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Le Halal dans la grande
distribution Française.

Sujet réalisé par :


Othmane Chami

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Sommaire
Introduction
I. Quelques définitions utiles
II. La demande de produit halal en France
La consommation française de produits halal en quelques chiffres
1. Les motivations de la demande
a) La religion, l’argument « phare » de la consommation.
b) L’attachement culturel
c) Les préoccupations sanitaires
2. Les différents socio-types de consommateurs

3. Des socio-types aux attentes variées, privilégiant des circuits de distribution différents

III .Une mutation de l’offre favorisant une distribution de masse

1. Les « Et-et » : à l’origine de la mutation de l’offre et des circuits de distribution


2. Le circuit traditionnel, grossistes et magasins de proximité : l’apanage des marques
communautaires

a) Spécificité du circuit
b) Les grossistes en présence sur ce circuit

3. Grande distribution et commerce halal

a) Le commerce du halal : un marché extrêmement rentable et stratégique pour les acteurs de la


grande distribution.

b) Les marques communautaires précurseur du halal dans la grande distribution

c) Les marques nationales investissent le marché halal

IV. Le marché halal francais : les perspectives d’évolution à court-moyen terme ?

1. Une croissance conditionnée à l’aménagement du marché

2. Tirer profit d’une demande insatisfaite : le nouveau challenge de la grande distribution.

3. A quand les MDD Halal ?

4. Des produits basiques vers la création de marques ethniques

5. L’émergence de produits halal non-alimentaires.


ConclusionAnnexes

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Introduction
Dans la religion musulmane, il existe des instructions considérant quelques aliments
ou boissons : certains sont dits « Haram » (interdits) et d’autres « Halal » (permis).
Ainsi, dans l’Islam, une interdiction formelle a été formulée sur l’alcool et le porc, le
premier étant nocif et le second étant considéré comme de la viande impure car se nourrissant
d’aliments malsains.
Dans un second degré, la viande provenant d’animaux n’étant pas égorgés selon un
rituel islamique (que nous expliquerons par la suite) est considérée, par certaines branches de
l’Islam, comme totalement interdite.
De ce fait, est né un mode de consommation parallèle dans les pays non-musulmans et
qui est qualifié de « Halal ».
En France, le commerce Halal se développe d’année en année. Il s’est manifesté dans
un premier temps par l’émergence de boucheries islamiques (3000 en France), lesquelles
contrôlaient jusqu’au début des années 2000, 80% des volumes vendus.
Actuellement, la consommation de la communauté musulmane en France n’est plus à
négliger : un portefeuille de 4 à 5 millions de consommateurs constitue une masse importante
et une cible marketing conséquente.
Ainsi, dans un contexte économique morose où la guerre des prix est persistante et où
le pouvoir d’achat va en diminuant, les grands groupes de l’agroalimentaire et les enseignes
de grande distribution s’intéressent à ce potentiel de différenciation et réitèrent les
expériences entreprises quelques années auparavant avec la communauté juive (casher). Ils
adaptent de la sorte, leurs offres pour se placer sur ce créneau juteux.
Au niveau international, les produits halal représenteraient 10% des échanges
mondiaux des produits agroalimentaires. C’est donc l’industrie agroalimentaire mondiale dans
son ensemble qui est susceptible de tirer profit de la croissance conjoncturelle que présente ce
marché.
Face à une évolution rapide des besoins des consommateurs en produits « halal »,
lesquels dépassent désormais largement les seuls aliments carnés, les grandes marques
nationales et la grande distribution sont sur le qui-vive. Conscients de l’incroyable potentiel
offert pas ce marché, chacun multiplie les tentatives pour se faire remarquer et s’imposer

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comme un acteur majeur. En somme, la grande distribution a bien l’intention d’inverser la
tendance pour capter et dominer un marché jusque là contrôlé par le circuit traditionnel.
Afin d’étudier la place des produits Halal dans la grande distribution française, nous
allons dans un premier temps et pour faciliter la bonne compréhension du lecteur, donner
quelques définitions essentielles. Par la suite, nous nous situerons du point de vue du
consommateur et analyserons l’état de la demande. Nous nous interrogerons notamment sur
ses motivations, ses attentes et leurs conséquences sur le choix du circuit de distribution. Dans
une troisième partie, nous verrons comment la mutation de l’offre des producteurs a favorisé
le réveil et l’expansion la grande distribution sur ce marché. Nous analyserons ainsi le rôle
joué par chacun des acteurs en présence. Puis, nous conclurons par une dernière partie dans
laquelle nous donnerons notre vision quant à l’avenir de ce marché ainsi que les moyens
marketing à mettre en œuvre.

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I. Quelques définitions utiles

Pour traiter ce sujet, nous avons jugé utile de donner quelques définitions se rapportant
à la notion du Halal :
Halal : Tout acte permis par la charia.
Haram : Au contraire du halal, le Haram est tout acte réprimé par l’islam, comme la
consommation d’alcool et du porc, l’adultère ou encore les jeux d’argent…
Charia : L’ensemble des préceptes de l’Islam, qu’ils émanent des textes coraniques,
des paroles du prophète, ou du conseil des musulmans.
Qiblah : La direction de la Mecque, c’est la direction vers laquelle se dirigent tous les
musulmans pour faire leur prière.
L’abattage rituel : C’est la seule sorte d’abattage permise par l’Islam. Pour en réaliser
les conditions, il faudra que ce soit effectué par une personne musulmane, par ailleurs prendre
soin de l’animal, l’abreuver, s'assurer qu’il n'est pas témoin d'un abattage précédent, ni qu’il
en aperçoive les signes, cacher le couteau de sa vue, bien aiguiser le couteau, couper
proprement et rapidement, faisant face à la Qiblah , mentionnant le nom d'Allah au-dessus de
l'animal conscient, laisser l’animal saigner…
Boucheries islamiques : Boucheries vendant exclusivement de la viande (blanche et/ou
rouge) sacrifiée selon l’abattage rituel.
Ces définitions nous amènent à évoquer l’origine de cette différenciation entre le Halal
et le Haram, la preuve en est faite dans un verset coranique de la Sourate 22 Le Pèlerinage (al-
Hajj), versets 36-37
« Nous vous avons désigné les chameaux (et les vaches) bien portants pour certains
rites établis par Allah. Il y a en eux pour vous un bien. Prononcez donc sur eux le nom
d’Allah, quand ils ont eu la patte attachée (prêts à être immolés). Puis, lorsqu’ils gisent sur le
flanc, mangez-en et nourrissez-en le besogneux discret et le mendiant. Ainsi, Nous vous les
avons assujettis afin que vous soyez reconnaissants. Ni leur chair ni leur sang n’atteindront
Allah, mais ce qui L’atteint de votre part, c’est la piété. Ainsi vous les a-t-Il assujettis afin que
vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir mis sur le droit chemin. Et annonce la
bonne nouvelle aux bienfaisants. ».
Ce verset stipule clairement l’obligation de l’abattage rituel pour les viandes, le sujet
est évoqué dans d’autres versets pour régir les aliments interdits de ceux permis.

