elle conserve
sur elle une lettre relique de René Guénon mais a brûlé toutes
celles d'un ami de R. G. avait qui elle correspondait régulièrement
et qui l'a « laissée tomber » (sans doute en avait-il assez de ses
extravagances) (47).
Il s'agit évidemment d'un cas extrême ; plus courantes, dans un
autre ordre d'idée, furent les tentatives d'annexion de sa pensée
dans des ~uts politiques. On a pu évoquer les démêlés de Guénon
avec l'Action française ; la traduction en italien de la Crise du
Monde moderne donna lieu à quelques difficultés dues aux « cir-
constances ~articulières » dans lesquelles se trouvait l'Italie. Gué-
~on regrettait les modifications apportées à son texte mais le plus
lillportant restait pour lui d'avoir été traduit. Deux articles de lui
parurent d'ailleurs dans : Il Regime F ascista.
Léopold Ziegler put écrire en Allemagne en 1934 : « Guénon
veut voir enfin définitivement close l'ère des révolutions et des
émapcipations sociales et il veut lui voir succéder le processus op-
~,se d'une réintégration et d'une remise en ordre générale : ses
~' ~es ,concordent d'une façon assez remarquable avec celles que
l ai developpées moi-même dans mon article sur l'Etat allemand
~ru en mars dernier dans la Deutsche Rundschau ... A nous autres,
e.~~nds, la notion d'une « Allemagne secrète » a toujours été
fa~ilie~e ,: ces mots ne désignent pas seulement l'élite minuscule,
mais ,severement choisie, de ceux qui, silencieux et inconnus, sau-
ve~t a tr~vers les tempêtes de l'histoire l'héritage du germanisme,
mais aussi, sans aucun doute ceux qui se sentent responsables de
l~ conservation en Allemagn~ de toute la « connaissance primor-
d;ale » (Urwissen) de notre espèce, c'est-à-dire de, la « tra?ition in-
t~grale ». II est possible qu' « une France secrete » naisse sous
l'mspiration de Guénon et ce ne serait peut-être pas par un pur ha-
sard qu'un lien l'unirait' ainsi à la terre des pyramides et des mystè-
res hermétiques. Alors il serait à souhaiter que les quelques isolés
qui, à l'heure présente sont saisis par la vision « d'un ciel nou-
veau et d'une terre nouvelle » se tendissent les mains : pour le bien
commun des deux peuples qui forment le cœur déchiré de notre
continent et qui, précisément par les « idées de 1789 », ont été
brouillés si longtemps et d'une façon presque irrémédiable ». (48)
Attaqué sur ce sujet par les Nouvelles critiques d'ordre, succes-
seur de la RISS, Guénon répliqua sèchement qu'il n'avait pas d'a-
mis en Allemagne (49). Effectivement, il n'était pas responsable
des utilisations diverses de sa pens-ée.
L'accusation fut cependant reprise lors d'une émission radio :

254
« Campus » qui lui était consacrée par le meneur _de jeu,; m~s là
ce furent MM. Paul Sérant et Louis Pauwels qm le defendirent.
L'illégitimité de toute appropriation politique de son œu~re est ?1-ê-
me le seul point sur lequel tous ceux qui connaissent ses livres s01ent
d'accord.
M~is le refuge peut prendre d'autres formes et Guén?n t~nir lieu
parf01s d'institution à lui seul pour des gens isolés et mqmets q~e
ses _jugements sur le bolchevisme, la psychanalyse, la mét~ode his-
t~mque, la philosophie et la littérature dispensent de toute mfonna-
tion puisqu'ils sont détenteurs d'une vérité supérieure. Les Ve~du­
rin de l'ésotérisme abondent. Le côté reconstruit, o~donné, logique
de la pensée que Guénon cultiva en homme des annees 190~ et a~­
centua encore face aux floraisons de l'imaginaire ~~ulti_ste s !
prêtait certes. C'est ce qui l'éloigne le plus de la mentalite onental,"
· 1 Aux Indes les re-
S on mfluence ne s'est pas répandue en 1s am. . l 1
actions ont été diverses suivant l'aspect de la p~n~e jw A nt~~~t
0~ a .vu. la_ réponse du Swami Abhisik!ananda a · swari pré-
qm lm ~hsrut le plus grand bien de Gueno?· Tel. ~utre. Andé Pré-
tend qu'il n'a rien compris au Védânta. Mais celui a qm • 1 rsaluer
au s ''t·e a1·t a d resse, garantit
. son orthod oxie.· On a pu .daussi e
depuis le Tibet comme : « un grand Pandit d'Occi e~t »· ,
,. . ti naliser 1œuvre
Mélange significatif de l'impos.sibilité d mstitu 0 voie de
de Guénon dont la richesse est ailleurs. Il :1 ouvert n~~~on éroer-
co~préhension globale, d'éveil ; M. Luc Be~mst a f~c~ en présence
ve1llement à l'abord de ses livres : la certttude dé r écrivait de
de ce,.. q;i'il avait toujours cherché. « Je doi~ à. ~ud:~~vers soJll-
son cote John Levy, que moi-même et le Pni!cip réalisée effective-
mes un et que cette unité essentielle peut etre
ment ». (50) ,
. , . . uénonienne du Ve-
Certes, 11 repoussa ensuite fa presentation g"t essentielle et cor-
dânta mais qu'importe ? Cette vérité nous P:11'ai1 dernier mot sera
resi:ond vraiment au besoin de notre te~ps · i~te~ectuels que Gué-
touJours pour nous le souvenir des services un Guénon. où se-
' , "t e Sans ,
i:on a rendus à sa génération et a, la ?0 r ~ de Marco Pallis (lettre
nons-nous aujourd'hui ? ». Ce tem01gna~ licité 1}'essentiel de son
du 10 septembre 1971) résume dans sa sirop
apport fondamental. . d' tout dans l'œu-
R" , raffirmat1on un
ien n est plus contestable que . . sachant pertinemment
vre de Guénon qu'il faut prendre ou lats.s?!a~ancent ne peuvent ten..
qu_e le monde ne la recevra pas, _ceux, qm Arche ». Contre la pa-
te1 autre chose que la constructton dune « f · ·1 "t d t
'
r c;l e evangehque , · ·
que nous citerons un e .nouvelle 01s, 1 s pre en en
separer hic et nunc, l'ivraie du bon gram.
255
Bien entendu il . , .
cycle et des a parle des ~ éléments résiduels » à la fin d'un
J~ge des Enfgermes du cycle futur. Mais jamais il ne s'est institué
c1 ou ceiui-làers pas ,_Plus que le Christ lui-même n'a désigné celui-
11 y a da pour etre rejeté dans les. ténèbres extérieures.
B b nger égal
a el car sel ement que l'Arche ne se transforme en tour de
d"emon, c'est on ledPr<;>verbe arabe : « la dernière ernbuscad e du
' l'âme
L'œuvre d , u Juste dans sa bonne conscience. »
me:its intérie~ Guenon opère ou coopère plutôt à nos retoume-
mo1ns, provoq rs, elle convertit nos modes de pensée ou, tout au
~ourrit~re spir~~~f choc source de création. En cela elle e?t une
1 Ev?~gile (alors e ~?e ~e I?artage multiplie comme les pam~ de
matene1s). que l mstitut10nalisation la divise comme les biens

