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LES FEUILLETONS LYRIQUES DE MARTINS PENA: TRANSFERTS


CULTURELS ET ÉDITION

Priscila Renata GIMENEZ (Doutoranda, IBILCE/UNESP-SJRP/ Université Paul


Valéry-UM3/ FAPESP)
Directrice: Profa. Dra. Lúcia Granja/
Sous-directrice: Mme. Le Professeur Marie-Ève Thérenty

Dans le cadre des recherches sur presse et littérature au dix-neuvième siècle et


sur les Transferts Culturels, notre projet de recherche propose une étude des feuilletons
sur le théâtre lyrique du Rio de Janeiro écrits par Martins Pena, dramaturge déjà
reconnu à cette époque-là. Ces feuilletons hebdomadaires, parus entre le 8 septembre
1846 et le 6 octobre 1847, composent la série la « Semaine Lyrique », publiée au bas de
page du Jornal do Comércio, un des principaux quotidiens brésilien du XIXe siècle. En
plus de donner les dernières nouvelles sur le théâtre lyrique de la capitale impériale,
dans ces feuilletons, le perspicace feuilletoniste décrivait et commentait les spectacles,
le comportement des artistes et du publique dès les répétions à la mise-en-scène. Plus
tard, en 1965, l'Instituto Nacional do Livro a réuni ces textes sous le titre Folhetins, « A
Semana Lírica », un ouvrage sans notes d'édition et sans introduction critique ou
analytique de l’œuvre journalistique de Pena.
Étant donné la valeur littéraire, culturelle et historique de ces feuilletons, nous
nous sommes dédiés à les analyser dans notre recherche de doctorat, sous la perspective
des Transferts Culturels, théorisés par Michel Espagne et Michel Werner en France. En
cherchant de faire une étude bien détaillée et plus approfondie des chroniques de Pena,
aussi que de son contexte d'écriture, notre travail prévoit aussi la préparation d’une
édition notée et expliquée de la « Semaine Lyrique », avec l'établissement du texte, vu
l’évidente nécessité d'une nouvelle édition revue, notée et précédée d'une introduction
analytique de ces feuillons qui éclaircie la relation entre les presses brésiliennes et
française dans la rubrique du feuilleton du point de vue des échanges culturels. Dans la
version finale de la thèse, donc, cette nouvelle analyse des feuilletons de Pena
constituera une introduction critique et analytique à l'édition des chroniques.
Quant au travail de normalisation du texte, il consiste dans la transcription et
révision des feuilletons à partir de son support original, le Jornal do Comércio, pour
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moderniser l'orthographe de la langue portugaise, vérifier et corriger les fautes de texte


et la ponctuation, selon l'usage actuel, et aussi pour standardiser les noms et les titres,
afin de rendre ces chroniques plus claires au lecteurs de nos jours. En plus, nous
vérifions si quelque feuilleton n'a pas été inclus dans l'édition de 1965. En ce qui
concerne aux notes d'explications des feuilletons de Pena, il s'agit d'un travail qui n'a
jamais été fait ; cependant, il est essentiel en raison du grand nombre d'informations,
références et commentaires contextuels, historiques et culturels trouvés dans ces
feuilletons, celles-qui nous ne pouvons connaître et comprendre que par une recherche
détaillée dans les pages du journal à partir de la lecture des annonces, des nouvelles et
des événements nationaux et internationaux.
Afin de faire une étude minutieuse des aspects littéraires, culturels et contextuels
de l'écriture de la « Semaine Lyrique », nous nous sommes tournés vers la presse
française pour vérifier les origines et le développement de la presse brésilienne, surtout
de la rubrique des feuilletons dramatiques. Ainsi, nous tenons en compte d'examiner les
relations entre ces deux systèmes médiatiques en relevant les évidences des échanges
culturels ; autrement dit, faire ressortir les phénomènes d’émission, de diffusion, de
réception, de répercussion et de réinterprétation des appropriations dues à un croisement
culturel, afin d'observer les mécanismes symboliques par lesquels les groupes sociaux
participants de cet échange sont reconfigurés. Ainsi, notre hypotèse générale est centrée
dans l’interrelation entre les presses brésilienne et française qui a engendré des
transformations bilatérales dans les systèmes culturels des deux pays, bien que l’on les
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constate dans différents moments historiques. De façon plus spécifique, nous
observons les retombées du côté littéraire sur les chroniques écrites par Martins Pena en
cherchant d’étudier cette relation dès le « niveau plus élémentaire encore que celui des
échanges, au niveau des perceptions esthétiques, un sujet que nous avons tenté
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d’aborder en évoquant la dimension interculturelle », conformément à la proposition

