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CONCEPTION PARASISMIQUE

DES BATIMENTS
(2° Partie)

- Forme globale du bâtiment


- Volumes intérieurs
- Autres choix architecturaux

Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP –


9.1. INTRODUCTION
• En France, seuls le calcul des structures après conception
et certaines dispositions constructives revêtent un
caractère réglementaire, cependant une conception
architecturale prenant en compte le comportement
dynamique du bâtiment permet :
– d’optimiser les résultats obtenus par le seul calcul (gain de
résistance)
– de minimiser les dispositions techniques de renforcement ou
modificatrices a posteriori du comportement (gain économique)
• Les performances d’un bâtiment sont déterminées
par ses partis architecturaux et constructifs et
sont optimisées par le calcul.
La bonne conception
architecturale vise :

• la non résonance avec le sol


• à éviter les phénomènes de torsion
• à limiter les concentrations de
contraintes
Pour ce faire il convient de faire
des choix pertinents quant à :
• la répartition des volumes, des masses
et des rigidités,
• la localisation des points faibles
(fusibles souhaités ou fragilités à éviter)

Il faut arbitrer entre les dispositions plus


ou moins favorables selon le projet et ses
enjeux.
Ainsi, le projet doit être
analysé selon les critères de :
• sa forme globale
• son système porteur et son mode de
contreventement en fonction du choix
des matériaux de structure
• la forme et la constitution de ses
différents éléments constructifs
9.2. LA FORME D’ENSEMBLE
DES BATIMENTS
• Elle doit être analysée en plan et en
élévation selon les critères de non
résonance, de prévention des torsions
et des accumulations de contraintes.
• Ainsi, en plan comme en élévation il
faut veiller à une répartition judicieuse
des masses et des rigidités.
NOTA:
Si un facteur de ruine ou de désordres graves
exposé ci-après, est présent il faut adopter une
des dispositions suivantes pour en éliminer les
effets :
• l’éliminer en modifiant le projet,
• séparer le bâtiment en plusieurs blocs réguliers
par un ou des joints PS,
• renforcer la structure sur la (les) zone(s)
critique(s),
• créer une de transition géométrique progressive
entre les parties du bâtiment créant l’irrégularité,
• élever la construction sur des isolateurs qui
réduisent considérablement les sollicitations que
subit le bâtiment.
EN PLAN

• Les principes suivants doivent guider la


conception du plan d’ensemble des
bâtiments en zone sismique.
• Symétrie selon deux axes
• Simplicité des volumes
• Dimensions limitées et rapports entre
les dimensions limités
SYMETRIE SELON DEUX AXES (1)
• La symétrie du plan selon deux axes limite le
risque de torsion d’ensemble qui affecte les
bâtiments complexes (en T, en L, ou autres) :
elle favorise, avec le choix judicieux du parti
constructif, la concordance du centre de
gravité et du centre de rigidité.
• Elle évite les concentrations de contraintes
entre deux parties d’ouvrages ayant des
comportements dynamiques différents
(déphasage) et des déplacements
différentiels (amplitude).
SYMETRIE SELON DEUX AXES (2)
• L’aile du
bâtiment
perpendiculaire
au sens de la
sollicitation, subit
une torsion
autour de l’angle
plus rigide dans
le sens considéré
KOBE
IMMEUBLE
EN L
• Désordres importants
dans l’angle des deux
ailes de la
constructions, là où
leurs oscillations non
couplées produisent
une accumulation de
contraintes.
SIMPLICITE DES VOLUMES
• Les bâtiments symétriques mais complexes
(décrochements importants) peuvent subir
une torsion d’ensemble et des accumulations
de contraintes dans les angles rentrants.
• En général il est préférable de limiter la taille
des éventuels décrochements à ¼ de la
longueur du côté concerné du bâtiment, et de
veiller à la rigidité des diaphragmes (question
développée plus loin).
Les multiples
décrochements créent
des raideurs
contrariées qui
empêchent une
déformation
d’ensemble régulière.
Des concentrations de
contraintes localisées
génèrent des
dommages.
JAPON, EVICTION DES
ANGLES RENTRANTS
SUR UNE
CONSTRUCTION AU
PLAN EN ETOILE