d" . ien souvent 1 1
Ihon . Gu,. es ecteurs de ses livres ont été ramenés à leur tra-
M· Yves ' Mill
enon a « f ait . ·
des Catholiques » selon l'expression d
e
n:i~ns et des ;t et en grand nombre, comme i1 a fait des Musul-
':181o_n nouvelle r~ncs-Maçons. Ces fidèles et ces « initiés » ont une
h_s~tion de la . u monde, de la démarche sym bal ique. de la sacra-
cihe les tendvie et de l'idée de tradition et de transmission qui con-
o ngmes..
· · La ance. s 1es plus opposées dans l'idée d'un retour aux
d_u monde q~~~ise. en cause générale des rapports de l'hornm~ et
si les Voies pa .omine notre époque est passée par Guénon, meme
.
A Insi ra1ssent b. d, ,
Ja r" ten etoumees.
l E eponse f . . d
es tudes trad' . aite en 1951 à l'article du Père Beirnaert ans
mettre au po· ttltonnelfes par Jean Thamar peut être difficile à ad-
chesses : I'O m"dde vue théologique, est cependant
' porteuse d e n-
·
caractère uni CCI ent pour sortir du marasme doit réaliser que ~e
sations méta bue. du Christianisme se trouve au niveau des,.. réah-
la Trinité P ysiqucs (51) et non à celui des vérités elles-?'1emes :
début c'e t n est ~ue tardivement une formulation dogmatique, au
de Sim s un~ tnple voie. (52) II rappelait en conclusion la phr~se
aurait-if~e Wt;il ouvr~nt la porte à l'ésotérisme : ,,,< ~omn;cnt Dieu
mand, ? onne son Fils au monde si le monde ne lm avait pas de-
e . »
teMd Henr~ Bosco offre un excellent exemple d'influence « indirec-
bre» ~ Guenon ; il s'en est expliqué dans une lettre du 29 décem-
19
" 6 adressée à M. J. Tourniac (53) : dans les années 1940
ârace à l'i?te~édiaire de François Bonjean, un disciple et un ami
el R. G., il pnt contact avec ses livres et suivit les Etudes tradition-
~~ les. On en trouve la trace dans certains de ses romans comme :
tf:e ~t Mirages et l' Antiquaire. D'autre part sa lecture l'avait con-
rne dans son catholicisme bien qu'il regrettât, dans l'évolution
actuelle, que : « l'ésotérisme chrétien risque d'y perdre le peu qui
256
lui T'A ...
1 ·
ait de mystère... » Quant à l'usage des symboles, le sens en
~~a~t pu_ êtr~ ..éclairé par cette lecture, mais ils restaient. c~n:posi-
:- '-'>:)

01L'I • « mspITes sous le coup d'une mystérieuse poussée mteneure,


1~ont venus se concentrer à la fois des connaissances exactes et
un r~ésistibJe appel à l'invention, ils représentent son modeste ap-
tort a la Tradition. » Cette attitude qui dissocie création symbo-
1.lf.e. et construction logique doctrinale, ruine pour certains tout
if!ce assemblé par leur maître, elle nous semble sauvegarder le
P 1us important.
d O~ connaît les pages du journal de Gide souvent citées, la rigueur
octnnaJe de Guénon Je plongea dans la perplexité : « s'il a rai-
son ' tout e mon œuvre tombe... » mais la react10n
" · vmt · aussi· v1'te,
« trop tard ! » et il n'en parla plus. Une curiosité d'esprit certaine
P_?u~sa André Malraux vers cette présentation de l'Orient si oppo-
see a la sienne.
N:vcc JeaI?- Pa~}h,an qui édita : le Règne de fa Quantité d~ns la
. F, on voit alhe a un intérêt très vif pour le mode de pensee, un
reJet de la doctrine expliqué dans la correspondance qu'il échangea
avec_ M. Luc Benoist à ce sujet : « je Je lis en ce moment avec
passion » et il réclamait des numéros du Voile d'Isis et des Etudes
traditionnelles (26 mars 1941). Il s'intéressa particu!ièrem~nt au
mot « retournement » utilisé dans l'article : « I'Espnt est-11 dans
le 0 corps ? », que lui-même avait employé ; à. l'ex!stence de deux
if ~':s, _une sensible et démonstrative, l'autre mté~1eure ~t mu~tt~.
· r_epctait : « dites à R. G. mon admiration » et reclammt une 1 ~­
tiation à Paris (le 15 février 1942). A la réception du man~scnt
~e 4 m.ars 1944) il nota : « M. Vaisan m'a remis le manuscnt de
· G., il est splendide ».
, Les ~ritiques portent sur un autre domaine : « je suis cont;.ai?t
a, la metaphysique par la science » (20 octobre 194. .U O? : « l 1dee
~ une transmission traditionnelle me donne une gene rns.upporta-
le » (9 novembre 1941).
~armi les surréalistes tentés par sa pensée, René Da.um,al et~­
t?~m Artaud ont dit ce qu'ils devaient à Guénon ~ mais la aussi ~a
v1s1on de l'Inde n'est pas la même ; le voyage 9u Artaud e~trep~t
au Pays des Tarahumaras semble toutefois avoir une certame re-
sonance guénonienne.

9
a~n n~ peut, donc p~r1..er de rejet ~e dans. la .mesure où il n'y a
P. ~dhes1on a la totahte des propositrons et d n y eut pas de cons-
piration du silence dans ce domaine tout au moins.
. Dans celui de l'histoire comparée des religions, son apport est
rncontcstab1c : Mircea Eliade qui semble lui devoir beauucup ne l'a

257
jamais cité (de .
est à l'origine ux mentions brèves dans son Journal NRF 1973). Il
M. Jean Rich sans doute, de certaines thèses de M · a' · Dumézil ou, de
l oppe longuemer ·· L a Geographie sacrée du monde grec (54) deve-
. ·
spmtuel ou d eut ,, de s th'emes guénoniens comme celui du cen t re
e :i ori ·
~ur~r dans ces uel gme hyperboréenne. II est impossible de me-

comme dans la
\::s
enuettement deq .d 9ues exemples son apport dispersé dans le grand
un séminaire d~ de notre temps ; on peut le voir évoqué dans
nagement, George Michelson s'y est employé,
Détours · ~r~sse (( underground » (55).
~pœ~~k . .
« même ( , . s, apparamment contradict01res :
me 1es conda ses ecnts) 1 .
les Pus . . "
. msensés, dit M. André Tumon, me-
0
une résonance°1~~ ?s de l'humanisme et de l'individualisme. ont
le sens qu'ont ame. Les écrits des hommes n'ont pas toujours
voulu y
Il n'est . mettre leurs auteurs ».
pas livré a' 1a multitude
R oman regretta . au sens ou, l'entend M · D enys
et certaines d nt emiss1on « Campus » c'est lui qui nous d'evore
l'' · ·
res qu'il sera b~ ~ tti· tu d es d'esprit nous ' sont devenues s1· f anu·u'e-
e s.es
certain Guénon 1fintot i~utile de savoir qu'elles furent celles d'un
Cette d ' Y a cmquante ans.
. .
ne, Jointe à l', h de s thèmes guénoniens dans notre vie quot1"d'1en-
escente
est l'image m~ ec d'une organisation solide fondée sur sa doctrine,
est nécessaire e~â)~e la crise de conscience que nous vivons. Elle