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Comme effet retour nous soulignons plusieurs revues publiées en France, comme par exemple la Revista
Niteroy, en plus de la diffusion d'un immaginaire tupiniquim et des nouvelles sur la société et l'Empire
brésilien dans les périodiques français. D'autres exemples de cette relation bilatérale, sont Revue des Deux
Mondes qui a publié huit longs articles sur le Brésil pendant le XIX siècle et aussi quelques périodiques
comme Le courrier du Brésil, Le Brésil et la Revue du Brésil, parus dans les dernières décades du XIX et
du début du XX siècle, tous édités et publiés à Paris, écrits en français ou en portugais et français. Cette
presse transnationale se constituait, surtout, des nouvelles sur la politique, l'économie, les relations
internationales, la culture général et la littérature du Brésil. À cause de l'inviabilité de temps, nous ne
nous dédions pas à l'analyse des effets retours des transferts culturels dans notre recherche de doctorat ;
cependant, nous envisageons de les étudier dans une future recherche de post-doctorat.
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Michel Espagne, Les transferts culturels franco-allemands, Paris, PUF, 1999, p. 14.
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de Michel Espagne. Cette théorie, finalement, nous permet de repérer dans l’histoire le
contexte d'écriture, de parution et de lecture des feuilletons de Pena, des aspects
essentiels pour avoir une compréhension diachronique et plus complète de ces textes
dans nos jours et aussi pour les analyser plus profondément du côté culturel.
La série la « Semaine Lyrique » a été les premiers feuilletons hebdomadaires
spécialisés en théâtre lyrique de Rio de Janeiro, c'est pourquoi elle constitue un vrai
témoin du succès de l'assimilation et de l'adaptation de la nouvelle formule médiatique
de Girardin, plus particulièrement de la rubrique du feuilleton dramatique. À partir de
cette constatation, nous observons ce processus de transfert de la rubrique d'une façon
générale et, plus spécifiquement, nous analysons les particularités des feuilletons
dramatiques français et les brésiliens à l'effet de relever et d'analyser les emprunts de la
forme et de la structure du texte, l’assimilation des procédés littéraires aussi que la
façon par laquelle cela a été adapté par Martins Pena. Nous étudions, donc, la
répercussion de la méthode, de l'écriture et du style des feuilletons dramatiques français
et brésiliens. Notamment, nous examinons le processus d'adaptation des procédés
ironiques, surtout ceux qui configurent l'ironie journalistique : une « posture
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d’énonciation » typique de la nature des célèbres chroniqueurs français, une
caractéristique complètement intégrée par le brésilien.
Du côté de la presse française, deux feuilletoniste contemporains de Pena, qui
compose notre corpus d’analyse comparative, se sont dédiés à la critique du théâtre
dramatique, lyrique et des concerts et se sont servis constamment de l'ironie
journalistique ; il s'agit de Théophile Gautier et Hector Berlioz. Celui-ci a écrit au
Journal des Débats politiques et littéraires sur l'opéra et les concerts des principaux
théâtres de l'Europe, notamment de Paris, de 1834 à 1864. Celui-là, en plus de poète et
d'auteur de romains, il a été journaliste et a écrit des feuilletons dramatiques au
quotidien La Presse, de 1836 à 1855.
Il n'y a pas de doute que la « Semaine Lyrique » a été conçue à partir de
l’attitude d'ironiste observée dans les lectures de ces feuilletonistes français. Comme un
lecteur attentif du discours réflexif et métalinguistique du bas de page français, Martins
Pena a incorporé ce trait et a reconfiguré cette écriture ironique selon le contexte
brésilien, de façon très particulière, tant et si bien qu'il déploie l'ironie journalistique par

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Philippe Hamon, L'ironie littéraire, Essai sur les formes de l'écriture oblique, Paris, Hachette Supérieur,
1996, p. 4.
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le biais des métaphores et de la fictionnalisation au long de la série. Cette adaptation


dépasse, donc, le mimétisme, ce qui lui rend l'autonomie par rapport au modèle de
départ et légitime son discours oblique et sa poétique sinueuse, des ressorts pas attendus
au bas de page brésilien à cette époque-là. Au fur et à mesure de l'évolution de la série,
il est notable la progression de l'ironie par la fictionnalisation des personnages,
situations et événements autour du théâtre lyrique de Rio de Janeiro, mais aussi du
théâtre lyrique européen, par des allusions et des commentaires, de sorte qu'il compose
une poétique qui transgresse l'espace réel en feignant de suivre, comme un vrai témoin,
les opéras à Paris ou à Londres. De surcroît, Pena construit des situations et des récits,
inscrits dans ce discours oblique sur la rubrique qu’il détourne de son usage voire qu’il
transgresse, comme donner vie et voix dans ses feuilletons à quelques personnalités qui
deviennent des personnages fictionnalisés, par exemple, São Pedro, São Francisco, le
compositeur Vincenzo Bellini, et le célèbre acteur et directeur de théâtre Manuel Luís
Ferreira, malgré tout, un exemple d'art amateur et obsolète, qui interagit avec le
feuilletoniste.
Ainsi, plus qu'une rubrique transportée du journal français au brésilien, notre
hypothèse est contrée sur l'idée que les feuilletons dramatiques de Pena se construisent à
partir des emprunts culturels adaptés et resignifiés dans le contexte brésilien, de sorte
que la relation entre ces deux presses n'est pas une simple imitation; bien au contraire,
elle constitue un exemple concret des échanges culturels, nettement remarquables dans
la poétique du feuilletoniste brésilien.
En ce que concerne à l'essentiel de la méthodologie de notre recherche, nous
analysons les feuilletons brésiliens a partir de son format original, au Jornal do
Comércio, et de l'édition Folhetins (1965). À propos des feuilletons français, nous avons
comme source de lecture et de recherche les journaux français où Gautier et Berlioz ont
publié ses feuilletons entre 1836 et 1846, qui sont disponibles en format électronique à
la bibliothèque numérique Gallica, de la BNF, en plus des quatre éditions notées de
l'Œuvres complètes – Critique dramatique, de Théophile Gautier, organisées par Patrick
Berthier, et des six volumes de la Critique musicale, de Hector Berlioz. Pour finir, nous
soulignons la lecture de la bibliographie spécifique sur les auteurs-journalistes analysés
dans notre corpus aussi que la lecture et réflexion des ouvrages théoriques sur les
Transferts Culturels, sur les études sur presse et littérature et aussi sur la circulation des
imprimés au XIXe siècle.

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