La transition
progressive d’une
aile à l’autre
permet d’éviter la
création de zones
d’accumulation de
contraintes
DIMENSIONS LIMITEES ET RAPPORTS ENTRE
LES DIMENSIONS LIMITES (1)
• Les bâtiments de grande longueur (et lourds)
mettent en jeu des forces d’inertie qu’il faut
maîtriser. En outre, un trop grand élancement
horizontal occasionne une perte de rigidité
qui augmente la sollicitation en torsion.
• Ainsi les bâtiments de grandes dimensions sont
susceptibles de subir :
– des tassements différentiels du sol qui peut ne pas être
homogène sur toute la surface d’implantation,
– des accélérations différentielles et des déphasages
d’oscillations,
– un « coup de fouet » par accumulation d’énergie dans les
extrémités.
DIMENSIONS LIMITEES ET RAPPORTS
ENTRE LES DIMENSIONS LIMITES (2)
• En général, il est préférable que la longueur d’un
bâtiment rectangulaire ne soit pas supérieure à 3
fois sa largeur. L<3l
• Attention : les joints de dilatation ou de rupture,
prévus pour les immeubles de grandes
dimensions ne sont pas satisfaisants en région
sismique pour recouper les constructions de
grandes dimensions, car ils n’évitent pas
l’interaction entre les blocs. Ils ne sont en général
pas vides et leurs dimensions ne sont pas
calculées en tenant compte des déformations
sous l’action d’un séisme.
SEISME DES MARCHES, 1997,
COUP DE FOUET LONGITUDINAL
Séisme d’Anchorage, coup de
fouet longitudinal
TOKYO
COMPLEMENT DE
RIGIDITE
TRANSVERSALE

Les raidisseurs
présents sur la façade
la plus étroite de cet
IGH visent à lui
conférer une raideur
comparable dans les
deux directions
SOLUTIONS POUR IMMEUBLES DE PLAN IRREGULIER
EN ELEVATION

• En élévation, les principes suivants doivent


être respectés pour optimiser le
comportement dynamique du bâtiment :
– Maîtrise des conséquences de l’élancement
– Symétrie et simplicité des volumes
– Centre de gravité bas
– Variations de rigidités très limitées entre les
parties du bâtiment
MAITRISE DES CONSEQUENCES DE
L’ELANCEMENT (1)
Les bâtiments élancés se comportent comme des
consoles verticales sous l’action des séismes. Ce
qui a plusieurs conséquences.
• Par effet du moment de renversement, les poteaux
périphériques subissent des efforts axiaux alternés
d’autant plus importants que le bâtiment est
élancé. Ce qui, en phase de traction, réduit leur
résistance au cisaillement, et en phase de
compression élever le niveau de contrainte au delà
de la résistance du matériau.
• La maîtrise de la rigidité permet d’optimiser le
moment de résistance à l’encastrement.
MAITRISE DES CONSEQUENCES DE
L’ELANCEMENT (2)
• Par ailleurs, la concordance entre la période
propre du sol et celle du bâtiment peut
provoquer une amplification très importante
de l’action sismique, au-delà de celle qui est
retenue pour le calcul de la structure. Or,
l’élancement de la construction est un
des paramètres de la période propre
d’un bâtiment.
• La mise en résonance de la structure et du
sol par phasage des périodes d’oscillation est
un des principaux facteurs de ruine des
structures.
Exemples
SYMETRIE ET SIMPLICITE
DES VOLUMES (1)
• Les décrochements en élévation induisent des
périodes oscillatoires différentes entre les
parties plus ou moins rigides du bâtiment, qui
sont susceptibles de générer des
concentrations de contrainte (cisaillement) à
l’endroit de leur jonction.
• Ainsi, il est préférable de concevoir des
structures avec un retrait progressif si on doit
réduire les surfaces dans les étages, tout en
veillant à ce que la descente des charges
verticales dans la structure soit régulière.
MAQUETTE DE
MACONNERIE SUR
TABLE VIBRANTE
Cet essai a été réalisé
pour mettre en évidence
le mode de ruine des
constructions de
maçonnerie sans
panneaux de
contreventement confinés.
Il met en outre en
évidence le comportement
différentiel des parties de
rigidité différente de la
construction.
JAPON
IRREGULARITE
EN ELEVATION
Les réponses
découplées des deux
parties de l’immeuble
de raideurs différentes
génère des
accumulations de
contrainte à leur
jonction.
KOBE
CONCENTRATION
DE CONTRAINTES
SOLUTIONS POUR IMMEUBLES IRREGULIERS EN
ELEVATION
ABAISSEMENT DU CENTRE DE
GRAVITE (1)
• Afin de limiter les forces d’inertie présentes
dans le bâtiment sous l’effet de l’accélération qu’il
subit et de sa propre masse, il est souhaitable
d’abaisser le centre de gravité des structures
élancées.
• Abaisser le centre de gravité a également pour
conséquence de réduire la période propre
d’oscillation de la construction, ce qui peut être
utile sur certains sols.
ABAISSEMENT DU CENTRE DE
GRAVITE (2)
• Pour une hauteur de bâtiment donnée (en
veillant à ce que Tsol soit différente de Tbat) il
convient de réduire la réponse en déplacement
en haut du bâtiment (déplacements maximum)
sous l’effet des forces d’inertie. A ce titre, il est
intéressant de concevoir et équiper le bâtiment
de façon à abaisser le centre de gravité
(réduction des masses vers le haut).
• Cette stratégie permet de réduire le moment de
renversement.
ABAISSEMENT DU CENTRE DE
GRAVITE (3)
• A ce titre, la présence de sous-sols (surtout si leur
masse est plus importante que celle de la
superstructure), l’utilisation de l’acier pour les IGH,
le positionnement des équipements lourds dans
les étages inférieurs sont favorables.
• En cas de masse élevée en partie supérieure
(terrasses plantées par exemple) il est préférable
d’opter pour une structure lourde, très rigide et
hyperstatique (voiles plutôt que poteaux par
exemple)
• Ci-contre deux
châteaux d’eau.
L’un d’entre eux
s’est effondré. Ce
type de construction
dont le centre de
gravité est élevé ne
supporte aucune
erreur de
conception ni de
construction.
TOKYO
SHINJUKEN
ABAISSEMENT
DU CG
Cette solution (onéreuse)
d’augmentation
progressive de la surface
de la construction vers le
bas répond à la fois à la
recherche d’un CG bas et
à l’éviction du problème
des angles rentrants
San Francisco, réservoir sur toiture
CONTRÔLE DES VARIATIONS DE RIGIDITE
ENTRE LES PARTIES DU BATIMENT (1)