(I) Easter .
repris · n Wisdom a d 't
( ) ID ET, 1951 n n. Western knowlcdgc in : Isis (1943) tradu1 et
l' 2 ~1 peut très 'b. umcro spécial consacré à René Guénon.
a(~pu1 que cela pou~e 1•1 l'avoir accepté dans la mesure où il sentait
) René Guénon ait donner à son correspondant.
Le compte rendu et l'actualité de Ja pensée traditionnelle, j~1ille~ 1973.
M. H. Alleau t du colloque doit être publié. (Sous la direction de
(4) Et pourtae .Mlle 1\1 · S cria
. b'1ne. .
des crises. nt ces expériences de tariqah étaient passées par bien
(5) Auparavant 1
pouvait êtr ' orsque ses correspondants lui demandaient qucll.e
des résultat~ 1o~t~ature de cette aide, il répnndait que cela dépendait
(6) Lettre : nus ...
propos à la a l'L. ~ogcr Mari dort du 29 avril 19.'J3, reproduite en avant-
(7) Deux r édition de J !J70 du Symbolisme de la Croix.
(8) Be autres groupes se trouvaient lt Lausanne et à Bâle.
vit : tu~oup d'occultistes de tous genres s'y i ntércssèrent et Guénon

:\I ·
t
rn)t usheurs reprises les traces d'une action contre-initiatique.
,e acteur Prost-Birabt·n, par exemple, se déclara lui aussi
l in1
,. (!t:i.dd~m (•t fit paraître un avis dans ]a presse pour les candidatures â
0

ialion .
. (10) Cette lettre a in si que la suivante ont été adressét'S ù M. J. Tour-
niac.
01) 26 décembre 194 7.

258
Cl2) 20
Cl3) M.· octobre 194 9
aturc
b straite fiG . depuis
d c adernoiscll c J.se
ukl a ~ous a fait remarquer l'évolution de l'écrl·
t~b.ut,
, 04) R .. ;·t idéaliste a s /oemes de jeunesse à ses dernières lettres:
r~que ;~ipa
en a p e ormé il ne u elle dedent plus liée, arrondie, réaliste.
11 (15) J jamais par à aucun des deux conflits mondiaux et
Cl 6) L~t 0 rneloup . Jpar e, ce qui est énorme.
Cl( 7) Lct~rc à M. L~·pa~ n; sais qu'épeler et SJzibboleth.
18) rc du 27 ao c, 0 mars 1948.
~J
lae(1lcctuDes d e sesétc~livres
11re avait ~t 1950
ul ceré à Ffait
par le ' G' G·1l"ao
' • le · Swami ait pu déconseiller
que
' ulla pi s centres
Xalemcn t . . c u 1 de Gretz et le goût de l'oric nt a vairnl un
jPa1 ara do ·nombre
comme c l ·
(20) Lctt eur d'av • aux ET qui. ne ,retrouvèrent
retirét de s a b onnes ,
1
• . ~ -guC'rre.
31
21)
L' , rc à N.. 6
J ,Egypte no~ ~ JUIIl 1947.
(
(22)
}Jean Tournia~cllc, .fé~rier 1952.
~ta.
(23)
uJ.l•octeur
(24)
,.
25) 1\ t .' 9 fevricr
l . a : Jean
1950
a z l' E gy P te nouvelle,
• 25 janvier et le 1" f évricr 1952.
Ra1nad·i 11 comité fut •t son second prénom et celui de son père.
(
11 •• Haciouane, D co'!'posé de M. Weber, AiY el Dib, G. Boclor,
(2G) (;'::
en(27)
arabe
FI. Cuon s'était P amt r
!'atz,
à J.
lui Moscatc!li,
qu'aucun de1gorsesvoJkotT.
livres n'était traduit

('>8 ~ êll<les
;- ) M
?9) Mèn >t• · Ilturwliiionnell
méro e!, n o spécial déjà cité, p. 217 .
(
. (30) 1\1 me numéro' pp. 2;)9 et 261.
ltséc . d ans
nc1en. .· J.l esHcyo , P· coi
quer ·t·avait 309.is t•t
1 uc· en partie une équipe
· nouvc JI c spccia·
· ·
a« Le 1\ts·troassez re s wns d'ésotérisme chrétien Il publia aussi des textes
eu ·>r des
· marquabl
.· es comme cette Bcguuic '. · auonYlll' du XII• ··

'~ ~s d tunes~.
P
' ,. r" i es .avant
danc1..·. . nla
·· '. •.r ><' la gs1mplcs
• les
uerre
• t'tra 1ilcmcnls
. .. eu heu
a va ienl déJll · en t.rc t en·
(31 ) \ s <'I',; g "a . <><·rnle n la ks. l\.G. et Tmnos s 'élai<·nt opposes et cc
1
qu'il ·'~··.a
a g •· .trigucur<Ju,eltque peu ck la 1·en1c ·
(:12) Pc s a t e,n
d'articles ·. uc, accompagnée d'une ouverture ccr t•me
• l ors ·
GIJ) G lite BihlioÙ : 1 ayant pas trait dircctenient à Guénon.

(3ii) /c"~
C:l4) I uénon a mê me
Gllénon Hquc Payot,
parlé 1965.
de publicité pour son œuvrc i> cc propos.
(3 fi) ,.;/ Ed i 1ions '."' fo _sagesse i nitiafiqae (Pion, J 962)·
ca-
oct.-d.
5
u et •Vet e;a
)cc. u111!)54
Pa . ' .
:janvicr-ma~s
1 racflt1011nelles 1954 0
19~9
195.3 ct.-déc. !953, jniJ.-sepl. 1954,
C3S) r15 19 anv1cr-11 •rnrs 1 9.1• 5, juiI.-sepl.
, 1958, Janvier-mars
. . a •
1
1
~· 120.
53
(n j · Idem,
Livres Nl:aris cité,19 t''r J. Tourniac: propos "" René Gnlnon (Dervy-
73
9 c,c•t tspécial Pla " "· t e sur RG 1970 . « J1éliccnces ch r ét'1ennest.
è (40)
oncé.'" par
(4l l'
0 rccornn 15
• · sance serait en effet · contraire
· au< i OIS· cyc i·1ques

J~
11
) On a lphu'auteur
,c :posant lui-même
voir rééditer récemment le livre de Léon de Poncins
(s an) <·es
• l 9JOcsc bic n connue du complot maçonnique · dans 1e style
1 11
1 l'ft .
Il r42
4:n
· ,.·
pub}"
r(' dun·2 c1cccmbrc
.\ 1' 'arque' s- cl
· 1933
1vièrc ·· [" 1rah1Son · ·tue lie de [a F·"•f · (P RflS
· · sp1TI • 1931)
M aço au ss;
( ~l ~Î:I·
4
de nnerie,
1 r.omn "'z Baudinière : 1'orga11isation secrète de la Franc:
ienl la /.'.-M. f ail nne révolution, les Grands Secrets
1
cert a j nP théologie
rc>grctte de ne pouvoir entendre l'opinion de Guénon sur
de a mort de Dieu. · uue
1