II. La demande de produit halal en France


Si la distribution des produits alimentaires halal explose en Europe, et plus
particulièrement en France, cela reflète bel et bien l’existence d’une demande-consommateur
forte, n’étant encore que partiellement couverte et dont les besoins évoluent rapidement.
Dans la présente partie de ce mémoire nous tacherons d’identifier cette demande en
présentant au lecteur des chiffres révélateurs. Puis, nous tenterons d’analyser les motifs sous-
jacents à ce mode de consommation. Enfin, dans le but de comprendre clairement la demande

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et l’organisation de la distribution, nous évoquerons les différentes cibles de consommateurs
existant sur ce marché, leurs attentes spécifiques et leurs conséquences sur le circuit de
distribution choisi.
1. La consommation française de produits halal en quelques chiffres.

Bien que des études réalisées sur le sujet démontrent que la consommation de produits
halal ne concerne pas exclusivement la population musulmane, celle-ci représente l’essentiel
du bassin de ce marché. Aujourd’hui, il demeure impossible de chiffrer avec exactitude cette
population du fait de l’interdiction pesant sur l’Insee de recenser des données de caractère
religieuse ou ethnique. Cependant, selon des voix intermédiaires, elle s’élèverait entre 5 et 6
millions de personnes, soit près de 10% de la population française. Il existe donc un marché
potentiel de taille. Ceci est d’autant plus vrai que le poste des dépenses alimentaires
représente une part très importante du budget des consommateurs musulmans : un chiffre
avoisinant les 30% versus 14% pour la moyenne nationale. Plus encore, les consommateurs
musulmans sont de forts consommateurs de volaille : 70 kilos/an, soit un chiffre trois fois plus
élevé que la moyenne française.
Ces résultats élevés s’expliquent par l’importante consommation de plats typiques du pays
d’origine, lesquels sont souvent composés de viande (couscous, tagine, etc.). Une étude
réalisée en février 2008 par le cabinet ak-a, spécialiste des études et conseil en marketing
ethnique, nous enseigne en effet que 9 femmes maghrébines sur 10 mangent des plats
typiques de leur pays d’origine au moins une fois par semaine tandis que les deux tiers en
consommeraient plus de trois fois par semaine.
Une autre étude, réalisée en novembre 2005 par AoFood, démontre quant à elle que pour
la grande majorité des consommateurs halal, « manger halal » s’avère être une conduite
systématique : 86% des personnes interrogées déclaraient ainsi manger halal de manière
exclusive, ceci s’avérant vrai pour tous types de plats carnés (viande fraiche, charcuterie sans
porc, plats cuisinés).
En découle un marché en pleine explosion connaissant depuis 10 ans une croissance à
deux chiffres et atteignant en 2005 quelques à 3,5 millions d’euros en France.
Mais que recherchent les consommateurs musulmans dans ce type de produits ? Quelles
sont les motivations dans l’achat de produits alimentaires halal ?

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2. Les motivations de la demande

a) La religion, l’argument « phare » de la consommation.

La religion est sans surprise l’argument essentiel de la consommation de produits


alimentaires halal. Pour la majorité des consommateurs halal, qu’ils soient consommateurs
partiels ou exclusifs, « manger halal » tiendrait de l’ordre de l’obligation. De plus, ce mode de
consommation ne serait pas l’unique apanage des individus ayant une pratique religieuse
forte. Grand nombre de musulmans de France s’y soumettraient ainsi naturellement, que leur
pratique religieuse soit assidue ou très occasionnelle.
Aofood, analysait ainsi, suite à son étude menée en 2005 et déjà évoquée plus haut,
qu’au final la consommation de halal dépendait de ce que l’individu considérait ou non
comme étant licite. Ainsi certains français musulmans se conformeraient à citer le nom de
Dieu avant de consommer un plat de viande et cela leur suffirait pour considérer que cette
viande soit halal, soit licite. Au contraire, d’autres n’en consommeront si et seulement si cette
viande a été contrôlée par l’organisme de leur choix. Au total, ceci tend à monter que, bien
que la religion soit l’essentiel motif de la consommation, le lien entre intensité de la pratique
religieuse et alimentaire est faible pour cette population.

b) L’attachement culturel

Au-delà de la pratique religieuse, le facteur culturel et l’attachement aux valeurs et


usages du pays d’origine est aussi une raison fortement explicative de la consommation.
Manger des produits halal devient alors une sorte de retour aux sources. Cette tendance
s’exprime d’ailleurs très fortement chez les jeunes musulmans de la troisième génération
pour lesquels être musulman devient parfois le premier identifiant. C’est ainsi qu’une étude,
réalisée en 2000 dans des écoles de Lilles et Marseille, a montré que chez les jeunes d'origine
maghrébine, on se dit musulman avant de se dire garçon/fille, français ou marseillais etc. A
l’origine de cela, il convient de mentionner un contexte politique et international favorable qui

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ajoute au fait d'être musulman quelque chose comme un sentiment de puissance. C’est ainsi
que Florence Bergeaud-Blackler, sociologue à l'unité d'anthropologie de l'université d'Aix-
Marseille nous explique que "les jeunes consommateurs musulmans se tournent vers une
consommation exclusive, ils sont plus partisans du tout-halal que leurs parents".
Pour ces jeunes français musulmans de moins de 30 ans, manger halal devient une
véritable quête. Celle-ci ne concerne plus exclusivement les produits carnés mais s’applique
aussi pour toutes les denrées élaborées achetées. Alors que leurs parents se limitaient à trouver
un boucher auquel ils pouvaient faire confiance pour se considérer respectueux des
prescriptions islamiques, la nouvelle génération parcourt les sites Internet pour consulter les
listes de colorants et additifs et détecter et proscrire les produits dérivés ne parvenant pas
d’animaux abattus selon le rituel religieux.

c)Les préoccupations sanitaires

Il convient aussi de noter que c’est pendant les années de crise de la vache folle, entre
1992 et 2000, que le marché du halal a réellement explosé avec une croissance annuelle
avoisinant les +15% par an. Ce véritable boom du marché concerne à cette époque aussi bien
l’offre que la demande. L’offre car bon nombres de boucheries musulmanes s’installent dans
les locaux d’anciennes boucheries traditionnelles ayant déposé le bilan. Enfin, elle concerne
aussi la demande, car on dénote une croyance chez certains consommateurs selon laquelle la
viande halal serait meilleure pour la santé puisqu’elle proviendrait d’un animal saigné.

3. Les différents socio-types de consommateurs

Bien évidemment, la consommation de produits halal n’est pas uniforme mais se


particularise en fonction de différentes cibles. Il est ainsi possible d’identifier plusieurs socio-
types de consommateurs affichant des besoins différents. L’agence de communication Sopi,
spécialiste du marketing ethnique, a identifié 4 principales cibles : les « Comme au pays », les
« Et-et », les « Révoltés identitaires » et les « Touristes alimentaires ». Dans le paragraphe
suivant, nous tacherons de présenter les spécificités de chacune d’entre elles.