• Les variations de rigidité verticales font


partie des causes principales de ruine totale
des bâtiments, en raison des concentrations
de contraintes importantes qu’elles peuvent
occasionner par différence de sollicitation
aux déformations entres les parties
d’immeubles de rigidités différentes.
CONTRÔLE DES VARIATIONS DE RIGIDITE
ENTRE LES PARTIES DU BATIMENT (2)
Il convient d’éviter :
- Les niveaux ouverts (plus flexibles) sous des niveaux
mieux contreventés (plus rigides) surtout si leur masse
est élevée.
- Les rigidités différentes de poteaux situés sur un
même niveau : poteaux de hauteurs variables sur
terrains en pente, poteaux bridés par d’autres éléments
constructifs, poteaux de mêmes hauteurs mais de
sections différentes.
- Les rigidités ponctuelles dans les plans verticaux
(poteaux courts ou bridés, poteaux de section différente
par exemple)
- Variations importantes entre les hauteurs des
différents étages. En général on retient que la variation
de hauteur entre le niveau le plus haut et le plus bas ne
doit pas dépasser 20%
Northridge
SEISME DE
TAIWAN RdC
PARTIELLEMENT
TRANSPARENT
JAPON MASSE RIGIDE SUR PORTIQUES
ANTILLES NIVEAU TRANSPARENT
POTEAU BRIDE PAR UNE CLOISON
POTEAU BRIDE
• Les panneaux de
maçonnerie ne doivent pas
brider les poteaux
(entraver localement leurs
déformations).
• Tous les poteaux d’une
même structure doivent
pouvoir se déplacer
sensiblement de la même
manière: un poteau plus
rigide (plus court que les
autres ou bridé) va
concentrer les contraintes
et rompre. Cette rupture
peut éventuellement
provoquer une rupture en
chaîne.
POTEAU BRIDE D’UN SEUL COTE
Northridge, parking à ossature.
Quelques poteaux bridés par la rampe.
SEISME DE
CEYHAN POTEAU
BRIDE
SEISME DE CEYHAN POTEAUX
COURTS SUR CAVE
SEISME IZMIT RUPTURE EN TETE DE
POTEAU COURT
SOLUTIONS POUR IMMEUBLES DE RIGIDITES
VERTICALES IRREGULIERES
Phénomène de « RdC transparent »
aggravé par une raideur excentrée
Autres aspects des choix
architecturaux
• Il convient d’éviter toutes les dispositions de nature à
favoriser les concentrations de contraintes et les
ruptures mal localisées, notamment:
• - Les déviations de descentes de charges
• - Les brusques variations de section
• - Les percements de murs importants et/ou de forme
complexe
• - Les intersections désaxées entre poteaux et
poutres (mauvais pour le stockage et la dissipation
d’énergie et facteur de rupture par cisaillement)
• - Les poteaux faibles et poutres fortes
• - Etc.
Traitement des angles de la
construction: zones très sollicitées
Brusques
changements de
sections =
variation de
comportement
très sensible =
accumulation
localisée de
contraintes
Excentrements = torsion dans les
éléments
Les proportions d’une ossature :
dimensionnement en capacité
Question des consoles
Liaisons couplées/découplées
entre parties d’ouvrage
Problématique des cages d’escalier
En conclusion…
• Tous les problèmes de comportement
dynamique inhérents aux choix architecturaux
doivent être pris en charge,
– Soit par modification de l’architecture
– Soit en découplant les parties d’ouvrage
– Soit en trouvant des solutions au niveau de la
structure.
• Ce que nous allons voir.

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