259
(45) Etudes, mai 1951.
(46) Jean Tourniac dans son livre déjà cité a ironisé sur le commen-
taire que Guénon aurait pu faire des aspects les moins évolués du
psychisme.
(47) Etudes d'un délire d'imagination dans ses rapports avec la ques-
tion du déterminisme en psyclw-patlwlogie. Thèse de Jean-François
Allilaire, Fac. de Médecine, Pitié-Salpêtrière, 1973.
(48) Repris dans les Cahiers du Sud en 1935.
(49) C'était un des rares pays où il n'eut pas de correspondant.
(50) La nature de l'Homme selon le Védânta, Denoël, 1960, traduction
René Allar, p. 12.
(51_) S~in~ Augustin affirmait de la Trinité que tout ce que l'on pouvait
en ~dire eta1t pour ne pas en rien dire.
(::>2) Georges Michelson rappelait souvent que le Credo s'appelait :
Symbole de Nicée.
(53) Reprise par M. J. Tourniac dans sou ouvrage déjà cité, p. 17.
(54) Librairie Hachette, 1967.
(55) Dans Actuel mais sur un sujet avant un rapport trè>s indirect avec
la métaphysique. · -
. (5?) La !!'lultiplication des lecteurs de Guénon par les livres de poche.>
reahse déJa cette transformation en fait.

260
OUVRAGES DE RENE GUENON

lnlroclul'iion Générale à l'Etude des Doctrines Hindoues (1921, 1932, 1939,


}!);""l2).
Le Théosophismc, Histoire d'une Pseudo-Religion (1921; 2° éd. augmen-
tée ln5, 1928, 19ï3).
L'Erreur Spirite (1 D23, 1952, 1973).
Orient d Occident (1924, 1948). 952 1973
L'Homme et son Devenir selon Je Védfrnta (1925, 1941, 1947, 1 , ).
L'Esolt'.-risme de Dante (1925, 1939, 1949).
Le Roi du ~fonde (192ï, 1939, HJ50).
La Crise du ~londe -'lodcrne (1927, 1946, 1968).
A utori tt~ Spirit ucl le et Pouvoir Temporel (1929, 1947).
St Bernard (1929, 1 %1, 19f>9, 1973).
Le Symbolisme de la Croix (1931, 1950, 1957, 1970).
Les Etats ~lulliplcs de J'Etrc (1932, 1947, 19f>7).
La ~létaphysique Orientale (1939, 1945, 1951, 1973). . 50 éd. succes-
(1945
L e H?gnc de la Quantité et les Signes des Temps . '
S 1 V CS ; } !)i Ü) •
Les Principes du Calcul Infinitésimal (1946; 3 éditions).
Aperçus sur l'Initinlion (1946, 19~>3, 1964, 1975).
La Grande Triade (1946).

OUVHAGES POSTHUMES
973
lnitiat ion et Héalisation Spirituelle (1952, 1 >.
Aperçus sur !'Esotérisme chrétien (195•1, 1973).
1962
Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée < >·
(1964 2 tomes ;
EtudC's sur la Franc-.:\laçonnerie et le Compagnonnage
1Uï:J).
Etudes sur l'llindouisme (1968, 1973).
7
Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques (t9 0).
973
Aperçus sur l 'Esotérisme Islamique et le Taoïsme 0 ).
Comptes rendus (l 9i3).

261
INDEX

DES ARTICLES PUBLIES PAR RENE GUENON

1909 : L'initiation

- janv. fév .
deux corn t ••
L'Acacia p es rendus de l'école hermétique signés R.G. : S •.• J •••
- mars·
lettre de. n ' .
3Qo_9 00 à · Guenon 30" ... _ !lOo ... , J. Des jobcrt, V. 13 la ne ha.rel
de MernphrroRpos des Hauts Grades et de ia régularité du rite
La Gnose s. éponse à O. Pontet.
- nov· «N
<le né~iu otrc Programme :t>
traduction ~gees > (1~.
- déc. : Plulosophumena d'Origène.
idern.
<le Démiurge>
< la Gnose et 1
La Prance . ~~ Ecoles spiritualistes~.
cJ1ard D . Chre/ienne - 20 juin - Tribune pour tous R.G., Blan-
, CSJobcrt.
19 10 : La Gnose

- janv.:
c à propos d'une mission dans l'Asie centrale~.
«le Démiurge>.
- mars : « A nos lecteurs ~
<le Dalaï-lama».
<la Gnose et la Franc-Maçonnerie>, repris in EFMC t. Il, P· 257.
- avril :
« l'ort~odoxie maçonnique>, repris in EFMC, t. Il, p. 262.
- ma1:
«Remarques sur la notation mathématique».
«le~ !-lauts Grades maçonniques :t>, repris in EFMC, t. II, p. 268.
JUm:
<Remarques sur la production des nombres~.
- juil.-aoüt :

(1) Tous les articles de La Gnose sont signés Palingenius.

262
idem.
nès).rchéomètre
< l'A > (signé T. : Guénon el Alexandre-Thomas: Mar·

-c: 1 sept.-ocl ••·


c: l ; religion et les religions>.
_ rchéomèlrc >.
c: l' nov.-déc. :
L Archéomètra >
- a 14 France. A n t'z-maçonnique
·
le D ~vril 1910:
- ala1-Lama
28 avrÎl . c t sa grâce l'épopte Palingenius.

juilletd~. sa grâce Palingenius.


-une7 lettre
-c: les
28 hauts ·
juilletg:ades maçonniques : Palingenfus >·
-c: Remar
29 q ucs .sur la production des nombres> Pallngen1D•·
.
.d sept. :
i e1n.
- 3 nov.
La Il . les.
«chez · gnostiques>
. Lettre de R.G. Il M. Alhaiza, directeur de
erwvulion. '
1911
la Gnose
- janv.:
«lafév '. re el l'incantation., repris Al, ch•P· :XXIV.
Pr"è

c: l'A s ymbolisme
«le ·· de la Croix>·
_ i-chéomètrc >.
. mars·
!dctn. ·
idem.
- avril·
c: le s ·
c: l'Ar:.1:1ébol~slme de la Croix>·
_ orne rc >
mai· ·
~dc1n. ·
idem.
- juin·
Syr~b
-c: lejuil . 0 l'isme de la Croix>·
« ' Arcl~éo 't Grand Architecte de l'Univers>,
1 . ~e re > ; « A propos du
-
repris
a~tî:~ FMC, t. 1, p. 273.
idl'm. ·
«les neo-sp1ritualistes
• . >
~l•.
- sept. :
constitution ·
de l'être humain el son évolution selon le
l.'.llanta >
~ ·, ..
« les tn~o-sp1ritualistcs
- >.
0 c .•
c:
«la CO ns t"f
1 ution de l'être humain ... >.
t conception,
II s sc1cnhf1ques
. . . el idéal maçonnique>,
. 'repris
• m• EFMC
. ' p. 288. '
- nov .
« l' Archéomètre >