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 Les « Comme au pays » : il s’agit des premiers immigrants soit de personnes ayant
vécu dans leur pays d’origine et ayant immigré en France par la suite. Les aliments
halal représentent la majeure partie de leur consommation, ces personnes étant très
désireuses de conserver les usages et habitudes de leur pays natal. Elles recherchent
d’ailleurs des produits venus directement du bled et privilégient ainsi le commerce de
proximité, la relation de confiance avec son magasin étant primordiale. La grande
distribution de produits halal ne les attire ainsi que très peu, d’autant plus que leur
consommation concerne essentiellement les produits carnés.

 Les « Et-et » : il s’agit des enfants ou petits enfants des « Comme au pays », soit des
personnes nées en France, friandes des bonnes recettes de leur mère mais n’ayant ni le
temps ni le savoir-faire nécessaire pour les préparer. Ils consomment ainsi des produits
en conserve ou des plats cuisinés sous vides. Bien qu’ils ne mangent pas toujours
halal, ils apprécieraient trouver des plats plus raffinés, notamment des recettes
françaises traditionnelles concoctées avec de la viande halal. Les circuits de
distribution privilégiés sont ainsi pour cette cible et à la différence de leurs parents les
supermarchés et hypermarchés.

 Les « Révoltés identitaires » : ils cherchent leur place dans la société au travers de la
religion. Il s’agit d’une cible jeune et urbaine, influencée par le mode de
consommation américain. Ils consomment d’ailleurs des produits tels que des
hamburgers, pizzas, fréquentent les fast-food, les sandwicheries grecques, etc. Ils sont
donc de confession musulmane mais leur consommation est plus urbaine
qu’identitaire.

 Enfin, le dernier socio-type concerne les « Touristes alimentaires ». Il s’agit cette


fois de personnes qui sont à la recherche d'autres horizons culturels et éprouvent le
désir de découvrir de nouvelles saveurs culinaires typiques et exotiques. La dimension
Halal se ressent chez eux parce qu’ils évolueront dans un environnement qui y sera
certainement propice : ils auront des amis consommateurs de Halal, ou encore, tout

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bêtement, ils résideront dans un quartier musulman. Ces touristes alimentaires n'auront
pas spécialement de préférence mais seront réceptifs à toute sorte de produits Halal qui
leur procureront l'exotisme et la diversité recherchés. Leur penchant ethnique constitue
donc une bonne affaire en termes de business et notamment pour la grande
distribution.

4. Des socio-types aux attentes variées, privilégiant des circuits de distribution


différents.

Après avoir identifié ces différentes cibles, nous pouvons comprendre que leurs attentes
ne seront pas identiques, ce qui influencera notamment le circuit de distribution choisi pour
les achats. Dans le tableau ci-dessous, nous avons tenté de résumer de manière synthétique les
attentes de chaque socio-type et les circuits de distribution privilégiés.

Socio-type Attentes Etendue de la Circuits privilégiés


consommation halal

Comme au Fiabilité, sécurité, Aliments carnés Commerce de proximité


pays confiance dans les car relation de confiance.
produits achetés. Ce choix de circuit est
Proximité, recherche aussi dans une certaine
d’émotions pour se mesure émotionnel
rappeler le pays (rappel du pays d’origine)
d’origine, son enfance,
etc.:
Et-et Diversité et modernité Peut être réduite ou large Grande distribution car
des produits halal répond au besoin d’une
proposés, facile offre diverse, de plats
accessibilité du fait modernes et de rapide
d’une contrainte temps préparation, d’un accès
importante. Recherche facile aux produits. La
de sophistication, variable de
d’innovation. confiance/sécurité est

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moins forte que pour les
« comme au pays » ce qui
profite aussi à la grande
distribution.
Révoltés Recherche d’identité, Elle peut être large mais La grande distribution
identitaires d’ affirmation de soi, dépendra de l’évolution peut faire l’objet d’un rejet
de ses origines. du caractère identitaire de la part de cette cible
avec l’âge (cette cible car s’appropriant d’une
étant largement alimentation
composée d’un public n’appartenant pas à sa
adolescent). culture. Le commerce de
proximité sera
certainement favorisé du
fait d’une volonté
d’entraide entre
personnes partageant la
même culture et les
mêmes origines.
Touristes Exotisme, évasion, Elle peut être large, cette La grande distribution
alimentaires saveurs exotiques et cible cherchera surtout dispose d’un très fort
nouvelles. des recettes, des plats potentiel car facile
traditionnels. d’accès et disposée à
proposer les produits
recherchées (plats
préparés, recettes, etc.).
De plus le label de
confiance perd son
importance sur cette cible.

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III. Une mutation de l’offre favorisant une distribution de masse

1. Les « Et-et » : à l’origine de la mutation de l’offre et des circuits de distribution

Il y a encore une dizaine d’années, le mot « halal » était souvent inconnu pour grand nombre
de français. L’industrie alimentaire halal se limitait alors à une offre basique vendue dans des
petites boucheries musulmanes de quartier. Elle se limitait à une offre de produits carnés afin
de répondre au besoin des « Comme au Pays ». L’évolution des socio-types de consommation
a fait naitre des besoins nouveaux entrainant une véritable mutation de l’offre et des circuits
de distribution. Les nouveaux consommateurs du halal, notamment les « Et-et », sont
désormais désireux de retrouver leurs produits classiques dans la grande distribution
alimentaire afin de faire coïncider un mode de vie moderne avec une alimentation occidentale
mais certifiée halal. Comme déjà dit, il s’agit de consommateurs friands de choix, de
diversité, recherchant la nouveauté et la sophistication. En découle une forte curiosité pour
des produits plus spécifiques que les seuls produits carnés ayant entrainé une étendue de la
certification halal sur des produits divers tels que les potages, boissons gazeuses, raviolis,
petits pots pour bébés, bonbons, champagne, etc. Les marques présentes sur le marché ont
donc visiblement élargi leur offre et se renouvellent en permanence.

2. Le circuit traditionnel, grossistes et magasins de proximité : l’apanage des


marques communautaires

a) Spécificités du circuit
Les marques communautaires sont bien entendu les premières à avoir investi
l’industrie alimentaire halal. Elles sont surtout présentes au travers du circuit de distribution
traditionnel : celui des grossistes alimentant les magasins de proximité.
Leur présence dans ce circuit relève en premier lieu d’une contrainte économique. En
effet, la plupart d’entre elles n’ont pas la possibilité financière d’entrer dans le circuit de la
grande distribution. Le commerce de proximité est ainsi leur seule alternative et il permet de
faire vivre tout un vivier de petites marques.

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Cependant, ce circuit n’est pas dépourvu de caractère stratégique, loin de là. En effet,
c’est le circuit idéal pour s’approcher d’une partie importante des consommateurs : la cible
des « Comme au pays ». Du fait de l’existence d’une relation de proximité client-vendeur, et
ce d’autant plus que les personnes gérant ces magasins partagent souvent les mêmes origines
que leurs clients, ce circuit jouie d’un fort capital de confiance. De plus, ces magasins sont
situés dans des zones stratégiques, à forte population musulmane. Dans certains quartiers
isolés, ils constituent d’ailleurs les seuls commerces de proximité en présence ce qui leur
permet d’approcher aussi une clientèle non-musulmane. Enfin, c’est un circuit d’envergure
pour le commerce du halal car même si un glissement vers la grande distribution voit le jour,
80% des volumes sont encore contrôlés par le circuit traditionnel. Tout ces avantages font que
des marques communautaires fortes telle que Isla Délice et Tahira, sont également présentes
dans ce circuit et ne se limite pas à la seule grande distribution.
Une limite est cependant qu’il reste peu efficace pour approcher certaines cibles,
notamment celles des « touristes alimentaires » ou encore des « et-et ».

b) Les grossistes en présence sur ce circuit


On dénombre 3 principaux acteurs sur ce circuit : les sociétés Feder, Sébiane et Dounia. Nous
développerons ici sur la plus importante d’entre elles : la société Feder.

 Exemple de Feder :
Créé en 1994 avec la marque de bonbons halal Jumbo, Feder est un acteur majeur de
la commercialisation des produits halal vers les commerces de détails en France et
en Europe. Ils commercialisent vers ses 1000 clients des produits divers tels des
bouillons, soupes, plats cuisinés, snacks, huiles de palme (etc.) ainsi que des
marques clés du segment ethnique (Jumbo, Kapsy, la Phénicienne), dont il possède
pour certaine l’exclusivité de la distribution.
Les « Comme au pays » constituent son cœur de cible et sa philosophie se résume
ainsi : « La volonté de Feder est de rapprocher les hommes de leur culture culinaire.
Que chacun retrouve dans son palais les couleurs, les odeurs et les saveurs de ses
origines ».

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Afin de disposer d’un fort capital de confiance auprès de ses clients et
consommateurs, Feder met en ligne via son site internet un catalogue de produits
qu’il distribue. Il y fait figurer des informations didactiques permettant au
distributeur de savoir à quel usage s’adresse quel aliment.
Forte de 14 ans d’expérience, la société est parvenue à acquérir un savoir-faire et des
compétences marketing, logistique et commerciales l’imposant aujourd’hui comme
un acteur incontournable de la distribution européenne d’aliments ethniques avec un
chiffre d’affaires s’élevant à 2,5 millions d’euros et une croissance régulière de
+10% par an.

3. Grande distribution et commerce halal

Etant donné le potentiel du marché du halal, l’un des plus prometteurs du monde et
affichant une croissance à deux chiffres depuis 10 ans, il va de soit que la grande distribution
française s’y soit intéressée de près. Ces dernières années, les rayons halal se sont ainsi
largement dessinés dans les linéaires des géant de la distribution et au-delà des seules marque
communautaire, les grands noms de l’agro-alimentaire ont bel et bien commencé à investir le
marché.

a) Le commerce du halal : un marché extrêmement rentable et stratégique pour les


acteurs de la grande distribution.

Aujourd’hui le halal s’impose chez les grand. Le phénomène s’observe notamment


dans les magasins situés dans des zones d’habitation à forte population musulmane, tels que
les supermarchés d’Auchan Bagnolet ou de Carrefour Montreuil.
Pour les acteurs de la grande distribution, investir dans ce marché est réellement lucratif
et pluri-objectifs. Cette mouvance ayant entrainé un élargissement de l’offre, elle séduit les
« et-et » à la recherche de nouveauté et de sophistication, soit elle permet de capter une large
part du marché. Elle permet de plus de capter la cible des « touristes alimentaires » friands
d’exotisme et désireux de connaitre de nouvelles saveurs mais n’allant pas jusqu’à chercher le
produit dans un endroit spécifique, ou ne sachant pas où se le procurer. En somme, elle

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permet pour les acteurs de la grande distribution de s’octroyer une part importante d’un
marché au potentiel très prometteur.
Plus que cela, les produits halal sont des produits d’appel pour ces supers et hypers
situés dans des zones à forte population musulmane. En effet, disposer d’un rayon halal peut
devenir un critère de choix de fréquentation d’une enseigne. Ces consommateurs y achèteront
non seulement les produits halal spécifiques qu’ils recherchent mais aussi tous les produits
basiques nécessaires à leur consommation quotidienne. Au total, c’est donc le chiffre global
du magasin qui se voit augmenté.
On comprend donc les efforts fournis par la grande distribution pour créer de
véritables rayons halal offrant au consommateur diversité, choix et confiance. D’ailleurs deux
grandes enseignes dont les noms sont restés confidentielles s’apprêtent à tester au cours des
prochains mois des espaces halal de 200 à 300m2. D’ors et déjà, nous savons que la
« réflexion halal » concerne aujourd’hui tous les acteurs de la grande distribution. Grand
nombre de projets sont en cours, la grande distribution se prépare secrètement dans le but de
se partager le gâteau. Alors qu’elle ne contrôle que 20% du marché aujourd’hui, elle met tout
en œuvre pour en devenir un acteur majeur.

b) Les marques communautaires précurseur du halal dans la grande distribution

Précurseur sur le marché, les marques communautaires ne se limitent pas au petit


commerce et sont pour certaines présentes dans les étalages de la grande distribution.
Parmi elles, nous pouvons citer Isla Delice, Tahira, Dounia, Oriental Viandes. Dans le
paragraphe suivant, nous présenterons en quelques mots les deux plus importantes d’entre
elles : Isla Delice et Tahira.
 Isla Delice : créée en 1990, elle est aujourd’hui la marque leader du marché Halal.
Ses produits sont aussi bien commercialisés dans le circuit de la GMS (Auchan,
Leclerc, Casino, Cora, Carrefour…) que dans le circuit traditionnel. Son offre de
produits repose sur des gammes diversifiées : charcuteries, surgelés, conserve (etc).
Elle propose ainsi des produits originaux tels que la quiche halal ou encore des nems
halal.

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Son point de différence réside dans le fait qu’elle est aujourd’hui la seule entreprise
française à avoir en permanence sur son site de production des équipes de
contrôleurs indépendants chargés de surveiller et d'authentifier la conformité Halal
de ses produits (tandis que les autres marques ne font l’objet que des contrôles
ponctuels). Elle dispose ainsi d’un fort capital de confiance tant auprès des
industriels que des consommateurs.
Enfin, forte de constantes innovations, Isla Delice est aujourd’hui reconnue comme
la marque spécialiste du marché halal.

 Tahira : fondé en 1994, le groupe Tahira se veut être un point de référence de


l’alimentation halal dans l’union européenne. Ses produits sont, comme son
homologue Isla Delice, commercialisés au travers des deux circuits : traditionnel
et grande distribution. Elle propose une gamme de produits divers et
essentiellement composés de bœuf, d’agneau et de volailles. Quatre catégories
sont ainsi présentes dans sa gamme : les surgelés, les produits frais, les produits
ambiants (conserves, viandes sous vide) mais aussi les boissons. Sa mission est
la suivante : « développer et rendre disponible une gamme des produits Halal de
qualité, savoureux et accessibles, qui font appel au consommateur musulman en
Europe où qu'il soit, et quel que soit son statut familial, social, ou ethnique ».