263
_<les
d. n eo-sp1ritualistes
· .. >
ec · •
«la c~ • n
c: l'Archn_s 1 ?lion de l'être humain ... >.
L eometre >
a France A . ·
l 27 avril . nt1-Maçonnique
ettrc de p · 1.
gnost" a ingenius à la direction contre Dcvillère, pastctJl"
ne soique, secrétaire général de l'Eglise gnostique : q; ce que notJS
mmes pas>
- 4 mai: •
e: .ce que nous ne
D 1rection. sommes pas> : déclaration de Palingenius à la
- 31 août·
lettre de p. l" .
- 5 0 t • a ingenms (polémique avec Albert Jounet).
c ••
<t un côté e
p u connu de l'œuvre de Dante>.
1912 : la Gnose

- janv.:
c: les condï" ET, janv.-
fév.-mars \~~~s de l'existence corporelle l). Repris in
- fév.: <> •
idem.
<les néo ..
-spiritualistes>.
1913 :
le Sgmb o 1·zsme

- janv.:
«l'e ·
par ~{seiGgun~ment initiatique> conférence faite à la loge The bah 34
7
L a France
· enon R . .
A {· epr1s rn VI oct.-nov. 193:L
- 31 janv· n .'-maçonnique
c: 1,. . . 1er .
in1t1ation m .
de la Rive t a?onrnquc du F ... Bonaparte> (signé Abel Clarin
1
- 14 août . e extc est en fait de Guénon).
« le régime · ~ .
les advc c~ossa1s rectifié'> (non signé).
<i::
20 no rsa ires du symbolisme » (non signé).
«1 t . vernbre et 4 décembre ·
rep . s ricte
a . ob servance et les supérieurs
· inconnus> (non sign é) •
ris in EFMC t II 189
- 13 décembre '. . ' p. .
«A •
EFMCpropos des supérieurs inconnus et de l'Astral >, repris in
" • t. II, p. 208.
1914 : La France Anti-maçorrnique
- Jer janv. :
« ~L Bergson et la libre parole>.
- 29 janv.:
«l'énigme> (signé le Sphinx).
- 12 fév.:
«Réponse à M. Nicoullaud ~ (le Sphinx~.
- 19 fév.:
«le régime écossais rectifié> (le Sphinx).
- 26 fév. :
idem (fin).
- 5 mars:

264
c: l'ésotérisme de Dante>.
- 19 mars:
« Monsieur Nicoullaud récidive>·
- 7 mai: ord> (le Sb'
p mx ) •
« dernière réponse à M. Gustave B
- 11 juin:
c: réflexions à propos du pouvoir occulte>.
- 18 juin :
idem.
- 23 avril, 21 et 25 mai, 4 juin, 9 jui~et klus Cœns >,repris in
c: quelques documents inédits sur l'ordre es
EFMC, t. Il, p. 228.
la Revue Bleue
- 15 mars:
c: les doctrines hindoues>.
1917 . . d Collège de Saint-Ger-
(J ui n) discours de distribution des prix. u Bulletin municipal de
main, «discours contre les discours>, ID déc 1971.
Sni11f-Germai11-c11-Laye, repris in ET, nov.- ·
1919
: la Revue Philosopliique
compks rendus.
1920
la Revue Pliilosopliique

comptes rendus.
1921
la Revue de Philosophie
- janv.-fév. :
« le Théosophisme ... >.
- mars:
c: la question des mahatmas>.
- mai-juin :
< le Théosophisme > (suite).
- juil ·
« Théo~~phisme d Franc-)façonneric >.
Revue Philosophique
comptes rendus.
1923 RelJl1e de Philosophie
comptes rendus.
l 924 : Les Nouvelles Littéraires
- 26 J"uillct : F 1 efevrc, Ossendowskl.
Table ronclc : Maritain, Grouse t • Guénon, · "
la Revue Bleue
- 15 mars:
c: les doctrines hindoues>. t
A fan or (lgnis) : c !'Esotérisme de Dan e >·
« le Roi du l\londe >.
1925 lgnis

- avril-mai :
Compte rendu.

265
Voile d'Isi:r
- avril:
Barlet et les sociétés initiatiques.
- oct.:
<quelques précisions à propos de la HB of L. ~.
Bulletin paroissial de Saint-François Xavier
- nov. et déc. :
«le Théosophisme >.
le Radeau
- janv.:
< Orient et Occident >.
Regnabit
- août-sept. :
<le Sacré-Cœur et la légende du Saint-Graal>, repris in «: S.F.S.S . .li
Voir : l'/: «le St Graal> (1934).
- Nov. et déc. :
«le Chrisme et le Cœur... >, repris in VI, juillet 1929, ET, jan-
vi~r 1951, EFMC (t. II, p. 50).
<a propos de quelques symboles hermético-religieux > ·
les Cahiers du mois
- fév.-mars:
<les appels de l'Orient >
<le Roi du Monde>. ·

1926 : Les Cahiers du mois


Compte rendu.
Regnabit
- janv.:
_c lefév.
Verbe
: et le Symbole ,,... , repris
· m· SFSS • P· 33 ·

«A propos des signes corporatifs:& repris in EFMC t. II, p. 68.


- mars: '
<-t les Arbres du Paradis>
- avril: ·
.<le Cœur rayonnant et le cœur enflammé», repris et complété
in ET, juin 1946.
- mai:
<l'idée du Centre dans les traditions antiques '>, repris in SFSS.
p. 83.
- juin:
< l'Omphalos >.
<la réforme de la mentalité moderne 1>, repris in SFSS, p. 27 ·
- juil.-août :
«le Cœur du Monde dans la Kabbale héhra ïque ».
- sept.:
«Terre sainte et Cœur du l\londc >.
- nov.-déc. :
«Considérations sur le Symbolisme».
la Reoue Bleue : N° 17.
«les origines du .Mormonisme;\), repris in ET, juillC't 1939.
le Voile d'Isis
- avril:
< Sedir et les doctrines hindoues>.
- mai:

266
< Cbamprcnaud >.
Vers /'Unité
- fév.-mars :
< la Métaphysique orientale>.
- avril :
idem.
:-- mai-juin :
idem.
Vient de Parattre
Divers ~omptes rendus de livres,
A C!z_n.st:Roi
- ll 1na1-Juin : <Revue du Hieron de Paray-Je-Monial)

1 !)27
« Le Christ prêtre et roi ~. repris in ET, janv.-fév. 1952.
n ('[lnabit
- janv.:
< Cœur et Cerveau>, SFSS, p. 413.
- f év. :
«A propos du poisson> repris in ET (fév. 1936).
- mars: '
< l'E.m~Jème du Sacré Cœur dans une société secrète américaine>.
repris . in SFSS, p. 424.
avril :
~ llIJp Contrc-foc11n clu Catholicisme>.
- mai: ·
< le Centre du monde dans les doctrines extrême-orientales>,
« les Centres Spirituels.> prévu pour Regnabit non paru, utilisé
dans la préface des <Polaires> (192i).
Reuue Hebdomadaire
- 22 janvier :
« Terrains d'entente entre ]'Orient et l'Occident~.
Vers /'Unité
- mars 1927:
«Ur~ projet de Joseph de Maistre pour l'union des peuples>.
rcp_r1s in EFMC, t. I, p. 19.
Voile d'Isis
- janv.-f év. :
« Cologne ou Strasbourg> repris in EFMC, t. 1, P· 9.
« A Propos des construct~urs du Moyen Age.>, repris in EFMC,
t. r. p. 12.
- mai:
notice nécrologique : Mme ~f. Chauvel de Chauvigny (Esclarmoncle).
1928 Voile d'Isis

- oct.:
« le Compagnonnage et les Bohémiens>, repris in EFMC, t. II,
p. 31,
1929 Vers !'Unité
- mars-avril :
« Autorité spirituelle et pouvoir temporel >.
l' oife d'Isis
- f év. :
.«Le langage secret de Dante et les «Fidèles d'Amour >, repris
111
AEC, chap. IV.

267
-mai:
<les pierres de foudre>, repris in SFSS, p. 187.
- juin:
<la triple enceinte druidique>, repris in SFSS, p. 99.
- juil.:
<quelques aspects du Symbolisme de Janus>, repris in SFSS,
p. 145.
- aoüt-sept. :
<les gardiens de la Terre Sainte~. repris in SFSS, p. 105.
- oct.:
<Atlantide et Hypcrboréc >, repris in FTCC, p. 35.
- nov. :

1930 : le Monde Nouveau


- juin:
<!'Esprit de l'Inde>, repris in Ell, p. 15, chap. 2.
Voile d'Isis
- janv.:
<A propos des Rose-Croix lyonnais>, repris in EF.UC, t. 1, p. 46.
- fév.:
<le symbolisme du tissage>.
- mars:
< Almft-Gitâ >, repris in EI-1, chap. 1.
- mai:
< la grande Guerre sainte >
- juin: ·
<à .P~opos des pèlerinages> repris in EFMC, t. 1, P· 52.
- JUll,: '
<ET Tawhid >, repris in AEIT, p. 37.
- oct.:
<les
El rlimites du men t a l > ,repris · Al , cl1ap. XXXII.
· 1n
< ·aqru '» repris i11 AE!T, p. 4·1.
1931 : Bulletin des Polaires
- mars:
<des centres initiatiques>, repris in Al, chap. X.
El Maarifah
-mai:
<Connais-toi toi-même>.
- juin:
<Influence de la civilisation islamique en Occident>, repris in
AEIT, p. 76.
- juillet-sept. :
<le spiritisme et ses erreurs >.
- nov. :
<les influences errantes>.
1931 Voile d'Isis
- janv.:
«Initiation sacerdotale et Initintion royale>, repris in Al,
chap. XL.
- f év. :
«la science des lettres>, repris in SFSS, p. 68.
- mars:
«l'écorce et le noyau>, repris in AEIT, n_ 29.

268
mai:
«Bose-Croix. et Rosi-Cruciens >, repris in Al, chap. XXXVIII.
- juin:
« M:ig_ie et mysticisme>, repris in Al, ha II
- jUIJ. : C p. •
< l'hieroglyphe du Cancer>, repris in SFSS, p. 152.
-sept. :
~ Place. de la tradition atlantécnne dans le Manvantara >, repris
rn FTCC, p. 46.
- oct.:
< Sbeth ~, repris in SFSS 157
- nov.: 'p. ·
q: la I.angue des oiseaux>, repris in SFSS, p. 75.
- dec.:
< quelques remarques sur le nom d'Adam>, repris in FTCC, p. fl5.

1932 Voile d'Isis


- janv.:
« Ca111 et Abd».
- fév.:
le Symbolisme du théâtre>, repris in Al, chap. XXVIII.
q:
- mars:
< le langage secret de Dante el les fidèles d'amour>, repris in
AEC, chap. V.
- avril :
« Hermès>, repris in FTCC, p. 128.
- mai:
« la Chirologic dans l'ésotérisme islamique>, repris in AEJT,
p. 68.
- juin:
<Organisations initiatiques et sectes religieuses>, repris in Al,
chap. XI.
- juil.:
« Nouveaux aperçus sur le langage secret de Dante>, repris in
AEC, chap. VI.
- aoO.t-sept. :
« Ta .. ismt· l'i Confucianisme>. repris in AEIT, P· 102.
- sept. :
< des conditions de l'initiation>, repris in A./, chap. IV.
- nov ·
« de la. ~·égularité initiatique>, repris ln Al, chap. V.
- déc.:
«de la transmission initiatique>, repris in Al, chap. VIII.
19 33 Voile d'Isis
- janv.:
« des centres initiatiques>, repris in Al, chap. X (déjà cité).
- fév.:
<Initiation et contre-initiation>.
- mars:
« dC's rites initiatiques>, rt.•pris in Al, chap. XV.
- avril:
q: des épreuves initiatiques>, repris in Al, chap. XXV.
- mai:
< Qabbalah > repris in FTCC, p. 61.

269
- juin:
<connaissance initiatique et culture profane», repris in Al,
chap. XXXIII.
- juil.:
c fidèles d'amour et cours d'amour>, repris in AEC, chap. VII.
- aoüt-sept. :
<Rabbale et science des nombres:>, repris in FTCC, p. 67.
- oct.-nov. :
« E.undalini-Yoga >, repris in EH, p. 2ï.
- déc.:
<de l'enseignement initiatique>, repris du 1t Symbolisme~. 1913,
repris in Al, chap. XXXI.
1934 : Voile d'Isis
- janv.:
«la religion d'un philosophe>.
- fév.-mars :
«le Saint Graal'>, repris in AEC, chap. VIII, SFSS, p. 49.
- avril:
«l'initiation et les métiers>.
<le compagnonnage et les Bohémiens> (repris du Voile d'Isis,
oct. 1928), repris in EFMC, t. I.
- mai:
< Verbum lux et vita >, repris in Al, chap. XLVII.
< d: ~a mort initiatique>, repris in Al, chap. XXVI.
- JUil.:
<du prétendu empirisme des anciens>.
- août-sept. :
<le soufisme>.
- oct.:
<organisations initiatiques et sociétés secrètes>, repris in Al,
chap. XII.
- déc. :
<du secret initiatique>, repris in Al, chap. XIII.
1935: Voile d'Isis
Voile d'Isis
- janv.:
<Noms profanes et noms initiatiques>, repris in Al, chap. XXVII.
- f év. :
<le Rite et le Symbole>, repris in Al, chap. XVI.
- mars:
<de la confusion du Psychique et du Spirituel>.
- avril:
<les arts et leur conception traditionnelle>.
- mai:
<des prétendus pouvoirs psychiques>, repris in Al, chap. XXI.
- juin:
<le rejet des pouvoirs>, repris Al, chap. XXII.
- juil.:
<de quelques erreurs concernant l'initiation>.
- aoüt-sept. :
c la théorie hindoue des 5 éléments>, repris in EH, p. 45.
- oct.:
<Mythes, Mystères et Symboles>, repris in Al, chap. XVII.
<Dharma>, repri~ in EH, p. 69.