Ces marques communautaires sont indispensables pour la grande distribution. En


effet, le marché halal étant leur cœur de métier, elle dispose d’une forte légitimité.
Cependant, elles devront faire des efforts, et ce notamment en termes de packaging et de
communication pour réussir à se maintenir sur un marché largement convoité par les plus
grands noms de l’industrie agroalimentaire, et très certainement d’ici peu par les marques
de distributeurs.

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c) Les marques nationales investissent le marché halal

Les marques généralistes se sont, en effet, elles aussi lancées sur le marché et élargissent
leur offre avec des produits Halal. Bien que leur légitimité soit moins forte que les marques
communautaires pour lesquelles le halal est le cœur de métier, elles peuvent profiter des
retours de leur expérience internationale. Ce marché ne leur est en effet pas inconnu du fait
de leur présence dans les pays musulmans.
De plus, les marques nationales contribuent réellement à faire évoluer l’offre. Elles
élargissent les gammes de produits présentes sur le marché, proposent des packagings
attractifs, et des produits à forte notoriété. Un des exemples flagrant est celui des saucisses
halal Knacki de Nestlé (marque Herta) entrées sur le marché en juillet 2008.

Les marques nationales présentes sont multiples et couvre un grand nombre de besoins
différents. On trouve notamment Maggi avec des potages et des cubes Halal, Doux, Duc,
Charal, Soviba qui offrent des plats cuisinés Halal à base de viande et de volaille.
Enfin, selon certaines sources, un grand nombre de produits seraient en préparation et
devraient apparaitre dans les linéaires d’ici peu.
Au total, nous comprenons bien que le marché du halal en France à amorcer une phase de
métamorphose et aujourd’hui tous les acteurs en présence tentent de tirer leur épingle du jeu
pour s’y assurer une place confortable. Quelles sont donc les perspectives d’évolution de ce
marché ? Quelles actions préparent les producteurs et distributeurs ? Quels moyens vont-ils
mettre en œuvre pour atteindre leurs objectifs ?
Nous tenterons de répondre à l’ensemble de ces questions dans une troisième et dernière
partie.

IV. Le marché halal français : les perspectives d’évolution à court-moyen


terme ?

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1. Une croissance conditionnée à l’aménagement du marché

Tout au long de ce rapport, nous avons mis en exergue les possibilités de


développement du marché du halal. Or, il convient de mentionner ici un frein important :
l’absence de textes de lois régissant ce genre de commerce.
Ce vide juridique et l’absence d’une autorité nationale contrôlant le respect des
pratiques ont en effet entrainé des dérives.
Ce vide réglementaire est certainement dû au fait qu’une telle loi serait perçue comme
étant une menace du caractère laïc de la république française.
En 1995, la réglementation sur l’abattage rituel musulman et la proposition de Charles
Pasqua d’organiser le marché de la viande halal donnent pourtant des prémices positives, mais
cette loi ne régissant pas le commerce des produits halal, le marché subit une anarchie dans
les circuits de distribution.
En effet, les grands groupes industriels monopolisent ce créneau depuis le début de la
chaîne logistique qui est l’approvisionnement en viande, ils ont par ailleurs aménagé leurs
ateliers de production pour s’adapter à ce créneau ethnique (la plupart du temps, ils
aménagent des créneaux horaires pour le halal, généralement la nuit).
Cependant et face à l’expansion de l’offre, le consommateur risque de devenir de plus
en plus exigeant, et ce notamment en termes de sécurité. En somme, développer des
opérations marketing massives ou des produits originaux n’est pas l’unique clé de succès de
ce marché, et l’on peut penser que cela ne sera efficace que si cette expansion s’accompagne
d’une réglementation nationale stricte.
.
2. Tirer profit d’une demande insatisfaite : le nouveau challenge de la grande
distribution.

Malgré cette nuance, il semble évident que l’avenir du marché du halal soit prometteur,
la toute première raison étant que la demande reste insatisfaite. En effet, en dehors de deux ou
trois périodes par an que sont le Ramadan, l’ Aid el fitr (la fête de la rupture du jeûne) et l’Aid

19
el adha (la fête du sacrifice), les linéaires de la grande distribution restent pauvres en produits
Halal.

Selon un sondage effectué auprès d’un échantillon de répondants d’origine maghrébine et


subsaharienne, les consommateurs éprouvent des difficultés à trouver dans la grande
distribution, de la nourriture correspondant à leurs habitudes de consommation.
Les résultats de ce genre d’études ethno-marketing, ont poussé les grands acteurs de la
grande distribution à imaginer des campagnes marketing spécifiques à des périodes phares de
l’année pour la communauté musulmane.
Pour détourner la volonté de cibler la communauté musulmane, et toucher même une cible
non musulmane, les catalogues et les actions de tarde marketing et de mise en avant sont axés
sur une thématique orientale où des produits d’origine arabe ou maghrébine sont présentés.
On cite, par exemple, la campagne menée par l’enseigne Intermarché pendant la période
de Ramadan avec le développement d’un catalogue papier et virtuel via leur site internet.

Ce marketing de niche porte ses fruits car se constate non seulement un engouement
de la communauté musulmane sur ce type de produits, mais aussi l’ouverture de l’Europe sur
les pays du sud, avec l’émergence d’un nouveau consommateur appréciant retrouver des plats
venus d’ailleurs sur sa table.

20
Ainsi, les enseignes de distribution commencent à exploiter sérieusement cette niche.
Elles proposent désormais des gammes de produits larges et adaptées aux besoins spécifiques,
organisent de vrais évènements marketing pour célébrer les évènements « phares » de l’année
musulmane, mais commencent aussi à réaliser des études quantitatives et qualitatives pour
évaluer le potentiel de la cible, mieux la connaitre…en somme, mieux la satisfaire.
Notons, de plus, que l’intérêt croissant des grands groupes agroalimentaires tels que
Charal, Socopa, Doux, Duc ou Soviba, lesquels commencent à proposer des vraies gammes de
produits halal, offre à la grande distribution de belles perspectives d’avenir sur ce marché.
3. A quand les MDD Halal ?

Mais avec un potentiel de consommation de 5-6 millions de consommateurs (soit


presque 10% de la population française), les grandes enseignes de distribution souhaitent aller
plus loin et commencent notamment à proposer de la viande en frais emballée, dans un rayon
labellisé Halal. Ces produits qui sont paquetés chez l’enseigne subissent un contrôle de l’AVS
seule entité à fournir le label Halal.
Le groupe Auchan a été le premier à se lancer dans une telle politique pareille en 2003
et selon un chef de rayon frais, « les linéaires sont toujours vides », c’est dire l’engouement
des consommateurs sur ce genre de produits.
Actuellement presque toutes les enseignes proposent des produits Halal, mais la
demande reste nettement supérieure à l’offre dans la matière.
Ainsi, nous pouvons largement prévoir que le développement de MDD ne va tarder à
arriver dans la grande distribution, et ceci aura deux avantages pour le consommateur :
- Elargir le choix : le consommateur souhaitant consommer de la viande Halal devait,
en effet et jusqu’à présent, soit passer par les boucheries traditionnelles, soit acheter du frais
emballé ou se procurer des produits de marques nationales.
- Augmenter la compétitivité sur ce créneau et en faire définitivement un marché à fort
potentiel de consommation en proposant des prix inférieurs et pourquoi pas des « premiers
prix ».
4. Des produits basiques vers la création de marques ethniques