270
- nov. :
«Varna», repris in EH, p. 75.
« Symbolisme et philosophie>, repris in Al, chap. XVIII.
- déc. :
« Synthèse et syncrétisme>, repris in Al, chap. VI.
« l'Etre et le milieu>.
Speculat ive Mas on
- avril:
Notes sur 4: le sceau de Salomon> et «les piliers d'Enoch >,
A.W.Y. (Abdel Wahed Yahia).
juil. :
« des maçons opératifs en Egypte ? >, A.,V.Y.
« le sens solaire et polaire des circumambulations >.
oct. :
~ lC' nœud de Salomon>, A.,V.Y., repris inET, sept.-oct. 1971.
Et udcs Traditionnelles
- janv.:
« la prière et l'incantation>, repris in Al, cbap. XXIV.
« la T<.•rrc du Soleil>, repris SFSS, p. 114.
- f év. :
«Quelques aspects du symbolisme du Poisson>, repris in SFSS,
p. 167.
« sur la notion de l'élite>, repris in Al, chap. XLIII.
- mars:
«de la hifrarchie initiatique>, repris in Al, chap. XLIV.
« la double spirale>.
- avril, mai, juin : . XIV
« des qualifications initiatiques>, repris in Al, chap. '
« les fleurs symboliques», repris in SFSS, P· 94.
- mai, juin, juillet :
« opératif et spéculatif>, repris in Al, chap. XXIX.
- noftt-sept. :
« le sanglier et l'ours>, repris in SFSS, P· 177.
- oct.:
« .l~s armes symboliques>, repris in SFSS, P• 192.
« 1 ra dit ion et traditionalisme»·
- nov. :
« les contrefaçons de l'idée Traditionnelle>.
« le symbolisme des cornes>, repris in SFSS, P·
202 ·
- déc. :
« les contrefaçons de l'idée traditionnelle>.
138
« le tombeau d'Hermès>, repris in FTCC, P· '
La Revue de Philosophie
Comptt.·s rendus.
1 !)3ï Speculative Mason
-"'] janv. t ·: · · St'naï 1 · h Tabor> ' A\" Y
.... Ps rois montagnes sncrees · • ' l\oria • ,,y,·

C<?hiers du Sud
«, Snyfu1-ls1am », repris in SFSS, P· 197 ·
Etudes Traditionnelles
- janv.-fév.-mars :
« R emarqucs sur la notation mathe·matique >, repris de la Gnose
(déjh cité).
- janv.:
«Tradition et Transmission>, repris in Al, chap. IX.

2il
- fév.:
<Rites et Cérémonies>, repris in AI, chap. XIX.
- mars:
<A propos de magie cérémonielle :1> repris in Al, chap. XX.
- avril: '
"la Tetraktys et le Carré de quatre», repris in SFSS, P· 125.
<Contre le mélange des formes traditionnelles:>, repris in Al,
chap. VII.
- mai:
< U~ ~iéroglyphe du Pôle>, repris in SFSS, p. 131.
- JU1n:
< ~nitiation et passivité>, repris in Al chap. XXXV.
<a. P:opos d'animisme et de chamani~mc >.
- JUii. :
<le. d_ouble sens des symboles>.
- JU1n:
«Initiation et service» repris in Al, chap. XXXVI.
- juil.: •
«Résidus psychiqut•s '>.
- août-sept. :
; ~an.trisn:ie et Magic>, repris in EH, p. 83.
ctinqu1ème Védâ >, repris in Ell, p. 87.
oc.:
_"création et man1·r es t a t·ion :1>, repris
· 1n · AEIT, p. 88 ·
oct.-nov. :
<la caverne et le labyrinthe :1> repris in SFSS, P· 209.
- nov· '
« l'esp;il d
_ déc. : e l'Inde», repris in EH, p. lf>.
<le sens d .
«le C es proportions>.
Spé lœ~r et la Caverne>, repris in SFSS, p. 218.
;u afwe Mason
- Janv.:
<la Ma· d
1, ' ison e Sagesse du Caire>, A.\V.Y.
« orthodoxie 1rad i ti on ne Ile des Tu ruk », A. 'V. Y.
1938 :
Etudes Traditionnelles
- janv. :
«la montagne et la Caverne>, repris in SFSS, p. 223.
« l'erreur du Psychologisme>.
- f év. :
idem.
« le Cœur et l'Œuf du Monde>, repris in SFSS, P· 227 ·
- mars:
«l'illusion de la vie ordinaire».
<la Caverne et l'Œuf du !\fonde>, repris in SFSS, p. 227.
- avril:
«l'illusion de la vie ordinaire».
c la Sortie de la Caverne>, repris in SFSS, p. 235.
- mai:
c les Portes Solsticiales>, repris in SFSS, p. 239.
4: la \li·laphysiqut· ori('ntah· '>, (tiré à part déjù publié).
- juin:
c la Métaphysique ori(•ntale >. (!iré :'1 p:1rl déiô !n~hlié),
«le Symbolisme du Zodiaque chez les Pythagor1c1ens >, repris
in SFSS, p. 244.

272
- juil. :
< la Métaphysique orientale>.
< le Symbolisme solsticial de Janus>, repris in SFSS, p. 250.
- aoüt-sept. :
« Er-Htîh )), ,repris in AEIT, p. 54. . . ,
« Note sur l angclologic de l'alphabet arabe>, repris in AEIT, p. 62.
< les mystères de la lettre Nftn ,, repris in SFSS, P· 172.
- oct.:
.< quelques remarques sur la doctrine des cycles cosmiques>, repris
In FTCC, p. 13.
< le symbolisme du Dôme J>, repris in SFSS, p. 261.
- nov. :
« Doctrine et ~léthode > repris in JRS, chap. XVII.
c 1e D omc
• et la Roue>, ' repris in SFSS, p. 266.
déc.:
c Mythologie scientifique>.
< la Porte étroite>, repris in SFSS, p. 270.
1939: Etudes Traditionnelles
- janv.:
<les Symboles de l'analogie> repris in SFSS, P· 31?·
< Réalisation ascendante et' descendante>, repris in IRS,
chap. XXXII.
- fév.:
« l' Arbre du Monde>, repris in SFSS, p. 324.
- mars:
« l' Arb;e et le Vajra >, repris in SFSS, P· 329.
- avril :
< 1'Arbre de Vic et le breuvage d'immortalité>, repris ln SFSS,
p. 332.
« Il'~ deux nuits>, repris in JRS, chap. XXXI.
- mai: 36
« le Symbolisme de l'échelle>, repris in SFSS, P· 3 ·
< le~ ~eux nuits >, repris (déjà cité).
- Jllln: .
•< l'esprit est-il dans le corps ou le corps dans l'esprit?>, repris
in IRS, chap. XXX.
« 111 "lll'l' d manifestation :i>.
juil. :
c le don des langues>, repris in Al, chap. XXXVII.
<les origines du mormonisme>·
1940 Etudes Traditionnelles
- janv.:
< le trou de l'aiguille> repris in SFSS, P· 340. , .
c l'esprit est-il dans le 'corps ou le corps dans l esprit?> (repris,
déjù cité).
- f év. :
< le passage des eaux >. repris in S~S~,. P·. S4S.
«mentalité scolaire et pseudo-101tiation >, repris in .41,
cha p. XXXIV.
- mars:
« I;lâma-Ilfipa >, repris in EH, p. 95.
c Sacrements et Rites initiatiques>, repris in Al, chap. XXIII.
- avril:
< la maladie de l'angoisse,, repris in IRS, cbap. III.