« Autrefois les produits orientaux présents dans nos linéaires étaient très peu
marketés, les nouveaux produits qui s’adressent aux consommateurs ont fait de gros efforts en

21
matière d’emballage », témoigne Stéphane Renaud, responsable des achats ethniques chez
Auchan. Ainsi, la grande distribution passe de produits « basiques » de fond de rayon et qui
ne bénéficient d’aucune mise en avant à des produits fortement marketés, on se retrouve ainsi
face à des produits orientaux innovant qui correspondent non seulement à une cible
maghrébine mais aussi au consommateur lambda.
On cite comme exemple, les plats préparés halal Hannah Milouda. Tayeb
Benouahlima, l’un des créateurs de la marque, témoigne justement. « A la suite d’études de
consommateurs, il est apparu que la clientèle maghrébine et européenne recherchait d’abord
un produit fiable, non dénaturé et respectueux du caractère exotique et traditionnel. A partir
de là, nous avons adopté des packagings correspondant à ces attentes. Le personnage de
Hannah Milouda et le design du package jouent là-dessus. En terme de consommation, tout
ce qui touche de près ou de loin au Maghreb est devenu tendance ». L’entreprise est prospère
et totalisait en 2006 un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros et 3 millions pour 2007.

5. L’émergence de produits halal non-alimentaires.


Nous l’avons vu, le marché du Halal ne concerne plus que les produits à base de
viande, et des produits parallèles ont vu le jour. Alors qu’ils étaient au départ strictement
alimentaires (plats cuisinés, boissons, bonbons, alimentation pour bébés, etc.), on voit
émerger peu à peu des produits non-alimentaires tels que la cosmétique ou encore les services
bancaires.
En termes de cosmétique on retrouve ainsi des produits comme les savons ordinaires,
shampoings, lotions pour le corps, parfums, rouges à lèvres ou encore vernis à ongles. La
justification est la suivante : on retrouve dans la composition de nombreux produits
traditionnels de l’alcool ou de la graisse animale. Les principaux fabricants, situés au Moyen-
Orient s’apprêtent ainsi à frapper un grand coup dans les pays européens, faisant même
réfléchir des groupes comme l’Oréal !

22
Au niveau financier de plus en plus de grands groupes bancaires notamment français
se lancent dans la finance dite 100 % halal, c'est-à-dire des placements en conformité avec la
Charia. Réputé fermé, le monde islamique offre de belles opportunités au secteur bancaire.
Née il y a trente ans, la finance charia compliant (compatible avec les préceptes du Coran) est
en pleine expansion. Principale règle : l'usure est interdite. Largement répandue en Asie et au
Moyen Orient, elle intéresse de plus en plus de banques occidentales. En 2003 et 2004, les
banques françaises BNP Paribas et Calyon ont ouvert des services spécialisés à Bahreïn. C'est
désormais au tour de la SGAM AI, filiale de la Société Générale de proposer des
investissements qui respectent les lois coraniques. Ces banques ont pour principales objectifs
de ne pas investir dans des secteurs tels que les casinos, l’alcool ou bien le pornographique
par exemple.
En 2004, le Royaume-Uni a été le premier pays européen à autoriser l'ouverture de
banques islamiques et à prendre des mesures fiscales incitatives. C'est d'ailleurs l'Institut de la
bourse britannique en partenariat avec l'Ecole supérieure des affaires libanaise qui a créé en
octobre 2006 le premier diplôme mondial de finance islamique. Une qualification qui pourrait
attirer bon nombre de candidats car les professionnels de la finance islamique sont de plus en
plus recherchés. En apparence simple, les instruments développés peuvent devenir complexes
lorsque plusieurs éléments sont combinés. Le diplôme, qui porte sur la connaissance des
produits et des principes de la Charia peut être préparé via internet grâce à un manuel d'étude
de 250 pages. La conformité avec la loi coranique des placements doit être irréprochable.

23
Conclusion
L’absence de lois régissant le commerce des produits halal en France, nous pousse à
nous poser un grand nombre de questions sur la traçabilité de ces produits, que ce soit en
terme d’hygiène ou du concept même du Halal qui se base sur l’abattage rituel.
En effet, le consommateur n’est pas couvert pour ce genre de produits et seule existe
l’association « AVS : A Votre Service » (association créée en 1991 pour pallier ce manque de
contrôle). Son rôle est de garantir le caractère halâl de la viande, d’informer les
consommateurs et les orienter vers les points de vente de produits conformes en toute
impartialité.
Le potentiel que représente ce commerce n’est plus un secret ni pour les industriels, ni
pour les grands distributeurs qui commencent une course acharnée vers ce créneau très juteux.
Ces produits profiteront bientôt d’un marketing spécifique et d’une mise en avant
assez originale, car la cible est différente, et pourquoi pas d’une présence média.
Les distributeurs commencent à réfléchir à l’utilité de la production de MDD halal, et
avec l’évolution de ce marché dans le commerce mondial (10% des échanges
agroalimentaires mondiaux selon l’OMC), on peut penser qu’ils ne tarderont pas à habiller
leurs linéaires de produits « orientales » et mettre des moyens marketing conséquents pour en
assurer les ventes.
La seule hantise que pourrait avoir un distributeur ou même un producteur c’est que la
présence de ces produits sous leurs marques soit perçue comme une menace de la laïcité, car
les produits labellisés Halal sont et seront vus comme étant des produits pour une cible
musulmane.

24
ANNEXES
Consommation halal : « un des marchés les plus
prometteurs du monde »
Entretien avec la sociologue Florence Bergeaud-Blackler

Le halal devient un véritable phénomène de consommation. Pour preuve la grande distribution s'intéresse de
très près à ce nouveau marché. Des produits halal de toutes sortes trônent en bonne place dans les rayons de nos
grandes surfaces. Le marché du halal représenterait en France plus de trois 3 milliards d'euros de chiffre
d'affaire. Et la demande ne cesse de croître. Pour en savoir davantage sur ce qui motive les consommateurs à
manger halal Florence Bergeaud-Blackler sociologue spécialisée sur la consommation religieuse répond aux
questions de la rédaction de SaphirNews.com Nous mettons à la disposition du public (Cf pièce jointe en bas de
l'entretien) les résultats de l'étude sur la consommation de produits menée par Florence Bergeaud-Blackler.

SaphirNews.com : En quoi la consommation de la viande halal est elle un


nouvel objet d'étude ?

Florence Bergeaud-Blackler, sociologue à l'unité d'anthropologie de l'université d'Aix-Marseille


Florence Bergeaud-Blackler : Il me semble que nous avons été les premiers en France à
employer le terme de « consommateurs » pour parler des personnes qui achètent et mangent
halal. On pourrait définir le consommateur comme celui qui se procure et utilise des biens ou des
services qu'il ne produit pas lui-même. La consommation englobe la décision d'achat et donc les
motivations qui y conduisent. En employant les mots consommation et consommateurs, nous
remettons en question le lien univoque entre appartenance religieuse et halal. Les décisions qui
amènent à consommer des produits halal, et parmi eux tel ou tel produit sont socialement
complexes, elles dépendent d'une grande variété de facteurs qui sont loin de se réduire à une
appartenance religieuse. La terminologie utilisée entraine l'adoption d'un angle d'approche
différent, et vice versa. C'est en cela un nouvel objet d'étude. L'alimentation des populations
musulmanes de France n'a jamais fait l'objet d'enquêtes très poussées. En France, la convivialité
alimentaire est très valorisée, et « manger comme tout le monde » a été considéré comme un
signe d'intégration sociale. Les quelques démographes et politologues qui se sont penchés sur le
phénomène halal, l'ont considéré comme indicateur d'insertion sociale. Quand on trouvait que les
enfants issus de l'immigration mangeaient comme les autres, on en concluait qu'ils étaient en voie
d'intégration sociale, on confondait valeurs culturelles et adhésion citoyenne. C'était bien sûr une
fausse piste, mais cela a alimenté beaucoup de tensions autour des repas sans porc et de la viande
halal dans les cantines d'école. Chez nos voisins européens, les conduites alimentaires spécifiques
ne sont pas perçues comme une menace, en France c'est hélas souvent le cas, demandez aux
végétariens ce qu'ils en pensent !

25
Votre travail souligne que la consommation halal repose essentiellement
sur une motivation religieuse. On peut cependant observer des
consommateurs non musulmans préférer cette viande. Qu'est ce qui peut
les motiver ?
Oui en effet, elle repose sur une motivation religieuse. C'est l'argument phare, celui qui est exposé,
celui que l'enquêté souhaite mettre en avant devant son interlocuteur. Manger halal est un acte
fortement valorisé chez les jeunes, beaucoup plus qu'il y a vingt ans. Mais c'est pareil qu' « être
musulman », avant on ne mettait pas cela en avant, aujourd'hui il devient le premier identifiant,
celui que l'on classe avant toutes ses autres appartenances. Une étude réalisée en 2000 dans des
écoles de Marseille et de Lille a très bien montré cela : chez les jeunes d'origine maghrébine on se
dit musulman avant de se dire garçon/fille, français ou marseillais etc. Il y a bien sûr un héritage
familial de la religion, mais il y a aussi un contexte politique et international favorable qui ajoute au
fait d'être musulman quelque chose comme un sentiment de puissance. On trouve des jeunes non
musulmans des cités qui empruntent à leurs congénères musulmans des expressions religieuses,
même s'ils n'ont guère d'idée de ce à quoi cela correspond. Depuis Ben Laden, et même si on le
déteste, être musulman pour un non musulman c'est s'incarner en contestataire. Ca fait de l'effet.
On observe en effet que des consommateurs non musulmans s'approvisionnent en viande halal.
Mais je ne suis pas sûre que l'on puisse dire qu'ils « préfèrent » cette viande à une autre. Certes on
n'a pas étudié les motivations de cette consommation chez les non musulmans, mais ce qui me fait
dire qu'il ne s'agit peut-être pas d'une préférence, ce sont les situations d'achat qui n'offrent pas
toujours le choix. Je m'explique : les boucheries halal se concentrent logiquement autour des
quartiers à forte proportion de population musulmane et donc souvent dans les cités des grandes
banlieues où les petits commerces ont fermé. Les seuls commerces de proximité dans ces espaces
sont souvent tenus par des étrangers et parmi eux une majorité de musulmans, on y trouve
logiquement uniquement de la viande halal. Pour parler de préférence il faudrait que le
consommateur ait le choix ente halal et non halal, toutes choses égales par ailleurs, ce qui n'est
pas le cas.

Différentes interprétations religieuses existent dans l'appréciation du


caractère halal d'une viande. Sont elles déterminantes dans l'organisation
de l'offre et la demande de ce nouveau marché ?
Aujourd'hui elles ne s'organisent pas par rapport aux différentes interprétations religieuses, mais
plutôt en fonction de critères économiques. Les consommateurs ont le sentiment qu'il y a d'une
part du vrai halal garanti par tel boucher, telle mosquée, ou par tel certificateur, et de l'autre du
faux halal. Ils recherchent le « vrai » halal et ne se posent pas la question de la méthode, ce qui
importe est la confiance dans celui qui garantit et sur lequel est reporté la responsabilité d'une
éventuelle faute. C'est une question en revanche que se posent les juifs qui font la différence entre
la méthode qui produit de la viande simplement « casher », et celle qui produit de la viande « glatt
» casher. Puisque les consommateurs musulmans ne se posent pas la question de la méthode, les
producteurs et les distributeurs ne communiquent pas là-dessus. Et donc la méthode n'a pas de
rôle dans l'organisation du marché halal.

Quelles sont les perspectives pour les acteurs du halal souhaitant


promouvoir une crédibilité de leurs produits dans un contexte français
particulièrement frileux au marketing ethnique ?
Je ne suis pas sûre de partager votre point de vue sur une frilosité française par rapport au
marketing ethnique. Au contraire la grande distribution commence à se passionner pour ce
créneau. Les Français sont à la recherche d' « exotisme culinaire » comme l'indique un récent
ouvrage sociologique sur le sujet. Certes nous ne sommes pas en Angleterre dont l'art culinaire en
déconfiture a été sauvé par l'Empire colonial et où les produits du continent indiens sont entrés
dans la cuisine quotidienne. La France a une tradition culinaire française forte, variée, qui dicte les
goûts, les lois d'association culinaire. Celles-ci interdisent que l'on mélange sucré et salé par

26
exemple et limite l'apport de l'aigre si prisé chez nos voisins de l'Est (sauf dans la choucroute
alsacienne), mais tout cela est entrain de changer grâce aux populations immigrées et à leurs
enfants qui amènent un peu de diversité venant du monde entier, mais aussi du fait de la
mondialisation des échanges alimentaires. La diversification des goûts s'opèrent par l'offre qui s'est
considérablement enrichie et de façon très tangible pour le consommateur français dans les années
90 avec le Marché unique européen.
Pour moi le commerce halal est tout sauf un commerce de produits ethniques ! Le halal est un
traitement religieux de produits absolument identiques aux autres. Le linéaire halal a été inventé
justement pour que l'on puisse distinguer un produit halal de sa version non halal, identiques par
ailleurs. D'ailleurs si vous regardez ce qui est vendu sous appellation halal, c'est plutôt des produits
français(petits salés aux lentilles, saucissons, choucroutes, cassoulet) ou de la World Food c'est à
dires des pizzas, hamburgers et autre Chili Con carne. La World Food n'est pas plus ethnique que la
World music n'est traditionnelle.

Le marché du halal est il un marché d'avenir ?