273
- avril-mai :
«la p~erre angulaire>, repri · SFSS 278
- ma1 : s in ' p. .
«la. d_iffusion de la connaissance et l'esprit moderne > •
- .]U1n:
< Superstition de la valeur>.
«les sept rayons de l'arc-en-ciel>, repris in SFSS, p. 346.
1945 :
Etudes Traditionnelles
- oct.-nov.:
< ~e Zodiaque et les points cardinaux>, repris in SFSS, P· 120·
« a ~outume contre la tradition> repris in JRS, chap. IV.
- dec.: '
· ·r·ication
p. 162.l a sigm
<sur · des fêtes carnavalesques>, repris
· in
· sFSS·
«contre le quiétisme>, repris in IRS, chap. XXVI.
1946 :
Etudes Traditionnelles
- janv.-fév. :
« Janua cœli >, repris in SFSS p 351
<Folie apparente et sagesse c~chée > repris in IRS, chap. XXVII·
0

mars-avril : '
: ~âla-mukha >, rep.ris in SFS_S, P· 35G.
· m.asque populaire», repris in /RS, chap. XXVIII.
- ma1:
1
c: 1a jonction des extrêmes> repris in TRS chap. XXIX.
_< a . 1';lm~'è i:e et la pluie>, repris
' in SFSS, p.' 361.
JUIIl-JUll. :
1
« ~'1 cœur rayonnant et le cœur enflamnH~ 1>, repris in SFSS, p. 4 o7 '
~ ~ ~er1.nr?bit, avril 1926.
Ju1n-Jml.-ao~t :
~~~~a:ne des mondes>, repris in SFSS, p. 365.
« Lapsit exillis >, repris in SFSS, p. 292.
- sept.:
«les rac~nes des plantes>, repris in SFSS, p. 374.
« El-Arkan :., repris in SFSS, p. 297.
oct.-nov. :
« Rassc·mbler ce qui est épars>, repris in SFSS, P· 301.
«Monothéisme et angélologie >.
- déc. :
«Maçons et Charpentiers>, repris in EFMC, t. II, P· 9.
194
7 Etudes Traditionnelles
- janv.-fév. :
«Symbolisme du Pont>, repris in SFSS, p. 379.
- janv.-f év.-mars :
«à propos du rattachement initiatique>, repris in IRS, chap. V.
- mars:
«le Pont et l' Arc-en-ciel >, repris in SFSS, p. 383.
- avril-mai :
«Influence spirituelle et égrégores>, repris in !RS, chap. VI.
«à propos des langues sacrées>. repris in AEC, cbap. 1.
- juin:
c le Blanc et le Noir>, repris in SFSS, p. 306.

274
< Contemplation directe et contemplation par reflet>, repris in
IRS, chap. XVI.
-- juil.-août:
« Mâyà >, repris in EH, p. 101.
«Esprit et intellect>.
- sept. :
« la chaîne d'union >, repris in SFSS, p. 388.
c: les idées éternelles>.
- oct.-nov. :
« -~scèse et ascétisme>, repris in IRS, chap. XIX.
« En~adrements et Labyrinthe>, repris in SFSS, p. 391.
- dec.:
<t Pi.erre. n?irc et pierre cubique>, repris in Sl}'S~, p. 309.
« N ccess1tc de l'exotérisme traditionnel>, repris rn IRS, chap. VII.

1U47 Cahiers du Sud

1948

1949 Cahiers du Slld, numéro spécial : «Approches


«, Sanâtana Dharma>, repris in EH, P· 105.
Etudes Traditionnel/e1
- janv.-fév. :
c: le grain de sénevé>, repris in SFSS, P· 4.33 ..
« Sagesse innée et sagesse acquise >1 repris ID rns, chap. XXII.
- mars:
c: Silence et solitude >.
- avril-mai :
«Travail initiatique collectif et présence spirituelle>, repris in
IRS, chap. XXIII.
«l'éther dans le cœur >, repris in SFSS, P· 441.

275
- juin:
<à propos des deux St Jean> repris in SFSS, P· 254.
juil.-aoftt : '
<Tradition et inconscient>, repris in SFSS, P· 63.
<l'octogone>, repris in SFSS, p. 274.
- sept.:
<Christianisme et initiation>, repris in AEC, chap. II.
<Pierre brute et pierre taillée l>, repris in SFSS, P· 313.
oct.-nov. :
<Christianisme et initiation>, idem.
< Co~tre la vulgarisation>, repris in 1RS, cbap. 1.
dec.:
<Christianisme et initiation :z>, idem.

1950 : Cahiers du Sud


<l'ésotérisme du Graal>.
Etudes Traditionnelles
- janv.-fév. :
<Salut et Délivrance>, repris in I RS, chap. VI lI.
<le Sacré et le Profane >, repris in 1HS, chap. XI.
- mars:
< s~r le rôle du Guru, repris in IRS, chap. XXIV.
<Liens et nœuds >, repris in SFSS, p. 400.
avril-mai :
<la science profane devant les doctrines traditionnelles > ·
- juin: xv1II·
<les 3 voies et les formes initiatiques :7> repris in IRS, chap. "'
- juil.-août : '
11
<métaphysique et dialectique >, repris in 1B._S.' chap. •
137
«la Lettre G. et le swastika», repris in SFSS, P· ·
sept.:
<la Cité divine>, repris in SFSS, p. 449. XXV.
<sur les degrés initiatiques:?>, repris in JRS, chap.
oct.-nov. :
< cérémonialisme et esthétisme>, repris in JRS, chap. XIII.
- déc.: in
<Influence de la civilisation islamique en Occident>, repris
AEJT, p. 76, repris de El Maarifa/l.

276
TABLE des MATIERES

9
Introduction :

Chapitre I .· L a vigueur
. . .
des première convictions 13
Horoscope par André Heyberger
27
II : Sept ans d'occultisme
43
III : Le pouvoir occulte
59
IV : Le rejet d'une fausse spiritualité
93
V : Corriger la myopie de l'Occident
115
VI : En quête des sciences traditionnelles
141
« VII : La doctrine métaphysique
181
VIII : L'appel à l'histoire
207
IX : L'achèvement
233
X : La confusion et l'éveil

Ouvrages de René Guénon 261

Index des articles publiés par René Guénon 262


ACHEVE D'IMPRIMER
le 20 Décembre 1975
par Les PRESSES JURASSIENNES
à DOLE-DU-JURA

---- Imprimé en France


------:----~~~~~~----------
Dépôt légal 4r Trimestre 1975 - N° 135
Connaissons-nous tentation plus forte et continue
que celle de posséder la clé du savoir universel ?
On peut aujourd'hui appliquer à l'ésotérisme la leçon donnée par
la fable d'Ésope à propos des langues : la meilleure et la pire des choses ;
il désigne l'exigence spirituelle la plus intérieure et couvre en même temps
toutes les complaisances intellectuelle s.
René Guénon, artisan entre la première guerre mondiale et le milieu du ~iècle
du renouveau du point de vue ésotérique en est aussi la victime. Sa vie,. sa
recherche et ses connaissances ont été idéalisées et simplifiées. Ce travail_a
tenté de restituer la réalité de la démarche à travers les incertitudes de la ~ie
journalière et les difficultés de documentation ; tribut nécessaire paye
aux faiblesses humaines pour approcher le sens caché :
il faut démystifier pour que vive le mythe.