En terme économique c'est un des marchés les plus prometteurs du monde. Il se développe à
grande allure sur tous les continents. Il promet aussi de « sacré » batailles religieuses,
idéologiques, politiques. Il a été inventé par les pays occidentaux non musulmans, mais déjà les
pays musulmans commencent à ériger des barrières techniques pour que les produits halal des
pays occidentaux cessent de les inonder. Ils durcissent leurs normes religieuses. Cela déplait à
l'OMC dont l'idéologie est la totale et libre circulation des échanges et qui se bat contre toutes
formes d'obstacle aux échanges économiques.
En France, la grande distribution a fait son apparition publique cette année lors de l'Aïd el Kebir.
Celle-ci n'a été qu'un prétexte, ce qu'elle vise c'est le marché des aliments halal, et pourquoi pas
dans quelques années des produits halal non alimentaires. Ce marché a des potentialités
économiques et peut-être aussi conflictuelles, qui semblent illimitées.

Jeudi 01 Juin 2006


Propos recueillis par Mohammed Colin

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Interview de M.Abderrahman Bouzid, chargé de mission du Projet «Halal&Saveurs du
Maghreb» chez Casino.

Le Halal s'invite chez Casino !

A tout juste 43 ans, Abderrahman Bouzid est le tout nouveau chargé de mission du Projet « Halal &
Saveurs du Maghreb », pour le Groupe Casino qui regroupe une dizaine d'enseignes et compte 10 000
magasins environ dont les magasins (Géant Casino, Supemarché Casino, Petit Casino), Spar, Vival,
Leader Price, Monoprix, Franprix,…. A l'heure où le halal fait une percée significative dans la grande
distribution, nous avons tâché d'en savoir plus sur les raisons de cet intérêt grandissant des grands
Groupes alimentaires français, pour la question halal. Rencontre avec un professionnel féru de rigueur.

Saphirnews.com : Quel est exactement votre travail au sein du Groupe Casino ?

Abderrahman Bouzid : Mon travail a répondu à la volonté du Groupe Casino de développer une offre
Halal qui soit conforme aux exigences du consommateur final, concerné par cette typologie
alimentaire. Les musulmans ne sont pas les seuls concernés. De plus en plus de consommateurs non
musulmans achètent de la viande halal. Nous avons pu le constater par des enquêtes internes qui
démontrent que certains clients avait acheté une barquette de viande halal et une autre non halal.
Après les avoir consommées, ils finissent par jeter leur dévolu sur les produits halal, qui ne sont pas
sanguins et conservent tout leur goût.

Vous évoquez la recherche de qualité du Groupe Casino. Comment cette recherche s'est-elle effectué
sur la question Halal ?

A.B : La tradition du Groupe Casino, qui est centenaire, est de travailler sur la qualité. Nous avons la
chance d'avoir l'un des meilleurs départements qualité de toute la Grande Distribution. La recherche de
qualité halal obéit fondamentalement à la même logique que d'autres produits comme le bio. Il s'agit
de déterminer des critères et de les appliquer. Les équipes de Casino élaborent, des cahiers de charges
spécifiques, à la hauteur de l'exigence qualitative.

Nous sommes des commerçants. Nous analysons donc la demande du consommateur et notre travail
est de satisfaire cette demande. Ces critères sont l'hygiène, la traçabilité à tous les niveaux (qui,
comment, où) et la meilleure grille tarifaire.

Les produits halal vendus dans les magasins du Groupe Casino sont moins cher qu'ailleurs ?

A.B : Sur le halal, le Groupe Casino s'est positionné tardivement ce qui lu a permis d'ailleurs d'éviter de
commettre quelques bévues. Casino a la ferme volonté d'avoir le meilleur positionnementt prix
possible. Mon arrivée, les moyens mis en œuvre ainsi que le nombre de personnes mobilisé sur le
projet sont la démonstration de cette volonté. Ce marché doit être bien balisé, notamment en termes
de critères. Si Casino annonce qu'un produit est Halal, il doit être en mesure de le prouver. S'il existe le

28
moindre doute, le produit ne fera pas l'objet d'un référencement et ne sera pas mis en vente. Nous
veillerons à identifier le parcours du halal et une fois ce dernier identifié, le verrouiller.

Comment distinguez-vous les bons produits des mauvais produits halal ?

A.B : Nous avons mis en place un outil avec les acheteurs de notre centrale d'achats qui sont au cœur
du dispositif et qui référencent l'ensemble de produits exposés dans nos rayons. De part leur proximité
avec les industriels, ils sont les premiers maillons de la sensibilisation. Cet outil consiste à établir
valider la présence d'un organisme de contrôle du halal dans les produits que nous commercialisons.
Nous avons donc demandé à nos fournisseurs de justifier de ce critère. Quand ils nous disent qu'une
son produit est halal, nous leur répondons : qu'est-ce qui le prouve ? Ce ne peut pas être vous car vous
ne pouvez pas être juge et partie. Nous ne privilégions aucun organisme de contrôle halal car ce sont
les industriels qui sont en contact avec eux. Une fois l'organisme de contrôle identifié, nous vérifions
que la certification existe bien et que le dit organisme est bien enregistré auprès d'une autorité
administrative – Tribunal de commerce ou Préfecture.

Combien de critères avez-vous retenu pour l'évaluation de vos produits ?

A.B : Trois critères. Le nom de l'organisme de contrôle. Le lieu d'abattage. Le lieu du centre
d'élaboration de la viande. Dans ces trois critères, il y a une dichotomie. Pour l'abattage, la question est
comment ? Narcose, assommage préalable ? Le sacrificateur est-il habilité ? Par qui ? Son numéro de
carte DSV (Direction des services sanitaires et vétérinaires) ?

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BIBLIOGRAPHIE :

 Ouvrages et magazines :

 Benkheira, M. H. (1995). "La nourriture carnée comme frontière rituelle : les


boucheries musulmanes en France." Archives de Sciences Sociales des Religions(92):
67-88.
 Bergeaud-Blackler, F. (2004)b. "Nouveaux enjeux autour de l'abattage rituel : une
perspective européenne"." Cahiers d'Economie et de Sociologie Rurales (73).
 Benkheira M.H., 1999 – « Lier et séparer. Les fonctions rituelles de la viande dans le
mondeislamisé », L’Homme, 152 : 89-114.
 Qardhaoui Y., 1990 – Le licite et l'illicite en islam, Paris, Ed Okad-Rayhane.

 Sites Internet :

http://sopi.over-blog.com/article-4456270.html
http://www.bladi.net/10619-france-le-jackpot-du-label-halal.html
http://produit-halal.blogspot.com/2008/07
http://www.isladelice.com
http://www.saphirnews.com/Lancement-du-champagne-Halal-a-l-heure-du-Ramadan-
2008_a9173.html?PHPSESSID=627bf2f1237b45573b738d48c2071ebe
http://www.lemangeurocha.com/fileadmin/images/sciences_humaines/AM_Brisebarre_mange
r_halal_France.pdf
http://www.occidentalis.com/article.php?sid=2266&mode=thread&order=0&thold=0
http://www.latribune.fr/info/Le-marketing-ethnique--un-tabou-francais-
~20070427U72MTLV-$Db=Tribune/Articles.nsf-$RSS=1

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Documents mis à disposition par :

http://www.marketing-etudiant.fr

Attention
Ce document est un travail d’étudiant,
il n’a pas été relu et vérifié par Marketing-etudiant.fr.

En conséquence croisez vos sources :)

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